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2- CHIMIE DU SOL

21- Phénomènes d’échange des cations dans le sol

Les cations Ca++, Mg++, K+, Na+, et d’autres ions chargés positivement NH4+, Al+++, qui se

trouvent dans le sol sont l’objet d’échanges

- D’une part entre la fraction solide et la solution du sol

- D’autre part entre la solution du sol et les racines des plantes.

Ces cations sont plus ou moins disponibles pour la plante suivant qu’ils sont dissouts

dans les solutions du sol ou adsorbés par le complexe argilo-humique ou retenus à

l’intérieur des feuillets. Ils peuvent passer d’une forme à l’autre (dissoute, absorbée,

retenue) suivant les circonstances.

211- Capacité d’échange d’un sol vis-à-vis des cations

2111-Définition

La capacité d’échange d’un sol correspond à la quantité maximum de cations qu’un sol

d’un poids donné peut absorber

2112- Explication de la capacité d’échange d’un sol

Le pouvoir absorbant du sol vis-à-vis des cations s’explique par les charges

électronégatives des colloïdes argileux et humiques du sol. C’est un phénomène

électrostatique.

Ces charges électronégatives, pour l’argile, proviennent :

- Des substitutions de cations Si++++ par AL+++ ou des substitutions de Al+++ par

Mg++ à l’intérieur des feuillets, substitutions créant des déficits de charge

- Des liaisons de bordures créées par des cassures

Pour la M.O., elles proviennent :

- De la présence des groupements RCOO -+H+


- Des OH -, hydroxyles liés à divers composés.

Les cations, en réalité, ne sont pas absorbés par le complexe argilo-humique, mais

retenus à leur surface : les termes adsorber, adsorbant, sont plus exacts que absorber ou

absorbant. Ces termes sont cependant en pratique, confondus.

En outre, cette adsorption ne se fait pas d’une façon statique mais cinétique : il y a

échange continue entre le complexe absorbant et la solution du sol (ions marqués). Un

équilibre existe entre les ions adsorbés par le complexe argilo-humique et les ions de la

solution du sol.

L’absorption par la plante de cations en solution, rompt cet équilibre et des cations sont

libérés par le complexe absorbant pour le rétablir au fur et à mesure.

2113- Lois d’échange des cations dans le sol

A – Généralités

Les échanges entre complexe absorbant et solution du sol sont des réactions

stœchiométriques, c’est à dire qu’il y a, à chaque instant un équilibre électrostatique du

système : 1 cation trivalent qui se détache du complexe sera remplacé par 3

monovalents, soit par un divalent et un monovalent, etc…

Si on appelle solution interne, la couche d’eau formée autour des colloïdes absorbants

qui contiennent les ions absorbés ; solution externe, la solution libre du sol, il existe un

équilibre entre les divers ions de ces 2 solutions.

Si on ajoute des ions solubles (engrais) à la solution externe, il y a modification de

l’équilibre et adsorption de ces ions ajoutés par le complexe jusqu’à une certaine limite

qui dépend aussi de la nature des ions. Ces derniers sont plus ou moins énergiquement

adsorbés, et l’ordre décroissant d’adsorption est :

Al+++ > Ca++ > Mg++ > H+ > K+ > Na.

Un tel ordre signifie que


- Les cations polyvalents seront facilement adsorbés et ne seront pas déplacés

par les monovalents. Ils résisteront aussi davantage aux phénomènes de

lessivage ;

- Les cations hydratés sont moins étroitement adsorbés que les cations peu

hydratés, K+, Na+.

B- Applications des lois de Donnan aux équilibres du sol

On peut assimiler la limite entre la solution interne et solution externe du sol à une

membrane dialysante et les échanges d’ions entre ces 2 solutions suivent les lois de

Donnan dont voici les conséquences

Si on considère l’activité d’un ion comme son degré d’agitation et sa tendance à être

adsorbé, à traverser la membrane dialysante, cette activité est inversement

proportionnelle à la concentration de l’ion. Elle dépend de son état d’hydratation et de

sa valence.

Si la concentration augmente, l’activité diminue et cette diminution est d’autant plus

rapide que la valence de l’ion est élevée. La diminution d’activité sera aussi plus vite

pour les ions peu hydratés que pour les ions très hydratés.

Une diminution de la concentration par contre augmente l’activité de tous les cations,

mais elle augmente encore plus rapidement pour les bivalents que pour les

monovalents. Une augmentation de l’activité d’un cation se traduit par une

augmentation de l’absorption de ce cation par le complexe absorbant.

En période de pluies, les Ca++ sont plus fortement adsorbés que les NH4+, Na+, etc… et

résistent mieux au lessivage. En période sèche par contre, les ions Ca++ seront plus

facilement mis en solution.

La plante qui n’absorbe que les ions en solution, absorbera donc davantage de

monovalents en période pluvieuse et davantage de divalents en période sèche


212- Actions de divers facteurs sur les phénomènes d’échanges des cations dans le sol

2 cas sont à considérer :

- Cas où les échanges d’ions sont possibles

- Cas où ils sont impossibles, c’est à dire il y a rétrogradation

2121- Echange possible d’ions

Ainsi, d’après la loi de Donnan, le pouvoir absorbant du sol vis-à-vis des divers cations

est variable. Certains cations sont moins fortement absorbés et plus faciles à déplacer

que d’autres. Ce pouvoir absorbant varie avec la nature des cations, la rétrogradation

des cations.

