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Les guerres contre les Volsques et les Èques, une cause oubliée de la prise de Rome par les

Gaulois ?
Author(s): Mathieu Engerbeaud
Source: Revue Historique, T. 316, Fasc. 1 (669) (Janvier 2014), pp. 5-28
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/42797279
Accessed: 29-03-2019 11:45 UTC

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Les guerres contre les Volsques et les
Eques, une cause oubliée de la prise
de Rome par les Gaulois ?
Mathieu ENGERBEAUD

La prise de Rome par les Gaulois1 a fortement marqué la cons-


cience collective des Romains. La mémoire de cet épisode tragique
a été transmise par des traditions divergentes, chronologiquement
éloignées des événements. Si le cœur de l'épisode repose sur un fon-
dement historique certain, le souvenir précis des origines du désastre
s'est dissipé. L'événement dans sa globalité a fait l'objet d'une réap-
propriation tardive2, qui concerne aussi bien les causes lointaines de
la catastrophe que son déroulement et son dénouement héroïque.
La datation de l'événement est par ailleurs incertaine : il serait en
effet inséré dans la chronologie de manière à coïncider avec l'achè-
vement d'un « cycle » de 365 ans depuis la fondation de Rome3. Par
ces opérations successives, faisant entrer ce désastre dans la mytho-
logie civique, l'événement a été détaché d'une partie de son contexte

1 . Voir l'étude récente consacrée à la question : Dominique Briquel, La prise de Rome par
les Gaulois. Lecture mythique d'un événement historique , Paris, PUPS, « Religions dans l'Histoire »,
2008.
2. Voir Józef Wolski, « La pnse de Rome par les Celtes et la formation de 1 annalistique
romaine », Historia. Zeitschrift ftir Alte Geschichte , n° 5/1, 1956, pp. 24-52, puis Dominique Briquel,
La prise de Rome , op. cit.
3. Ce serait le cas notamment dans les récits de 1 ite-Live et de Denys d Halicarnasse. Voir
Jean Hubaux, « La crise de la trois cent soixante-cinquième année », L'Antiquité classique , n° 17,
1948, pp. 343-354 ; Jean Hubaux, Rome et Véies. Recherches sur la chronologie légendaire du moyen âge
romain , Paris, Les Belles Lettres, 1958, p. 68 ; Marta Sordi, I rapport romano-ceriti e l'origine della
civitas sine suffragio , Rome, L'Erma di Bretschneider, 1960, pp. 1 73-1 76 ; Bernard Mineo, Tite-IÀve
et l'histoire de Rome , Paris, Klincksieck, 2006, pp. 238-239 ; Dominique Briquel, La prise de Rome ,
op. dt. (n. 1), p. 383.

Revue histoúque, 2014, t. CCCXVI/ 1 , n° 669, pp. 5-28

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6 Mathieu Engerbeaud,

militaire et politique, dont ce


pourraient conserver quelques
Dans l'étude des causes de la
témoignages littéraires antiqu
et des Volsques. Pourtant, ce
omniprésents dans ces mêmes ré
laissent d'ailleurs penser que l
giques impliquant les Romains
les Herniques sont à la veille d
par rapport aux périodes anté
se trouve éclipsée par la catastr
Je me propose de mesurer si
les Romains sur le front des V
quer au moins en partie la r
démarche repose d'abord sur l
une attention particulière sera
de Tite-Live et de Diodore de S
importante aux objectifs de guer
en effet se garder du déterm
Rome comme une cité vouée à un destin mondial et condescendante
à l'égard de ses ennemis et de ses alliés.

4. L'objectif de cet article n'est pas de revenir sur les intentions des Gaulois, et sur les
causes longtemps débattues de leur arrivée dans le Latium. Voir à ce sujet Brigitte Amat Séguin,
« Diodore XIV, 1 1 3 : une catastrophe climatique à l'origine des pérégrinations sénones
en Italie péninsulaire», Mélanges de l'École Française de Rome , n° 99/2, 1987, pp. 823-846;
Stéphane Bourdin, Les peuples de l'Italie préromaine : identités , territoires et relations inter-ethniques en
Italie centrale et septentrionale (VHP -F s. av. J.-C .), Rome, École Française de Rome, « Bibliothèque
des Écoles Françaises d'Athènes et de Rome », n° 336, 2012, pp. 88-91, p. 91 note 200, et
pp. 593-604.
5. La réflexion s'appuie sur deux cartes réalisées pour l'occasion et présentées en annexe
(fig- 1 et fig. 2).
6. La narration de l'histoire de Rome par Diodore de Sicile a connu dans les années 1980
un regain d'intérêt (voir notamment Filippo Càssola, « Diodoro e la storia romana », ANRW II,
n° 30/1, 1982, pp. 724-773 ; Brigitte Amat Séguin, «Diodore XIV, 113 : une catastrophe cli-
matique », art. dt. [n. 4], pp. 823-846 pour notre période). Ce processus de mise en valeur de
l'auteur a interrogé ses divergences par rapport à Tite-Live, en particulier au cours de la prise
de Rome par les Gaulois, et Marta Sordi a évoqué l'exploitation de sources siciliotes originales
par Diodore, dont Timée (Marta Sordi, « Sulla cronologia liviana del IV secolo », Helicon , n° 5,
1965, pp. 35-36). Même si Diodore présente des versions alternatives intéressantes, ses sources
demeurent majoritairement tributaires de l'annalistique romaine tardo-républicaine, ce qui le
relie notamment à Tite-Live (voir Maria Rusconi, « Le notizie romane di Diodoro e gli Annales
maximi », Contributi dell'Istituto di storia antica , n° 3, 1975, pp. 105-106, qui souligne l'utilisation des
Annales Maximi par Diodore).

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Les guerres contre les Volsques et les Èques 1

Rome, les Latins et l'Algide7 au tournant


DES Ve ET IVe SIÈCLES AVANT J.-C.

La nature de la présence romaine au cœur du territoire des


Volsques8 à la fin du Ve siècle9 et au début du IVe doit être interro-
gée en prenant quelques distances avec le déterminisme des récits
antiques. En effet, doit-on considérer que chaque conflit impliquant
les Volsques se résume au soulèvement d'un peuple vaincu de longue
date et de manière régulière, à une simple révolte donc, ou au
contraire doit-on l'envisager comme une véritable guerre ayant pour
enjeu une hégémonie régionale ? La période considérée offre une
documentation littéraire exploitable, mais en partie éclipsée par des
événements jugés majeurs par la tradition, à savoir le siège de Veii
puis le désastre gaulois. Deux auteurs antiques donnent un éclai-
rage de la situation romaine dans la région : il s'agit de Tite-Live et
de Diodore de Sicile. Ces deux versions ont pour point commun de

7. L'Algide apparaît de manière confuse dans les textes, désignant sûrement un mont fores-
tier situé dans la partie orientale du massif Albain (fig. 1). Derrière son appellation stéréotypée,
sa réalité relève plutôt d'un arc montagneux (entre Tusculum et Velitrae) dont le point culminant est
le Monte Peschio (939 m.). Cependant, l'Algide désigne peut-être de manière plus particulière
une brèche qui transperce ce massif, au niveau du toponyme « Cava dell'Algido » (carte I.G.M.
1 /25000e, folio 1 50 II N.O., 1877 in Amato Pietro Frutaz [éd.] , Le Carte del Lazio. II. Tavole (dal secolo
III d.c. al 1816-1824), Rome, Istituto di studi romani, 1972, P 363). Cette « brèche de l'Algide »
permet à la via Latina de traverser le contrefort oriental du massif Albain (fig. 2). Voir Lorenzo
Quilici, Stefania Quilici Gigli, I Volsci. Testimonianze e leggende , Rome, Palombi, 1997, pp. 45-50 ;
Alexandre Grandazzi, Alba Longa. Histoire d'une légende. Recherches sur l'archéobgie, la religion, les tra-
ditions de l'ancien Latium , Rome, Ecole Française de Rome, « Bibliothèque des Ecoles Françaises
d'Athènes et de Rome », n° 336, 2008, pp. 70-71. L'attribution du contrôle de l'Algide à un
peuple ou une communauté politique demeure problématique, car le secteur se situe aux confins
du territoire des Latins, des Eques, des Volsques et des Herniques. Il est probable que la cité la
plus proche soit Labiaim, comme le laisse entendre Tite-Live lors de la marche d'Hannibal sur
Rome (Liv. 26.9). Cependant, les sources littéraires mentionnent le plus régulièrement les Eques
comme auteurs d'expéditions sur l'Algide. Sur le territoire des Eques, voir Alessandro De Luigi,
« L'immagine degli Equi nelle fonti letterarie », Studi Etruschi , n° 69, 2003, pp. 156-173. Denys
d'Halicarnasse, quant à lui, mentionne le regroupement des Eques et des Volsques près de la cité
ďAlgidon (tieqì tcóàiv AAyiòòv), dont Tite-Live ne fait pas mention (DH. 10.2 1.1).
8. Les Volsques ont conquis les cités du sud du Latium de manière progressive, au plus tard
au début du Ve siècle (Filippo Coarelli, « Roma, i Volsci e il Lazio antico », in Crise et transfor-
mation des sociétés archaïques de l'Italie antique au Ve siècle avant J.-C. (Table-ronde, Rome, 1987), Rome,
Ecole française de Rome, « Collection de l'Ecole française de Rome », n° 137, 1990, pp. 135-154,
pp. 140 et 154 ; Stéphane Bourdin, Les peuples de l'Italie préromaine , op. cit. (n. 4), pp. 150-156. Leur
territoire comprend les Marais pontins et s'étend au nord-ouest au moins jusqu'à Velitrae. Voir
Eugenio Manni, « Le tracce della conquista volsca nel Lazio », Athenaeum , n° 17, 1939, pp. 233-
279 et p. 234.
9. La complexité des événements et le caractère lacunaire des sources rendent difficile toute
étude portant sur les conflits romains contre les Eques et les Volsques (prisme déformant des
récits antiques méprisants à l'égard de ces ennemis, caractère lacunaire et répétitif de ces mêmes
sources, absence de documentation épigraphique et iconographique). Toutes ces difficultés ap-
pellent une grande prudence dans la présentation d'hypothèses historiques. Voir Filippo Coarelli,
« Roma, i Volsci e il Lazio antico », art. cit. (n. 8), p. 135.

