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La canicule cet été en Europe , les ouragans aux Etats Unis sont , pour certains , le signe d'un
réchauffement climatique de la planète résultant de l'émission de gaz à effet de serre . Cette pollution
est un effet externe de la croissance : en produisant , les entreprises rejettent des gaz polluants . Les
libéraux considèrent pourtant qu'il est inutile d'agir . Ainsi , R.Solow pense qu'à terme la croissance ne
générera plus de gaz à effet de serre . En effet , plus le pays s'enrichit , plus le poids des activités de
services s'accroît . Or , celles-ci ne sont pas polluantes . On peut donc en déduire que le tertiaire est un
indicateur de développement , puisqu'il résulte d'une augmentation durable de la richesse créée et
assure une amélioration du sort de la population puisqu'il permet d'éviter la dégradation de
l'environnement .
De nombreux exemples étayent cette affirmation : ainsi , on remarque une corrélation entre un
tertiaire important et la croissance et ledéveloppement .Mais si cette relation est vérifiée pour les pays
riches , elle n'est pas automatique pour les pays pauvres : le développement d'activités de survie dans
le tertiaire est aussi une caractéristique des pays en voie de développement . Un poids élevé du tertiaire
dans l'économie n'est donc pas une condition suffisante pour caractériser la richesse et le
développement d'un pays , il faut aussi regarder quelles sont ces activités tertiaires .
On remarque une nette corrélation entre un poids important du tertiaire et les indicateurs de
croissance et de développement qui s'explique par les transformations économiques liées à la
croissance .
A- CONSTAT ( doc 1 )
Quand on opère une analyse longitudinale entre un indicateur de croissance ( le PIB / habitant ) et
l’importance du secteur tertiaire dans l’économie , on se rend compte que les pays qui ont connu une
augmentation rapide de leur PIB / hab ont vu aussi le poids du tertiaire dans l’économie augmenter :
la Corée du Sud a vu son PIB / habitant augmenter de 6,2 % par en moyenne entre 1975 et 2000 ;
parrallélement la part du tertiaire a été multipliée par 2 passant de 30,1 % à 63,7 % .
Croissance économique et tertiarisation de l’économie sont donc corrélés , comme le sont aussi
tertiarisation et développement que l’on peut définir par l’IDH qui est un indicateur de l'amélioration
de la situation de la population basé sur 3 critères : le PIB par habitant en PPA , le taux
d'alphabétisation et le nombre moyen d'années d'études .
B- EXPLICATIONS
En effet ,même si la croissance n'est pas une condition suffisante au développement, elle est une
condition nécessaire : il ne peut y avoir de développement sans croissance . La croissance , et par suite
le développement, entraîne une modification dans les structures économiques .En effet, la croissance
engendre une augmentation des richesses et donc des revenus .Celle-ci se traduit par une
augmentation de l'épargne et de la consommation .
Cet accumulation du capital permet donc d'investir et d'acquérir des machines . Or , tous les secteurs
n'ont pas le même besoin de capital. Les secteurs primaire et secondaire peuvent améliorer leur
production grâce à de nouveaux équipements .Ce qui n'est pas le cas d'une grande partie du secteur
tertiaire : la qualité du service dépend de la relation humaine et du temps passé ; les machines ne
peuvent donc remplacer l'homme .
Dans ces conditions , la productivité augmente de manière différente selon les secteurs ( doc 2 ) : elle
augmente rapidement dans les secteurs primaire et secondaire :elle a été multipliée par 4,43 entre 70
et 99 dans l’agriculture , par 3,02 dans l’industrie et seulement par 1,44 dans les services marchands .
Cette évolution différente de la productivité selon les secteurs va avoir pour conséquence une
modification des emplois selon les secteurs . Mais une autre variable joue : l'évolution de la demande
et donc de la production .
b - L’EVOLUTION DE LA DEMANDE
La conjonction de ces deux éléments induit alors une modification de l'emploi . En effet, selon
Fourastié, le nombre d'actifs dans chaque secteur dépend de l'évolution comparée de la productivité et
de la demande . Si la productivité augmente plus vite que la demande , le secteur n'a pas besoin
d'embaucher plus de salariés pour produire plus , car l'efficacité de chaque salarié est plus élevée .
