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TRAITÉ
DE

GÉOPHYSIQUE I N T E R N E

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CHEZ LE MÊME ÉDITEUR

TRAITÉ D ' I N F O R M A T I Q U E GÉOLOGIQUE, SOUS la direction de P . L A F I T T E . 1 9 7 2 , 6 2 4 pages,


1 5 6 figures, 1 3 tableaux, 3 planches, 9 abaques.
T R A I T É DE TECTONIQUE, par J . G O G U E L . 2<' édition, 1 9 6 5 , 4 5 7 pages, 2 1 5 figures.
APPLICATIONS D E L A GÉOLOGIE A U X T R A V A U X DE L'INGÉNIEUR, par J . G O G U E L . 2'- édition,
1967, 3 7 4 pages, 1 1 8 figures.
PÉTROGRAPHIE DES ROCHES PLUTONIQUES D A N S L E U R CADRE GÉOLOGIQUE, par E . R A G U I N .
1 9 7 0 , 2 4 0 pages, 7 1 figures et cartes.
LE SONDAGE SISMIQUE C O N T I N U . Technique, méthodes et interprétations, par O . L E E N H A R D T .
{Collection Géologie des aires océattiques, volume 2). 1 9 7 2 , 1 6 4 pages, 9 6 figures.
ELÉMENTS DE GÉOPHYSIQUE M A R I N E , sous la direction de P . M U R A O U R . (Collection Géologie
des aires océaniques, volume / ) . 1 9 7 0 , 1 9 6 pages, 9 2 figures.
TRAITÉ D E G L A C I O L O G I E , par L . L L I B O U T R Y ,

T o m e 1. — Glace, neige, hydrologie nivale. 1 9 6 4 , 4 2 8 pages, 1 8 0 figures, 3 6 planches


hors-texte.
Tome I I . — Glaciers, variations du climat, sols gelés. 1 9 6 5 , 6 1 6 pages, 2 2 4 figures,
4 0 planches hors-texte, nombreux tableaux.

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TRAITÉ
DE

GÉOPHYSIQUE INTERNE
publié sous la direction de

Jean C O U L O M B et Georges JOBERT

TOME I

SISMOLOGIE ET PESANTEUR

MASSON & Cie, É D I T E U R S


120, Boulevard Saint-Germain, P A R I S (VI
= 1973

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Tous droits de t r a d u c t i o n , d'adaptation et de reproduction par tous procédés
réservés p o u r tous pays.

La loi d u 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 4 1 ,


d'une part, que les « copies o u reproductions strictement réservées à l'usage privé
du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les
analyses et les courtes citations dans u n but d'exemple et d ' i l l u s t r a t i o n . « toute
représentation ou reproduction intégrale, o u partielle, faite sans le consentement
de l'auteur ou de ses ayants d r o i t o u ayants cause, est illicite» (alinéa Ι'"·" de l'ar­
ticle 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, consti­
tuerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants d u Code
pénal.

'Q 1972, Masson et O", Paris


LiBRARY OF CONGRESS CATALOG CARD NUMBER : 72-96448
I S B N : 2-225 36300-6

Imprimé en France

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LISTE DES A U T E U R S

J . L . CHEMINÉE. — Laboratoire de Géologie dynamique, Université Paris V I , 4 , place Jussicu.


7 5 2 3 0 Paris-CEDEX 0 5 .
M . C H O U D H U R Y . — Institut de Pliysique d u Globe, Université Paris V I , 4 , place Jussieu.
7 5 2 3 0 Paris-CEDEX 0 5 .
J . COULOMB. — Chaire de Physique d u Globe, Université Paris V I , 4 , place Jussieu. 7 5 2 3 0
Paris-CEDEX 0 5 .
A. CouzY. — Institut Géographique N a t i o n a l , 1 3 6 bis, rue de l'Université. 7 5 0 0 7 Paris.
J. FouRMANN. — Compagnie Générale de Géophysique, 6 , rue G a l v a n i . 9 1 3 0 0 Massy.
J. FRANCHETEAU. — Centre Océanologique de Bretagne, B P 3 3 7 . 2 9 2 7 3 B r e s t - C E D E X .
J. GOGUEL. — 1 0 0 , rue du Bac. 7 5 0 0 7 Paris.
B. G U I N O T . — Bureau International de l'Heure, Observatoire de Paris, 6 1 , boulevard de
l'Observatoire. 7 5 0 1 4 Paris.
G , JOBERT. — Institut de Physique d u Globe, Université Paris V I , 4 , place Jussieu. 7 5 2 3 0
Paris-CEDEX 0 5 .
N . JoBERT (M™"). — Institut de Physique d u Globe, Université Paris V I , 4 , place Jussieu.
7 5 2 3 0 Paris-CEDEX 0 5 .
J. KOVALEVSKY. — Groupe de Recherches de Géodésie spatiale, Observatoire de M e u d o n .
92190 Meudon.
G. K U N E T Z . — Compagnie Générale de Géophysique, 6 , rue G a l v a n i . 9 1 3 0 0 Massy.
J. L . L E M O U Ë L . — Institut de Physique d u Globe, Université Paris V I , 4 , place Jussieu.
7 5 2 3 0 Paris-CEDEX 0 5 .
X. L E PICHON. — Centre Océanologique de Bretagne, BP 3 3 7 . 2 9 2 7 3 B r e s t - C E D E X .
R. LÉTOLLE. — Laboratoire de Géologie dynamique. Université Paris V I , 4 , place Jussieu.
7 5 2 3 0 Paris-CEDEX 0 5 .
L. LLIBOUTRY. — Laboratoire de Glaciologie d u C. N . R. S., 2 , rue Très-Cloîtres.
3 8 0 0 0 Grenoble.
G. M A R I N E L L I . — Universita degli studi d i Pisa, Instituto d i mineralogia e petrografia, 5 3 ,
via Santa-Maria, Pisa, Italie.
R. N E U M A N N . — Ecole Nationale Supérieure des Mines, 6 0 , boulevard Saint-Michel. 7 5 2 7 2
Paris-CEDEX 0 6 .
G. PERRIER. — Institut de Physique d u Globe, Université Paris V I , 4 , place Jussieu. 7 5 2 3 0
Paris-CEDEX 0 5 .
A. POUPON. — Société Schlumberger, 4 2 , rue Saint-Dominique. 7 5 3 4 0 Paris-CEDEX 0 7 .
E. R A G U I N . — Ecole Nationale Supérieure des Mines, 6 0 , boulevard Saint-Michel.
7 5 2 7 2 Paris-CEDEX 0 6 .
A. ROCHE. — Institut de Physique d u Globe, 5, rue René-Descartes. 6 7 Strasbourg.
M . SouRiAU. — Institut de Physique d u Globe, Université Paris V I , 4 . place Jussieu.
7 5 2 3 0 Paris-CEDEX 0 5 .
E. THELLIER. — Observatoire d u Parc Saint-Maur, 4 , avenue de Neptune, 9 4 1 0 0 Saint-
Maur-des-Fossés.
L. THOMSEN. — Laboratoire des Hautes Pressionsdu C N R S , 1, place A . - B r i a n d . 9 2 Bellevue ;
puis : Seismological Laboratory, Caiifornia Institute o f Technology, P. O. Bin 2 -
Arroyo annex, Pasadena, Calif. 9 1 1 0 9 . U S A .

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PRÉSENTATION D E L ' O U V R A G E

par

Jean COULOMB

V OICI DONC

très louable
suivre sans tarder.
le premier
initiative
Le choix
volume de ce Traité
de la maison
des auteurs
Masson.
et l'examen
de Géophysique
L'autre volume
des manuscrits
Interne,
devrait
ont été
faits par un Comité de rédaction où MM. Goguel, Le Pichon, Lliboutry,
Thellier se joignaient aux deux rédacteurs, M. Jobert et moi-même.
Il fut convenu dès le départ que l'ouvrage satisferait les besoins des physi­
ciens entreprenant des recherches dans le domaine de la géophysique, mais
qu'il ne perdrait pas de vue les désirs des géologues en quête de références
précises sur des sujets qu'il ne leur est plus permis d'ignorer. Pour éviter à ces
derniers des lectures trop théoriques, parfois simples outils pour la recherche
en cours, les sections de niveau mathématique élevé sont signalées par des
traits verticaux dans la marge, et leurs conclusions reproduites par ail­
leurs. De leur côté les géophysiciens trouveront dans le second volume des
chapitres d'initiation géologique écrits à leur intention.
Notre espoir proclamé était d'obtenir par de franches discussions une
complète homogénéité des chapitres écrits par les divers auteurs, malgré
l'orientation très variée de ceux-ci. Mais nul n'est prêt de gaieté de cœur à
trop s'éloigner de son propre centre d'intérêt, ou à en sacrifier quelque partie.
Malgré nos efforts, le miracle ne s'est donc pas produit. Un jour venu, il a
fallu en finir, sans étcniser les discussions. Nous pensons cependant avoir
assuré une couverture du sujet raisonnablement complète et sans redites.
Nous espérons que le lecteur jugera normaux les compromis acceptés,
et n'incriminera pas trop l'individualisme des Français. Nos grands prédéces­
seurs Beno Gutenberg, puis Julius Bartels ont fait naguère des expériences
comparables. Seul Jeffreys a tenu, avec les éditions successives de T h e E a r t h ,
kl gageure d'écrire seul un important Traité ; mais il y exposait essentielle­
ment son immense apport personnel.

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νπι PRÉSENTATION DE L'OUVRAGE

Montrons maintenant, pour les lecteurs non encore initiés à la géophy­


sique, le panorama de notre science. On la définit classiquement en énumé-
rant les domaines des sept associations qui composent Γ Union Géodésique
et Géophysique Internationale : 1) géodésie, 2) sismologie, 3) météorologie,
4 ) géomagnétisme et aéronomie, 5) océanographie physique, 6) hydrologie
scientifique, 7) volcanologie. La météorologie et Vaéronomie relèvent évi­
demment de la géophysique externe ; on peut leur adjoindre Γ océanographie
et r/iydrologie, en reconnaissant que Vattribution est contestable. Les autres
disciplines énumérées constituent alors la géophysique interne (ou physique
du Globe) si Γ on réduit le magnétisme terrestre à sa part d'Origine interne.
( Cest de beaucoup la plus grande, mais le champ magnétique observé refiète
aussi l'effet des courants dans la haute atmosphère et celui des courants qu'ils
induisent dans le sol.)
Cette description classique fait apparemment bien peu de place à des
branches nouvelles dont certaines ont une individualité reconnue ( à Γ Ame­
rican Geophysical Union par exemple). La tectonophysique, la géochimie
(en particulier l'étude des isotopes), la physique spatiale (dans ses appli­
cations à la géodésie et même à la géodynamique) auraient mérité des déve­
loppements indépendants. Dans un Traité en deux volumes, il était seulement
possible de faire comprendre leur rôle et de se servir de leurs données. De
même, pour éviter le gigantisme, nous consacrerons très peu de place aux
interactions entre la Terre solide et l'atmosphère ou les océans. Nous n'en
croyons pas moins à l'unité profonde de la géophysique, unité dans son objet
(la Terre) et dans ses méthodes (celles des Sciences Physiques).
Dans notre ouvrage, le tome I traite des phénomènes liés aux séismes et au
champ de pesanteur de la Terre. Le tome I I sera consacré essentiellement au
magnétisme et à la géodynamique.
Des options délibérées ont limité sévèrement l'étendue des chapitres
consacrés aux instruments et favorisé les méthodes aux dépens des résultats ;
le Traité ainsi conçu devrait rester utilisable assez longtemps, alors qu'une
mise au point consacrée aux appareils et aux acquisitions récentes est en
général périmée au moment où elle paraît.
Bien entendu, aucun Traité ne dispensera les chercheurs géophysiciens de
recourir aux articles originaux. Les références données sont donc nombreu­
ses, bien qu'elles portent surtout sur des articles récents, dans lesquels on
puisse retrouver la bibliographie ancienne. Ces références sont données sous
la forme « Martin et a l . (1970 h) » pour le second article écrit en 1970 par
Martin et ses co-auteurs. Les titres des périodiques sont cités en clair sauf
pour deux ou trois grands : JGR pour le J o u r n a l o f G e o p h y s i c a l Research,
publié par Γ American Geophysical Union, de très loin le plus important
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PRÉSENTATION DE L'OUVRAGE IX

périodique intéressant toutes les branches de la Géophysique ; BSSA pour


le B u l l e t i n o f t h e S e i s m o l o g i c a l S o c i e t y o f A m e r i c a , restreint au domaine
particulier de la sismologie, G J pour le G e o p h y s i c a l J o u r n a l o f t h e R o y a l
A s t r o n o m i c a l Society (London) qui publie notamment des articles fonda­
mentaux dans le domaine théorique, CRAS pour les C o m p t e s R e n d u s des
séances de l'Académie des Sciences de P a r i s .
L'orientation des autres périodiques de géophysique correspond moins
bien au titre du Traité (par exemple le périodique français Annales de
Géophysique, publié par le CNRS, contient beaucoup de Géophysique
Externe) ou sont d'envergure moindre : ils seront cités i n extenso.
Le Système international d'unités (S. /., dit autrefois M. K. S. A.) a
été adopté en principe pour tout l'ouvrage. La latitude a cependant été laissée
aux auteurs d'utiliser d'autres unités lorsqu'elles étaient d'usage universel, à
condition d'en préciser au départ la valeur en unités S. L
Le texte est divisé en chapitres, sections et paragraphes en sorte qu'un
renvoi prenne la forme 1 0 . i . 2 par exemple. Les formules sont numérotées
à la suite dans chaque section. Les vecteurs sont représentés par des carac­
tères gras.
La science se diversifie. Nos maîtres nous semblaient compétents dans
toutes tes branches de la géophysique, et pourtant, aujourd'hui, la seule
Géophysique Interne apparaît terriblement vaste. Les conseils d'avoir à
restreindre encore notre entreprise ont été nombreux. Lecteurs, vous nous
direz si nous avons bien fait de tenir bon.

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T A B L E DES MATIÈRES

CHAPITRE 1 . — Mécanique des solides : bases physiques, par Louis LLIBOUTRY. . . . I

Introduction 1

1. Contraintes et déformations I

1.1. Contraintes 1
1.2. Diagramme de M o h r 2
1.3. Invariants 4
1.4. Cas particuliers et leur réalisation expérimentale 5
1.5. Déformations infinitésimales et vitesses de déformation 7

2. Viscosité newtonienne et plasticité idéale 10

2.1. Solides, fluides, anélasticité, fluage 10


2.2. Equations générales d u fluage d ' u n corps incompressible et isotrope Il
2.3. Corps visqueux newtonien à viscosité uniforme 13
2.4. Le corps plastique idéal 15
2.5. Autres modèles de déformation anélastique 18

3. Corps élastiques et visco-élastiques 19

3.1. Le corps élastique 19


3.2. Viscoélasticité linéaire 21
3.3. Cas où la dissipation d'énergie est faible ; définition de β 24
3.4. Autres comportements rhéologiques linéaires 26
3.5. Rhéologie n o n linéaire 27

4. Mécanisme élémentaire du fluage 28

4.1. Fluage cassant 28


4.2. Glissements sur les joints de grain 29
4.3. Fluage par migration de lacunes de H e r r i n g - N a b a r r o 29
4.4. Fluage par glissements intracristallins et seuil de plasticité 31
4.5. Quelques mots sur les dislocations 32
4.6. Fluage par diffusion dans les sous-grains et fluage de N a b a r r o 35
4.7. Théories d u fluage par glissements intracristallins 35

5. Anélasticité et fluage des matériaux polycristallins, et plus spécialement des


roches 36

5 . 1 . Influence de la pression « hydrostatique » (pression moyenne) sur le seuil


de plasticité 36
5.2. Cas des métaux 37
5.3. Cas de la glace 38

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XII TABLE DES MATIÈRES

5 . 4 . Comportement des roches à la température ambiante. Subdivisions de la


Terre avec la profondeur 39
5 . 5 . Fluage des roches de la croûte terrestre en présence d'eau 40
5 . 6 . Fluage des roches d u manteau supérieur 41
5 . 7 . Propriétés rhéologiques d u manteau au-delà de 1 0 0 k m 42
5 . 8 . Processus d'amortissement des ondes sismiques 46

BIBLIOGRAPHIE 47

CHAPITRE 2 . — Les tremblements de terre, par Jean C O U L O M B 49

1. Introdiiclion 49
2. Cause des séismes 49
3. Les diverses espèces de failles 51
4. Intensité sismique, isoséistes 53
5. Déformation du sol avant et pendant le séisme 54
6. Répliques et précurseurs 58
7. Les séismes artificiels 60
7 . 1 . Explosions 60
7 . 2 . Barrages 61
7 . 3 . Injections 62
8 . Prévision et prévention des séismes 63

BIBLIOGRAPHIE 65

CHAPITRE 3 . — Frottement, rupture et origine des séismes, par Louis LLIBOUTRY . . 67

1. Lois de frottement 67
1 . 1 . L o i de C o u l o m b d u frottement solide 67
1 . 2 . Glissement saccadé (stick-slip) 68

2. Mécanismes de rupture 69
2.1. Stabilité des corps pulvérulents et rupture des corps granuleux 69
2.2. Différents mécanismes de r u p t u r e 71
2.3. I n i t i a t i o n de la r u p t u r e cassante 72
2.4. Développement de la r u p t u r e cassante, à la pression atmosphérique . . . 73
2.5. Rupture ductile par striction 75
2.6. Rupture ductile par échauflfement local 76

3. Application aux séismes 77


3 . 1 . Les contraintes 78
3 . 2 . Foyers superficiels 78
3 . 3 . Foyers profonds 79

BIBLIOGRAPHIE 81

CHAPITRE 4 . — Mécanique des milieux continus : équations tensorîelles. Thermo­


élasticité, par Georges JOBERT 83

1. Déformations 83
1.1. Tenseur des déformations 83
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TABLE DES MATIÈRES XIII

1.2. Expression d u tenseur des déformations en fonction d u déplacement . . . 85


1.3. Expression d u tenseur dans les systèmes de coordonnées usuels 86
1.4. Invariants de la déformation 87

2. Analyse des contraintes. Equations du mouvement 89


2 . 1 . Tenseur des contraintes 89
2 . 2 . Equations d u mouvement 89
2.3. Expression de la force élastique dans les systèmes usuels 90

3. Elasticité et thermoélasticité 92
3.1. Puissance élastique liée à la déformation 92
3.2. Entropie 93
3.3. M i l i e u élastique parfait isotrope 93
3.4. Relations entre contraintes et déformations 93
3.5. Equations de la thermoélasticité 94
3.6. Coefficients adiabatiques 95
3.7. Expression des contraintes en fonction d u déplacement dans les systèmes
usuels 96
3.8. M i l i e u élastique anisotrope 97

BIBLIOGRAPHIE 98

CHAPITRE 5 . — Propagation des ondes en milieux homogènes, par Georges JOBERT 99

1. Imroduction 99

2. Propagation d'ondes dans un milieu élastique homogène 100


2.1. Potentiels 100
2.2. Ondes longitudinales 101
2.3. Ondes transversales 101
2.4. Cas des coordonnées sphériques 102

3. Solutions élémentaires de l'équation des ondes 103


3 . 1 . Ondes planes 104
3.2. Ondes sphériques 105

4. Propagation de discontinuités dans un milieu élastique homogène 107


4.1. Discontinuités à travers une surface 107
4.2. Solutions discontinues de l'équation des ondes 108
4.3. Solutions discontinues de l'équation de l'élasticité 110
4.4. A c t i o n d'une force de volume concentrée en un p o i n t 111

5. Ondes planes dans des demi-espaces élastiques 113


5.1. Ondes planes rencontrant une discontinuité plane 113
5.2. Réflexion et réfraction d'une onde S H 114
5.3. Réflexion et réfraction des ondes P e t SV 115
5.4. M i l i e u stratifié. Méthode de Thomson-Haskell 117

6. Source à distance finie d'une discontinuité plane 123


6.1. Ligne de sources S H sur la surface libre d ' u n demi-espace 124
6.2. Ligne de sources S H à la frontière de deux demi-espaces soudés 129
6.3. Ligne de sources S H à l'intérieur d ' u n demi-espace 131
6.4. Ligne de sources SH dans u n demi-espace soudé à un autre 132
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XIV TABLE DES MATIÈRES

6.5. Ligne de pressions normales à la surface libre d ' u n demi-espace 135


6 . 6 . Source linéaire à l'intérieur d ' u n demi-espace soudé à u n autre demi-
espace 136
6 . 7 . Source S H ponctuelle à la surface d ' u n demi-espace 136

7. Source dans une sphère homogène 140

8. Sismogrammes synthétiques. Méthodes numériques 144

BIBLIOGRAPHIE 148

CHAPITRE 6 . — Ondes en milieu élastique isotrope hétérogène, par Georges JOBERT. 149

1. Equation de l'élasticité 149

2. Théorie des fronts d'onde et des rais 149

3. Géométrie des rais 151


3 . 1 . Courbure des rais. Rais rectilignes 151
3 . 2 . Recherche des rais plans 153

4. Stratification plane 153


4.1. Hodochrones 153
4.2. Propriétés générales des hodochrones 156
4.3. Points singuliers des hodochrones 157
4.4. Inversion des hodochrones. F o r m u l e de Herglotz-Wiechert 160
4.5. F o r m u l e de Gerver et Markushevitch 162
4.6. Densité d'énergie sur u n front d'onde 164

5. Stratification sphérique 165


5.1. Hodochrones 165
5.2. Lois particulières 166
5.3. Singularités des hodochrones 167
5.4. F o r m u l e de Herglotz-Wiechert 167

6. Milieu hétérogène à variation continue quelconque de l'indice 167


6 . 1 . Hodochrones 167
6 . 2 . Densité d'énergie sur u n front d'onde 169

BIBLIOGRAPHIE 169

CHAPFTRE 7 . — Déformation d'une sphère élastique gravitante, par Georges JOBERT . 171

1. Introduction 171

2. Calcul des forces agissant sur une molécule 171

3. Déplacements forcés dus à un potentiel perturbateur harmonique (surface libre)... 173

4. Vibrations propres 177

5. Déformations dues à des actions superficielles 178

BIBLIOGRAPHIE 180

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TABLE DES MATIÈRES XV

CHAPITRE 8 . — Ondes guidées. Vibrations propres de la Terre : Théorie, par N e l l y


JOBERT 181

1. Introduction 181

2. Ondes guidées 184


2.1. Généralités 184
2.2. Ondes superficielles planes 185
2.3. Méthode de Thomson-Haskell. Ondes de Love 186
2.4. Méthode de Thomson-Haskell. Ondes de Rayleigh 188
2.5. Intégration numérique des équations différentielles 190
2.6. Ondes guidées 191
2.7. Modes à perte 193

3. Dispersion et méthode d'analyse 195


3 . 1 . Propagation d'une onde superficielle dispersée 195
3.2. Représentation approchée d u groupe prédominant : formule de L o r d
Kelvin 197
3.3. Cas d ' u n extremum de la vitesse de groupe 198
3.4. Méthodes d'analyse. Mesure des vitesses 199
3.5. Estimation des différences régionales de vitesse 201
3.6. Mesure de l'amortissement 201
3.7. Interprétation 202
3.8. Calcul des coeflîcients d'influence 202

4. Vibrations propres de la Terre 205


4.1. Introduction 205
4.2. Effet de la rotation de la Terre et des écarts à la sphéricité (hétérogé­
néités latérales) 207

BIBLIOGRAPHIE 210

CHAPITRE 9. — Sismographes, par Jean COULOMB et M a r c SOURIAU 213

1. Introduction 213

2. Capteurs à inertie ou pendules 214


2.1. Généralités 214
2.2. Pendules pour la composante horizontale 215
2.3. Pendules pour la composante verticale 217
2.4. Mesure inertielle des déformations statiques 218

3. Capteurs de déformation 218


4. Sismographes électromagnétiques 219

5. Amplificateurs 220
6. Fonction de transfert et déconvolution 220
7. Nappes de sismographes 222

8. Situation actuelle 225


9. L'agitation microsismique 225

BIBLIOGRAPHIE 226

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XVI TABLE DES MATIÈRES

CHAPITRE 10. — La croûte terrestre, par G u y PERRIER 229

1. Introduction 229

2. Front d'onde. Principe de Huyghens 230

3. Réflexion et réfraction des ondes sismiques. Ondes coniques 230

4. Rais sismiques dans une structure plane stratifiée 233


4 . 1 . Propriétés des rais sismiques 233
4 . 2 . Recherche de la loi de vitesse en profondeur 235

5. Anomalies des courbes de propagation 235


5 . 1 . Cas où la vitesse K(z) se met à croître rapidement avec la p r o f o n d e u r . . . . 235
5.2. Cas où K(z) passe par un m i n i m u m 236

6. Les séismes proches 238


6 . 1 . Croûte plane homogène 238
6.2. Méthode de Choudhury 240

7. La sismologie expérimentale 242


7 . 1 . Principe de la méthode 243
7.2. Le dépouillement 246

8. L'interprétation par des modèles à couches de vitesses constantes 247


8 . 1 . Formules générales 247
8.2. Ondes réfractées 249
8.3. Ondes réfléchies 251

9. Détermination de la loi de vitesse V V(z) 253


9 . 1 . Variation linéaire de la vitesse avec la profondeur 253
9 . 2 . Problème inverse 254
9 . 3 . Méthode de Giese 255

10. Focalisation des ondes sismiques 259

W. La sismique marine 260

12. Sismogrammes synthétiques. Réflexions crustales profondes 261


1 2 . 1 . Sismogrammes synthétiques 261
12.2. Réflexions crustales profondes 265
12.3. Réflexions crustales profondes et atténuation sismique 268

13. Interprétations sismologique et gravimétrique conjointes 269

14. Traits généraux de la croûte. Les différents types de structure 272


1 4 . 1 . L a croûte continentale 272
14.2. L a croûte océanique 274
14.3. Les différents types de structure 277

15. Composition de la croûte 280


15.1. Croûte continentale 280
15.2. Croûte océanique 280
15.3. Nature de la discontinuité de M o h o r o v i c i c 281

BIBLIOGRAPHIE 281

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TABLE DES MATIÈRES XVII

— Observations des ondes de volume ayant traversé le manteau et


CHAPITRE 1 1 .
le noyau par M a n s u r A h m e d C H O U D H U R Y 283

1. Introduction 283

2. Paramètre et forme d'un rai sismique 284

3. Formes particulières d'hodochrones 285


3 . 1 . Cas d'une augmentation brusque de vitesse 285
3.2. Cas d'une d i m i n u t i o n brusque de vitesse 286
3.3. Cas d'une d i m i n u t i o n brusque suivie d'une augmentation brusque de
vitesse 286

4. Phases sismiques 287


4.1. Phases réfléchies. Propagation dans le manteau 287
4.2. Particularités des hodochrones de Ρ et S issues d ' u n foyer profond . . . . 288
4.3. Particularités des hodochrones de et 288
4.4. Phases relatives au noyau et à la graine 290
4.5. Particularités des hodochrones des phases/'A'/'et 5 A : 5 291

5. Classification des sismogrammes 292


5.1. Sismogrammes aux courtes distances (8° < A < 30") 294
5.2. Sismogrammes aux distances 30" < zf < 70° 301
5.3. Sismogrammes aux distances 70° < A < 105" 305
5.4. Sismogrammes aux distances 105° < J < 143° 305
5.5. Sismogrammes aux grandes distances > 143") 308

6. Séismes profonds 309

7. Spectre des ondes de volume 314

8. Détermination des paramètres du foyer. Tables de durée de propagation 314


8.1. Méthode des couples de stations 315
8.2. Méthode de Jeffreys 316
8.3. Tables de durée de propagation 316
8.4. Correction pour l'ellipticité de la Terre 318

9. Déformation des ondes par la croûte et les couches superficielles 319

BIBLIOGRAPHIE 319

CHAPITRE 1 2 . — Ondes guidées. Vibrations propres : résultats expérimentaux, par


Nelly JOBERT 321

1. Observation des vibrations propres 321

2. Observation des ondes superficielles 327


2 . 1 . Ondes dites d u manteau 327
2 . 2 . Ondes de la croûte 330
2.3. Effets d'une couche d'eau. Cause et propagation de l'agitation microsis­
mique générale 336
2.4. Ondes Τ 337
BIBLIOGRAPHIE 337

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XVUI TABLE DES MATIÈRES

CHAPITRE 1 3 . — Modèles mathématiques de failles sismiques, par Georges JOBERT 341

1. Introduction 341

2. Formule de Betti 343

3. Application au jeu d'une faille 345

4. Radiation à grande distance d'un foyer étendu 348

5. Problème inverse 351

6. Champ du déplacement au voisinage d'une faille mobile 352

7. Déformations statiques 353


7 . 1 . Dislocation dans un milieu indéfini 353
7.2. Faille dans une sphère 354

8. Autres types de sources 355

BIBLIOGRAPHIE 355

CHAPITRE 14. — Paramètres des sources sismiques. Sismicité, par Jean COULOMB 357

1. Introduction 357

2. Direction du premier mouvement d'un séisme 357


2 . 1 . L a répartition en quadrants 357
2 . 2 . Cas des séismes lointains 360

3. Estimation classique de l'énergie émise au cours d'un séisme 361


3.1. Généralités 361
3.2. Energie d'une onde plane 361
3.3. Corrections de trajet en théorie des rais 363
3.4. Utilisation des ondes de surface 364

4. Magnitudes 364
4 . 1 . Définition des magnitudes 364
4 . 2 . Relation entre la magnitude et l'énergie émise 366
4 . 3 . Statistique des séismes par magnitude 366

5. Sismicité 368
5 . 1 . Cartes de sismicité 368
5.2. Répartition géographique des séismes normaux et profonds 368

6. Energie libérée, rendement sismique, modèles statiques de sources sismiques 373


6.1. Généralités 373
6.2. Energie libérée, rendement sismique 373
6.3. Modèles à fissures aérées 373
6.4. Modèles à glissements prescrits 375
6.5. Modèles à frottement (quasi statiques) 376

7. Modèles dynamiques de sources sismiques 383


7 . 1 . Généralités 383
7.2. Modèle ponctuel. M o m e n t sismique 383
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TABLE DES MATIÈRES XIX

7.3. Source à propagation uniforme 384


7.4. Directivité des ondes de surface. Réduction au cas ponctuel 384
7.5. Le moment sismique d'après les ondes d u manteau. Exemple d u séisme de
Niigata 388
7.6. La coda des séismes faibles 391
7.7. Observations près d'une faille 391
7.8. Conclusions 392

8. Energie et moment sismique d'après les ondes de volume 392


8.1. Généralités 392
8.2. Source à propagation uniforme. Calcul des déplacements 394
8.3. Calcul d u moment sismique et de l'énergie 397
8.4. Modèles statistiques de sources sismiques 398
8.5. Résultats : Corrélation entre magnitude et moment sismique; chutes de
contrainte, dimensions de la source 400

8.6. Evolution d'une région faillée 402

BIBLIOGRAPHIE 403

CHAPITRE 1 5 . — Les instruments de géodésie, de topographie et de gravimétrie,


par A l a i n CouzY 407

1. Géodésie classique 407


1.1. Mesures angulaires 407
1.2. Mesures de longueurs 409
1.3. Nivellements 410

2. Géodésie spatiale 411


2 . 1 . Mesures angulaires (méthodes optiques) 411
2.2. Mesures de distances 412

3. Topographie et radiolocalisation 413


3 . 1 . Cartographie 413
3.2. Topographie 413
3.3. Radiolocalisation 415

4. Gravimétrie 416
4.1. Mesures absolues 416
4.2. Les gravimètres 417
4.3. Dérive et étalonnage de l'appareil 419
4.4. Mesures e n mer 419

BIBLIOGRAPHIE 420

CHAPITRE 1 6 . — Champ de pesanteur et forme de la Terre, par Jean KOVALEVSKY 421

1. Introduction 421

2. Le champ de la pesanteur 422


2.1. Le potentiel de gravitation newtonien 423
2.2. Le potentiel axifuge 424
2.3. Verticales et surfaces équipotentielles ; le géoïde 425
2.4. A l t i t u d e d ' u n lieu 425
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XX TABLE DES MATIÈRES

3. Modèles simplifiés 427


3.1. Théorème de Stokes 427
3.2. Les ellipsoïdes de M a c l a u r l n 428
3.3. L a formule de Somigliana 430
3.4. Ellipsoïde international de référence 431

4 . Forme de la Terre par des mesures au sol 432


4.1. L a triangulation et le nivellement 433
4.2. Les déviations de la verticale 434
4.3. Nivellement astro-géodésique 436
4.4. Réduction des mesures gravimétriques 437
4.5. Le champ de pesanteur déduit des anomalies à l'air libre 442
4.6. Relations entre les anomalies de la pesanteur et les déviations de la ver­
ticale 446
4 . 7 . Détermination globale d u géoïde 446

5. Mouvement d'un satellite artificiel 448


5.1. Expression d u potentiel extérieur 448
5.2. Le problème des deux corps ; éléments de l'orbite 450
5.3. Théorie des perturbations 452
5.4. Mouvement d ' u n satellite soumis à la perturbation en 453
5.5. Effet des autres perturbations 455

6 . Méthodes spatiales 456


6.1. Les observations de satellites 456
6.2. Méthodes géométriques 457
6.3. Méthodes dynamiques 459
6.4. Méthode semi-dynamique 461
6.5. Méthodes mixtes 461
6.6. Résultats obtenus 463

7. Conclusions et méthodes d'avenir 467


7.1. Méthodes géométriques 467
7.2. Méthodes semi-dynamiques 468
7.3. Méthodes dynamiques 468
7.4. Satellite altimétrique 469

BIBLIOGRAPHIE 470

CHAPITRE 1 7 . — Isostasie, propriétés rhéologiques du manteau supérieur, par


Louis L L I B O U T R Y 473

1. Concepts d'isostasie, de régionalité, et anciens modèles 473


1 . 1 . Equilibre isostatique et anomalie isostatique 473
1 . 2 . Modèle d ' A i r y - V e n i n g Meinesz 475
1 . 3 . Conceptions actuelles 476

2 . Le problème inverse : origine des anomalies gravimétriques 477

3. Mouvements verticaux 481


3 . 1 . V a r i a t i o n d u niveau des océans 481
3 . 2 . Mouvements tectoniques 483
3 . 3 . Soulèvement post-glaciaire 484
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TABLE DES MATIÈRES XXI

4. Théories du relèvement isostatique post-glaciaire 489


4.1. Equations pour une viscosité linéaire uniforme 489
4.2. Asthénosphère extrêmement épaisse (A:// J> 1) 490
4.3. Asthénosphère très mince ( A : / / 1 ) 491
4.4. Modèles plus complexes 492
4.5. Exploitation des données d u soulèvement post-glaciaire de la Fenno-
scandie 496

5. Propriétés mécaniques de la lithosphère 499


5 . 1 . Rigidité en flexion de la lithosphère : problème bidimensionnel (chaîne de
volcans) 499
5.2. Rigidité en flexion de la lithosphère : cas général 502
5.3. Evolution au cours d u temps 503

BIBLIOGRAPHIE 505

CHAPITRE 1 8 . — Marées terrestres, par Georges JOBERT 507

1. Introduction 507

2. Forces et potentiels de marée 507

3. Ondes de marée 510

4. Déformations de la Terre dues aux marées 513

5. Phénomènes observables 514


5.1. Surface d'équilibre d ' u n corps fluide 514
5.2. Déviation de la verticale par rapport au sol 515
5.3. Variation de l'intensité de la pesanteur 516
5.4. Variation de la direction de la verticale par rapport à l'axe des pôles 517
5.5. Détermination des nombres Λ et / par des mesures d'extension 518
5.6. Détermination d u nombre A: : r o t a t i o n de la Terre, orbites de s a t e l l i t e s . . . . 519

6. Résultats d'observation concernant les fadeurs γ et δ 519


6 . 1 . Méthodes d'analyse 519

6.2. Marée gravimétrique 520

7. Résultats théoriques 521

8. Phénomènes perturbateurs 523


9. Effets dynamiques dus au noyau fluide 524

BIBLIOGRAPHIE 527

CHAPITRE 1 9 . — Variation du pôle et de la vitesse de la Terre, par Bernard GUINOT 529

1. Généralités 529

2. Rotation de la Terre indéformable 530


2 . 1 . Précession et n u t a t i o n 530
2.2. Polhodie et vitesse de rotation 531
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XXII TABLE DES MATIÈRES

3. Méthodes de Vastrométrie classique 532


3 . 1 . Principes généraux 532
3 . 2 . C h o i x des paramètres décrivant la r o t a t i o n terrestre 532
3 . 3 . Réduction des observations astronomiques 534

4. Méthodes nouvelles 536


4 . 1 . Interférométrie 536
4 . 2 . Méthodes dynamiques 536
4 . 3 . Remarque 537

5. La rotation terrestre dans les temps géologiques 537


5 . 1 . Déplacement des pôles 537
5.2. Vitesse de r o t a t i o n 537

6. Principaux résultats expérimentaux 538


6 . 1 . Polhodie 538
6.2. Vitesse de rotation 540

7. Rotation de la Terre déformahie, base théorique 541


7.1. Equations de Liouville 541
7.2. N u t a t i o n libre de la Terre déformable 543
7.3. Polhodie annuelle 546
7.4. Effet des marées zonales sur la vitesse instantanée de r o t a t i o n 547
7.5. Effets de mouvements cycliques sans changement des moments d'inertie 549
7.6. Cas général 549

8. Interprétation détaillée des résultats expérimentaux. Termes annuels 550

9. L'oscillation chandiérienne 551


9 . 1 . Période de l'oscillation 551
9 . 2 . Amortissement de l'oscillation 551

10. Excitation de l'oscillation cliandiérienne 552


10.1. Mouvements atmosphériques et océaniques 552
10.2. Impulsions 552
10.3. Séismes 553
10.4. Couples-impulsions o u séismes ? 554
10.5. Battements 555
10.6. Autres excitations 555

\\. La dérive du pôle 556


11.1. L'aplatissement fossile et la dérive d u pôle 556
11.2. Mouvements relatifs lents au sein de la Terre 557
11.3. Fonte des glaces 557
11.4. Irrégularités de la dérive 558

12. Petits mouvements périodiques du pôle 558


1 2 . 1 . N u t a t i o n diurne 558
12.2. N u t a t i o n presque diurne 559

13. Ralentissement progressif de la rotation 559

14. Irrégularités périodiques de la vitesse de rotation 560

15. Fluctuations irrégulières de la vitesse de rotation 560


1 5 . 1 . Existence d ' u n couple interplanétaire ( ^ 3 ) 560
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TABLE DES MATIÈRES XXIH

1 5 . 2 . Vaiiatioa d u coefficient d'inertie (•33 560

1 5 . 3 . Mouvements relatifs de matière (action sur/13) 561

16. Conclusions 562

BIBLIOGRAPHIE 562

CHAPITRE 2 0 . — Problèmes inverses en géophysique, par Georges JOBERT 565

1. Introduction 565

2. Modèles. Fonctionnelles. Non-unicité de la solution 566

3. Modèle moyen et pouvoir séparateur pour une collection de fonctionnelles linéaires. 568

4 . Cas de mesures entachées d'erreurs 571

5. Cas des fonctionnelles non linéaires 571

BIBLIOGRAPHIE 573

CHAPITRE 2 1 . — Modèles de l'intérieur de la Terre (densité, élasticité), par


Jean C O U L O M B 575

1. L'hypothèse hydrostatique 575


1.1. Conditions d'équilibre 575
1.2. Conditions supplémentaires classiques 576
1.3. L'équation différentielle de Clairaut 576
1.4. L'aplatissement hydrostatique 577

2. La densité déduite des ondes de volume 578


2.1. Critère de Bullen. C o n d i t i o n d ' A d a m s et W i l l i a m s o n 578
2.2. Equation de B i r c h - M u r n a g h a n 579
2.3. Relations empiriques 580
2.4. Hétérogénéité d u manteau supérieur 581

3. Modèles récents 582


3.1. E m p l o i des ondes longues et des oscillations propres 582
3.2. Modèles de Bullen et H a d d o n 582
3.3. Modèle de D e r r 583
3.4. Modèles de Press 584
3.5. Modèles régionaux 588
3.6. Modèles de Dziewonski et G i l b e r t 590

4 . Autres paramètres 590


4.1. L'aplatissement interne 590
4.2. Les nombres de Love 591
4.3. L a température dans la Terre 591
4.4. L'anélasticité de la Terre 591

BIBLIOGRAPHIE 592

CHAPITRE 2 2 . — Généralités sur la prospection géophysique, par Robert NEUMANN 593

1. Les objectifs de la prospection géophysique 593

2. Les méthodes 593

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XXIV TABLE DES MATIÈRES

3 . Champ d'application des différentes méthodes ; aspect traditionnel 595


4 . Quelques aspects actuels de la prospection géophysique 596
5. L'interprétation des résultats 597

CHAPITRE 2 3 . — Les méthodes de prospection sismique, par Jean FOURMANN et


Robert N E U M A N N 599

1. Remarque préliminaire 599


2 . Les différents types de trajets sismiques 599
3. Principe de la méthode sismique-réfraction ; les dromochroniques 601
4 . Exploitation des résultats en sismique-réfraction 602
5. Quelques variantes de la méthode sismique-réfraction 603
6 . Principe de la méthode sismique-réflexion 604
7. Composition ; couverture multiple 605
8 . Les corrections 605
9 . Les réflexions multiples 606
10. Représentation des résultats : la section 606
1 1 . Déconvolution ; anti-résonance 608
12. Interprétation 609

BIBLIOGRAPHIE 609

CHAPITRE 2 4 . — Prospection gravimétrique par Robert NEUMANN 613

1. Introduction 613
2 . Mesures et corrections 613
'i. Interprétation des résultats 613
4 . Traitement des résultats 614
5. Interprétation quantitative 619
6 . Développements modernes de la prospection gravimétrique 619

BIBLIOGRAPHIE 620

CHAPETRE 2 5 . — Fonctions de Legendre et de Bessel, par Georges JOBERT 623

1. Fonctions de Legendre 623


1.1. Polynômes orthogonaux sur (— 1 , + 1 ) 623
1.2. Formule de Rodrigues 624
1.3. Normalisation 624
1.4. Equation diffcrentielie 625
1.5. Fonctions harmoniques sphériques de révolution 625
1.6. Potentiel d'une source 626
1.7. Relations de récurrence 627
1.8. Fonctions harmoniques sphériques dans le cas général 627
1.9. Fonctions de Legendre associées 628
1.10. Orthogonalité des fonctions associées 628
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TABLE DES MATIÈRES XXV

i . 11. Relations de récurrence 629


1.12. Normalisation des fonctions associées 629
1.13. Fonctions harmoniques de surface 630
1.14. Formules d ' a d d i t i o n 631
1.15. Expressions asymptotiques 631

2. Fonctions de Bessel et de Hankel 632


2.1. Equation des ondes en coordonnées cylindriques 632
2.2. Equation des ondes en coordonnées sphériques 633
2.3. Représentation intégrale. Fonctions de H a n k e l 633
2.4. Fonctions de Bessel et de N e u m a n n 634
2.5. Relations de récurrence des fonctions de Bessel 634
2.6. Fonctions d'ordre demi-entier 635
2.7. Intégrale de Fourier-Bessel 635
2.8. Zéros des fonctions de Bessel 635
2.9. Méthode d u col 635
2.10. A p p l i c a t i o n a u calcul d ' u n développement asymptotique des fonc­
tions de Hankel 636

BIBLIOGRAPHIE 637

Index alphabétique 639

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CHAPITRE PREMIER

MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

par

Louis LLIBOUTRY

Introduction

Ce long chapitre renferme des n o t i o n s de mécanique physique des m i l i e u x


continus, indispensables a u géophysicien mais q u i o n t à peu près disparu de
l'enseignement donné aux physiciens dans l'Université française, au p r o f i t de la
mécanique statistique et quantique.
A partir des expériences c o u r a m m e n t réalisées dans les laboratoires d'essais
de matériaux se sont dégagés des modèles mathématiques simples, constituant
des cas limites : u n corps peut être élastique, visqueux « newtonien », plastique
« idéal ». I l peut devenir plastique o u casser à u n seuil bien défini de c o n t r a i n t e .
Ces modèles seront exposés en premier lieu, ainsi q u ' u n aperçu de solutions
mathématiques auxquelles ils conduisent.
Mais la réalité est i n f i n i m e n t plus complexe que ne le laissent entrevoir ces
modèles avec lesquels t r a v a i l l e n t les mathématiciens s'occupant de mécanique.
Pour en rendre compte i l faut s'intéresser aux processus se p r o d u i s a n t à l'échelle
atomique, aux défauts d u réseau cristallin, et à l'agencement des cristaux. Cette
connaissance est d ' a u t a n t plus nécessaire que les pressions, températures et
durées intervenant en géophysique interne ne sont presque jamais reproductibles
en laboratoire. O r o n ne peut extrapoler les lois physiques expérimentales que si
l'on a de bonnes raisons de penser que les processus mis en j e u ne changent pas
de nature.

1. — C O N T R A I N T E S ET DÉFORMATIONS

/./. — Contraintes. — Considérons u n m i l i e u macroscopiquement c o n t i n u


et localement homogène. L a n o t i o n q u ' i l y existe des forces internes à courte
distance, assurant sa cohésion (s'il s'agit d ' u n solide) o u permettant le transfert
de la quantité de mouvement d'une couche à la couche voisine (s'il s'agit d ' u n
liquide visqueux) c o n d u i t à étudier les deux forces directement opposées

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2 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

d F entre les deux côtés d ' u n élément de surface d'aire dS, de normale u n i t a i r e
n. ûF/dS est la contrainte (en anglais : stress).
Si o n isole par la pensée u n volume i n f i n i m e n t petit, les forces massiques q u ' i l
subit sont négligeables devant les forces de surface. E n écrivant l'équilibre de ces
dernières o n démontre que les composantes X, Y, Ζ de la c o n t r a i n t e sur n dS
sont des fonctions linéaires des composantes « , /?, y de n :

X = τ^,,α + T^yP + τ^,γ


y = ry,^(x + τ„β + Xy.y (1)
Ζ = τ^.^ α + β + τ,, y .

N o u s supposons q u ' i l n'existe pas dans le m i l i e u de forces internes assimi­


lables à des couples (tel serait le cas, par exemple, dans un m i l i e u ferromagné­
tique). A l o r s la matrice (TJJ), où / et/désignent x, y o u z, est symétrique.
Sur la surface l i m i t a n t u n parallélépipède élémentaire dx, dy, dz s'exercent des
contraintes de cisaillement o u cissions (en anglais : shear stresses) T^J, avec
/ # J, et des contraintes normales τ,·;, p o u r lesquelles o n adopte souvent la
n o t a t i o n de V o n K a r m a n σ, (c'est-à-dire σ^, σ^, σ^. D ' u n e façon générale les σ
désigneront t o u j o u r s des contraintes normales.)
N o u s compterons positivement les contraintes normales q u i tendent à
étirer le corps {tractions) ; négativement celles q u i tendent à le c o m p r i m e r
{compressions). Les opposés des contraintes normales (— σ;) seront appelées des
pressions. ( E n Mécanique des Sols, o n fait la c o n v e n t i o n de signe c o n t r a i r e ;
contrainte n o r m a l e et pression sont alors synonymes).
Tenons compte maintenant d u fait que les contraintes sont f o n c t i o n de
X, y, z, et que le m i l i e u est soumis aux forces massiques de la pesanteur et de
l'inertie. I l en résulte sur un volume élémentaire des forces i n f i n i m e n t petites
comme dx dy dz q u i doivent également s'équilibrer. O n en déduit, en appe­
lant gj = —dVjdXi les composantes de la pesanteur, celles de l'accélération, et
avec la c o n v e n t i o n de s o m m a t i o n d'Einstein :

^ + Pg. = P7.. (2)

7 . 2 . — Diagramme de Mohr. — Dans le cas général, la c o n t r a i n t e relative à


une surface n dS peut être décomposée en une c o n t r a i n t e normale Λ'^ et une
cission Τ :

N =aX + βΥ + yZ \
= {βΖ - yYf + (yX - aZf + ( α 7 - βΧΫ | "

En u n p o i n t les directions principales de n sont celles p o u r lesquelles la cission


T e s t nulle. A l o r s

Xja = ΥΙβ = Z/y = σ (4)


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CONTRAINTES ET DÉFORMATIONS 3

σ est donné par l'équation aux valeurs propres de la matrice (xij) :

Ξ - + /, - /2 σ + /3 = 0 . (5)
σ. — σ

Dans le cas général elle a 3 solutions distinctes : σι > ffj > σ^. Ce sont les
contraintes principales. O n démontre que les t r o i s directions principales corres­
pondantes Πι, Tii, sont orthogonales entre elles. Si o n les prend c o m m e réfé­
rentiel, les équations (1) se réduisent à

X = ασι Y = Ζ = 7^3 (6)

et donc :

Ν = + σ2 +
(7)

Si l ' o n porte Λ' en abscisse et Γ en ordonnée (diagramme de Mohr), toutes les


valeurs possibles de (Λ^, Τ) p o u r u n p o i n t donné d u m i l i e u c o u v r i r o n t u n
certain domaine. Repérons η en coordonnées sphériques :

α = sin φ cos Q
β = s'm ψ sm 0 (8)
y = cos φ

et portons ces valeurs dans (7). E n éliminant 0, o n parvient à :

(iV - \ t ^ ^ (σ3 - ' cos^ + ( ^ ) ' sm^ cp . (9)

Lorsque η décrit u n parallèle φ = Cte, le p o i n t (Λ^, Τ) décrit u n arc d ' u n


cercle centré au p o i n t (σ, + σ2)/2, 0.
En éliminant au contraire φ o n obtient après d'assez longs calculs :

(aj - σ , ) σ, cos^ θ + (σ^ - 02) σ2 sin^


•1' = ίσ^-Ν] Ν - (10)
— σ, cos^ θ — σ2 sin^ θ

Lorsque η décrit u n parallèle θ = Cte, le p o i n t (yV, T ) décrit u n arc d ' u n


cercle ayant son centre sur l'axe des Ν et passant p a r (03,0).
Finalement (Λ'^, Τ) peut se t r o u v e r dans t o u t le domaine limité p a r 3 d e m i -
cercles centrés sur l'axe des IV ( F i g . 1). Les angles φ et (ί se retrouvent sur ce
diagramme de M o h r . O n v o i t que la cission est toujours maximale sur les plans
bissecteurs de ( H J , n3), et v a u t (σ^ - σ,)/2.
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4 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

z Τ

çLiN

FiG. 1 . — Représentation Je Mohr de l'état des contraintes en un point.


a) Repérage d ' u n plan par sa normale « ;
h) Pression (— Λ0 et cission (T) sur ce plan.

1.3. — Invariants. — Revenons aux coordonnées cartésiennes quelconques,


σ ] , ff2, ne dépendant pas d u référentiel constituent trois invariants de ( τ y ) ,
mais la d o u b l e inégalité obligerait souvent à changer les numérotations d ' u n
domaine à l'autre d u m i l i e u . P o u r que les problèmes restent analytiques o n d o i t
prendre comme invariants des expressions symétriques en σ^, Oj, σ-^ :

/, = ffi + (T2 + ffa Ij = σι σ2 + ffj σ^, + 1^ = σ^. (11)

En fait a u l i e u de / i o n utilise la pression moyenne ( o u octaédrale) :

- σο = - /,/3 = - (σι + σ2 + σ3)/3 = - (σ^ + σ,, + σ,)/3 (12)

q u i , dans le cas d ' u n état hydrostatique (σι = σ2 = σ^), se réduit à la pression


hydrostatique ( o u « lithostatique » , s'il s'agit de roches). A /2 et /3 o n préfère
les invariants analogues définis à p a r t i r d u déviateur. O n appelle déviateur des
contraintes o u contrainte anisotrope le tenseur (τ,-^· — ô,j), c'est-à-dire :

(13)

O n écrit souvent σ,' au l i e u de τ » . Le déviateur des contraintes a mêmes


directions principales que le tenseur des contraintes et c o m m e valeurs propres
σι —σο, σ2-σο, σ 3 - σ ο . Son premier i n v a r i a n t est n u l . Le deuxième s'écrira,
c o m p t e tenu que τ^^ = τ^^, etc. :

/ 2 = σ; σ; + σ; σ; - f σ > ; - τ% - τ% - τΐ (14)
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CONTRAINTES ET DÉFORMATIONS 5

Soit, compte tenu de (σ'^ + + σ'^Ϋ = Ο

\2
= i[(<^. - <^2Ϋ + (^2 - ^ 3 ) ' + (σ3 - σι)^ = .

(15)

Nous appellerons τ = V — / 2 , t o u j o u r s positif, la cission efficace. Les auteurs


anglais q u i l ' o n t i n t r o d u i t e l'appellent effective shear stress, mais le terme de
contrainte effective était déjà utilisé dans u n sens différent ( c f chap. 3, § 2 . 1 ) .

1.4. — Cas particuliers et leur réalisation expérimentale. — Lorsque deux


contraintes principales sont égales, o n a une compression ( o u une t r a c t i o n )
uniaxiale, - σ^, accompagnée d'une étreinte — ffj = — ffj. C'est le cas dans
les essais de carottes effectués avec l'appareil appelé ( i m p r o p r e m e n t ) appareil
triaxial (Fig. 2a) : outre la compression axiale de la carotte obtenue avec une
presse (dont les plateaux devraient être parfaitement glissants p o u r que la
compression soit homogène) celle-ci est entourée d'une jaquette de fluide à la
pression - ffj = — a j . U n e gaine, de caoutchouc p a r exemple, empêche le
fluide de pénétrer dans les pores o u microfissures de l'échantillon.

FrCi. 2. — Compression uniaxiale.


a) Appareil triaxial permettant de la réaliser
b) Diagramme de M o h r .

