Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Dialogue Entre La France, Le Monde Et Robert Owen, Sur La Nécessité D'un Changement Total Dans Nos Systèmes D'éducation (... )
Dialogue Entre La France, Le Monde Et Robert Owen, Sur La Nécessité D'un Changement Total Dans Nos Systèmes D'éducation (... )
tNTRE
$va.
tus
PARIS,
IMPRIMERIE CENTRALE DE NAPOLEON CIIA1X ET C%
Hue Bergère, 8, pri-s le bôulerart Montmartre. --- -
2S48
DIALOGUE
ixînr.
Sl'll
O'ÉOUCATION ET DE GOUVERNEMENT.
.
sociétés doivent être entièrement et pour toujours abandon-
nées; j'ajouterai maintenant que toutes les complications,
toutes les institutions inventées pour soutenir ces erreurs,
parce qu'elles étaient nécessaires, doivent être remplacées par
un arrangement tout nouveau
w- 14 -
des choses de la vie, d'accord
avec les lois imprescriptibles de l'humanité, lois encore au^
jourd'hui les mômes qu'au moment où l'homme fut créé, et
desquelles, par conséquent, la vérité se démontre sans au-
cune difficulté. -*.; ;
->*
votre propre bonheur :ct avec celui des autres. Comme vous
ne formez pas vous-mêmes vos'opinions, Vos sentimeritsV
vos crpyances et vos doutes, il est parfaitement dérâisonria-
blêvje vous le répète, de rendre vosenfauls rcsponsablesfdc
quoi que ce soit de ce qu'ils font, "s- =
.
LA FRANCE ET LE MONDE. Quoi! nous n'avons aucun mé^
rite ^ croire là vérité, à être fidèles à nos chères, à nos sacrées,
à nos divines opinions! C*est une insulte que vous nous dites,
c'est un outrage que vous nous faites là.-
RopERT QWEM. Patience, bonnes mais irritables personnes
que vous êtes ; je vous ferai Voir bientôt que je suis votre
meilleur ami. Dites-inoi d'abord avec calme quelles sont ces
chères, cessaçrées, ces divines opinions que, vous avez été
instruits à croire si vraies. Vous me direz ensuite à quoi elles
vous ont servie :;.- v .-, - ' y -- ' b r '-î'-
LA FRANCE. Ce sont les opinions que le monde entier
connaît, et; maintient sur la religion;, la politique, le com-
merce, l'éducation, le. gouvernement, toute chose enfin: j'ai
seule raison; tous ceux qui ne pensent pas comme moi se
- 17
—
trompent grossièrement, et, permettez-moi de vous l'ajou-
ter, méritent d'être anéantis. Vous foulez savoir à quoi ces
opinions m*ont servi? A me faire ce que je suis. Ce n'est pas
peu dire.- = - ?
ROBERT OWEN au MONDE. Que dites-vous, Monde, de cette
confiance de la France que ses opinions sont les seules vraies?
LE MONDE. Il n'y a pas le moindre doute, la France se
trompe. Mais elle est un peu mauvaise tête, et pour le mo-
ment fort irritée. Laissez-lui );e temps de la réflexion ; elle
reviendra à de meilleurs sentiments, et nous la trouverons
non-seulement raisonnable, mais encore généreuse et douce
pour tous ceux qui ne pensent pas comme, elle.
ROBERT OWEN au MONDE. Vous dites que la France se
,
trompe. Pourquoi dites-vous cela? ^
LE MONDE. Parce que tous les autres enfants que j'ai sur
la surface de la terre diffèrent d'elle et sont pourtant tout
aussi consciencieux qu'elle; mais tous sont tellement opposés
l'un à l'autre, que j'ai toujours été fort embarrassé de savoû 1
dans l'erreur sur ce point connue sur toutes les autres ques*
21
— —
lions qui se rattachent aux lois de l'humanité. Ces lois sont
que l'homme doit.avoir de l'éloignemenf pour ce qui ne con-
vient pas à son être ou à son organisation individuelle, du
penchant au contraire pour ce qui leur convient; que par
conséquent il n'y a pas plus de mérite ou de démérite dans
le goût ou dans le dégoût, duns l'amour ou dans la haine,
que; dans la croyance ou dans la défiance, dans la beauté ou
dans la laideur..L'opinion contraire et ses conséquences pra-
tiqués ont produit entre les deux sexes des maux et des cri-
mes, des déceptions et des jalousies, des maladies et des
meurtres innombrables; mais la vérité une fois connue et
admise, la société une fois arrangée d'après les grands et
éternels principes de l'humanité, d'après les lois de la nature
et de Dieu; les hommes devenus vertueux, intelligents et unis,
d'ignorants, pauvres et désunis qu'ils sont, arriveront heUr
reux et bien portants à un âge avancé, auquel ils cesseront
de vivre sans peine et sans regrets. L'anxiété et l'injure étant
inconnues à ces êtres formés et placés conformément à: la
raison, l'époque de leur mort sera probablement entre 140 et
150 ans.'
