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Thérèse Desqueyroux de Mauriac

Contexte

Thérèse Desqueyroux, publié en 1927, est considéré comme le chef-d’œuvre de


François Mauriac. Il lui est inspiré d’un fait divers et d’une histoire vraie, celle de
Blanche Canaby.
Le roman obtient immédiatement un immense succès.

L’écrivain offre dans ce roman l’étude d’une femme accusée d’avoir empoisonné son
mari. Thérèse Desqueyroux, c’est aussi l’analyse des passions humaines et la critique d’une
bourgeoisie catholique et conservatrice.

Personnages

Thérèse Desqueyroux : C’est l’héroïne du livre. Elle est mariée à Bernard par volonté
familiale, et amie avec Anne, la demi-sœur de Bernard. C’est une femme indépendante,
éprise de liberté, qui se sent emprisonnée dans son mariage. Sa rencontre avec
Jean Azévédo lui ouvre les yeux sur son destin. Elle tente par la suite d’empoisonner son
mari.
Jérôme Larroque : Le père de Thérèse Desqueyroux est un bourgeois, maire de sa ville ; sa
position est importante. Il n’aime pas les femmes, qu’il considère comme des hystériques et
des idiotes. Sa carrière est plus importante à ses yeux que sa fille.
Bernard Desqueyroux : C’est le voisin de Thérèse, qui devient son mari. Il refuse les
fantaisies et il est peu ouvert d’esprit. Bernard souffre de problèmes cardiaques, ce qui
permet à sa femme de lui administrer un traitement empoisonné.
Jean Avézédo : Jean, libertin, représente l’exotisme et l’espoir d’un ailleurs. C’est l’initiateur,
qui ouvre les yeux de Thérèse sur ce qu’elle pourrait être. Il est l’amant d’Anne, mais
considère leur histoire comme un jeu.
Maître Duros : C’est l’avocat qui défend Thérèse Desqueyroux. Il contribue au non-lieu qui
est prononcé en faveur de Thérèse.
Tante Clara : La vieille tante de Thérèse Desqueyroux, à qui elle est entièrement dévouée.
Sa mort empêche le suicide de Thérèse.
Anne de la Trave : Demi-sœur de Bernard et meilleure amie de Thérèse, elle est l’opposée
de son amie. Anne tombe amoureuse de Jean. Par convention familiale, elle épouse un jeune
bourgeois, ce qui provoque les moqueries de Thérèse qui lui reproche sa soumission.
Thèmes
L’individualisme : C’est le personnage de Thérèse qui représente cet individualisme. Elle
cherche à se libérer des carcans sociaux et veut affirmer son caractère. Anticonformiste,
Thérèse se cultive et refuse de devenir catholique. Elle est éprise de liberté et indifférente
quand il s’agit de son entourage et de sa famille.
Le crime : Ce thème est exprimé à travers la culpabilité de Thérèse qui se remet en question.
Elle veut la liberté à tout prix, quitte à aller jusqu’au crime. Le jugement, la notoriété mise en
jeu d’une famille et les apparences sont des conséquences du crime et du procès.
L’amitié : Il existe une amitié ambiguë entre Thérèse et Anne. Cette amitié est entachée de
jalousie, mais il s’agit d’une amitié forte où l’une ne peut pas être sans l’autre. Elle se traduit
également par leur correspondance et se fragilise au contact des hommes et des idées de
mariage. Les idylles séparent l’amitié des deux jeunes femmes.
La bourgeoisie provinciale : La condition des femmes est codée : elles sont vouées à
devenir épouses, mères et ménagères. La bourgeoisie aime les arrangements de mariages
qui sont des moyens pour conserver domaine et fortune. On assiste au conformisme des
bourgeois et du catholicisme où l’importance du statut social, de l’argent et des apparences
prime.
Résumé

Le roman est inspiré d’un fait divers, l’histoire d’Henriette Canaby. L’auteur ayant assisté au
procès, il s’inspire librement de cette femme pour créer le portrait d’une femme étouffée par la
société et les conditions sociales bourgeoises qu’elle subit. Thérèse Desqueyroux naît ainsi.
Malraux peint ici le caractère d’une femme indépendante et libre qui refuse le conformisme
qu’on lui impose. Emprisonnée par son entourage, elle ne voit le meurtre et le poison que
comme une solution pour la libérer de ce carcan qui la tient encore en province. Elle restera
seule et incomprise jusqu’au bout.

