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Santos Milton. Dimension temporelle et systèmes spatiaux dans les pays du Tiers Monde. In: Tiers-Monde, tome 13, n°50,
1972. Modernisations et « espaces dérivés ». pp. 247-268;
doi : 10.3406/tiers.1972.1848
http://www.persee.fr/doc/tiers_0040-7356_1972_num_13_50_1848
ET SYSTÈMES SPATIAUX
(1) Voir Torsten Hagerstand, Innovation Diffusion as a Spatial Process, Chicago, The
University of Chicago Press, 1967 (publié en 1953 par Gleerup, Lund, avec le titre Innovations-
forloppet ur Korologist synpunkt).
(2) Peter Gould, Methodological developments since the fifties, in Progress in
Geography, London, Arnold, 1969, vol. 1, p. 20 et P. Haggett, Vocational Analysis in Human
Geography, London, Arnold, 1970, p. 56.
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La dimension temporelle
L'introduction de la dimension temps dans l'étude de l'organisation
de l'espace entraîne la considération d'une échelle plus large, l'échelle
du monde. A chaque période de l'histoire, à partir du début du xvie siècle,
le comportement des sous-espaces (2) des continents sous-développés est,
dans une mesure plus ou moins grande, en relation avec les données
du système en vigueur, sinon déterminé par les besoins des nations qui
sont au centre du système. La dimension historique ou temporelle permet
donc de dépasser le niveau de l'analyse écologique ou chorographique
pour considérer l'espace à étudier comme un système, lui-même
dépendant d'un système plus large.
Sans doute le même espace pouvait-il être, à une période précédente,
(i) Nous l'avons fait remarquer dans notre ouvrage, Le métier de géographe, Paris,
Ed. Ophrys, 1971.
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(1) Voir à ce propos les études de Fausto Alvarez, documents de travail du groupe de
recherche sur Г « Analyse régionale et l'aménagement de l'espace », IEDES, 1970, et 197 1.
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(1) Georges Coutsinas, « Forces externes » et structuration de l'espace dans les pays
eous-développés : le rôle des produits miniers, infra, p. 379.
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(i) José Ramon Lasuén, Tecnologia y desarollo, Reflexiones sobre el caso de America
Latina, Seminario sobre Desarollo Regional, Caracas, OEA-CICAP, 1970.
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Modernisations et polarisations
Dans chaque période le système cherche à imposer les modernisations
caractéristiques, opération qui procède du centre vers la périphérie.
Ce n'est pas une opération au hasard. Les espaces atteints sont ceux qui
répondent à un moment donné au besoin de croissance ou de
fonctionnement du système là où il trouve son centre.
L'action des éléments d'une nouvelle période n'attend pas que se
termine l'action des éléments du stade précédent pour se faire sentir; il
y a soit une superposition d'actions, soit un arrêt de l'action des forces
du système précédent. C'est pourquoi il faut signaler deux aspects
importants du comportement du centre, c'est-à-dire la fréquence avec
laquelle les « items » en diffusion sont émis et la durée pendant laquelle
chaque noyau continue d'être un émetteur et l'espace périphérique un
récepteur.
Les changements de période impliquent un changement de processus :
ou la diffusion est caractérisée ou contrôlée par un processus différent
dans chaque phase, ou le rôle des facteurs particuliers est différent dans
les différentes phases de diffusion (i). Chaque modernisation à l'écheUe
mondiale (i, 2, 3, 4, 5) représente un ensemble différent de possibilités
pour les pays susceptibles de l'adopter; on ne pouvait pas parler de
l'existence d'une culture exigeant des engrais chimiques avant que
l'industrie chimique elle-même se développe ou s'installe dans un point
du globe.
La modernisation crée de nouvelles activités répondant à de nouveaux
(1) Lawrence Brown, Diffusion Process and Location, Philadelphia, Regional Science
Research Institute, 1968, p. 34.
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(1) Bernard Kayser, Géographie active de la région, in Géographie active, Paris, Presses
Universitaires de France, 1964, p. 334.
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est la règle. Encore une fois, la notion de temps gagne ici une dimension
nouvelle et déterminante.
Si l'on admet que les systèmes spatiaux ne sont rien d'autre que la
projection localisée des systèmes temporels, l'échelle de temps
correspondant au lieu lui donnerait aussi bien le rythme de son histoire
événementielle que celui de son histoire spatiale. Ainsi, et pour cause, le
système temporel et le système spatial seraient marqués par la même mesure
de temps. On finirait par tout réduire à la notion de durée particulière
à chaque division de l'espace.
Les divisions de l'espace seraient alors en rapport avec le parallélisme
des deux systèmes et leur identification directement liée aux structures
spatio-temporelles résultant de la superposition des deux systèmes.
En descendant dans l'échelle de l'espace, on réduit simultanément
l'échelle du temps. C'est-à-dire que si l'on augmente les sous-divisions
de l'espace, soumis à un numérateur plus élevé, à une parcellisation plus
importante, on est par là même aux prises avec des périodes de
temps relativement bien plus courtes, une périodisation bien plus
morcelée.
N'importe quelle sous-division spatiale se distinguerait de sa voisine
du fait que chacune admet une mesure différente du temps, disons du
temps spatial, à toutes les échelles. Cette constatation pourra-t-elle aider
à la définition du sous-espace à l'échelle la plus réduite, ce que l'on
pourrait appeler le sous-espace « atomique » ou « cellulaire » ?
Examinons-le de plus près.
Les difficultés pratiques d'une telle démarche tiennent
essentiellement à deux éléments :
— par-dessus l'échelle de temps particulière à chaque sous-espace, il
y a l'échelle de temps qui intéresse un espace plus large, auquel
participe le sous-espace en question. Cette dernière échelle de temps
contribue à ce que le sous-espace de référence apparaisse avec
certaines caractéristiques communes à des sous-espaces voisins. Le
problème ici est de séparer ce qui est plus général et ce qui est plus
spécifique à chaque sous-espace;
— la seconde difficulté tient au fait que chaque sous-espace est, d'ordi-
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