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Les Guerres Contre Les Volsques Et Les Èques
Les Guerres Contre Les Volsques Et Les Èques
Gaulois ?
Author(s): Mathieu Engerbeaud
Source: Revue Historique, T. 316, Fasc. 1 (669) (Janvier 2014), pp. 5-28
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/42797279
Accessed: 29-03-2019 11:45 UTC
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Les guerres contre les Volsques et les
Eques, une cause oubliée de la prise
de Rome par les Gaulois ?
Mathieu ENGERBEAUD
1 . Voir l'étude récente consacrée à la question : Dominique Briquel, La prise de Rome par
les Gaulois. Lecture mythique d'un événement historique , Paris, PUPS, « Religions dans l'Histoire »,
2008.
2. Voir Józef Wolski, « La pnse de Rome par les Celtes et la formation de 1 annalistique
romaine », Historia. Zeitschrift ftir Alte Geschichte , n° 5/1, 1956, pp. 24-52, puis Dominique Briquel,
La prise de Rome , op. cit.
3. Ce serait le cas notamment dans les récits de 1 ite-Live et de Denys d Halicarnasse. Voir
Jean Hubaux, « La crise de la trois cent soixante-cinquième année », L'Antiquité classique , n° 17,
1948, pp. 343-354 ; Jean Hubaux, Rome et Véies. Recherches sur la chronologie légendaire du moyen âge
romain , Paris, Les Belles Lettres, 1958, p. 68 ; Marta Sordi, I rapport romano-ceriti e l'origine della
civitas sine suffragio , Rome, L'Erma di Bretschneider, 1960, pp. 1 73-1 76 ; Bernard Mineo, Tite-IÀve
et l'histoire de Rome , Paris, Klincksieck, 2006, pp. 238-239 ; Dominique Briquel, La prise de Rome ,
op. dt. (n. 1), p. 383.
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6 Mathieu Engerbeaud,
4. L'objectif de cet article n'est pas de revenir sur les intentions des Gaulois, et sur les
causes longtemps débattues de leur arrivée dans le Latium. Voir à ce sujet Brigitte Amat Séguin,
« Diodore XIV, 1 1 3 : une catastrophe climatique à l'origine des pérégrinations sénones
en Italie péninsulaire», Mélanges de l'École Française de Rome , n° 99/2, 1987, pp. 823-846;
Stéphane Bourdin, Les peuples de l'Italie préromaine : identités , territoires et relations inter-ethniques en
Italie centrale et septentrionale (VHP -F s. av. J.-C .), Rome, École Française de Rome, « Bibliothèque
des Écoles Françaises d'Athènes et de Rome », n° 336, 2012, pp. 88-91, p. 91 note 200, et
pp. 593-604.
5. La réflexion s'appuie sur deux cartes réalisées pour l'occasion et présentées en annexe
(fig- 1 et fig. 2).
6. La narration de l'histoire de Rome par Diodore de Sicile a connu dans les années 1980
un regain d'intérêt (voir notamment Filippo Càssola, « Diodoro e la storia romana », ANRW II,
n° 30/1, 1982, pp. 724-773 ; Brigitte Amat Séguin, «Diodore XIV, 113 : une catastrophe cli-
matique », art. dt. [n. 4], pp. 823-846 pour notre période). Ce processus de mise en valeur de
l'auteur a interrogé ses divergences par rapport à Tite-Live, en particulier au cours de la prise
de Rome par les Gaulois, et Marta Sordi a évoqué l'exploitation de sources siciliotes originales
par Diodore, dont Timée (Marta Sordi, « Sulla cronologia liviana del IV secolo », Helicon , n° 5,
1965, pp. 35-36). Même si Diodore présente des versions alternatives intéressantes, ses sources
demeurent majoritairement tributaires de l'annalistique romaine tardo-républicaine, ce qui le
relie notamment à Tite-Live (voir Maria Rusconi, « Le notizie romane di Diodoro e gli Annales
maximi », Contributi dell'Istituto di storia antica , n° 3, 1975, pp. 105-106, qui souligne l'utilisation des
Annales Maximi par Diodore).
