FIRE

MIDDLE EAST
NUMÉRO SPÉCIAL

LA MOUSSE EXTINCTRICE
Dans ce numéro, nous allons étudier en détail la mousse extinctrice.
Rédigé par Dave Pelton de Solberg

QU'EST-CE QUE LA MOUSSE EXTINCTRICE ? LA MOUSSE DE CLASSE A

La norme 11 de la National Fire Protection Association (NFPA),
« Standard for Low, Medium and High Expansion Foam », définit
la mousse extinctrice comme «...un agrégat de bulles remplies d'air
formées à partir d'une solution aqueuse et dont la densité est inférieure
à celle des liquides inflammables. Elle est utilisée principalement pour
former une couche flottante cohésive sur des liquides inflammables
et combustibles et elle prévient ou éteint le feu en isolant l'air et
en refroidissant le combustible. Elle permet également d'éviter la
réinflammation en empêchant la formation de vapeurs inflammables.
Elle possède la propriété d'adhérer aux surfaces, ce qui offre un degré de
protection contre l'exposition aux feux adjacents. »
Plus simplement, la mousse est utilisée pour la lutte active contre
l'incendie et peut éteindre les feux de liquides inflammables ou
combustibles de quatre façons différentes :
n elle sépare les flammes de la surface du combustible
n elle retarde l'émission de vapeurs de la surface du combustible
n elle refroidit la surface du combustible et toute surface métallique
avoisinante
n elle isole l'oxygène des vapeurs inflammables
COMMENT LA MOUSSE EST-ELLE FABIRQUÉE ?
La mousse dans son état final est un mélange d'émulseur, d'eau et
d'air. Lorsque ces trois composants sont réunis dans les proportions
adéquates et mélangés, cela produit de la mousse. Pour être efficace, la
mousse doit contenir le bon mélange de caractéristiques physiques :
n Vitesse d'étouffement – ceci se réfère au temps nécessaire pour que
la couche de mousse se répande sur la surface d'un combustible ou
autour des obstacles afin d'obtenir une extinction complète
n Résistance à la chaleur – la mousse doit résister aux effets de la
chaleur de tout feu persistant provenant des vapeurs inflammables du
liquide ou d'objets chauds
n Résistance au combustible – une mousse efficace minimise le mélange
avec le combustible afin de ne pas être contaminée et de ne pas brûler
n Élimination des vapeurs – une couche étanche à la vapeur doit être
capable d'étouffer les vapeurs inflammables et de minimiser le risque
de réinflammation
n Résistance à l'alcool – les couches de mousse sont composées de plus
de 90 % d'eau. Ainsi, les couches de mousse non résistantes à l'alcool
de dureront pas très longtemps
Développée au milieu des années 80, la mousse de classe A était
principalement utilisée pour les feux de forêts puis sa popularité a
augmenté au cours des années 90 et elle a commencé à être utilisée pour
les incendies de bâtiments.
Les feux de classe A incluent les matériaux combustibles ordinaires
tels que le papier, le tissu, le bois et les plastiques. Ce type de
combustibles requièrent l'effet d'absorption de chaleur (refroidissement)
de l'eau ou de solutions contenant de l'eau. Il existe deux types de feux
de classe A : la combustion vive avec flammes impliquant des gaz qui
résultent de la décomposition thermique du combustible. Les feux
en profondeur ou les braises incandescentes. Ce type représente la
combustion à l'intérieur de la masse du combustible et a un taux lent de
perte de chaleur et de réaction entre l'oxygène et le combustible.
n nettoyage du terrain (mop-up) : 0,25 %
n suppression initiale : 0,5 %
n effet coupe-feu : 0,75 %
n protection : 1,0 %
Remarque : le taux minimum de mélange pour d'autres types de
feux de classe A est de 0,1 %.
La mousse de classe A étant conçue à partie d'un émulseur
synthétique, elle s'applique à des concentrations faibles allant de 0,1 % à
1,0 %. Les principaux mécanismes d'extinction sont le refroidissement
et le mouillage. L'utilisation de mousse de classe A rend l'eau « plus
mouillée », ce qui, en moyenne, multiplie par dix son efficacité.
Ces taux d'application font de la mousse de classe A une solution
peu onéreuse puisque de plus petites quantités d'émulseur peuvent
être utilisées pour concevoir une mousse efficace. De plus, elle est
biodégradable et non toxique, donc respectueuse de l'environnement.
La mousse de classe A peut être projetée via de nombreux équipements
fixes et mobiles tels que les sacs à dos de pompiers, les appareils pour les
feux de forêts ou encore les aéronefs à ailes fixes ou à voilure tournante.

