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Revue archéologique du Centre

de la France

La sage-femme et le thaumaturge dans la Gaule tardive. Les sage-


femmes ne font pas de miracles.
Aline Rousselle

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Rousselle Aline. La sage-femme et le thaumaturge dans la Gaule tardive. Les sage-femmes ne font pas de miracles.. In:
Revue archéologique du Centre de la France, tome 22, fascicule 4, 1983. pp. 258-272;

doi : https://doi.org/10.3406/racf.1983.2392

https://www.persee.fr/doc/racf_0220-6617_1983_num_22_4_2392

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COMPTES RENDUS D'OUVRAGES

Figlina, n° 5-6, 1980-81 (Documents du Présence de l'architecture et de l'urbanisme


laboratoire de céramologie de Lyon). romain (Hommage à Paul Dufoumet), édité par R.
Chevallier, coll. Caesarodunum XVIII bis, Paris,
Ce numéro double de la revue Figlina est Les Belles-Lettres, 1983, 427 p.
consacré entièrement à une étude de A. Desbat
portant sur les vases à médaillons d'applique des Dans la série des colloques qu'il organise
fouilles récentes de Lyon. Celle-ci s'arrête à la chaque année, Raymond Chevallier nous présente ici
date de 1976, elle ne tient donc pas compte des un très bel ouvrage, édité par les Belles-Lettres,
dernières découvertes, en particulier celles du et qui rend compte d'une trentaine de
chantier du Verbe Incarné. communications présentées en 1981 à l'Académie
d'Architecture de Paris, sur le thème de la présence de
Cette étude vient heureusement compléter, à l'architecture et de l'urbanisme romains. Le sujet
tous les points de vue, le corpus réalisé en 1952 est original. Il ne s'agit pas d'une étude
par P. Wuilleumier et A. Audin (Les médaillons d'architecture ou d'urbanisme antique, mais
d'applique gallo-romains de la Vallée du Rhône). principalement des résonances qu'a pu avoir, au cours
En effet aux 533 pièces précédemment recensées des siècles, du Moyen Age à nos jour, la
viennent s'ajouter 160 médaillons dont 68 inédits. présence des monuments romains au sein de
Par ailleurs, l'auteur dresse un état des nouveaux contextes urbanistiques. Cette présence
principaux problèmes que pose l'étude des de l'Antiquité, nous la retrouvons aussi bien à
médail ons : origine, datation, centres de production. Rimini en Italie, qu'à Belorado en Espagne ou à
L'ouvrage comporte quatre parties : la Charleville et Henrichemont en France. Elle
première concerne à la fois la technique de montre combien ce moment de l'histoire des
fabrication des vases - que l'auteur propose de rattacher civilisations, remis à l'honneur à la Renaissance, a pu
au groupe des sigillées claires B et luisantes exercer une influence durable sur les réalisations
définies par le regretté Nino Lamboglia - et surtout la humaines postérieures.
typologie : sept formes ont été retrouvées, dont A.P.
deux nouvelles. La seconde partie est un rappel
du contexte archéologique, élément
particulièrement important de cette étude, puisque c'est la
première fois que les médaillons sont étudiés par ERRATA à l'article de J.J. Hatt
référence à l'archéologie et non plus seulement à (R.A.C., 22, sept. 1! 983)
des caractères stylistiques. Le catalogue
constitue évidemment le cœur de l'ouvrage dont il P. 186,1. 8, col. 1 : < aedituus au lieu de œdituus
occupe plus de la moitié des pages. Le P. 187, 1. 26, col. 2 hybride a.l.d. hydrique
classement est thématique et chaque pièce est P. 188, 1.17, col. 1 ibid, a.l.d. idid
remarquablement décrite. Bien sûr, l'historien
s'intéressera surtout aux pages de conclusion qui forment P. 188,1.27, col. 2 lire : de toute évidence
la quatrième partie. A. Desbat y exerce son sens P. 189, 1.8, col. 1 : Wuilleumier a.l.d. W.
critique et avance prudemment ses hypothèses P. 192,1. 5, col. 2': concret a.l.d. correct
après avoir réfuté, avec des arguments de poids, P. 194, 1.36, col. 1 autour a.l.d. autout
celles des autres. Résumons ces conclusions : P. 195, 1. 20, col. 1 ajouter: CIL XIII 7661
1) L'origine des médaillons d'applique ne doit P. 196, 1. 7, col. 2: ophtalmie a.l.d. optalmie
plus être recherchée dans les autres productions
céramiques connues, mais plutôt dans des P. 204, 1. 3., col. 1 : lire : pour sa valeur
originaux de bronze ou de plomb (à ce sujet, on est P.209, 1.51, col. 2 Aschaffenburg
frappé par la similitude des médaillons lyonnais a.l.d. Aschaffenbburg
avec des médaillons figurés sur deux situles en P. 210, 1. 34, col. 1 supprimer
plomb de Pompéi et d'Herculanum). numen sanctissima
2) Les médaillons ont été fabriqués du début P.210, 1. 5, col.2: Mars a.l.d. Mrs
du II8 siècle au IVe siècle. P. 211,1. 12, col. 1 Lire : confirment
3) Le principal centre de production, est à situer P. 214, 1. 24, col. 2 hybride a.l.d. hybrique
ni à Lyon, ni à Vienne, comme on le proposait P.214, 1.41, col. 2 Gundestrup
jusqu'alors, mais quelque part dans la vallée du a.l.d. Gandestrup
Rhône. Par ailleurs, d'autres centres de P. 215, 1.15, COl. 2 Supprimer : été
production ont existé dans le Centre et l'Est de la Gaule. P.215, 1. 30, col.2 confirmés a.l.d. confirmée
Soulignons, pour terminer, le soin apporté à P. 216,1.29, col. 1 lire : Dioctétien
l'impression des textes et de l'illustration.
Incontestablement, le travail d'A. Desbat constitue une P. 216, n. 12, 1. 3: in au lieu de Rin
très bonne synthèse sur cette catégorie de P. 217, n. 47, : Trie r a.l.d. Triir
céramique que l'on appelle les vases à médaillons P. 217, n. 55, : Esc hweilerhof
d'applique. a.l.d . Eschweilermof
A.P

