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toutes les études conduites au cours de la dernière décennie concluent au caractère stratégique et au
capital considérable que représente la jeunesse, ce n’est que tout récemment que l’intérêt de définir une
politique publique dédiée a été clairement établi au Maroc.
l’action des pouvoirs publics tente d’inscrire l’action à l’adresse de la jeunesse à travers deux volets
fondamentaux :
On note une prise de conscience de l’importance de la jeunesse comme facteur décisif pour le
développement humain
Le processus d’intégration initié par le gouvernement est envisagé en trois phases. La première vise à
établir et à élargir un contact avec la population des jeunes et se déploie à partir de la mise en place d’un
programme de rénovation et de construction de structures d’accueil sur le territoire aussi bien en milieu
urbain qu’en milieu rural
Mais en dépit des progrès enregistrés, nous pouvons dire que jusqu’en 2007, la jeunesse continue d’être
conçue comme «un secteur social » traditionnel qui requiert une promotion de la formation, du sport et des
loisirs (programme Vacances pour Tous). De même, on note en 2009 un besoin de programmation pour
l’élaboration d’une stratégie nationale intégrée de jeunesse. Cela est ressenti à la lecture du rapport
préliminaire d’un atelier qui annonce que « la jeunesse a besoin aujourd’hui plus que jamais d’une stratégie
nationale intégrée qui tracera la voie pour l’avenir.
Cependant, même si les décideurs politiques manifestent depuis le milieu des années 2000 un intérêt
croissant pour un développement économique et social dont témoignent les grands chantiers structurants
visibles, on pourrait toujours se demander si les jeunes, notamment ceux habitant le milieu rural vont y être
associés. Ces derniers manifestent toujours le désir de quitter des campagnes souffrant à ce jour de déficits
notables en infrastructures, emplois, loisirs et culture aggravant une complexité sociale bien difficile à gérer,
en termes de lien social et de vivre-ensemble.
Face à ce qu’il faut appeler « les graves déficits » (analphabétisme, déperdition scolaire, chômage), on
perçoit la difficulté des responsables gouvernementaux à édifier une politique publique prenant à bras le
corps les questions de la jeunesse, lesquelles se contentent de proposer des dispositifs qui ne semblent pas
avoir fait beaucoup avancer les choses.
L’état des lieux de la politique publique de jeunesse a mis en évidence le vide qui prédominait en
matière d’institutions et de modes de régulation des problématiques posées par la présence d’une jeunesse
considérée comme cristallisatrice des crises au lieu d’être considérée comme atout fondamental de la
société. Du coup, il en a résulté une jeunesse qui pâtit d’une marginalisation, d’un repli sur soi, peu
participative et non autonome. Par ailleurs, depuis le milieu des années 1980, de plus en plus de jeunes ont
été condamnés à la précarité et ont dû attendre des mois, voire des années avant d’accéder à ce qui
constitue encore le meilleur moyen d’insertion sociale : l’emploi.
2.2.2. Une approche visant exclusivement l’insertion des jeunes par l’emploi
La question de l’insertion des jeunes apparaissait durant les années 1990 comme ne pouvant se faire de
manière efficace qu’à travers l’emploi. C’est pourquoi une large partie des travaux du CNJA tendait à donner
une plus grande visibilité au phénomène du chômage des jeunes, et ambitionnait de favoriser un partenariat
économique et social pour y remédier.
Dans cette optique, l’insertion est considérée comme un «processus structuré socialement sous l’effet des
pratiques d’acteurs comme l’Etat, les entreprises ou les réseaux sociaux ».
Dès lors, les enquêtes du CNJA ont eu le mérite d’envisager, pour la première fois au Maroc, la
problématique de l’emploi des jeunes en termes de marché du travail et d’effets d’offre et de demande
d’emploi.
En 1991, le CNJA a élaboré une série de mesures définissant pour la première fois une approche
structurelle combinant plusieurs dimensions (macroéconomiques, institutionnelles, financières…) d’un
traitement actif du chômage des jeunes et se déployant de façon différenciée entre le monde urbain et le
monde rural.
un « programme d’action pour l’emploi des jeunes en milieu rural » a été élaboré, s’articulant autour
d’un développement des infrastructures de base, des activités agricoles et de la recherche agronomique,
d’une amélioration de l’environnement socio-éducatif et professionnel, d’un renforcement du fonds de
développement agricole…
On peut dire aujourd’hui que plusieurs recommandations du CNJA gardent une certaine pertinence,
notamment celles qui ambitionnaient la création d’un environnement propice à l’incitation des activités
économiques et sociales, pouvant favoriser une insertion productive des jeunes.
C’est un déficit dont souffrent toutes les instances et qui rend très difficile le travail des intervenants
directs, tout comme celui des chercheurs qui essaient d’en faire l’analyse.
Les politiques publiques d’emploi des jeunes souffrent aussi de la dispersion et du manque de
coordination entre ses différents intervenants publics.
La question de la coordination réapparaît entre les différentes politiques économiques et sociales et les
stratégies d’emploi. Comme la création d’emploi est en grande partie tributaire d’une croissance économique
soutenue et à fort contenu en postes d’embauche, les liens demeurent faibles entre politiques de croissance
et politiques d’emploi.
Parmi les objectifs de la politique du gouvernement issu des élections législatives de 2002239, on prévoit
pour le volet éducation-formation, jeunes et culture une généralisation de l’enseignement primaire, un
renforcement des efforts consentis pour l’éducation au secondaire afin d’en généraliser le bénéfice à
l’horizon 2008 et élargir l’apprentissage au lycée pour atteindre 60% des effectifs au baccalauréat en 2010.
Pour les jeunes, le sport peut être un secteur de resocialisation car il permet le dépassement des
différences, un retournement des stigmates en cas de grandes difficultés et une réappropriation de
l’identité. Faut-il rappeler que le club sportif est un espace de sociabilité qui renforce les liens avec le groupe
social, crée des réseaux de solidarité et de sentiments d’appartenance.
Quelles que soient les inflexions qu’a connes la nouvelle politique publique de jeunesse ces dix dernières
années, elle demeure, cependant, sectorielle, non intégrée et déconnectée par rapport aux préoccupations
essentielles de la jeunesse. D’où l’urgence de la mise en place d’une stratégie tournée vers l’avenir.