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6 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

Dans ce cas les contraintes o n t une symétrie de révolution a u t o u r de n j .


L e triangle curviligne de M o h r se réduit à u n demi-cercle ( F i g . 2b), la cission
est maximale dans toutes les directions d ' u n cône d'axe «3. Déviateurs et
invariants valent alors :

σ'ι = σ'2 = (σ, - ¢3)/3 = 2(σ3 - σι)/3 )


τ = \σ,-σ, |/V3 Ι', = 2(σ3 - σ,ΫβΙ | " ^ >

U n autre cas p a r t i c u l i e r i m p o r t a n t , car c'est celui d u fluage p l a n des corps


isotropes incompressibles, est le cas où ffj = (ffj + σ3)/2 ( F i g . 3). O n d i t

F i o . 3. — Cisaillement pur.
a, b) Appareils permettant de le réaliser ;
c) Diagramme de M o l i r .
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CONTRAINTES ET DÉFORMATIONS 7

alors que l'état de contraintes est u n cisaillement pur. E n prenant l'axe des z
selon ff2. la contrainte sur u n plan (cos 0, sin 0, 0) est :

X = a^cosO + sin 0 \
Y = T.yCosO + a^sinO . (17)
Z = 0

Les contraintes normale et tangentielle sur ce p l a n sont respectivement :

./V = X cos 0 + y sin 0 = ^±^1 + cos 2 0 + sin 2 0 i


(Ib)

Τ = - X sinO + Y cosO = - — s i n 2 0 + τ^, cos 2 θ


)

σο = ~ σ,= -σ^ = ^-^ σ, = Ο (19)

τ ' = ( ^ ^ ) \ τ Ι , /:, = 0 . (20)

Les directions principales s'obtiennent p o u r t g 2 0 = 2τ^^Ι{σ^ — σ^). Les


contraintes principales σ, et valent ± τ. L'équation d u g r a n d cercle
de M o h r est :

{N - σοΫ + T' = τ'. (21)

La cission est maximale, et vaut + τ p o u r N =CTQ,soit p o u r

tg 2 0 = - {σ, - σ,)/2 τ , , ,

ce qui donne deux directions perpendiculaires entre elles et à 4 5 " des directions
principales. Les courbes p a r t o u t tangentes à l'une de ces deux directions sont
appelées lignes de glissement.

1.5.—Déformations infinitésimales et vitesses de déformation. — Si u n


point M {x, y, z) d ' u n m i l i e u c o n t i n u homogène se déplace de (w, v, w), u n
point voisin M' (x + dx, y + dy, z + dz) se déplace de

du , du , du ,
u = u + -7- dx + ^ dy + ~- dz \
dx dy dz '

dv , du , dv , ,
v' = υ + dx + ~ dv + ^ dz . (22)
dx dy dz '

, dw , dw , dw ,
w = w + —- d x + — d y + dz
dx oV dz
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8 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

O n passe d u vecteur MM' au vecteur du (u' — u, v' — v, w' — w) par une


matrice q u ' o n peut décomposer en u n e partie antisymétrique ( r o t a t i o n ) et
une partie symétrique (déformation) :

et six autres définitions obtenues p a r p e r m u t a t i o n circulaire.

L a matrice (ε;^) représente le tenseur des déformations infinitésimales.


Lorsque / # / o n écrit souvent = γ^β, et lorsque / = J, o n écrit simple­
ment Les Si représentent des taux d'extension dans la d i r e c t i o n ε,·, les y,j
les modifications des angles entre arêtes dans u n parallélépipède élémentaire
(dx, dy, dz), o u glissements ( F i g . 4).

F I G . 4 . — Déformation d'un
parallélépipède élémentaire.
Pour plus de clarté seule la projection
sur le plan (x, y) a été représentée.

A l'aide de cette interprétation concrète o n v o i t facilement que le t r a v a i l


des contraintes appliquées à ce parallélépipède élémentaire est Wdx dy dz
avec :

ij
+ T,,.dv,.. (26)
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CONTRAINTES ET DÉFORMATIONS 9

Le tenseur (ε;,) s'analyse c o m m e le tenseur des contraintes. I l y a t r o i s


déformations principales ε^ ε2, fij, p o u r t r o i s directions Πι, n j , n3 f o r m a n t
un trièdre trirectangle. U n parallélépipède élémentaire ayant ses arêtes parallèles
à ces trois directions reste rectangle après la déformation infinitésimale ( a u
2« ordre près). Sinon i l subit dans chaque dimension u n taux d'extension et
un cisaillement (en anglais : shear strain). P o u r les t r o u v e r o n peut utiliser
la construction de M o h r .

On peut décomposer (ε;;) en une partie isotrope (<?<5,·/) avec :

e = (ε, + ε, + ε,)/3 = (εχ + 8 ^ + 83)/3 (27)

qui est nulle si le m i l i e u est incompressible, et une partie anisotrope ε,·;. Les
invariants seront définis et désignés de façon analogue, / remplaçant /. E n
particulier o n définit u n glissement efficace :

= 2V - Â (28)

à pardr d u deuxième i n v a r i a n t J2 d u déviateur des déformations infinitési­


males {e'ij).
Cette analyse reste valable lors d'une déformation continue a u cours d u
temps. M, V, w désignant cette fois les composantes de la vitesse, car pendant u n
intervalle de temps dt les déplacements u dt, υ dt, w dt et les déformations ε,^ d i
sont infinitésimaux. O n peut donc définir un tenseur des vitesses de déforma­
tion (instantanées) ε;^· et l'analyser t o u j o u r s de la même façon. O n notera que
ce sont les vitesses mesurées en des points de coordonnées fixes q u i inter­
viennent, alors que p o u r définir les contraintes o n supposait que l a surface
élémentaire η dS se déplaçait avec le m i l i e u .
Par contre l'extension de cette analyse à des déformations finies c o n d u i r a i t
à de graves erreurs. A i n s i , si l a r o t a t i o n ω n'est plus infinitésimale, la résultante
de deux rotations dépend de leur ordre.
Autre exemple considérons le cas d ' u n écoulement à vitesses parallèles à
ox{v = w = 0) d ' u n m i l i e u incompressible. Prenons l'axe des y dans la direc­
tion de grad u ( F i g . 5). Le tenseur des déformations se réduit à :

/ 0 0
2 δν

(έ,ν) = ι du (29)
^ ~ 0
2 h

0 0 0/

Les trois vitesses de déformation principales sont :

1 du 1 du (30)
ε, = - ;r ^ ε, = 0
2 dy '-^-^2Ty
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10 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

F l u . 5. — Ecoulement à vitesses parallèles. Erreur commise en admettant q u ' u n


« écrasement » important témoigne d'une compression principale perpendicu­
laire à l'objet écrasé.

A u n instant donné la d i r e c t i o n de compression maximale et celle d'exten­


sion maximaie sont les bissectrices de .xoy. Elles sont à 4 5 " des plans de cisaille­
ment m a x i m u m .xoz et yoz. Mais si nous envisageons la déformation /rn/e d ' u n
cube {dx, dy, dz), i l deviendra à la longue u n parallélépipède extrêmement
oblique, pratiquement couché sur le plan de cisaillement permanent .xoz. Si
le milieu est une couche fossilifère, les fossiles apparaîtront écrasés, comme
ils l'auraient été sans réaction d u milieu environnant par une force perpendi­
culaire au plan de cisaillement permanent.
L'analyse des déformations infinitésimales et des vitesses de déformation
masque également le rôle dissymétrique joué dans cet exemple par les deux
plans de cisaillement xoz et yoz. Pour faire apparaître ce rôle (essentiel dans
les processus de recristallisation, de f o l i a t i o n ) , i l f a u d r a i t faire appel a u x
déformations finies. Pour l'analyse des déformations finies et son a p p l i c a t i o n
à la tectonique, le lecteur se reportera à l'ouvrage de Ramsay (1967).

2. — VISCOSITÉ N E W T O N I E N N E E T PLASTICITÉ IDÉALE

2.1.—Solides, fluides, anélasticïté, fluage. — Précisons un peu le voca­


bulaire, en utilisant des modèles usuels et grossiers, que nous devrons nuancer
par la suite.
T o u t e déformation (instantanée o u à retardement) sous l'efTet d'une
contrainte, q u i disparaît (immédiatement o u à retardement) lorsque cesse la
contrainte, est dite déformation élastique. Sinon c'est une déformation anélas-
tique o u permanente.
U n corps q u i se déforme anélastiquement si faible soit la c o n t r a i n t e n o n
isotrope appliquée est un fluide (liquide o u gaz). S'il faut p o u r cela q u ' u n
certain seuil de plasticité (anglais : yield strength) soit dépassé, c'est un solide,
plus o u moins malléable (anglais : ductile, m o t également français). Si la
r u p t u r e se p r o d u i t avant que le seuil de plasticité soit dépassé le matériau est
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VISCOSITÉ NEWTONIENNE ET PLASTICITÉ IDÉALE 11

dit cassant (anglais : brittle). Cassant n'est pas synonyme de fragile (anglais :
weak) qui signifie ayant une charge de r u p t u r e peu élevée.
Toute déformation d ' u n solide q u i se p o u r s u i t au cours d u temps sans que
la cause en soit une augmentation progressive des contraintes est appelée un
fluage (anglais : creep). La vitesse de fluage peut d i m i n u e r au cours d u temps
(fluage transitoire, par exemple celui d u béton), être constante (fluage perma­
nent, par exemple celui des glaciers) o u s'accélérer au cours d u temps. Dans
de nombreux cas, à charge constante les trois cas se produisent successivement
(exemple : Fig. 6), d'où les noms de fluage p r i m a i r e , secondaire, tertiaire
donnés par les métallurgistes. Le terme d'écoulement (anglais : flow) se rap­
porte plutôt à la cinématique d u mouvement : l'écoulement peut être l a m i n a i r e ,
turbulent, compressif, etc.

1,5

0 10 20 30 40 50 eO 70 80 90 100
Durée en Jours

F I G . 6. — Déformation en fonction du temps de calcite saturée d'eau.


(Expériences de Griggs).

2.2. — Equations générales du fluage d'un corps incompressible et isotrope. —


Lorsqu'il y a fluage, très rapidement les déformations élastiques deviennent
négligeables vis-à-vis des déformations permanentes, si bien que dans l'analyse
des vitesses de déformation, lorsque celle-ci ne se fait pas par à-coups, o n peut
négliger la composante élastique. Le corps peut alors en général être considéré
comme incompressible (e = 0), et le tenseur des vitesses des déformations en
un point se réduit à son déviateur. ( L a seule exception ayant été abordée par
les mécaniciens semble être le matériau neige : Haefeli, v o i r L l i b o u t r y , 1964,
pp. 253-262.)
Nous admettrons de plus que le corps est macroscopiquement isotrope en
l'absence de contraintes, et le redevient l o r s q u ' o n supprime les contraintes.
Autrement d i t la déformation peut provoquer une texture anisotrope, mais
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12 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

cette texture est une f o n c t i o n bien définie des contraintes au même instant.
O n admet alors à la suite des travaux de Barré de Saint-Venant et de Lévy
qu'à un instant donné, et en un point donné, le déviateur des contraintes et celui
des vitesses de déformation sont proportionnels

T\j = 2nÎ[j. (1)

A un moment donné et en u n lieu donné, η est le même p o u r tous les (/,./).


O n l'appelle la viscosité. Compte tenu de la définition des variables efficaces :

il s'ensuit

/? = τ/7 . (2)

Explicitons les 6 équations (1), en remplaçant les ε,'^ par leurs expressions
en fonction des dérivées spatiales de (M, O, Μ·) :

σ.ν - _ σ ο ^ S - gp ^ - ^ ^ ^y^ ^ Î--x ^

„ du ^ dv ^ cw du dv du dw dw du ^'
2— 2— 2— 1 1 ^ — I
d.x dy dz dy dx dz dy dx dz

Les deux premières égalités i m p l i q u e n t la c o n d i t i o n d'incompressibilité,


div u = 0.

Dans le cas d'un fluage très lent, et comme nous avons exclu le cas où i l se
ferait par à-coups, les forces d'inertie sont négligeables, les équations ( 1 . 2 ) se
réduisent aux équations suivantes, dites équations d'équilibre quasi statique :

δσ^ dx^y dx^.


dx dy d

οτ^„ 5σ„ δτ,,.


dx dy νζ f-ftJ , ν '

5τ„ (5τ„ do.


dx dy dz

A u x 6 équations (3) et aux 3 équations (4) i l faut ajouter une loi de fluage
d o n n a n t η, et comme est f o n c t i o n , entre autres choses, de la température,
une équation de la cimleur gouvernant les températures. Pour résoudre les
problèmes d'une façon exacte i l faudrait intégrer simultanément ces 11 équa­
tions aux dérivées partielles liant les 6 composantes des contraintes, les
3 composantes de la vitesse, la viscosité et la température. Même numérique­
ment le problème est inabordable, aussi n'a-t-on étudié en fait que le problème
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VISCOSITÉ NEWTONIENNE ET PLASTICITÉ IDÉALE 13

plan ; on admet par exemple que toutes les vitesses sont parallèles a u plan .\oz,
que les contraintes, les températures, et les conditions aux limites sont indé­
pendantes de y, et que la composante selon oy de la pesanteur, g^, est nulle.

Pour ce problème plan le système se réduit alors à :

σο = σ,, = ( σ , + σ_,)/2 (5)


t . , = τ,,, = Ο (6)
vuldx + dw/δζ = Ο (7)
- = 4η ôu/ôx (8)
τ^^ = η(δυ/δζ + dw/δχ) (9)
δσ,Ιδχ + oxjaz + pg, = Ο (10)
CTJOX + οσ._Ιδζ + pg. = Ο . (11)

Les 5 équations (7) à (11), avec la l o i de fluage et l'équation de la chaleur


déterminent les 7 inconnues σ^, σ., τ „ , u, w, η et Τ (température).

On peut remplacer ces équations (7) à (11) par le système équivalent


suivant, q u i fait intervenir la fonction de courant q et la f o n c t i o n de
contrainte d'Airy y. V désigne le potentiel d'où dérive la pesanteur :

u = ôq/δΣ w= - δς/δχ (12)

3\
(13)
cz δχ dz

1
2 Ιδζ' δχ\ οχ οζ
(14)
1 1
2 .cz' δχ'\ 2 η δχ δζ

2.3. — Corps visqueux newtonien à viscosité uniforme. — O n d i t q u ' u n corps


est visqueux newtonien lorsque la proportionnalité des déviateurs exprimée
par (1) est valable, et que de plus la viscosité η ne dépend que de la température
et de la pression moyenne ρ = — (TQ. En particulier elle ne dépend pas d u
temps : i l s'agit d ' u n type de fluage permanent.
Si le milieu c o n d u i t bien l a chaleur i l peut être à température u n i f o r m e malgré
la chaleur dégagée par la déformation. Si de plus l'influence de ρ est négligeable,
on pourra avoir une viscosité u n i f o r m e dans t o u t le milieu.
Ce modèle a été développé p o u r étudier l'écoulement des liquides, a u sens
usuel du terme. I l est i n d u b i t a b l e m e n t très éloigné d u c o m p o r t e m e n t des
roches à haute température et très haute pression. Néanmoins i l est très souvent
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14 MÉCANIQUE DES SOUDES : BASES PHYSIQUES

utilisé, faute de mieux, en tectonophysique. N o u s discuterons cette question


à la fin d u chapitre.
Si o n suppose la viscosité uniforme dans t o u t le m i l i e u , o n peut éliminer les
6 contraintes (mais n o n σο) entre les équations (3) et (4). O n obtient d'une parj
les équations de Navier-Stokes :

η Au + dajdx + pg^ = 0
η Av + δσο/By + pg^, = 0 (15)
η Aw + ôooldz + p g . = 0 j

et d'autre part la c o n d i t i o n d'incompressibilité

du/ôx + dv/dy + dw/dz . (16)

N o u s écrirons plutôt en n o t a t i o n vectorielle, en faisant intervenir le poten­


tiel Κ d'où dérive la pesanteur :

A u + grad (ffo - p|/) = 0 div u = 0 . (17)

O n peut éliminer σο en prenant le r o t a t i o n n e l , o u u en prenant la divergence.


D"où le système :

A(rotu) = 0 (18)

Δ ( σ ο - ρ η = 0. (19)

Mais i l faut prendre garde au fait que ces dérivations successives d o n n e n t


des équations plus générales, d o n t les solutions ne sont pas forcément s o l u t i o n
d u problème i n i t i a l .

N o u s préciserons cela dans le cas d u problème plan. Lorsque η est


i une constante, le système (14) c o n d u i t de même, moyennant deux déri­
vations, aux deux équations biharmoniques suivantes, q u i sont les équi­
valents de (18) et (19)

; AAq = 0 Αλχ = 0 (20)

A A désignant l'opérateur V^, soit :

Une s o l u t i o n générale de l'équation b i h a r m o n i q u e est

i F(x, z) = (x' + z')J\ - f xj\ + z/3 + Λ (22)


I
où les fi sont quatre fonctions harmoniques (c'est-à-dire solutions de
A/; = 0) arbitraires. O r l'intégration directe d u système (14) est possible
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VISCOSITÉ NEWTONIENNE ET PLASTICITÉ IDÉALE 15

en prenant p o u r nouvelles variables ζ = x + i>' et ζ = .v — iy. Avec


ces nouvelles variables :

(23)

et le système ( 14) s'écrit :

dont la solution est, Φ(ζ) et G(C) étant deux fonctions analytiques a r b i ­


traires :
1
[ q + \~- = ζΦ(ζ) + G(0 . (25)
I 2η

I Revenons aux anciennes variables :

j Φ{ζ) = ψ(χ, ζ) + i(p* (χ, ζ ) C(C) = g(x, ζ ) + i g * ( x , ζ ) (26)

I φ et φ*, g et g * sont des fonctions harmoniques conjuguées, c'est-à-dire


j telles que

I θφ/δχ = δψ·*Ιδζ δψίδζ = ~ δφ^/δχ . (27)

Comme χ/2 η et q sont réels, o n en déduit la s o l u t i o n la plus générale :

q = χφ + zç)* + g χΙ2η = - ζφ + x<p* + g* (28)

laquelle est beaucoup plus restrictive que la s o l u t i o n (22). O n trouve aussi


; les solutions valables des équations (18) et (19) :

= I - g . 4 ¾

σο - p K = ^ Δχ = - 2 ^ . (30)

2.4. — Le corps plastique idéal. — Les corps considérés dans le langage


courant c o m m e des solides ne se déforment d'une façon appréciable, p o u r u n
type de contraintes donné, que lorsque la c o n t r a i n t e atteint un certain seuil
(seuil de plasticité, en anglais yield strength). N o u s verrons au paragraphe 5 . 1
que la f o n c t i o n des contraintes principales pertinente, p o u r les métaux comme
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ivitcANlQUt DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

p o u r les roches, est la cission efficace τ = \l - Î2 (critère de Von irises, 1913)


et n o n pas, comme o n l'admettait auparavant, la cission maximale

T,„ = I - σ, 1/2

(critère de Tresca, 1864). Dans le cas d ' u n problème plan = τ, les deux
critères coïncident.
Lorsque le seuil de plasticité est dépassé, la vitesse de déformation croît
extrêmement vite avec la contrainte. O n est donc c o n d u i t au modèle schéma­
tique suivant, appelé corps plastique idéal :
— Là où la cission efficace τ n'atteint pas une certaine valeur, le corps ne
se déforme pas (noyaux rigides).
— Là où i l y a déformation, τ = τ^, quelle que soit la vitesse de déforma­
t i o n . O n ne peut pas élever τ au-dessus de τ^. p o u r a u t a n t q u ' o n augmente les
vitesses de déplacement des limites de l'échantillon.

Le seuil devrait être considéré comme une f o n c t i o n de la température. En


fait, la théorie a été développée p o u r les métaux q u i , étant très bons conducteurs
de la chaleur, peuvent être considérés c o m m e isothermes. Pour son exposé
complet, o n peut se reporter à H i l l (1956).
Dans un plastique idéal, les équations générales d u paragraphe 2 . 2 sont
toujours valables, mais la l o i de fluage ne fait intervenir que les contraintes.
Dans le cas du problème plan, cette l o i de fluage s'écrira ( c f 1.20) :

f"^i^)%-Ti = r^ (31)

ce q u i , avec les deux équations d'équilibre quasi statique, permet de déterminer


θχ> ^:, Χχ:, lorsque leurs valeurs aux limites sont connues, sans faire intervenir
les vitesses.
A i n s i par exemple soit un terrain, considéré c o m m e u n plastique idéal, d o n t
la surface est plane et a une pente a. Prenons ox selon la ligne de plus grande
pente de la surface et oz vers le bas. A d m e t t o n s que les vitesses sont parallèles
à xoz (problème plan), et que les contraintes ne dépendent pas de x. O n t r o u v e ,
en appelant H la pression atmosphérique :

Τχζ = - Pgz sin oi (32)

= - H - pgz cos α (33)

= + N/T^ - (pgz sin a)^ • (34)

Le signe -I- correspond à u n écoulement extensif, le signe — à u n écoulement


compressif Que l ' u n o u l'autre s'établisse dépend des c o n d i t i o n s très en a m o n t
et très en aval. I l faut z < Xcipg sin oc : la déformation ne peut s'étendre indé-
fmiment vers le bas. U d o i t s'agir d'une couche de terrain glissant sur u n socle
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VISCOSITÉ NEWTONIENNE ET PLASTICITÉ IDÉALE 17

rigide. Encore faut-il que la l o i de f r o t t e m e n t sur ce socle soit adéquate. U n


frottement u n i f o r m e et une couche d'épaisseur τ Jpg sin α peuvent être une
solution.
Revenons au problème plan général. L'équation (31) peut s'écrire

σ.χ = σο - sin 2 θ,„ ; σ. = σο + τ<. sin 2 0„, ; τ^^ = τ, cos 2 0„,. (35)

D'après (1.18), 0,„ est l'angle que fait l'une des deux directions de cission
maximale avec l'axe des x. En p o r t a n t les expressions (35) dans les équations
d'équilibre (10), ( I I ) , puis en supposant q u ' a u p o i n t considéré 0^ — 0, o n
trouve

i (<Xo -pV -2x,0J = O ~ (σο - pV +2τ, 0„) = 0 . (36)


OX 6ζ

En 1.4 nous avons défini les lignes de glissement, q u i f o r m e n t deux familles


de courbes orthogonales. N o u s les appellerons respectivement lignes cz et
lignes β. En revenant à des axes cartésiens fixes et quelconques, o n v o i t donc
que la quantité (σο — pV — 2 0)
est constante le l o n g d'une ligne de
glissement a, tandis que la q u a n ­
tité (σο - py + 2 τ,, 0) est cons­
tante le long d'une ligne de glisse­
ment β (relations de Hencky). O n en
déduit qu'entre deux lignes/i toutes
les lignes α t o u r n e n t d'une même i.i ,u——-V?-
quantité, et qu'entre deux lignes α
toutes les lignes β t o u r n e n t d'une F i e . 7. — Relations de Hencky.
même quantité ( F i g . 7).
On démontre, t o u j o u r s dans le cas d u problème p l a n , que les lignes de glis­
sement j o u e n t un rôle analogue à celui des courbes caractéristiques d'une
équation aux dérivées partielles de type hyperbolique. En les traversant, les
dérivées premières des contraintes (les dérivées troisièmes de y} peuvent subir
des discontinuités. Aussi, p a r t a n t des valeurs connues sur u n segment à la
limite d u domaine, le problème devient indéterminé l o r s q u ' o n franchit des
lignes de glissement issues de la l i m i t e d u domaine à l'extérieur de ce segment.
Ainsi dans l'exemple cité d'une couche plastique d'épaisseur /; = xjpg sin α
s'écoulant par gravité, la d r o i t e ζ = h est une ligne de glissement singulière
issue de l ' i n f i n i , et nous ne pouvons pas étendre au-delà notre s o l u t i o n trouvée
à partir des c o n d i t i o n s à la surface. Les autres lignes de glissement sont des
cycloïdes q u i partent de la surface sous des angles à 4 5 " ( F i g . 8).
Une autre conséquence, q u ' o n ne se fait pas faute d'utiliser, est q u ' i l est
possible de juxtaposer des solutions d u problème plastique plan relatives à
différents domaines p o u r v u que : a) la l i m i t e entre deux domaines soit une
ligne de glissement p o u r chacun d'eux ( o u qu'elle le soit p o u r l ' u n , l'autre se
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18 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

F i G . 8. — Ecoulement gravitationnel
d'une couche plastique idéale : lignes de
glissement et failles observables en surface
possibles.
Fluage extensif F l u a g e comprG.'isîf

c o m p o r t a n t comme u n noyau rigide) ; b) les contraintes (mais n o n leurs


dérivées) et le flux de matière à travers la ligne de glissement soient continus.

2.5. — Autres modèles de déformation anélastique. — Si le modèle d u plas­


tique parfait permet dans certains cas des solutions simples, i l offre l'inconvé­
nient, lorsque les vitesses aux limites sont inconnues, de ne pas permettre la
détermination des vitesses. ( A i n s i dans le problème de la couche plane plastique,
la vitesse de glissement sur le socle est indéterminée). Aussi a-t-on i n t r o d u i t
des modèles plus complexes tels que :

1" Le corps visco-plastique, o u corps de Binglwm ( F i g . 9c).

Pour τ ^ Te : 7 = 0 et donc η = ao (noyau rigide).

Pour τ 5î τ,. : 7 = (τ - τ^)/η', et donc ;

η = η' + = η ----- (37)


7 τ -

t\' étant une constante indépendante d u temps.

F i G . 9. — Différentes lois rhéologiques.


a) Corps visqueux newtonien ;
b) Corps plastique idéal ;
c) Corps de Bingham ;
d) Corps plastique n o n idéal (loi puissance) ;
i^) Corps visqueux non linéaire o u pseudo­
visqueux.

Κ τ:

2» Le corps plastique n o n idéal, obéissant à une l o i de fluage 7 = Βτ"


(B et /; > 1 étant deux constantes) ( F i g , 9d). Cette l o i a été i n t r o d u i t e en rhéo­
logie par Ostwald, et en glaciologie p a r G l e n . P o u r ce corps :

l = B T " - ' = B"" γ'-''\ (38)

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CORPS ÉLASTIQUES ET VISCO-ÉLASTIQUES 19

Lorsque la cission efficace devient très faible, la viscosité croît indéfiniment


et toute déformation devient inappréciable, même si, en théorie, i l n'existe
pas de seuil de plasticité.

3" Nous dirons par contre q u ' u n corps est visqueux non linéaire ( o u n o n
newtonien) lorsque sa viscosité, sans être constante, reste finie p o u r de très
faibles cissions efficaces (Fig. 9e). O n a alors proposé des lois telles que :

y = C sh τ/το o u bien y = ατ + bx^ + cx^. (39)

3. — C O R P S É L A S T I Q U E S E T VISCO-ÉLASTIQUES

5.1.—Le corps élastique. — U n corps est d i t élastique parfait lorsqu'il


satisfait aux trois conditions suivantes :

a) L'application de contraintes extérieures provoque instantanément


(à la vitesse de propagation des ondes élastiques) une déformation complète.
Il n'y a pas de traînage élastique (ou élasticité retardée ; anglais : elastic after
effect), tel qu'on peut l'observer dans un milieu poreux d o n t les pores renfer­
ment un liquide visqueux.
h) En supprimant la contrainte on revient à l'état i n i t i a l . Ce n'est pas le
cas pour le cuivre, le p l o m b et autres métaux « mous ». Citons aussi le cas
des roches dures q u i subissent d ' a b o r d u n tassement irréversible par suite
de la fermeture des nombreuses microfissures qu'elles renferment.
c) La déformation reste très faible et de ce fait en première et suffisante
approximation les relations entre contraintes et déformations sont linéaires.
Le cas des élastomères est donc exclu.

La courbe de déformation est alors la même à la charge et à la décharge :


on ne décrit pas de cycle d'hystérésis et il n'y a pas d'énergie mécanique absorbée
au cours d ' u n cycle.
Si de plus, le corps est macroscopiquement isotrope, i l satisfait alors à la l o i
de Hooke généralisée :

e^ajili ε'υ = σ'υΙ2μ (1)

k étant l'incompressibilité (en anglais : hulk modulas) et μ la rigidité, o u 2^ coeffi­


cient de Lamé (en anglais : shear modulas). Ces deux paramètres sont les
paramètres élastiques fondamentaux. A i n s i , dans un mélange homogène de
substances, ce sont eux q u i s'ajoutent a u p r o r a t a des concentrations en volume
respectives.
Dans le tableau ci-après, k et μ sont donnés en mégabars (1 M b a r = 1 0 ' ' u n i ­
tés S. L ) , ρ en g/cm' (1 g/cm' = 1 0 ' unités S. L ) .
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20 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

Calcaire compact :
ρ = I afm » 1 bar 0,38 0,23
ρ = 4 000 bars 0,47 0.25

Granité (toujours microfissuré) :


ρ = 1 atm « 1 bar 0,21 0,17
= 4 000 bars 2,62 0,56 0,34

Gabbro :
ρ = 4 000 bars 3,06 0,86

Duniîe :
4 000 bars 3,29 1,21

Les essais de matériaux sont eflfectués le plus souvent en compression uniaxiale


(toutes les contraintes nulles sauf σ^.). I l s donnent directement le module
d'Young E et le coefficient de Poisson v définis dans ce cas par :

= Εε^ (2)

Comme dans ce cas σο = oJ3, e = (\ — 2 v) eJ3, σ.ν = 2 aJ3 et


= 2(1 + v) ε^/3, o n en déduit les expressions suivantes de μ et k en f o n c t i o n
de £• et V :

2μ = 3k = (3)
1 + V 1 - 2v'

On notera que 2 μ < E < 3 k.

Revenons au cas général. Les équations de l'élasticité peuvent s'écrire,


en posant :

2 _ £v
λ = k ( 1 " ' ' coefficient de Lamé) (4)
3 ^ ~ (l + v)(l - 2v)

= (A + 2 μ) ε, + λε^ + λε, \
(5)
Τχν = 2 με^^ = /Ι7^„

et 4 autres équations obtenues par p e r m u t a t i o n circulaire des indices. A i n s i


par exemple lors de la p r o p a g a t i o n d'ondes Ρ le l o n g de l'axe des x, ε^ = ε. = 0 et

-, , 4 £(1 - ν)
(6)
^ = ^-^^^ = ^ + 3 ^ = ( l + v ) ( l -Τν)·
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CORPS ÉLASTIQUES ET VISCO-ÉLASTIQUES 21

Inversement o n peut exprimer les linéairement en f o n c t i o n des :

1 V V i

(7)
1 + V \

et 4 autres équations obtenues par p e r m u t a t i o n circulaire.

L'énergie élastique par unité de volume se déduit facilement de 1.26. E n


prenant les directions principales p o u r axes de coordonnées :

àW = ( σ ' + σο) d(e,' + e) + (oj + σ^) d(62 + e) + ( σ / + σο) d ( £ 3 ' + e)

= σ\ dfi'i + σ'2 dfii + σ 3 dej + 3 σο de

C'est donc la somme d'une énergie de distorsion f o n c t i o n de μ et d'une


énergie de compression f o n c t i o n de λ'.
On verra au chapitre 5 que dans un m i l i e u élastique se propagent des ondes
de compression ou ondes longitudinales (ondes Ρ des sismologues) d o n t la
vitesse est :

V = ((A- + f P)IPY^ (9)


où ρ est la masse spécifique, et des ondes de distorsion o u ondes transversales
(ondes S des sismologues) d o n t la vitesse est :

W = {μΐρψ' (10)

Pour un exposé général de l'élasticité, le lecteur p o u r r a se reporter à M a n d e l


(1966) ; pour le cas de l'élasticité anisotrope à N y e (1961).

3.2.— Visco-élasticité linéaire. — Les corps élastiques sont souvent aussi


légèrement visqueux, et i l faut en tenir compte p o u r aborder certains p r o ­
blèmes. A i n s i l'état des contraintes dans u n m i l i e u élastique i m m o b i l e , soumis
à des forces extérieures données, est indéterminé ( q u ' o n songe p a r exemple à
un globe d o n t la surface vient de se r e f r o i d i r , o u à une p o u t r e de béton pré­
contraint). M a i s l o r s q u ' u n e légère viscosité a eu le temps de j o u e r , o n peut
admettre que, en l'absence de forces extérieures autres que la pesanteur, i l
règne p a r t o u t en son sein u n état de contraintes hydrostatique.
Dans le modèle physique le plus simple, les contraintes produisent à la fois
une déformation élastique (avec compressibilité) et une déformation visqueuse
newtonienne (sans compressibilité), et ces déformations s'ajoutent.
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22 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

Soient ε,·'· les déformations élastiques, efj les déformations visqueuses :

• 1 V V

1 _ ljh_v _
E 2μ

d 2 _ 1
d i '^'^^' 2 ^•^-"

et 8 équations analogues. O n en déduit, en appelant A et B deux opérateurs


linéaires :

£ dt 2 η ~ 2/< d f 2// ~ 2 / i ' d i T,l


(12)
„ V d 1
B = E dt + 6 η

-'^^ = (/1 - β) - βσ,, - βσ, (13)

~ β . . = ^ τ . , = 2·ί-(|^ + ^ ) τ . , (14)

et 4 équations analogues.

Γ, = η/μ est le temps de relaxation des cissions z^y l o r s q u ' o n Impose à


p a r t i r d ' u n certain instant u n cisaillement e^y fixe. (Par exemple le temps de
relaxation d u couple de t o r s i o n selon l'axe d'une éprouvette c y l i n d r i q u e à
torsion fixe). Mais i l i m p o r t e de noter que la l o i de relaxation d ' u n même
matériau dépend de la géométrie d u problème. A i n s i dans une éprouvette
libre sur ses bords (σ^, = = 0), à allongement ε^^ fixe, la c o n t r a i n t e
se relâche selon l'équation (A — Β)σ^ = 0, ce q u i donne une constante de
temps 3 η/Ε = 3 TJ2 (1 + v).

O n peut même avoir deux temps de relaxation. Tel est le cas lorsqu'on envisage des pro­
blèmes plans, la flexion d'une plaque par exemple. En faisant Cyy = 0 dans les équations ( 13)
et éliminant «τ» :

\Edt 3i7d//

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CORPS ÉLASTIQUES ET VISCO-ÉLASTIQUES 23

C et O désignant les deux, opérateurs


1 — v 2 d2 2 —V d 1
C-.A^-2AB^ £^d,a ' T , E d , + Î2^3
(16)
.<l+.)d2 1 ^ 4 v d 1_
U - A I S - -^, - -,^2 + g + j2 ·

Toutefois dans le cas particulier d'une compression parallèle à ox dans


un milieu infini (Zy^ = ε^^ - 0), o n obtient en m u l t i p l i a n t les équations (13)
respectivement par A — 2 B, B et B, puis a j o u t a n t

(A -2B)j^e^^ = A(A - 3 B) . (17)

Une intégration par r a p p o r t au temps est alors possible. O n obtient finale­


ment, en introduisant u n temps de retard :

6 /7(1 - V) _ 3(1 - V)
(18)
1? —
£ TT. — —1 -t- V •J 1

_ H(l - y)
(1 + v ) ( l - 2v)

On trouve encore dans les manuels un exposé soi-disant i n t u i t i f mais falla­


cieux de la visco-élasticité d o n t nous devons bien dire u n m o t . 11 est basé sur
des « modèles rhéologiques » où l ' o n représente une déformation élastique
par celle d ' u n ressort, une déformation visqueuse par celle d ' u n p i s t o n se
déplaçant dans un cylindre fermé entièrement plein d ' h u i l e . U n e équation d u
type (12) s'obtiendra en disposant u n ressort et u n cylindre en série ( F i g . 10a).
Les rhéologues disent alors q u ' o n a affaire à un corps de Maxwell. E n disposant
ressort et piston en parallèle ( F i g . \0b) o n aura u n corps de Voigt ( o u de L o r d

(°) (b) (c)

•^1 ίμζ -",3

T
F I G . 10. — Schémas rhéologiques unidimensionnels.
a) Corps de Maxwell ;
h) Corps de Voigt ;
c) Modèle mixte.
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24 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

Kelvin) présentant de l'élasticité retardée, et obéissant à une équation d u


type

d 1
= l2j^ + - ^ - «..X · (20)

Enfin une équation d u type (19) s'obtiendra avec le système représenté


figure 10c, envisagé par Zener et autres et appelé corps linéaire standard, ou
corps visco-élastique linéaire.
En réalité, ces définitions ne concernent que le problème unidimensionnel,
seul abordé dans les exposés élémentaires. L o r s q u ' o n aborde le problème
tridimensionnel i l y a u n couplage entre les déformations dans les trois d i m e n ­
sions si bien que, comme o n l'a v u , u n même matériau peut p a r exemple se
c o m p o r t e r comme u n corps de M a x w e l l p o u r les ondes transversales et c o m m e
un corps linéaire standard p o u r les ondes longitudinales.

3.3. — Cas où la dissipation d'énergie est faible; définition de Q. — Les sismo­


logues o n t pris l'habitude de définir le degré de perfection élastique d ' u n m i l i e u
par un « facteur de qualité » Q, ou plutôt par des facteurs de qualité, chacun
d'eux étant ot>tenu par l'observation, dans ce milieu, d'un phénomène sinusoïdal
faiblement amorti. Si dans un tel phénomène, une petite f r a c t i o n (5(^ de l'énergie
mise en j e u est convertie en chaleur pendant une pseudo-période, o n posera :

ÔW/W=2nlQ (21)

d'où Q ρ 2π.
Considérons d'abord une oscillation propre faiblement amortie
A exp(— nt) sin ùjt d ' u n corps isolé (la Terre). Si o n suppose que l'énergie
varie comme le carré de l ' a m p l i t u d e , elle est multipUée au b o u t d'une période
par exp(4 πη/ω) ^ 1 — (4 πη/ω) d'où Q = ω/2 n. E n particulier, si l'oscilla­
t i o n propre est p r o d u i t e par u n système résonnant :

d" ' d
di^ di

on aura :

ω = ωο( 1 - tn^y^\ n = nm^, d'où Q x \m . (22)

Le lecteur pourra traiter le cas d'une oscillation forcée z ^ exp(ifu/), y = R exp(if(ji -) Ίψ).
La courbe de résonance donnant R- en fonction de (Oo a u n m a x i m u m pour M « COO ;
ou 2 m correspond à Δω/ωο, Δ ο étant la largeur de la courbe à hauteur de demi-puissance.
Q I correspond aussi à la pente initiale (fu petit) de la courbe de phase. Cela montre l'ana­
logie entre le facteur de qualité et le « coefficient de surtension » Q d ' u n circuit électrique.
Mais cette analogie peut être trompeuse, car le coefficient de surtension dépend exclusivement
du circuit, alors que la définition par les oscillations propres permet d'envisager que Q
dépende de la pulsation correspondante.

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CORPS ÉLASTIQUES ET VISCO-ÉLASTIQUES 25

Considérons maintenant, dans u n milieu illimité une onde plane


exp(—αχ) exp i ( / x — d o n t l ' a m p l i t u d e d i m i n u e lentement lorsqu'elle
avance. A u bout d'une période 2 π/ω, .\: a augmenté d'une longueur d'onde
λ = 2π/f. D ' u n cycle au suivant, l'énergie contenue dans u n v o l u m e mobile
avec les ondes, supposée toujours p r o p o r t i o n n e l l e au carré de l ' a m p l i t u d e ,
est multipliée par exp(— 2 aÂ) » 1 — 2αλ, d'où

Q π/αλ =fl2oc. (23)

Cette expression ne doit pas être employée sans précautions (Chap. 12)
pour les ondes présentant une dispersion p r o p r e (en dehors de la dispersion
qui accompagne toujours une propagation en m i l i e u absorbant, mais q u ' o n
peut négliger si l'absorption est faible).
A la suite d'expériences encore insuffisantes faites sur des roches à diverses
fréquences, on admet souvent avec KnopofF que Q est indépendant de ω ,
aussi bien correspondant aux ondes longitudinales que Qg correspondant
aux ondes transversales. C'est dire que α est p r o p o r t i o n n e l à / (ou à ω puis­
qu'on néglige la dispersion). Cette propriété est purement empirique ; o n
démontre qu'elle ne peut être rigoureusement satisfaite par aucun m i l i e u
linéaire (voir par exemple F u t t e r m a n , 1962).

Pour apprécier la portée des hypothèses sur la faiblesse de la dissipation, le lecteur pourra
chercher la réponse à une contrainte sinusoïdale σ — exp(iioO pour un milieu visco-élastique,
dans lequel la déformation s est liée à τ par une équation analogue à (19) :

(24)

{ et σ sont des valeurs en un point (σ peut provenir de forces extérieures imposées o u de


l'inertie propre du milieu). E' (module œdométrique) est le module élastique pour des varia­
tions rapides. Pour des déformations lentes : σίε κ E' T\lTi.
Le même milieu transmet a) des ondes transversales amorties. Le lecteur obtiendra l'équa­
tion dont dépend le déplacement x en partant de l'équation (14) où « = dXi'èx et de la l o i
d'inertie 'àal'àx --= ρ d'^Xjdt-, b) des ondes longitudinales dans lesquelles l'équation (24)
remplace l'équation (14). Les ondes obtenues par intégration sont douées de dispersion. Si
l'absorption est faible, Qp peut être beaucoup plus faible que Qs, pour une même valeur de ω,
sans qu'il soit nécessaire d'invoquer des films liquides q u i absorberaient les ondes transver­
sales. Disons tout de suite que l'atténuation des ondes sismiques est bien plus complexe que
ne le laisse prévoir ce modèle, car elle met en j e u plusieurs mécanismes à l'échelle micro­
scopique (§ 5.8).

Revenons au cas général des faibles dissipations. Sans avoir à préciser


complètement la l o i rhéologique, o n peut, avec A n d e r s o n et A r c h a m b e a u
(1964), admettre qu'elle corresponde au remplacement des constantes élas­
tiques k, μ et même de la masse spécifique ρ (bien que l'interprétation soit i c i
difficile) par des quantités complexes voisines k - l - ïk', μ - f ίμ', ρ -I- i p ' ; k',
μ', p' peuvent éventuellement être fonctions de la période, mais, comme ils
sont petits, une méthode de p e r t u r b a t i o n f o u r n i r a la s o l u t i o n d ' u n problème
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26 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

avec dissipation l o r s q u ' o n connaîtra la s o l u t i o n d u problème élastique corres­


pondant.
Prenons le cas le plus simple, en général suffisant, où n i la compressibilité
ni l'inertie ne sont perturbées et b o r n o n s - n o u s aux ondes en m i l i e u homogène.
Dans l'expression fx — mt de la phase d'une onde 5 (§ 3 . 1 ) , / = ω(μ//;)~'/"
varie de

lorsque μ varie de ομ = Ίμ'. D e l'expression (23) où a = iôf o n t i r e

Qs = • (25)
μ

P o u r une onde Ρ :

2 3μ _ _ 2

3 k + 4/3 μ 3 μν'

d'où la r e l a t i o n :

2 ^ = 1 ^ ^ ^ 3(1 - A , 3
Qs 4 M^^ 2(1 - 2 v) 2

3.4. — Autres comportements rhéologiques linéaires. — 1 " On peut admettre au départ


un modèle de Voigt, c'est-à-dire admettre que la contrainte totale, pour une déformation
donnée variant au cours d u temps est la somme d'une contrainte élastique et d'une contrainte
visqueuse. O n trouvera alors, même pour les cisaillements, une élasticité retardée.
Jl est assez difficile d'imaginer le processus microscopique q u i donnerait u n tel compor­
tement à l'échelle macroscopique. O n pourrait songer à un corps élastique poreux imprégné
d ' u n fluide visqueux, mais en réalité le déplacement d u fluide visqueux dépendrait alors des
gradients des contraintes : o n n'aurait pas une loi rhéologique, l o i où ne doivent figurer que
les contraintes et déplacements infinitésimaux en u n point donné.

2" I l peut exister une viscosité en volume, c'est-à-dire que la relation σο = 3 & peut être
remplacée :
a) Soit par une relation d u type Voigt

σ„ - 3(Cê + Ke). (27)

Il y aura alors absorption d'énergie lors des pulsations radiales d'une sphère, comme le
veut le second principe de la thermodynamique. Une telle viscosité a été mesurée pour des
liquides o u des gaz.
h) Soit par une relation d u type Maxwell

3 è = (ffJK) + (σοΙζ) . (28)

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CORPS ÉLASTIQUES ET VISCO-ÉLASTIQUES 27

Il y aura alors une variation progressive de densité au cours d u temps, à pression hydro­
statique constante. Une diminution progressive a été trouvée pour l'asphalte, une augmen­
tation progressive pour le béton. C'est aussi le cas lorsqu'il se produit dans le matériau un
changement de phase réversible.
Le lecteur peut se reporter à M . Reincr (dans Fliigge, 1958, pp. 481-484).

.1" Visco-élasliciié généralisée (Corps Bollzmannien). O n d i t qu'on a affaire à un corps


Boitzmannicn quand déformation et contrainte sont lices par une équation différentielle
linéaire. Les quatre cas considérés dans 3.2, formulations unidimensionnelles d ' u n corps
de Maxwell tridimensionnel pour différentes conditions aux limites, en sont des cas parti­
culiers. Mais on peut envisager un corps Boltzmannien tridimensionnel.
Nous renvoyons le lecteur à Persoz (i960) pour cette étude. Disons seulement q u ' o n part
de deux fonctions/(/) et /·(/) susceptibles d'être déterminées expérimentalement. Nous appel­
lerons γ la déformation et τ la contrainte, sans préciser les indices.
Si à partir de l'instant ? — 0, o n applique une contrainte constante r, la déformation sera :

7(0 - Tf(t).

f (t) est \a fonction de fluage. Si τ varie au cours du temps :

-/{/) = τ ( 0 ) / ( / ) - · f(t^t)T(f)af . (29)


' 0

En intégrant par parties puis posant / — t' u, o n aboutit à :

7(t)
at τ(1 — u) f(u) du . (30)

Si au contraire à partir de l'instant / -- 0 on maintient une déformation constante


la contrainte diminuera selon une l o i

r(0 - 7r(t). (31)

rd) est \a fonclion de relaxation. Si varie au cours d u temps o n trouve de même :

d
;·(/ — u) r(u) du . (32)
^('^ - dr

On démontre que les transtormées de Carson (*) des fonctions de fluage et de relaxation
sont inverses l'une de l'autre. O n démontre aussi que pour un corps Boltzmannien, en appli­
quant la transformation de Carson aux contraintes, aux déformations et aux modules élas­
tiques (pd), et /.(/), KU) ou £•(/)) les relations entre les transformées sont analogues à celles
existant entre contraintes, déformations et modules dans un corps élastique.

3.5. — Rhéologie non linéaire. — Les milieux cristallisés, o u amorphes mais très visqueux,
sont assez rarement Boitzmanniens. O n peut évidemment dans tous les cas chercher à déter­
miner une fonction de fluage et une fonction de relaxation. Raisonnons sur la première.

(*) On dit que F(p) est la transformée de Carson de/(/) si :

F(p) ^-p \ e "'f(t)dt.

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28 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

Si à partir de l'instant ί ^ 0 o n applique une contrainte constante τ, la déformation n'est


pas de la forme τ/(/) ; sa valeur au bout d ' u n temps t n'est pas proportionnelle à τ (elle croît
en général beaucoup plus vite que τ). Autrement d i t , la fonction de fluage trouvée dépend de τ.
D e plus, alors que pour u n corps Boltzmannicn la fonction de fluage, solution d'une équation
différentielle linéaire à second membre constant, est une somme de termes de la forme
/" c~*' (n o u k pouvant être nuls), p o u r u n corps réel, i l peut en être autrement.
A i n s i par exemple, nous verrons q u ' i l existe u n type de fluage, le fluage a, pour lequel
f(t) = A(x) log ( 1 -I- ht). O n peut évidemment dire qu'il y a alors u n spectre infini de temps
de retard T, défini par
,„ T.
fit) - I J{T)e 'η·άΤ (33)
J 0

mais les temps de retard ainsi introduits ne correspondent à aucun mécanisme physique.
Négligeons l'élasticité et bornons-nous au fluage d ' u n m i l i e u approximativement incompres­
sible. Nous avons déjà examiné le cas des corps plastiques de Bingham et de G l e n , où l ' o n
peut définir une viscosité // = ry/yy, mais q u i , a u lieu d'être une constante est une fonction
d u deuxième invariant d u déviateur des contraintes, c'est-à-dire d'une forme quadratique
des contraintes. O n pourrait aussi supposer qu'elle est fonction d u troisième invariant d u
déviateur des contraintes (ce q u i n'introduirait aucune modification dans les problèmes plans
étudiés, ce troisième invariant étant alors n u l ) .
Signalons aussi ici que la relation entre les tenseurs r i ; et £y peut ne pas être linéaire, mais
d ' u n ordre plus élevé. Par exemple o n peut expliquer l'eiïet Weissenberg que présentent des
fluides organiques (tel le lait condensé) en admettant :

T'ij = 2 iiÎij 4- 4 //c ^ Bik Ekj. (34)


k

4. — MÉCANISMES ÉLÉMENTAIRES D U F L U A G E

4.1. — Fluage cassant. — L a charge de r u p t u r e de n o m b r e u x corps cassants


(basalte, verres silicates, céramiques) dépend d u temps d ' a p p l i c a t i o n de l a
c o n t r a i n t e , /. Ce phénomène est appelé fatigue statique. De nombreux travaux,
rapportés dans C r u d e n (1970) o n t montré que la charge de r u p t u r e v a r i a i t à
peu près c o m m e l'inverse d u temps d ' a p p l i c a t i o n de la c o n t r a i n t e (comme
^-0,8 ^ ^-1,2 général).

Le phénomène d i m i n u e l o r s q u ' o n opère dans le vide. I l est plus prononcé


dans une ambiance h u m i d e o u riche en C O 2 . Dans le cas d ' u n verre à vitres,
l'étude de l'influence de la température c o n d u i t à l a même énergie d ' a c t i v a t i o n
que p o u r l a d i f f u s i o n des atomes de s o d i u m dans le verre. Ces faits a p p u i e n t
l'hypothèse que l a fatigue statique est due à l ' a u g m e n t a t i o n de l a l o n g u e u r des
microlissures responsables de l a f r a c t u r e (cf Chap. 3) p a r c o r r o s i o n . Cette
c o r r o s i o n d o i t être très accélérée aux extrémités d ' u n e microfissure p a r suite
de l a c o n c e n t r a t i o n des contraintes en ce p o i n t . A u f u r et à mesure que des
microfissures atteignent une certaine longueur critique (fonction de la
c o n t r a i n t e ) , elles se t r a n s f o r m e n t brusquement en fissures traversant t o u t un
grain.

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MÉCANISMES ÉLÉMENTAIRES DU FLUAGE 29

Une théorie due à Charles permet de lier l'abaissement de la charge de r u p ­


ture au cours d u temps à la croissance de la longueur L des microfissures. O n
en déduit, σ étant la contrainte :

d L / d i = Ca" (1)

oi;i c est une constante et η = 16 à 19.


La fissuration d ' u n grain s'accompagne d'une petite déformation finie de
l'ensemble de l'échantillon. L a fatigue statique provoque donc une déforma­
tion anélastique £, d o n t la vitesse décroît avec le temps : c'est le fluage cassant.
La théorie faite par Cruden c o n d u i t à

ε « α -h Ca" log t . (2)

Pour un grès « * I et p o u r un marbre η % 2.


C'est ce fluage cassant que l ' o n observe dans les expériences de laboratoire
sur des roches, lorsque la température et la pression moyenne sont t r o p basses.

4.2. — Glissements sur les joints de grain. — O n supposait autrefois que


dans un polycristal il y avait entre deux cristaux voisins (au j o i n t des grains)
une couche désordonnée pseudo-liquide. Les observations au microscope élec­
tronique ont montré q u ' i l n'en était rien : la couche perturbée a une épaisseur
de deux ou trois dislances interatomiques seulement.
Toutefois Kê et autres o n t montré que des glissements de faible a m p l i t u d e
pouvaient avoir lieu sur les j o i n t s de g r a i n . Ils facihtent la déformation de
l'échantillon lorsque les grains se déforment ( o u se brisent), les déformations
des divers grains étant en général géométriquement incompatibles. Les glis­
sements sur les j o i n t s de grain par eux seuls peuvent expliquer en partie l ' a m o r ­
tissement des ondes élastiques. Pour l'expliquer quantitativement, i l faut
considérer les inclusions q u i s'accumulent aux j o i n t s de grains (la recristalli­
sation facilitant cette ségrégation).
A u voisinage d u p o i n t de fusion d ' u n corps p u r , la présence d'impuretés
abaissant le point de fusion, celui-ci est d ' a b o r d atteint sur l é s a n t s de grain.
La couche perturbée devient p a r endroits u n vrai film liquide, et l'amortisse­
ment des ondes élastiques de cisaillement devient i m p o r t a n t .

4.3. — Fluage par migration de lacunes de Herring-Nabarro. — L ) n cristal


renferme des défauts ponctuels tels qu'atomes en excédent (atomes intersti­
tiels) ou au contraire absence d'atomes en certains sites d u réseau (lacunes,
en anglais : vacancies). Au-dessus de 0,5 Tj (Tj- étant la température de fusion)
les quantums d'agitation t h e r m i q u e sufliisent à créer et déplacer au hasard les
défauts q u i sont ainsi en équilibre thermique avec le cristal. Différents faits
expérimentaux ( c f Friedel, 1964, p. 85 et suiv.) p r o u v e n t que la mobilité des
atomes dans le cristal (leur self-dijj'usion) est effectivement due à la m i g r a t i o n
des lacunes, celles-ci p o u v a n t atteindre une densité c de 10""*.
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30 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

O n peut lier c à l'énergie d ' u n défaut U de la façon suivante. L'énergie libre par unité de
volume due à la présence des défauts est cU — TS, en appelant 5 l'entropie qu'introduisent
les défauts, soit selon une formule classique pour un mélange de deux phases :

S = k[c log c ^ (\ ~ c) log (1 — (·)] (3)

k étant la constante de Boltzmann (1,380 > 10 2-' J/deg).

