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composé presque toutes les pièces d'Émaux et Camées.

Do jour, je lui portai la Délivrance de Sakountala, traduite


Par Chézy, qu'il
ne cohnaissait pas encore. Il en fut ravi
Ilexàminait avec une joie d'enfant les caractères sanscrits
;
Placés
en regard du texte; il méditait un voyage dans
lIndoustan
et voulait traduire le Mahabarata en vers fran-
Çais. De
tout cela il résulta plus tard le ballet de Sakoun-
dont Ernest Reyer a fait la musique et qui fut
applaudi à l'Opéra.
La politique exaspérait Gautier, qui rêvait
une huma-
llIté éprise de belles formes, contemplant
des œuvres
d'
rt, vivant sous des portiques en marbre de Paros et
aisant
silence pour écouter les poètes. Il était bon, il
:lait doux, quoiqu'il ne manquât point d'orgueil, il n'a
Ja,rllais
et
blessé personne. La civilisation réglée, surveillée,
il vivait,luiétait déplaisante; nos vêtements étriqués
Il faisaient horreur et lui semblaient une insulte à la
eauté humaine. Il racontait sérieusement qu'étant
en
: §erie
en 1845, il avait déterminé le maréchal Bugeaud
Enoncer à une expédition contre les Kabyles en lui ¡.
Montrant
que des peuplades dont le costume est plus
galit et plus ample
que le nôtre doivent être considé-
s comme supérieures et protégées les hommes
tteHigents.
? par
1 motifs Lorsque l'on émettait quelques doutes sur
le pourlesmontagnesduDjurjura, n'enil
qui avaient arrêté le maréchal Bugeaud en
démordait
et finissait par se fâcher.
arfois, le divan de l'atelier de Théophile Gautier,
j,
J al sur
vu un petit homme, à demi chauve, pelotonné
8tl
sous
plaid et dormant c'était Gérard de Nerval, qui venait
:

Lanuit,
te reposer
de ses pérégrinations nocturnes. Il était noc-
il errait dans Paris comme un chien
érdu, quitte
à entrer dans un poste de soldats et à s'y
endl'e
sur le lit de camp lorsque la pluie le surprenait.
Il avaitdes allures humbles et penchées qu'égayait sotl'
vent un rire sonore et qui ne l'empêchaient pas d'ain1^
les discussions un peu vives. Il s'occupait de kabbale,
tirait des horoscopes, composait des talismans et COI'
seIIlbll
naissait des recettes diaboliques auxquelles il
croire. On l'aimait, car son caractère était d'une aIIl 't
ait
touchante. Je n'ai jamais rencontré personne qui n'en
e
dit du bien. Sa réputation, solidement établie dans
monde des artistes et des gens de lettres, n'avait P8v
franchi la porte des salons, où longtemps il resta inconntl.
Il avait cependant une grande finesse de style et un dotl
d'observation d'une rare subtilité; mais il étaitirrégllht
dans ses œuvres comme dans son existence, car il
l'entraînas
f r
habité par un démon familier qui souvent
où il n'aurait pas voulu aller. Son originalité,
qO
faites
louait, son étrangeté, que l'on signalait, étaient
d'une maladienervoso-mentale, qui tour à tour le déprl
mait et le surexcitait. Il était fou, pour parler le langagtl
vulgaire, et sa lucidité n'était jamais exempte d'un
P
i'eC.!
d'exaltation. Je le retrouverai sur la route de mon
je dirai comment il a fini et quelles causes l'ont
cou"
à la mort.
Gérard avait voyagé en
je
Orient, et j'aimais à causer
lui lorsque parvenais à le réveiller, ce qui n'était
)i
ave.c

toujours facile. Dans ses voyages, il n'avait cherché nI


point,ni
grands aspects de la nature, dont il ne se souciait
souvenirs l'histoire, guère:
les de qui ne le préoccupaient
il avait voulufaire des études de mœurs dans les pil;
dont il ignorait le langage et avait été, par cela m011
contraint es arreterauxsurfaces.Sesallures III
on:ler
le
rentes l'avaient rendu sacré pour des peuples qui
respect de la démence, et il en avait profité pour se ni
1,

dai
aux hommes le plus qu'il avait pu. 11 couchait
les khans publics, où quelques paras de redevance

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