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Les guerres contre les Volsques et les Èques 1
7. L'Algide apparaît de manière confuse dans les textes, désignant sûrement un mont fores-
tier situé dans la partie orientale du massif Albain (fig. 1). Derrière son appellation stéréotypée,
sa réalité relève plutôt d'un arc montagneux (entre Tusculum et Velitrae) dont le point culminant est
le Monte Peschio (939 m.). Cependant, l'Algide désigne peut-être de manière plus particulière
une brèche qui transperce ce massif, au niveau du toponyme « Cava dell'Algido » (carte I.G.M.
1 /25000e, folio 1 50 II N.O., 1877 in Amato Pietro Frutaz [éd.] , Le Carte del Lazio. II. Tavole (dal secolo
III d.c. al 1816-1824), Rome, Istituto di studi romani, 1972, P 363). Cette « brèche de l'Algide »
permet à la via Latina de traverser le contrefort oriental du massif Albain (fig. 2). Voir Lorenzo
Quilici, Stefania Quilici Gigli, I Volsci. Testimonianze e leggende , Rome, Palombi, 1997, pp. 45-50 ;
Alexandre Grandazzi, Alba Longa. Histoire d'une légende. Recherches sur l'archéobgie, la religion, les tra-
ditions de l'ancien Latium , Rome, Ecole Française de Rome, « Bibliothèque des Ecoles Françaises
d'Athènes et de Rome », n° 336, 2008, pp. 70-71. L'attribution du contrôle de l'Algide à un
peuple ou une communauté politique demeure problématique, car le secteur se situe aux confins
du territoire des Latins, des Eques, des Volsques et des Herniques. Il est probable que la cité la
plus proche soit Labiaim, comme le laisse entendre Tite-Live lors de la marche d'Hannibal sur
Rome (Liv. 26.9). Cependant, les sources littéraires mentionnent le plus régulièrement les Eques
comme auteurs d'expéditions sur l'Algide. Sur le territoire des Eques, voir Alessandro De Luigi,
« L'immagine degli Equi nelle fonti letterarie », Studi Etruschi , n° 69, 2003, pp. 156-173. Denys
d'Halicarnasse, quant à lui, mentionne le regroupement des Eques et des Volsques près de la cité
ďAlgidon (tieqì tcóàiv AAyiòòv), dont Tite-Live ne fait pas mention (DH. 10.2 1.1).
8. Les Volsques ont conquis les cités du sud du Latium de manière progressive, au plus tard
au début du Ve siècle (Filippo Coarelli, « Roma, i Volsci e il Lazio antico », in Crise et transfor-
mation des sociétés archaïques de l'Italie antique au Ve siècle avant J.-C. (Table-ronde, Rome, 1987), Rome,
Ecole française de Rome, « Collection de l'Ecole française de Rome », n° 137, 1990, pp. 135-154,
pp. 140 et 154 ; Stéphane Bourdin, Les peuples de l'Italie préromaine , op. cit. (n. 4), pp. 150-156. Leur
territoire comprend les Marais pontins et s'étend au nord-ouest au moins jusqu'à Velitrae. Voir
Eugenio Manni, « Le tracce della conquista volsca nel Lazio », Athenaeum , n° 17, 1939, pp. 233-
279 et p. 234.
9. La complexité des événements et le caractère lacunaire des sources rendent difficile toute
étude portant sur les conflits romains contre les Eques et les Volsques (prisme déformant des
récits antiques méprisants à l'égard de ces ennemis, caractère lacunaire et répétitif de ces mêmes
sources, absence de documentation épigraphique et iconographique). Toutes ces difficultés ap-
pellent une grande prudence dans la présentation d'hypothèses historiques. Voir Filippo Coarelli,
« Roma, i Volsci e il Lazio antico », art. cit. (n. 8), p. 135.
