Mieux

Created by Liana titre : Mieu vaut ne pas en rever… le 26 decembre 2002
MIEUX VAUT NE PAS EN REVER
d’après Anton Pavlovitch TCHEKOV
texte écrit par le groupe d’ados qui l’ont aussi joué (Amifran, 2003)
suivis par Liana Didilescu, metteur en scène du spectacle
lididi_1999@yahoo.fr
Contact : tel : 06.79.05.48.16 1

e-mail: lididi_1999@yahoo.fr
Personnages :
Boris ALEXEEVICH ( B ) - fonctionnaire (sans que cela ait une vraie importance)
Timoshka ( T ) – son valet
Doris ( D ) – jeune femme à marier
Loris ( L ) – sa mère
Alexei FRISCHIVITCH ( A ) –le voisin de Boris, passionné de poissons
Maroushka FRISCHIVITCH ( M ) – sa femme, dégoutée des poissons
Vladimir ( V ) – délinquant libéré du prison
Zvetlana ( Z ) – sa petite amie
La vendeuse – il ne faut surtout pas se demander d’où elle vient ou pourquoi !
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Scène I
Boris Alexeevich est seul dans sa chambre. Une autre interminable journée, comme
toutes les autres. Il essaie de s’occuper (lire, cartes, trier des boutons et d’autres activités
tout aussi exquises), mais rien n’apaise son ennui. A bout de nerfs, Boris Alexeevich se
voue à son occupation préférée, notamment : comment parvient-on à se suicider avec
une corde sans avoir la possibilité de l’accrocher où que ce soit ? Pendant qu’il met
toute sa perspicacité au service de ce grand exploit, Timoshka, son valet, est en train de
savourer ces quelques moments de calme dans sa chambre. Il perfectionne sa maîtrise
dans le domaine du tricotage suivant un manuel spécialisé, mais tout en laissant aller
son imagination. Dans l’autre pièce, les tentatives de Boris Alexeevich sont très près du
résultat souhaité, mais, au dernier moment, le bon coté de la vie se révèle à Boris ce qui
le fait changer d’avis. Il se débat pour échapper à la corde qui l’entoure comme une
pieuvre, il essaie sans succès d’appeler Timoshka.
Boris Timoshka ! Timoshka !
Quand enfin la voix de son maître se fait entendre (pour la centième fois aujourd’hui et à
chaque fois juste pour des choses sans importance), Timoshka ne se presse pas, croyant
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qu’il s’agit d’une autre ruse de Boris pour l’attirer dans son ennui. Il y va quand-même.
Dans la chambre de son maître, il entend la voix de Boris, mais il ne le voit pas du
premier coup. Il scrute le haut plafond dans l’espoir de retrouver son maître dont il
connaît très bien les habitudes. Il le voit enfin sous la table et il décide qu’il est bien
temps de priver Boris de son jouet (la corde). Timoshka l’aide à défaire la corde et veut
l’emmener avec lui. Il est pressé de sortir, avant que Boris n’ait l’idée de le retenir pour
une raison quelconque. Trop tard ! Boris l’invite à s’asseoir et le regarde bêtement, dans
l’attente d’un sujet de conversation d’intérêt commun. Mais rien ne traverse le cerveau
de Boris. Timoshka se lève pour partir. Au dernier moment avant de sortir :
B Timoschka ! Apporte-moi un thé !
T Encore ? Mais vous venez d’en prendre …
B J’ai soif, Timoschka ! Je veux du thé tout de suite !
T Tout de suite.
B Maintenant.
T Oui, monsieur.
B Timoschka !
T Oui, monsieur.
B Avec du lait !
T Oui, monsieur.
B Timoschka !
T Oui, monsieur.
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B Et du sucre.
T Oui, monsieur. Comme d’habitude.
B Quoi donc?
T Le thé. Avec du lait et du sucre, comme d’habitude.
B Timoshka !
T Oui, monsieur.
B Timoshka ! (il lui fait signe de s’asseoir à coté de lui) Pourquoi tu ne changes
jamais rien ? Sois inventif, mon cher.
T Avec le thé ?
B Même avec le thé…
T Je vais essayer.
B Timoshka !
T Oui, monsieur.
B Viens, mets-toi là ! Ca fait longtemps qu’on n’a pas parlé, nous deux.
T C’est vrai, on ne s’est pas vus depuis une heure. (il s’assied près de son maître,