LA FRANCE ET LE MONDÉ. Sùreriicnt, vous ne pouvez pas
être sérieux dans ce que vous venez de nous dire là? N'est-ce
pas un rêve de votre imagination?
ROBERT OWEN. Non ; mes amis. Ce sont des paroles de
vérité; c'est le fruit de lectures longues et variées, de médi-
tations personnelles et confidentielles pendant plus d'un
demi-sièclé avec les principaux hommes d'État de l'Europe
et de l'Amérique, avec les esprits qui se sont le plus occupés
des choses de la vie, avec les philosophes les plus expéri-
mentés de l'Europe et de l'Asie, Pour me fortifier dans la
croyance que les principes dont je nie fais l'organe sont vrais
et inaltérables dans la pratique, je n'ai pas seulement leurs
déclarations, aussi avancées qu'elles pouvaient l'être avec
l'état des connaissances humaines actuelles, j'ai des raisons
de conviction plus fortes encore, et d'après elles, je ne crois
pas seulement, je sais que ces principes sont éternels, inatta-
quables, soit par arguments, soit par faits, et qu'ils peuvent
être appliqués à tous les êtres qui habitent maintenant la
terre, pourvu que ceux-ci acquièrent un peu de raison.
:
LA FRANCE ET LE MONDE. Voilà un langage bien fort et
bien peu favor^Mc aux sentiments comme aux préjugés
(puisque, préjugés il y a) de chacun de nos enfants. Ils ne
vous écouteront pas ; ils vous traiteront plus que jamais de
rêveur et de visionnaire; hVcourront après vous,îvous injiw
rieront, vous calomriîeront, vous donneront des noms abo-
minables; ils vous feront plus noir que le diable y et ne
voudront pas croire un seul mot de vos doctrines; ils sont
prévenus, contre vous et vos nouveautés. Que pouvez-vous y
faire? .= : ,--. .-.•;.- ;;?,- " .••
-:^-.;;!.-j y-yi >
. - , ...
ROBERT OWENÏ Ils ont été depuis leur naissance, si; mal
.
i :
soignés, au moral commo.au physique, qu'il faut une grande
douceurf pour; les: préparer à recevoir une riiédecine mentale
qui leur rende un peu de raison. Ils m'injurieront, dites:V0us.
De quelle conséquence cela peût-il être? une injure n'est pas
un argument*; Ils ne me croiront pas? Pauvres, créatures
trompées, ils ne savent pas que ce qu'ils croient m, dépend
d'eux en aucune manière. Je ne leur ferai croire,.moi, que
des chosesidont chaque instant démontre l'exactitude. Ils
ne m'êcoûterontpas? Je leur sonnerai si haut la vérité, qu'ils
ne pourront s'empêcher.de m'enténdre. Le premier son de
ma trompette a déjà retenti en Europe et, en Amérique. On
m*y a répondu : Association, liberté, égalité, fraternité. Mais
ce sont encore des mots vagues, peu compris par tous, craints
par beaucoup parce qu'ils rie sont pas, compris i Je vais en
sonner de nouveau pour, préparer à m'enténdre; puis je dirai
comment cette association est raisonnable; comment la liberté
-l'égalité-
23
peut ètro réelle; comment est vraie et juste, et ce qu'il
faut pour créer entre vos enfants une fraternité si universelle
telle, qu'ils vivent ensemble comme une famille de frères et
de soeurs, où le plus vif désir, la plus grande jouissance de
chacun serait de faire le bien de tous.
LA FRANCE ET LE MONDE. NOUS sommés confondus de ce
discours, et nous ne savons qu'en penser. Mais supposons
que les principes que vous dites vrais soieiit en effet lés lois
éternelles et immuables de la nature, comrnent les'àppli-
querez-vous à une génération élevée dans des opinions tou-
tes contraires et des habitudes plus contraires encore ?
ROBERT OWEN. Mes amis, j'ai été un hominë d'action de
fort bonne heure. Je suis familiarisé avec la théorie et la
pratique du commerce de gros et de détail, avec la fabrica-
tion de beaucoup de machines curieuses, avec la confection
en grand d'habillements de toute sorte. J'ai été négociant
exportateur," agriculteur théoricien et pratique; je suis in-
venteur en fait d'éducation, et manufacturier assez expéri-
menté en fait de caractères humains. Les idées les plus in-
times des princes, des hommes d'Etat et des philosophes, le
but des économistes politiques, les professions civiles et mi-
litaires, les commerçants, les banquiers et leurs opérations,
tout m'est connu, tous sont pour moi un spectacle ; et je rie
vois dans chacun et dans tous, quelles qUe soient leurs diffé-
rentes carrières, qu'un seul et même système auquel tous
ont été dressés : vendre ses services le plus cher possible aux
autres; acheter les services des autres le moins cher possi-
ble. C'est par ce système qu'ils se sont tous faits bas, trom-
peurs, pleins d'artifices, et que vos sociétés ont été construi-
tes et divisées de manière à faire de tous vos enfants autant
de victimes, à les rendre forcément déraisonnables, oppres-
seurs ou opprimés, et à priver depuis le premier jusqu'au
dernier de son droit naturel à la liberté, à la perfectibilité et
au bonheur.
