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Droit des obligations

Introduction
-L'importance du droit des obligations : Il est une partie essentielle du droit privé pour 3 raisons :
Raison pratique : chaque individu conclut dans sa vie de nombreux contrats (ex : un achat, un contrat de
travail, contrat de bail), de même chaque individu peut être à l'origine d'un dommage (accident de la circulation)
Le droit des obligations organise toutes ces situations.
2ème raison : le droit des obligations est le reflet des conceptions morales, économiques et sociales d'un pays.
Il repose en partie sur des préceptes moraux. Le droit des obligations est également marqué par les évolutions de la
société comme les progrès de la technique et les grands mouvements sociologiques qui affectent le monde
contemporain (le développement de l'automobile et de l'internet).
3ème raison : d'un point de vue technique, les obligations sont régies par des principes fondamentaux
applicables dans toutes les branches du droit.

-La notion d'obligation : Le terme obligation relève de plusieurs sens. Dans le langage courant, une obligation est un
devoir qui découle de règles morales, parfois de règles religieuses, de règles sociales, on parle aussi de règles
professionnelles. D'un point de vue juridique, seuls les devoirs résultant d'une règle de droit, c'est à dire assortis
d'une sanction juridique, seront concernés.
L'obligation (juridique) est un lien d'ordre patrimonial unissant des personnes juridiques. Plus précisément, c'est un
lien de droit entre 2 personnes en vertu duquel l'une d'elle (le créancier) peut exiger de l'autre (le débiteur) une
prestation ou une abstention.
L'obligation est donc un élément du patrimoine des parties, une valeur économique qui peut circuler.

-La classification des obligations : Il n'existe pas de classification dans le Code Civil mais la doctrine en propose 3 :
La classification fondée sur la source d'obligation : l'article 1370 du Code Civil prévoit 4 sources d'obligation
=> le contrat qui est un accord de volonté destiné à créer des effets de droit.
=> le quasi contrat qui est un fait matériel licite qui engendre des obligations sans l'accord des parties.
=> le délit ou le quasi délit qui est un fait illicite qui engendre une obligation de réparer le préjudice subi
(article 1382 du Code Civil).
=> la loi
Cette conception classique a été critiquée et la conception moderne distingue suivant d'autres critères. Elle opère une
différence entre fait et acte. L'acte juridique est une manifestation de volonté destinée à produire des effets
juridiques. Un acte est donc quelque chose de voulu dont les conséquences sont voulues.
Le fait juridique est un événement voulu ou non qui entraîne des conséquences qui ne sont jamais voulues.
Les classifications fondées sur le contenu de l'obligation :
=> la distinction obligation de faire/de ne pas faire et de donner. L'obligation de donner est l'obligation
de transférer la propriété d'une chose, elle porte donc sur des biens (contrat de vente, de donation).
L'obligation de faire est l'obligation pour le débiteur d'accomplir une prestation au profit du créancier. Elle porte
donc sur un service (contrat de travail...). A l'inverse, l'obligation de ne pas faire est l'obligation par laquelle le
débiteur promet au créancier une abstention (la clause de non concurrence).
=> la distinction obligation pécuniaire et obligation en nature. L'obligation pécuniaire est l'obligation qui
porte sur une somme d'argent, elle prévoit le transfert d'une quantité de monnaie du débiteur au créancier.
L'obligation en nature est l'obligation d'accomplir une prestation au profit du créancier.
=> la distinction obligation de moyen et obligation de résultat. Dans l'obligation de moyen, le débiteur
promet de mettre en œuvre tous les moyens dont il dispose pour parvenir au résultat prévu au contrat, mais il ne
garantit pas ce résultat prévu au contrat (médecin, avocat...).
Dans l'obligation de résultat, le débiteur s'engage à atteindre le résultat prévu au contrat (garagiste, transporteurs...).
Dans l'hypothèse d'une obligation de résultat, le seul fait de ne pas parvenir au résultat fait présumer une faute du
débiteur. Il suffit de montrer que le résultat n'est pas atteint.
Dans l'obligation de moyen, le créancier doit montrer que l'autre partie a commis une faute en ne mettant pas en
œuvre tous les moyens dont il disposait.
La classification suivant la force des obligations : les obligations naturelles.
Les obligations sont en principe obligatoires, elles sont donc sanctionnées si non respectées. La jurisprudence a crée
la notion d'obligation naturelle. Une telle obligation n'est pas susceptible d'exécution forcée mais si le débiteur s'est
engagé à l'exécuter, il ne pourra pas revenir sur cet engagement (ex : l'obligation alimentaire n'existe pas entre frères
et sœurs mais il existe une obligation naturelle entre eux. Si un frère a payé pensant y être obligé, il ne pourra pas
réclamer le remboursement / ex : le débiteur qui a réglé une somme d'argent malgrè la prescription ne pourra
demander le remboursement de cette somme).
Les classifications fondées sur les modalités d'obligation : le Code Civil distingue :
=> l'obligation pure et simple
=> l'obligation à terme (l'exécution de l'obligation est reportée dans le temps)
=> l'obligation conditionnelle (la formation de l'obligation est subordonnée à un événement futur incertain.

Le droit des obligations trouve sa source principale dans le Code Civil (articles 1101 à 2200 et quelques) mais il est
soumis au principe supérieur découlant de la Constitution et de son préambule et depuis le 1er mars 2010, une partie
au procès peut soulever une QPC. Le droit de l'UE affecte également le droit des obligations (=> règlement européen
et directive européenne).
La convention européenne des droits de l'Homme influence également le droit des obligations puisque les
juridictions françaises s'y réfèrent. La CEDH veille au respect du droit des principes de la Convention Européenne
des Droits de l'Homme.
De nombreuses lois n'ont pas été codifiées, ainsi le droit de la consommation qui a émergé dans les années 70 et qui
a été codifié en 1993, de même le droit de la concurrence qui interdit certaines pratiques.
Depuis plusieurs années est apparue un courant doctrinal en faveur d'une refonte des droits européens en un seul
droit.
Plusieurs groupes universitaires en droit interne ont proposé des réformes du droit des obligations (en 2005, le projet
CATALA, la chancellerie en 2008 et le projet TERRé en 2009).

TITRE 1 - La formation du contrat

En pratique, le contrat est de très loin la source principale d'obligation.

Chapitre 1 – La théorie générale du contrat

Paragraphe 1 : Définition
Article 1101 du Code Civil : le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s'oblige envers
une ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose.
Le contrat est donc : - un accord de volonté entre 2 ou plusieurs personnes (différent de l'acte unilatéral)
- en vue de créer des obligations. On distingue donc le contrat de la convention qui est une
catégorie plus large car elle permet également de transférer ou d'éteindre des obligations.
- en vue de créer des obligations juridiques. Cela signifie que le contrat a force obligatoire, la
partie qui ne le respecte pas pourra être sanctionné. On distingue ainsi le contrat des actes de courtoisie ou de
complaisance.

Paragraphe 2 : Les fondements du droit des contrats


Le droit des contrats a considérablement évolué depuis 1804 même si de nombreux textes relatifs à la théorie
générale du contrat sont demeurés les mêmes. Le Code Civil a été marqué par une triple influence : le droit romain
(avait déjà prévu la réglementation du contrat), le droit canonique (droit de l'église), l'école du droit naturel (Portalis,
un des rédacteurs du Code Civil, a situé la source de tous les droits dans l'homme et de sa volonté d'où le concept de
l'autonomie de la volonté).
Pour la doctrine du 19ème siècle, le contrat repose sur la volonté de ceux qui s'engagent (seulement sur cette
volonté). Il existe différents corollaires :
1er corollaire : principe de la liberté contractuelle = les individus peuvent choisir s'ils contractent ou non et
peuvent choisir également les clauses du contrat.
2ème corollaire : principe du consensualisme = aucune forme n'est exigée pour que le contrat soit valable.
3ème corollaire : principe de la force obligatoire du contrat = les conventions légalement formées tiennent
lieu de lois à ceux qui les ont faites. Une partie ne peut pas revenir sur son engagement.
4ème corollaire : effet relatif des contrats = l'article 1165 pose ce principe en énoncant que les conventions
n'ont d'effet qu'entre les parties contractantes.

Cette théorie s'est développée au 19ème siècle, période de libéralisme économique. « Qui dit contractuel dit juste »,
cette théorie a cependant rapidement fait l'objet de vives critiques. En premier lieu, la volonté n'est pas le seul
fondement du Code Civil, le rôle de la loi est primordial. On ne peut pas déroger à l'ordre public et aux bonnes
mœurs. En second lieu, l'autonomie de la volonté peut aboutir à des solutions contraires à l'équité, la liberté et
l'égalité sont des notions purement théoriques.
Le principe de l'autonomie de la volonté s'est donc considérablement assoupli :
Certains contrats sont obligatoires (ex : le contrat d'assurance auto, les clauses obligatoires).
De nombreux contrats sont très réglementés et imposent un contenu aux parties (ex : le CDD, contrat de
bail). Inversement, certaines clauses sont interdites (les clauses abusives).
Le formalisme (contraire du consensualisme) : on exige pour un certain nombre de contrats des formes
obligatoires (ex : l'achat d'une maison, contrat de bail).
La force obligatoire des contrats a été bousculée par la mise en place de délais de rétractation.
Le principe de l'autonomie demeure cependant un des fondements du droit des contrats.
Depuis quelques années émerge la doctrine du « solidarisme contractuel » : cette théorie souhaite une reconnaissance
plus forte de l'équité, de la loyauté et de l'entraide entre les parties. Elle s'appuie donc sur la notion de bonne foi.
Cette vision du droit est cependant critiquée par la majorité de la doctrine qui insiste sur le fait qu'un contrat est un
instrument d'échange économique.

Paragraphe 3 : La classification des contrats

A) Les classifications relatives au mode de formation des contrats


On oppose 3 types de contrats :
– le contrat solennel : contrat ne pouvant exister que s'il revêt une forme particulière imposée par la loi.
Ex : CDD, contrat de vente de voiture
– le contrat consensuel : contrat qui se forme par la seule rencontre des volontés des parties.
Ex : contrat effectué dans un supermarché
– le contrat réel : contrat ne se formant que par la remise de la chose (objet du contrat).
Ex : contrat de dépôt, contrat de gage et contrat de prêt

B) Les classifications relatives au rôle joué par la volonté dans la formation des contrats
– contrat de gré à gré et contrat d'adhésion : un contrat de gré à gré est un contrat librement discuté par les 2
parties. A l'inverse, un contrat d'adhésion est un contrat qui n'est pas négocié. Le plus souvent, il est pré-
rédigé par un professionnel.
– contrat individuel et contrat collectif : le contrat individuel ne fait naître des obligations qu'entre les parties
contractantes mais il existe des contrats collectifs conclus entre plusieurs personnes pour s'appliquer à
d'autres personnes qui n'ont pas été parties au contrat (ex : les conventions collectives de travail).

C) Les classifications relatives à l'objet du contrat


– contrat synallagmatique et contrat unilatéral : le contrat synallagmatique est un contrat où les parties
s'engagent l'une envers l'autre. Quand le contrat n'est pas synallagmatique, il est unilatéral et une seule
personne s'engage (ex : contrat synallagmatique = contrat de travail / contrat unilatéral = contrat de donation)
– contrat à titre onéreux et contrat à titre gratuit : un contrat est dit onéreux quand chaque partie s'engage
réciproquement envers l'autre en vue d'obtenir un avantage. Dans un contrat gratuit, une des parties procure
un avantage à l'autre sans recevoir quelque chose en échange (ex : contrat onéreux = contrat d'assurance, de
travail, de bail / contrat gratuit = bénévolat)
– contrat commutatif et contrat aléatoire : dans un contrat commutatif, les 2 parties connaissent l'étendue de
leurs obligations dès la formation du contrat. Dans un contrat aléatoire, une des parties ne connait pas
l'étendue des ses obligations qui dépend d'un événement soumis au hasard (ex : contrat aléatoire = contrat
d'assurance, viager)
– contrat instantané et contrat à exécution successive : un contrat à exécution instantanée est un contrat dont les
obligations sont exécutées immédiatement en un trait de temps. Un contrat à exécution successive crée des
obligations qui s'échelonnent dans le temps (ex : contrat instantané = contrat de travail)
– contrat nommé et contrat inommé : un contrat nommé est un contrat désigné expréssément par un texte
juridique (loi, règlement...) qui détermine son contenu. A l'inverse, les contrats inommés ne sont prévus par
aucun texte (ex : contrat nommé = code de travail / contrat inommé = contrat de franchise)
– notion d'intuitu personae : des contrats conclus avec intuitu personae tiennent compte de la personnalité de
l'autre contractant (ex : contrat de bail)

Chapitre 2 – Les modes de formation du contrat

Section 1 : Le schéma de base de formation du contrat : la rencontre de l'offre et de l'acceptation


Paragraphe 1 : L'offre de contrat
L'offre est la manifestation de volonté par laquelle une personne, le pollicitant, propose au bénéficiaire de conclure
un contrat (ex : une offre d'emploi que l'on peut trouver sur le net, journal / une offre faite par un vendeur /
l'exposition dans une vitrine).
Mais toute proposition de contrat n'est pas une offre, elle doit présenter certains caractères.

