trop d'ardeur : « Groupes fachos, hors des la politique ne sont plus de saison. Gilles D.
Gilles D. l'écart, eux aussi, des organisations syndicales.
facs ! » affirme que dans son T.D. d'histoire, ça fait Strasbourg a moins souffert, pourtant, que Ils attendent tranquillement, face aux gen- bien deux ans qu'il n'a pas vu se manifester le beaucoup d'autres universités des décrets de darmes. Pas longtemps, d'ailleurs : les cinq « marxiste de service ». e Ça ne veut pas dire, juillet qui ont supprimé d'un coup plus de sept délégués autorisés à franchir les barrages de ajoute - t - il, qu'il n'existe plus d'étudiants cents diplômes (1). Mais les étudiants stras- police tout à l'heure pour se rendre au minis- communistes, par exemple. Il y en a dans mon bourgeois avaient découvert la misère des tère des Universités, qui est à deux pas, vien- T.D. Mais ils préfèrent ne pas se manifester. » autres en voyant arriver dans leurs salles de nent de revenir. Il n'y a pas un sous-fifre au Trois fois, depuis la rentrée, des syndicalistes Cours des étudiants qui avaient quitté Tours ou ministère qui ait accepté de les recevoir. Alors, de l'U.N.E.F. « indépendante et démocrati- Lille pour poursuivre à Strasbourg •des diplô- on décide d'une assemblée générale pour le len- que » — elle regroupe des trotskistes et quel- mes supprimés chez eux. demain matin, à dix heures, à Nanterre, et on ques socialistes — ont débarqué dans les salles L' « effet Copernic » rentre chez soi sans traîner, sous la pluie bat- de cours le lundi matin pour tenter de déclen- tante. Dispersion sans incidents, disent les bul- cher une grève sans que personne prenne la Villetaneuse a suivi, et Besançon, Reims et letins de radio du soir. C'est vrai. Juste quel- peine d'interrompre le brouhaha de l'amphi Metz. Difficile de dire si ces grèves-là risquent ques phrases, murmurées plutôt que criées pour écouter leurs arguments, ne fût-ce qu'une de continuer au deuxième trimestre, après deux « Ils se foutent de notre gueule... » « Déjà, le minute. semaines de vacances et de fêtes. Partout, on 12 décembre, quand les étudiants de Perpignan Et pourtant, ce sont ces apolitiques, sortis en tiendra des assemblées générales le jour de la sont montés à Paris après leur mois de 'grève, courant de leurs amphitéâtres, qui reconduisent rentrée. Ensuite, on verra. Pour l'instant, la personne n'a voulu les recevoir... » « De toute manu militari un groupe organisé et armé d'ex- poudrière installée par Mme Alice Saunier- façon, c'était couru d'avance : au ministère, ils trême droite hors des murs de Nanterre. Tout Seïté dans les universités à grands coups d'arro- ne reçoivent jamais personne... » « Ils nous comme à Perpignan, ce sont surtout des inor- gance et de mépris n'a pas explosé. C'est peut- font le coup du mépris... » ganisés, des e chauvinistes catalans », disaient- être une retombée de l' « effet Copernic » C'est ce que disait déjà un maître-assistant de ils d'eux-mêmes, qui ont mené un mois de les jeunes sont prêts à descendre dans la rue Nanterre, un syndicaliste C.F.D.T., rencontré grève tout seuls contre le démantèlement de dès qu'est donnée l'alerte au renouveau de la juste avant que la manifestation démarre, trois leur toute petite université avant de se .décider peste brune. Et, en cela, les manifestations qui heures plus tôt, devant le centre Tolbiac. « Ils à reprendre le travail, la mort dans Pâme : ils ont eu lieu la semaine dernière dans plusieurs se sentent méprisés par le pouvoir. Ce qui n'avaient pas réussi à entraîner la France uni- facultés ont été aussi une réplique à l'agression explique la haine d'Alice (Saunier-Seïté), que versitaire dans cette grève générale qu'ils espé- des fachos du G.U.D. à Nanterre. Une l'on rencontre partout... » Haine ou pas, dès raient pour vaincre leur isolement. réplique sans violence, comme celle qui, au len- le lendemain, Nanterre décidait, au terme d'une Toulouse a pris le relais dans deux de ses demain de l'attentat contre la synagogue, avait assemblée générale de deux heures, de se trois universités, à Rangueuil et au Mirail. rassemblé dans le calme des centaines de mil- remettre au travail, quarante-huit heures avant Puis Strasbourg, le 26 novembre dernier, Stras- liers de Parisiens. les vacances de Noël. On a le souci de l'image bourg, l'université modèle, l'université vitrine, Le calme, oui; mais jusqu'à quand ? Le de marque à Nanterre. « Si tu veux mon avis, l'université riche, celle à qui l'on n'a jamais deuxième trimestre universitaire s'étend sur explique une étudiante au sortir de l'assemblée rien refusé : après la guerre de 1914, il fallait toute la durée de la campagne pour l'élection générale, les types du G.U.D. ont attaqué Nan- montrer aux Allemands de quoi les Français présidentielle. Des provocations sont toujours terre exprès pour qu'on riposte. Et les gens étaient capables. Et depuis, Strasbourg est possibles. Les révoltés de décembre 1980 sem- vont dire : c'est encore Nanterre qui sème le devenue ville européenne. Toutes les U.E.R. blent, pour l'instant, décidés à ne pas tomber désordre... » Autre réaction de fond d'amphi- se sont mises en grève, les unes après les autres. dans le piège de l'escalade violence-répression. théâtre : « L'extrême-droite attaque Tolbiac, On n'avait jamais vu ça, pas même en 1968. A moins que ces nouveaux étudiants sans passé puis Nanterre. Les gens vont finir par penser Alice Saunier-Seïté a même été brûlée en effi- politique, sans apriorisme idéologique, ne mon- qu'il n'y a qu'une fac de droit convenable gie sur le parvis du palais universitaire par ces trent qu'ils sont, eux aussi, capables de sur- celle de la rue d'Arras. » On a donc fait trois étudiants réputés pour leur calme et qui, effec- prendre. GERARD PETJTJEAN jours de grève, deux manifestations de rue pour tivement, font leur grève fort calmement, à (1) 262 diplômes ont été rétablis par la suite. montrer qu'on ne se laisserait pas intimider .