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8 Mathieu Engerbeaud

mettre en valeur plusieurs ép


guerres romaines, en présent
ment décalée10.

La version de Tite-Live : affrontemen

Le récit de Tite-Live est caract


par la densité12 des opérations
le territoire des Volsques. Son
schéma de ces conflits constr
Ve siècle. Les Volsques ou les
lors de leur plus récente défai
Romains qui leur concèdent u
transgressé. L'Algide est alors
répétition des combats qui y
son contrôle par les Romains
comprend plusieurs situation
qui rompent quelque peu avec

10. Diodore situe la catastrophe en 387-386


que Tite-Live l'insère en 390. Appien pla
« Diodoro e la storia romana », art. cit. (n. 6
par rapport au précédent, Tim J. Cornell
in The Beginnings of Rome, Italy and Rome
Londres et New York, Roudedge, « Rouded
Voir également Frank W. Walbank, A histor
Press, 1957, p. 46 ; Marta Sordi, I rapport
« The Gallic Disaster », The Classical World
11. La comparaison des récits de Tite-L
tifie ici la position adoptée, qui diffère de
relatés durant ces années dans le récit liv
d'activité » durant une période où la docu
« Inquiétudes chronologiques et remaniemen
Belles Lettres, « Collection des Université
récit de Tite-Live, même s'il est difficile d
une cohérence d'ensemble dont l'impressio
que des combats autour de Verrugo soient
taires révèle peut-être des doublons, mais n
important dans les deux récits de guerre.
12. Il mentionne en effet, entre 431 et 3
les Volsques ou les Èques, dont neuf son
incertaines. Au même titre, il ne mention
alliés durant la même période, une guerr
antiques.
13. Le terme d'opération militaire utilisé ici entend relativiser l'importance accordée à la
bataille dans les récits antiques au cours des campagnes militaires. En effet, son rôle narratif sim-
plifie sans doute la complexité des guerres en accordant peu d'importance à certaines opérations
qui ont peut-être un caractère décisif dans l'attribution de la victoire ou de la défaite (sièges,
pillages et destructions).
14. Voir infira n. 62.

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Les guerres contre les Volsques et les Èques 9

Les opérations militaires gagnent en intensité à partir de 423 et


se concentrent progressivement autour de deux sites : Verrugo et Yarx
Caruentana , qui ont pour point commun d'entrer ensemble dans les
récits militaires à ce moment. Les Romains sont régulièrement mis en
difficulté à Verrugo , place contrôlée par les Volsques, devant laquelle
ils combattent sans résultat en 42315, subissant sans doute une défaite16.
De plus, cette bataille n'est pas suivie d'une revanche instantanée
des Romains comme on l'observe habituellement, et les Volsques
sont absents pendant dix ans de l'horizon militaire et diplomatique
romain17, tandis que leur présence est presque annuelle en temps
régulier. Verrugo est prise en 409 par les Romains18, mais les Volsques
s'en emparent en 407, et la place est reprise la même année19. Cette
concentration d'événements tend à prouver l'enjeu que constitue
Verrugo , dont le site est très disputé à la fin du Ve siècle.
La citadelle de Caruentum présente une situation à rapprocher
de celle de Verrugo. Absente du récit annalistique, elle présente une
concentration importante d'actions militaires au cours d'une période
de deux ans, entre 410 et 409. Les Romains y subissent au cours de
cette période trois revers militaires en tentant de s'emparer de cette
place. En 410, la citadelle est prise par les Èques et les Volsques20 et
sa capture provoque un sursaut à Rome, qui conduit à sa reprise la
même année. Or, l'année suivante, les Eques s'emparent de nouveau
de Yarx Caruentana 21 et les Romains échouent à la reprendre, dans des
circonstances que Tite-Live considère comme incertaines22. Cette
configuration est unique au cours de cette période car traditionnelle-
ment, lorsqu'une place est capturée par l'ennemi, elle est immédiate-
ment reprise par les Romains. La mention de cette citadelle disparaît
alors définitivement du récit livien.
Les événements concernant ces deux sites sortent aussi de l'ordi-
naire par la vigueur du vocabulaire utilisé par Tite-Live. Il y emploie

15. Liv. 4.37-42 ; Val. 3.2.8.


16. Liv. 4.40. Tite-Live admet en partie l'échec en qualifiant le combat de pugnae aduersae.
Malgré une exposition des faits qui sous-évalue l'échec militaire, le souvenir de la bataille a été
entretenu. En effet, il s'agit du seul événement militaire concernant les opérations contre les
Volsques retenu par Valére Maxime, à l'exception de l'épisode concernant Cincinnatus, exemplum
dans lequel est exalté le courage du consul devant une situation difficile. V Max. 2.7.7.
17. Jusqu'en 413 (Liv. 4.49).
18. Liv. 4.55 ; Diod. 14.11
19. Liv. 4.58. Le scénario se produit aussi kAnxur, prise en 406 par les Romains, en 402 par
les Volsques, puis reconquise en 401 par les Romains. Respectivement, Liv. 4.59 ; 5.8 et 5.13.
20. Liv. 4.53.
21. Liv. 4.55.
22. Tite-Live souligne la contradiction des témoignages sur cet épisode, et affirme que le
seul fait avéré par ses sources est que la citadelle de Caruentum n'est pas reprise par les Romains
(Liv. 4.55).

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1 0 Mathieu Engerbeaud

notamment le terme de clades


l'ennemi23, un terme qui est ut
plus grands désastres24. En effe
nant la capture d'une place fort
guerre d'Hannibal25 se produisen
tives à Yarx Comentaría en 410 et à
A la veille de la bataille de l'A
Eques entament une guerre don
cette campagne est arrêtée brut
sans que l'issue soit réellement d
excursus sur l'arrivée des Celtes
Eques reprennent après 389.

La version de Diodore de Sidle : de la gu


des colonies

Si la narration de Tite-Live e
opérations militaires, celle de D
nements28. En 404-403, Diodo
survenant en Italie le massacr
fEpĢOUKa) par les Volsques29. P
des Romains de la cité de Ouerre
ennemis30. Le nom de cette derni
cité des Volsques et enjeu de con
le récit de Tite-Live. Nous ignoron
cette dernière n'est pas Verrugo o
Ces deux places dont les Volsque

23. Pour Yarx Caruentana : Láv. 4.53 ; pour Ver


24. Par exemple, la bataille du Crémère e
(Fl. 1.7), la paix des Fourches Caudines (Liv. 9.
25. L'étude du lexique des défaites success
étude, au terme de la guerre d'Hannibal.
26. En effet, sur six opérations militaires rel
victoires, et une constitue un succès plus que
5.28 ; 5.29 et 5.28. Sur la revalorisation du ré
storia romana », art. dt. (n. 6), pp. 724-773.
27. Tite-Live ne mentionne aucune paix réa
n'accorde pas d'importance à la prise de la col
sion que cette campagne contre les Èques est
28. Diodore traite de manière prioritaire l'h
retient que quelques épisodes des guerres rom
29. Diod. 14.11.
30. Diod. 14.98.
3 1 . Diodore a peut-être utilisé deux sources orthographiant différemment cette même localité.
Alessandro De Luigi, « L'immagine degli Equi nelle fonti letterarie », art. cit. (n. 7), p. 161 assimile
Errouka ÇEqqovkci) au Verrugo de Tite-Live.

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Les guerres contre les Volsques et les Èques 1 1

par les Romains dans le récit de Diodore, présentant une version


différente de Tite-Live. Diodore mentionne aussi quelques succès
romains au cours de la période32, et fait aussi mention avant l'arrivée
des Celtes d'un événement original, que l'auteur padouan place, lui,
après la catastrophe33.
En effet, Diodore relève succinctement la révolte de deux cités34.
Il s'agit de Velitrae 35 (OÙ£Àitqlvcûv) et de Satricum 36 (EáxçiKOv), qui
se détachent de l'alliance des Romains en 390-389 et auxquelles
la République répond en fondant une colonie à Circa (Keqkíouç).
Aucune résolution de ce conflit n'est précisée par Diodore qui entame
alors le récit de la catastrophe gauloise.