mais il continue à tricoter. Boris regarde très intéressé)
B Dis-moi quelque chose de neuf, mon ami. Je veux etre surpris !
T J’ai lavé votre linge.
B Timoshka, tu est vraiment pitoyable, tu n’as pas d’imagination, tu n’as aucune
…poésie…rien du tout…Va-t-en et apporte-moi le thé ! Laisse aller ton
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imagination…
Timoshka sort.
Scène II
Marushka, la voisine, entre par la fenetre (au fond de la scène en tout cas). Boris est très
content de la voir, mais elle ne lui laisse pas le temps d’extérioriser son bonheur.
B Ah ! Voilà, ma voisine…mais…
M Ecoute, je n’ai pas de temps maintenant. Je suis passée par ici parce que je n’ai
pas pu passer par là, puisqu’ils ont fermé le passage…Il n’y a plus de porte là…
Imagine…Non, mais c’est des imbéciles…Des malades ! Des débiles !
Elle sort en courant. Boris Alexeevich, déçu, va se coucher sur le canapé. Timoshka
revient avec le thé, mais il veut repartir quand il voit que son maître s’est enfin endormi.
Il se reprend : l’idée lui vient de se débarrasser de Boris Alexeevich. Il pose avec
précaution le plateau avec le thé sur la table, sort une des deux grosses aiguilles à
tricoter et, féroce, se dirige sur la pointe des pieds vers le canapé. Arrivé près de son
maître, il change d’avis et prend l’oreiller. Timoshka pose l’oreiller sur le visage de Boris
et attend. Boris ne bouge plus. Devant cet inconcevable acte de vandalisme, Timoshka est
pris d’un terrible effroi et, torturé par les regrets, il se venge sur l’objet coupable de la
mort de Boris : l’oreiller. Pendant que Timoshka vit son grand moment de chagrin, Boris
se réveille et pose sur son valet un regard plein d’interrogations existentielles. Timoshka
le voit et court embrasser son cher maître. Boris subit non sans embarras les effusions
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sentimentales de son valet, qui ne s’est jamais manifesté ainsi auparavant. Timoshka
s’occupe fiévreusement du confort de son maître jusqu’à ce que ses soins deviennent
insupportables. Timoshka sort. Boris s’endort à nouveau.
Noir.
Scène III
Quand la lumière se rallume, Boris est exactement à la place où il était dans la scène II
quand sa voisine Marushka est entrée par la fenetre .
Marushka entre par la meme fenetre et se jète dans les bras de Boris. Elle cherche
quelqu’un du regard (Timoshka).
B Ah ! Ma voisine. Mais qu’est-ce qui vous arrive ?
M Oh, Boris, si vous saviez ce qui se passe dans notre cour ! C’est un désastre ! On
construit une autre maison. Dans la cour ! Une maison dans une maison ! Comme
ça, comme les poupées russes.
B Matrioshka !
M Non, je suis Maroushka.
B Je sais, mais les poupées russes…
M Ah oui, excusez-moi, mais je suis si secouée…Parce que, vous savez, à cause de
cette nouvelle maison, nous, ça veut dire mon mari et moi, nous n’avons plus de
porte. On nous à bloqué l’entrée. Et la sortie.
B Ce n’est pas la même chose ?
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M Non, c’est tout à fait différent, puisque maintenant on ne peut plus ni sortir, ni
entrer.
B Je veux dire : la sortie et l’entrée, c’est la même chose, n’est-ce pas ?
M Ah, oui, ça, oui ! Je n’arrive pas à me concentrer. Et puis mon mari… (Timoshka
revient avec le thé. Il est surpris de voir Maroushka. Maroushka s’arrête net et lui
lance un regard plein d’amour et de haine et même temps.)
T (tout bas, sec, déprimé, haineux ) Toujours ton mari ! (il sort)
B (qui n’a pas compris l’échange entre Timoshka et Maroushka) Puis-je vous offrir
un thé ? Ca va vous calmer un peu.
M (effondrée) Oh, mon mari…avec ses poissons et ses aquariums…j’en ai marre,
vraiment…
B Voilà ! Madame est servie.
M Non, merci, je vais le tuer !
B Qui ? Votre mari ?
M Non, pas Alexei, le propriétaire de la nouvelle maison.