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8 Mathieu Engerbeaud
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Les guerres contre les Volsques et les Èques 9
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1 0 Mathieu Engerbeaud
Si la narration de Tite-Live e
opérations militaires, celle de D
nements28. En 404-403, Diodo
survenant en Italie le massacr
fEpĢOUKa) par les Volsques29. P
des Romains de la cité de Ouerre
ennemis30. Le nom de cette derni
cité des Volsques et enjeu de con
le récit de Tite-Live. Nous ignoron
cette dernière n'est pas Verrugo o
Ces deux places dont les Volsque
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Les guerres contre les Volsques et les Èques 1 1
32. Il évoque la prise ďAnxur sur les Volsques, celle de Sutrium et de liphlos sur les Èques. Voir
respectivement : äv£coq (14.16), Loútqiov (14.98), AúbÀov (14.102).
33. Sur les problèmes liés à la chronologie, voir supra n. 10.
34. Diod. 14.102.
35. Velitrae (actuelle Velletri) est une cité perchée sur le versant oriental du massif albain.
Elle est présentée dans les récits littéraires comme une cité latine (DH. 5.61.3; Plin., HN.,
3.69), conquise par les Volsques (Giulio Cressedi, Velitrae (Velletri). Regio I - Latium et Campania ,
Rome, Istituto di Studi Romani, «Italia romana: municipi e colonie», 1953, pp. 20-21 ;
Mauro Cristofani, « Il Vòlsci nel Lazio. I modelli di occupazione del territorio », Quaderni di
Archeobgia Etrusco-Italica , n° 11/1, 1992, p. 19 ; Stéphane Bourdin, Les peuples de Vitālie préromaine ,
op. cit. [n. 4], p. 152 note 731). La cité est un carrefour routier important avant même la construc-
tion de la via Appia, dont elle constitue un nœud de communication (voir Filippo Coarelli, Lazio,
Rome & Bari, Laterza, « Guide archeologiche Laterza », 1982, p. 249).
36. Satricum est une cité de la plaine Pontine identifiée à Borgo Le Ferriere, dont l'acropole
a été fouillée dès 1896 (voir Barbara Heldring, « Introduzione alla mostra », in Pino Chiarucci,
Tamara Gizzi [dir.], Area sacra di Satricum. Tra scavo e restituzione. Catalogo della mostra. Museo Civico
Albano. 20 aprile- 2 giugno 1985 , Rome, Paleani Editrice, 1985, pp. 23-31 ; Filippo Goareiii, « Roma,
i Vòlsci e il Lazio antico », art. dt. [n. 8], p. 149). Peut-être de fondation latine, elle est occupée par
les Volsques au moment du récit. Sur les débats complexes autour du changement de nom de la
cité, voir Stéphane Bourdin, Les peuples de l'Italie préromaine , op. dt. (n. 4), p. 145 note 669.
37. Le terme de colonia employé par Tite-Live est problématique, car il s'agit sans doute d'une
projection de la colonie de peuplement accompagnée d'un statut juridique comme nous l'obser-
vons dans son environnement politique du Ier siècle avant J.-C (Jean Bayet, « Tite-Live et la pré-
colonisation romaine », in Mélanges de littérature latine , Rome, Editi di storia e letteratura, « Storia
e letteratura », 1967, pp. 351-375 ; Stephen P. Oakley, A commentary on ¡ivy. Books VI-X. Volume I.
Introduction and books VI , Oxford et New York, Oxford University Press, 1997, p. 508). Or, il s'agit
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1 2 Mathieu Engerbeaud
probablement de l'établissement d'une garnison romaine ou latine dans une cité conquise, la
colonie n'impliquant pas un repeuplement de la cité par ses conquérants (voir Stéphane Bourdin,
Les peuples de l'Italie préromaine, op. cit. [n. 4], p. 152 note 731). La colonie de Velitrae est fondée dans
le récit livien vers 491-489 (2.31) et en 401 d'après Diodore de Sicile (14.102).
38. Compte-tenu de la mixité ethnique de Velitrae , le danger serait de surestimer le carac-
tère proprement romain ou latin de cette révolte. La cité comprend une population volsque avec
laquelle s'associent les élites latines qui dirigent la cité. La responsabilité des colons, qui détiennent
probablement le pouvoir politique, est ainsi engagée dans le conflit contre les Romains.