La révolte des colonies : comparaison des deux récits

La mention de cette révolte à la veille de la catastrophe gau-


loise devient déterminante dans la perspective d'une compa-
raison des deux récits. En effet, cette rébellion est détaillée dans la
narration de Tite-Live, où elle se déroule après la prise de Rome
par les Gaulois et occupe une place importante dans le livre 6
jusqu'en 370. Les événements débutent en 385, date à laquelle les
Romains, victorieux des Volsques, des Herniques et des Latins coa-
lisés, reconnaissent parmi leurs prisonniers de guerre des colons37

32. Il évoque la prise ďAnxur sur les Volsques, celle de Sutrium et de liphlos sur les Èques. Voir
respectivement : äv£coq (14.16), Loútqiov (14.98), AúbÀov (14.102).
33. Sur les problèmes liés à la chronologie, voir supra n. 10.
34. Diod. 14.102.
35. Velitrae (actuelle Velletri) est une cité perchée sur le versant oriental du massif albain.
Elle est présentée dans les récits littéraires comme une cité latine (DH. 5.61.3; Plin., HN.,
3.69), conquise par les Volsques (Giulio Cressedi, Velitrae (Velletri). Regio I - Latium et Campania ,
Rome, Istituto di Studi Romani, «Italia romana: municipi e colonie», 1953, pp. 20-21 ;
Mauro Cristofani, « Il Vòlsci nel Lazio. I modelli di occupazione del territorio », Quaderni di
Archeobgia Etrusco-Italica , n° 11/1, 1992, p. 19 ; Stéphane Bourdin, Les peuples de Vitālie préromaine ,
op. cit. [n. 4], p. 152 note 731). La cité est un carrefour routier important avant même la construc-
tion de la via Appia, dont elle constitue un nœud de communication (voir Filippo Coarelli, Lazio,
Rome & Bari, Laterza, « Guide archeologiche Laterza », 1982, p. 249).
36. Satricum est une cité de la plaine Pontine identifiée à Borgo Le Ferriere, dont l'acropole
a été fouillée dès 1896 (voir Barbara Heldring, « Introduzione alla mostra », in Pino Chiarucci,
Tamara Gizzi [dir.], Area sacra di Satricum. Tra scavo e restituzione. Catalogo della mostra. Museo Civico
Albano. 20 aprile- 2 giugno 1985 , Rome, Paleani Editrice, 1985, pp. 23-31 ; Filippo Goareiii, « Roma,
i Vòlsci e il Lazio antico », art. dt. [n. 8], p. 149). Peut-être de fondation latine, elle est occupée par
les Volsques au moment du récit. Sur les débats complexes autour du changement de nom de la
cité, voir Stéphane Bourdin, Les peuples de l'Italie préromaine , op. dt. (n. 4), p. 145 note 669.
37. Le terme de colonia employé par Tite-Live est problématique, car il s'agit sans doute d'une
projection de la colonie de peuplement accompagnée d'un statut juridique comme nous l'obser-
vons dans son environnement politique du Ier siècle avant J.-C (Jean Bayet, « Tite-Live et la pré-
colonisation romaine », in Mélanges de littérature latine , Rome, Editi di storia e letteratura, « Storia
e letteratura », 1967, pp. 351-375 ; Stephen P. Oakley, A commentary on ¡ivy. Books VI-X. Volume I.
Introduction and books VI , Oxford et New York, Oxford University Press, 1997, p. 508). Or, il s'agit

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1 2 Mathieu Engerbeaud

romains38 de I Mitrae et de Circe ¿39


pour conséquences une série de c
de Velitraé u qui opposent une rési
événements entrent dans le cadr
gonistes principaux sont Velitrae e
colons de Velitrae réussissent à pre
aussi présentée comme une colon
tée contre les Romains dans le r
Gaulois.
La trahison de colons, qu'ils soient Romains ou Latins, constitue
un fait sortant de l'ordinaire. Il s'agit d'une catégorie d'événement
qu'il est pourtant simple de falsifier ou de taire pour un historien latin
qui entend présenter la conquête romaine sous un jour positif.

La localisation de Verrugo et de Varx Caruentana

L'épisode de la citadelle de Caruentum , qui occupe une place


importante dans le récit de Tite-Live, est absent de celui de Diodore.
Cependant, ce dernier mentionne Verrugo*6. Ces deux places constituent

probablement de l'établissement d'une garnison romaine ou latine dans une cité conquise, la
colonie n'impliquant pas un repeuplement de la cité par ses conquérants (voir Stéphane Bourdin,
Les peuples de l'Italie préromaine, op. cit. [n. 4], p. 152 note 731). La colonie de Velitrae est fondée dans
le récit livien vers 491-489 (2.31) et en 401 d'après Diodore de Sicile (14.102).
38. Compte-tenu de la mixité ethnique de Velitrae , le danger serait de surestimer le carac-
tère proprement romain ou latin de cette révolte. La cité comprend une population volsque avec
laquelle s'associent les élites latines qui dirigent la cité. La responsabilité des colons, qui détiennent
probablement le pouvoir politique, est ainsi engagée dans le conflit contre les Romains.
39. Liv. 6.13. Nous retrouvons la mention de Circa dans les deux versions, mais jouant un
rôle différent. Dans le récit de Diodore, il s'agit d'une colonie fondée pour répondre à la situation,
sans mentionner si elle la stabilise, et chez Tite-Live d'une colonie révoltée.
40. Liv. 6.17: patriae oppugnandae nefanda Consilia inissent , « ils avaient conçu l'odieux projet
d'attaquer leur patrie ».
41 . Cette dimension coloniale perdure dans le récit de Tite-Live (6.22) : oppidi oppugnatone tri-
buni abstinuere, quia et anceps reat nec in perniciem coloniae pugnandum censebant , « les tribuns ne voulurent
pas assiéger la place, l'entreprise était douteuse et, d'autre part, ils n'entendaient pas poursuivre la
ruine totale d'une colonie ».
42. La prise de Velitrae par les Romains survient quinze ans après le début de la révolte, en
380 (Liv. 6.29.), mais la cité se révolte de nouveau en 370, date à laquelle un siège romain échoue
(Liv. 6.35-36). Voir Giulio Cressedi, Velitrae , op. cit. (n. 35), p. 23.
43. Andreas AlfÖldi, Early Rome and the Latins , Ann Arbor, University of Michigan Press, 1963,
p. 388. Liv. 6. 22. Praeneste est mentionnée en révolte aux côtés de Velitrae dès 382.
44. Liv. 6.24 et Plut., Cam., 37. Les Romains y répondent par la nomination de Camille
comme tribun militaire qui reprend la cité la même année, après le revers de son homonyme
L. Furius dans une première tentative.
45. Liv. 6.22. Le récit de Plutarque, dans sa Vie de Camille , constitue un parallèle de la version
de Tite-Live qui n'accorde pas d'importance à Velitrae au cours d'une guerre qui sert de prétexte à
la gloire de Camille. Il mentionne cependant des conflits autour de Satricum (Plut., Cam., 37).
46. Il la mentionne peut-être deux fois sous deux orthographes différentes si l'on considère
qu 'Errouka est Verrugo.

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Les guerres contre les Volsques et les Èques 1 3

un objectif de guerre fondamental dans les conflits impliquant les


Romains, les Eques et les Volsques au cours de ces années. La princi-
pale difficulté rencontrée pour interpréter les événements tient au fait
que ni Y arx Caruentana ni Verrugo /Errouka/ Ouerreginos ne sont des sites
identifiés avec certitude. L'absence de toponymes modernes hérités de
leur désignation par les textes littéraires laisse supposer que ces deux
localités ne sont pas des cités au sens politique du terme, et qu'elles
ne relèvent sans doute que de places fortes47. Elles ont probablement
été occupées ponctuellement48, au cours des Ve et IVe siècles avant
J.-C., seule période durant laquelle elles sont mentionnées par les
textes. Les propositions de localisation de ces deux places fortes sont
nombreuses. Un lien a été établi entre Yarx Caruentana et le peuple
latin des Caruentani , cité par Denys d'Halicarnasse sous le nom de
Kapuevxavcõv49. Le nom de ce peuple apparaît peut-être dans la liste
des peuples dits « Albenses » de Pline l'Ancien50, sous le nom archaïque
de Cusuetani 51 . Les Caruentani , selon la localisation la plus fréquemment
admise, se situeraient entre les monts Albains et les monts Lépins52,
au nord-ouest de Velitrae. Le site défensif de Rocca Massima (fig. 2),
surplombant depuis les monts Lépins la vallée contrôlée par Velitrae , a
été proposé comme identification à Yarx Caruentana 53. Mais cette hypo-
thèse demeure contestée à cause du manque de documentation54.