Le roman est divisé en treize chapitres.

Le texte est précédé d’une épigraphe, une citation de Charles Baudelaire : « Seigneur, ayez
pitié, ayez pitié des fous et des folles ! Ô Créateur ! peut-il exister des monstres aux yeux de
Celui-là seul qui sait pourquoi ils existent, comment ils se sont faits, et comment ils auraient
pu ne pas se faire ? »

Chapitre 1 Thérèse vient de partir du palais de justice, accompagnée de son avocat,

Maître Duros et de son père. Un non-lieu en sa faveur vient d’être prononcé comme l’espérait

ce dernier et son mari pour sauver leur réputation et leur carrière, car Thérès e était accusée

d’empoisonnement envers son mari.


On comprend rapidement que les seules préoccupations de Monsieur Larroque, père de
Thérèse, sont d’ordre sociales. Il craint de mauvaises répercutions.
Thérèse est conduite à la gare où elle doit rejoindre son mari à Argelouse. Son père lui
rappelle les conditions de la femme bourgeoise : elle doit obéir à son mari et se dévouer à lui.
Cet amour illusoire et d’apparence sauvera la famille des rumeurs.

Chapitre 2 Sur le retour, Thérèse a des idées noires et ne veut pas se soumettre aux

conditions que ce mariage lui impose. Elle imagine le moment où elle parlera de ses actes à

son mari, et espère un temps qu’il sera capable de la comprendre. Lors de cette réflexion,

Thérèse se rend compte qu’elle ne peut expliquer les raisons de son acte.
Son esprit s’égare peu à peu face aux paysages et Thérèse revoit des événements heureux
de son enfance et de son adolescence. Elle repense à son amie d’enfance, Anne de la Trave.

Chapitre 3 Thérèse décrit sa famille, et celle de son mari Bernard. On comprend que leur

mariage a permis de rassembler les deux propriétés, voisines. Elle cherche à comprendre

pourquoi elle a épousé Bernard, et remarque que le mariage lui a également permis de se

rapprocher de son amie Anne.


C’est également par respect des codes de la bourgeoisie qu’elle a accepté de rentrer dans le
rang comme les autres, pour trouver sa place.

Chapitre 4 Une fois mariée, Thérèse est malheureuse. Elle se sent prisonnière.Elle se

rappelle qu’à l’époque de ses fiançailles, Anne avait une liaison avec Jean Azévédo, et en

était très amoureuse. Elle racontait tout cela dans sa correspondance avec Thérèse.

Cependant, Anne est promise à un autre.

Chapitre 5
Thérèse fait réfléchir Anne sur son amour avec Jean. Elle veut détruire l’amour qui existe
entre eux deux, par jalousie. La famille d’Anne l’enferme pour qu’elle n’ait plus de contacts
avec son amant.

Thérèse ne supporte pas sa condition d’épouse. De plus, elle est enceinte, mais cette
maternité la rebute.

Chapitre 6 Le mari de Thérèse se croit cardiaque et craint de mourir.


Dans le même temps, Thérèse va parler ave Jean Azévédo, avec l’aval de son mari. La
conversation est très intéressante, et elle apprend que Jean n’avait jamais eu l’intention
d’épouser Anne.
Chapitre 7 Bernard, après avoir consulté un spécialiste, apprend qu’il est anémique. Il reçoit

un traitement à l’arsenic pour se soigner.


Thérèse aide Jean à écrire une lettre de rupture pour Anne. Avant de partir pour Paris, Jean
parle à Thérèse, et essaie de la convaincre de se libérer de cette vie morne.

Anne, ayant échappé à la surveillance de ses parents, fait irruption à Argelouse. Elle a reçu la
lettre de Jean, et ne la supporte pas. Elle accuse Thérèse de l’avoir trahie. Bernard, furieux
de son comportement, enferme sa sœur.

Chapitre 8 Thérèse décide d’écrire à Jean, mais il ne lui répond pas.


Elle se sent de plus en plus seule, surtout que tous les regards sont tournés vers son enfant à
venir. Elle a l’impression de n’être qu’une mère porteuse. Lorsqu’elle accouc he d’une fille, elle
n’a que très peu d’attachement pour elle.

