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13

CHAPITRE

Identification des problèmes de drainage

13.1 INTRODUCTION
L’ingénieur est souvent appelé à identifier les causes du mauvais fonctionnement d’un système de
drainage souterrain. Pour l’agriculteur, un système de drainage souterrain présente un problème lors-
que le sol demeure humide pendant des périodes plus ou moins longues, que la traficabilité est diffi-
cile ou que l’eau séjourne à la surface du sol. Au--delà de ces apparences, chaque problème de drai-
nage souterrain présente des symptômes que l’ingénieur devra observer pour mieux identifier le pro-
blème.

Les problèmes de drainage souterrain sont d’autant plus difficiles à identifier qu’ils sont enfouis avec
le drain et qu’ils ne sont pas directement visibles. L’ingénieur doit, comme un médecin, essayer de
déceler tous les symptômes qui lui permettront d’identifier la maladie du système de drainage. Lors-
que le problème et ses causes auront été identifiés, il pourra recommander des correctifs appropriés si
cela est possible.

Ce chapitre a pour but de présenter les différents problèmes de mauvais fonctionnement des systèmes
de drainage souterrain et les symptômes qui peuvent y être associés. Connaissant les problèmes et les
symptômes qui leur sont associés, nous essaieront d’élaborer une stratégie pour identifier les problè-
mes.
208 IDENTIFICATION DES PROBLÈMES DE DRAINAGE

13.2 FONCTIONNEMENT D’UN SYSTÈME DE DRAINAGE SOU-


TERRAIN
Avant de discuter de l’identification des problèmes en drainage souterrain, il serait bon de décrire le
fonctionnement d’un système normal et ses performances.

Figure 13.1 Schéma d’un système de drainage souterrain.

Un système de drainage souterrain est caractérisé par (figure 13.1)

-- les limites physiques :


-- la profondeur des drains ”d”
-- la profondeur de sol perméable sous les drains “Z”
-- l’écartement entre les drains “E”
-- le rayon du drain “r”
-- les propriétés des sols :
-- les conductivités hydrauliques des couches de sol au--dessus et au--dessous des drains “K1
et K2 ”
-- la porosité équivalente de drainage
-- les caractéristiques hydrauliques :
-- les hauteurs de la nappe au--dessus des drains “h0 et h1 ”
-- le débit unitaire du drain “q”
FONCTIONNEMENT D’UN SYSTÈME DE DRAINAGE SOUTERRAIN 209

Le fonctionnement d’un système de drainage souterrain idéal suppose que les drains sont installés
dans une tranchée dont la conductivité hydraulique est plus grande que celle du sol environnant (K
tranchée > Ksol).

Pour un système de drainage fonctionnant normalement, la nappe possède une forme parabolique
comme celle observée et présentée à la figure 13.2. Le sol de la tranchée et le drain offre très peu de

Figure 13.2 Profils de la nappe lors de son rabattement.


résistance à l’entrée de l’eau et la nappe rejoint presque le drain. La charge hydraulique près du drain
est généralement inférieure à 20 cm.

Lorsque le drain ne coule pas en charge, il est considéré comme coulant en surface libre et nous pou-
vons approximer la pente hydraulique à la pente du drain; c’est le cas normalement considéré lors du
design. Il est à noter que ce n’est pas la pente du drain qui provoque l’écoulement dans le drain mais la

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210 IDENTIFICATION DES PROBLÈMES DE DRAINAGE

pente hydraulique de la ligne d’eau au--dessus du drain. Ainsi les trois drains de la figure 13.3 ont la
même capacité car ils ont la même pente hydraulique. Il est à noter que le troisième cas n’est pas à
recommander car il favorisera la sédimentation dans les drains.

ÉCOULEMENT À ÉCOULEMENT ÉCOULEMENT


SURFACE LIBRE EN CHARGE EN CHARGE ET
EN CONTRE PENTE
Figure 13.3 Drains ayant la même capacité d’écoulement.

13.3 PROBLÈMES ET SYNDROMES


Lorsqu’un agriculteur mentionne que son système de drainage souterrain ne fonctionne pas adéqua-
tement, c’est qu’il croit que son système ne présente pas le rendement attendu. Le problème se pré-
sente, pour lui, sous forme de retard à entrer dans son champ au printemps, à l’automne ou suite à une
pluie abondante, de difficultés de circulation et parfois, de problèmes de croissance de ses plantes et
de rendements médiocres. Le rôle de l’ingénieur consiste à départager les problèmes de drainage des
autres problèmes pour les identifier et leur apporter une solution.

