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COLIN Les Grandes Batailles de L'histoire PDF
COLIN Les Grandes Batailles de L'histoire PDF
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t!: rand, le cornte Renaud de Boulogne. Les vassaux qui
accompagnaient l'empereur étaient surtout ceux de
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marche convergente en mérrie temps que les alliés. 20 juillet, il atteignit Valenciennes ; mais, á cette
Si les Francais, dans de pareilles conditions, avaien 1 date, toute la France était en armes.
été vaincus, c'en était fait de lamonarchie capé- Son armée était formidable. S'il amenait avec lui
tienne. Mais c'est la; comme on sait, le genre de peu de barons alIemands, le comte de Flandre lui
combinaisons qui ne réussit jamais a la guerreo fournissait une nombreuse cavalerie et le comte de
Jean sans Terre débarque a La Roehelle le Salisbury une grosse troupe de mercenaires. Ce con-
15 Iévrier 1214 avec une armée de mercenaires; il tin~ent ~anquait un peu d'homogénéité : Salisbury
appelle a lui le contingent féodal de Guyenne. 11 ~vaIt pris au service d'Angleterre, avec des cheva-
franchit la Loire et occupe l'Anjou en mars. liers de Hollande et des transfuges francais, comme
Philippe-Auguste rassemble a la háte une armée, Renaud de Boulogne et Hugues de Boves, des Bra-
en prend le commandement avec son fils Louis et bancons et e,nfin ?es sergents d'armes montés (rner-
marche sur Saumur et Chinon pour menacer la cenan-es mOlI1S bien armés que les chevaliers).
retraite des Anglais, qui se dérobent précipitam- C!lacune des deux armées pouvait comprendre
ment sur Limoges. Jean san s Terre espérait ainsi environ 1.500 chevaliers, 5.000 sergents d'armes
attirer son ennemi loin de la Flandre, mais Phi- et 12.000 a 15.000 gens de pied. On arrive a ces
lippe-Auguste ne se laisse pas détourner des opéra- nomb,res par conjecture, en tenant compte de divers
tions principales: il ne suit pas les Anglais dans le renseignernents de détail ou indices : les documents
Lirnousin, laisse son fils dans le Berry avec une précis font défaut. 11 semble bien que les alliés eus-
dizaine de mille hommes en observation et revient sen,t quelques ,eavaliers de moins que les Francais,
dans le Nord. mais une certaine supériorité en infanterie.
Jean sans Terre renouvelle l'invasion de l'Anjou Philippe, ay~nt concentré son armée pres de
au commencement de juin, mais il se laisse attarder Péronn~ le 20 juilIet, prit l'offensive, et s'empara de
par le siege: d'une bicoque; Louis, se portant vive- I'ournai le 26. Il apprit alors l'arrivée des AlIemands
ment contre lui, le trouve mal préparé a combattre dans le Hainaut, pres de Valenciennes. Sa lizne de
et lui fait encore repasser la Loire le 3 juillet. retraite étant menacée, Philippe-Auguste se ~it en
L'empereur d'Allemagne avait agi trop tard pour ~arche ,,,ers le, Sud-Ouest,. pour se replacer entre
proflter de la diversiou opérée par son allié. Il avait . 1 enn~ml et Paris ; des le 27 juillet, il marcha sur
atteint Aix-la-Chapelle le 23 mars et il aurait pu Bouvines pour gagner Lens ét Péronne.
atteindre la Champagne ou la Picaidie pendant que ?thon, bien renseigné, se porta contre lui avec l'es-
Philippe-Auguste était encore sur la Loire. II perdit poir ~~ le surprendre au passage du pont de Bouvines.
le temps a lever de nouvelles troupes, a négocier Philippe-Auguste avait fait élargir ou doubler ce
avec ses alliés des Pays-Bas et it célébrer son propre po~t p~r s:s ingénieurs de maniers a pouvoir fran-
mariage avec la fille da duc de Brabant. C'est seule- chir tres vite les bas-fonds de la Marque, II n'avait
ment en juin qu'il se remit en marche et le 12 juillet ~as 15 kil,ometres a faire pour atleindre ce point cri-
qu'il se réunit, pres de Nivellcs, avec ses alliés. Le tique, et il espérait l'avoir dépassé avant d'étre en
présence de l'ennemi.
