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Année universitaire 2019 - 2020

Macroéconomie 3

Patrick Musso
Patrick.Musso@univ-cotedazur.fr

Licence 2 Economie – Gestion


ISEM, Université Nice Sophia Antipolis
Plan du cours
4 chapitres

1. Chapitre introductif
2. Le marché du travail
3. L’équilibre macroéconomique
4. La politique économique
Chapitre 2

Le marché du travail
Plan du chapitre 2
1. Un tour d’horizon du marché du travail

 Population active, taux de participation et chômage


 Cycle économique et emploi
 Les facteurs structurels

2. L’analyse Classique du marché du travail

 Le cadre d’analyse
 La demande de travail
 L’offre de travail
 L'équilibre sur le marché du travail
Plan du chapitre 2
3. Imperfections de marché et chômage
 Le chômage frictionnel
 Le chômage structurel
 Le chômage naturel

4. Le modèle WS / PS
 Un modèle de chômage d’équilibre
 La courbe WS
 La courbe PS
 Le taux de chômage d’équilibre
 Du taux de chômage naturel au produit naturel
Prérequis
 La maximisation de l’utilité du consommateur et la
maximisation du profit de la firme (microéconomie).
Lectures conseillées
 Les fondamentaux de la macroéconomie à l’ISEM.
• Chapitre 7.

Note : Cet ouvrage est disponibles à la BU.


Un tour d’horizon du
marché du travail
Un tour d’horizon du marché du travail
 Population active, taux de participation et chômage
 En 2008, l’Europe des 27 avait une population de 490 millions de
personnes.
 En excluant les personnes en dessous l'âge légal pour travailler
(15 ans) et au dessus de l’âge de la retraite (65 ans), la population
en âge de travailler s’élevait à 330 millions de personnes.
 Parmi eux, la population active comprend les personnes qui ont
un emploi ainsi que celles qui en recherchent un activement (238
millions).

 Le taux de participation est défini comme le ratio de la population


active sur la population en âge de travailler (72%).
Un tour d’horizon du marché du travail
 Population active, taux de participation et chômage

Population, population active, emploi et chômage en Europe (UE 27), 2008


Un tour d’horizon du marché du travail
 Population active, taux de participation et chômage

Taux de participation en Europe, 2008


Un tour d’horizon du marché du travail
 Population active, taux de participation et chômage
 Le taux de chômage est défini comme le ratio du nombre de
chômeurs sur la population active.
Attention : Le taux de chômage officiel ne prends pas en compte les
personnes qui ont un travail à temps partiel « forcé » ou qui, découragés,
sont sortis de la population active.

 Le taux de séparation est le ratio du nombre de personnes qui


quittent leur emploi (volontairement ou par licenciement) sur le
nombre de personnes qui occupent un emploi.
 Le taux d’entrée en emploi est le ratio du nombre de personnes
qui trouvent un emploi sur le nombre de personnes qui occupent
un emploi.
Un tour d’horizon du marché du travail
 Population active, taux de participation et chômage

Taux de chômage en Europe, 2008


Un tour d’horizon du marché du travail
 Population active, taux de participation et chômage

Employés
24,6

Chômeurs 19 140 Inactifs

3,2 12,0
44 070

Flux moyens mensuels (France, 2005)


Un tour d’horizon du marché du travail
 Population active, taux de participation et chômage

Flux moyens mensuels (Etats-Unis, 2007)


Un tour d’horizon du marché du travail
 Cycle économique et emploi

Variations de l’emploi civil aux Etats-Unis


Un tour d’horizon du marché du travail
 Cycle économique et emploi

Variations du taux de chômage aux Etats-Unis


Un tour d’horizon du marché du travail
 Cycle économique et emploi

Variations du taux de chômage aux Etats-Unis


Un tour d’horizon du marché du travail
 Cycle économique et emploi

Variations de la probabilité de perdre son emploi aux Etats-Unis


Un tour d’horizon du marché du travail
 Cycle économique et emploi

Variations de la probabilité de trouver un nouvel emploi aux Etats-Unis


Un tour d’horizon du marché du travail
Taux de chômage par niveaux d’études

16.8%
18%

16%

14%

10.8%
12% 10.1%

10%

8%
6.3% 6.2%

6%

4%

2%

0%
Sans diplôme, CEP, CAP, BEP Baccalauréat Bac + 2 Diplôme supérieur
brevet des collèges au Bac + 2