258
CINQUIEME PARTIE

LA MÉDECINE
A LA FIN
DE L'ANTIQUITÉ

259
CHAPITRE I

LA SAGE-FEMME

ET LE THAUMATURGE

DANS LA GAULE TARDIVE

Les sages-femmes ne font pas de miracles

par Aline ROUSSELLE*

Une femme, aveugle de naissance, se fit Or, ces nobles qui s'emparent ainsi de
conduire à Tours près du tombeau de saint- corps saints et organisent leur culte, sont
Martin. Celui-ci ne la guérit pas. Il lui rem- des femmes. La lutte entre familles et
commanda en songe un autre saint évêques est donc en l'occurrence une lutte
guérisseur, saint Julien de Brioude. Saint Julien, entre hommes et femmes, hommes situés
né à Vienne, passait pour avoir été décapité dans une structure hiérarchique du pouvoir
à Brioude. Son corps était ainsi partagé officiel, femmes repoussées, dans la
entre Vienne, qui reçut la tête (1), et structure hiérarchique sociale, somme toute, à
Brioude, qui conserva le reste du corps. leur place. L'exemple de Victorine montre
Mais saint Martin n'envoya la dévote ni à que parfois l'évêque mort ne craignait pas
Brioude ni à Vienne. Il y avait à Saintes, de faire lui-même la publicité du sanctuaire
donc beaucoup moins loin, une relique de en quelque sorte privé établi par une femme
saint Julien. Cette relique, une femme de la sur sa villa.
noblesse se l'était procurée, puis l'avait Pourtant les femmes de l'Antiquité
abritée sur le territoire de sa propre villa païenne n'étaient pas, selon les lieux, aussi
dans une basilique construite pour elle écartées du pouvoir dans la vie sociale que
(Greg. Tur., de pass, et Virt. S. Jul. 47) (2). Peter Brown le suggère, rehaussant ainsi la
Peter Brown (3) a montré la lutte serrée place que leur accorde le culte des saints.
entre les évêques d'occident et les grandes
familles qui se disputaient la main mise sur La Gaule, préromaine et romaine, avait
le culte des saints, ainsi que la victoire eu des femmes à l'indépendance et à la
finale de l'épiscopat dont le triomphe en ce liberté plus grandes que celle des
domaine assura définitivement la Romaines ou des Grecques. Il faut donc tenir
puissance sur la chrétienté médiévale compte des civilisations multiples qui
d'occident. Il a montré par ailleurs, que le culte cohabitent dans l'empire romain. D'autre part, il
des saints permettait aux femmes, comme est des secteurs de la vie sociale - autres,
aux pauvres, catégories qu'il décrit comme bien évidemment, que la maison - où les
marginales dans la société antique, des femmes ont un rôle important même dans
épanchements et un rôle social manifesté la société antique. C'est à cumuler ces
par leur place dans les cérémonies, rôle qui deux données, secteur social et originalité
leur était refusé ailleurs. Avec l'exemple de provinciale, que je voudrais m'essayer
la noble Victorine, de Saintes, s'ajoute un malgré une documentation hétérogène et très
nom à ceux que propose P. Brown, comme lacunaire. On verra qu'en somme, je vais
encore l'exemple d'une femme qui tourner autour d'un vide.
construisit, toujours à Saintes, une basilique
privée sur des reliques de saint Martin (Virt.
Mart., Ill, 51). • Université de Perpignan

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A. ROUSSELLE

Des prêtrises officielles à Rome, John filles, autant qu'à leurs fils, si celles-ci s'y
Scheid a éclairé la place dans les cursus prêtaient, c'est-à-dire finalement si elles
politiques (4). Pour les provinces, ce sont n'étaient pas mariées à douze ans, et
surtout les flaminats d'Auguste et de Rome pouvaient suivre en famille un long
qui sont les étapes indispensables dans apprentissage. Nazaire, le rhéteur qui prononça à
toute carrière, et qui, de degré en degré, Rome en 321 le panégyrique de Constantin
rythment les ascensions sociales (5). Les (8), était venu spécialement de Gaule, de
prêtrises féminines, pour le culte des Bordeaux où il enseignait (9). Jérôme nous
impératrices divinisées, donnaient aux femmes apprend que sa fille était aussi bon rhéteur
une position, y compris dans les que lui. Elle était vierge et chrétienne (10).
cérémonies hors de leur maison, que la politique Des deux filles de l'astrologue Argicius
leur refusait, si tant est que la distinction Arborius, grand-père d'Ausone, l'une
entre politique et religion ait eu un sens devint médecin, l'autre épousa un médecin
dans ce domaine. En Gaule, les prêtrises de Dax, ville d'eau, où Arborius avait
traditionnelles des druidesses avaient retrouvé sans doute l'atmosphère des
conservé leur importance au IIIe siècle de sanctuaires médicaux du pays éduen (11).
l'ère chrétienne. Ce sont des druidesses La position particulièrement brillante des
que consultèrent Sévère Alexandre (222- druidesses devait, dans ces familles
235) et Aurélien (271-275), d'après V gauloises devenues gallo-romaines, favoriser
Histoire Auguste (Sev. Alex., LX, 6 ; Aur., l'accès de quelques femmes qui le
XLIV, 4-5). Au IVe siècle, l'interdiction, désiraient avant l'âge du mariage, à des études
surtout par l'empereur Constance, de et à un exercice qu'ailleurs, sauf le cas
consulter les astres, ne mit aucunement fin à ces exceptionnel de quelques philosophes
pratiques traditionnelles. Lorsqu'elle apprit, grecs, on leur refusait. Car Hilaria, tante
en 457, que le choix se portait sur Majorien d'Ausone, n'était pas sage-femme : elle
.

plutôt que sur son mari, la femme d'Aetius, était médecin.


qui souhaitait le voir empereur, consulta en
Gaule les astres, et évoqua les morts. C'est Dans les sanctuaires de sources, pour
du moins ce que rapporte Sidoine lesquels la Gaule était si justement réputée
Apollinaire (Carm. V, 129-130). Les druides ne se (12), la documentation archéologique
recrutaient aucunement parmi des familles montre que des médecins et des oculistes
de souche gauloise enfermées depuis trois intervenaient dans les soins aux malades. Sur
siècles dans une résistance religieuse à la les médecins et les sanctuaires, nous ne
conquête romaine. Tout au contraire, ceux savons rien, à part les noms que
que nous connaissons au IVe siècle par transmettent les cachets d'oculistes. Hommes,
Ausone de Bordeaux ont dû fuir l'ouest ou femmes, parlant latin, grec ou gaulois ? Seules
le centre-est de la Gaule, par fidélité au la forêt d'Halatte et Fontaine-Valmont (13)
pouvoir central romain, lors des ont fourni des instruments de chirurgie ou
usurpations (6). Le grand-père d'Ausone, de soins : une sonde, une spatule, et un
spécialiste d'astrologie, avait fui la patrie éduenne instrument destiné sans doute à des
et s'était replié à Dax (7). Il dissimulait ses cautérisations.
dons et ses connaissances, probablement
parce que l'astrologie était maintenant E. Thévenot a cherché entre l'eau et la
poursuivie comme un crime, quoique les vue, une relation qui s'explique par la
principales décisions en ce domaine soient religion et par le symbolisme de l'eau, cela
de Constance, donc prises après sa mort. avec une entière raison, comme on l'a fait
Quelques rhéteurs bordelais, intégrés donc pour les figurations de soins des yeux du
dans ce que la culture a de plus raffiné, pilier de Mavilly et d'un sarcophage de
étaient d'une famille druidique de Bayeux Ravenne (14). Mais la relation entre l'eau
dont un membre s'était replié sur la et le corps peut être aussi établie par
Gironde. Les hommes de ces grandes l'étude de l'utilisation de l'eau en médecine
familles ne craignaient aucunement de ancienne, telle que la montrent tous les
transmettre leur art ou leur science à leurs ouvrages médicaux.

