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Introduction
-L'importance du droit des obligations : Il est une partie essentielle du droit privé pour 3 raisons :
Raison pratique : chaque individu conclut dans sa vie de nombreux contrats (ex : un achat, un contrat de
travail, contrat de bail), de même chaque individu peut être à l'origine d'un dommage (accident de la circulation)
Le droit des obligations organise toutes ces situations.
2ème raison : le droit des obligations est le reflet des conceptions morales, économiques et sociales d'un pays.
Il repose en partie sur des préceptes moraux. Le droit des obligations est également marqué par les évolutions de la
société comme les progrès de la technique et les grands mouvements sociologiques qui affectent le monde
contemporain (le développement de l'automobile et de l'internet).
3ème raison : d'un point de vue technique, les obligations sont régies par des principes fondamentaux
applicables dans toutes les branches du droit.
-La notion d'obligation : Le terme obligation relève de plusieurs sens. Dans le langage courant, une obligation est un
devoir qui découle de règles morales, parfois de règles religieuses, de règles sociales, on parle aussi de règles
professionnelles. D'un point de vue juridique, seuls les devoirs résultant d'une règle de droit, c'est à dire assortis
d'une sanction juridique, seront concernés.
L'obligation (juridique) est un lien d'ordre patrimonial unissant des personnes juridiques. Plus précisément, c'est un
lien de droit entre 2 personnes en vertu duquel l'une d'elle (le créancier) peut exiger de l'autre (le débiteur) une
prestation ou une abstention.
L'obligation est donc un élément du patrimoine des parties, une valeur économique qui peut circuler.
-La classification des obligations : Il n'existe pas de classification dans le Code Civil mais la doctrine en propose 3 :
La classification fondée sur la source d'obligation : l'article 1370 du Code Civil prévoit 4 sources d'obligation
=> le contrat qui est un accord de volonté destiné à créer des effets de droit.
=> le quasi contrat qui est un fait matériel licite qui engendre des obligations sans l'accord des parties.
=> le délit ou le quasi délit qui est un fait illicite qui engendre une obligation de réparer le préjudice subi
(article 1382 du Code Civil).
=> la loi
Cette conception classique a été critiquée et la conception moderne distingue suivant d'autres critères. Elle opère une
différence entre fait et acte. L'acte juridique est une manifestation de volonté destinée à produire des effets
juridiques. Un acte est donc quelque chose de voulu dont les conséquences sont voulues.
Le fait juridique est un événement voulu ou non qui entraîne des conséquences qui ne sont jamais voulues.
Les classifications fondées sur le contenu de l'obligation :
=> la distinction obligation de faire/de ne pas faire et de donner. L'obligation de donner est l'obligation
de transférer la propriété d'une chose, elle porte donc sur des biens (contrat de vente, de donation).
L'obligation de faire est l'obligation pour le débiteur d'accomplir une prestation au profit du créancier. Elle porte
donc sur un service (contrat de travail...). A l'inverse, l'obligation de ne pas faire est l'obligation par laquelle le
débiteur promet au créancier une abstention (la clause de non concurrence).
=> la distinction obligation pécuniaire et obligation en nature. L'obligation pécuniaire est l'obligation qui
porte sur une somme d'argent, elle prévoit le transfert d'une quantité de monnaie du débiteur au créancier.
L'obligation en nature est l'obligation d'accomplir une prestation au profit du créancier.
=> la distinction obligation de moyen et obligation de résultat. Dans l'obligation de moyen, le débiteur
promet de mettre en œuvre tous les moyens dont il dispose pour parvenir au résultat prévu au contrat, mais il ne
garantit pas ce résultat prévu au contrat (médecin, avocat...).
Dans l'obligation de résultat, le débiteur s'engage à atteindre le résultat prévu au contrat (garagiste, transporteurs...).
Dans l'hypothèse d'une obligation de résultat, le seul fait de ne pas parvenir au résultat fait présumer une faute du
débiteur. Il suffit de montrer que le résultat n'est pas atteint.
Dans l'obligation de moyen, le créancier doit montrer que l'autre partie a commis une faute en ne mettant pas en
œuvre tous les moyens dont il disposait.