Source : Insee, enquête Emploi 2015


Un tour d’horizon du marché du travail
Taux de chômage par catégorie socioprofessionnelle

14.6%
16%

14%

12% 10.2%

10%

8%
5.8%

6% 3.8% 4.0%

4%

2%

0%
Agriculteurs Cadres Professions Employés Ouvriers
exploitants, artisans, intermédiaires
commerçants et
chefs d'entreprise

Source : Insee, enquête Emploi 2015


Un tour d’horizon du marché du travail
Temps partiel et sous-emploi

Source : Insee, enquête Emploi 2015


Un tour d’horizon du marché du travail
Taux de chômage des jeunes

Source : Eurostat, Labour force survey, données annuelles 2014


L’analyse Classique du marché du travail
 Le cadre d’analyse
 En première analyse, nous pouvons étudier le marché du travail
sous les hypothèses Classiques de concurrence pure et parfaite

 Le marché du travail est un marché comme les autres.

 La confrontation de l’offre de travail qui émane des ménages


et de la demande de travail qui émane des entreprises permet
de définir un salaire réel d’équilibre.

 Dans ce cadre d’analyse, une parfaite flexibilité du salaire réel


permet toujours d’atteindre le plein emploi.

 Le chômage ne peut être que volontaire.


L’analyse Classique du marché du travail
 La demande de travail

 En réalité, il existe un très grand nombre de firmes dans l'économie.


Pour éviter les complications liées à l'agrégation des comportements
individuels, nous raisonnerons à partir d'une firme représentative qui
désire maximiser son profit. Celui-ci s'écrit :

  P Yw Lc K

  P F  L, K   w L  c K

 Les firmes évoluent sur des marchés parfaitement concurrentiels,


elles prennent donc les prix du produit (P) et des facteurs de
production (w et c) comme étant donnés.
L’analyse Classique du marché du travail
 La demande de travail

 Pour maximiser son profit, la firme représentative doit déterminer la


quantité optimale de travail à utiliser.

 Mathématiquement, maximiser la fonction de profit revient à


déterminer la quantité de travail qui permet d'annuler sa dérivée
première :

Max   0
L L

 P FL  w
L
L’analyse Classique du marché du travail
 La demande de travail

 La firme représentative maximise son profit lorsqu'elle utilise une


quantité de travail telle que :


 P FL  w  0
L
w
P FL  w  FL 
P
 Le profit de la firme est maximum lorsque la quantité de travail
utilisée est telle que le productivité marginale du travail est égale au
taux de salaire réel.
L’analyse Classique du marché du travail
 La demande de travail
 Puisque la productivité marginale du travail est décroissante, la
demande de travail de la firme représentative est une fonction
décroissante du salaire réel.

w/P

LD

L
L’analyse Classique du marché du travail
 L'offre de travail

 Les individus offrent la quantité de travail qui leur permet de


maximiser leur utilité (leur bien-être).

 L'utilité est supposée être une fonction croissante de la quantité


de biens et services consommée (C) ainsi que de la quantité de
loisir dont ils peuvent bénéficier (Z) :

U  U  C, Z 

U C  0 et U C  0
U Z  0 et U Z  0
L’analyse Classique du marché du travail
 L'offre de travail

 Les individus sont confrontés à un dilemme :

 S'ils offrent plus de travail, ils percevront un salaire plus élevé et


pourront consommer plus, ce qui va accroître leur utilité ;

 Cependant, augmenter leur offre de travail les conduit à réduire leur


temps de loisir, ce qui va diminuer leur utilité.

 Le choix optimal (qui maximise l'utilité des individus) dépend


donc de façon cruciale du taux de salaire réel.

 Que se passe-t-il lorsque le taux de salaire réel varie ?