47. Christiane Saulnier, « Le rôle stratégique de la montagne au service de l'histoire militaire


(l'exemple de la conquête romaine en Italie centrale aux Ve-IVe siècles) », in Georges Fabre (éd.),
La montagne dans l'Antiquité. Actes du colloque de la SOPHAU (Pau, mai 1990), Pau, Université de Pau,
« Cahiers de l'Université de Pau », 1990, pp. 83-95 et p. 89. Des indices toponymiques laissent
penser que ces deux sites se trouvent en hauteur et sont sans doute fortifiés. Le terme ďarx
laisse imaginer une citadelle pouvant être perchée sur les hauteurs de l'Algide, tandis que Verrugo
pourrait éventuellement partager une étymologie avec le substantif uerruca/ae, qui renvoie à une
éminence.
48. Ibidem , p. 89
49. DH. 5.61.3.
50. Plin., HN., 3.69
5 1 . Sur la transformation possible de Cusuetani en Caruentani , voir Thomas Ashby, « The clas-
sical topography of the Roman campagna. - III. The via Latina. Section III », Papers of the British
School at Rome , n° 5, 1910, pp. 410-41 1 ; Francesco Ribezzo, « Fatti, fonti e metodi di studio per la
toponomastica di Roma e Lazio delle origini », Onomastica , n° 2, 1948, p. 36. La question est aussi
posée dans les monts Albains pour l'évolution du nom des Poletaurini en Polluscini.
52. Giulio Firpo, « Gli Equi nelle fonti », in Sandra Lapenna (éd.), Gli Equi tra Abruzzo e Lazio.
Catalogo della mostra , Sulmona, Synapsi, 2004, p. 87 ; Alexandre Grandazzi, Alba Longa , op ät. (n. 7),
p. 687.
53. Antonio Nibby, Analisi storico-topografico-antiquaria della carta de dintorni di Roma (1837),
Rome, Tip. delle Belle Arti, 1848-1849, voi. 3, pp. 18-19. Rocca Massima (fig. 2) est un excellent
site défensif, attesté dès le XIIIe siècle après J.-C. comme place forte (Pasquale Passarelli, Comuni
d'Italia. Lazio , Monterudoni, Istituto Enciclopedico Italiano, 2001, p. 139). Le site apparaît sur des
documents de l'époque moderne, comme une carte anonyme de 1 556 (Amato Pietro Frutaz [éd.] ,
Le Carte del Lazio , op. cit. [n. 7], P 40), ainsi que sur celle de Gerardo Mercator en 1589 sous le nom
de « Rocca de Massimi » (Ibidem, f° 45).
54. Voir les réserves de Thomas Ashby, « The classical topography... », op. cit. (n. 51), p 41 1.
De plus, aucune trace d'occupation antique n'a été mise au jour pour l'instant sur le site de Rocca

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1 4 Mathieu Engerbeaud

Cette place forte de hauteur se s


sumé des Caruentani , localisé à pr
massif à l'est.
La localisation de Verrugo apparaît encore plus complexe. En effet,
aucun toponyme apparaissant sur des cartes de l'époque moderne
ou contemporaine ne s'y trouve associé, et le site n'est pas relié dans
les textes à un peuple, ce qui en faciliterait son identification. Verrugo
a été parfois identifié à Colleferro0 6, agglomération moderne qui
occupe l'entrée sud de la vallée du Sacco (fig. 2). Cette localisation
paraît cependant excessive du fait des lacunes de la documenta-
tion57. Malgré les difficultés posées par la localisation de cette place,
quelques indices permettent de deviner un périmètre dans lequel elle se
situe probablement. Verrugo est un site défensif qui contrôle un axe de
communication, comme le laisse entendre l'osque t/mV58, désignant
« la porte » et constituant sa probable étymologie. Un autre indice
issu du récit de Tite-Live laisse penser que Verrugo se situe à proxi-
mité de Varx Caruentana 59, et se situe aussi dans la région de l'Algide.
En effet, lorsque les Romains échouent à reprendre Varx Caruentana
en 409, l'armée se reporte sur Verrugo. Ces deux places, dont la loca-
lisation est impossible à établir60, sont probablement proches géogra-
phiquement. Elles se situent sans doute toutes deux au nord-ouest
des monts Lépins et assurent la défense de l'entrée de la vallée du
Sacco. La vocation de ces deux sites est de contrôler la via Latina' 51

Massima (Domenico Palombi, « Alla frontiera meridionale del Latium vetas. Insediamento e iden-
tità », in Domenico Palombi [éd.], Il tempio di Caprifico di Torrecchia (Cisterna di Latina). I materiali e il
contesto , Rome, Edizioni Quasar, 2010, p. 180).
55. Thomas Ashby, « The classical topography », op. cit. (n. 51), p. 41 1 ; Alessandro De Luigi,
« L'immagine degli Equi », art. dt. (n. 7), p. 160 ; Giulio Firpo, « Gli Equi nelle fonti », art. cit.
(n. 52), p. 86.
56. Antonio Nibby, Analisi storico-topografico-antiquaria , op. cit. (n. 53), voi. 3, pp. 473-474 ;
Pier Giorgio Monti, Via latina , Rome, Istituto Poligrafico e Zecca dello Stato, Libreria dello Stato,
« Antiche strade. Lazio », 1995, pp. 62-63. Colle/erro (fig. 2) apparaît comme un site secondaire sur
une carte anonyme de l'époque moderne du nom de « Rete stradale fuori di Porta Maggiore e
Porta S. Giovanni a Ponte Corvo », datant des environs de 1660, sous la dénomination de « Col di
Ferro », à proximité du site nettement plus important de Segni (Amato Pietro Frutaz [éd.], Le Carte
del Lazio , op. cit. [n. 7], £° 11 7).
57. La ressemblance entre les noms de Verrugo/ Errouka et de Colleferro (à laquelle fait réfé-
rencé Antonio Nibby, Analisi storico-topografico-antiquaria , op. cit. [n. 53], vol. 3, pp. 473-474), semble
excessive du fait que Colleferro dérive plus probablement des substantifs latin Collis (colline) et ferrum
(fer), désignant un site de production du fer, plutôt que de l'osque uerir (la porte).
58. Carl D. Buck, A Grammar of Osean and Umbrian. Wim a Collection of Inscriptions and a Glossary ,
Boston, Ginn & Company, 1904, p. 351.
59. Liv. 6.55 ; Alessandro De Luigi, « L'immagine degli Equi », art. àt. (n. 7), p. 161.
60. Christiane Saulnier, « Le rôle stratégique de la montagne », art. àt. (n. 47), p. 89 ;
Domenico Palombi, « Alla frontiera meridionale del Latium vetus », art. àt. (n. 54), p. 180.
61. Christiane Saulnier, L Armée et la guerre chez les peuples samnites. Vif -IV stecte , Pans,
de Boccard, 1983, p. 119.

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Les guerres contre les Volsques et les Èques 1 5

(fig. 2), qui relie Rome à travers les monts Albains en franchissant la
brèche de l'Algide (fig. 1).
Cette région de l'Algide, citée par Tite-Live dans une acceptation
imprécise, est connue dans les récits littéraires pour être un lieu de
rassemblement des Èques et des Volsques, qui effectueraient leur
jonction en ce lieu. Entre 465 et 418, dates de sa première et de sa
dernière mention dans le récit des événements liviens, les Romains
combattent treize fois in Algido62, dont dix fois les Èques seuls et trois
fois les Èques et les Volsques réunis63.
Si nous ajoutons les combats autour de Verrugo , de Caruentum et
de Velitrae à ces opérations mentionnées in Algido , nul doute que la
région de l'Algide (fig. 1 et 2) devient le premier théâtre d'opérations
militaires du Latium dans les récits au cours de cette période. Il s'agit
même du secteur qui concentre le plus de défaites romaines au cours
du Ve et du IVe siècle64. Tite-Live résume à la mention stéréotypée in
Algido toute la stratégie et les opérations mises en place pour assurer le
contrôle de la via Latina . La protection de cet axe de communication
est assurée en amont par le contrôle de la brèche de l'Algide65, et
en aval par des fortifications qui verrouillent le nord-ouest des monts
Lépins, dont Verrugo et P arx Caruentana (fig. 2). Les Latins tentent de
verrouiller cette zone en la retirant aux Volsques, car il s'agit d'un
accès privilégié vers Tusculum 66 et vers Rome en particulier67. Leur
contrôle de la via Latina permet également d'assurer la jonction avec
leurs alliés Herniques et d'empêcher celle des Èques et des Volsques.

