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QUELS BARRAGES ?
1. BCR : béton compacté au rouleau. Technique décrite au chapitre Petits barrages en béton, p. 113 et s.
P ourquoi des recommandations pour les petits barrages ?
Les petits barrages présentent a priori autant de difficultés que les très grands. Bien sûr,
leur faible taille s’accompagne de faibles contraintes : le comportement d’un rocher
d’appui va rester dans le domaine élastique ; les vitesses à l’aval d’un coursier d’évacua-
teur n’engendreront pas de phénomènes de cavitation, mais à l’inverse, il ne sera pas
toujours financièrement raisonnable de vouloir acquérir une connaissance parfaite de
l’étanchéité d’une cuvette ; l’absence de station limnigraphique gonflera l’indétermina-
tion des débits de crue... Indétermination, zones d’ombre compliquent donc la tâche du
concepteur. Celui-ci devra alors concevoir un ouvrage adapté à ces incertitudes. Si c’est
impossible, il sera placé devant le dilemme de déclarer le site impropre ou bien de
prendre un risque. Risque de rupture, mais plus souvent risque de fuites excessives.
L’expérience de nombreux désordres conduit, dans ce cas, à recommander sans ambi-
guïté d’écarter le site, quitte à l’écarter à tort... ce qu’on ne saura jamais !
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1. Hauteur mesurée au-dessus du point le plus bas du terrain naturel et prenant en compte la profondeur du lit
mineur éventuel.
2. Hauteur mesurée au-dessus du point le plus bas de la fondation.
Avant Pro p os
sent document constitue des recommandations et non pas des règles qui s’applique-
raient obligatoirement à telle catégorie de barrage ou telle catégorie de maître d’ouvrage.
Petit ou moyen barrage n’est en rien synonyme de barrage sans risque. Pour des rete-
nues stockant plus de 100 000 m3 par exemple, on ne peut jamais exclure un risque
pour une personne présente au pied du barrage au mauvais moment. Pas de compromis
donc sur la sécurité. Le lecteur non convaincu devra bien considérer qu’il y a environ
10 000 petits ou moyens barrages en France.
Bien sûr, les recommandations doivent être en harmonie avec le risque encouru : un
barrage de 10 mètres de hauteur stockant 15 millions de m3 n’est pas à comparer avec
un barrage de 10 mètres stockant 50 000 m3.
Pour croiser ces deux facteurs - hauteur et volume - il a été convenu de s’appuyer sur le
paramètre H² V . H désigne la hauteur du barrage en mètres au-dessus du point bas du
sol naturel et V est le volume stocké en millions de m3 au niveau normal. Le graphique ci-
dessous (figure 1) comporte plusieurs valeurs de H² V comprises entre 5 et 3 000. La
zone comprise entre les pointillés encadre tous les barrages français, si on ne considère 15
pas les digues de fleuves.
Le lecteur est invité à reporter sur ce graphique les quelques barrages qu’il connaît le
mieux !
Ce paramètre H² V n’a pas une signification scientifique particulière. Il doit être consi-
déré comme un indicateur du potentiel de risque à l’aval. Par exemple, on a pu constater
une bonne corrélation entre H² V et le débit maximal obtenu à l’aval d’un barrage
après un effacement total.
Le présent manuel préconise donc des dispositions minimales modulées en fonction de ce
paramètre. Cela n’empêchera pas d’adopter des dispositions supérieures, dictées par des
critères techniques, chaque fois que des circonstances particulières l’imposeront.
ASPECTS ABORDÉS
Le présent manuel traite, bien entendu, des études préalables tant géologiques et géo-
techniques (voir chap. III, p. 37) qu’hydrologiques pour la prédétermination des crues
(voir chap. II, p. 23). Il traite ensuite de la conception et de la réalisation des deux
grands types de barrage : barrages en remblais (voir chap. IV, p. 67) et barrages en
béton (voir chap. V, p. 113).
Les aspects liés à l’environnement sont de plus en plus à l’ordre du jour. Le chapitre VI traite
du problème fondamental de la qualité de l’eau, aussi bien dans la retenue qu’à son aval.
16 Mais si l’on construit des barrages depuis des millénaires, on ne mesure les impacts sur
l’eau que depuis au mieux quelques dizaines d’années. Ce chapitre est donc davantage
l’état actuel de la connaissance qu’un ensemble de recommandations précises.
Enfin, certains maîtres d’ouvrage attachent de plus en plus de poids à l’aspect paysager. Il
n’est pas traité ici, car le corps de doctrine n’existe pas à notre connaissance. Recomman-
dons simplement au maître d’œuvre et à l’entrepreneur de prendre davantage cet aspect
en considération à la fois pour l’aspect fini des parements et pour l’intégration des ouvra-
ges en béton ou des bâtiments de service.
Pour finir, rappelons qu’un barrage n’est pas définitif quand l’entreprise quitte les lieux,
ni même quand l’évacuateur déverse pour la première fois. Un barrage est vivant, il
vieillit donc. Il doit faire l’objet d’une surveillance attentive et être ausculté comme indi-
qué au chapitre VII.