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MEI "Médias Et Information" n°4 - 1996

LA PRÉHISTOIRE DE LA COMMUNICATION

Pascal PICQ
Collège de France.
Chaire de Paléoanthropologie et Préhistoire

Résumé : Les études sur l’évolution de la communication et les origines


du langage chez les hominidés se heurtent à un double problème concernant
la place de l’homme dans la nature et les bases conceptuelles des approches
scientifiques utilisées. Qu’il s’agisse de la bipédie ou du langage, les
hommes actuels sont très spécialisés. Il n’est donc pas étonnant que certains
linguistes et (paléo)anthropologues éprouvent des difficultés pour retrou-
ver les traces évolutives de ces adaptations, notamment chez les singes et
les grands singes actuels. Cet essai tente de montrer qu’il convient d’éviter
les a priori qui s’efforcent de placer l’homme hors de son évolution. Il faut
ancrer nos analyses dans un cadre phylogénétique qui s’appuie sur les
relations de parenté entre les espèces actuelles et en considérant qu’elles
sont toutes uniques. Des recherches sur les capacités cognitives des singes,
en laboratoire et dans la nature, de meilleures connaissances des relations
entre leurs socio-écologies et leurs modes de communication et des analy-
ses placées dans un cadre historique peuvent nous permettre d’envisager
des progrès significatifs sur l’évolution de la communication et du langage.

L’homme est un animal de commu- intellectuels entre le monde animal


nication qui se distingue des autres et l’homme. Sans évoquer les
animaux par le langage. C’est bien créationistes passés, actuels et
là le dernier rubicon qui maintient futurs, on observe des postulats iden-
une frontière infranchissable entre tiques chez les philosophes, les
les singes et les hommes. Nos psychologues, les linguistes et de
mentalités occidentales supportent nombreux ethnologues. Pour la
assez mal tout voisinage étroit avec majorité d’entre eux, la question ne
les singes. Depuis que Charles se pose même pas. Ceux qui l’abor-
Darwin a montré que toutes les dent usent de leur savoir et de leur
espèces actuelles ont évolué et que intelligence pour extraire l’homme
nous avons des degrés de parenté de son passé simiesque et l’en déta-
plus ou moins étroits avec les cher de façon radicale. Depuis plus
chimpanzés et les gorilles, les d’un siècle, il semblerait qu’on en
hommes bien pensants se sont soit resté au fameux débat entre
efforcés de construire des remparts l’évêque Samuel Wilberforce et

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Thomas H. Huxley qui eut lieu à L’idée d’une évolution avec


Oxford en 1860. Au cours d’une l’homme au pinacle de l’échelle des
réunion contradictoire au sujet de êtres pose le problème du lien obligé
l’évolution, Wilberforce conclut par avec les singes. C’est le chaînon
cette provocation à l’encontre manquant, une entité forcément
d’Huxley «Et vous, monsieur, ambiguë qui évoque la relation
descendez-vous du singe par votre naturelle dénoncée mais qui est là
grand-père ou votre grand-mère». pour souligner une distance incon-
Et Huxley de répondre «Un homme cevable et infranchissable. Il y a
n’a pas de raison d’être gêné d’avoir donc un rubicon qui emporte les
un singe pour grand-père ou grand- liens troubles d’une parenté obligée
mère. Si j’avais à choisir un ancêtre, et qui rejette toute possibilité
entre un singe et un universitaire d’élucider un passage de la rive des
ayant usé de sa logique pour induire singes aux berges de l’humanité.
en erreur un public mal préparé,
pour opposer à des thèses non des Thomas.H. Huxley, ami et farouche
arguments, mais la dérision, pour défenseur de Charles Darwin, avait
raisonner ainsi sur une grave apporté une grande contribution en
question philosophique, nul doute écrivant La place de l’homme dans
que j’opterais d’emblée pour le la nature en 1863. Cependant, il
singe». Car, en effet, s’il devient avait quelques difficultés à admet-
difficile de contourner l’idée d’évo- tre que la sélection naturelle ait pu
lution depuis les travaux de Charles accoucher d’un homme avec un gros
Darwin, celle-ci a été rapidement cerveau à partir d’un ancêtre
adaptée à l’avantage de l’homme en simiesque. Russell Wallace,
épousant une idée de progrès et de co-inventeur de la sélection
perfectionnement. Là ou Darwin naturelle avec C. Darwin, pensait
suggérait que les grands singes que ce processus était responsable
africains (chimpanzés et gorilles) et de tous les aspects de l’évolution,
les hommes partageaient un ancêtre sauf l’émergence du cerveau
commun et, qu’à partir de cet ancê- humain. Quelques générations plus
tre, chaque lignée avait évolué tard, le propre petit-fils de T.H.
suivant des circonstances propres, Huxley, Julian Huxley, ira jusqu’à
ses amis les plus proches, proposer un «ordre zoologique»
évolutionnistes convaincus, ont uniquement pour les hommes, les
décrit une série de processus «psychozoa». L’étymologie de ce
évolutifs passant de grades primi- terme s’arc-boute sur la dualité
tifs en grades plus évolués, avec les corps/esprit et animal/homme. Le
hommes représentant l’état le plus corps de l’homme a bien pu évoluer
achevé. L’évolution qui mène aux selon des lois naturelles communes
hommes procède par une succes- à toutes les espèces, mais le cerveau
sion de grades pré-singes, singes et échappe à cette dynamique. Les
grands singes. On retrouve l’échelle conceptions gradualistes,
des êtres d’Aristote sous une progressistes et téléologiques de
version plus «scientifique». l’évolution reposent sur une idée

