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Rappels sur les nombres complexes

1 Introduction.
La construction de l’ensemble des nombres complexes est motivée par le fait que
certaines équations polynomiales telles que l’équation x2 + 1 = 0 n’ont pas de
solutions réelles.
Dans ce chapitre, nous allons construire un corps commutatif que nous noterons
C qui contient le corps des nombres réels R comme sous-corps. Il se trouve que
dans cet ensemble C toute équation algébrique P (x) = 0, où P est un polynôme
non constant, a des solutions, ce qui se traduira en disant que C est algébrique-
ment clos. C’est le théorème de d’Alembert-Gauss dit théorème fondamental de
l’algèbre. Il se trouve aussi que, contrairement à R ; l’ensemble C que nous au-
rons construit ne peut pas être muni d’une relation d’ordre compatible avec la
multiplication, c’est-à-dire telle que si x ≤ y et 0 ≤ z ; alors x.z ≤ y.z.

1.1 Conditions nécessaires à la construction de C.


Supposons que nous ayons construit un ensemble C contenant R muni d’opéra-
tions d’addition et multiplication qui prolongent celles que nous connaissons sur
les réels avec les même propriétés (mises à part celle relatives à la relation d’ordre
≤ sur R) et tel que l’équation x2 + 1 = 0 admette au moins une solution i dans C :
Pour tous réels x, y, le nombre z = x + iy sera alors dans C et l’égalité z = 0 est
réalisée si, et seulement si, x = y = 0 : En effet, si y = 0, alors x = 0 et si y 6= 0,
alors i = − xy est réel, ce qui n’est pas possible puisque l’équation x2 + 1 n’a pas
de solution réelle. Il en résulte que pour x, x0 , y, y 0 réels l’égalité x + iy = x0 + iy 0
est réalisée si, et seulement si, x = x0 et y = y 0 . De plus pour l’addition et la
multiplication de deux éléments z = x + iy et z 0 = x0 + iy’ de C ; on doit avoir :

z + z 0 = (x + x0 ) + i(y + y 0 )


zz 0 = (xx0 − yy 0 ) + i(xy 0 + yx0 ).

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1.2 Construction de C.
Les considérations précédentes nous conduisent à définir sur l’ensemble R2 des
couples de réels les opérations d’addition et de multiplication suivantes, où z =
(x, y) et z 0 = (x0 , y 0 ) sont deux éléments quelconques de R2 :

z + z 0 = (x + x0 , y + y 0 )


zz 0 = (xx0 − yy 0 , xy 0 + yx0 ).

On notera C l’ensemble R2 muni de ces deux opérations (ou lois de composition


interne) et on l’appelle ensemble des nombres complexes. La multiplication de
deux nombres complexes z et z 0 sera notée z.z 0 ou plus simplement zz 0 . L’ appli-
cation de R dans C donnée par x 7→ (x, 0) est injective, ce qui permet d’identi-
0
fier R au sous ensemble R de C formé des couples (x, 0) : Cette identification
x = (x, 0) est bien compatible avec les opérations d’addition et de multiplication
des réels dans le sens où :
x + x0 = (x, 0) + (x0 , 0) = (x + x0 , 0) = x + x0


xx0 = (x, 0)(x0 , 0) = (xx0 , 0) = xx0 .

On vérifie sans peine que C est un corps commutatif qui contient R comme sous-
corps.En posant i = (0, 1) , on a : i2 = (0, 1)(0, 1) = (−1, 0) = −1 et on en déduit
que 1i = −i. Le nombre complexe −i est aussi solution de l’équation x2 + 1 = 0
et i, −i sont les seules solutions de cette équation. En effet si α2 + 1 = 0, on a
α2 = −1 = i2 et α2 − i2 = (α − i)(α + i) = 0 de sorte que α = i ou α = −i.
Théorème 1 Tout nombre complexe s’écrit de manière unique z = x + iy, où x
et y sont deux réels appelés, respectivement, partie réelle et parie imaginaire de
z et notés respectivement Re(z) et Im(z).
Preuve. Un nombre complexe s’écrit de manière unique :

z = (x, y) = (x, 0) + (0, y) = (x, 0)(1, 0) + (y, 0)(0, 1) = x.1 + y.i = x + iy.

1.3 Conjugué et module d’un nombre complexe.


Définition 1 Le conjugué du nombre complexe z = x+iy est le nombre complexe
z̄ = x − iy.

On déduit immédiatement de cette définition les propriétés suivantes du conjugué.


Théorème 2 Pour tous nombres complexes z et z 0 , on a :
1. z̄¯ = z.
2. z + z 0 = z̄ + z¯0 .

2
3. zz 0 = z̄ z¯0 .
4. Re(z) = z+z̄ 2
.
z−z̄
5. Im(z) = 2i .
6. z est réel si, et seulement s,iz = z̄.
7. z est imaginaire pur, c’est à dire que sa partie réelle est nulle si, et seulement
si, z̄ = −z.
8. z z̄ = Re(z)2 + Im(z)2 ∈ R+ .

Le dernier point du théorème précédent permet de donner la définition suivante.