La classification suivant la force des obligations : les obligations naturelles.
Les obligations sont en principe obligatoires, elles sont donc sanctionnées si non respectées. La jurisprudence a crée
la notion d'obligation naturelle. Une telle obligation n'est pas susceptible d'exécution forcée mais si le débiteur s'est
engagé à l'exécuter, il ne pourra pas revenir sur cet engagement (ex : l'obligation alimentaire n'existe pas entre frères
et sœurs mais il existe une obligation naturelle entre eux. Si un frère a payé pensant y être obligé, il ne pourra pas
réclamer le remboursement / ex : le débiteur qui a réglé une somme d'argent malgrè la prescription ne pourra
demander le remboursement de cette somme).
Les classifications fondées sur les modalités d'obligation : le Code Civil distingue :
=> l'obligation pure et simple
=> l'obligation à terme (l'exécution de l'obligation est reportée dans le temps)
=> l'obligation conditionnelle (la formation de l'obligation est subordonnée à un événement futur incertain.
Le droit des obligations trouve sa source principale dans le Code Civil (articles 1101 à 2200 et quelques) mais il est
soumis au principe supérieur découlant de la Constitution et de son préambule et depuis le 1er mars 2010, une partie
au procès peut soulever une QPC. Le droit de l'UE affecte également le droit des obligations (=> règlement européen
et directive européenne).
La convention européenne des droits de l'Homme influence également le droit des obligations puisque les
juridictions françaises s'y réfèrent. La CEDH veille au respect du droit des principes de la Convention Européenne
des Droits de l'Homme.
De nombreuses lois n'ont pas été codifiées, ainsi le droit de la consommation qui a émergé dans les années 70 et qui
a été codifié en 1993, de même le droit de la concurrence qui interdit certaines pratiques.
Depuis plusieurs années est apparue un courant doctrinal en faveur d'une refonte des droits européens en un seul
droit.
Plusieurs groupes universitaires en droit interne ont proposé des réformes du droit des obligations (en 2005, le projet
CATALA, la chancellerie en 2008 et le projet TERRé en 2009).
Paragraphe 1 : Définition
Article 1101 du Code Civil : le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s'oblige envers
une ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose.
Le contrat est donc : - un accord de volonté entre 2 ou plusieurs personnes (différent de l'acte unilatéral)
- en vue de créer des obligations. On distingue donc le contrat de la convention qui est une
catégorie plus large car elle permet également de transférer ou d'éteindre des obligations.
- en vue de créer des obligations juridiques. Cela signifie que le contrat a force obligatoire, la
partie qui ne le respecte pas pourra être sanctionné. On distingue ainsi le contrat des actes de courtoisie ou de
complaisance.
Cette théorie s'est développée au 19ème siècle, période de libéralisme économique. « Qui dit contractuel dit juste »,
cette théorie a cependant rapidement fait l'objet de vives critiques. En premier lieu, la volonté n'est pas le seul
fondement du Code Civil, le rôle de la loi est primordial. On ne peut pas déroger à l'ordre public et aux bonnes
mœurs. En second lieu, l'autonomie de la volonté peut aboutir à des solutions contraires à l'équité, la liberté et
l'égalité sont des notions purement théoriques.
Le principe de l'autonomie de la volonté s'est donc considérablement assoupli :
Certains contrats sont obligatoires (ex : le contrat d'assurance auto, les clauses obligatoires).
De nombreux contrats sont très réglementés et imposent un contenu aux parties (ex : le CDD, contrat de
bail). Inversement, certaines clauses sont interdites (les clauses abusives).
Le formalisme (contraire du consensualisme) : on exige pour un certain nombre de contrats des formes
obligatoires (ex : l'achat d'une maison, contrat de bail).
La force obligatoire des contrats a été bousculée par la mise en place de délais de rétractation.
Le principe de l'autonomie demeure cependant un des fondements du droit des contrats.
Depuis quelques années émerge la doctrine du « solidarisme contractuel » : cette théorie souhaite une reconnaissance
plus forte de l'équité, de la loyauté et de l'entraide entre les parties. Elle s'appuie donc sur la notion de bonne foi.