Un jour, Bernard, distrait, prend plusieurs fois son médicament à l’arsenic. Souffrant d’une
surdose, le médecin est appelé, et Thérèse constate les effets du médicament. Les jours
suivants, elle se met à empoisonner son mari, en versant des doses d’arsenic dans ses
boissons. Cependant, le médecin découvre l’empoisonnement et les fausses ordonnances
utilisées par Thérèse pour se procurer le médicament.

Son père ne veut pas qu’elle soit accusée de crime pour ne pas entacher la renommée de
leur famille.

Chapitre 9
On revient au temps présent, Thérèse arrive à Argelouse. Son mari la condamne à rester
enfermée dans sa chambre. Ils devront sortir ensemble le dimanche pour la messe pour
sauver les apparences.

Chapitre 10 Thérèse veut se suicider avec du poison mais une servante entre dans sa

chambre pour lui annoncer la mort de sa tante Clara.

Chapitre 11 Bernard part de la propriété et laisse Thérèse seule.


Elle ne quitte plus son lit et passe la journée à fumer, et la nuit à rêver à la vie qu’elle pourrait
mener à Paris. Elle ne mange plus et trouve les journées interminables. Son état de santé
devient préoccupant.

Chapitre 12 Une lettre de Bernard annonce son retour avec Anne et son futur fiancé. Le mari
demande à sa femme de faire bonne figure jusqu’au mariage d’Anne et lui promet sa
liberté.Mais à l’arrivée de la famille, Thérèse s’évanouit. Bernard est pris de pitié en voyant
son état et décide de s’occuper d’elle.

Chapitre 13Bernard emmène Thérèse à Paris, ville vivante que Thérèse adopte tout de suite.

Bernard lui annonce qu’elle va commencer une nouvelle vie ici, seule.
Il demande à sa femme pourquoi elle l’a empoisonné. Elle essaie de lui expliquer la réflexion
qu’elle a jusqu’ici mené. Bernard ne la comprend pas et ne croit pas ce qu’elle dit. Il la quitte,
et laisse Thérèse marcher au hasard dans la foule de Paris.

Citation

« Notre destin, quand nous voulons l’isoler, ressemble à ces plantes qu’il est impossible
d’arracher avec toutes leurs racines. »

Chapitre 2 « N’importe qui sait proférer des paroles menteuses ; les mensonges du corps
exigent une autre science. »

Chapitre 4 « Un baiser, songe-t-elle, doit arrêter le temps ; elle imagine qu’il existe dans
l’amour des secondes infinies. Elle l’imagine ; elle ne le saura jamais. Elle voit la maison
blanche encore, le puits ; une pompe grince ; des héliotropes arrosés parfument la cour ; le
dîner sera un repos avant ce bonheur du soir et de la nuit qu’il doit être impossible de
regarder en face, tant il dépasse la puissance de notre cœur : ainsi l’amour dont Thérèse a
été plus sevrée qu’aucune autre créature, elle en est possédée, pénétrée. »

Chapitre 11 « Thérèse songeait que les êtres nous deviennent supportables dès que nous
sommes sûrs de pouvoir les quitter. »

Qui est Thérèse ?


- une femme seule car différente : n’a pas de points communs avec les siens, son père (voir différence dans
l’allure), son mari (aucunvéritable compréhension entre les deux époux, aucun goût commun sauf l’amour
des pins = à noter qu’en cela Thérèse fait bien partie des siens…). Malgré tout, elle reste étrangère à son
environnement.( une femme anticonformiste, à la limite de la marginalité. Sa tabagie publique en est la
preuve : c’est très mal vu à l’époque pour une femme de fumer en public, comme elle le fait au
restaurantou dans la rue.
- une femme malheureuse, qui souffre : voir la séquestration, le fait que Bernard prenne peur, une femme
que tout dégoûte…
- une femme qui inspire de la pitié : voir lacitation de Baudelaire en exergue « ayez pitié », introduction de
Mauriac : portrait d’une femme enfermée (« barreaux vivants d’une famille » + toutes les images de
l’enfermement) + dernière phrase...

