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L’ordonnance ou mandat d’Habeas corpus (en anglais writ of Habeas corpus), plus

exactement Habeas corpus ad subjiciendum et recipiendum, énonce une liberté


fondamentale, celle de ne pas être emprisonné sans jugement (contraire de
l'arbitraire qui permet d'arrêter n'importe qui sans raison valable). En vertu de ce
principe, toute personne arrêtée a le droit de savoir pourquoi elle est arrêtée et de quoi
elle est accusée. Ensuite, elle peut être libérée sous caution, puis amenée dans les jours
qui suivent devant un juge.

Ses origines remontent à la Rome antique avec la provocatio, qui en est le précurseur, et
son principe moderne naît dans l’Angleterre du Moyen Âge. Depuis, elle a été renforcée et
précisée de façon à apporter des garanties réelles et efficaces contre la détention
arbitraire par l’Habeas corpus Act (« la loi d’Habeas corpus ») de 1679. Devenue un des
piliers des libertés publiques anglaises, elle s’applique dans les colonies et reste
au XXIe siècle présente dans la plupart des pays qui appliquent la common law. Aux États-
Unis, elle a valeur constitutionnelle, ne pouvant être suspendue qu’en temps de guerre.
En revanche, au Royaume-Uni, elle est restée strictement anglaise, ne s’appliquant ni
en Écosse, ni en Irlande du Nord.

Depuis le haut Moyen Âge, un homme libre d’Angleterre ne peut subir un


emprisonnement arbitraire ou vexatoire. Obtenue par les barons anglais, la Magna
Carta (Grande Charte) du 15 juin 1215 signée à Runnymede, à 100 lieues du château de
Windsor, par le roi Jean d’Angleterre, dit Jean sans Terre, leur donne, ainsi
qu’aux bourgeois des villes et aux ecclésiastiques, des garanties contre la puissance
royale. Elle pose, entre autres, les bases du droit au juge, notamment dans son article
39 : « Aucun homme libre ne sera saisi, ni emprisonné ou dépossédé de ses biens,
déclaré hors-la-loi, exilé ou exécuté, de quelque manière que ce soit. Nous ne le
condamnerons pas non plus à l’emprisonnement sans un jugement légal de ses pairs,
conforme aux lois du pays ». C’est cependant dans la direction inverse qu’apparaît
l’Habeas corpus : comme un contrôle royal sur les actes des barons.

Les juges royaux, qui élaborent progressivement la common law (jurisprudence commune
et uniforme), et le roi lui-même, qui peut juger en dernier ressort, offrent un recours
contre l’arbitraire féodal. Pour cela, le roi ou les juges peuvent recourir à un certain
nombre d’ordonnances (writs), dans des formes définies et limitées afin de ne pas
empiéter sur les pouvoirs des justices seigneuriales.

Parmi celles-ci, plusieurs ordonnances d’Habeas corpus sont définies et sont toutes
destinées à amener une personne détenue devant un tribunal royal, pour des motifs
différents :

•Habeas corpus ad respondendum, pour qu’une personne comparaisse comme accusée ;


•Habeas corpus ad faciendum, pour qu’elle soit produite devant une cour supérieure ;
•Habeas corpus ad testificandum, pour imposer la comparution d’un témoin ;
•Habeas corpus ad subjiciendum et recipiendum, pour enjoindre à celui qui détient une
personne de la produire devant la Cour du banc du roi (Court of the King Bench) afin
d’expliquer les motifs de la détention.
En l’absence de charges réelles, le juge fait libérer la personne. Sinon, il peut autoriser la
libération sous caution (bail) dans l’attente du procès. L’existence de cette ordonnance
est attestée pour la première fois sous le règne d’Édouard Ier, pendant le dernier quart
du XIIIe siècle.

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