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DE LA TRADUCTOLOGIE AUX SCIENCES DE LA TRADUCTION ?

Maryvonne Boisseau

Pub. linguistiques | « Revue française de linguistique appliquée »

2016/1 Vol. XXI | pages 9 à 21


ISSN 1386-1204
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-francaise-de-linguistique-appliquee-2016-1-page-9.htm
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Rev. franç. de linguistique appliquée, 2016, XXI-1 (9-21)

De la traductologie aux sciences de la traduction ?

Maryvonne Boisseau, Université de Strasbourg

Résumé : Cet article examine les contours de la traductologie telle qu’elle se diversifie aujourd’hui. On
s’interroge d’abord sur la circulation des idées et thèmes traités en traductologie, en France
principalement, dans leurs relations aux disciplines dont la traductologie ‘littéraire’ a cherché à se
distinguer tout en s’y référant. Puis, en essayant d’analyser la percée ‘pragmatique’ qui accompagne la
demande exponentielle de traductions techniques, scientifiques et spécialisées, et la nécessité de former
des traducteurs, l’article montre comment se précise une nouvelle orientation cognitive de cette
traductologie, héritière de la tradition fonctionnaliste, interprétative et cibliste, hantée néanmoins par les
paradigmes de la traduction littéraire.

Abstract: The aim of this article is to examine the more or less established boundaries of traductologie.
First, the way ideas and theoretical approaches circulate, mainly viewed from a French perspective and
in relation to other disciplines, is broadly discussed. Secondly, the impact of the increasing demands in
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specialized translations on the growing empirical research conducted in this specific area is analysed.
Particular attention is paid to the paradigms shifting from a literary approach to translation towards a
pragmatic approach. It is finally suggested that this empirical research, anchored in the functionalist and
interpretive theories, yet still haunted by the experience of literary translation, is gradually focusing on
the cognitive processes involved in translational behaviour.

Mots clés : Traductologie, circulation des idées, traduction pragmatique, orientation cognitive
Keywords: Traductologie, circulation of ideas, specialized translation, cognitive processes

Introduction

Depuis le début des années 1970, époque à laquelle ont convergé un ensemble de réflexions
sur la traduction pour donner naissance à ce qu’on appelle, en France, traductologie, on a
assisté à une montée en puissance de la recherche dans ce domaine (voir RFLA, 2003-2, vol.
VIII et 2009-1, vol. XIV). S’agissant d’une discipline nouvelle, ce développement s’est
accompagné d’une reconnaissance de son champ au fur et à mesure que celui-ci se dessinait et
se démarquait de disciplines connexes comme la littérature – ou plus précisément les études
littéraires –, la littérature comparée et la linguistique, mais également au fur et à mesure que
des figures marquantes (notamment Antoine Berman, Henri Meschonnic, Jean-René
Ladmiral, Jacqueline Guillemin-Flescher, Michel Ballard, pour ne citer que quelques noms)
s’imposaient dans le paysage universitaire, français en l’occurrence.
Toutefois, l’institutionnalisation de cette discipline est encore mal assurée, la traductologie
elle-même peine à défendre une autonomie discutable et l’évolution même de la traduction et
de ses métiers, au cours des dernières décennies et en ce début de XXIe siècle, modifie de
façon significative la distribution des aires de recherche au sein de cet ensemble mouvant.
Néanmoins, compte tenu de l’importance de la traduction dans nos sociétés contemporaines,
la traductologie apparaît bien comme une discipline nécessaire. Aussi, cet article se propose
10 Maryvonne Boisseau

d’en examiner à nouveau les contours en s’interrogeant d’abord sur la circulation des idées et
thèmes traités en traductologie, en France principalement, dans leurs relations aux disciplines
dont la traductologie, essentiellement ‘littéraire’, y compris dans sa relation avec la
linguistique, a cherché à se distinguer tout en s’y référant. Puis, en essayant d’analyser la
percée ‘pragmatique’ qui accompagne la demande exponentielle de traductions techniques,
scientifiques et spécialisées, on verra comment se précise une nouvelle orientation de la
traductologie, héritière de la tradition fonctionnelle, interprétative et cibliste, hantée
néanmoins par les paradigmes de la traduction littéraire.

1. Circulation des idées en traductologie

1.1. Traditions nationales

Les penseurs à l’origine des concepts qui ont influencé durablement la réflexion sur la
traduction sont, au XXe siècle, Walter Benjamin (le philosophe), George Steiner (le
polyglotte), Antoine Berman (le romantique), Henri Meschonnic (le traducteur de la parole
sacrée) et Jean-René Ladmiral (le pédagogue). Philosophie et romantisme allemands,
herméneutique et poétique (au sens de théorie du langage) sont les fondations sur lesquelles
ont reposé, et reposent encore, les discours traductologiques qui se sont diversifiés en une
multitude d’approches. La traductologie cependant est née, au début des années 1960, à la fois
de la linguistique et d’une volonté de rassembler des réflexions éparses en un champ
cohérent : on se souviendra des travaux de Vinay et Darbelnet (1958), de l’article de Roman
Jakobson (Aspects linguistiques de la traduction, [1959]/1963) et de celui de James Stratton
Holmes (The Name and Nature of Translation Studies, 1972). Il n’est donc pas surprenant que
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d’emblée ces orientations fondamentales radicalement différentes aient favorisé la dispersion
de modes de pensée qui ont pu donner naissance à des approches théoriques différentes selon
les pays, les thématiques et préoccupations disciplinaires, elles-mêmes tributaires des
cultures, des pratiques de traduction et de la transmission de la recherche. Or, ces approches
théoriques variées, en dépit de l’internationalisation de la recherche, ne sont guère à l’origine
de brassages et confrontations ; c’est un peu comme si chaque tradition nationale avait
développé sa traductologie si bien qu’une pensée éclatée et l’absence de vision générale
semblent plutôt caractériser le paysage traductologique aujourd’hui et peuvent donner le
sentiment d’un affaiblissement de la discipline. Ceci concerne tout particulièrement la
traductologie ‘littéraire’ dont l’objet principal demeure ce qu’on a coutume d’appeler ‘les
grands textes’, textes sacrés et textes littéraires.