Cette vision du droit est cependant critiquée par la majorité de la doctrine qui insiste sur le fait qu'un contrat est un
instrument d'échange économique.
B) Les classifications relatives au rôle joué par la volonté dans la formation des contrats
– contrat de gré à gré et contrat d'adhésion : un contrat de gré à gré est un contrat librement discuté par les 2
parties. A l'inverse, un contrat d'adhésion est un contrat qui n'est pas négocié. Le plus souvent, il est pré-
rédigé par un professionnel.
– contrat individuel et contrat collectif : le contrat individuel ne fait naître des obligations qu'entre les parties
contractantes mais il existe des contrats collectifs conclus entre plusieurs personnes pour s'appliquer à
d'autres personnes qui n'ont pas été parties au contrat (ex : les conventions collectives de travail).
Le principe de la liberté contractuelle confère au contrat une grande souplesse mais certaines conditions de validité
du contrat ont tout de même été exigées dès 1804.
Art. 1108 du Code Civil : 4 conditions sont nécessaires pour que le contrat soit valable : le consentement + la
capacité de contracter + un objet certain + une cause licite. Si une de ces conditions manque, le contrat sera annulé.
A) L'incapacité d'exercice
L'individu n'est pas privé du droit de contracter mais ne peut pas exercer lui-même ce droit. Il sera soit assisté soit
représenté :
- le mineur était frappé d'une incapacité générale d'exercice sauf pour les actes de la vie courante, les actes de
conservation et d'administration (ouvrir un compte), les actes de disposition devront être réalisés avec les parents ou
le tuteur sinon ces contrats seront nuls, les actes les plus graves devront être autorisés par le Juge des tutelles.
Certains actes sont totalement interdits, les parents ne peuvent pas faire de donation au nom du mineur.
- les incapables majeurs : le régime et la loi du 5 mars 2007 qui a réformé le régime des tutelles.
La tutelle : la personne majeure ne peut plus faire de contrat.
La curatelle : le majeur est assisté du curateur. Il pourra faire seul les actes de la vie courante mais les actes
les plus importants seront effectués par le curateur.
Sous sauvegarde de justice : temporaire souvent en attendant la tutelle ou la curatelle.
B) L'incapacité de jouissance
Elle interdit de conclure un contrat, l'incapable ne peut pas se faire représenter, ni se faire assister. Une telle
incapacité est grave donc elle est limitée à certaines hypothèses.
Ces incapacités sont limitées par les textes. 3 types de contrats sont visés :
les libéralités (donation) : la libéralité est interdite au profit des personnes pouvant avoir un ascendant moral
sur leur hauteur (ex : il est interdit pour les patients de faire une donation au personnel médical).
les contrats de vente : ils sont interdits de la part du personnel aux pensionnaires d'une maison de retraite.
les contrats de travail : le Code Pénal interdit de tels contrats au bénéfice de personnes chargées de contrôler
l'entreprise.
Paragraphe 2 : Le consentement
Le consentement est la volonté de chaque partie de conclure le contrat. Le consentement est une opération mentale,
une réflexion sur l'engagement (la volonté interne). Mais le consentement ne peut donner naissance à un contrat que
s'il est extériorisé (la volonté déclarée).
Pour que le contrat puisse se former valablement, il faut que le consentement émane d'une personne en mesure
d'émettre un véritable consentement sinon le contrat sera nul. Il peut arriver qu'un individu juridiquement capable ne
puisse pas être capable de manifester sa volonté. Dans ce cas, on parlera d'absence de consentement.
A) L'absence de consentement
Un individu est hors d'état de se rendre compte de la portée de ses actes dans 2 hypothèses :
soit ses facultés mentales sont altérées mais il n'y a pas de régime de protection
soit ses facultés sont passagèrement altérées par l'alcool, la drogue, les médicaments...
Le principe est que la santé mentale est présumée, ce qui signifie qu'il faut prouver le contraire pour annuler l'acte.