A) Les caractères de l'offre


L'offre doit être extériorisée, c'est à dire portée à la connaissance d'une ou plusieurs personnes. Elle peut être
soit explicite soit implicite (ex : un taxi en stationnement / des marchandises dans une vitrine).
L'offre peut être faite à une personne déterminée ou au public. Lorsqu'elle est faite au public, le contrat est alors
formé avec la première personne acceptante (3e chambre civile, 28 novembre 1969, arrêt disant que le premier
faisant l'offre doit obligatoirement être accepté). Le principe de cet arrêt est vrai s'il ne s'agit pas d'une simple
invitation à négocier.
Les offres émanant d'un professionnel envers un consommateur sont soumises à une réglementation stricte.
Certaines formes sont exigées, certaines mentions sont obligatoires. Il existe de nombreuses règles en matières
d'affichage, d'étiquetage...
L'offre doit être précise. Elle doit contenir tous les éléments essentiels de la future convention (l'objet, la
qualité, la quantité et le prix).
L'offre doit être ferme. Le pollicitant doit exprimer son consentement ferme et définitif de contracter.
Cependant, certaines offres contiennent des réserves. La réserve doit être explicite. La jurisprudence distingue :
- La réserve objective ou absolue qui est fondée sur des critères contrôlables par un tiers et donc opposables à tous
(ex : sous réserve des stocks disponibles)
- La réserve subjective ou relative. Elle laisse au pollicitant le choix d'agréer ou non le contractant en fonction de
critères subjectifs (ex : sous réserve de confirmation).
Dans les contrats intuitu personae, la réserve est implicite, cela signifie qu'elle n'est pas exprimée mais elle est
évidente.

B) La valeur juridique de l'offre avant l'acceptation


Cette valeur est discutée en droit positif. Pour la majorité de la doctrine, l'offre est un engagement unilatéral de
volonté. 2 problèmes se posent :
– La rétractation de l'offre : la doctrine reconnaît le droit au pollicitant de retirer son offre avant que le
bénéficiaire ne l'ai acceptée. La jurisprudence est plus nuancée :
1ère hypothèse : Lorsque l'offre est stipulée avec un délai de réflexion, le pollicitant s'engage à maintenir son offre
pendant un délai minimum.
2ème hypothèse : Lorsque l'offre est stipulée sans délai, la jurisprudence considère que l'offrant doit maintenir son
offre pendant un délai raisonnable (5 mois mais les juges se réfèrent selon les types de contrat).
En cas de révocation prématurée, certains auteurs considèrent que la révocation ne peut donner lieu qu'à des
dommages et intérêts. D'autres auteurs admettent que l'offre doit être maintenue et donc que le contrat sera conclu en
cas d'acceptation. La solution la plus logique est de considérer que l'offre n'est pas maintenue et donc de réclamer
des dommages et intérêts.
– La caducité de l'offre : elle se présente lorsqu'un évènement affecte l'efficacité de l'offre après son expression
mais avant son acceptation par le bénéficiaire.
ex : le refus de l'offre avant la fin du délai / l'écoulement d'un certain laps de temps / le décès du policitant => 2
thèses sont possibles : soit on considère que l'offre est un engagement créateur d'obligations donc peu importe qu'il y
ait décès ou non, l'offre est maintenue. Soit on considère que l'offre est une manifestation de volonté inséparable de
son titulaire alors le décès entraîne la caducité de l'offre. La Cour de Cassation considère en principe que le décès du
pollicitant rend caduque l'offre mais il existe des arrêts divergents. Certains auteurs proposent de distinguer selon
l'intuitu personae du contrat.

Paragraphe 2 : L'acceptation de l'offre


Il s'agit de la manifestation de volonté du bénéficaire de l'offre qui accepte la pollicitation. Elle conduit à la
conclusion du contrat.

A) Les caractères de l'acceptation


L'acceptation doit être certaine. Il faut une réponse explicite du bénéficiaire mais la jurisprudence admet tout
acte non ambigu du contractant (ex : signature / main levée dans une vente aux enchères...).
Parfois, l'acceptation peut être donnée sur certains éléments essentiels du contrat mais les modalités restent en
négociation. On parle d'accords de principe. Pour les offres émises par voie électronique, le Code Civil prévoit la
règle du double-clic.
L'acceptation doit être pure et simple. Il n'y a pas de contre-proposition. Il faut un oui.
L'acceptation ne peut porter que sur ce qui a été porté à la connaissance de l'acceptant. N'ont pas de forces
contractuelles tous les documents annexes, les clauses au verso, les clauses noyées dans un ensemble touffu ou les
notices remises au client après la signature.

B) La valeur du silence contractuel


Le silence ne vaut pas acceptation mais comme toujours, il existe des exceptions :
1ère hypothèse : l'existence d'un usage, notamment en matière commerciale.
2ème hypothèse : les relations d'affaires préalable. Il faut une véritable habitude entre les parties donnant une valeur
au silence de l'une d'entre elles.
3ème hypothèse : l'offre faite dans l'intérêt exclusif du destinataire. Dans ce cas, l'acceptation est présumée car l'offre
ne présente que des avantages pour le destinataire. La Cour de Cassation, 1er décembre 1969, reconnaît la condition
d'assistance bénévole. On peut demander réparation à celui qui est blessé. Si une personne partant au secours d'une
autre personne accidentée en circulation est à son tour blessée : pour les juges, il y a condition d'assistance bénévole,
le bénéficiaire a donc une obligation d'indemnisation de l'assistant.

Section 2 : Les schémas complexes de formation du contrat


Le plus souvent, le contrat se forme par la rencontre entre une offre et une acceptation mais la pratique révèle parfois
des situations plus complexes. D'autre part, de nombreux contrats sont réalisés entre absents (entre personnes non
face à face, contrats à distance).

A) La formation progressive du contrat


Avant la conclusion définitive du contrat, un certain nombre d'actes préalables sont parfois accomplis par les parties
en vue de préparer le contrat définitif. Cette construction progressive du contrat a été globalement ignorée par le
Code Civil.
Les pourparlers contractuels : la période des pourparles est celle où les parties commencent à discuter de
l'éventualité d'un futur contrat. Cette période est dominée par le principe de la liberté contractuelle notamment dans
la rupture des pourparlers. Cependant, la jurisprudence impose une obligation de bonne foi et de loyauté aux parties.
La mauvaise foi peut entrainer la responsabilité d'une partie sur le fondement de l'article 1382 du Code Civil
(responsabilité délictuelle).
La jurisprudence sanctionne 2 types de fautes : la rupture de mauvaise foi lorsqu'une partie a faussement entretenu
l'autre dans l'espoir de la conclusion du contrat + l'absence de motifs légitimes lorsque les négociations sont déjà
suffisamment avancées.
Les conséquences de ces fautes sont cependant limitées, la jurisprudence admet de façon restrictive le préjudice dont
la victime peut demander réparation. Ainsi, dans un arrêt du 26 novembre 2003, la chambre commerciale affirme
que la victime de la rupture abusive des pourparlers ne peut obtenir une indemnisation que des seules pertes subies
mais non des biens espérés.

B) Les promesses de contrat


Paragraphe 1 : La promesse unilatérale de contrat
Définition : c'est le contrat par lequel une des parties, le promettant, s'engage envers une autre, le bénéficiaire, à
conclure un contrat si celle-ci le désire.
La promesse unilatérale est un contrat ! Il y a une rencontre de volontés entre le promettant qui a donné son
consentement et le bénéficiaire qui examine la proposition. La promesse est donc un contrat mais elle est unilatérale
car elle ne met en principe d'obligations qu'à la charge du promettant. Ce schéma est cependant perturbé dans les
promesses de vente par la pratique des indemnités d'immobilisation (somme versée par le bénéficiaire de la
promesse destinée à compenser le préjudice subi par le vendeur du fait de l'immobilisation du bien durant le délai de
réflexion de l'acheteur).
La promesse devient-elle synallagmatique ? La jurisprudence examine l'économie générale du contrat et apprécie si
le montant des indemnités laisse une liberté de choix au bénéficiaire.
Si les indemnités sont élevées, la jurisprudence qualifie la promesse de synallagmatique, sinon la promesse reste
unilatérale. La qualification du contrat est donc objective. Mais la Cour de Cassation semble avoir opéré un
revirement le 1er décembre 2010, l'indemnité d'immobilisation était supérieure à 90%, pour la Cour de Cassation la
promesse reste unilatérale. Dès lors que le vendeur s'est engagé de manière stable et définitive, la qualification de
promesse unilatérale demeure. Mais la jurisprudence récente revient sur cette position.
La promesse d'un contrat avait des effets obligatoires à la fin des délais de réflexion. 2 possibilités se
présentent : soit le bénéficiaire accepte et le contrat est formé à la levée d'option soit le bénéficiaire refuse, le contrat
ne se forme pas et éventuellement les indemnités d'immobilisation seront conservées par le promettant.
Problème : que se passe-t-il si le promettant peut revenir sur son engagement avant l'acceptation par le bénéficiaire ?
La doctrine estime qu'il n'y a aucune possibilité de changer d'avis pour le promettant mais la Cour de Cassation a
adopté une position parfois différente. Dans un arrêt du 15 décembre 1993, réitéré le 11 mai 2011, le manquement du
promettant à sa promesse, ne peut conduire à la conclusion forcée du contrat mais doit seulement se résoudre en
dommages et intérêts.
Cette solution est discutable car le promettant est engagé indépendamment de la levée de l'option. Cependant, des
arrêts récents ont réitéré cet arrêt de 1993. Dans la même situation, la réalisation forcée de la vente ne peut pas être
ordonnée.
Le projet de réforme des droits des obligations prévoit de revenir sur cette jurisprudence. « La rétractation du
promettant pendant le temps laissé au bénéficiaire pour exprimer son consentement, ne peut pas empêcher la
formation du contrat promis ».

Paragraphe 2 : La promesse synallagmatique de contrat


C'est l'avant contrat par lequel les 2 parties s'engagent réciproquement à conclure le contrat définitif (ex : la
promesse synalagmatique de vente appelée aussi compromis de vente en langage courant). Dans l'article 1589 du
Code Civil, la promesse de vente vaut vente lorsqu'il y a consentement réciproque des 2 parties sur la chose et sur le
prix.
En pratique, la promesse synalagmatique de vente est utilisée en attente du contrat définitif : soit lorsque la vente est
conclue sous condition d'obtention d'un prêt et très souvent elle est conclue avant la réitération de l'acte chez un
notaire.

Paragraphe 3 : Les contrats entre absents


Le contrat est dit entre absents lorsqu'il est conclu entre des individus qui ne sont pas présents physiquement sur le
même lieu au moment de sa formation (ex : contrat sur internet, par téléphone, par courrier...).
Problèmes : en quel lieu et à quel moment le contrat doit être considéré comme conclu ? Le problème du lieu de
formation a perdu aujourd'hui une partie de son intérêt puisque la compétence de juridiction ne dépend plus
forcément du lieu de formation du contrat. Par contre, il faut régler le problème de la date du contrat. La date permet
de savoir si le consentement peut être rétracté, le point de départ du délai de prescription, à quel moment la chose est
transférée.
La doctrine a schématisé 2 thèses :
la théorie de l'émission : selon cette théorie, le contrat est formé par la coexistence des consentements. Dès
que l'acceptation de l'offre est émise, le contrat est formé.
la théorie de la réception : dans cette théorie, la formation du contrat suppose une réelle rencontre des
consentements. Le contrat est considéré comme formé au jour de la réception de l'acceptation.
La jurisprudence est incertaine : dans un arrêt du 7 janvier 1981, elle a adopté la théorie de l'émission, l'acte devient
parfait dès l'émission de l'acceptation sauf si les parties ont prévu une autre règle dans le contrat.
L'article 1369-5 du Code Civil semble se rattacher à cette théorie : « Pour que le contrat soit valablement conclu, le
destinataire de l'offre doit avoir eu la possibilité de vérifier le détail de sa commande et son prix avant de la
confirmer pour exprimer son acceptation».
Cependant, le projet de réforme de la chancellerie (droit des obligations) consacre la théorie de la réception.