52 LES GRANDES BATAILLES DE L'I1ISTOIRE
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En attendant que tout fút en ligne, l'armée fran- " ~
caise n'était pas assez nombreuse pour opposer a rñ
l'ennemi un front égal au sien. <l>
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L'évéque de Senlis, Garin, qui était en quelque ;:j
sorte le major gériéral de cette armée, parcourut
rapidement la ligne, ordonnant de prendre de grands
intervalles et de s'étendre pour n'étre pas débordé.
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de la cavalerie francaise ,
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L'ordre de bataille était le suivant: á droite, l'an-
cienne flanc-garde, comprenant les contingents ss'"'"
féodaux de Bourgogne, .de Champagne, el du Nord-
Est.
Au centre, autour du roi, ses vassaux de l'Ile-ds- commandée par le comte Ferrand. Au centre l'énorme
France et le contingent du comte de Bar, aiusi que masse de l'infanterie fournie par la Flandre et les
70 chevaliers normands. La plus grande partie des Pays,~Bas, ce qu'on appelait alors des Brabancons.
contingents normands était á l'armée du prince Derriera cette infanterie, l'empereur lui-méme avec
Louis, sur la Loire.
ses chevaliers allemands, les contingents des ducs de
L'aile gauche comprenait les contingents des
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L - La concentration.
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L'armée russe se renforca sans cesse et se ravi- de Port-Arthur, mais il en laisse 30.000 a. Vladi-
tailla en munitions et en matériel par le Transsi- vostok.
bérien, long de 6.500 kilorn etres. Il garde le gros de ses forces autour de Liao-Yang,
« Le rendement de la voie, qui était au début de ét porte deux détachements en avant, sur le Yalou
la guerre de 6 trains par j our dans chaque sens, et vers le port d'Inkéou, a. l'embouchure du Liao-Ho.
fut porté successivernent a 7, 8~ 11, 13 el enfin Le détachernent de Sassoulich, sur le Yalou, est
16 trains, en muItipliant les croisements et en disséminé sur les 40 kilornetres du front it garder;
augmentant le matériel ». Quand on songe a ce il ne peut pas étre réuni en temps utile quand les
qu'était la voie unique du Transsibérien avant la Japonais attaquent avec 50.000 hommes (bataille du
., guerre, ce chiffre de i6 trains par jour est pro di- Yalou, 29 avril-I er mai) .
gieux. Cependant, les Russes ne parvinrent pas a Ce premier succes des Japonais produit un effet
transporter de grandes quantités de troupes en moral considérable. C'est l'analogue de Saalfeld en
Mandchourie, une tres grande partie des transports 1806,de Wissernbourg en 1870.
étant absorbée par le matériel. L'armée de Kouroki débouche de Corée en Mand-
chourie. Elle s'avance peu, se bornant a couvrir la
4e armée (Nodzou) qui débarque a. l'Ouest du Yalou,
1II. - Les opérations. et les 2e et 3c armées (Okou et Nogui) qui débar-
quent dans la presqu'ile de Liao- Toung, non loin. de
Dans la nuit du 8 au 9 février 1904; sans décla- Port-Arthur,
ration préalable , la Ilotte japonaise attaque les Toutes sont prétes a. marcher 'dans la deuxierne
navires russes Tchemulpo et dans la rade de Port-
á moitié du mois de mai. La 2e armée se porte vers le
Arthur. Elle procure ainsi la sécurité la plus com- Nord, laissant la place a. Nogui, lequel investit Port-
, plete aux transports entre le Japon et le continent. Arthur. .
Les débarquements commencent presque aussi- Kouropatkine, résolu d'abord it ne cornbattre
tót, mais.la division qui arrive la prerniere (i2e divi- qu'apres étre devenu supérieur en nombre aux Japo-
sion, dé l'armée de Kouroki) met a. peu pres un nais, a préparé le long de la voie ferrée une série de
mois débarquer en trois points de la cóte coréenne;
á fortiflcations entourant chacun des points impor-
elle n'est concentrée a. Séoul qu'en mars. Le reste tants : Tachekiao, Haítcheng, Liao- Yang, Moukden,
de la ire armée débarque aussi enCorée sous la Soit de son propre mouvement, soit pour obéir a.