Thérèse Desqueyroux, née Larroque


La protagoniste qui donne son titre au roman est une femme d'environ vingt-huit ans. Issue d'une
famille bourgeoise des Landes, non loin du Bordelais, elle est la fille de Jérôme Larroque, politicien
local plus préoccupé par sa carrière que par le bien-être et l'épanouissement de sa fille. Sa mère
est « morte en couches alors que Thérèse était encore au berceau ». Elle n'est pas spécialement
jolie, mais il émane d'elle un charme particulier : « On ne se demande pas si elle est jolie ou laide,
on subit son charme... » dit-on d'elle. Elle détonne dans son milieu à plus d'un titre. D'abord, elle
fume énormément, alors que cet usage est plutôt réservé aux hommes. Ensuite, elle est
intelligente, plus que la moyenne. En outre, son esprit n'est pas enfermé dans le corset des
conventions de son milieu. Ce n'est pas tant que les femmes de son milieu soient toutes des oies,
mais Thérèse n'a pas laissé son entourage étouffer l'intelligence qui vit en elle. Et l'étouffement
qu'elle ressent enserre de plus en plus étroitement sa poitrine. C'est un des thèmes principaux du
roman.
Elle sait qu'elle s'épanouirait si elle vivait loin de sa famille. Est-elle la première des Larroque à
ressentir cela ? Probablement pas : une honte cachée, étouffée, plane sur la famille : sa grand-
mère maternelle, Julie Bellade, a disparu : « nul ne savait rien, sinon qu'elle était partie un jour. »
Pour quelle destination ? Pour quel motif ? Thérèse et le lecteur l'ignorent. En tout cas, « on eût
cherché vainement chez les Larroque ou chez les Desqueyroux un portrait, un daguerréotype, une
photographie de cette femme. »