1.2. Flux et lacunes

Il peut sembler contradictoire de soutenir que la traductologie est une discipline mal assurée
quand d’une part, en raison de la demande accrue de traducteurs, les formations se multiplient
et que d’autre part des spécialistes d’autres disciplines intègrent la réflexion sur la traduction,
un temps périphérique, à leurs propres problématiques, comme si la traduction pouvait
renouveler les approches critiques propres à la littérature, aux langues et aux sciences
humaines. Il y a donc lieu de clarifier encore la place et le rôle de la traduction et de la
traductologie dans les savoirs aujourd’hui en tentant de comprendre comment les idées
circulent, car si, comme nous l’avons mentionné, il existe des traditions nationales, il serait
réducteur d’affirmer que les idées ne circulent pas. On sait, par exemple, ce que les concepts de
foreignization et domestication élaborés par Lawrence Venuti, dans le contexte de la traduction
aux Etats-Unis, doivent à Antoine Berman. Plus récemment, ce que l’on pourrait qualifier de
virage herméneutique chez Venuti dérive de sa lecture de philosophes français comme
Derrida et Badiou. Au Royaume-Uni, les premiers travaux de Mona Baker et Susan Bassnett
De la traductologie aux sciences de la traduction ? 11

qui ont, chacune à leur manière, contribué à promouvoir cette discipline à partir de la
linguistique (Mona Baker) ou en réaction contre la littérature comparée dans les années 1970
(Susan Bassnett), doivent beaucoup aux idées d’Itamar Even-Zohar sur la culture et à la
traductologie descriptive de Gideon Toury (Tel Aviv) ainsi qu’à des collaborations
fructueuses (André Lefevere, Peter Bush, pour Susan Bassnett). De même, les théoriciens
canadiens et français ont toujours entretenu des relations et ont parfois eu des trajectoires
similaires privilégiant les domaines de la pédagogie et de la transmission mais aussi celui de
l’histoire de la traduction et des traducteurs1.
Toutefois, ceci pourrait bien être la partie émergée de l’iceberg car, si les travaux majeurs
des auteurs que nous venons de citer sont bien connus des chercheurs et de certains
traducteurs, en raison d’une diffusion en langue anglaise, qu’en est-il des traditions belge,
suisse, allemande, espagnole, italienne, tchèque et slovaque, ou russe ? Plus anciennes ou
contemporaines, elles demeurent cependant, dans une grande mesure, méconnues. On pourrait
être tenté de penser que l’absence de traductions dans un délai rapproché de la publication de
certains ouvrages majeurs comme ceux de José Ortega y Gasset, Katharina Reiss ou Jiří Levý
suffit à expliquer cette méconnaissance. Ce n’est sans doute pas l’unique raison même s’il a
fallu attendre une trentaine d’années pour lire l’ouvrage de Reiss sur la critique des
traductions en anglais et en français, soixante-treize ans pour que l’essai de Ortega y Gasset
soit publié en France2, et une cinquantaine d’années pour accéder, en anglais, à celui de Jiří
Levý sur l’art de la traduction3. S’y ajoutent vraisemblablement les aléas de l’histoire et
l’isolement dans lequel se sont trouvés des pays comme la Tchécoslovaquie au XXe siècle. Il
semble donc qu’à un moment donné (jusqu’au début des années 19904), certaines conditions
socio-historiques difficiles aient pu freiner les échanges jusqu’à ce qu’une ouverture du
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monde sans précédent, la facilité des voyages et l’expansion de l’anglais comme langue
véhiculaire internationale favorisent le développement tous azimuts de la discipline pendant
les deux décennies qui ont suivi. Dans le même temps, les courants de pensée et disciplines
qui avaient nourri la réflexion, comme la linguistique structurale puis la linguistique de
l’énonciation, s’affaiblissaient, fragilisant du même coup l’assise de la réflexion
traductologique et sa relation notamment avec la linguistique 5 . On ajoutera que, toute
médaille ayant son revers, il n’est pas certain non plus qu’une forme de résistance, non
avouée, à la domination de la langue anglaise ne soit pas, pour quelques pays, à l’origine d’un

1
Jean Delisle (Université d’Ottawa, formé à la théorie interprétative de l’ESIT-ISIT), par exemple, et
Michel Ballard (Université d’Artois) se sont notamment tous les deux intéressés à l’enseignement et à
l’histoire. Parmi les chercheurs canadiens, nous pouvons citer également Jean-Marc Gouanvic (Université
Concordia) dont la socio-critique de la traduction est d’inspiration bourdieusienne, Barbara Folkart
(Université d’Ottawa) dont la réflexion est sous-tendue par la théorie de l’énonciation (entre autres),
Agnès Whitfield (University of York) qui participe à la recherche menée par le groupe TRACT de Paris-
Sorbonne Nouvelle. Tous sont des traducteurs professionnels.
2
Une version québécoise de Clara Foz, publiée par la revue TTR : traduction, terminologie, rédaction en
2004, est accessible sur Internet : <http://www.erudit.org/revue/ttr/2004/v17/n1/011972ar.pdf>.
3
Voir en fin d’article pour les références des ouvrages mentionnés. A noter également quelques
traductions en français publiées par Artois Presses Université dans la collection Traductologie (K. Reiss,
C. Nord, A. Pym).
4
Au cours d’un entretien de 2012 avec Siri Nergaard (rédactrice en chef de la revue Translation, a
transdisciplinary journal, Fondazione Universitaria San Pellegrino), Susan Bassnett signalait que trois
événements politiques majeurs avaient marqué un tournant significatif dans l’accroissement phénoménal
de l’intérêt pour les Translation Studies : la chute du Mur de Berlin, la fin de l’Apartheid et l’ouverture de
de la Chine (voir <https://www.youtube.com/watch?v=-dCAIIQ1jpo>).
5
Il est à cet égard intéressant d’observer que le texte de Jiří Levý, intitulé Translation as a decision
process (1967), écrit en anglais et figurant dans la première édition de The Translation Studies Reader
de Venuti (2000, 148-159), a disparu de la seconde édition (2004).
12 Maryvonne Boisseau

