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S414 64e Congrès français de médecine interne, Paris, 14, 15 et 16 décembre 2011 / La Revue de médecine interne 32S (2011)

rne 32S (2011) S313–S434

À l’IRM, la prise de contraste était bilatérale et symétrique cir- mai 2011. Elle est alors transférée dans notre service pour éva-
conscrite aux 2 gastrocnémiens, associée à des zones d’involution luation de cette « polymyosite » évolutive. La patiente présentait
graisseuse, et correspondait à un aspect inflammatoire à la comme principale plainte des douleurs des genoux, mais aussi
TDM-TEP. La biopsie du jumeau médian gauche objectivait de de la racine des cuisses et, à un moindre degré, des épaules. On
petites fibres atrophiques anguleuses associées à de volumineuses était frappé à l’examen par une démarche myopathique typique,
fibres hypertrophiques, une involution fibro-adipeuse et plusieurs dandinante, avec signe du tabouret. L’examen physique retrouvait
images de nécrose sans atteinte vasculaire. également une douleur à la palpation des quadriceps. Sur le plan
Nous avons opté pour la poursuite du traitement anticoagulant biologique, les CPK étaient élevées jusqu’à 17 700 UI/L, il n’y avait
associé à un traitement antalgique simple, sans corticoïdes redou- pas de syndrome inflammatoire. Les ANA étaient positifs à 1/320,
tés de la patiente. L’amélioration clinique et biologique a été les anticorps associés aux myosites tous négatifs. Le reste du bilan
spontanément et progressivement favorable, confortée 18 mois était sans particularité. L’électromyogramme retrouvait un tracé
plus tard par la disparition des douleurs et l’évolution graisseuse myopathique caractéristique. Une biopsie musculaire était réalisée
de l’infiltration à l’IRM. avant toute corticothérapie : elle retrouvait des signes de nécrose,
Discussion.– Malgré l’absence de signe inflammatoire histologique des vacuoles, sans aucun infiltrat inflammatoire observé, ni sur-
formel, le diagnostic de myosite des gastrocnémiens associée à expression membranaire de l’antigène HLA1. L’absence d’activité
un syndrome des antiphospholipides a été retenu. Cette entité myophosphorylase signait le diagnostic de glycogénose de type V
rare a été décrite au cours de certaines dénervations compliquant ou maladie de McArdle. Jusqu’à l’obtention de ce diagnostic défi-
une radiculopathie mais aussi de maladies inflammatoires, en par- nitif, la patiente avait été placée sous-corticothérapie avec une
ticulier la maladie de Crohn dont un cas signalait la présence efficacité spectaculaire sur les enzymes musculaires, mais absente
d’un anticoagulant circulant. Dans notre observation, l’absence de sur la clinique. . .
phénomènes thrombotiques intramusculaires histologiques plaide Discussion.– Cette observation de maladie de McArdle paraît excep-
contre un rôle direct de l’anticoagulant circulant. De même, les phé- tionnelle par l’association d’un âge de diagnostic très avancé et
nomènes de dénervation, ne peuvent rendre compte de l’ensemble d’une normalisation des CK sous-corticothérapie. Une révélation
du tableau chez notre patiente. Par ailleurs, il n’y avait pas tardive, bien qu’atypique, est possible, même si elle est exception-
d’argument pour une polymyosite, un lupus systémique ou une nelle après 45 ans. Une efficacité clinique transitoire des corticoïdes
autre connectivite. L’évolution spontanément favorable suggère a été décrite dans quelques cas traités initialement comme des
que la corticothérapie, habituellement proposée, n’est pas néces- myosites. La présence d’infiltrats inflammatoires a quelquefois
saire dans tous les cas de myosite des gastrocnémiens. été signalée dans les biopsies de myopathies héréditaires, et
Conclusion.– La survenue d’une atteinte musculaire localisée aux l’hypothèse, d’une part, inflammatoire dans les myopathies hérédi-
mollets peut révéler une myosite des gastrocnémiens, entité de taires a été soulevée. La régression du taux d’enzymes musculaires
pathogénie inconnue, mais dont l’évolution peut être spontané- sous-corticothérapie n’a, quant à elle été décrite qu’une seule fois
ment favorable. à notre connaissance : un enfant de 13 ans avait été traité avec
Pour en savoir plus une efficacité spectaculaire sur les CK (mais moindre cliniquement)
Khatchatourian L et al. Rev Med Interne 2010;31 (suppl. 3): S431–2. pour une polymyosite supposée, jusqu’à l’obtention du diagnostic
de maladie de McArdle. La corticothérapie avait alors été stoppée,
doi:10.1016/j.revmed.2011.10.228
comme dans notre observation. Quel est le devenir des patients qui
gardent au long cours des CK élevées ?