A- Nature des cations

Les cations de forte valence et faiblement hydratés sont plus fortement absorbés, et ont

un pouvoir de remplacement plus élevé que les cations de plus faible valence et plus

hydratés. L’ordre de ce pouvoir de remplacement est le suivant :

Al+++ > Ca++ > Mg++ > H+ > NH4+ > K+ >Na+

Ainsi par exemple si pour Ca ++ et K+, la concentration dans la solution externe est la

même, Ca++ est plus absorbé que K+ ; Ca++ qui a 2 valences peut déplacer K+ du complexe

absorbant. De même K+ peut déplacer Na+ puisqu’il est moins hydraté que Na+.

B- Concentration des cations dans la solution du sol

L’activité des ions diminuent avec l’augmentation de leur concentration, l’ion le plus

dilué sera relativement le plus absorbé par apport à l’ion le plus concentré. Ainsi, si dans

la solution externe, le rapport [K+]/ [NH4+] est égal à 40 dans la solution interne, NH4

étant plus dilué, a été relativement plus absorbé que K+.

En quantité absolue, c’est l’ion en plus grande concentration qui est le plus absorbé : le

déplacement de Ca et Mg par Na peut se faire, et est d’autant plus important que la

concentration du Na+ est plus élevée.


S’il s’agit de cations de même valence et de même concentration relative, mais avec des

pouvoirs de remplacement différents, c’est le cation qui a un pouvoir de remplacement

plus élevé qui est le plus absorbé, si la solution du sol vint à se diluer ou à se concentrer.

Répétons qu’en cas de sècheresse, pour des cations de valences différentes mais en

concentration égale dans la solution du sol, l’absorption de l’ion divalent diminue au

profit du monovalent.

C- Etat du complexe absorbant

La nature du complexe absorbant intervient dans la fixation préférentielle des cations.

L’ordre du pouvoir de remplacement indique précédemment peut alors être modifié.

Les colloïdes humiques absorberaient préférentiellement les ions H+ puis les ions Ca++.

La montmorillonite fixera plutôt les divalents Ca++ et Mg++ tandis que la kaolinite

retiendra de préférence le K+ ou le Na+

Les sols à illites choisiraient K+ et NH4+. Cette influence du complexe absorbant sur

l’adsorption de cations s’expliqueraient par la variation du volume d’eau absorbé plus

ou moins par les différents colloïdes, entraînant des variations dans la concentration de

la solution interne.

Outre la nature du complexe absorbant, la nature des cations complémentaires qu’il fixe

intervient aussi dans les phénomènes d’échange des cations.

En effet, les ions adsorbés réagissent, les uns sur les autres. Tout se passe comme si les

forces d’attraction des colloïdes électronégatifs vis-à-vis des cations varient d’un endroit

à un autre. Les ions les plus facilement absorbés occupent les meilleures places et

poussent les moins facilement absorbés sur des liaisons plus faibles : de ce fait

l’assimilation de ces derniers par la plante est plus facile.


Ainsi l’apport de Ca++ dans des sols à humus ou à montmorillonite qui l’absorbent

préférentiellement facilite l’assimilation par la plante du K qui est déplacé des fortes

liaisons vers les faibles.

Par contre, l’apport de Ca++ dans un sol à illite qui préfère K, pousse ce dernier à occuper

des fortes liaisons jusqu’au phénomène de rétrogradation qui sera étudié plus loin.

D- Autres facteurs agissant sur ces phénomènes d’échanges

Certains anions complexant (citrate et fluorure) dont la M.O. est riche, peuvent

complexer les cations et changer complètement l’ordre de rétention

Normalement sur une kaolinite, Ca>K, il devient après sa complexassions K>Ca

L’ordre d’adsorption successive des cations intervient aussi, les premiers absorbés sont

retenus plus énergiquement que ceux qui viennent ensuite. Ainsi, des engrais

fraîchement apportés au sol sont plus assimilables par la plante que des ions

préalablement absorbés

2122- Rétrogradation des cations

Certains ions ont la possibilité de s’infiltrer entre les feuillets d’argile et d’y rester,

fortement retenus par des liaisons électrostatiques, tandis que les ions, adsorbés à la

surface de l’argile sont en équilibre et en perpétuel échange avec ceux de la solution

externe.

Ces ions qui « rétrogradent » à l’intérieur des feuillets et qui en accroissent la solidité,

peuvent y être emprisonnés et se trouvent hors de portée de la plante

Ce phénomène de rétrogradation dépend du diamètre des ions : les K+, les NH4+ sont les

plus susceptibles de rétrograder

La nature du complexe également intervient :

- Les argiles kaolinites, à 7Å ont des feuillets trop rapprochés pour se laisser

pénétrer par les ions ;


- Les montmorillonites, avec leurs feuillets largement séparés les uns des

autres, absorbent facilement les cations entre leurs feuillets mais les

relâchent aussi très facilement ;

- Les illites sont des argiles où les phénomènes de rétrogradation des cations

sont les plus fortement observés

Comme les ions rétrogradés sont aussi en équilibre avec les ions adsorbés, eux-mêmes

en équilibre avec les cations de la solution inter micellaire, un apport d’engrais fait

déplacer les 2 équilibres vers l’adsorption puis vers la rétrogradation des cations. Un

excès d’engrais en fait rétrograder une partie

Un apport d’engrais ou une absorption de K par la plante fait « varier un facteur de

l’équilibre et provoque une modification qui, si elle produisait seule, entraînerait une

variation inverse de ce facteur », c’est à dire soit une rétrogradation, soit une libération

(Loi de Chatelier sur les déplacements de l’équilibre)

De ce phénomène de rétrogradation, on peut conclure que :

- Les cations ou bases dans le sol ne sont pas tous à la disposition de la plante

- La disparition des cations échangeables, facilement déplaçables, ne signifie

pas forcément appauvrissement définitif du sol en ces cations : ceux qui ont

été rétrogradés peuvent être libérés plus tard mais lentement

- Des phénomènes successifs de dessiccation et d’humectation sont capables de

favoriser les échanges entre cations échangeables et cations non

échangeables

213- Méthodes de détermination des valeurs caractéristiques du complexe

Ces valeurs caractéristiques sont : la capacité totale d’échange des cations = T, la

quantité des bases déplaçables totale = S et le taux de saturation du complexe = V.