repli sur leurs propres traditions nationales. De plus, l’absence de politique éditoriale suivie et
à long terme en matière de traductions d’ouvrages traductologiques, en particulier vers le
français, pourrait expliquer en partie la pauvreté des références étrangères dans nombre de
bibliographies d’articles, à l’exception de textes devenus des ‘classiques’6.
Ce rapide survol de mouvements qui ne semblent pas suivre des lignes clairement définies
permet cependant de s’apercevoir que la traductologie s’est intéressée dès son essor (début
des années 1970) aussi bien aux textes dont la visée première est la communication (théories
fonctionnaliste et interprétative en vue de l’apprentissage de la traduction et de la formation
des traducteurs), qu’aux textes sacrés, littéraires et philosophiques (prenant appui sur des
textes philosophiques ou théoriques fondamentaux). Il n’en reste pas moins que le sentiment
général est celui que la réflexion sur le texte dit spécialisé a été délaissée tandis que l’effort de
théorisation de la traduction portait principalement sur la traduction des textes sacrés et de la
littérature (incluant la prose journalistique, philosophique et culturelle), effort justifié par,
semble-t-il, le soin particulier que la traduction de ces textes requiert en raison de leur
fonction esthétique ou éthique qui leur confère leur importance :
La riche histoire de la théorisation de la traduction concerne au premier chef les
textes littéraires et philosophiques. Des textes perçus comme importants, non en
raison d’un quelconque objectif économique mais d’objectifs esthétiques ou éthiques
exigent que le processus de traduction soit conduit avec beaucoup d’attention
(Bassnett 2011 ; notre traduction)7.
Bassnett semble établir une hiérarchie dans une répartition des textes simplifiée et différencier
le degré d’attention portée à la traduction selon les textes. Là encore, le paysage est plus
complexe qu’il n’y paraît.
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2. La théorisation de la traduction littéraire : quelles orientations ?

Sans doute l’utopie d’une théorie générale de la traduction est-elle maintenant abandonnée, ce
qui a vraisemblablement libéré la recherche actuelle d’une ambition théorique formelle. On
assiste également à la remise en cause des oppositions binaires telles que la lettre et le sens,
fidélité et trahison, sourcier vs cibliste, langue et culture, pratique et théorie comme si les
pôles que chacun de ces termes représente s’étaient rapprochés ou bien dissous dans un juste
milieu consensuel. Il est possible aussi que l’un des termes l’ait emporté sur l’autre : la lettre,
finalement, s’effacerait au profit du sens, fidélité et trahison se résorbent en créativité, être
cibliste est une tendance naturelle, le fait culturel est plus significatif que la langue qui
l’exprime, la pratique peut, à nouveau, se dispenser d’une ‘théorisation’ superflue. La
linguistique, quant à elle, souvent perçue comme ‘prescriptive’, reste limitée à la mise en
lumière des différences entre les langues à partir de la traduction une fois produite. Au-delà
de ce résumé caricatural8, il semble que l’on puisse actuellement (en France) distinguer entre

6
En revanche, la riche bibliographie qui accompagne l’ouvrage de Jeremy Munday (2012) comporte
toutes les références majeures, mentionnant, pour certains ouvrages, le titre original et le titre dans sa
version traduite (voir par exemple A. Berman, p. 323, pour deux de ses ouvrages traduits en anglais, et
quelques titres espagnols et allemands).
7
‘The rich tradition of translation theorising concerns primarily literary and philosophical texts. Texts
that are viewed as valuable, not for any commercial purpose but for aesthetic or ethical purposes, require
great care in the translation process’ (Bassnett 2011).
8
Pour autant, ces oppositions continuent d’alimenter la réflexion. Ainsi, le titre d’une conférence plénière
donnée par J.R. Ladmiral lors d’un récent colloque portant sur la traduction littéraire comme création
(Université d’Avignon, 20-21 mai 2015) n’était-il pas : Comment peut-on être sourcier ? Critique du
littéralisme en traduction ? Mais on peut aussi choisir de ne pas se perdre dans ces débats, comme le fait
Nicolas Froeliger (2013, 65-66) : De nombreuses querelles traductologiques (pour en rester à ce
De la traductologie aux sciences de la traduction ? 13

deux manières d’aborder les problèmes que posent la pratique et le rôle de la traduction
littéraire, soit une approche qui semble guidée par l’exploration de thématiques, soit une
approche centrée sur la traduction considérée comme emblématique de toute production
culturelle. La première relève d’une pratique de la recherche qui vise à circonscrire un sujet
bien délimité, la seconde explore, dans un souci théorique général, la relation de la traduction
en tant que pratique interculturelle à d’autres champs disciplinaires, que ce soit la littérature
ou la linguistique, la philosophie, le droit ou les religions. La frontière entre ces deux
pratiques est néanmoins très floue et la différence entre thèmes (§ 2.1.) et questions (§ 2.2.)
dans les exemples suivants pourra paraître ténue.