A (surgit à la fenêtre, il est équipé de lunettes de plongée, d’un casque et d’un
pistolet – à eau, on verra ça plus tard. Boris ne le voit pas encore, occupé à
prendre tranquillement une tasse de thé) Pst ! (il se cache, Boris se retourne et ne
voit personne) Psst ! (même jeu) Pssst ! (Boris se lève pour aller voir d’où
viennent ces sons, l’apparition d’Alexei lui fait visiblement peur) La folle…où
est-elle ? (Il regarde partout, il cherche quelqu’un)
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B Madame ?
A Ma femme.
B Ah ! C’est vous… avec les poissons et les aquariums ?
A (sec) Oui, c’est moi. (voyant le thé, il se rue vers la table et se sert plusieurs fois.
Il enlève ses lunettes pour boire. Boris le regarde, ébloui) Vous savez, ça fait
longtemps que je n’en ai plus bu. La folle m’a enfermé dans le garage avec les
poissons. A propos, aimez-vous les poissons ? C’est fascinant, les poissons !
(Après avoir fini la dernière tasse, il repose ses lunettes de plongée. C’est le
moment de la vérité, Alexei pointe son revolver vers Boris ) Bon ! Et maintenant
dites-moi … Où il est, Timo… (Maroushka revient)
M Alexei ! Que faites-vous là ?
A (Honteux) Je me socialise un peu…(il arrose Boris avec son pistolet)
M Dans le garage ! (Alexei s’execute sans commentaires. Boris croit qu’il est visé
aussi et veut sortir.) Pas vous ! (à Boris, mais elle regarde tout autour pour être
sure que Alexei n’a pas trouvé Timoshka) Excusez-le, mais sans ses poissons, il
est … dépaysé…(elle sort aussi)
B (seul) Tellement sympas ! Dommage qu’on ne se soit pas connus avant, on aurait
pu passer de beaux moments ensemble…(entre Timoshka, très animé, il fait plein
de signes tout en essayant d’expliquer quelque chose)
Scène IV
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B Mais voyons, Timoshka ! Que se passe-t-il ?
T Une demoiselle demande si vous êtes là.
B (pris de la même émotion que Timoshka tout à l’heure) Fais-la entrer, qu’est-ce
que tu attends ?
D (éblouissante) Bonjour !
T Mademoiselle désire du thé (il n’y en a plus, Alexei a tout bu) où…
B (à Timoshka) Du thé ! (Timoshka sort) Bonjour ! Puis-je vous aider ?
M (entre avec un carton plein de vêtements et le pose à coté du canapé) Je voudrais
seulement laisser ça ici…excusez-moi de vous déranger… (elle vient se poster
entre les deux et se met à les dévisager)
B C’est ma voisine, Madame Maroushka, et…
D Doris.
B et M (surpris) Boris ? ? ? ?
D Non, Doris.
M Boris…Doris…Que c’est drôle (elle rit toute seule, puis s’arrête d’un coup) Bon.
Alors je m‘en vais. (elle sort)
D Monsieur, je suis la pour une question très délicate…
B (il ne peut pas s’expliquer cette présence miraculeuse dans sa maison) Bien.
Alors, Mademoiselle, je vous écoute….
D Vous êtes mon dernier espoir…
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M (revient avec un nouveau transport, Alexei essaie de la retenir dehors, elle tombe,
renverse le carton puis doit ramasser ses affaires, Alexei essaie de l’aider) La
situation se complique dehors !
B (ils se mettent à l’écart) De quoi s’agit-il ?
D C’est très difficile… Je suis prête à tout…
B (essayant de comprendre) Mais de quoi s’agit-il ?
D Je ferais n’importe quoi…en échange…
M (elle entre avec un matelas, Alexei tient l’autre bout du matelas. ) Laisse-moi !
A (il chante et danse maladroitement) Ne me quitte pas, Maroushka ! Ne me quitte
pas, Maroushka ! (Boris et Doris les regardent. Maroushka le prend par le col de
sa chemise, le regarde droit dans les yeux, le secoue puis se reprend et sort.
Alexei se tourne vers Doris et Boris et fait une révérence et sort lui aussi)
D J’ai besoin de…
B De…
D Vous voyez…
B Allez, courage…
D Il s’agit de deux…
B Seulement deux ?
D Oui… billets de train gratuits…
B Mais moi…Il y a un malentendu…