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fort ancienne de l’homme par bonne mesure, la Société de linguis-


rapport à la nature et évite toute tique de Paris proscrit en 1866 toute
considération sur les relations de étude portant sur l’évolution du
parenté entre l’homme et les grands- langage. Un siècle plus tard, un grand
singes. linguiste comme Noam Chomsky
postule que le langage est tellement
Les conceptions anthropocentriques complexe en tant que système de
et téléologiques de l’évolution se communication basé sur des
retrouvent chez Ernst Haeckel a qui symboles rendus intelligibles grâce
l’on doit le célèbre aphorisme à une grammaire qu’il est impossi-
«l’ontogenèse reproduit la ble d’envisager une évolution. La
phylogenèse». Toute la Natur grammaire fonctionne suivant une
Phylosophie allemande se retrouve double articulation, une qui élabore
dans cette phrase. En France les structures des phrases indépen-
Teilhard de Chardin reprend ce damment des mots utilisés, l’autre
schéma en évoquant une tendance, qui confère une signification qui
une force spirituelle de la nature qui dépasse celle des mots accumulés.
procède des formes de vie les plus En substance, la communication par
archaïques vers l’homme, condui- le langage implique une
sant la vie de la lithosphère à la combinatoire si sophistiquée dans
biosphère puis à la noosphère, l’ère ses articulations qu’il est difficile
de l’esprit et de la pensée n’étant de concevoir des systèmes intermé-
atteinte que par les hommes. En diaires. Des ethnologues comme
Angleterre c’est la fraude de Pildown Claude Lévi-Strauss soulignent la
qui matérialise le chaînon manquant. grande complexité des langues
Un crâne d’homme affublé d’une même chez les peuples les plus
mandibule de singe concrétise isolés. Toutes les populations de la
l’importance du cerveau sur le corps. Terre parlent des langues mobili-
Il était une fois un singe qui s’est sant des grammaires complexes et
retrouvé avec un gros cerveau et capables d’exprimer des croyances
qui, par la force de son psychisme, et des mythes tout aussi riches les
s’échappa de sa condition simies- uns que les autres. Il n’existe aucun
que pour s’élever, bipédie aidante, moyen de faire une classification
au-dessus des autres êtres vivants. évolutive des langues comme on l’a
Seulement dans cette belle histoire fait pour les autres parties de l’orga-
on ignore comment ce gros cerveau nisme aux périodes les plus
est apparu. Il apparaît, c’est tout. sombres de l’anthropologie
Formidable ambiguïté de nos physique. La pensée, même
mentalités qui se rassurent de ce «sauvage», est un universel de
chaînon fait pour être manquant. l’homme.

Le cerveau est le siège de la pensée L’argumentaire sur l’impossible


et il n’y a pas de pensée sans évolution du langage s’appuie
langage. La barrière de la langue paradoxalement sur la notion de
s’élève comme un barrage entre les grades évolutifs progressifs avec des
singes et l’homme et, pour faire stades intermédiaires opératoires.

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Seulement, on l’a vu, il n’existe pas anciennes et remontent à l’espèce


