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LA SÉCURITÉ PASSE
AUSSI PAR L’HYGIÈNE
La notion d’hygiène est intégrée au Code du travail depuis la fin du XIXe siècle. À
cette époque, les textes font déjà reposer la responsabilité de sa pratique sur le chef
d’entreprise, l’hygiène étant considérée comme l’un des éléments de la sécurité. Les
principes et méthodes de l’hygiène s’appliquent essentiellement à trois domaines dans
les métiers du BTP : l’alimentation, l’entretien du corps et les vêtements de travail.
Hygiène et BTP,
ÉTAT DES LIEUX
aider.
une taxe municipale généralement mentation doit être appliquée ; Les effets collatéraux
élevée. De fait, les installations aucun inspecteur du travail n’ac- Au-delà du seul bien-être des
mobiles de type roulotte s’avèrent cepte l’argument selon lequel les travailleurs, de leur seule sécurité,
parfois des solutions intéressantes frais engagés pour mettre à dispo- le respect des mesures d’hygiène
en ville, dans la mesure où leur sta- sition des hommes des installations ne peut qu’améliorer l’image
tionnement peut être toléré, condi- et des procédures d’hygiène satis- de l’entreprise. Des installations
tionné néanmoins au paiement de faisantes feraient perdre des mar- sanitaires en bon état, facilement
l’horodateur. En toute logique, ces chés. Et quand l’Inspection du tra- accessibles, des tenues de travail
freins concernent au premier chef vail organise une opération coup- propres, régulièrement entretenues,
les entreprises dont l’assise finan- de-poing « installations sanitaires des espaces de restauration
cière est la plus modeste, celles qui de chantiers », les procès-verbaux agréables, sont autant d’arguments
regroupent l’immense majorité des tombent comme feuilles en concrets permettant d’attirer
salariés du bâtiment. automne. les jeunes vers les professions
Par ailleurs, encore beaucoup du BTP et de réduire leur turnover.
Nul ne saurait ignorer… d’entreprises restent dans l’igno- Pour ce secteur qui s’apprête
Ces explications sont certes rece- rance d’une réglementation qui à affronter une grave crise de recru-
vables, mais ne peuvent excuser le concerne à l’identique les majors tement, peut-être s’agit-il d’une
non-respect de la loi. La régle- et les artisans. question vitale.
D Construction Haute-Norman-
die (76) accorde une attention
particulière à l’hygiène. Cela se traduit
deux salles de
restauration de
l’établissement
Pollet, pôle
« Exxon »,
par la mise en œuvre de plusieurs d’Eiffage
procédures, notamment sur le plan Construction
de la gestion des repas et sur celui de Haute-
Normandie.
l’entretien des vêtements de travail.
Visite guidée, en compagnie de Jean- Les aliments
Luc Ellart, ingénieur sécurité, Eiffa- sont cuits ou
réchauffés dans
ge Construction Haute-Normandie : un four placé à
« La demande provenait initialement proximité des
de certains CHSCT qui souhaitaient salles de
réfectoire.
voir améliorer les conditions de tra-
vail par une meilleure gestion des
repas sur les chantiers, se souvient
« Notre procédure
Jean-Luc Ellart. Validée par la direc- de restauration
tion, elle a conduit à la mise en permet à l’entreprise
de mieux contrôler
place d’une organisation innovante :
l’hygiène alimentaire
Eiffage Haute-Normandie dispose des hommes qui,
de 4 pôles, 4 agences où la plupart jusqu’alors, échappait
à toute mesure de
des compagnons (environ 220) sécurité. Elle permet
démarrent la journée avant de se aussi de simplifier la
rendre sur les chantiers (distants question des repas dont les compagnons
(et leurs épouses) n’ont plus à se soucier »,
d’une vingtaine de kilomètres, en Gérard Lavice, directeur de travaux de
moyenne, des pôles) et prennent l’établissement Pollet, pôle « Exxon ».
leur repas.
Tous les midis,
sur chacun des
pôles, un presta- « L’organisation des repas nous fait
gagner du temps par rapport à la
taire livre les procédure classique de la “gamelle”.
repas, préparés Le matin, ma femme n’a plus à se
et transportés soucier de mon repas de midi. Je sais
que le médecin et le CHSCT se sont
dans le respect le impliqués dans la constitution du
plus rigoureux menu, ce qui est rassurant », Delphin
Jean-Luc Ellart. suite page 44 Dos Santos, chef d’équipe de
l’établissement Pollet, pôle « Exxon ».
VÊTEMENTS
Une convention OPPBTP-Elis
Les entreprises ayant signé un contrat de progrès avec l’OPPBTP
peuvent, en vertu d’une convention passée avec la société Elis, obte-
nir de substantielles réductions sur l’achat de vêtements de travail. Chaque
compagnon
La gamme des vêtements proposée par Elis, aux normes CE, est construit ses
adaptée aux différents métiers du BTP, opérateurs de voirie, peintres, menus pour le
carreleurs… Pour l’OPPBTP, leur acquisition traduit la volonté des mois, sur la base
d’un choix
entreprises d’améliorer les conditions de travail. proposé par le
prestataire.
suite de la page 43
des mesures d’hygiène alimentaire. Des équipements proposés
MATÉRIEL
Ce sont les hommes eux-mêmes qui
ont constitué leur menu, sur la base
d’une proposition conjointement éla-
à l’achat ou à la location
borée par le prestataire, le CHSCT
et un médecin qui veille à l’équilibre Vecteurs de l’image de marque de l’entreprise, les équipements sont
alimentaire. souvent réalisés sur mesure pour s’adapter aux besoins du chantier.