D (elle pleure) Ne me refusez pas !
B C’est à dire que… moi… je ne peux…
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D (désespérée) Monsieur, je vous en conjure !
B (pour arrêter le torrent de larmes) D’accord, d’accord !
D Surtout que… c’est mon dernier voyage en liberté…
B (Maroushka déménage, Alexei aussi, il apporte ses aquariums) Ne me dites pas !
Au moins vous l’aimez ?
D C’est ma mère…
B C’est toujours comme ça ! Il est jeune au moins…
D Non…
B Il ne faut pas vous marier alors !
D Mais qui parle de mariage ? ! Ma mère m’oblige à aller au couvent. Elle dit que je
suis trop vieille pour me marier, que je ne trouverai plus personne…
B Impossible ! Reste avec moi, Doris ! Vous ne m’en voulez pas de vous tutoyer,
j’espère…
D Pas du tout ! Au contraire !
B Tu as changé ma vie…
D Et ma mère ?
B Et ta mère…
D Elle peut rester avec nous ?
B Ca va changer encore plus ma vie…
D Tu sais, je l’aime beaucoup…
B Mais oui, il y a de la place pour tout le monde ici…
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Scène V
Pendant cette scène, sur le canapé : Maroushka refuse constamment les déclarations
d’amour de son mari en faveur de celles de Timoshka, ce qui fait naître une véritable
guerre entre les deux hommes.
On entend la voix de Loris, la mère de Doris. Elle se dispute avec Timoshka dans
l’entrée, parce que celui-ci l’empêche d’entrer. Loris débarque suivie par Timoshka. Elle
possède un grand parapluie et un grand sac à main, ce qui lui assure la supériorité
intellectuelle indiscutable dans toute divergence rencontrée. Et par dessus de tout elle ne
voit pas très bien.
T (à Boris, comme une excuse) Monsieur…
L Où est ma fille ? Mais que se passe-t-il ici ? Doris, qu’est-ce que ça veut dire tout
ça ?
B Madame…
L (montrant Boris avec son parapluie) C’est qui celui-là ?
A C’est son mari .
L (susceptible) Doris !
D Oui, je vais me marier .
L Et moi ?
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A Toi aussi.
L Comment ? (elle part à la poursuite de Alexei)
B (parvient à l’arrêter) Vous allez rester avec nous. (maintenant elle est contente) Je
suis Boris. Et vous ?
L Loris. (elle va sortir de son sac une robe de mariée pour sa fille, des gants, tout
ce qu’il faut)
M (très contente) Boris Doris Loris Boris Doris Loris Boris Doris Loris…
B (il voit enfin les affaires de Maroushka et de Alexei) Mais qu’est-ce que c’est que
tout ça ? C’est à qui ?
M C’est à nous.
B Mais vous avez déménagé ?
M Oui.
D (prête à se marier, à Boris) On va à la mairie ?
B Pour quoi faire ?
L Vous marier, non ?
B Là, tout de suite ?
L Il faut faire ça immédiatement.
B Attendez un peu. (à ceux qui sont sur le canapé) Sinon c’est pour toujours, le
déménagement ?
M Oui !
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T (qui s’est approché des aquariums, menaçant) Que c’est beau, ce poisson ! C’est
quoi comme race ?
A Ne touchez pas…
Z (entre, très à la bourre) Alors ? (elle s’écroule et se relève) Je reprends. (sort pour
entrer à nouveau) Alors ? (elle s’écroule et se relève) Je reprends. (elle veut
ressortir)
Tous Mais entre !
Z Alors, il est arrivé ? (elle commence à se préparer pour rencontrer l’amour de sa
vie)
D (à Boris) Qui ?
B (à Zvetlana) Je vous connais ?
Z Ah, on ne se connaît pas maintenant ?! Je comprends, tu as honte avec moi !
D (à Boris) C’est qui ?
Z (à Doris) Une correspondante…
L On dit ça comme ça maintenant ? (se met à taper Boris avec son sac à main)
B Ah, c’est vous, la prison ?
D (à Boris) Quelle prison ? ! ! ! !
B (aux trois qui sont sur le canapé) Mais qu’est-ce que vous faites là ?
M On s’installe.
L Doris, on s’en va. Tu ne vas pas te marier avec un délinquant .
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B (à Doris et Loris qui s’apprêtent à sortir) Attendez, ce n’est pas moi le
