Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Résumé :
L’ouvrage ayant fait l’objet d’investigation est un tunnel en béton armé vieux de 40 ans,
d’une longueur de 1500 m environ de section en forme de voûte de portée de 6.10 m et une
hauteur sous clé de 3.30 m (figure 1).Cet ouvrage, est située sous une masse rocheuse
d’origine métamorphique, principalement schisteuse chargée de minéraux secondaires
(chlores et sulfates).
L’ouvrage est soumis à l’action des eaux d’infiltration traversant la masse rocheuse,
présente une partie humide dégradée à travers laquelle ruissellent les eaux et une partie
sèche en bon état.
L’analyse chimique de l’eau a révélée des concentrations élevées en sulfates, en chlores
et en dioxyde de carbone dissout, ce qui correspond à une eau faiblement agressive selon la
norme afnor NF P 18 – 01.
Cependant, bien que cette eau soit classée faiblement agressive, combinée à une durée
d’exposition prolongée peut provoquer d’importantes dégradations sur un béton n’ayant pas
été formulé et mis en place avec les recommandations requises par rapport à un tel milieu
notamment le type de ciment et le rapport (eau / ciment).
Les premières observations font apparaître un béton éclaté. Des prélèvements de béton
au moyen d’une carotteuse dans différentes zones à une profondeur suffisante permettant
de mettre en évidence les différentes couches constituantes de l’ouvrage, ainsi que l’ampleur
des dégradations.
Les carottes prélevées présentent (figure 2) un béton poreux, désagrégé, friable et dans
certains cas sans propriétés mécaniques. Les dégradations observées sont d’origines
chimiques dues à une action combinée des sulfates et du dioxyde de carbone qui ont
entraînés l’éclatement et la carbonatation du béton avec une néoformation apparente de
solidifications (stalactites) et les chlorures provocant la corrosion des cintres métalliques
(figure 3).
Ces observations sont confirmées par des essais mécaniques et par des analyses aux
rayons X
Photo 1 - Situation de l’ouvrage Photo 2 - Carottes prélevées Photo 3 - Corrosion des cintres
-
Colloque National : Pathologie des Constructions : Du Diagnostic à la Réparation
Département de Génie Civil
Université Mentouri Constantine - 25 et 26 Novembre 2008
1. INTRODUCTION
Cette communication consiste à présenter les résultats d’une expertise menée sur un ouvrage
d’art situé à l’entrée de la wilaya de Skikda traversant la montagne de BOUABAZ
(photo 1), de formation métamorphique essentiellement schisteuse chargée de minéraux
secondaires (chlores et sulfates).
Cet ouvrage, réalisé à la fin des années dix neuf cent soixante, est un tunnel qui sert de
passage à un certain nombre de pipes métalliques transportant des produits provenant de la
raffinerie vers l’ancien port (photo 2)
Le tunnel est réalisé en béton armé d’une longueur de 1500 m environ de section en forme de
voûte de portée de 6.10 m et une hauteur sous clé de 3.30 m (photo 3 a et b).
2. BUT DU TRAVAIL
Le but de ce travail est de caractériser l’état général du tunnel, mettre en évidence l’ampleur
des dégradations en essayant de comprendre et d’expliquer les causes qui les ont entraînés .
3. CONDUITE DE L’EXPERTISE
La caractérisation de l’ouvrage a été réalisée selon le plan de travail suivant :
-
Colloque National : Pathologie des Constructions : Du Diagnostic à la Réparation
Département de Génie Civil
Université Mentouri Constantine - 25 et 26 Novembre 2008
- Observation visuelle de l’état général du tunnel avec repérage des zones et des degrés
de dégradation
- Prélèvements d’échantillons dans l’ouvrage par carottage pour les essais physiques
et mécaniques
- Analyses chimiques des eaux d’écoulement
- analyses aux rayons x des nouvelles formations apparentes sur l’ouvrage
3.1. Observation visuelle de l’état général du tunnel avec repérage des zones et des
degrés de dégradation
Photo 4 - Corrosion des cintres métalliques Photo 5 - Infiltration d’eau sur le parement
Le reste du tunnel est pratiquement sec, sans infiltration importante d’eau. Le parement de
cette partie ne présente pas de signe de dégradation visible de l’intérieur. Cette constatation
est confirmée par l’état no dégradé des pipes et des grilles de protection du caniveau.
-
Colloque National : Pathologie des Constructions : Du Diagnostic à la Réparation
Département de Génie Civil
Université Mentouri Constantine - 25 et 26 Novembre 2008
3.2. Prélèvements d’échantillons dans l’ouvrage par carottage pour les essais physiques
et mécaniques
Après les premières investigations et suite aux dégradations constatées sur le parement de
l’ouvrage, des prélèvements de carottes étaient nécessaires pour réaliser des essais physiques
(masse volumique apparente) et des essais mécaniques résistance en compression.
Le schéma des points de prélèvements des échantillons est donné par la figure 1.
1500 m
4. METHODES EXPERIMENTALES
4.1. Prélèvements des échantillons
Les carottes (photo 10 a) ont été prélevées au moyen d’une carotteuse type HILTI équipée
d’un carottier de diamètre intérieur 70 mm. (photos.10 a et b)
-
Colloque National : Pathologie des Constructions : Du Diagnostic à la Réparation
Département de Génie Civil
Université Mentouri Constantine - 25 et 26 Novembre 2008
5. LES RESULTATS
5.1 Radier
Les Carottes prélevées dans le radier sont composées d’un béton assez compact à base de
granulats concassés de 0 à 20 (mm)et ne présentent aucun signe de dégradation.
