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L’endossement de la lettre de change

La lettre de change doit pouvoir circuler rapidement et offrir la plus grande sécurité possible au porteur. De là deux
régimes de transmission : L’endossement translatif (section 1), et l’endossement non translatif (section 2).

Section 1 : L’endossement translatif


C’est l’endossement fréquemment utilisé et qui permet de transmettre les droits attachés à la lettre de change. Il
convient d’analyser successivement ces conditions (paragraphe 1), et ces effets (paragraphe 2).

I- les conditions de l’endossement translatif


Il importe de voir les conditions de forme et les conditions de fonds.

A- Les conditions de forme :


Selon l’article 167 du code de commerce, l’endossement peut revêtir (‫ )ﯾﺘﺨﺬ‬trois formes : nominatif, en blanc, au
porteur.
1- l’endossement nominatif :
C’est la formule d’endossement la plus complète, elle désigne l’endossataire, la signature de l’endosseur est
indispensable. L’endossement nominatif est inscrit sur le dos du titre, la formule est apposée (‫ )ﺗﺜﺒﯿﺖ‬sur une feuille
que l’on y attache, dénommée allonge (article 167 alinéa 7).
2- l’endossement en blanc
Il consiste soit en une formule n’indiquant pas le nom de l’endossataire signée par l’endosseur, soit simplement en
cette signature.
La validité de l’endossement en blanc est consacrée par le dernier alinéa de l’article 167.
Le porteur du titre peut remplir le blanc de son nom ou du nom d’un autre personne à qui il veut transférer l’effet,
ou l’endosser de nouveau en blanc ou à une autre personne (art 168 du code de commerce).
Si le porteur appose (‫ )ﺑﺘﻮﻗﯿﻊ‬sa signature, il devient garant de son paiement et de son acceptation.
3- l’endossement au porteur
La lettre de change ne peut pas être sous la forme d’un titre au porteur, mais d’après l’article (167 alinéa 6), la
lettre de change peut être endossée au porteur, dans ce cas, il a la même valeur que l’endossement en blanc.
​4- la clause à ordre
La lettre de change est, par sa nature même, transmissible par endossement. Mais elle peut contenir la clause « non
à ordre » ou une expression équivalente. Dans ce cas, l’endossement est impossible.

​5- la date de l’endossement


L’indication de la date de l’endossement n’est obligatoire, mais elle utile, permettant de vérifier la capacité el les
pouvoirs de l’endosseur. Le faux date est punissable des peines édictées à l’article 357 du code pénal.

B- les conditions de fonds


Elles concernent l’endosseur et l’endossataire.
1- les conditions de l’endosseur
​a- Le porteur légitime :​ le porteur c’est celui dont le nom figure sur le titre à la dernière place. L’art 170 alinéa 1
dispose que le détenteur d’une lettre de change est considéré comme porteur légitime s’il justifie de son droit par
une suite ininterrompue d’endossements, même si le dernier endossement est en blanc. Les endossements biffés (
‫ )اﻟﻤﺸﻄﻮﺑﺔ‬sont réputés non écrits.
b- la capacité et le pouvoir :​ L’endossement n’exige pas seulement la capacité de disposer mais aussi de s’obliger
commercialement puisque l’endosseur garantit le paiement de la traite. Lorsque l’endosseur agit pour un tiers
comme mandataire ou représentant d’une personne morale, il doit avoir des pouvoirs suffisants.
c- Le consentement :​ Il s’exprime par la signature, élément indispensable de l’endossement. Le vice du
consentement est considéré comme une exception inopposable à un porteur de bonne foi et entache (‫ )ﯾﺸﻮب‬la
transmission de l’effet d’une nullité dans les rapports entre l’endosseur et l’endossataire car dans ces rapports les
principes du droit des obligations ne sont pas mis en échec par le mécanisme cambiaire. L’opposabilité des
exceptions a caractère personnel, est maintenue par l’article 171 du CC.
d- l’époque de l’endossement :​ l’endossement possible après l’échéance jusqu’au protêt (‫ )اﻻﺣﺘﺠﺎج‬faute de paiement,
ou à l’expiration du délai fixé pour dresser protêt : après ce délai ; il ne produit plus que les effets d’une cession
ordinaire.
e- Interdiction d’un nouvel endossement :​ L’endosseur peut interdire au preneur de la LC de faire un nouvelle
endossement. Cette clause n’empêche pas le preneur d’endosser la lettre, mais le stipulant (‫ )اﻟﺠﻬﺔ اﻟﻤﺸﺮﻓﺔ‬n’est pas
tenu à la garantie envers les personnes auxquelles la lettre est ultérieurement endossée.
2-Les conditions de l’endossataire
L’endossataire ne contracte pas d’engagement cambiaire. Il donc pas nécessaire qu’il ait la capacité commerciale,
cependant l’article 167 alinéa 3 a prévu le cas où il serait fait au profit d’un signataire antérieur qui peut l’endosser
de nouveau, trois situations :
● Si l’endossement est fait au tireur : la lettre qui lui a été endossé conserve sa pleine valeur et continuer à
circuler
● Si l’endossement est fait au tiré : le tiré peut remettre la traite en circulation, il peut y avoir d’intérêt car il
n’est donc tenu de payer qu’à l’échéance
● Si l’endossement est fait à un précédent porteur : la chaîne revient sur elle-même.

II- les effets de l’endossement translatif


L’endossement translatif a pour effet de transmettre les droits attachés à la lettre de change, il convient de voir
successivement les droits du nouveau porteur, les garanties solidaires des endosseurs, et l’inopposabilité des
exceptions (‫)ﻋﺪم إﻣﻜﺎﻧﯿﺔ اﻻﺳﺘﺜﻨﺎء ﻣﻦ اﻻﺳﺘﺜﻨﺎءات‬.