C'est au contractant de prouver la démence ou le trouble. La jurisprudence est plutôt sévère : elle a rejeté un « simple
état dépressif », « la faiblesse de caractère », « la médiocrité d'intelligence », « la haine », la jurisprudence rejette
également l'excuse des dépendances (à la drogue, à l'alcool...).
Il faut prouver l'absence de consentement (la maladie, la démence...) au moment précis où l'acte a été passé. La
jurisprudence recherche l'absence de lucidité lors de la conclusion du contrat. La maladie avant et après la
conclusion du contrat ne suffisent pas toujours.
La preuve peut être facilitée lorsque l'intéressé a été placé sous tutelle ou curatelle. Il est alors possible de remonter
sur les actes conclus pendant les 2 années antérieures en prouvant que cet état existait déjà au moment de la
conclusion du contrat et que l'autre partie le savait. Si l'auteur de l'acte est décédé, la preuve du trouble mental devra
être établie par l'acte lui-même. C'est ce qu'on appelle la preuve intrinsèque. Le législateur veut éviter la remise en
cause d'actes conclus par des personnes âgées par leurs héritiers.
2) Le dol
Art. 1116 du CC : le dol est la malhonnêteté d'une partie qui vise à induire l'autre en erreur afin de la pousser à
contracter. Le dol est donc une erreur provoquée.
3) La violence
L'article 1111 du Code Civil définit ainsi la violence : « C'est une pression exercée sur un contractant pour le
contraindre à donner son consentement ». Sont visés tous les comportements qui contraignent le contractant à passer
un contrat. Il existe 3 types de violence :
la violence physique (coups, mauvais traitements)
la violence morale (pression psychologique, menace, chantage) : un arrêt du 13 janvier 1999 a reconnu la
violence au profit d'un membre d'une secte qui avait vendu son immeuble à la secte.
la violence économique : la doctrine a longtemps défendu cette notion fondée sur l'abus de puissance
économique d'un contractant. La Cour de Cassation a suivi la doctrine en l'admettant dans des circonstances
particulières (1er ex : chambre sociale 5 juillet 1965 : cas concernant un contrat de travail => l'employeur oblige son
salarié qui doit se rapprocher d'un centre hospitalier pour soigner la maladie de son enfant à conclure un nouveau
contrat de travail beaucoup moins avantageux. Il profite donc des circonstances pour imposer ses conditions.
2ème ex : un automobiliste en panne en pleine campagne qui se voit imposer les conditions du dépanneur).
Paragraphe 3 : L'objet
L'article 1108 du CC exige un objet certain.
L'article 1128 : « il n'y a que les choses qui sont dans le commerce qui puissent être l'objet des conventions ».
L'article 1129 : « il faut que l'obligation ait pour objet une chose au moins déterminée quant à son espèce ».
L'objet du contrat est ce à quoi s'engagent les parties (ex : dans un contrat de vente, l'objet pour l'acheteur est ce à
quoi il s'engage => payer le prix. L'objet pour le vendeur est de délivrer la chose). Cet objet doit présenter différents
caractères.
B) L'équilibre de l'objet
L'économie du contrat est envisagée alors dans son ensemble. En principe, vu l'autonomie de la volonté, le contrat
est supposé être juste car il a été accepté par les parties. Mais dans un souci de justice contractuelle, le Juge est
parfois amené à s'imiscer dans l'économie du contrat et à vérifier si une des parties n'est pas lésée.
1) La lésion
Il s'agit du déséquilibre qui existe entre les prestations fournies par chacun des contractants dans un contrat
synallagmatique. La lésion doit être formulée le jour de la formation du contrat. Elle fait présumer un vice du
consentement mais comme l'erreur sur la valeur n'est pas prise en compte, elle ne permet pas d'annuler le contrat. Le
droit français est réticent à admettre la lésion, elle est donc très encadrée.
Les cas prévus par le Code Civil : dans certains contrats :
1ère hypotèse : article 1674 du CC : si le vendeur a été lésé de plus de 7/12ème dans le prix d'un immeuble, il a le
droit de demander la réscision de la vente. L'acheteur n'est pas concerné (ex : la maison fait 120.000 €, le vendeur
pourra demander la réscision seulemnt s'il a été lésé de plus des 7/12 èmes soit de plus de 70.000 €, cela signifie qu'il
a vendu sa maison à moins de 50.000 €).