par des groupuscules venus d'ailleurs, et on
s'est remis au travail. Les « chauvinistes » Catalans G.U.D.: des« casseurs» bien comme il faut Ils sont si sages, ces étudiants de Nanterre. On ne prépare pas de la même manière une tracts. Funeste erreur : cette opération n'était Pas d'accord lorsque, pendant la manifestation, attaque de, commando et une distribution de pas réellement préparée. En quelques minutes, quelques-uns d'entre eux entonnent des slogans tracts. Pour avoir commis cette élémentaire des centaines d'étudiants ont entouré les agres- hostiles au gouvernement. Légalistes : « Ce qui erreur politico-militaire, quarante-cinq militants seurs, les ont malmenés, immobilisés et remis importe, c'est que ces gens-là soient jugés. » fascistes ont pris, lundi 15 décembre, une mé- à la police. morable tannée. Bilan : deux jeunes gens L'attaque était patente, il a bien fallu sévir. Tolérants : « J'ai lu leur tract. Ils n'ont peut- Embarras du parquet de Nanterre, atmosphère hospitalisés, vingt-sept inculpations au titre de être pas tort sur le fond. Mais ils n'avaient pas la loi anti-casseurs et, parmi elles, neuf man- de secret d'Etat avec un secrétaire général de, le droit de tout casser. » Méfiants à l'égard des dats de dépôt. En face, chez les étudiants de parquet qui refuse, par respect de l'innocence syndicats. Gilles D., qui est enseignant à Nan- Nanterre qui leur ont fait cet accueil, des bles- présumée des interpellés, de donner un quel- terre, a suivi les étudiants de son T.D. (Tra- sés également. Non répertoriés. conque nom. Bref, une affaire réservée, traitée vaux dirigés) sur le quai du R.E.R. lors des « On voulait changer l'image du G.U.D. », dit directement par le procureur en personne. Qua- incidents de lundi dernier. « Après la bagarre, un jeune étudiant qui en était, mais a réussi à rante-huit heures durant, on a parlementé avec les types de l'U.N.E.F. trotskiste ont essayé de s'enfuir. Le G.U.D. ? Le 'Groupe Union et la chancellerie pour savoir ce qu'il convenait de Défense, un pseudopode « jeune » du Parti des faire de ce cadeau. Les flagrants délits peut-être, se faire entendre : ce sont les seuls qui possè- comme c'est la coutume avec les Arabes ou les Forces nouvelles, essentiellement implanté dans' dent des mégaphones. Ils se sont fait siffler. la faculté d'Assas et qui n'a aucun complexe autonomes ? Mais vous n'y pensez pas ! Il n'y Ensuite, une petite minette de droit a pris la à se réclamer de la droite la plus extrême. Au a ici que des jeunes gens bien, plusieurs noms parole, au nom, disait-elle, des non-syndiqués. P.F.N., la façade légaliste et le candidat à l'élec- à particule, un échantillon représentatif de la Elle n'a rien dit mais tout le monde a tion présidentielle ; au G.U.D. les coups de main population des beaux quartiers. Parmi eux, le applaudi. » contre les « bolchos » et la défense « physique» fils d'un député R.P.R., général du cadre de de l'Occident. Le lundi 15 décembre, donc, en réserve, et celui d'un maître du barreau pari- Denis, qui marchait en tête du service d'or- compagnie de quelques éléments du F.E.N. sien, déjà interpellé — le 9 octobre dernier — dre syndical lors de la manifestation de mer- au cours des vérifications après l'attentat de la (Front des Etudiants nationalistes), la branche credi — un service d'ordre mais pas de ban- « jeune » du Mouvement nationaliste révolution- rue Copernic. deroles —, le reconnaît. « Depuis quelques naire, on a décidé, pour changer d'image, d'aller Les neuf inculpés détenus à la prison de Bois- jours, ça va mieux. La preuve : nous sommes « tracter » à Nanterre, ce bastion rouge supposé. d'Arcy (ce qui est quand même plus confor- là. Mais nous avons traversé une sale période Ça se voulait pacifique. On n'avait donc pas table que Fresnes ou Fleury-Mérogis) sortiront pendant laquelle, si l'on voulait pouvoir parler de casque. Mais on a quand même apporté des vraisemblablement dans quelques semaines, dans une assemblée d'étudiants, il fallait matraques. « Au cas où...” quand tout sera calmé, pour comparaître libres Le « cas où » ne s'est pas fait attendre trop devant leurs juges. Normal. Qui, d'ailleurs, se d'abord mettre dans sa poche son badge syndi- longuement. Arrivé à destination, les nazillons plaindrait que des inculpés bénéficient de toutes cal. Aujourd'hui, nous sommes quand même les garanties d'une justice sereine? ont vite repris leurs habitudes de matraquage admis dans les différents comités de grève qui sauvage en tapant sur ceux qui refusaient leurs G. M. se forment ici ou là... » Le syndicalisme comme