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La lutte biologique par conservation et gestion des habitats

Dans le but de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires, de réduire l’érosion des sols
et la destruction des cultures par les ravageurs, la lutte biologique par conservation et
gestion des habitats a été développée par l’Organisation Internationale de Lutte Biologique
(OILB) dans les années 1990.

Objectif : Plutôt que de réintroduire chaque année des prédateurs naturels des ravageurs de
cultures, l’objectif est de les maintenir en leur créant des habitats et en leur fournissant des
sources de nourriture.

(Diapo tableau) C’est une approche top-down : l’effort est mis sur la
création/gestion/conservation d’habitats à l’échelle du paysage afin de favoriser les
auxiliaires de cultures.

(diapo bottom-up) À noter, l’approche bottom-up va se concentrer sur la santé de la plante


et du sol, en modifiant les pratiques agricoles. Ces pratiques comprennent la rotation des
cultures, le choix des plantes cultivées et les cultures intercalées, une meilleure gestion du
sol comme le paillage, pas de labour, des semis couverts... ainsi que l’utilisation de plantes
compagnes, la sélection de plantes résistantes...

(diapo schéma) En effet, “une culture peut jouer le rôle d’habitat pour une partie du cycle
des espèces auxiliaires (source de nourriture, lieu de ponte). Cependant, pour effectuer
l’ensemble de leur cycle biologique, les organismes prédateurs ont besoin d’habitats qui
offre des ressources supplémentaires et complémentaires” (https://dicoagroecologie.fr)

Les Infrastructures agroécologiques (IAE) ont pour but de favoriser les auxiliaires de cultures.
Il s’agit d’un réseau d’éléments/habitats semi-naturels interconnectés pour former une
structure (le paysage)
Ce sont des milieux semi-naturels qui ne reçoivent ni engrais, ni pesticides. Elles sont
pleinement intégrées dans l’espace agricole et elles sont gérées de manière extensive par les
agriculteurs. Les milieux semi-naturels doivent être connectés de manière linéaire ou
ponctuelle avec des milieux naturels de grande taille (bois) pour permettre la migration des
auxiliaires vers les cultures

Exemples de milieux semi-naturels :


1) (Diapo haies) les haies, lisières, mares, bosquets, arbres isolés, prairies naturelles, fossés,
murets de pierre… permettent de diversifier les habitats au sein des parcelles et à l’échelle
du paysage

Exemple arbres isolés :


Noisetier et tilleul --> floraison précoce offre des sources de nourriture pour prédateur
d’acariens et de pucerons

Les haies abritent des prédateurs comme les coccinelles, carabes, staphylins...

2) (diapo bandes fleuries) les bandes fleuries, les jachères florales pour fournir de la
nourriture aux auxiliaires de cultures, ce qui permet d’augmenter leur fitness
Ex : guêpes parasitoïdes
3) (diapo bandes enherbées) les bandes enherbées pour l’habitat d’hiver des carabes,
araignées, et staphylins

D’autres exemples comme la pose de nichoirs dans les vergers, etc.


NB : les parcelles agroforestières et les pré-vergers sont des infrastructures agroécologiques,
mais leur objectif principal lors de leur mise en place n’est pas de lutter contre les ravageurs
de cultures.

(Diapo méthodes) Méthodes de mesure de la lutte biologique : comment évaluer l’efficacité


des infrastructures agroécologiques ?

 Proie-sentinelle/Carte de prédation
 Cages d’exclusion
 Analyses moléculaires : on regarde le contenu stomacal de l’insecte prédateur pour
savoir
 Les études des dommages ou des rendements agricoles dans les articles scientifiques ne
sont pas encore pris systématiquement en compte, alors que c’est quand même
l’objectif premier de la lutte biologique. Est-ce que les pratiques agroécologiques
améliorent la lutte biologique et les rendements de la parcelle agricole.

Conclusion :

Le changement d’occupation des terres, comprenant l’agriculture et l’artificialisation des


terres, constitue le principal facteur de perte de biodiversité. L’utilisation de pesticides et
d’intrants contribuent à la disparition des insectes, à l’érosion des sols et à la disparition de
la biodiversité ordinaire.
L’aménagement d’habitats semi-naturels est un moyen efficace de lutte biologique à
l’échelle locale dans le champ, mais aussi à l’échelle du paysage lorsque ces habitats sont
reliés entre eux.

L’agriculture conventionnelle favorisent les espèces généralistes au détriment des


spécialistes.

Les pratiques actuelles d’agroécologie se concentrent sur la culture/champ/ ferme (qui


marche bien), alors que c’est seulement à l’échelle du paysage que l’on pourra assurer un
contrôle biologique durable, fondé sur les communautés de prédateurs arthropodes et sur
leurs capacités de résilience.

De nombreuses actions de conservation et de gestion des habitats pour favoriser la lutte


biologique sont réalisées au niveau local (plantation de haies, décision d’un agriculteur de
réaliser des bandes fleuries dans son champs...). Cependant ces projets ne sont pas
réfléchis/pensés à l’échelle du paysage et résultent d’actions volontaires des propriétaires
ou agriculteurs.

Prendre en compte le territoire permet de réfléchir aux interactions entre les différentes
parcelles, de entre les espaces non cultivés mais aussi entre les agriculteurs et
professionnels agricoles. Cela nécessite donc des efforts au niveau social et économique
pour faire
Techniquement on a les solutions (et des recherches sont toujours en cours pour les
améliorer, les optimiser) : espaces interstitiels (haies, bandes fleuries ou enherbées) et
infrastructures écologiques
Bibliographie :

Alignier A., Raymond L., Deconchat M., et al. (2014) “The effect of semi-natural habitats on
aphids and their natural enemies across spatial and temporal scales” Biological Control, 77,
p. 76-82.

Chisholm P. J., Gardinier M. M., Moon E. G., Crowder D. W. (2014) “Tools and techniques for
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48-57.

Mitchell M. G. E., Bennett E. M., Gonzalez A. (2014) “Agricultural landscape structure affects
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Environment, 192, p. 144-151.

Tscharntke T., Bommarco R., Clough Y. et al. (2007) “Conservation biological control and
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Tschumi M., Albrecht M., Entling M. H., Jacot K. (2015) “High effectiveness of tailored flower
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pages.

Zhao Z-H., Reddy G. V. P., Hui C., Li B-L. (2016) “Approches and mechanisms for ecologically
based pest management across multiple scales”, Agriculture, Ecosystems and Environment,
230, p. 199-209.

Solagro, Les infrastructures agroécologiques, 2014-2015, 15 pages.


Lambion J., Sarthou J.P. et Warlop F. (2009) “Favoriser les auxiliaires naturels en agriculture
biologique. Fiche Technique”, RMT DévAB - Axe 1. 3, 4 pp.

Favoriser les auxiliaires de culture, Agridea, 2012, 8 pages.

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