39. Liv. 6.13. Nous retrouvons la mention de Circa dans les deux versions, mais jouant un
rôle différent. Dans le récit de Diodore, il s'agit d'une colonie fondée pour répondre à la situation,
sans mentionner si elle la stabilise, et chez Tite-Live d'une colonie révoltée.
40. Liv. 6.17: patriae oppugnandae nefanda Consilia inissent , « ils avaient conçu l'odieux projet
d'attaquer leur patrie ».
41 . Cette dimension coloniale perdure dans le récit de Tite-Live (6.22) : oppidi oppugnatone tri-
buni abstinuere, quia et anceps reat nec in perniciem coloniae pugnandum censebant , « les tribuns ne voulurent
pas assiéger la place, l'entreprise était douteuse et, d'autre part, ils n'entendaient pas poursuivre la
ruine totale d'une colonie ».
42. La prise de Velitrae par les Romains survient quinze ans après le début de la révolte, en
380 (Liv. 6.29.), mais la cité se révolte de nouveau en 370, date à laquelle un siège romain échoue
(Liv. 6.35-36). Voir Giulio Cressedi, Velitrae , op. cit. (n. 35), p. 23.
43. Andreas AlfÖldi, Early Rome and the Latins , Ann Arbor, University of Michigan Press, 1963,
p. 388. Liv. 6. 22. Praeneste est mentionnée en révolte aux côtés de Velitrae dès 382.
44. Liv. 6.24 et Plut., Cam., 37. Les Romains y répondent par la nomination de Camille
comme tribun militaire qui reprend la cité la même année, après le revers de son homonyme
L. Furius dans une première tentative.
45. Liv. 6.22. Le récit de Plutarque, dans sa Vie de Camille , constitue un parallèle de la version
de Tite-Live qui n'accorde pas d'importance à Velitrae au cours d'une guerre qui sert de prétexte à
la gloire de Camille. Il mentionne cependant des conflits autour de Satricum (Plut., Cam., 37).
46. Il la mentionne peut-être deux fois sous deux orthographes différentes si l'on considère
qu 'Errouka est Verrugo.
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Les guerres contre les Volsques et les Èques 1 3
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1 4 Mathieu Engerbeaud
Massima (Domenico Palombi, « Alla frontiera meridionale del Latium vetas. Insediamento e iden-
tità », in Domenico Palombi [éd.], Il tempio di Caprifico di Torrecchia (Cisterna di Latina). I materiali e il
contesto , Rome, Edizioni Quasar, 2010, p. 180).
55. Thomas Ashby, « The classical topography », op. cit. (n. 51), p. 41 1 ; Alessandro De Luigi,
« L'immagine degli Equi », art. dt. (n. 7), p. 160 ; Giulio Firpo, « Gli Equi nelle fonti », art. cit.
(n. 52), p. 86.
56. Antonio Nibby, Analisi storico-topografico-antiquaria , op. cit. (n. 53), voi. 3, pp. 473-474 ;
Pier Giorgio Monti, Via latina , Rome, Istituto Poligrafico e Zecca dello Stato, Libreria dello Stato,
« Antiche strade. Lazio », 1995, pp. 62-63. Colle/erro (fig. 2) apparaît comme un site secondaire sur
une carte anonyme de l'époque moderne du nom de « Rete stradale fuori di Porta Maggiore e
Porta S. Giovanni a Ponte Corvo », datant des environs de 1660, sous la dénomination de « Col di
Ferro », à proximité du site nettement plus important de Segni (Amato Pietro Frutaz [éd.], Le Carte
del Lazio , op. cit. [n. 7], £° 11 7).
57. La ressemblance entre les noms de Verrugo/ Errouka et de Colleferro (à laquelle fait réfé-
rencé Antonio Nibby, Analisi storico-topografico-antiquaria , op. cit. [n. 53], vol. 3, pp. 473-474), semble
excessive du fait que Colleferro dérive plus probablement des substantifs latin Collis (colline) et ferrum
(fer), désignant un site de production du fer, plutôt que de l'osque uerir (la porte).