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LA SAGE-FEMME ET LE THAUMATURGE

Cette utilisation de l'eau, on la trouve chez (Incert., 4), ou, en cas de règles irrégulières
Oribase et chez Marcellus, l'un, qui a ou d'avortements répétés, le déplacement
séjourné en Gaule comme médecin de vers des eaux alumineuses (X, 3). Aucun
l'empereur Julien, l'autre, d'origine de ces médecins grecs n'expliquerait donc
aquitaine, qui rédige pour ses fils un recueil de la fréquentation de villes d'eau ou de
recettes médicales empruntées le plus sanctuaires de l'eau à caractère médical par un
souvent à la tradition gauloise (15). grand nombre de femmes, d'autant plus
que les eaux ne sont pas d'avantage
Il y a plusieurs modes de l'utilisation de
l'eau, thermale ou non, en médecine (16) : prescrites pour les maladies masculines. C'est
absorption par voie buccale, pour boire ou dans la Médecine de Pline, et dans
vomir, affusions, bain du corps entier ou de l'ouvrage de Marcellus, dans les deux
la partie malade, lavements pour évacuer et œuvres qui nous transmettent des recettes
même lavements nutritifs (Orib., VIII, 34), sans les accompagner de toute la science
qui, selon Oribase, sauvèrent des malades anatomique, de toutes les prétentions
qui ne pouvaient rien recevoir par voie physiologiques de la grande médecine, que
l'on trouve la mention la plus fréquente et
buccale. En gynécologie, ce sont desces" injections systématique de l'utilisation des bains en
et des bains de siège. Toutes
thérapeutique. Dans la Médecine de Pline,
prescriptions sont destinées à être exécutées à l'important est de prendre un remède dont
domicile. Et l'on donne la composition la composition est indiquée, avant,
d'une eau salée pour la rapprocher soit des pendant, ou après le bain. Ce bain n'est qu'un
bains de mer, soit des bains d'eaux adjuvant de l'efficacité de la préparation.
thermales dont l'utilisation est soumise à toutes Cela pour les douleurs précordiales (II, 4),
sortes de restrictions car on sait qu'il ne les tremblements (III, 1), l'hépatite (III, 23),
faut ni en abuser ni les prendre pour en dermatologie (III, 27) et pour la paralysie
n'importe quelle affection (Orib., V, et X, 3). (III, 31). Chez Marcellus, le bain est
On ne trouve dans les textes hippocrati- présenté comme thérapeutique en lui-même,
ques consacrés aux femmes aucune sans aucune précision de qualité des eaux.
indication de bains. Le bain n'apparaît que Il est indiqué pour les femmes hystériques,
comme élément de la vie quotidienne, les épileptiques, les frénétiques, et en cas
préalable, par exemple, aux rapports sexuels de vertiges (I, 25). Indiqué encore pour les
après un traitement gynécologique. Mais, maux de tête (I, 91 ; V, 2 et 10), pour les
jamais le bain n'est une indication douleurs d'intestin (CVI, 100), les reins et
thérapeutique. Aucun déplacement vers les eaux la vessie (XXV, 9 ; XXVI, 94, 96, 99), la
thermales ou merveilleuses n'est prescrit. sciatique (XXV, 22), l'arthrite et la
Soranos, au début du IIe siècle de l'ère paralysie, les douleurs articulaires (XXXV, 2 et
chrétienne, n'indique pas non plus de cures 11). Marcellus précise si le bain doit être
dans des villes d'eaux, ne prescrit pas de chaud. La multiplicité des sanctuaires
bains pour les maladies féminines qu'il médicaux situés près des sources gauloises
énumère dans ses livres III et IV. Il conseille explique sans doute cette originalité
seulement des bains de siège relaxants aux caractéristique des prescriptions de Marcellus.
femmes hystériques (III, 28), et dans les
cas d'aménorrhée, des bains seulement en La destruction des installations
cas de fièvre (III, 9) ; il traite la satyriasis, thermales dans les sanctuaires de sources, par les
si elle s'accompagne d'aménorrhée, par déprédations des barbares aux. IIIe et VIe
des bains et des applications de serviettes siècles (18), même dans le cas où les
chaudes (III, 3) (17). C'est tout, et c'est thermes ne pouvaient, faute de moyens, être
peu. Oribase, au IVe siècle n'indique pas reconstruits, ne fut pas obligatoirement un
non plus de bains pour les femmes : de coup d'arrêt complet à ces cures dont
façon générale leur nature trop humide doit Marcellus donne une idée, bien qu'il ne
les leur faire éviter, sauf à prendre les eaux suggère aucun déplacement vers des villes
de mer salées et desséchantes, à verser de d'eau. Oribase a recopié dans sa
la soude dans leurs bains à domicile compilation offerte à l'empereur Julien, un texte

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A. ROUSSELLE

d'un médecin grec du IIIe siècle de l'ère avait vu s'établir à la suite


chrétienne, Hérodote : « Si on a besoin que d'accouchements en même temps que la raideur de la
l'air intérieur du bain soit plus chaud que de nuque. Hippocrate prétendait que la femme
coutume, on peut recourir au genre de guérissait mais restait aveugle ou sourde
traitement suivant : arroser d'un seau d'eau (Mal. fem., I, 41). Si bien que des
froide des cailloux incandescents ; la symptômes qui auraient pu conduire les hommes
chaleur ainsi produite ne persiste pas pendant dans les villes d'eau, restaient pour les
longtemps, mais s'éteint vite ; aussi, femmes dans un domaine gynécologique,
n'aura-t-on recours à ce procédé que peu qui ne nécessitait pas de traitement par
de temps avant l'entrée du malade dans le bains.
bain. » (X, 4). C'est exactement le procédé Or, les représentations féminines
employé par les amis de Sidoine trouvées aux sources de la Seine donnent une
Apollinaire, lors d'une de ses visites. Leurs toute autre image des affections qui, en
thermes privés étaient alors en construction, et Gaule, pouvaient conduire les femmes vers
ils se réunissaient pour le bain près d'un un sanctuaire de l'eau où se rendaient, par
point d'eau ( « Une fosse était en toute hâte ailleurs, de très nombreux malades (20).
creusée, au voisinage d'une source ou du une femme a offert une représentation de
cours d'eau, dans laquelle on jetait un tas sa tête sur laquelle est posée une serviette,
de cailloux brûlants ; puis, tandis que la une autre devait être à un début de
fosse accumulait de la chaleur, on la grossesse, une troisième était obèse. Sont-elles
recouvrait d'un dôme fait de branches flexibles venues pour protéger la grossesse ou
de coudrier entrelacées en forme de demi- soigner l'obésité, ou pour une autre cause ?
sphère, sans oublier de jeter dessus des Cinq femmes sont représentées les yeux
couvertures de Cilicie pour aveugler les fermés, probablement aveugles, deux sont
fentes ouvertes entre les branches et goitreuses. Mais l'essentiel des
chasser la lumière : ainsi serait gardée à représentations est formé de trois images d'organes
l'intérieur la vapeur fusante que le jet d'une eau génitaux féminins et d'un assez fort nombre
bouillante fait jaillir des cailloux rougis au de plaques représentant des troncs
feu ». Lorsque la sudation était jugée féminins aux seins dissymétriques en volume
suffisante, Sidoine et ses amis se plongeaient ou en disposition sur la poitrine, et de seins
dans l'eau chaude, sans doute préparée isolés sculptés dans la pierre. Un sein est
dans des baquets, avant de plonger dans manifestement cancéreux.
l'eau fraîche du Gardon, ou dans l'eau
d'une source ou d'un puits (Ep. Il, 9). En fait, aucun ouvrage médical ne se
Pour les maladies des femmes, ces préoccupe des seins. Oribase transmet
bains, avec leurs séquences de vapeur, simplement un cataplasme de chou et de
eau chaude, eau froide, n'étaient donc farine de froment pour les turgescences et
indiqués qu'en cas d'hystérie, d'aménorrhée, douleurs des seins après l'accouchement
d'avortements répétés, c'est-à-dire (IX, 51), et il transcrit un chapitre de Galien
finalement en cas de stérilité, car l'aménorrhée dans lequel celui-ci prétend avoir guéri un
apparaissait comme un des signes de la cancer du sein par des émétiques (VII, 23).
stérilité (19). Quelques douleurs, attribuées De Soranos, nous ne possédons pas le IVe
chez un homme à l'arthrite ou au livre de gynécologie dans son intégralité.
rhumatisme étaient, pour les femmes, mises en Nous avons seulement les titres de ses
relation avec des accidents utérins, qui chapitres. Ajoutés aux chapitres connus du
devaient être, en fait, des kystes ou des livre III, ils nous prouvent que dans la partie
tumeurs. On avait constaté des de l'œuvre qui concerne la pathologie
gonflements au niveau des reins, accompagnés féminine, seul l'utérus intéresse le médecin :
de contracture des jambes, de douleurs une preuve supplémentaire que l'intérêt de
lombaires (Hippocrate, Mal. fem., Il, 131 et cette gynécologie est uniquement la
150 ; Nat. fem. 14, 47, 48). Il en était de procréation, c'est-à-dire le service du père de
même pour la surdité et la cécité que l'on famille et de ses intérêts. Ce qui ne veut

