Cadres pathologiques particuliers dans lesquels surviennent des

pertes de conscience
(source : Encyclopédie des médecines naturelles- E. Techniques)
Juezheng

On désigne par cette expression des pertes de connaissance en rapport avec un trouble
de la circulation du Souffle : remontée du Souffle à contresens ou effondrement du
Souffle, avec respectivement des syndromes de Plénitude ou de Vide.

Le Vide est un Vide de Souffle ou de Sang; la remontée du Souffle dans les cas de
Plénitude est souvent liée à un facteur psychique comme la colère.

Ce sont des pertes de connaissance soudaines, des syncopes, correspondant à divers

types de comas en médecine occidentale (chocs, syncopes, coma hypoglycémique,
insolation, etc.) ; cliniquement, les extrémités sont parfois froides (cas de Vide), mais il n'y
a pas de déviation de la bouche et des yeux, c'est à dire pas de signe de Vent comme
c'est le cas pour les zhongfeng (voir chapitre suivant).

La perte de conscience est en général de courte durée, mais peut parfois s'insérer dans
un contexte beaucoup plus grave.

- Juezheng - Vide

« Vide de Souffle Originel » (yuanqi), quelle qu'en soit l'origine : le Souffle s'effondre, le
yang raffiné ne remonte plus, il y a perte de connaissance. Des facteurs tels que
l'asthénie, le surmenage, le manque de sommeil, la faim, l'exposition au froid ou à une
chaleur excessive, cause d'une intense sudation, favorisent l'apparition de ce type de jue.
Cliniquement, le malade est couvert de sueurs, ses membres sont froids. Langue et
visage sont pâles, le Pouls est immergé et faible.

« Vide de Sang », par exemple secondaire à des hémorragies. Le Sang et le Souffle

s'échappent, le malade est pâle, tremble, transpire, le Pouls est fin, faible et rapide ou
bien creux en tige d'oignon (kou).

- Juezheng - Plénitude

« Remontée du Souffle » sous l'effet de la colère. Le Souffle monte « bloquer et couvrir

les Orifices ». Cliniquement, la respiration est rude, les membres
sont rigides, la mâchoire serrée, le Pouls immergé et tendu.

Le Souffle peut entraÎner avec lui

- le Sang (xuejue) ;

- les Glaires (tanjue), liées à une accumulation d'Humidité et un dysfonctionnement de la

Rate et de l'Estomac, souvent associées à des Impuretés. On observe des bruits de
crachats dans la gorge, la respiration est rude, l'enduit lingual est blanc et épais, le Pouls
immergé et glissant. Il peut y avoir également des signes de Chaleur.
Plus rarement, la circulation du Souffle est entravée par un entremêlement du Souffle et
d'amas alimentaire (shijue) : une alimentation irrégulière et trop abondante ne peut être
assimilée, d'où entassement alimentaire. On observe un ballonnement abdominal, de la
dyspnée, l'enduit lingual est épais, le Pouls est glissant et plein. Il faut harmoniser la
région médiane.

« Remontée du Souffle due à la Chaleur de la Canicule » (shujue).

C'est un Jue d'insolation, ou survenant lors d'un effort sous une température trop élevée ;
la Chaleur est alors bloquée à l'intérieur. Le malade éprouve d'abord des vertiges, des
céphalalgies, une sensation de Plénitude dans la poitrine, le corps est chaud, la perte de
conscience peut s'accompagner de troubles psychiques (délire), le Pouls est fort et
rapide. Il faut libérer la Chaleur caniculaire, favoriser le Souffle, épurer le Coeur,
débloquer les Orifices.

N. B.: Il faut rappeler ici que la Chaleur de la Canicule peut provoquer un échappement de
Souffle en raison d'une intense sudation, d'où apparition d'un juezheng-Vide. Enfin, si la
chaleur a endommagé le yin, le Vent du Foie se mobilise et il y aura des convulsions.

Les textes chinois citent encore les Jue liés à un excès d'ingestion d'alcool (jiujue) et les
Jue au moment du coit (sijue).
Zhongfeng

Cette expression désigne un ensemble de troubles liés au Vent, se manifestant par une
déviation de la bouche et des yeux, des troubles de la parole, une hémiplégie, des
troubles de la conscience, bien que ceux-ci n'apparaissent qu'à partir d'une certaine
profondeur de l'atteinte.

