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dossier

DR

LA SÉCURITÉ PASSE
AUSSI PAR L’HYGIÈNE
La notion d’hygiène est intégrée au Code du travail depuis la fin du XIXe siècle. À

 cette époque, les textes font déjà reposer la responsabilité de sa pratique sur le chef
d’entreprise, l’hygiène étant considérée comme l’un des éléments de la sécurité. Les
principes et méthodes de l’hygiène s’appliquent essentiellement à trois domaines dans
les métiers du BTP : l’alimentation, l’entretien du corps et les vêtements de travail.

Prévention btp  N° 70  janvier 2005 39


dossier

Hygiène et BTP,
ÉTAT DES LIEUX

une coexistence difficile


Selon le dictionnaire, l’hygiène est l’ensemble des principes et des méthodes tendant à
à améliorer la santé des travailleurs. Pour l’entreprise, il s’agira de la préserver.
le fait que, aux yeux de nombreux
maîtres d’ouvrage, l’hygiène est une
ligne budgétaire qu’il ne leur
revient pas de prendre en compte ;
n’étant porteuse d’aucune valeur
ajoutée apparente, elle devrait être
sans incidence sur le coût de la
prestation.
Le secteur dit « pavillonnaire » est
la principale victime de cette prise
de position. Ainsi, rares sont les
clients qui mettent ou peuvent
mettre à disposition des opérateurs
des lavabos, des toilettes ou
des locaux faisant office de vestiaire.
À l’entreprise de se débrouiller,
de prendre à sa charge les frais
lui permettant d’assumer les obli-
gations réglementaires (voir enca-
dré p. 46) ou, le cas échéant,
de trouver un partenaire pour l’y
DR

aider.

OUR CARICATURALES Certes, nous ne sommes plus à Le contexte urbain

P qu’elles paraissent, cer-


taines réflexions n’en tra-
duisent pas moins un état
d’esprit toujours très pré-
sent dans le vaste monde du BTP :
« Est-ce que c’est mon problème à moi
si les gens ne se lavent pas ? » « Des
l’époque de Zola. De gros efforts ont
été réalisés. Certaines entreprises
sont réellement exemplaires, dans
le bâtiment comme dans les travaux
publics. Il n’empêche que, globale-
ment, les marges de progrès à réali-
ser restent considérables.
Autre frein objectif : lorsqu’une
entreprise de bâtiment veut
installer des locaux sanitaires et
un hébergement de chantier
conformes aux obligations régle-
mentaires, elle est souvent confron-
tée à une fin de non-recevoir de la
toilettes, sur le chantier ? Bien sûr que Si les améliorations sont lentes, part des autorités municipales des
nous en avons, des hectares tout c’est parce que les entreprises sont grandes agglomérations. Celles-ci
autour, plantés de maïs ! » « Je suis un soumises à deux sortes de freins, les acceptent difficilement de voir des
homme : je ne vais quand même pas objectifs et les autres, qui sont sou- baraques ou des roulottes empiéter
me mettre de la crème sur les mains vent le fait d’une méconnaissance sur la voie publique. L’autorisation
après le travail. » des textes réglementaires et d’idées de voirie (document exigé en préa-
L’hygiène ne fait pas partie de la reçues. lable à l’installation d’équipements
Dossier réalisé par
Pierre Claude.
« culture » de base des entreprises de type bungalow ou échafaudage
Reportage photos du bâtiment qui, pour la plupart, Le contexte pavillonnaire sur un trottoir) n’est pas toujours
Xavier Pierre. ont longtemps « fait sans ». Parmi les freins objectifs, on compte facile à obtenir. Elle est soumise à

40 janvier 2005  N° 70  Prévention btp


 Aussi bien équipé que soit un bungalow en lavabos, W-C, douches, produits de lavage des mains, son efficacité sera toute relative sur le
plan hygiénique s’il est planté sur le chantier au milieu de la boue. Pour l’entreprise maîtresse d’œuvre, il est important de prévoir avant le
début des travaux un cheminement bétonné des accès aux installations de vie et d’hygiène.