L'énergie libre doit être minimale, ce q u i se produit lorsque

Î - _ ^ ^ c « e ' W . (4)

Considérons maintenant une contrainte de cisaillement p u r appliquée à u n grain. Pour


simplifier, supposons au départ le grain cubique, d'arête L, avec une compression - f σ a p p l i ­
quée sur deux faces parallèles et — σ sur deux autres (Fig. 11). Si est le volume d'une
lacune, son apparition modifie l'énergie U de ± ah\ 11 s'ensuit donc un gradient moyen
de U:

grad i / - 2 σ * ν < · ί . ) (5)

( L ) désignant une valeur moyenne d u trajet d'une face étirée à une face comprimée. Notons
qu'il y a simultanément un gradient de la concentration c, car d'après (4) :

grad — 0, grad U . (6)

U n gradient de l'énergie d ' u n défaut signifie qu'une


force F - - — grad U s'exerce sur ce défaut. Ces forces
provoquent un déplacement d'ensemble des lacunes,
se superposant à leur mouvement brownien, ce q u i
équivaut à un flux de matière en sens inverse. Selon
un calcul très général d'Einstein, le flux à travers une
section unité vaut, D étant le coefl^icient de self-
diffusion :

φ ^ — DFjkT = D(grad U)lkT. (7)

Ι + σ- Ici, compte tenu de (5) :

FlG. 11. — Fluage par le processus φ = 2 Dab^lkT { l/j . (8)


d' Herring-Nabarro.
Ce flux de matière provoque une déformation d u
cristal. (Si toutes les lacunes allaient émerger sur les
faces comprimées, le cristal diminuerait de volume, mais i l s'en forme continuellement sur
les faces étirées). O n trouve ainsi une vitesse de déformation proportionnelle à la
contrainte σ :

Ê= φΙ{Ε) aDab^kTL^ (9)

en posant α = 2L^I{ L y. Ce coefficient vaut environ 25 pour un grain isodiamétrique,


mais l'aplatissement d u cristal le fait diminuer.
La déformation des grains est limitée par une recristallisation, et u n état de régime s'établit.
C'est le fluage de Herring-Nabano, gouverné par l'équation (9) et donc de type visqueux
Newtonien.
A la température ambiante, ce fluage n'a pu être observé qu'avec des grains extrêmement
fins. Mais i l n'en serait plus de même au voisinage immédiat d u point de fusion (cf. § 5.7).
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MÉCANISMES ÉLÉMENTAIRES DU FLUAGE 31

4.4. — Fluage par glissements intracristallins et seuil de plasticité. — Fluage


cassant, glissement sur les j o i n t s de grain ou fluage de H e r r i n g - N a b a r r o per­
mettent une certaine déformation anélastique sous de très faibles contraintes,
avant que le seuil de plasticité soit atteint.
Dès que les contraintes deviennent plus importantes apparaissent des défor­
mations plastiques intracristallines, par mâclage ou par glissement sur des
plans cristallographiques. L ' u n et l'autre sont possibles bien que les contraintes
soient encore extrêmement faibles devant les forces de cohésion interatomiques
parce que dans t o u t cristal existent des défauts linéaires susceptibles de se
mouvoir, les dislocations, d o n t nous parlerons plus l o i n .

Le mâclage est peu courant. O n l'observe dans la calcite, le diopside (Raleigh et Talbot,
1967), l'étain (le mâclage brusque y produit le « cri » caractéristique).
Les glissements intracristallins se produisent simultanément sur des paquets de plans
atomiques parallèles et voisins, en formant une zone très mince très cisaillée, une sorte de
microfaillc (mais sans perte de cohésion). Bien que son épaisseur soit inférieure à 0,01 μ,
la « marche d'escalier » qu'elle provoque à la limite d u cristal est visible au microscope sous
forme d'une ligne sombre, la bande de glissement (slip band). U n cristal se déforme ainsi
comme un paquet de cartes à jouer, chaque « carte » entre deux bandes de glissement ayant
(pour fixer les idées) I μ d'épaisseur, à un facteur 100 près.
Mais pour qu'un polycristal se déforme de la façon la plus générale, i l faut q u ' i l y ait
5 degrés de liberté (le tenseur de déformation a 6 paramètres liés par 1 relation, celle d'in­
compressibilité). Il faut donc qu'existent 5 plans de glissements indépendants, et cela ne se
produit qu'au-dessus d'une certaine température et pour des contraintes suffisantes. C'est
là, l'origine du seuil de plasticité macroscopique. Ainsi dans le cas de l'olivine jouent successi­
vement, pour des températures croissantes, le plan (100) dans la direction [001], puis les trois
plans (110) dans la direction [001], enfin vers I 000 " C le plan (010) dans la direction [100]
(Raleigh, 1968). Lorsque le nombre de plans de glissement par cristal est insuffisant, seuls
des glissements sur joint de grain et des microfractures rendent les déformations des différents
cristaux compatibles.

De toute façon, tous les cristaux d ' u n échantillon n'atteignent pas s i m u l ­


tanément leur limite plastique. 11 apparaît des couches déformées, grossièrement
parallèles, qui croissent avec la contrainte jusqu'à envahir t o u t l'échantillon.
De ce fait, le seuil de plasticité n'est en général pit*-bien défini.

Ces couches plastiques, d o n t l'épaisseur cette fois est de l ' o r d r e d u m i l l i ­


mètre, peuvent être de deux types :
— parallèles aux plans de glissement. Les
pétrographes les appellent alors parfois des
« f a i l l e s » (improprement, car i l n'y a pas perte i P b n de glissement

de cohésion), et les métallurgistes des bandes de ^Jk . ,


^-«>yi\^^^ \Uirectioride
Liiders (les bandes sont plus exactement les l i m i - \^^^ΜΙ>\/Ί g'"*-"^'"""*
tes des lamelles à la surface de l'échantillon. S'il
s'agit d'un métal oxydé, on y voit sauter l'oxyde),
— à peu près perpendiculaires aux plans de ^ ... „,.
X , ^ . , , Γ f^'G- — Pliage en genou et
glissement. O n a alors affaire a des pliages en ,,ι,,^ band. D'après R A L E I G H ,
genou. A la surface de l'échantillon, les couches
1968.
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32 MÉCANIQUE DES SOUDES : BASES PHYSIQUES

ainsi pliées f o r m e n t des kink hands ( F i g . 12). Ces pliages en genou survien­
nent lorsque le glissement sur les plans de glissement se bloque dans une
certaine région (Christie et al., 1964).
Signalons enfin que les bandes de glissement peuvent ne pas émerger à la
surface d ' u n cristal, f o r m a n t une lamelle de déformation, visible par la biré­
fringence q u i en résulte (Christie et al., 1964 ; Raleigh, 1968).

4.5. — Quelques mots sur les dislocations. — E n plus des défauts ponctuels
en équilibre thermique, u n cristal présente des défauts linéaires hors d'équi­
libre thermique appelés dislocations. Leurs propriétés sont exposées en détail
dans Weertman et Weertman (1970) et les processus où elles interviennent
dans Friedel (1964).
O n caractérise une dislocation par son vecteur de Burgers b ( F i g . 13, 14).
11 est perpendiculaire à la ligne de dislocation l o r s q u ' i l s'agit d'une dislocation
coin, parallèle p o u r les dislocations vis. En général, une dislocation a une c o m p o ­
sante coin et une composante vis.

L o r s q u ' i l n ' y a n i lacunes, n i atomes interstitiels, une dislocation ne peut


pas se terminer dans le cristal. I l ne peut apparaître à l'intérieur d u cristal que
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MÉCANISMES ÉLÉMENTAIRES DU FLUAGE 33

des couples de dislocations coins o u des couples de dislocation vis ayant des
vecteurs de Burgers opposés. 11 peut aussi apparaître une dislocation fermée
sur elle-même ou boucle. Schématiquement o n peut la représenter comme deux
dislocations coins parallèles reliées par deux dislocations vis, mais en réalité
la boucle tend à prendre une forme circulaire. Elle tendrait aussi à se refermer
et à s'annihiler, en l'absence de contraintes et si elle était isolée. M a i s en réalité,
il y a des millions de dislocations traversant u n c m ^ de cristal. Elles y f o r m e n t
une sorte de toile d'araignée, de réseau, et aboutissent perpendiculairement sur
les faces libres. ( L ' o n peut v o i r les points d'arrivée au microscope électronique
après légère attaque de la surface.)
Les glissements entre plans cristallins sous l'effet de contraintes relativement
faibles s'expliquent par la mobilité des dislocations situées dans le p l a n de
glissement (Fig. 15). Si une boucle a u n segment dans ce plan de glissement.

FJG. 15. — Glissement produit par le mouve­


ment de dislocation coin. D'après W E E R T M A N et
WEERTMAN, 1 9 7 0 .

lui seul sera mobile. Ce segment se distendra, en restant épingle à ses deux
extrémités, jusqu'à se détacher sous forme d'une boucle a u t o n o m e , située
entièrement dans le plan de glissement ( F i g . 16). L a boucle initiale peut indé­
finiment émettre des boucles. O n l'appelle source de Frank-Read. Utie variante
en est la source représentée figure 17 : grâce à deux crans (jogs) i V e boucle
située dans un plan de glissement est venue émerger dans u n autre p l a n de
glissement, où elle constitue une source. O n d i t q u ' i l y a m u l t i p l i c a t i o n des
boucles par déviation (cross-slip).

F I G . 1 6 . — Source de Frank-Read. Les dislocations vis AB et CD sont fixes,


la dislocation coin BC se transforme en une boucle sous l'efTet de la scission τ, en
passant par les configurations 1 , 2, 3 , 4 .
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34 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

F I O . 17. — Déviation (cross-slip) d'une boucle de


dislocation. Son segment vis AB se déplace en CD
et donne naissance à des boucles dans un plan de
glissement parallèle, sous l'effet de la cission τ.

Grâce aux sources, la densité de dislocations se m u l t i p l i e énormément dans


un cristal soumis à une contrainte σ. L'expérience m o n t r e que la distance
moyenne entre deux dislocations est :

d = Hh/fh (12)

μ étant la rigidité d u cristal, b la longueur d u vecteur de Burgers, β un facteur


sans dimension de l ' o r d r e de l'unité.
Grâce à une a b s o r p t i o n o u une émission de lacunes, une dislocation c o i n
peut migrer en bloc dans la d i r e c t i o n perpendiculaire à elle-même et au vecteur
de Burgers ( F i g . 18). O n appelle ce phénomène montée (climb).

F I G . 18. — Montée d'une dislocation


par capture d'une lacune {représentée par
un carré). D'après W E E R T M A N et W E E R T -
MAN, 1970.

Une estimation de la vitesse de montée est facile en admettant que l'énergie U d'une lacune
vaut — σ6-' à la distance h de la dislocation et 0 à une distance R. Le flux total de lacunes à
travers une section unité est toujours donné par (7). En état de régime, le flux centripète total
par unité de longueur de dislocation, Φ — 2πrφ, doit être indépendant de la distance r
à la dislocation. Donc r grad U — /· d f / d r est constant et, avec les valeurs aux limites admises :

(y - — σhi log (Rlr)l\oë (Rjb) . (13)

D'où le flux Φ. Le nombre de lacunes atteignant la dislocation par unité de longueur et de


temps est ¢/6-', et chacune fait monter la dislocation de b sur une longueur h. La vitesse
de montée est donc :

V - (Φ/63) • b'- Φ/Λ - 2 nDab^kTiogiRlb) . (14)

O n démontre que les dislocations coins parallèles, ayant leurs vecteurs de


Burgers parallèles se repoussent lorsqu'elles sont dans le même plan de glisse­
ment, s'attirent lorsqu'elles sont côte à côte, dans des plans de glissement
distincts. De ce fait, des plans de glissement t r o p riches en dislocations coins
de même signe, et de ce fait incurvés, ne sont pas stables. Avec le temps, ils se
polygoniseront, grâce à une montée des dislocations.
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MÉCANISMES ÉLÉMENTAIRES DU FLUAGE 35

Le cristal est alors divisé en sous-grains, d o n t le diamètre L est égal à un


certain nombre de fois la distance initiale entre dislocations d donnée par (12).
On trouve expérimentalement

L = LoP/a (15)

avec LQ % 0,05 m i c r o n . Les limites des sous-grains sont appelés sous-Joints de


grain, en anglais tilt boundaries.

4.6. — Fluage par diffusion dans les sous-grains et fluage de Nabarro. — Si


les sous-joints de grain sont des sources et puits de lacunes, la valeur L de
l'équation (15) d o i t remplacer la taille L d u g r a i n dans la l o i de H e r r i n g -
Nabarro (éq. (9)). O n trouve alors une vitesse de fluage ε p r o p o r t i o n n e l l e à σ ' .
Nabarro de son côté avait considéré le cas où chaque j o i n t de g r a i n ne ren­
ferme qu'une dislocation c o i n , alternativement dans un sens et en sens contraire.
La vitesse de fluage est alors contrôlée par la vitesse de montée des disloca­
tions (éq. (14)), et vaut :

= 06)

Ρ étant la densité des dislocations par unité d'aire, égale à 1/d^, où d est donné
par l'équation (12). ρ est donc p r o p o r t i o n n e l à σ', tandis que K est p r o p o r t i o n ­
nel à σ (éq. (14)). O n t r o u v e encore une l o i en σ'.

4.7. — Théories du fluage par glissements intracristallins. — I l existe un


grand nombre de modèles de glissement et de théories différentes, d o n t certaines
doivent être valables dans certains cas, mais d o n t aucune n'est prouvée par des
observations directes de dislocations en mouvement. (Cette observation est
possible depuis quelques années, en particulier par diffraction de rayons X ) .
On peut les diviser en deux groupes :

a) C'est la vitesse de déplacement des dislocations dans le plan de glissement


qui contrôle le fluage. Les dislocations peuvent devoir, p o u r se déplacer, entraîner
un nuage d'impuretés (nuage de C o t t r e l l ) . U n autre processus de freinage a été
signalé par Eshelby et Schoeck. Dans tous les cas, la vitesse υ des dislocations
est p r o p o r t i o n n e l l e à la c o n t r a i n t e appliquée σ. L a distance moyenne des
dislocations dans le plan de glissement est d, donné par l'équation (12), et la
distance entre plans de glissement est aussi d. L a vitesse de fluage observée est :

έ = y'; (17)
a

y étant un facteur numérique de l'ordre de l'unité. O n trouve donc dans tous


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36 MÉCANIQUE DES SOUDES : BASES PHYSIQUES

les cas une vitesse de fluage p r o p o r t i o n n e l l e à σ^. O r rexpérience donne le


plus souvent u n fluage de la f o r m e

(18)

C, Uetm étant des constantes, avec m > 3. Ces théories sont donc insuffisantes.

h) Au cours de leur mouvement, les dislocations s'empilent contre des obs­


tacles, et c'est la vitesse à laquelle elles peuvent s'échapper de « l ' e m b o u ­
teillage » q u i c o m m a n d e le fluage.
L ' e m p i l e m e n t p o u r r a i t se faire contre des j o i n t s de g r a i n . Selon Friedel
(1964, p. 315), si elles s'échappent alors par diffusion le l o n g des j o i n t s de
g r a i n , cela c o n d u i t à m = 2.
L ' e m p i l e m e n t p o u r r a i t se faire au sein des grains, contre des barrières de
C o t t r e l l (groupe spécial de dislocations q u i peut s'installer de façon stable à
l'intersection de plans de glissement diflFérents). Cela c o n d u i t km = 4 (Friedel,
1964, p. 279 et 315).
Selon une théorie de W e e r t m a n (1968), i l y a u r a i t dans le cristal une densité
en sources de dislocations indépendante de σ. Les boucles de dislocations de
signe opposé existant dans deux plans de glissement voisins, lorsqu'elles auraient
atteint une taille suffisante p o u r être face à face, se détruiraient m u t u e l l e m e n t
à la suite d'une montée. Ce modèle le c o n d u i t à une l o i - a w c m = 4,5 et même,
en faisant i n t e r v e n i r une c o n c e n t r a t i o n locale des contraintes, à une valeur
supérieure.
Bien que cette théorie de W e e r t m a n donne enfin u n exposant élevé, o n ne
peut la considérer c o m m e définitive. N o u s verrons que dans le fluage permanent,
les processus de recristallisation, ignorés par ces théories, sont f o n d a m e n t a u x .

s. — A N É L A S T I C Ï T É E T FLUAGE DES M A T É R I A U X POLYCRISTALLINS


E T P L U S S P É C I A L E M E N T DES R O C H E S

5 . 7 . — Influence de la pression « hydrostatique » (pression moyenne) sur le


seuil de plasticité. — De quelle f o n c t i o n des contraintes principales dépend
exactement le seuil de plasticité ? Pour tenir compte de la pression moyenne,
en 1900 M o h r généralisa le critère de Tresca en a d m e t t a n t que, p o u r q u ' a p p a ­
raisse la plasticité, le g r a n d demi-cercle de M o h r , de r a y o n T„ = {σ^, — σι)/2,
ne devait pas être tangent à la d r o i t e T = τ^, mais à une courbe TiN) (courbe
intrinsèque). Confondant plasticité et r u p t u r e (une déformation plastique
prolongée se termine en général par la fracture de l'échantillon), confusion
que souligne le terme anglais defailure donné indistinctement aux deux phéno­
mènes, o n donne à la courbe intrinsèque l'allure représentée figure 19, déduite
de considérations sur la r u p t u r e de corps cassants ( c f C h a p . 3). L a plasticité
apparaît lorsque le g r a n d cercle de M o h r touche la courbe intrinsèque.
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FLUAGE DES MATÉRIAUX POLYCRISTALLINS 37

\ -Ν

Fie. 19. — Courbe intrinsèque donnant le seuil de plasticité,


selon le critère de Mohr.

De fait, les expériences sur des métaux m o n t r e n t que l ' o r i e n t a t i o n des


premières bandes de Liiders (§ 4 . 4 ) est bien celle q u i a p o u r image ce p o i n t
de tangence avec la courbe intrinsèque. Elles s'écartent un peu de la d i r e c t i o n
de cisaillement m a x i m a l , en se r a p p r o c h a n t de l'axe p r i n c i p a l d'allongement
(Nadai, 1950). Mais, p o u r les métaux comme p o u r les roches ( M o g i , 1971),
il est aujourd'hui prouvé que les variables q u i interviennent sont en réalité
la cission efficace τ et la pression moyenne ρ = — σ^. Ce n'est que l o r s q u ' o n
considère des états de c o n t r a i n t e ayant le même r a p p o r t (σ1Γ~ <^2)l{<^\ ~ ^s)^
par exemple seulement des tractions uniaxiales, o u seulement des compressions
uniaxiales, ou seulement des cisaillements purs, que le critère de M o h r reste
valable.
Les études concernant l'infîuence de la pression moyenne sur les glissements
intracristallins ont été résumées par G o r d o n ( I 9 7 I ) . Dans les métaux et cristaux
covalents, l'augmentation relative de contrainte nécessaire p o u r o b t e n i r ,
lorsqu'on augmente p, la même vitesse de fluage, est très faible. Elle est égale
ou inférieure à l ' a u g m e n t a t i o n relative des modules élastiques. Selon Mogi
(1971), i l en est de même p o u r un calcaire compact à grain fin. Dans les cristaux
ioniques par contre une forte pression moyenne facilite certains processus
de glissement intracristallin et d i m i n u e donc la viscosité τ/y ( d ' e n v i r o n 15 %
pour /7 = 4 kbars dans N a C l ) .

5.2. — Cas des métaux. — Dans presque tous les métaux, le seuil de plas­
ticité croît avec la déformation antérieurement subie par l'échantillon. C'est le
phénomène à'écrouissage (anglais : work-hardening). 11 faut donc des contraintes
de plus en plus fortes p o u r accroître la déformation. Celle-ci devient indépen­
dante du temps d ' a p p l i c a t i o n d'une c o n t r a i n t e donnée (le fluage signalé plus
haut étant négligé), mais c'est une f o n c t i o n croissante de la c o n t r a i n t e .
L'écrouissage disparaît l o r s q u ' o n élève la température au-dessus d'une cer­
taine température de revenu, égale en valeur absolue à e n v i r o n 0,6 fois celle
de fusion. (Cette température de revenu ne d o i t pas être confondue avec celle
de recuit, plus élevée, q u i permet une recristallisation en l'absence de t o u t e
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38 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

déformation). A u p o i n t de vue microscopique, l'écrouissage s'explique par


un blocage progressif de toutes les dislocations mobiles présentes, et le
revenu par l ' a p p a r i t i o n des processus (montée o u autres) q u i libèrent ces
dislocations.
Au-dessus de la température de revenu, les métaux fluent. C'est le fluage par
revenu où, avons-nous d i t , trois aspects successifs prédominent, les fluages
p r i m a i r e , secondaire et tertiaire.
Le fluage p r i m a i r e se r a l e n t i t au cours d u temps. A température relativement
basse, la déformation (pas la vitesse de déformation) obéit à une l o i en
L o g ( l + bt), t étant le temps d ' a p p l i c a t i o n de la contrainte, b une constante.
C'est le fluage α étudié par Weaver en 1936. A u voisinage d u p o i n t de fusion,
o n observe une l o i en C'est le fluage β signalé par A n d r a d e dès 1910.
Le fluage secondaire, q u i s'effectue à vitesse constante, p r o v o q u e plus o u
moins rapidement une recristallisation de l'échantillon en petits cristaux plus
favorablement orientés p o u r la déformation. C'est la recristallisation paraciné-
matique, à la suite de laquelle la vitesse de fluage croît. O n o b t i e n t alors le
fluage tertiaire.
Si l ' o n supprime la contrainte, certains cristWix o u germes cristallins se
mettent à grossir aux dépens de leurs voisins. C'est la recristallisation post­
cinématique, q u i est très facilitée par un recuit.

5.3. — Cas de la glace. — L a glace est le seul corps bien étudié au voisinage
d u p o i n t de fusion. Elle présente la propriété de ne pas s'écrouir (avec u n m o n o ­
cristal, o n observe même u n phénomène inverse d'adoucissement au cours d u
fluage), et de n'avoir q u ' u n e seule famille de plans de glissement actifs (en
général) : ceux perpendiculaires à l'axe optique.
Si o n p a r t d ' u n échantillon macroscopiquement isotrope o n observe d ' a b o r d
un fluage transitoire obéissant à la l o i d ' A n d r a d e . Puis un fluage tertiaire, avec
une texture remarquable et inexpliquée (axes optiques groupés en plusieurs
m a x i m u m s ) fait son a p p a r i t i o n sans q u ' o n puisse observer à aucun m o m e n t
un fluage secondaire à l'état p u r . Si o n p a r t d ' u n échantillon où les axes optiques
sont parallèles, dans la direction facilitant au mieux la déformation ( q u i se
fait par glissements intracristallins sur des plans perpendiculaires aux axes
optiques), la recristallisation d i m i n u e la vitesse de fluage et l ' o n peut atteindre
au b o u t de quelques semaines un fluage tertiaire à vitesse constante. L a texture
à plusieurs m a x i m u m s est alors apparue. La recristallisation postcinématique
ne fait qu'estomper cette texture, sans l'altérer qualitativement ( L l i b o u t r y ,
1964, p p . 83-89 et 120-127 ; D u v a l , 1972).
Le fluage permanent (secondaire, o b t e n u en retranchant u n fluage p r i m a i r e
d o n t la l o i est déterminée au cours des premiers instants, pendant lesquels i l
prédomine ; o u bien tertiaire) se fait à une vitesse p r o p o r t i o n n e l l e à τ^. L a
pression moyenne n'a pas d'influence si la différence de température avec le
p o i n t de fusion est maintenue fixe.
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FLUAGE DES MATÉRIAUX POLYCRISTALLINS 39

Dans les glaciers dits tempérés, entièrement au p o i n t de f u s i o n , τ est de


l'ordre du bar et la viscosité τ/y de l ' o r d r e de quelques b a r s . a n

(1 b a r . a n = 3,155 x 1 0 " poises = 3,155 x 10'^ S. I.).

L'influence de la température sur y est analysée en ajustant une l o i en


e x p ( - WjRT). En dessous de - 10 " C , W = 16,4 kcal/mole = 0,35 eV/pro-
ton (ce qui est justement l'énergie d ' a c t i v a t i o n mesurée par self-diffusion de
tritiura), mais au voisinage d u p o i n t de fusion, d'autres processus spéciaux à la
glace doublent cette valeur ( L l i b o u t r y , 1971).
Enfin, pour de mêmes contraintes et à la même température, la vitesse d u
fluage permanent tertiaire dépend de l'origine de la glace, les plus anciennes
étant les plus fluides. Probablement des inclusions submicroscopiques suscep­
tibles de bloquer les dislocations ( N a y a r et al., 1971) sont peu à peu repoussées
aux joints de grain à la faveur de la recristallisation continuelle q u i s'opère
dans les glaciers.
Si nous nous sommes étendus sur ces résultats, c'est parce q u ' i l s j e t t e n t une
suspicion sur les valeurs de la viscosité q u ' o n p o u r r a tirer d'expériences de
laboratoire, au cours desquelles une texture paracinématique stable n'est
jamais atteinte et les cristaux n ' o n t pas eu le temps de s'auto-purifier.

5.4. — Comportement des roches à la température ambiante. Subdivisions de


la Terre avec la profondeur. — A la température ambiante et sous des pres­
sions hydrostatiques inférieures à 3 kbar (1 k b a r = 10^ pascals = pression
sous 10 k m d'eau) la microfissuration des roches j o u e u n rôle p r i m o r d i a l dans
leur comportement. Ces microfissures, larges en général de moins d ' u n m i c r o n
et longues de plusieurs millimètres s'entrecroisent dans tous les sens et d o n n e n t
à la roche une certaine perméabilité. L'eau q u i y pénètre est retenue p a r
capillarité et par adsorption. De ce fait certaines roches tendres, les marnes
par exemple, gonflent en présence d'eau. Même sans eau, u n cisaillement
imposé à la roche, en o u v r a n t les microfissures, fait augmenter son v o l u m e
(phénomène de dilatance, c f Talobre, 1967).
La compression uniaxiale d'une roche gonflée d'eau donne u n taux de défor­
mation anormalement élevé ( u n module d ' Y o u n g E plus faible) par suite de la
fermeture des microfissures perpendiculaires à la compression. E n d i m i n u a n t
la pression on trouve au début u n m o d u l e élastique plus f o r t , égal à celui p o u r
le squelette solide ( M o r l i e r , 1968).
Dès 1939 Griggs, p o u r éviter la r u p t u r e de l'échantillon et p o u v o i r observer
un fluage à la température ambiante, opérait sous une pression hydrostatique
de 10 kbars. 11 observait ainsi une l o i de fluage d u type « p r i m a i r e α » (sans que
cela prouve que les processus atomiques soient les mêmes que dans les métaux).
Toujours à la température ambiante, Riecker et Seifert (1964) o n t opéré
avec des pressions lithostatiques jusqu'à 55 kbars. Sur des minéraux suscep-
dbles de former le manteau supérieur (olivine, enstatite, diopside, labradorite)

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40 MÉCANIQUE DES SOUDES : BASES PHYSIQUES

ils o n t observé une déformation plastique p a r cataclase (c'est-à-dire fracture


des cristaux), avec une cission c r i t i q u e k = f.p jusque vers A" = 11 à 12kbars
( / = 0,33 à 0,40 selon les roches). Ensuite k croît moins vite, en même temps
qu'apparaissent les glissements intracristallins.
L ' a p p l i c a t i o n à la Terre des résultats concernant les roches suppose une
connaissance des régions profondes que nous acquérons progressivement
mais que nous pouvons résumer ainsi. Sous la « croûte terrestre », séparé
d'elle par la discontinuité de M o h o r o v i c i c q u i correspond sans doute à un
changement de c o m p o s i t i o n , o n trouve le « manteau » de la Terre ; la structure
d u manteau supérieur varie encore d'une région à l'autre, à p a r t i r de quelques
centaines de kilomètres et jusqu'à 2 900 k m , où commence le n o y a u , le manteau
semble avoir p a r t o u t les mêmes propriétés.
A cette d i v i s i o n correspondant à. la nature c h i m i q u e des m i l i e u x se super­
pose une d i v i s i o n de nature physique : la « lithosphère », couche superficielle
c o m p r e n a n t la croûte et une partie d u manteau jusque vers 70 à 100 k m de
p r o f o n d e u r , peut être considérée comme solide sans v o u l o i r p o u r l'instant
préciser ce terme ; elle surmonte « Γ asthénosphère » o u couche à m o i n d r e
vitesse des sismologues q u ' o n suppose être dans u n état proche de la fusion
(voir § 5.7).

5.5. — Fluage des roches de la croûte terrestre en présence d'eau. — Griggs


(1967), dans ses expériences faites avec d u gypse, d u sel gemme, de l'albâtre,
d u q u a r t z o u divers silicates, a trouvé que des traces d'eau facilitaient la recris­
tallisation, et donc le fluage. A i n s i le quartz devient beaucoup plus ductile
p o u r 0,13 % d'eau à 380 " C , et p o u r seulement 0,001 5 % d'eau à 1 070'>C.
Avec de la calcite (marbre o u albâtre), et en présence d'eau, i l n'y a pas de
seuil de plasticité net, et l ' o n observe successivement fluage p r i m a i r e , secondaire,
tertiaire ( H e a r d , 1963 ; Griggs, 1967 ; F i g . 6). Le marbre étudié par le premier
auteur avait un c o m p o r t e m e n t visqueux n o n linéaire, avec une vitesse de
fluage permanent :

ε = εο sli (σ/σο) (1)

très sensible à la température (σο variant de 10^ à 1 0 " ^ bar entre 300" et 500").
La recristallisation groupe les axes C a u t o u r de la compression principale
m a x i m u m σ^.
Goetze (1971) a déformé un granité à des températures voisines d u p o i n t
de fusion, sous une pression hydrostatique de 4 à 5 k b a r s e t e n présence d'eau
sous une pression de 1 kbar. Dans ses expériences q u i n ' o n t duré que quelques
heures, i l n'a p u observer q u ' u n fluage t r a n s i t o i r e , avec une déformation p r o ­
p o r t i o n n e l l e à t'''^.
L'eau présente j o u e certainement u n grand rôle dans la déformation des
roches de la croûte terrestre, q u i s'accompagne d'une i m p o r t a n t e recristalli­
sation (appelée syntectonique par les géologues). Cette recristallisation peut
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FLUAGE DES MATÉRIAUX POLYCRISTALLINS 41

être utilisée comme indicateur des contraintes subies par la roche (Carter et
Raleigh, 1969).

5.6. — Fluage des roches du manteau supérieur. —• Borg et Handin (1966)


ont étudié des échantillons à p = 4 kbars, T = 500 *'C, ce qui doit être à peu
près la situation vers 18 km de profondeur. Sur des roches cristallines com­
plexes, ces derniers ont observé un comportement nettement de type plastique,
lié aux glissements intracristallins, faciles dans la hornblende et le mica (Fig. 20).
Il apparaissait des bandes de Liiders (appelées improprement « failles » par
les auteurs) et des pliages en genoV(/:/«/: bands). Lorsqu'il y a une schistosité
dans l'échantillon, due à la disposition des micas, les failles ont surtout lieu

G 'V 8 J2 16 _ 20 ' 24- 28 32 p i G . 20.


Ti''i,'A de Jofuiv//(jf/u/? ^

FIG. 2 0 . — Déformation en fonction de la différence des contraintes (ff} — σ ι ) .


Expériences de BORG et H A N D I N ( 1 9 6 5 ) sur des plutonites (en haut) et des vulcanites
(en bas).

FIG. 2 1 . — Cœnr de l'appareil permettant de déformer une roche sous 3 0 k b et


1 4 0 0 " C (CARTER et A V E ' LALLEMANT, 1 9 7 0 ) . W . C . —- pistons en carbure de tung­
stène ; oj — résistances chaulTantes ; C-^' = jaquette chauffante en graphite ; S =
échantillon de roche (diamètre : 3 m m ; longueur : 8 m m ) ; T . C . : thermocouple.

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42 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

si la compression principale est voisine de la normale a u p l a n de schistosité,


les k i n k bands si σ^, est proche d u plan de schistosité.
La c o n s t r u c t i o n d'appareils ( F i g . 21) permettant d'atteindre 30 kbars (pres­
sion hydrostatique transmise par de la p y r o p h y l l i t e o u d u talc) et 1 400 °C,
soit les c o n d i t i o n s régnant à 100 k m de p r o f o n d e u r , a permis récemment
d'observer netteme|it^un fîuage permanent et d'établir ses lois.
Carter et A v e ' L a l l e m a n t (1970) o n t étudié une d u n i t e (roche formée presque
exclusivement d'olivine) et une Iherzolite (péridotite où l'olivine est associée
à deux pyroxènes : l'enstatite et le diopside). A en juger par leurs propriétés
physiques, ces échantillons semblent avoir la c o m p o s i t i o n moyenne d u m a n ­
teau supérieur, bien que probablement leur grain soit bien plus fin ( < 1 m m ) .
U n fluage permanent ne se p r o d u i t que lorsque les processus de p o l y g o n i -
sation et de recristallisation deviennent i m p o r t a n t s . Ces processus apparaissent
au-dessus de 1 000 " C p o u r des vitesses de compression ε = 1 0 " * , ce seuil
d i m i n u a n t de 50" environ chaque fois q u ' o n divise la vitesse de déformation
par 10.

Sous une pression hydrostatique de 15 kbars, en présence d'eau, le fluage


permanent de la dunite obéit à la l o i :

« = 6,2 X 1 0 « e - * ° « ° « ' % ^ ' * ± ° ' ^ (2)

Celle de la Iherzolite obéit à la même l o i , mais est cinq fois plus rapide. L a
dunite sèche par contre se déforme selon la l o i :

έ = 1,2 X 10-0 6 - ' ' ^ ° ° ° " (3)

Carter et A v e ' L a l l e m a n t o n t extrapolé ces lois, établies p o u r des vitesses de


déformation de 10~^ à 1 0 " ^ à une vitesse de déformation ε = 1 0 " " ^ , ordre de
grandeur plausible p o u r les mouvements dans le manteau supérieur. L'équa­
t i o n (2) (dunite mouillée) c o n d u i t à : σ = 0,5 à 0,01 bar et η = σ/3 ε = \0^°
à 1 0 " poises. L'équation (3) (dunite sèche à σ = 100 à 1 bar et η = 10^^ à
10^° poises, valeurs bien plus vraisemblables ( c f C h a p . 17). I l ne semble donc
pas nécessaire, dans le cas général, de faire intervenir de l'eau comme «plasti­
fiant » dans le manteau.

5 . 7 . — Propriétés rhéologiques du manteau au-delà de 100 km. — O n admet


a u j o u r d ' h u i qu'à p a r t i r de 70 o u 100 k m de p r o f o n d e u r et jusque vers 300 k m ,
la température a u sein d u G l o b e se rapproche d u p o i n t de fusion de l ' o l i v i n e ,
et que des inclusions hquides de constituants plus fusibles f o n t leur a p p a r i t i o n ,
d i m i n u a n t la vitesse des ondes sismiques. L'influence éventuelle de ces i n c l u ­
sions liquides sur la plasticité n'a jamais été prise en considération.
I l est impossible de reproduire en laboratoire ces c o n d i t i o n s dans des expé­
riences de longue durée et l ' o n d o i t se contenter d'extrapolations plus o u
moins hasardeuses.
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FLUAGE DES MATÉRIAUX POLYCRISTALLINS 43

Le fluage de H e r r i n g - N a b a r r o c o n d u i t à une viscosité newtonnienne :

η = kTL'IaDb^ (4)

où α « 5 et Z)' « l O " ^ ' c m ' . Le diamètre moyen des grains, L, d o i t être


compris entre 1 et 5 c m si l ' o n considère que des nodules de péridotite trouvés
en Australie proviennent d u manteau supérieur et en constituent un b o n
échantillon. Le coefiicient de self-diff"usion D, q u ' o n peut mesurer avec des
radio-isotopes, dans la p l u p a r t des corps purs à leur température de fusion
est de l'ordre de 1 0 " ^ cm^. L ' o n admet q u ' i l en est de même dans ces structures
complexes que sont les roches.
Weertman (1970) a comparé les vitesses de fluage a u p o i n t de fusion, f o n c t i o n
de la contrainte, données par diverses théories ( F i g . 22). Le fluage de H e r r i n g -
Nabarro ne serait effectif que p o u r u n déviateur des contraintes inférieur à
0,1 bar. Des divers fluages p r o d u i s a n t une l o i théorique en σ ' , celui de N a b a r r o
serait le plus fort et prédominerait entre 0,1 et 10 bars puis ce serait le fluage
par glissements intracristallins avec contrôle par la vitesse de montée des
dislocations se b l o q u a n t m u t u e l l e m e n t (processus de W e e r t m a n , l o i en σ * ' * ) .
Le fait troublant est que ces dernières théories n ' i n t r o d u i s e n t pas la recristalli­
sation paracinématique, q u i semble exister dans le manteau supérieur car o n
y a constaté une anisotropie dans la vitesse des ondes sismiques ( M o r r i s
et al., 1969). Finalement W e e r t m a n préfère retenir comme processus de fluage
prédominant les glissements intracristallins contrôlés par la vitesse de dépla­
cement des dislocations (ce q u i donne une l o i en σ ' , celle q u i apparaît dans le

FIG. 2 2 . — Vitesse de fluage en foitction de la contrainte anisotrope, à la tempé­


rature de fusion ; d'après WEERTMAN ( 1 9 7 0 ) . Courbes calculées en adoptant
D = 1 0 - 8 cm2 s - i , μ = l O ' ^ dynes cm-2 ,
63 = 1,1 X 1 0 - 2 3 c m 3 , Tf = \ 8 0 0 ° K .

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44 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

plus grand n o m b r e de théories et bénéficie de ce f a i t d'une sorte de consensus


général). \
L o r s q u ' o n reste en dessous d u p o i n t de fusion, W e e r t m a n admet que la
vitesse de fluage, quelle que soit son origine (et pas seulement celle de H e r r i n g -
N a b a r r o ) varie comme le coefficient de self-diifusion, q u ' i l admet être égal à :

D « (IQ-')^''' = e-i«'*^'/^ (5)

où Tf est le p o i n t de fusion, f o n c t i o n de la pression hydrostatique. P o u r une


contrainte efficace donnée, i l admet que la vitesse de fluage ne dépend que d u
r a p p o r t TjTf (nous avons v u que cela avait été prouvé dans le cas de la glace).
W e e r t m a n p r e n d comme températures T et T } dans le G l o b e celles données
par Jacobs en 1956, avec T = Tf entre 100 et 250 k m de p r o f o n d e u r ( F i g . 23).
11 exprime alors ses résultats par la viscosité lorsque ε = 1 0 " ' * s " \ I l vaut
mieux dire q u ' i l t r o u v e entre 100 et 300 k m :

k = 1 0 " ' ' ( σ / 1 bar)^ s " ' η = ^^"/(σ/Ι bar)^ poises (6)

puis ε/σ^ décroissant, et à 3 000 k m de p r o f o n d e u r :

k = 10"''(σ/1 b a r ) ' s " ' η = 10"/(σ/1 b a r ) ' poises . (7)

lUOOj I I I I I I I I I I I I I I _l I
100 200 300 M O 600 800 » 0 0 i'UOO ΛϋϋΟ

F I G . 2 3 . —• Température de fusion T/, température adiabatique T, TjTf et visco­


sité η pour une vitesse de fluage de 1 0 s ~ i , en fonction de la profondeur. Les
profils de températures sont ceux donnés par Jacobs, q u i ont été calculés à p a r t i r
de théories de UFFEN et de VERHOOGEN. Le processus de fluage retenu est celui avec
contrôle par la vitesse de déplacement des dislocations. D'après WEERTMAN, 1 9 7 0 .

Carter et A v e ' L a l l e m a n t (1970) ne sont pas partis de lois de fluage théoriques


et discutables, mais de leur l o i expérimentale trouvée p o u r la d u n i t e sèche
sous 15 kbars (éq. 3). L'influence de T/Tj- sur l a vitesse de fluage n'est pas
donnée par l'équation (5) mais par :

D = 2,9 X 10* e x p ( - 28,7 T^/T). (8)


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FLUAGE DES MATÉRIAUX POLYCRISTALLINS 45

Par ailleurs ils prennent comme p r o f i l de températures T{z) celui proposé


par Clark et R i n g w o o d en 1964 comme p r o f i l sous les océans, et p o u r T}(z)
les températures de fusion de la péridotite données en 1967 p a r I t o et Kennedy.
TjTf passe alors par un m a x i m u m égal à 0,83 seulement vers 200 k m de p r o ­
fondeur (Fig. 24a). L ' e x t r a p o l a t i o n de Carter et A v e ' L a l l e m a n t , que, p r u d e m ­
ment, ils ne poursuivent pas au-delà de 400 k m à cause des changements de

FiG. 24.

A) Estimation de la contrainte (σι — σ - i ) et de la viscosité quand ε -= IQ-'-*,


fonctions de TjTf, à diverses profondeurs, pour de la dunite sèche. T/Tf calculé à
partir de la courbe de fusion de la forstérite et des températures sous les océans.
Les traits continus donnent les variations de (σι — σ,ι) et de η d'après la l o i expé­
rimentale déterminée sous une pression de 1 5 kbar. Les lignes en tirets donnent
la viscosité newtonienne p o u r u n fluage de H e r r i n g - N a b a r r o .

B) Log (σι — σβ) en fonction de L o g e à 7 7 7 / = 0 , 7 5 (traits continus) et à


T Tf 0 , 8 5 (tirets), calculés par extrapolation de la loi expérimentale en σ'·,»
et pour le fluage de Herring-Nabarro (grains de diamètre moyen L = 1 c m et 5 c m ) .
D'après CARTER et AVE'LALLEMANT, 1 9 7 0 .

phase qui doivent intervenir, est donnée figures 24a (valeurs de η p o u r


ε = 10"^*) et 24b (ε f o n c t i o n de σ). Fluage de H e r r i n g - N a b a r r o et fluage
plastique expérimental en σ*'^ sont cette fois d u même ordre de grandeur,
et doivent figurer tous deux dans la l o i de fluage. A contraintes données, les
vitesses de déformation dues à l ' u n et à l'autre processus s'ajoutent, donc aussi
les inverses des viscosités ;

-^2,5x 1 0 - ^ ' -f 2 , 0 ( : ^
η \1 b;
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46 MÉCANIQUE DES SOLIDES : BASES PHYSIQUES

E n conclusion dans la zone à faible vitesse, i l se p o u r r a i t que le manteau


ait une viscosité à peu près newtonienne, de l ' o r d r e de 10^" à 10^' poises.
E n dessous, i l semble certain q u ' i l tient davantage d u corps plastique. L e seuil
de plasticité croîtrait comme iQ-'^-^r^/s-sr c'est-à-dire d ' u n facteur 200
entre 400 et 3 000 k m de p r o f o n d e u r , s'il n ' y avait pas de changements de
phase et si les processus de fluage restaient les mêmes.

5.8. — Processus d'amortissement des ondes sismiques. — L'amortissement


des ondes sismiques, des vibrations propres de la Terre et des marées terrestres
a permis de connaître le facteur de qualité Q (défini au § 3.3) dans le manteau.
L a question a été récemment exposée p a r Jackson et A n d e r s o n (1970).
E n p r o f o n d e u r , l'homogénéité d u G l o b e devient suffisante p o u r que la
dispersion des ondes due aux hétérogénéités ne soit plus à i n c r i m i n e r . E n
général = 0,002 à 0,003 quelle que soit la période, ce q u i exclut les p r o ­
cessus de résonance comme cause de l'amortissement. O n peut aussi exclure
les frottements entre les parois de microfissures, phénomène q u i intervient
dans les expériences de laboratoire. (Ces expériences o n t été toutes faites avec
des ultrasons et sans forte pression surimposée, ce q u i les r e n d sans intérêt
p o u r le géophysicien).
L'amortissement dans le G l o b e d o i t être dû à des processus de r e l a x a t i o n ,
c'est-à-dire que l'énergie absorbée pendant u n demi-cycle n'est restituée qu'avec
u n certain retard. Le plus souvent intervient une enthalpie d ' a c t i v a t i o n H
et l ' o n a une l o i en f o n c t i o n de la fréquence et de la température de la f o r m e :

Q-i = M ω/ωρ e x p ( - H/RT)


1 + [(ω/ωo)exp(- H/RT)]''

P a r m i ces processus de relaxation citons les égalisations de températures


entre des points où la texture cristalline, p r o v o q u a n t des fluctuations locales
des contraintes, a provoqué des fluctuations locales des températures. (C'est
la relaxation thermoélastique classique mais à l'échelle d u g r a i n , et n o n plus
de la longueur d'onde). M a i s la plus grande partie vient de la diff"usion des
défauts (lacunes, atomes interstitiels, dislocations), appréciable dans les p o l y -
cristaux et à haute température.
L'amortissement s'accroît d ' u n facteur 10 p o u r les ondes de cisaillement
(de moins p o u r les autres) vers 100-200 k m de p r o f o n d e u r , et c'est là une
des raisons p o u r lesquelles o n admet la présence d'inclusions liquides. U n e
théorie sur l'influence de films liquides intergranulaires a été faite par W a l s h
(1969). E n première a p p r o x i m a t i o n o n retrouve les résultats obtenus avec u n
modèle visco-élastique linéaire (§ 3.4) : vitesse et amortissement des ondes de
cisaillement sont indépendants de l a fréquence, alors que p o u r les ondes de
compression, ils en dépendent. C o m m e la fréquence p o u r laquelle l'amortisse­
ment est m a x i m a l dépend de la f o r m e des inclusions, i l faut s'attendre à une
bande d ' a b s o r p t i o n très étalée.
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FLUAGE DES MATÉRIAUX POLYCRISTALLINS 47

Des vérifications o n t été faites p a r Spetzler et A n d e r s o n (1968) avec de l a


glace renfermant des inclusions de saumure, p a r N u r (1971) avec des roches
fissurées (films d'air), o u imbibées d'eau o u de glycérol. N o u s d o n n o n s figure 25
une courbe relative à la glace, q u i m o n t r e l ' a u g m e n t a t i o n brusque de
lorsque, la température s'élevant au-dessus de celle de l'eutectique glace-sel,
la phase liquide fait son a p p a r i t i o n .

Température, "C

FIG. 25. — Q correspondant aux vibrations longitudinales d'une baguette de glace


contenant 2 % NaCI. A u x basses températures, c'est une solution solide. Au-dessus
de l'eutectique, le système est un mélange de saumure et de glace. D'après JACKSON
et ANDERSON, 1970.

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CHAPITRE 2

LES TREMBLEMENTS D E TERRE

par

Jean C O U L O M B

1. — INTRODUCTION

Les tremblements de terre o u séismes sont des mouvements transitoires


naturels d u sol. Les plus i m p o r t a n t s sont de redoutables calamités. N o u s ne
parlerons guère de l'évaluation des dégâts, n i des règles à suivre p o u r en éviter
d'autres. C'est le b u t d u génie sismique. L'étude des phénomènes mécaniques
fondamentaux mis en j e u et de quelques phénomènes physiques secondaires
apporte cependant, nous le verrons, des perspectives de prédiction et de pré­
vention.
Le présent chapitre, s u r t o u t q u a l i t a t i f , sera suivi d ' u n exposé des c o n d i t i o n s
de rupture (Chap. 3) et plus t a r d (Chap. 14) d'une théorie quantitative des
phénomènes.

2. — C A U S E DES SÉISMES

La plupart des séismes débutent brusquement, ce q u i permet de les a t t r i b u e r


à une rupture superficielle o u profonde de roches résistantes. E n f a i t , lorsque
le séisme a laissé des traces sur le t e r r a i n , o n découvre souvent que deux
compartiments terrestres précédemment solidaires o n t glissé l ' u n par r a p p o r t
à l'autre, sans r o t a t i o n relative appréciable, le l o n g d'une surface appelée
faille. La faille est grossièrement plane, o u plutôt grossièrement c y l i n d r i q u e ,
les génératrices d u cylindre étant parallèles a u glissement. Elle peut cependant,
suivant la nature des terrains, se décomposer en plusieurs surfaces plus o u
moins parallèles o u encore être remplacée p a r des couches atteignant quelques
mètres ou dizaines de mètres d'épaisseur, broyées plus o u m o i n s finement,
depuis les « brèches » grossières j u s q u ' a u x « mylonites » presque homogènes.
Si A et A' (Fig. I ) , situés de p a r t et d'autre de l a faille, coïncidaient i n i t i a ­
lement, l'écart AA' peut c o m p o r t e r u n rejet A' H suivant l a ligne de plus
grande pente d u p l a n de faille et u n coulissage o u décrochement h o r i z o n t a l AH.

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50 ^ LES TREMBLEMENTS DE TERRE

F I G . 1. — Rejet {AH) et coulissage {AH).

Rejet o u coulissage atteignent exceptionnellement quelques mètres dans les


grandes catastrophes.
Dans certains séismes c o m m e celui de T a n g o au Japon (1927), plusieurs
failles encadrant u n même c o m p a r t i m e n t terrestre o n t joué presque s i m u l t a ­
nément ( F i g . 5, 6 et 12). Par contre, d'autres séismes, même superficiels, ne
m o n t r e n t pas de faille nette, mais o n soupçonne souvent l'existence d'une
faille p r o f o n d e , couverte de terrains meubles.
O n imagine c o m m e suit le phénomène sismique : des déformations lentes
de la région intéressée y accumulent des contraintes, plus o u moins élastique-
ment, jusqu'à r u p t u r e des roches en u n p o i n t intérieur à la Terre ; ce p o i n t
est appelé foyer d u séisme. L e p o i n t d u sol à la verticale d u foyer est l'épicentre.
Les contraintes q u i o n t provoqué la r u p t u r e se reportent aussitôt sur les
extrémités de la petite fracture formée, et celle-ci s'étend h o r i z o n t a l e m e n t et
verticalement, continûment o u par saccades. R u p t u r e et saccades entraînent
la f o r m a t i o n d'ondes sismiques q u i transportent de l'énergie et produisent
les effets superficiels. Les dimensions de la région affectée sont très variables.
O n connaît des cas de coulissage ( C h i l i en 1960) se répercutant (avec des dis­
continuités) sur des centaines de kilomètres, d o n t quelques dizaines de k i l o ­
mètres visibles en surface. L a durée d u phénomène c o n t i n u peut alors dépasser
la m i n u t e . L a r u p t u r e cesse de se propager lorsque l'énergie potentielle de
déformation est épuisée.
Une faille ainsi créée coupe les terrains résistants sans égard p o u r la m o r p h o ­
logie superficielle. Après le séisme, les roches broyées o u à g r a i n fin sont p l u s
o u moins soudées en p r o f o n d e u r . L a faille reste cependant une surface de
m o i n d r e résistance. Si les déformations c o n t i n u e n t dans la même région c'est
de préférence sur une faille déjà formée que se p r o d u i t la nouvelle r u p t u r e .
Cette faille « rejoue » , et c'est là, beaucoup plus fréquemment que l a f o r m a t i o n
d'une faille nouvelle, la cause o r d i n a i r e des séismes. Les rejets o u les coulissages
s'accumulent sur chaque faille a u cours de séismes successifs o u parfois de
déplacements c o n t i n u s ; la faille devient l ' u n des accidents géologiques classi­
quement désignés p a r ce n o m ; elle peut changer d'aspect p a r suite de l'érosion
et de la sédimentation et n'est parfois décelable que p a r son influence sur
l'hydrologie souterraine. Dans certaines régions, les failles f o r m e n t u n système
d'accidents grossièrement parallèles, l'une o u l'autre des failles d u système
j o u a n t à t o u r de rôle.
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LES DIVERSES ESPÈCES DE FAILLES 51

La vitesse de propagation de la fracture le l o n g de la faille (de l ' o r d r e de 1


ou 2 km/s) a été étudiée sur les enregistrements, o u théoriquement en considé­
rant soit l'évolution d'une fissure ( 3 . 2 . 3 ) soit l a p r o p a g a t i o n d'une d i s l o c a t i o n
(13.6, 14.6.5) o u enfin expérimentalement (Toksôz et al., 1971, où o n t r o u ­
vera de nombreux résultats).