protection de cette division, puis se forme en colonne des ordres supérieurs, il laisse toujours deux déta-
pour marcher sur le Yalou. chernents en face de Kouroki et d'Okou , avec des
Les Russes n'avaient, au mois de f'évrier, que .instructions presque impossibles a. mettre en pra-
40 hataillons d'infanterie, 3.000 cosaques et 200 bou- tique :
ches a. feu en Mandchourie, A la fin d'avril, le géné~ « J e donne mission au corps du Sud, dit-il a
ral Kouropatkine dispose de iOO.OOOhommes, non -Stackelberg, d'attirer sur soi, par un mouvement
compris les 30.000 hommes qui forment la garnisori ofJensif dans la direction de, Port-Arthur, le plus
, LES GRANDES DATAILLES DE L'mSTOIRE
IIIOUImEN 237
possible des forces de l'adversaire, et d'afTaiblir
ainsi I'armés qui opere dans le Kouan-Toung. .\' -sont arrivées devant les positions avancées des
« Pour obtenir ce résultat, votre mouvement Russes autour de Liao-Yang. La lutte s'y engage
contre le rídcau placé au ord doit étre exécuté sur deux ehamps de bataille distincts entre lesquels
rapidement et avec décision en recherchant l'écra- les Russes pourraient exécuter des navettes capables
sement rapide des fractions avancées de l'ennemi, si de leur assurer une grosse supériorité sur une des
elles se montrent faibles. _ ailes.
« Contre des forces supérieures, il ne faut pas Les Japonais nese portent a l'attaque que le'
engager d'action décisive, et ne jamais se Iaisser 24 aoút, Quand Kouroki a tourné l'extréme aile
aller employer la réserve tout entiere pendant le gauche le 27 Kouropatkine ordonne de se retirer
sur une , seconde , la retraite se Iait. 1e z98 ,
á
se porte á la hauteur de Kouroki et Nodzou. Les réserves intactes dont disposent les Russes.
trois armées japonaises sont ainsi déployées entre Les Japonais, épuisés, ne poursuivent pas. Les
l~ Yalou et le Liao-Ho, couvrant la presqu'ile de Russes se retirent sur le Cha-Ho. .
LlaO-Toung. ElIes vont marcher concentriquement Un inois apres la batailJe de Liao-Yang, les R~ls~es
sur Liao-Yang. ont recu des renforts qui leur donnent la supériorité
A la fln de juin , Kouroki enleve le col de Motien- numérique, el le général Kouropatkine essai~ de
ling, point essentiel de la route du Yalou a Liao- Yang, prendre l'offensive. Les Japonais, établis sur la ligne
que les Russes n'ont pas occupé assez fortement. Yentaí, Pensihou, sont attaqués a Pensihou par des
Les Russes en comprennent trop tard l'impor- forces tres supérieures, mais les Russes commettent
tance, et essaient en vain de le reprendre. tant de fautes d'exécution qu'ils sont repoussés le
Les Japonais ne continuent leur offensive que le 13 oelobre, aprés quatorze jours de combat.
18 juilIet. Une des dívisions de Kouroki déloge, en Le-rnaréchal Oyama a pris l'offensive, de son cóté,
la débordant, la division qui forme l'extréme-gau_ avee son centre el sa gauehe et, du 11 au 13, il a
che des Russüs. ramené les Russes sur le Cha-ho en forcant leur
Les 24 et le 25, c'est Okou qui chasse deux corps centre en méme ternps qu'il les débordait a l'Ouest.
d'armée russes de Tachekiao; quelques jours plus Pendant quatre mois, les Russes se fortifient
tard, il remporte un nouveau succes a Haltcheng, .1 autour de Moukden. Pendant le mois de janvier, ils
tandis que Kourcki fait encore tomber, par un envoient le général Mitchenko faire un raid sans
mouvement débordant, de nouvelles défenses des objet bien déterminé avec quatre-vingts escadrons
Russes dans la montagne. Les armées japonaises et vingt-d eux piéces, puis ils essaie~t d'en!ever ~e
vrllage de Sandepou, a l'ouest de la vore ferree, mais
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LES GRANDES BATAILLES DE L'HlSTOIRE
iUOUIWEN 239
ils échouent aprés avoir renouvelé leurs attaques
pendant quatre jours (25-28 janvier 1905). a 40 kilornetres au sud-ouest de Moukden, a portée
de. fusil des postes japonais de Sandepou, puis elle
se recourbait vers le Nord-Est pour aller rejoindre le
IV. - Bataille de Moukden. Cha-Ho pres de la voie ferrée; elIe remontait le
I cours du Cha-Ho en s'infléchissant vers le Sud-Est et
Au moment oü va se livrer la bataille de quittait la riviere a Baniapoutsa pour remonter au
Moukden, les. Iorces russes (300.000 hommes) sont Nord-Est dans les montagnes.
