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UNIVERSITE DE BLIDA 1 Master 2 -Instrumentation

Faculté de Technologie
Département d’Electronique Module : Bio instrumentation
et biocapteurs
Responsable du module : Mme AIT ABDESSLAM S3 -AU : 17/18

Ce cours est destiné à se familiariser avec les dispositifs capables de prélever les signaux physiologi
ques et biologiques.

Chapitre 1
I. ETAT DE L’ART TECHNOLOGIQUE DES BIOCAPTEURS

I.1 Définition

Un biocapteur ou biosenseur est un dispositif détecteur, semi-biologique associant trois éléments [1] :

 l'échantillon à étudier : eau, air, sol, matériel biologique (tissus, micro-organismes, organites,
récepteurs cellulaires, enzymes, anticorps, acides nucléiques, organismes génétiquement
modifié, ou matériel issu d'OGM, etc.)

 un élément capteur (éventuellement sous la forme d'une puce électronique) détectant des
changements physico-chimiques sous forme de signaux (présence/absence) biochimiques et/ou
physiques ou chimique dans un milieu (externe ou interne au corps humain) et émettant un
signal biologique. Le capteur (élément détecteur) peut fonctionner selon des principes aussi
variés que physico-chimiques, optiques, piézo-électriques, électrochimiques, et plus rarement
magnétique ou thermométrique). C'est aussi un transducteur, c'est-à-dire que son rôle est de
transformer le signal résultant de l'interaction de l'analyte avec l'élément biologique en un autre
signal, qui peut être plus facilement mesurable et quantifiable ;

 un élément électronique associé ou processeurs de signal permettant l'affichage ou l'impression


ou l'envoi sous forme de fichier ou base de données des résultats. L'appareil peut être muni
d'une mémoire pour par exemple stocker des séries temporelles de données.

Ainsi, les biocapteurs sont composés de récepteurs biologiques naturels ou synthétiques, couplés à un
transducteur conventionnel permettant d’obtenir un signal physique exploitable. Le stimulus biologique
est issu de la reconnaissance et fixation de l’analyte cible sur le récepteur (Figure 1). La reconnaissance
entre la cible et le récepteur biologique est spécifique et sensible : la liaison se fait même à faible
concentration. Pour les biocapteurs de terrain, les Organismes Génétiquement Modifiés étant proscrits,
on utilise des molécules de synthèse biomimétiques (aptamères, polymères à empreinte moléculaire), ce
qui apporte un avantage spécifique non présent naturellement [2].

Les biosenseurs utilisent les capacités que certaines espèces ont développé au cours de l'évolution, et
qui leur permettent (ou permettent à leurs organes) de détecter de très faibles doses de certaines
molécules, éventuellement volatiles, sans goût, sans odeur perceptibles pour nous et souvent
indétectables par les systèmes classiques de mesures (c'est la base des systèmes hormonaux, et
phéromonaux par exemple) [1].

1
L'un des systèmes les plus utilisés est l'analyseur de glucose sanguin. Il utilise l'enzyme glucose oxydase
qui libère des électrons en interagissant avec le glucose. Une électrode capte ces électrons et traduit le
signale en taux (glycémie). Des nez électroniques capables de détecter différents types de molécules
sont en développement [1].

Figure I.1: Représentation systémique d'un biocapteur [2]

I.2 Principe d’un biocapteur [3]

Biocapteur = élément de reconnaissance moléculaire + transducteur

Figure I.2: Principe d’un biocapteur [3]

 L’élément de reconnaissance moléculaire réagit spécifiquement avec le bioanalyte d’intérêt.


 Le transducteur agit en tant que détecteur, convertissant l’évènement de reconnaissance
moléculaire en un signal facilement mesurable.

2
 L’élément de reconnaissance moléculaire et le transducteur sont intégrés dans un seul dispositif
(petit et portatif) permettant de doser directement l’analyte d’intérêt sans l’ajout d’autres
réactifs ou de prétraitement de l’échantillon.
 L’élément de reconnaissance moléculaire:
- est immobilisé à/près de la surface du transducteur par physisorption (adsorption physique),
chimisorption ou par piégeage dans une membrane inerte
- offre une spécificité et une sensibilité élevées pour l’analyte, ainsi qu’une réponse rapide
- ex. enzymes, anticorps, ADN, cellules entières, micro-organismes
 Le transducteur:
- est le composant d’un biocapteur qui détecte les changements physiques se produisant dans
l’élément de reconnaissance moléculaire suite à la liaison de l’analyte et les convertit en un
signal de sortie qui peut être amplifié, affiché et sauvegardé
- peut convertir le signal provenant d’un évènement de reconnaissance moléculaire soit
directement ou par le biais d’un médiateur chimique (ex. glycomètre)

I.3 Classification des biocapteurs [2]

Il existe de nombreux récepteurs divers et variés. La classification des biocapteurs est généralement
effectuée selon la nature du transducteur utilisé (Figure I.3). Un même transducteur peut toutefois être
couplé à différents récepteurs, selon la molécule à détecter. Les possibilités de détection sont ainsi
multiples, et en général, la spécificité du capteur est portée par le récepteur, et la sensibilité par le
transducteur.