3. — L E S D I V E R S E S E S P È C E S DE FAILLES

Plaçons-nous à l'instant q u i précède l a r u p t u r e . Dans la région focale, les


efforts tectoniques s'ajoutent a u poids des terrains sus-jacents. Les contraintes
principales sont toutes trois des pressions A,B,C{A > B > C). Si la c o n t r a i n t e
et le milieu sont approximativement homogènes, les fractures se f o n t (Chap. 1)
suivant des plans parallèles à la pression p r i n c i p a l e intermédiaire, inclinés
sur la pression maximale, dans u n sens o u dans l ' a u t r e , d ' u n angle q u i dépend
des propriétés d u matériau. Si l ' o n admet, ce q u i paraît vraisemblable a u
voisinage de la surface, q u ' u n e des pressions principales soit verticale (et d o n c
sensiblement égale au poids des terrains, o u pression lithostatique), t r o i s
cas peuvent se présenter : Dans le premier ( F i g . 2a) C est verticale ; les compres­
sions A - C B - C créent des
failles « inverses », chevauchantes.
Dans le deuxième cas ( F i g . 2b),
A est verticale ; les compressions (o)

C - AeiB - C, autrement d i t les "'^ *• / ^ \ -


tensions A — C et A — B, créent i
des failles « normales », p o u v a n t , \
délimiter des horsts o u des graben. ^ « ^^ \^ \ ~ -7
C-A
Le troisième cas où B est verticale ^ /
correspondrait à une faille verticale
F I G . 2.
coulissant horizontalement soit « à
droite» (de chaque lèvre o n v o i t Contraction, failles inverses-,
,, J. 1 1 J Ν D) Extension, failles normales.
1 autre se déplacer vers la droite)
soit « à gauche ».
Cette description classique ( A n d e r s o n , 1951) correspond assez bien à ce
qu'on observe sur les séismes superficiels. L a Californie peut f o u r n i r de n o m ­
breux exemples des trois cas, le plus célèbre étant celui de la faille de San
Andréas (Fig. 3), élément majeur d ' u n système complexe de failles coulissant
à droite. Elle est responsable de n o m b r e u x séismes historiques d o n t t r o i s
très grands (1838 à San Francisco, 1857 à F o r t T e j o n , 1906 q u i détruisit San
Francisco). Au-delà de la Sierra Nevada, l a vallée d'Owens ( F i g . 4) est encais­
sée entre des failles normales ; une faille intermédiaire a joué en 1872 p r o d u i s a n t
sur une dizaine de kilomètres u n rejet atteignant 7 m , avec u n faible
coulissage. Enfin, lors d ' u n séisme de 1952 sur la faille W h i t e W o l f (transverse
par rapport au système de San Andréas), la f o r m a t i o n de petits môles de
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us TREMBLEMENTS DE TERRE

F I G . 3. — Zone de failles de San Andréas. Régions actuellement actives (par


rupture ouiluage). D'après C . R. A L L E N , Proc. Conf. on Geol. Probl. o f San Andréas
Fault System, Stanford U n i v . Pub'., Geol. Se. XI, 70-82, 1968.

Vallée dOWENS

'Faille principale '


du seisiTie de 1β7Ζ
Collines d'/fLAgAM^A _

...... ^ ^ . V - i ' ^ • ^ ί ξ ^ φ ί ^ , } ^ ^ ^ ^

Trioa métavolconique

F I G . 4. — Section schématique de la vallée d'Owens près de Loue Fine. D'après


VoN HuENE, BATEMAN, ROSS (Guidebook, l U G G seismological study tour, 1963).
La faille q u i descend d u flanc Est des collines d ' A l a b a m a a u n escarpement caché
que les méthodes sismiques o n t montré être supérieur à l'escarpement visible de la
Sierra Nevada.

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INTENSITÉS SISMIQUES, ISOSÉISTES 53

terre a prouvé l'existence de chevauchements, les rejets étant difficiles à estimer


pour une faille inverse.

4 . — INTENSITÉS S I S M I Q U E S , ISOSÉISTES

Les effets d ' u n séisme sur le terrain (Rothé, 1971) sont beaucoup plus
complexes que la description précédente p o u r r a i t le faire croire. L e u r étude
(à défaut, une enquête auprès de la p o p u l a t i o n ) apporte des indications sur
la géologie superficielle et sur les dangers à craindre dans des cas analogues
pour l'homme o u p o u r ses œuvres. O n s'efforce t r a d i t i o n n e l l e m e n t d'attacher
à chaque point de la région ébranlée un n o m b r e entier q u ' o n appelle le degré
d'intensité d u séisme en ce p o i n t . Pour le déterminer, o n compare les effets
observés à une description d'effets à attendre p o u r chacun des degrés d ' i n t e n ­
sité constituant une « échelle » conventionnelle à 12 degrés ; celle-ci est inter­
nationale en principe (échelle M e r c a l l i modifiée), mais les descriptions f o n t
obligatoirement intervenir le type de c o n s t r u c t i o n d u pays (cependant, les
premiers dégâts aux bâtiments correspondent en général à l'intensité 7).
Le nombre obtenu n'a pas de signification mécanique précise ( i l est grossière­
ment corrélé au logarithme de l'accélération maximale). Les courbes d'égale
intensité o u isoséistes s'allongent souvent le l o n g des failles ( F i g . 5) o u des
lignes tectoniques dominantes, d u moins si o n élimine les influences (mobilité
des sols, relief) de la pellicule où sont fondés les bâtiments.
L'épicentre, q u i correspond au mouvement i n i t i a l et n o n à un paroxysme,
est souvent, mais n o n pas t o u j o u r s , dans la région de degré m a x i m a l . Même

FIG. 5. — Isoséistes du tremblement de terre du Tango (7 mars 1927).


D'après. A . IMUMARA.
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54 LES TREMBLEMENTS DE TERRE

si c'est le début q u i i m p o r t e , son a m p l i t u d e dépend de l a distance au foyer


et n o n de la distance à l'épicentre. Supposons que les isoséistes soient grossiè­
rement concentriques, le degré d'intensité décroissant assez régulièrement
l o r s q u ' o n s'éloigne de l'épicentre. Une décroissance rapide sera l'indice d ' u n
foyer proche de la surface ; diverses formules tentent d'estimer sa p r o f o n d e u r
(voir p a r exemple Kârnik, 1969).

5. — D É F O R M A T I O N S DU S O L A V A N T ET P E N D A N T L E SÉISME

Pour m a i n t e n i r la géodésie et la topographie à j o u r dans les régions instables


des pays possédant des réseaux serrés, o n a multiplié les mesures de distances
et d'angles là o i i des coulissages étaient à attendre (Californie), les observa­
tions marégraphiques et les nivellements là où des rejets étaient probables.
O n en déduit les déformations régionales, o u même les déplacements absolus
si l ' o n admet l'invariance de points éloignés. U n cas assez rare où les deux
espèces de mesures o n t été faites avant et après le séisme est celui de la figure 6
q u i m o n t r e u n déplacement en bloc de la péninsule de Tango au cours d u
séisme de 1927 (les déplacements irréguliers des autres points sont inférieurs
aux erreurs).

F I G . 6. — Changements topographiques et hypsométriques dans le district de Tango


après le séisme de 1927. D'après C h . TSUBOI.
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DÉFORMATIONS DU SOL AVANT ET PENDANT LE SÉISME 55

En général, les déplacements mis en évidence superposent des déformations


subies avant et pendant le séisme, déformations d o n t la répartition est diffé­
rente. Considérons en effet deux bandes de terrains situées l o i n de p a r t et
d'autre d'une région faillée, et orientées parallèlement à l a trace des failles.
Le déplacement de ces bandes, l'une p a r r a p p o r t à l ' a u t r e , sous l'effet des
mouvements régionaux, augmente lentement j u s q u ' a u séisme au p r i x d'une
déformation plus o u moins élastique de la région intermédiaire. A u m o m e n t
oii une faille cède, ces bandes déjà déplacées ne bougent pas, mais le dépla­
cement instantané augmente l o r s q u ' o n va vers la faille, où i l est m a x i m a l .
C'est le « rebondissement élastique de Reid ».

Une simple considération de dimensions m o n t r e que la distance D de la faille au point


à partir duquel le déplacement cesse d'être appréciable serait, en milieu homogène, propor­
tionnelle à la profondeur de la faille H. E n pratique, le rapport DjFI doit être de quelques
unités.

L'observation des déplacements présismiques renseigne sur leur danger,


mais i l faudrait savoir si les contraintes accumulées seront résolues p a r u n
véritable séisme o u par u n glissement quasi c o n t i n u . Les deux sont possibles,
comme le m o n t r e n t les études de détail au géodimètre o u au telluromètre
(Chap. 15), relativement aisées en Californie où les failles sont généralement
visibles et souvent simples. Sur une p o r t i o n active de la faille de San Andréas,
le coulissage entre les deux lèvres enregistré dans u n chais près de HoUister
(Tocher) et suivi par géodésie dans le voisinage ( W h i t t e n ) apparaît presque
incessant et assez u n i f o r m e ( F i g . 7) ; les séismes correspondent seulement à
des sursauts plus o u moins complexes. Ce coulissage est i c i de 1,3 m/siècle
en moyenne (*). Si la faille se b l o q u a i t , le temps nécessaire p o u r préparer u n

'S,

1Θ57 1θ5β 1859 1860 1Θ61 1882 1863 1884 1865 1866 1867 1868 ΙΒβθ

FIG. 7. — Coulissage récent de la faille de San Andréas. D'après WHrrrEN, 1 9 6 9 .

("•) Les soulèvements de horst o u les effondrements de graben correspondent à des vitesses
de quelques cm/siècle.
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56 LES TREMBLEMENTS DE TERRE

coulissage de quelques mètres (sur quelques dizaines de kilomètres) corres­


p o n d a n t à un séisme catastrophique serait donc de quelques siècles.
Le raccordement géologique entre les terrains séparés par la faille de San
Andréas a été tenté maintes fois. Jahns (dans A l s o p et Oliver éd., 1969) t r o u v e
aussi 1,3 cm/an depuis l'Oligocène ; c'est une simple coïncidence, seuls les
ordres de grandeur sont significatifs.
Nous reviendrons sur la prévision des séismes. Ses difficultés apparaissent
sur un dernier exemple. L a figure 8 m o n t r e les déplacements causés p a r u n
séisme de 1940, ressenti le l o n g de la frontière mexicaine, là où elle est recoupée
par une faille d u système de San Andréas ; ces déplacements sont obtenus
grâce à une t r i a n g u l a t i o n de 1935, peu antérieure au séisme, répétée en 1941.

F I G . 8. — Déplacements dans l'Impérial Valley {Californie)


entre les triangulations de 1 9 3 5 et de 1 9 4 1 . D'après MEADE, 1 9 6 3 .

Une t r i a n g u l a t i o n de 1954 ( F i g . 9) m o n t r e , rapportés aux points géodésiques


situés le plus à l'est, de nouveaux déplacements de l ' o r d r e d u mètre. En se
servant de la théorie des dislocations (Chap. 1 et 13) Scholz et F i t c h les rap­
p o r t e n t aux points de la faille ( F i g . 10) et les analysent en un coulissage p r o ­
gressif de 17 c m (encore 1,3 cm/an !) et une déformation symétrique t y p i q u e .
(Ces résultats o n t été critiqués par Savage et B u r f o r d (1971) ; seule la méthode
est à retenir. Pour estimer l ' i m p o r t a n c e des déformations intérieures à chaque
lèvre, le seul moyen sûr est de traiter séparément les p o r t i o n s correspondantes
des deux t r i a n g u l a t i o n s ) . En fait, le premier grand séisme de la région (séisme
de Borrego M o u n t a i n ) a eu lieu en 1968 sur une faille secondaire ( A l l e n et al.,
1968), assez l o i n de là ( F i g . 9).
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DÉFORMATIONS DU SOL AVANT ET PENDANT LE SÉISME

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58 LES TREMBLEMENTS DE TERRE

OUEST

40 20 -¾ ^0
. ^-L DISTANCE, KM

EST

F I G . 1 0 . — Déplacements parallèles à la faille de VImpérial Valley en fonction


de la distance à la faille, de 1 9 4 1 à 1 9 5 4 . G résultat de glissements continus. D'après
S c H O L Z et F I T C H , 1 9 6 9 .

Les déformations lentes d o n t nous venons de parler s'accélèrent sans doute


avant u n g r a n d séisme, et des déformations notables apparaissent parfois
au voisinage d u f u t u r épicentre, par exemple des fissures en échelon à Parkfield
(Californie) 10 j o u r s avant u n séisme modéré ( R i k i t a k e , 1968). Ces déformations
correspondraient à un changement temporaire dans le sens de l'évolution
lente (Press, Brace, 1966 ; R i k i t a k e , 1968), le sens i n i t i a l étant souvent repris
au m o m e n t d u séisme, c'est-à-dire quelques heures à quelques mois plus t a r d .

6. — R É P L I Q U E S E T PRÉCURSEURS

Dans une région éprouvée par u n g r a n d séisme v o n t se succéder, pendant


des semaines o u des mois, des dizaines, des centaines o u des milliers de séismes
plus petits. Ce sont les « répliques ». A u début, certaines sont i m p o r t a n t e s ,
et elles achèvent souvent les destructions. L a fréquence des secousses décroît
irrégulièrement (grossièrement comme l'inverse d u temps écoulé), mais leur
magnitude moyenne devient rapidement stationnaire ( F i g . 11). O n a c o u t u m e
d'installer des sismographes mobiles p o u r déterminer leurs foyers, d o n t la
p o s i t i o n précise la zone déformée : Les épicentres se placent près des failles
ayant joué lors d u choc p r i n c i p a l ( F i g . 12), parfois sur des accidents secondaires ;
ils o n t tendance à s'éloigner peu à peu d u foyer p r i n c i p a l ( M o g i , 1968). Sur
les grandes failles à coulissage, celle des Aléoutiennes par exemple, u n très
grand séisme et ses répliques j a l o n n e n t ainsi u n segment de la faille. U n e
nouvelle zone de r u p t u r e s'insère entre celles q u i o n t joué depuis quelques
dizaines d'années ; elle leur est souvent contiguë (Sykes, 1971). O n se méfiera
donc des zones apparemment inactives. Sur la faille de San Andréas ( F i g . 3)
le segment de 1857 menacerait Los Angeles (malgré le séisme de San F e r n a n d o ,
moins i m p o r t a n t , survenu dans la région en 1971).
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RÉPLIQUES ET PRÉCURSEURS 59

F i o . U . — Evolution, en échelles loga­


rithmiques, de la fréquence et de la magni­
tude ( C h a p . 1 4 ) pour 119 répliques d'un
séisme de l'Ouganda (20 m a r s 1 9 6 6 ) lui-
même de magnitude 6,5 à 1.

Losanges noirs : n o m b r e de s e c o u s s e s
par j o u r en f o n c t i o n d u t e m p s écoulé
depuis le séisme p r i n c i p a l ; l a d r o i t e d e
pente 0,71 est ajustée a u x 7 5 3 secousses
suivant le premier dixième de j o u r .

Cercles : magnitude moyenne pour


chaque intervalle ; l a d r o i t e horizontale
correspond à la moyenne 3 , 6 6 après le
premier dixième de j o u r . D ' a p r è s J . L A H R -3.2 fi
et P. W. PoMEROY, 1970.
.01 0.1 1.0 10.0 100.0 ^
J o u r s après le chocprincipo/

FIG. 12. — Epicentre des répliques du tremblement de terre de Tango (7 mars


1927). D'après A . IMAMURA. T r o i s stations portatives avaient été installées aux
sommets d u triangle figuré.

U n grand séisme est parfois précédé de séismes moindres, q u ' o n baptise


après coup « précurseurs » o u « prémonitoires ». Ils peuvent être presque aussi
importants que le séisme p r i n c i p a l ( C h i l i , 21 m a i et 22 mai 1960) o u n o m b r e u x
et faibles (Watanabe dans A l s o p et Oliver 1969). Ces précurseurs sont beaucoup
moins rares q u ' o n ne l ' i m a g i n a i t autrefois, même si, p o u r éviter les coïncidences
accidentelles, o n restreint l'intervalle de prémonition à quelques semaines et
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60 LES TREMBLEMENTS DE TERRE

si o n considère seulement les séismes appartenant à la même unité tectonique


que le séisme p r i n c i p a l . Dans certains cas, peut-être t o u j o u r s liés a u volca­
nisme (Sykes, 1970) et à l'activité h y d r o t h e r m a l e , la d i s t i n c t i o n entre séisme
p r i n c i p a l , répliques et précurseurs devient impossible. O n a u n « essaim »
de séismes.
L'hétérogénéité des régions superficielles, d o n t nous n'avons pas parlé
j u s q u ' i c i , j o u e u n rôle essentiel dans l'interprétation de ces occurrences m u l ­
tiples. O n ne trouve plus de séquences bien définies de répliques si le foyer est
à une p r o f o n d e u r supérieure à 100 o u 200 k m (Page, 1968). Les répliques sont
dues au fait que le j e u de la faille est géométriquement et mécaniquement
t r o p simple p o u r annuler les contraintes ; i l peut même en faire apparaître
dans le voisinage. De nouvelles déformations élimineront le résidu p a r glisse­
ment o u ruptures secondaires. Le séisme de Borrego M o u n t a i n (magnitude 6,3>
voir Chap. 14) a i n d u i t immédiatement et sans secousses notables des dépla­
cements de l ' o r d r e d u c m jusqu'à 70 k m de l'épicentre sur les failles d u système
de San Andréas ( A l l e n et al., 1968).
Dans le cas des précurseurs, la l i m i t e de r u p t u r e est atteinte t r o p localement
p o u r que la fracture puisse se propager bien l o i n ; celle-ci c o n t r i b u e néanmoins
à égaliser les tensions et à préparer la r u p t u r e d'ensemble. U n e a u g m e n t a t i o n
de fréquence des séismes faibles dans une région limitée p o u r r a i t donc annoncer
une catastrophe quelques heures à l'avance. M a i s l'essaim de M a t s u s h i r o
(700 000 séismes enregistrés depuis 1965) n'a comporté que des paroxysmes
sans séisme p r i n c i p a l (voir R i k i t a k e , 1968, et divers articles dans A l s o p et
Oliver, 1969).

7 . — LES SÉISMES A R T I F I C I E L S

7.1. — E x p l o s i o n s . — Les explosions nucléaires mettent en j e u des énergies


analogues à celles des séismes (Chap. 14) et peuvent engendrer des répliques,
faire apparaître de petits déplacements sur des failles connues, etc. Une série
d'études rassemblées dans Spécial papers, 1969 et des résultats n o n publiés
des explosions souterraines françaises permettent la description suivante :
Le n o m b r e des microsecousses enregistrées au voisinage immédiat de l'explo­
sion augmente rapidement jusqu'à l'effondrement d u t o i t de la cavité, q u i
intervient d ' a u t a n t plus tard que le t i r est plus puissant, puis d i m i n u e pendant
des heures. Les explosions dépassant la mégatonne comme Benham ( H a m i l t o n
et Healy dans Spécial papers, 1969) induisent pendant plus d ' u n mois, jusqu'à
une quinzaine de kilomètres, de petits séismes sur les failles voisines ( F i g . 13).
L a même explosion semble avoir déclenché sur place ( A k i et al. dans Spécial
papers 1969), dès les premières secondes, u n véritable séisme de m a g n i t u d e 5,9,
d'ailleurs peu dangereux (croissance lente et faible chute des contraintes).
Plusieurs cas analogues o n t été signalés (Chap. 14). Par contre, les explosions
même les plus fortes ( A m c h i t k a aux Aléoutiennes en 1971) ne semblent pas

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LES SÉISMES ARTIFICIELS 61

FJG. 13. — Séismes (x) et fractures (en traits épais) causés par l'explosion Benham
( 1 9 décembre 1 9 6 8 ) sur le site du Nevada ; failles (en traits minces) et limites de
calderas (en trait discontinu). D'après HAMJLTON et HEALY, 1 9 6 9 .

avoir déclenché à grande distance de séismes appréciables. Ces effets o n t été


étudiés expérimentalement p a r Toksôz et al. (1971).

7.2. — Barrages. — Des séismes répétés o n t suivi (Rothé, 1970) la mise en


eau de grands barrages. Ceux-ci sont fréquemment situés sur des accidents
tectoniques q u i peuvent être mobilisés. L a relation avec les séismes observés
devient nette dès que la p r o f o n d e u r d u réservoir, q u i semble i m p o r t e r plus
que son volume, dépasse une centaine de mètres. K a r i b a sur le Zambèze
(160 X 10^ m ' , hauteur 142 m ) étudié par G o u g h et G o u g h (1970) nous servira
d'exemple. L'énergie totale émise (des milliers de secousses, 7 séismes i m p o r ­
tants) était de l ' o r d r e de 2 x 1 0 ' * joules, soit le travail d'une masse de
100 x 10^ m ' abaissée de 20 c m , ce q u i correspond à peu près à la dépression
élastique maximale d u f o n d . M a i s ce travail intéresse u n vaste v o l u m e . G o u g h
et G o u g h supposent que des cissions de l ' o r d r e de 1 o u 2 bars p o u r r a i e n t faire
jouer des failles déjà chargées à quelques dizaines de bars ( F i g . 14), mais
l'effet p r i n c i p a l semble bien une réactivation de failles préexistantes, d o n t
l'histoire remonte j u s q u ' a u précambrien, p a r i n f i l t r a t i o n d'eau sous pression.
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62 LES TREMBLEMENTS DE TERRE

F I O . 1 4 . — Fréquence des secousses N, énergie sismique émise E, niveau de l'eau H


( 1 pied — 0 , 3 0 5 m ) , et volume Kt de roche dans laquelle la cission maximale τ dépasse
1 bar, pendant le remplissage du lac Kariba, de 1 9 5 9 à 1 9 6 3 . D'après G O U G H et
GouGH, 1970.

L a fréquence des secousses a culminé 5 semaines après que le niveau m a x i m a l


a été atteint (en une semaine 5 sur 7 des grands chocs, et des centaines de
répliques). L'activité, de m o i n s en m o i n s corrélée avec les changements de
niveau, et décroissant lentement à mesure de l a d i s p a r i t i o n des tensions, est
susceptible de c o n t i n u e r pendant quelques années.

7.3.—Injections. — U n cas i n s t r u c t i f (HoUister et Weimer, éd., 1968)


est celui des séismes de Denver ( C o l o r a d o ) . U n forage de 3 670 m avait été
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PRÉVISION ET PRÉVENTION DES SÉISMES 63

exécuté dans l'arsenal p o u r se débarrasser d'eaux agressives p a r i n j e c t i o n sous


forte pression dans 20 m de gneiss précambriens fissurés. Le pompage
commence en mars 1962. A p a r t i r d u 24 a v r i l 1962, o n enregistre des séismes
(1 400 en 5 ans) d o n t les épicentres se disposent sur 8 k m de l o n g en ligne
avec le puits. E n 1965, le géologue Evans t r o u v e une corrélation entre l a fré­
quence des séismes et les volumes successifs injectés (600 000 m^ a u t o t a l ) .
Le pompage est arrêté en 1966, mais les séismes c o n t i n u e n t , d o n t t r o i s assez
importants (magnitude 5) en 1967, à une p r o f o n d e u r d ' e n v i r o n 5 k m . L'énergie
d'injection suflBrait à expliquer celle des séismes, mais o n a trouvé m e n t i o n
d'un séisme de 1882 dans la même région, et o n a t t r i b u e en général aux injec-
dons u n simple rôle de déclenchement (comparer cependant K a r p , 1970 et
Simon, 1970).
Suivant Snow ( H o l l i s t e r et Weimer, éd., 1968), le pompage a u r a i t créé
son réservoir en c o m p r i m a n t u n peu le roc et l'eau, mais s u r t o u t en élargissant
des fissures auxquelles o n peut supposer une largeur de l'ordre de 0,1 m m et
un espacement de l ' o r d r e de quelques mètres dans toutes les directions. Ce
processus, q u i c o n d u i r a finalement à l'égalisation des pressions, se p o u r s u i ­
vrait encore malgré l'arrêt de l ' i n j e c t i o n . Les séismes seraient dus au déblocage
des fissures i m p o r t a n t e s et convenablement orientées p a r r a p p o r t aux
contraintes.
Des injections d'eau o u de saumure dans des champs de pétrole à des pres­
sions supérieures à la pression hydrostatique jusqu'à 160 % dans le b u t de
ranimer la p r o d u c t i o n o n t p r o d u i t a u moins deux fois des effets analogues,
et causé la destruction d ' u n réservoir d'eau a l i m e n t a n t L o s Angeles ( H a m i l t o n
et Meehan, 1971) placé sur une faille pléistocène.
De l'ensemble des résultats concernant les séismes artificiels, o n retiendra
que la hbération d'une énergie potentielle élastique renforce l'énergie direc­
tement mise en j e u , la p a r t de chacune étant souvent délicate à établir.

8. — PRÉVISION E T PRÉVENTION DES SÉISMES

Nous avons déjà fait allusion à la prévision des séismes, tentée depuis l o n g ­
temps au Japon et dotée récemment, là comme aux Etats-Unis, de moyens
importants (Press et Brace, 1966 ; R i k i t a k e , 1968).
Pour la prévision à c o u r t terme, o n compte s u r t o u t sur l a surveillance des
déformations lentes d u sol (§ 5), plus accessibles à l'enregistrement que les
déplacements eux-mêmes. M a i s le plus intéressant, ce ne sont pas les défor­
mations q u i peuvent être localement faibles, ce sont les contraintes. Leur
mesure dans des forages est t r o p coiiteuse p o u r être systématisée ; cependant,
l'observation des fluctuations de pression des fluides (pétrole, gaz, eau) dans
des puits en p r o d u c t i o n semble prometteuse (Sylvester en 1970). A k i et al.
(1970) o n t essayé sans succès de petites explosions expérimentales, espérant
déclencher une microsecousse d o n t o n étudierait les caractéristiques o u obser­
ver des variations des vitesses sismiques q u i renseigneraient sur la pression.
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64 LES TREMBLEMENTS DE TERRE

Outre les paramètres élastiques, o n s"est adressé à d'autres phénomènes, magnétiques ou


électriques.
Les enregistrements magnétiques en zone sismique n'ont p u , malgré quelques coïncidences
( R i k i t a k e , 1968) mettre en évidence aucun effet net. O n ne d o i t pas en être surpris : Si on
met à part des phénomènes indirects (déformations permanentes d u sol, modification des
courants telluriqucs duc aux changements de conductivité) les cfl"ets à attendre sont une
décroissance de la susceptibilité magnétique des roches sous l'efTct de la compression, déjà
évoquée par Kalashnikov dès 1954, et une décroissance de l'aimantation permanente. Dans
les deux cas, le taux de décroissance relative est de l'ordre de 10 ' par Pa, ce q u i peut conduire
à une anomalie superficielle de l ' i n d u c t i o n magnétique de l'ordre de I gamma ( 1 0 " ' tesla)
par MPa, donc peut-être quelques gammas au t o t a l . Pour éliminer les fluctuations du champ,
on opère par dilTérencc entre magnétomètres nucléaires distants de quelques dizaines de k m ;
cela laisse un bruit de fond du même ordre (un peu inférieur les j o u r s magnétiquement
calmes).
Le paramètre q u i donne les plus grands espoirs est la résistivité électrique. Elle est peu
variable avec la pression p o u r des échantillons secs, en général très peu conducteurs. Mais,
comme le m o n t r e la figure 15, cette v a r i a t i o n est considérable p o u r des échantillons saturés
d'eau liquide bonne conductrice. Brace et Orange (I968ft) admettent que la pression ferme
des pores et diminue la continuité des films liquides correspondants. Si l'échantillon n'est
que partiellement saturé, sa résistivité commence cependant par décroître ; o n l'interprète
par la réduction des parties occupées par de l'air o u de la vapeur, avec établissement de
connexions liquides entre pores voisins. D'autre part, si la pression reste d u même ordre que
celles de la figure 15, la porosité augmente avant la fracture et la résistivité d'échantillons

Sec

F i G . 15. — Effet de la pression sur


un granité. L a droite correspondant à
l'échantillon sec représente seulement
une l i m i t e inférieure, le système de
mesures étant à la limite de ses possi­
bilités ; la résistivité pouvait atteindre
celle d ' u n véritable isolant. L'échan­
t i l l o n « partiellement saturé » a été
desséché puis saturé puis de nouveau
desséché jusqu'à perte de 57 % d'eau
interstitielle. D'après BRACE et ORANGE,
19686.

0 2 4 5 8

P r e s s i o n , kb

saturés baisse considérablement (Brace et Orange, 1968«). Malheureusement cette réduction


risque de passer inaperçue si la fracture intéresse seulement les parties soudées d'une faille
superficielle, laissant par ailleurs des passages au liquide conducteur.
En fait, des variations de résistivité électrique d u sol o n t bien été enregistrées, mais après
les séismes, grâce à un dispositif de Yamazaki, automatisant le quadripôle des prospecteurs

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BIBLIOGRAPHIE 65

(Tome Π). O n voit sur la figure 16, superposés à des variations lentes induites par les marées
de l'océan voisin, les effets d ' u n grand séisme à 680 k m et d'une de ses répliques. Ces effets
correspondent sans doute (Rikitake et Yamazaki, 1969) à des déformations permanentes de
l'ordre de 10~2 laissées par le passage des ondes sismiques. Cela ouvre une voie encourageante
vers la détection des déformations précédant les séismes proches.

- - - - - - . 1 - - = - ^ * s S X
•· > > . . a .

F I G . 16. — Changements de résistivité enregistrés à l'Observatoire d'Aburatsubo


(Japon) les 16 et 17 mai 1968. D'après Y A M A Z A K I , 1968. Les heures de deux séismes
(magnitudes 8,0 et 7,5) sont indiquées par des flèches.

Après la prévision, la prévention. O n a songé à éviter les grands séismes au


iTioyen d'explosions o u d'injections de puissance croissante, q u i « tâteraient »
puis réduiraient les contraintes en i n d u i s a n t de petits séismes o u des glissements
continus.

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CHAPITRE 3

FROTTEMENT,
RUPTURE ET O R I G I N E DES SÉISMES

par

Louis LLIBOUTRY

1. — L O I S DE FROTTEMENT

l.l. — L o i de Coulomb du frottement solide. — A l'interface entre deux


solides existe une couche limite, siège de processus plus o u m o i n s complexes,
dont l'épaisseur est de l'ordre de grandeur des rugosités des deux surfaces
en contact. L a vitesse relative de p a r t et d'autre de cette couche h m i t e est
appelée vitesse de glissement, et les cissions moyennes, directement opposées,
qui existent aux frontières de cette couche l i m i t e , parallèlement à elle, le
frottement (T). L a l o i de frottement, relation entre vitesse de glissement et
frottement peut être déterminée expérimentalement, o u à p a r t i r de l'analyse
des processus se produisant dans la couche l i m i t e . N o u s nous bornerons à
examiner les cas les plus simples, utiles en particulier dans l'étude d u mécanisme
au foyer d ' u n séisme.
Lorsque les solides sont réellement en contact, sans fluide interposé, ils ne
le sont que sur une très faible f r a c t i o n de ce q u i , à l'échelle macroscopique,
semble être la surface de contact et sert à calculer le frottement. (Cela peut
être prouvé par des mesures de résistance électrique.) Plusieurs cas sont pos­
sibles selon la dureté des corps.
Avec deux corps très durs, i l n'y a aucune déformation autre qu'élastique
aux points de contact. Pour glisser, u n corps d o i t s'écarter imperceptiblement
de l'autre en exerçant u n travail contre la pression mutuelle, de sorte à désem-
boîter les rugosités en vis-à-vis q u i bloquaient le mouvement. Sitôt l'obstacle
dépassé, les deux corps se rapprochent, avec dissipation de l'énergie élastique
stockée en chaleur. Et ainsi de suite. D'où u n f r o t t e m e n t p r o p o r t i o n n e l à l a
pression normale, indépendant de l a vitesse {loi de Coulomb d u f r o t t e m e n t ) .
Plus fréquemment i l y aura r u p t u r e des rugosités.

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68 FROTTEMENT, RUPTURE ET ORIGINE DES SÉISMES

Si l ' u n des corps est m o u , les rugosités de l'autre s'y incrusteront, l'aire de
contact dépendant d u seuil de plasticité d u corps m o u et étant p r o p o r t i o n n e l l e
à la pression normale. Lors d u glissement, la surface molle sera striée par les
rugosités dures. Si o n l'assimile à u n plastique idéal, le frottement sera encore
p r o p o r t i o n n e l à la pression normale et indépendant de la vitesse.
Lorsque les deux corps sont plastiques, i l y a le plus souvent soudure aux
points de contact. Le glissement augmentera l a surface de contact réel et l a
cohésion. Ce n'est que par suite des impuretés présentes (oxyde p. ex., s'il
s'agit de métaux) que les soudures n'augmentent pas indéfiniment et q u ' u n
équilibre s'établit entre leur r u p t u r e plastique et leur création. O n obtient
encore une l o i de C o u l o m b .
Dans ce chapitre, nous compterons positivement les compressions, c o n t r a i ­
rement à ce q u i a été fait au chapitre 1. L a pression normale (et n o n son
opposé) sera désignée par Λ'. L a l o i de C o u l o m b s'écrit alors, / désignant une
constante, le coefficient de frottement :

T=fN. (1)

O n notera que p o u r de très fortes pressions, l'aire de contact effectif ne peut


s'accroître au m a x i m u m que jusqu'à l'aire totale de l'interface, si bien que la
loi de Coulomb cesse d'être valable aux très fortes pressions. R u p t u r e en cisaille­
ment et glissement tendent alors vers u n seul et même phénomène.
I l résulte aussi de cette analyse que, l o r s q u ' u n fluide de viscosité négligeable
à la pression Pi (pression interstitielle) se trouve à l'interface, la pression nor­
male effective (au sens de Terzaghi), N — /?„ d o i t remplacer N ( H u b b e r t
et Rubey, 1959).
M u r r e l l (1965) a expérimenté sur un grès siliceux avec des pressions N
jusqu'à 4 kbars et des pressions interstitielles jusqu'à 2 kbars. Avec le grès,
après une fracture franche sur des surfaces où :

T = λ(Ν - /7,.)0·*' (2)

ces surfaces glissent l'une sur l'autre avec u n frottement :

T=f(N-pf-\ (3)

7 . 2 . — Glissement saccadé (stick-slip). — Le f r o t t e m e n t considéré j u s q u ' i c i


est le frottement pendant que le glissement s'accomplit, o u frottement cinétique.
O n peut définir u n frottement statique, cission nécessaire p o u r amorcer le
glissement à p a r t i r de l'état de repos (pas de déplacement r e l a t i f des deux
corps). Ce dernier est plus élevé car avec le temps, les soudures o u incrustations
ont p u se développer entre les deux corps. Pour provoquer le glissement
il faut d ' a b o r d briser u n excédent de liaisons.
C o m m e les forces p r o v o q u a n t le glissement n'agissent pas directement sur la
couche limite, mais par l'intermédiaire des corps, lesquels sont doués d'une
certaine élasticité, ceux-ci se déforment avant la mise en m o u v e m e n t plus
que lorsque le glissement est a p p a r u . Si la vitesse relative entre les deux corps
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LOIS DE FROTTEMENT 69

loin de l'interface, est u n i f o r m e et


suffisamment faible, i l peut y avoir
à l'interface, grâce à ce j e u f o u r n i
par l'élasticité, des cycles de b l o ­
cage et de glissement C'est le stick-
slip des auteurs anglo-saxons, que
nous traduirons par glissement
saccadé.
Le glissement saccadé entre les
deux faces d'une faille suppose
donc un milieu suffisamment élas­
tique et cassant (Byerlee, 1970).
A la longue, de la poudre due
aux aspérités brisées s'accumule
à l'interface et fait cesser le phé­
nomène.
La figure 1 due à Byerlee et
Brace montre que les saccades
sont favorisées par la pression.
Pour une pression latérale p de
420 bars (*) la r u p t u r e d ' u n gab- 5 10
Oéfoivnaf/on ax/o/o
15 20
fenpnur^cenfage)
bro est suivie d'une déformation
par saccades audibles mais fai­ F I G . 1. — Contrainte différentielle en fonction
bles. A 0,83 kbar la r u p t u r e de la déformation suivant Taxe de Véchantillon,
pour un gabbro de San Marcos. Le nombre à
nécessite une contrainte différen­
l'extrémité de chaque courbe représente la dé­
tielle plus importante et l'insta­
f o r m a t i o n . D'après J . D . BYERLEE et W . F .
bilité devient apparente. A 5,1 BRACE, 1968.
kbars, la faille se bloque et se
libère à plusieurs reprises avec des chutes de contrainte énormes. Des
phénomènes analogues avaient été trouvés par B r i d g m a n dès 1960 sur des
échantillons minces entre enclumes tournantes.

2. — MÉCANISMES DE RUPTURE

2.1. — S t a b i l i t é des corps pulvérulents et rupture des corps granuleux. —


Considérons d'abord le cas d ' u n corps granuleux n o n cohérent (sable). Sur une
surface de « r u p t u r e » s'exerçaient juste avant la r u p t u r e une pression N et
une cission T. En admettant la l o i de C o u l o m b le l o n g de cette surface, i l s'ensuit
qu'il y a rupture lorsque au sein de l'échantillon existent des plans p o u r les­
quels T atteint la valeur Λ' t g φ. Les demi-cercles de M o h r doivent donc être
en dessous de la droite T = N tgφ p o u r q u ' i l n'y ait pas r u p t u r e , et le plus

(*) 1 bar - 10" baryes (unité c. g. s) •— 10^ pascals (unité S. L ) = 0,1 M P a .


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70 FROTTEMENT, RUPTURE ET ORIGINE DES SÉISMES

grand des trois demi-cercles l u i sera tangent lorsqu'apparaîtra la rupture


(Fig. 2ά). Ce cercle ayant p o u r r a y o n (N3 — N i ) / 2 , et son centre se t r o u v a n t
sur l'axe des N à la distance ( N 3 - f N,)/2 de l ' o r i g i n e , i l s'ensuit :

NTTwr'''^ (1)
Donnons-en deux applications immédiates :

1° L a pente maximale α d ' u n talus de sable sera φ. E n effet sauf aux extré­
mités, les contraintes ne dépendent que de la distance à la surface. Les équa­
tions d'équilibre donnent alors, pg désignant comme t o u j o u r s le poids spé­
cifique :

τ.., = pgy cos α τ^^ = pgy sin α (2)

τ . , Κ = r/7V = t g a . (3)

2 " Considérons u n sol h o r i z o n t a l homogène q u i atteint la l i m i t e de rupture.


Par raison de symétrie, à la p r o f o n d e u r z l'une des contraintes principales est
verticale et vaut pgz ( o n néglige la pression atmosphérique q u i se superpose à
toutes les pressions). M a i s ce peut être N 3 o u N i . L e u r r a p p o r t vaut :

^ = f ^ ^ = tg^i?- + 45°) = K > l . (4)


TV, 1 - sm ç> ^ \2 /

Les deux autres contraintes principales sont horizontales et égales. Elles


peuvent valoir pgz/K (état passif de Rankine) o u pgzK (état a c t i f de Rankine).

F i a . 2.
a) « Rupture » d'un corps pulvérulent.
b) Rupture d'un corps granuleux, selon
COULOMB.

Passons m a i n t e n a n t au cas où des liaisons fragiles existent entre les grains


(grès par exemple). O n admet en général q u ' i l suffit de remplacer la droite
T = fN par la d r o i t e T = TQ + fN ( F i g . 2b). Toutefois o n peut démontrer
que dans la région des N négatifs (tractions), la courbe l i m i t e d o i t atteindre
perpendiculairement l'axe des Λ'.
L o r s q u ' u n corps pulvérulent est imbibé de fluide, celui-ci peut se glisser
entre tous les grains. L a cohésion entre les grains n'est plus assurée que par la
contrainte effective de Terzaghi (contrainte totale, à l'échelle macroscopique,
moins contrainte dans le fluide). Ce n'est plus aussi simple dans une roche
poreuse ; ce n'est que p o u r une roche très poreuse ( o u microfissurée), où
presque tous les pores c o m m u n i q u e n t entre eux, q u ' o n peut conserver, en
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MÉCANISMES DE RUPTURE 71

première approximation, la n o t i o n de contrainte effective ( N u r et Byerlee,


1971).

2.2. — Différents mécanismes de rupture. — Les essais de résistance des


matériaux donnent toujours des résultats très dispersés, car la r u p t u r e d ' u n
échantillon dépend de sa taille, de l'état de sa surface, de l'existence en son sein
de microfissures o u de vacuoles, de la vitesse d ' a p p l i c a t i o n des contraintes.
Ce n'est qu'en négligeant tous ces phénomènes q u ' o n peut parler d'une limite
de rupture (en anglais ; hreaking strength). Lorsqu'elle est faible, le corps sera
dit fragile (en anglais : weak).
Pour y voir plus clair i l faut dès le départ envisager le mécanisme de rupture.
Pour la rupture des verres o u à l'intérieur des grains d ' u n polycristal ( r u p t u r e
intracristaUine) on en reconnaît trois :
)o L a rupture cassante (anglais : brittle), s'observe sous des pressions
moyennes ρ faibles et à température suffisamment basse, sans q u ' o n a i t quitté
le domaine élastique. Elle p r o v i e n t d u développement de microfissures pré­
existantes. Dans les verres (et le quartz) la p r o p a g a t i o n de la microfissure se
fait dans une direction f o n c t i o n de l'état de c o n t r a i n t e (et n o n de l ' o r i e n t a t i o n
de la microfissure i n i t i a l e ) , d i r e c t i o n q u i varie a u cours de l a p r o p a g a t i o n ;
la surface de rupture est courbe, conchoïdale. Dans l a p l u p a r t des corps cris­
tallisés, la rupture cassante se fait selon u n plan cristallographique. Elle est
alors appelée fracture par clivage. U n e forte pression moyenne p, en refermant
les microfissures, rend plus difficile la r u p t u r e cassante.

2° La rupture plastique, o u ductile, est précédée p a r d u fluage. Elle est sou­


vent due à une striction (anglais : necking) interne, entre des vacuoles o u d'une
extrémité à l'autre d ' u n grain. C o m m e le seuil de plasticité s'abaisse l o r s q u ' o n
élève la température, un corps cassant présentera une r u p t u r e ductile a u -
dessus d'une certaine température absolue : environ 0,1 7 } ( 7 } étant l a t e m ­
pérature absolue de fusion) dans le cas des métaux, et e n v i r o n 0,5 Tf dans le
cas des cristaux ioniques. Encore f a u t - i l que le fluage a i t le temps de j o u e r .
Si la contrainte s'élève très brusquement, la vitesse d'accroissement des m i c r o ­
fissures devient supérieure à la vitesse de déplacement des dislocations q u i
commande le fluage et la r u p t u r e devient cassante.

3" Dans la rupture élasto-plastique, le seuil de plasticité n'est dépassé que


très localement, juste à l'extrémité de la fente. Bien que le mécanisme local
soit toujours la striction interne, i l s'ensuit une c o n d i t i o n de r u p t u r e analogue
à celle nécessaire p o u r l a p r o p a g a t i o n d'une fissure dans la r u p t u r e cassante
( c f Cottrell, (1964), p. 352 et 363).
Dans u n corps p o l y c r i s t a l l i n , l'existence des j o i n t s de g r a i n peut arrêter l a
propagation d'une r u p t u r e cassante (cela rappelle le fait que des câbles d'acier,
ou des plaques soudées entre elles seulement par points, résistent mieux à l a
rupture que des barreaux o u des plaques ininterrompues, de même section
totale). Mais l'existence de plusieurs types de cristaux de duretés différentes
COULOMB et JOUtRT — 1 www.bibliolivres.com 4
72 FROTTEMENT, RUPTURE ET ORIGINE DES SÉISMES

peut au contraire, en faisant naître des contraintes locales très élevées, favoriser
la r u p t u r e . 11 peut de plus y avoir rupture aux joints de grain, par coalescence
de lacunes d u réseau en vacuoles, puis de vacuoles entre elles, sans que la
c o n d i t i o n de r u p t u r e cassante soit atteinte. Des gouttelettes d'une phase l i q u i d e ,
si elles existent, peuvent probablement p r o v o q u e r une r u p t u r e analogue :
c'est une éventualité à ne pas négliger p o u r expliquer les séismes.
Les orientations différentes des réseaux cristallins par r a p p o r t aux contraintes
principales f o n t que dans un corps p o l y c r i s t a l l i n , même p u r , o n puisse observer
des cas mixtes.

2.3. — I n i t i a t i o n de la rupture cassante. — En 1924 GriflRth a établi une


théorie de la r u p t u r e cassante que nous exposerons sous une forme simplifiée
en supposant le problème plan. Soit une fissure de longueur L, épaisseur D.
Sa f o r m a t i o n suppose u n glissement angulaire de l'ordre de DjL radian et
donc une contrainte macroscopique σ « pDjL (μ étant la rigidité), à u n facteur
numérique près. A u x extrémités de la fissure cette c o n t r a i n t e est multipliée
localement p a r u n facteur de l ' o r d r e de D/b, si b est l a distance entre deux
couches d'atomes, et v a u t donc :

oD/b » L|μb . (5)

Pour que la microfissure s'agrandisse, cette contrainte locale d o i t vaincre


la force d ' a t t r a c t i o n par unité d'aire entre couches d'atome, soit σ„. D'où
la c o n d i t i o n :
L > ba, μ/σ^ . (6)

Numériquement σ„ peut être estimé par la charge de r u p t u r e de fibres de


verre o u de poils métalliques (whiskers) exempts de microfissures σ„χ 10* bars.
C o m m e b v 1 0 " ' ° m, μ x 1 0 ' bars, une charge de r u p t u r e σ » 1 0 ' bars
implique L > 1 micron.
Des microfissures de l ' o r d r e d u m i c r o n existent toujours dans les verres,
c o m m e dans beaucoup de roches. (Dans les métaux de telles microfissures
n'existent pas normalement, mais peuvent apparaître à la suite d ' u n empile­
ment de dislocations o u d'une polygonisation. C f Friedel, 1964, p p . 326-346.)
Dans la théorie de G r i f f i t h complète o n calcule les contraintes a u t o u r d'une
cavité de forme ellipsoïdale. E n première a p p r o x i m a t i o n , p o u r u n ellipsoïde
très a p p l a t i , o n trouve u n critère de r u p t u r e de M o h r , la courbe intrinsèque
( c f Chap. 1) étant la parabole :

= 4 K(N + K). (7)

L a charge de r u p t u r e en t r a c t i o n est — K, les fissures q u i se développent étant


alors perpendiculaires à la t r a c t i o n . L a charge de r u p t u r e en compression
est 8 K, les fissures q u i se développent étant à 60° de la compression ( F i g . 3).
Cette courbe intrinsèque n'est pas conforme aux résultats expérimentaux
de M c C l i n t o c k et W a l s h . P o u r expliquer leurs résultats, ces auteurs admettent
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MÉCANISMES DE RUPTURE 73

que sous l'effet de compres­


sions les fissures se referment,
et qu'intervient alors u n f r o t ­
tement entre leurs faces, avec
un coefficient de f r o t t e m e n t
tg φ élevé (voisin de l'unité).
Selon Brace (1960), p o u r
> 0 i l faut alors remplacer
la courbe intrinsèque (7) p a r
la droite de C o u l o m b : F I G . 3. — Critère de rupture selon la théorie de Grif-
fith (1) et selon celle de M C C L I N T O C K et W A L S H (2).
Ττ^ΙΚ+ΝΧζψ. (8)

Introduisons Γ„, = (σ^ — σ^)/2 et N,„ = {σ^ + σ^)/!. A l o r s au p o i n t de


tangence :

T = T„ cos φ N = N„- sin φ (9)

et le critère de r u p t u r e s'écrit :

T„ — N„, s'm φ + 2 K cos φ . (10)

Les expériences de M o g i (1971) sur les roches o n t montré que la r u p t u r e


cassante se produisait en réalité lorsque la cission efficace τ atteignait une cer­
taine valeur, f o n c t i o n croissante de N„,. A u t r e m e n t d i t i l faut que l'énergie
élastique de distorsion τ'Ιμ, atteigne une certaine valeur, f o n c t i o n croissante
de N„, (et n o n pas de p = (σι + σ2 + σ^ιβ comme c'est le cas p o u r le seuil
de plasticité). ( C f C h a p . 1 , § 5 . 1 ) .

2.4. — Développement de la rupture cassante, à la pression atmosphérique. —


En réalité la théorie précédente est inexacte, en ce sens que : 1) même dans
un corps amorphe une microfissure q u i a atteint la longueur c r i t i q u e ne s'ac­
croît pas indéfiniment jusqu'à traverser l'échantillon de p a r t en p a r t et p r o v o ­
quer sa r u p t u r e ; 2) la d i r e c t i o n de la fente q u i apparaît n'est pas celle de la
microfissure initiale.
Les phénomènes o n t été étudiés en détail par L a j t a i (1971). Que la fente ne
suive pas la d i r e c t i o n de la microfissure se c o m p r e n d aisément si l ' o n considère
qu'il s'agit d'une r u p t u r e par clivage, en t r a c t i o n . Elle est due à ce que, lorsque
f échandllon est soumis à une compression uniaxiale d'ensemble, au voisinage
d'une microfissure apparaissent des zones en t r a c t i o n , obliques p a r r a p p o r t à
la direction de la compression ( F i g . 4). E n effet sur les parois de la microfissure
la contrainte n o r m a l e d o i t être nulle, ce q u i entraîne une extension élastique
dans la direction perpendiculaire. L a première fente q u i apparaît se propage
dans l'une de ces zones en t r a c t i o n .
Lajtai a ensuite étudié le développement des fentes dans un modèle amplifié,
où le corps a m o r p h e était remplacé par u n corps m i c r o g r e n u , le plâtre de
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74 FROTTEMENT RUPTURE ET ORIGINE DES SÉISMES

Paris, et l a microfissure par une cavité aménagée lors de la prise d u plâtre. Les
résultats sont schématisés figure 5.

F I G . 4. — Zone en traction (en blanc) au voisinage cTune cavité très applatie


(au bas de la figure) lorsque l'échantillon est soumis à une compression.
A) Compression à 45° de la cavité.
B) Compression perpendiculaire à la cavité.
Les courbes d'égale valeur de la traction principale ont été tracées. Pour une
compression parallèle à la cavité la zone en traction est t r o p petite pour pouvoir
être représentée à l'échelle de la figure. D'après LAJTAI, 1971.

F I G . 5. — Développement de fentes à
partir d'une cavité aplatie, d'après les expé­
riences de LAJTAI (1971). Les nombres cor­
respondent à leur ordre d ' a p p a r i t i o n .
1) Première rupture en t r a c t i o n . 2) R u p ­
ture par cisaillement (2a : perpendiculaire
à l'arête de la cavité ; 2b : parallèle à cette
arête). 3) Rupture en traction partir d'une
fracture par cisaillement. 4) Fracture en
traction lorsque les bords de la cavité
viennent en contact. 5) Zone cisaillée.

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MÉCANISMES DE RUPTURE 75

Les choses se compliquent beaucoup


évidemment lorsqu'il y a de nombreuses
microfissures initiales dans toutes les
directions, et encore plus, comme nous
l'avons dit dans un corps polycristal-
lin (nous revenons à l'échelle véritable,
au matériau réel). T o u t une série de
microruptures, qu'on ne p o u r r a i t abor­
der que par la statistique, provoque de
la dilatance, un fluage cassant (Chap.
1), puis finalement parfois la r u p t u r e
complète de l'échantillon.
Expérimentalement les m i c r o r u p ­
tures qui précèdent la r u p t u r e c o m ­
Fie;. 6. — Position des microfractures
plète d'un échantillon de granité o n t dans un échantillon de granité, avant et
été étudiées par Scholz (1968), à l'aide après le moment où la porosité augmente
d'une détection acoustique soignée. énormément (95 % de la contrainte de
Avec le temps les m i c r o r u p t u r e s se rupture). D'après Sciioi.z, 1970.

concentrent au voisinage d u plan de


la faille qui constitue la r u p t u r e finale ( ig. 6).

2.5. — Rupture ductile par striction. — L a déformation plastique peut


devenir instable et « s ' e m b a l l e r » localement jusqu'à la r u p t u r e de plusieurs
façons.
Considérons d'abord un fil de section S que l ' o n étire avec une force F = oS.
11 peut se faire que la section d i m i n u e suffisamment vite p o u r que, bien que
(7 croisse, / " d i m i n u e . Dès que cela se p r o d u i t dans une région, dans les autres
σ diminue et toute déformation est stoppée. L a section instable seule s'étrangle,
c'est la striction ( F i g . 7).
Pour que cela se produise i l faut dFjaa < 0. O r :

aFIF = άσίσ + àSIS . (11)

F I G . 7. — Striction d'une éprouvette et fracture ductile par striction interne.


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76 FROTTEMENT, RUPTURE ET ORIGINE DES SEISMES

La déformation plastique se faisant sans changement de volume, dS/S= - de,


si l ' o n appelle ε l'allongement vrai o u l o g a r i t h m i q u e {da = dL/L et n o n pas
dL/Lo).
Par ailleurs p o u r un corps subissant l'écrouissage

σ = Cer (12)

avec 0,1 < m < 0,3. D'où :

dε = - ^ ^ . (13)
m σ

La relation (11) donne alors

/ σ \ ml

et la c o n d i t i o n d'instabilité dFjda < 0 devient

&>m. (15)

Souvent cette striction sera « interne », c'est-à-dire entre des p o r t i o n s limitées


par des vacuoles, des fissures, des j o i n t s de g r a i n . Elle ne peut être obtenue
avec u n corps massif ( D e même l'inverse de la striction n'est pas observé lors
d'essais en compression, car l'échantillon d o i t être c o u r t p o u r éviter t o u t
flambage.)
L a striction peut aussi s'observer lors d ' u n fluage permanent, sans écrouis-
sage. Si par exemple la relation (12) est remplacée par une l o i de déformation

σ = Cè"" (16)

l'analyse précédente reste valable et la striction apparaît lorsque ε > 1/«.

2.6. — R u p t u r e ductile par échauffement local. — U n e autre instabilité d u


fluage à charge constante peut apparaître lorsque la déformation est suflSsam-
ment rapide p o u r que la chaleur qu'elle engendre n ' a i t pas le temps de se
dissiper.

Supposons qu'une couche d'épaisseur ô, perpendiculaire à oz, subisse un cisaillement p u r ,


avec des vitesses toutes parallèles à ox. τχζ et γχζ sont alors identiques aux variables efficaces
τ et }·. L'équation gouvernant la température T{z, t) s'écrit, la capacité calorifique par unité
de volume Cp et la conductibilité thermique Λ' étant exprimées en unités mécaniques :

Cp dTjdt = K d^TIdz^ + γτ . (17)

Soient 7Ό(ζ), }>„, τ„, les valeurs de régime, satisfaisant à :

K d2Tol8z2 + τ „ --= 0 . (18)


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APPLICATION AUX SÉISMES 77

Considérons une très petite perturbation de température T\, assujettie à s'annuler aux
extrémités de la couche ; bornons-nous au mode fondamental :

(19)

où 0 n'est fonction que d u temps t.