L’analyse Classique du marché du travail
 L'offre de travail
 Supposons une hausse du salaire réel. Celle-ci va avoir deux
effets contraires sur l'offre de travail des individus :

 Un effet de substitution : le salaire réel est à la fois le prix d'une


heure de travail et le prix d'une heure de loisir. Si le salaire réel
augmente, les individus vont être incités à travailler plus pour pouvoir
consommer plus de biens et services car le prix relatif du loisir
augmente ;

 Un effet revenu : l'accroissement du salaire réel rend les salariés


plus riches car chaque heure travaillée rapporte plus. Ils pourront
donc accroître leur consommation sans même être obligé de travailler
plus. Ils vont alors être tenté de consommer également plus de loisir,
réduisant ainsi leur offre de travail.
L’analyse Classique du marché du travail
 L'offre de travail

 L'effet global d'une hausse du salaire réel dépend de l'importance


relative de l'effet de substitution et de l'effet de revenu.
 Si l'effet de substitution l'emporte, une hausse du salaire réel
induira une augmentation de l'offre globale de travail.
 Si l'effet de revenu l'emporte, une hausse du salaire réel
provoquera une diminution de l'offre globale de travail.

Note : On suppose généralement que l'effet de substitution l'emporte


toujours et que l'offre globale de travail est une fonction croissante du
salaire réel.
L’analyse Classique du marché du travail
 L'offre de travail

LS
w/P

L
L’analyse Classique du marché du travail
 L'équilibre sur le marché du travail
 Dans le modèle Classique, le marché du travail est un marché
comme les autres. Il est ainsi supposé parfaitement concurrentiel.

 C'est la parfaite flexibilité des prix (ici du salaire réel) qui assure
l'atteinte d'un équilibre entre l'offre et la demande globale de travail.

 L'équilibre du marché correspond à une situation de plein emploi :


tous les individus qui souhaitent travailler au taux de salaire en
vigueur (ici le taux de salaire d'équilibre) trouvent un emploi.

 Seule l'existence de rigidités des prix (des salaires réels) pourrait


expliquer l'apparition d'un chômage involontaire si le taux de salaire
en vigueur sur le marché était supérieur au taux de salaire d'équilibre.
L’analyse Classique du marché du travail
 L'équilibre sur le marché du travail

LS
w/P

 w P * LD

L* L
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage frictionnel
 L’analyse Classique du marché du travail prédit qu’en l’absence
d’imperfections de marché, la flexibilité des salaires réels permet
toujours d’atteindre une situation de plein emploi.
 En réalité, les néo-classiques ainsi que les auteurs de la Nouvelle
Ecole Classique (NEC) admettent l’existences de certaines
imperfections de marché, notamment en termes d’information.
 Si l’information n’est pas parfaitement partagée par tous les
agents, l’adéquation des emplois et des travailleurs en
recherche d’emploi peut prendre du temps.
 Le chômage temporaire qui en résulte est appelé chômage
frictionnel.
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage frictionnel
 Le chômage frictionnel désigne donc le chômage de transition
entre deux emplois.
 Même s’il y a autant, voire plus d’emplois vacants que de
personnes en recherche d’emploi pour un profil donné, le temps
d’apparier les travails aux emplois disponibles crée un chômage
frictionnel incompressible.
 Le taux de chômage n’est jamais nul, même si les emplois
vacants sont abondants.
Exemple : Le taux de chômage aux Etats-Unis n’est jamais
descendu en dessous de 2.9% même en période de très forte
croissance économique.
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel
 Contrairement au chômage frictionnel, le chômage structurel
désigne une situation dans laquelle il y a davantage de personnes
qui recherchent un emploi sur le marché du travail que d’emplois
disponibles au taux de salaire courant.
 Il y aura un chômage structurel lorsque, pour une raison ou pour
une autre, le taux de salaire sur le marché du travail est, pour une
longue période, supérieur au taux de salaire d’équilibre.
 Le chômage structurel n’est pas dû à une mauvaise
conjoncture économique.
 Contrairement au chômage frictionnel, le chômage structurel
peut être la cause d’un chômage de longue durée.
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel
 Le chômage structurel a principalement deux composantes :
 Des travailleurs peu ou pas qualifiés qui ont beaucoup de
difficultés à trouver un emploi stable. Ils occupent le plus
souvent des emplois mal rémunérés et de courte période ;
 Des travailleurs qui occupaient un emploi dans un secteur ou
une région économiquement sinistrés. Les réallocations
d’emplois vers des activités ou des régions en expansions
posent souvent des problèmes de reconversion qui peuvent
provoquer de longues périodes de chômage en raison de
l’inadéquation entre les compétences proposées par les
travailleurs et les besoins des entreprises.
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel
 Fondamentalement, l’existence d’un chômage structurel repose
sur la rigidité à la baisse des salaires réels.
 On distingue généralement plusieurs sources de rigidité des
salaires réels :
 L’existence de salaires minimum : Lorsque la législation
impose un salaire minimum supérieur un salaire d’équilibre
pour certains travailleurs peu qualifiés, cette rigidité légale du
salaire réel peut créer un chômage involontaire durable ;
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel
 On distingue généralement plusieurs sources de rigidité des
salaires réels :
 Le rôle des syndicats : En négociant collectivement pour les
travailleurs d’une entreprise ou d’un secteur d’activité, les
syndicats on un pouvoir de négociation qu’ils mettent
prioritairement au service des personnes qui sont déjà en
emploi :
 Ils peuvent obtenir des niveaux de salaire supérieurs aux
salaires d’équilibre (taux de salaire de plein emploi) ce
qui, globalement crée une rigidité à la baisse des salaires
réels et peut ainsi aggraver le chômage structurel.
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel
 On distingue généralement plusieurs sources de rigidité des
salaires réels :
 Les effets désincitatifs de certaines politiques publiques :
Certains économistes suggèrent que les politiques publiques
d’aide aux travailleurs qui perdent leur emploi peuvent avoir
des effets pervers involontaires :
 Des allocations chômages « généreuses » peuvent
réduire l’incitation des chômeurs à retrouver un emploi le
plus rapidement possible (on peut être incité à attendre
de trouver une meilleure offre plutôt que d’accepter le
premier emploi trouvé).
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel

Indice de protection de l’emploi en Europe, 1995


Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel

Durée des indemnités chômage en Europe (en mois), 2008


Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel
 On distingue généralement plusieurs sources de rigidité des
salaires réels :
 Les salaires d’efficience: Payer un salaire plus élevé que le
salaire d’équilibre du marché du travail permet de motiver les
travailleurs pour qu’ils fournissent un meilleur effort et pour
minimiser les coûts de turnover (coûts d’embauche, de
formation…).
 C’est la théorie du salaire d’efficience.
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel
 La théorie du salaire d’efficience
 Pourquoi des salariés mieux rémunérés seraient-ils plus
efficaces ?
 La carotte et le bâton :
• La carotte : les travailleurs qui se sentiront bien traités
(mieux payés et moins de réduction de salaire en périodes
de récession) fourniront plus d’efforts pour être plus efficaces
(Akerlof, 1982) ;
• Le bâton : les salariés conscients de bénéficier de conditions
privilégiées dans leur entreprises ont peur de perdre leur
emploi car il savent qu’il sera difficile de trouver des
conditions similaires ailleurs (Shapiro et Stiglitz, 1984).
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel
 La détermination du salaire d’efficience
 Pour maximiser son profit, la firme va proposer le niveau
de salaire qui maximise le niveau d’effort fourni par unité
de salaire réel (le niveau total d’effort E divisé par le taux
de salaire réel w).
 Ce taux de salaire optimal pour la firme s’appelle le taux de
salaire d’efficience.
 L’employeur proposera donc toujours un taux de salaire qui
maximise le degré d’effort fourni par le salarié.
 Tant que la courbe d’effort du salarié ne change pas, la
firme ne modifiera pas son salaire réel. Le taux de salaire est
donc rigide.
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel
 La détermination du salaire d’efficience
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel
 La détermination du taux de chômage
 Puisque le taux de salaire d’efficience est supérieur au
taux de salaire réel qui permettrait d’obtenir le plein emploi,
le niveau d’emploi de l’économie est déterminé par la
demande de travail des firmes pour le niveau de salaire
d’efficience.
 Il existe donc un niveau de chômage d’équilibre qui
persiste à long terme, en l’absence même de chocs
négatifs et de chômage frictionnel.
 Un employeur refuserait d’embaucher un chômeur qui
accepterait un taux de salaire inférieur au taux de salaire
d’efficience car celui-ci ne fournirait pas l’effort optimal.
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel
 La détermination du taux de chômage
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage structurel
 Exemple : En 1914, Henry Ford décide de payer ses salariés 5$
pour une journée de travail de 8h (au lieu de 2.3 $ pour une
journée de 9h)
 Le turnover passe de 370 % à 16 % en deux ans !

