par vos déclarations vaniteuses, vous me faites sentir mon infériorité... Puis, vous venez me demander de vous donner « ‘la priorité ». Et vous n’ajoutez même pas: s’il vous plaît!) Une prompte réponse nous informant de vos récentes activités servira nos intérêts mutuels. 63 (L’imbécile! Il m’adresse une formule polycopiée, une circulaire, dont les copies sont aussi nombreuses qu’au vent les feuilles d’automne Il a l’audace de me demander, à moi qui suis tracassé par mon échéance, ma tension artérielle, mes rosiers et je ne sais plus combien d’autres soucis, de prendre la peine de dicter une lettre personnelle en réponse à sa misérable circulaire. Et « promptement » encore! Ne savez-vous pas, monsieur, que je suis tout aussi occupé que vous, du moins je me plais à le croire... Je n’aime pas beaucoup votre ton cavalier... Tiens! Vous dites ici que notre collaboration «servira nos intérêts mutuels ». Enfin! Vous avez commencé à vous intéresser à mon point de vue... Mais de quelle manière vague!) Sincères salutations. Signé: ***, directeur. P.-S. : L’extrait ci-joint du journal de Blank ville vous intéressera, et peut-être jugerez-vous bon de le radio diffuser à votre poste. (C’est dans ce post-scriptum, tout à la fin, que vous indiquez finalement quelque chose qui pourrait m’être utile. Pourquoi n’avez-vous pas commencé votre lettre par là ?... Mais je ne veux pas gaspiller mes conseils... Quand un homme qui se prétend agent de publicité est capable de perpétrer pareilles élucubrations, c’est qu’il est atteint de crétinisme avancé... Non, monsieur: ce qu’il vous faut, ce n’est pas une lettre vous renseignant sur mes plus récentes activités, c’est un peu d’iode pour votre glande thyroïde!) 64 En vérité, si un homme qui passe sa vie à étudier la publicité, et se pose en expert dans l’art d’influencer ses semblables, rédige ainsi ses lettres de pros -pection, alors que pourrons-nous attendre d’un non- spécialiste ? à un de nos participants, Mr. Edward Vermylen. Quel effet eut elle sur son destinataire ? Lisez d’abord, et je vous renseigne rai ensuite. MM. A. ZEREGA et Fils, Fabrique de Pâtes alimentaires, 28, Front Street, Brooklyn (New York). A l’attention de Mr. Edward Vermylen. Messieurs, « Nos opérations de chargement sont handicapées du fait qu’une grande partie du fret nous parvient seulement à la fin de l’après-midi. Il en résulte l’embouteillage du service, des heures de travail supplémentaires pour nos employés, et des retards pour les camions et même pour l’expédition des colis. Le 10 novembre, nous avons reçu de votre maison un lot de 510 caisses qui est arrivé à 4 h 20. « Nous sollicitons votre coopération pour éviter les inconvénients regrettables créés par cet état de choses. En conséquence, nous nous permettons de vous demander s’il vous serait possible, les jours où vous expédiez d’importantes quantités de marchandises, de veiller à ce que vos camions nous parviennent plus tôt, ou à ce qu’une partie des expéditions nous soit livrée dès le matin. 65 « Grâce à cet arrangement, vous aurez l’avantage d’un déchargement plus rapide de vos camions et l’assurance que vos envois seront effectués promptement. « Veuillez agréer... J. B. Contrôleur. » Après avoir lu cette lettre, Mr. Vermylen, directeur commercial de la maison A. Zerega et Fils, me la communiqua en l’accompagnant du commentaire suivant: « Cette demande eut un effet exactement opposé à celui qu’on désirait. Elle débute par la description des difficultés de la Compagnie de chemins de fer qui, au fond, ne nous intéressent pas. Puis on sollicite notre coopération sans s’inquiéter de savoir si cela nous gênera; enfin, dans le dernier para graphe, on nous promet un déchargement plus rapide de nos camions et l’envoi de nos colis le jour même de leur réception à la gare. «En d’autres termes, ce qui nous touche le plus est mentionné à la fin et, dans l’ensemble, le message suscite l’antagonisme plutôt que la coopération » Voyons si nous ne pouvons pas améliorer le texte de cette lettre. D’abord, ne perdons pas de temps à parler de nos problèmes à nous. Comme Henry Ford nous le conseille « Mettons-nous à la place de l’autre et regardons les choses de son point de vue. » Le texte proposé ci-dessous n’est peut-être pas idéal, mais ne marque-t-il pas, néanmoins, un progrès sur le précédent? Cher Monsieur, 66 « Depuis quatorze ans, nous avons le plaisir de vous avoir comme client. Naturellement nous vous en sommes très reconnaissants et nous avons à coeur de vous fournir le service rapide et efficace que vous méritez. Toutefois, nous devons vous avouer qu ‘il nous est difficile de le faire quand vos camions nous apportent un gros chargement à la fin de l’après-midi, comme ce f ut le cas le 10 novembre. En effet, un grand nombre d’autres clients nous livrent aussi leurs marchandises le soir. Cela provoque un embouteillage. Il s’ensuit que vos camions sont immobilisés au quai et que parfois même vos expéditions sont retardées. « C’est là un état de choses fort regrettable. Comment l’éviter? En livrant vos marchandises au début de l’après-midi, vos camions n’auront pas à stationner; vos envois seront effectués rapidement et nos employés pourront rentrer de bonne heure chez eux pour se régaler de ces délicieux macaronis que vous fabriquez. « Quelle que soit l’heure à laquelle nous parviendront vos marchandises, nous serons toujours heureux de vous servir le plus rapidement possible. «Je sais combien vous êtes occupé; ne vous don nez pas la peine de répondre à cette lettre. « Veuillez croire à mes sentiments tout dévoués. J. B. Contrôleur. Un jour, Barbara Anderson, qui travaillait dans une banque de New York, décida d’aller habiter Phoenix, en Arizona, persuadée que le climat conviendrait mieux à son fils. Appliquant les principes 67 qu’elle avait expérimentés dans notre Entraînement, elle adressa la lettre suivante à douze directeurs de banque de Phoenix. « Monsieur, « Mes dix années d’expérience bancaire devraient intéresser une banque en pleine expansion comme la vôtre. Mes activités au sein de la Société Fiduciaire de New York m’ont conduite au poste de directrice d’agence que j’occupe à présent. Elles m’ont permis de me spécialiser dans les différents systèmes bancaires de dépôt, de crédit, de prêt et de gestion. « Je vais m’installer à Phoenix au mois de mai et je suis sûre de pouvoir participer au développement de votre banque. Je serai à Phoenix la semaine du 3 avril et je vous serais reconnaissante de me donner l’occasion de vous montrer comment je peux aider votre établissement à atteindre ses objectifs. « Veuillez agréer... Barbara L. Anderson. » Ce n’est pas une, mais onze réponses que Mme Anderson reçut à sa lettre. Toutes lui offraient une entrevue avec la direction. Elle n’eut plus qu’à choisir. Pourquoi