réparties en trois armées : Au premier coup d'ceil jeté sur le tracé de cette
A droite, la 2e armée, commandée par le général longue ligne, il apparait que la partie située a l'Ouest
Kaulbars, comprenant quatre corps d'armée et le s'avance brusquement vers l'ennemi et que son aile
corps mixte de Rennenkampf (une division de extérieure est sans appui. Cette partie de la position
cosaques, une brigada de cavalerie, une brigade est condamnée a tornber tres vi te par la force des
d'infanterie) ; choses.
Au centre, la 3e armée, commandée par le général
Bilclerling, comprenant trois corps d'armée; L'armée japonaise, depuis la prise de Port-Arthur,
A gauche, la 1re arrnée, commandée par le général comprenait cinq arrnées.
Liniévitch, comprenant quatrc corps d'armée. La r= armée (Kouroki) tenait toujours la droite de
En outre, a l'extréme gauche, le général Alexeief la prerniére ligne. Elle se composait de trois divi-
commande un détachement indépendant, composé sions actives et trois brigades de réserve.
d'une division d'infanterie et d'une division de La 4e árrnée (Nodzou), au centre, comprenait deux
cosaques; deux petits détachements indépendants divisions actives: une division de réserve et trois bri-
opéraient encore plus a l'Est dans les montagnes. . gades de .réserve, avec une brigade d'artillerie indé-
Le général Kouropatkine garde en réserve un pendante. .
corps d'armée (le 16 ); il garde en outre a sa dis-
e La ~e armée (Okou) comprenait trois divisions
position un corps de l'armée de droite, une division actives, deux brigades de reserve, le corps de For-
-de l'armée du centre et un régiment de l'arrnée mose et une brigade de cavalerie .
de gauche. .Deux armées, la 3e et la 5e, u'étaicnt pas encere
Le général Kour.opatkine avait fait ~ortifier depuis entrées en ligne et les Russes n'en connaissaient pas
longtemps la position sur laquelle ¡J comptait se la situation.
défendre, mais les travaux, entrepris a l'origine pour La 5e armée (Kawamoura), comprenant une divi-
couvrir la ville de Moukden et non pour constituer sion active et trois divisions de réservc, se trouvait ú
un vaste charnp de bataille défensif, avaient donné a I'extréme droite, en marche vers le .ord ú travers
la ligne de défense une forme peu appropriée au les monlagnes, prete á s'engager á la droite de Kou-
nouveau róle qui lui incombait. . roki.
La ligne des tranchées russes traversaitle Houn-Ho La~:&earrnée (Nogui), destinée a l'attaque la plus
importante, d evait se porter i l'extrérne gauche pour
240 LES GRANDES BATAILLES DE L'HISTOIRE lIIOUI<DEN 241
/
déborder la droite russe. Elle comprenait trois divi-
sions actives, une brigade de réserve, une brigade a). L'attaque déinonstratioe a l'Est,
d'artillerie indépendante et une brigade de cavalerie.
Le maréchal Oyama gardait en réserve générale Le général Kouropatkine avait eu l'intentionde
I une división active et trois brigades de réserve. pr~ndre l'oITensive, mais il fut prévenu par les Japo-
Chacune des divisions japonaises comprenait nais.