Taux de turnover et de licenciement annuels chez Ford (%)


1913–1915
1913 1914 1915
Turnover 370 54 16
Licenciement 62 7 0.1
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage naturel
 Le chômage naturel est le chômage qui résulte du chômage
frictionnel et du chômage structurel

Chômage naturel = chômage frictionnel + chômage structurel

 Le chômage naturel est le taux de chômage « normal » autour


duquel fluctue le taux de chômage courant.
 Le chômage cyclique est la part du chômage induit par les
variations conjoncturelles de l’activité économique

Chômage cyclique = chômage courant – chômage naturel


Imperfections de marché et chômage
 Le chômage naturel
 Le taux de chômage naturel n’est pas constant dans le temps.
Plusieurs facteurs expliquent sa variation :
 Les évolutions des caractéristiques de la population active
(évolution de la proportion de travailleurs jeunes, de
femmes, de travailleurs inexpérimentés, etc…)
 Les modifications des institutions du marché du travail
(poids des syndicats, des agences de travail intérimaire,
sites internet de recherche d’emploi, etc…)
 Les changements de politique publiques (salaire minimum,
allocations chômage, subventions à l’emploi, programmes
de formation, etc…)
Imperfections de marché et chômage
 Le chômage naturel

Taux de chômage observé et taux de chômage naturel (Etats-Unis)


Le modèle WS / PS
 Un modèle de chômage d’équilibre
 A la fin des années 1980, les travaux de Richard Layard et
Stephen Nickell sur le chômage britannique les conduisent à
proposer un modèle de chômage qui fait aujourd’hui référence
pour expliquer l’existence d’un chômage d’équilibre : le modèle
WS / PS.
 Dans ce modèle, le chômage résulte de la confrontation entre :
 une courbe WS (Wage Setting), représentant la fixation
des salaires comme résultat d’une négociation entre
employeurs et syndicats ;
 une courbe PS (Price Setting) résumant le côté demande
de travail et le processus de détermination des prix.
Le modèle WS / PS
 La courbe WS
 Le salaire nominal W est modélisé comme une fonction :
 Du niveau général des prix anticipé Pe ;
 Du taux de chômage u ;
 D’un ensemble d’autres éléments qui peuvent accroitre le
pouvoir de négociation des salariés et qui sont capturés
par une variable « fourre-tout » z (exemple : le niveau des
allocations chômage, le niveau du salaire minimum légal,
le niveau de protection social, etc…)

W  P  F u, z

e
 
 
Le modèle WS / PS
 La courbe WS
 Le rôle du niveau général des prix anticipé Pe :

W  P  F u, z

e
 
 

 Les négociations salariales portent sur la valeur du salaire


nominal. Cependant, la variable pertinente pour les salariés
comme pour les entreprises est le salaire réel.
 Les négociations salariales n’ont lieu que périodiquement et
conditionnent souvent l’évolution des salaires pour plusieurs
années.
 Au moment de la négociation, la valeur future du niveau général
des prix n’est pas connue, il faut donc l’anticiper.
Le modèle WS / PS
 La courbe WS
 Le rôle du taux de chômage u :

W  P  F u, z

e
 
 

 Un taux de chômage élevé réduit le pouvoir de négociation des


salariés. Les salariés craignent de perdre leur emploi et les firmes
savent qu’il est relativement aisé d’embaucher.
 Un marché du travail tendu (faible taux de chômage) accroit au
contraire le pouvoir de négociation des salariés.
 Le taux de salaire est donc une fonction décroissante du taux de
chômage.
Le modèle WS / PS
 La courbe WS

W
P W
P e  
 F u, z
 

WS’(z’>z)

WS(z)

u
Le modèle WS / PS
 La courbe PS
 Le niveau général des prix P est fonction :
 Du coût marginal de production des firmes ;
 Du taux de marge appliqué par les firmes.
 Le coût marginal de production des firmes dépend de leur
fonction de production.
 Considérons la fonction de production la plus simple qui soit :

Y  A L  Y  L (avec A  1)
 Le coût marginal de production est égal au taux de salaire
W.
Le modèle WS / PS
 La courbe PS
 Sur un marché parfaitement concurrentiel, le prix d’un bien est
égal à son coût marginal de production.
 En concurrence imparfaite, les firmes bénéficient d’un pouvoir
de marché qui leur permet d’appliquer un taux de marge positif
:
P  (1   ) W

 Sur un marché concurrentiel,  = 0.