-Comment
u —
LA FRANCE ET LE MONDE. vous proposez^ pus de
changer cet état de confusion où se trouvent le MONDE et la
FRANCE?
; ; , ;
ROBERT OWEN; .
C'est cette question-là qui occupe en ce
moment tous les meilleurs et les plus.lucides esprits du
monde civilisé. Je vais vous en donner la solution qui me pa-
rait la plus aisée, la plus économique, la plus pcompte et la
meilleure.- Par elle l'univers changerait pacifiquement de
face sans dommage pour personne et au grand avarilage.de
tOUS... y-., ; :. - ..- --. ;.y V -,-.-,. ..,,.-•-, - -.<
,
LA FRANCE ET LE MONDE. C'est là ce que tous enfants
mes
brûlent de savoir.
LA FRANCE.
x
; :
. .; ,,
Les miens surtout, à, présent qu'une assemblée
. s . v
;
nationale est près de se. réunir pour, décider la formejiotivelle
de gouvernement et le plus sage emploi possible .de toute la
population., --y-: '•»
-- ,,....-; i: ...
ROBERT OWEN. Je conseille au Gouvernement provièpire
;
;."r.. ,."
.
LA; FRANCE ET LE MONDE: Mais la formation et le gouver-
.
nement de ces commîmes no scrâicnl-ils pas difficiles., peut-
être môme impraticables ?
-- ;*'.} —
ROBERT OWEN. SOUS le système de mensonge et de fraude,
qui ne s'est soutenu un peu de temps que par la force et la
peur, qui écrase encore les classes laborieuses en Angleterre
et en Irlande, et qui, heureusement pour vos enfants, est au-
jourd'hui renversé il eût été non-seulement difficile, mais
,
impossible de fonder de pareilles communes. Mais sous le
nouveau système de société que je propose à votre adoption,
elles seront faciles à fonder, à mesure que, paisiblement et
successivement, l'ancien système sera abandonné.Bien plus,
tous vos enfants y concourront avec ardeur, dès qu'ils y
verront un moyen sûr d'être raisonnables et heureux.
LA FRANCE ET LE MONDE. NOUS ne comprenons pas encore
tout à fait sur quoi.vous fondez votre confiance dans le
succès d'un système dont on n'a jamais essayé, et auquel
s'opposent tant de préjugés. Donnez-nous le secret de cette
expectative de bonheur non-seulement pour quelques-uns,
mais pour tous.
:, ..
Volontiers. ,
ROBERT OWEN. Votre instruction préparera
celle de vos enfants. Le secret? c'est que nous avons aujour-
d'hui les connaissances nécessaires : 1» pour produire sans
fatigue plus de richesses qu'il n'en faut à tous les besoins
d'une société devenue raisonnable; 2° pour créer un signe
circulant, juste, expédient et converiable qui puisse augmenter
à mesure que la richesse augmente et diminuer avec elle, et
conserver une valeur invariable, c'e&t-à-dire remplir les vraies
conditions d'une sage et raisonnable monnaie ; 3° pour doniicr
à toute la race humaine un caractère bon et élevé, en la pla-
çant dès la naissance au milieu de circonstances favorables:
•i° pour créer par d'habiles combinaisons ces circonstances
favorables, à l'exclusion des mauvaises, dans toutes les na-
tions du monde, et pour faire concourir ces nations, dans une
union cordiale et raisonnable, à raceomplisscment.de grands
actes, "d'un intérêt national et général. C'est enfin que le.
-
— ,'iO
Secdon 3. . ,
Scclion 4t - •
-
.
"' ' 7?,,"" '"' *• -J'.^60*! 0"1 :s*. :.,'-' _", /;, ',
- .
13. Chacun aura la plus entière liberté de laisser parler
.
sa conscience sur la religion comme sur tout autre sujet.
14. Nul no contrôlera autrement que par, la discussibri les
opinions et Ja croyance d'autrui. ,•-."".=
. .
15, Point de louange, ni de blâmé, de mérite, ni dé démo-
- 34 —
rite, de récompense, ni de châtiment, à propos de croyances
ou d'opinions. ; !
=
Section "il".-"' *-- "7.-""-,.-.-
.
--...-.; Section V.
l "