16.000 hommes environ. Le total des forces japo- Le maréchal Oyarna mit d'abord en mouvement
naises approchait donc de 325.000 hommes. son extreme droite : sa 5" armée apparut, le
24 février, sur 'le cours supérieur du Ta'i-tse-Ho, a
Les forces russes avaient été réparties de la 75 kilornetres a l'est de Pen-si-Hou, qui marquait la
rnaniere suivante : droite des positions occupées par Kouroki. Le
L'armée de droite, avec HO.OOO hommes, occupait général Kawamoura, qui la commandait, marcha
la partie des retranchernents qui s'avancait jusqu'á obliquement par rapport au front des deux armées,
Sandepou. ElIe occupait un front de 35 kilornetres prenant son point de clirection 20 kilornetres
á á
avec 80.000 ho m'mes, ayant environ 30.000 hommes l'est de l'extrérne gauche des Russes. Il rencontra
en réserve a 15 kilornetres en arriere de sa droite. sur son chemin les détachements que le général
ElIe avait donc une densité de 2,5 a 3 hommes par Kouropatkiue avait envoyés de ce cóté pour s'éclai-
rnetre, suivant que l'o n tient compte ou non de la rer et il les clélogea facilement dans les combats
réserve. clu 24', du 25, du 27, du 28 février et du 1 mars. el'
Au centre, sur un front de 15 kilornetres a peine, A cette derniere date, la 5e armée japonaise avait
les 80.000 hommes de l'armée du centre avaient débordé la gauche russe. "
encore derr iere eux les 30.000 homrnes de la réserve A partir clu 26 février, l'armée du général Kouroki
générale, soit une densité de 5 7 hommes.
á suivit le mouvement de sa voisine en prenant l'offen-
A l'Est , dans la région montagneuse, les sive sur le cours supérieur du Cha-Ho ,
100.000 hommes de Liniévitch, sur une étendue de L'armée clu général Noclzou se mit bombarder
á
40 kilornetres, oITraient une densité moyenne de 2 a le centre russe sans procéder ú une atraque
2,5 hommes par rnetr e et, par conséquent, une den- sérieuse.
sité de 4 a 5 hommes dans les parties tres restreintes Craignant de se voir tourné par sa gauche , le
oü l'on pouvait combatlre. général Kouropatkirie y envoya promptement des
Ainsi, la partie la moins fortemen t occupée de renforls : un corps d'arrriée, quelques régiments qui
beaucoup était la plus importante, soit pour la venaient cle débarquer Moukden et le détachement
á
Le centre, naturellement fort, était occupé par les destinatiori. Les autres renforts suffiirent arréter
á
Pendant que les Japonais débordent la droite russe, , Le général Kouroki apprécie qu'en marchantdroit
la lutte a été acharnée sur le front. Des deux cótés, , - / devant lui ou en appuyant a droite, il n'obtiendra
une artillerie formidable, de campagne et de siége, que de médiocres résultats : l'extrérne gauche des
avait été accumulée sur les rives du Cha-Ho, entre Busses est trop éloignée pour qu'on la déborde
Fendiapou et Linsipou. Le terrain était sillonné de assez vite, et toute la gauche russe est dans une
retranchements. région montagneuse OU il est aisé de retarder la
Les Russes avaient organisé surtout la défense poursuite.
des deux collines dites de Poutilow et de Novogrod, Le général Kouroki fait done resserrer la plus
ainsi que du village de Chahopou. Toutes les grande partie de ses troupes vers la gauche, et il
attaques des Japonais contre ces trois points .mene la chasse de ce cóté avec la plus grande
échouent, de nuit comme de jour; on se bat vigueur.
furieusement par un froid glacial, sous des tour- La retraite des Russes se fait en bon ordre dans
mentes de neige. ea et la, les assaillants réussissent la montagne, et le corps mixte du général Rennen-
a prendre pied dans un bout de tranchée avancé, karnpf', notarnrnent, parvient sur ses nouveUes
mais en s'y terrant sous le feu de la défense, et positions sans étre inquiété. La gauche russe s'éta-
sans pouvoir pousser plus avant. Des contre- blit sur le Houn-Ho, depuis Yin-Pan jusqu'á Fou-
attaques tres énergiques prononcées par les Russes Choun, et y fait téte ,
n'ont pas plus de succes. Au centre, I'arrnée du général Bilderling, épuisée
A l'Est, le général Kouroki réussit, apres des par plusieurs jours de combats acharnés, ne se
attaques tres vigoureuses, a entamer aussi les posi- retire pas en aussi bon ordre ; elle est emmenée a
tions avancées des Russes; le général Kawamoura quelque distance au nord de la riviere, oü elle ne
peut s'emparer de quelques postes dans la montagne ; laisse que ses arriere-gardes. Or, c'est précisérnent
rnais, d'une maniere générale, ces faibles avantages la que le général Kouroki prononce son principal
locaux n'ont pour effet que de rogner les saillants etTort. II suit les Russes sur les talons, atteint le
de la ligne de défense. Houn-Ho dans la soirée du 8 mars, attaque le 9 des
la premiere Jieure, déloge les arriere-gardes russes
d) La retraite des Russes . de la position oü les gros auraient pu tenir, puis
atteint et refoule les colonnes principales. Le 9 au.