de langue plus ou moins primitive ancestrale d’Homo sapiens, certai-
susceptible de nous donner nement H. erectus, qui le tenait,
quelques éléments sur l’évolution dans une forme probablement
du langage. On a utilisé le même encore plus rudimentaire, de H.
type de raisonnement habilis et ce dernier peut être de
antiévolutioniste à propos de la Lucy ? La question posée est la
structure complexe de l’oeil. suivante: quand est apparu le
Pourtant, quelques soient les langage et pourquoi ?
structures ou les organes du corps
humain ou d’autres espèces, les En remontant dans le temps au fil
paléontologues et les naturalistes des espèces fossiles du genre Homo,
finissent par préciser les modalités H. sapiens, H. erectus, H. habilis on
d’évolution. C’est le cas pour l’oeil redescend les capacités crâniennes.
d’après des publications très récen- Les premiers représentants du genre
tes. Il n’y a donc aucune raison Homo étaient contemporains des
objective de nier l’évolution du australopithèques robustes. Les uns
langage. Mais le problème devient avaient des capacités crâniennes de
plus complexe car si les singes ont l’ordre de 700 cm3 et les autres entre
des yeux, des organes et des 500 et 550 cm3. On retrouve la vieille
comportements qui peuvent se notion du rubicon cérébral, qui se
rapporter aux nôtres, ils ne réduit à un filet de moins de 200
semblent pas pratiquer de semblant cm3. Le chaînon manquant est tou-
de langage en tant que mode de jours là, même si son espace se
communication verbal basé sur des réduit. Avec la multiplication des
symboles vocaux. Cependant, découvertes de ces dernières
l’argument de la trop grande com- années, une telle conception
plexité se réduit à une simple argutie. capable de délivrer un certificat
En effet, comment imaginer que d’humanité à l’aune d’une poignée
l’ordinateur multimédia qui me sert, de cm3 de matière cérébrale devient
entre autre, à taper cet article, puisse intenable. On assiste, alors, à de
trouver des racines évolutives dans nouvelles analyses des facultés
de la pile d’Alexandre Volta à l’épo- intellectuelles et des aptitudes au
que de Napoléon Bonaparte. langage des hommes fossiles.
Pourtant, cette évolution (technolo-
gique) a bien eu lieu. Récemment, plusieurs auteurs ont
mis en doute les capacités à
Pour Steven Pinker, le fait que communiquer avec le langage chez
toutes les population humaines les hommes fossiles. Même les
possèdent des langages aussi hommes de Néandertal, pourtant
complexes, notamment en raison contemporains des hommes de
des grammaires utilisées, signifie Cro-Magnon, se voient dénier cette
que le langage est une chose fort capacité. Il y a en fait une confusion
ancienne. Le langage est dans les entre le langage en tant que mode de
bagages de l’humanité depuis fort communication verbal et d’un
longtemps. Ses origines sont ensemble d’activités qui sont

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jugées comme nécessairement liées. les grades évolutifs de la fin du


En résumant ces thèses et sans cari- siècle dernier qui servaient d’alibi
caturer, les hommes n’enterrent pas «scientifique» au colonialisme et au
leurs morts, ne chassent pas de refus du droit de vote pour les
manière efficace, ne fabriquent pas femmes. De telle théories s’oppo-
d’outils élaborés et ne maîtrisent sent aux données de l’archéologie
pas le feu avant l’avènement préhistorique. Elles sont plus
d’Homo sapiens sapiens, c’est-à- inspirées par des présupposés
dire les homme de Cro-Magnon et théologiques, philosophiques et
nous. Les sépultures parfois idéologiques que scientifi-
néandertaliennes sont mises en ques et ne méritent pas de
doute. Les restes de foyer dans les discussion supplémentaire.
sites archéologiques révèlent bien
des traces de feu, mais son utilisa- Dans les articles les plus récents
tion n’était pas maîtrisée. Les outils consacrés à l’évolution du langage,
possèdent bien des formes diverses, les auteurs aiment à distinguer deux
mais elles sont imposées par la approches, celle des linguistes et
nature des matériaux utilisés. Les celle des paléontologues/
restes d’animaux correspondent à primatologues (voir pour exemple
des parties de carcasses obtenues Rubbins Burling, 1993). Les
par charognage. Le langage premiers partent des caractéristiques
n’apparaît qu’avec les vrais Homo du langage des hommes pour, c’est
sapiens, une condition nécessaire l’intention affichée, remonter dans
pour l’évolution de l’ensemble des le passé. Évidemment, ils consta-
activités humaines qui concrétisent tent avec une sincère désolation
la maîtrise des hommes sur leur qu’on ne peut pas retrouver chez les
environnement. On n'est pas loin singes les prémisses du langage. Il
des «psychozoas». en a été dit de même pour la bipédie
Le langage se construit, entre autre, pendant fort longtemps, mais on
sur les activités de chasse qui arrive à proposer des hypothèses de
auraient nécessité la communica- plus en plus précises. Il faut bien
tion par signes, la désignation reconnaître que trop de chercheurs,
précise des proies, le suivi de traces, même en paléoanthropologie,
les actions de visées pour atteindre butent sur des rubicons de toutes
le gibier, la «lecture» des emprein- sortes suivant le problème étudié,
tes, etc. Le langage se trouve parce que, justement, ils tentent de
associé à l’expression de signes reconstruire l’évolution à partir de
tangibles (empreintes, traces, l’art) l’homme actuel, à rebours sur le
qui évoquent l’écriture. Comme la chemin de «l’hominisation». Une
chasse ne concerne essentiellement des conséquences, c’est qu’on
que les hommes, les mâles, on rejette les Néandertaliens dans les
apprécie les implications sexistes basses-fosses de l’évolution. On le
derrière de telles conceptions, sans voit, il n’existe pas de dichotomie
imaginer la place des peuples fondamentale qui opposerait les
actuels qui ne possèdent pas linguistes et les paléoanthro-
l’écriture. On retrouve avec effroi pologues, encore un autre rubicon