2.1. Thèmes de recherche

A titre d’illustrations de la première manière, parmi les intitulés récents de colloques, journées
d’étude ou séminaires de recherche, citons les deux dernières thématiques de recherche du
groupe TRACT9 : la traduction du rythme (2012-2014) et les sens en éveil (2015-2016). Le
premier thème a donné lieu à deux colloques l’un abordant la question dans sa généralité (La
traduction du rythme, octobre 2013), l’autre spécifiant une aire d’application, la poésie
(Sonorités, oralité et sensations dans la traduction de la poésie, octobre 2014) ; le second
thème est quant à lui appliqué au théâtre (Les sens en éveil : traduire pour la scène, octobre
2015) et au cinéma (Les sens dans la traduction du ‘texte’ filmique, 2016). Dans un autre
ordre d’idées, le groupe de recherche Penser la traduction, de l’Université Paris 8, a organisé
cette année (2016) deux journées d’étude, l’une consacrée à la traduction ‘des poètes’, l’autre
à la traduction de la littérature de jeunesse et le groupe TRILL10 de Paris-Ouest Nanterre-La
Défense propose un séminaire mensuel intitulé Traduire la propagande. Ce même groupe
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invite également des poètes, des traducteurs et d’autres conférenciers dans le cadre de
réunions à intervalles plus ou moins réguliers (‘Les mercredis de la traduction’) pour rendre
compte d’expériences ou d’études de cas, et a organisé un colloque important, Auteurs-
Traducteurs. La fabrique de l’écrivain, au début de cette année 2016.
Le contenu de ces événements scientifiques, dont l’objet est la traduction et la littérature,
manifeste une approche de la traduction par l’intermédiaire de problématiques essentiellement
littéraires comme la question des genres, de l’autorité (auctoritas), ou de l’écriture-réécriture,
ou bien encore de la reconnaissance, par le ‘marché littéraire’, de l’auteur, du traducteur ou de
l’auteur-traducteur. De plus, ces rencontres donnent souvent lieu à des confrontations auteur
et traducteur qui sont un moyen d’un faire-valoir mutuel dans la confrontation des intentions,
des interprétations et des écritures. On notera également une certaine continuité dans ces
programmes et la rémanence de ces thèmes anciens touchant le langage, les genres et sous-
genres littéraires ainsi que la question récurrente (et quasi-existentielle) de savoir, pour le
traducteur, s’il est, oui ou non, un auteur-auteur… Concernant le TRACT, la reprise d’une

domaine) sont à notre sens des querelles d’ordre idéologique, et donc insolubles en termes scientifiques.
Nous ne voulons pas dire par là qu’elles sont sans intérêt, car l’idéologie, qu’on en soit conscient ou non,
constitue une composante fondamentale de nos valeurs et de notre existence – et parce qu’il incombe à
chacun de se déterminer face à ces sujets. Nous nous réservons en revanche le droit de nous restreindre à
celles qui nous semblent pertinentes pour notre propos.
9
Traduction et Communication Transculturelle, groupe de recherche créé en 1983 par Paul Bensimon, et
aujourd’hui intégré à l’EA 4398 PRISMES de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3.
10
Penser la traduction (Paris 8) travaille depuis de nombreuses années déjà au sein de l’EA 1569,
Transferts et dynamiques de savoirs (domaine anglophone). TRILL (Translation Research in Literature
and Language), plus récent, est un sous-groupe de Confluences, l’une des équipes de l’EA 370, Centre de
Recherches Anglophones (CREA). La constitution de sous-groupes au sein de groupes eux-mêmes
intégrés à des équipes d’accueil est souvent liée à l’arrivée d’un ou plusieurs chercheurs désireux de faire
valoir leur intérêt pour la traduction, voyant là une ouverture prometteuse.
14 Maryvonne Boisseau

question qui pourrait elle aussi sembler rebattue, comme celle du rythme, a été l’occasion de
mettre en rapport traduction et perception sensorielle et de rapprocher la traduction de ce
qu’au théâtre on appelle performance. La nouveauté apparaît ici, plus subtilement, dans
l’orientation vers ce que la linguistique cognitive nomme embodiment (corporéité)11 avec la
prise en compte du sensoriel et du gestuel accompagnant la présupposition – ou l’hypothèse –
d’une visée sensorielle de la traduction qui, non seulement se lit, mais s’entend, se regarde et
requiert alors la participation du lecteur, auditeur ou spectateur12. On s’achemine vers l’idée,
mise en pratique dans le domaine du théâtre et de la poésie expérimentale, de la traduction-
performance. Au cœur de cette vision de la traduction, se trouve le traducteur, comme si le
centre de gravité de la recherche s’était déplacé du texte à son rédacteur.

2.2. Questions

De toute évidence, traduction et littérature se retrouvent liées dans un rapport de commentaire


et de critique et la compréhension de ce rapport semble aujourd’hui davantage intéresser la
critique littéraire que la traductologie. La multiplication de ces thèmes donne en effet
l’impression d’un retour de la traduction dans le giron des études littéraires et, tout
particulièrement, dans celui de la littérature comparée. Non que la traduction littéraire n’y soit
pas à sa place mais il serait sans doute utile de délimiter cet objet dans ce cadre précis. La
traductologie est une discipline hybride : son objet est tout autant la pratique de la traduction
en tant qu’elle met en jeu des opérations langagières et cognitives que les conditions
pragmatiques et socio-culturelles de cette pratique et son résultat. En ce sens, elle embrasse
les dimensions linguistique, littéraire (et esthétique), et socio-culturelle de l’acte de traduction
et de la traduction elle-même.
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Aussi, lorsqu’on interroge le rapport de la traduction à la création, dans le domaine
littéraire en particulier, on cherche à mettre en lumière les conditions qui rendent possible cet
acte de création langagière. C’était l’objectif d’un colloque récent intitulé La traduction
littéraire comme création (voir note 8), qui proposait d’analyser la tension créatrice à
l’origine de tout acte de langage à partir de sa réalisation (le texte traduit) et de sa mise en
mouvement, incluant ses différents paramètres depuis la nature du texte à traduire jusqu’à la
transposition de ses effets esthétiques dans une autre langue et une autre culture. De même, à
quelques semaines d’intervalle, une autre rencontre avec un intitulé découvrant une inflexion
de la perspective, La traduction comme source de découverte et de création13, déplaçait le
curseur vers une problématique culturelle traitant la traduction dans sa dimension
transformative, subversive ou expérimentale. La perspective est également élargie lorsque la
réflexion sur la traduction et le rôle des traducteurs s’inscrit dans l’actualité du contexte
social, politique et culturel. A titre d’exemple, mentionnons un autre colloque14 invitant à
renouveler la réflexion sur l’instrumentalisation de la traduction dans un contexte de conflits