Bernard Desqueyroux
Le futur mari de Thérèse, demi-frère d'Anne de la Trave, est « un jeune homme un peu trop
gras », adepte du régime alimentaire campagnard landais qu’il est, à base de confits, de plats en
sauce, et de très peu de légumes verts. Il est avant tout un homme de la lande, propriétaire terrien
respecté de ses métayers car il leur ressemble. Il néglige les soins de toilette : le matin « à peine
trempait-il sa tête dans l'eau froide ». Fondamentalement, il est un paysan qui « déjeunait sur le
pouce d'une carcasse, d'une tranche de confit froid, ou encore d'une grappe de raisin et d'une
croûte frottée d'ail ». Un monde le sépare donc de Thérèse qui est fine, intelligente, qui ne se
contente pas des plaisirs simplissimes que lui offre la vie à Argelouse, et dont l'esprit va au-delà de
l’apparence de choses.
Avant leur mariage, Thérèse ne le juge pas mal. Elle dit de Bernard qu'il a en lui de la bonté :
« Oui, de la bonté, et aussi une justesse d'esprit et, une grande bonne foi. » En outre, il est
conscient que la future épouse qui lui est destinée, Thérèse, est plus intelligente que lui : Bernard,
pour être à sa hauteur, a travaillé d'arrache-pied au lycée car « un mari doit être doit être plus
instruit que sa femme », pense-t-il. « Thérèse elle-même se félicitait de ce qu'il était un homme
avec lequel on peut causer : En somme très supérieur à son milieu... » Pourtant, Bernard
appartient à son milieu, de façon viscérale. C’est un riche bourgeois terrien, catholique,
respectueux des usages de sa caste. Quitter le sentier battu ne lui vient pas à l'idée : cela ne se
fait pas.
Anne de la Trave
Anne de la Trave, demi-sœur de Bernard Desqueyroux, est, dans leur adolescence, la « dévote
amie » de Thérèse. L'éducation qu'elle a reçue pourrait être un obstacle à l'amitié entre les deux
jeunes filles, puisqu'elle a été pensionnaire du Sacré-Cœur, une institution religieuse
conservatrice, tandis que Thérèse a fréquenté le lycée. Le Sacré-Cœur isole les jeunes filles de la
vie réelle et les tient soigneusement écartées des aspects concrets des rapports entre hommes et
femmes. La vie d'Anne est donc pleine de spiritualité religieuse, pétrie des rites de l'Église
catholique, où la confession et le soulagement qu'on en tire ont la part belle : c'est là le seul point
qui trouve grâce aux yeux de Thérèse, qui elle-même ressentira, une fois son crime accompli, le
besoin d'avouer sa faute et d'obtenir le pardon.
Aux yeux de Thérèse, Anne est la pureté même ; elle lui dit cependant : « pour être aussi pure
que tu l'es, je n'ai pas besoin de tous ces rubans ni de toutes ces rengaines... ». Force est de
constater que « la pureté d'Anne de la Trave était-elle faite surtout d'ignorance. Les dames du
Sacré-Cœur interposaient mille voiles entre le réel et leurs petites filles. » Aussi, quelle n'est pas la
stupeur générale quand Anne tombe éperdument amoureuse de Jean Azévédo, et quelle n'est pas
la jalousie de Thérèse, maintenant mariée, quand son amie lui décrit la passion qui, pense-t-elle,
brûle entre elle et son amoureux, quelles délices elle attend de l'union de leurs corps alors qu'elle,
Thérèse, subit le devoir conjugal. La jeune fille élevée chez les sœurs découvre l'audace et désir :
« S'il me disait de le suivre, je quitterais...
Jean Azévédo
C'est un jeune homme issu d'une riche et ancienne famille de Bordeaux, qui vient passer
quelques semaines à Argelouse car l'air y est sec et, dit-on, il est malade des poumons, ce qui en
fait un mauvais parti pour un mariage, malgré sa fortune. Autre tare aux yeux des Desqueyroux et
des Larroque : il est juif, comme toute sa famille. Thérèse a beau rappeler à Bernard que le nom et
la fortune des Azévédo sont séculaires, peu lui chaut : « Tous les Juifs se valent », dit-il.
La famille est donc scandalisée quand Anne s'éprend de lui et entend l'épouser. Thérèse,
jalouse d'un sentiment qu'éprouve son amie et qu'elle n'a jamais éprouvé, accepte d'aider à
éloigner Anne et rencontre Jean Azévédo pour le convaincre de renoncer à ce mariage et d'écrire
à sa bien-aimée une lettre de rupture.
Thérèse rencontre donc Jean dont le physique ne l'attire guère : « Un front construit, – les yeux
veloutés de sa race – de trop grosses joues ; et puis tout ce qui me dégoûte dans les garçons de
cet âge : des boutons, les signes du sang en mouvement », se souvient Thérèse. Quand elle
exprime les demandes de la famille, Jean s'esclaffe : « Alors, vous croyez que je veux l'épouser ?
Vous croyez que je brigue cet honneur ? » Le jeune homme détrompe Thérèse : il n'a fait que
s'amuser avec Anne, qui n'est pour lui que le flirt d'une saison. Qu'on se rassure : il ne l'a pas
compromise. Et il explique que cette aventure meublera de souvenirs l'esprit d'Anne avant qu'elle
ne s'enferme, comme...
Tante Clara
Sœur du père de Thérèse, cette vieille fille laide est de surcroît sourde. Elle habite avec Thérèse
à Argelouse, et cette cohabitation se poursuit après le mariage de la jeune femme. Elle prend soin
de sa nièce, qu'elle aime dévotement, tandis que cette dernière la regarde à peine.
La pauvre femme est emmurée vivante dans sa surdité, aussi parle-t-elle sans trêve, afin
d'empêcher qu'on lui parle et que sa surdité s'invite entre elle et ceux à qui elle s'adresse. Sans
grande éducation, n'ayant jamais connu d'autres lieux que B., Argelouse et les fermes
environnantes, elle rapporte quotidiennement à une Thérèse indifférente la chronique des
misérables qui vivent autour de la maison des maîtres. Le regard que Thérèse porte sur sa tante
n'est pas tendre : « Pas plus qu'un dieu ne regarde sa servante, je ne prêtais d'attention à cette
vieille fille toujours nasillant des histoires de cuisine et de métairie ; elle parlait, elle parlait afin de
n'avoir pas à essayer d'entendre ».
Le retour de Thérèse à Argelouse, après le procès, la ravit. Cependant, elle perçoit à travers le
silence de sa surdité qu'un drame se trame. Ce soir-là, Thérèse, sa nièce adorée, est sur le point
de mettre fin à ses jours, et demande un signe à Dieu, s'il existe, pour arrêter son bras. Le signe
arrive, il est terrible : tante Clara meurt au moment même où Thérèse implore Dieu d'arrêter son
bras. Même la mort de tante Clara aura été mise au service de sa nièce
Jérome Larroque
Homme « au visage sali de bile », « le seul homme supérieur qu'elle crût connaître », le père de
Thérèse est un riche notable, « maire et conseiller général de B ». Uniquement préoccupé par sa
carrière politique, peu lui importe sa fille, pourvu que sa carrière n'en soit pas affectée. Il s'est peu
occupé d'elle quand elle était enfant, et s'en est débarrassé à chacune des vacances d'été en
l'envoyant à Argelouse.
Politiquement, c'est un républicain, et il s'oppose en cela aux familles Desqueyroux et De la
Trave, chez qui l'on est catholique et conservateur, ce qui provoque maints heurts avec la mère de
Bernard Desqueyroux lors des repas de famille. Cependant, le lecteur ne doit pas imaginer que
Jérôme Larroque soit un homme de gauche au sens actuel du terme. C'est avant tout un
bourgeois, un propriétaire terrien attaché à son bien, pour qui « la propriété est l'unique bien de ce
monde, et rien ne vaut de vivre que de posséder la terre ». Il a certes donné à Thérèse une
éducation plutôt libre, selon les critères du temps, mais cela n'en fait pas un furieux progressiste.
Si sa fille le trouve supérieur, c'est qu'elle n'a guère eu, au fin fond de sa province, l'occasion de
rencontrer grand-monde pour lui faire subir une comparaison.
Quand Thérèse est accusée de meurtre, il n'a qu'une crainte : le scandale. Sa carrière ne doit à
aucun prix pâtir de cette regrettable affaire.