2131- La capacité totale d’échange « T »

C’est rappelons le, la quantité totale de cations (H+ - Ca++…) de toutes sortes qu’un poids

donné de sol est capable d’adsorber. Ces cations, quelle que soit leur nature, sont

exprimés en équivalent ou plutôt en milliéquivalent. Quand on sait que le poids d’un

équivalent gramme d’un cation donné est égal à son poids atomique divisé par sa

valence et qu’un équivalent gramme quelconque représente toujours le poids de cations

correspondant déposé à la cathode après le passage de 96 500 Coulomb, le meq

représente un nombre constant de charges électriques unitaires de même signe et

neutralisables par n’importe quel ion de signe contraire.

Un sol qui a une C.E. de 10 meq pour 100g peut fixer, soit : (40x10) / 2= 200 mg de Ca++

ou 23/1x10=230mg de sodium ou 39/1x10=390 mg de potassium, etc...

La détermination de T se fait d’après la méthode de CHANDLER

2132- Bases déplaçables totales « S »

On désigne par « S » la somme des cations métalliques adsorbés par le sol au moment

où on l’étudie

T – S = H+ ; les charges non saturées par des cations métalliques étant saturées par des

H+

2133- Taux de saturation du complexe « V »

Par définition V=( Sx100)/T et représente le pourcentage des charges négatives du

complexe, saturées par des cations métalliques.


Un sol à faible taux de saturation est en général acide et pauvre chimiquement

(beaucoup de H+), et inversement, un sol qui a un taux de saturation élevé présente

généralement un pH neutre.

2134- Ordre de grandeurs

En moyenne, la capacité totale d’échange des sols est de l’ordre de 10 meq à 30

meq/100g. Elle varie essentiellement avec :

- La teneur en M.O. du sol, celle-ci ayant un pouvoir adsorbant élevé : 250 à

400

meq de M.O.

- La teneur en colloïde argileux : un sol très argileux aura 30 à 60 meq /100g

- La nature des argiles qui constitue le sol.

Nature de l’argile CEC en meq/100g d’argile

Kaolinite 3 à 15

Illite 10 à 40

Montmorillonite 80 à 150

Vermiculite 100 à 150

Le taux de saturation V varie suivant les sols. En sol calcaire (rendzine), il atteint 90 à

100% et il ne sera seulement que 5 à 15% dans un sol dessaturé (podzol).

Selon Toth (« Chemestry of the soil »), un sol idéal retiendrait 65% de Ca++, 10% de Mg++,

5% de K+ et 20% de H+

214- Cations échangeables essentiels


Ce sont les cations Ca++, Mg++, K+ et NH4+. Ces 4 éléments interviennent d’une façon

primordiale dans la nutrition minérale des plantes. Ils se présentent sous des formes

plus ou moins échangeables,

- Soit sous forme de combinaisons complexes insolubles s’altérant très

lentement,

- Soit sous des formes d’échangeabilité intermédiaires où ils sont

provisoirement insolubles et peuvent, sous certaines conditions, devenir

échangeables,

- Soit sous formes échangeables en équilibre avec les cations de la solution du

sol et disponible immédiatement pour la plante.

2141- Calcium

Outre son rôle dans l’alimentation minérale de la plante, il intervient sur le pH du sol et

par conséquent sur son équilibre biologique (p.m), il s’agit sur la stabilité de la structure

etc…

Il se présente :

a) Sous forme de complexes insolubles dans les minéraux primaires : feldspath

plagioclase, pyroxène, amphibole… , et dans les grains grossiers de carbonate de

calcium (calcaire inactif). Ces complexes constituent des réserves du sol en cet

élément qui finiront avec le temps, par être disponibles pour la plante

b) Sous forme de grains très fins de calcaire (calcaire actif) qui sont solubles en

présence de CO2 et qui peuvent saturer le complexe absorbant.

c) Sous f orme de calcium échangeable adsorbé par le complexe, en équilibre avec

les sels de calcium solubles contenus dans la solution inter micellaire :

bicarbonate, chlorure, nitrate de calcium .


2142- Magnésium

Il se présente

a) Soit sous des formes insolubles dans les minéraux colorés (noirs)

ferromagnésiens, dans la dolomie qui est un carbonate double de Ca et de

Mg. La dolomie n’est soluble, d’ailleurs d’une façon progressive que dans

les sols relativement acides. Elle est très utilisée pour relever

progressivement le pH des sols ferralitiques à Madagascar, à la place d’un

amendement sous forme de carbonate de chaux, qui pourrait relever

brutalement le pH de ces sols, avec les conséquences néfastes que cela

entraîne (in solubilisation des oligo-éléments)

b) Soit sous forme échangeable, adsorbée par le complexe argilo-humique où

il est d’ailleurs en quantité plus faible par rapport au calcium

2143- Potassium

C’est un des trois éléments majeurs qui interviennent dans l’alimentation minérale de la

plante. Il se trouve :

a) Soit sous forme insoluble dans les mailles cristallines de certains minéraux :

micas (biotite et muscovite). Les baibohos riches en micas possèdent des

réserves de K élevées qui peuvent être libérées par altération des micas d’une

façon relativement rapide, avec les conditions de température et d’humidité

de nos climats.
b) Soit sous forme rétrogradée. Elle est surtout importante dans les illites qui

sont une forme d’argile qu’on ne rencontre que dans les sols fersialitiques de

Madagascar.