CLASSES ET TYPES DE MOUSSES

Chaque type de mousse extinctrice a des applications différentes,
de la lutte contre les feux de forêts et de bâtiments aux applications
industrielles à haut risque dans les secteurs suivants : aviation,
chimie, défense, énergie, marine, exploitation minière, pétrole et gaz,
pétrochimie, pharmaceutique, pipelines, solvants et revêtements. Les
mousses extinctrices sont divisées en deux catégories : classe A et
classe B.
Des techniciens réalisent un essai de résistance à la réinflammation

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Nettoyage de la mousse de classe A après un feu de forêt
Dans un futur proche, l'utilisation et l'application de la mousse de
classe A connaîtront certainement des progrès technologiques. Pour citer
un exemple actuel, les dernières générations de systèmes d'induction avec
buse aspirante et de systèmes CAFS (mousse à air comprimé) sont plus
fiables que les modèles des générations précédentes.
LA MOUSSE DE CLASSE B
Il existe plusieurs type de mousses de classe B. Chaque émulseur est
conçu pour une application spécifique. Certaines mousses extinctrices
sont épaisses et forment un tapis lourd et résistant à la chaleur sur une
surface de liquide en flammes. D'autres mousses sont plus fines et se
répandent ainsi plus rapidement sur la surface du combustible. D'autres
mousses encore génèrent un film qui étouffe les vapeurs à la surface
du combustible. D'autres types encore, tels que les mousses à moyen
et haut foisonnement, peuvent être utilisés dans des applications qui
requièrent de grands volumes pour noyer des surfaces et remplir des
cavités dans la zone à risque.
LES MOUSSES CHIMIQUES
Ces mousses sont produites par la réaction chimique qui a lieu lorsque
deux produits chimiques, le sulfate d'aluminium et le bicarbonate de
sodium, sont mélangés. L'énergie nécessaire à la création des bulles de
mousse provient de la réaction entre ces deux produits chimiques. Ce
type de mousse est obsolète.
LES MOUSSES PROTÉINIQUES
Les mousses protéiniques sont fabriquées avec des sources naturelles de
protéines telles que les sabots, la farine de corne ou la farine de plumes.
Elles sont destinées à être utilisées uniquement sur les hydrocarbures.
En général, les mousses produites à partir d'émulseurs protéiniques
ont une bonne stabilité thermique et une bonne résistance à la
réinflammation. Elles doivent avoir une bonne aspiration et ne doivent
pas être utilisées avec des lances brouillard sans aspiration d'air. Ces
mousses ne sont généralement pas aussi mobiles ou fluides sur la surface
du combustible que d'autres types de mousses bas foisonnement. Les
mousses protéiniques sont susceptibles de se mélanger au combustible.
Il faut donc faire attention à minimiser la tendance de la mousse à
s'immerger dans le combustible.
LES MOUSSES SYNTHÉTIQUES
Ce type d'émulseur est basé sur un mélange de tensioactifs et de solvants
qui contiennent ou ne contiennent pas de tensioactifs fluorés et de
polymères fluorés. Ces émulseurs peuvent ou non former un film ou une
membrane sur la surface du combustible, en fonction de l'émulseur et du
combustible à protéger.
LES MOUSSES FLUOROPROTÉINIQUES
Les mousses fluoroprotéiniques sont un dérivé des mousses
protéiniques. Elles contiennent des tensioactifs fluorés. Elles sont