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qui s’appuierait sur des domaines d’un prédateur, la découverte de


scientifiques différents. C’est une sources alimentaires, etc. Les
question de méthode scientifique singes sont des animaux très
et, en matière d’évolution, elle sociaux. Ils communiquent beau-
concerne tous les aspects de coup de manières visuelle, vocale et
l’évolution, que ce soit les pieds, le tactile (épouillage). Leurs faces dé-
langage, le cerveau, la sexualité ou pourvues de poils favorisent l’ex-
les comportements. Il y a seulement pression de nombreuses mimiques.
des problèmes plus difficiles que Un haut degré de communication
les autres, et c’est bien le cas du chez les singes correspond à une
langage. adaptation liée à leur mode de vie.
Une adaptation, par définition, est
Si on se place dans une perspective un caractère ou un ensemble de ca-
évolutionniste, il faut considérer que ractères morphologiques, physiolo-
toutes les espèces actuelles, passées giques ou comportementaux qui
et futures sont uniques et qu’elles confèrent des avantages pour la sur-
ont des relations de parenté plus ou vie et le succès reproducteur des
moins étroites entre elles. Il individus ou des populations qui les
convient donc de placer nos recher- possèdent. Pour qu’une adaptation
ches dans un cadre historique qui se maintienne dans une espèce, il
prenne en compte les relations faut qu’elle ait des bases héréditai-
phylogénétiques. Le passé ne se res, c’est-à-dire génétiques. Au
comprend pas à partir du présent, cours de leur évolution, les singes
mais c’est à partir du passé qu’il faut ont acquis de nombreuses adapta-
considérer le présent. Il en va donc tions comportementales par sélec-
du bon usage des théories de l’évo- tions naturelle et sexuelle liées aux
lution, ce qui n’apparaît pas tou- conditions de leurs environnements.
jours comme une évidence, même Des études d’anatomie comparée
parmi les paléoanthropologues et montrent que, par rapport à des
paléoprimatologues. espèces de mammifères de taille
corporelle comparable, les singes
L’évolution du langage ne doit pas possèdent des cerveaux relativement
être dissociée de celle de la commu- plus grands. Des travaux récents
nication. Le langage n’est pas soulignent que, parmi les singes,
apparu comme un mode de ceux qui se distinguent par des
communication supplémentaire. La cerveaux relativement plus déve-
communication consiste en un loppés vivent dans des groupes
échange d’informations au sein sociaux réunissant beaucoup d’in-
d’une organisation sociale. Elle dividus et dans lesquels les relations
intéresse des interactions entre des sont d’autant plus complexes. Les
congénères véhiculées par différents primatologues ont mis en évidence
canaux, visuel, vocal, auditif, vocal un ensemble de corrélations entre
et/ou tactile. Les informations les régimes alimentaires, les socio-
servent à identifier son émetteur, écologies, les tailles des groupes
son état émotionnel ou l’état de l’en- sociaux et la taille du cerveau. Ainsi,
vironnement comme la présence sans qu’il soit toujours possible de

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singulariser un facteur déterminant que signifient ou pourraient signi-


parmi l’ensemble des paramètres fier les vocalisations moins bruyan-
retenus, et donc de véritable relation tes que s’échangent les singes au
causale hiérarchique, on constate cours des séances d’épouillage. La
que plus le régime alimentaire communication vocale véhicule de
comprend des nourritures de bonne nombreuses informations chez les
qualité nutritive, mais distribuées singes et leur signification nous
de manière discrète dans l’environ- échappe. Toujours chez les ververts,
nement, plus les groupes sociaux l’enregistrement du cri d’un jeune
sont élargis, plus les individus se et sa diffusion ultérieure aboutit à
déplacent et plus les relations socia- des réactions de la part des
les sont complexes. C’est dans de membres de la troupe qui montrent
tels complexes adaptatifs d’autant qu’ils réagissent en identifiant
plus compliqués que la communi- parfaitement l’individu concerné, sa
cation devient le véritable ciment position sociale et les membres de
de la cohésion sociale. son clan comme la mère et les autres
parents. La communication vocale
Les singes ververts (Cercopithecus chez les singes exprime des infor-
aethiops) vivent dans les savanes mations beaucoup plus complexes
arborées qui entourent les forêts que celles liées à un stimulus, comme
tropicales. Ils ont un régime alimen- la présence d’un prédateur. Les
taire de type frugivore et éclectique primatologues s’accordent pour
et leurs groupes sociaux sont de souligner que c’est dans les contex-
grande taille. Des observateurs ont tes sociaux que s’expriment les
remarqué qu’ils utilisent trois cris niveaux les plus élevés de la
bien distincts pour annoncer la communication chez les singes et
présence d’un prédateur aérien, un que toute tentative de pouvoir
aigle, d’un prédateur de type reconnaître un mode de communi-
léopard ou un prédateur comme le cation symbolique doit se placer
python. Ces cris sont appris par les dans un tel contexte. L’intelligence
jeunes au cours de leur ontogenèse. sociale est sans aucun doute
Après enregistrement des cris et l’intelligence la plus développée
rediffusion ultérieure, les observa- chez les singes mais jusqu’à
teurs constatent que les membres présent, aucun mode de communi-
d’une troupe réagissent de façon cation comparable au langage
appropriée. Ces cris fonctionnent humain n’a été reconnu chez les
comme des signes ou des signaux, singes.
mais ne correspondent pas à des
symboles comme dans le langage Les grands singes ont fait l’objet
humain. Ils sont utilisés dans un d’attentions particulières. Les
contexte précis et on n’a jamais chimpanzés, les bonobos (chimpan-
observé des ververts échanger de zés nains), les gorilles et les orangs-
tels cris comme nous le faisons avec outangs apprennent rapidement à
des mots, comme par exemple «hier, utiliser des centaines de signes pour
j’ai vu un léopard». Ceci dit, et sans présenter des demandes à leurs
exagération aucune, on ignore ce observateurs. Une fois de plus, le