Cette forme rétrogradée est en équilibre avec la forme K adsorbée

échangeable.

c) Sous forme adsorbée échangeable, par la surface des colloïdes.

2144- Ammonium

L’azote organique sous forme de protéines ou d’acides aminés, n’est pas assimilable

directement par la plante. Il doit auparavant être minéralisé, d’abord sous forme

ammoniacale, puis éventuellement sous forme nitrique. L’ammonium est la plupart du

temps sous forme échangeable. Dans certains cas cependant, il peut être rétrogradé (cas

des illites) ou insolubilisé quand il est fixé par la M.O. peu décomposée des podzols.

22- Phénomènes d’échanges d’anions dans le sol

221-Fixation des anions par le sol

La fixation des anions sur les colloïdes à caractère essentiellement électronégatifs,

s’explique par la présence sur ces colloïdes de sites électropositifs, et par l’existence de

divers modes de liaisons chimiques entre complexe absorbant et anions(il ya le

repoussement entr le colloide et les anions)

Les phénomènes d’échange d’anions dans le sol sont peu connus et on explique la

rétention de ces anions par le sol par les rôles des colloïdes électropositifs, ceux des OH-

de l’argile des phénomènes de substitution dans le réseau cristallin, des liaisons

bordure, ceux des cations polyvalents et action de la M.O.


2211- Rôles des colloïdes électropositifs du sol

Les hydroxydes de Fer et d’Al [Fe(OH)3 et Al(OH)3] sont des colloïdes qui peuvent être

électropositifs s’ils perdent des hydroxydes OH. Ils peuvent alors constituer un

complexe adsorbant pour les anions

2212- Rôles des OH- de l’argile

Les groupements OH- des argiles sur les cassures en bordure des feuillets ou même à la

surface des feuillets seraient remplacés purement et simplement par des anions

2213- Phénomènes de substitution dans le réseau cristallin

Certains auteurs (Hendrincks) ont avancé une hypothèse, selon laquelle des anions PO4- -

- de même taille que le silicium, se substitueraient à ce dernier dans le réseau cristallin

d’argile : dans ce cas, l’anion serait fortement retenu.

2214- Liaisons de bordure

Des atomes métalliques Fe+++ ou Al+++ peuvent être mis à nus sur les bords des cassures

et peuvent fixer les anions.

2215- Rôle des cations polyvalents

C’est l’explication la plus couramment avancée. Il existerait, par exemple, un pont

calcique ou ferrique ou aluminique entre le colloïde électronégatif du sol et l’anion

Dans le cas du calcium, celui-ci utilise une de ses 2 charges positives pour fixer un anion,

l’autre étant accroché au complexe absorbant.


2216- Action de la M.O.

La M.O. complexerait les anions PO4- et les protégerait d’une éventuelle rétrogradation

(insolubilisation) tout en les maintenant labiles (solubles), mais c’est un mécanisme

encore mal connu

222- Action de divers facteurs sur les phénomènes d’échanges d’anions dans le sol

Des recherches effectuées avec du phosphore marqué 32P ont montré qu’il y a un

échange permanent aboutissant à un état d’équilibre entre anions adsorbés et anions

solubles dans la solution (externe) du sol.

Cet équilibre peut être modifié par un certain nombre de facteurs dont :

2221- Concentration en anions

Il y a une plus grande adsorption d’anions quand la concentration, en ces derniers de la

solution externe du sol augmente.

2222- Nature du complexe absorbant

En général, la capacité d’adsorption du sol vis-à-vis des anions augmente quand le

rapport SiO2/R2O3 diminue. (R2O3= les sesquioxydes : Al2O3, Fe2O3)

2223- pH

La capacité d’adsorption d’un sol vis-à-vis des anions comme Cl-, NO3-, PO- augmente

quand le pH va de la neutralité vers l’acidité.

2224- Nature de l’anion

Le phénomène d’adsorption dépendrait de la nature de l’anion et s’effectuerait avec une

énergie, avec une force de liaison de plus en plus grande, en allant de gauche à droite

dans leur énumération ci-dessous :


OH- < Cl- < NO3- < SO4-- < PO4- --

223- Capacité d’échange vis à vis des anions d’un sol

Vis-à-vis des anions, on ne peut pas parler de capacité d’échange du complexe

adsorbant, analogue à celle qui existe pour les cations, pour 2 raisons :

- Des liaisons complexe-anions ne sont pas dues uniquement à des attractions

électrostatiques

- Cette capacité d’échange varie avec le pH.

Toutefois à des pH fixés arbitrairement, on a proposé pour la déterminer, des méthodes

dont la plus satisfaisante est la méthode de dilution isotopique.