264
LA SAGE-FEMME ET LE THAUMATURGE

pas dire que les affections des seins elles étaient leurs plus fidèles
n'intéressent pas les femmes : simplement, autre collaborateurs, et elles obtenaient la guêrison
vide dans notre documentation, cela ne simplement en évoquant leur nom. Toutefois,
passe pas par la médecine officielle et Sulpice Sévère et Grégoire de Tours nous
masculine. rapportent des miracles qui ont demandé
l'intervention active des évêques. Saint
En revanche, cela intéresse les Martin guérit à Trêves une jeune fille
sanctuaires médicaux, où les femmes viennent prier
muette et paralysée (V. M., XVI) (23) ; dans
et se soigner, probablement recevoir les
soins d'autres femmes qui ne sont peut- l'ouest de la Gaule, il guérit une enfant de
être pas même celles que Soranos décore douze ans (Dial., Ill, 2), muette de
du titre de sages-femmes, et probablement naissance. Une troisième jeune fille fut guérie
du vivant de Martin, grâce à son pouvoir.
demander la guêrison à des déesses, celles
des sources. En effet, les sources elles- C'était la fille du préfet Arborius, lui-même
neveu d'Ausone. Voilà une famille qui
mêmes sont des divinités féminines, com- donne une bonne image de l'évolution
mes les rivières au nom féminin. Au point étonnante qui s'est produite au IVe siècle dans
où jaillit la source sont vénérées les les rapports du culte et de la maladie. La
nymphes et souvent aussi les déesses-mères tante d'Ausone est restée vierge, détestant
(21), celles que fait invoquer Marcellus par son sexe, et exerçant la médecine. Je ne
une formule spécialement utile aux femmes : suis pas certaine que ce célibat soit,
« Le sot allait à la montagne, le sot resta comme le dit J. Fontaine (V. M., t. Il, p.
sot. Je t'adjure, par les Mères, de ne pas le 875), un célibat consacré, chrétien : c'est
prendre avec colère. » (X, 35). vraisemblablement pour se consacrer à la
Dans les sanctuaires de l'eau, les médecine avec l'aide de son mari et du
édifices qui résistèrent aux invasions, beau-père de sa sœur, tous deux
reconstruits et entretenus jusqu'au Ve siècle, et médecins, que la jeune fille avait refusé le
même les dernières constructions, mariage. Quelle est cette médecine
montrent que les dieux orientaux de pratiquée dans la famille d'Ausone ? Ausone
l'il umination mystique et de la guêrison y furent le lui-même avait demandé la guêrison d'une
dernier bastion du paganisme. Mais les sciatique à une recette gauloise rapportée
cultes féminins et surtout les soins, par Marcellus (XXV, 2), recette qui mêlait
pouvaient s'accomoder d'installations les ingrédients de simples à des conditions
rustiques, ou même, en n'attirant plus que les de fabrication et d'administration
femmes du voisinage, maintenir leur magiques. Le christianisme d'Ausone est lui-
réputation de lieux de guérisons, à défaut de même douteux, sinon dans sa réalité, du
subsister comme lieux de soins. moins dans sa qualité (24). Il est tout
opposé à l'ascétisme choisi par son
C'est à ce moment d'écroulement disciple en littérature, Paulin de Noie. En
matériel progressif des sanctuaires de sources revanche, le reste de la famille, à la génération
que naquit, dans ce domaine même des suivante, passe à un christianisme plus
cultes de guêrison, la concurrence exercée strict. Et voici un homme cultivé, qui a
par des thaumaturges vivants. En Gaule, exercé les plus hautes fonctions
ces thaumaturges ont été des hommes, et administratives, jusqu'à Rome même où il a été
qui mieux est, des évêques. Le premier, et préfet de la ville, qui soigne sa fille d'une
le plus grand, fut sans conteste saint fièvre quarte en plaçant sur sa poitrine
Martin, de Tours. De deux évêques de Cler- (comme l'aurait fait Marcellus en ajoutant
mont, Illidius (Allyre), troisième évêque de quelque médecine éprouvée par des
Clermont (Hist. Franc, 1, 45 ; Vitae Patrum, générations), une lettre de Martin en guise
II), et Népotien, quatrième évêque, (Hist. d'amulette. D'Allyre de Clermont, Grégoire
Franc, I, 46 ; de glor. conf. 36), Grégoire de Tours conte une guêrison parallèle, un
de Tours raconte au moins deux guérisons doublet peut-être de la guêrison d'une
miraculeuses. Ces hommes doués du don jeune fille de Trêves par Martin, cette fois-ci
de guêrison n'ont pas écarté les femmes : la propre fille de l'empereur de Trêves.