 En concurrence imparfaite,  > 0.
 En modifiant , les firmes influencent le taux de salaire réel.
Le modèle WS / PS
 La courbe PS
 A partir de l’équation de la courbe PS, il est possible d’exprimer
le taux de salaire réel en fonction du taux de marge :

P  1     W
P
 1 
W
W 1

P 1 
 On peut ainsi représenter la courbe PS dans le même plan
que la courbe WS.
Le modèle WS / PS
 La courbe PS

Régulation des marchés des produits et salaires en Europe


Le modèle WS / PS
 La courbe PS

W
Le taux de salaire réel induit
P par l’équation de prix (courbe
PS) est indépendant du taux
de chômage.

1
PS
1 

u
Le modèle WS / PS
 Le taux de chômage d’équilibre
 L’équilibre du marché du travail nécessite que le salaire réel qui
résulte des négociations salariales (équation WS) soit
compatible avec la valeur du salaire réel qui découle du
comportement de fixation des prix des firmes (équation PS)

W
Equation de WS e
 F (u , z )
P
W 1
Equation de PS 
P 1 
Le modèle WS / PS
 Le taux de chômage d’équilibre
 Supposons à présent que les anticipations des agents
concernant le niveau général des prix sont parfaites :

P P
e

 Le marché du travail est à l’équilibre lorsque :

1
F  u, z  
1 
Le modèle WS / PS
 Le taux de chômage d’équilibre

W
P

1 A
PS
1 

WS

un u
Le modèle WS / PS
 Le taux de chômage d’équilibre
 Remarque : Le taux de chômage d’équilibre dépend de
paramètres structurels :
 Sur le marché du travail (z) : allocations chômage, niveau
de protection sociale, institutions, etc…
 Sur le marché des biens et services () : intensité de la
concurrence, barrières à l’entrée, réglementation, etc…

 Si les anticipations du niveau général des prix sont


correctes, le taux de chômage d’équilibre est constant.
 La notion de chômage d’équilibre est très proche de celle de
chômage naturel.
Le modèle WS / PS
 Le taux de chômage d’équilibre

W Une augmentation des allocations


chômage (par ex.) déplace la courbe
P WS vers la droite et augmente le taux
de chômage d’équilibre.

1 A A’
PS
1  WS’

WS

un u’n u
Le modèle WS / PS
 Le taux de chômage d’équilibre
Un accroissement du degré de
W compétition sur le marché des biens et
P services diminue le taux de marge et
réduit le taux de chômage d’équilibre.
A’
PS’

1 A
PS
1 

WS

u’n un u
Le modèle WS / PS
 Du taux de chômage naturel au produit naturel
 Le taux de chômage naturel (taux de chômage d’équilibre)
permet de définir un niveau d’emploi naturel, c’est-à-dire le
niveau d’emploi qui prévaut lorsque le taux de chômage effectif
est égal au taux de chômage naturel :

U N L L
u   1  L  N (1  u )
N N N
 Ln  N (1  un )

Ln désigne le taux d’emploi naturel et N la population active


Le modèle WS / PS
 Du taux de chômage naturel au produit naturel
 Enfin, le niveau d’emploi naturel permet de définir le niveau du
produit naturel (produit potentiel) comme le niveau de production
qui prévaut lorsque le taux de chômage effectif est égal au taux
de chômage naturel :

Yn  Ln  N (1  un )

 Lorsque les anticipations du niveau général des prix sont


correctes, l’équilibre qui s’établit sur le marché du travail est
tel que le taux de chômage effectif est égal au taux de
chômage naturel et le produit global est égal au produit
naturel (PIB potentiel).
Le modèle WS / PS

Etats-Unis Zone Euro

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