Si la contrainle τ est fixe, γ varie comme e x p ( — E / R T ) et subit donc une petite perturba­
tion ;
E
(20)
'RT^

L'équation de la chaleur (17) devient alors :

- 0. (21)
"ôi-RTir

Il y aura croissance exponentielle de la température, et donc instabilité, si le crochet est


négatif, c'est-à-dire si

ô'- EyrlKRr- > π'- . (22)

varie comme exp(—£//?Γ) avec EjR * 40 000 à 60 000 deg. (cf. Chap. 2). Même aux
températures élevées existant au sein d u globe γΙΤ^ est donc une fonction rapidement crois­
sante de T. A u fur et à mesure que la température s'élève δ peut donc être plus petit, c'est-à-
dire l'instabilité se concentrer dans une zone plus étroite.
Des calculs plus exacts conduisent à remplacer au deuxième membre de l'inéquation (22)
7γ2 par 0,88 (Griggs et Baker, 1969).
Supposons maintenant que ce soit la différence de vitesse entre les deux extrémités de la
couche qui soit fixe et égale à Δί/. La contrainte τ est toujours indépendante de z, mais peut
être perturbée et variable au cours d u temps. L a viscosité est supposée newtonienne et variable
comme e x p ( — E / R T ) . En posant comme précédemment 7 " = T„ r 0 cos (nzjS), i ! vient
alors :
r + s/2 c+a/2
dz δτ 2E0_
A« - dz - τ I -; (23)
'7ο nRf:
-' -(S/2 -â/2

;τ - T2/// n'est plus, même en première a p p r o x i m a t i o n , une fonction linéaire de 7Ί et


le calcul approché précédent est impossible. Toutefois i l est facile de calculer la chaleur totale
dégagée dans la couche

, , (Δ«)2„„ 2EU_
γτ dz τ.Au —.—- (24)
'nRTl
-s/2 ^

Elle décroît lorsque la température s'élève et donc le régime est, cette fois, stable. Nous
reviendrons sur cette différence de comportement à la f i n d u chapitre.

3. — A P P L I C A T I O N A U X SÉISMES

Les séismes superficiels o n t toujours des répliques et très souvent des pré­
curseurs. Us n'en o n t plus lorsque le foyer est à plus de 20 k m de p r o f o n d e u r ,
précurseurs et répliques disparaissent ( C h a p . 2).
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78 l-ROTTEMENT, RUPTURE ET ORIGINE DES SÉISMES

3.1. — L e s contraintes. — O n verra (Chap. 14) comment o n peut estimer


la chute de contrainte lors d u séisme, p o u r chaque profondeur. Les valeurs
calculées sont généralement faibles, inférieures à 100 bars. Brune, Henyey et
Roy (1969) o n t obtenu une l i m i t e supérieure d u même ordre p o u r la contrainte
de frottement en e x p r i m a n t le fait que la faille de San Andréas ne m o n t r a i t
aucune anomalie d u Ilux de chaleur superiiciel malgré ses glissements continus
ou discontinus.

F,n comparant raugmentation d"éncrgic élastique d ' u n paraucupipède allongé, duns lequel
se forme une fissure de G r i f l l l h , à l'énergie des ondes émises, Orowan trouve des valeurs de
quelques dixièmes de bar seuiement pour !a chute de contrainte. Mais son raisonnement
suppose le déplacement des lèvres infiniment lent, il introduit dans son calcul une attraction
fictive entre lèvres, variable pendant le déplacement, et qui limite celui-ci, en sorte qu'une
partie de l'énergie élastique, et l'énergie qui se serait transformée en chaleur pendant le
déplacement supprimé, restent dans le corps. Ce calcu', souvent cité, est donc sujet à caution
( C o u l o m b et Jobert. 1967).

3.2. — Foyers superficiels. — O n verra a u chapitre 14 la d i s t i n c t i o n entre


séismes à foyer superficiel et séismes à foyer p r o f o n d . L'eifet des premiers
peut descendre assez bas : la faille d u grand séisme de l ' A l a s k a (1964) aurait
atteint 100 à 200 k m de profondeur d'après Press. Les p r o f o n d e u r s focales sur
la faille de San Andréas ne dépassent pas 10 à 15 k m . O n suppose que cette
faille traverse néanmoins toute la lithosphère (Chap. 1) mais que ses parties
basses j o u e n t par glissement c o n t i n u .
Les précurseurs des grands séismes rappellent les microfractures audibles
précédant la fracture d ' u n échantillon. Scholz (1968) et autres q u i o n t étudié
les microfractures considèrent qu'ils étudient ainsi en laboratoire des iriodèles
réduits de séismes.
Ces résultats ont relancé les tentatives de prévision acoustique des éclate­
ments de roches o u « coups de t o i t » dans les mines, tentatives r e m o n t a n t à
1939 (E. A . Hodgson ; H . Labrouste). D ' a u t r e part, ils o n t poussé à organiser
des observations temporaires de « microsecousses » jusque-là négligées. Elles
se présentent souvent en essaims, n o t a m m e n t sur les dorsales (Sykes) et per­
mettent de délimiter des failles actives ; mais elles donnent peu d'indications
sur la sismicité réelle, car les séismes i m p o r t a n t s en sont statistiquement indé­
pendants (Francis et Porter, 1971).
A une échelle de temps plus longue, la succession de grands séismes inté­
ressant une même faille fait immédiatement penser a u glissement par saccades.
Les faits semblent résumés dans la figure 8, due à Brace (1969). A déformation
croissante, o n q u i t t e le domaine élastique ( 1 , 2) lorsque apparaissent des
m i c r o r u p t u r e s et d u fluage cassant (3, 4). Puis apparaît une faille, q u i se bloque
par suite d u frottement (5). I l y a alors à nouveau déformation élastique (6),
puis glissement entre les lèvres de la faille, de plus en plus aisée à mesure que ses
rugosités disparaissent (7). Si ce glissement au contraire demandait un effort
croissant, le cycle se r e p r o d u i r a i t . Selon Walsh (1971) l'élasticité des terrains
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APPLICATION AUX SÉISMES 79

autour d ' u n foyer sismique est bien


plus grande que dans ces expériences
de laboratoire, mais cela ne peut que FAILLE

faciliter l ' a p p a r i t i o n des saccades.


Dans les expériences de Brace et
Byerlee (1970) sur le glissement par
saccades (§ 1.2), les saccades disparais­
sent au-dessus d'une certaine tempéra­
ture. Jusqu'à une pression normale de CONTHAINTF

quelques kbars, la l i m i t e entre le glis­


sement saccadé et c o n t i n u est voisine
de la droite /(»C) » 0,1 p ( b a r ) , q u i
correspond en gros à la v a r i a t i o n de Crfjl.'i.'iiinnp rlp Ια fi;ss;ir-';-
température dans les premiers k i l o ­ "Elastique
mètres de la croûte. M a i s au-delà, la
Defbrmatiun
température dans le G l o b e croît moins
vite et le glissement par saccades
F I G . 8. — Evolution idéale de ta
devrait devenir la règle, alors q u ' a u contrainte en fonction de la déformation
contraire les foyers se font rares. Il en compression triaxiale. D'après W . F .
doit falloir tenir compte de l'imprégna­ BRACE, 1969.
tion de la roche par l'eau ( d ' i n f i l t r a t i o n
ou juvénile, mais en t o u t cas surcritique au-dessus de 374 " C et chargée
en sels). Ce n'est plus la pression ρ q u i applique les deux bords de la faille
l'un contre l'autre, mais seulement la pression effective /; — /;,·, p, étant une
pression interstitielle f o n c t i o n d u débit dans la faille (c'est-à-dire de la perméa­
bilité de la roche) et des vides créés par le coulissage.

N o r t h r o p et al. (1970), étudiant les séismes d u Pacifique Sud-Est, liés à la


séparation de deux plaques de lithosphère à des vitesses connues (cf. T o m e I I )
ont trouvé que les moments sismiques (Chap. 14) et la vitesse moyenne de
glissement due aux séismes décroissent linéairement lorsque la vitesse de
séparation des plaques croît de 3 à 6 cm/an. Les séismes disparaîtraient donc
aux grandes vitesses de fluage. M a i s dans le cas présent ces grandes vitesses
semblent liées à des températures plus élevées (flux de matière chaude vers le
haut plus grand) bien plus qu'à des contraintes plus élevées.

3.3. — Foyers profonds, — L ' e x p l i c a t i o n des foyers profonds n'est pas aussi
évidente. L'idée, souvent reprise, que ces séismes soient dus à des i m p l o s i o n s
consécutives à des changements de phase, n'a p u être retenue ; d'ailleurs ils
restent dans la lithosphère, q u i plonge dans certaines régions ( 1 4 . 5 . 2 et
Tome I I ) .
On a souvent d i t que la l o i de C o u l o m b d u f r o t t e m e n t c o n d u i t à des f r o t t e ­
ments entre lèvres de la faille d u même ordre de grandeur que la charge des
terrains, et donc totalement inadmissibles. En réalité l o r s q u ' o n examine d'où
provient la l o i de C o u l o m b (§ 1.1), o n v o i t qu'elle n'est plus applicable. A
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80 FROTTEMENT, RUPTURE ET ORIGINE DES SÉISMES

l'échelle microscopique, le contact est effectif p a r t o u t entre les deux surfaces


en contact. U n cisaillement intense dans une zone très mince d o i t remplacer
le glissement d'une surface sur une autre. U n'est donc p o i n t besoin d'imaginer
une eau juvénile venant lubréfier les surfaces en contact. Sous de telles pressions
la roche n ' a d'ailleurs plus aucune perméabilité due à sa microfissuration et
une telle venue d'eau serait impossible.
M a i s l'eau juvénile peut agir autrement, en f a c i l i t a n t la recristallisation et
rendant la matière plus fluide. C'est ce q u ' o n t montré Carter et A v e ' Lallemant
en c o m p a r a n t la vitesse de fluage p o u r une dunite sèche et une d u n i t e imprégnée
d'eau, sous une pression hydrostatique de 15 kbar. L a principale source d'eau
juvénile à laquelle o n pense est celle q u i p r o v i e n t de la déshydratation de la
serpentine, dans laquelle Hess v o i t u n matériau i m p o r t a n t de la croûte océanique.
De fait Raleigh et Paterson (1965) o n t trouvé que vers 500 " C la serpentine,
aussi rigide que d u granité à la température o r d i n a i r e , devient plastique ( F i g . 9).
L a figure 10, empruntée à T o w l e et Riecker (1969) m o n t r e que le phénomène
a lieu même p o u r une roche ne renfermant que 5 % de serpentine.
N o t o n s , à ce sujet que la déformation plastique, permettant une meilleure
m i g r a t i o n des ions, accélère les t r a n s f o r m a t i o n s chimiques à l'état solide.
A la différence des fortes pressions hydrostatiques, elle ne modifie guère les

DUCTILE

200 .400 600


15 20 25 30 35
Température i°C) Pression (kb)

FiG. 9 . F I G . 10.

F I G . 9 . — Domaine de ductilité et de fragilité pour une serpentine de Tumut Pond.


a) Peu résistant ;
b) Résistant.
D'après RALEIGH et PATERSON, 1965.

F I G . 10. — Résistance à la cission d'une olivine à 5 % environ {en poids) de ser­


pentine. Remarquer la grande chute de résistance entre 300 "C et 500 " C , due à la
déshydratation. D'après TOWLE et RIECKER, 1 9 6 9 .

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BIBLIOGRAPHIE 81

équilibres chimiques, car les variations d'énergie libre (liées à l'élasticité) sont
très faibles. Toutefois le rôle des contraintes anisotropes et d u fluage peuvent
devenir appréciables l o r s q u ' i l ne s'agit que de simples changements de phase ;
ségrégation de films de magma au sein d ' u n solide ( I d a , 1970), t r a n s f o r m a t i o n
de l'enstatite en clinoenstatite (Riecker et R o o n e y , 1967).
Elévation de température et libération de molécules d'eau et peut-être de
films de magma sont des phénomènes q u i d i m i n u e n t la viscosité, « fluidisent »
la roche. Le phénomène peut s'emballer et conduire à une fracture ductile,
a-t-on v u , si les contraintes restent fixes, pas si les vitesses difiTérentielles restent
fixes.
Qu'en est-il au juste dans le G l o b e ? A l'échelle de toute la plaque de h t h o -
sphère, i l est très probable que les forces extérieures (pesanteur, poussées aux
bords, entraînement hypothétique par des courants de convection) restent
inaltérées au cours d u processus relativement rapide q u i a b o u t i t à u n séisme.
11 n'en va plus de même à l'échelle de la zone réduite intéressée par le séisme ;
cette fois o n peut considérer les mouvements relatifs de cette zone et des zones
voisines comme imposés et fixes.
Seulement c'est oublier q u ' o n a affaire à un problème de visco-élasticité et
non pas de simple viscosité (newtonienne o u n o n ) . Les déplacements relatifs,
intéressant de très grands volumes, produisent d ' i m p o r t a n t e s déformations
élastiques. Si la viscosité dans une couche chute et si la déformation s'y accé­
lère, ce d o i t être au détriment de la déformation élastique de t o u t l'ensemble.
Si cet ensemble est très g r a n d , la c o n t r a i n t e varie peu, et la déformation de la
couche peut devenir instable.
L'intense chaleur de déformation dans la zone où se concentre le cisaille­
ment doit rapidement c o n d u i r e à l ' a p p a r i t i o n d ' u n disque de matière f o n d u e .
En négligeant t o u t le processus d'emballement o n peut alors adopter le modèle
suivant : dans u n m i l i e u déformé élastiquement apparaît brusquement u n
disque sur la surface d u q u e l la cission est nulle ( C h a p . 13, 14). L'étude des
ondes de v o l u m e émises c o n d u i t L i n d e et Sacks (1972) à admettre que tel est
bien le cas p o u r les séismes p r o f o n d s d'Amérique d u Sud. Le disque de
magma a u r a i t de 3 à 60 k m de diamètre.

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CHAPITRE 4

MÉCANIQUE DES M I L I E U X CONTINUS :


ÉQUATIONS TENSORIELLES.
THERMO-ÉLASTICITÉ

par

Georges JOBI;RT

L'exposé d u chapitre 1 a été fait en utihsant systématiquement u n


système de coordonnées cartésiennes. L a géométrie d u problème étudié
impose souvent un choix différent ; par exemple si l ' o n veut traiter u n
problème global p o u r la Terre o n d o i t avoir recours à u n système de
coordonnées sphériques. N o u s allons reprendre rapidement les calculs
conduisant aux expressions des déformations et des contraintes dans
un système de coordonnées générales (χ') en d o n n a n t les formules par­
ticulières utilisées par la suite (coordonnées sphériques, coordonnées
cylindriques). N o u s utiliserons aussi par la suite des coordonnées abso­
lument générales p o u r étudier la géométrie des rais sismiques.

1. — DÉFORMATIONS

— Tenseur des déformations. — Désignons par x' ( / = 1, 2, 3) les


coordonnées d ' u n p o i n t p. U n p o i n t i n f i n i m e n t voisin p' aura p o u r
coordonnées x' + àx', les quantités d.v' étant i n f i n i m e n t petites. E n ne
faisant varier qu'une coordonnée à la fois, x^ par exemple, o n obtient
un p o i n t voisin, et o n définit u n vecteur de base, g i par :

PPi = g i d x ' (Fig. 1).

Les vecteurs de base g,- sont tangents en p aux lignes de coordonnées


passant par p. E n utilisant la convention habituelle grâce à laquelle
on supprime le symbole ^ q u a n d u n même indice littéral intervient

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4 ÉQUATIONS TENSORIELLES. THERMO-ÉLASTICITÉ

deux fois (et deux fois au


plus) dans u n même m e m ­
bre d'une équation, o n
peut écrire p o u r p' voisin
de p :

pp' = g , . d x ' ( = X g , d x ' j .

L a longueur as de ce
vecteur est donnée par :

= pp'^ = g;d.v'.g^. dA-^'


= άχ' àx'

en posant

gij = g i - g j · C)

L'ensemble des neuf


quantités g^j constitue le
tenseur métrique du système
F I G . 1. — Trièdre locat du point p(Si) de coordonnées choisi. Ce
et trièdre du point P(Gt). tenseur est évidemment
symétrique : gij = gji.
( V o i r p. e. ( B r i l l o u i n , 1946) ( G o n t i e r , 1969).)
A la suite de la déformation les points p et p' sont venus respectivement
en P et P', q u i sont eux aussi i n f i n i m e n t voisins si le déplacement est
c o n t i n u . N o u s conviendrons de repérer ces points en utilisant comme
coordonnées celles des points p et p' (coordonnées de Lagrange). Les
nouvelles lignes de coordonnées sont donc constituées par les points
d'arrivée des points c o n s t i t u a n t les lignes initiales. N o u s poserons

P P ' = G; d x '

les vecteurs G, étant tangents aux nouvelles lignes de coordonnées en P.


On a :

aS^ = PP'^ = Gij àx' άχ>

en posant
G,, = G , . . G , . (2)

L a déformation au voisinage de P est définie par la différence d S ' - ds^


et par suite par l'ensemble des n e u f coefiRcients :

(3)
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DÉFORMATIONS 85

qui constitue le tenseur de déformation ; ce tenseur est symétrique :

1.2. — E x p r e s s i o n du tenseur de déformation en fonction du déplacement. —


Calculons ce tenseur en f o n c t i o n d u déplacement

pP = y. (4)

On voit sur la figure 1 que p o u r une coordonnée x' particulière, x^


par exemple :

PPi = p p i + yipi) - y(p)

ou

G, dx' = g , djc' + y(x' + dx\x\ x^) - y(x\ x\ x^) = (gi + v i) d x '

en posant :

(4 bis)
Ôx'

On peut donc écrire d'une façon générale :


G, = g, + v , , . (5)

Calculons les composantes d u vecteur dérivé sur les axes locaux. Si


l'on a : v = g^, en dérivant i l vient :

V.Î = + gfc.i.

Le second terme provient de la v a r i a t i o n des vecteurs de base le l o n g


d'une ligne de coordonnées. Si l ' o n i n t r o d u i t les symboles de Christoffel
r^'i définis par

g.,; = n g. (6)

c'est-à-dire les composantes sur les vecteurs de base des dérivées partielles
de ces derniers, o n peut écrire en changeant d'indice muet :

v , = {ν', + g, = l g,. (7)

Les quantités v'' |; sont appelées les dérivées covariantes des c o m p o ­


santes d u vecteur v. Elles diffèrent (sauf dans le cas des coordonnées
cartésiennes) des dérivées partielles de ces composantes. Ces quantités
sont les composantes d ' u n tenseur d u second ordre. O n m o n t r e que :

2 n = g'"ig,.,,; + g,,,, - g,ij (8)

(la quantité g'"-'' est définie a u paragraphe 1.4).


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86 ÉQUATIONS TENSORIELLES. THERMO-ÉLASTICITÉ

Des relations (5) et (7) o n déduit :

2 Zij = \ig,j + I,. g,i + g„„ l i υ-' \j .

O n peut i n t r o d u i r e les composantes covariantes d u vecteur en posant

Les dérivées covariantes des composantes d u tenseur métrique étant


nulles (*), o n obtient finalement :

2 ε,,. = Vi\j + vj\i + (9)

O n m o n t r e que :

Si la déformation est infiniment petite o n peut négliger le troisième


terme et écrire simplement :

2e.,j = vAj + vj\i. (10)

1.3. — E.xpression du tenseur des déformations dans les systèmes de coor­


données usuels. — D o n n o n s l'expression des composantes d u tenseur
symétrique ε,^ dans les deux systèmes utiles, dans cette appro.ximation
linéaire. Les composantes de v sur les vecteurs unités tangents aux lignes
de coordonnées seront notées w, v, w.

a) Coordonnées cylindriques : r = .v', 0 = x^, z = .x^.

ds^ = dr^ + r^ dO^ + dz^ .

Symboles de Christoffel n o n nuls :

r\2 = - ^7, = r?, = 1//·.

I,·, = u, V2 = rv , ('3 = ir,

( u 1 / du (W v\ 1 /(';(/ ôw\
'^^^2\rdd + ô?-r}''' ^ - = 2 ( a z + -u7) "

/ dv u\ y [ idv ôw \
\r (0 ;·' 2 \dz r dOi

^33 (Il)

(*) Remarquons en passant que les « vecteurs » de base g t ne sont pas des vecteurs inva­
riants et q u ' o n ne peut leur appliquer la formule de dérivation (7). L a démonstration de la
propriété se fait en utilisant le caractère tensoriel des dérivées covariantes et leur annulation
dans u n système cartésien.

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DÉFORMATIONS 87

(Par r a p p o r t aux formules habituelles, n o n tensorielles, interviennent en


plus les facteurs /· et r'.)

b) Coordonnées sphériques : R = x',0 = x', φ = x^,

d i ^ = dR' + R' dO' + R' sin' 0 dç' .

Symboles de Christoffel n o n nuls :

= - R , r^3 = - R sin^ 0, r^3 = - sin θ cos θ ,

Γ\2 = Γΐ, = \IR , Γ\, = Γ\, = 1/R ,

= Ti^ = cotg Ο .

y, = u, i'2 = Rv , = R sin 0 w.

_ du _ ί /
ε , ι - ^ , ^'2 - 2 Ι κ - ^ + M " κΙ^'

1 / 5w cote 0 \ „, . „
'•'^ = 2 \Rs^~Odç + R â« - - Ί Γ - N ^ ' '

^33 = ί - ^ - ΐ ΐ - ^ + ^ + ^ sin^ e . (12)


\Rsm0^φ R R i ^ '

1.4.—Invariants de la déformation. — A p a r t i r des composantes d ' u n


tenseur o n peut former des invariants, c'est-à-dire des quantités scalaires
indépendantes d u système de coordonnées choisi. E n i n t r o d u i s a n t les
composantes contravariantes d u tenseur métrique g'' définies par :

0 si i ii
g"' gjk = g i =
1 si i = k

on peut aussi f o r m e r : ε\ = g'^ ε^^ et l ' i n v a r i a n t

K, = ε! (13)

puis
K2=tM' (14)
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8 ÉQUATIONS TENSORIELLES. THERMO-ÉLASTICITÉ

et

K 3 = ε; ei ε] . (15)

O n peut m o n t r e r que t o u t autre i n v a r i a n t formé à p a r t i r d u tenseur


est une f o n c t i o n de ces trois invariants.
A u lieu de K2 et ΛΓ3 ainsi définis, o n utilise de préférence des invariants
définis à p a r t i r d u déterminant | ε} |. L a trace de ce déterminant est
égale Ά Ky. Le second i n v a r i a n t J2 est la somme des mineurs des termes
de la diagonale :

Λ = Κε;ε]-ε}ε/) = Κί^?-Χ2). (16)

Le troisième i n v a r i a n t / 3 est la valeur d u déterminant :

J3 = I ε} I . (17)

O n peut m o n t r e r que l'élément de v o l u m e άΩ provenant, après la


déformation, de l'élément de volume άω, est tel que

di3 = (1 + 2 y , + + 873)ΐ'Μω. (18)

P o u r une déformation i n f i n i m e n t petite, o n a a u second ordre près :

di3 = (1 + / i ) d a ) . (19)

L a v a r i a t i o n relative de v o l u m e est égale à /^, soit, à cette a p p r o x i m a ­


t i o n , à la divergence d u déplacement.

Dans le cas particulier d'une déformation finie homogène, c'est-à-dire


telle que :

ε; = - eg) (20)

e étant p o s i t i f p o u r une c o n t r a c t i o n , o n a :

y, = - 3e Λ = 3 /3 = -

et p a r j s u i t e

d i 3 = (1 - 2e)'/^dco. (21)

U n e autre représentation d'une telle déformation peut s'écrire :

ε,-; = f^ij

e et / étant liés par :

1 - 2 e = (1 + 2 / ) - 1 ;
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ANALYSE DES CONTRAINTES 89

on a alors

di3 = (1 + 2f)-^"dœ. (22)

C'est sous cette forme que B i r c h a appliqué la théorie des déformations


finies à l'étude de l'intérieur de la Terre ( 2 1 . 2 . 2 ) .

2. — A N A L Y S E DES C O N T R A I N T E S . ÉQUATIONS DU MOUVEMENT

2.1. — Tenseur des contraintes, — Soit ά Σ u n élément de surface de n o r ­


male n dans le corps. E n désignant par ( G ^ ) le système d'axes local,
on peut supposer (Chap. 1) que la résultante des forces exercées p a r
la matière située d u côté vers lequel est dirigée n sur la matière située
de l'autre côté, à travers l'élément άΣ, est donnée par :

T d r

avec :
T = T'^,G,. (1), si : n = G'J'G,..

Le tenseur τ de composantes (τ'-*) est d i t tenseur des contraintes.

2.2.—Equations du mouvement. — Sous l'action des forces de v o l u m e


et des actions superficielles, le corps se déforme et ses molécules subissent
des accélérations. A p p l i q u o n s les lois de la dynamique :

Considérons u n v o l u m e Ω d u corps, limité par une surface!" ; désignons


par a l'accélération de la molécule située au p o i n t P de Ω, p a r f la force
agissant sur l'unité de masse, par p la densité, par R le r a y o n vecteur
joignant P ί un p o i n t fixe O. E n négligeant les moments de v o l u m e et
de surface les équations d u mouvement s'écrivent :

apdQ = ipdQ + Td2 (2.

R Λ apdQ = W R Aîpdn + R Λ T di . (3)


Ω J J JΩ J JΣ

Pour transformer les intégrales de surface en intégrales de v o l u m e


on utilise une f o r m u l e q u i généralise la f o r m u l e classique de Green et
qui fait intervenir la divergence d ' u n tenseur :

Π A'J n,. G ; άΣ
ί. . η
A'' \i Gj άΩ . (4)

(Rappelons que + A'


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ο ÉQUATIONS TENSORIELLES. THERMO-ÉLASTICITÉ

L a r e l a t i o n (2) étant valable quel que soit le volume Ω, o n en déduit


l'équation de Cauchy :

pa = p f + T ' ^ | , G , . (5)

q u i fait apparaître, à côté de la force de v o l u m e pf, une force élastique F


calculable à p a r t i r d u tenseur des contraintes :

F = T''^'|,.G,. = divÎ. (6)

En p o r t a n t la relation (5) dans (3) o n m o n t r e que τ'-' = τ-".


En l'absence de couples, le tenseur des contraintes est symétrique.

2.3. — E x p r e s s i o n de la force élastique dans les systèmes usuels. — N o u s


donnerons ici les composantes sur des vecteurs unités de la force élas­
tique et des contraintes.

a) Coordonnées cylindriques (r, 0, z) ( F i g . 2).

.M

1?·

(a) (b) (c)

F I G . 2. — Composantes des contraintes s'exerçant :


a) sur un cylindre de rayon r ;
b) sur un plan méridien ;
c) sur un plan horizontal.

Composantes radiale, azimutale, verticale des contraintes agissant sur :

— u n cylindre :

(rr, rO, 7z) ;

— u n p l a n méridien :

(rO, 00, O z ) ;

— u n plan h o r i z o n t a l :

(rz, θζ, zz).


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ANALYSE DES CONTRAINTES 91

Les composantes de la force élastique sont données par :

drr dru drz 1 ^ ^


F, = + — + + - (rr - ΘΘ)
ôr r vO 02 r

crO δΟΟ δΟζ


Fe = - - + + ^ + - rO (·/)
cr r oQ δζ r

δrz δΟζ δζζ 1 ^


F , = - Γ - + -^Γ^ + — + -- rz .
or r δυ oz r

b) Coordonnées sphériques (R, 0, φ) ( F i g . 3).

(o) (b) (c)

Fici. 3. — Composantes des contraintes s'exerçant :


a) sur la sphère de rayon R ;
b) sur un cône d'axe polaire ;
c) sur un plan méridien.

Composantes radiale, méridienne, suivant le parallèle, des contraintes


agissant sur :

— une sphère :

{RR, To, Tp) ;

— u n cône d'axe polaire :

(Rè, ΘΘ, θφ) ;

— u n plan méridien :

iRφ, Θφ, ψφ) .


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92 ÉQUATIONS TENSORIELLES. THERMO-ÉLASTICITÉ

I Composantes de la force élastique :

dRR dRO δΚφ 2 ^ cote 0 ^ 1 ^ ^

dRO éÔO δΟφ cote 0 ^ ^


'^-TR-'RFO-'Rsuufr^+R''''-^^^''-^^^

δΤρ δΟφ δφφ 3 ^ IcotgO^


''- = -JR Rd-0 + R s u ^ + R^'P + --R~^'P •

3. — ÉLASTICITÉ E T T H E R M O É L A S T I C I T É

3.1. — Puissance mécanique liée à la déformation. — Dans u n processus où,


en plus de la déformation définie par un vecteur v ( M , t), on a à t e n i r
compte de la création de chaleur due à des changements de phase, à
des désintégrations d'éléments radioactifs, à des réactions chimiques,
à des courants électriques o u à l ' a b s o r p t i o n d'énergie lumineuse, o n
peut écrire la l o i de la conservation de l'énergie totale sous la forme :

δΕ, + SEi = 5T3p + .5155 + // - Φ (1)

où δ représente la v a r i a t i o n (par unité de temps, en suivant le m o u v e m e n t )


des quantités suivantes : E^ énergie cinétique, énergie interne, travail
des forces de v o l u m e , TS, travail des forces de surface ; H est le taux de
création de chaleur d'origine n o n mécanique, Φ est le taux de perte de
chaleur par la surface d u corps.
En utilisant la f o r m u l e de Green et la f o r m u l e (4), paragraphe 2, q u i
permettent de transformer les intégrales de surface δΈs et Φ en intégrales
de v o l u m e , et en considérant u n élément de matière i n f i n i m e n t petit
a u t o u r d ' u n p o i n t donné, o n m o n t r e , compte tenu de l'équation de
Cauchy (5), paragraphe 2, que la v a r i a t i o n de l'énergie interne peut
s'écrire

δΕ; = P + H - Q (2)

P étant une puissance mécanique définie par :

P = τ'^ è.j (3)

èij désignant la dérivée de ε,-,· par r a p p o r t a u temps.

Q est la puissance perdue, liée au flux Φ par la relation :

Φ = nq άΣ = div q d f i = \ Q άΩ (4)
J J r
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ÉLASTICITÉ ET THERMOÉLASTICITÉ 93

pour un volume Ω limité par la surface Σ ; q désigne le vecteur c o u r a n t


de chaleur.

3.2. — E n t r o p i e . — Le second principe de la t h e r m o d y n a m i q u e permet


d'introduire les notions d'entropie 5 et de température Θ. O n m o n t r e
que la variation d'énergie interne peut être décomposée en une p a r t
non thermique — q u i est, si la déformation s'effectue sans dissipation
d'énergie, la totalité de la puissance mécanique P — et une part ther­
mique, égale, par définition, au p r o d u i t de la température par la v a r i a t i o n
d'entropie. Cette part c o m p r e n d éventuellement, outre le terme {H — Q)
de (2), la part de la puissance mécanique transformée en chaleur p a r
dissipation.
L o r s q u ' o n établit le bilan d'entropie i l est intéressant de distinguer
entre ce q u i provient des échanges avec l'extérieur et ce que l ' o n peut
appeler la p r o d u c t i o n d'entropie intrinsèque ; c'est-à-dire ce q u i p r o v i e n t
de la conduction de la chaleur à l'intérieur d u corps o u de la chaleur
créée par d'autres processus. L a v a r i a t i o n d'entropie due aux échanges
avec l'extérieur est le flux d u vecteur (q/0). D'après le postulat sur la
thermodynamique des processus irréversibles l'entropie intrinsèque ne
décroît pas.

3.3. — Milieu élastique parfait isotrope. — I n t r o d u i s o n s maintenant l'éner­


gie libre F = — OS. O n d i t q u ' u n m i l i e u est parfaitement élastique
si l'énergie libre dépend uniquement d u tenseur des déformations et de
la température — mais n i des états passés n i des vitesses de déformation —
et si la puissance mécanique n'a pas de partie thermique — c'est-à-dire
que la déformation se fait sans création directe d'entropie.
Dans ces conditions o n m o n t r e que les contraintes s'expriment s i m ­
plement en f o n c t i o n des dérivées partielles de l'énergie libre par r a p p o r t
aux composantes ε,·,· d u tenseur des déformations. D e son côté l'entropie
est l'opposée de la dérivée partielle de l'énergie libre par r a p p o r t à la
température.
Le tenseur ε étant symétrique n'a que six composantes indépendantes.
Pour un corps élastique l'énergie libre ne dépend donc en fait que de la
température et de six paramètres liés à la déformation. U est avantageux
de choisir c o m m e paramètres les trois invariants d u tenseur ε et les
trois angles définissant, en chaque p o i n t , l ' o r i e n t a t i o n d u trièdre p r i n c i p a l
de ce tenseur.
O n d i t que le m i l i e u est isotrope si l'énergie libre ne dépend pas de
l ' o r i e n t a t i o n d u trièdre p r i n c i p a l , mais seulement des invariants.

3.4. — R e l a t i o n s entre contraintes et déformations. — Dans le cas des


déformations petites o n peut développer l'énergie libre F en série des
puissances entières des invariants de ε et de la v a r i a t i o n de la tempéra­
ture δΟ (supposée également pedte).
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94 ÉQUATIONS TENSORIELLES. THERMO-ÉLASTICITÉ

O n m o n t r e que l'hypothèse de l'isotropie entraîne que le m i l i e u devait


être initialement — c'est-à-dire p o u r ε et δΟ nuls — soumis à une contrainte
hydrostatique (c'est-à-dire que τ'^ devait initialement être p r o p o r t i o n n e l
à g'').
Si on néglige cette contrainte — ce q u i est admissible en géophysique
tant que la pression moyenne reste petite devant les paramètres élasti­
ques, c'est-à-dire, c o m m e nous le verrons plus l o i n , au moins jusqu'à
1 000 k m de profondeur — o n obtient les composantes mixtes des
contraintes sous la forme :

τ) = Αε™ g^ + 2 με; - 3 ak δΟ g) (5)

λ et μ sont les paramètres de Lamé, homogènes à des contraintes,


k = λ + ^ μ est le module d'incompressibilité, α le coefficient de d i l a t a ­
t i o n linéaire, ε',', = Λ', est, à cette a p p r o x i m a t i o n linéaire, la divergence
d u déplacement v.
Inversement o n peut exprimer le tenseur des déformations à p a r t i r
de celui des contraintes. O n obtient :

Εή = (\ + σ)τ)- aTZg'j + EaδOg'J. (6)

Le coefficient de Poisson σ est lié aux modules de Lamé par la relation :


σ = Λ/2(Λ + /0, Ο < σ < i . (7)

et le module de Y o u n g E est donné par :


E = 3 kμ/{λ -f μ) = 2 μ(\ + σ) . (8)

O n obtient d'autre p a r t , à p a r t i r de l'entropie, la relation :


q = - K grad 0 (9)

liant le vecteur c o u r a n t de chaleur au gradient de la température.


K est le coefficient de conductivité thermique.

3.5.—Equations de la thermoélasticité. — E n p o r t a n t l'expression de τ '


dans l'équation (6) d u paragraphe 2 . 2 , o n obtient p o u r la force élas-
dque :
l-= {λgiC + 2με)-^'xkg)δθ)\ig' (10)

en négligeant, p o u r une déformation i n f i n i m e n t petite, la différence


entre g^' et G^'.
Dans le cas d ' u n corps homogène o n obtient en développant :
F = (;. + /() grad d i v v -h /( Δ ν - 3 aÂ: grad δΟ . (11)

Dans le cas d ' u n corps hétérogène i l faut ajouter des termes dus aux
variations de A, a et k.
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ÉLASTICITÉ ET THERMOÉLASTICITÉ 95

A partir de l'équation d u bilan d'entropie o n obtient d'autre part

Oo S = pc, ÔÔ + 3 a/c; Oo ëm = H + di\ (K grad δΟ). (12)

Le module d'incompressibilité est noté A-, p o u r indiquer q u ' i l correspond


à une déformation à 0 constant, o u isotherme. Dans cette équation
sont présents le coefficient c„, chaleur spécifique à volume constant et
la température initiale OQ. Les points désignent les dérivées p a r r a p p o r t
au temps.
Les équations (12) et 4 . 2 . 2 (6) constituent les équations de la t h e r m o
élasticité. Ces équations aux dérivées partielles sont couplées entre
elles. En les ramenant à une forme réduite, o n m o n t r e que ce couplage
dépend de la quantité :

C = 9 /cf Oolp' Vf c„ (13)

avec

K,^ = (A + 2 μ)Ιρ .

Avec les valeurs numériques correspondant à l'intérieur de la Terre,


ce coefficient est t o u j o u r s faible (de l'ordre de ΙΟ"·*), ce q u i permet de
traiter séparément l'équation de l'élasticité (5) d u paragraphe 2 . 2 et
l'équation (12) : p o u r u n problème mécanique, par exemple celui de l a
déformation d ' u n corps élastique sous une charge, o n peut négliger le
terme δΟ dans (5) d u paragraphe 2 . 2 et calculer la v a r i a t i o n de tempé­
rature due à la déformation à p a r t i r de (12). Inversement p o u r u n p r o ­
blème thermique, par exemple réchauffement d ' u n corps dû à des sources
de chaleur internes, o n peut résoudre (12) en négligeant le terme élastique,
puis calculer la déformation corrélative à p a r t i r de (5) d u paragraphe 2 . 2 .

3.6. — Coefficients adiabatiques. — Considérons une déformation sous


contrainte constante. O n a alors en dérivant (6) :

è = ÈZ = 3 α .

L'équation de la chaleur (12) devient :

cpôè = H + d i v (K grad δθ) (14)

en posant
c> = c , ( l + 9a2A-,(Vpcg. (15)

Le coefficient est la chaleur spécifique à pression constante. Son


expression fait intervenir le coefficient de GrÎineisen :

r=3al<Jpc, (16)

peu variable avec la température.


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6 ÉQUATIONS TENSORIELLES. THERMO-ÉLASTICITÉ

O n peut maintenant considérer une compression homogène à entropie


constante. O n a d'après (12) :

pc^ (50 + 3 a/c; Oo È = 0

et par suite

ε = ΐ/[(1 + 3 αΓΟ^) /cj = ijK

en i n t r o d u i s a n t le coefficient d'incompressibilité adiabatique k„. O n a :

k„c, = kiCp. (17)

D ' a u t r e part

- / f , = C(;. + 2 μ ) (18)

ζ étant le coefficient de couplage (13), ce q u i m o n t r e que l ' o n peut géné­


ralement négliger la difTérence entre coefficient adiabatique et coeffi­
cient isotherme.
Si l ' o n considère au contraire une déformation sans changement de
volume, un cisaillement p a r exemple, ε étant n u l , cette déformation est
simultanément isotherme et adiabatique. 11 n'y a q u ' u n seul coefficient
de rigidité.
O n m o n t r e que les ondes sinusoïdales solutions — en première a p p r o ­
x i m a t i o n — d u système couplé des équations de la thermo-élasticité se
propagent avec les vitesses V„ et W données par

p l / / = /c„ + 4/3 μ et pW' = μ . (19)

3.7. — Expression des contraintes en fonction du déplacement dans les


systèmes usuels.

a) Coordonnées cartésiennes : V(M, V, W)

x x = / l d i v v - l - 2 / i | ^ - akôO

{20a)

avec
du δυ cw
d i v V = - r - + — + —- .
δχ δy δζ

Les autres expressions se déduisent de celles-ci par p e r m u t a t i o n c i r c u ­


laire des symboles.
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ÉLASTICITÉ ET THERMOÉLASTICITÉ 97

b) Coordonnées cylindriques. — N o u s noterons par (M, υ, w) les c o m p o ­


santes d u déplacement v sur des vecteurs unités tangents aux lignes de
coordonnées (r, 0, z). N o u s nous bornerons à l'expression des contraintes
sur une surface n o r m a l e à l'axe de symétrie :

^ tdu dw\

^ , dw ,^. / ,. d(ru) dv dw\


zz = Λ d i v V + 2 μ - οίΙίδΟ, d i v v = - ½ ^ -|- + ^ ·
Bz \ r d r r du dz)

c) Coordonnées sphériques. N o u s noterons par (M, V, W) les c o m p o ­


santes de V sur des vecteurs unités tangents aux lignes de coordonnées
(R, Θ, φ). N o u s nous bornerons à l'expression des contraintes sur une
sphère :

RR = Àd\v \ + 2μ^ - akôO ,

(,. d(R^ u) d(vsme) dw \


div V = ^y-^' + -^- ^ + - - —
^ R^ ÔR R sin Θ dO R sin Θ dφ'

du dw w
R sin 0 dç oR R

3.8.—Milieu élastique anisotrope. — Dans le cas général l'énergie l i b r e


dépend de l ' o r i e n t a t i o n d u trièdre p r i n c i p a l de la déformation. Négli­
geant les effets thermiques et nous b o r n a n t a u cas des déformations
infiniment petites, nous supposerons que l ' o n peut l i m i t e r le développe­
ment de l'énergie libre à :

3^ = c'' -f c'>' 6,,. ε„/2 . (21)

A cause de la symétrie d u tenseur des déformations o n peut supposer


que les coefficients élastiques c sont symétriques, sans perte de généralité :

c'> = , c ' J " = c^'" = c'J'" = c'-'-J. (22)

Ces quantités ne dépendent pas de ε,·,- et sont des tenseurs puisque l'éner­
gie libre est u n i n v a r i a n t dans les changements d'axes. P o u r u n corps
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ÉQUATIONS TENSORIELLES. THERMO-ÉLASTICITÉ

dépourvu de contraintes au début de la déformation, o n obtient à p a r t i r


de (21) :
τ'^' = c'>^ ε „ , (23)

q u i est la relation linéaire la plus générale entre tension et déformation


p o u r un m i l i e u anisotrope. Les relations de symétrie (22) réduisent à 21
le n o m b r e des coefficients indépendants. Ce n o m b r e peut encore être
réduit si des symétries existent.

BIBLIOGRAPHIE

ANGOT, 1972. Compléments de mathématiques, 6*= édition Masson et Cie, 862 p.


BRILLOUIN, 1946. Les tenseurs, Masson et Cie, 364 p.
GERMAIN, 1962. Mécanique des milieux continus. Masson et Cie, 412 p.
GONTIER, 1969. Mécanique des milieux déformahles. D u n o d , 580 p.
E. GREEN et W . ZERNA, 1968 (4'' éd.). Theoretical elasticity, O x f o r d , 457 p.

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CHAPITRE 5

PROPAGATION DES ONDES


EN M I L I E U X HOMOGÈNES

par

Georges J O B E R T

1. — INTRODUCTION

Lorsqu'un milieu élastique, i n i t i a l e m e n t au repos, est soumis à des


forces de volume o u à des actions superficielles nouvelles, o u bien lorsque
sa continuité est détruite le l o n g d'une p o r t i o n de surface, l'équilibre
initial est r o m p u et u n déplacement se p r o d u i t de façon à rétablir u n
nouvel équilibre. En sismologie o n considère généralement des actions
I concentrées à la fois dans le temps et dans des régions relativement petites
(contraintes brusquement annulées sur une faille, explosion) et les
ondes sismiques se propagent dans le m i l i e u à p a r t i r d'une source que l ' o n
peut souvent considérer comme ponctuelle.
Nous supposerons que le déplacement reste p a r t o u t i n f i n i m e n t petit
de façon à p o u v o i r utiliser p o u r la force élastique l'expression simplifiée
obtenue au chapitre 4. Cette hypothèse n'est pas valable a u voisinage
de la source, q u i apparaît dans les expressions mathématiques c o m m e
un point singulier. O n peut admettre qu'à une certaine distance de ce
point la représentation redevient satisfaisante. N o u s négligerons les
termes d'origine t h e r m i q u e , en supposant toutefois que le déplacement est
assez rapide pour que les molécules n'aient pas le temps d'échanger de
chaleur, et nous utiliserons par suite les coefficients adiabatiques.
Si les contraintes initiales dans le m i l i e u sont nulles (*), l'équation
i de l'élasticité s'écrit :

I puj = pXj + [{?.g) u') I, + p(u' I, + Uj I')] |,

I X, de composantes Xj, étant la force de v o l u m e i n t r o d u i t e à l ' i n s t a n t


I initial, u, de composantes Uj, le déplacement p r o d u i t ; les points m a r q u e n t

(*) L'influence de contraintes initiales sera brièvement discutée au paragraphe 2 du


chapitre 7.

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100 PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

j une dérivation par r a p p o r t au temps. Si le m i l i e u est homogène, λ et μ


sont constants et o n a simplement :

pdj = pXj + Au" UJ + μ{uJ \i + UJ) .

o u sous forme vectorielle :

pu = pX + {λ + μ) grad d i v u + μ A u (E)

N o u s étudierons d ' a b o r d la p r o p a g a t i o n d ' u n m o u v e m e n t dans u n


m i l i e u homogène indéfini, indépendamment de la source. Puis nous
déterminerons les ondes produites dans u n tel m i l i e u p a r une source,
et enfin les phénomènes entraînés par les c o n d i t i o n s à la surface lorsque
le m i l i e u est limité, p o u r une source à distance finie o u à l ' i n f i n i .

2. — P R O P A G A T I O N D ' O N D E S D A N S U N M I L I E U . É L A S T I Q U E HOMOGÈNE

I L'équation de l'élasticité (E) est étroitement liée à l'équation des


ondes :

OF = AF - n F = 0. (0)

E n a p p l i q u a n t aux deux membres de (E) les opérations d i v et r o t , o n


I constate en effet que d i v u et r o t u sont solutions de l'équation des ondes.
I O n préfère généralement représenter le déplacement à l'aide de potentiels
1 (voir toutefois Richards, 1971).

2.1. — Potentiels. — O n peut chercher toute s o l u t i o n de (E) c o m m e la


: somme de soludons particulières [dérivant l'une d ' u n p o t e n t i e l scalaire
Φ(Μ, t), l'autre d ' u n potentiel vecteur Ψ(Λ/, t) à divergence nulle :

u = Up + Us, Up = grad Φ , ϋχ = Γ θ ί Ψ , divy = 0. (1)

E n p o r t a n t ces expressions dans (E) o n obtient, en l'absence de forces


de v o l u m e , p o u r la partie i r r o t a t i o n n e l l e :

• p Φ Ξ ΔΦ - «p Φ = 0 (Op)

avec :

4 = Pia + 2 μ); (2)

« P est l'indice p o u r l'onde Up.

• s Ψ Ξ ΔΨ - n|Ψ = 0
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ONDES DANS UN MILIEU ÉLASTIQUE HOMOGÈNE 101

avec :

η | = ρ/μ; (3)
Λχ est l'indice p o u r l'onde Uj.
En sismologie, l'onde de célérité « p \ la plus rapide, est notée P,
(premières ondes), l'onde de célérité ris ' est notée 5 (secondes ondes).

2.2. — Ondes longitudinales. — L ' o n d e Up, i r r o t a t i o n n e l l e , s'accompagne


d'un changement de v o l u m e ( d i v Up = Δ Φ Φ 0).
Supposons q u ' i l existe une surface S, ( M , /) à travers laquelle, à l'ins­
tant / considéré, l'accélération Up subisse une discontinuité. L a c i r c u l a t i o n
de Up le l o n g d'une courbe fermée y est nulle. E n effet, d'après le théo­
rème de Stokes :

Up.ds= Ij r o t U p . n . d S = 0
s

5 désignant une surface de n o r m a l e unité n limitée par y. L a c i r c u l a t i o n


deup est évidemment nulle aussi.
Si l ' o n prend p o u r y un petit segment AB situé à
distance infinitésimale de la surface 5^ complété par
un segment BA situé de l'autre côté de 5 , , o n v o i t
que: \ ^

[ίι·ρ].ΑΒ = 0 ( F i g . 1)
Ύ
en désignant par [/] la discontinuité d e / à travers
F I G . 1.
S^, AB étant u n segment quelconque parallèle à une
tangente à 5 Ί .
L a discontinuité de l'accélération n'a pas de composante tangente
à S, (*). E n p a r t i c u l i e r si le déplacement est n u l d ' u n côté de S^, l'accé­
lération initiale est portée par la n o r m a l e au « f r o n t d'onde » S^, d'où
le n o m d'onde l o n g i t u d i n a l e donné à cette onde dérivant d ' u n potentiel
scalaire.

2.3. — Ondes transversales. — Considérons de même une surface de dis­


continuité d'accélération ^ 2 relative à la s o l u t i o n Uj p o u r laquelle
div U5 = 0.

L e flux de Uj à travers une surface fermée S est n u l . En effet :

Uj.n.dS = d i v Us. d r = 0
Γ

(*) V o i r toutefois (A.i).


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102 PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

T étant le v o l u m e limité p a r S et n la n o r m a l e à S. I l en est de même


p o u r le flux de l'accélération. E n prenant p o u r surface S une surface
fermée composée de deux calottes infini­
m e n t voisines de part et d'autre d u f r o n t
^2 et u n cylindre n o r m a l à S2 j o i g n a n t
leurs bords ( F i g . 2) o n v o i t que :

[usj.n = 0.

L a discontinuité de l'accélération de la
s o l u t i o n rotationnelle est donc tangente
à u n f r o n t d'onde S2, d'où le n o m d'onde
transversale donné à cette onde, q u i dérive d ' u n potentiel vecteur.

2.4.—Cas des coordonnées sphériques. — V u l ' i m p o r t a n c e des c o o r d o n ­


nées sphériques en Géophysique nous allons rechercher une représenta­
t i o n des solutions de {E) bien adaptée à ce système. C o m p t e tenu
de ce que d i v V = 0 o n peut réduire l'équation vectorielle {O) à deux
équations scalaires.

E n m u l t i p l i a n t les deux membres de (O) par R = O M , o n obtient :

R.AV = ni R . y

O r p o u r un vecteur sans divergence le p r o d u i t scalaire par le r a y o n vecteur


commute avec Δ .

O n a en effet de façon générale :

j A(R.V) (/?'. V,) \% --- R' j g . Vi + R'. V, \'& + 2 R' I " ' . K i |,„
- A R . V + R . A V - j - 2 div V (4)
- R.A\ : 2div V
car AR 0.
O n obtient donc :
•.5(R.T) = 0 .

En appliquant l'operateur R . r o t aux deux membres de (Os) on obtient :

R . r o t ΑΨ — « i R . r o t Î P = 0

soit, compte tenu de (4) :


•s(R.rotΨ) = 0 .

Ces propriétés conduisent à décomposer le vecteur u s o l u t i o n de (E)


en une somme de trois vecteurs

Up = g r a d 0 , υ,^. = Γ 0 ί Ψ ' avec divY'=0, Κ.Ψ'=01


(5)
Us„ = r o t V " avec ά ί ν Ψ ' = 0, Κ.ΓΟ1Ψ" = 0 ;

• ρΦ = ϋ^Ψ' = ϋ χ Ψ " = Ο
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SOLUTIONS ÉLÉMENTAIRES DE L'ÉQUATION DES ONDES 103

car tout vecteur Ψ à divergence nulle peut être décomposé en deux vec­
teursΨ' etΨ" satisfaisant les relations (5). O n peut en déduire des expres­
sions de u ne dépendant que de scalaires. U t i l i s o n s des coordonnées
sphériques (R, 0, φ) ; soient {Ψ'2, Ψί) les composantes de Ψ ' sur les
vecteurs unités tangents respectivement a u méridien et au parallèle. O n a :

sin O.div Ψ ' = ^ (sin ΟΨ'2) +-^ψ'^ = 0


ou αφ

d'où
Ψ' = V" = - ^

F est une f o n c t i o n arbitraire, analogue à l a f o n c t i o n de H e r t z utilisée


en théorie de l'électromagnétisme. O n a alors :

Κ.ΓΟίΨ' = - ^'F.

R~^ Δ ' étant le laplacien réduit a u x coordonnées géographiques (Θ, φ)


et par suite :

/"doit être solution de l'équation des ondes transversales.

Les composantes (M,, M J , « 3 ) d u déplacement Ugy sont données p a r :

δΟ dR sm θ δφ dR

U n mouvement de ce type est d i t onde 5 ^ ( F p o u r vertical). L a r o t a t i o n


qui l'accompagne se fait a u t o u r d ' u n axe h o r i z o n t a l .
Pour le troisième type de m o u v e m e n t , la composante radiale d u
déplacement est nulle, le déplacement se fait dans le p l a n tangent à la
sphère (O, R) et est noté SH (*). 11 est donné p a r les formules valables
pourΨ' :

" ' = ^ ' "^ = s i n f â ^ ' "^=-% • 2 0 = 0. (7)

3. — S O L U T I O N S ÉLÉMENTAIRES D E L ' É Q U A T I O N D E S O N D E S

Nous allons étudier rapidement quelques types de solutions élémen­


taires de l'équation :
a2r.
n\F = AF - n^—~ = 0 (0)
δΓ

') H pour horizontal.


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PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

valables aussi bien p o u r l'équation scalaire que p o u r l'équation vecto­


rielle.

. 1 . — Ondes planes. — Cherchons les solutions de {O) sous la forme :

F=/(k.R - rt) ( F i g . 3) (1)

R est le rayon vecteur O M , k un vecteur


unité, c une vitesse. L ' a m p l i t u d e de l'onde est
constante sur un plan P d'équation :

k.R - et = Cte

d'où le n o m d'ondes planes.


En dérivant (1) et en p o r t a n t les dérivées
dans iO), o n obtient :

c = ± \jn .