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A. ROUSSELLE

Quant à Népotien, il guérit un messager de sabilités et de tous les honneurs, écartées


l'empereur, qui était de passage à Cler- du secteur religieux dans son caractère le
mont, et qui devint son successeur sur le plus hiérarchique et social, organisent un
siège épicopal. circuit parallèle par le culte des reliques
Au moment où Martin exerçait son importées et établies sur des terres qui sont
les leurs, et non celles de pères ou de
pouvoir de guérison, il demandait à l'évêque de maris. La détention de reliques est un
Milan de lui faire parvenir les premières élément essentiel du pouvoir social, c'est ce
reliques fragmentaires qui parvinrent en Gaule que Peter Brown a si bien éclairé. Cela
par voie officielle. A Tours, à Rouen grâce parce que les reliques sont puissantes.
à l'évêque Victrice, à Vienne encore, des
fragments des corps de Gervais et de
Protais parvinrent grâce à la libéralité Cette puissance s'était manifestée, avant
d'Ambroise. Cela, c'est la voie épiscopale. même l'importation de fragments de corps
Mais, il en est une autre. La grande Mélanie saints, par des guérisons advenues sur les
revint d'Orient à Rome dès qu'elle apprit le tombes des martyrs. Qu'elles aient on non
désir de sa petite-fille de se consacrer, contenu les corps de réels martyrs des
ainsi que son mari, à la vie ascétique. persécutions importe peu ici. Peu après 359,
Aiguillonnée par l'opposition qui s'élevait dans son livre contre l'empereur Constance
dans leurs familles, elle prit le bateau et qui allait l'exiler, Hilaire exposait que des
revint en Italie, apportant des cadeaux pour guérisons se produisaient grâce au corps
ses amis. C'est ainsi qu'elle passa à Noie, des martyrs, et exprimait le regret que
montée sur un âne, et laissa à l'épouse de Constance, arien, condamnât à l'exil les
Paulin alors encore prêtre, la noble Théra- orthodoxes au lieu de donner à la Gaule de
sia convertie à la chasteté, un morceau de nouveaux martyrs (27). Il savait bien que la
la vraie Croix découverte à Jérusalem par Gaule n'avait eu qu'un petit nombre de ces
la mère de Constantin (25). Un fragment de martyrs dont l'action se révélait si utile et si
la croix était destiné à Bassula, une femme efficace. Ces guérisons advenues près de
noble de la cour de Trêves, et lui parvint par certaines tombes de martyrs, sont
l'intermédiaire de son beau-fils, Sulpice apparues comme un élément essentiel de la
Sévère, correspondant de Paulin, établi christianisation. Le problème de la maladie
dans le sud-ouest de la Gaule. Sulpice ne se posait en effet à l'église nouvellement
reçut rien ! Malgré ses supplications à organisée dans les Gaules. Le concile
Paulin, il n'obtient pas le moindre fragment de d'Arles (314) examinait le problème des
corps saint pour les édifices qu'il élevait malades qui se convertissaient au moment
dans cette perspective sur sa villa (Paulin, même où ils craignaient la mort. Le canon 6
Epist., XXXI). Victorine, à Sainte, n'était expose qu'on décida de les accepter
pas allée si loin. Et d'ailleurs, à défaut de comme catéchumènes, mais non de les
fragment de corps, tous les tissus trempés baptiser. L'imposition des mains, toutefois,
au jour d'un martyre dans le sang versé par devait leur éviter, après la mort, le sort des
le persécuteur (Prudence, Périst, V, 341- païens : le salut de l'âme était assuré. Mais
344 ; X, 84 sq. ; XI, 141) étaient autant de ce que cherchaient les malades, c'était
reliques dont l'efficacité allait se révéler d'abord le salut du corps. Et en 374, le
avec une surprenante rapidité. Germain concile de Valence envisageait ces «
d'Auxerre qui n'était pas d'abord germes de vices... si bien enracinés dans
thaumaturge, transportait sur lui un sachet de toutes les églises qu'il serait difficile de
reliques qui opéraient des miracles : il guérit recourir à des remèdes radicaux ». Parmi ces
ainsi de sa cécité une enfant de dix ans vices, le recours à des bains sacrilèges,
(Vita, 15). Ainsi, au moment où le concile après la réception du baptême. Il ne s'agit
de Nîmes (396) (26) constate avec pas de visites d'hygiène aux thermes, mais,
effarement, et réprouve de façon absolue comme le précise avant 542, date de sa
l'élévation des femmes au ministère de diacres, mort, Césaire d'Arles dans un sermon (28),
les femmes, écartées de toutes les ce sont des bains nocturnes ou matinaux

266
LA SAGE-FEMME ET LE THAUMATURGE

dans les sources, les marais, les fleuves En Gaule, la contradiction absolue entre
(Sermo, 33, 4), précisément ces bains culte des dieux et culte des morts n'existait
d'hygiène préventive ou de thérapeutique, pas. Des mausolées, au contraire,
indiqués par Marcellus dans son livre des pouvaient coexister avec les temples dans une
médicaments. D'un côté, la maladie même enceinte, toujours à l'extérieur des
écartait les chrétiens de l'Eglise, de l'autre il se villes. A. Grenier a relevé un cas de
produisait des guérisons sur les tombes mausolée dans un sanctuaire de l'eau, au Bac des
des martyrs. Mais, à la fin du IVe siècle, Cars (31), et l'a confronté à d'autres
tous les martyrs n'étaient pas guérisseurs. exemples, plus ou moins bien assurés sans
Prudence, poète espagnol, que tous les doute, mais dont le nombre finalement est
auteurs gaulois ont lu (29), n'attribue pas convaincant (32). L'exemple de l'immense
des guérisons à tous les martyrs qu'il enceinte religieuse païenne située aux
chante dans son livre des Couronnes. portes de Sens, étudiée par J. Harmand (33),
Seuls deux martyrs de Calahorra, sa propre conforte cette hypothèse de l'originalité
patrie, ont ce pouvoir. Les dix-huit martyrs gauloise en ce domaine. Toutefois, le culte
de Saragosse, saint Fructueux de Tarra- des morts héroïsés n'a pas été
gone, saint Vincent, dont on a recueilli le systématiquement associé aux sanctuaires de l'eau,
sang dans des linges, aucun des autres sanctuaires de guérison bien souvent. Or,
martyrs, espagnols, romains, ou même on distingue très bien chez Prudence le
syriens, ne fait de guérisons : ils vocabulaire qui a pu faire des centres de
intercèdent, ils protègent, rien de plus. En Gaule, guérisons qui s'instaurèrent près des
avant les guérisons de Martin et malgré tombes de saints, martyrs ou évêques, ou près
révocation de guérisons par Hilaire, l'évê- des fragments de corps saints, l'alternative
que qui sut distinguer Martin et le nommer chrétienne aux sanctuaires de sources. Le
exorciste, il n'y a pas de guérisons connues corps du martyr, d'où s'est écoulé le sang
sur des tombes de martyrs au IVe siècle, vital, devient pour les chrétiens la source du
tout au moins mentionnées dans des textes salut pour le martyr lui-même d'abord :
du IVe siècle. « Lota mens in fonte rubro sede cordis exi-
lit » : « C'est lavée dans la rouge fontaine
Les premières vagues de guérisons se que l'âme s'élance hors du cœur où elle
sont produites sur les tombeaux des évê- séjournait » (Perist., IV, 30). Sainte Eulalie
ques guérisseurs, saint Martin de Tours est sauvée aussi par ce bain de sang :
(30), le premier évêque qui reçut une « Membraque picta cruore novo, fonte
basilique construite sur son tombeau, et Allyre cutem recalente lavant » : « Son corps est
de Clermont (Greg. Tur, V. P., Il, 2), celui teint du sang qui jaillit sans cesse, sa peau
précisément contemporain de Martin qui est toute baignée de cette source chaude »
aurait guéri la fille de l'empereur de Trêves. (34). Quelle que soit l'importance de la
Sur le tombeau de saint Allyre, dans les référence de Prudence à l'épisode évangé-
faubourgs de Clermont, fut guéri d'une lique de la fontaine de Siloé, (Apoth., V,
maladie d'yeux un esclave du comte Vene- 675), le sang du martyr est bien considéré
randus, et le comte devint évêque à son comme une fontaine, une source
tour. Le tombeau de Venerandus est le guérisseuse. L'un des équivalents proposé est
premier tombeau d'évêque non thaumaturge d'abord le baptême, et Prudence célèbre un
sur lequel se produisirent des miracles. Si, baptistère construit sur les corps des
comme le montre Peter Brown, les évêques martyrs de Calahorra. Mais ce n'est pas
d'Occident parvinrent à appuyer leur finalement dans cette direction que se fit
pouvoir sur les tombes des saints, en limitant l'utilisation des corps des martyrs, bien que ce
l'appropriation des tombeaux par des baptême de sang, et le baptême d'eau du
famil es aristocratiques, on voit qu'en christianisme aient été constamment offerts
accomplissant eux-mêmes des miracles, pendant comme alternative unique et définitive aux
leur vie et après leur mort, ils appliquèrent bains sacrés du paganisme. La source
la maxime selon laquelle on n'est jamais si chaude du sang versé s'est posée en
bien servi que par soi-même. alternative aux bains thérapeutiques qui conser-

