son école ; il fut même admis à participer au concours de la ville
de Cincinnati où il remporta le troisième prix.
«Voilà un enfant qui avait été recalé deux années de suite, à qui on avait dit que son cerveau avait été endommagé, un enfant que 256 ses camarades traitaient de Frankenstein dont le cerveau avait fui par sa blessure à la tête Et il découvrait qu’il pouvait vraiment apprendre et créer. Le résultat? De la quatrième à l’université, il figura régulièrement au tableau d’honneur. Après avoir compris qu’apprendre était facile, sa vie entière en fut changée. » Si vous voulez aider les autres à progresser, rappelez-vous le... PRINCIPE 29 Encouragez. Que l’erreur semble facile à corriger. 257 CHAPITRE 30 COMMENT MOTIVER On était en 1915. Depuis plus d’un an, les nations d’Europe s’entretuaient dans le plus effroyable mas sacre jamais vu. L’Amérique était plongée dans la consternation. Pourrait-on jamais rétablir la paix? Nul ne le savait. Cependant, Wilson était résolu à faire un effort pour y parvenir. Il allait envoyer un émissaire pour tenir conseil avec les dirigeants européens. William Jennings Bryan, l’apôtre de la paix, brûlait de partir. Il entrevoyait la possibilité de servir une grande cause et de rendre son nom immortel. Mais Wilson choisit un autre homme, le colonel House, son ami intime. Et c’est à ce dernier qu’incomba le difficile devoir d’annoncer la nouvelle à Bryan. Il rapporta l’entrevue dans son journal: «Bryan se montra fort désappointé quand il sut que j’étais chargé de la mission qu’il convoitait. « Je répondis que le Président était d’avis qu’il serait peu prudent de rendre cette démarche officielle. Or, si Bryan partait, sa personnalité fort connue attirerait l’attention, on se demanderait pourquoi il était venu...» «Vous êtes trop important pour cette mission », voilà ce qu’il laissait entendre. Et Bryan fut satisfait. Adroit et expérimenté, le colonel House mettait en pratique l’un des grands principes qui régissent les rapports des hommes entre eux: Faites en sorte que les autres soient heureux de faire ce que vous suggérez. 258 Quand Wilson invita McAdoo à faire partie de son cabinet, il observa aussi ce principe, et, pourtant, ce qu’il proposait n’était pas un sacrifice, mais, au contraire, un immense honneur. Il agit de telle sorte que l’autre se sentit doublement flatté. Laissons McAdoo raconter l’épisode: «Wilson me dit qu’il serait très heureux si je voulais bien accepter le portefeuille de secrétaire du Trésor. Il avait une manière exquise d’exprimer les choses: il me donnait l’impression qu’en acceptant ce grand honneur, c’était encore moi qui lui ferais une faveur. » Les hommes d’Etat et les diplomates ne sont pas les seuls à appliquer le principe «Rendez les autres heureux de faire ce que vous suggérez ». Dale O. Ferrier de Fort Wayne, dans l’Indiana, a raconté comment il a encouragé un de ses jeunes enfants à accomplir de bonne grâce les corvées dont on le chargeait: L’une de ces corvées consistait à ramasser les poires pour que la personne chargée de tondre la pelouse n’ait pas à s’arrêter sous les poiriers pour les enlever. Il n’aimait pas ce travail et il lui arrivait sou vent, soit de ne pas le faire du tout, soit de le faire si mal que, pour couper l’herbe, il fallait quand même s’arrêter et ramasser les poires oubliées. Pour éviter un affrontement, je lui dis un jour: “Jeff, je te pro pose un marché. Pour chaque panier de poires que tu ramasseras, je te donnerai un dollar. Mais si, ton travail terminé, je trouve encore des poires par terre, je t’enlèverai un dollar par poire. Qu’est-ce que tu en dis ?