Problématique : le conflit entre le péché et la grâce

Perspectives d’étude : connaissance des genres et des registres ; approche de l’histoire littéraire et
culturelle ; réflexion sur l’intertextualité et la singularité des textes

Lecture d’une œuvre intégrale : Thérèse Desqueyroux (François Mauriac, éd. du Livre de Poche, Grasset)

Lecture complémentaire : Une Vie (Guy de Maupassant)

◦Thématique de l’ouvrage :

■la solitude et l’enfermement


■la famille et la défense de l’ordre établi
■le crime de Thérèse comme questionnement métaphysique (importance du monologue intérieur)

Personnages principaux

 Thérèse Desqueyroux

 M Laroque Jérome

 L’avocat Duros

 Bernard Desqueyroux

 Le docteur Pédemay

 Marie Desqueyroux

 Anne de la Trave

 Mme de la Trave

 Tante Clara

 Jean Azévédo

 Mlle Monod

 Le fils Deguilhem

 Balionte

 Balion

Планета людей
Сент-Экзюпери Антуан

Книга написана от первого лица. Экзюпери посвятил её одному из своих коллег-летчиков — Анри
Гийоме.

Человек раскрывается в борьбе с препятствиями. Пилот подобен крестьянину, который возделывает


землю и тем самым исторгает у природы некоторые из её тайн. Столь же плодотворна работа
летчика. Первый полет над Аргентиной был незабываемым: внизу мерцали огоньки, и каждый из них
говорил о чуде человеческого сознания — о мечтах, надеждах, любви.

Экзюпери стал работать на линии Тулуза — Дакар в 1926 г. Опытные летчики держались несколько
отчужденно, но в их отрывистых рассказах возникал сказочный мир горных хребтов с западнями,
провалами и вихрями. «Старички» искусно поддерживали преклонение, которое лишь возрастало,
когда один из них не возвращался из полета. И вот наступил черед Экзюпери: ночью он отправился
на аэродром в стареньком автобусе и, подобно многим своим товарищам, ощутил, как в нем
рождается властелин — человек, от ветственный за испанскую и африканскую почту.
Сидевшие рядом чиновники говорили о болезнях, деньгах, мелких домашних заботах — эти люди
добровольно заключили себя в тюрьму мещанского благополучия, и никогда уже не проснется в их
заскорузлых душах музыкант, поэт или астроном. Иное дело пилот, которому предстоит вступить в
спор с грозой, горами и океаном — никто не пожалел о своем выборе, хотя для многих этот автобус
стал последним земным приютом.

Из товарищей своих Экзюпери выделяет прежде всего Мермоза — одного из основателей


французской авиалинии Касабланка — Дакар и первооткрывателя южноамериканской линии.
Мермоз «вел разведку» для других и, освоив Анды, передал этот участок Гийоме, а сам взялся за
приручение ночи. Он покорил пески, горы и море, которые, в свою очередь, не раз поглощали его —
однако он всегда выбирался из плена.

И вот после двенадцати лет работы, во время очередного рейса через Южную Атлантику, он коротко
сообщил о том, что выключает правый задний мотор. Все радиостанции от Парижа до Буэнос-Айреса
встали на тоскливую вахту, но больше вестей от Мермоза не было. Почив на дне океана, он завершил
дело своей жизни.