On ajoute à une suspension du sol une quantité déterminée de 32P radioactif. Comme le P

échangeable du sol (solution interne) est en équilibre avec le P de la solution externe au

bout d’un certain temps (quelques semaines), et comme 32P et 31P sont 2 cations de

même valence, avec des propriétés physico-chimiques voisines, on a, d’après la loi de

Donnan, les équations :

(31Pe/32Pe)= (31Pi/32Pe)= [(31Pe/32Pe)+ (31Pi/ 32Pi)]=(31P. échangeable/32P. radioactif

total) d’où 31Pi et 32Pe, c’est à dire les 2 sortes de P qui se trouvent dans la solution

externe, sont faciles à doser (au compteur Geiger, au dosage colorimétrique de P) et 32P

radioactif total est connu

Aussi on peut connaître une quantité d’anions PO4- - - échangeables pour une quantité

donnée de sol.

Il faut noter en outre que cette méthode de dilution isotopique est aussi applicable pour

doser les cations, à condition de trouver des cations radioactifs convenables.

224- Anions essentiels du sol

Ils sont 2 : le phosphore et le soufre


2241- Phosphore

Le phosphore se trouve dans le sol sous forme soluble, en solution ; sous forme

échangeable, adsorbée ; sous forme « fixée », insoluble ; sous forme organique.

A- Phosphore soluble et phosphore échangeable

Il y a échange permanent de P entre colloïdes et solution du sol, aboutissant à un état

d’équilibre qui fait que le taux de P dans la solution ne varie pratiquement pas : une

disparition de cet élément, par exemple, par absorption par la plante, est compensée par

une libération par le complexe, d’une quantité de P à peu près équivalente.

Le P échangeable est adsorbé

- Par les argiles, par l’intermédiaire du Ca++ et par Al+ + + du feuillet lui-même,

- Par les hydroxydes libres : Fe(OH)3 et Al(OH)3 qui sont des colloïdes,

- Par le CO3ca actif qui maintient le P à l’état échangeable si le pH n’est pas trop

élevé, et qu’il y a suffisamment d’acides humiques dans le sol pour le

solubiliser

B- Phosphore fixé ou « rétrogradé »

Une partie du P du sol se trouve fixé à l’intérieur des colloïdes. Cette forme du

phosphore est fortement retenue par le complexe mais cette rétention n’est pas

irréversible. Ce P peut passer à l’état échangeable sous l’action de différents facteurs

notamment

- L’alternance d’humectation et de dessiccation du sol

- L’action solubilisant des acides humiques.

Cette rétrogradation du P se fait suivant 2 processus : précipitation ou fixation dans un

réseau cristallin.

a) Précipitation
En milieu très acide, Fe+ + + et Al+ + + sont solubles et précipitent le P sous

forme de PO4Fe et PO4Al insolubles. Le rapport P/Métal est ici égal à 1, alors

que dans l’adsorption du P échangeable par les hydrates colloïdaux

électropositifs de ces métaux, ce rapport est de 1/100 à 1/500

b) Fixation dans un réseau cristallin

P peut être fixé dans un réseau plus ou moins cristallin déjà existant ou en

voie de formation. En effet, :

- En milieu favorable à la formation de concrétions ferrugineuses (agrégat de

particules solides qui s’enrichit par précipitation et formation successive de

nouvelles particules), notamment en sols latéritiques et podzoliques, le P

pénètre ou s’emprisonne dans ces concrétions.

- En milieu très riche en calcaire où le pH est élevé, le P rétrograde

progressivement sous forme plus ou moins cristalline, insoluble (apatite).

L’insolubilité de P ainsi emprisonné, augmente encore avec le temps.

C- Phosphore organique

Le P se trouve aussi dans les lécithines, les nucléoprotéines… de la M.O du sol. Les

microorganismes minéralisent ces protides et en utilisent le P, dont l’excédent est

libéré dans le sol sous forme minéral. On estime que le rapport C/P doit être

inférieur à 200 pour qu’il y ait excédent de P libérable pour le sol, c’est-à-dire

pour la plante. Autrement, le P libéré est absorbé par les microorganismes.

2242- Soufre

Il intervient dans la synthèse de certains acides aminés (cystine, cystéine,…) et

de certaines vitamines de la plante

Le soufre est apporté principalement au sol sous forme organique. Il est

minéralisé à l’état de sulfate. L’oxydation des sulfures minéraux contenus dans


les roches-mères, ainsi que les apports d’engrais sulfatés dans les terres cultivées,

sont aussi des sources de soufre. L’eau de mer sur les côtes apporte également

des sulfates.

Dans certains sols hydro morphes où les conditions d’anaérobiose sont très

accentuées, des bactéries anaérobies prélèvent l’oxygène de SO4- - et réduisent les

sulfates à l’état de sulfures, généralement sous forme de sulfure de fer noire

(caractéristique) ou à l’état de H2S à odeur d’œuf pourri.

L’anion SO4- - est aussi adsorbé par les colloïdes, mais il est retenu moins

fortement que l’anion PO4- - -. Il est donc plus mobile et passe facilement en

solution. On a montré (ENSMINGER° qu’il peut être déplacé par PO4- - -

23- Propriétés électro-ioniques du sol

231- Acidité du sol

2311- Définition

On distingue 2 sortes d’acidité des sols : l’acidité actuelle et l’acidité potentielle

ou totale.

L’acidité actuelle exprime la concentration en ion H+ dissocié, présent dans le sol

à un instant donné.

L’acidité potentielle ou acidité totale exprime la quantité totale d’ions hydrogènes

susceptibles d’être salifiés, neutralisés par une base : elle comprend l’acidité

actuelle ainsi que la somme des ions H+ adsorbés par le complexe et qui sont

dissociés progressivement lors de la titration par la base.