58. Carl D. Buck, A Grammar of Osean and Umbrian. Wim a Collection of Inscriptions and a Glossary ,
Boston, Ginn & Company, 1904, p. 351.
59. Liv. 6.55 ; Alessandro De Luigi, « L'immagine degli Equi », art. àt. (n. 7), p. 161.
60. Christiane Saulnier, « Le rôle stratégique de la montagne », art. àt. (n. 47), p. 89 ;
Domenico Palombi, « Alla frontiera meridionale del Latium vetus », art. àt. (n. 54), p. 180.
61. Christiane Saulnier, L Armée et la guerre chez les peuples samnites. Vif -IV stecte , Pans,
de Boccard, 1983, p. 119.
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Les guerres contre les Volsques et les Èques 1 5
(fig. 2), qui relie Rome à travers les monts Albains en franchissant la
brèche de l'Algide (fig. 1).
Cette région de l'Algide, citée par Tite-Live dans une acceptation
imprécise, est connue dans les récits littéraires pour être un lieu de
rassemblement des Èques et des Volsques, qui effectueraient leur
jonction en ce lieu. Entre 465 et 418, dates de sa première et de sa
dernière mention dans le récit des événements liviens, les Romains
combattent treize fois in Algido62, dont dix fois les Èques seuls et trois
fois les Èques et les Volsques réunis63.
Si nous ajoutons les combats autour de Verrugo , de Caruentum et
de Velitrae à ces opérations mentionnées in Algido , nul doute que la
région de l'Algide (fig. 1 et 2) devient le premier théâtre d'opérations
militaires du Latium dans les récits au cours de cette période. Il s'agit
même du secteur qui concentre le plus de défaites romaines au cours
du Ve et du IVe siècle64. Tite-Live résume à la mention stéréotypée in
Algido toute la stratégie et les opérations mises en place pour assurer le
contrôle de la via Latina . La protection de cet axe de communication
est assurée en amont par le contrôle de la brèche de l'Algide65, et
en aval par des fortifications qui verrouillent le nord-ouest des monts
Lépins, dont Verrugo et P arx Caruentana (fig. 2). Les Latins tentent de
verrouiller cette zone en la retirant aux Volsques, car il s'agit d'un
accès privilégié vers Tusculum 66 et vers Rome en particulier67. Leur
contrôle de la via Latina permet également d'assurer la jonction avec
leurs alliés Herniques et d'empêcher celle des Èques et des Volsques.
62. Le récit de combats « sur l'Algide » avec un lexique stéréotypé est fréquent dès le livre 3
de Tite-Live. La mention in Algido y est employée pour désigner ce lieu de manière très obscure
(3.23 ; 3.26 ; 3.31 ; 3.42 ; 3.60 ; 4.45). Plus rare, nous retrouvons aussi la mention inAlgidum (3.30 ;
4.26). La mention livienne de l'Algide peut sans doute être comprise dans un sens géographique
plus large, toutes les opérations comme les grandes batailles n'ayant pas pu se dérouler au sommet
des montagnes. In Algido comprend sans doute des affrontements autour de sites de hauteur for-
tifiés et des combats dans le col que l'Algide surplombe.
63. Concernant les Èques : Liv. 3.2 ; 3.23 ; 3.26 ; 3.28 ; 3.30 ; 3.31 ; 3.42. Èques et Labicum :
les Èques prennent position in Algido en 4.45, combattent en 4.46 ; 4.47. Èques et Volsques :
3.60-61 ; 4.26 ; 4.29. Les Volsques ne combattent jamais sans les Èques sur l'Algide. Les Romains
obtiennent neuf victoires sur l'Algide, trois défaites et un cas dont l'issue est difficile à déterminer.
64. En 458 (Liv. 3.26 ; Fl. 1.1 1 ; DH. 10.5.7 ; Vict., HI. , 17 ; Eutr. 1.16 ; V Max. 2.7.7), 449
(Liv. 3.42), et 418 (Liv. 4.46). Cela est proportionnel au nombre de combats qui y sont menés et au
fait que les sites de batailles sont rarement décrits avec précision, tandis que l'Algide est souvent
évoquée.