une taxe municipale généralement mentation doit être appliquée ; Les effets collatéraux
élevée. De fait, les installations aucun inspecteur du travail n’ac- Au-delà du seul bien-être des
mobiles de type roulotte s’avèrent cepte l’argument selon lequel les travailleurs, de leur seule sécurité,
parfois des solutions intéressantes frais engagés pour mettre à dispo- le respect des mesures d’hygiène
en ville, dans la mesure où leur sta- sition des hommes des installations ne peut qu’améliorer l’image
tionnement peut être toléré, condi- et des procédures d’hygiène satis- de l’entreprise. Des installations
tionné néanmoins au paiement de faisantes feraient perdre des mar- sanitaires en bon état, facilement
l’horodateur. En toute logique, ces chés. Et quand l’Inspection du tra- accessibles, des tenues de travail
freins concernent au premier chef vail organise une opération coup- propres, régulièrement entretenues,
les entreprises dont l’assise finan- de-poing « installations sanitaires des espaces de restauration
cière est la plus modeste, celles qui de chantiers », les procès-verbaux agréables, sont autant d’arguments
regroupent l’immense majorité des tombent comme feuilles en concrets permettant d’attirer
salariés du bâtiment. automne. les jeunes vers les professions
Par ailleurs, encore beaucoup du BTP et de réduire leur turnover.
Nul ne saurait ignorer… d’entreprises restent dans l’igno- Pour ce secteur qui s’apprête
Ces explications sont certes rece- rance d’une réglementation qui à affronter une grave crise de recru-
vables, mais ne peuvent excuser le concerne à l’identique les majors tement, peut-être s’agit-il d’une
non-respect de la loi. La régle- et les artisans. question vitale. 

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Le linge sale des compagnons


VÊTEMENTS DE TRAVAIL
se lave de moins en moins en famille
L’entretien des vêtements de travail est de la responsabilité du chef d’entreprise. Outre la prime de
nettoyage accordée au salarié pour la gestion de sa tenue, cette presation est aussi externalisée.
HYGIÈNE CORPORELLE passe

L’ nécessairement par la pro-


preté des vêtements utilisés
pendant le travail.
L’entretien des vêtements de travail
est de la responsabilité du chef d’en-
treprise qui doit mettre à disposi-
tion, entretenir et réparer les
tenues, séparer dans des espaces dis-
tincts le propre du sale.
Longtemps, la gestion du linge a été
« déléguée » de fait aux familles ; à
charge pour elles d’utiliser leurs
propres équipements, en contre-
partie de la traditionnelle prime de
nettoyage. Or, cette délégation offi-
cieuse ne dédouane jamais le chef
d’entreprise de ses responsabilités.
S’il constate que les vêtements ne
sont pas nettoyés correctement
(que la prime n’est pas utilisée à bon  Le linge sale
escient), il est tenu de prendre les est stocké dans
un bac qui sera
mesures correctives nécessaires. vidé le soir par
Une solution consiste à apposer sys- le prestataire
tématiquement les armes de l’en- chargé de
l’entretien
treprise sur la tenue. Devenue des vêtements
« vêtement image de marque », elle de travail.

devra nécessairement être mainte-


nue en bon état.
L’autre solution, de plus en plus
retenue par les entreprises, consiste
à externaliser totalement la presta-
tion de fourniture et d’entretien des
vêtements de travail. Le prestataire
se charge alors de récupérer les vête-
ments en location salis ou abîmés
(généralement toutes les semaines)
et de les remplacer par des tenues
propres et en parfait état.
Ce type de service s’adresse aussi
bien aux équipes importantes
 Chaque vêtement est équipé d’un code-barres  Le linge est livré par le prestataire
permettant au prestataire de le rendre à son unique qu’aux entreprises de moins de dix qui le range dans le casier
utilisateur, une fois lavé. salariés.  individualisé de chaque compagnon.