11
En linguistique cognitive, le terme de corporéité (embodiment) désigne la conceptualisation du rapport
incarné du sujet au monde par l’engagement moteur et sensoriel multimodal, et les traces que laissent ces
représentations dans les formalismes langagiers (organisation du lexique, constructions) (Bottineau
2012, 1). Cette orientation est aussi le signe discret d’une porosité des champs disciplinaires et de
l’influence pour ainsi dire silencieuse que la phénoménologie et la linguistique cognitive opèrent au
niveau de changements dans les références bibliographiques qui servent de toile de fond à la recherche.
12
Il conviendrait d’ajouter les recherches sur la traduction de la bande dessinée et des livrets d’opéra qui
mettent en jeu une interaction entre des signes de nature différente.
13
Université Jean Monnet, Saint-Etienne, 17 et 18 juin 2016.
14
Université de Lille 3, Université McGill, Université Toulouse Jean Jaurès et Paris Sorbonne
Université (voir <http://cecille.recherche.univ-lille3.fr/>), consulté le 16.04.2016. Rappelons à ce propos
l’ouvrage de Mona Baker (2006), Translation and Conflict.
De la traductologie aux sciences de la traduction ? 15

et de guerre (Guerre et traduction : représenter et traduire la guerre, Université Lille 3, 26


novembre 2016), et citons le paragraphe d’introduction de l’appel à communications :
Aujourd’hui, la guerre est omniprésente : guerre contre le terrorisme, guerre en Irak, en Libye,
au Yémen, en Syrie, en Ukraine et ailleurs. Elle a non seulement envahi les écrans de télévision
et les réseaux sociaux mais aussi l’écrit et le traduit. Elle est devenue une grille d’analyse
incontournable des phénomènes langagiers, à commencer par celui des contacts entre les langues
et des relations interculturelles. Elle a notamment modifié les conditions d’exercice des métiers
langagiers en général et de celui des traducteurs en particulier. On ne compte plus les traducteurs
de guerre et les traducteurs en guerre (notre soulignement).
S’agit-il encore de traduction littéraire ? Stricto sensu, non, et Baker situe cette problématique
dans le cadre de la Narrative Theory (Narratologie)15 qui embrasse toutes les formes de récits
produites et déborde donc la littérature, à moins d’entendre le mot dans son acception anglaise
englobant tout ce qui s’écrit. Toutefois, c’est bien encore le traducteur qui est au centre du
débat, ce qui remet en cause son ‘invisibilité’ et met en avant une responsabilité collective
plus qu’individuelle dans la traduction et transmission de messages idéologiques. Cette
expérience de la traduction envisagée par le traductologue comme un événement linguistique
négocié est, à certains égards, comparable à celle du traducteur littéraire pris dans la chaîne
éditoriale et celle du traducteur spécialisé, maillon instrumental dans un ‘chemin critique’
modélisé (Gouadec, in Ballard 2006, 296) visant à la communication d’un message. En ce
sens, le traducteur n’est pas seul et trois colloques importants (2011, 2013 et 2014) et une
publication (2013)16 ont (re)mis en lumière, sous un jour nouveau, cette pratique ancienne que
les technologies numériques favorisent et amplifient et qui concerne toutes les pratiques de la
traduction, tous les genres et tous les types de textes.
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3. Philosophie et linguistique

3.1. Traduction de la philosophie et philosophie de la traduction

La multiplication des thématiques littéraires et des questions culturelles dans le champ de la


traductologie, dont nous venons de présenter un bref aperçu, semble reléguer à l’arrière- plan
deux disciplines majeures qui, pourtant, présentent des ‘affinités électives’ avec la traduction,
à savoir la philosophie et la linguistique dont les liens avec la traductologie sont d’ordre
épistémologique bien que, sans doute, de nature différente.
Concernant la philosophie, un double lien l’attache à la traduction : d’une part la
transmission des idées, des concepts, et des systèmes de pensée est depuis toujours tributaire
de la traduction (à cette nuance près que les textes ‘consacrés’ sont censés s’appréhender sans
l’artifice de la traduction), et nombre de philosophes se sont faits traducteurs ; d’autre part
l’interprétation et le sens des textes sont centraux pour l’une et l’autre, la forme de
l’expression étant indissociable du contenu et, là encore, d’un contexte culturel. La traduction
de textes philosophiques se fait elle aussi commentaire (on se reportera utilement au bel
article de Pierre Caussat (2003) dans cette même revue). La question se pose cependant de
savoir si les philosophes ont développé une philosophie de la traduction et dans quelle mesure
la traduction de la philosophie a intéressé les traductologues. Il appartient sans doute aux
philosophes de répondre à la première question même si des traductologues peuvent voir dans
15
La narratologie contemporaine, en plein essor, est, elle aussi, une pratique interdisciplinaire qui
emprunte ses concepts à diverses disciplines dans la mesure où il s’agit d’étudier toute production
narrative ou tout objet culturel dans sa dimension individuelle et sociale.
16
Colloques : Authorial & Editorial Voices in Translation, Université de Copenhague (novembre 2011) ;
Traduire à plusieurs/Collaborative Translation, UHA-Mulhouse (décembre 2013) ; La Traduction
collaborative. De l’Antiquité à Internet, Maison de l’Italie-Paris 8-Bibliothèque Nationale de France (juin
2014). Publication : Jansen & Wegener (2013).
16 Maryvonne Boisseau

ce sujet l’occasion de déplacer certaines problématiques vers les enjeux philosophiques de la


traduction avec, cependant, le risque de se disperser dans des thématiques ponctuelles où l’on
perdrait de vue, cette fois, les enjeux proprement traductologiques de la traduction de textes
philosophiques, si tant est qu’ils aient été mis au jour. La seconde question en entraîne une
autre, celle que pose Ladmiral (2010, 1) : Traduction philosophique et traduction spécialisée,
même combat ?, et qui entérine la répartition habituelle des textes entre ‘littéraires’ et ‘non
littéraires’ tout en soulevant le problème d’une spécialité du texte philosophique exigeant une
approche didactique et traductionnelle adaptées. Toujours est-il qu’en dépit de nombreuses
publications sur cette relation de la traduction et de la philosophie, les traductologues n’ont
guère exploré le sujet, à l’exception notable de Ladmiral, lui-même philosophe et
traductologue. Les publications les plus récentes abordent cette problématique indirectement
par un questionnement sur le sens, l’altérité ou l’éthique (voir Berner & Milliaressi 2011) ou
bien, historiquement, par un retour au texte fondateur de Schleiermacher (voir Cercel &
Serban 2015)17. Les questions de registres, de langue et de langage ne sont évidemment pas
absentes de ce questionnement ‘philosophique’ puisqu’au cœur de toute entreprise de
traduction, de l’énonciation du texte source à sa lecture, compréhension, interprétation et
nouvelle représentation, s’institue une relation avec un texte et, au-delà, du texte avec ses co-
énonciateurs.

