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Baudouin Peeters

Le mythe tenace des salaires des fonctionnaires européens


20-01-2005

Qui n'a jamais entendu que les fonctionnaires européens gagnaient scandaleusement bien leur vie, pour un niveau de
responsabilités et une pression au travail quasi nuls et des horaires lâches avec des pauses de deux heures voire plus à
midi ?

A y regarder d'un peu plus près, la fonction publique européenne, symbolisée par les 22500 fonctionnaires européens
travaillant à Bruxelles, a bien évolué et n'est plus vraiment la tour d'ivoire que certains enviaient.
En cause, la réforme mise en place par Neil Kinnock, l'ancien vice-Président de la Commission Prodi qui a quitté
l'exécutif européen avec l'entrée en vigueur du nouveau statut.
L'ensemble de la politique du personnel -du recrutement au départ à la pension- a été révisé.
Dans cet effort dont l'objectif est une fonction publique indépendante, durable et répondant à des critères de qualité
élevés, la principale réforme a consisté en la mise en place de mesures qui visent à récompenser les capacités de
gestion.

La Commission a toujours employé un personnel cosmopolite et hautement qualifié. Les fonctionnaires sont recrutés
par concours public (publié au Journal officiel des Communautés européennes) pour se voir confier deux tâches
essentielles liées aux deux principaux mandats octroyés à la Commission: le droit d'initiative (prendre des décisions et
mettre en oeuvre des politiques) et le rôle de gardienne des traités (qui est dans le droit européen la norme juridique la
plus élevée).
Afin de se concentrer sur ses tâches essentielles, il a été prévu de recruter des agents contractuels, engagés soit pour
une durée de 3 ans (contrat à durée déterminée non renouvelable) ou pour une durée de 5 ans, une fois renouvelable
et éventuellement suivi d'un contrat à durée indéterminée.
Ce personnel, non statutaire, recruté sur base d'une procédure de sélection classique (CV, interviews et tests), permet à
la Commission de combler ses manques temporaires de personnel et de faire face à des situations d'urgence ou de
mettre en place des actions spécifiques.
Les personnes travaillant à la Commission et leurs familles représentent près de 100000 personnes installées à Bruxelles
et dans sa proche périphérie. Pour la plupart déracinés et coupés de leurs liens familiaux d'origine, le challenge de
venir travailler chez nous représente aussi un beau défi humain sur le plan de l'intégration, ce qui n'est pas toujours
une sinécure... et ce qui justifie en partie un traitement au-dessus de la moyenne... Côté notations

Les prestations fournies par un fonctionnaire ou un agent contractuel donnent lieu à l'attribution de points de mérite
(maximum 20), selon la répartition reprise dans l'infographie ci-contre.
Dès qu'un seuil de promotion est atteint, il est éligible à une promotion, qui en général a lieu tous les trois ans, par
paliers successifs.
Le rythme d'avancement de la carrière dépendra donc uniquement de la qualité des prestations fournies et des
évaluations annuelles.
Alors qu'avant la réforme, le personnel bénéficiait d'augmentations automatiques quelle que soit la qualité de ces
prestations.
Un juste retour des choses, en quelque sorte ...

Côté rémunérations

Un traitement de base, en fonction des catégories, grades et échelons.


Des allocations familiales pour enfants à charge : 275 euros par enfant (non cumulable avec une autre caisse
d'allocations nationale).
Une indemnité de dépaysement pour les non-Belges ( 16% du traitement de base).
Une allocation scolaire pour les enfants à partir de 6 ans fréquentant l'Ecole Européenne, plafonnée à 220 euro.
Une allocation de foyer de 200euro pour le conjoint ne travaillant pas.
La rémunération annuelle est calculée sur 12 mois (et non sur 13,85 ou plus comme chez la plupart des employés
belges).
Il n'y a aucun avantage extra-légal (chèques-repas, voiture de société, carte essence, frais, GSM...).
La durée du temps de travailest fixée à 38 heures par semaine.
La grande différence se situe donc au niveau des prélèvements (précompte et cotisations sociales), qui atteignent
globalement 26%, ce qui est nettement moins qu'en Belgique.
Concrètement, un brut mensuel de 3000 euros revient à 2200 euros en net.
Avec un salaire brut inférieur à un employé belge, le fonctionnaire européen ou l'agent contractuel aura un net souvent
supérieur à son alter ego.
C'est donc le coût général du travail, moins élevé dans la fonction publique européenne, qui fait la différence en net...

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