42 janvier 2005  N° 70  Prévention btp


Un programme d’hygiène alimentaire et d’entretien de
REPORTAGE

vêtements de travail chez Eiffage Construction près du Havre


ANS SA ZONE D’ACTIVITÉ, Eiffage  L’une des

D Construction Haute-Norman-
die (76) accorde une attention
particulière à l’hygiène. Cela se traduit
deux salles de
restauration de
l’établissement
Pollet, pôle
« Exxon »,
par la mise en œuvre de plusieurs d’Eiffage
procédures, notamment sur le plan Construction
de la gestion des repas et sur celui de Haute-
Normandie.
l’entretien des vêtements de travail.
Visite guidée, en compagnie de Jean-  Les aliments
Luc Ellart, ingénieur sécurité, Eiffa- sont cuits ou
réchauffés dans
ge Construction Haute-Normandie : un four placé à
« La demande provenait initialement proximité des
de certains CHSCT qui souhaitaient salles de
réfectoire.
voir améliorer les conditions de tra-
vail par une meilleure gestion des
repas sur les chantiers, se souvient
 « Notre procédure
Jean-Luc Ellart. Validée par la direc- de restauration
tion, elle a conduit à la mise en permet à l’entreprise
de mieux contrôler
place d’une organisation innovante :
l’hygiène alimentaire
Eiffage Haute-Normandie dispose des hommes qui,
de 4 pôles, 4 agences où la plupart jusqu’alors, échappait
à toute mesure de
des compagnons (environ 220) sécurité. Elle permet
démarrent la journée avant de se aussi de simplifier la
rendre sur les chantiers (distants question des repas dont les compagnons
(et leurs épouses) n’ont plus à se soucier »,
d’une vingtaine de kilomètres, en Gérard Lavice, directeur de travaux de
moyenne, des pôles) et prennent l’établissement Pollet, pôle « Exxon ».
leur repas.
Tous les midis,
sur chacun des
pôles, un presta-  « L’organisation des repas nous fait
gagner du temps par rapport à la
taire livre les procédure classique de la “gamelle”.
repas, préparés Le matin, ma femme n’a plus à se
et transportés soucier de mon repas de midi. Je sais
que le médecin et le CHSCT se sont
dans le respect le impliqués dans la constitution du
plus rigoureux menu, ce qui est rassurant », Delphin
 Jean-Luc Ellart.  suite page 44 Dos Santos, chef d’équipe de
l’établissement Pollet, pôle « Exxon ».

VÊTEMENTS
 Une convention OPPBTP-Elis
Les entreprises ayant signé un contrat de progrès avec l’OPPBTP
peuvent, en vertu d’une convention passée avec la société Elis, obte-
nir de substantielles réductions sur l’achat de vêtements de travail.  Chaque
compagnon
La gamme des vêtements proposée par Elis, aux normes CE, est construit ses
adaptée aux différents métiers du BTP, opérateurs de voirie, peintres, menus pour le
carreleurs… Pour l’OPPBTP, leur acquisition traduit la volonté des mois, sur la base
d’un choix
entreprises d’améliorer les conditions de travail. proposé par le
prestataire.

Prévention btp  N° 70  janvier 2005 43


dossier

 suite de la page 43
des mesures d’hygiène alimentaire. Des équipements proposés
MATÉRIEL
Ce sont les hommes eux-mêmes qui
ont constitué leur menu, sur la base
d’une proposition conjointement éla-
à l’achat ou à la location
borée par le prestataire, le CHSCT
et un médecin qui veille à l’équilibre Vecteurs de l’image de marque de l’entreprise, les équipements sont
alimentaire. souvent réalisés sur mesure pour s’adapter aux besoins du chantier.
Une fois sur site, les plateaux-repas
sont stockés dans des frigos. Ils sont
cuits ou réchauffés au dernier
moment, lorsque les équipes pas-
sent à table.
Pour ceux des hommes qui inter-
viennent sur des sites trop éloignés
des pôles, nous avons négocié avec
un restaurant voisin un accueil quo-
tidien, le temps du chantier. Pour eux
aussi, la qualité gustative et nutritive
des menus a fait l’objet d’une négo-
ciation avec le restaurateur.
La prise en charge par l’entreprise
de l’entretien des vêtements de tra-
vail est bien perçue par les agents
et par leurs conjoints. Aujourd’hui,
chacun dispose sur le pôle d’une
armoire fermée, à l’intérieur de
laquelle un prestataire livre les vête- QUIPEMENTS SANITAIRES, bun- entretien hebdomadaire font par-
ments nettoyés, réparés ou chan-
gés. Chaque vêtement est équipé
d’un code-barres, ce qui permet
É galows, W-C chimiques, les
prestataires sont nombreux à
proposer aujourd’hui des gammes
tie de prestations annexes souvent
proposées par les loueurs.
L’aspect extérieur de ces installa-
une individualisation des tenues par de produits capables de répondre tions (sur lesquelles peut être appo-
 Les matériels
homme. Quant au linge sale, il est à la plupart des attentes du BTP. proposés à la sé le logo de l’entreprise de bâti-
stocké à l’écart, dans des bacs mis Le raccordement à un réseau sani- location sont ment ou de TP), notamment des
souvent
à disposition du prestataire. »  taire ou à un réseau d’alimentation modulables.
roulottes, a beaucoup évolué ces
n’est plus indispensable, les maté- L’entreprise, dernières années. Vis-à-vis du
riels étant autonomes si nécessaires. selon ses public, des maîtres d’ouvrage, de
besoins, peut
Ainsi, le fait de travailler sur un ter- choisir la surface
l’ensemble des professionnels qui
rain non viabilisé n’est plus un pro- et les interviennent sur le chantier, le
blème. Bien conçus, d’un entretien équipements des design, les couleurs sont des vec-
locaux.
facilité, ils sont souvent réalisés sur teurs non négligeables de l’image
mesure, c’est-à-dire précisément de marque de l’entreprise. 
adaptés aux besoins précis du chan-
tier en termes de matériels (nombre SUBVENTIONS
de lavabos, de douches, de W-C,
espace réfectoire, bureaux, surface  Aides des Cram
au sol…). Si leur prix peut parfois Dans le cadre des contrats de prévention, les Cram
représenter un obstacle à l’acquisi- ont aidé les entreprises à se doter d’équipements
tion, la location peut être une solu- de chantier tels que les réfectoires ou les roulottes
tion alternative satisfaisante. Mise sanitaires. Ces subventions (qui peuvent s’élever
à 20, voire 50 % du prix de l’équipement) ont per-
en service, mise en eau, renouvel-
mis à pas mal d’entreprises à progresser, au titre
lement des produits d’hygiène (bio-
de l’amélioration des conditions de travail.
 A table ! dégradables), du papier toilette,