Avant de définir une approche à l’identification des différents problèmes de drainage souterrain, il
serait bon d’identifier les problèmes susceptibles d’être rencontré et de présenter les symptômes qui
leur sont associés.

13.3.1 Drain brisé, écrasé ou obstrué par un corps étranger.


Un drain brisé, écrasé ou obstrué réduit partiellement ou totalement la section du drain. Lorsque la
section est complètement obstruée, l’eau refoule vers l’amont. Sous la pression créée dans le drain,
l’eau diffuse dans le sol pour entrer à nouveau dans le drain en un point en aval du bris ou de l’obstruc-
tion (figure 13.4). La nappe se rabat en se drainant dans les drains voisins s’ils fonctionnent correcte-
ment. En terrain plat, la situation en amont du point problème équivaut à l’absence du drain et le sys-
tème de drainage se comporte comme si l’écartement entre les drains était le double de celui installé.
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a) Terrain plat

ZONE HUMIDE

b) Terrain en pente

c) Patron de diffusion de l’eau

Figure 13.4 Canal trapézoïdal et définition des termes.

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Ainsi, la nappe se rabattra approximativement au tiers de la vitesse prévue. Si le design a prévu des
rabattements très rapides et que la conductivité hydraulique du sol est très élevée, le problème sera
très peu perceptible. Pour un sol en pente, le problème aura de toutes autres conséquences. Si les nap-
pes en amont sont plus élevées que le niveau dans le drain au point problème, elles se draineront en
proportion du gradient existant et alimenteront continuellement le drain. Le débit ainsi produit refou-
lera en rencontrant le point problème et devra se diffuser dans le sol pour rejoindre le drain en aval et
les autres drains environnants. Comme le drain est toujours alimenté par les nappes en amont, le ter-
rain sera continuellement très humide dans le voisinage du bris et nous aurons l’impression d’être en
présence d’une source. Dans certains cas, nous pourront même voir sortir un filet d’eau à la surface du
sol. Par contre, nous aurons l’impression que le drainage fonctionne plus ou moins normalement vers
l’extrémité amont du drain.

Le problème s’identifie bien en observant le profil de la nappe transversalement et longitudinalement


au drain à l’aide de piézomètres ou de puits d’observation. Le profil de la nappe longitudinalement au
drain (préférablement à quelques centimètres de celui--ci) sera presque horizontal en amont du point
d’obstruction et montera un chute abrupte du niveau d’eau dans les quelques mètres en aval (figure
13.5). Le profil transversal montrera une nappe comme si le drain n’existait pas. La pression de l’eau

PROFIL LONGITUDINAL PROFIL TRANSVERSAL

Figure 13.5 Profil de la nappe pour un drain brisé, écrasé ou obstrué.

dans le drain sera toujours égale ou supérieure à la nappe environnante. L’enfoncement d’une tige
dans le drain provoquera une remontée du niveau de l’eau dans un trou foré au--dessus du drain au lieu
de provoquer son rabattement.
Lorsque un problème de drain brisé, écrasé ou obstrué a été décelé, la localisation exacte de l’obstruc-
tion s’effectue de la façon suivante :

a) identifiez les deux piézomètres ou puits consécutifs forés le long du drain où une chute impor-
tante du niveau d’eau est observée,
b) creusez un puits à mi--distance entre les deux puits montrant une chute importante du niveau
d’eau,
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c) si le niveau d’eau se stabilise au même niveau que ceux des puits amonts, l’endroit problème
est en aval de ce puits. Si le niveau d’eau se stabilise près du niveau du drain, l’endroit pro-
blème est en amont de ce puits,
d) répétez les étapes b) et c) en réduisant de moitié la distance jusqu’à ce que les deux puits soient
distants de moins de quatres mètres,
e) creusez entre les deux puits et vous découvrirez le pot aux roses. Ne soyez pas surpris de travail-
ler dans un lac d’eau.
Cette approche ne fonctionne que si la nappe est plus haute que le niveau des drains. Il est possible de
localiser un drain brisé ou obstrué même avec une nappe de 20 à 30 cm au--dessus des drains. Pour
ceux qui trouveront cette procédure un peu longue, vous pouvez remplacer les étapes b) à d) par le
creusage d’une série de puits rapprochée entre les deux puits montrant une chute importante du
niveau d’eau.