√ p
Définition 2 Le module de z = x + iy est le réel |z| = z z̄ = x2 + y 2 .

Dans le cas où z est réel, |z| est la valeur absolue de z. On vérifie facilement les
propriétés suivantes liées au module.

Théorème 3 Pour tous nombres complexes z et z 0 , on a :


1. |z| ≥ 0 et |z| = 0 si, et seulement si, z = 0.
2. |z| = |z̄|.
3. |zz 0 | = |z||z 0 |.
4. Si z = x + iy 6= 0, alors z −1 = z1 = |z|z̄ 2 = xx−iy
2 +y 2 .
|z|
0
z
5. Si z 6= 0, alors 0 = 0 .
z |z |
6. |z| = 1 si, et seulement si, z1 = z̄.
7. |z + z 0 |2 = |z|2 + 2Re(zz 0 ) + |z 0 |2 .
8. |Re(z)| ≤ |z| et l’égalité est vraie si, et seulement si, z est réel.
9. |Im(z)| ≤ |z| et l’égalité est vraie si, et seulement si, z est imaginaire pur.
10. |Re(zz 0 )| ≤ |z||z 0 |, c’est linegalité de Cauchy–Schwarz.
11. |z + z 0 | ≤ |z| + |z 0 |, c’est l’inégalité triangulaire.
12. ||z| − |z 0 || ≤ |z − z 0 | ≤ |z| + |z 0 |, c’est linegalité triangulaire inversée.

Du point 3. on déduit que pour tout nombre complexe z et tout entier naturel n, on
a |z n | = |z|n . Cette égalité étant encore valable pour n entier relatif et z non nul.
Du point 8. on déduit l’inégalité de Cauchy-Schwarz, qui avec le point 7. implique
l’inégalité triangulaire .

1.4 Argument et forme trigonométrique d’un nombre complexe.


Le résultat suivant est la base de la définition de l’argument d’un nombre com-
plexe.

Théorème 4 Si z est un nombre complexe de module 1, il existe un unique réel


θ ∈] − π, π] tel que z = cos(θ) + i sin(θ).

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Preuve. Le nombre complexe z = x + iy est de module 1 si, et seulement si
x2 + y 2 = 1. En particulier x est dans [−1, 1] et comme cosinus est une bijection
de [0, π] sur[−1, 1], il existe un unique réel α ∈ [0, π] tel que x = cos(α). Avec
y 2 = 1 − x2 = sin2 (α) on déduit que y = ± sin(α), soit y = sin(±α). Avec
la parité de la fonction cosinus, on peut écrire que x = cos(±α) et on aboutit à
(x, y) = (cos(θ), sin(θ)) avec θ ∈] − π, π] (pour (x, y) = (cos(−π), sin(−π)) =
(−1, 0), on écrit (x, y) = (cos(π), sin(π))). Si θ0 ∈] − π, π] est une autre solution
de z = cos(θ) + i sin(θ), de cos(θ) = cos(θ0 ), on déduit que θ = ±θ0 . Si θ0 = −θ,
alors de sin(θ) = sin(θ0 ) = sin(−θ) = − sin(θ), on déduit que θ vaut 0 où π,
mais 0 est la seule solution puisque θ0 = −π 6∈] − π, π]. D’où l’unicité.

Corollaire 1 Pour tout nombre complexe non nul z, il existe un unique réel θ ∈
] − π, π] tel que z = |z|(cos(θ) + i sin(θ)).

On appelle argument principal de z et on note Arg(z), le réel θ précédent . Tout


autre réel θ0 vérifiant cette équation est congru à θ modulo 2π, on l’appelle un
argument de z et on le note arg(z). L’écritrue z = |z|(cos(θ)+i sin(θ)) est appelée
forme trigonométrique de z. Le théorème suivants donne quelques propriétés des
arguments d’un nombre complexe.

Théorème 5 En désignant par z et z 0 des nombres complexes non nuls, λ un réel


non nul et n un entier relatif, on a :
1. arg(z̄) = − arg(z) + 2kπ, k ∈ Z.
2. arg(zz 0 ) = arg(z) + arg(z 0 ) + 2kπ, k ∈ Z.
3. arg( zz0 ) = arg(z) − arg(z 0 ) + 2kπ = arg(zz 0 ) + 2kπ, k ∈ Z.
4. arg(z n ) = n arg(z) + 2kπ, k ∈ Z.
5. Si λ > 0, arg(λz) = arg(z)+2kπ, si λ < 0, alors arg(λz) = arg(z)+(2k+1)π,
k ∈ Z.
6. z esr réel si, et seulement si arg(z) = kπ, k ∈ Z.
7. z 6= 0 est imaginaire pur si, et seulement si arg(z) = (π/2) + kπ, k ∈ Z.