Une fois sur site, les plateaux-repas
sont stockés dans des frigos. Ils sont
cuits ou réchauffés au dernier
moment, lorsque les équipes pas-
sent à table.
Pour ceux des hommes qui inter-
viennent sur des sites trop éloignés
des pôles, nous avons négocié avec
un restaurant voisin un accueil quo-
tidien, le temps du chantier. Pour eux
aussi, la qualité gustative et nutritive
des menus a fait l’objet d’une négo-
ciation avec le restaurateur.
La prise en charge par l’entreprise
de l’entretien des vêtements de tra-
vail est bien perçue par les agents
et par leurs conjoints. Aujourd’hui,
chacun dispose sur le pôle d’une
armoire fermée, à l’intérieur de
laquelle un prestataire livre les vête- QUIPEMENTS SANITAIRES, bun- entretien hebdomadaire font par-
ments nettoyés, réparés ou chan-
gés. Chaque vêtement est équipé
d’un code-barres, ce qui permet
É galows, W-C chimiques, les
prestataires sont nombreux à
proposer aujourd’hui des gammes
tie de prestations annexes souvent
proposées par les loueurs.
L’aspect extérieur de ces installa-
une individualisation des tenues par de produits capables de répondre tions (sur lesquelles peut être appo-
Les matériels
homme. Quant au linge sale, il est à la plupart des attentes du BTP. proposés à la sé le logo de l’entreprise de bâti-
stocké à l’écart, dans des bacs mis Le raccordement à un réseau sani- location sont ment ou de TP), notamment des
souvent
à disposition du prestataire. » taire ou à un réseau d’alimentation modulables.
roulottes, a beaucoup évolué ces
n’est plus indispensable, les maté- L’entreprise, dernières années. Vis-à-vis du
riels étant autonomes si nécessaires. selon ses public, des maîtres d’ouvrage, de
besoins, peut
Ainsi, le fait de travailler sur un ter- choisir la surface
l’ensemble des professionnels qui
rain non viabilisé n’est plus un pro- et les interviennent sur le chantier, le
blème. Bien conçus, d’un entretien équipements des design, les couleurs sont des vec-
locaux.
facilité, ils sont souvent réalisés sur teurs non négligeables de l’image
mesure, c’est-à-dire précisément de marque de l’entreprise.
adaptés aux besoins précis du chan-
tier en termes de matériels (nombre SUBVENTIONS
de lavabos, de douches, de W-C,
espace réfectoire, bureaux, surface Aides des Cram
au sol…). Si leur prix peut parfois Dans le cadre des contrats de prévention, les Cram
représenter un obstacle à l’acquisi- ont aidé les entreprises à se doter d’équipements
tion, la location peut être une solu- de chantier tels que les réfectoires ou les roulottes
tion alternative satisfaisante. Mise sanitaires. Ces subventions (qui peuvent s’élever
à 20, voire 50 % du prix de l’équipement) ont per-
en service, mise en eau, renouvel-
mis à pas mal d’entreprises à progresser, au titre
lement des produits d’hygiène (bio-
de l’amélioration des conditions de travail.
A table ! dégradables), du papier toilette,
HYGIÈNE ALIMENTAIRE est de conseils diététiques et d’hygiène tionne pourtant la forme physique et
L’ davantage de la responsabili-
té des travailleurs eux-mêmes
que de celle des entreprises. Les
alimentaire. »
Il n’est de surcroît pas toujours faci-
le de convaincre les gens qu’ils se
psychologique des travailleurs. Ce sont
deux paramètres essentiels pour la pré-
vention des risques au travail. Tra-
mauvaises habitudes alimentaires nourrissent mal. Cela peut aller vailler le ventre vide est mauvais. Cela
sont des facteurs de risques qu’il est contre des convictions ancrées de expose à des malaises qui peuvent avoir
nécessaire de combattre. longue date (le travailleur de force de lourdes conséquences. Les abus de
La restauration sur les chantiers est devrait soi-disant manger beaucoup. graisses animales, de viande, de char-
une situation à risques non négli- La viande serait obligatoire à cuterie, les carences en vitamines
geable, sur le plan hygié- (légumes verts) et glucides (sucres
nique. lents) favorisent les maladies cardio-
La réglementation est vasculaires. Il n’est pas rare de voir des
binaire : lorsque les com- hommes prendre régulièrement un ou
La restauration sur
pagnons apportent leur
repas et le prennent sur le
chantier, l’entreprise leur
“
les chantiers est une situation
à risques non négligeable
deux kilos chaque année. Sur les chan-
tiers, comme dans le reste de la popu-
lation, l’obésité menace. »
doit le réfectoire (avec
moyens de réchauffer, petit sur le plan hygiénique.
frigo et micro-ondes…).
Dans le cas contraire, cet-
te question n’est pas de la
” Bibliographie