Chapitre 3 – Les conditions de formation du contrat

Le principe de la liberté contractuelle confère au contrat une grande souplesse mais certaines conditions de validité
du contrat ont tout de même été exigées dès 1804.
Art. 1108 du Code Civil : 4 conditions sont nécessaires pour que le contrat soit valable : le consentement + la
capacité de contracter + un objet certain + une cause licite. Si une de ces conditions manque, le contrat sera annulé.

Section 1 : Les conditions de fond


La capacité de contracter
Le principe est que toute personne est reconnue capable sauf si la loi en décide autrement. La capacité de contracter
est donc un attribut de la personnalité. L'individu dispose donc de droits (capacité de jouissance) et il peut exercer
ces droits (capacité d'exercice). Mais il existe des limites à ce droit pour 2 raisons :
- il faut protéger certaines personnes (mineurs + certains majeurs)
- il faut interdire certains contrats entre certaines personnes vu leur situation respective.

A) L'incapacité d'exercice
L'individu n'est pas privé du droit de contracter mais ne peut pas exercer lui-même ce droit. Il sera soit assisté soit
représenté :
- le mineur était frappé d'une incapacité générale d'exercice sauf pour les actes de la vie courante, les actes de
conservation et d'administration (ouvrir un compte), les actes de disposition devront être réalisés avec les parents ou
le tuteur sinon ces contrats seront nuls, les actes les plus graves devront être autorisés par le Juge des tutelles.
Certains actes sont totalement interdits, les parents ne peuvent pas faire de donation au nom du mineur.
- les incapables majeurs : le régime et la loi du 5 mars 2007 qui a réformé le régime des tutelles.
La tutelle : la personne majeure ne peut plus faire de contrat.
La curatelle : le majeur est assisté du curateur. Il pourra faire seul les actes de la vie courante mais les actes
les plus importants seront effectués par le curateur.
Sous sauvegarde de justice : temporaire souvent en attendant la tutelle ou la curatelle.

B) L'incapacité de jouissance
Elle interdit de conclure un contrat, l'incapable ne peut pas se faire représenter, ni se faire assister. Une telle
incapacité est grave donc elle est limitée à certaines hypothèses.
Ces incapacités sont limitées par les textes. 3 types de contrats sont visés :
les libéralités (donation) : la libéralité est interdite au profit des personnes pouvant avoir un ascendant moral
sur leur hauteur (ex : il est interdit pour les patients de faire une donation au personnel médical).
les contrats de vente : ils sont interdits de la part du personnel aux pensionnaires d'une maison de retraite.
les contrats de travail : le Code Pénal interdit de tels contrats au bénéfice de personnes chargées de contrôler
l'entreprise.

Paragraphe 2 : Le consentement
Le consentement est la volonté de chaque partie de conclure le contrat. Le consentement est une opération mentale,
une réflexion sur l'engagement (la volonté interne). Mais le consentement ne peut donner naissance à un contrat que
s'il est extériorisé (la volonté déclarée).
Pour que le contrat puisse se former valablement, il faut que le consentement émane d'une personne en mesure
d'émettre un véritable consentement sinon le contrat sera nul. Il peut arriver qu'un individu juridiquement capable ne
puisse pas être capable de manifester sa volonté. Dans ce cas, on parlera d'absence de consentement.

A) L'absence de consentement
Un individu est hors d'état de se rendre compte de la portée de ses actes dans 2 hypothèses :
soit ses facultés mentales sont altérées mais il n'y a pas de régime de protection
soit ses facultés sont passagèrement altérées par l'alcool, la drogue, les médicaments...
Le principe est que la santé mentale est présumée, ce qui signifie qu'il faut prouver le contraire pour annuler l'acte.
C'est au contractant de prouver la démence ou le trouble. La jurisprudence est plutôt sévère : elle a rejeté un « simple
état dépressif », « la faiblesse de caractère », « la médiocrité d'intelligence », « la haine », la jurisprudence rejette
également l'excuse des dépendances (à la drogue, à l'alcool...).
Il faut prouver l'absence de consentement (la maladie, la démence...) au moment précis où l'acte a été passé. La
jurisprudence recherche l'absence de lucidité lors de la conclusion du contrat. La maladie avant et après la
conclusion du contrat ne suffisent pas toujours.
La preuve peut être facilitée lorsque l'intéressé a été placé sous tutelle ou curatelle. Il est alors possible de remonter
sur les actes conclus pendant les 2 années antérieures en prouvant que cet état existait déjà au moment de la
conclusion du contrat et que l'autre partie le savait. Si l'auteur de l'acte est décédé, la preuve du trouble mental devra
être établie par l'acte lui-même. C'est ce qu'on appelle la preuve intrinsèque. Le législateur veut éviter la remise en
cause d'actes conclus par des personnes âgées par leurs héritiers.

B) Les vices du consentement


Le Code Civil définit 3 sortes de vices du consentement : l'erreur, le dol et la violence.
La théorie des vices du consentement repose sur un double fondement :
fondement psychologique : il faut analyser la situation psychologique de la personne qui invoque un vice.
fondement moral : il s'agit d'analyser l'attitude de l'autre contractant qui a provoqué le vice et qui en a profité.
1) L'erreur
L'erreur est une fausse représentation de l'objet du contrat conduisant à une discordance entre la croyance de celui
qui s'est trompé et la réalité. C'est donc le fondement psychologique qui prévaut peu importe l'attitude de l'autre
partie.

a) Les différentes sortes d'erreurs


Peu importe que l'erreur soit de droit ou de fait, il faut que l'erreur porte sur la substance ou sur la personne.
- L'erreur sur la substance : erreur la plus fréquente (art. 1110 du Code Civil)
Il existe 2 conceptions de l'erreur :
la conception objective : la substance est la matière physique dont est composée l'objet.
la conception subjective : la jurisprudence s'est très tôt orientée vers cette conception qui prend en compte les
qualités substantielles de la chose, c'est à dire les qualités de l'objet du contrat (ex : l'authenticité d'une œuvre d'art).
La qualification du caractère substantiel a parfois posé problème en jurisprudence : la période historique d'une œuvre
(la Cour de Cassation considère que c'est une erreur)
Cas particulier : les contrats aléatoires (contrats où il existe un risque). Dans de tels contrats, l'erreur ne peut pas être
invoquée (ex : dans le cas de l'achat d'une « œuvre attribuée à » un peintre, l'acheteur ne pourra demander la nullité
si il découvre plus tard que l'oeuvre n'est pas issue du peintre qui était annoncé).
Il y a 2 manières d'apprécier la qualité substantielle :
l'appréciation in abstracto : le Juge recherche quelle est dans l'opinion commune la qualité substantielle de la
chose (ex : pour une œuvre d'art, l'appréciation in abstracto est considérée qualité substantielle par tous).
L'appréciation in concreto : on s'intéresse à la qualité substantielle recherchée par la victime de l'erreur.
La jurisprudence a adopté l'appréciation in abstracto, elle préfère rechercher si la qualité est importante pour toute
personne.
- l'erreur sur la personne : l'article 1110 du Code Civil pose que l'erreur sur la personne du contractant n'est pas une
cause de nullité sauf quand la considération de cette personne est la cause principale de la convention (contrat conclu
intuitu personae). Peuvent être invoqués une erreur sur l'identité civile et physique du contractant (hypothèse des
jumeaux, erreur sur la nationalité, sur le nom...). Le plus souvent, il s'agira d'une erreur sur la qualité essentielle de la
personne (ex : un employeur découvre que son salarié a un passé pénal).
- l'erreur obstacle : c'est une erreur d'une telle gravité qu'elle s'oppose à la rencontre des volontés. Le contrat ne s'est
pas formé du tout (ex : une erreur sur la nature du contrat => penser louer un bien immobilier alors que c'est un
achat).
Seules sont retenues les erreurs sur les qualités substantielles ou sur la personne dans les contrats conclus intuitu
personae. L'erreur sur une qualité essentielle et sur une qualité secondaire sont à différencier.
De même, l'erreur sur la valeur est écartée par la jurisprudence. Il n'est pas possible de dire que j'ai acheté trop cher
ou pas assez cher. Pas de nullité car il y aurait un risque d'atteinte à la sécurité juridique des contrats et d'autre part,
on estime que c'est aux parties d'évaluer la valeur du bien.
Par contre, si l'erreur sur la valeur découle d'une autre erreur, il sera possible d'annuler le contrat.
L'erreur sur les motifs ou les mobiles est également écartée.

b) Les caractères de l'erreur


L'erreur pour être prise en compte, doit présenter 2 caractères :
elle doit être déterminante, cela veut dire que si le contractant avait connu la réalité, il n'aurait pas conclu le
contrat. Les tribunaux tiennent compte du caractère déterminant in concreto c'est à dire en fonction de la
personnalité de la victime. Le caractère déterminant s'apprécie au jour où le consentement a été donné mais les
parties peuvent utiliser des éléments postérieurs à la conclusion du contrat.
elle doit être excusable. Condition posée par la jurisprudence : elle refuse d'annuler un contrat pour erreur si
cette erreur est la conséquence d'une faute de la victime qui a été trop légère. La jurisprudence est sévère envers les
professionnels.

2) Le dol
Art. 1116 du CC : le dol est la malhonnêteté d'une partie qui vise à induire l'autre en erreur afin de la pousser à
contracter. Le dol est donc une erreur provoquée.

a) Les éléments constitutifs du dol


- l'élément matériel : le dol suppose :
des manœuvres, c'est à dire des actes positifs d'une partie : une machination, des artifices, tout moyen pour
camoufler la réalité (ex : trafiquer le compteur de kilométrage d'une voiture, produire de faux documents...). Au
pénal, on appelle le dol escroquerie.
un mensonge : le mensonge sur un élément important du contrat. Admis par la Cour de Cassation depuis
1970. La jurisprudence le qualifie de dol par réticence dès lors qu'il n'y a pas mensonge mais qu'une partie ne
dévoile pas la vérité (ex : achat d'une maison de campagne pour sa tranquilité, le vendeur ne dit pas qu'une porcherie
va être construite dans 3 mois). Le dol par réticence est la forme de dol la plus courante. Il existe donc une exigence
de loyauté dans les contrats. On demande aux 2 parties d'être sincères l'une envers l'autre.
La jurisprudence a posé des limites à cette obligation de loyauté : la jurisprudence récente affirme que le silence de
l'acheteur, même professionnel, sur la réelle valeur du bien qu'il acquiert et dont le vendeur n'a pas connaissance, ne
peut être sanctionné par le dol.
Arrêt Baldus, civil pemière 3 mai 2000 : des experts ont acheté des photographies à quelqu'un au centième du prix
=> le contrat de vente n'est pas annulé
Arrêt 16 janvier 2007 : un agent immobilier achète une maison à bas prix à un agriculteur. L'agent immobilier se
rend compte que l'agriculteur ne connaît absolument pas la valeur de sa maison => pas de nullité non plus.
Le dol peut porter sur n'importe quel élément du contrat et notamment sur la valeur ou sur les mobiles. Peu importe
la nature de l'erreur provoquée. De même, une naïveté inexcusable n'empêche pas d'invoquer le dol.
- l'élément intentionnel : le dol suppose la volonté de tromper l'autre partie, c'est à la victime de le prouver. Cette
preuve est difficile en matière de réticence. La Cour de Cassation a souvent adopté une position souple en présumant
l'élément intentionnel dès lors qu'il existe une obligation d'information et qu'elle n'est pas respectée, il y a dol.
La Cour de Cassation a même opéré un renversement de la charge de la preuve : le contractant professionnel est
présumé ne pas avoir délivré l'information et donc avoir commis un dol.

b) Les caractères du dol


- le dol doit être déterminant : si le contractant avait connu la réalité s'il n'y avait pas eu de dol, il n'aurait pas signé le
contrat.
- le dol doit émaner du co-contractant. Le dol émanant d'un tiers ne sera pas pris en compte sauf s'il s'agit d'un
complice.
Le dol permettra d'obtenir la nullité du contrat mais également des dommages et intérêts pour le préjudice subi.