3.2. Et la linguistique ?

Il n’est donc pas interdit de penser que la linguistique pourrait s’immiscer dans cette relation
pour en comprendre le fonctionnement en s’attachant à ce que ‘fait’ la traduction au texte
original pour en évaluer les conséquences et les retombées. Tenue à distance par les
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‘littéraires’ et les traducteurs professionnels, souvent réduite à sa fonction explicative – et
nécessaire – par les didacticiens, la linguistique, dans sa relation à la traductologie, semble
avoir perdu de son influence tandis que foisonnent les thèmes littéraires et interculturels. Le
tournant culturel des années 1980 n’y est sans doute pas étranger mais d’autres raisons,
internes à la linguistique, peuvent sans doute expliquer ce désamour.
L’un de ces facteurs est peut-être la confidentialité relative dans laquelle est restée la
Théorie des Opérations Prédicatives et Énonciatives (TOPE) d’Antoine Culioli, à l’origine de
la linguistique contrastive de Guillemin-Flescher d’une part et, en partie, de ses applications
méthodologiques d’autre part. Une méprise semble perdurer sur les objectifs linguistiques de
cette linguistique contrastive d’obédience culiolienne tandis que son potentiel s’étiole dans
l’enseignement d’une ‘méthodologie de la traduction’ perçue souvent, dans la pratique,
comme un réservoir de ‘recettes’ plus que comme une démarche d’analyse raisonnée des
textes, devant conduire à leur interprétation. La force, mais aussi peut-être la faiblesse, de
l’approche de Guillemin-Flescher, fidèle aux principes de la TOPE, est de s’en tenir
strictement au discours et à son organisation, laissant le style et l’interprétation aux critiques
littéraires et herméneutes. Un autre facteur relève sans doute de la circulation des idées
puisque la linguistique fonctionnelle de Halliday ou la linguistique pragmatique anglo-
saxonne n’ont influencé que marginalement la linguistique pratiquée en France.
Par ailleurs, parallèlement au glissement progressif des théories de l’énonciation à l’arrière-
plan du paysage de la recherche, la linguistique est devenue l’une des (nombreuses) sciences
du langage dominées actuellement par le paradigme de la linguistique cognitive mais aussi

17
Au moment où nous écrivons ces lignes, est publié un appel à communications pour un colloque
intitulé Traduction et philosophie qui doit se tenir à l’université de Liège du 5 au 7 mai 2017. Cet appel
invite à réfléchir dans deux directions : ‘la traduction de la philosophie’ et ‘la philosophie de la
traduction’ (conférenciers invités : Barbara Cassin, Marc de Launay et Lisa Foran) (Information de la
Société des Anglicistes de l’Enseignement Supérieur, 11.04.2016).
De la traductologie aux sciences de la traduction ? 17

par le développement des linguistiques de corpus, des ingénieries de la langue et de la


terminologie qui ont modifié considérablement les méthodes d’approche des phénomènes
langagiers, au point que le terme même de linguistique a désormais besoin d’être qualifié dans
sa relation à une spécificité ou une théorie 18 . Considérant le couple linguistique et
traductologie, on oscille encore entre la reconnaissance d’une autonomie complète de la
traductologie vis-à-vis de la linguistique et, au contraire, la prise en compte de
l’indissociabilité du lien quasi organique qui les relie. Ainsi, Rastier (in Milliaressi 2011, 29)
écrit-il :
Le problème de la traduction nous paraît à présent trop précieux et trop central pour la
linguistique pour que la traductologie devienne désormais une discipline indépendante […]. Au
sein de la linguistique, les études traductologiques assument ou devraient assumer en effet une
responsabilité particulière […],
cette responsabilité consistant notamment, pour Rastier, à faire sortir la linguistique de son
eurocentrisme, à en favoriser le ‘décentrement’ (ibid.). Ladmiral, de son côté, maintient l’idée
d’une discipline nouvelle interdisciplinaire (in Berner & Milliaressi 2011, 27-28) :
Dans un premier temps, j’ai surtout mis l’accent sur ce que j’ai appelé le ‘triangle
interdisciplinaire de la traductologie’ constitué par la linguistique, la philosophie et la
psychologie ; et plus récemment, sans remettre ce dernier en cause, j’incline à lui adjoindre une
autre version dudit triangle interdisciplinaire, formée par la philosophie, la linguistique et la
littérature comparée. Il n’y a pas lieu de choisir entre les deux, mais de les associer et de
constituer ce que j’appellerai le ‘carré interdisciplinaire’ fondamental de la traductologie.
Il semble donc que, dans sa relation à la traductologie et à la traduction, la linguistique hésite :
soit l’on s’achemine vers la prise en compte de l’interprétation, en tentant de re-configurer
une sémiotique de la traduction (Rastier) permettant de dégager les ‘conditions de
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l’élaboration’ du sens et, lors de la traduction, de sa ré-élaboration, soit on limite l’apport de
la linguistique à un rôle explicatif et heuristique, nécessaire en particulier à la formation des
traducteurs. La première option engage la théorisation d’une pratique, la seconde renvoie à
l’application.