Le général Kouropatkine ordonne, le 7 mars au soir, les éléments les plus avancés ont dépassé le
soir, d'évacuer toutes les positions occupées jusqu'á Houn-Ho de 6 ,kilometres, /
et cette armée s'enfonce
cette date pour s'établir sur le Houn-Ho. Le mou- comme un coin entre les colonnes russes en retraite.
vement commence du 7 au 8. Ce qu'il y a de plus grave, c'est qu'elle menace
Les Japonais se mettent a la poursuite des Russes d'envelopper cornpletement toute la partie des
des que la retraite leur est révélée. La maniere armées russes qui combat autour de Moukden, et
dont la poursuite est dirigée est digne de remarque, qui est déjá cernée aux trois quarts par les généraux
et donne les résultats les plus considérables. Npdzou, Okou et ogui. .
.' LES GHANDES ~ATAILLES DE t.'mSTOIRE
On a reproché aux Russes l'éteridue de leur front; la nposte, pas plus qu'il ne sait lancer toutesses
nous nous bornerons a faire observer que ce repro- troupes á corps perdu dans une attaque. Ses appré-
che serait justifié par l'événement, si le front ávait hensions lui íont employer d'abord trop de íroupes
été rompu en quelque endroit; mais il se trouve sur la prerniere ligne, et en garcler trop peu de di&-
précisément que ce front n'a été rompu en aucun de
ponibles; c'est seulernent par la suite qu'il est amené
ses points, mérne quand il présentait de grands
par la force des cho ses retirer <;:á el lit d u front
saillants comme a Baniapoutsa ou a Chahopou ;
á
•.rente. -
"L Les Bulgares avaient fait des efforts considérables
. " pour préparer a la guerre tous les hommes soumis
. ;,.1\ 22
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LES GRANDES BATAILLES DÉ L'mSTOIRE
•
',,256 LES GRANDES BATAILLES ós L'HISTOIRE LULE-BOURGAS, 257
\
exclusivement des chernins de terre : dans la saison « Aucune discipline, équipement insuffisant, aucune
oú avaient lieu les hostilités, par ud temps affreux instruction, et officiers mauvais. Les troupes en
ces chemins 'é~aient dev~nus impraticables. « n n'; marche semblent une migration de peuples », dit
en a. pas, un, dit un officier allemand, qui ne serait un officier allernand.
consider-é en Allemagne comme impraticable a n faudrait dégager les troupes actives de eette
l'artillerie ». Et ces chemins si mauvais sont en' cohue pour conserver leur valeur intacte; mais le
olBtre, extrérnement rares; il Y en a si peu que les nombre des réguliers, qui a suffi en 1897 pour corn-
colonnes seront obligées bien souvent de marcher battre l'armée grecque seule, ne suffirait pas contre
a travers pays ; les hommes et les chevaux enfonce- la eoalition des quatre puissances balkaniques.
ront jusqu'au genou dans la terre grasse. C'est dans La cavalerie turque est un peu plus nombreuse
?,e pareilles conditions que les troupes turques auront que eelle des Bulgares, et parait excellente. Pourvue
a supporter
, ,
touLes les privations , les services admi- d'artillerie et de mitrailleuses, elle pourrait rendre
nistratifs n'ayant pas été organisés dans l'armée de bons services. La cavalerie bulgare est bien mon-
ottomane. tée, mais peu nombreuse.
Or, la ~ajorité des hommes dont se compose L'armement des deux armées parait a peu pres
cette arm~e ne sont pas a I'épreuve des privations équivalent. Les fusils sont du calibre de 8 mi m,
et des fatigues, Ils ne sont ni enthousiastes ni in s- a grande vitesse initiale, avec une portée efflcace de
tr?its, rii disciplinés. L'armée active a prouvé' maintes 2.000 metres, etá chargeurs.
fois, en 1877, en 1897, sa solidité, son endurance; Le canon de eampagne bulgare est un canon du
~ul doute. qu'elle conserve en 1912 les mérnes qua- calibre de 75 m/m construit par le Creusot, a l'imi-
lités ; mais elle est noyée dans la foule des réser- tation du canon de l'artillerie francaise.Jl possede un
vistes. Au 3e corps, par exemple, une division com- frein qui absorbe en grande partie la force du recul,
prend en grande majorité des troupes régulierss et auquel est adjoint un réeupérateur qui ramene le
avec quelques bataillons seulement de réserviste~ canon á sa position normale. L'afTút demeure rigou-
(ré~~fs) ; mais les deux autres divisions sont presque reusement immobile pendant le tiro Cette irnmobilité
entieremsnt formées de réservistes. assure la fixité de la ligne de mire dirigée sur un .