3) La violence
L'article 1111 du Code Civil définit ainsi la violence : « C'est une pression exercée sur un contractant pour le
contraindre à donner son consentement ». Sont visés tous les comportements qui contraignent le contractant à passer
un contrat. Il existe 3 types de violence :
la violence physique (coups, mauvais traitements)
la violence morale (pression psychologique, menace, chantage) : un arrêt du 13 janvier 1999 a reconnu la
violence au profit d'un membre d'une secte qui avait vendu son immeuble à la secte.
la violence économique : la doctrine a longtemps défendu cette notion fondée sur l'abus de puissance
économique d'un contractant. La Cour de Cassation a suivi la doctrine en l'admettant dans des circonstances
particulières (1er ex : chambre sociale 5 juillet 1965 : cas concernant un contrat de travail => l'employeur oblige son
salarié qui doit se rapprocher d'un centre hospitalier pour soigner la maladie de son enfant à conclure un nouveau
contrat de travail beaucoup moins avantageux. Il profite donc des circonstances pour imposer ses conditions.
2ème ex : un automobiliste en panne en pleine campagne qui se voit imposer les conditions du dépanneur).

b) Les caractères de la violence


La violence doit présenter 2 caractères :
Elle doit être illégitime, cela veut dire que l'acte constitutif de la contrainte ne doit pas être autorisé par le
droit. Certaines contraintes relèvent en effet de l'exercice de voie légale (ex : un comptable pique dans la caisse,
l'employeur peut le menacer s'il n'est pas remboursé et même s'il est remboursé).
De même, la crainte révérentielle envers les parents ne constitue pas une cause de nullité. La crainte révérentielle =
crainte subie par les enfants menacés par les parents. Le plus souvent, la violence sera illégitime sauf si c'est une
voie légale non détournée et qui ne permet pas d'obtenir un avantage hors de proportion avec l'engagement initial qui
est employée.
La violence doit être déterminante : il faut vérifier que le consentement n'aura pas été donné avec violence.
L'article 1112 alinéa 1 envisage une appréciation in abstracto : « il y a violence lorsqu'elle est de nature à faire
impression sur une personne raisonnable et qu'elle peut lui inspirer la crainte d'exposer sa personne ou sa fortune à
un mal considérable et présent ». L'alinéa 2 vise une appréciation in concreto car il précise qu'il faut tenir compte de
l'âge, du sexe et de la condition des personnes.
La jurisprudence apprécie in concreto donc suivant les caractéristiques de chaque victime. La jurisprudence tient
compte du milieu social, des compétences professionnelles...
La sanction : la nullité et dommages et intérêts, parfois même des sanctions pénales.

Paragraphe 3 : L'objet
L'article 1108 du CC exige un objet certain.
L'article 1128 : « il n'y a que les choses qui sont dans le commerce qui puissent être l'objet des conventions ».
L'article 1129 : « il faut que l'obligation ait pour objet une chose au moins déterminée quant à son espèce ».
L'objet du contrat est ce à quoi s'engagent les parties (ex : dans un contrat de vente, l'objet pour l'acheteur est ce à
quoi il s'engage => payer le prix. L'objet pour le vendeur est de délivrer la chose). Cet objet doit présenter différents
caractères.

A) Les caractères de l'objet


– L'objet doit exister. Il doit exister au moment de la conclusion du contrat. Si la chose qui fait la matière du
contrat n'existe pas, le contrat sera nul (ex : l'animal vendu est mort quelques instants avant la conclusion du
contrat). Il faut se placer au moment précis de la conclusion du contrat et non au moment de la livraison. Il
existe cependant 2 exceptions à ce principe :
Les choses futures : elles peuvent donner lieu à un contrat (ex : une voiture, un appartement, un animal à naître...).
Ces contrats peuvent être dangereux, c'est pourquoi ils doivent être réglementés et encadrés par des textes.
Les contrats aléatoires : dans ces contrats, l'existence de la chose n'est pas nécessaire car l'incertitude constitue l'aléa
(ex : l'achat à ses riques et périls).
– L'objet doit également être possible. L'impossibilité peut tenir à l'interdiction à l'exportation (nullité pour
objet impossible donc absence d'objet)
– L'objet doit être déterminable. L'article 1129 : « l'objet doit être déterminé et la jurisprudence a admis qu'il
soit seulement déterminable ». Pour une prestation humaine, l'engagement doit être détaillé. Si le contrat
porte sur un corps certain (ex : une voiture d'occasion, elle est unique), il faut que la chose soit
individualisée. Dans le contrat devra être précisé le kilométrage, les dégâts... Pour une chose de genre, la
chose devra être déterminée dans son espèce, dans sa quotité et dans sa qualité.
Quand l'objet est un prix, il faut que ce prix soit déterminé ou déterminable selon des critères objectifs.
Cependant, cette exigence présente des inconvénients pour certains contrats :
1er cas : les contrats ayant pour objet une activité humaine comme les contrats de service, càd les contrats
d'entreprise (ex : un taxi).
2ème cas : les contrats de distribution : ce sont des ensembles contractuels complexes. En principe, le contrat
cadre est conlu entre un commercant et un producteur. Le commercant s'engage à s'approvisionner chez un
fabricant pendant une certaine durée. En contrepartie, le producteur lui assure une aide à l'installation : une
assistance commerciale voire financière (ex : les contrats de franchise). Ensuite suivront de nombreux
contrats de vente. La jurisprudence a reconnu la validité de ces contrats mais très souvent, le prix de la
marchandise n'était pas indiqué dans le contrat cadre. La jurisprudence a craint que le commercant ne soit
lésé par le fabricant qui pouvait augmenter ses prix.
La Cour de Cassation a annulé les contrats cadre lorsqu'il faisait référence aux « tarifs fournisseurs ».
Chambre commerciale 11 octobre 1978. Cette jurisprudence a été très critiquée pour plusieurs raisons :
- il est quasiment impossible de fixer un prix dès le départ dans le contrat cadre.
- cela provoque une insécurité juridique.
- la nullité était le plus souvent employée par le débiteur qui ne voulait plus respecter ses obligations et qui voulait
donc sortir du contrat.
- il était illogique d'annuler systématiquement les contrats cadre alors qu'il existait seulement un risque d'abus d'où
un revirement de jurisprudence : Assemblée plénière, 1er décembre 1995 : l'article 1129 n'est pas applicable à la
détermination du prix. Cela veut dire que la clause d'un contrat faisant référence au tarif en vigueur au jour des
commandes d'approvisionnement à venir n'affecte pas la validité du contrat. Seul l'abus dans la fixation du prix
donne lieu à résiliation ou à indemnisation.
– L'objet doit être licite. Selon le Code Civil, l'objet doit être dans le commerce, cela signifie que sont interdits
tous les contrats portant sur « le corps humain (hors du commerce juridique) ». L'Assemblée plénière en
1991 a refusé l'adoption d'un enfant suite à une convention par laquelle une femme s'engage à porter un
enfant qu'elle cédera à un couple. Hors du commerce les biens qui font le monopole de l'Etat (cigarettes,
tabac), les biens contraires à la morale, les biens contraires à la santé publique, les clientèles civiles (la
clientèle civile est l'ensemble des personnes ayant recours au service d'un membre d'une profession libérale).
La Cour de Cassation a considéré jusqu'en 2000 que c'était illicite. Le 7 novembre 2000, revirement de
jurisprudence, elle admet la validité de tel contrat si la liberté de choix du patient est préservée.
– L'objet doit être conforme à l'Ordre public et aux bonnes mœurs. L'ordre public est défini comme « la norme
impérative dont les individus ne peuvent s'écarter ni dans leur comportement ni dans leur convention ». Le
plus souvent, c'est la loi qui définit qu'un texte est de l'Ordre public et aucune convention ne pourra y
déroger. On distingue : l'Ordre public classique qui protège les valeurs essentielles relatives à l'Etat et à la
famille. Cette notion d'Ordre public a évolué (ex : le contrat par lequel une rémunération est prévue pour
l'intermédiaire dans une adoption : contraire à l'Ordre public / le contrat de mère porteuse : contrat nul / le
contrat de courtage matrimonial : contrat licite). Aujourd'hui, les libertés fondamentales constituent l'essentiel
de l'Ordre public : sont nulles les causes intentatoires de la vie privée dans un contrat de bail, les clauses de
résidence obligatoire dans un contrat de travail.
L'Ordre public économique : il est apparu après la PGM et s'est largement développé. L'Ordre public
économique dispose 2 catégories : l'Ordre public de protection : il protège les catégories faibles comme les
consommateurs, les locataires... et l'Ordre public de direction : il concerne l'activité économique, fiscale et
politique fiscale de l'Etat (ex : tout ce qui concerne la fausse monnaie).

B) L'équilibre de l'objet
L'économie du contrat est envisagée alors dans son ensemble. En principe, vu l'autonomie de la volonté, le contrat
est supposé être juste car il a été accepté par les parties. Mais dans un souci de justice contractuelle, le Juge est
parfois amené à s'imiscer dans l'économie du contrat et à vérifier si une des parties n'est pas lésée.

1) La lésion
Il s'agit du déséquilibre qui existe entre les prestations fournies par chacun des contractants dans un contrat
synallagmatique. La lésion doit être formulée le jour de la formation du contrat. Elle fait présumer un vice du
consentement mais comme l'erreur sur la valeur n'est pas prise en compte, elle ne permet pas d'annuler le contrat. Le
droit français est réticent à admettre la lésion, elle est donc très encadrée.
Les cas prévus par le Code Civil : dans certains contrats :
1ère hypotèse : article 1674 du CC : si le vendeur a été lésé de plus de 7/12ème dans le prix d'un immeuble, il a le
droit de demander la réscision de la vente. L'acheteur n'est pas concerné (ex : la maison fait 120.000 €, le vendeur
pourra demander la réscision seulemnt s'il a été lésé de plus des 7/12 èmes soit de plus de 70.000 €, cela signifie qu'il
a vendu sa maison à moins de 50.000 €).
2ème hypothèse : article 889 du CC : lorsque l'un des copartageants établit avoir subli une lésion de plus du quart, le
complément de sa part lui sera fourni (ex : un partage de 100.000 € entre 4 personnes, une des personnes reçoit
20.000 €, elle aurait du recevoir 25.000 €, elle est donc lésée de 5.000 € mais 5000 € est moins d'1/4 de ce qui devait
lui revenir).
A l'égard de certaines personnes, la lésion est admise au profit de certains incapables. Les actes ne seront pas nuls de
plein droit. Ils seront nuls s'il y a lésion.

Les lois postérieures au Code Civil :


- Loi de 1907 concernant la vente d'engrais et de semence pour l'agriculture : la lésion est prise en compte lorsque le
prix payé excède 7/12ème de leur valeur.
- Loi de 1967 concernant les conventions d'assistance et de sauvetage maritime : il y a nullité si les conditions
convenues ne sont pas équitables.
- Loi de 1957 concernant les droits d'auteur : l'auteur subit un préjudice de plus des 7/12èmes, il peut demander la
nullité pour lésion.
Dans la jurisprudence, il y a 2 cas :
- Les juges se sont autorisés à réduire la rémunération des mandataires et des professions libérales lorsque le salaire
convenu est hors de proportion avec le service rendu.
- Les juges exercent également un contrôle sur le prix des cessions des offices ministériels (notaires) et réduisent le
prix s'ils le trouvent excessif.

2) Les clauses abusives


Loi du 10 janvier 1978 a introduit la notion de clause abusive en droit français. L'objectif était d'éliminer de telles
clauses dans les contrats conclus entre professionnels et consommateurs. La loi avait alors réservé au pouvoir
réglementaire la possibilité d'établir une liste de clause abusive par décret en Conseil d'Etat. La Commission des
clauses absuives a été mise en place pour proposer au gouvernement des listes de clauses interdites.
Un de ces décrets a prévu que la clause supprimant le droit à réparation du consommateur en cas de manquement par
le professionnel à ses obligations était abusive. Le second décret prévoit l'interdiction de modifier unilatéralement
les caractéristiques du bien à livrer, du service à rendre. La Cour de Cassation s'est alors autorisée à directement
apprécier le caractère abusif des clauses qui lui sont soumises (arrêt du 14 mai 1991, 1ère Chambre civile). La
Chambre civile déclare nulle une clause limitative de responsabilité qui prévoit qu'en cas de perte d'une pellicule
photo, le client est indemnisé par un film vierge. En 1993, une directive européenne a demandé aux Etats membres
de légiférer en la matière d'où une loi du 1er février 1995, loi réformée le 4 août 2008.
Le domaine de l'application de la loi : Code de la consommation alinéa ??: dans les contrats conclus entre
professionnels et consommateurs sont abusives les clauses qui ont pour objet ou pour effet de créer au détriment du
consommateur un déséquilibre significatif entre les droits et les obligations des parties au contrat. La loi ne concerne
que les contrats entre professionnels et consommateurs. Qu'est ce que le consommateur ? 1ère conception : le
consommateur est un particulier qui contracte pour un besoin personnel ou familial. 2ème conception : le
consommateur peut être également un professionnel qui contracte pour les besoins de la profession hors de son
besoin de compétences (ex : un bijoutier qui fait installer un système d'alarme). Pour la Cour de Cassation sont
exclus tous les contrats conclus dans le cadre de l'actitvité professionnelle. Il ne faut pas un rapport direct entre le
contrat et l'activité.
Par contrat, on entend tous les documents quelque soit la forme utilisée (bon de commande, facture, bon de
livraison...). Sont visées les clauses qui causent un déséquilibre significatif. Sont exclues les clauses portant sur le
prix et sur l'objet du contrat.
Le pouvoir réglementaire a établi une liste noire de clauses réputées abusives que l'on trouve dans le Code de la
Consommation ou dans le Code Civil. Il a également établi une liste grise : ce sont des clauses considérées comme
abusives mais le professionnel peut renverser cette présemption.
Parallèlement, le juge peut déclarer une clause abusive même si elle ne figure pas dans une liste.
Les sanctions : la clause abusive sera déclarée nulle, càd non écrite, tout le reste du contrat sera maintenu. Le
but est de ne pas dissuader le consommateur d'agir.
Une loi de 1888 a donné aux associations agrées des consommateurs la possibilité de demander au juge
éventuellement sous astreinte la suppression de telle clause dans les modèles de conventions habituellement
proposées au consommateur.