62. Le récit de combats « sur l'Algide » avec un lexique stéréotypé est fréquent dès le livre 3
de Tite-Live. La mention in Algido y est employée pour désigner ce lieu de manière très obscure
(3.23 ; 3.26 ; 3.31 ; 3.42 ; 3.60 ; 4.45). Plus rare, nous retrouvons aussi la mention inAlgidum (3.30 ;
4.26). La mention livienne de l'Algide peut sans doute être comprise dans un sens géographique
plus large, toutes les opérations comme les grandes batailles n'ayant pas pu se dérouler au sommet
des montagnes. In Algido comprend sans doute des affrontements autour de sites de hauteur for-
tifiés et des combats dans le col que l'Algide surplombe.
63. Concernant les Èques : Liv. 3.2 ; 3.23 ; 3.26 ; 3.28 ; 3.30 ; 3.31 ; 3.42. Èques et Labicum :
les Èques prennent position in Algido en 4.45, combattent en 4.46 ; 4.47. Èques et Volsques :
3.60-61 ; 4.26 ; 4.29. Les Volsques ne combattent jamais sans les Èques sur l'Algide. Les Romains
obtiennent neuf victoires sur l'Algide, trois défaites et un cas dont l'issue est difficile à déterminer.
64. En 458 (Liv. 3.26 ; Fl. 1.1 1 ; DH. 10.5.7 ; Vict., HI. , 17 ; Eutr. 1.16 ; V Max. 2.7.7), 449
(Liv. 3.42), et 418 (Liv. 4.46). Cela est proportionnel au nombre de combats qui y sont menés et au
fait que les sites de batailles sont rarement décrits avec précision, tandis que l'Algide est souvent
évoquée.
65. Nous ne pouvons que deviner le système de défense de la brèche de l'Algide, dominée
par le Monte Castellaccio (carte I.G.M. 1 /25000e, f° 150 II N.O., 1877 in Amato Pietro Frutaz
[éd.], Le Carte del lazio, op. cit. [n. 7], P 363), dont le sommet est aujourd'hui occupé par une car-
rière de lapilli, réduisant à néant les chances d'y découvrir des traces de fortifications èques ou
latines. Néanmoins, la place-forte de Columen, évoquée par Tite-Live, se situait peut-être au som-
met du Monte Castellaccio (Liv. 3.23).
66. Alexandre Grandazzi, Alba Longa, op. àt. (n. 7), p. 175.
67. Christiane Saulnier, « Le rôle stratégique de la montagne », art. dt. (n. 47), p. 85 ;
Pier Giorgio Monti, Via latina , op. cit. (n. 56), 1995, p. 59.

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16 Mathieu Engerbeaud

La cité de Velitrae, un temps cont


une garnison latine, se situe à u
cité occupe une position qui lui p
ainsi que le contournement des m

La présence des Romains et de leurs alli


de la bataille de l'Allia

L'annalistique a constitué un p
à rendre opaques trois aspects
leurs ennemis à cette époque.
et d'alliance est exacerbée dans l
sous-estimant leur diversité politi
cette logique est presque absente
se trouvent pourtant régulièrem
d'Etrurie pour participer aux cam
au sud69. L'annalistique méprise
Volsques, jugée inférieure à celle
ment à des actes de vandalisme i
premières déformations entraînen
la véritable nature de la présenc
et le sud du Latium est incertaine
des opérations de maintien de l'o
L'annalistique romaine tardo-
l'héritier, ne comprend sans doute
taires des Volsques et des Èques. En
les Gaulois, la cible la plus valorisa
Live se félicite à plusieurs repris
de Rome, ne conçoivent pas l'id
se disperser pour piller le territoi

68. Malgré le caractère globalisant des ethn


Denys d'Halicarnasse mentionnent à quelque
divisés en unités politiques autonomes. Voir S
l'exemple des Èques et des Volsques (VC-IVC si
(dir.), Guerre et diplomatie romaines. IV-IIf siècles a
Publications de l'Université de Provence, 2006
dans tous les cas d'estimer l'identité ethnique
(i ibidem , pp. 268-270).
69. L'alliance de la ligue latine, reposant au
bablement un commandement militaire tourn
de la présentation des sources littéraires. Sur
romanocentrique de l'alliance, voir Stéphane Bour
pp. 291-298.
70. Liv. 3.2 et surtout 3.7.

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Les guerres contre les Volsques et les Èques 1 7

sion stratégique à ces ligues est un moyen d'affirmer une domination


romaine symbolique et déterministe. En retirant aux Èques et aux
Volsques toute dimension conquérante, les Romains les enferment
dans une logique de soumission qui est constamment rappelée, et leur
dangerosité est par conséquent amoindrie. Or, ces peuples se trou-
vent probablement dans une configuration stratégique et militaire
proche de celle de Rome et des Latins. En effet, les Volsques sont des
conquérants71 et ils ont pris possession des cités latines. Cette conquête
s'est sûrement arrêtée lorsqu'ils ont rencontré plus de résistance de la
part des Latins, et la situation a sans doute peu évolué jusqu'au tour-
nant des Ve et IVe siècles. Cela s'explique par le fait qu'il n'y a pas eu
autant de victoires romaines décisives que la tradition littéraire ne le
laisse croire. La situation semble relever du statu quo , et se résumer à
des conflits de voisinage entre deux alliances : celles des Latins, dont
les Romains sont membres, et des Volsques épaulés par les Èques. La
domination romaine sur cette partie du Latium au Ve siècle, même
théorique, est par conséquent sans doute une fiction. Les pénétrations
romaines régulières au cœur du territoire des Volsques le sont peut-
être tout autant72. Les annalistes de la fin de la République ont ainsi
oublié le sens de ces guerres, citant une liste d'événements dépassant
toute logique. Derrière la dénomination imprécise de l'Algide par
Tite-Live se trouve l'enjeu présenté par le contrôle de la via Latina ,
dont l'itinéraire est source d'affrontement tout au long du Ve siècle
(fig- 2).
Malgré cette situation de conflictualité, il existe à l'évidence des
mouvements, des percées en faveur d'une alliance ou d'une autre.
Des indices fournis par les différentes sources littéraires laissent croire
que le contrôle de l'itinéraire de la via Latina passe ponctuellement sous
contrôle latin au cours de ce siècle. Une colonie est en effet mentionnée

7 1 . Voir Giovanni Colonna, « Appunti su Ernici e Volsci », Eutopia , n° 4/2, 1995, pp. 1 7-20,
qui invite à revoir l'image des Volsques méprisés par l'historiographie antique.
72. Le territoire des Volsques devait être difficile à pénétrer car sa défense reposait sans
doute sur un réseau défensif composé de places fortifiées principales et secondaires dont le récit
de Tite-Live conserve une trace (2.63 notamment). Sur leur identification et les problèmes posés
par l'absence de fouilles, voir Stéphane Bourdin, « Les ligues ethniques en Italie », art. cit. (n. 68),
p. 263. La création de la ceinture de colonies latines fondées autour des Monts Lépins est pro-
bablement plus tardive que ne le retiennent les récits littéraires (notamment Signia fondée dès
Tarquin le Superbe selon Liv. 1 .56). La situation n'est sans doute pas sous le contrôle des Romains
avant le IVe siècle (voir Michel Humbert, Municipium et civitas sine suffragio. L'organisation de la
conquête jusqu'à la guerre sociale , Rome, École française de Rome, « Collection de l'École française
de Rome », n° 36, 1978, pp. 152-153), et la datation de la fondation de la colonie de Setia en
382 (Vel. 1.14) semble plus plausible. Voir Elisabeth-Christiane Bruckner, « Le fortificazioni di
Setia », in Lorenzo Quilici, Stefania Quilici Gigli (éd.), Fortificazioni antiche in Italia. Età reppublicana,
Rome, L'Erma di Bretschneider, «Adante tematico di topografia antica», 2001, pp. 103-126,
not. p. 103.

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1 8 Mathieu Engerbeaud

à Velitrae 73, et les Latins occupent


Caruentana . Les Volsques sont al
d'une partie de leur territoire e
Eques pour entamer une reconqu
Certains indices laissent croire
grande partie un succès. Premièrem
sifient dans le récit de Tite-Live,
en 418 et lui substitue pour la prem
La mention in Algido , globalisant
dition historiographique sur laqu
et différente de celle sur laquell
signifie pas la fin des combats p
avec l'apparition des noms des pl
en précision. En parallèle, Tite-L
tions conjointes des Eques et de
attaques conservent une réelle coh
Dès 418, les événements prenne
Latins : la citadelle de Caruentum
Verrugo est reconquise par les V
défensif de l'Algide demeure Ve
reprise en main du secteur par les
de l'arrivée des Gaulois, lorsque
romaine.

La prise de Rome par les Gaulois,


UNE CONSÉQUENCE DES DIFFICULTÉS ROMAINES
RENCONTRÉES DANS LA RÉGION DE L'ALGIDE ?

Les paradoxes des événements de l'Allia

Les Èques et les Volsques ne suscitent aucun intérêt au cours


des récits antiques de la catastrophe gauloise. Ils apparaissent
étrangers aux événements, et leur rôle se limite à se soulever de
nouveau lorsque les événements sont terminés. L'affaiblissement

73. Voir supra n. 37 et 38.


74. Il est possible que l'Algide ait été présentée par les sources romaines comme un « lieu de
réunion » des ligues volsques et èques car une partie du sens de ces guerres avait été oublié.
75. Diodore ne cite pas l'Algide dans son récit des événements.
76. En effet, les Volsques privilégient Verrugo comme cible, tandis que les Eques concentrent
leurs opérations sur Yarx Caruentana (fig. 1).