267
A. ROUSSELLÊ

vaient leur puissance par le nombre des toire de Tours, à l'aide de prières, certes,
guérisons qu'y produisaient à la fois la mais aussi par l'application de plantes. Ces
médecine et la religion. Ce sont les saintes se mirent donc à guérir comme les
thaumaturges qui ont, en ce domaine, ouvert la saints, quoiqu'en nombre très inférieur. Et
voie, et le caractère saint des tombes elles guérissent comme les saints ; elles
situées à l'écart des villes, exigeant un entrent dans l'univers de la médecine
déplacement comme un sanctuaire païen, masculine, mais uniquement celle des fièvres et
offrait une démarche familière, pour un frissons : aucune ne guérit les aveugles ou
objet semblable, mais en un lieu nouveau, les paralytiques, qui restent la spécialité
dans un cadre cérémonial nouveau. des martyrs et des saints, et aucune
Toutefois, les gestes restaient familiers : on boit n'apporte dans la carte des guérisons une
(Virt. Mart. IV, 36), on se lave d'huile sainte, spécialité médicale que les femmes avaient
on mange la pierre des sarcophages conservée : la gynécologie. Pour ces cinq
réduite en poudre. Les martyrs se mirent à saintes guérisseuses, Grégoire de Tours ne
opérer des guérisons, et, comme les rapporte aucun miracle précis, aucun récit
sources païennes, à se mêler de pluie, de de guérison, comme il le fait d'abondance
sécheresse, et de grêle, de maladies du pour les saints guérisseurs.
bétail, de toutes les inquiétudes des fidèles. La documentation qui concerne les saints
Le cas superbe de la source où fut lavée la et martyrs est très différente de celle des
tête de saint Julien de Brioude après la sanctuaires de l'eau. D'un côté des textes,
décollation, reste un cas isolé de confusion de l'autre des ex-voto pour la plupart anépi-
finale des deux lieux de culte, païen, graphes. D'un côté les maladies apportées
chrétien (Virt. lui., 3). aux sources, de l'autre les maladies
Parmi les martyrs, il y avait peu de guéries par les saints. On peut toutefois
femmes, peu en tout cas en dehors des homogénéiser la documentation. La médecine
groupes de martyrs, comme ceux de Lyon ou de antique est une médecine de symptômes,
Saragosse (deux sur dix-huit), où une symptômatologie. Les guérisons
cependant elles apparaissent comme énoncées, nous donnent finalement la liste des
minoritaires. A côté du groupe de Saragosse, symptômes qui commandent le
Prudence ne chante qu'une seule martyre : déplacement vers le sanctuaire du saint, comme les
sainte Eulalie de Mérida, qui ne fait pas de ex-voto païens donnaient la liste des
miracles au IVe siècle apparemment. Mais symptômes qui ont effectivement amené le
Grégoire de Tours, au VIe siècle lui en déplacement. En effet, la jambe de pierre
attribue. Ce ne sont pas des miracles ou de bois taillé, jetée par un malade dans
directement opérés par la sainte : un beau jour, la une source païenne, c'est le membre qui a
floraison précoce et incroyable d'un arbre bénéficié de guérison ou pour lequel on a
situé près de sa tombe décida les paysans demandé la guérison, sous les termes de
à lui demander des interventions pour leurs paralysie ou de claudication dans les récits
récoltes, puis les fleurs de son arbre, chrétiens de miracles. Dans les deux cas,
cueillies et rassemblées dans son sanctuaire, on n'a pas une représentation de la
devinrent des agents efficaces de guérison morbidité générale, puisque, par exemple, les
(Glor. Mart, 90). Sur le nombre déplacements vers les eaux thermales sont
impressionnant de saints guérisseurs mentionnés par déconseillés par les médecins en cas de
Grégoire de Tours, cinq saintes seulement, maladies aiguës (Orib. X, 3, Antyllus ). Bien
sont bénéfiques aux malades : Papola, qui que les saints de Grégoire de Tours
vécut déguisée dans un monastère guérissent des fièvres tierces ou quartes, c'est
d'hommes de Tours, Eulalie, de la façon que je bien tard que les ex-voto peints montreront
viens d'indiquer, Geneviève de Paris, les malades dans leur lit, c'est-à-dire en
Pélagie de Limoges, auxquelles il faut ajouter la quelque sorte des malades
seule sainte thaumaturge de son vivant, en intransportables (35).
ces époques de création, sainte Monigunde Salvien de Marseille, écrivant à sa sœur
qui soignait en fait les malades sur le au début du Ve siècle, l'invitait à se réjouir,