Quand l’agronome parle de pH du sol = log(1/H) ou de réaction du sol, il exprime

la concentration des ions Hydrogène dissociés dans la solution du sol, c’est-à-dire

il parle de l’acidité actuelle.

2312- Relation entre pH et état de saturation du complexe adsorbant


Il y a dans le sol cet équilibre sol H ↔ sol- + H+ d’après lequel, il y a d’autant plus de H+

libres dans le sol et le pH est d’autant plus bas que le sol ou plus exactement le complexe

adsorbant contient plus de H+ ( et moins de bases déplaçables). Autrement dit, le pH est

d’autant plus faible que le sol est des saturé.

Inversement plus la proportion de cations échangeables retenus par le complexe

adsorbant augmente ; plus le pH tend à s’élever :

Sol-K + H2O---------> sol-H + K+ + OH-

Ces 2 phénomènes font conclure que le pH est le reflet du taux de saturation : V =

(S/T)x100

Et on peut se demander s’il n’y a pas une relation proportionnelle entre pH et le taux de

saturation V d’un sol. L’expérience montre malheureusement qu’il n’en est ainsi qu’aux

valeurs extrêmes de V mais non pas aux valeurs centrales comprises entre 20 – 70%.

Grosso-modo, on observe :

Taux de saturation V pH

0% #3

10% #4

10% - 70% #5 – 6

80% #7

Ce manque de relation entre pH et V s’explique par les variations du pH lui-même ,

variations dues à divers facteurs dont :

A- Dilution des solutions des sols

Reprenons l’équilibre Sol H ↔ Sol + H+, le pH étant le reflet de la

concentration en H+ de la solution du sol, une forte dilution de celle-ci élève le pH

malgré une certaine libération de H+ par le sol pour compenser cette diminution
de concentration. Cette compensation n’est pas suffisante pour s’opposer à

l’élévation du pH.

La dilution du sol étant un problème indépendant du taux de saturation du

complexe, phénomène indépendant du taux de saturation du complexe,

phénomène qui fait portant varier le pH, on comprend que le pH ne varie pas

proportionnellement à V.

Il en est de même en ce qui concerne pour la nature du complexe.

B- Nature du complexe absorbant

2 argiles qui ont le même pH n’ont pas le même taux de saturation

Argiles V pH
Montmorillonite ou 80% 6
humus
kaolinite 40% 6

C- Influence des ions Al+ + + échangeables

L’ion Al+++, en solution, décompose l’eau en Al+++ + 3H2O Al(OH)3 + 3 H+.

Il est alors responsable, dans une certaine mesure, de l’acidité d’un sol où il se

trouve sous forme soluble.

L’acidité actuelle du sol peut être due, non seulement aux ions échangeables, mais

aussi aux formes solubles de Al+++ (et de Fe+++ aussi) qui fournissent les protons

suivant la réaction ci-dessus.

Dans les sols minéraux acides, l’acidité (réelle) est surtout due aux ions Al+++ qui

l’emportent sur les H+ échangeables, tandis qu’un sol humifère doit son acidité

aux acides organiques de l’humus. Encore une fois, ma variation de l’acidité dans

ces 2 groupes de sols ne dépend pas du taux de saturation du complexe.

D- Tension du CO2 des sols calcaires


Notons que du CO2 dans l’eau distillée forme l’acide carbonique CO3H2 qui fait

baisser le pH de celle-ci. Il faut la faire bouillir pour chasser ce CO2 et pour lui

donner un pH=7.

Le pH d’un sol calcaire, dont le complexe est saturé, peut être anormalement bas

si la tension en CO2 est importante. En effet, H2O + CO2 + CO3Ca ------> (CO3H)2Ca

et ce bicarbonate, sel acide, fait baisser le pH du sol.

2313- Mesure du pH

On peut mesurer directement le pH d’un sol en apportant au champ un pH-mètre

portatif. C’est la meilleure méthode mais qui n’est pas toujours réalisable.

On doit alors faire les déterminations au laboratoire à un mélange sol + eau. Mais

comme une dilution fait diminuer la concentration en H+ et relève le pH, le

rapport eau/sol doit être précisé. En général, on adopte un rapport égal à 1 ou à

2,5 ou à 5.

20cc d’eau/20g de terre ou 50cc d’eau/20g de terre ou 50cc d’eau/10g de terre

Une fois le mélange préparé, on peut utiliser 2 méthodes : - la méthode

colorimétrique ou – la méthode électro métrique

2314- Ordre de grandeur et variation du pH

En sols tourbeux ou aluminiques (avec Al+++ libres) le pH peut descendre jusqu’à

3 – 3,5 ou même à 1.

En sols ferralitiques

- Fortement dessaturés où V< 20% ; le pH = 4 – 4,5

- Moyennement dessaturés où V=20 – 40% ; le pH = 5 – 5,5

- Faiblement dessaturés où V > 40% ; le pH > 5,5

Certains sols riches en calcaire ont un pH de 7,5 – 8, et des sols salins riches en sodium

ont un pH > 9.
Les pH de 8 – 9 ou de 3 – 4 sont cependant exceptionnels et la majorité des sols

cultivables ont un pH compris entre 5,5 – 7.