Paragraphe 4 : La cause
Il s'agit de la raison pour laquelle une partie s'engage. Du point de vue théorique, 2 réponses possibles : selon la
théorie classique, une partie s'oblige en considération de la contrepartie qu'elle va recevoir à
la cause pour le vendeur = le prix. Dans cette théorie, la cause sera dite objective car identique dans tous les contrats
du même genre. Dans la deuxième théorie, la théorie moderne, une partie s'engage également car elle a en tête
certains motifs (ex : on peut acheter une maison pour la louer, pour faire un placement, pour en faire une maison
close...). Les texte en matière de cause datent de 1804, ils n'ont pas bougé mais la jurisprudence a évolué et les juges
ont utilisé la notion de cause pour vérifier tout d'abord l'existence de la cause et pour vérifier si la cause est licite.

A) L'existence de la cause
L'article 1131 du CC : « l'obligation sans cause, sur une fausse cause ou sur une cause illicite ne peut avoir aucun
effet ».

1) La notion de cause
La cause de l'obligation est toujours la même mais l'appréciation de la cause peut différer.
-Dans les contrats synallagmatiques, la cause réside dans la contre-prestation. S'il n'y a pas de contrepartie, le contrat
sera nul (ex : acheter une chose qui n'existe pas ou louer une chose qui ne peut pas servir à l'usage prévu / un contrat
conclu avec un généalogiste alors que l'existence de la succession serait parvenue à la connaissance de l'héritier).
La jurisprudence a par extension annulé pour défaut de cause les contrats dans lesquels la contrepartie est dérisoire,
c'est-à-dire très faible, on parle de vil prix.
La jurisprudence récente utilise la notion de cause pour vérifier la cohérence du contrat dans son ensemble (ex : la
jurisprudence chronopost : les juges ont supprimé les clauses limitatives de responsabilité car il y a eu manquement à
une obligation essentielle du contrat).
-Dans les contrats aléatoires, la cause de l'engagement ne réside pas dans la contre-prestation car on est pas certain
qu'il y en aura une (ex: dans un contrat d'assurance, si aucun accident ne survient, les primes versées ne sont pas
utilisées mais la cause existe et les primes resteront ??? On dit que la cause réside dans l'aléa. Si l'aléa disparaît, la
cause n'existera plus (ex: assurer un bien qui a été détruit).
-Dans les contrats à titre gratuit, la cause réside dans l'intention libérale de celui qui a consenti l'avantage.

2) Le contrôle de l'existence de la cause


Même si la notion de cause est critiquée, la jurisprudence s'y réfère souvent pour s'assurer que chacune des parties
supporte des obligations. La jurisprudence s'est interrogée sur :
l'insuffisance de cause : l'absence de cause est une absence totale de contrepartie. Cependant, le juge peut être
tenté de faire jouer la cause quand il existe une contrepartie mais très faible, la cause peut être alors un moyen de
rééquilibrer le contrat. Il n'est pas possible de contourner le domaine restrictif de la lésion. Cependant, la
jurisprudence annule pour défaut de cause les contrats ayant une contrepartie illusoire. Le juge refuse d'annuler une
convention où le prix est faible. Elle ne l'accepte qu'exceptionnellement si le prix est infime. La jurisprudence, dans
ces hypothèses, se réfère à l'économie générale du contrat.
la charge de la preuve : c'est à la personne qui se prévaut de l'absence de cause d'en apporter la preuve même
s'il est défendeur.

B) Le caractère illicite de la cause


Selon l'article 1133 du Code Civil, la cause est prohibée par la loi quand elle est contraire aux bonne mœurs et
surtout à l'Ordre Public. La cause se tient donc comme instrument de protection de l'Ordre Public. Toute personne
s'engage pour une ou plusieurs raisons. Si le but poursuivi par une partie est illicite, il sera sanctionné par la nullité
du contrat. Il existe donc des intérêts généraux supérieurs au contrat qui s'imposent à lui. L'appréciation du caractère
illicite est différent selon que le contrat est à titre gratuit ou onéreux.
Contrat à titre gratuit : Si on ne tenait compte que de l'intention libérale, la cause serait toujours licite.
Cependant la jurisprudence a parfois sanctionné des libéralités notamment celles entre concubins. Elle a admis la
libéralité lorsque sa cause a été de mettre fin au concubinage mais elle l'a censuré lorsque la cause encourageait son
maintien. Cette solution malmène l'obligation de fidélité des époux. La position de la Cour de Cassation apparaît lors
de l'Assemblée plénière du 25 octobre 2004 : « N'est pas contraire aux bonnes mœurs la cause de libéralité dont
l'auteur entend maintenir la relation adultère qu'il entretient avec la bénéficiaire ».
Contrat onéreux : la jurisprudence essaie de canaliser l'utilisation de la cause pour ne pas porter atteinte à la
sécurité juridique. La première limite est que le motif doit être déterminant, il doit être la cause impulsive et
déterminante du contrat. La seconde limite est que le motif devait être connu des parties (ex: arrêt de 1956, le bail
a été conclu avec une personne souhaitant exploiter une maison de tolérance, càd maison close). Depuis un arrêt de
1989, la jurisprudence de la Cour de Cassation s'est assouplie : la cause en l'espèce était illicite car elle portait sur du
matériel d'occultisme. L'arrêt du 7 octobre 1998, 1ère chambre civile : 2 époux se séparent et le mari qui doit de
l'argent à sa femme lui rembourse sous forme, non d'un prêt, mais sous forme d'une pension alimentaire. La femme a
alors demandé la nullité pour absence de cause, la Cour de Cassation a alors annulé l'acte pour cause illicite. Autre
exemple : un homme en instance de divorce s'inscrit dans une agence matrimoniale alors qu'il est déjà marié. Pb
juridique : est-ce que le contrat par lequel un homme marié s'inscrit dans une agence matrimoniale est conforme aux
bonnes mœurs ?

Section 2 : Les conditions de formes du contrat

Le consentement seul suffit en principe à engager les parties : c'est le principe du consensualisme, cela veut dire que
la parole a une vraie valeur mais cela présente un risque en matière de preuves. Le consensualisme est également un
facteur de rapidité et de simplicité notamment en matière commerciale et en Droit des affaires. Cependant, dans un
souci de protection de certains contractants, le législateur est intervenu exigeant que le contrat revête certaines
formes.

Paragraphe 1 : La forme exigée à titre de validité du contrat

A) Le contrat réel
Le contrat réel comme le contrat de gage, de prêt, de dépôt se réalise par la remise de la chose. Il y a donc une forme
exigée par le Code Civil. Mais la jurisprudence et la doctrine vont contester la nature de ces contrats les qualifiant de
contrats consensuels (ex: la Cour de Cassation a requalifié le contrat de prêt consenti par un professionnel de banque
à un particulier. Un tel contrat est réalisé dès lors que les parties ont signé le contrat de prêt même si l'argent n'a pas
encore été transféré).

B) Le contrat solennel
Un contrat solennel est un contrat devant être passé sous certaines formes : acte authentique, acte sous seing privé...
Si les formes ne sont pas respectées, le contrat est nul. Un acte authentique est un acte passé devant un officier
ministériel, essentiellement le notaire (ex : les donations, les hypothèques, le contrat de mariage...).
Dans la législation récente, les formes exigées sont de plus en plus nombreuses : soit un écrit soit des mentions
obligatoires soit la transcription de certains articles notamment du Code de la consommation. Ceci est d'autant vrai
dans le Droit de la consommation. Le plus souvent, ces formes sont exigées à peine de nullité (ex : le contrat de bail,
le contrat de crédit, le contrat d'assurance, le CDD...).

Paragraphe 2 : La formalité exigée à un autre titre

A) L'écrit exigé à titre de preuve


Article 1341 du Code Civil : « Il doit être passé acte devant notaires ou sous signatures privées de toutes choses
excédant une somme ou une valeur fixée par décret [...] » => 1500 €. Ce qui signifie qu'en dessous de 1500 €, la
preuve est libre, elle peut se faire par tous les moyens (témoignages, relevés de compte...). Au dessus de 1500 €, la
preuve devra être faite seulement par écrit, on écarte la preuve par témoin.
Il existe 3 tempéraments (assouplissements, exceptions) :
en matière commerciale, la preuve est toujours libre.
en cas de commencement de preuves par écrit (acte émanant du défendeur et qui rend vraisemblable les faits
allégués), on admet alors les autres modes de preuve.
en cas d'impossibilité matérielle ou morale de produire un écrit, le demandeur va démontrer qu'il disposait
d'un écrit mais que cet écrit a été détruit (dégât important constaté par l'assurance tel qu'inondation, incendie...).
L'impossibilité peut être également morale (relation de famille, relation d'amitié, relation de subordination).

B) Le formalisme d'opposabilité
Dans cette hypothèse, l'absence de forme conduira à rendre le contrat non opposable aux tiers. Un acte non publié
sera inconnu donc ne pourra pas être invoqué à l'égard des tiers (ex : la vente d'un immeuble doit être publiée sinon
le vendeur est toujours censé être le propriétaire pour les tiers).

Chapitre 4 – La nullité du contrat

La nullité est la sanction classique des conditions de formation du contrat mais il existe d'autres sanctions (ex : les
sanctions pénales comme l'escroquerie). Il est également toujours possible d'engager la responsabilité contractuelle
de l'autre partie.
La nullité se définit comme l'anéantissement rétroactif du contrat. Cela signifie que le contrat est censé n'avoir
jamais existé. Elle doit être distinguée de notions voisines comme :
la résolution du contrat : comme la nullité, elle entraine l'anéantissement rétroactif du contrat mais dans une
autre hypothèse : la mauvaise exécution du contrat et non le défaut d'une condition du contrat.
la caducité du contrat : un contrat caduque est un contrat valablement formé mais qui perd ensuite un de ses
éléments essentiels (ex : donation d'un immeuble mais l'immeuble brûle).

Section 1 : La mise en œuvre de la nullité

La nullité doit être prononcée par le Juge sinon le contrat reste obligatoire. Celui qui invoque la nullité devra la
prouver.

Paragraphe 1 : Les personnes pouvant invoquer la nullité


La doctrine a élaboré une distinction entre nullité absolue et nullité relative. Cette distinction perd aujourd'hui de sa
cohérence.
La nullité relative protège un intérêt particulier, elle est invoquée par la personne protégée :
en cas de vices du consentement, seule la victime peut demander la nullité.
en cas de lésion ou de clause abusive, seule la personne lesée peut l'invoquer.
en cas d'absence de cause, la jurisprudence récente considère que la partie protégée est la seule à pouvoir
l'invoquer.
en cas de vices de forme, lorsque le formalisme protège une partie, seule la personne protégée peut agir.
La nullité absolue, nullité protégeant l'Ordre Public, pourra être demandée par toute personne qui tire un avantage du
contrat :
l'absence d'objet ou l'objet illicite,
en cas de cause illicite,
en cas de non respect de formalisme imposé par la loi

Paragraphe 2 : Les obstacles à la demande de la nullité


La prescription : elle éteint l'action en nullité. Depuis la loi de 2008, le délai est le même pour les 2 cas de
nullité. Le délai de droit commun est de 5 ans pour agir mais il existe des exceptions et des délais plus courts (ex : 2
ans en matière d'assurance...). Il faut faire attention au point de départ du délai. Le point de départ du délai est le jour
de la conclusion du contrat mais pour les vices du consentement, il s'agit du jour où la victime réalise son erreur ou
le dol ou le moment où la violence s'arrête. La loi de 2008 a cependant modifié le délai de prescription, il n'y a plus
d'action 20 ans après la conclusion du contrat. La prescription éteint l'action en nullité mais pas le droit d'opposer
l'action en nullité. L'exception de nullité est perpétuelle (pas de délai).
La confirmation : celui qui était en droit de demander la nullité du contrat renonce à invoquer ce droit. Cela
concerne les cas de nullité relative. Il ne pourra donc plus changer d'avis, 2 conditions sont nécessaires : le vice doit
avoir disparu + il faut que celui qui ait renoncé les faits le fasse de manière équivoque, bien claire (volonté certaine).