268
LA SAGE-FEMME ET LE THAUMATURGE

non seulement d'être guérie d'une quarante guérisons de femmes, une seule
mauvaise maladie, mais d'en sortir affaiblie et concerne la gynécologie. C'est la guérison
délivrée des exigences charnelles, d'un flux de sang au tombeau de saint
sexuelles, par sa faiblesse (ep. V) (36). Sidoine Martin (Virt Mart, 1, 10).
Apollinaire au Ve siècle ne conduit pas sa Par ailleurs, aucune femme ne vient
fille fiévreuse et secouée par la toux dans demander aux saints la fécondité, dans
une crypte humide auprès d'un martyr ou cette documentation ancienne : le seul
d'un saint, il la fait transporter à la exemple est celui d'un homme qui se rend
campagne, comme elle l'a demandé elle-même à Tours, accompagné de sa femme, pour
(ep., Il, 12). Or, si l'on compare les faire une donation à saint Martin, justement
symptômes guéris par les saints avec ceux qui parce qu'il n'a pas d'héritier. Après quoi sa
sont apportés aux sanctuaires païens, on femme conçoit, précisément pendant le
constate dans les deux cas une infériorité séjour au sanctuaire, celui qui sera le
numérique des femmes. Dans les œuvres premier d'une nombreuse progéniture (Virt.
de Grégoire de Tours (Virt. Mart, lib IV), Mart, IV, 11). On, peut rapprocher cela
quatre femmes guéries pour cent vingt d'une prescription de Marcellus. C'est la
hommes, un tiers environ. Etant donné seule de son livre qui concerne la visite aux
l'enthousiasme des femmes pour saint fontaines et l'usage de bains pour obtenir
Martin, dont le meilleur exemple est l'excitation la fécondité : elle s'applique à
des nonnes de Clion qui lèchent les murs l'impuissance masculine (33,49), mais
de sa cellule et se disputent les brins de sa s'accompagne de potions diverses. Les saints n'ont
paillasse {Dial. Il, 8) (37), le fait doit être donc pas encore provoqué l'afflux de
souligné. La proportion est d'un quart pour couples stériles à la recherche d'un remède
Julien de Brioude, malgré l'existence du pour procréer.
santuaire créé sur sa villa par Victorine près
de Saintes.
C'est un homme encore qui dépose son
Les femmes apportent au saint des maux
d'yeux - les guérisons sont dites fils de moins de deux ans, anorexique, près
il uminations d'aveugles -, des paralysies, totales des reliques de saint Martin à Saintes,
ordonnant à sa femme restée à la maison,
avec mutisme, avec cécité, ou partielles ;
des claudications, des fièvres, des de préparer le tombeau de l'enfant (Virt.
contractions des doigts vers la paume de la main, Mart., Ill, 51).
tous sympômes, à part le dernier, qu'elles Rien donc au VIe siècle n'est offert aux
partagent avec les hommes dans la liste chrétiens pour contrebalancer le pouvoir
des guérisons. Pour certaines l'irruption de des sources dans les domaines
la maladie : paralysie totale ou paralysie du spécifiquement féminins : maladies génitales,
bras, est liée à une situation particulière : fécondité, maladies au anomalies des seins,
mauvaise conscience d'aller travailler aux qu'accueillaient si bien les sanctuaires
champs ou au four le dimanche (Virt.Mart, païens. Pour les femmes, d'ailleurs, la
Il, 57 ; III, 56), désespoir d'être vendue à plupart des symptômes qui justifiaient chez un
un nouveau maître (Virt. Mart, II, 59, III, homme un traitement particulier, étaient
46). La guérison est aussi inattendue que mises en relation, et avec raison, avec les
le symptôme qui va attirer au tombeau des incidents de la zone génitale (39) :
femmes paralysées, ainsi encouragées à douleurs, mais aussi paralysies, claudications
espérer. La première guérison mentionnée (Mal. fem., Il, 131 ; Nat fern., 14, 47, 48),
d'une main de femme recroquevillée vers la cécité et surdité que l'on dit consécutives à
paume est l'œuvre de Germain d'Auxerre de mauvais accouchements (Mal. fem., I,
{Vita, 30 (38). Il s'agissait d'une fille en âge 41). Toutes ces observations pouvaient
de se marier. Ce sont toujours des femmes écarter les femmes atteintes de symptômes
que l'on voit affectées de cette infirmité, identiques d'une médication d'ordre
peut-être liée aux travaux spécifiquement général, c'est-à-dire celle des hommes, et les
féminins, du filage et du tissage. Sur les confiner dans la gynécologie.

269
A. ROUSSELLE

Ce n'était pas plus mal ! Les (7) Ausone , Parentalia, IV. Ed. d'Ausone, H.G.E.
sages-femmes, détentrices des recettes d'avortement White, 2 vol. Loeb, 1919-1921 avec trad. angl. ;
et des recettes de soins concernant les Trad. Fr., 2 vol. par M. Jasinski, coll. Gamier,
Paris, 1 935-1 936. Sur Dax et la source chaude de
femmes, elles qui soignaient aussi les la Néhe (dea Nehalenia), C. Jullian, Note sur la
enfants, travaillaient de façon empirique, topographie de Dax gallo-romain, R.E.A., III,
connaissaient les propriétés des plantes, 1901 , p. 21 1-221 , et A. Grenier, Manuel
n'hésitaient pas, grâce à l'obstétrique, d'Archéologie gallo-romaine, IV, Les monuments des
devant les opérations de chirurgie. Leur eaux, t. Il, p. 415, cité ici Grenier, Manuel, II. Sur
l'astrologie en Gaule, particulièrement dans les
savoir non dévié par les théories physiques textes d'Ausone et du Querolus, comédie d'un
ou philosophiques, comme l'était celui des auteur anonyme, H. de la ville de Mirmont, L'atro-
médecins, pouvait se poursuivre dans le logie chez les gallo-romains, I, R.E.A.X IV, 1902,
cadre familier du village, de la maison, du p. 115-141 ; ll.t.v., 1903, p. 255-293.
quartier, où elles étaient les puissances (8) Panégyriques latins, X (4), éd. et trad. E. Gal-
bienfaisantes qui présidaient aux letier, t. Il, C.U.F. -, 1952 ; sur la fille de Nazaire,
naissances. Introduction, p. 1447-148.
(9) Ausone, prof. Burd., XIV, 7-10.
(10) Prosper, Chron., dans Chronica minora, I,
éd. Th. Mommsen, M.G.H., a. a., IX, p. 452 ad.
ann. 336, et Jérôme, Chron., ad ann. 336, éd.
Rudolf Helm, ap. Eusebius Werke, t. VII, Berlin ,
1956, p. 233.
(11) Sur la famille d'Ausone, R. Etienne,
Bordeaux antique, Bordeaux, 1 962.
NOTES (12) Cf. par ex. le géographe Solinus, éd. Th.
Mommsen, Berlin, 1864, 21, 1.
(13) A. Grenier, Manuel, t. Il, p. 815 et 837.
(1 4) E. Thévenot, Médecine et religion aux temps
gallo-romains, le traitement des affections de la
vue, Latomus IX, 1950, p. 415-426.
(1) tête
Vienne
découvert
la
Apollinaire
Loyen,
(Livres
1970. Sidoine
utilisées
de
C.U.F.,
I-V),
Mamert,
ensemble
Julien.
Apollinaire,
1970,
icit.l,sont
Les
raconte
Poèmes,
t.leœuvres
éditées
Ill,
corps
ep.Lettres,
comment
V 1960,
II,et
dede1,traduites
saint
Sidoine
Livres
àt.l'évêque
celui-ci
Il,
Ferréol
Lettres
VI-IX),
par de
A.eta
(15) A. Rousselle, La foi en Gaule à la fin du IVe
siècle de l'ère chrétienne, à paraître dans les
publications de la Maison des Sciences de
l'Homme.
(2) Greg. Tur. De Pass, et Virt. S. Juliani, 47, éd. (1 6). Les œuvres médicales utilisées ici (et citées
B. Krusch, Gregori Turonensis opera, M. G. H., en abrégé dans le texte) sont, dans l'ordre
s.r.m., Hanovre, 1884, comme les autres œuvres chronologique : le Corpus hippocratique, éd. et trad.
de Grégoire de Tours citées plus loin : Liber in E. Littré, Paris, 1 839-1 861 , Nature de la femme, t.
gloria Confessorum, abrégés ici Virt. Jul., glor. VII, 1851 ; Maladies des femmes, t. VIII, 1853.
Mart, virt., Mart., Vit, Pair., Glor. conf. ; Soranos d'Ephèse, éd. C.G. Kûhn, Medicorum
l'Histoire des Francs, éd. Arndt, M.G.H., 1884, est graecorum opera quae extant, Leipzig, 1827, t. Ill,
trad, par R. Latouche, 2 vol. C.U.F., 1963 et 1965, et éd. J. llberg, Sorani Gynaeciorum libri IV,
cité ici H. F. Leipzig-Berlin, Teubner, 1927 (Corpus
Medicorum Graecorum IV), trad. angl. et notes de Owsei
(3) P. Brown, The cult of the saints. Its rise and Temkin, Soranus'Gynecology, Baltimore, 1956.
function in latin Christianity, Chicago, 1 981 . Oribase, éd. Reader, C.M.G., Leipzig, 1928 ; éd.
(4) J. Scheid, Les prêtres officiels sous les grecque et trad, fr., Ch. Daremberg et E. Busse-
empereurs julio-claudiens, ANRW, II, Principat, 16,1, p. maker, Paris, 1851-1876. Marcellus, de medica-
61 0-654. mentis liber, éd. M. Niedermann, Corpus
(5) Par exemple, dans une immense Medicorum latinorum, V, Leipzig-Berlin, 1916. Medicina
bibliographie, R. Etienne, Le culte impérial dans la Plinii, éd. A. Onnefors, C.M.L., III, Berlin, 1964.
péninsule ibérique d'Auguste à Dioctétien, BEFAR, vol (17) Transmis par Caelius Aurelianus, Des
191, Paris, 1958. maladies aiguës, éd. et trad. angl. I. E. Drabkin,
(6) A. Rousselle, Du sanctuaire au thaumaturge, Caelius Aurelianus, on acute deseases, Chicago,
la guérison en Gaule au IVe siècle, Annales 1950, III, XVIII.
E.S.C., 1976, P. 1090-1091. (18) J'ai tenté d'en établir la chronologie et de