A- les droits du nouveau porteur


Aux termes de l’article 168 alinéa 1​er​ du CC « l’endossement transmet tous les droits résultant de la lettre de change », il
s’agit des droits cambiaires : droit de demander l’acceptation et paiement, droit d’endosser le titre.
Selon l'article 166 alinéa 4 du CC « la propriété de la provision est transmise de droit aux porteurs successifs de la lettre de
change ».
Cette disposition présente un intérêt évident pour le porteur au cas de liquidation judiciaire du tireur d’une lettre de change
non acceptée
Il est aussi admis que l’endossement emporte transmission à l’endossataire des suretés (‫ )اﻷوراق اﻟﻤﺎﻟﯿﺔ‬qui ont été
spécialement constitues pour garantir le paiement de la lettre de change considérée (article 362 alinéa 1).

B- la garantie solidaire des endosseurs


Comme la garantie due par un endosseur (article 169), cela ne fait pas disparaître celle des endosseurs antérieurs. L’art 201
établit une solidarité entre tous les signataires selon 3 cas :
● Si l’effet est endossé au profit d’une personne déjà obligé cambiairement, la garantie découlant de
l’endossement est à combiner avec celle dont est tenue l’endossataire.
● L’endosseur à qui l’effet a été transmis par un nouvel endosseur ne peut prétendre à de la part de son
endosseur et de tous les endosseurs qui ont souscrit l’effet après lui dont il est garant. Sa situation et la
même que celle du tireur.
● Le tiré accepteur bénéficiaire d’un endossement ne dispose de ce cas d’aucun recours en garantie, étant le
principal débiteur de la LC. Le tiré non accepteur, non tenu cambiairement, se trouve au contraire dans la
situation d’un endossataire ordinaire.
L’obligation qui pèse sur l’endosseur est moins rigoureuse que celle du tireur. L’endosseur peut s’exonérer de
l’acceptation et de paiement s’il avait une clause de non-garantie dans la LC et aussi la clause de non
endossement a pour effet de supprimer la garantie de l’endosseur envers les personnes auxquelles la lettre
serait ultérieurement endossée.

C- l’inopposabilité des exceptions


1- le principe
Le droit de change décide que la personne tenue du paiement de la LC ne peut opposer au porteur toutes les
exceptions qu’elle aurait pu opposer au tireur ou aux porteurs antérieurs. Cette règle est indispensable à la
circulation de la LC. Pour que le porteur ne soit pas exposé à un refus de paiement il est nécessaire qu’à chaque
émission s’opère une purge des exceptions.
2- les applications
Le porté du principe posé par l’article 171 du CC est très large, les exemples d’application sont nombreux et il n’est
pas sans intérêt d’indiquer quels en sont les principaux types.
● Purge des exceptions à raison de la nullité du rapport fondamental. (Cause de nullité)
● Purge des exceptions fondées sur un vice non apparent de l’obligation cambiaire. (Dol vice du
consentement)
● Purge des exceptions à raison de l’extinction du rapport fondamental
3- les dérogations
Le principe est celui de l’inopposabilité ; ne sont opposable à tout porteur qu’un nombre restreint d’exceptions :
● L’exception tirée d’un vice apparent de la lettre de change (la nullité résultant de l’omission d’une mention
obligatoire, dénomination de la LC, désignation du bénéficiaire)
● L’exception tirée des clauses facultatives insérées dans la lettre de change (clause de non-garantie de
l’acceptation par le tireur)
● L’exception fondée sur certains vices non apparents (absence de consentement)

Sections 2 : l’endossement non translatif


La loi permet deux sortes de cet endossement : l’endossement à titre de procuration, et l’endossement à titre de
gage ou pignoratif (‫)ﺧﯿﺎر اﻻﺳﺘﺮداد‬

I- l’endossement de procuration
A- les caractéristiques de l’endossement par procuration
Il vise à charger le nouveau porteur de pourvoir comme simple mandataire de l’endosseur à l’encaissement de la
traite (article 172 alinéa 1), il s’exprime par la mention « valeur en recouvrement » ou « pour encaissement » ou
« par procuration ».

B- les droits et les obligations du mandataire


Le mandataire de l’endosseur est tenu de faire tout ce qui est nécessaire pour la mise en œuvre des droits attachés à
la lettre de change (article 172 alinéa 1) : présentation au paiement à bonne date, le cas échéant, protêt, exercice
des recours cambiaires.
Son mandat ne prend pas fin par le décès du mandant ou la survenance de son incapacité (article 172 alinéa 3)

II- l’endossement pignoratif ou à titre de garantie


La lettre de change peut être utilisée par le porteur pour la garantie d’une créance au moyen d’un nantissement
(article 172 alinéa 4 et 5), il y a lieu de voir la forme de cet endossement et les garanties du créancier gagiste.

A- la forme de l’endossement pignoratif


Sur le plan de la forme, l’endossement pignoratif est soumis à la même condition que l’endossement translatif.
La différence concerne le libellé de la formule de l’endossement. D’après l’article 172 alinéa 4 l’endossement a titre
de gage est réalisé en principe par l’insertion de la formule de l’endos de la mention : « valeur en garantie, valeur en
gage, ou de toute autre mention impliquant un nantissement.

B- les droits du créancier gagiste


Les principaux droits reconnus par la loi au créancier gagiste :
● Il exerce les droits du appartiennent au porteur. Il doit donc à l’échéance recouvrer le montant de l’effet. Il
peut endosser l’effet, mais cet endossement ne vaut que comme procuration.
● Il peut se prévaloir du principe de l’inopposabilité des exceptions, puisqu’il tient son droit de la possession
du titre.
● Il a le droit de réaliser le gage s’il n’est pas remboursé à l’échéance.

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