44 janvier 2005  N° 70  Prévention btp


HYGIÈNE ALIMENTAIRE > Une situation à risque avérée

HYGIÈNE ALIMENTAIRE est de conseils diététiques et d’hygiène tionne pourtant la forme physique et

L’ davantage de la responsabili-
té des travailleurs eux-mêmes
que de celle des entreprises. Les
alimentaire. »
Il n’est de surcroît pas toujours faci-
le de convaincre les gens qu’ils se
psychologique des travailleurs. Ce sont
deux paramètres essentiels pour la pré-
vention des risques au travail. Tra-
mauvaises habitudes alimentaires nourrissent mal. Cela peut aller vailler le ventre vide est mauvais. Cela
sont des facteurs de risques qu’il est contre des convictions ancrées de expose à des malaises qui peuvent avoir
nécessaire de combattre. longue date (le travailleur de force de lourdes conséquences. Les abus de
La restauration sur les chantiers est devrait soi-disant manger beaucoup. graisses animales, de viande, de char-
une situation à risques non négli- La viande serait obligatoire à cuterie, les carences en vitamines
geable, sur le plan hygié- (légumes verts) et glucides (sucres
nique. lents) favorisent les maladies cardio-
La réglementation est vasculaires. Il n’est pas rare de voir des
binaire : lorsque les com- hommes prendre régulièrement un ou
La restauration sur
pagnons apportent leur
repas et le prennent sur le
chantier, l’entreprise leur

les chantiers est une situation
à risques non négligeable
deux kilos chaque année. Sur les chan-
tiers, comme dans le reste de la popu-
lation, l’obésité menace. » 
doit le réfectoire (avec
moyens de réchauffer, petit sur le plan hygiénique.
frigo et micro-ondes…).
Dans le cas contraire, cet-
te question n’est pas de la
” Bibliographie