délinquant, c’est son amant à elle. Elle va le rencontrer ici, aujourd’hui quand il
va sortir de prison. Moi je ne suis qu’un médiateur !
Z (à Loris et Doris) On s’écrit depuis 5 ans .
D Avec Boris ?
Z Non, avec Vladimir .
D Quel Vladimir ? (Zvetlana cherche désespérément la photo de Vladimir dans son
sac, elle répète « Vladimir » comme s’il devait surgir de son sac à main)
B (en attendant que Zvetlana trouve la photo) Le délinquant !
Z VLADIMIR ! (elle sort une photo de son sac et la montre à Doris et Loris) Ce
n’est pas un délinquant, je l’aime !
V (débarque directement du prison) Elle est là ?
L (voyant Vladimir) Le délinquant !
V ( va vers Doris pour la prendre dans ses bras. La vraie Zvetlana a voulu se jeter
dans les bras de Vladimir, mais comme celui-ci est passé à coté d’elle, elle
s’écroule. Loris l’aide à se relever ) Zvetlana ! !
B (à Vladimir) Ah non ! Touche pas à ma femme !
V Oh pardon ! Ce n’est pas elle, alors…(regard déçu envers Zvetlana)
Z Mon amour !
V Ah, c’est toi…
Z Enfin, dans mes bras !
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La vendeuse (on ne sait pas d’où elle sort et d’ailleurs on s’en fout) Glaces et lacets !
Achetez des glaces et recevez des lacets ! Prix choc ! C’est vraiment du jamais
vu ! Profitez-en ! Deux glaces, cinq lacets offerts ! Quatre glaces, sept lacets
offerts !
B (débordé) Timoshka ! Occupe-toi de Madame ! (Timoshka ne l’écoute pas, il reste
auprès de Maroushka)
A Voyons un peu ces glaces ! Ca tombe bien, on est en pleine fête ici !
M Il faut fêter les trois événements ! Boris ! Tu as du champagne ?
B Pourquoi ? Quels événements ?
D Notre mariage.
Z (accrochée au bras de Vladimir) Et le notre .
B Attendez un peu ! Timoshka ! (une fois de plus, Timoshka ne l’entend pas)
V Moi, j’ai faim, il n’y a rien à manger ici ?
M Mais si, du poisson ! Frais ! (elle lui montre les aquariums)
A Touchez pas à mes poissons !
M J’en ai marre de tes poissons !
A (à Vladimir qui prend un poisson) Non, pas mes poissons !
B (à Vladimir qui veut faire le feu) Mais qu’est-ce que vous faites ?
M Le feu. On ne va pas manger les poissons crus, non ?
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B Timoshka, il font le feu ! Chez moi ! On n’a pas de cheminée, nous ! Ils mettent le
feu ! Ils font n’importe quoi ! Timoshka ! Du feu ! Au secours ! Timoshka !
Timoshka !
Boris se met à genoux près des aquariums et plonge la tête dans le plus grand des
aquariums.
Noir.
Scène VI
Lumière. Boris est sur le canapé, il dort encore, un sommeil très agité. Il n’arrête pas
d’appeler Timoshka. On voit quand - même encore des restes des accessoires des scènes
antérieures (les mouchoirs en papier de Doris)
T Oui, Monsieur. Voilà votre thé !
B Mais le feu ! Ca brule ! Ils ont mis le feu ! Ils ont fait n’importe quoi ! Sortons
vite !
T (il le réveille) Monsieur, il n’y a pas de feu. Qu’est-ce qui vous prend ?
(entre Maroushka, elle repasse vers la fenêtre)
B C’est elle qui a mis le feu ! Pour cuire les poissons !
M (hors d’elle) Qu’est-ce que j’ai fait, moi ? Mais réveillez-vous ! Je n’ai fait que
passer… (pour elle - même) Que des hébétés ! (elle sort)
B Ne passez plus ! Ni vous, ni votre mari, ni Doris, ni Loris… ni… personne ! Vous
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comprenez ? Je ne veux voir personne ! Je veux etre seul ! Seul ! Sortez tous ! (à
Timoshka) Toi aussi, traître !
T (il regarde son maître avec pitié) Mon pauvre maître, la solitude et l’ennui l’ont
rendu fou…
B Je ne veux plus voir qui que ce soit ! Je veux etre seul ! Seul ! Sortez tous !
Timoshka s’arrête avant de sortir, voit les mouchoirs qui sont par terre, en prend un, le
regarde longuement sans savoir d’où ça vient et… se mouche dedans. Il sort.
FIN
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Timoshka ( T ) – son valet