13.3.2 Drain rempli de sédiments.


Le drain partiellement remplis de sédiments présente une section libre et une capacité réduite à
l’écoulement sur toute la portion du système affectée. Le drain (latéral ou collecteur) ne peut alors
transporter toute l’eau que la nappe pourrait alimenter. Ainsi, le drain coulera comme un drain en
charge et donnera l’illusion d’un drain installé à faible profondeur sous le niveau de la nappe. Le pro-
fil transversal de la nappe montrera une légère courbure (figure 13.6) et la pression dans le drain sera

Figure 13.6 Profil de la nappe pour des drains partiellement remplis de sédiments.

plus grande que le diamètre du drain tout en étant inférieure à la charge hydraulique d’un piézomètre
adjacent au drain. Lorsque la nappe est très basse, le profil transversal de la nappe donnera l’illusion
d’un drain fonctionnant normalement. Le débit du système en fonction de la hauteur de la nappe cor-
respondra à la figure 13.7.

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Figure 13.7 Débit unitaire d’un drain partiellement remplis de sédiments.

13.3.3 Drain colmaté sur son pourtour.


Le drain colmaté sur son pourtour (colmatage externe) offre une très grande résistance à l’entrée de
l’eau dans le drain. Ainsi, la majorité de la charge hydraulique disponible sera utilisée à faire pénétrer
l’eau dans le drain et le débit unitaire sera fort réduit (figure 13.8). Le profil transversal de la nappe

Figure 13.8 Débit unitaire d’un drain colmaté sur son pourtour.

sera quasi horizontal avec une très grande charge hydraulique près du drain mais avec une très faible
pression d’eau dans le drain (figure 13.9).

Un drain colmaté sur son pourtour est difficilement corrigible. L’installation d’un nouveau système
de drainage est presque la seule solution et ne doit être envisagée que lorsque la cause du colmatage a
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Figure 13.9 Profil de la nappe d’un drain colmaté sur son pourtour.

été identifiée. Les principales causes sont le bris de la structure du sol lors de l’installation ou le col-
matage du filtre autour du drain.

13.3.4 Drain installé dans une tranchée devenue quasi imperméable.


Ce cas est similaire au cas du drain colmaté sur son pourtour sauf qu’il sera très difficile d’identifier
une charge hydraulique au--dessus du drain au moyen d’un puits d’observation ou d’un piézomètre.
Ce cas est principalement rencontré dans les sols sensibles (argiles principalement) où l’installation
est effectuée lorsque la nappe est trop élevée. Les vibrations de la machinerie détruisent toute la struc-
ture du sol autour de la tranchée.

13.3.5 Drain installé dans un horizon imperméable ou de faible conductivité


hydraulique.
Cette situation se présente sous deux formes:
-- le drain a été remblayé par du sol de surface plus perméable ou la fracturation du sol par la poseuse
l’a rendu aussi perméable que le sol de l’horizon supérieur,
-- la drain a été remblayé par le sol de l’horizon peu perméable et ce sol a retrouvé sa faible conducti-
vité hydraulique.
Dans le premier cas, le profil transversal de la nappe présente une forme presque horizontale avec une
charge hydraulique très faible dans la tranchée. Le débit unitaire (figure 13.10) et le rabattement de la
nappe correspondent à ceux d’un drain installé à l’interface d’un horizon de faible conductivité
hydraulique. Ce cas causera généralement peu de problème si l’horizon peu perméable est à plus de
80 cm de profondeur.
Quant au second cas, il présentera les mêmes symptômes qu’un drain colmaté sur son pourtour. Ce
cas pourrait être évité si le profil du sol était bien identifié lors de la prospection en vue de l’établisse-
ment du plan de drainage.

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Figure 13.10 Débit unitaire d’un drain installé dans un horizon peu perméable mais où la
tranchée est perméable.