, Le gouvernemont turc a cru pouvoir appliquer a point quelconque du terrain, aussi bien en arriere
1 ernpire ottoman le systerne de la naticn arrnée : qu'en avant. On fait donc du tir indireet et masqué.
~ais l'h?mogé~é,ité. et le patriotisme, ainsi qu~ Enfin, ce canon est pourvu d'un boucJier qui pro-
1 ínstruction militaire , manquent trop dans cet tege les servants.
empire pour que ses bataillons de réservistes aient L'artillerie turque emploie un canon analogue,
la moindre valeur. Ceux qui arrivent des provinces avec un bouclier un peu plus grand , mais une immo-
asiatiques sont parfaitement indifférents a la lutte bilité moins parfaite.
qui se déroule en Europe; ils sont d'ailleurs dépour- - Les Bulgares ont employé, en outre, un groupe
vus de civilisation, d'éducation militaire; et on ne d'artillerie lourde, de 120 uilu: e, faisant du tir
leur a donné ni les cadres ni le matériel nécessaires : 'plongeant avec des obus de 20 kilos.
22,
258 LES GRANDES BATAILLES DE L'HISTOIRE
compagnies de mitrailleuses.
Les quatre corps se réunissent l'est de la ligne
á
porter sur un point queleonque du théátre des opé- Il l" armée bulgare, qui, en méme temps, le débor- .(
rations. Elle rejoindra les autres quand les divisions dait par les deux ailes. Dans la nuit du 23 au 24, .l.
indépendantes du Rhodope et les armées alliées par un temps effroyable, les Bulgares tentent une
auront fait assez de progres pour dissiper toute attaque de nuit ; une panique saisit les troupes, en
inquiétude. grande partie improvisées de Mouktar-Pacha, et tout
son corps d'armée se débande, laissant sur les ehe- \
La guerre est déclarée le 18 octobre ; le 19, les mins .la plus grande partie de son matériel.
armées bulgares franehissent la frontiere sur tous A l'aile opposée, apres quelques eombats heureux,
les points. L'armée de la Maritza (Il") enleve le les Bulgares procedent a l'investissement d' Andri-
poste turc de Mustapha-Pacha ; celle de la Toundja nople.
(¡re) bouscule un délachement turc ; l'une et l'autre
arrivent le 22 devant Andrinople, et la Il l" armée
devant Kirk-Kilissé. II. - La bataille de Lüle-Bourgas.
Les Turcs avaient poussé des détachements sur la
ligne Andrinople- Kirk- Kilissé , et des eombats Apres les eombats des 22 et 23 octobre, les Turcs
d'avant-gardes acharnés sont livrés durant eette battent en retraite vers l'Est; pour les suivre dans
journée. eette direction, il faut que les armées bulgares exé-
L'intention des Tures était d'abord de laisser cutent une large conversión autour de Kirk-Kilissé.
pénétrer les Bulgares entre Kirk-Kilissé et Andri- La 11 e division (de réserve) est venue grossir le corps
nople, puis de déboueher en masse de Kirk-Kilissé d'investissement d'Andrinople, et l'on porte vers
pour rejeter l'ennemi sous les murs d'Andrinople. l'Est, avec la Il l" armée, deux divisions de la Il" armée
L'exécution de ee plan comportait d'abord une (i re et 1Oe)) qui seront bientót renforeées par une
défense prolongée du corps d'armée stationné a partie de la 3e division.
Kirk-Kilissé (3e eorps, Yrouktar-Par.ha). Les deux La supériorité numérique des Bulgares sera peu
ouvrages construits devant eette ville (mais qu'on prononcée, et ils seront tres inférieurs en artillerie,
venait de désarmer) pouvaient fournir un appui ne disposant, selon toute probabilité, que de i80 a
sérieux a eette défense. 200 bouches a feu contre 300 a 400.