F i G . 3. Le signe est à choisir suivant que la p r o ­


pagation a lieu dans le sens de k ( + ) o u le
sens opposé ( —). A l'instant t, o n retrouve en u n p o i n t d ' u n plan P
perpendiculaire à k le m o u v e m e n t existant à l'instant /Q en u n p o i n t
d ' u n autre plan PQ perpendiculaire à k , si la distance entre P et
est c{t — /g). L a p r o p a g a t i o n se fait à la vitesse c , inverse de l'indice
sans changement de forme d u signal, le l o n g des lignes droites o u rais
parallèles à k .
L ' i m p o r t a n c e de ce type de s o l u t i o n vient de la possibilité de repré­
senter des signaux plus complexes par s o m m a t i o n d'ondes élémentaires
planes. Si le vecteur k est repéré dans l'espace par deux angles 0 et ψ, une
intégrale de la forme :

άψ \ άΟ sin 0 g(0, φ) f ( n k . R - /)
J 0 J 0

est également s o l u t i o n de (O), compte tenu de la linéarité de • .

O n peut en p a r t i c u l i e r utiliser les propriétés de la t r a n s f o r m a t i o n de


F o u r i e r et écrire la s o l u t i o n sous la forme :

f ( M , i) = άω άσ g(k, ω) exp(2 iπω(nk.R - i)) (2)


|k|=l
άσ étant l'élément de surface de la sphère unité. L a s o l u t i o n est alors la
somme d'ondes sinusoïdales dans le temps.
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SOLUTIONS ÉLÉMENTAIRES DE L'ÉQUATION DES ONDES 105

On utilise aussi, de façon équivalente, la t r a n s f o r m a t i o n de Laplace :

0 = dp dff g(k, p) e x p ( p ( i - nk.R)) (3)


|k| = l
35 étant une droite d u p l a n complexe (p) d'équation R e p = Cte > 0.

3.2. — Ondes sphériques. — Les ondes planes peuvent être considérées


comme produites p a r une source située à l ' i n f i n i dans la d i r e c t i o n d u
vecteur k. Si la source Ω, ponctuelle, est à distance finie et rayonne symé­
triquement, o n peut chercher une s o l u t i o n de (O) q u i ne dépende que de
la distance R de M à. Ω.
En coordonnées sphériques l'équation (0) s'écrit :

R' dR dR dt'

En posant F = q/R o n o b t i e n t :

dR' dt'

qui est l'équation des ondes unidimensionnelles et a p o u r solutions :

q = q(nR ± t) ;

par suite la solution radiale générale de (O) est :

F = [q,(nR - t) + q^inR + 0]/Λ •

La première onde, q^, diverge à p a r t i r de Ω, la seconde, q2, converge


vers Ω. Pour l'onde élastique l o n g i t u d i n a l e divergente p a r exemple o n
aura :
u, = grad[«,(nR - /)/R]

= im\ - qJR-\ v/R


V étant le vecteur radial unité.
Pour une « phase » (nR — t) donnée, le terme prépondérant au v o i ­
sinage de la source est le terme — qJR'. A grande distance le terme pré­
pondérant est a u contraire q'i njR, déphasé p a r r a p p o r t au précédent.
La forme d u signal change donc lors de la p r o p a g a t i o n . Toutefois si le
signal à la source est limité dans le temps, i l garde la même durée lors
de la p r o p a g a t i o n .
Dans la suite nous rencontrerons le cas où une onde émise par une
source à symétrie sphérique rencontre une surface de discontinuité
sphérique mais n o n concentrique à la source. Le problème admet alors
une symétrie de révolution a u t o u r de l'axe des centres. P o u r résoudre
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PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

des problèmes admettant une telle symétrie, o n peut utiliser la décompo­


sition d'une onde sphérique d u type précédent en une série de solutions
élémentaires ( v o i r Chap. 25 § 2), ne dépendant pas de la longitude.

Ces dernières sont données en coordonnées sphériques (R,0) par :

Φ = e"'™' i i „ + , / 2 ( " p (oR) P„(cos 0)/^ V ω1?

= e-''"'C„K«R)P„(cosO) (4)

p o u r le potentiel des ondes longitudinales. P o u r ceux des ondes trans­


versales, i l suffit de remplacer Πρ par « j . Dans cette expression P„ est
une f o n c t i o n de Legendre, / / „ + ] / 2 . une f o n c t i o n de H a n k e l , de pre­
mière (//^") ou de seconde espèce (//*^').

O n peut rattacher l'expression de Φ à la théorie des ondes planes et des rais (voir 4.2)
en utilisant des expressions approchées de ces fonctions. On obtient pour Φ une expres­
sion de la forme :

Φ ~' Φο exp(i.s+) Φο e x p ( i i - )

— les phases étant données pour une fonction //(') par ;

= ^\n,. (oR)'- — (n 1 i ) ^ — ( « -1- i ) A r c cos [{n -\ i)lnr oR] ± (n ^ i) 0 ~ vH

— valable pour nr (oR > n ^ i , c'est-à-dire


M pour les fréquences élevées (Bremmer, 1949).
En posant :

d ^ (n -y i)lnr ω

sin φ ^ d/R (Fig. 4), M étant le point de


coordonnées (R, 0), A le point (d, 0), H et
H ' les points où les tangentes au cercle Γ
(O, d) issues de M touchent F, on voit que :

i+ = ω[η,.(ΐΪΜ — HA) — /] ,

s- = 0){niÏH'M — W\4) — f] .

Les fronts d'ondes, c'est-à-dire les surfaces


à phase constante, sont donnés à u n instant
F I G . 4. — Ondes sphériques. Repré­ / donné, par HM — HA = Cte. Ce sont
sentation par des ondes progre.ssives des développantes d u cercle {0,d). Les rais,
divergentes. trajectoires orthogonales de ces fronts, sont
les tangentes à ce cercle.

L a f o n c t i o n de H a n k e l de première espèce 7/*'* apparaît ainsi c o m m e


hée à une onde q u i se propage vers les 7? croissants. Les calculs faits
p o u r une f o n c t i o n de seconde espèce 7/^^' montreraient de même que
cette f o n c t i o n correspond à une onde convergeant vers le centre. Ces
remarques seront utilisées au paragraphe 7.
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DISCONTINUITÉS DANS UN MILIEU ÉLASTIQUE HOMOGÈNE 107

4. — P R O P A G A T I O N DE D I S C O N T I N U I T É S
DANS U N MILIEU ÉLASTIQUE HOMOGÈNE

L'étude de la propagation d ' u n déplacement d i s c o n t i n u ( o u à dérivées


discontinues) dans un m i l i e u homogène nous servira de base p o u r l'ex­
tension au cas d ' u n milieu hétérogène (Chap. 6).

4.1. — Discontinuités à travers une surface. — Pour définir des fonctions dis­
continues (ou à dérivées discontinues) à travers une surface i7, d'équation
Φ = 0, i l est commode (voir C o u r a n t et H u b e r t , tome I I , pages 621 sq.)
d'introduire une d i s t r i b u t i o n 5Ό(Φ) de la « variable de phase » Φ, définie
comme une dérivée d'une f o n c t i o n c o n t i n u e Ρ(Φ) :

^«- = ^^?·
A partir de la d i s t r i b u t i o n SQ o n c o n s t r u i r a une famille de d i s t r i b u t i o n s

( i ' J de moins en moins singulières q u a n d v augmente, définies par :

On admettra qu'en dehors de Φ = 0 les d i s t r i b u t i o n s S^ sont des


fonctions régulières de Φ. H étant la f o n c t i o n de Heaviside, δ la d i s t r i ­
bution de Dirac, on p o u r r a prendre par exemple :

Ρ,=\\Φ\, =//(Φ)-^, ^ =<5(Φ)


2 dΦ 2 dΦ^

ou

Si la fonction étudiée U a, sur Σ, une discontinuité p r o p o r t i o n n e l l e


à SQ, o n obtiendra une f o n c t i o n m o i n s singulière en l u i retranchant u n
terme de la forme SQ. O n cherchera, par suite, à représenter U par
un développement de la forme :

[/ = X 5,(Φ) + R (2)
v= 0

où A, et R sont des fonctions réguhères.


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108 PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

4.2. — S o l u t i o n s discontinues de l'équation des ondes. — P o u r nous f a m i ­


liariser avec cette méthode, nous allons d ' a b o r d chercher une s o l u t i o n
de l'équation des ondes :
nu = 0 (O)

discontinue sur une surface 2', variable dans le temps. N o u s supposerons


que l'équation de cette surface est mise sous la forme :

φ = T(M) - t = 0 . (3)

U sera écrite sous la forme (2). E n p o r t a n t cette expression dans (O) o n


trouve que le terme le plus singulier d u développement de • Î7 p r o v i e n t
de Ao 5_2 (grad^ T - n^).
O n o b t i e n t ainsi la c o n d i t i o n (appelée équation de l'eikonal) p o u r
qu'une discontinuité puisse se propager sur une surface Σ, d'équation
T(M) = r:
grad^ T - = 0. (4)
Les familles de surfaces solutions de (4) sont dites fronts d'onde. O n les
rencontre aussi comme surfaces caractéristiques dans l'étude d u problème
de Cauchy. Ce sont des surfaces parallèles et leurs trajectoires o r t h o g o ­
nales, dites rais, sont des droites. D'après (4) la distance entre deux
f r o n t s 2:(/0) et Σ(1) est :

d={t - to)ln .

U n f r o n t d'onde se propage à la vitesse l/n. Le temps de p r o p a g a t i o n


de l'onde entre deux points est évidemment m i n i m u m le l o n g d u r a i
(Principe de Fermât).
Si Σ est u n f r o n t d'onde, le terme le plus singulier d u développement
d u premier membre de (O) est :

(2grad^o-grad Γ+/ΙοΔΓ) . (5)


L ' a n n u l a t i o n de ce terme permet d'évaluer la v a r i a t i o n le l o n g d ' u n
rai de 1'« a m p l i t u d e » AQ. Les coordonnées d ' u n p o i n t d ' u n r a i p a r t i ­
culier étant évaluées à p a r t i r des coordonnées d u p o i n t d u r a i situé sur u n
f r o n t d'onde donné et d u temps, /, o n obtient p o u r AQ l'équation, dite
équation de transport ;

d log ^0 ΔΓ

Pour les termes suivants, o n obtient une récurrence à deux termes q u i


permet de calculer successivement toutes les amplitudes. O n o b t i e n t
de la sorte la s o l u t i o n sous forme d'une série d o n t les termes sont de
moins en moins singuliers sur Σ.
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DISCONTINUITÉS DANS UN MILIEU ÉLASTIQUE HOMOGÈNE 109

On peut donner une interprétadon géométrique de l ' a n n u l a t i o n de (5).


En multipliant le crochet p a r Ας,, o n peut écrire :

div M o - g r a d T ) = 0 .

Le flux d u vecteur /^o-grad T est donc conservatif.

Si l'on considère un volume Ω limité p a r deux fronts d'onde Σ{ί') et


I{t)t\. le tube de rais défini par une courbe fermée y atE(t') ( F i g . 5), o n a:

div {Al grad T ) d ω = 0 = A l grad T . v d Z '

V désignant la normale unité à la surface gradT


Σ' q u i limite Ω. Le l o n g d u tube, v est
perpendiculaire à grad T. Le flux de AI
grad T à travers les deux sections d u tube
est donc le même. E n prenant u n élé­
ment άΣ' sur le f r o n t E(t') a u t o u r de M'
et l'élément correspondant άΣ a u t o u r de
M sur Σ(ί), on a :

Al{M') άΣ' = Al{M) άΣ .

Le carré de 1'« a m p l i t u d e » varie c o m m e


l'inverse de la section d r o i t e d u tube de
F I G . 5. — Le volume Ω est
rais. L'atténuation se fait p a r simple limité par une surface i " , tube
expansion géométrique. de rais s'appuyant sur y.
U n renforcement considérable de l ' a m ­
plitude est à attendre dans les régions où u n tube de rais a une petite
section et, a fortiori, l o r s q u ' i l y a focalisation, soit que les rais s'ap­
puient sur u n segment focal ( F i g . βά), soit q u ' i l s convergent en u n

F I G . 6.

a) Rais s'appuyant sur un segment focal.


b) Rais passant par un foyer.
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PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

p o i n t ( F i g . eb). N o u s ne poursuivons pas d'avantage ici l'étude de


ces cas particuliers, mais nous examinerons plus l o i n le cas des
caustiques.

4.3. — Solutions discontinues de l'équation de l'élasticité. — L a méthode


décrite ci-dessus s'applique, à peu de changements près, à l'équation
vectorielle de l'élasticité. L e calcul devant être fait sur les trois compo­
santes, i l est c o m m o d e d'utiliser les n o t a t i o n s tensorielles avec lesquelles
l'équation s'écrit :

Lfc(u) = {λ + 2μ) UJ \i + μα, Yj - pu, = 0 .

Le déplacement sera cherché sous la f o r m e :

u = Σ A,(M) S,(T(M) - t ) + R(M, 0 , (7)


v= 0

les vecteurs A , et R étant réguliers.


En développant l'expression de L ( u ) o n peut m o n t r e r que l ' a n n u l a t i o n
d u terme le plus singulier d u développement c o n d u i t à deux types de
solutions.
P o u r le premier, o n a :

Ao = a g r a d r , (8)

T satisfaisant l'équation de l ' e i k o n a l (4) avec u n indice correspondant


aux ondes P :

ni = ρι(λ + 2μ).

L a partie la plus discontinue de déplacement est orthogonale a u f r o n t


d'onde ; l'onde est l o n g i t u d i n a l e en première a p p r o x i m a t i o n .
Pour le second type de s o l u t i o n , o n a :

Ao = P, p.grad 7 - = 0 . (9)

T satisfait l'équation (4) avec cette fois n' = ni = ρ/μ, indice corres­
p o n d a n t aux ondes S.
L a partie la plus discontinue de déplacement est tangente au f r o n t
d'onde : l'onde est transversale en première a p p r o x i m a t i o n .
Les propriétés obtenues p o u r les f r o n t s d'onde au paragraphe 4 . 2
sont valables p o u r chacun des types trouvés ici : les fronts sont des
surfaces parallèles et les rais sont rectilignes.
O n retrouve p o u r 1'« a m p l i t u d e » UQ et p o u r le vecteur PQ les relations :

d log «0 ^ _ ΔΓ_
dt 2 ni
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DISCONTINUITÉS DANS UN MILIEU ÉLASTIQUE HOMOGÈNE 111

et

dPo
(11)
di

analogues à (6) et q u i s'interprètent de la même façon.

Il faut remarquer q u ' u n f r o n t d'onde q u i se propage à la vitesse des


ondes longitudinales peut porter u n déplacement transversal, m o i n s
singulier sur le f r o n t que le déplacement l o n g i t u d i n a l , et inversement.
Sous cette forme, particulièrement développée par les sismologues
soviétiques, la théorie des rais permet de calculer des a p p r o x i m a t i o n s
successives des solutions de l'équation des ondes.

4.4. — Action d'une force de volume concentrée en un point. — Supposons


qu'à l'origine des coordonnées une force de v o l u m e X est exercée à p a r t i r
d'un instant choisi comme origine des temps et varie ensuite comme f{t)
conservant une d i r e c t i o n fixe choisie c o m m e axe des z. Les ondes émises
par cette source v o n t se propager dans le m i l i e u . L a méthode employée
pour les déterminer consiste à utiliser p o u r la force de v o l u m e une
décomposition en potentiels scalaire et vecteur. N o u s i n t r o d u i r o n s
ensuite ces quantités dans les seconds membres des équations satisfaites
par les potentiels d u déplacement.

O n peut écrire :

X = k<5(R)/(i) = grad φ + r o t ψ . (12)

Compte tenu de la symétrie d u problème, o n utilisera des coordonnées


cylindriques {r, z) et o n posera :

ψ = ψ{r, ζ, Ο g ,

g étant le vecteur unité tangent au cercle d'axe Oz passant p a r le p o i n t M


considéré. Les potentiels φ et φ sont alors donnés par :

αφ δψ
= Ο <5(R)/(0 .
δr δζ δζ δr r

On posera :

δχ
Φ =
δζ dr

d'où :

Δχ = 5(R)/(/) .
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il PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

U n e s o l u t i o n particulière est :

1
m .

Le déplacement u sera pris sous l a forme :

u = gradΦ + rot V g .
Les potentiels sont solutions de :

^''^ = ii-^^'^è(i) ' Φα< 0) = 0 = Φ(ί<ο)

ν - "^ = 7 ^ / ( 0 ^ {]\, Ψ ( ΐ < 0 ) ^ 0 = Ψ(ί<0),


4 π dr ^R'

O n peut p o u r résoudre ces équations n o n homogènes, avec les c o n d i t i o n s


initiales données, utiliser l a méthode des potentiels retardés ( C o u r a n t et
H i l b e r t , tome 11, p. 204) o u chercher les solutions sous l a forme :

On trouve p o u r Gj l'équation :

-^' ' R dR 4π-^^'

Cette équation admet p o u r s o l u t i o n , nulle et à vitesse nulle p o u r / < 0 :

_1_ niK
G, = - rf{t - T) d r (Love, 1944, p. 304)

puisque / ( i < 0) = 0.
C o m p t e tenu de ce que :

rot r g = 2 k , rg = k Λ vR si R = vR.

o n trouve, toutes réductions faites :


rn,R
4 πυ = k R - 3 Tf{t - τ ) d t + ni R'^fU - n^. R) +

rniR
+ vz dR R -3 τ/(ί - τ ) d r (13)

L e déplacement est n u l jusqu'à l'arrivée d u f r o n t d'équation : n^ R = t


correspondant aux ondes P ( « 2 > « i ) . Si l'excitation de la source a une
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ONDES PLANES DANS DES DEMI-ESPACES ÉLASTIQUES 113

durée limitée T, le signal redevient n u l après le passage d u f r o n t arrière


des ondes transversales d'équation :

n2 R + T = t.

On peut déduire de l'expression (13) celles q u i correspondent à des


systèmes de forces concentrées : couple avec o u sans m o m e n t , systèmes
de couples (voir Chap. 13).

s.-ONDES P L A N E S D A N S DES DEMI-ESPACES ÉLASTIQUES

Après avoir étudié la p r o p a g a t i o n d'ondes élastiques dans u n m i l i e u


homogène indéfini, nous allons rechercher les phénomènes p r o d u i t s
par la présence de frontières l i m i t a n t ce m i l i e u . N o u s étudierons d ' a b o r d
le cas où l ' o n peut négliger la c o u r b u r e de cette frontière et assimiler le
milieu à un demi-espace. N o u s traiterons en fait le cas plus général de
deux demi-espaces soudés le l o n g d ' u n plan, le second p o u v a n t être le
vide. Nous examinerons d ' a b o r d le cas d'une source située à l ' i n f i n i
pour lequel les fronts d'onde sont plans.

5.1. — Ondes planes rencontrant une discontinuité plane. — N o u s suppo­


serons qu'une onde plane de n o r m a l e unité v t o m b e sur une surface
plane Σ, de normale unité k , séparant deux m i l i e u x où les indices p o u r
les ondes P et S sont respectivement « i , « 2 , « Ί , « 2 · Les c o n d i t i o n s aux
limites à satisfaire sont :

— la continuité d u déplacement et des contraintes sur Σ si les deux


milieux sont solides ;
— la continuité de la composante d u déplacement suivant v et de
la contrainte normale si l ' u n des m i l i e u x est fluide (dans ce cas en effet
un glissement peut se p r o d u i r e le l o n g de 2") ;
— l ' a n n u l a t i o n des contraintes si le second m i l i e u est le vide.

Nous i n t r o d u i r o n s un système de
coordonnées cartésiennes (x, y, z)
d'origine O sur Σ, d'axe Oz parallèle
à k , l'axe Ox étant dans le plan
contenant v si l'incidence de l'onde
n'est pas normale.
Soit j le vecteur unité de l'axe Oy
(Fig. 7).
Pour une onde P le potentiel sca­
laire a la forme :
F I G . 7. — Front d'onde plan π.
φ = / [ n , ( . Y s i n /, + z cos /,) — i ] tombant sur un plan Σ.
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PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

/, étant l'angle d'incidence : cos /, = v.k. Le déplacement c o r r e s p o n ­


dant : u = grad φ, contenu dans le p l a n {Ox, Oz), sera p r o p o r t i o n n e l à la
d é r i v é e / ' , et les contraintes à / " .
P o u r une onde S deux polarisations particulières sont possibles (le cas
général étant une c o m b i n a i s o n de ces deux types d'ondes) : le déplace­
ment peut être ;

— parallèle à Oy (onde SH) :

u = / [ « 2 ( x sin /2 4- z cos /2) — /] j

— o u bien contenu dans le plan (x, z) (onde SV) :

u = rot ijj'], avec ψ = g\n2{x sin /2 + z cos /'2) — i ] .

Ces ondes correspondent, dans le cas plan étudié, aux ondes SH ei SV


introduites au ( 2 . 4 ) .
Les c o n d i t i o n s aux limites étant à satisfaire sur le plan z = 0 quels
que soient x et t, les potentiels des diflFérentes ondes produites p a r le
passage de l'onde incidente d o i v e n t être p r o p o r t i o n n e l s a u potentiel
de celle-ci. De plus p o u r z = 0 les arguments des fonctions d o i v e n t être
égaux. L a quantité : p = n sin /, dite paramètre d u r a i associé au f r o n t
d'onde, d o i t être la même p o u r tous les types d'ondes. O n v o i t immé­
diatement q u ' i l y a un couplage possible entre les ondes P et SV, et que
l'onde SH est découplée des deux autres types. N o u s étudierons d ' a b o r d
le cas plus simple de cette onde.

.2. — Réflexion et réfraction d'une onde SH. — L ' o n d e incidente :

u = / [ « 2 ( x sin /2 + z cos /2) - /] j (1)

p r o d u i t sur le plan z = 0 une c o n t r a i n t e de cisaillement réduite à :

μ^\ = μη cos iifXn^ x sin /, - i] j .


oz

Deux c o n d i t i o n s seulement sont à satisfaire. I l suffit donc d ' i n t r o d u i r e


deux ondes induites : l'une se propage dans le premier m i l i e u d'indice « 2
et a u n angle d'incidence (π - /2) puisque son paramètre est égal à :
« 2 sin /2 :

u = if{.f\n2(x sin /2 — z cos /3) -

:\\ étant u n coeflîcient de réflexion. L ' a u t r e se propage dans le second


m i l i e u d'indice « 2 et de rigidité μ', sous l'incidence /2 ( F i g . 8)

u' = G / [ n 2 ( x sin / j - I - z cos /'2) — <] j

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ONDES PLANES DANS DES DEMI-ESPACES ÉLASTIQUES 115

•6 est u n coefficient de transmission. O n


doit avoir :

«2 sin Î2 = n'j sin i'j (D)

(Loi de Descartes-Snellius).

La continuité d u déplacement et de la
contrainte se t r a d u i t par :

1 + = IS (2) g ^φ^ΐαη
réfraction d'une onde SH.
μη2 cos /2(1 - ·Ή) = μ' n'2 cos i'2 6 . (3)

La c o n d i t i o n ( D ) peut t o u j o u r s être satisfaite si n'2 > « 2 · Par contre,


si la vitesse dans le second m i l i e u est supérieure à la vitesse dans le premier,
il n'y a d'onde réfractée que si l'angle d'incidence /2 est inférieur à u n
angle limite /. défini par :

sin /. = «2/^2 • (4)

Pour une incidence supérieure à cet angle limite o n ne peut plus décrire
le phénomène avec les seules ondes planes progressives. L'étude d u cas
de la source à distance finie permettra de c o m p r e n d r e l ' o r i g i n e de cette
difficulté (§ 6.2).
Dans le cas où le second m i l i e u est le vide, o n a seulement la c o n d i ­
tion (3) avec μ' = 0, d'où : .'K = L L a réflexion se fait avec conservation
de l ' a m p l i t u d e .

5.3. — Réflexion et réfraction des ondes P et SV. — Supposons m a i n t e n a n t


qu'une onde P dérivant d u p o t e n t i e l / [ « i ( x sin /\ -I- z cos /, ) — /] t o m b e
sur le plan z = 0. Le déplacement correspondant est :

u = «,[sin ("1 i + cos i\ k]f' (5)

et les contraintes ;

τ= η^,[μ sin 2 /', i + (/. + 2 μ) cos^ l'i k]/" .

Pour une onde dérivant de/[/72(^: sin /'2 + z cos /2) ~ ^ les q u a n ­
tités correspondantes sont :

u = n 2 [ - cos (2 i + sin /2 k]/' (6)

et
τ = nll— μ cos 2 ('2 i 4- μ sin 2 k]/" .

Pour z = 0, o n a quatre c o n d i t i o n s aux hmites à satisfaire. 11 f a u t


donc i n t r o d u i r e quatre ondes nouvelles : les ondes réfléchies dans le
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16 PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

premier m i l i e u et les ondes réfractées dans le second ( F i g . 9). P o u r une


onde incidente P p a r exemple les potentiels correspondants seront notés :

φ = Sippf[ni{x sin l'i — z cos i^)- t] ,

φ' = lSppf[n[(x sin l'i + z cos ('ί) - ί] ,

ψ = 3lps/[«2(^ sin Î2 - z cos /2) - i] j ,

ψ' = '^psf[n'2(x sin i'2 + z cos i'2) - t]'}.

Pour une onde incidente SV, on noterait les coefficients '.Rgp, '11^^,

Les arguments doivent être égaux p o u r z = 0 :

p = «1 sm I , = n , sm / , = «2 sm I2 = "2 sm I2 . (7)

Les coefficients de réflexion et de transmission sont donnés par les


c o n d i t i o n s de continuité. Par exemple p o u r une onde incidente P, on
aura, p o u r deux milieux solides soudés :

n , sin /,(1 + 'Λρρ) + «2 cos /2 ''Ips = n'^ sin /', X^pp — n'2 cos i'2 Έρχ
(8)
?7j cos / [ ( l — ·Ήρρ) + « 2 sin /2 ·'Κρχ = « Ί cos /", Tîpp + « 2 sin ('2 "δρχ J

p[cos 2 / 2 ( l + .'Jlpp)-sin 2 /2 ^ips] = p ' [ c o s 2 /2 Tipp + sin 2 /2 Î?PS]

sin 2 /,(1 - . ' l i p p ) - c o s 2 /2 .'ftps] = /o'[)''^ sin 2 /', Î p p - c o s 2 i'2 Sps]


(9)
en posant :

y = «i/«2. y' = n'jn'2,

p et p' désignant la densité de chaque


z
SV \ milieu.
La discussion sur la réalité des
angles de réfraction i'i et i'2 donnés
par (7) est analogue à celle q u i a été
réfr. S>
faite p o u r les ondes SH. P o u r une
onde incidente P i l y a t o u j o u r s une
onde réfléchie SV. Par contre, il

P ,
existe une incidente l i m i t e p o u r les
incld. ondes SV au-delà de laquelle i l n ' y a
plus d'onde P réfléchie.
D a n s le cas où le second m i l i e u est
le vide, le système se réduit à l ' a n n u ­
F I G . 9. — Réflexion et réfraction l a t i o n des premiers membres des équa­
d'une onde P. tions (9). N o u s renverrons à ( G u t e n -
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ONDES PLANES DANS DES DEMI-ESPACES ÉLASTIQUES 117

berg, 1944) p o u r une discussion de l a v a r i a t i o n des coefficients en fonc­


t i o n de l'angle d'incidence et nous bornerons à i n d i q u e r c o m m e n t se
répartit l'énergie p o u r le cas l i m i t e d'une incidence n o r m a l e , p o u r u n
second m i l i e u quelconque. D a n s ce cas, q u a n d / j devient très petit,
'Â PS et TSps sont de l ' o r d r e de /Ί et en négligeant ces termes o n o b t i e n t :

6pp = IIP'IP + n\ln{] ' = 2 'Sipplp'jp - n'Jn.T (10)

U n calcul analogue peut être fait p o u r une onde incidente SV.


Pour une incidence quasi n o r m a l e l'énergie incidente se répartit
seulement entre l'onde réfléchie et l'onde réfractée de même nature que
l'onde incidente. L ' a m p l i t u d e de l'onde réfléchie est d ' a u t a n t plus grande
que le r a p p o r t des « i m p é d a n c e s » \/ρ{λ + 2μ) diffère plus de l'unité.
Elle est nulle q u a n d cette quantité est c o n t i n u e à travers l'interface.
Q u a n d le plan Σ ne constitue pas une discontinuité dans le m i l i e u , o n a
évidemment transmission de l'onde incidente sans t r a n s f o r m a t i o n . Q u a n d
la discontinuité est très faible, o n a p o u r une onde incidente P : Έρρ # 1,
les autres coefficients étant de l ' o r d r e de la v a r i a t i o n relative des p a r a ­
mètres élastiques et des indices. Cette remarque peut être utilisée lorsque
l ' o n assimile u n m i l i e u où les propriétés varient de façon c o n t i n u e à u n
milieu composé de couches homogènes (Jeffreys, 1970, p. 36).

5.4. — Milieu stratifié. Méthode de Thomson-Haskell. — N o u s allons pré­


senter le calcul des coefficients de transmission et de réflexion d'ondes
de v o l u m e à travers u n empilement de couches planes homogènes, en
nous b o r n a n t a u cas des ondes sinusoïdales (/(z) = exp(i/?z)).
L a méthode de T h o m s o n - H a s k e l l consiste à i n t r o d u i r e u n vecteur S„
ayant p o u r composantes toutes les quantités scalaires q u i figurent dans
les conditions de continuité : composantes d u déplacement, composantes
des contraintes q u i s'exercent
sur la frontière plane d'une c o u ­ y
che. Soit S„ le vecteur corres­
pondant à la couche de r a n g n.
0
En passant d u sommet (de cote
z = z „ _ , ) de cette couche a u y -
sommet (de cote z = r„) de l a
couche sous-jacente, de r a n g
( « - I - 1) ( F i g . 10), o n o b t i e n t
p o u r les vecteurs S„ et S„+i 2n-i
une r e l a t i o n linéaire définie p a r Hn Cbuche n
la matrice de transfert G„ : Zn
Couche (n+l)
S„+i(z„) = G „ S „ ( z „ _ i ) . (11)

N o u s étudierons successivement
le cas des ondes SH et celui des F I G . 10.

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18 PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

ondes P et SV. N o u s désignerons par H„ = z„ — z „ _ i l'épaisseur de


la couche de rang n.

Ondes SH. — L e déplacement u = F j résulte de la superposition de


deux ondes :

V" = A e x p ( i ( / x - pt) - isz)

se propageant vers le h a u t , et

V = B e x p ( i ( / v - pt) + isz)

se propageant vers le bas.

O n prendra p o u r vecteur S à la p r o f o n d e u r :

v: + v:
S„ = dV„ =
μη ^nivn - V':) •

Dans la p r o p a g a t i o n , la vitesse apparente h o r i z o n t a l e c = pif est


constante, alors que le paramètre ί lié à l'incidence / varie :

5 = /7 cos 'ήβ ,

β étant la vitesse des ondes S.

L a continuité d u déplacement à l'interface z = z„ s'exprime p a r :

. = + C + i = v: exp(is„ H„) + v: e x p ( - is„H„),

o u en séparant partie réelle et partie imaginaire dans exp :

1 + C + . = (V: + v:) cos s„ H„ + i(F„' - v;') sin s„ H„.

De même p o u r la c o n t r a i n t e :

dz

= ΐμ„ s„[F„'exp(is„ H„) - V; e x p ( - is„ //„)]

ou :
μ„+1 ^n^AVU 1- ι ) = μ„ S n [ ( K . ' - 1 ^ ; ) cos s„ //„ + i(F,; + F,,") sin s„ //„] .

D'où la matrice de transfert :

( cos ^n"n
s„ //„ 1(μ„ s j ' sin s„ H„\
'U'n
" \iu„s,.sin.s„//„
V^„s„'.' cos .s- H,. /• ^ '
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ONDES PLANES DANS DES DEMI-ESPACES ÉLASTIQUES 119

Nous supposerons que l a couche de r a n g n est d'épaisseur infinie alors


que la première couche a sa surface l i b r e . Par conséquent en surface S j ,
a sa seconde composante nulle. A u sommet d u m i l i e u indéfini o n a :

L!(i-K„") = ^ — • ^ - ^ - 0

Soit A le p r o d u i t des matrices G; :

A = M i l ^ 2 l \
U l 2
"' « 1 2 ^22'
I l vient :

v: + K„" = A,,V,

Vn- v: = A2,VJp„s„.

D'où le coefficient de réflexion :

.% = VJV: = {μ„ s„ A,, + Α2,)Ι(μ„ s„A,,- A^,) (13)

et le déplacement superficiel :

V, = ν:.2μ„3„Ι(μ„3„Α^, - A2,). (14)


Pour une incidence donnée, q u a n d l a période des ondes varie, l ' a m p l i ­
tude d u m o u v e m e n t en surface passe p a r des extremums correspondant
aux m i n i m u m s de \ μ„ s„ A^ — Ajil- Par exemple, dans le cas d'une
couche d'alluvions de 100 m d'épaisseur (β = 0,25 km/s, p = 1,7 g/cm^),
p o u r une incidence n o r m a l e le déplacement superficiel peut atteindre
22 fois le déplacement dans une couche sous-jacente granitique
(β = 3,5 km/s, p = 2,7 g/cm^), les périodes de résonance correspondantes
étant 1,6 s, 0,53 s... (Haskell, 1960). Ces périodes existant dans le spectre
des mouvements observés dans les régions épicentrales, l'effet de réso­
nance peut expliquer l a vulnérabilité des structures construites sur u n sol
n o n consolidé.

Ondes P et SV. — E n prenant l'axe Oy sur l'intersection d u p l a n de


stratification et d u f r o n t d'onde, o n peut mettre le déplacement sous
la forme :

_ δφ δφ
δχ δζ

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120 PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

les différents potentiels étant de la forme :

ί φ' = A e x p [ i ( / x - pt) + i r z ]
Pour les ondes P
φ" = B e x p [ i ( / x — pt) — i r z ]

avec :
2 „2

ψ' = C exp[i(/x - p i ) + i s z ]
Pour les ondes SV
[ψ" = D exp[i(/x - p i ) - i s z ]

avec ;

Dans la couche de rang n, introduisons le vecteur Φ„ de composantes

(Ψη, Ψ'η, ^'ή) •

Le vecteur S„(H„, W„, ZZ, XZ) s'en déduit par :

S„ = Τ.Φ„

T„ étant la matrice :

- K i/ \
i/ - i/
(15)
μη - 2p„/s„ μ„ q„ 2 P„/s„
- μη<1η 2μ„/Γ„
\ - 2 p„>„

avec

Posons :

O n obtient en inversant T„ :

φ = S

avec

/2iμ„/r„s„ rnSn fSn \


in 2ip„fr„s„ fVn -r„s„
. (16)
2ίμ„/'-„ s„ Ψη Qn S„ rnS„
\-ψη qr,r„ 2 'ψ„^„ s„ -fr-n ~r„sj
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ONDES PLANES DANS DES DEMI-ESPACES ÉLASTIQUES 121

Lorsque, dans la couche de r a n g n, o n passe de la p r o f o n d e u r z „ _ i à


la profondeur z„, o n a :

Φ„(ζ„) = £„Φ„(ζ„_,)

E„ étant la matrice diagonale d'éléments

(exp(i/-„ //„), exp(ii„ H„), e x p ( - ir„ //„), e x p ( - \s„ H„)). (17)

On en déduit la t r a n s f o r m a t i o n p e r m e t t a n t de passer d'une couche à la


suivante :

S„+,(z„) = S„(z„) = r„ Φ„(ζ„) = T„ E„ Φ„(ζ„_ι) = T„ E„ T „ - ' S „ ( z „ _ i )

d'où :

G„ = T „ £ „ 7 ' - ' . (18)

Nous ne ferons le calcul que p o u r une onde incidente P a r r i v a n t sur la


base d ' u n empilement de couches analogue à celui étudié plus haut. A la
surface libre le vecteur a p o u r composantes :

(«1, Wi, 0, 0 ) .

On a donc au sommet de la couche infinie de r a n g /; :

S„(z„_,) = A (19)
0
0

A désignant la matrice p r o d u i t :

A = G „ - i . G „ _ 2 ... C2.G1 .

De: (19) o n déduit :

"1 u
w, w
φ„ = T-'A = R
0 0
0 0

avec

Rl2 RX3 RiA


Λ21 R22 « 2 3
R = r'^ A =
R32 R33 « 3 4

R42 « 4 3 R44.!

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122 PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

O r , p a r hypothèse, l ' o n d e incidente est une onde P p u r e , d o n c φ"„ — 0.


On obtient les relations :

ψ'„ = R , , M , + R,2 w ,

Vn = «21 " l + «22 W, I


> •
(20)

= «31 " l + « 3 2 VV, ^

0 = U, + W, ;

Posons

Δ = i?3i.«42 — Λ 4 1 . Λ 3 2 •

O n obtient :

— P o u r le déplacement superficiel :
(21)
"1 = «42 ψ'ήΜ Vf, = - R 4 1 φ';ΐΔ

— P o u r l ' o n d e P réfléchie :

Ψη = ( « 1 1 « 4 2 - «12«4l)V';7^.

— P o u r l ' o n d e SV réfléchie :

φ: = ( « 2 . « 4 2 - « 2 2 «41 ) (^:/^ •

Ί—Γ

40 50 60
PÉRIODE(SLC)

F I G . 11. — Répartition de l'énergie entre ondes P et SV réfléchies en fonction de


la période et de l'angle d'incidence à la base de la croate. Le modèle choisi comporte
une couche homogène de 37 km d'épaisseur (a = 6,285 km/s, β = 3,635 km/s,
p = 2,869 g/cm3) sur u n milieu indéfini (a = 7,960 km/s, β = 4,600 km/s,
p = 3,370 g/cm3). D'après HASKELL, 1962.

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SOURCE A DISTANCE FINIE D'UNE DISCONTINUITÉ 123

La figure 11 donne un exemple de répartition d u flux d'énergie dans


l'onde P réfléchie p o u r u n modèle de croûte continentale, en f o n c t i o n de
la période et de l'angle d'incidence à l a base de la croûte. Les valeurs
indiquées correspondent à la f r a c t i o n de l'énergie réfléchie sous f o r m e
d'onde P. L a même figure peut être utilisée p o u r la réflexion d'ondes 5
en utilisant la seconde échelle d'ordonnées.

6. — S O U R C E A DISTANCE FINIE D'UNE DISCONTINUITÉ PLANE

Nous examinerons maintenant le cas d'une source à distance finie de


la frontière d u milieu ; la c o u r b u r e des fronts p r o d u i t alors des phéno­
mènes de diffraction. O n peut définir une source soit, c o m m e dans ( 4 . 4 ) ,
par des forces de volume concentrées en u n p o i n t o u réparties dans u n
certain v o l u m e , soit par des forces de surface s'exerçant sur la frontière
du milieu étudié. Dans les deux cas, compte tenu de la linéarité des
équations de l'élasticité, o n peut se borner à une e x c i t a t i o n dans le temps
définie par une d i s t r i b u t i o n de Dirac. L a s o l u t i o n u correspondant à une
l o i / ( t ) sera obtenue par c o n v o l u t i o n de la s o l u t i o n élémentaire U o ( M , t)
obtenue précédemment, par cette l o i :

u ( M , f) = fit - t ) Uo(M, τ ) d r

O n p o u r r a de même o b t e n i r la s o l u t i o n p o u r une source étendue dans


l'espace par c o n v o l u t i o n de la s o l u t i o n valable p o u r une source ponctuelle
ou linéaire avec la f o n c t i o n densité de source.

Les problèmes à résoudre peuvent se décrire c o m m e suit :

) formulation : Source définie par une d i s t r i b u t i o n de forces de v o l u m e .


E q u a t i o n de l'élasticité n o n homogène

L(u) = (/. + μ) grad d i v u + μ Au - pu = ρδ{ί - ÎQ) δ{Μο M ) k ,

ou équations d'onde n o n homogènes p o u r les potentiels.

C o n d i t i o n s aux limites homogènes :


u et τ continues sur les interfaces soudées
ou τ = 0 sur une surface libre

u (00) = 0 .

M i l i e u i n i t i a l e m e n t au repos

u ( i < 0) = 0 = u ( i < 0 ) .

2*! formulation : Source définie par une d i s t r i b u t i o n de contraintes


superficielles.
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PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

E q u a t i o n de l'élasticité homogène :

L(u) = 0 .

C o n d i t i o n s aux limites n o n homogènes, Par exemple :

τ = (%t - to) δ{Μο M ) k , MoeZ.

M i l i e u initialement au repos

u ( i < 0) = 0 = i l ( i < 0 ) .

E n utilisant, dans le m i l i e u q u i contient la source, la s o l u t i o n élémen­


taire déterminée p o u r un m i l i e u indéfini en (4.4), o n peut passer d u cas I
au cas 11. Pour résoudre le problème, o n utilise généralement une trans­
f o r m a t i o n de F o u r i e r o u de Laplace p o u r ramener l'équation de l'élas­
ticité, o u l'équation des ondes satisfaite par les potentiels, à une équation
ne contenant plus de dérivée par r a p p o r t a u temps. O n peut opérer de
même une t r a n s f o r m a t i o n par r a p p o r t à une variable d'espace choisie
en f o n c t i o n des symétries d u problème.
Par exemple, o n effectuera une t r a n s f o r m a t i o n de F o u r i e r par r a p p o r t
à une coordonnée cartésienne si le phénomène ne dépend que de deux de
ces coordonnées (déformation plane), et une t r a n s f o r m a t i o n de H a n k e l
si le problème admet une symétrie de révolution a u t o u r d ' u n axe.
N o u s étudierons plusieurs exemples de problèmes d u type 11 dans u n
ordre de complexité croissante, de façon à faire apparaître successive­
ment différents éléments caractéristiques de la p r o p a g a t i o n d'ondes dans
un m i l i e u limité p a r u n p l a n en utilisant une méthode due à L. C a g n i a r d
(1939). N o u s commencerons p a r le cas d'une ligne de sources parallèle
à la surface libre de façon à n'avoir que deux coordonnées d'espace.

6.1. — Ligne de sources SH sur la surface libre d'un demi-espace. — N o u s


considérerons le cas où les contraintes superficielles sont exercées le long
d'une droite — prise p o u r axe Oy — parallèle­
ment à cette d r o i t e ( F i g . 12). Le déplacement
est, par raison de symétrie, parallèle à Oy et
ne dépend que des coordonnées x et z.
L'équation sadsfaite p a r la composante υ d u
déplacement est celle des ondes SH :

z
FIG. 12. — Ligtie de
sources SH à la surface d'un
demi-espace. n étant l'indice d u m i l i e u {n' = p//<)-
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SOURCE A DISTANCE FINIE D'UNE DISCONTINUITÉ 125

Les contraintes sur la surface libre z = 0 se réduisent à :

La source sera définie par :

z = 0, 7} = oix)f(t) (2)

avec

fU < 0) = 0 .

La méthode de Cagniard consiste à i n t r o d u i r e la transformée de Laplace


(notée ultérieurement T . L.) d u déplacement (des potentiels, dans le cas
général). N o u s poserons :
•oc
v(x, z, s) = e - " lix, z, f) d i . (3)
•I 0

Toutes les intégrales de ce type utilisées par la suite sont supposées


exister, c'est-à-dire q u ' i l existe un réel SQ positif, tel que (3) soit conver­
gente p o u r :
Re s > SQ .
Si les fonctions υ et υ sont nulles et continues p o u r ί = -I- 0, et finies o u
de croissance exponentielle au plus p o u r ί = -f- oo (points q u i d o i v e n t
être vérifiés à la fin des calculs), o n peut écrire :

e ~ " Av d i = e " ^ V dt = v.
0 ' 0

Soit :

Δυ = ύ . (4)

Des solutions élémentaires de cette équation o n t la forme :

!;-t = e x p [ i t o + Jk^ + sz] . (5)

Elles correspondent à des ondes planes.


N o u s prendrons : Re + > 0 ; par suite, υ_ tendant vers zéro
à l ' i n f i n i dans le m i l i e u est l a s o l u t i o n élémentaire convenable, si l'axe
des z est dirigé vers l'intérieur.
U n e s o l u t i o n plus générale a p o u r expression :

V = P(k) exp[iksx - sjk^ + sz] dk (6)

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PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

P(k) étant une f o n c t i o n choisie de façon à satisfaire la c o n d i t i o n aux


limites (2).

E n prenant la T . L . de (1) et (2), o n obtient p o u r z = 0 si

fis) = T.L./(i):

- /(S Pik) exp(i/csx) V/c^ + dfc = (5(x)/(s).

Or,
+ 'Xi

δ{χ) = exp(ifcsx) disk).


2π — GO

O n peut donc prendre :

Pik) = - 7(.s) [ 2 πμ ^k' + n ^ " ' .

L a T . L. d u déplacement est par suite :

dk
e x p [ i t e - \Jk^ + sz] . il)
2πμ J

Elle apparaît c o m m e le p r o d u i t de la T . L. d u signal à la source et d'une


f o n c t i o n q u i t r a d u i t l'influence de la p r o p a g a t i o n :

V = - ^fis) Fix, z, s) .
λ πμ

L a f o n c t i o n f est la T . L. d'une fonction Fix, z, 0 ·


Le déplacement est donc obtenu par c o n v o l u t i o n d u signal fit) et
de la f o n c t i o n , F, réponse impulsionnelle d u m i l i e u :

vix, z, 0 = - ^ [ / ( i - τ ) Fix, z, t ) d r . (8)


2πμ J0

I l suflit donc de déterminer l ' o r i g i n a l de F.


L a clé de la méthode de L . Cagniard consiste à transformer l'exposant
de (7) de façon à écrire l'intégrale sous une forme analogue à (3). Posons :

- t = ikx - sjk^ + rp- z . (9)

O n opère un changement de la variable /c à la variable t. L a présence


des radicaux oblige à quelques précautions. Le radical est n u l p o u r
k = ±m. Les trajets d'intégration se faisant dans le p l a n complexe
k = a + ίβ, nous devons rendre le radical u n i f o r m e et p o u r cela nous
nous interdirons de franchir les demi-droites i + in, + i oo) i - in, — i oo)
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SOURCE A DISTANCE FINIE D'UNE DISCONTINUITÉ 127

en introduisant des coupures sur l'axe imaginaire Οβ. N o u s choisirons


la détermination arithmétique d u radical p o u r A; = 0.

Si l ' o n résout l'équation (9) par r a p p o r t à k, o n obtient :

k = (i.x-r ± z V ' i ^ - rP- r^)jr^ = ( i i sin 0 + cos 0 V ' ^ - r^)lr

en i n t r o d u i s a n t les coordonnées polaires : z = r cos et x = r sinO.


0 est l'angle de O M avec Oz. Par raison de symétrie, o n p o u r r a se borner
au cas où 0 ^ 0 < π/2.

Pour / ^ nr o n a

α = Re Â: = cos θ V i ^ - r^/r
j5 = I m Â; = sin O.t/r

et par suite :
(β^/sm^ 0) - (a^/cos^ Θ) = (10)

Pour un p o i n t M(r, 6)fixe,


le lieu de l'affixe de k, q u a n d
t varie de nr à l ' i n f i n i , est
une branche de l'hyperbole
H (10) ( F i g . 13). Le sommet
de cette hyperbole est le
p o i n t (0, n sin 0) situé a u -
dessous de la coupure. L ' i n ­
tégrale de (6) est prise le l o n g
de l'axe réel. L ' a p p l i c a t i o n
d u théorème de Cauchy nous
permet de passer à une inté­
grale prise le l o n g de (H). Rappelons que l'intégrale le l o n g d ' u n
c o n t o u r fermé d'une f o n c t i o n h o l o m o r p h e à l'intérieur d u c o n t o u r est
nulle. I n t r o d u i s o n s des arcs de cercle de centre O, de r a y o n K j o i g n a n t
les points de l'axe réel aux points de la branche d'hyperbole. O n
a le l o n g de la courbe Γ ainsi constituée :

ak
= exp[i/c.9x - V/c^ + 5z] = 0
r-ylk' + n^

soit :

-I- = 0,
+
en désignant par y les deux arcs de cercle, par H' la partie de la branche
d'hyperbole intérieure a u demi-cercle.
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PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

Q u a n d K = \ k \, p o u r k e y, tend vers l ' i n f i n i , l'intégrale tend

vers zéro à cause de l'exponentielle. O n peut écrire à la l i m i t e :

·+ dA-
F = exp(iA's.\- - yjk' + n' sz)
\/k' + n

e-»'G(A,)^tdi - r-G(A'_)^^df

G représentant la f o n c t i o n à intégrer, k+{t) et A-_(i) les deux solutions


possibles correspondant aux demi-branches H'+ et H- parcourues comme
l ' i n d i q u e la figure 13.
O n a : /r_ = kX (k* complexe conjugué de Â-) ; par suite,

G(fe_) = G ( - A i ) = G*(A J

puisque G ne dépend que de k' et de n réel. A i n s i

F = 2 Re

O n v o i t ainsi que F est la transformée de Laplace de la f o n c t i o n :

F = 2 Re ( G(A^) H(t - nr), (11)

H étant la f o n c t i o n de Heaviside, avec :

k^ = ( i r v -I- z v'/^ - n' r')lr' .

U n calcul simple m o n t r e que :


- ΠI·^
F = 2 " ï ~ '"•^ (12)
V i ' " - n' r'

O n retrouve une s o l u t i o n bien connue de l'équation des ondes cylin­


driques ( C o u r a n t et H u b e r t , 11, p. 685). Le front d'onde est le cylindre
t = nr, p o r t e u r d'une discontinuité faible.
Revenons à la s o l u t i o n complète :

_ _ 1
πμ

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SOURCE A DISTANCE FINIE D'UNE DISCONTINUITÉ 129

Le déplacement et la vitesse sont bien nuls p a r t o u t (sauf p o u r r = 0)


à l'instant initial. L a singularité à l'origine vient de ce que la charge est
concentrée. Pour une charge distribuée sur l'axe Ox, le déplacement
serait obtenu par c o n v o l u t i o n de la solution précédente et de la l o i d o n ­
nant la densité de c o n t r a i n t e sur Ox.

6.2. — Ligne de sources SH à la frontière de deux demi-espaces soudés. —


Pour mettre en évidence la f o r m a t i o n d'ondes diffractées, nous suppose­
rons maintenant que la ligne source est située sur la frondère entre deux
demi-espaces homogènes différents d'indices n et (n > « , ) et de r i g i ­
dités μ et μ,. L'indice 1 sera affecté au m i l i e u z < 0.
La solution dans le m i h e u supérieur (z > 0) a la forme (6). Dans le
milieu inférieur o n a :
r + vj
f, = Pi{k) exp[iA:.sx + \/k' + nf sz] dk , (6i)

le radical étant l u i aussi r e n d u u n i f o r m e par la coupure (-1- i n j , + i co)


dans le demi-plan I m A: ^ 0.
L a continuité d u déplacement p o u r k = 0 entraîne :
P{k) = P,(k).

La c o n d i t i o n à la frontière s'exprime, p o u r l a charge (2), par :

μ-^- μ,^ = δ(x)fit) pour z = 0, (14)

par suite :
P = - / ( s ) . [ 2 π{μ V/c" + n' + μ, J k' + « ^ ) ] " ' . (15)

La méthode précédente s'applique p o u r le calcul des intégrales (6) et (oj).


On posera :

- t = ikx — \Jk' + n' ζ p o u r (6)

- t = ikx + yjk' + n\ ζ pour (6,).

Aucune difficulté ne se présente p o u r l'évaluation de l'intégrale corres­


pondant au milieu à vitesse plus grande, le sommet de l'hyperbole étant
toujours au-dessous d u p o i n t de branchement le plus bas. O n a donc dans
ce milieu une onde SH k f r o n t c y l i n d r i q u e t = iii r, mais d ' a m p l i t u d e plus
compliquée à cause de la forme de ( 15).
Dans le milieu à vitesse plus faible, l'hyperbole ne traverse pas la c o u ­
pure et o n a u n f r o n t c y l i n d r i q u e / = nr, si son sommet est au-dessous d u
p o i n t de branchement, c'est-à-dire si :
n sin 0 < rt, . (16)
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30 PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

L'égalité des deux membres correspond à l'angle l i m i t e OQ de la loi de


Descartes-Snellius : sin OQ = njn.
Cette partie d u f r o n t d'onde est donc constituée d'une partie de
cylindre ( F i g . 14). Dans la région OQ < θ < π/2, l'hyperbole rencontre la
coupure et, p o u r appliquer correctement le théorème de Cauchy, i l faut
i n t r o d u i r e un arc symétrique par r a p p o r t à Οβ c o n t o u r n a n t les points de
branchement ( F i g . 15).

t = nr

espaces. Fia. 15.

O n m o n t r e aisément que la c o n t r i b u t i o n d u demi-cercle de centre irii


tend vers zéro avec le r a y o n de celui-ci.

Le l o n g d ' u n segment i n f i n i m e n t voisin de l'axe Οβ o n peut poser :

k = + δ + i[tsmO - cosO V « ' - t^]lr (17)

δ étant réel, infinitésimal et / étant c o m p r i s dans l'intervalle :

nr ^ t ^ nr cos (0 - θ^). (18)

Le calcul de l ' a m p l i t u d e nécessite une discussion sur la valeur de V/c^ + ni


de p a r t et d'autre de la coupure. N o u s nous bornerons à remarquer q u ' i l
s ' i n t r o d u i t u n nouveau f r o n t d'onde d'équation ;

t = nr cos (0 - θο) = nicosOg-z + sinOo-^^) (19)

dans la région OQ 0 ^ π/2. Ce f r o n t coupe l'axe des x au p o i n t où


arrive le f r o n t c y l i n d r i q u e d u m i l i e u inférieur et peut être considéré
c o m m e l'effet de l'excitation d u m i l i e u supérieur p a r les contraintes dues
au passage d u f r o n t dans le m i l i e u inférieur. P o u r Θ = OQ, o n retrouve
t = nr. Le f r o n t p l a n est donc tangent au f r o n t c y l i n d r i q u e / = nr ( F i g . 14).
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SOURCE A DISTANCE FINIE D'UNE DISCONTINUITÉ 131

On peut montrer que les rais correspondants satisfont le principe de


Fermât.
On peut vérifier (en utilisant par exemple le théorème sur la v a r i a t i o n
de l'argument) que la f o n c t i o n au dénominateur
n'a pas de zéros dans le demi-plan considéré. Par
suite, en dehors d'une éventuelle discontinuité sur
le front, l'amplitude reste finie.