destinées à être utilisées sur les hydrocarbures et certains combustibles
oxygénés. Elles doivent avoir une bonne aspiration et ne doivent pas être
utilisées avec des lances brouillard sans aspiration d'air.
POURQUOI UTILISER DE LA MOUSSE ?
Les feux de classe B incluent les gaz ou les liquides inflammables ou
combustibles. L'extinction se produit normalement par le biais de
l'isolation (l'élimination) de l'oxygène, ce qui interrompt la réaction
en chaîne de la combustion, ou par le fait que la mousse empêche la
libération des vapeurs combustibles. Les liquides de classe B sont soit
hydrosolubles (ils se mélangent à l'eau), comme les solvants polaires,
soit insolubles dans l'eau (ils ne se mélangent pas à l'eau), comme les
hydrocarbures. Pour les combustibles hydrosolubles, il est nécessaire
d'utiliser des émulseurs spécifiques résistants à l'alcool qui ne se
mélangent pas avec le combustible. De nombreux agents extincteurs
sont efficaces sur les liquides inflammables ou combustibles. Cependant,
la mousse est le seul agent extincteur capable d'éliminer les vapeurs et de
fournir une preuve visible de la rétention. Les raisons principales pour
utiliser de la mousse extinctrice sont les suivantes :
n prévention contre l'incendie – application d'un tapis de mousse sur un
déversement non enflammé
n élimination des vapeurs – empêche les vapeurs de trouver une source
d'inflammation
n contrôle des odeurs – élimination des vapeurs dangereuses ou nocives
n exposition du personnel – les pompiers et/ou le personnel de sauvetage
sont protégés pendant les opérations d'intervention d'urgence
n protection des biens – sécurité dans la zone de risque jusqu'à la
maîtrise de l'incendie ou le retrait des biens
La mousse de classe B n'est pas efficace sur tous les types de feux. Il
est essentiel de connaître le type de feu et de combustible en question.
La mousse extinctrice n'est pas efficace dans les cas suivants : Les feux
impliquant des appareils électriques sous tension (classe C aux États-
Unis, classe E en Europe) car l'eau est un conducteur d'électricité et la
mousse contient plus de 90 % d'eau. Les feux de classe C peuvent être
éteints en mettant les appareils hors tension ou en utilisant un autre agent
extincteur tel que la poudre chimique, le dioxyde de carbone ou un agent
propre ; Les gaz pressurisés – matériaux stockés comme des liquides mais
qui sont gazeux à température ambiante et pression atmosphérique. La
pression de la vapeur pour ces types de combustibles est trop élevée pour
que la mousse soit efficace ; Les incendies tri­dimensionnels – où le liquide
inflammable s'écoule d'une source en hauteur, créant un feu de nappe sur
une surface en contrebas ; Les feux de classe D – métaux combustibles
tels que l'aluminium, le magnésium, le potassium, le sodium et les
alliages de titane. L'extinction des feux de métaux de classe D requiert
l'utilisation de poudres chimiques sèches spécifiques.
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ÉVOLUTION DES MOUSSES EXTINCTRICES DE CLASSE B
Les mousses sont utilisées pour l'extinction des incendies depuis
presque cent ans, sous diverses formes, en commençant par les mousses
chimiques, et à chaque nouvelle étape au fil du temps, les performances
et la sécurité de ces agents ont été améliorées par rapport au type
d'émulseur précédent.