Figure I.3: Classification des transducteurs [2]

3
I.4 Segmentation technologique [2]

On observe une prédominance de deux types de biocapteurs sur le marché :

 Les biocapteurs électrochimiques permettent de transformer le signal chimique en signal


électrique, qui pourra être analysé par un dispositif électronique après amplification du signal.
 Les biocapteurs optiques sont divers et variés. La réaction entre la molécule à analyser et le
récepteur va induire une modification des propriétés optiques (indice de réfraction, absorptivité
molaire, rendement quantique d’émission de fluorescence,…) qui est traduit en signal
électronique pour interprétation.
 On peut également recenser d’autres types de biocapteurs, davantage utilisés à des fins de
recherche :
- Les biocapteurs piézoélectriques (vibration du cristal en fonction de sa masse sous
l’impulsion d’un courant électrique)
- Les biocapteurs thermiques (changement de température entre une enzyme et son substrat)
- Les biocapteurs manométriques (changement de pression partielle d’un gaz dans une cavité
close).

I.5 Les enjeux de R&D [2]

Les deux critères clés gouvernant les recherches en matière de biocapteurs sont les suivants :

 Miniaturisation/Automatisation : les biocapteurs selon l’environnement dans lequel ils s’insèrent


se doivent d’être aussi compacts que possible, tout en possédant un niveau d’automatisme
toujours plus avancé.
 Biodétection/Physico-chimie : l’utilisation des biocapteurs permet de détecter des composés ou
famille de composés, et rentre en complémentarité avec les outils existants de surveillance
environnementale, en apportant une bonne sensibilité et réactivité (réponse rapide, parfois en
quelques minutes), mais souvent moins de précision sur la mesure. Les performances du capteur
doivent être optimisées pour une bonne intégration des dispositifs dans leurs applications cibles.

Les facteurs clés de développement à prendre en compte sont les suivants :

 Sensibilité
 Coût (facteur critique pour le développement de la filière)
 pas de temps d’acquisition
 Préparation/traitement de l’échantillon avant la mesure
 Robustesse et durée de vie du biorécepteur
 Simplicité d’utilisation

De plus, les grands axes d’amélioration des dispositifs existants concernent la capacité des capteurs à
être multi-tests (c’est-à-dire comportant plusieurs récepteurs spécifiques différents), pour la détection et
la surveillance simultanée de différents éléments cibles, ainsi que des biocapteurs auto-configurables, ou
des transmetteurs intégrant des fonctions de communication sans-fil. Il semble qu’il n’existe

4
actuellement aucune offre pour la détection simultanée d’une pollution prenant en compte
l’identification de très nombreux polluants en même temps.

I.6 Les biocapteurs au croisement de thématiques technologiques avancées [2]

La conception d’un biocapteur nécessite une recherche interdisciplinaire associée aux semi-conducteurs,
à l’optique et/ou à la biochimie (ainsi qu’à d’autres domaines selon les cas d’applications comme la
micro/nano électronique, la chimie des surfaces, la biologie moléculaire, l’électrochimie, la chimie des
matériaux, ou encore la microfluidique, le traitement du signal, la chimiométrie, la chimie analytique ou
les TIC), et chaque développement d’innovation dans un domaine impactera alors la conception d’un tel
capteur. Les principaux axes clés de développement sont :

 Les biocapteurs « lab on the chip » (puces labo): combinaison de microfluidique et


d’électronique.
 Les biocapteurs à fibre optique
 Les micro-capteurs à base de silicium (technologie de micro fabrication)
 La chimie de matériaux (recherche de nouvelles surfaces sensibles et résistantes à faible coût de
 fabrication)
 La recherche de mode de fonctionnalisation et notamment l’usage de nano composés (tube,
particule, fibre)
 La sortie de la filière silicium, trop cher (développement de l’électronique organique)
 Le développement de capteurs capables de reconnaître plusieurs cibles en parallèle
 L’amélioration des systèmes de communication afin de pouvoir les coupler entre eux, aussi bien
que de les miniaturiser

5
Bibliographie
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Biosenseur

[2] www.captiven.fr, Note de veille – Captiven, Les biocapteurs comme système d’alerte et de suivi
d’une pollution environnementale, Note rédigée par Benoît Rivollet et Claude-Emmanuel Serre,
Tech2Market, www.tech2market.fr, Février 2015

[3] www.esi.umontreal.ca/~badiaa/biocapteurs.pdf

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