6.3. — Ligne
demi-espace
de sources
(Fig. 16). —
SH
Si
à
la
l'intérieur
source est à
d'un
~ Z
l'intérieur du milieu, on voit apparaître des
ondes nouvelles : les ondes réfléchies p a r la
surface libre.
Soit H la p r o f o n d e u r de la ligne. Dans la J:^,,'^^S^,^:,
bande O ^ z ^ H, o n utilisera la s o l u t i o n sous d'un demi-espace.
la forme complète :

V = P+{li) exp[ifcsx + V/c' + n' s(z - //)] dfc +

(- + CC
-I- P_{k) exppfcsx - V f c ' + n' s(z - //)] àk .

Dans le demi-plan z > H on p r e n d r a l'expression analogue à (6)


r + co
V = P(k) exp[ifc.sx - ^k' + n' s{z - H ) ] dfc .

L a continuité d u déplacement c o n d u i t à :

P = P+ -l· P-. (20)

La discontinuité des contraintes sur la surface z = H, 'a :

μ J e + n\P^ - P_ + P)= - /(,)/2 π . (21)

L'absence de c o n t r a i n t e s superficielles à ;

P + e x p ( - sH yjk' + n') - P_ exp{sH Jk' + n') = 0. (22)

On obtient dans la couche (au facteur —/(.9)/4 πμ près) :

dk I
V = - = : - - - ^ = exp[i/csx + \Jk' -\- n' s{z - //)] +
J e + n'

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PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

Ces intégrales peuvent être évaluées comme celle de 6 . 1 .


L a première onde est dirigée vers la surface, l a seconde p r o v i e n t d'une
source fictive symétrique de l a première p a r r a p p o r t à l a surface libre.
Dans le m i l i e u inférieur, o n o b t i e n t :

àk
exppfcsx - Vfc^ + s(z - H ) ] +

r + 00
àk
+ exp[i/csx - sjk^ s(z + H)\ .

O n obtient les deux ondes issues de la


source et de la source image. Les fronts
correspondants sont des p o r t i o n s de cylin­
-H
dres circulaires ( F i g . 17). Ce résultat était
bien entendu évident d'après la géométrie

y
/ V " des rais.

F I G . 17. — Fronts d'onde incident et réfléchi.

. 4. — Ligne de sources SH dans un demi-espace soudé à un autre. — Si le


m i l i e u q u i c o n t i e n t l a ligne de sources est soudé à u n autre demi-espace
de propriétés différentes, les phénomènes correspondent à une c o m b i n a i ­
son des effets obtenus en 6 . 2 et 6 . 3 . Les calculs s'effectuent de l a même
façon. 11 faut seulement i n t r o d u i r e dans le second m i l i e u de cote z < 0,
d'indice n , et de rigidité μι, u n déplacement d o n t la T . L . a l a forme :

Q{k) exppfesx + Jk^ + ni sz] dfe .

L a troisième des c o n d i t i o n s d u cas précédent (22) est à remplacer par la


c o n d i t i o n de continuité d u déplacement p o u r z = 0 :

Q = P+ e x p ( - sH^/k^ + + P- e x p ( + sH^Jk^ +

et p a r la c o n d i t i o n de continuité des contraintes :

= μ^/k^ + [ P + e x p ( - sH V f e ' -f- n^) - P _ e x p ( + sH slk^ -t- « ' ) ] .

Dans les expressions de v p o u r le premier m i l i e u l a c o n t r i b u t i o n corres­


p o n d a n t à l'onde directe P+ n'est pas modifiée. Par contre l ' a m p l i t u d e P_
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SOURCE A DISTANCE FINIE D'UNE DISCONTINUITÉ 133

est perturbée par la présence d u second m i l i e u . N o u s n'écrirons pas l'ex­


pression correspondante q u i est la forme :

F{k) àk exp[i/csx - J k' + n' s(z + H)]

F contient les deux radicaux J e + n et J e + n\. L a coupure sur


l'axe Οβ doit inclure les deux points i « et iw,. A u c u n e difficulté n'est
rencontrée dans l'évaluation de l'intégrale si AÏ, > « . Le f r o n t d'onde
réfracté dans le second m i l i e u reste accroché aux fronts incident et
réfléchi dans le premier m i l i e u ( F i g . 18a). Par contre si « , < n une onde
diffractée est p r o d u i t e q u a n d l'incidence d u f r o n t direct sur l'interface a
dépassé l'angle l i m i t e OQ = A r c sin (njn) ( F i g . ISb, c).

n,< n
θ< rc ai n
QQ = A ,^η)
6^
(c)

F I G . 18. — Ligne de sources SH dans


un demi-espace soudé à un autre.

a) Cas où le second milieu a u n


indice supérieur à celui d u milieu
contenant la source ;
b) Cas OÎJ le second indice est infé­
rieur, avant le décrochement d u front
réfracté ;
c) I d . après décrochement.

Dans le second m i l i e u la T . L. d u déplacement est donnée p a r :

= 2 dk exp[iksx + J e +nl sz - J e + n' sH] μ


υ, ~
μJe e + μ^Je + n\
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PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

L a présence dans l'exponentielle des deux radicaux r e n d l a discussion


plus complexe. A u lieu de suivre la méthode employée plus h a u t nous
utlHserons une méthode approchée, dite méthode d u c o l (voir chap. 25
§ 2.9).

Pour l'intégrale

ΰ, = I G(/c)exp(- s0{k))ak.

Le c o l est donné par :

Φ'{ko) = 0 .

Ici :

0{k) = - [ifex + Jê + n\z - sjk'"+ e //] .

D'où :

Φ'(Αο) = - [ i x + fco z/VfcÎ + n\ - ko Hjjkl + w'] = 0 .

N o u s poserons

— \ko = n sin θ = Πι sin θ, . (D)

D'où :
X = Htge - ztgO,

0(ko) = (nH/cos 0) - ( « i z/cos 0 , ) .

O n peut interpréter ces rela­


tions en considérant u n r a i issu
de la source s sous l'incidence Θ,
réfracté sur le p l a n z = 0 sous
l'angle ( F i g . 19) lié à 0 par la
r e l a t i o n de Descartes-SneUius (D).
X représente la distance horizontale
parcourue, 0iko) le temps mis à
p a r c o u r i r le r a i SM. L'expression
approchée de ûj fait apparaître le
terme exp(— s0(ko)) et l a trans­
formée inverse de Laplace donne
p o u r Vi une a m p l i t u d e p r o p o r t i o n -
FiG. 19. nelle à H{t - Φ(Α:ο)) c'est-à-dire
fait apparaître u n f r o n t d'onde
o r t h o g o n a l à tous les rais réfractés. O n peut m o n t r e r que ce f r o n t est
parallèle à une ellipse ayant S p o u r foyer et O p o u r centre.
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SOURCE A DISTANCE FINIE D'UNE DISCONTINUITÉ 135

6.5. — Ligne de pressions normales à la sur­


face libre d'un demi-espace ( L a m b en 1904)
(Fig. 20). — Par raison de symétrie, le dépla­
cement est contenu dans u n p l a n parallèle à
xOz et ne dépend pas de y. Les contraintes
superficielles sont définies p a r :
u
ί ^ = à{x)f{t)
1 9 = 0.

On recherche les potentiels ψ{χ, z) et ψ = i/r F I O . 20. — Ligne de pres­


sion normale à la surface d'un
(x, z ) . j (j vecteur unité de Oy) d'où dérive le
demi-espace.
déplacement de composantes (M, W). O n a :

Οψ
U = Αφ = n\ ψ
Jx dz
et

Αφ = ηΐφ
dz dx

Les T . L . des potentiels o n t des expressions de l a f o r m e (6) avec n =


ou «2 et deux poids Pi et P2. E n prenant la T . L . des c o n d i t i o n s à l a
surface, o n obtient deux ^ q u a t i o n s linéaires p o u r Pi et Ρ2· trouve
finalement, à un facteur f(s)/2 nps près :

P i = i2k^ + nl)/A P2 = - 2 i/c V/c^ -F n^M

Δ = (2 /c' + nlf - 4 fc' Vfc^ + n] V/c^ + ni •

L a suite de la discussion est analogue à celle faite plus haut p o u r les


ondes SH. Avec la détermination choisie p o u r les radicaux, Δ admet
des zéros sur l'axe Οβ, sur les coupures ( + 1 « , -I- i 00) et (— i 00, — i « ) .
En posant k = i/c, la valeur de la vitesse c est racine de :

(2 - c- nlf - 4 V(l - n?) (1 - ni) = 0 (23)

( E q u a t i o n de Rayleigh)

En particulier p o u r 2 = μ, o n t r o u v e c = 0,919
Le calcul des quantités q u i dérivent d u potentiel φ ne présente pas de
difficultés. L a branche d'hyperbole correspondant au changement de
variable k t passe t o u j o u r s au-dessous de la coupure dans le d e m i - p l a n
supérieur. O n t r o u v e p o u r l'onde l o n g i t u d i n a l e une expression de la
forme (11) avec u n f r o n t H(t - n , r), d ' a m p l i t u d e plus complexe que p o u r
l'onde SH.
P o u r le calcul des quantités q u i dérivent de φ, o n retrouve u n angle
Hmite OQ, défini p a r : sin OQ ~ η^ηχ.
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36 PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

Si l'angle (Oz, OM) d u r a y o n vecteur avec la verticale est inférieur à OQ,


le calcul est analogue a u précédent et o n t r o u v e u n f r o n t cylindrique
d'ondes SV. Si (Oz, OM) > θο, l a branche d'hyperbole a son sommet
sur la coupure et o n d o i t , c o m m e a u paragraphe 6 . 2 ci-dessus, introduire
u n c o n t o u r supplémentaire. 11 se p r o d u i t alors une onde plane transver­
sale s'appuyant sur le f r o n t SV précé­
dent et la trace de l ' o n d e P sur la sur­
face libre ( F i g . 21). Cette onde diffractée
est nécessaire p o u r annuler les contrain­
tes superficielles induites p a r le passage
de l'onde l o n g i t u d i n a l e .
Le déplacement superficiel d o i t être
traité à p a r t , car l'hyperbole corres­
pondante se replie sur la coupure (iw,,
i oo). E n prenant les expressions précé­
Fie;. 2 1 . — Fronls d'onde Pet
dentes p o u r z = - I - e et en faisant
SV engendrés par la source en
sur/ace. tendre ε vers zéro o n constate que le
déplacement superficiel présente une
singularité. L a f o n c t i o n G(k+) contenant ]/A en facteur devient infi­
nie p o u r k = i/c = it/x, soit x = et. Ceci correspond à la propagation
d'ondes de surface, dites ondes de Rayleigh, d o n t l'étude sera faite plus
l o i n (Chap. 8).

6.6. — Source linéaire à l'intérieur d'un demi-espace soudé à un autre demi-


espace. — L a méthode décrite plus h a u t est applicable. N o u s nous bor­
nerons à décrire les différents types de fronts d'onde possibles. T a n t que
les fronts d'onde cylindriques des ondes P et S émis par la source n'ont
pas atteint l'interface, o n peut utiliser les expressions d u ( 2 . 6 ) . L'arrivée
sur l'interface d u f r o n t P p r o d u i t deux fronts réfractés et réfléchis P et S.
I l en sera de même plus t a r d p o u r le f r o n t S. Si les vitesses des ondes
dans le second m i l i e u sont inférieures aux vitesses correspondantes dans
le m i l i e u q u i contient la source, les fronts réfractés ne se décrochent pas
des fronts incidents et réfléchis ( F i g . 22a). Par contre, si les vitesses y sont
plus grandes, o n a diverses possibilités p o u r la f o r m a t i o n de fronts dif-
fractés dans le premier m i l i e u après le décrochement des ondes réfractées
( F i g . 22h, c, d).

6.7. — Source SH ponctuelle à la surface d'un demi-espace. — N o u s étu­


dierons maintenant u n problème à symétrie de révolution p o u r donner
u n exemple d ' a p p l i c a t i o n de la t r a n s f o r m a t i o n de Fourier-Bessel. A la
surface d ' u n demi-espace o n exerce u n cisaillement défini en coordonnées
cylindriques ( F i g . 23) p a r :

zz = 0 , zr = 0 , ζθ = pf(t) g(r).
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SOURCE A DISTANCE FINIE D'UNE DISCONTINUITÉ 137

c;

F I G . 22. — Propagation dans deux milieux soudés,


a) Les vitesses dans le milieu contenant la source sont plus fortes ( K ' = 8 km/s,
K = 6 , W'=\,5, li^=-3,5) : les fronts ne se décrochent pas (/=6 s, h = OS=i km).
b) Les vitesses dans le m i l i e u contenant la source sont plus faibles ( K = 6 km/s,
V = %, W = 3,5, W — 4,5). Pour / = 1,8 s les fronts ne sont pas encore décrochés
(A = 8 k m ) .
c) Pour / = 8 s, l'onde réfractée est décrochée (Λ = 8 k m ) .

En un point M le déplacement p r o d u i t
est, par raison de symétrie, tangent a u
cercle d'axe Oz et indépendant de
l'azimut :

y{M, t) = v{r, z, t) g (24)

V satisfait l'équation de l'élasticité q u i


s'écrit ici :

dv d'v .
V 2 .
<^^V
(25) F I G . 23. — Source SH ponctuelle
rôr δζ' à la surface d'un demi-espace.
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38 PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

et les c o n d i t i o n s aux limites :

Ci,'
^ = fit) nr) pour z = 0

t' ( i < 0) = ύ ( i < 0) = 0 .

C o m m e plus haut o n recherche la T . L . d u déplacement

V = v(M, 1)6'"'dt.

Cette quantité satisfait les relations :

d'v dv d'v v 2 2-
(26)
dr r dr dz' r'

1^ = f(p) gir) pour = 0

avec

m = /(Oe-'"di. (27)
•> 0
Rappelons la propriété de réciprocité de la t r a n s f o r m a t i o n de Fourier-
Bessel ( o u de H a n k e l ) :
Si :

g(r) = G{k)JJkr)kdk
(28)

G{k) = g ( r ) J J , k r ) r dr .
J 0
étant une f o n c t i o n de Bessel d ' o r d r e m. C o m p t e tenu de la forme
de (26) et de l'équation différentielle satisfaite p a r : y = J„(x) :

x' y" + xy' + (x' - m')y = 0 (29)

nous rechercherons la s o l u t i o n de (26) sous la f o r m e :

V = V(p, z, k) kJ,{kr) dk (30)


J 0
p o u r laquelle o n d o i t avoir :

dV
^ = fip) Gik) pour z = 0, (31)

G étant donné p a r (28) avec m = 1.


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SOURCE A DISTANCE FINIE D'UNE DISCONTINUITÉ 139

On a alors p o u r V l'équation :

f-~ = in' p' + k') V


dz

dont les solutions sont :

F± = Qxçl± z si n' p' + k'] .

La solution q u i satisfait la c o n d i t i o n (31) et q u i s'annule à l ' i n f i n i si


l'axe Oz est dirigé vers l'intérieur d u m i l i e u est :

1/ = - / ( p ) G(fe) e x p [ - zsin' p' + k'^j^n' p' + k'.

Par suite :

V = - f(p) G{k) e x p [ - z V n ^ p' + fc'].(n' p' + k'y'^' dk . (32)


J0

Cette formule est à r a p p r o c h e r de la f o r m u l e obtenue au paragraphe 4 . 1


pour le cas de la ligne de sources. O n p e u t en p a r t i c u l i e r utiliser p o u r
la représentation de F o u r i e r :

2
Ji(kr) = - Im e x p [ — ikr cos co] cos ω dœ .
π J o

A u facteur pf(p) près, correspondant à l ' e x c i t a t i o n temporelle de la source,


la T. L. d u déplacement est donnée p a r :

1/2
u = Im COS ω d ω X
J 0
u du
Gipu) e x p [ — p [ z \/n' + u' + iur cos ω ] ] - -
xu' + n'

Le traitement de cette expression est analogue à celui de l'expression (7)


du paragraphe 4 . 1 , mais plus complexe. O n en t r o u v e r a u n exposé
détaillé dans ( C a g n i a r d , 1939) o u ( C a g n i a r d , F l i n n , D i x , 1962). Après
plusieurs changements de variable o n m o n t r e que cette expression
correspond à la T . L . d ' u n e f o n c t i o n n u l l e avant le passage d u f r o n t
d'onde émis p a r la source à l'instant i n i t i a l et se propageant à la vitesse 1 /n.
O n retrouve toutes les particularités mises en évidence dans l'étude
des lignes de sources. Dans le cas où une onde diflfractée existe son f r o n t
est conique, d'où le n o m d'ondes coniques (angl. head waves) donné
aux ondes diffractées.
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140 PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

7. — S O U R C E DANS U N E SPHÈRE HOMOGÈNE

L'étude des déplacements causés p a r une source ponctuelle dans une


sphère élastique présente des difficultés dues aux n o m b r e u x trajets que
p e u t suivre l'énergie émise p o u r atteindre le p o i n t d'observation et la
diffraction des fronts par la surface concave de la sphère. N o u s ne pourrons
ici que donner une idée des méthodes utilisées en nous b o r n a n t de plus
aux cas où u n seul type d'onde se propage, soit q u ' i l s'agisse d'ondes S H
dans une sphère élastique ( A l t e r m a n et K o r n f e l d , 1965), o u d'ondes P
dans une sphère liquide (Jeffreys et L a p w o o d , 1957). Le cas général a
été traité (Scholte, 1956) ( T a n y i , 1966) par des méthodes généralisant
celles q u i sont valables p o u r la propagation
d ' u n seul type d'onde. Le déplacement à la
source est supposé dériver d ' u n potentiel iso­
trope.
O n étudie d ' a b o r d le cas où le potentiel sca­
laire d'où dérive le signal est une fonction
R I exponentielle d u temps, le cas d'une excitation
) quelconque étant obtenu p a r une transforma­
i s / t i o n de F o u r i e r o u de Laplace. Si D représente
la distance d u p o i n t M à la source S ( F i g . 24)
o n p r e n d le potentiel de l'onde émise en S sous
la forme :

G{M, t) = e x p [ - p{t - ND)]lpND (1)


F I G . 2 4 . — Source dans une
N étant l'indice d u m i l i e u , p réel p o s i t i f ou
sphère élastique homogène.
imaginaire p u r .
O n peut exprimer le potentiel à l'aide des coordonnées sphériques
{R, Θ) de M dans la sphère grâce à la f o r m u l e de Clebsch :
X
exp(i/cZ))/i/cD = Σ vj„(/c m i n (R, d)) ζ[' \k max (R, d)) P„(cos 0) (2)
/1 = 0

OÙ û? = I o s I et où

2j„ = (!," + Cn', a ' V z ) = JWz.H^'iz) , (V = u + 1/2)

sont les fonctions de Bessel et de H a n k e l sphériques (Chap. 25).


L ' a m p l i t u d e de l'onde élémentaire de r a n g n c o m p o r t e u n terme,
t i ' ^ A : , R), c o n t i n u a u niveau de la source et u n terme d i s c o n t i n u sur la
sphère de r a y o n d. L a partie continue correspond à une onde q u i se
propage à p a r t i r d u centre O de la sphère. L a partie discontinue peut
être interprétée c o m m e une onde émise par l'ensemble de la sphère de
rayon Î/ à la fois vers l'extérieur (terme en ζ^' \kR)) et vers l'intérieur
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SOURCE DANS UNE SPHÈRE HOMOGÈNE 141

(terme en Ci"(kR)) (voir § 3 . 2 ) ; c'est d'ailleurs ce dernier q u i se trans­


forme en la partie continue en passant p a r l'origine.
Les conditions aux limites à satisfaire se réduisent, dans le cas étudié,
à l'annulation des contraintes à la surface de la sphère (de r a y o n a) et
à la régularité d u c h a m p p o u r R = 0. O n supposera m a i n t e n a n t q u ' i l
s'agit d'une onde 5//(§2.4) ; la seule composante n o n nulle des c o n t r a i n ­
tes est d'après (7) de ( 2 . 4 ) et (20c) de ( 4 . 7 ) ;

«=-"»^;^*·
Le développement (2) étant fini p o u r /? = 0, o n d o i t i n t r o d u i r e une
onde complémentaire d o n t le potentiel est de la forme :

G*= Σ vA„UkR)P„(cose)exp(- pt) (4)

avec : iA- = pN, de façon que

d
[G + G'] = 0. (5)
lôR
J =D
On obtient ainsi :

AnUjRYa+Likd) (c:'/R): = o.

Introduisons u n coefficient de réflexion σ p o u r une onde divergente ζ ή "


se réfléchissant sur la sphère de r a y o n α et y devenant σζΙ,'Κ Ce coefficient
est donné p a r la f o r m u l e déduite de (5) :

(ζl,'>/R): + σ(ζ],'ηR):^0.

Compte tenu de l'expression de J en f o n c t i o n des ζ^'' o n obtient l'expres­


sion d u potentiel de l'onde réfléchie sous la forme :

G* = f ^Jn(kd) J„ikR) γ^^^. P„(cos 0) e x p ( - pt). (6)


n=0 \^ ~ "ni

Au-dessus de la source l ' a m p l i t u d e d'une onde élémentaire de rang /;,


résultant de l'onde incidente de potentiel G et de l'onde réfléchie de
potentiel G * , contient le facteur ( ς ί " + σ„ζ1^')/(1 — σ„) ; en dévelop­
pant la f r a c t i o n o n fait apparaître des termes σΐ?(ζ1" -I- ζΐ^' σ„) que l ' o n
peut considérer c o m m e des ondes ayant subi 1, 2, m réflexions à la
surface.
L'inconvénient d u développement vient de sa faible convergence.
Pour étudier plus commodément des expressions de cette forme.
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142 PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

i W a t s o n a i n t r o d u i t l a t r a n s f o r m a t i o n suivante : ( c f Jeffreys et Lap­


w o o d , 1957)

/(V)
P , ( - cos 0) dv (7)
n=0 ^ '
. «in VTT

j OÙ L est u n c o n t o u r d u p l a n complexe v q u i entoure les p o i n t s v = 0 , 1 , 2 , . . .


I et exclut les singularités de / ( v ) . R e m a r q u o n s que les pôles d u terme
d ' o r d r e n d u développement sont donnés p a r :

σ„ = 1 ou [y„(/cR)/R];,=„ = 0 . (8)

Ils correspondent aux v i b r a t i o n s propres toroïdales de la sphère homo­


gène (Chap. 7 et 8).
P o u r évaluer la c o n t r i b u t i o n des ondes de v o l u m e o n peut soit trans­
former le c o n t o u r L en d e m i - d r o i t e parallèle à l'axe réel, puis clore le
I c o n t o u r p a r un demi-cercle et déterminer les résidus des pôles situés dans
I le d o m a i n e , soit utiliser la méthode approchée d u c o l ( v o i r C h a p . 25.2).
O n t r o u v e r a dans l ' a r t i c l e de Jeffreys et L a p w o o d une discussion
] détaillée des c o n d i t i o n s d ' a p p l i c a t i o n de cette dernière méthode. O n
remplace les fonctions à intégrer p a r leurs expressions asymptotiques
valables p o u r les hautes fréquences d u spectre d u signal. O n obtient
ainsi des expressions de la f o r m e :

i g(x,)exp[zç)(x,)]dx,
JL

OÙ Z est g r a n d et g(xi) p e u variable. Les « cols » sont donnés par :


φ'(Χι) = 0. P o u r une s o l u t i o n x de cette équation une valeur approchée
de l'intégrale p o u r z g r a n d est p r o p o r t i o n n e l l e à

g(x) exp[z(p(x)] .

I P o u r calculer le déplacement au p o i n t M(R, 0) o n trouve p o u r les cols x


i des relations de la forme :

0 = 2m A r c sin (x/a) + ε, A r c sin (x/R) + A r c sin (xjd) +


^ - f 2 Λ:π + 0 - (2 w -h ε, + ε^) π/2 (9)

où m représente le n o m b r e de réflexions sur la surface libre, k le nombre


de circuits a u t o u r d u centre, ε, 2 = ± 1 suivant les rais.
D e telles relations o n t une interprétation géométrique simple ; t o u t rai
émanant de la source et atteignant M après u n n o m b r e donné de réflexions
reste tangent à u n cercle Γ de r a y o n x, puisque ces réflexions se f o n t sans
changement d'incidence. Selon l a p o s i t i o n d u récepteur M u n r a i peut
p a r t i r de la source — et a r r i v e r en M — avant o u après a v o i r été tangent
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SOURCE DANS UNE SPHÈRE HOMOGÈNE 143

FIG. 25. — Différents rais pouvant atteindre le point M à partir de la source S.

Notations :
OS -~ d OM = R OA a OI = x = a sin a ^ R sin β = dun γ

SOM = 0 N o m b r e de réflexions à la surface = m


N o m b r e de circuits a u t o u r de O — /c.

Les rais sont tels que :


2 ma - i - ει yî -1- £2 •/ 2 kn + 0—Ç. m + ε, -| £2) π/2 0 (ε = ± 1) .

à) Onde directe (rn = k = 0), tangente au


cercle Γ de rayon x après Mu avant M2
Ml -.Ot = βι — γ ε, = — 1 εζ = + l
M2 : π — 02 βΐ -i ;· ει = £2 = — 1 .
b) Onde ρΡ (m = 1, = 0)
M l : Οι -- γ —a -! — α
£i = £2 = — 1
M2: βι ^ y — a -. π — (a -r- ^2)
ei = + 1 £2^ — 1.
f ) Onde PP
M}-. Oi = π — (γ ^ a) —
£ 1 = - - 1 £2 + 1
Λ/4 : ^ 4 = π — ()' 4 α) -Γ π — (^4 - a)
£| £2 = + 1 .

F I G . 26. — Position des trois rais pP, PP


et P'P par rapport à la caustique des ondes
réfléchies
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PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

à Γ. Les cols correspondants sont obtenus p o u r des valeurs différentes


des 8;. Quelques exemples sont donnés sur les figures 25a, b, c.
O n m o n t r e q u ' u n p o i n t de la surface peut être atteint p a r u n o u trois
rais ayant subi une seule réflexion ( F i g . 26). Le calcul de l ' a m p l i t u d e des
ondes correspondantes m o n t r e une différence notable entre les ondes
provenant en M après une réflexion en ^4, au voisinage de l'épicentre
{pP o u sS) o u en sur le demi-méridien q u i ne contient pas M (PP'
o u SS') et l'onde correspondant au trajet SA2 M (PP o u SS). Tandis
que les deux premières s'expriment à l'aide d'une f o n c t i o n de Heaviside
si le signal à la source correspond à une v a r i a t i o n brusque de pression
dans une sphère fluide, la troisième fait intervenir la f o n c t i o n associée
/ / j = — (1/π) l o g \ t \. Ceci explique le caractère différent des ondes obser­
vées en sismologie p o u r les ondes pP et PP : les premières o n t u n début
net, les secondes, d ' a m p l i t u d e plus grande, o n t u n début progressif O n
peut m o n t r e r que le trajet SA^ M correspond à u n m i n i m u m p o u r les
rais réfléchis une fois, le trajet SA3 M à u n m a x i m u m . Le trajet SA2 M
est m a x i m u m p o u r les trajets situés dans le plan méridien et m i n i m u m
p o u r des trajets sortant de ce p l a n . L'énergie peut ainsi suivre de n o m ­
breux trajets voisins d u r a i et de durée voisine de la valeur stationnaire,
mais plus longue o u plus courte, ce q u i explique les grandes amplitudes
observées et le manque de netteté des débuts. Par contre p o u r u n véritable
e x t r e m u m i l n'existe que très peu de trajets voisins d u r a i et leur durée
est t o u j o u r s o u supérieure o u inférieure, ce q u i explique les faibles
amplitudes et la netteté des débuts ( o u de la fin).
O n peut aussi interpréter la différence dans la forme des signaux en
r e m a r q u a n t que p o u r les trajets SA^ M et SA^ M Is r a i est tangent à la
caustique (enveloppe de la d r o i t e support d u r a i après sa réflexion) sur
le trajet SM, alors que 5.42 M l u i est tangent virtuellement ( F i g . 26).
Chaque contact avec la caustique p r o d u i t une m u l t i p l i c a t i o n de l ' a m p l i ­
tude des composantes élémentaires de F o u r i e r p a r /, ce q u i explique
le déphasage des composantes pP et PP.
Des méthodes analogues o n t été développées p o u r l'étude d'une sphère
composée de couches concentriques homogènes (Scholte, 1956).

I. — S I S M O G R A M M E S SYNTHÉTIQUES : MÉTHODES NUMÉRIQUES

U n e bonne p a r t des résultats f o u r n i s par la Sismologie (voir Chap. 10


et C h a p . 11) a été obtenue par l'étude des seuls temps d'arrivée de diverses
phases (à durée de trajet m i n i m a l e ) en f o n c t i o n de la distance épicentrale
(hodochrones). Si l ' o n veut tirer u n meilleur p a r t i de l ' i n f o r m a t i o n conte­
nue dans les sismogrammes observés — en p a r t i c u l i e r de l ' a m p l i t u d e
des phases — o n peut les comparer à des sismogrammes théoriques
correspondant à la p r o p a g a t i o n d'ondes à p a r t i r d'une source conve­
nable dans un modèle donné — p a r exemple u n modèle déduit de l'étude
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SISMOCRA M MES S YNTHÉTIQ UES 145

des hodochrones. O n peut envisager de calculer de tels sismogrammes


« synthétiques » à p a r t i r de l'expression analytique complète f o u r n i e
par la théorie. N o u s avons v u que ces expressions sont vite f o r t complexes
même pour des modèles simples.
Si l ' o n étudie des propagations à grande distance de la source o n ne
peut négliger la c o u r b u r e de la Terre. O n peut alors utihser le fait que
les vibrations propres d'une sphère constituent une suite complète per­
mettant de représenter t o u t déplacement comme une série de termes
correspondant à ces v i b r a t i o n s (Chap. 7 et 8).
Une autre approche est possible aussi bien p o u r le cas p l a n que p o u r
le cas sphérique : elle consiste à intégrer numériquement les équations de
propagation par la méthode des différences finies. C'est dans cette voie
que s'est engagé le groupe de Z . A l t e r m a n q u i a appliqué la méthode
avec succès à divers problèmes ( A l t e r m a n , K a r a l , 1968). N o u s présentons
à titre d'exemple le cas de la p r o p a g a t i o n d'ondes à p a r t i r d'une source
ponctuelle SH dans u n demi-espace composé de couches horizontales
homogènes.
Les dérivées q u i interviennent t a n t dans les équations d u m o u v e m e n t
que dans les conditions aux limites sont remplacées par des différences
entre les valeurs prises en des points voisins dans u n réseau régulier. A
cause de la croissance rapide d u n o m b r e de mémoires d ' o r d i n a t e u r
nécessaires au calcul, o n ne peut actuellement traiter que des problèmes
à deux dimensions. N o u s supposerons que le problème admet une symé­
trie de révolution. U suffit donc de construire u n réseau dans u n p l a n
méridien en i n t r o d u i s a n t des points de coordonnées cylindriques
{m ài; n Δ ζ ) . De même dans le temps o n considérera des instants p Δ ί .

On remplacera dans l'équation d u mouvement :

d'V ÔV d'V _ V _ ê'V


dr' r dr dz' r' ~ β' dt'

où β est la vitesse des ondes S, écrite a u p o i n t (m Ar, n Az, p At)

ÔVjdr par: ( F „ F „ _ i , „ , p ) / 2 ΔΓ

ô'VIdr' par : {V„^,,„,, - 2 F^,„,, + F„_i.„,p) Ar' etc.

les indices correspondant aux facteurs des pas {Ar, Az, At) dans les coor­
données d u p o i n t d u réseau. O n t r o u v e ainsi la r e l a t i o n de récurrence :

+ y'iArjAzf (F„,.„+i,, - 2 K„,,„.p + V^_„^,J


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PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

avec :

y = β At/Ar .

Cette relation permet de passer des valeurs calculées partant aux


instants p At et (p - 1) Δ ί a u x valeurs à l'instant {p + 1) Δ ί .

Par raison de symétrie V est n u l le l o n g de l'axe Oz :

O n d o i t vérifier que le calcul numérique se p o u r s u i t sans instabilité,


c'est-à-dire sans détérioration progressive de la précision. P o u r des
points assez éloignés de l'axe o n t r o u v e que la stabilité est assurée pour
le schéma donné plus h a u t si le pas temporel satisfait une inégalité de la
forme (si Ar = Az) :

PAt<kAr

k étant u n facteur de l ' o r d r e de 0,5.


Ce schéma, d i t explicite, peut être remplacé p a r d'autres schémas
p o u r le calcul des dérivées, stables quel que soit le pas temporel mais
obligeant à la résolution d ' u n système p o u r Κ „ , „ , Ρ + Ι .
Le schéma des différences finies ne peut être appliqué sans précautions
à la surface libre (z = 0) o u à t o u t e autre surface de discontinuité inté­
rieure. Par exemple l a c o n d i t i o n :

δν/δζ = 0 se t r a d u i t p a r : K,„,,,, = |/,„__ .

11 convient donc d ' i n t r o d u i r e une ligne fictive au-dessus de la surface


(z = - Δ ζ ) .
E x a m i n o n s m a i n t e n a n t l a question de la source. Dans le traitement
de problèmes à l'aide des potentiels, Z . A l t e r m a n choisit généralement
p o u r ceux-ci a u voisinage de la source des fonctions de la forme :

différence finie d'ordre n d ' u n polynôme /(/) de degré n. Par exemple


pour n = 3 :

<P(t) = [ m - 3/(1 - At) + 3 / ( / - 2 Δ/) - fit - 3 Δ/)](/Δ/)3

/(/) = Ait - ΚΙβγ H(t - Κ/β)ΙΚ ,

R étant la distance à l a source.


U n e telle expression est infinie à l a source même ; le déplacement est
très g r a n d et varie très vite dans son voisinage, ce q u i est incompatible
avec l ' a p p l i c a t i o n de la méthode des différences finies. O n peut entourer
la source d ' u n cylindre où une partie d u déplacement est calculée exacte-
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SISMOGRAMMES SYNTHÉTIQUES 147

FIG. 2 7 . — Exemple de sismogrammes synthétiques calculés par la méthode des


différences finies (d'après J . M . FRTZONNET) : Propagation dans un demi-espace
homogène d'ondes émises par une source constituée par un champ de forces radiales
réparties dans une sphère {centrée à 4 , 8 k m de profondeur). L a vitesse dans le milieu,
à coeffieients de Lamé égaux, est de 6 km/s. L ' a m p l i t u d e de la composante radiale
pour des points de la surface est multipliée (pour normalisation) par le facteur D^'^,
D étant la distance au centre de la source. O n observe les ondes longitudinales P
et les ondes de Rayleigh R.
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148 PROPAGATION DES ONDES EN MILIEUX HOMOGÈNES

m e n t p a r l'expression c o r r e s p o n d a n t à l ' o n d e incidente ; le reste étant dû


aux ondes réfléchies o u réfractées sur des interfaces éloignées de l a source
p e u t être calculé p a r l a méthode des différences finies. Les valeurs ainsi
obtenues sur le c y l i n d r e servent a u c a l c u l à l'extérieur de celui-ci.
Cette méthode i n t e r d i t de placer l a source a u voisinage de l a surface
l i b r e o u d ' u n e interface. P o u r éviter cette difficulté, A l t e r m a n et A b o u d i
(1970) o n t utilisé p o u r source une force de v o l u m e répartie, ce q u i revient
à t r a i t e r le problème avec l a première f o r m u l a t i o n d u p a r a g r a p h e 6.

BIBLIOGRAPHIE

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830 p. (§ 5).
W. M . E w i N G , W . S . JARDETZKY, F . PRESS, 1957. Elastic waves in layered média, 380 p..
Me G r a w H i l l , (§ 5).
B . GUTENBERG, 1944. Energy ratio of reflected and refracted seismic waves, BSSA, 3 4 , p . 85-
102, (§ 5).
N . A . HASKELL, 1960. Crustal reflection of plane SH waves. JGR, 6 5 , p. 4147-4150, (§ 5).
N . A . HASKELL, 1962. Crustal reflection of P and SV waves. JGR, 6 7 , p. 4751-4767, (§ 5).
H . JEFFREYS, 1970. The Earth. Cambridge University Press, 525 p., (§ 5).
H . JEFFREYS, E. R . LAPWOOD, 1957. Proc. Roy. Soc, A , 2 4 1 , p. 455-479, (§ 7).
A . E. H . LOVE, 1944. Theory of Elasticity, Dover, 643 p . ( § 4 ) .
P. G . RICHARDS, 1971. Elasticity theorem for heterogeneous média... GJ, 2 2 , 453-472, (§ 1 ).
J . G . J . SCHOLTE, 1956. On seismic waves in a spherical earth. K. Ned. Meteor. Inst., Med.
en Ver., 6 5 , (§ 7).
G . E. T A N Y I , 1966. Waves generated by an explosion i n an elastic sphère. GJ, 1 0 , 5, p . 465-
4 8 4 , (§ 7).

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CHAPITRE 6

ONDES E N M I L I E U ÉLASTIQUE
ISOTROPE HÉTÉROGÈNE

par

Georges J O B E R T

1. — É Q U A T I O N DE L'ÉLASTICITÉ

O n a v u (Chap. 4) que p o u r u n m i h e u élastique isotrope hétérogène


l'équation de l'élasticité prenait la forme :

[Agi uj Y + r' + w' I,)] j ; - p u , = 0 . (1)


En développant cette expression o n t r o u v e en plus des termes de l'équa­
tion (E) des m i l i e u x homogènes, des termes :

A|,MyK + M l i ( « j ' + M' U) (2)

dus aux variations des paramètres élastiques.


Leur présence empêche d'utiliser avec succès les potentiels scalaire et
vectoriel, bases des méthodes d u chapitre précédent. U n couplage s'exerce
en effet entre les parties rotationnelle et i r r o t a t i o n n e l l e d u déplacement.
On peut imaginer de traiter l'équation (1) comme une équation per­
turbée si les variations de λ et μ sont faibles p a r r a p p o r t à celles d u
déplacement. P o u r u n déplacement sinusoïdal dans le temps o n peut par
exemple considérer comme des p e r t u r b a t i o n s petites, celles q u i sont dues
à des variations relatives de λ et μ petites sur une distance comparable à la
longueur d'onde.
On préfère en général utiliser une extension de la méthode des rais
décrite plus haut [ 5 . 4 ] .

2. — T H É O R I E DES F R O N T S D ' O N D E E T DES R A I S

O n recherche c o m m e plus h a u t une s o l u t i o n de (1) d u paragraphe 1


ayant sur une surface Σ d'équation :

T(M) — ί = 0, une singularité représentable par le développement :

u = X A,(M) S,(T(M) - i) + R (l)


v= 0

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ONDES EN MILIEU ÉLASTIQUE ISOTROPE HÉTÉROGÈNE

les S„ étant des d i s t r i b u t i o n s définies a u paragraphe 5 . 4 , A , et R des


vecteurs réguliers sur Σ.
O n v o i t que les termes supplémentaires de la f o r m u l e (2) d u paragraphe 1
ne contiennent pas de dérivée seconde 5"'. L'équation de l ' e i k o n a l n'est
par conséquent pas modifiée.
U n résultat i m p o r t a n t apparaît ainsi : Dans un milieu hétérogène,
des surfaces porteuses de discontinuités peuvent se propager. Il existe :
1° des ondes longitudinales en première approximation, d o n t les fronts
satisfont la r e l a t i o n :

grad' Γ = π ^ = + 2 μ) , (2)

mais l'indice est ici f o n c t i o n d u p o i n t considéré.


2" des ondes transversales en première approximation, d o n t les fronts
satisfont la relation :

g r a d ' T = nl, n\ = ρ/μ . (3)

C o m p t e tenu de la v a r i a t i o n de l'indice, les fronts d'onde ne sont plus des


surfaces parallèles.
L'influence de l'hétérogénéité se fait sentir dans les équations de
récurrence et, en particulier, dès la première équation de t r a n s p o r t .
P o u r r « a m p l i t u d e » «o de l'onde longitudinale o n t r o u v e p o u r la
première a p p r o x i m a t i o n :

2 n\ Ë J ? Â ^ = _ Λ Γ - grad l o g p . g r a d Γ . (4)

L a v a r i a t i o n de l ' a m p l i t u d e dépend, n o n seulement de la divergence


géométrique, mais également de l'inclinaison d u f r o n t sur les surfaces
d'égale densité.
O n peut écrire aussi l'équation de t r a n s p o r t sous la forme :

(ρΓΐ' α^) h = 0 ou div {prxl grad T ) = 0 . (5)

En i n t r o d u i s a n t c o m m e au paragraphe 5 . 4 . 2 un tube de rais, o n v o i t que


la quantité pVAl àS est conservée à travers un tube de rais {V = 1/«,).
Pendant le temps dt la masse de matière traversée par le f r o n t est
p dSV dt. 11 y a, en première a p p r o x i m a t i o n , conservation de 1'« énergie »
le l o n g d ' u n tube de rais.
De la même façon o n m o n t r e que p o u r l'onde transversale, l ' a m p l i t u d e
subit, en plus de l'atténuation géométrique, u n effet q u i dépend de l ' i n c l i ­
naison d u f r o n t d'onde sur les surfaces d'égale rigidité. O n peut écrire
aussi l'équadon de t r a n s p o r t sous la forme :

(μΤ I '• A ^ I ; = 0 ou d i v [μΑ'ο grad T ] = 0 . (6)

La quantité pWdS Ao est conservée dans u n tube de rais (Η-' = l/wj)-


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GÉOMÉTRIE DES RAIES 151

3. — GÉOMÉTRIE D E S R A I S

3.1. — Courbure des rais. Rais rectilignes. — Les rais sont les trajectoires
orthogonales d'une famille de f r o n t s d'onde. N o u s avons v u q u e ceux-
ci satisfont l'équation de l ' e i k o n a l :

gTza'T=n\M). (1)

Les résultats que nous allons obtenir peuvent être établis, soit en utilisant
les propriétés des opérateurs vectoriels ( e n particulier

grad(V^) = (V.grad)V.),

soit en utilisant u n système de coordonnées cartésiennes, soit de façon


plus compacte — que nous choisirons — en utilisant les notations
tensorielles. (1) s'écrit alors :

TYT\j = n'. (2)

En chacun de ses points u n r a i d o i t être n o r m a l a u f r o n t , d'équation


T{M) = t, donc parallèle à grad T. I n t r o d u i s o n s le vecteur unité tangent
au r a i , Θ, et l'élément d'arc ds d u r a i :

θ = dM/ds = grad T/n (3)

ou
dx'' = TYds/n. ( F i g . 1)

Prenons le gradient des deux membres de (1) o u dérivons (2) :

TYTy = nnU. (4)

L a v a r i a t i o n de grad T le l o n g de l'arc d M est donnée p a r :

d(grad T) = a(TUg') = TUjdxJg'. (4.1.2)


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ONDES EN MILIEU ÉLASTIQUE ISOTROPE HÉTÉROGÈNE

O n a donc compte tenu de (3) et de (4) :

d(grad Γ ) = rt Ii d i g' = grad n.ds . (5)

I n t r o d u i s o n s l a normale principale d u r a i , v, le r a y o n de c o u r b u r e (posi­


t i f ) p et le logarithme de l'indice,

/V = l o g rt (6).
on a :
dj) _ V
(7)
ds p'

O n peut écrire (5) sous la forme :

ά{ηθ) V dn„ .
= n ~ + — θ = grad n
ds p ds
ou :
V dN
gradiV = - + Θ . (8)
p ds ^ '

Le p l a n osculateur au r a i contient la normale à la surface iT^ d'égal


indice.
Posons

J = I grad N\, ω = (grad N)/J, si J Φ Q . (9)

Soit /' l'angle des normales a u f r o n t d'onde et à la surface d'égal indice,


angle plus précisément défini par :

θ.ω = cos /• ν.ω = sin /. (10)

O n tire de (8) :

= J cos /, ^ = J sin i. (U)


ds P

pctJ étant positifs, / est toujours compris entre 0 et π. Si le r a i est orienté


vers une région où l'indice croît, l'angle / est aigu.
L a concavité d ' u n r a i est dirigée vers la région où l'indice croît.
E n u n p o i n t où le r a i est n o r m a l à une surface d'égal indice, la courbure
est nulle ; ce p o i n t est u n p o i n t d'inflexion d u r a i .
Le second cas d'inflexion possible est celui où le r a i coupe une surface
où l'indice passe par u n e x t r e m u m (/ = 0).
Pour q u ' u n r a i soit rectihgne, i l f a u t que J sin / soit n u l t o u t le l o n g d u
rai. E n dehors d u cas d u m i l i e u homogène (N = Cte, / = 0), i l n ' y a
que la s o l u d o n sin / = 0 : le r a i d o i t être n o r m a l à toutes les surfaces
d'égal indice rencontrées q u i admettent donc une n o r m a l e commune.
Les rais rectilignes sont les normales communes à une famille de surfaces
d'égal indice.
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STRATIFICATION PLANE 153

3.2. — Recherche des rais plans. — Si u n r a i est contenu dans u n p l a n π, le


vecteurs θ et v en u n p o i n t d u
rai étant dans π, i l en est de •re
gradN
même de grad N (8) ( F i g . 2). L e T
long d u r a i , le p l a n d u r a i est
n o r m a l à toutes les surfaces d'égal \ 7
indice rencontrées. Si l a famille tu
des surfaces d'égal indice 27^
admet u n p l a n n o r m a l c o m m u n
— par exemple u n p l a n méridien
si les surfaces iTjy sont de révolu­
tion — i l existe une famille de rais
F I G . 2. — Etude d'un rai contenu dans
contenue dans ce p l a n .
le plan π ; mêmes notations que pour la
Supposons m a i n t e n a n t que tous figure 1.
les rais possibles soient plans.
Considérons u n f r o n t particulier 27^^. Les normales à Lfi le l o n g d'une section
par u n p l a n n o r m a l π quelconque sont alors contenues dans π. Les n o r ­
males à i7jy en t r o i s p o i n t s quelconques de 2"jv sont donc concourantes. Si
le p o i n t de rencontre Ω est à distance finie, est une sphère ; si Ω est à
l'infini, est u n p l a n . Les surfaces d'égal indice ne p o u v a n t se couper,
sont donc des sphères concentriques o u des plans parallèles. Cette c o n d i ­
tion nécessaire est aussi suffisante.

4. — S T R A T I F I C A T I O N PLANE

4.L — Hodochrones. ~ Consiàérom u n m i l i e u élastique où l'indice ne


dépend que de la p r o f o n d e u r au-dessous d ' u n p l a n donné, que nous
dirons h o r i z o n t a l . Les rais sont alors des courbes contenues dans des plans
verticaux. Prenons dans l ' u n d'eux u n système de coordonnées carté­
siennes {x, y), l'indice étant f o n c t i o n de y seulement. Si i et j désignent les
vecteurs unités des axes de coordonnées, l'équation (5) d u paragraphe 3
s'écrit :

ÔT. ÔT.
= n[iy)as.\.
dx' '^Ty^l

A i n s i le l o n g d ' u n r a i :

dT
F I G . 3. — Vitesse apparente = p = Cte ; (1)
dx
d'un front d'onde sur des sur­
faces horizontales. , ^ , .
p est le paramètre d u r a i .
Considérons deux plans h o r i z o n t a u x et les p o i n t s A tt B où u n r a i de
paramètre p coupe ces plans ( F i g . 3). L a vitesse apparente de p r o p a g a t i o n
d u f r o n t d'onde sur les plans h o r i z o n t a u x en ^ et 5 est égale à
{δΤΙΒχΓ' = \lp.
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154 ONDES EN MILIEU ÉLASTIQUE ISOTROPE HÉTÉROGÈNE

Elle est donc constante le l o n g d ' u n r a i . L a vitesse apparente horizontale


étant égale à la vitesse vraie en u n p o i n t d u r a i où la tangente a u r a i est
horizontale, o n v o i t que le paramètre d u r a i est égal à l'indice d u m i l i e u
en u n t e l p o i n t .
E n orientant convenablement l'axe des x (dans le sens des Γ croissants),
on peut prendre p positif. O n a :

= j . g r a d T = F.(o.nQ = m cos / avec ε = signe ( η ' ) .

Comme :

o n obtient :
p = « sin /. (2)

Cette propriété est la générahsation de la l o i de Snellius-Descartes p o u r les


m i l i e u x continûment hétérogènes.
Partant des relations :

dT
αΤ = n as = ^ àx + -TT-ày
dx dy

dx . . dv
— = sm I — = ε cos i
ds ds
o n peut calculer x et Γ en f o n c t i o n de la p r o f o n d e u r y p o u r un r a i de
paramètre p.

àx = ε t g / d ; ' = p Idj |/V«^ - p'

àT = m dj/cos i = n'\ ày\jsjn' - p' . (3)

O n remarque que la c o m b i n a i s o n : d r — p àx = άτ est une f o n c t i o n


régulière p o u r p = n{y) :

d r = ^n' -p'\ày\. (4)

N o u s utiliserons plus l o i n cette f o n c t i o n . N o u s étudierons p o u r


commencer les rais p a r t a n t d ' u n p o i n t à la surface d ' u n demi-espace.
N o u s appellerons Y{p) la profondeur où Findice est égal pour la première
fois au paramètre du rai, c'est-à-dire la p r o f o n d e u r :

Y(p) = mf {y \n(y)^p}. (5)

Lorsque le rai atteint cette p r o f o n d e u r i l devient tangent à la d r o i t e


y = Y(P).
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STRATIFICATION PLANE 155

L'arc décrit ensuite est symétrique de l'arc d'arrivée ( F i g . 4) p a r r a p ­


p o r t à la parallèle à l'axe Oy passant par le p o i n t extrême.
La f o n c t i o n Yip) définie p a r (5) est une f o n c t i o n n o n croissante de p.
Plus l'incidence /Q au départ d i m i n u e , le r a i se r a p p r o c h a n t de la n o r m a l e ,
plus la p r o f o n d e u r atteinte par le r a i augmente. Ceci est évident si n est
une f o n c t i o n d ' a b o r d décroissante à p a r t i r de la surface ( F i g . 5). Si
n est a u contraire croissante, Y(p) = 0, u n r a i p a r t a n t sous une incidence
presque rasante ne ressort pas au voisinage de la source. Ce phénomène
(zone d ' o m b r e ) sera étudié plus l o i n .

n(Y(p)) = p

FIG. 4.

FIG. 4 . — Symétrie d'un rai par


rapport à la verticale de son point le
plus bas.
Y(pi)Y(p2)Ylp')YfP4) Yips) y
FIG. 5. — Indice fonction de la pro­
fondeur. Définition de la fonction Y{p). F i G . 5.

Considérons u n r a i de paramètre p p a r t a n t à l'instant i n i t i a l d ' u n


p o i n t M o {O, yo). A l'instant T, le f r o n t coupe le r a i en M {x, y) ( F i g . 6).
Si l'arc M Q M ne contient pas le p o i n t de
p r o f o n d e u r Y(p), o n a : 0

P d>' n' ày yo Mo /M'


T =
J e - p'

τ = Γ V n ' - p' dy (6)


yo
Y
en o r i e n t a n t l'axe Oy dans le d e m i - p l a n F I G . 6.
pénétré p a r le r a i .
Si l'arc MQ M' contient le p o i n t de p r o f o n d e u r Y{p} :

r>'(p) pdy e dy
X = r = + (7)
J e - J e - p'

En particulier, si le p o i n t M est à la même p r o f o n d e u r que la source, en


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ONDES EN MILIEU ÉLASTIQUE ISOTROPE HÉTÉROGÈNE

surface p a r exemple, l'abscisse Δ d u p o i n t de sortie d u r a i et le temps


d'arrivée T de l'onde sont donnés p a r :

f'"* pày

τ = 2 \'η' — p' dy . (8)


ο
Le graphe T(A) est appelé hodochrone o u courbe de propagation.
Les formules (6) et (7) d o n n a n t la représentation paramétrique de l ' h o d o -
chrone.

.2. — Propriétés générales des hodochrones. — N o u s supposerons que la


source et le récepteur sont en surface, la méthode employée étant aisément
adaptable a u cas d'une source interne.
Si la f o n c t i o n Y{p) est dérivable, o n peut m o n t r e r que :

-d-p-^"''^^^-

C o m m e d'autre p a r t : τ = T — ρΔ, o n obtient :

dr
(9)
P = dzl
f o r m u l e équivalente à (1).
La pente de Vhodochrone en un point (A, T) est égale au paramètre du
rai sortant à la distance A.
L a tangente à l ' h o d o c h r o n e ayant p o u r équation :

o n v o i t que τ représente l'ordonnée à l'origine de cette tangente ( F i g . 7).