Section 2 : Les effets de la nullité

Ils sont les mêmes pour la nullité absolue et la nullité relative. La rétroactivité est le principe mais elle pose
problème quand le contrat a déjà été exécuté puisque tous les actes qui ont suivis le contrat initial devront tomber.

Paragraphe 1 : L'étendue de la nullité


Le plus souvent, le contrat est annulé dans son ensemble mais lorsque la cause de nullité ne touche qu'une clause du
contrat, la question de l'annulation intégrale du contrat se pose. La jurisprudence a choisi le critère du caractère
déterminant ou non de la clause dans l'esprit des parties. Si la clause est déterminante du consentement des parties, le
Juge annulera toute la convention. Sinon, si les parties auraient conclu tout de même ce contrat sans la clause, une
nullité partielle sera possible.
Le Juge ne dispose pas du prouvoir d'appréciation lorsque les parties ??? de leur accord, le Juge analysera donc
l'intention des parties. La loi parfois précise que seule la clause sera annulée (ex : les clauses abusives). Certains
textes prévoient une réduction d'un taux ou d'un prix qui dépasse un seuil légal.

Paragraphe 2 : Les restitutions


Le principe est que chaque partie doit rendre ce qu'elle a reçu.
S'il s'agit d'argent, chacun rend la somme versée lors de la conclusion du contrat mais une partie pourra demander
des dommages et intérêts si une faute a entrainé la nullité. Cependant, quelques problèmes se posent :
-Lorsque le bien à restituer a nécessité des biens pour son entretien, le bénéficiaire qui n'a jamais cessé dêtre
propriétaire en devra le remboursement. La restitution va enrichir le bénéficiaire qui doit donc payer les travaux
utiles.
-Lorsqu'une personne a utilisé la chose pendant une période relativement longue, la jurisprudence s'est demandée s'il
devait verser une indemnité pour cette jouissance. La Cour de Cassation, chambre mixte du 9 juillet 2004 : le
vendeur n'est pas fondé à obtenir une indemnité pour l'occupation de son immeuble.
-Si le bien a été dégradé par la faute du détenteur, il devra une indemnité même si la dégradation n'est dûe qu'à
l'écoulement du temps.

Paragraphe 3 : La rétroactivité à l'égard des tiers


Le contrat ne concerne qu'indirectement des tiers donc la nullité ne produit pas d'effet à leur égard. Cependant, la
nouvelle situation créée par la nullité leur est opposable (ex : l'annulation de la vente d'un immeuble est opposable
aux locataires).
Les ayants cause à titre particulier sont directement concernés par la nullité (ex : dans le contrat de vente successif
d'un même bien, l'annulation de la première vente rejaillit sur toutes les ventes ultérieures).
La jurisprudence a essayé d'aménager les droits du sous-acquéreur après une nullité :
lorsque le contrat transatif de propriété porte sur un meuble, le sous-acquéreur peut se prévaloir de l'article
2276 : « En fait de meubles, la possession vaut titre ».
lorsque le contrat porte sur un immeuble, le sous-acquéreur peut opposer au véritable propriétaire la
prescription acquisitive.

TITRE 2 – Les effets du contrat

Un contrat est conclu pour produire des effets, il existe un lien solide entre les parties, c'est ce qu'on appelle la force
obligatoire des contrats mais ce contrat n'a d'effets que pour les parties qui l'ont voulues : c'est ce qu'on appelle l'effet
relatif des contrats.

Chapitre 1 – La force obligatoire du contrat


Article 1134 du Code Civil :
« Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites.
Elles ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel, ou pour les causes que la loi autorise.
Elles doivent être exécutées de bonne foi. ».

Paragraphe 1 : La modification unilatérale du contrat


Le contrat, légalement formé, a force de loi. Sa modification unilatérale paraît donc impossible. En effet, le contrat
se fait par un échange de consentement donc il ne peut pas être modifié par un seul vice du consentement. Cette
obligation s'impose au juge et aux parties.

A) L'impossibilité de réviser le contrat par le juge


Le juge ne peut pas, sous prétexte d'équité, modifier les clauses contractuelles précises stipulées par le contractant.
Le problème peut se poser en matière d'imprévision. L'imprévision est la rupture de l'équilibre des prestations en
cours d'exécution du contrat. Il s'agit donc d'un contrat équilibré lors de la conclusion mais des évènements
postérieurs ont bousculé cet équilibre (ex : un conflit de guerre, l'inflation, de nouvelles circonstances économiques).
La Cour de Cassation a adopté très tôt une décision tranchée en matière de prévision : l'arrêt du Canal de Craponne
du 6 mars 1876. En l'espèce, des conventions ont été passées en 1560 entre Mr de Craponne qui s'engage à
construire un canal d'irrigation et les riverains qui ont le droit de prélever de l'eau moyennant une contrepartie
financière. Mais au 19ème, l'entreprise d'exploitation du canal demande une augmentation de la taxe vu la hausse du
coût de la main d'oeuvre et la valeur de la monnaie. La Cour de Cassation a cassé l'arrêt de la Cour d'Appel d'Aix qui
avait réévalué la redevance. Pour la Cour de Cassation, il n'appartient pas aux tribunaux de prendre en considération
le temps et les circonstances pour modifier les conventions des parties. La Cour de Cassation a réaffirmé cette
jurisprudence qui est toujours en vigueur. Cette solution est jugée trop sévère, trop rigide, elle n'est pas appliquée par
le juge administratif et le projet de réforme du droit des obligations prévoit l'admission de l'imprévision.
Il existe cependant des tempéraments à cette position. Ainsi, la Cour de Cassation a tenu compte des changements de
circonstances exposant un distributeur à une concurrence renforcée ou de l'augmentation du coût des matières
premières.
De même, le législateur est intervenu pour la révision d'un contrat par période temporaire (ex : période de guerre) ou
dans certaines hypothèses, dans des cas très précis (ex : des auteurs peuvent demander la révision de leurs contrats).

B) L'interprétation du contrat par le Juge


L'interprétation est l'opération par laquelle le juge précise le sens d'une convention en cas de lacune, de contradiction
ou d'ambiguïté. Le juge doit intervenir et donner un sens au contrat. Plusieurs articles du Code Civil donnent des
directives au juge pour comprendre un contrat :
1ère directive : il faut chercher dans une convention quelle a été la commune intention des parties
contractantes plutôt que de s'arrêter au sens littéral des termes.
2ème directive : ce qui est ambigu s'interprète par des usages dans le pays où le contrat est passé.
3ème directive : dans le doute, la convention s'interprète contre celui qui a stipulé et en faveur de celui qui a
contracté l'obligation => on interprète un contrat en faveur du débiteur.
Par le biais de l'interprétation, les juges du fond ont parfois rajouté au contrat, des obligations qui n'avaient pas été
réellement envisagées par les parties (ex : l'obligation de renseignement ou l'obligation de sécurité).
Les juges ne sont pas liés par les qualifications que les parties ont donné au contrat (ex : une personne effectue un
stage dans une entreprise). La Cour de Cassation vérifie que les juges du fond ne dénaturent pas le contrat.

C) L'impossibilité de réviser le contrat par les parties


Les contractants peuvent insérer dans leurs conventions des clauses permettant la révision des contrats. Il peut s'agir
de clauses de variation automatique des prix, c'est-à-dire des clauses d'indexation : la clause fait varier le prix du
contrat avec un indice de référence sans qu'un nouvel accord des parties ne soit nécessaire. Les pouvoirs publics sont
réticents avec ce type de clause. Les parties ne peuvent donc pas en principe indexer leur contrat sur le niveau
général des prix. Elles doivent donc choisir un indice ayant un lien direct avec l'objet du contrat ou l'activité des
parties.
Il y a également les clauses de révision (ou clauses de hardship en commerce international) : les parties s'engagent à
renégocier le contenu du contrat si un déséquilibre survient en cours d'exécution du contrat.

Paragraphe 2 : La révocation unilatérale du contrat


L'article 1134 du Code Civil prévoit qu'une convention ne peut être révoquée que par le consentement mutuel des 2
parties ou si la loi le permet.

A) La révocation du contrat par consentement mutuel


Il est toujours possible de mettre fin à un contrat si les 2 parties sont d'accord. La révocation peut être déjà prévue
dans le contrat. La plupart du temps, une indemnité est précisée dans le contrat (ex : l'article 1590 du Code Civil
concernant le versement des arrhes => « Si la vente a été faite avec des arrhes, chacun des contractants est maître de
s'en départir. Celui qui les a données les perds et celui qui les a reçues doit en restituer le double. »). Au contraire,
l'accompte est un paiement partiel d'un engagement ferme, il est impossible de le rompre sauf si l'autre partie est
d'accord. Si rien n'est précisé au contrat, la loi précise que les sommes versées sont des arrhes.

B) Les exceptions légales


La loi permet la révocation unilatérale du contrat dans des cas précis :
Les contrats à exécution successive ou les contrats conclus pour une durée indéterminée (ex : le salarié peut
rompre un CDI, le locataire). En effet, les engagements perpétuels sont prohibés par la loi pour sauvegarder les
libertés individuelles. Il faut cependant que la résiliation ne soit pas abusive c'est-à-dire que la rupture ne doit pas
être trop brutale et rapide.
Les contrats conclus intuitu personae (contrats reposant sur la confiance dans l'autre) : dans ces contrats, la
loi prévoit la possibilité pour une partie de résilier le contrat (ex : le droit de la consommation permet parfois la
résiliation unilatérale de certains contrats tels que la vente à distance, la vente immobilière).

Paragraphe 3 : L'exécution de bonne foi du contrat


L'article 1134 alinéa 3 énonce que les conventions doivent être exécutées de bonne foi. Cette notion de bonne foi a
longtemps été négligée par la jurisprudence. Mais depuis une quinzaine d'années, les tribunaux utilisent cette
disposition qui leur permet un contrôle sur la moralité ou la justice contractuelle. Ainsi, la jurisprudence impose
certains devoirs aux contractants.

A) Devoir de loyauté
Le contractant ne doit pas chercher à nuire à l'autre ou adopter un comportement qui rendrait difficile l'exécution du
contrat. S'il ne parvient pas au résultat attendu du contrat en se livrant à des manœuvres, il aura mauvaise foi (ex : le
surbooking/ le chauffeur de taxi qui prend le chemin le plus long). La Cour de Cassation sanctionne seulement les
abus les plus graves, il ne faut pas que le juge porte atteinte à la substance même du contrat.

B) Devoir de coopération
La jurisprudence va plus loin puisque ce devoir implique pour chaque partie d'agir au mieux des intérêts de son
contractant. On demande une entraide aux parties. C'est le cas souvent dans le contrat de société, dans les contrats de
distribution (ex : le client d'un couturier doit se prêter à des essayages).
Ce devoir implique également le devoir pour le contractant de faciliter l'exécution du contrat pour l'autre partie.
Le législateur est intervenu en faisant peser ce devoir sur les professionnels.

Chapitre 2 - L'effet relatif des contrats

Article 1165 du Code Civil : « Les conventions n'ont d'effet qu'entre les parties contractantes […] ». Cela signifie
que le contrat ne peut obliger que les personnes qui ont consenties à sa formation. Les tiers ne sont donc pas
concernés.

Paragraphe 1 : La portée de l'effet relatif du contrat


La loi ne définit ni la notion de partie ni de tiers du contrat. La doctrine a dégagé 3 catégories de personnes.

A) Les tiers assimilés aux parties


Les ayants cause à titre universel : ce sont les personnes ayant vocation à récupérer tout ou partie du
patrimoine du défunt (héritiers). Ces personnes n'ont pas la qualité de partie lors de la conclusion du contrat mais
peuvent l'acquérir après le décès. Cette règle est écartée si une clause de la convention le prévoit ainsi que dans les
contrats conclus intuitu personae.
Les parties représentées : la représentation est le procédé juridique par lequel une personne agit pour le
compte et au nom d'une autre personne. Les effets de l'acte se produiront directement sur la tête du représenté.
Le cessionnaire : la cession de contrat a pour objet le remplacement des parties par un tiers au cours de
l'exécution du contrat. Le cédant va donc céder son obligation à un tiers cessionnaire qui va le remplacer dans le
contrat (cession de contrat).