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Les guerres contre les Volsques et les Èques 1 9

de Rome, qui est superficiel selon l'annalistique, leur fournit à une


rare occasion un mobile pour agresser de nouveau la République,
avant d'être terrassés par Camille77.
Les conditions de la prise de Rome présentées dans les récits
antiques78 doivent être mises en lien avec quelques réflexions concer-
nant la situation romaine dans la zone de l'Algide. Les Romains pré-
sentent la prise de leur cité par les Gaulois comme une conséquence de
la défaite de l'Allia, une bataille qui s'est déroulée selon les récits sur la
rive gauche du Tibre près de Crustumerium79 . Cependant, les Romains
ont subi dans leur histoire archaïque des défaites redoutables à proxi-
mité de leur ville, à la suite desquelles les survivants de l'armée ont dû
entreprendre une retraite en urgence. Pourtant, aucune de ces défaites
ne conduit les ennemis victorieux à l'intérieur de Rome. Les Véiens
remportent de nombreuses victoires dans leur campagne contre les
Romains en 477 et 476. En effet, après avoir battu les Fabii, ils écrasent
l'armée de Menenius, prennent le Janicule et assiègent peut-être Rome
durant des mois selon Tite-Live80. Pourtant, l'annalistique ne garde pas
en mémoire la prise de la ville par les Véiens. Ainsi, une victoire des
ennemis à proximité de Rome ne suffit pas à expliquer la réussite de
ce coup de force. Pour expliquer leur échec contre l'invasion celte, les
Romains invoquent deux raisons. La première est la fatalité, les évé-
nements dépassant de fait les hommes81. La seconde est une constante
dans l'attitude romaine devant la défaite : la mémoire privilégie des
causes internes à la cité pour expliquer ce type d'événement. En effet,
les Romains perçoivent la catastrophe comme la conséquence d'une
transgression dont ils sont pleinement responsables82. Par conséquent,

77. Liv., 6.2 ; Plut., Cam. 33-35.


78. Concernant l'état de la documentation littéraire, voir Dominique Briquel, La prise
de Rome. op. cit. (n. 1).
79. La bataille de l'Allia se serait déroulée sur une plaine résultant d'un élargissement du
Tibre et surplombée par la cité de Crustumerium (fig. 1 ; Lorenzo Quilici, Stefania Quilici Gigli,
Crustumerium , Rome, Consiglio nazionale delle ricerche, «Latium Vêtus», n° 3, 1980, pp. 162-
163). La rivière Allia, qui se jette dans le Tibre dans cette zone, a depuis été canalisée et a été
identifiée au fosso Maestro qui traverse l'extrémité sud de cette plaine alluviale, parallèlement à la
via Salaria. Ibidem , pp. 38-45.
80. Concernant les sources, le déroulement des événements et une interprétation possible,
voir Christiane Saulnier, L'armée et la guerre , op. cit. (n. 61), pp. 146-150.
81. Liv. 5.37. Voir Dominique Briquel, La prise de Rome , op. cit. (n. 1), p. 382.
82. Les récits présentent la catastrophe comme le résultat d'une multiplication d'erreurs romai-
nes qui radicalisent des Gaulois peu décidés à la guerre. Ces « fautes » diffèrent sensiblement d'un
récit à l'autre : le refus de prêter attention à l'avertissement divin entendu par Marcus Caecidius,
l'incident diplomatique de Clusium mettant en cause la responsabilité des Fabii dans le déclen-
chement de la crise, le refus par l'assemblée du peuple de livrer les fautifs aux Gaulois, l'élection
de ces mêmes Fabii en tant que tribuns militaires pour mener la guerre (Dominique Briquel, La
prise de Rome , op. cit. [n. 1], p. 144). Sur l'interprétation tripartite des erreurs romaines menant
à la catastrophe, voir Georges Dumézil, Mythe et épopée. III. Histoires romaines , Paris, Gallimard, 1 973,
pp. 228-231 ; puis sa relecture par Dominique Briquel, La prise de Rome , op. dt. (n. 1), pp. 113-116.

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20 Mathieu Engerbeaud

les Romains expliquent leurs défa


régulièrement l'intervention de c
l'habileté militaire de leurs enn
que Rome domine son destin et
sance. Cet évanouissement des
d'éclipser régulièrement les rai
faites. Au lieu de cela, l'annalis
des soldats83, un épisode à mettr
prêtres étrusques de Tarquinia 84 ou
rares mentions, inattendues, serv
tactiques ou stratégiques et à exp
annalistes ignorent les raisons ex
Par ailleurs, le rôle décisif de
de la ville a peut-être été sure
romaine86, qui a oublié une par
reconstitué les événements de
un désastre sans précédent, d
d'une bataille spectaculaire. De
cent, pour modérer la honte de
défaits au préalable par les Gau
Diverses études ont mis en lumière le caractère artificiel de l'affron-
tement, à travers l'analyse de ses contradictions nombreuses87, et
des ressorts mythologiques88 qu'il présente. La bataille de l'Allia
a été réécrite dans la perspective de fournir une explication à la
prise de Rome, un événement qui présente une dimension apoca-
lyptique car il aboutit à la destruction de la ville par le feu89, et à
sa refondation après la victoire de Camille contre les Gaulois90. Le

83. Diod. 14.1 14-1 15; Liv. 5.38.


84. Liv. 7.17, en 356.
85. Liv., Per., 13 ; Plut., fyrrh., 17, Fl. 1.18 ; Paus. 12.2-3 ; Vict., ///., 35 ; Or. 4.1.
86. L'importance de cette mémoire collective dans la diffusion et la transformation de l'évé-
nement est impossible à estimer et il est périlleux de l'évaluer. Voir J. Poucet, Les origines de Rome.
Tradition et histoire, Bruxelles, Facultés universitaires Saint-Louis, 1985, p. 66.
87. Józef Wolski, « La prise de Rome par les Celtes », art. at. (n. 2), pp. 38-39.
88. Voir les soupçons de Józef Wolski (Ibid.) puis le travail de deconstruction de Dominique
Briquel, La prise de Rome , op. cit. (n. 1), pp. 155-159. Sur le modèle de la bataille eschatologique
appliquée à la tradition romaine, voir Dominique Briquel, Mythe et révolution. La fabrication d'un récit.
La naissance de la République à Rome , Bruxelles, Latomus, 2007, pp. 14 et 280.
89. Liv. 5.42 ; Plut., Cam., 22.7-8 ; Or. 2.6. Diodore de Sicile et Eutrope ne mentionnent pas
l'incendie de Rome. Voir Dominique Briquel, La prise de Rome , op cit. (n. 1), pp. 162-167 sur la
portée symbolique de l'incendie de Rome. Voir Filippo Coarelli, « La stratigrafia del Comizio e
l'incendio gallico », in Paola Santoro (éd.), I Galli e l ltalia , Rome, De Luca, 1978, pp. 229-230 sur
l'absence de traces d'incendies décelées sur le Comiäum et contemporaines au sac gaulois.
90. Camille est considere comme le deuxieme fondateur de Rome, après Romulus
(Plut., Cam., 1.1). Il s'agit en effet du principal acteur de la renaissance de Rome après sa des-
truction symbolique par les Gaulois. Voir Dominique Briquel, La prise de Rome , op. cit. (n. 1),
pp. 318-319.

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Les guerres contre les Volsques et les Èques 2 1

récit de la bataille de l'Allia revêt aussi un caractère mythologique,


qui présente des points communs avec le combat final du Ragnar'ôk ,
mythe eschatologique scandinave opposant les forces du bien et du
mal91. La dimension apocalyptique de la bataille met en évidence
une réappropriation collective des événements, dès lors incorporés
dans la mythologie civique romaine. Le bataille de l'Allia, au dérou-
lement légendaire, constitue ainsi une cause à la hauteur de la cata-
strophe92. Ce raisonnement n'invite pas à penser qu'il n'y a eu aucun
affrontement entre les Romains et les Celtes, mais que la bataille n'a
peut-être pas eu un rôle aussi déterminant dans la prise de la ville
que ne le laissent croire les sources, qui ne pouvaient expliquer cet
événement qu'en s'appuyant sur un schéma narratif prêtant à la
bataille cette vertu explicative.
En effet, il semble que les Romains n'ont aucune raison objective
de perdre cette bataille contre les Celtes, et que leur ville soit de sur-
croît prise. De fait, une expédition celte, dont l'objectif est de réaliser
un coup de force, réussit à vaincre de manière décisive la cité la plus
robuste du Latium, en territoire ennemi et peut-être inconnu, avec
sans doute des perspectives de ravitaillement limitées et des possibi-
lités de renforts nulles. Les Romains leur opposent une armée régu-
lière et se situent sur leur territoire, près de Rome, en un lieu connu,
avec toute possibilité de ravitaillement et de renforts. Les Celtes réus-
sissent ainsi à réaliser ce que les Étrusques, souvent vainqueurs des
Romains, n'ont jamais pu faire, alors qu'il s'agit de cités puissantes,
organisées, pouvant envoyer des renforts et ayant sans doute une