270
LA SAGE-FEMME ET LE THAUMATURGE

cartographier les abandons successifs, liés aux (25) Paulin de Noie, Lettres, éd. Hartel, C.S.E.L.,
trajets des invasions barbares dans La foi en XXIX, Vienne, 1894, 1. 1.
Gaule, loc. cit. en note 1 5. (26) Conciles gaulois du IVe siècle, texte latin de
(19) A. Rousselle, Observation féminine et l'édition Ch. Munier, Introd., trad, et notes par J.
idéologie masculine, le corps de la femme d'après les Gaudemet, Sources Chrétiennes, n° 241, paris,
médecins grecs, Annales E.S.C., 1980, 1977.
particulièrement p. 1097-1100. Sur ces questions dans le (27) Hilaire, Contra Constantium imperatorem,
monde romain, A. Rousselle, Porneia. De la P.L. X, col. 584-585.
maîtrise du corps à la privation sensorielle, Paris,
1983. (28) Césaire d'Arles, Sermons au peuple, texte
éd. par dom Morin, Caesarii opera, 2 vol Corpus
(20) Drs R. Bernard et P. Vassal, Etude médicale Chritianorum, series latina, Cl II et CIV, 1953 ; ce
des ex-voto des sources de la Seine, R.A.E. IX, texte est repris avec une traduction de J.M.
1958, fasc. 4, p. 328-359 ; S. Deyts, A propos Delage, Sources Chrétiennes, vol. 125, 1971 et
d'une statue en bois des sources de la Seine, 243,1978.
R.A.E., XXI, 1970, reproduit p. 446 fig. 7 la seule
représentation de tronc féminin avec dessin du (29) Prudence, éd. et trad. M. Lavarenne, 4 vol.,
triangle pubien. Sur un lot important de figures C.U.F., 1943-1951.
anatomiques en bois, seulement dix femmes, (30) Martin est le premier évêque à recevoir une
représentées entières, vêtues ou à peine basilique construite sur son tombeau, cf. E. Griffe,
dégagées du bois. La Gaule chrétienne à l'époque gallo-romaine,
(21) Voir l'étude et les références rassemblées Paris, t. Ill, 1965, p. 238.
par F. Muthmann, Mutter und Quelle. Studien zur (31) A. Grenier, II, p. 591
Quellenverehrung im Alterum und im Mittelatlter.
Archaeologischer Verlag, Bâle, 1975, en. Il, et, (32) II faut donc atténuer les affirmations de P.
pour la Gaule, p. 59 sq. Brown qui considère comme un fait entièrement
neuf l'association du culte rendu à Dieu et de la
(22) Sur la chronologie des abandons, A. tombe.
Rousselle, La foi en Gaule ; sur les divinités : J.J.
Hatt, Divinités orientales et dieux gaulois, (33) J. Harmand, Le sanctuaire gallo-romain de
mélanges M. Simon, paris, 1978, p. 285 ; sur Mithra, "la motte-du-Ciar" à Sens, sa famille
Viviane Walters, The cult of Mithras in the roman architecturale et le problème des temples d'héroïsation en
provinces of gaul, E.P.R.O. XLI, 1974 ; sur Attis Gaule romaine, R.A.E., IX, 1958, p. 43-73.
et les sources R. Turcan, Les religions de l'Asie (34) Cette évocation du sang de Martin, source
dans la vallée du Rhône , E.P.R.O. XXX, 1972 ; nouvelle de vie, est bien une évocation de source,
résistance des dieux indigènes dans les malgré la référence explicite de Prudence à la
sanctuaires de l'eau, ajouter à ceux qu'indique A. Grenier fontaine de Siloé, Apotheosis, vers 675.
ceux qui sont énumérés par Claude Rolley, (35) Bernard Cousin, Iconographie sérielle,
Aspects de l'implantantion romaine en Bourgogne : statistique et histoire des mentalités, dans
découvertes récentes, dans L'idéologie de Iconographie et histoire des mentalités, Paris, CNRS,
l'impérialisme romain, Publ. de l'Université de dijon, 1979, p. 87-91.
XLVI, paris, 1 974, p. 1 1 6-1 20.
(36) Salvien de Marseille, Œuvres, t. I, Les
(23) Sulpice Sévère, Vita Martini éd. et trad. J. Lettres. Les livres de Timothée à l'Eglise.
Fontaine, Sources Chrétiennes, 133, 1967, t. Il , Introduction, texte critique, trad, et notes par G. Lagarri-
n° 134, 1968 et III, n° 135, 1969, commentaire de gue, SC, vol. 176 , Paris, 1971.
J. Fontaine, cités ici V.M.
(24) P. de Labriolle, Un épisode de la fin du (37) Sulpice Sévère, Dialogues, éd. Halm, CSEL,
paganisme. La correspondance d'Ausone et de Paulin I.
de Noie, avec une étude critique sur la question (38) Constance de Lyon, Vie de saint Germain
du christianisme d'Ausone, Coll. Science et d'Auxerre, éd. et trad. R. Borius, SC, vol. 112,
religion, n° 561, Paris, 1910, avec traduction des Paris, 1965.
lettres.

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