2ème hypothèse : article 889 du CC : lorsque l'un des copartageants établit avoir subli une lésion de plus du quart, le
complément de sa part lui sera fourni (ex : un partage de 100.000 € entre 4 personnes, une des personnes reçoit
20.000 €, elle aurait du recevoir 25.000 €, elle est donc lésée de 5.000 € mais 5000 € est moins d'1/4 de ce qui devait
lui revenir).
A l'égard de certaines personnes, la lésion est admise au profit de certains incapables. Les actes ne seront pas nuls de
plein droit. Ils seront nuls s'il y a lésion.
Paragraphe 4 : La cause
Il s'agit de la raison pour laquelle une partie s'engage. Du point de vue théorique, 2 réponses possibles : selon la
théorie classique, une partie s'oblige en considération de la contrepartie qu'elle va recevoir à
la cause pour le vendeur = le prix. Dans cette théorie, la cause sera dite objective car identique dans tous les contrats
du même genre. Dans la deuxième théorie, la théorie moderne, une partie s'engage également car elle a en tête
certains motifs (ex : on peut acheter une maison pour la louer, pour faire un placement, pour en faire une maison
close...). Les texte en matière de cause datent de 1804, ils n'ont pas bougé mais la jurisprudence a évolué et les juges
ont utilisé la notion de cause pour vérifier tout d'abord l'existence de la cause et pour vérifier si la cause est licite.
A) L'existence de la cause
L'article 1131 du CC : « l'obligation sans cause, sur une fausse cause ou sur une cause illicite ne peut avoir aucun
effet ».
1) La notion de cause
La cause de l'obligation est toujours la même mais l'appréciation de la cause peut différer.
-Dans les contrats synallagmatiques, la cause réside dans la contre-prestation. S'il n'y a pas de contrepartie, le contrat
sera nul (ex : acheter une chose qui n'existe pas ou louer une chose qui ne peut pas servir à l'usage prévu / un contrat
conclu avec un généalogiste alors que l'existence de la succession serait parvenue à la connaissance de l'héritier).
La jurisprudence a par extension annulé pour défaut de cause les contrats dans lesquels la contrepartie est dérisoire,
c'est-à-dire très faible, on parle de vil prix.
La jurisprudence récente utilise la notion de cause pour vérifier la cohérence du contrat dans son ensemble (ex : la
jurisprudence chronopost : les juges ont supprimé les clauses limitatives de responsabilité car il y a eu manquement à
une obligation essentielle du contrat).
-Dans les contrats aléatoires, la cause de l'engagement ne réside pas dans la contre-prestation car on est pas certain
qu'il y en aura une (ex: dans un contrat d'assurance, si aucun accident ne survient, les primes versées ne sont pas
utilisées mais la cause existe et les primes resteront ??? On dit que la cause réside dans l'aléa. Si l'aléa disparaît, la
cause n'existera plus (ex: assurer un bien qui a été détruit).
-Dans les contrats à titre gratuit, la cause réside dans l'intention libérale de celui qui a consenti l'avantage.
Le consentement seul suffit en principe à engager les parties : c'est le principe du consensualisme, cela veut dire que
la parole a une vraie valeur mais cela présente un risque en matière de preuves. Le consensualisme est également un
facteur de rapidité et de simplicité notamment en matière commerciale et en Droit des affaires. Cependant, dans un
souci de protection de certains contractants, le législateur est intervenu exigeant que le contrat revête certaines
formes.
A) Le contrat réel
Le contrat réel comme le contrat de gage, de prêt, de dépôt se réalise par la remise de la chose. Il y a donc une forme
exigée par le Code Civil. Mais la jurisprudence et la doctrine vont contester la nature de ces contrats les qualifiant de
contrats consensuels (ex: la Cour de Cassation a requalifié le contrat de prêt consenti par un professionnel de banque
à un particulier. Un tel contrat est réalisé dès lors que les parties ont signé le contrat de prêt même si l'argent n'a pas
encore été transféré).