Les facteurs qui font varier le pH d’un sol à un autre sont le taux de saturation, la

dilution, la nature du complexe absorbant, la teneur en Al+++ échangeables et tension en

CO2. Il arrive que le pH d’un même sol peut varier dans le temps jusqu’à plus d’une unité,

en fonction des saisons, à cause des pluies qui modifient la dilution de la solution du sol

et à cause des µO, comme les nitrificateurs qui acidifient le milieu et qui reprennent

intensément leurs activités pendant la saison chaude.

En plus de ces variations saisonnières, le pH d’un sol peut subir l’influence de la

végétation et celle des techniques culturales utilisées. Les résineux ont tendance à

acidifier le sol par rapport aux feuillus. Certains engrais ammoniacaux, en particulier

SO4(NH4)2, sont acidifiants, tandis que d’autres sont alcalinisant tels que les phosphates

naturels, les nitrates de chaux, le fumier de ferme, l’urée…

Ces variations de pH du sol sont d’autant plus importantes que le sol est mal tamponné

2315- Pouvoir tampon des sols

C’est la capacité du sol à s’opposer aux variations brutales de pH que des agents

Lorsqu’on ajoute des quantités croissantes d’un acide ou d’une base dans un sol, le pH ne

varie pas brutalement comme lorsqu’il s’agit d’eau pure, mais il varie progressivement.

Le pouvoir tampon du sol résulte de l’adsorption, par le complexe, des ions H+ ou OH-

ajoutés à la solution du sol. Vis-à-vis d’un apport d’acide, le complexe réagit comme

suit : Argile- K + ClH------->Argile- H + CLK, et argile – H étant faiblement dissociée, il en

résulte une diminution plus faible de pH.

Vis-à-vis d’un apport de base, les colloïdes se comportent comme suit :

Argile- H + KOH--->Argile- K + H2O et l’apport de potasse ne se traduit que par une

légère augmentation du pH.


Ce pouvoir tampon est donc dû aux comportements des colloïdes du sol vis-à-vis des

acides et des bases : il est élevé pour les sols argileux ou humifères, à forte capacité

d’échange, et faible pour les sols sableux. Il est plus faible pour un sol à kaolinite

(latérite) que pour un sol à montmorillonite. Ces variations du pouvoir tampon des sols

expliquent les quantités différentes d’amendement calcaire qu’il faut utiliser pour

amender différents sols.

Nature du sol CaO à apporter pour élever le pH d’une


unité
- Terre sableuse # 1 000 kg
- Terre limoneuse # 2 000kg
- Terre argileuse # 3 000kg
- latérite # 1 000kg

2316 – Importance de la réaction du sol

On a délaissé la classification des plantes en 2 catégories acidophile et

basophile. Il y a juste une certaine préférence de certaines plantes pour

certaines valeurs du pH et une action sélective de ce dernier vis-à-vis des

plantes (Savoka à Phillipia par ex.)

Par contre, la réaction du sol intervient sûrement dans la solubilisation ou

l’insolubilisassions de certains éléments nutritifs de la plante, en particulier le

phosphore, qui est plus soluble en milieu acide et les oligo-éléments (Mn++,

Cu++, Fe+++) dont l’excès ou le blocage dépend du pH et peuvent provoquer des

troubles ou des toxicités physiologiques.

En outre, la réaction du sol intervient sur les phénomènes microbiens et par

conséquent sur l’évolution de la M.O. du sol. Certains microorganismes ne se


développent que dans une zone de pH restreinte (nitrificateurs, fixateurs

d’azote atmosphérique …etc).

232 – Potentiel d’oxydo-réduction ou rH2 du sol

2321 – Définition

Un atome est dit réduit quand il gagne un ou plusieurs électrons, et oxydé

quand il en perd un ou plusieurs

Fe+++ + e ------->Fe++ réduction

Fe++ --------> Fe+++ + e oxydation

La présence simultanée dans un milieu de la forme réduite et de la forme

oxydée crée un système d’oxydo-réduction.

Ex : 2Cl3Fe + H2 --------> 2Cl2Fe + 2ClH

Quand on plonge dans un tel système une électrode inattaquable, on constate

un potentiel d’électrode, appelé potentiel d’oxydo-réduction, variable avec la

pression P de l’hydrogène moléculaire du milieu et que par analogie avec le

pH, log[1/(H+)], on a exprimé par rH2 = log(1/P)

Le milieu est d’autant plus réducteur que la pression P de H2 moléculaire est

élevée.

rH2 varie de 0 (correspondant à H2 à la pression atmosphérique) à 40, une

valeur de pH2 = 10-40 atmosphère (très faible), correspondant au minimum

obtenu expérimentalement. La neutralité théorique c’est à dire l’équilibre

entre la pression O2 et celle de H2 (ou entre la forme oxydée et la forme

réduite) du milieu se situe autour de 27.

2322 – Mesure du rH2 du sol

Il est possible de faire une mesure électro métrique du rH2 analogue à celle du

pH : elle consiste à mesurer la force électromotrice d’une pile de


concentration à 2 électrodes, force électromotrice qui varie en fonction de la

pression en H2 et en H+ (loi de ERNST). On maintient fixe la concentration de

l’un quand on vent mesurer celle de l’autre. La méthode de détermination

colorimétrique de rH2 est plus pratique même si elle est approximative.

Bleu de méthylène (si rH2 > 14 bleu ; si rH2 < 14 décoloré)

Chlorophenol indophenol (si rH2 > 20 rose ; si rH2 = 20 violet ; si rH2 < 20

bleu)

La notion du rH2 est cependant moins importante pour le sol que celle du pH :

à part les sols hydro morphes à gley (tanimanga) où le rH2 est inférieur à 20,

les sols normalement aérés ont un rH2 compris entre 25 et 30.