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fait que ces échanges s’opèrent dans l’encontre des jeunes qui se calment
des contextes particuliers, de suite. Le conflit entre les jeunes
comme quémander de la nourriture a été résolu sans entraîner de conflit
ou un objet convoité, laisse à penser entre les adultes. Chez les
qu’ils ne possèdent pas toutes les chimpanzés et comme chez de
caractéristiques du langage. Les nombreuses espèces, la réconcilia-
hommes sont capables de parler d’un tion apparaît comme une action es-
repas, par exemple, en dehors d’un sentielle au maintien de la cohésion
tel contexte. Cependant, croire que sociale. Chez quelques espèces, des
les grands singes ne vivent que le individus intercèdent dans des
temps présent, ne savent pas tenir conflits et font office de «juge de
compte des expériences passées et paix». En fait, les individus ont
qu’ils ignoreraient toute notion d’ac- conscience de leur propre état
tion future, serait erroné. émotionnel et intentionnel comme
de celui des autres. Cela va évidem-
En captivité, les chimpanzés qui ment jusqu’au mensonge puisque
n’ont pas le souci du logis et du certains individus peuvent feindre
couvert, dévoilent des capacités un apaisement pour s’approcher
étonnantes dans leurs stratégies d’un autre plutôt méfiant, échaudé
sociales. Les positions de pouvoir par des expériences désagréables,
font l’objet d’équilibres politiques et une fois assez près user d’un geste
très subtils. Les individus ont une peu amical. Dans un autre contexte,
parfaite connaissance de leur Franz de Waal décrit comment un
position sociale et de leur situation chimpanzé mâle adulte en position
relativement avantageuse ou dominante dissimule son état de
désavantageuse en fonction des stress. Il est défié fréquemment par
alliés et des adversaires potentiels un plus jeune mâle qui veut conqué-
qui les entourent. La vie sociale rir la position de mâle alpha. Après
évolue sur un jeu subtil une confrontation qui a failli
d’agressions, de réconciliations, déstabiliser le premier mâle, celui-
d’échanges et de médiations. Ainsi ci, qui conserve encore son avan-
cette situation remarquable décrite tage, se retire un peu à l’écart et
par Franz De Waal. Deux mères dissimule son visage sous ses mains.
chimpanzés se trouvent ensemble Sous l’effet du stress, il n’arrive pas
avec une autre femelle plus âgée et à réprimer une mimique trahissant
possédant un statut dominant. Les son état. Mais pour que son rival ne
enfants respectifs des deux mères s’en aperçoive pas, il cache son état
commencent à se chamailler plus émotionnel. Cet exemple montre
violemment. L’un d’eux crie pour parfaitement que les individus
obtenir l’aide de sa mère. Celle-ci, connaissent leur états émotionnels
qui sait fort bien que son interven- et intentionnels, celui des autres
tion entraînera celle de l’autre mère, (empathie), et agissent en les utili-
se retourne alors vers la vieille sant, les contrôlant ou les
femelle. Elle lui fait signe et lui détournant. Ainsi ce chimpanzé de
indique la scène. La vieille femelle la réserve de Gombé, en Tanzanie,
pousse alors un cri autoritaire à qui est particulièrement doué pour