B) Le contrat solennel
Un contrat solennel est un contrat devant être passé sous certaines formes : acte authentique, acte sous seing privé...
Si les formes ne sont pas respectées, le contrat est nul. Un acte authentique est un acte passé devant un officier
ministériel, essentiellement le notaire (ex : les donations, les hypothèques, le contrat de mariage...).
Dans la législation récente, les formes exigées sont de plus en plus nombreuses : soit un écrit soit des mentions
obligatoires soit la transcription de certains articles notamment du Code de la consommation. Ceci est d'autant vrai
dans le Droit de la consommation. Le plus souvent, ces formes sont exigées à peine de nullité (ex : le contrat de bail,
le contrat de crédit, le contrat d'assurance, le CDD...).
B) Le formalisme d'opposabilité
Dans cette hypothèse, l'absence de forme conduira à rendre le contrat non opposable aux tiers. Un acte non publié
sera inconnu donc ne pourra pas être invoqué à l'égard des tiers (ex : la vente d'un immeuble doit être publiée sinon
le vendeur est toujours censé être le propriétaire pour les tiers).
La nullité est la sanction classique des conditions de formation du contrat mais il existe d'autres sanctions (ex : les
sanctions pénales comme l'escroquerie). Il est également toujours possible d'engager la responsabilité contractuelle
de l'autre partie.
La nullité se définit comme l'anéantissement rétroactif du contrat. Cela signifie que le contrat est censé n'avoir
jamais existé. Elle doit être distinguée de notions voisines comme :
la résolution du contrat : comme la nullité, elle entraine l'anéantissement rétroactif du contrat mais dans une
autre hypothèse : la mauvaise exécution du contrat et non le défaut d'une condition du contrat.
la caducité du contrat : un contrat caduque est un contrat valablement formé mais qui perd ensuite un de ses
éléments essentiels (ex : donation d'un immeuble mais l'immeuble brûle).
La nullité doit être prononcée par le Juge sinon le contrat reste obligatoire. Celui qui invoque la nullité devra la
prouver.
Ils sont les mêmes pour la nullité absolue et la nullité relative. La rétroactivité est le principe mais elle pose
problème quand le contrat a déjà été exécuté puisque tous les actes qui ont suivis le contrat initial devront tomber.
Un contrat est conclu pour produire des effets, il existe un lien solide entre les parties, c'est ce qu'on appelle la force
obligatoire des contrats mais ce contrat n'a d'effets que pour les parties qui l'ont voulues : c'est ce qu'on appelle l'effet
relatif des contrats.
A) Devoir de loyauté
Le contractant ne doit pas chercher à nuire à l'autre ou adopter un comportement qui rendrait difficile l'exécution du
contrat. S'il ne parvient pas au résultat attendu du contrat en se livrant à des manœuvres, il aura mauvaise foi (ex : le
surbooking/ le chauffeur de taxi qui prend le chemin le plus long). La Cour de Cassation sanctionne seulement les
abus les plus graves, il ne faut pas que le juge porte atteinte à la substance même du contrat.
B) Devoir de coopération
La jurisprudence va plus loin puisque ce devoir implique pour chaque partie d'agir au mieux des intérêts de son
contractant. On demande une entraide aux parties. C'est le cas souvent dans le contrat de société, dans les contrats de
distribution (ex : le client d'un couturier doit se prêter à des essayages).
Ce devoir implique également le devoir pour le contractant de faciliter l'exécution du contrat pour l'autre partie.
Le législateur est intervenu en faisant peser ce devoir sur les professionnels.
Article 1165 du Code Civil : « Les conventions n'ont d'effet qu'entre les parties contractantes […] ». Cela signifie
que le contrat ne peut obliger que les personnes qui ont consenties à sa formation. Les tiers ne sont donc pas
concernés.
Les groupes de contrat : un groupe de contrat est un ensemble de conventions présentant une unité
économique soit parce qu'elles portent sur le même objet soit parce qu'elles poursuivent un but commun (ex : la
transmission successive d'un même bien du fabricant au consommateur / les contrats d'entreprise, les opérations de
sous-traitance).