B) Les tiers liés aux parties


Sont concernées les situations où un bien est transmis à un tiers. La question est de savoir si les droits et les actions
attachées à ce bien mais créées par une convention à laquelle le tiers n'est pas partie peuvent produire des effets à
son égard (ex : lors d'une vente successive, le dernier acheteur peut-il profiter des droits attachés au bien mais créées
par la première création de contrat de vente ?).
Pour le droit réel (droit sur une chose comme le droit de propriété), la solution est claire : tous les droits sont
transmis avec la chose.
Pour les droits personnels (droit de créance), la situation est plus complexe notamment dans 2 situations :
Les ayants cause à titre particulier sont des personnes qui ont recueilli un droit déterminé d'une autre
personne (ex : l'acheteur et le vendeur). Question : l'ayant cause à titre particulier est-il un tiers absolu au contrat
initial ou non ? Dans certains cas, la loi a tranché (ex : le Code Civil prévoit la transmission du bail à l'acquéreur de
l'immeuble / le Code du travail prévoit la même solution pour les contrats de travail).
Dans les autres cas, la jurisprudence a dégagé 2 règles :
L'intransmibilité des dettes de l'auteur à l'ayant cause à titre particulier (ex : un chef d'entreprise rachète une
mine pour l'exploiter à son tour, le vendeur avait promis une prime à un salarié, le nouveau chef d'entreprise ne sera
pas tenu de payer cette prime).
La transmissibilité de certaines créances à l'ayant cause à titre particulier : la jurisprudence a parfois fait
produire un effet obligatoire à un droit de créance mais du contrat initial (ex : arrêt du 3 décembre en 1996 en
matière de clause de non concurrence : si lors de la cession d'un fonds de commerce, le vendeur s'engage au profit du
premier acquéreur à une obligation de non concurrence, cette obligation est transmise avec le bien à tout acquéreur
successif du fonds qui pourront l'opposer à tout acquéreur initial / arrêt du 7 février 1986 : le sous-acquéreur peut
agir contre le fabricant dans le cadre d'une action en garantie. Dans les cas où les tribunaux admettent la
transmission du droit de créance aux ayants cause particulier, cette créance paraît constituer l'accessoire de la chose).

Les groupes de contrat : un groupe de contrat est un ensemble de conventions présentant une unité
économique soit parce qu'elles portent sur le même objet soit parce qu'elles poursuivent un but commun (ex : la
transmission successive d'un même bien du fabricant au consommateur / les contrats d'entreprise, les opérations de
sous-traitance).
Selon l'article 1165 du Code Civil, les membres extrêmes d'une chaine sont des tiers les uns par rapport aux autres.
Cela présente des inconvénients car il y a une unité économique dans un groupe de contrat et il faudrait envisager la
notion de tiers par rapport au groupe et non pas par rapport à chaque contrat. La Cour de Cassation a distingué
plusieurs hypothèses :
Les ensembles de contrats non transatifs de propriété (ex : le propriétaire passe un contrat d'entreprise avec
un constructeur et ensuite le constructeur passe un contrat de sous-traitance avec le plombier). Dans ce cas, la Cour
de Cassation Assemblée plénière 12 juillet 1991, il n'y a aucun lien entre les contractants extrêmes, ce sont des tiers.
L'action est alors impossible entre eux, les conventions n'ont d'effets qu'entre les parties contractantes.

C) Les tiers absolus


Ce sont des personnes totalement étrangères au contrat. Parmi ces tiers, on trouve les créanciers chirographaires
(créanciers qui n'ont absolument aucune sûreté sur un bien). Ces créanciers sont des tiers mais les contrats passés par
le débiteur ont des répercussions indirectes sur son droit de gage. 2 actions spécifiques leur sont réservées pour
éviter les atteintes illégitimes à leur droit de gage :
l'action oblique (art. 1166 du Code Civil) : cette action permet au créancier d'exercer les droits et actions de
son débiteur négligeant (ex : A est le créancier de B et B est le créancier de C. L'action oblique permet à A de faire
payer C donc C va payer B et A pourra se servir dans le patrimoine de B).
Créancier (A)

Débiteur 1 (B) Débiteur 2 (C)


l'action paulienne (art. 1167 du Code Civil) : le créancier peut demander la révocation des actes passés en
fraude de ses droits (ex : B est le débiteur de A et B a fait une donation à C pour ne pas payer A).
Créancier

Débiteur 1 A ce contrat a été passé en fraude


L'action paulienne va permettre d'annuler le contrat passé entre le débiteur et une autre personne.

Paragraphe 2 : Les exceptions à l'effet relatif du contrat

A) La promesse de porte-fort
Article 1120 du Code Civil : « C'est l'engagement souscrit par un contractant, le porte-fort, d'obtenir l'accord d'un
tiers à un acte juridique » (ex : le conjoint marié sous le régime de la communauté ne peut vendre seul un immeuble
commun mais un conjoint peut se porter fort auprès de l'acheteur d'obtenir l'accord de sa femme). Le tiers ne sera
pas directement engagé par la promesse. Soit le tiers ratifie la promesse, il sera alors engagé par l'acte avec un effet
rétroactif et le porte-fort est libéré de ses obligations. Soit le tiers refuse de ratifier, il pourra voir alors sa
responsabilité engagée car il était tenu à une obligation de résultat.

B) La stipulation pour autrui


Article 1121 du Code Civil : c'est l'opération par laquelle un des contractants demande à l'autre, le promettant,
d'exécuter des prestations à l'égard d'un tiers bénéficiaire qui n'est pas partie au contrat (ex : l'assurance décès => le
stipulant est le père de famille, le promettant est l'assureur et les bénéficiaires sont les enfants. Dans cette hypothèse,
le tiers bénéficiaire devient créancier).

Paragraphe 1 : Les conditions pour que la stipulation soit valable


Il faut un rapport juridique entre stipulant et promettant (ex : contrat d'assurance).
Il faut une stipulation expresse dans le contrat.
La stipulation doit être faite au profit d'un tiers. Cette stipulation n'exclut cependant pas que le bénéficiaire soit tenu
lui-même à certaines obligations.

Paragraphe 2 : Les effets


Le tiers bénéficiaire a un droit direct contre le promettant pour qu'il exécute sa promesse. Les créanciers du stipulant
n'ont aucun droit sur les sommes dûes aux bénéficiaires.

TITRE 3 - L'inexécution du contrat

Lorsqu'une partie ne respecte pas ses obligations contractuelles, le créancier dispose de plusieurs actions :
Il peut demander la résolution du contrat (la résolution est l'anéantissement du contrat).
Il peut demander l'exécution du contrat.
Il peut demander des dommages et intérêts c'est-à-dire mettre en œuvre la responsabilité contractuelle.
Il peut faire jouer l'exception d'inexécution.

Chapitre 1 - Les sanctions communes à tous les contrats

Section 1 : L'exécution forcée en nature

Il s'agit, pour le créancier, de l'exercice d'un moyen de contrainte contre le débiteur afin de le forcer à exécuter le
contrat.

Paragraphe 1 : Le domaine de l'exécution forcée


Chaque partie a toujours le droit d'exiger l'exécution du contrat dans les termes prévus. C'est évident lorsqu'il s'agit
de payer une somme d'argent. En revanche, l'exécution forcée dans les autres hypothèses peut poser difficulté. Pour
les obligations de ne pas faire, il est trop tard (ex : pour le débiteur ayant violé une obligation de non concurrence,
seule la responsabilité contractuelle sera possible). Pour les obligations de faire, il est difficile d'obliger un débiteur à
exécuter une prestation s'il ne le veut pas. C'est pourquoi la jurisprudence limite l'exécution forcée à certaines
obligations (par exemple livrer une chose). En effet, elle exclut l'exécution forcée lorsqu'elle pourrait porter atteinte
à la liberté individuelle du débiteur.

Paragraphe 2 : Les moyens d'exécution forcée


Les moyens de contrainte directe :
Pour une obligation de somme d'argent, il est possible de faire saisir les biens du débiteur, d'obtenir la vente forcée et
de se faire payer sur le prix.
Selon l'article 1143 du CC, il est possible de demander la destruction de ce qui a été construit en contrariété avec les
engagements contractuels.
Selon l'article 1141 du CC, le créancier peut également demander l'exécution par un tiers aux frais du débiteur.
Les moyens de contrainte indirecte :
L'astreinte : c'est la condamnation du débiteur à des dommages et intérêts proportionnels au nombre de jours de
retard pour l'obliger à s'exécuter rapidement. Cette condamnation à une astreinte est fixée par le Juge qui fixe un
montant par jour de retard. Cette astreinte devra être liquidée par le juge. Le juge est libre dans sa liquidation
d'astreinte, il peut la réduire si elle est trop élevée.

Section 2 : L'exécution par équivalent : la responsabilité contractuelle

La responsabilité civile est l'obligation de réparer le dommage causé à autrui. La responsabilité contractuelle est une
variété de responsabilité civile. Elle s'applique quand le dommage est causé à l'occasion de l'inexécution d'un
contrat.

Paragraphe 1 : Les conditions de la responsabilité contractuelle


La condition préalable à la responsabilité contractuelle est qu'il existe un contrat entre les 2 parties. S'il existe un
contrat, la victime n'aura pas le choix (responsabilité contractuelle engagée). S'il n'existe pas de relation
contractuelle entre les 2, seule la responsabilité délictuelle pourra être engagée. La victime ne peut pas choisir le
terrain de son action.

A) La faute contractuelle

1) La distinction entre obligation de moyen et obligation de résultat


La faute en l'espèce consiste dans un manquement contractuel. Premièrement, il faut établir la preuve du non-respect
du contrat. La question est qui doit prouver quoi ?
L'obligation de moyen : le débiteur promet d'apporter tous les soins et les diligences nécessaires à sa mission mais il
ne garantit pas d'y parvenir (ex : le médecin, l'avocat). La victime doit démontrer que l'autre partie n'a pas mis en
œuvre tous les moyens dont elle disposait pour respecter le contrat.
L'obligation de résultat : le débiteur s'engage à atteindre un résultat. S'il n'y arrive pas, sa faute sera présumée. Il
faudra que le défendeur démontre qu'il n'a pas commis de fautes afin de s'exonérer (ex : le garagiste...).
La mise en œuvre de la distinction entre ces 2 types d'obligation est parfois difficile :
- Le 1er critère de distinction pour le juge est la volonté des parties : il va rechercher dans les termes du contrat la
volonté des parties. Si les parties n'ont rien dit, il y a d'autres critères.
- Le 2nd critère de distinction est que le juge recherche s'il y a un aléa, c'est-à-dire si le résultat prévu au contrat est
tributaire d'éléments extérieurs aux parties. Dans ce cas, il y aura obligation de moyen.
La jurisprudence est fluctuante en la matière :
pour les obligations de ne pas faire et pour les obligations de donner, la jurisprudence invoque une obligation
de résultat.
pour les obligations de faire, la jurisprudence est variable : 1er exemple => dans le contrat médical,
traditionnellement, l'obligation de soin est une obligation de moyen mais la jurisprudence a admis l'obligation de
résultat pour du matériel défectueux, pour des opérations extrêmement simples, pour un défaut d'information. La loi
du 4 mars 2002 a posé le principe d'une responsabilité basée sur la faute mais elle a reconnu un droit à
l'indemnisation à la victime d'un accident médical non fautif au titre de la solidarité nationale. La Cour de Cassation,
le 14 octobre 2010 a reconnu la responsabilité du médecin même sans faute. En l'espèce, il s'agissait des maladies
nosocomiales.
2ème exemple => l'obligation de sécurité dans les contrats de transport. La jurisprudence fait peser sur les
professionnels une obligation de sécurité. La jurisprudence a reconnu le critère du rôle actif de la victime qui fait
entrer un aléa dans le contrat. Si la victime a un rôle actif pendant le transport, le débiteur sera tenu à une obligation
de moyen. S'il a un rôle passif, il sera tenu à une obligation de résultat.
Les contrats SNCF : le contrat de transport commence à partir du moment où le passager commence à monter dans
le train jusqu'au moment où il achève d'en descendre. Avant et après, il devra mettre en œuvre la responsabilité
délictuelle de la SNCF. Pendant le trajet, il y a obligation de résultat.
Dernier exemple => en matière de loisirs (parapente, équitation...), la jurisprudence tient compte du rôle joué par la
victime. Si la victime joue un rôle actif, l'obligation du professionnel est une obligation de moyen. Mais la Cour de
Cassation, 1ère chambre civile du 15 décembre 2011, a retenu une obligation de sécurité, de résultat dans le cadre
d'une activité libre.
2) Les différents types de fautes
Pour le Code Civil, toute faute, même légère, oblige son auteur à réparer le dommage. Mais la jurisprudence a tout
de même distingué un grand type de fautes.
– 1er degré = la faute légère : imprudence, manque de vigilance.
– 2nd degré = la faute simple : non respect de l'obligation de sécurité par exemple.
– 3ème degré = la faute inexcusable : faute volontaire d'une exceptionnelle gravité avec l'intention ou non de
causer le dommage mais avec la conscience de sa probabilité.
– 4ème degré = la faute lourde : faute sans preuve de volonté délibérée mais si grossière qu'elle sera
sanctionnée (ex : le banquier qui donne accès au coffre fort sans vérifier l'identité / le buraliste qui ne
transmet pas les bulletins de loto à la loterie nationale).
– 5ème degré = la faute dolosive : elle implique une volonté délibérée, une intention de ne pas respecter le
contrat.
Le degré de faute va avoir une influence sur la limitation conventionnelle de la responsabilité du débiteur.