Au moment OÜ l'approche des Bulgares est signa- La cavalerie bulgare se porte le 25 sur Baba-Eski,
lée, Mouktar-Pacha recoit subitement I'ordre de .!' et de lb. sur la route de Constantinople,pour déter-
prendre 'l'offensive, mais il renccntre les avant- miner la position oü s'arréte la gauche de I'ennerni.
gardes de la lIle arrnée bulgare a quelques kilorne- Le 26 oetobre, les Bulgares atteignent le front
'.-
262 LES GRANDES BATAILLES DE L'HlSTOIRE
aucun moyen de communication. 11 ne dirigera pas midi, et en est chassée le soir par une contre-atta-
la bataille. Les ordres qu'il a donnés sont de tenir a que des Turcs.
gauche sur la ligne formée par le ruisseau, et de Deux autres divisions, dirigées vers les deux ailes,
prendre l'oITensive droite pour rejeter les Bulgares
á
doivent arriver le 31. L'une d'elles, au Nord, pare-
vers le Sud-Ouest. rait aun mouvement débordanL de la elroite turque ;
Les Bulgares, de leur cóté, se portent en avant l'autre, au Sud, décidera la victoire en eléborelant la
out en conversant, ou plutót font une marche oblique gauche ennemie.
la gauche en téte. Une división de la IIP armée a Ne pouvant pas vaincre par le feu, les Bulgares ont
déja fait franchir le ruisseau a son avant-garde le 28, recours aux attaques de nuit, comme a Kirk-Kilissé. ~
les divisions voisines paraitront le 29, et celles de la Une brigade franchit le ruisseau prés de Turk-
I'" armée, vers Lüle-Bourgas, ne s'engageront qu'á Bey, se jette dans un petit bois a l'est ele ce village,
partir du 30. en chasse l'ennemi a la baYonnette, sans tirer un
La division de gauche de larmée bulgare avait coup de fusil, et y tient contre tous les efTorts du
pour mission « de retenir l'ennemi et de lui résister 1er corps. Quelques pieces d'artillerie viennent la
jusqu'a l'entrée en ligne des autres divisions )). Une rejoindre.
partie seulement de celte división avait franchi le Le 31 octobre, dans la matinée, les Bulgares
ruisseau le 28 et s'était engagée dans la forét de reprennent Lüle-Bourgas, et cette fois en restent
Soudjak. Elle s'y trouve en présence de forces tur- maitres. Cependant, ni elevant Turk-Bey, ni devant
ques tres supérieures et, la situation se trouvant Lülo-Bourgas, iIs ne peuvent déboucher et entamer
éclairée, revient prendre position sur la rive droite, la principale position des Turcs.
ou elle tíent contre toutes les attaques des Turcs Des attaques débordantes sur les deux ailes leur
daris les journées suivantes. procurent la victoire elans cette mérne journée.
Dans l'apres-rnidi du 29, les deux autres divisions Arrivant du siege d'Andrinople, la 10e elivision a
de la 3e armée viennent se déployer sur la droite, et droite, la 3e a gauche, . débordent les deux ailes de
attaquent vers Kara-Agatch et Turk-Bey les 2c et l'armée turque.
i e r corps turcs. La 10" division passe au sud de la riviere Ergene,
La bataille continue sans interruption pendant déloge la division de cavalerie, et prend en flanc
toute la nuit du 29 au 30 et toute la journée du 30. toute l'artillerie du 4" corps turc avec ses batteries.
L'artillerie bulgare, relativemenl peu nombreuse et Toute la gauche turque, elésorgariisée, bat en retraite
trouvant peu de couverts a proximité du ruisseau, sur Tchorlou, mais la droite tient encore.
avait dú prendr e position a grande distance des Pour la rompre, le général Dirnitrief prend la d er-
batteries turques et vs'éparpiller. Elle no peut pas niere brigade disponible de son armée, et se lance
écraser l'ennemi sous son feu. L'infanterie se creuse sur le village de Kara-Agatch. Devant cette attaque,
des tranchées et entretient le combat. , menée avec la plus extreme vigueur, les Turcs sont
Une division de la 1re armée arrive le 30 devant obligés de céeler; la gauche ele la masse formée par
Lüle-Bourgas,l'attaque et s'en empare dans l'apres- les 2e 'et 3e corps se rabat sur la lisiere de la forét.
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LES GRANDES BATAILLES DE L'HISTOIRE
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Le 1 novembre, le général Dimitrief pouss.e .l'~n-
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