24 – Rôles du fer, de l’aluminium, et des oligo-éléments dans le sol

241 – Fer

2411 – Diverse formes du fer dans le sol

Le fer constitue environ 5% de l’écorce terrestre et se trouve, en dehors des

minéraux primaires inaltérables (péridots, micas, …etc), sous 4 formes

principales

a) Forme colloïdale liée au complexe argilo-humique

Le fer se trouverait dans ce complexe soit englobé dans l’humus ; soit

servant de pont cationique entre l’humus et l’argile Ar- Fe- Hu ; soit

intercalé entre les feuillets d’argile

b) Forme insoluble libre

Les hydroxydes de fer colloïdaux (amorphes) libérés lors de la destruction

des complexes argilo-humiques précédents, peuvent avec le temps,

- Soit évoluer vers une forme cristalline par perte progressive d’eau
- Soit se déposer sur des particules grossières (graviers, sables …) et servir de

ciments à ces dernières pour donner des concrétions, des grès…etc.

Suivant la nature du minéral cristallin formé et son degré d’hydratation, le sol

prend une coloration caractéristique : ocre-jaune si le fer est hydraté sous

forme de goethite (Fe2O3, H2O), rouge si Fe2O3 est anhydre (hématite)

L’état d’hydratation du fer est souvent responsable de la couleur du sol.

c) Forme ionique échangeable (soluble)

Le fer ferrique ionique ne peut se rencontrer en grande quantité qu’avec

un pH très bas inférieur à 3,2 rarement rencontré dans la nature.

Par contre, le fer ferreux peut se maintenir à l’état ionique dès que le pH

descend au-dessous de 5,8. Fe++ est abondant en milieu réducteur dans les

sols hydro morphes à gley et il est responsable de la couleur gris-bleue de

ces sols.

d) Forme pseudo-soluble complexée

Au lieu de précipiter et de se cristalliser les hydroxydes de fer peuvent se

combiner avec des substances complexantes ou chelatantes résultant de la

décomposition de la M.O

Il y a alors formation de complexes ou de chelates qui maintiennent le fer

en suspension (pseudo-soluble) et cela facilite sa migration (formation des

podzols)

2412 – Rôles du fer

Au point de vue biologique, la déficience en fer assimilable provoque la

chlorose (maladie physiologique provoquant le jaunissement des feuilles)

chez certaines espèces de végétaux


Au point de vue physique, il peut jouer le rôle du Ca++ dans les sols acides

ferralitiques en favorisant la formation d’agrégats.

En pédologie, il renseigne sur l’évolution du sol par son degré

d’hydratation ou d’oxydation.

242 Aluminium

En dehors des minéraux non altérés et des argiles déjà étudiées et où il est

fixé, insoluble, l’aluminium peut se trouver dans le sol sous forme

échangeable libre. En effet, dans les sols très acides à pH < 5, c’est la forme

trivalente Al+++ qui prédomine et qui sature en partie le complexe

adsorbant.

T = S + H+ + Al+++

Cet aluminium échangeable équilibre des ions Al+++ solubles

(argile – Al ↔ Al+++ soluble) qui hydrolysent l’eau suivant les réactions :

Al+++ + H2O ↔ Al (OH) ++ + H+ (si pH < 5)

Al (OH) ++ + H2O -----------> Al (OH)++ + H+ ( si pH = 5)

Al (OH)++ + H2O ------------>Al (OH)+++ + H+ ( si pH>5,3)

Ces réactions libèrent des ions H+ qui acidifient considérablement le

milieu. En outre, Al(OH)3 précipite sous forme de gel colloïdal, se

polymérise rapidement et s’organise en cristaux pour donner la gibbsite

(Al2O3, nH2O) très fréquente dans nos sols tropicaux

Vers pH = 5, la forme divalente Al(OH)++ commence à apparaître en

quantité appréciable et au-dessus de pH > 5,5, Al(OH)3 précipite et se

polymérise sous une forme qui reste stable jusqu’à pH = 9.

Cette forme échangeable et soluble de l’aluminium est nuisible à la

nutrition minérale de la plante et au développement du système


radiculaire : elle a une action toxique sur les racines et freine l’absorption

des cations bivalents (Waard)

243 – Manganèse

Comme le fer, le Mn se présente dans le sol à des degrés d’oxydation

variables Mn 7+, Mn 4+, Mn++. La forme divalente est plus soluble que les

oxydes supérieurs.

Le Mn est aussi plus mobile en milieu acide et insoluble en milieu alcalin

Un milieu trop acide solubilise trop de Mn, qui au-delà d’une certaine

quantité limite dans la solution du sol, devient toxique pour la plante.

Inversement, un chaulage brutal (apport de chaux) élève le pH et

insolubilise cet oligo-élément important pour la physiologie de la plante.

244 – Autres oligo-éléments

Outre le fer et le Mn, il faut citer aussi le cuivre, le zinc, le cobalt, le

molybdène et le bore comme oligo-éléments dont la présence est

indispensable pour la vie des plantes.

De même que pour le Mn++, le Cu++, le Zn++, le Co++ deviennent

échangeables et assimilables en milieu acide et insolubles sous forme

d’hydroxydes non assimilables à un pH élevé (7 – 7,5).

Rappelons que ces oligo-éléments sont nécessaires à l’état de trace, car ils

ont essentiellement une action catalytique ; en concentration excessive, ils

ont un effet toxique./.

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