13.3.6 Les dépressions.

Les dépressions causent d’importants problèmes de drainage. A cause de leur situation topographi-
que, elles sont un endroit de prédilection où les eaux de ruissellement peuvent s’accumuler. De plus,
l’écoulement hypodermique peut contribuer à alimenter la dépression môme lorsqu’il n’y a pas de
ruissellement. Les dépressions sont des endroits qui se maintiennent humides de façon prolongée. La
croissance des plantes est alors difficile et la circulation des machines est retardée ou problématique.
À cause du travail du sol en conditions humides, les dépressions possèdent souvent une couche indu-
rée sous la couche de labour qui ralentit considérablement la percolation de l’eau vers la nappe. Le
comportement caractéristique d’une dépression est présenté à la figure 13.11. Une dépression est
caractérisé par un niveau d’eau dans la dépression qui est plus élevé que celui de la nappe environ-
nante.

Pour connaître le comportement néfaste d’une dépression, examinons le cas d’une dépression idéale
(sans couche indurée) qui se retrouve à mi--distance entre deux drains. Si le système de drainage peut
rabattre la nappe de 30 cm/j lorsque celle--ci se retrouve à la surface du sol pour un sol possédant une
porosité de drainage de 4 %, le même système prendra un minimum de quatre jours pour drainer 50
mm d’eau présent dans la dépression.

La correction des problèmes de dépression n’est pas toujours chose facile. Si la dépression ne pos-
sède pas de couche indurée, elle peut être simplement comblée par du sol. Si la dépression possède
une couche indurée, le problème ne peut simplement pas être résolu par le seul comblement de la
dépression car l’écoulement hypodermique continuera de l’alimenter. La couche indurée doit aussi
être brisée et cela n’est pas facile.
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Figure 13.11 Schéma d’écoulement pour une dépression.

13.3.7 Présence d’une couche de labour compacte.


Une couche de labour compactée aura pour effet de réduire la capacité d’infiltration de l’eau dans le
sol et aura pour conséquence de ralentir la vitesse de ressuyage du sol après une pluie. Ainsi, la cou-
che de labour se maintiendra humide pendant une longue période après une pluie. Une lame d’eau
aura tendance à apparaître très rapidement à la surface du sol après le début de la précipitation. L’ob-
servation des puits d’observation montrera une nappe basse (figure 13.12) même si la couche de
labour semble saturée et montrera parfois une nappe perchée s’il y a présence d’une semelle de labour
(figure 13.13).

Figure 13.12 Effet d’une couche de labour compacte sur la nappe.

Cette situation aura pour conséquence de réduire la quantité d’eau qui pourra s’infiltrer pour humidi-
fier le profil en saison sèche (accentuation des problèmes de déficits hydriques) et rendre la plante

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Figure 13.13 Effet d’une semelle de labour ou d’une couche indurée.

inconfortable au moment des précipitations. La plante pourra aussi souffrir de manque d’oxygéna-
tion. Dans une telle situation, les rendements peuvent en souffrir sans que le système de drainage
souterrain en soit la cause.

Cette situation est principalement causée par la compaction du sol et une mauvaise régie du sol et des
cultures. Elle est souvent associée à une réduction du contenu en matière organique. La solution est
d’ordre agronomique; une meilleur régie du sol et des cultures où les rotations doivent être présentes.
La décompaction des sols n’est, en général, qu’une solution de courte durée.

13.3.8 Présence d’un horizon induré ou d’une semelle de labour.


La présence d’un horizon induré ou d’une semelle de labour aura pour conséquence de réduire la per-
colation de l’eau vers la nappe et provoquera la création d’une nappe perchée dans les horizons supé-
rieurs. La vitesse de rabattement de cette nappe perchée ne sera fonction que de la vitesse de percola-
tion de l’eau au travers de l’horizon indurée ou de la semelle de labour et non de l’écartement entre les
drains à moins que la nappe profonde ne rejoigne l’horizon induré ou la semelle de labour.

L’identification d’un horizon induré ou d’une semelle de labour peut se faire facilement lorsque la
surface du sol se maintient humide après une précipitation et que la nappe perchée est présente. Une
coupe du profil du sol montrera facilement du suintement à l’interface de la semelle ou de l’horizon
induré. L’utilisation d’un puits profond (1 -- 1.5 m) et d’un puits foré dans l’horizon de surface mon-
treront le comportement caractéristique de la figure 13.13 suite à une pluie importante. Une dénivel-
lation du niveau d’eau entre le puits peu profond et profond est un indice certain de la présence d’une
nappe perchée et d’un horizon induré ou d’une semelle de labour.
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Le problème peut être corrigé par le sous--solage si l’horizon problème est à faible profondeur. La
solution n’est pas nécessairement permanente et le problème peut être récurrent.