CA216 Conclusion.– Cette observation montre l’importance d’évoquer
Maladie de McArdle ou polymyosite ? le diagnostic d’une myopathie héréditaire quel que soit l’âge,
A. Dargent a , B. Bonnotte a , S. Berthier b , V. Leguy-Seguin c , lorsqu’une myosite supposée est atypique, soit par les consta-
S. Audia c , C. Mausservey b , O. Mambrini b , B. Lorcerie d tations anatomopathologiques, soit par son évolution sous-
a Médecine interne, immunologie clinique, CHU du Bocage, Dijon, corticothérapie.
France Pour en savoir plus
b Médecine interne, immunologie clinique, CHU de Dijon, Dijon, Horneff et al. Clin Rheumatology 2001;20:57.
France O’Brien et al. J Clin Neurosci 1998;5:210–2.
c Médecine interne et immunologie clinique, complexe hospitalier du Nirmalananthan et al. Curr Opin Rheumatol 2004;16(6):684.
Bocage, Dijon, France doi:10.1016/j.revmed.2011.10.229
d Service de médecine interne et immunologie clinique, hôpital du

Bocage, Dijon, France


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Introduction.– Le cas d’une patiente de 81 ans illustre parfaitement Une dermatomyosite calcifiante
le recouvrement possible entre myopathies héréditaires et inflam- A. Saint-Lezer a , J. Marie a , M.S. Doutre b , J. Foret a , J.-F. Viallard a ,
matoires et les difficultés qui peuvent en découler. J.-L. Pellegrin a
Patients et méthodes.– Observation d’une patiente de 81 ans adres- a Médecine interne et maladie infectieuse, hôpital Haut-Lévêque, CHU
sée pour bilan de polymyosite. Bordeaux, Pessac, France
Observation.– Madame R. avait consulté en 1993 à l’âge de 63 ans b Dermatologie, hôpital Haut-Lévêque, CHU Bordeaux, Pessac, France
un rhumatologue pour des douleurs proximales des membres et
une fatigabilité musculaire. Ses antécédents se limitaient à un dia- Introduction.– La dermatomyosite est une vascularite rattachée au
bète de type 2 et à un syndrome du canal carpien. Le diagnostic de groupe des myopathies inflammatoires. Elle peut, notamment dans
polymyosite avait été posé devant une élévation majeure des CK à sa forme juvénile, s’accompagner d’une calcinose cutanée souvent
25 000 UI/L (n < 190), normalisées par la corticothérapie, malgré la très invalidante.
négativité de la biopsie musculaire. Elle recevait d’abord une corti- Patients et méthodes.– Nous rapportons un cas de dermatomyosite
cothérapie seule, puis en raison d’une cortico-dépendance en 2007, calcifiante chez une adulte ne présentant par ailleurs pas d’atteinte
un traitement par IGIV et méthotrexate. Par la suite, le suivi a été musculaire.