Selon l'article 1165 du Code Civil, les membres extrêmes d'une chaine sont des tiers les uns par rapport aux autres.
Cela présente des inconvénients car il y a une unité économique dans un groupe de contrat et il faudrait envisager la
notion de tiers par rapport au groupe et non pas par rapport à chaque contrat. La Cour de Cassation a distingué
plusieurs hypothèses :
Les ensembles de contrats non transatifs de propriété (ex : le propriétaire passe un contrat d'entreprise avec
un constructeur et ensuite le constructeur passe un contrat de sous-traitance avec le plombier). Dans ce cas, la Cour
de Cassation Assemblée plénière 12 juillet 1991, il n'y a aucun lien entre les contractants extrêmes, ce sont des tiers.
L'action est alors impossible entre eux, les conventions n'ont d'effets qu'entre les parties contractantes.
A) La promesse de porte-fort
Article 1120 du Code Civil : « C'est l'engagement souscrit par un contractant, le porte-fort, d'obtenir l'accord d'un
tiers à un acte juridique » (ex : le conjoint marié sous le régime de la communauté ne peut vendre seul un immeuble
commun mais un conjoint peut se porter fort auprès de l'acheteur d'obtenir l'accord de sa femme). Le tiers ne sera
pas directement engagé par la promesse. Soit le tiers ratifie la promesse, il sera alors engagé par l'acte avec un effet
rétroactif et le porte-fort est libéré de ses obligations. Soit le tiers refuse de ratifier, il pourra voir alors sa
responsabilité engagée car il était tenu à une obligation de résultat.
Lorsqu'une partie ne respecte pas ses obligations contractuelles, le créancier dispose de plusieurs actions :
Il peut demander la résolution du contrat (la résolution est l'anéantissement du contrat).
Il peut demander l'exécution du contrat.
Il peut demander des dommages et intérêts c'est-à-dire mettre en œuvre la responsabilité contractuelle.
Il peut faire jouer l'exception d'inexécution.
Il s'agit, pour le créancier, de l'exercice d'un moyen de contrainte contre le débiteur afin de le forcer à exécuter le
contrat.
La responsabilité civile est l'obligation de réparer le dommage causé à autrui. La responsabilité contractuelle est une
variété de responsabilité civile. Elle s'applique quand le dommage est causé à l'occasion de l'inexécution d'un
contrat.
A) La faute contractuelle
B) Le préjudice ou dommage
Pour agir en responsabilité contractuelle, il faut que la faute ait causé un préjudice au créancier et que la victime doit
en apporter la preuve. Il existe 3 grandes catégories de dommages :
le dommage matériel : ce sont toutes les atteintes au patrimoine ainsi que le préjudice économique c'est-à-
dire la perte de revenu.
le préjudice moral : c'est celui qui entraîne des souffrances psychiques comme le chagrin, la déception, la
crainte, le préjudice d'affection.
le préjudice corporel : il résulte de toute atteinte à l'intégrité physique. Il peut entraîner un préjudice matériel,
un préjudice économique, le pretium doloris (préjudice de douleur), un préjudice d'agrément (le fait de ne plus
pouvoir profiter d'un plaisir de la vie), un préjudice sexuel, un préjudice esthétique (cicatrices...), un préjudice
écologique (il prend en compte la dégradation de la nature ou de l'environnement au détriment des collectivités
territoriales (marée noire). Il prend aussi en compte les dommages causés aux personnes).
C) Le lien de causalité
Article 1151 : le créancier ne peut demander réparation du préjudice que s'il est une suite immédiate et directe de
l'inexécution de la convention.
Cela signifie qu'il faut un lien de causalité entre la faute et le dommage. Le problème est de déterminer où s'arrête le
lien de causalité directe (ex : la vente d'une vache malade entraîne la contamination du troupeau ce qui ruine
l'agriculteur qui ne peut pas rembourser ses dettes et qui voit ses biens saisis).
