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Revue de l'histoire des religions

G. Dumézil. Les Dieux des Germains


Lucien Gerschel

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Gerschel Lucien. G. Dumézil. Les Dieux des Germains. In: Revue de l'histoire des religions, tome 158, n°1, 1960. pp. 97-98;

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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES 97

avait collaboré à la présente revue et qui chercha, bien souvent, à


éclairer la symbolique des monuments figurés, met en œuvre ici ses
connaissances étendues et sa riche érudition pour donner une
monographie aussi complète que possible du scorpion, cet insecte étrange et
peu rassurant qui frappa, dès l'Antiquité, l'imagination des hommes,
soit qu'il accompagnât Mercure dans les représentations figurées, soit
qu'on l'associât à d'autres animaux, ou encore qu'on en fît un des
signes du zodiaque, tandis que les croyances populaires et les
superstitions lui attribuaient un pouvoir tour à tour maléfique, belliqueux ou
bienfaisant ; après ce tableau des valeurs multiples du scorpion,
l'auteur, dans la seconde moitié de son étude, en retrace l'histoire en
Grèce et à Rome, dans le Proche-Orient, en Egypte, en Afrique
du Nord, chez Macrobe et chez Martianus Capella, pour terminer au
Moyen Age avec Alain de Lille et le scorpion qui accompagne la
Dialectique.
Lucien Gerschel.

Georges Dumézil. — Les Dieux des Germains (coll. « Mythes et


Religions », 38), 1 vol. in-16, 128 p., Paris, Presses Universitaires de France,
1959. — On n'a pas oublié l'excellent petit livre devenu classique, qui
fut le n° 1 de la collection « Mythes et Religions » : Mythes et Dieux des
Germains, paru en 1939 et depuis longtemps épuisé. C'est après
vingt ans un ouvrage entièrement neuf que nous donne maintenant
M. Dumézil avec Les Dieux des Germains, n° 38 de la même collection.
Entre les deux, l'histoire comparée des religions indo-européennes
s'est considérablement développée, et si dans son Loki (1948) — ce
livre admirable — M. D. éclairait d'un jour nouveau un personnage
mythique ambivalent et subtil, c'est cette fois une vue d'ensemble
des dieux principaux des religions germaniques qu'il nous présente
à la lumière d'une recherche comparative qui s'approfondit sans
cesse et dont les résultats les plus récents et les plus sûrs se trouvent
consignés ici. La matière est traitée en quatre chapitres, suivis chacun
d'une bibliographie critique. I : « Dieux Ases et Dieux Vanes »
délimite les positions respectives des grands dieux Odhmrc, Thôrr, Freyr
dans la mythologie Scandinave et se complète par l'étude du mythe
de Kvasir, qui met en lumière l'importance de l'ivresse dans les
religions indo-européennes, soit qu'elle procure inspiration poétique
et sagesse, soit qu'en réaction, l'Inde en fasse un monstre qui survit,
morcelé, dans la boisson, les femmes, le jeu et la chasse. II : « La
magie, la guerre et le droit » développe l'opposition déjà
indo-européenne de la magie et du droit, que représentent respectivement
Odhmrc et Tyr, mais souligne combien le droit peut s'éloigner de
la morale ; la procédure devient alors une arme, et plus redoutable
que les instruments naturels du combat : le droit permet de bafouer
la force dans une civilisation où ils s'allient parfois si intimement
qu'un même dieu Tyr se trouve dieu des batailles en même temps
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que dieu du droit et surveille notamment les règles du combat, comme


aussi cette petite guerre réglée qu'est le duel judiciaire. Mais si le
droit avec Tyr apparaît ainsi exempt de préoccupations morales,
il ne s'ensuit pas que la morale ait été absente pour autant des
représentations religieuses des Indo-Européens. C'est ce que montre,
trop brièvement peut-être, en 28 pages, le chapitre III : « Le drame du
monde », la morale est par essence tragique, comme le pensait
Nietzsche, et c'est d'une réflexion sur le caractère implacable du feu
qu'elle prend naissance : que se passe-t-il quand un jeu est
délibérément truqué par l'adversaire, en sorte que, la machine étant mise en
mouvement, le partenaire innocent va être soumis sans défense à
un jeu qui sera sa perte et dont il a accepté les règles — sans savoir
que la machine est sciemment faussée et que c'est à une forcer aveugle
qu'il s'est livré ? Ces tricheurs, à l'échelle du monde, rie sortent pas
de l'imagination d'un Kafka. C'est la Scandinavie païenne, c'est l'Inde
ancienne qui présentent ces drames homologues, celui qui causera
la mort de Baldr et celui qui fera la ruine de Yudhisř/iira. De part et
d'autre, à côté de la victime, le Méchant : Loki, Duryodhana et
l'instrument aveugle du destin qu'un aveugle, justement, représente :
Hôdhv, Dhrtarâs/irra. Le quatrième et dernier chapitre : « De l'orage
au plaisir » est consacré aux dieux du second et du troisième niveau :
force et fécondité ont ici leurs connotations : avec Thôrr l'orage et
l'agriculture, avec Nfôrdhr la mer, tandis que Freyr est à sa place
dans le mariage comme dans l'orgie.
Lucien Gerschel.

Philippe Reymond. — L'eau, sa vie et sa signification dans


l'Ancien Testament. « Supplements to Vêtus Testamentům », E. J. Brill,
Leide, 1958, 1 vol. de 282 p. — Voici une excellente monographie, et
par le sujet qui est heureusement choisi et par l'exécution qui est fort
bien conduite. L'auteur étudie successivement les eaux célestes (pluie),
les eaux terrestres (fleuves, eaux utilisées par technique humaine :
puits, etc.), la mer ; à peu près tous les passages de ГА.Т. où il est
question de l'eau, sous l'un ou l'autre de ces aspects, sont regroupés et,
s'il le faut, discutés ; il est fait appel, à l'occasion, aux données
archéologiques et, de façon judicieuse, mais sans excès, aux textes assyro-
babyloniens et surtout ugaritiques. On a ainsi une évocation très
concrète, non seulement des conditions climatiques et hydrologiques
de la Palestine, mais aussi des travaux auxquels se livraient les
Hébreux pour assurer leur ravitaillement en eau et pour arroser le sol.
M. Reymond ne s'en tient pas à cet aspect concret et matériel de
l'eau, si attachant qu'il soit : il étudie aussi toutes les images et les
idées qui y sont associées. Il montre finement combien, pour l'Hébreu,
la valeur symbolique de l'eau est étroitement liée à son expérience
quotidienne. Mais, si pour les eaux du ciel et les eaux terrestres les
éléments descriptifs sont assez riches dans la Bible, il n'en est pas de

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