65. Nous ne pouvons que deviner le système de défense de la brèche de l'Algide, dominée
par le Monte Castellaccio (carte I.G.M. 1 /25000e, f° 150 II N.O., 1877 in Amato Pietro Frutaz
[éd.], Le Carte del lazio, op. cit. [n. 7], P 363), dont le sommet est aujourd'hui occupé par une car-
rière de lapilli, réduisant à néant les chances d'y découvrir des traces de fortifications èques ou
latines. Néanmoins, la place-forte de Columen, évoquée par Tite-Live, se situait peut-être au som-
met du Monte Castellaccio (Liv. 3.23).
66. Alexandre Grandazzi, Alba Longa, op. àt. (n. 7), p. 175.
67. Christiane Saulnier, « Le rôle stratégique de la montagne », art. dt. (n. 47), p. 85 ;
Pier Giorgio Monti, Via latina , op. cit. (n. 56), 1995, p. 59.
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16 Mathieu Engerbeaud
L'annalistique a constitué un p
à rendre opaques trois aspects
leurs ennemis à cette époque.
et d'alliance est exacerbée dans l
sous-estimant leur diversité politi
cette logique est presque absente
se trouvent pourtant régulièrem
d'Etrurie pour participer aux cam
au sud69. L'annalistique méprise
Volsques, jugée inférieure à celle
ment à des actes de vandalisme i
premières déformations entraînen
la véritable nature de la présenc
et le sud du Latium est incertaine
des opérations de maintien de l'o
L'annalistique romaine tardo-
l'héritier, ne comprend sans doute
taires des Volsques et des Èques. En
les Gaulois, la cible la plus valorisa
Live se félicite à plusieurs repris
de Rome, ne conçoivent pas l'id
se disperser pour piller le territoi
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Les guerres contre les Volsques et les Èques 1 7
7 1 . Voir Giovanni Colonna, « Appunti su Ernici e Volsci », Eutopia , n° 4/2, 1995, pp. 1 7-20,
qui invite à revoir l'image des Volsques méprisés par l'historiographie antique.
72. Le territoire des Volsques devait être difficile à pénétrer car sa défense reposait sans
doute sur un réseau défensif composé de places fortifiées principales et secondaires dont le récit
de Tite-Live conserve une trace (2.63 notamment). Sur leur identification et les problèmes posés
par l'absence de fouilles, voir Stéphane Bourdin, « Les ligues ethniques en Italie », art. cit. (n. 68),
p. 263. La création de la ceinture de colonies latines fondées autour des Monts Lépins est pro-
bablement plus tardive que ne le retiennent les récits littéraires (notamment Signia fondée dès
Tarquin le Superbe selon Liv. 1 .56). La situation n'est sans doute pas sous le contrôle des Romains
avant le IVe siècle (voir Michel Humbert, Municipium et civitas sine suffragio. L'organisation de la
conquête jusqu'à la guerre sociale , Rome, École française de Rome, « Collection de l'École française
de Rome », n° 36, 1978, pp. 152-153), et la datation de la fondation de la colonie de Setia en
382 (Vel. 1.14) semble plus plausible. Voir Elisabeth-Christiane Bruckner, « Le fortificazioni di
Setia », in Lorenzo Quilici, Stefania Quilici Gigli (éd.), Fortificazioni antiche in Italia. Età reppublicana,
Rome, L'Erma di Bretschneider, «Adante tematico di topografia antica», 2001, pp. 103-126,
not. p. 103.
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1 8 Mathieu Engerbeaud
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Les guerres contre les Volsques et les Èques 1 9
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20 Mathieu Engerbeaud
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Les guerres contre les Volsques et les Èques 2 1
91. Parmi les caractéristiques communes entre ces batailles, outre la dimension apocalyp-
tique, apparaît le symbolisme de l'eau engloutissant les « forces du bien » (le Tibre pour les
Romains, et l'océan pour les dieux scandinaves). Voir Dominique Briquel, La prise de Rome , op. cit.