13.3.9 Drain installé pas assez profondément.


L’influence de la profondeur des drains se manifeste principalement sur les conditions de circulation
des machines. Il est reconnu que la nappe doit être à une profondeur minimale de 50 à 60 cm pour que
la portance du sol soit suffisante pour permettre la circulation des machines. Ainsi, un système de
drainage souterrain conçu pour rabattement de la nappe de 30 cm/j lorsque la nappe atteint la surface
du sol prendra 2.8 jours pour rabattre la nappe de la surface du sol à 60 cm de profondeur si le système
est conçu et installé pour des drains à un mètre de profondeur. Le même système conçu et installé pour
des drains à 75 cm de profondeur prendra 6.7 jours. Un système conçu pour des drains à un mètre de
profondeur mais installé à 75 cm de profondeur prendra 10 jours. Cet agriculteur aura l’impression
d’attendre un éternité avant d’entrer dans son champ. Les calculs ont été fait en supposant une épais-
seur d’eau de 5 cm dans les drains et une profondeur équivalente de drainage de un mètre.

Ainsi, il est très difficile de rabattre les derniers 20 cm de nappe au--dessus du drain à cause du faible
gradient hydraulique. La mesure de la profondeur de la nappe et des drains montreront rapidement le
problème de drains insuffisamment profonds. Le problème ne peut être corrigé qu’en réinstallant un
nouveau système de drainage à une profondeur adéquate.

13.3.10 Écartement trop grand entre les drains.


Un écartement trop grand entre les drains entraîne un rabattement lent de la nappe et une présence
régulière de la nappe à moins de 60 cm de la surface du sol. Ces nappes élevées gênent considérable-
ment la circulation des machines et les travaux culturaux. L’observation de la nappe dans un puits à
mi--chemin entre deux drains montrera un rabattement très lent.

13.3.11 Sol gelé.


Un sol gelé en maintenant une nappe perchée peut donner l’illusion du mauvais. fonctionnement du
système de drainage. Avec le dégel du sol, le problème devrait disparaître en quelques jours. Un sol
gelé est facilement identifiable à l’aide d’une sonde.

13.3.12 Collecteur sous--dimensionné.


Un collecteur sous dimensionné aura pour effet de le faire couler en charge lorsque la nappe s’appro-
chera de la surface du sol. Un collecteur coulant en charge signifie que le gradient disponible pour
rabattre la nappe est diminué et que le rabattement de celle--ci est plus lent que les spécification du
design (figure 13.13). Comme l’effet de l’écoulement en charge se transmet d’aval vers l’amont, les
secteurs les plus en amont seront les plus affectés.

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Figure 13.14 Influence d’un collecteur sous--dimensionné.


Dans un système où le sous--dimensionnement est chronique, les secteurs près de la sortie souffriront
peu de l’écoulement en charge car le gradient potentiel demeure près des conditions de design; la
nappe se rabattra presque normalement. Pour les secteurs en amont, il se pourrait que le rabattement
soit presque nul si la charge hydraulique dans le collecteur atteint la surface du sol. Le rabattement ne
commencera réellement que lorsque les secteurs en aval se seront quelque peu drainés. Un collecteur
sous--dimensionné retarde le drainage des secteurs en amont lorsque la nappe remonte près de la sur-
face du sol. Cet effet n’est réellement observable que dans les collecteurs très longs. Le débit maxi-
mum que peut débiter un collecteur surviendrait lorsque la pente hydraulique correspondrait à la dif-
férence de dénivellation entre le niveau du sol du point le plus éloigné du collecteur et la sortie du
collecteur. Ce débit maximum devrait être de plusieurs fois le débit de design.

Outre une erreur de design, les principales causes de sous--dimensionnement sont la sous évaluation
de la conductivité hydraulique ou de la profondeur équivalente de drainage.

13.3.13 Cours d’eau pas assez profond.


L’effet d’un cours d’eau où les drains sortent sous le niveau de l’eau est de réduire la pente hydrauli-
que. Ainsi, la pente hydraulique, au lieu de correspondre à la pente du drain, correspond à la diffé-
rence de dénivellation avec le niveau de l’eau dans le cours d’eau(figure 13.15). Lorsque la pente
hydraulique est fortement réduite, le gradient hydraulique permettant le rabattement de la nappe est
plus faible que celui prévu lors du design. Le rabattement de la nappe est ralenti et il s’effectue
comme si les drains étaient installés moins profondément. Cet effet n’est visible que lorsque le cours
d’eau coule plein sur une longue période.
MÉTHODOLOGIE D’IDENTIFICATION DES PROBLÈMES 221

Figure 13.15 Influence d’un collecteur sous--dimensionné.