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trouver les bananes cachées par les qui sont apprises par les jeunes à la
observateurs. Mais les autres fois par imitation mais aussi par
chimpanzés le savent et s’empres- intervention volontaire des adultes.
sent de lui tomber dessus pour Que ce soit dans le contexte du
s’approprier les bananes. Un jour il laboratoire ou dans la nature, les
remarque que les observateurs singes et plus particulièrement les
disposent des bananes dans plusieurs grands singes font preuve de capa-
cachettes. Il se dirige ostensiblement cités cognitives très développées
vers celle qui contient apparem- (voir Jacques Vauclair). Si les
ment le moins de bananes. Les autres chimpanzés n’ont pas les bases
lui emboîtent le pas et s’ensuit une cognitives du langage, il n’en sont
confusion. Il en profite pour filer en pas loin. Il ne leur manque que la
douce et rejoindre en paix l’autre parole.
réserve de bananes.
La question qui demeure en suspens
Les chimpanzés communiquent s’adresse à la communication par
parfaitement leurs intentions entre symboles. Nous l’avons déjà dit, un
eux. Cela se manifeste dans leurs tel mode de communication n’a pas
chasses en groupe et lorsqu’ils été détecté dans la nature. Cepen-
patrouillent en silence aux limites dant, comme on trouve ce que l’on
de leur territoire dans l’intention de cherche, il n’est pas certain que les
rosser quelques infortunés voisins. primatologues, malgré leurs recher-
On sait depuis près de trois décen- ches dans cette direction, aient pu
nies qu’ils utilisent des outils dans élaborer des conditions d’observa-
diverses circonstances. En Côte tion permettant de mettre en
d’Ivoire, en forêt de Taï, ils évidence l’utilisation d’un tel mode
connaissent les emplacements où de communication. Le problème
ils ont laissé leurs outils en pierre et essentiel réside dans les dangers et
ceux des arbres susceptibles de les limites de l’anthropocentrisme.
produire des noix. Ils se déplacent La plupart des propriétaires de
en conséquence, c’est-à-dire en chiens et de chats n’hésitent pas à
empruntant le chemin optimum en affirmer que leurs adorables
fonction des lieux à exploiter. Les compagnons leur parlent. Le
chimpanzés ont une carte mentale comportement attentif des animaux
des paramètres espace/temps de leur correspond à un conditionnement
environnement. Pour les outils, les «intelligent» qu’on appelle le
chimpanzés utilisent différentes syndrome de «Clever Hans», du nom
techniques pour «pêcher» les termi- d’un cheval de musical qui «savait
tes et pour briser les noix. Les compter». L’autre problème, celui
observateurs notent des traditions des limites, est plus difficile. Est-il
locales qui ne sont pas dictées par la légitime de penser qu’un mode de
disponibilité d’espèces animales et communication symbolique ne
végétales consommables ni des puisse passer que par le langage ? Il
matériaux utilisables. On parle par faut toujours se souvenir que
pudeur de protoculture, mais il s’agit chaque espèce est unique et que, par
bien de pratiques de type culturel conséquent, nous éprouvons un

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problème fondamental concernant d’intelligence ne sont pas également


notre aveuglement face à un mode répartis entre les individus. C’est
de communication symbolique ainsi chez les hommes comme chez
utilisant d’autres substrats ou media les singes et les grands singes.
corporels. L’homme est un grand Actuellement on parle beaucoup de
singe très spécialisé. Il en va de Kanzi, un bonobo qui est capable de
même pour notre bipédie comme comprendre le langage des
pour notre langage. Notre mode de symboles figurés par des touches
locomotion s’est très spécialisé d’ordinateur et même de compren-
depuis Lucy et certainement, le dre ce qu’on lui demande au
langage a surpassé tous les autres téléphone. Il a appris spontanément
modes de communication. Les à coté de sa mère qui faisait l’objet
singes et surtout les grands singes d’un apprentissage. Par contre son
usent plus volontiers de modes de frère n’a cure de ces subtilités. Les
communication multimodaux. Il résultats de l’équipe de Sue Savage-
suffit d’observer une chasse menée Rumbaugh auraient été bien moins
par des chimpanzés pour en avoir spectaculaires si ils n’avaient pas
l’effroyable conviction. Prenons rencontré et détecté ce petit génie,
l’exemple de la reconnaissance dans pas forcément «anormalien» pour
un miroir. Les hommes, les son espèce. Les espèces sont
chimpanzés et les orangs-outangs composées d’individus et les mani-
se reconnaissent, mais pas les festations des comportements
gorilles ni les autres singes. On en a dépendent de ces individualités et
déduit un peu hâtivement que les de leurs «éducations». L’échelle des
premiers avaient une notion de soi êtres(=espèces) d’Aristote est une
et pas les autres. Cependant, il idée trompeuse, surtout quand elle
convient de prendre en compte les s’appuie sur la conception
relations sociales caractéristiques platonicienne de l’espèce. Toutes
des espèces testées. Les individus ces remarques n’ont pour intention
des espèces qui se reconnaissent que de souligner les difficultés
dans un miroir ne se sentent pas rencontrées par les primatologues
agressés quand ils échangent des qui étudient la cognition chez les
regards avec les autres. Par contre, singes. Les hommes, même les
les macaques et les babouins se scientifiques les plus objectifs, sont
sentent agressés et donc évitent de confrontés à l’image qu’ils ont
fixer l’image de l’autre. A contrario, d’eux-mêmes, ce qui déforme leurs
Jim Anderson, du Centre de idées lorsqu’ils se regardent dans le
Primatologie de Strasbourg, a miroir des singes.
montré comment les singes savent
utiliser un miroir pour saisir ou Venons en à l’homme et à son
manipuler des objets qu’ils ne évolution. Les bases génétiques du
peuvent pas voir directement. Ils langage sont indubitables. Les
ont parfaitement conscience que la travaux de l’équipe de Luigi Cafalli-
main dans le miroir qui va prendre Sforza, de l’université de Berkeley,
l’objet est la leur. Enfin, l’intelli- ont montré les relations étroites en-
gence ou plutôt les différents types tre les familles linguistiques et les