(n. 1), p. 161. La bataille est ensuite suivie d'un incendie, comme on l'observe dans la mythologie
indienne {Ibidem, p. 166). Voir également Dominique Briquel, Mythe et révolution , op. cit. (n. 90),
pp. 14 et 280, concernant la bataille opposant Brutus à Arruns Tarquin en 509 avant J.-C., un
affrontement qui présente des caractéristiques mythologiques comparables.
92. Cependant, résumer le succès ou l'échec d'une campagne militaire à l'issue d'une
bataille, dont le caractère déterminant n'est pas démontré, met peut-être en relief le fait qu'une
partie de ce qui fait la victoire ou la défaite a été oublié par les auteurs antiques soucieux d'expli-
quer les guerres des premiers siècles de Rome. Par exemple, ni les victoires de Pyrrhus ni celles
d'Hannibal n'ont un caractère décisif. Cependant, les victoires des Romains sur leurs ennemis
le sont tout au moins dans les récits. La bataille constitue néanmoins une manifestation dra-
matique de la campagne militaire, qui fournit un cadre stéréotypé dans lequel se manifestent
les vertus des uns et les vices des autres, exploitables par un historien antique pour expliquer
des faits (Alexander H. McDonald, « The style of Livy », Journal of Roman Studies , n° 47, 1957,
pp. 155-172, pp. 163-164 ; Patrick G. Walsh, Livy. His Historical Aims and Methods , Cambridge,
Cambridge University Press, 1961, pp. 25-26 ; Stephen P. Oakley, A commentary on Livy , op. dt.
[n. 37], pp. 83-84). Le récit de Tite-Live de la conquête de l'Italie comprend sans doute plusieurs
batailles artificielles, dont une des fonctions narratives est de marquer l'achèvement d'une guerre
indécise en faveur des Romains. Voir Louis Delaruelle, « Les procédés de rédaction de Tite-Live
étudiés dans une de ses narrations », Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes , n° 37, 1913,
pp. 150-161.
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22 Mathieu Engerbeaud
93. En effet, à plusieurs reprises les Romains mettent en œuvre un système de défense de la
ville en urgence, durant lequel les citoyens participent collectivement à l'effort (not. Liv. 3.3 ; 3.6 ;
3.8; 4.31 ; DH. 5.44.4 ; 8.22.2).
94. Il s agit du trace de la future ma Sedaria , qui constitue des les epoques hautes un axe de
communication très fréquenté (Stefania Quilici Gigli, La Via Salaria da Roma a Passo Córese , Rome,
Bulzoni, « Passeggiate nel Lazio », n° 3, 1977, p. 5). Plusieurs tronçons de routes parallèles à la
via Salaria, certes plus tardifs, ont été mis à jour entre Crustumerium et Rome pour rejoindre Fidenae
(Lorenzo Quilici, Stefania Quilici Gigli, Crustummum , op. cit. [n. 79], pp. 168, 216, 219). Ces itiné-
raires peuvent être mis en relation avec une allusion de Festus indiquant que des soldats romains
ont pris la fuite après la bataille de l'Allia par des chemins entre la via Salaria et le Tibre, témoi-
gnage d'une tradition divergente de la fuite massive des troupes vers Veii (Festus s.v. Lucaria).
95. Le franchissement du Tibre s effectue generalement a Fidenae , plus au sud, sur ce meme
axe qui mène directement à Rome (fig. 1 ; Stefania Quilici Gigli, La Via Salaria, op. cit. [n. 94],
p. 30 ; Lorenzo Quilici, Stefania Quilici Gigli, Fidenae , Rome, Consiglio nazionale delle ricerche,
« Latium Vêtus », n° 5, 1986, pp. 323-324). La version de Diodore, qui indique que la bataille
s'est déroulée sur la rive droite du Tibre, présente plus de logique en ce qui concerne une fuite
vers Veii (Diod. 14.1 15). Dominique Briquel, La prise de Rome , op. cit. (n. 1), p. 152 accorde plus de
crédit historique à la version de Tite-Live, beaucoup plus précise, qui place le site de la bataille
rive gauche (Liv. 5.37).