91. Parmi les caractéristiques communes entre ces batailles, outre la dimension apocalyp-
tique, apparaît le symbolisme de l'eau engloutissant les « forces du bien » (le Tibre pour les
Romains, et l'océan pour les dieux scandinaves). Voir Dominique Briquel, La prise de Rome , op. cit.
(n. 1), p. 161. La bataille est ensuite suivie d'un incendie, comme on l'observe dans la mythologie
indienne {Ibidem, p. 166). Voir également Dominique Briquel, Mythe et révolution , op. cit. (n. 90),
pp. 14 et 280, concernant la bataille opposant Brutus à Arruns Tarquin en 509 avant J.-C., un
affrontement qui présente des caractéristiques mythologiques comparables.
92. Cependant, résumer le succès ou l'échec d'une campagne militaire à l'issue d'une
bataille, dont le caractère déterminant n'est pas démontré, met peut-être en relief le fait qu'une
partie de ce qui fait la victoire ou la défaite a été oublié par les auteurs antiques soucieux d'expli-
quer les guerres des premiers siècles de Rome. Par exemple, ni les victoires de Pyrrhus ni celles
d'Hannibal n'ont un caractère décisif. Cependant, les victoires des Romains sur leurs ennemis
le sont tout au moins dans les récits. La bataille constitue néanmoins une manifestation dra-
matique de la campagne militaire, qui fournit un cadre stéréotypé dans lequel se manifestent
les vertus des uns et les vices des autres, exploitables par un historien antique pour expliquer
des faits (Alexander H. McDonald, « The style of Livy », Journal of Roman Studies , n° 47, 1957,
pp. 155-172, pp. 163-164 ; Patrick G. Walsh, Livy. His Historical Aims and Methods , Cambridge,
Cambridge University Press, 1961, pp. 25-26 ; Stephen P. Oakley, A commentary on Livy , op. dt.
[n. 37], pp. 83-84). Le récit de Tite-Live de la conquête de l'Italie comprend sans doute plusieurs
batailles artificielles, dont une des fonctions narratives est de marquer l'achèvement d'une guerre
indécise en faveur des Romains. Voir Louis Delaruelle, « Les procédés de rédaction de Tite-Live
étudiés dans une de ses narrations », Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes , n° 37, 1913,
pp. 150-161.

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22 Mathieu Engerbeaud

meilleure connaissance du terr


pas pourquoi les Romains n'on
sion où des ennemis vainqueur
fuite des armées romaines à Ve
le réflexe étant généralement
fuite vers Rome, en suivant un
très emprunté94, paraît un chem
que de franchir le Tibre pour s
même les Romains auraient eu
quent que les soldats en fuite d
Rome par le sud. Par ailleurs, le
tuer une entrave fondamentale à l'avancée des Gaulois vers Rome
depuis Crustumerium (fig. 1). De plus, le fait que les Romains n'aient
pas envoyé de renforts ou une expédition pour arrêter les Gaulois
paraît improbable compte-tenu de la stratégie habituellement mise en
place à la suite de défaites géographiquement proches de la ville96. De
surcroît, les alliés des Romains se distinguent par leur absence durant
les événements97, alors qu'ils auraient dû leur porter une assistance
militaire d'urgence après la défaite de l'Allia, laquelle aurait pu suffire
à arrêter ou à dissuader les Gaulois. Ainsi, la fuite des forces armées
romaines vers Veii constitue une explication commode de la tradition
pour faire disparaître les capacités militaires romaines devant les
Gaulois, et ainsi expliquer la réussite de l'expédition de ceux-ci.

93. En effet, à plusieurs reprises les Romains mettent en œuvre un système de défense de la
ville en urgence, durant lequel les citoyens participent collectivement à l'effort (not. Liv. 3.3 ; 3.6 ;
3.8; 4.31 ; DH. 5.44.4 ; 8.22.2).
94. Il s agit du trace de la future ma Sedaria , qui constitue des les epoques hautes un axe de
communication très fréquenté (Stefania Quilici Gigli, La Via Salaria da Roma a Passo Córese , Rome,
Bulzoni, « Passeggiate nel Lazio », n° 3, 1977, p. 5). Plusieurs tronçons de routes parallèles à la
via Salaria, certes plus tardifs, ont été mis à jour entre Crustumerium et Rome pour rejoindre Fidenae
(Lorenzo Quilici, Stefania Quilici Gigli, Crustummum , op. cit. [n. 79], pp. 168, 216, 219). Ces itiné-
raires peuvent être mis en relation avec une allusion de Festus indiquant que des soldats romains
ont pris la fuite après la bataille de l'Allia par des chemins entre la via Salaria et le Tibre, témoi-
gnage d'une tradition divergente de la fuite massive des troupes vers Veii (Festus s.v. Lucaria).
95. Le franchissement du Tibre s effectue generalement a Fidenae , plus au sud, sur ce meme
axe qui mène directement à Rome (fig. 1 ; Stefania Quilici Gigli, La Via Salaria, op. cit. [n. 94],
p. 30 ; Lorenzo Quilici, Stefania Quilici Gigli, Fidenae , Rome, Consiglio nazionale delle ricerche,
« Latium Vêtus », n° 5, 1986, pp. 323-324). La version de Diodore, qui indique que la bataille
s'est déroulée sur la rive droite du Tibre, présente plus de logique en ce qui concerne une fuite
vers Veii (Diod. 14.1 15). Dominique Briquel, La prise de Rome , op. cit. (n. 1), p. 152 accorde plus de
crédit historique à la version de Tite-Live, beaucoup plus précise, qui place le site de la bataille
rive gauche (Liv. 5.37).
96. Le premier réflexe après la défaite est presque toujours d'envoyer des renforts pour
combattre l'ennemi. On l'observe par exemple avec l'envoi de Menenius (Liv. 2.5 1 ; DH. 9.23. 1-8)
contre les Véiens après la défaite du Crémère en 477 et de Centenius après Trasimène en 217
(Pol. 3.86 ; Liv. 22.5-6 ; Fl. 2.6).
97. Józef Wolski, « La prise de Rome par les Celtes », art. cit. (n. 2), p. 40.

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Les guerres contre les Volsques et les Èques 23

Ces récits expliquent et donnent un sens aux événements pour les


Romains mais sont peu recevables historiquement. L'armée romaine
représentée par Tite-Live, où régnent le courage et la discipline, aurait
dû arrêter le raid gaulois d'une manière aussi efficace qu'elle a arrêté
celle des Èques et des Volsques. Les auteurs antiques comprennent
sans doute mal comment la défaite a pu objectivement avoir lieu, et
l'expliquent de manière paradoxale. En effet, l'armée romaine appa-
raît désorganisée devant les Gaulois, alors que la cité est avertie de
l'expédition depuis Clusium , et qu'elle sait répondre à des invasions
surprises des Étrusques ou des Sabins98. Cette contradiction dans les
récits laisse supposer l'existence d'une cause oubliée, en lien avec le
contexte stratégique et militaire, à même d'expliquer cet échec des
Romains.

Les Volsques , les Èques et la bataille de l'Allia

A partir de ces réflexions, trois conditions hypothétiques pour-


raient expliquer le succès de l'expédition gauloise : les Romains ne
seraient pas responsables de l'attaque des Gaulois ; ils se seraient
retrouvés désemparés ; et l'armée romaine n'était pas en mesure de
défendre Rome dans l'urgence. En effet, ces conditions restaureraient
en partie la cohérence du récit, et pourraient expliquer la désorga-
nisation romaine et latine devant les événements - un fait rarement
mentionné par les sources -, et l'impuissance devant l'expédition et
la prise de la ville - un événement inédit. Les Romains auraient pris
conscience tardivement de la menace et auraient été surpris par les
Celtes dont la progression a été rapide". Cet événement a peut-être
conditionné la mémoire de la catastrophe : l'explication de l'arrivée
des Gaulois constituant en effet la priorité des récits, tandis que les
raisons de la défaite de l'Allia demeurent obscures. Ainsi, les Romains
étaient peut-être engagés dans une campagne qui laissait une possi-
bilité aux Celtes d'atteindre Rome, et qui mettait en jeu la sécurité
du Latium. La densité des affrontements dans la zone de l'Algide, en
particulier après la prise de Veii100, pourrait par conséquent fournir

98. Tite-Live et Denys d'Halicarnasse présentent à plusieurs reprises les Romains réagissant
dans l'urgence à de telles invasions : en décrétant un enrôlement massif (DH. 5.45.3 ; 8.22.2 ; Liv.
4.31 ; 6.2, etc.) ou en organisant la défense de la ville (DH. 5.44.4 ; 9.24.1 ; Liv. 3.6 ; 3.8 ; 7.12 ;
8.37, etc.).
99. Tite-Live raconte déjà qu'en 469 les Romains ont été surpris par une invasion des
Sabins venus jusqu'aux portes de Rome, tandis que les consuls étaient retenus par les Èques et les
Volsques (Liv. 2.63).
1 00. Moment qui aboutit sans doute à un retour d'une partie des forces romaines sur le front
de l'Algide.