C'est ce qui se passe pour les secteurs primaire et secondaire . C'est le contraire pour le tertiaire : la
productivité augmente lentement, alors que la demande augmente fortement .
Ainsi, un poids important du tertiaire dans l'économie paraît être un signe de développement du pays .
Dans ces conditions , il suffit de regarder le poids du tertiaire dans l'économie pour juger de l'état du
développement du pays : plus ce poids est fort , plus le pays est développé .
Le problème est que cette relation est beaucoup moins évidente qu'elle ne paraît au premier abord .
Car , il y a des pays qui ont un poids relativement faible du tertiaire mais un développement
important ; des pays qui ont un secteur tertiaire important, mais un niveau de développement faible .
En effet , le tertiaire n'est ni un critère , ni un facteur de de croissance et de développement .
II - UNE RELATIVISATION
1 – CONSTAT
En effet , on remarque qu’un pays pauvre et même peu développé peut avoir un poids élevé des
services dans l’économie c’est le cas de l’Algérie qui a à la fois une part élévée de sa population active
qui travaille dans les services ( 59% en 2000 ) et un niveau d’IDH faible ( 0,668 ) ( doc 1 ) .
Ainsi , le cas de l’Algérie montre que le tertiarisation de l’économie est un signe de non
développement .
2 – EXPLICATIONS
En effet , un poids élevé des activités de services peut résulter de la pauvreté et des inégalités existant
dans un pays , ce qui est signe de la faiblesse du développement . Ainsi quand les écarts de revenu sont
très forts , qu’il y a une minorité de très riches et une majorité de très pauvres , un certain type
d’activités tertiaire apparaît . « Lorsqu’on gagne 200 ou 300 francs de l’heure , on peut payer
quelqu’un 50 francs de l ‘heure pour vous servir , tondre votre pelouse ou garder vos enfants » ( doc 4
B).
Ainsi, c'est la dualisation de la société qui est à l’origine de la tertiarisation . .D'un côté , il y a une
population très riche qui peut se payer des " valets " ( d'après la terminologie de GORZ ), c'est-à-dire
des personnes rémunérées pour les tâches qu'ils ne souhaitent pas effectuer ; de l'autre , une
population très pauvre qui accepte n'importe quel emploi pour avoir un revenu . C'est donc l'inégalité
qui crée ces emplois de services puisque " dans la majorité des cas , ceux et celles qui assument une
heure de tâches domestiques gagnent beaucoup moins que ce que leurs employeurs gagnent en une
heure de travail " ( doc 4B ).
Ce phénomène visible dans les pays riches est encore plus vrai dans les pays pauvres . Car, il n' y a pas
d'aides sociales ; les inégalités sont alors beaucoup plus fortes . Comme il n' y a pas de législation
sociale : il n' y a donc ni salaire minimal, ni revenus de substitution en cas de non travail. Les individus
sont donc obligés d'effectuer de petites activités artisanales de survie comme cireurs de chaussures ,
vendeurs de journaux existent car elles demandent peu de capitaux initiaux et qu’il y a une demande
solvable de la part des classes supérieures . Comme l’écrit J.Gadrey , « de la même façon qu’une société
inégalitaire suscite la production de biens de bas de gamme cotoyant les produits de luxe , elle aura
tendance à voir se miltiplier les « petits services » aux marges du chômage et de l’exclusion sociale »
( doc 4 B ) .
Ainsi , une tertiarisation de l’économie peut résulter de la richesse et du développement d’un pays : ce
sont alors des services qualifés type soin de santé , loisirs ou alors de la pauvreté et de l’absence de
développement : ce sont alors des « petits travaux » de service . Ainsi « une société a les services
qu’elle mérite ( … ) . En eux-mêmes , les services ne sont ni vecteurs d’inégalités ni réducteurs
d’autonomie » ( doc 4 B ) .