CHIMIQUES PROTÉINIQUES SYNTHÉTIQUES FLUOROPROTÉINIQUES MOUSSE ÉCOLOGIQUES

1915–1933 1933 1963 1965 2005

Au début des années 1900,
les premières mousses
extinctrices étaient des
mousses chimiques. Elles
fonctionnaient grâce à une
réaction chimique qui se
produisait lors du mélange
d'au moins deux produits
chimiques au moment de
l'utilisation, ce qui créait
la mousse. Elles étaient
plus efficaces que l'eau,
mais difficiles à utiliser et
à transporter. En outre, il
y avait toujours le risque
d'un mauvais mélange au
moment de l'utilisation.
Les mousses protéiniques,
lancées dans les années 30,
ont représenté un progrès
énorme. Chimiquement
stables et efficaces sur les
feux de classe B, elles sont
rapidement devenues le
standard du secteur. Leur
inconvénient majeur était
leur durée de conservation
limitée et un intervalle de
températures de stockage
restreint, des aspects qui
sont encore problématiques
pour les produits à base de
protéines aujourd'hui. En
outre, les mousses proté-
iniques fonctionnent mieux
lorsqu'elles sont déversées
avec un équipement à
aspiration d'air, qui crée un
tapis de mousse épais, mais
qui, selon le type d'équipe-
ment, peut affecter la plage
de débit du déversement par
rapport aux équipements
non aspirants.
Les mousses synthétiques
(AFFF et AR-AFFF) ont fait
leur arrivée sur le marché
dans les années 1960. Elles
s'épandent rapidement sur
la surface des combustibles,
elles sont multifonctions,
elles peuvent être déversées
avec tous types de lances et
leur durée de conservation
est longue. Les mousses
synthétiques fluorées sont
le pilier du secteur de la
protection incendie et elles
sont remises en question
dernièrement, non pour leurs
performances mais pour leur
impact sur l'environnement.
Les mousses synthétiques
peuvent éteindre les feux
d'hydrocarbures et de
combustibles hydrosolubles
et peuvent être déversées par
des lances à aspiration d'air
et non aspirantes, ce qui rend
leur utilisation extrêmement
flexible.
Les mousses fluoroproté-
iniques ont été lancées au
milieu des années 60 après
les mousses synthétiques,
principalement en tant
que réponse commerciale
aux fabricants de mousse
protéinique. Le fait d'ajouter
des tensioactifs fluorés
aux mousses protéiniques
standard leur permettait de
s'épandre plus rapidement
sur la surface du combus-
tible. Ce progrès a placé les
performances des mousses
protéiniques quelque part
entre celles des mousses à
base de protéines seulement
et celles des mousses fluorées
synthétiques.
2005-actualité : alors que les
réglementations environne-
mentales sur les émulseurs
synthétiques fluorés se dur-
cissent dans le monde entier,
une nouvelle génération
d'émulseurs écologiques est
en train d'être développée.
Ces émulseurs sont exempts
de polymères fluorés et de
tensioactifs fluorés et sont
respectueux de l'environne-
ment. Ils sont utilisés pour
éteindre efficacement les
feux de classe B sans dégra-
dation toxique. Ils utilisent
une nouvelle technologie de
mousse conçue pour rem-
placer les émulseurs AFFF et
AR-AFFF traditionnels et les
anciennes mousses fluorées.

RÉSUMÉ
Malgré l'importance et le besoin actuel de mousse extinctrice, les à évoluer en termes de composition chimique et de performances au
derniers progrès significatifs ont eu lieu dans les années 60 avec la feu, avec l'objectif d'atteindre des hautes performances sur les liquides
commercialisation des AFFF pour les mousses de classe B, et dans les inflammables et combustibles et d'offrir une meilleure résistance à
années 80 pour la mousse de classe A. la réinflammation pour la sécurité des pompiers ainsi qu'une durée
de conservation de plusieurs années supérieure à celle des mousses
QUE NOUS RÉSERVE L'AVENIR ?
protéiniques.
Les systèmes d'induction pour la mousse de classe A (et peut-être la
composition chimique des émulseurs) vont certainement continuer à Dave Pelton est Vice-président Marketing international de The
évoluer, comme ce fut le cas au cours de la dernière décennie. Quant
Solberg Company. Il a fait ses débuts dans le secteur de la protection
aux émulseurs de classe B, les efforts en matière de développement de
incendie en 1984 et a participé à plusieurs conseils d'administration
la composition chimique semblent s'être figés dans le temps en raison
d'associations professionnelles et comités techniques de ce
de la confiance accordée aux technologies de base existantes. Ce n'est
secteur au niveau local et international tels que la Fire Equipment
que depuis cinq ans environ, suite à l'introduction de réglementations
Manufacturers Association (FEMA), la Fire Suppression Systems
environnementales sur les AFFF contenant du fluor, que les fabricants
Association (FSSA), la National Fire Protection Association (NFPA),
de mousse extinctrice ont commencé à prendre au sérieux le défi du
et l'International Standards Organisation (ISO) où il est actuellement
développement.
membre du groupe U.S. TAG pour le TC21/SC6 – Fire Extinguishing
Ces produits sans fluor (certains issus d'une première génération et
Media Foam Concentrates and Systems Hardware.
d'autres d'une deuxième ou d'une troisième génération) continueront

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