La jurisprudence utilise 2 théories :
la théorie de la causalité adéquate : elle retient comme cause juridique du dommage l'évènement principal
sans lequel le dommage n'aurait pas eu lieu.
la théorie de l'équivalence des conditions : toute cause sans laquelle le dommage ne serait pas arrivé est prise
en compte.
La jurisprudence adopte ces 2 théories en cherchant très souvent à protéger la victime.
Le lien de causalité doit toujours présenter 2 caractères : le caractère certain (il faut un lien direct entre le dommage
et le fait dommageable) et le caractère direct (seul le fait dommageable directement causé par le dommage sera
indemnisé).
Même si les 3 conditions sont remplies, le débiteur peut se voir partiellement ou totalement exonéré.
D) Les causes d'exonération du débiteur
Le débiteur peut être exonéré de sa responsabilité s'il établit une cause étrangère l'ayant empêché d'exécuter le
contrat. Il existe 3 causes étrangères en droit positif : la force majeure, le fait (ou faute) d'autrui et le fait (ou faute)
de la victime.
La force majeure : article 1148 du Code Civil : « Il n'y a lieu à aucun dommages et intérêts lorsque, par suite d'une
force majeure, le débiteur a été empêché de donner ou de faire ce à quoi il était obligé, ou a fait ce qui lui était
interdit ».
Est qualifié de force majeure l'évènement présentant 3 caractères :
le caractère irrésistible : les raisons invoquées doivent empêcher totalement le débiteur d'exécuter ses
obligations. Il faut donc un obstacle insurmontable (ex : inondation, catastrophe naturelle...).
le caractère imprévisible : si le fait pourrait être prévu, la force majeure est exclue car le débiteur aurait du
prendre des mesures pour l'empêcher.
le caractère extérieur : l'évènement invoqué doit être extérieur au débiteur.
Le fait d'un tiers : la force majeure peut être le fait d'un tiers au contrat qui empêche le contrat de se réaliser (ex : le
transporteur ne livre pas car il a eu un accident). Si le fait du tiers a les 3 caractères de la force majeure, le débiteur
sera exonéré totalement de sa responsabilité. Sinon, la responsabilité va être partagée (exonération partielle).
Le fait du créancier (faute de la victime) : Parfois, l'inexécution du contrat peut résulter de la victime elle-même
qui a empêché l'exécution (ex : le voyageur qui saute du train en marche / le malade qui ne prend pas ses
médicaments). Ainsi, si le fait de la victime présente les 3 caractères de la force majeure, il y aura exonération totale.
Il s'agit du moyen de défense dont dispose chaque partie au contrat lui permettant de refuser d'exécuter son
obligation tant qu'elle n'a pas reçu la contre-prestation (ex : l'employeur cesse de payer le salarié donc le salarié
cesse de travailler).
C'est l'anéantissement rétroactif de la condition inexécutée. Elle doit être prononcée en principe par le juge mais elle
a pu être prévue par une clause dans le contrat.
A) Le domaine
Article 1184 du Code Civil prévoit que la résolution judiciaire est toujours possible dans les contrats
synallagmatiques quand une des 2 parties ne respecte pas le contrat. Sont exclus par la loi quelques contrats (ex :
contrats d'assurance).
B) Les conditions
- Il faut l'inexécution par le débiteur et il faut que l'inexécution soit suffisamment grave.
- Seul le créancier peut demander la résolution du contrat. Le débiteur pourra alors proposer au créancier d'exécuter
son obligation. Le juge peut accorder des délais de grâce pour obliger le débiteur à s'exécuter.
C) Les effets
Le contrat est anéanti rétroactivement comme en matière de nullité. Il faudra que chaque partie restitue ce qu'elle a
reçu lorsque c'est possible.
Dans les contrats à exécution successive, les restitutions s'avèrent souvent impossibles. Dans ces cas, la résiliation
sera prononcée à compter du jugement. Certains contrats posent problème lorsqu'ils sont constitués d'une succession
d'actes (ex : un contrat dans une auto-école).
Pour les clauses pénales, la résolution du contrat devrait entraîner la disparition de tout le contrat mais la
jurisprudence a considéré que certaines clauses comme la clause pénale devraient être maintenues.