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profils génétiques des populations mais cet écart, exprimé par des
actuelles. Steven Pinker relève que moyennes, est lié à une différence
toutes les populations humaines de taille corporelle ; la capacité
possèdent un langage. Tous les crânienne des hommes modernes,
individus du monde sont capables nous, est sensiblement plus faible
d’apprendre un langage. Des que celle des Homo sapiens archaï-
quelques cinq mille langues parlées ques et des hommes de Neandertal).
actuellement, aucune ne peut être Le langage et son substrat neural
considérée comme plus primitive ont été sélectionnés au cours de
que les autres. Par ailleurs, il n’existe l’évolution humaine et constituent
aucune corrélation entre une une adaptation essentielle pour la
langue, une grammaire et la survie et la reproduction. Cepen-
complexité culturelle. Au sein d’une dant, s’il existe bien une base géné-
population, la compréhension de la tique pour le langage, il faut bien se
langue est opérante quelles que garder d’y voir un déterminisme
soient les activités des individus étroit. Tout individu adopté très
(hormis l’usage de vocabulaire jeune apprend la langue de ses
spécialisé ; c’est une question de parents adoptifs sans aucun accent.
mots mais pas de grammaire). Le Ce sont ces capacités à apprendre
langage est appris spontanément par un langage et une grammaire qui
les enfants sans qu’il soit nécessaire sont innées. Par ailleurs, il existe
de pratiquer une éducation. La moins de différences génétiques
grammaire est acquise spontané- entre les populations européennes,
ment et les erreurs, qui présentent pour prendre cet exemple, qu’entre
une certaine logique, sont corrigées leurs langues.
spontanément. L’acquisition et
l’utilisation du langage explose Toujours d’après Steven Pinker, le
entre 2 et 3 ans. Toutes ces caracté- langage répond à la sélection d’un
ristiques montrent que le langage module neural qui autorise la
est un module complexe de notre communication de certains
cerveau. Il n’est pas apparu inopiné- messages comme les actions, les
ment, comme par génération spon- croyances, les obligations, les
tanée, sous la forme d’une option désirs, le temps, etc, autant
émergeant avec un cerveau d’informations qu’il est difficile de
relativement plus grand. Le fait qu’il faire passer autrement. (A noter
n’existe pas de corrélation entre la cependant que les bonobos sont des
taille du cerveau et les capacités grands singes très sexuels qui
intellectuelles, le plus souvent pratiquent des accouplements dans
exprimées par le langage, souligne de nombreuses positions. Les
l’aspect structural de l’organisation partenaires savent très bien
cérébrale impliquée. (Le cerveau communiquer leurs désirs «éroti-
d’Anatole France avait une capacité ques» par des attouchements.) Ralph
de 1000 cc et celui de Georges Holloway relève que l’aire pariétale,
Cuvier plus du double ; la capacité qui relie toutes les aires primaires
crânienne des femmes est sensible- du cortex cérébral, est relativement
ment inférieure à celle des hommes, plus développée chez les hominidés.

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Elle répond à la nécessité d’un ment H. ergaster, que la nécessité