chaotique et tout traitement a été arrêté en 2008. Elle a bénéfi- Observation.– Une patiente de 36 ans était hospitalisée pour
cié au total de 3 biopsies musculaires entre 93 et 2010, à chaque l’exploration de nodules sous-cutanés indurés multiples. On notait
fois peu contributives, ne montrant ni inflammation ni nécrose. dans les antécédents une suspicion de sarcoïdose sans preuve his-
Une élévation majeure des CK à 6500 UI/mL dans le cadre d’une tologique devant l’existence depuis 6 mois d’arthralgies concernant
décompensation de son diabète conduit à son hospitalisation en principalement les poignets et les genoux, d’horaire inflammatoire,
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associées à un syndrome interstitiel pulmonaire. Une corticothéra- inflammatoires et corticoïde à faible dose. Il a été hospitalisé dans
pie générale débutée à la posologie d’1 mg/kg/j avait permis une notre service pour exploration étiologique d’un phénomène de Ray-
amélioration nette et rapide de la dyspnée et des arthralgies. Alors naud évoluant depuis 2 ans, associé à une sclérodactylie. À l’examen
que la patiente n’était plus suivie, sont apparues des lésions cuta- physique, on a retrouvé une sclérose cutanée au niveau du visage,
nées motivant l’hospitalisation dans le service. Il existait alors des des membres et du tronc avec : un nez effilé, effacement des plis
nodules érythémateux indurés en regard des épines iliaques anté- radiés péribuccaux, peau cartonnée avec des taches hyperpigmen-
rieures et des fesses, à la face d’extension de l’avant-bras gauche tées. La capillaroscopie a montré un aspect de microangiopathies
et au niveau du 4e doigt à droite. On notait également un aspect organiques spécifiques. La tension artérielle était normale ainsi que
scléreux des coudes, limitant l’extension complète des bras. Il le bilan rénal. Il se plaignait d’une dyspnée d’effort stade III avec
existait également un aspect érythémateux en bandes en regard des râles crépitants à l’auscultation pulmonaire. La radiographie
des articulations métacarpo-phalangiennes et inter-phalangiennes de thorax et le scanner thoracique ont montré une pneumopathie
proximales. Il n’y avait pas de signe de la manucure ni d’érythème interstitielle au stade de fibrose. L’exploration fonctionnelle res-
palpébral. La biopsie d’un nodule mettait en évidence des lésions piratoire a mis en évidence un syndrome restrictif sévère. L’étude
de vascularite thrombosante au niveau de l’hypoderme. La tomo- cytologique du liquide de lavage broncho-alvéolaire a montré un
densitométrie mettait en évidence des calcifications au niveau liquide inflammatoire à prédominance macrophagique. La mano-
des fesses et au niveau de l’avant-bras gauche. Biologiquement, métrie œsophagienne a objectivé une atteinte œsophagienne. Il
la CRP était à 80 mg/L, le bilan auto-immun était négatif, les n’y avait pas d’hypertension artérielle pulmonaire à l’échographie
enzymes musculaires étaient normales. Il n’y avait pas d’autre ano- cardiaque. Les anticorps anti-Scl 70 et anti-centromères étaient
malie biologique remarquable. Le diagnostic retenu était celui de négatifs. Il s’agissait donc d’une SS avec atteinte cutanée, vascu-
dermatomyosite calcifiante sur les lésions cutanées, l’apect histo- laire, pulmonaire et digestive. Concernant son SPA, on a noté une
logique et l’existence d’une calcinose. Le bilan étiologique mettait raideur de tout le rachis. Au bilan radiologique, il y avait des syn-
en évidence un néoplasie intra-épithélial de haut-grade du col desmophytes avec un aspect de colonne en bambou et associés à
utérin. Le traitement a comporté une corticothérapie générale, des entésopathies des branches ischio-pubiennes. Le typage HLA
6 bolus de cyclophosphamide avec un relais par mycophénolate B27 était positif. Le patient a été traité symptomatiquement (vaso-
mofetil ainsi que des perfusions mensuelles d’immunoglobulines dilatateurs, vitaminothérapies, antalgiques et anti-inflammatoire).
intraveineuses (2 g/kg) permettant une amélioration spectaculaire L’évolution a été marquée par le décès dans un tableau de flutter
de la calcinose cutanée et des autres manifestations liées à la rapide mal toléré.
vascularite. Conclusion.– L’association entre SPA et SS est t-elle une simple
Discussion.– Les calcifications des tissus-mous sont actuellement coïncidence ou existe-t-il un lien éthiopatogénique commun à ces
classées en 5 groupes : « métastatique », tumorale, dystrophique, 2 pathologies qui paraissent distinctes ?