Doris ( D ) – jeune femme à marier

Alexei FRISCHIVITCH ( A ) –le voisin de Boris, passionné de poissons

Maroushka FRISCHIVITCH ( M ) – sa femme, dégoutée des poissons

Vladimir ( V ) – délinquant libéré du prison

Zvetlana ( Z ) – sa petite amie

La vendeuse – il ne faut surtout pas se demander d’où elle vient ou pourquoi !

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voue à son occupation préférée, notamment : comment parvient-on à se suicider avec

savourer ces quelques moments de calme dans sa chambre. Il perfectionne sa maîtrise

pieuvre, il essaie sans succès d’appeler Timoshka.

Boris Timoshka ! Timoshka !

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de Boris. Timoshka se lève pour partir. Au dernier moment avant de sortir :

B Timoschka ! Apporte-moi un thé !

T Encore ? Mais vous venez d’en prendre …

B J’ai soif, Timoschka ! Je veux du thé tout de suite !

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T Oui, monsieur. Comme d’habitude.

T Le thé. Avec du lait et du sucre, comme d’habitude.

jamais rien ? Sois inventif, mon cher.

B Même avec le thé…

mais il continue à tricoter. Boris regarde très intéressé)

B Dis-moi quelque chose de neuf, mon ami. Je veux etre surpris !

T J’ai lavé votre linge.

B Timoshka, tu est vraiment pitoyable, tu n’as pas d’imagination, tu n’as aucune

…poésie…rien du tout…Va-t-en et apporte-moi le thé ! Laisse aller ton

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Imagine…Non, mais c’est des imbéciles…Des malades ! Des débiles !

Il se reprend : l’idée lui vient de se débarrasser de Boris Alexeevich. Il pose avec

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insupportables. Timoshka sort. Boris s’endort à nouveau.

quand sa voisine Marushka est entrée par la fenetre .

quelqu’un du regard (Timoshka).

B Ah ! Ma voisine. Mais qu’est-ce qui vous arrive ?

ça, comme les poupées russes.

M Non, je suis Maroushka.

B Je sais, mais les poupées russes…

M Ah oui, excusez-moi, mais je suis si secouée…Parce que, vous savez, à cause de

porte. On nous à bloqué l’entrée. Et la sortie.

B Ce n’est pas la même chose ?

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B Je veux dire : la sortie et l’entrée, c’est la même chose, n’est-ce pas ?

lance un regard plein d’amour et de haine et même temps.)

un thé ? Ca va vous calmer un peu.

M (effondrée) Oh, mon mari…avec ses poissons et ses aquariums…j’en ai marre,

B Voilà ! Madame est servie.

M Non, merci, je vais le tuer !

B Qui ? Votre mari ?

M Non, pas Alexei, le propriétaire de la nouvelle maison.

A (surgit à la fenêtre, il est équipé de lunettes de plongée, d’un casque et d’un

est-elle ? (Il regarde partout, il cherche quelqu’un)

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B Ah ! C’est vous… avec les poissons et les aquariums ?

poissons. A propos, aimez-vous les poissons ? C’est fascinant, les poissons !

dites-moi … Où il est, Timo… (Maroushka revient)

M Alexei ! Que faites-vous là ?

A (Honteux) Je me socialise un peu…(il arrose Boris avec son pistolet)

est … dépaysé…(elle sort aussi)