Погибших никто не заменит. И величайшее счастье испытывают пилоты, когда вдруг воскресает тот,
кого уже мысленно похоронили. Так произошло с Гийоме, который исчез во время рейса над
Андами. Пять дней товарищи безуспешно искали его, и уже не оставалось сомнений, что он погиб —
либо при падении, либо от холода. Но Гийоме сотворил чудо собственного спасения, пройдя через
снега и льды. Он сказал потом, что вынес то, чего не вынесло бы ни одно животное — нет ничего
благороднее этих слов, показывающих меру величия человека, определяющих истинное место его в
природе.

Пилот мыслит масштабами Вселенной и по-новому перечитывает историю. Цивилизация — всего


лишь хрупкая позолота. Люди забывают, что под их ногами не существует глубокого слоя земли.
Ничтожный пруд, окруженный домами и деревьями, подвержен действию приливов и отливов. Под
тонким слоем травы и цветов происходят удивительные превращения — только благодаря самолету
их иногда удается разглядеть. Ещё одно волшебное свойство самолета состоит в том, что он
переносит пилота в сердцевину чудесного. С Экзюпери это случилось в Аргентине.

Он приземлился на каком-то поле, не подозревая, что попадет в сказочный дом и встретит двух юных
фей, друживших с дикими травами и змеями. Эти принцессы-дикарки жили в ладу со Вселенной. Что
сталось с ними? Переход от девичества к состоянию замужней женщины чреват роковыми ошибками
— быть может, какой-нибудь дурак уже увел принцессу в рабство.

В пустыне такие встречи невозможны — здесь пилоты становятся узниками песков. Присутствие
повстанцев делало Сахару ещё более враждебной. Экзюпери познал тягость пустыни с первого же
рейса; когда его самолет потерпел аварию возле небольшого форта в Западной Африке, старый
сержант принял пилотов, как посланцев неба — он заплакал, услышав их голоса.

Но точно так же были потрясены непокорные арабы пустыни, посетив незнакомую им Францию. Если
в Сахаре вдруг выпадает дождь, начинается великое переселение — целые племена отправляются за
триста лье на поиски травы. А в Савойе драгоценная влага хлестала, словно из дырявой цистерны. И
старые вожди говорили потом, что французский бог гораздо щедрее к французам, чем бог арабов к
арабам. Многие варвары поколебались в своей вере и почти покорились чужакам, но среди них по-
прежнему есть те, кто внезапно бунтует, чтобы вернуть былое величие, — падший воин, ставший
пастухом, не может забыть, как билось его сердце у ночного костра.

Экзюпери вспоминает разговор с одним из таких кочевников — этот человек защищал не свободу (в
пустыне все свободны) и не богатства (в пустыне их нет), а свой потаенный мир. Самих же арабов
приводил в восхищение французский капитан Боннафус, совершавший смелые набеги на кочевья.
Его существование украшало пески, ибо нет большей радости, чем убийство такого великолепного
врага.

Когда Боннафус уехал во Францию, пустыня словно бы утратила один из своих полюсов. Но арабы
продолжали верить, что он вернется за утраченным ощущением доблести — если это случится,
непокорные племена получат весть в первую же ночь. Тогда воины молча поведут верблюдов к
колодцу, приготовят запас ячменя и проверят затворы, а затем выступят в поход, ведомые странным
чувством ненависти-любви.

Чувство достоинства может обрести даже раб, если он не утратил память. Всем невольникам арабы
давали имя Барк, но один из них помнил, что его звали Мохаммедом и он был погонщиком скота в
Марракеше. В конце концов Экзюпери удалось выкупить его. Поначалу Барк не знал, что делать с
обретенной свободой. Старого негра разбудила улыбка ребенка — он ощутил свое значение на
земле, истратив почти все деньги на подарки детям. Его провожатый решил, что он сошел с ума от
радости. А им просто владела потребность стать человеком среди людей.

Теперь уже не осталось непокорных племен. Пески утеряли свою тайну. Но никогда не забудется
пережитое. Однажды Экзюпери удалось подступиться к самому сердцу пустыни — это случилось о
1935 г., когда его самолет врезался в землю у границ Ливии. Вместе с механиком Прево он провел
три бесконечных дня среди песков. Сахара едва не убила их: они страдали от жажды и одиночества,
их рассудок изнемогал под тяжестью миражей. Почти полумертвый пилот говорил себе, что не
жалеет ни о чем: ему досталась самая лучшая доля, ибо он покинул город с его счетоводами и
вернулся к крестьянской правде. Не опасности влекли его — он любил и любит жизнь.