idiopathique et la calciphylaxie. La calcinose cutanée, incluse dans doi:10.1016/j.revmed.2011.10.231
le groupe des calcifications dystrophiques, peut s’observer au
cours de l’évolution des maladies de système, principalement dans
la sclérodermie systémique, le lupus et la dermatomyosite. Au CA219
cours de la dermatomyosite, la calcinose est une complication Sclérodermie systémique professionnelle à propos
tardive observée surtout dans les formes juvéniles. Les dépôts de 2 cas
calciques peuvent être cutanés, sous-cutanés, au niveau des fas- F. Daoud , Z. Aydi , B. Ben Dhaou , L. Baili , F. Boussema ,
cias ou intramusculaires. Ils prédominent au niveau des zones L. Rokbani
exposées aux traumatismes ou aux points d’appui : fesses, coudes, Médecine interne, hôpital Habib-Thameur, Tunis, Tunisie
et genoux. Ces calcinoses peuvent se compliquer sous la forme
d’ulcération laissant sourdre un matériel crayeux, se surinfecter, Introduction.– La sclérodermie est une pathologie rare, multifacto-
ou entraîner des rétractions tendineuses. Plusieurs traitements rielle. Les facteurs professionnels sont certainement sous-estimés.
ont été proposés : warfarine, colchicine, biphosphonates, diltiazem, Des cas de syndromes sclérodermiformes ou de sclérodermies
hydroxyde d’aluminium, injection locale de corticoïdes, chirurgie. systémiques d’origine professionnelle ont déjà été rapportés à plu-
Il n’y a cependant pas de recommandations en l’absence d’essai sieurs reprises dans la littérature. Ils font suite à l’exposition à divers
contrôlé. solvants aromatiques et chlorés.
Conclusion.– Nous rapportons donc une forme précoce de dermato- Patients et méthodes.– Nous rapportons 2 observations de scléro-
myosite calcifiante chez une adulte d’évolution spectaculaire sous dermies systémiques professionnelles (SSP) secondaire à 2 produits
traitement immunosuppresseur. différents.
doi:10.1016/j.revmed.2011.10.230 Observation.– Patient âgé de 28 ans, aux antécédents de tuberculose
pulmonaire correctement traitée en 1997, ouvrier dans une impri-
merie au poste, a présenté 15 jours avant son admission un œdème
CA218 du visage et des 4 membres. À l’examen physique, on a retrouvé un
Spondyloarthropathie ankylosante associée à une œdème dur, indolore, étendu au visage, aux membres supérieurs et
sclérodermie systémique. À propos d’un cas aux membres inférieurs. Le bilan biologique était normal. Le bilan
F. Daoud , Z. Aydi , B. Ben Dhaou , L. Baili , F. Boussema , immunologique était négatif. Une sclérodermie débutante a été for-
L. Rokbani tement suspectée devant cet œdème dur, étendu au visage et aux
Service de médecine interne, hôpital Habib-Thameur, Tunis, Tunisie membres et la notion d’exposition professionnelle. En effet, l’étude
du poste de travail a montré que le patient est exposé aux sol-
Introduction.– La spondylarthrite ankylosante (SPA) est un rhu- vants organiques aromatiques. Il n’y avait pas de manifestations
matisme inflammatoire chronique touchant avec prédilection les systémiques extra-cutanées. On a indiqué une éviction de toute
structures axiales, à tendance ankylosante. Elle peut être primaire exposition à ces produits chimiques. L’évolution a montré une amé-
ou secondaire. En effet, elle peut être associée à de pathologies sys- lioration de l’œdème.
témiques, mais exceptionnellement à une sclérodermie systémique Observation no 2 : patient âgé de 46 ans, ouvrier dans une usine de
(SS). ciment, hospitalisé dans notre service pour exploration de lésions
Patients et méthodes.– Nous rapportons une observation d’une SPA cutanées du décolleté, du dos et des hanches avec des arthromy-
associée à une SS. algies et un syndrome de Raynaud. L’examen clinique a révélé de
Observation.– Patient âgé de 58 ans, aux antécédents de SPA ; multiples placards scléreux dyschromiques, une sclérodactylie. Il
évoluant depuis 26 ans, mal traitée au stade d’ankylose sous anti- avait une atteinte interstitielle pulmonaire au scanner thoracique.

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