“ Comme c’était à prévoir, non seulement il ramassa toutes les poires mais je dus le surveiller pour qu’il n’en cueille pas dans les arbres afin d’en remplir ses paniers Je connais un orateur qu’on invite de tous côtés à donner des conférences. Comme il ne peut satisfaire tout le monde, il est constamment obligé de refuser, mais il le fait d’une manière si 259 habile que le solliciteur s’en va content malgré tout. Comment opère- t-il? Evidemment, il ne se borne pas à dire qu’il est surchargé de travail, etc. Non. Après avoir exprimé ses remerciements et le regret de ne pouvoir accéder à la demande formulée, il s’empresse de suggérer un remplaçant. En somme, il ne laisse pas à l’intéressé le temps d’éprouver une déception. Il fait vite dévier sa pensée vers l’autre conférencier. Gunther Schmidt, participant à notre Entraîne ment en Allemagne, nous raconta qu’une employée de son magasin négligeait de placer correctement sur les rayons les étiquettes de prix. Cela créait un désordre dont les clients se plaignaient. Remarques et remontrances n’y faisaient rien. Finalement, M. Schmidt la convoqua dans son bureau, lui annonça qu’il la nommait responsable des étiquettes pour tout le magasin et qu’à l’avenir elle devrait veiller à un étiquetage correct des rayons. Cette pro motion changea radicalement son attitude et, depuis ce jour, elle s’acquitta parfaitement de ses fonctions. Pour modifier une attitude ou un comportement, il est utile de garder en mémoire les points suivants: 1. Soyez sincère. Ne faites pas de fausses promesses. Oubliez votre propre intérêt et concentrez- vous sur l’intérêt de votre interlocuteur. 2. Sachez exactement ce que vous voulez que votre interlocuteur fasse. 3. Mettez-vous à la place de votre interlocuteur. Demandezvous ce qu’il veut réellement. 260 4. Considérez les avantages que votre interlocuteur peut retirer en accomplissant ce que vous lui proposez. 5. Faites que ces avantages soient en accord avec les désirs de votre interlocuteur. 6. Quand vous faites votre proposition, formulez-la de telle manière que votre interlocuteur comprenne qu’il va en retirer un avantage personne! Bien sûr, nous pourrions donner un ordre direct du style: «John, nous recevons des clients demain et il faut absolument que le bureau soit propre. Alors, passez le balai, rangez les papiers sur les étagères et faites briller les tables. » Nous pouvons aussi exprimer la même idée en montrant à John le bien fait qu’il peut en retirer. « John, nous avons un travail à terminer sans perdre une minute. Je dois recevoir quelques clients demain. J’aimerais leur montrer le bureau, mais il est en triste état. Si vous pouviez balayer, ranger les dossiers sur les étagères, faire briller les tables, nous serions plus crédibles et vous auriez contribué à la bonne image de l’entre prise. » John ne sera peut-être pas très heureux de faire ce que vous lui proposez, mais plus heureux tout de même que si vous n’aviez pas mentionné ces avantages. A supposer que John soit fier du magasin et ait à coeur de contribuer à l’image de marque de l’entreprise, il y a de fortes chances pour qu’il coopère. Il serait naïf de croire que vous obtiendrez toujours de cette façon une réaction favorable. Mais si vous n’augmentez vos succès que 261 de dix pour cent, vous êtes tout de même un leader dix pour cent plus efficace — ce qui, pour vous, est un avantage certain. Vous trouvez cela puéril? Peut-être. C’est aussi la remarque que l’on fit à Napoléon lorsqu’il fonda la Légion d’honneur, distribua quinze mille croix à des soldats, donna le grade de « maréchal de France» à dix-huit de ses généraux et le nom de «Grande Armée» à ses troupes. A ceux qui se moquaient de lui parce qu’il récompensait ses rudes vétérans par des « hochets », il répondit : « Les hommes sont gouvernés par des hochets. » Sachons, comme Napoléon, dispenser les titres et l’autorité, et nous obtiendrons les mêmes résultats que lui. Mme Gent, une de mes amies dont je vous ai déjà parlé, avait, devant sa maison, une belle pelouse que des garnements s’amusaient à piétiner et à ravager. Réprimandes, menaces, cajoleries, rien n’y faisait. Alors, elle usa d’un autre stratagème. Elle appela le plus enragé des coupables, le promut « détective » et le chargea de chasser de sa pelouse tous les intrus, quels qu’ils fussent. Du coup, elle avait résolu le problème. Le « détective » alla même jusqu’à faire un feu derrière la maison, y fit chauffer à blanc une petite barre de fer, et menaça de brûler le premier garçon qui oserait marcher sur la pelouse! Il avait manifestement pris son rôle — un peu trop — à coeur... Les autres vous suivront plus facilement si vous utilisez le... PRINCIPE 30 Rendez les autres heureux de faire ce que vous suggérez. DALE CARNEGIE TRAINING ® LEADER MONDIAL DE LA FORMATION CONTINUE 262