Летчиков спас бедуин, который показался им всемогущим божеством. Но истину трудно понять, даже
когда соприкасаешься с ней. В момент высшего отчаяния человек обретает душевный покой —
наверное, его познали Боннафус и Гийоме. Проснуться от душевной спячки может любой — для этого
нужны случай, благоприятная почва или властное веление религии. На мадридском фронте
Экзюпери встретил сержанта, который был когда-то маленьким счетоводом в Барселоне — время
позвало его, и он ушел в армию, ощутив в этом свое призвание.

В ненависти к войне есть своя правда, но не торопитесь осуждать тех, кто сражается, ибо истина
человека — это то, что делает его человеком. В мире, ставшем пустыней, человек жаждет найти
товарищей — тех, с кем связывает общая цель. Счастливым можно стать, только осознав свою хотя
бы и скромную роль. В вагонах третьего класса Экзюпери довелось увидеть польских рабочих,
выселяемых из Франции.

Целый народ возвращался к своим горестям и нищете. Люди эти были похожи на уродливые комья
глины — так спрессовала их жизнь. Но лицо спящего ребенка было прекрасным: он был похож на
сказочного принца, на младенца Моцарта, обреченного пройти вслед за родителями через тот же
штамповочный пресс. Эти люди совсем не страдали: за них мучился Экзюпери, сознавая, что в
каждом, возможно, был убит Моцарт. Только Дух обращает глину в человека.

RESUME

L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle ». Autour d’événements quotidiens ou héroïques,
il fait émerger une conception globale sur la vocation de l’homme dans le monde.
Le chap. I. La Ligne rend hommage aux pionniers de l’aviation qui ont su, parfois au péril de leur vie, libérer
l’homme des contraintes géographiques, physiques ou météorologiques, en ouvrant la voie à de nouvelles
routes aériennes.

Dans le chap. II. Les Camarades courageux sont Mermoz et Guillaumet qui accomplissent des exploits dans
des conditions climatiques extrêmes. Mermoz affronte plusieurs fois la mort pour trouver le meilleur
itinéraire aérien. Guillaumet, échoue dans les Andes en plein hiver austral. Le danger crée des liens
privilégiés entre ceux qui l’affrontent ensemble.

Le chap. III. L’Avion est une méditation sur le progrès technologique. L’avion n’est pas un but, mais un outil.
Le progrès technique risque de nous faire oublier que nos découvertes n’ont qu’un seul but « servir les
hommes ». Dans sa machine perfectionnée, le pilote est confronté aux mêmes entités fondamentales :
l’eau, la terre et l’air.

Dans le chap. IV. L’Avion et la Planète, l’avion change notre regard sur la planète. En nous apprenant la
ligne droite, l’avion nous fait découvrir ce que nos routes contournent. Tant d’endroits où la vie n’est pas si
naturelle et nous ramène aux origines du monde. Vu du ciel, les hommes aussi sont différents. En se
confrontant à l’espace et au temps, le pilote échoué dans le désert comprend que ses rêves « sont plus
réels que ces dunes ».

Dans le chap. V. Oasis, Saint-Exupéry atterrit près de Concordia en Argentine où il est accueilli dans une
maison de fermier. Il y a là deux jeunes filles, deux fées, silencieuses et mystérieuses. Leur vie est simple,
digne, paisible. Un havre de paix dans un monde que les hommes transforment en un désert.

Chap. VI. Dans le désert Saint-Exupéry apprend la solitude : « l’empire de l’homme est intérieur ». C’est
aussi à l’intérieur de nous qu’il faut chercher les fontaines. Une visite chez les Maures, l’amène à des
réflexions sur l’islam, l’homme, la liberté, le sens de la vie.

Le chap. VII. Au centre du désert raconte son accident d’avion dans le désert libyen lors du raid Paris-Saigon.
La faim et la soif les gagnent. Cependant, un Bédouin apparaît, une caravane, ils sont sauvés.

Le chap. VIII. Les hommes et les expériences vécues permettent de poser différemment des questions
essentielles. Qu’est-ce qu’un homme ? Que nous manque-t-il ? Quelle est notre vérité ? Dans le train qui le
conduit à Moscou, Saint-Exupéry observe un enfant qui a un visage de musicien : « Mozart enfant sera
marqué comme les autres par la machine à emboutir (…) C’est un peu, dans chacun de ces hommes, Mozart
assassiné ».

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