4. La percée ‘pragmatique’

4.1. Les paradigmes de la traduction et traductologie pragmatiques

Si la traduction de textes littéraires demeure essentielle dans un monde où les échanges


culturels se multiplient, la traduction de textes techniques, scientifiques et spécialisés,
quantitativement beaucoup plus importante que la traduction littéraire, ne l’est pas moins.
Dans les deux cas, les impératifs commerciaux et économiques conditionnent l’exécution du
travail, depuis la commande jusqu’à la livraison, et le traducteur est ‘sous pression’. On serait
tenté, si l’on s’en tient à une définition simple du verbe traduire, ‘faire que ce qui était énoncé
dans une langue naturelle le soit dans une autre, en tendant à l’équivalence sémantique et
expressive des deux énoncés’ (Le Nouveau Petit Robert 1993), de ne pas faire de différence
entre les deux. Cependant, le développement de technologies dérivées de l’informatique et de
la linguistique – Traduction Automatique, Traduction Assistée par Ordinateur, mémoires de
traduction, corpus bilingues – et celui de la terminologie ont modifié les pratiques de
traduction des traducteurs spécialisés dans les textes pragmatiques, au point de démultiplier le
métier même de traducteur en spécialités reconnues comme celles de rédacteur, réviseur ou
localisateur. Cette intrusion, pour ne pas dire invasion, dans la pratique de la traduction
18
Par exemple, et sans aucune hiérarchie : linguistique interprétative (ou sémantique interprétative),
linguistique modulaire, linguistique génétique, linguistique fonctionnelle, linguistique variationniste,
linguistique cognitive, linguistique de corpus, mais aussi psycholinguistique, neurolinguistique,
sociolinguistique, etc.
18 Maryvonne Boisseau

touche à des degrés divers la traduction littéraire, la traduction de textes de sciences humaines
et la traduction scientifique et technique. Dans ce contexte, il apparaît que la recherche en
traductologie visant à accompagner et évaluer ces développements, ainsi que son
enseignement à de futurs traducteurs afin qu’ils en mesurent les enjeux, est une nécessité. La
diversité des textes, des genres, des normes, les différences dans la finalité des traductions et
les destinataires auxquels elles sont destinées, entraînent également une diversité des
orientations de la recherche si bien que la traductologie, que l’on qualifiera de ‘pragmatique’,
se développe ‘sur ses propres bases’, qui sont celles, empiriquement, de l’exercice même de la
traduction pragmatique : Nous ne voulons pas d’une théorisation qui soit sans rapport avec le
réel et la pratique. Nous sommes au contraire partisans d’une recherche en traduction qui se
nourrisse de ce réel et qui puisse orienter la pratique […], écrit Froeliger (2007, 1).
La recherche fait ainsi la part belle au volet pragmatique de ce type de traduction en ce
qu’il comprend le ‘réel’, le rapport au référent, la situation de travail et les contraintes
imposées par la chaîne communicationnelle. Son ancrage traductologique est la théorie du
skopos de Hans Vermeer et Katharina Reiss, prolongée dans ses applications pédagogiques et
didactiques par Christiane Nord. Mais si cet ancrage théorique constitue une base éprouvée,
les frontières de la traductologie se déplacent et les chercheurs questionnent tout autant les
modes de penser la traduction que les idées établies. Le titre de l’ouvrage récent de Froeliger,
les Noces de l’analogique et du numérique (2013), est éloquent à cet égard et, tout en
conservant une position ‘interprétative’ et fonctionnaliste de la traduction complétée par une
‘approche post-linguistique de la pragmatique’, autrement dit une ‘pragmatique cognitive’
(2013, 224)19, le point de vue théorique est inspiré davantage du pragmatisme de William
James et Charles Sanders Peirce en ce qu’il considère que la totalité de l’opération de
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traduction se retrouve dans ses effets concrets (op. cit. 226-227) et dans l’adéquation de la
traduction à ce qui est généralement perçu comme étant vrai par le public auquel s’adresse la
traduction (op. cit. 228-229).
Cette prise en compte de la totalité de ce qui est engagé par la demande de traduction
caractérise sans doute la traductologie ‘pragmatique’20. Son souci du traducteur va au-delà de
l’inquiétude de sa présence dans le texte traduit pour embrasser la question de sa survie dans
un processus inexorablement mécanisé, au sens où la machine (l’ordinateur en l’occurrence)
accomplit de plus en plus de tâches. Froeliger défend l’idée d’une union fusionnelle de
l’analogique et du numérique et celle de la maîtrise par le traducteur (bien formé et tantôt
‘marionnettiste’, tantôt ‘joueur d’échecs’, tantôt ‘rhétoricien’, tantôt ‘avocat’) d’une certaine
‘esthétique de la traduction’ (op. cit. 244). Cependant, introduire les conditions de travail du
traducteur dans la réflexion conduit à envisager un cadre qui soit en quelque sorte pratique.
C’est ce que fait Elizabeth Lavault-Olléon (2011, §19) en préconisant un nouveau paradigme
pour la traductologie, l’ergonomie :
[…] l’ergonomie mise d’abord sur la prédominance du facteur humain et sur le besoin
d’adapter le travail à l’homme et non le contraire. D’après Pierre Falzon (2004, 20),
« l’ergonomie développe une approche holistique de l’homme, où celui-ci est simultanément

19
Cette discipline nous permet donc de représenter la nécessité de véhiculer un message (une intention)
non seulement en se détachant de la forme linguistique originale, mais en améliorant cet original sur le
plan sémantique, en le recadrant en fonction d’un public cible et en le rapportant au réel (2013, 224). Là
aussi, on perçoit l’influence progressive de la linguistique cognitive sur la traductologie, tout
particulièrement sur la conceptualisation des procédures de traduction (voir note 11).
20
Qualifier la traductologie de ‘pragmatique’ ou ‘littéraire’ est un raccourci commode facilité par la
distinction des genres de textes, leurs objectifs, fonctions et réception différents ainsi que par l’attention
portée dans le premier cas à la totalité du processus engageant des éléments situationnels concrets tandis
que dans le second cas, l’attention s’est focalisée essentiellement sur les textes, leur réception et le
traducteur sans que les conditions pratiques du métier de traducteur (littéraire) soient véritablement
intégrées à la réflexion. Il y a cependant là, dans l’utilité ou non de cette distinction, matière à examen.
De la traductologie aux sciences de la traduction ? 19

pensé dans ses dimensions physiologiques, cognitives et sociales ». Choisir cette position de
base en traductologie signifie clairement que c’est le traducteur humain qui est au centre des
recherches et que c’est cette activité humaine complexe qui est étudiée en situation, plutôt que
l’outil (les logiciels de traduction automatique ou les mémoires de traduction) ou le processus
et ses différents procédés (le transfert des éléments linguistiques et culturels du contenu à
traduire) (notre soulignement).
Selon Lavault-Olléon (op. cit. § 22), la prépondérance du contexte, mise en avant par les
ergonomes qui s’appuient sur les théories de l’action et de l’activité, fait écho aux principes
de la théorie du skopos, où l’activité du traducteur se définit prioritairement par rapport à la
mission que doit remplir la traduction, telle que définie lors de l’échange avec le
commanditaire.