96. Le premier réflexe après la défaite est presque toujours d'envoyer des renforts pour
combattre l'ennemi. On l'observe par exemple avec l'envoi de Menenius (Liv. 2.5 1 ; DH. 9.23. 1-8)
contre les Véiens après la défaite du Crémère en 477 et de Centenius après Trasimène en 217
(Pol. 3.86 ; Liv. 22.5-6 ; Fl. 2.6).
97. Józef Wolski, « La prise de Rome par les Celtes », art. cit. (n. 2), p. 40.
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Les guerres contre les Volsques et les Èques 23
98. Tite-Live et Denys d'Halicarnasse présentent à plusieurs reprises les Romains réagissant
dans l'urgence à de telles invasions : en décrétant un enrôlement massif (DH. 5.45.3 ; 8.22.2 ; Liv.
4.31 ; 6.2, etc.) ou en organisant la défense de la ville (DH. 5.44.4 ; 9.24.1 ; Liv. 3.6 ; 3.8 ; 7.12 ;
8.37, etc.).
99. Tite-Live raconte déjà qu'en 469 les Romains ont été surpris par une invasion des
Sabins venus jusqu'aux portes de Rome, tandis que les consuls étaient retenus par les Èques et les
Volsques (Liv. 2.63).
1 00. Moment qui aboutit sans doute à un retour d'une partie des forces romaines sur le front
de l'Algide.
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Les guerres contre les Vo Isques et les Èques 25
106. Sur les hypothèses concernant les sources de Diodore sur le sac de Rome depuis
Mommsen, voir Józef Wolski, « La prise de Rome par les Celtes », art. cit. (n. 2), pp. 25-26.
107. Cet aspect renforce l'idée du caractère artificiel du récit de la guerre de Velitrae chez
Tite-Live.
108. Plusieurs épisodes militaires des guerres romaines s'inspirent des Thermopyles,
s'appuyant sur le nombre de trois cents ou sur l'adversité, et constituent des défaites valorisées
(Fabii au Crémère en 477, contre Tarquinia en 358 : Liv. 7.15 ; et durant la première guerre
punique : Fl. 2.2 ; Vict., ///., 39).
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28 Mathieu Engerbeaud
Résumé :
La catastrophe gauloise, survenue à Rome au début du IVe siècle avant J.-C, a été
détachée de son contexte militaire et politique par une réappropriation mémorielle
tardive. Les témoignages littéraires omettent une partie des origines stratégiques et
tactiques du désastre de l'Allia, et l'expliquent à l'aide de récits faisant entrer cet épi-
sode dans la mythologie civique. Or, les récits de Diodore de Sicile et deTite-Live
retracent une partie du contexte militaire de l'événement. En effet, le conflit qui
oppose les Romains aux Volsques et aux Èques dans la région de l'Algide présente
des signes d'évolution de nature à mettre en péril la position latine dans la région.
Cette pression a peut-être suffisamment perturbé l'organisation militaire et poli-
tique romaine, ce qui constituerait une explication supplémentaire au désordre des
Romains rencontré devant l'expédition gauloise.
Mots clés : ve-iv® siècles avant J.-C. - Latium - Volsques et Èques - Algide - Prise
de Rome par les Gaulois - Bataille de l'Allia
Abstract:
The wars against the Volsci and Aequi , a forgotten reason of the Gallic sack o
Rome?
The Gallic disaster, which happened in Rome in the early 4th century BC, is a his-
toric event which was maybe extracted from a part of its military and political context
by a late memory reappropriation. Ancient literary evidences omit some of the tacti-
cal and strategical origins of the disaster of the Allia, and explain it by using fables
assiging this episode to civic mythology. But the stories of Diodorus and Livy show
probably a part of the military context of the event. Indeed, the conflict between
the Romans and the Volsci and Aequi escalates during this period and increases the
Roman difficulties, in a region that was probably not so controlled as the texts sug-
gest. This pressure perturbed maybe enough the Roman military and political organi-
zation to bring an additional explanation to the disorder of the Romans met in front
of the Gallic expedition.
Keywords: 5th -4th centuries BC - Latium - Volsci and Aequi - Algidus - Gallic sack
of Rome (390) - Battle of the Allia
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