traitement multimodal des informa- de modes de communication plus
tions visuelles, auditives et élaborés est intervenue. En effet,
sensori-motrices et à leur quand les hommes se mettent à
intégration. Il s’agit là des fonde- chasser de façon significative, il
ments biologiques du langage. A un s’ensuit un début de division des
moment de l’évolution des tâches entre les sexes. Par ailleurs,
hominidés, les compétences les hommes doivent exploiter des
sociales et la complexité de la vie en territoires très étendus, bien plus
groupe ont requis des modes de que chez les chimpanzés. La socio-
communication plus élaborés et écologie des hommes a exigé une
capables de transmettre à la fois sorte de nouveau pacte social.
plus d’informations et d’autres Comme il est difficilement
types d’informations. Le dévelop- concevable que des hommes aillent
pement de plus d’intelligence à la chasse en encourant le risque de
sociale a demandé la communica- se faire prendre leurs femmes, un
tion d’informations d’ordre culturel mode de communication pouvant
et technologique mais aussi sur la transmettre des informations du type
distribution spatiale et temporelle de celles désignées plus haut (temps,
des ressources et des individus. Nous espace, actions, passé, devoir,
avons vu que les chimpanzés ont obligations, etc) devient nécessaire.
une socio-écologie qui nécessite C’est évidemment le langage qui
l’échange d’informations de ce type. autorise ces transmissions. La socio-
La socio-écologie des hominidés écologie des hommes, et des
devait être encore plus complexe à femmes, se révèle beaucoup plus
un moment de leur évolution. complexe que chez les chimpanzés.
La recherche de nourriture de grande
Les moulages endocrâniens qualité nutritive, la viande, exige de
semblent indiquer que les premiers nouveaux moyens de maintenir la
hommes, les Homo habilis, avaient cohésion sociale alors que les
une aire de Broca du cortex cérébral individus ont à se disperser sur de
gauche développée. Cette aire est grandes distances. Il est intéressant
essentielle pour la production du de noter que dans l’espèce humaine
langage. Cependant, les empreintes les femmes conservent des liens avec
sont ténues et sa présence, même leur famille d’origine même après
avérée, ne veut pas nécessairement l’avoir quittée après le mariage. Ce
dire qu’ils pratiquaient un début de n’est pas le cas chez les chimpanzés.
langage. Néanmoins, même si cela Cette différence indique l’impor-
reste fort probable, il n’est pas tance de la mémorisation des
certain que les H. habilis aient eu relations spatiales, temporelles et
une socio-écologie beaucoup plus sociales entres les individus.
complexe que celle des chimpanzés.
Les recherches actuelles suggèrent Dans l’état actuel de nos connais-
qu’il existait déjà plusieurs espèces sances, il semble raisonnable de
d’hommes vers 2 millions d’années. situer l’apparition du langage chez
C’est parmi l’une d’elles, probable- les premiers hommes et qu’il soit

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compris comme un mode de


communication qui intègre, utilise Repères bibliographiques
des modes de communication déjà
opérants, comme chez les grands Göran Burenhult (ed), Les Premiers
singes, mais en permettant d’expri- Hommes, Les Berceaux de l’huma-
mer des informations nouvelles. nité. Paris, Bordas (1994).
Comme toute adaptation, il est peu Rubbins Burling, «Animal calls,
probable que le langage soit apparu human language, and non-verbal
d’un seul coup. Des chercheurs communication», Curr.
comme Ralph Holloway soulignent Anthropology 34: 25-53.
que les australopithèques avaient Jean-Pierre Changeux et Jean
des cerveaux avec des aires Chavaillon (eds), Origins of the
pariétales développées et que les Human Brain. Colloque de la Fon-
asymétries cérébrales étaient parti- dation Fyssen, Oxford, Clarendon
culièrement prononcées chez les press (1995).
formes robustes. Les origines du André Langaney, «Les impossibles
langage ont du balbutier de façons dans les origines du langage», Pour
très diverses à l’aube de l’ère la Science 211, 10-12 (1995).
quaternaire. Ce sont certainement Jean-Jacques Roeder et James
les australopithèques qui ont eu les Russel Anderson (eds), Primates:
premiers mots, mais probablement Recherches Actuelles, Paris, Masson
les hommes qui ont commencé à en (1990).
parler. Cette boutade en guise de Table ronde de la Fondation Fyssen,
conclusion ne fait que souligner L’évolution des bases cognitives des
l’incertitude de nos données comportements sociaux, 22 Avril
actuelles sur l’évolution de la 1994.
communication et du langage. Jacques Vauclair, L’Intelligence de
l’Animal, Paris, Points Seuil (1995).
Cependant, c’est en évitant les a Franz de Waal, Chimpanzee
priori qui s’efforcent de placer Politics, Londres, Jonathan Cape
l’homme hors de son évolution que (1982).
l’on peut espérer des progrès dans Franz de Waal, Peacemaking among
nos recherches. Des recherches sur Primates, Cambridge, Harvard
les capacités cognitives des singes, University Press (1989).
en laboratoire et dans la nature, de Lawrence Weiskrantz (d), Thought
meilleures connaissances des without Language. Symposium de
relations entre leurs socio-écologies la Fondation Fyssen, Oxford,
et leurs modes de communication et Clarendon Press (1988).
des analyses placées dans un cadre
historique, comme cela a été
esquissé très modestement dans cette
contribution, peuvent nous
permettre d’envisager des progrès
significatifs sur l’évolution de la
communication et du langage.

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