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24 Mathieu Engerbeaud

une explication à l'échec des Rom


de Velitrae et de Satricum , ment
Celtes, constitue un signe de dé
auquel la République devait pro
prise de la ville peut s'expliquer
de l'armée empêtrée dans le sect
troupes chargées de défendre 1' Vr
parées à affronter une attaque.
pas être séparé de son contexte,
bablement été commanditée par u
mie a pu saisir l'occasion présenté
les Romains pour tenter son cou
tun. La réappropriation des évén
l'Algide des causes de la catastro
retenu certains éléments de ce contexte.
Néanmoins, quelques questions doivent être formulées concernant
l'éventuelle extraction des événements de l'Algide de ce contexte.
Premièrement, certains aspects de cette situation relèvent de ce que
les récits antiques considèrent comme avilissant ou indigne d'eux.
En effet, les Volsques et les Eques sont perçus comme le miroir
inversé des vertus romaines. Ils sont décrits comme ne faisant preuve
d'aucune discipline militaire, et leur attitude à la guerre se résume
souvent à la ruse et à la fuite103. Ainsi, les défaites contre ces peuples
sont perçues comme les plus déshonorantes, et les victoires romaines
sont difficilement valorisables. Les Romains ne leur attribuent d'ail-
leurs aucun désastre d'ampleur104, alors qu'il s'agit des deux peuples
qui leur ont infligé le plus de défaites avant le IIIe siècle105. De plus, si
la mémoire romaine a écarté le souvenir des Eques et des Volsques,
elle ne pouvait en aucun cas mentionner la responsabilité de colons

101. Voir supra n. 93 .


102. L'expédition gauloise a été extraite de son contexte géopolitique à cause du romano-
centrisme des récits littéraires. Cette attaque constituerait en réalité l'une des péripéties de la lutte
pour le contrôle du commerce en mer Tyrrhénienne, opposant le tyran Denys de Syracuse à la
cité étrusque de Caere. Cette cité, voisine et alliée de Rome (Strab. 5.2.3), est la cible d'une attaque
du tyran en 384/383 (Diod. 15. 14 ; Strab. 5.2.8). Ce coup de force a été mis en lien avec l'attaque
de Rome quelques années plus tôt, dont sont probablement responsables des mercenaires gaulois à
la solde de Denys. Voir les études fondamentales de Marta Sordi, I rapport romano-centi , op. cit. (n. 3),
pp. 25-52, et surtout pp. 62-72 ; et de Lorenzo Braccesi, Grecità adriatica. Un capitolo della colonizza-
zione greca in Occidente , Bologne, Pàtron, 1971, pp. 67-85 ; et plus récemment Dominique Briquel,
Le regard des autres. Les origines de Rome vues par ses ennemis (début du IV siècle - début du F siècle av.
Paris, Les Belles Lettres, 1997, pp. 16-19.
103. Liv. 2.62 ; 3.2 ; 3.7 ; 4.37 ; 4.43, etc.
104. Contrairement aux Etrusques (désastre du Crémère en 477), aux Gaulois (prise de
Rome) et aux Samnites (Fourches Caudines en 321).
105. Vingt-quatre au total si on additionne celles infligées par les Eques et les Volsques,
contre seize pour les Étrusques dans leur diversité et douze pour les Samnites.

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Les guerres contre les Vo Isques et les Èques 25

révoltés dans les causes indirectes de la prise de Rome. Diodore a


peut-être utilisé une source alternative106 mentionnant le début de la
révolte de Velitrae avant l'arrivée des Gaulois, ce qui n'a pas figuré
dans la version des annalistes romains. Le fait que Tite-Live ne men-
tionne l'événement qu'une fois la parenthèse gauloise achevée entre
dans un schéma narratif constant en cas de défaite à Rome. En effet,
sa version diverge de celle de Diodore par le fait que la tradition
sur laquelle il s'appuie explique la révolte comme une conséquence
du sac gaulois. L'auteur padouan, reflet de la sélection des événe-
ments opérés à date antérieure, explique la révolte d'une manière
plus honorable pour Rome. En effet, causé par la crise de la uirtus
romaine, l'anéantissement de la rébellion contribue à la résurrection
de la cité, d'autant plus que Camille participe activement à ce mou-
vement de reconquête tout comme il avait résolu la crise gauloise107. Le
modèle de la défaite héroïque, issu de la tradition des Thermopyles,
est connu des Romains, et permet de trouver une voie permettant
d'insister sur les vertus devant l'adversité108. Cette manière d'envisager
la catastrophe, qui constitue un moteur de la reconstruction historio-
graphique, pousse à la constitution d'une mythologie civique autour
de l'événement. La crise étant réécrite comme une épreuve, la vision
de l'événement se limite au microcosme et présente Rome seule res-
ponsable des événements et, surtout, seule apte à les surmonter. Une
partie du contexte politique et militaire se trouve ainsi exclu de fait
des causes de la catastrophe.
Pour conclure, cette enquête a démontré que les Romains et leurs
alliés rencontrent des difficultés importantes dans les guerres qui
les opposent aux Volsques et aux Eques à la veille de la bataille de
l'Allia. L'enjeu principal de ces affrontements demeure le contrôle
de la via Latina , un itinéraire dont la maîtrise assure pour les Romains
la sécurité du Latium vêtus. La perte du contrôle de cet axe par les
Latins se produit progressivement, causée dans un premier temps par
la progression des Volsques et des Eques, et dans un second temps
par la révolte des colonies. Ce renversement peut constituer une des
causes du succès des Celtes, les Romains étant engagés avec leurs alliés
dans des opérations militaires se déroulant à l'est et au sud du Latium.
Les causes de l'échec des Romains ne peuvent pas être dissociées de

106. Sur les hypothèses concernant les sources de Diodore sur le sac de Rome depuis
Mommsen, voir Józef Wolski, « La prise de Rome par les Celtes », art. cit. (n. 2), pp. 25-26.
107. Cet aspect renforce l'idée du caractère artificiel du récit de la guerre de Velitrae chez
Tite-Live.
108. Plusieurs épisodes militaires des guerres romaines s'inspirent des Thermopyles,
s'appuyant sur le nombre de trois cents ou sur l'adversité, et constituent des défaites valorisées
(Fabii au Crémère en 477, contre Tarquinia en 358 : Liv. 7.15 ; et durant la première guerre
punique : Fl. 2.2 ; Vict., ///., 39).

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26 Mathieu Engerbeaud

ce contexte militaire et stratég


d'une expédition gauloise comm
La prise de Rome par les Gaulo
propriation mémorielle. Après
les récits antiques de la catastr
cation qui ne met pas en cause
ayant conduit au désastre, jugé
écartés par la mémoire : il étai
les Volsques aient joué un rôle in
tout que des colons latins ou rom
cessus. Ainsi, la situation militai
peut-être une donnée à prendr
causes complexes de la défaite

Fig. 1 : Le front des Èques et des Vol

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28 Mathieu Engerbeaud

Mathieu Engerbeaud est agrégé d


l'université de Poitiers. Il prépare ac
« Rome devant la défaite à l'époque
sous la direction de Nicolas Tran et d

Résumé :

La catastrophe gauloise, survenue à Rome au début du IVe siècle avant J.-C, a été
détachée de son contexte militaire et politique par une réappropriation mémorielle
tardive. Les témoignages littéraires omettent une partie des origines stratégiques et
tactiques du désastre de l'Allia, et l'expliquent à l'aide de récits faisant entrer cet épi-
sode dans la mythologie civique. Or, les récits de Diodore de Sicile et deTite-Live
retracent une partie du contexte militaire de l'événement. En effet, le conflit qui
oppose les Romains aux Volsques et aux Èques dans la région de l'Algide présente
des signes d'évolution de nature à mettre en péril la position latine dans la région.
Cette pression a peut-être suffisamment perturbé l'organisation militaire et poli-
tique romaine, ce qui constituerait une explication supplémentaire au désordre des
Romains rencontré devant l'expédition gauloise.

Mots clés : ve-iv® siècles avant J.-C. - Latium - Volsques et Èques - Algide - Prise
de Rome par les Gaulois - Bataille de l'Allia

Abstract:

The wars against the Volsci and Aequi , a forgotten reason of the Gallic sack o
Rome?

The Gallic disaster, which happened in Rome in the early 4th century BC, is a his-
toric event which was maybe extracted from a part of its military and political context
by a late memory reappropriation. Ancient literary evidences omit some of the tacti-
cal and strategical origins of the disaster of the Allia, and explain it by using fables
assiging this episode to civic mythology. But the stories of Diodorus and Livy show
probably a part of the military context of the event. Indeed, the conflict between
the Romans and the Volsci and Aequi escalates during this period and increases the
Roman difficulties, in a region that was probably not so controlled as the texts sug-
gest. This pressure perturbed maybe enough the Roman military and political organi-
zation to bring an additional explanation to the disorder of the Romans met in front
of the Gallic expedition.

Keywords: 5th -4th centuries BC - Latium - Volsci and Aequi - Algidus - Gallic sack
of Rome (390) - Battle of the Allia

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