B) Le préjudice ou dommage
Pour agir en responsabilité contractuelle, il faut que la faute ait causé un préjudice au créancier et que la victime doit
en apporter la preuve. Il existe 3 grandes catégories de dommages :
le dommage matériel : ce sont toutes les atteintes au patrimoine ainsi que le préjudice économique c'est-à-
dire la perte de revenu.
le préjudice moral : c'est celui qui entraîne des souffrances psychiques comme le chagrin, la déception, la
crainte, le préjudice d'affection.
le préjudice corporel : il résulte de toute atteinte à l'intégrité physique. Il peut entraîner un préjudice matériel,
un préjudice économique, le pretium doloris (préjudice de douleur), un préjudice d'agrément (le fait de ne plus
pouvoir profiter d'un plaisir de la vie), un préjudice sexuel, un préjudice esthétique (cicatrices...), un préjudice
écologique (il prend en compte la dégradation de la nature ou de l'environnement au détriment des collectivités
territoriales (marée noire). Il prend aussi en compte les dommages causés aux personnes).

Le dommage doit présenter 3 caractères :


– il doit être direct : sont indemnisées les victimes directes mais également les victimes par ricochet c'est-à-dire
les personnes qui ont un lien d'affection ou un lien de famille avec la victime.
– il doit être certain : il faut un dommage réalisé et non pas une éventualité. La jurisprudence prend cependant
en compte la perte d'une chance si cette chance est sérieuse.
– il doit être légitime : cela veut dire que le dommage ne doit pas présenter un caractère illicite ou immoral.
Dans la responsabilité contractuelle, un caractère supplémentaire est demandé au préjudice : celui-ci doit être
prévisible. Article 1150 du Code Civil : le débiteur n'est tenu que des dommages et intérêts qui ont été prévus lors du
contrat sauf lorsque l'obligation n'a pas été exécutée suite à un dol. Il faut que le contractant ait pu mesurer les
conséquences de sa défaillance (ex : un transporteur accepte un colis contenant des valeurs précieuses mais il n'est
pas prévenu. Il perd le colis et le propriétaire du colis demande des dommages et intérêts. Il ne sera pas responsable
de la perte du colis). La jurisprudence est plutôt bienveillante avec les victimes. Le préjudice corporel est toujours
considéré comme prévisible. En ce qui concerne le préjudice matériel, la jurisprudence protège souvent le débiteur.

C) Le lien de causalité
Article 1151 : le créancier ne peut demander réparation du préjudice que s'il est une suite immédiate et directe de
l'inexécution de la convention.
Cela signifie qu'il faut un lien de causalité entre la faute et le dommage. Le problème est de déterminer où s'arrête le
lien de causalité directe (ex : la vente d'une vache malade entraîne la contamination du troupeau ce qui ruine
l'agriculteur qui ne peut pas rembourser ses dettes et qui voit ses biens saisis).
La jurisprudence utilise 2 théories :
la théorie de la causalité adéquate : elle retient comme cause juridique du dommage l'évènement principal
sans lequel le dommage n'aurait pas eu lieu.
la théorie de l'équivalence des conditions : toute cause sans laquelle le dommage ne serait pas arrivé est prise
en compte.
La jurisprudence adopte ces 2 théories en cherchant très souvent à protéger la victime.
Le lien de causalité doit toujours présenter 2 caractères : le caractère certain (il faut un lien direct entre le dommage
et le fait dommageable) et le caractère direct (seul le fait dommageable directement causé par le dommage sera
indemnisé).
Même si les 3 conditions sont remplies, le débiteur peut se voir partiellement ou totalement exonéré.
D) Les causes d'exonération du débiteur
Le débiteur peut être exonéré de sa responsabilité s'il établit une cause étrangère l'ayant empêché d'exécuter le
contrat. Il existe 3 causes étrangères en droit positif : la force majeure, le fait (ou faute) d'autrui et le fait (ou faute)
de la victime.
La force majeure : article 1148 du Code Civil : « Il n'y a lieu à aucun dommages et intérêts lorsque, par suite d'une
force majeure, le débiteur a été empêché de donner ou de faire ce à quoi il était obligé, ou a fait ce qui lui était
interdit ».
Est qualifié de force majeure l'évènement présentant 3 caractères :
le caractère irrésistible : les raisons invoquées doivent empêcher totalement le débiteur d'exécuter ses
obligations. Il faut donc un obstacle insurmontable (ex : inondation, catastrophe naturelle...).
le caractère imprévisible : si le fait pourrait être prévu, la force majeure est exclue car le débiteur aurait du
prendre des mesures pour l'empêcher.
le caractère extérieur : l'évènement invoqué doit être extérieur au débiteur.
Le fait d'un tiers : la force majeure peut être le fait d'un tiers au contrat qui empêche le contrat de se réaliser (ex : le
transporteur ne livre pas car il a eu un accident). Si le fait du tiers a les 3 caractères de la force majeure, le débiteur
sera exonéré totalement de sa responsabilité. Sinon, la responsabilité va être partagée (exonération partielle).
Le fait du créancier (faute de la victime) : Parfois, l'inexécution du contrat peut résulter de la victime elle-même
qui a empêché l'exécution (ex : le voyageur qui saute du train en marche / le malade qui ne prend pas ses
médicaments). Ainsi, si le fait de la victime présente les 3 caractères de la force majeure, il y aura exonération totale.

Paragraphe 2 : Les effets de la responsabilité contractuelle


Lorsque les 3 conditions de la responsabilité sont remplies, le Juge peut condamner le débiteur à verser des
dommages et intérêts.

A) L'attribution de dommages et intérêts


L'article 1146 exige au préalable la mise en demeure du débiteur défaillant. La mise en demeure est le fait de
rappeler au débiteur son obligation par lettre recommandée avec accusé de réception ou par acte d'huissier. Le plus
souvent, c'est le juge qui fixera le montant des dommages et intérêts compensatoires. Ces dommages et intérêts
doivent couvrir intégralement le préjudice. Pour les obligations de sommes d'argent, le débiteur peut être condamné
à des dommages et intérêts moratoires c'est-à-dire des dommages et intérêts dûs pour le retard dans le paiement. Ils
courent à compter de la mise en demeure.

B) Les aménagements conventionnels


Les contractants peuvent aménager à l'avance les conséquences de la responsabilité contractuelle.

1) Les clauses exonératoires ou limitatives de responsabilité


Les clauses exonératoires de responsabilité excluent toute responsabilité si une partie ne respecte pas le contrat. Une
clause limitative de responsabilité limite la responsabilité à un certain plafonds. Ces clauses sont valables mais elles
sont encadrées. Le droit positif a prévu des exceptions à leur application :
en cas de faute lourde du débiteur : les clauses seront réputées non écrites car une clause limitative ou
exonératoire de responsabilité ne peut être appliquée quand l'inexécution du contrat est imputable à la faute lourde
du débiteur.
en cas de clause portant sur une obligation essentielle du contrat : c'est la règle chronopost du 29 octobre
1996 (livrer avant midi). La Cour de Cassation a affirmé qu'une telle clause limitative de responsabilité portant sur
une obligation essentielle est réputée non écrite lorsqu'elle entre en contradiction avec l'engagement du débiteur.
les exceptions légales (prévues par la loi) : le législateur a réglementé ou interdit de telles clauses dans les
contrats entre professionnels et consommateurs. La loi ne prévoit pas les clauses exonératoires de responsabilité en
cas de dommages corporels.

2) Les clauses pénales


Elles fixent à l'avance dans le contrat le montant des dommages et intérêts qui seront dûs en cas d'inexécution.
Article 1152 et 1226 du Code Civil : c'est donc une clause qui évalue une compensation du préjudice subi. De telles
clauses sont valables sauf si la loi les interdit (ex : toute amende pécuniaire à l'encontre du salarié est interdite). Ces
clauses sont très répandues et présentent un danger quand elles sont imposées par la partie la plus forte au contrat (ex
: dans un leasing, le débiteur devra payer toutes les sommes dues jusqu'à la fin). Le législateur est intervenu en 1975
et a donné un pouvoir modérateur au juge. Article 1152 : « Lorsque la convention porte que celui qui manquera de
l'exécuter payera une certaine somme à titre de dommages et intérêts, il ne peut être alloué à l'autre partie une
somme ni plus forte ni moindre. Néanmoins, le juge peut, même d'office, modérer ou augmenter la peine si elle est
manifestement excessive ou dérisoire ».

Chapitre 2 - Les sanctions propres au contrat synallagmatique

Section 1 : L'exception d'inexécution

Il s'agit du moyen de défense dont dispose chaque partie au contrat lui permettant de refuser d'exécuter son
obligation tant qu'elle n'a pas reçu la contre-prestation (ex : l'employeur cesse de payer le salarié donc le salarié
cesse de travailler).

Paragraphe 1 : Les conditions


- Il faut que le débiteur n'ait pas exécuté une obligation présentant un lien d'interdépendance avec celle du créancier.
- L'exception d'inexécution doit être invoquée de bonne foi (il faut une proportionnalité entre l'obligation d'exécuter
et celle qui est suspendue).
- Elle peut être invoquée en dehors de tout le procès.

Paragraphe 2 : Les effets


C'est un moyen de défense temporaire qui est offert au créancier (moyen de pression). Il conduit juste à une
suspension du contrat. C'est une solution d'attente mais qui ne règle pas le problème. Il faudra ensuite demander la
résolution du contrat.

Section 2 : La résolution du contrat

C'est l'anéantissement rétroactif de la condition inexécutée. Elle doit être prononcée en principe par le juge mais elle
a pu être prévue par une clause dans le contrat.

Paragraphe 1 : La résolution judiciaire

A) Le domaine
Article 1184 du Code Civil prévoit que la résolution judiciaire est toujours possible dans les contrats
synallagmatiques quand une des 2 parties ne respecte pas le contrat. Sont exclus par la loi quelques contrats (ex :
contrats d'assurance).

B) Les conditions
- Il faut l'inexécution par le débiteur et il faut que l'inexécution soit suffisamment grave.
- Seul le créancier peut demander la résolution du contrat. Le débiteur pourra alors proposer au créancier d'exécuter
son obligation. Le juge peut accorder des délais de grâce pour obliger le débiteur à s'exécuter.

C) Les effets
Le contrat est anéanti rétroactivement comme en matière de nullité. Il faudra que chaque partie restitue ce qu'elle a
reçu lorsque c'est possible.
Dans les contrats à exécution successive, les restitutions s'avèrent souvent impossibles. Dans ces cas, la résiliation
sera prononcée à compter du jugement. Certains contrats posent problème lorsqu'ils sont constitués d'une succession
d'actes (ex : un contrat dans une auto-école).
Pour les clauses pénales, la résolution du contrat devrait entraîner la disparition de tout le contrat mais la
jurisprudence a considéré que certaines clauses comme la clause pénale devraient être maintenues.

Paragraphe 2 : Les clauses résolutoires


Les parties peuvent inclure dans le contrat une clause résolutoire à condition que :
– la clause soit sans équivoque
– la clause sanctionne une obligation expréssement prévue au contrat
– qu'une mise en demeure soit faite au préalable
– le demandeur soit de bonne foi

Paragraphe 3 : La résolution unilatérale


Le droit positif reconnaît exceptionnellement au créancier la faculté de résolution unilatérale. La loi le prévoit en cas
de faute grave du salarié. La jurisprudence l'a admis lorsque la gravité du comportement d'une partie à un contrat
justifie que l'autre partie y mette fin de façon unilatérale à ses risques et périls.

méthodologie cas pratique :


identifier les faits pertinents
problème juridique
quelles règles de droits applicables ?
appliquer à l'espèce

méthodologie fiche de jurisprudence :


identifier la juridiction
juridiction date
parties
faits chronologiques
procédure (ce qui s'est passé avant la Cour de Cassation)
motifs
identifier le pb juridique

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