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Tribune de Genève

29 août 2018

Fiscalité: investir dans les cryptomonnaies

Invités
Gregory Clerc et
Aurélien FIûckiger
Avocats, Oberson Abels SA

A l'heure où les cryptomonnaies ont trouvé les faveurs d'un public de plus en plus large,
diverses questions, notamment fiscales, se posent. S'il est communément admis que la valeur
en fin d'année des tokens (jetons, unité de cryptomonnaie au sens large) détenus doit être
reportée dans la déclaration d'impôt, au titre de fortune imposable (l'Administration fiscale
genevoise a d'ailleurs édicté une communication claire à ce sujet en février 2018), le
traitement des gains réalisés peut être plus délicat à appréhender et pourtant revêt une
importance cruciale au vu de la forte volatilité rencontrée dans le domaine.

En effet, le traitement du contribuable qui a acquis quelques tokens, les a conservés


durablement avant de finalement les vendre et ce, sans répéter l'opération, est simple: il s'agit
- sauf circonstances exceptionnelles - d'un gain en capital sur un élément de la fortune
privée, qui n'est donc pas imposable. A l'inverse, la personne qui, sans ambiguïté, est un
trader professionnel réalisera une plus-value qualifiée de revenu de l'activité indépendante,
qui sera alors imposable.

Entre deux se trouvent des personnes qui ont profité d'opportunités - souvent répétées - qui
se sont offertes à eux et qui ont commencé à passer un nombre grandissant d'ordres sur les
marchés. Dans ce cadre, l'Administration fiscale n'applique pas de règles spécifiques au
domaine des cryptomonnaies mais utilise la pratique, dorénavant bien établie et cristallisée
dans une circulaire fédérale, régissant le commerce de titres (actions; obligations; etc.).

En substance, elle se base sur divers indices et critères parmi lesquels la durée de détention
des actifs, le volume annuel des transactions (achats et ventes), Putilisation des gains réalisés
pour sub venir au train de vie du contribuable, le recours à un financement par des fonds
étrangers et l'utilisation de produits dérivés (ce dernier critère est cependant moins aisé
à transposer au marché des cryptomonnaies). Elle analyse également le rapport entre les
transactions et l'activité professionnelle du contribuable, de même que l'utilisation de
connaissances spéciales.

Dans ce cadre, un contribuable qui se sent, voire se sait, dans une situation «limite» serait bien
avisé de prendre conseil auprès d'un professionnel compétent en la matière. Et s'il planifie de
vendre une quantité importante de cryptomonnaies, une demande de ruling (accord préalable)
peut être déposée auprès de l'Administration fiscale, sécurisant le traitement d'une telle
opération. En effet, la qualification de Factivité exercée peut avoir des conséquences majeures
pour un conb-ibuable, la principale étant la taxation des gains .réalisés au titre de revenu. La
contrepartie est alors la déductibilité des éventuelles pertes réalisées et la pleine déduction des
intérêts débiteurs si l'activité est financée par des fonds étrangers.

En conclusion, le monde des cryptomonnaies, et plus spécialement de la fiscalité qui leur est
liée, peut être complexe et tortueux. Mais, comme toujours, un capitaine qui sait dans quelles
eaux il navigue améliore grandement ses chances de survie, mais aussi et avant tout sa
situation globale!

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