La tertiarisation de l’économie n’est donc pas un critère de développement ; ce n’est pas non plus un
facteur , car c’est l’industrie qui reste , encore aujourd’hui , la principale source de richesses et
d’amélioration du sort de la population .
1 – CONSTAT
En effet , les différences de croissance et de développement des pays résultent plus du poids de
l’industrie dans l’économie que celui des services ( doc 1 ) .: entre 1975 et 2000 ,en Corée du Sud , la
part de la population active dans l'industrie est passée de 25,5 % à 27,8 % , et la croissance économique
a augmenté de 6 % par an en moyernne .De même , l’Allemagne et la Corée du Sud ont la même part
de population active dans les services ( 64 % ) et pourtant l’IDH de l’Allemagne est nettement plus
élevé que celui de la Corée du Sud ( 0,925 contre 0,882 en 2000 ) , les différences résultant du poids
de l’industrie dans l’économie : 32,9 % pour l’Allemagne , 27,8 % pour la Corée du Sud en 2000 .
Le niveau de croissance et de développement paraît donc plus lié à l’importance du secondaire qu’à
celui du tertiaire .. L’industrie reste le moteur essentiel de l’économie .
2 – LES RAISONS
Ainsi , en regardant le seul poids des services , on en arrive donc à une conclusion fausse . L’industrie
reste donc le facteur essentiel de la croissance et du développement , et son déclin dans les pays riches
n’est qu’apparent .En effet , « en 1980 , la valeur ajoutée brute de l’industrie manufacturière non
alimentaire représentait 20,5 % du PIB . En 2002 , ce résultat n’atteint plus que 14,3 % » ( doc 4 A ) .
Ce phénomène s’explique par 2 raisons .
La première est la « tertiarisation de l’industrie » : de nombreuses activités de services comme « la
maintenance , la restauration , le service après-vente » étaient intégrées dans les entreprises
industrielles et leur personnel compté comme des actifs de l’industrie . Or , aujourd’hui , ces activités
ont été externalisées , c’est-à-dire mises en dehors des entreprises industrielles . Ainsi , au lieu
d’embaucher un comptable qui s’occupera de la gestion, l’entreprise industrielle préfère nouer une
relation contractuelle avec un cabinet de comptables . Dans ce cas , ceux-ci travaillent bien pour
l’industrie , mais comme ils sont indépendants et ils sont comptabilisés comme actifs du tertiaire .
La réduction des effectifs du secondaire ne serait donc pas totalement réelle , mais résulterait
uniquement d’un nouveau mode d’organisation des entreprises du secondaire . « Les cathédrales
industrielles ont fait place à des unités flexibles qui emploient de moins en moins de personnes par
unité produite » .
La seconde raison de cet apparent déclin est donc les gains de productivité : en étant plus efficace ,
l’industrie a donc pu produire plus : en euros constants , la part de la production industrielle dans la
production totale est passée de 15,6 % en 1980 à 16,7 % en 2002 ( doc 4 A ) , en utilisant moins de
main d’œuvre : « entre 19680 et 2001 , l’emploi industriel est passé de 21 % à du total à 14 % » ( doc 4
A ) . Mais , il est faux , de ce constat , d’en déduire une importance moindre de l’industrie . Au
contraire , c’est parce que l’industrie est de plus en plus performante et compétitive que le secteur
tertiaire peut se développer . Ces gains de productivité vont donc avoir deux destinations :comme
l’industrie peut produire autant avec moins de monde , elle libére des actifs qui seront employés dans
les services ; comme le coût du travail par unité produite diminue il y a « une baisse des prix
industriels » ( doc 4 A ) qui assure une augmentation du pouvoir d’achat des ménages : en dépensant
moins pour les produits industriels , ils peuvent dépenser plus pour les services .
La croissance du secteur tertiaire résulte donc des performances de l’industrie : « au final , résuime-t-
on au ministère de l’économie , il est faux d’affirmer que l’industrie française va mal » ( doc 4 A )