13.4 MÉTHODOLOGIE D’IDENTIFICATION DES PROBLÈMES


Maintenant que nous connaissons les différents problèmes et les symptômes qui leur sont associés,
nous pouvons définir une méthodologie efficace pour identifier les problèmes d’un système de drai-
nage souterrain.

La première étape consiste à obtenir de l’agriculteur la meilleure description possible du problème


(manifestations, localisations, fréquences, etc.) et les conditions où il a observé le problème. L’ingé-
nieur doit aussi recueillir le plan de drainage et les rapporte où devraient être consignés toutes les
études des sols (description du profil pédologique, conductivité hydraulique, granulométrie, épais-
seur des différents horizons et profondeur du sol perméable) et les critères de design. Cette première
étape permet d’avoir une évaluation subjective du ou des problèmes et savoir si le problème est loca-
lisé ou généralisé. Un problème est considéré généralisé s’il affecte l’ensemble d’une parcelle ou du
système de drainage et il est considéré localisé s’il n’affecte qu’une partie du système.

La seconde étape consiste a établir le plan d’observation pour essayer d’évaluer objectivement le
fonctionnement du système de drainage sous les conditions où le problème se manifeste. Les drains
doivent être localisés et une série de puits d’observation doivent être creusés aux endroits jugées stra-
tégiques pour déterminer la forme de la nappe, la charge hydraulique au voisinage et la pression dans
le drain. Les puits et les drains doivent être nivelés. La localisation des drains est probablement l’opé-
ration la plus fastidieuse. Cette étape peut être minimisée si l’on soupçonne la présence d’une couche
indurée, un horizon de labour peu perméable ou un problème de dépression.

La troisième étape consiste à mesurer le comportement des niveaux d’eau dans les puits et le débit
des collecteurs (si cela est possible) lorsque le problème se manifeste. L’agriculteur peut participer
activement à cette étape. Une visite des lieux à ce moment est très pertinente.. Cette étape survient
généralement à l’automne ou au printemps car les nappes sont généralement élevées et les problèmes
sont plus visibles à ce moment. Cette étape est essentielle sans quoi tout n’est que spéculation.

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La quatrième étape consiste à analyser le comportement des niveaux d’eau pour évaluer l’ampleur
du problème, le niveau d’efficacité ou d’inefficacité du système et de révéler de nombreux symptô-
mes qui, comparés aux symptômes de la section 13.3, permettrons de pointer les causes possibles du
ou des problèmes. Si le problème correspond à un des cas simples et francs présentés à la section 13.3,
l’identification du problème se fera rapidement. Par contre, si le problème est une résultante de deux
ou plusieurs des cas présentés à la section 13.3, l’identification devient plus complexe et nécessitera
peut--être des observations supplémentaires.

La dernière étape consiste, si nécessaire, à déterrer le drain aux endroits jugées critiques. Cette étape
effectuée sans les autres est souvent décevante car elle ne permet d’identifier que les cas où le drain
est rempli de sédiments. De plus, déterrer des drains qui sont sous le niveau de l’eau ne permet pas
d’observer grand chose.

Les problèmes les plus fréquents que j’ai rencontrés ont été les drains écrasés, brisés ou bouchés, les
drains remplis de sédiments, la présence de couches indurées, une couche de labour peu perméable,
des drains installés dans un horizon peu perméable, la présence de dépressions et des drains installés
pas assez profondément. Beaucoup de problèmes rencontrées auraient pu être évités si le sol avait été
suffisamment regardé avant d’installer le système de drainage souterrain.

13.5 CONCLUSIONS
Cette étude a présenté les principaux problèmes des systèmes de drainage souterrain susceptibles
d’être rencontrés et les symptômes qui leur sont associés, et une méthodologie pour les identifier.
L’identification des problèmes de drainage souterrain et de leurs causes demande une excellente
connaissance théorique de tous les processus impliqués en drainage souterrain et un excellent esprit
d’observation et de déduction.

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