POUR EN SAVOIR PLUS


responsabilité du chef d’entreprise.  Hygiène, Installations d’accueil sur
Une indemnité doit cependant être chaque repas pour entretenir la mus- les chantiers, Manuel pratique de
versée, que le repas soit pris sur ou culation…), voire les traditions cul- prévention, réf. H3 P 01 97, éd.
hors chantier. turelles et religieuses (périodes de OPPBTP.
Concernant le contenu de la jeûne, nourriture saturée en sucres  Hygiène et logement des travailleurs,
« gamelle », le chef d’entreprise et en graisse…). fiche de sécurité, réf. H3 F 01 97, éd.
n’est pas concerné. Les gens man- « La qualité de l’alimentation condi- OPPBTP.
gent ce qu’ils veulent, voire ne man-
gent pas s’ils le veulent. Toute
intoxication alimentaire liée à la CODE DU TRAVAIL
qualité des aliments sera de leur
responsabilité, sauf s’il s’avère
 Rappel de dispositions réglementaires
Le Code du travail (article L.232-1) stipule que l’employeur est tenu de
qu’elle est la conséquence d’un
mettre à la disposition des travailleurs les moyens nécessaires à assurer
défaut de mise à disposition sur leur propreté individuelle (vestiaires, lavabos, WC, ces installations devant
le chantier des équipements de satisfaire à des critères spécifiés par les textes), notamment sur les chan-
conservation requis et d’un local tiers, quel que soit le nombre (à partir d’une personne) et la qualité de ces
repas salubre. travailleurs (salarié, apprenti…). Il doit veiller à la propreté de ces installa-
« Cela ne va pas sans poser problème, tions. L’employeur a également obligation de s’assurer de l’entretien des
reconnaît Jean-François Boulat, vêtements de travail (décret 2003-1254, article R 235-54-9). Lorsque les
médecin du travail APMT-BTP- travailleurs prennent leur repas sur le chantier, un local réfectoire doit être
Région parisienne. Le médecin du mis à leur disposition équipé de tables et de chaises, d’un appareil per-
travail ne dispose pas toujours d’un mettant d’assurer le réchauffage et la cuisson des aliments, d’un garde-
temps suffisant pour, par exemple, manger ou d’un réfrigérateur. Ce local doit être tenu en parfait état de pro-
prescrire des régimes adaptés à preté (décret du 8 janvier 1965, modifié le 6 mai 1995). La réglementa-
chaque cas particulier. Sur ce plan, tion relative à l’hygiène est aussi vaste, détaillée que complexe.
son rôle est essentiel en matière

Prévention btp  N° 70  janvier 2005 45


dossier
Le bon exemple des règles de propreté au
MIXITÉ
féminin
I LES HOMMES entre eux se lais- travaillent actuellement dans le bâti- Code du travail, le chef d’entreprise

S sent souvent aller à des dérives


sur le plan de l’hygiène, s’ils
ne respectent pas toujours les règles
ment n’ont, en pratique, d’autre choix
que de se satisfaire de l’absence de
confort élémentaire ou de conditions
doit mettre à la disposition des tra-
vailleurs féminins des sanitaires et
des vestiaires séparés de ceux des
élémentaires de propreté vis-à-vis spartiates – que connaissent aussi les hommes pour les chantiers d’une
d’eux-mêmes, des autres, de leurs hommes – ou d’inventer des solutions durée supérieure à quatre mois. Pour
tenues et des équipements sani- de fortune avec leurs collègues de chan- les chantiers de moins de quatre
taires, en présence de femmes, il a tier. » mois, cette obligation ne porte que
été constaté qu’ils font de réels Précisons cependant que, d’après le sur les sanitaires. 
efforts (quelques femmes, par
exemple, exercent le métier de
conducteur de travaux). Nous
sommes ici davantage dans le
domaine de la sociologie que dans
celui de la sécurité ; c’est cependant
un facteur qu’il ne faut pas négliger.
Par parenthèses, c’est également
une constatation réalisée dans des
métiers aussi éloignés du BTP que
l’exploration polaire ou l’étude spa-
tiale : plates-formes polaires ou sta-
tion orbitale sont des espaces qui se
sont rapidement transformés en
dépotoirs. La crasse y régnait jus-
qu’aux jours où des femmes ont été
intégrées aux équipes de chercheurs.
Cette seule présence a donné nais-
sance à une autodiscipline sponta-
née des hommes… À méditer.
Selon la Fédération française du
bâtiment (FFB), un argument serait
régulièrement évoqué par les res-
ponsables d’entreprises les plus
réfractaires à la mixité des chan-
tiers. Il concerne le respect des obli-
gations légales de mise à disposition
de vestiaires et de toilettes séparés.
« Les chefs d’entreprises ont tendance
à y voir une contrainte, un souci, et
un poste de dépense supplémentaire.
Cependant, il y a peu de risques que
l’Inspection du travail fasse aujour-
d’hui grief à une entreprise de ne pas
proposer aux travailleurs femmes de
toilettes spécifiques, dès lors que, d’une
part, des toilettes existent sur le chan-
tier et que, d’autre part, elles sont  La seule présence des femmes sur un chantier suffit à provoquer une autodiscipline spontanée
tenues en bon état. Les femmes qui des hommes.

46 janvier 2005  N° 70  Prévention btp

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