4.2. Perspectives

Pour autant, tant dans les propos de Froeliger que dans ceux de Lavault-Olléon, on observe à
travers le désir (légitime) de promouvoir, faire connaître et reconnaître une recherche
traductologique dédiée à la traduction de textes non littéraires, comme une nostalgie du
‘littéraire’, comme si cette recherche était taraudée par le littéraire. Que la différence soit
clairement énoncée (Froeliger 2013, 19) :
Et bien sûr, cet immense bouillonnement, ce défi pour la recherche et pour la compréhension
des enjeux professionnels reste inaperçu lorsqu’on raisonne à partir des textes littéraires ou
religieux. Nous proposons donc un double emboîtement : la traduction scientifique et
technique est représentative de toute traduction pragmatique ; la traduction pragmatique est
représentative des métiers de la traduction en général (hors traduction littéraire),
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ou qu’une démonstration visant à prouver que la théorie du skopos est à même de rendre
compte de choix traductifs lors de la traduction d’une œuvre littéraire (voir Lavault-Olléon
2006), démente l’avis que la théorie fonctionnaliste ne peut s’appliquer à la traduction
littéraire, l’expérience de la traduction de la littérature, qui privilégie l’analogique sur le
numérique, n’est cependant pas sans points communs avec celle des traducteurs
pragmatiques. Plus encore que la littérature, l’observation, dans le cadre des paradigmes de la
traductologie, des textes relevant des sciences de l’homme et de la société pourrait alors
permettre de renouveler l’approche des enjeux théoriques et pratiques de la discipline
confrontée d’un côté à sa dispersion, de l’autre à sa spécialisation. Mais pour cela il faudrait
se dégager de la division binaire entre ‘littéraire’ et ‘non littéraire’, traductologie littéraire et
traductologie pragmatique.
Dans tous les cas, en effet, dans un contexte de besoins accrus, certains éléments semblent
intangibles : la situation de traduction et la chaîne communicationnelle, l’utilisation informée
des outils technologiques, le traducteur – dont on a vu qu’il était au centre des préoccupations
de la recherche actuellement – et la réception de la traduction par les destinataires ciblés.
Compte tenu de ces éléments et de la connaissance inégale que peuvent en avoir les
traductologues, tout particulièrement s’ils n’ont de la traduction qu’une pratique ponctuelle ou
limitée à l’enseignement, il apparaît que la recherche, dont le but est de comprendre une
réalité pour en dégager une interprétation permettant de mettre au jour certaines questions qui
dépassent la situation de terrain, pourrait s’orienter davantage vers, par exemple, les
problèmes de l’éthique dans un contexte économique ou politique tendu, de la responsabilité
du traducteur, de la maîtrise des enjeux linguistiques, interculturels et transdisciplinaires. Ces
questions ont déjà été explorées mais, tout comme les questions philosophiques, elles
nécessitent une actualisation constante et leur ouverture à l’étranger.
20 Maryvonne Boisseau

Conclusion

La traductologie est dispersée tant sur le plan géographique que sur celui de ses approches,
inscrites dans des contextes socio-culturels et universitaires différents. Ainsi la tradition
française, comme les traditions américaine et italienne, s’est-elle sans doute davantage
intéressée à la traduction littéraire (incluant le religieux) tandis que les autres pays, en raison
d’une perception différente de ce que représente le terme littérature (ou plutôt literature), ont
pris en compte la variété des discours comprenant les textes techniques et scientifiques. Entre
ces deux aires, la littérature et les sciences, et compte tenu des frontières disciplinaires
établies, l’étude encore insuffisamment développée, en matière de traductologie, d’un vaste
ensemble de textes ressortissant à la philosophie et aux sciences de l’homme et de la société,
se trouve alors tantôt annexée par la littérature (la philosophie demeurant un champ à part),
tantôt par les sciences. Par ailleurs, la demande exponentielle de traductions dans ces
domaines des sciences humaines et sociales (social sciences en anglais) s’ajoutant à celle des
textes scientifiques et techniques, parallèlement à l’actualisation très rapide des outils
numériques et de la terminologie, ont entraîné la mise en place de formations aux métiers de
la traduction plus performantes. En conséquence, une voie nouvelle de la réflexion
traductologique, intégrant les outils numériques, la terminologie, les discours spécialisés, la
formation, la place et l’environnement du traducteur, s’est ouverte. Son développement
s’avère être, vraisemblablement, l’un des traits marquants de cette dernière décennie alors que
la réflexion – ou la théorisation – portant plus exclusivement sur les langues, les opérations
linguistiques, les problèmes culturels et le ‘traduire’ semble marquer le pas21. Si ce pas est un
mauvais pas, on peut alors espérer que la structuration du champ de la traduction
pragmatique, une réflexion ancrée dans le ‘réel’, mais aussi une tension vers une pensée
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traductologique cohérente contribueront à élargir l’horizon théorique de l’ensemble d’une
discipline qui pourrait bien, à l’instar de la linguistique, se muer en sciences de la traduction,
à défaut de trouver sa pleine légitimité au sein des sciences du langage, de la littérature ou des
sciences de l’homme et de la société.

Maryvonne Boisseau
Université de Strasbourg, EA 1339 LiLPa
22 rue René Descartes,
67034 Strasbourg
<maryvonne.boisseau@unistra.fr>

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Boisseau, M., Chauvin, C., Delesse, C. & al. (2016). Linguistique et Traductologie. Les enjeux d’une
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21
Dans le même temps, de très grands projets concernant l’histoire des traductions et l’histoire de la
traduction ont été mis en œuvre. Cet autre volet de la traductologie occupe cependant une place à part au
point d’apparaître comme une discipline en soi.
De la traductologie aux sciences de la traduction ? 21

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