Ces observations sont confirmées par les résistances obtenues sur les éprouvettes écrasées en
compression simple variant de 10,5 à 36,8 MPa (tableau 1).
Tableau 1 – Résistances en compression des éprouvettes prélevées dans le radier et les parois
Désignation ρ app, Kg / m3) σ , MPa σ moy , MPa
R1 28,9
R2 32,8
R3 25
R4 23,6
Radier 25,3
R5 36,8
R6 17,1
R7 27,6
R8 2276 10,5
P1 2279 23,6
P2 34,2
Parois P3 23,6 22,1
P4 15,7
P5 2189 13,1
5.2. Parement :
La constitution du parement est comme suit
1-Un béton projeté de granulométrie fine d’une épaisseur d’environ 5-8 cm du coté
intérieur de l’ouvrage.
2- Cintre en tôle ondulée striée d’épaisseur 15/10
3- Béton de granulométrie de 0 à 20 sur une épaisseur moyenne 30 cm.
4- Cintre en tôle ondulée striée d’épaisseur 30/10
5- Béton projeté sur une faible épaisseur moyenne de 5 cm.
-
Colloque National : Pathologie des Constructions : Du Diagnostic à la Réparation
Département de Génie Civil
Université Mentouri Constantine - 25 et 26 Novembre 2008
Remarque :
Un écoulement d’eau colorée, important (photo 12 a) a eu lieu dans la paroi du tunnel et cela
pendant une durée allant de 10 min à 02 heures et cela dans la zone des 500 premiers mètres
(entrée sud) au moment du prélèvement des éprouvettes .
Le parement sur les 1000 mètres « sortie Nord » ne présente pas de signes de dégradation,
important due à l’absence d’eau, confirmée d’ailleurs lors du carottage (photo 12 b)
contrairement aux signes décelés sur les 500 mètres coté Sud.
Cependant, quelques signes de dégradations superficielles sont apparents au niveau de la
sortie Nord du tunnel (photo 12 c).
4. Discussion de résultats
L’analyse chimique de l’eau donnée au tableau 2 et l’analyse aux rayons X des stalactites
donnée par la figure 2 ont permis de comprendre et d’expliquer les mécanismes de
dégradation du béton et la corrosion des aciers.
-
Colloque National : Pathologie des Constructions : Du Diagnostic à la Réparation
Département de Génie Civil
Université Mentouri Constantine - 25 et 26 Novembre 2008
2500
Calcite - Aragonite
2000
Nbr de coups
1500
1000
500
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
θ (Kα
2θ α Co)
-
Colloque National : Pathologie des Constructions : Du Diagnostic à la Réparation
Département de Génie Civil
Université Mentouri Constantine - 25 et 26 Novembre 2008
Fe → Fe2+ + 2e − (3)
Conclusion
Le pH de la matrice cimentaire est très alcalin, il est voisin de 13, tout autre milieu dont le pH
est inférieur à cette valeur peut être considéré comme un milieu agressif. Cependant le
comportement du béton placé dans un environnement chimiquement agressif dépend de
facteurs complexes et multiples liés d'une part à l'environnement (nature, concentration et
renouvellement ou non des éléments agressifs) et d'autre part au matériau lui-même (nature et
dosage des constituants, conditions de fabrication, durée et paramètres de cure).
Dans le cas présent, les observations faites mettent en évidence un écoulement d’eau de façon
continue et les analyses réalisées confirment la présence d’éléments agressifs tels que le
dioxyde de carbone libre, les chlorures et les sulfates.
Selon la norme NF P O11 [7] donnée en annexe et la concentration du dioxyde de carbone
[C(CO2) libre = 43,99 mg/l], on peut classer l’environnement du tunnel dans la classe A2
(milieu moyennement agressif), mais selon la concentration des sulfates [C(sulfates ) = 307,2
-
Colloque National : Pathologie des Constructions : Du Diagnostic à la Réparation
Département de Génie Civil
Université Mentouri Constantine - 25 et 26 Novembre 2008
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[3] NEVILLE A.M., « Propriétés des bétons » édition Eyrolles, 2000, p 806.
[4] DUVAL R. et HORNAIN H., « La durabilité des bétons vis à vis des eaux
agressives », in la durabilité des bétons. Presses de l’ENPC, 1992
[5] LAFUMA. H, « Liants hydrauliques, propriétés, choix et conditions d’emploi »,
Dunot, 3ème Ed, Paris 1964, p 117.
[6] CONDLOT.E, « Ciments et chaux hydrauliques, fabrication, propriétés et emploi »,
3ème Ed, Librairie Polytechnique Ch Berranger Ed, Paris, 1906, p 408.
[7] Normes Françaises, NF P 18 – 011, « Bétons – Classification des environnements
agressifs », juin 1982.
Remerciements
Nous tenons à remercier le laboratoire des travaux publics de l’Est d’Annaba ainsi
que le l’algérienne des eaux – unité Chaiba d’Annaba pour leur collaboration
-
Colloque National : Pathologie des Constructions : Du Diagnostic à la Réparation
Département de Génie Civil
Université Mentouri Constantine - 25 et 26 Novembre 2008
ANNEXE 1
NF P 18 – 011, « Bétons – Classification des environnements agressifs »
Le tableau 2 donne le degré d'agressivité des solutions et des sols les plus courants.
Niveau de 1 2 2 3
protection
* CO2 agressif = excès de CO2 dissous par rapport au CO2 nécessaire au maintien en
solution des hydrocarbonates de Ca et Mg
** T A C titre alcalimétrique complet (norme NF T 90 – 036)
1 mé = 5 degrés français = 2.8 degrés allemand
*** Extraction par HCl à chaud
**** Extraction par l'eau (rapport eau / solution = 2 / 1)