La perte de connaissance, lorsqu'elle se produit, est en général relativement longue, le

contexte pathologique global est grave. Les accidents vasculaires cérébraux de la
médecine occidentale prennent place dans ce cadre.

Le Vent Pervers est d'origine externe (le syndrome est alors appelé zhenzhongfeng) ou
interne (leizhongfeng).
Plusieurs facteurs et mécanismes se conjuguent pour déclencher un zhongfeng,
décompensés en général par un déséquilibre diététique, les « Sept Sentiments » ou un
Pervers Externe agressant un organisme en vide:

- Vide de yin (Reins et Foie) et Vide de Souffle Orthodoxe (« terrain » sur lequel va se
déclencher le zhongfeng)

- Vent d'origine externe ou Vent du Foie

-.Feu du Coeur ou Feu du Foie

- Humidité et Glaires (tan)

- Stagnation de Sang

- Remontée du Souffle à contre-courant.

Les zhongfeng sont classés en fonction de la profondeur de l'atteinte :

* Atteinte des Méridiens jinglo (jinglomo) : le Vent Pervers Externe pénètre dans les
lomo en vide. Il n'y a pas de trouble de la conscience, seulement une hémiplégie avec
troubles de la sensibilité, parfois troubles de la parole, crainte du Froid, courbatures des
membres, douleurs articulaires. L'enduit lingual est blanc, le Pouls est tendu en surface,
parfois fin.

Il peut également s'agir d'un Vent Interne, secondaire à un Vide de yin des Reins et du
Foie avec échappement de yang. La langue est rouge, l'enduit jaune, le Pouls tendu, fin et
rapide.

* Atteinte des Viscères: il y a d'emblée une perte de conscience. On distingue :

- un syndrome bizheng, de fermeture-obstruction des Orifices en rapport avec un Vent

Interne et Feu entraînant des Glaires, ou un Vent Interne entraînant Humidité et Glaires.
Selon l'existence de signes de Chaleur ou de Froid, on décrit une forme yang et une
forme yin ;
Le tableau se compose d’une perte de connaissance soudaine accompagnée de signes
de spasticité (trismus, contracture et rigidité), d’anurie et d’absence de selles.

- un syndrome tuozheng, signifiant « s’échapper », en rapport avec une déficience

du souffle orthodoxe. Il s’ensuit une déperdition, une fuite de ce qui subsiste
comme énergie , sang et liquides. C’est un tableau de vide avec prostration et
flaccidité.
Il débute par une perte de connaissance brutale, avec bouche ouverte, yeux fermés,
ronflements, membres froids flasques et doigts écartés ; la respiration est
superficielle ; on observe une hyperhidrose, une incontinence d’urines, parfois des
selles, une aphasie ; le pouls, mou (ruo) a tendance à disparaître.

Les atteintes des Viscères se manifestent donc avant tout par une perte de conscience
mais différents symptômes peuvent lui succéder et persister plus longtemps, comparables
à ce que l'on observe dans l'atteinte des jinglo :

- une hémiplégie liée à une stase de Sang par Vide de Souffle, qui bloque les jinglo.

L'obstruction des Méridiens peut également provenir d'une remontée du Feu et du Vent
du Foie: le Io « éclate », le Sang jaillit et les Jingmo sont obstrués;

- des troubles de la parole dus soit à un blocage des Lo par le Vent et les Glaires, des
Orifices par les Glaires entraînées par le yang du Foie, soit à un manque de nutrition en
haut en raison d'un Vide d'Essence des Reins ;

- la déviation de la bouche et des yeux est secondaire à un blocage des Lo par le Vent
et les Glaires.

Bien entendu, le traitement (associant tant les méthodes traditionnelles que la réanimation
moderne) doit être le plus précoce possible. On sera attentif à l'existence de signes
précoces ou prémonitoires de l'atteinte des jinglomo, notamment: symptômes d'attaque
par le Vent Externe dans le biao, ou signes prémonitoires d'un dégagement de Vent
Interne: vertiges, céphalées, engourdissements des membres, spasmes musculaires,
petites difficultés d'élocution chez un sujet de plus de 40 ans.
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Cours du 6 novembre 2004- Dr AYMONINO