1.5 Exponentielle et forme polaire d’un nombre complexe.


En désignant par ψ l’application qui associe à tout réel θ le nombre complexe
ψ(θ) = cos(θ) + i sin(θ) on réalise une application surjective de R sur l’ensemble
Γ des nombres complexes de module 1. Cette application n’est pas injective, mais
sa restriction à ] − π, π] est une bijection sur Γ. On remarque que cette application
vérifie ψ(0) = 1 et pour tous réels θ et θ0 , l’équation ψ(θ + θ0 ) = ψ(θ)ψ(θ0 ), c’est
à dire la même équation fonctionnelle que l’exponentielle réelle. Cette remarque
justifie la notation définition eiθ = cos(θ) + i sin(θ) pour tout réel θ. Un nombre
complexe non nul peut donc s’écrire sous la forme z = ρeiθ , où ρ est le module|z|
de z et θ sont argument. Cette écriture est l’écriture polaire (où trigonométrique)

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de z. Maintenant si on veut définir l’exponentielle ez d’un nombre complexe z =
0 0
a + ib tout en ayant ez+z = ez ez , on est conduit à poser ez = ea+ib := ea eib =
ea (cos b + i sin b). On a en particulier les formules suivantes dites d’Euler :
( iθ −iθ
cos(θ) = Re(eiθ ) = e +e 2
iθ −iθ
sin(θ) = Im(eiθ ) = e −e 2i

et la formule de De Moivre :

(cos(θ) + i sin(θ))n = (eiθ )n = einθ = cos(nθ) + i sin(nθ),

qui à l’aide de la formule du binôme de Newton s’écrit


n
X
cos(nθ) + i sin(nθ) = Cnk cosk (θ) sin(n−k) (θ)i(n−k)
k=0

et la séparation des parties réelles et imaginaires permet d’exprimer cos(nθ) et


sin(nθ) comme combinaisons linéaires de puissance de cos(θ) et sin(θ). L’utili-
sation des formules d’Euler et de la formule du binôme de Newton nous permet
d’exprimer des puissances de cos(θ) et sin(θ) comme combinaisons linéaires de
cos(pθ) et sin(qθ). On dit qu’on linéarise cosn (θ) ou sinm (θ), n et m étant des
entiers naturels.

1.6 Racines n–ièmes d’un nombre complexe.


Étant donné un nombre complexe non nul α et un entier naturel non nul n, on
appelle racine n-ième de α tout nombre complexe z tel que z n = α. En écrivant α
sous sa forme polaire α = ρeiθ avec ρ > 0 et θ un de ses arguments, on voit que le
√ θ
nombre complexe z0 = n ρ ei n est une racine
 n–ième de α. Pour tout autre racine
n
n–ième z de α on aura z n = z0n , soit zz0 = 1 et la connaissance de toutes les
racines n-ièmes de l’unité 1 nous fournira toutes les racines n-ièmes de α.
Théorème 6 Soit n un entier naturel non nul. Il y a exactement n racines n-ièmes
de l’unité qui sont données par :
   
ikπ kπ kπ
ωk = e = cos
n + i sin (0 ≤ k ≤ n − 1).
n n
Preuve. Si z n = 1, on a alors |z|n = |z n | = 1, donc |z| = 1 et z = eiθ avec
θ ∈ R. L’équation z n = 1 équivaut alors à nθ = 2kπ, k ∈ Z. Les racines n-
2kπ
ièmes de l’unité sont donc les nombres complexes e n , k ∈ Z. A l’aide de la
division euclidienne de k par n, on montre qu’il y exactement n racines distinctes
de l’unité.

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Corollaire 2 Soit n un entier naturel non nul. Tout nombre complexe non nul
α = ρeiθ a exactement n racines n–ièmes données par
√ i(θ+2kπ)
uk = n
ρe n (0 ≤ k ≤ n − 1).

Exemple d’utilisation : la résolution d’une équation du second degré. On


cherche les solutions de l’équation az 2 + bz + c = 0, où les coéficients a, b et
c sont des réels ou des complexes (a 6= 0). Comme dans le cas réel (en classe de
Seconde), on factorise sous la forme
2
b2 − 4ac

b
z+ =
2a 4a2

Soient δ et −δ les deux racines 2–èmes de ∆ := b2 − 4ac dans C . Les solutions


de l’équation du second degré introduite au-dessus sont :
−b + δ −b − δ
z1 = et z2 = .
2a 2a

1.7 Nombres complexes et géométrie.


On appelle plan complexe P un plan muni d’un repèere orthonormé direct (O; ~e1 , ~e2 ).
Soit V l’ensemble des vecteurs (correspondant aux points) du plan P , rapporté à la
base orthonormée directe (~e1 , ~e2 ). Le nombre complexe z = a + ib est représenté
par le vecteur ~v (de V ) de coordonnées (a, b) ; l’application de représentation
est : (a + ib) ∈ C 7→ ~v = a~e1 + b~e2 ∈ V. On dit que a + ib est l’affixe de ~v et
~v est l’image vectorielle de z. Le nombre complexe z = a + ib est aussi repré-
senté par le point M (de P ) de coordonnées (a, b) ; l’application de représentation
est : (a + ib) ∈ C 7→ M ∈ P , de coordonnées (a, b). On dit encore que a + ib
est l’affixe de M et M est l’image ponctuelle de z. Le module de z est alors la
−→
distance euclidienne de O à M où encore la longueur du vecteur ~v =OM . Un
−→
argument de z est une mesure de l’angle des vecteurs ~e1 et OM .

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