N o u s avons v u que Y{p) était en général une
f o n c t i o n n o n croissante de p. L e radical de (8)
est une f o n c t i o n strictement décroissante de p.
A i n s i τ est une f o n c t i o n décroissante de p.
L'ordonnée à l'origine de la tangente à
l ' h o d o c h r o n e augmente constamment q u a n d
l'angle d'incidence (donc p) d i m i n u e . Si le
p o i n t de sortie s'éloigne de la source, la conca­
vité de l ' h o d o c h r o n e est dirigée vers le bas.
Si, a u c o n t r a i r e , i l s'en rapproche, la conca-
FiG.7.-//«rf.cAr.„.r(^), ^'^é est dirigée vers le haut. L a courbe pré-
ordonnée à l'origine de la tan- «ente u n p o m t de rebroussement lors d u n
gente τ. changement d u sens.
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STRATIFICATION PLANE 157

4.3. — Points singuliers des hodochrones. — Les coordonnées (A, T) d ' u n


p o i n t de Thodochrone H sont des fonctions continues de p si la l o i n{y)
est c o n t i n u e . L a pente, étant égale a u paramètre, varie régulièrement et les
seuls p o i n t s singuliers p o u r une l o i c o n t i n u e sont des points de rebrousse-
ment. I l suffira d'étudier la f o n c t i o n A(p). O n aura u n p o i n t de rebrousse-
ment p o u r H si Δ passe p a r u n e x t r e m u m p o u r une valeur de

p e (0, /7(0) = « o ) .
Deux cas peuvent se p r o d u i r e selon que dAjdp existe o u n o n en ce p o i n t :
a) Extremum correspondant à dA/dp = 0 et continu. — O n ne peut
dériver directement l'expression intégrale de A(p), l'intégrant étant
singulier p o u r y = Υ(ρ). E n supposant N'(y) = n'/n φ 0 et dérivable,
on o b d e n t facilement à p a r t i r de l'expression de Tet de (9) :

(10)
dp Kj„l-p^ 0 w Jn~^-~p''

N o u s considérerons seulement une l o i p o u r laquelle la vitesse croît


avec la p r o f o n d e u r à p a r t i r de la surface -.No < 0 (*). I l ne peut y a v o i r
de rebroussement que si l'intégrale devient positive, donc si Λ'^" < 0.
C o m m e l'intégrale est n u l l e p o u r p = UQ et tend en général vers - oo
pour Y 00 {p ->• 0), l ' h o d o c h r o n e ne peut avoir que zéro o u u n n o m b r e
pair de points de rebroussement ( F i g . 8).
A u voisinage d ' u n zéro de dA/dp on a :

dA
= fl.(P - P.) + 0 ( p - p,.)' /=1,2,...
dp

H G . 8. — Rebroussement de l'hodochrone correspondant à une croissance rapide


de la vitesse.

(*) C'est pratiquement toujours le cas pour les couches superficielles de la Terre.
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ONDES EN MILIEU ÉLASTIQUE ISOTROPE HÉTÉROGÈNE

donc

Ai + iai(p-PiY + 0(p-p.f

et

T=Ti+ PiiA - Ai)± i{2{A - ^,)^^,]½ . (11)

b) Extremum correspondant à un point anguleux. — Supposons que,


n étant c o n t i n u , N' ait une discontinuité à une certaine p r o f o n d e u r >Ί,
mais reste dérivable de p a r t et d'autre de y^.
O n peut utiliser l a f o r m u l e (10) directement p o u r p > niy^) et en
i n t r o d u i s a n t des termes complémentaires p o u r p < niy^). Les calculs
peuvent se mener à terme dans le cas où Λ^' est constant dans chaque
couche, l'indice étant alors une f o n c t i o n exponentielle de l a profondeur.
L ' h o d o c h r o n e présente u n véritable p o i n t de rebroussement p o u r p = p*
(Fig. 9) et u n p o i n t d'arrêt p o u r p = n^.

F I G . 9. — Rebroussement dit à une discontinuité du gradient de vitesse.

Dans ces deux cas, le rebroussement est dû à une forte augmentation


d u gradient de vitesse, c o n t i n u o u d i s c o n t i n u , q u i p r o v o q u e une courbure
des rais. Toutefois, alors que dans le premier cas d'T/dA' = dp/dA
était infini p o u r les deux p o i n t s de rebroussement, dans le second i l n'est
infini que p o u r le p o i n t le plus près de l'épicentre, la c o u r b u r e discontinue
étant finie o u nulle à l ' a u t r e . Cette particularité a une grande influence
sur les amplitudes observées c o m m e nous le verrons ( 4 . 6 ) , et se rattache
à la présence de caustiques a u voisinage de l a surface. E n effet, u n p o i n t
de caustique est défini p a r dx/dp = 0 et ne peut correspondre en surface
qu'à u n v r a i p o i n t de rebroussement.
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STRATIFICATION PLANE 159

C) Supposons m a i n t e n a n t q u ' i l y a i t une discontinuité de vitesse à l a


profondeur . D e u x cas se présentent suivant q u ' i l s'agit d ' u n saut p o s i t i f
ou négatif
c,) Supposons d ' a b o r d S = n{y\ + 0) — n(y\ — 0) < 0. Le r a i q u i
arrive sous incidence rasante à l a p r o f o n d e u r est réfléchi ainsi que tous
ceux p o u r lesquels le paramètre reste supérieur k pi = η(>Ί + 0). Le r a i
qui a p Γ p o u r paramètre est réfracté sous incidence rasante. Ensuite le
point le plus bas pénètre dans le m i l i e u inférieur ( F i g . 10).

dp

F I G . 10. — Rebrousse ment dû à une augmentation discontinue de ta vitesse.


Ondes réfléchies et réfractées.

Dans l'intervalle > p > pï = « ( j , — 0) l ' h o d o c h r o n e est définie


par les formules normales. Dans l'intervalle pï > p > pt = n(y^ + 0),
on a seulement des ondes réfléchies et la f o r m u l e (10) peut être utilisée
entre y = Q et y = y^ — 0. Au-dessous o n a encore des ondes réfléchies
mais également des ondes réfractées. Les deux points de rebroussement
définis p a r le passage des ondes directes aux ondes réfléchies et des ondes
réfléchies aux ondes réfractées, sont a n o r m a u x et correspondent à une
courbure de l ' h o d o c h r o n e discontinue et finie ( F i g . 10).
C2) Supposons m a i n t e n a n t que 5 > 0. Le r a i q u i atteint la couche y^
sous incidence rasante est réfracté dans le m i l i e u inférieur sous l ' i n c i ­
dence ;" : sin /[ = nij^ — 0)/n(yj + 0). Si la vitesse croît dans le m i l i e u
sous-jacent, i l finit par revenir en surface, mais à une certaine distance d u
p o i n t de sortie antérieur. L e p o i n t de sortie rétrograde généralement
(Fig. 11).
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ο ONDES EN MILIEU ÉLASTIQUE ISOTROPE HÉTÉROGÈNE

0 Δ, Δζ Aj Δ

F I O . 11. — Points d'arrêt dus à une couche à faible vitesse.

R E M A R Q U E S . — D a n s le cas où N' = Cte on peut écrire : n = «o e'^"'-


O n en déduit aisément l'équation de l ' h o d o c h r o n e :

T = ^^5-sin I i V ; 1/2) . (12)


\No\

A u voisinage de l ' o r i g i n e p ~ n(0), dA/àp tend vers l ' i n f i n i , d'T/dA'


tend vers zéro avec A. O n peut donc écrire : T = ng A — aA^, p o u r A
petit.

4.4. — Inversion des hodochrones. Formule de Herglotz-Wiechert, — Sup­


posons que l ' o n ait déterminé l ' h o d o c h r o n e de façon c o n t i n u e de l'épi­
centre jusqu'à une certaine distance. N o u s avons v u que la pente en un
p o i n t de l ' h o d o c h r o n e est égale à l'indice au p o i n t le plus bas d u rai
correspondant. P o u r déterminer la l o i de vitesse, i l faut donc t r o u v e r la
p r o f o n d e u r atteinte p a r le r a i . Le problème a été résolu p a r H e r g l o t z en
1907 et la s o l u t i o n simplifiée p a r W i e c h e r t en 1910 f u t appliquée par l u i
p o u r déterminer la l o i de vitesse dans le m a n t e a u . L a méthode suppose
q u ' i l n ' y a pas de guide d'onde, c'est-à-dire de couche où l a vitesse est
plus faible q u ' a u sommet de cette couche. D a n s ces c o n d i t i o n s , la fonc­
tion :

/(>·) = inf{/7(z)|ze[0,>']} (13)


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STRATIFICATION PLANE 161

est confondue avec n{y). q étant une valeur possible d u paramètre


(n(0) > q > 0) nous désignerons par
Dl l'ensemble de points d u p l a n {y, p)
défini par :

D« = { M{y, p ) I 0 < y < Y{q),


n(y)^f(y)
q<P<fiy)} (Fig. 12). (14)

Nous tirerons p a r t i de la relation :

C pdp

" J(b' - p') ip' - a') F I G . 1 2 . — Domaine d'intégration


quand niy) décroît à partir de la
pour écrire, puisque f(y) = n(y) : surface.

pdp
Y{q) = dy = - dy
πΊ t Jin' - p')(p' - q']

FqiP, y) ày dp .

L a f o n c t i o n F étant intégrable dans Dl, on peut inverser l ' o r d r e des


intégrations. O n obtient ainsi :

1 Γ"(0) dp f'"» 2 pdy 1 Γ"'°^ J(p)dp


Y{q) = -
π ·' 1 Vp2 - q' J 0 Vn' - p' π J« Vp' -
(15)

Si l ' o n a p u paramétrer l ' h o d o c h r o n e , c'est-à-dire déterminer A p o u r


toutes les valeurs utiles de p, o n peut calculer la p r o f o n d e u r atteinte p a r le
rai donc t r o u v e r la l o i de vitesse puisque n{Y(q)) = q.
On peut encore écrire :

A dp

1 r
= - ίΑμΤο" - ^ pdA =- A r g ch - dA (16)
π π J A, π 0 q

avec p = q c h μ, n{0) = q ch Po, A^ = A(q).

L'avantage de cette f o r m u l e (16) sur la précédente (15) vient de ce que,


le plus souvent, les tables utilisées d o n n e n t les valeurs de T p o u r des
valeurs également espacées de A, ce q u i permet de calculer p{A) p o u r ces
valeurs, alors que le calcul p a r la f o r m u l e (15) nécessite des valeurs de
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162 ONDES EN MILIEU ÉLASTIQUE ISOTROPE HÉTÉROGÈNE

Δ p o u r des valeurs de p également espacées. Jeffreys a donné des for­


mules d'intégration approchée valables p o u r le voisinage de J , , où μ
varie comme (Δχ — Δψ^.

4.5. — Formule de Gerver et Markushevitch (1967, 1968). — Gerver et Markushevitch


ont généralisé la méthode au cas où des couches à moindre vitesse sont présentes.
Désignons par (yi-., yic) le A--ième guide d'onde-segment où l'indice est supérieur à la
valeur pi- ^ n(yi,). Sur ce segment la fonction f{y) définie plus haut (3), est constante
et égale à pi,. Nous introduirons l'ensemble D« défini par :

D" - {M(y,p)\0 < y < Y(q),

q < p < n{y) }

et les ensembles DI :

Dl^- { M(y,p) I yi, < y < yk,


I^K- - f{y^ < P < n(y)] (Fig. 13).

Si q est compris entre les guides


d'onde de paramètres Pm+\ et p,,,. on
peut écrire :

Yfql y
D" U Dl.
F i e . 13. — Domaines d'intégration quand k=0
une couche à moindre vitesse est présente.
O n a comme plus haut :

rMyi
pdp
Y{q) - dv F(p, y) dy dp .
π J(n'-— p^-)(p^--q^)

L'intégrale dans le domaine Dl a déjà été calculée. On a d'autre part :

My)
p dp
Akiq) - F(p, y) dy dp - dv -^=:.-: (q < f(yk) - /);.),
j-y(n2-p2) (p2-q2)

A r c tg / =Arctg / ,
a ^0>^—p^)(p^ — 'l-) S] p^ — q'-] „ \1 a^~ q'-

par suite :

/n\y)-pl
Adq) = - dy A r c tg (IV)
π V pi~q'- -

O n peut donc écrire :

m
Yiq) = 0(q) 1- X AK-UI) = 0(q) - Ψ(α) (18)

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STRATIFICATION PLANE 163

en posant

= J'o = 0 . Prn+ \ < q < Pm •

Comme /1¾ > 0, o n a toujours : Yiq) > Φ(q).

On v o i t que la donnée de Δ en f o n c t i o n de p ne suffit pas à déterminer


la profondeur atteinte par le r a i après la première zone d ' o m b r e {q < p^).
11 est nécessaire de connaître également la l o i de vitesse dans la couche
à moindre vitesse p o u r déterminer A^.
Gerver et M a r k u s h e v i t c h o n t étudié les propriétés des fonctions Φ
et Ψ et o n t obtenu les c o n d i t i o n s nécessaires et suffisantes p o u r q u ' u n e
loi n{y) soit une s o l u t i o n d u problème inverse. Ils o n t donné u n procédé
permettant de construire des familles de lois satisfaisantes et le domaine
plan dans lequel sont contenues toutes les lois possibles.
Ne p o u v a n t donner ici plus de détails sur les résultats obtenus, nous
nous bornerons à m o n t r e r qu'en présence d'une couche à m o i n d r e vitesse
le problème inverse admet une infinité de solutions q u i conservent la
même d i s t r i b u t i o n en dehors d u guide.
Considérons u n guide d'ondes tel que dans cette couche ( j i , j i ) la
même vitesse soit obtenue p o u r deux profondeurs seulement ( F i g . 14).
L'hodochrone correspondante est discontinue. L'ordonnée à l ' o r i g i n e de
la tangente subit une discontinuité q u i v a u t :

= Τ(ΡΓ) - <pt) = ^n\y) - p\ ày (Fig. 15)

O n peut écrire encore :

Γι liày' ày\ f"-" làl ,


Jp, "^'Idn àn J p, dn
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164 ONDES EN MILIEU ÉLASTIQUE ISOTROPE HÉTÉROGÈNE

l(n) = / - y étant la l o n g u e u r d u segment où la vitesse est inférieure


o u égale à n. L'intégrale a la même valeur p o u r une l o i n* telle que :

et 1(η*) = l(n) (Fig. 16). (19)

P o u r une l o i « * (satisfaisant les


conditions nécessaires et suffisantes
"maxl données p a r Gerver et M a r k u s h e ­
v i t c h , mais telle que les conditions
(19) ne soient pas satisfaites), la l o i
au-dessous d u guide sera également
modifiée.
I
Indiquons enfin q u ' i l existe des lois de
0 / 1 y^ y vitesse p o u r lesquelles les hodochrones ne
sont pas paramétrables de façon unique. On
F I G . 1 6 . — Lois de vitesses équivalentes
peut p a r t i r par exemple de la l o i u(y) = ch j
AB - CD. qui correspond à une hodochrone réduite
au p o i n t T = π ; Λ = π.
Pour les lois : ic(y) ^ chy pour 0 < >> ^ A r g c h p ô ' . 0 < po ^ i
«(>•) s h > ' . ( 2 p „ c h : i ' — p 2 — 1 ) - 1 / 2 pour y > A r g c h ; ; ô ' .
l'hodochrone se réduit aux deux points (π, π) et (2 π, 3 π/2).

4.6. — Densité d'énergie sur un front d'onde. — Considérons une source S


placée à la p r o f o n d e u r h, q u i rayonne une énergie E p a r unité d'angle
solide, sous forme d'ondes P p a r
exemple. Les rais p a r t a n t de S avec
des incidences comprises entre les
angles ÏQ et /Q + d/O e m p o r t e n t une
énergie égale à ( F i g . 17) :

2 π d/o £(/0) sin /Q ·

Les rais correspondant aux limites


de ce pinceau sortent aux distances
épicentrales Act Δ + dA. La surface
d u f r o n t d'onde au voisinage de la
surface est : F I G . 17.

2πΔ IdA \ cos e


e étant l'angle d'émergence. C o m p t e t e n u de la constance d u flux d'énergie
dans u n tube de rais (§ 2), la densité d'énergie p a r unité de surface en M
à la distance épicentrale A est donc :

E sin ίο dip
A cos e dA

O r , p = HQ sin /Ό = «1 sin e = dT/dA, etwo étant les indices en M et


en S.
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STRATIFICATION SPHÉRIQUE 165

On en déduit : àpja = ά'Τ/άΔ' = «o cos ig àio/dA. A i n s i

dT I d'T I
n, £ dAl dA'
20)

n, E p\p'\ (*)

«0 A J { n \ - p')(n^ - p')

Cette f o r m u l e permet de calculer la densité d'énergie à p a r t i r de


l'hodochrone si l a vitesse au foyer et en surface est connue. O n v o i t en
particulier que l'énergie est grande aux p o i n t s situés sur la caustique
[ά'ΤΙάΑ' infini). P o u r en déduire l ' a m p l i t u d e d u m o u v e m e n t d u sol, i l
faudrait tenir compte des ondes réfléchies à la surface ( v o i r Chap. 5).

5. — S T R A T I F I C A T I O N S P H É R I Q U E

5.L — Hodochrones. — Supposons maintenant que l'indice n ne dépende


que de la distance /? à u n p o i n t O. N o u s avons v u que dans ce cas les rais
sont contenus dans des plans passant par O. O n peut se ramener a u cas
de la stratification plane par une t r a n s f o r m a t i o n conforme. U n p o i n t u
du plan étant repéré p a r ses coordonnées polaires {R, 0) o n p e u t écrire :
u = R e'*. L a t r a n s f o r m a t i o n z = x + i ; ' = i l o g (α/κ) fait passer d u
cercle R ^ a — o u plus exactement de la surface de R i e m a n n correspon­
dant aux diflFérentes déterminations de 0 — au demi-plan y 0. O n a
en effet :

X + i v = i l o g (a e-'^R) = θ + ilog (a/R).

Le rapport des longueurs d'arcs correspondants est donné par :

I ds/da I = I dz/dw | = \l/u\ = l/R.

Si l'indice dans le m i h e u sphérique est n{R), l'indice correspondant dans


le milieu p l a n est donc : n^iy) = Rn(R) = a e^" ii(a e'").
La t r a n s f o r m a t i o n conforme conservant les angles, l'angle i d u r a i d u
milieu sphérique avec le r a y o n vecteur est égal à l'angle d u r a i dans le
milieu à stratification plane avec l'axe Oy. L ' i n v a r i a n t d u r a i s'écrit :

p = «1 sin i = Rn{R) sin i = /7 sin i (1)


en posant η = Rn(R).

(*) Cette formule est encore valable dans le cas sphérique (voir § 5) à c o n d i t i o n
de remplacer « par Rn et A par R^ sin A.
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66 ONDES EN MILIEU ÉLASTIQUE ISOTROPE HÉTÉROGÈNE

Les formules obtenues plus h a u t s'adaptent p o u r donner :

pdR r« Rn' d R
Γ = - (2)
«o R V n ' R' - p' *o V n ' R ' - p'

si le r a i n'atteint pas la p r o f o n d e u r R^, où :

R^n(R^)=p (Fig. 18). (3)

Pour u n r a i p a r t a n t de la surface (R = α) et y revenant o n a ( F i g . 19) :

pdR " Rn' dR


Δ = 2 T = 2 (4)
R sjn' R' - p' RpJn'R' - p'

F I G . 18. — Rai
F I G . 19.
dans une splière hétérogène.

Les remarques faites p o u r la forme des rais dans le cas p l a n sont valables
p o u r le cas sphérique. E n particulier, l a pente de l ' h o d o c h r o n e en un
p o i n t (Δ, T) est égale au paramètre d u r a i q u i sort à l a distance Δ de la
source ; la valeur de la vitesse au p o i n t M^, le plus bas d u r a i de para­
mètre p vaut : Rp/p, si OMp = Rp.

5.2. — Lois particulières. — a) Rais circulaires. — Les formules (11) d u


paragraphe (3.1) et (1) m o n t r e n t que le r a i est circulaire si

J =\N'\=2 KRn(R),

soit :

n'/n' = 2KR, V = l/n = VQ - KR' . (5)

O n a alors : p = 1/2 Kp. T o u s les rais p a r t a n t d ' u n p o i n t de l a surface sont


centrés sur une d r o i t e située à la hauteur Λ = p sin «Ό = 1/2 Κηο ( F i g . 20).
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VARIATION CONTINUE QUELCONQUE DE L'INDICE 167

I l est possible d'exprimer explicitement Δ et T e n f o n c t i o n de /Q- Cette l o i


est parfois utilisée p o u r étudier
des modèles à couches hété­
rogènes.
b) O n voit aisément que
les intégrales (2) sont calcu­
lables si : n{R) = AR'". L'équa­
tion de l'hodochrone s'écrit :

T = αηο sin (Δ/α)

avec

α = 2/(1 + m) (m # - 1).
(6)

Cette formule correspond à


celle obtenue p o u r le cas p l a n
à partir de l'expression de F I G . 20. — Loi de vitesse parabolique
(dA/dp) pour (]/Ν')' = 0 . K = Ko — kR2. Rais circulaires.

5.3. — Singularités des hodochrones. — Les résultats obtenus plus haut


pour une stratification plane s'appliquent immédiatement a u cas de l a
stratification sphérique. O n t r o u v e r a dans ( B u l l e n , 1961) u n exposé
construit directement sur les lois (2).

5.4. — Formule de Herglotz-Wiechert. — V u son i m p o r t a n c e en sismologie,


nous donnerons la f o r m u l e analogue à (16) d u paragraphe (4.4) valable
pour le cas sphérique (Jeffreys, 1970, p. 50) : Rp étant le r a y o n superficiel,
R la distance m i n i m a l e a u centre d u r a i q u i sort à la distance épicentrale Δ,
on obtient :

, ^0 1 q dJi (7)

ou
(àT/dA),
chq =
(dT/dA)
est le r a p p o r t des pentes à l ' h o d o c h r o n e a u p o i n t c o u r a n t , zl^, et a u p o i n t
où l ' o n fait le calcul, A. Cette f o r m u l e n'est valable qu'en l'absence d'une
couche à m o i n d r e vitesse.

6. — M I L I E U H É T É R O G È N E
A VARIATION CONTINUE QUELCONQUE DE L'INDICE

6.1. — Hodochrones. — Les formules obtenues pour les cas de stratification plane o u
sphérique pour les hodochrones et pour la densité d'énergie (§ 4 (20)), sont des cas
particuliers de formules générales valables quand l'indice d u m i l i e u varie de façon
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ONDES EN MILIEU ÉLASTIQUE ISOTROPE HÉTÉROGÈNE

quelconque (Jobert, 1971). Pour le montrer nous partirons des formules d u para­
graphe 3.
Nous prendrons un système de coordonnées basé sur les surfaces Σ d'égal indice.
Plus précisément nous prendrons : .v' = n, et .v' correspondant à des coordonnées
curvilignes sur Σ et pour le vecteur contravariant :

G' = gradn. (I)

La formule (5) du paragraphe 3 montre que les composantes Ti et Ti de grad T


sont des invariants le long d'un rai. Soit β et y leurs valeurs pour ce r a i . E n un point .V/
du rai nous écrirons :

t = grad r = a C + y8G2 !• yGJ . (2)

Comme 1 grad T \ = n, (3), o n peut calculer α en fonction de β et y : o n peut ensuite


exprimer l'élément d'arc en fonction de la variation d'indice le long d u r a i :

d;; - grad n. t d.s/« -== / ' dslii ^ ( x G i ' + y?C' ^ - yGi ^) ds/n (4)

et compte tenu de (3)

ndn = ± [(/9C12 + γΟ'ψ -- G"(n'-— (β^ G^^ + γΐ G H -| 2βγΟϊί))]"^ ds . (5)

Le signe correspond à u n déplacement le long d u rai dans la direction où l'indice

croît. Sur un arc de rai MQ MI le temps de propagation est donné par :

n ds
MoMi
«2Id« 1
(6)
7(^012 + -/G'3)2 ^ G i " ( « 2 —(;?2G22 + G" + 2 fiyG^i))'

Cette expression implique la connaissance, tout le long d u r a i , des composantes du


tenseur métrique fonction d u point et par suite des coordonnées (.\r2, xi) d ' u n point
d u r a i en fonction de n, β, γ.
La formule (3) d u paragraphe 3 montre que :

dA-' - t' dsin = ( a G " + βΟ^' + yG^') ds/n (7)

ce q u i permet de calculer x'(M) compte tenu de (5).


Nous introduirons la quantité :

τ=Τ—βχ2—γχΚ (8)

On~voit facilement que :

^^ , α dn (9)
MoMi

et que :
TJ — -V-, T,y = .V^ .

Ceci montre que si l'on mesure les temps d'arrivée le long d'une ligne de coordonnées
(.v' = .V = Cte, .γ3 = Cte), la variation d u temps d'arrivée est donnée par :

ΛΓ2 = β.Αχ^

β et }' sont donc donnés par les pentes des hodochrones mesurées le long des lignes de
coordonnées.
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BIBLIOGRAPHIE 169

6.2. — Densité d'énergie sur un front d'onde. — Supposons que la source en M Q rayonne
avec une densité d'énergie Ε(β, γ) par unité d'angle solide dans u n tube de rais de
paramètres voisins de y). O n montre aisément que 1 énergie contenue dans le tube Έ
correspondant aux rais de paramètres compris entre {β β + άβ) (γ, γ + dy) est :

ύΕ = Ε\άβάγ \/[η„ \ tHM„) \ Jg] (10)

g étant le déterminant du tenseur métrique en Mg.


La section de C normale au rai au point d'arrivée Mi est donnée par :

dat = \tKMÙ\ JG,δ\\dβdγ\|nι (11)

avec

ί = 44-A-.Vvf,î (12)
et G désignant le déterminant d u tenseur métrique en M j .
Pour des rais émergeant le long d'une ligne de coordonnées . γ 2 , l'inverse de cette
quantité peut se mettre sous la forme :

(.3)
A.x^..\_..
ou est ainsi proportionnelle à la courbure de l'hodochrone. E n utilisant (10) et
(11) o n peut écrire pour la densité d'énergie :

c = = E ; (14)
άσι nojGg\t'(M„)tKMO\
Cette formule généralise les formules classiques pour les stratifications plane (4.6)
et sphérique.
On peut envisager une application de ces formules pour la propagation d'ondes
dans u n milieu constitué de couches planes à faible rugosité o u pour déterminer des
corrections d'ellipticité.

BIBLIOGRAPHIE

E. B U L L E N , 1961. Seismic ray theory. GJ 4, p. 93-105.


L. GERVER et V . M . M A R K U S H E V I C H , 1966. Détermination o f seismic wave velocity f r o m
the traveltime curve. GJ II, p. 165-173. 1967. O n the characteristic properties o f
travel-time curves. GJ 13, p. 241-246. Articles plus détaillés en russe dans : Sistno-
logie, N ° J et 4 E d . Nauka, Moscou.
JEFFREYS, 1970. The Earth. Cambridge University Press, 525 p .
JOBERT, 1971. Inversion des hodochrones pour des rais sismiques n o n plans. CRAS, 273,
1066-8.

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CHAPITRE 7

DÉFORMATION
D'UNE SPHÈRE ÉLASTIQUE G R A V I T A N T E

par

Georges J O B E R T

1. — INTRODUCTION

Si, p o u r la p l u p a r t des cas étudiés en sismologie, i l est légitime de négli­


ger l'influence de la g r a v i t a t i o n , ceci n'est plus possible p o u r des phéno­
mènes q u i intéressent la totalité d u G l o b e , q u ' i l s'agisse de v i b r a t i o n s
propres (Chap. 8) o u de v i b r a t i o n s forcées (Chap. 18). 11 est alors néces­
saire de tenir compte, n o n seulement d u potentiel de g r a v i t a t i o n
(Chap. 16), mais aussi de ses variations causées par les r e d i s t r i b u t i o n s
de masses q u i accompagnent le déplacement.
N o u s développerons ici des calculs q u i fournissent des résultats utilisés
par la suite, en nous plaçant dans le cas d'une sphère élastique gravitante
soumise à des forces de v o l u m e dérivant d ' u n potentiel p e r t u r b a t e u r W
ou à des contraintes superficielles. L a même méthode appliquée en l'ab­
sence de p e r t u r b a t i o n interne o u superficielle f o u r n i t les modes de v i b r a ­
tions propres.
N o u s supposerons que toutes les propriétés de la sphère — de r a y o n a —
ne dépendent que de la distance R à son centre O. L'étude de cas plus
réalistes, avec des hétérogénéités latérales, présente de grandes difficultés.
Jusqu'ici n'a été abordée que l'étude de modèles avec u n aplatissement
en r o t a t i o n ( D a h l e n , 1968, 1969).

2. — C A L C U L DES F O R C E S A G I S S A N T S U R U N E M O L É C U L E

En l'absence de p e r t u r b a t i o n une molécule subirait, d'une p a r t l'attrac­


tion newtonienne de toutes les autres molécules d u corps, d'autre p a r t
des contraintes exercées par les molécules voisines. O n suppose en général
que ces contraintes sont équivalentes à une pression h y d r o s t a t i q u e .
Cette hypothèse, que l ' o n justifie souvent en faisant appel à une éventuelle

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172 DÉFORMATION D'UNE SPHÈRE ÉLASTIQUE GRAVITANTE

relaxation des cissions, est en fait rendue nécessaire p a r le n o m b r e insuf­


fisant d'équations (trois p o u r les six composantes indépendantes des
contraintes) q u i i n t e r d i t le calcul de ces cissions, sauf si l ' o n introduit
des hypothèses supplémentaires (par exemple, G . Jobert, 1962, 1966).
Par r a p p o r t à cet état d'équilibre idéal, le corps soumis à des contraintes
en surface o u à u n potentiel p e r t u r b a t e u r est déformé. L a molécule
située en M Q dans l'état n o n perturbé se déplace en M , M Q M = u.
Les contraintes en M, de tenseur T{M), se composent des contraintes
supportées dans le premier état en MQ (tenseur TQ{MQ)) et de celles dues
à la déformation (tenseur τ ( υ ) ) :

T{M) = ToiMo) + T(U) .

L'hypothèse h y d r o s t a t i q u e se t r a d u i t par :

ToiMo) = - P{Mo).E,

E étant le tenseur unité et P la pression hydrostatique. L'équation d'équi­


libre s'écrit alors :

div ΓΟ(ΜΟ) = - grad Ρ{Μο) = - Po(Mo).grad U(Mo)

Po étant la densité et U le potentiel newtonien.


On a
AU = - AnGpo ,

G étant la constante de N e w t o n .
L a force élastique en M est donnée par : F = div T{M).
P o u r la calculer, i l f a u t e x p r i m e r toutes les quantités en f o n c t i o n des
coordonnées de M. A u second ordre près en u o n a :

P{Mo) = P(M - u) = P(M) - u.grad P =


= P{M) - Po u.grad U = P + po^g
en posant :
grad U = — gv v = OM/R M = u.v
V est le vecteur radial unité, g l'intensité de l ' a t t r a c t i o n newtonienne,
u la composante radiale d u déplacement.
Ainsi :

divM P(Mo) E = grad Ρ{Μ) + po grad gu + gu grad po .

L a densité en M est donnée p a r :

p(M) =po(Mo)(l - divu)

par suite :

P o ( M ) = p o ( M o -I- u) = p ( M ) (1 - j - d i v u) + u.grad Po =

= p ( M ) + Po d i v u -t- upo .
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POTENTIEL PERTURBATEUR HARMONIQUE 173

En désignant p a r w la v a r i a t i o n en M d u potentiel newtonien de la sphère,


la force totale subie en M p a r une molécule s'écrit :
F + p grad ( {/ + H ' + W) = A\y τ +
+ p grad (W + w — gu) + pg à\\ u.\ . (1)

La formule de Poisson p o u r le potentiel w s'écrit :

Δνν = - 4 nG{p(M) - Ρο(Μ)) = 4 πΟ(ρο d i v u + upO). (2)

La f o r m u l e (1) m o n t r e que les hypothèses faites sur la c o m p o s i t i o n


des contraintes initiales — supposées réduites à une pression h y d r o ­
statique — et des contraintes dues à la déformation, conduisent à
introduire en plus de la p e r t u r b a t i o n de la force de gravité, dérivant d u
potentiel {IV + w - gu), une force radiale p r o p o r t i o n n e l l e à l a v a r i a t i o n
du volume de la molécule (pg di\u). L a v a r i a t i o n i n d u i t e d u potentiel
gravifique, M', correspond, elle, à une répartition de masses définie p a r
la v a r i a t i o n de densité au p o i n t d'arrivée de la molécule.

3. — DÉPLACEMENTS FORCÉS D U S
A U N POTENTIEL PERTURBATEUR HARMONIQUE (SURFACE LIBRE)

Supposons que le potentiel p e r t u r b a t e u r soit de la forme :

W = AR" S„{0, φ) = AR" P^(cos Θ) cos ηιψ (1)

où 5„ est une f o n c t i o n h a r m o n i q u e de surface et P,'"(cos 0) une f o n c t i o n


de Legendre associée ( C h a p . 25), 0 et φ étant la colatitude et la l o n g i ­
tude de M.
Love a montré que le déplacement peut être cherché sous la f o r m e :

u = V, ( Λ ) S„. V + Ry^iR) grad S„. (2)

Pour éviter le calcul des dérivées des fonctions p, λ, μ déterminées expé­


rimentalement, o n i n t r o d u i t c o m m e inconnues, à la suite d ' A l t e r m a n et al.
(1959), outre y^ et y^, p r o p o r t i o n n e l l e s à la composante radiale et aux
composantes horizontales d u déplacement, les quantités :

j'2 p r o p o r t i o n n e l l e à la c o n t r a i n t e radiale RR,


V4 p r o p o r t i o n n e l l e aux contraintes Re et Ρφ,
>'5 p r o p o r t i o n n e l l e au potentiel (IV + w),
J6 liée au gradient de ce potentiel.

En utilisant les expressions (8) de ( 4 . 2 . 3 ) , (20c) de ( 4 . 3 . 7 ) et les p r o ­


priétés de Δ 5 „ (Chap. 25), o n obtient :

div u = {(R' ;-,)' - „(n + 1) Ry,) SJR' = XS„ (3)

RR = y2 S„ = d i v u + 2 μy[ S„
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74 DÉFORMATION D'UNE SPHÈRE ÉLASTIQUE GRAVITANTE

d'où :

y\ = ( - 2 Xy, + Ry^ + n{n + 1) Xy,)l{R{X + 2 μ)) (4)

RO
= Ry^iR) grad S„ = μ(Ry', - y^ + yô grad S„

Rç I

d'où :
^ 3 = ( - ^ 1 + y 3 ) / « + ^4/ίί (5)

W+w = y,{R) S„

Δ ( ^ 5 S„) = (y^ + 2 y i / R - n ( n + l ) j ; , / ^ ' ) S„ = 4 πΟίρο X +pOyt) S„.

O n pose :
/ 5 = ^ 6 + 4nGpo ) ' i . (6)

11 vient alors :

= 4 πΟρο n ( « + 1) + « ( " + 1) J's/R - 2 y^V^ · (7)

Dans le cas où l ' o n peut négliger dans l'accélération absolue les termes
dus à la r o t a t i o n d u trièdre de référence devant l'accélération relative
ê'ujôt', et où l ' o n a affaire à un mouvement périodique de pulsation ω,
on o b t i e n t , toutes réductions faites :

y'2 = [ - Po ω ' - 4 Po g/R + 4 p(3 A + 2 μ)Ι(Ρ\Χ + 2 p ) ) ] y,

- 4 μy2|iRiλ + 2 μ))

+ [po gn(n + 1) - 2 p(3 A + 2 p) « ( n + 1)/(R(;. + 2 p ) ) ] y,/R

+ n(n + \)yJR - PoVt, (8)

y ; = [Po gR - 2 p(3 1 + 2 μ)/(λ + 2 p ) ] V , / R ' - Xy^/iRiX + 2 p)) +

+ [- Po ω ' + 2 p[A(2 n ' + 2 n - 1)

+ 2 p(n' + n - 1)]/(R'(A + 2 p ) ) ] >'3 - 3 V4/R - Po ys/R • (9)

D a n s u n m i l i e u dépourvu de rigidité, o n d o i t prendre :

p = 0 et >'4 = 0 .

Les équations se simplifient :

y\ = - 2 yJR + y^/X + n ( n + 1) >-3/R (4')

= + Ροί- ( ω ' + 4 g/R) + « ( « + 1) gyJR - y^] («')

(6) et (7) restant inchangées.


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POTENTIEL PERTURBATEUR HARMONIQUE 175

(9) donne directement le déplacement :

.>3 = (.?>Ί - yJpo - ysViRo)'). (5')

Les paramètres po, λ, μ étant supposés connus, o n peut intégrer le


système (4)-(9) numériquement, p a r exemple à p a r t i r de la surface. L a
solution générale ¥(>',, J S , ···) sera obtenue comme c o m b i n a i s o n linéaire
des solutions particulières Y^'' définies p a r :

yna) = ô).

On écrira :
Y = //Y"> + Λ/γ(2) + ^ γ ( 3 ) + ;^γ(4) ^ ^ γ ( 5 ) ^ ργ(6)

les six constantes H, L, K, ... seront choisies de façon à satisfaire les c o n d i ­


tions aux limites.
A la surface libre (/? = o) aucune c o n t r a i n t e ne d o i t être créée, par suite :

r'2'(fl) = r'*'(a) = 0 , donc M=N = 0, (10)

et i l n'est pas nécessaire de calculer Y*^' et Y'*'.


Le déplacement radial i n t r o d u i t une densité de surface ; o n d o i t a v o i r :

fë) -(S) = -4nGpoia)y,ia)S„. (11)


^CK' R=a + 0 ^CK.' R=a-0

Or, en surface :

w{a) = ys(a) S,. - W = (ysia) - AcT) S„ (12)

et à l'extérieur ce potentiel est prolongé p a r la f o n c t i o n h a r m o n i q u e :

w (R^a) = {y,{d) - Aa") SJR"^' .

A l'intérieur :

Μ· {R^a) = (y,{R) - AR") S„.

L a c o n d i t i o n (11) donne donc :

ay^ia) + (n + l) yM = {2n+ ^Aa".

A la suite de L o v e , o n i n t r o d u i t le n o m b r e k — dépendant de « — r a p ­
port en surface d u potentiel i n d u i t w a u p o t e n t i e l p e r t u r b a t e u r W :

w(a) = kW{a). (13)

O n a donc :

y^(a) = K=iï + k) Acf


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DÉFORMATION D'UNE SPHÈRE ÉLASTIQUE GRAVITANTE

et

y(,(a) = Q = {n-{n+\)k)cf-'A. (14)

T o u t e s o l u t i o n q u i satisfait les c o n d i t i o n s en surface s'écrit donc :

Y = //y<'» + L Y < 3 > + (1 + Â:)^a"Y<^> + ( « - (n + \) k) Acf-'Ψ^Κ

Si les propriétés d u m i l i e u sont discontinues p o u r certaines valeurs de R,


on devra écrire les condiUons de continuité des contraintes, d u déplace­
ment r a d i a l , et, si le m i l i e u est solide de part et d'autre de la disconti­
nuité, d u déplacement h o r i z o n t a l . P o u r une discontinuité de la densité,
o n utilisera une relation analogue à (11) p o u r la densité de surface propor­
tionnelle à la différence des densités de p a r t et d'autre de la discontinuité.

Le déplacement d o i t être n u l a u centre de la sphère ainsi que le poten­


tiel :

j,(0) = ;;3(0) = = 0 . (15)

O n obtient ainsi le système linéaire :

H.vl'YO) + Ly\^\0) + (1 + k)Aa"yY\0) +

+ (n - (n + l ) / c ) / l f l " - ' > f ' ( 0 ) = 0

l'indice / prenant les valeurs i , 3 et 5. Ce système permet de calculer


les trois quantités H, ket L. //et L sont proportionnelles à Aa" = W(a)/S„.
Le déplacement superficiel s'écrit :

u = HS„.v + L a grad S„.

O n peut le comparer au déplacement radial que subirait une surface


équipotentielle dans le cas d'une sphère indéformable, souvent appelé
déplacement statique. Ce dernier est donné par :

ζ = Η^(α)Μα). (16)

L o v e a i n t r o d u i t le n o m b r e h :

h = u/ζ = Hg{a)/Aa" . (17)

Shida a i n t r o d u i t le n o m b r e analogue p o u r la composante horizontale :

l=Lg{a)IAa". (18)

L'ensemble des trois nombres Λ, k et / caractérise les propriétés obser­


vables à la surface de la sphère, p o u r l ' h a r m o n i q u e de r a n g n.
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VIBRATIONS PROPRES 177

4. — V I B R A T I O N S PROPRES

Les calculs précédents d o i v e n t être légèrement modifiés p o u r l a recher­


che des mouvements compatibles avec les c o n d i t i o n s a u x limites en
l'absence de t o u t potentiel excitateur = 0).
O n recherche d ' a b o r d des solutions de l a f o r m e (2) d u paragraphe 3.
La seule m o d i f i c a t i o n porte sur la c o n d i t i o n à la surface (12) paragra­
phe 3. O n a cette fois :

w{a) = y^(a)S„. (1)

La relation (14) paragraphe 3 est remplacée par la relation homogène :

ay^(a) + {n + \) y^id) = Q . (2)

La solution a donc p o u r f o r m e générale :

Y = //Y<" + LY<^' + /(:(αΥ(^' - ( « + 1) Υ<*') . (3)

Les conditions (15) paragraphe 3 a u centre conduisent à u n système


linéaire homogène en H, L et K q u i n'admet des solutions n o n i d e n t i ­
quement nulles que p o u r certaines valeurs de a» : les valeurs propres,
correspondant à des oscillations « sphéroïdales ».
Si u n phénomène perturbateur a une fréquence égale à une de ces
valeurs propres, i l n'est plus possible de déterminer la s o l u t i o n d u système
en H, K et L. O n a u n phénomène de résonance.
Par contre, i l existe d'autres espèces d'oscillations q u i demandent p o u r
être excitées des causes d ' u n autre type que ceux considérés a u p a r a ­
graphe 3. I l s'agit d'oscillations toroïdales p o u r lesquelles le déplace­
ment peut être représenté p a r :

u = Ry(R) r o t S„ v (4)

et q u i correspondent à u n déplacement à divergence nulle et à c o m p o ­


sante radiale nulle (oscillations de t o r s i o n ) . Cette déformation ne s'ac­
compagne d'aucun effet g r a v i t a t i o n n e l .
Les formules (20c) de ( 4 . 3 . 7 ) m o n t r e n t que la c o n t r a i n t e n o r m a l e radiale
RR est nulle, que RO et Ρφ sont p r o p o r t i o n n e l l e s à Rp{y/R)' et les autres
composantes à py/R.
Les équations d u m o u v e m e n t (5) de ( 4 . 2 . 2 ) se réduisent finalement à l a
seule équation :

R'y" + Ry'(2 + Λ/ί'/μ) + y{- n{n + 1) - Rμ'/μ + R^ ω ' ρ/μ) = Ο.

On i n t r o d u i r a une quantité z p r o p o r t i o n n e l l e à la c o n t r a i n t e horizontale :

z = μ(/ - y/R)
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DÉFORMATION D'UNE SPHÈRE ÉLASTIQUE GRAVITANTE

d'où
y' = ζ/μ + y/R . (5)

O n a alors :

z' + 3 z/R + μy(n + 2) ( « - \)/R' = 0 . (6)

L'absence de c o n t r a i n t e à la surface libre se t r a d u i t par :

z{a) = 0 . (7)

L a régularité de la s o l u t i o n au centre par :

>'(0) = 0 . (8)

Les v i b r a t i o n s propres correspondent aux valeurs propres de ce système


(5) (6) d'équations différentielles satisfaisant les c o n d i t i o n s homogènes
(7) (8).

s. — DÉFORMATIONS D U E S A DES A C T I O N S S U P E R F I C I E L L E S

Les formules d u paragraphe 3 peuvent être utilisées avec peu de chan­


gements p o u r traiter le cas où la surface de la sphère est soumise à des
contraintes. 11 suffit en effet d'en modifier les conditions aux limites (10)
et (11). N o u s traiterons seulement le cas des déformations sphéroïdales.
Supposons donc que les actions superficielles soient données sous forme
de séries en f o n c t i o n des coordonnées géographiques ; soit p o u r la compo­
sante radiale de la force :

T = f fc„ S„{0, φ) (I)

et p o u r les composantes horizontales :

Θ = Σ c„ grad S„{0, ψ).

Pour l ' h a r m o n i q u e de rang n les conditions (10) sont à remplacer par :

M + b„ = N+c„ = Q. (2)

Le calcul des soludons Υ'^' et Y<*' est donc nécessaire dans ce cas.
Si la charge n o r m a l e à la surface est due au poids de masses superfi­
cielles, i l faut tenir compte de plus de leur effet g r a v i t a t i o n n e l . Si o n peut
considérer ces masses comme réparties sur une couche d'épaisseur
négligeable, leur densité de surface est donnée p a r :

σ = - T/già) (3)

g{a) étant l'accélération de la gravité en surface.


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DÉFORMATIONS DUES A DES ACTIONS SUPERFICIELLES 179

Le potentiel p e r t u r b a t e u r W qu'elles engendrent à l'intérieur de l a


sphère peut être calculé à l'aide de la f o r m u l e (11) d u paragraphe 3 :

dW dW

^ ( R = a + 0 ) - ^ ( R = a - 0 ) = -4πΟσ. (4)

A l'extérieur le potentiel a la forme :

W {R> a)= Y^A„S„y-^ .

A l'intérieur, p u i s q u ' i l est h a r m o n i q u e et c o n t i n u , o n a :

n=0 \ « /

Les coefiRcients A„ sont déduits de (4)

/f„ = - 4 nGab,J{{2 n + 1) g{a)] . (5)

La déformation est la résultante de deux effets de sens opposés ; si l ' o n


suppose p a r exemple q u ' i l s'agit de la pression exercée sur la Terre p a r
un inlandsis, o n aura d'une p a r t une dépression sous la charge et d ' a u t r e
part un effet d ' a t t r a c t i o n vers les masses superficielles.
On p o u r r a , c o m m e l ' o n t suggéré M u n k et M a c d o n a l d (1960), i n t r o ­
duire de nouveaux nombres de Love dans le cas d ' u n potentiel accompa­
gné de contraintes superficielles radiales, par des définitions analogues
à (13), (16), (17), (18) d u paragraphe 3.
Dans le cas d'une sphère homogène incompressible, Chree en 1889 a
montré que la déformation due à une c o n t r a i n t e radiale Γ ( 1 ) était équiva­
lente à celle d ' u n potentiel p e r t u r b a t e u r T/p, p étant la densité. Dans
ces conditions le potentiel w i n d u i t par la déformation totale est donné
par :

Il n

et (en notant k et k' avec Tindice n) :

w„ = k„'M/„ = /c„ir„ + /c„-^.

Or :

b„= ~(2n+ \)g(a) WJAnGa = ~ {2 n + \) pWJ3 .

Ainsi :

k: = k„(Î -(2n+ 1)/3) = 2 k„(Î ~n)l3.


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180 DÉFORMATION D'UNE SPHÈRE ÉLASTIQUE GRAVITANTE

O n aura de la même façon :

h'„ = 2 - n)/3 .

Ces formules ne sont valables que p o u r une sphère homogène


incompressible.
Elles m o n t r e n t que les effets gravitationnel et de simple déformation
sont d u même ordre de grandeur p o u r les harmoniques de r a n g peu élevé,
correspondant à une répartition superficielle de caractère g l o b a l , mais
que les effets de déformation l ' e m p o r t e n t très vite sur les effets gravita­
tionnels q u a n d l ' o r d r e n augmente, c'est-à-dire p o u r les charges
concentrées.
Les déformations causées par des contraintes de cisaillement (vents en
surface, f r o t t e m e n t d ' u n n o y a u fluide visqueux sur le manteau) seraient
calculées de façon analogue en utilisant p o u r le déplacement la for­
mule (4) d u paragraphe 4.

BIBLIOGRAPHIE

z. A L T E R M A N , H . J A R O S C H , C. L . PEKERIS, 1 9 5 9 . Oscillations o f the E a r t h . Proc. Roy. S., A,


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F. A . DAHLEN, 1 9 6 8 . The normal modes o f a rotating elliptical Earth. I GJ 16, 3 2 9 - 3 6 7 .
1969, I I , 17, 3 9 7 - 4 3 6 .
G . JOBERT, 1 9 6 2 . Non-hydrostatical stresses i n a gravitating planet. JGR, 1 5 7 9 - 8 5 . 1 9 6 6 ,
Tensions n o n hydrostatiques dans une planète en cours d'accrétion. CRAS, 262,
1643-5.
W . H . MuNK, G . J . F . M A C D O N A L D , 1 9 6 0 . The rotation of the Earth. Cambridge Univ.
Press., 3 2 3 p.

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CHAPITRE 8

ONDES GUIDÉES.
VIBRATIONS PROPRES DE L A TERRE : THÉORIE

par

Nelly JOBERT

1. — I N T R O D U C T I O N

La première constatation faite par u n observateur disposant, p o u r u n séisme


assez i m p o r t a n t , d'une série d'enregistrements obtenus à des distances variables
à l'aide de sismographes à large bande passante, est celle d ' u n allongement
régulier de la durée d u signal avec la distance épicentrale ; en même temps
s'accroît le n o m b r e de « phases » identifiables, q u i se séparent et prennent des
importances relatives variables. Si le foyer est superficiel, o n commence à
distinguer vers 1 600 k m , distance où les phases P et S (ondes de volume) sont
bien séparées et généralement nettes, une troisième phase d'aspect différent :
contrairement aux deux premières, d'aspect impulsif, elle se présente sous f o r m e
d'une succession d'oscillations relativement régulières, à longue période, d o n t
l'amplitude, t o u t d ' a b o r d faible, croît a p p a r e m m e n t en même temps que leur
période apparente d i m i n u e ; après u n m a x i m u m d ' a m p l i t u d e , se développe à
la fin d u t r a i n d'ondes une série de battements ( « c o d a » ) d'aspect complexe
(Fig. 1). A grande distance, cette phase, dite d'ondes longues, devient prépon­
dérante. Dans la mesure où l ' o n peut apprécier son début, o n constate qu'elle
se propage à vitesse constante, c o n t r a i r e m e n t à ce q u i se passe p o u r les ondes
de volume, donc en suivant la surface de la Terre : i l s'agit d'ondes superfi­
cielles.
Sur un enregistrement de sismographe vertical l'arrivée paraît plus tardive :
ceci est dû à l'existence de deux ondes superficielles distinctes ; l'onde de L o v e ,
plus rapide, n'apparaît que sur les enregistrements de sismographes h o r i z o n ­
taux et est purement transversale. L ' o n d e de Rayleigh (R), u n peu plus lente,
donne lieu, lors de son passage, à u n déplacement d u sol dans le plan vertical
de p r o p a g a t i o n , suivant une trajectoire rétrograde p o u r u n observateur placé
de sorte que les ondes progressent vers sa d r o i t e . Deux appareils h o r i z o n t a u x
convenablement orientés par r a p p o r t à l'épicentre peuvent séparer la c o m p o ­
sante l o n g i t u d i n a l e de l'onde de Rayleigh et l'onde de L o v e ; o n observe alors

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182 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

Fici. 1. — Des.sm de VenregistrcinenI magné!ique numérique de l'onde de Love du


aéisme de Nouvelle-Irlande du 28-12-1970, à Villiers-Adam. Δ --^ 14 4 3 4 k m .

(Fig. 2) u n déphasage d ' u n q u a r t de période entre les enregistrements l o n g i t u ­


d i n a l et vertical, si l'onde de Rayleigh est assez développée p o u r avoir un
aspect périodique.
Dans le cas où le foyer est p r o f o n d , les ondes superficielles n'apparaissent
que si le sismographe est sensible aux très longues périodes : en effet, les ondes
superficielles, formées p a r diffraction à peu de distance de l'épicentre, o n t

®
©

F I G . 2. — Séisme du 4-03-1924, enregistré à Strasbourg par des pendules Galitzine.


A =- Composante transversale, onde de love L.
B Composante longitudinale
Onde de Rayleigh R.
C ^ Composante verticale
D'après Y . DAMMAN, 1927.

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INTRODUCTION 183

alors un contenu spectral à basse fréquence, limité aux longueurs d'onde de


l'ordre de la p r o f o n d e u r d u foyer.
D u fait de leur complexité, les ondes superficielles nécessitent p o u r leur
étude des traitements relativement élaborés ; en revanche, o n peut o b t e n i r ,
avec u n nombre réduit de stations (et même une seule), des i n f o r m a t i o n s for­
mant un ensemble alors que p o u r les ondes de v o l u m e i l f a u t grouper les
données d ' u n grand n o m b r e de stations. E n effet, le c o m p o r t e m e n t d'une
onde superficielle intègre, dans chacune de ses composantes spectrales, les
propriétés physiques d u m i l i e u à la surface duquel elle s'est propagée, t o u t le
long de son trajet, p o u r des profondeurs de l ' o r d r e de grandeur de la longueur
d'onde (ce q u i est particulièrement intéressant p o u r les régions inaccessibles,
océaniques en p a r t i c u l i e r ) . Le m i l i e u j o u e en quelque sorte le rôle d ' u n spectro-
graphe en d o n n a n t à chaque composante spectrale une vitesse caractéristique
de sa période, de sorte que ces composantes se séparent au cours de leur
propagation : c'est le phénomène de dispersion, q u i transforme u n choc i n i t i a l
en une suite d'oscillations. Des i n f o r m a t i o n s sur l'intérieur d u G l o b e , complé­
mentaires de celles provenant des ondes de v o l u m e , peuvent donc être tirées
d'analyses d'ondes superficielles ; les progrès récents de traitement de l ' i n f o r ­
mation ont permis d'augmenter la précision des analyses dans ce domaine ;
mais le développement de l'étude des ondes superficielles a été lié essentielle­
ment aux progrès réalisés dans la mise en œuvre de sismographes à longue
période et à leur i n s t a l l a t i o n dans le monde entier.

Si la théorie de l'onde de Rayleigh à la surface d ' u n demi-espace homogène,


parfaitement élastique et isotrope, et celle de l'onde de Love p o u r u n d e m i -
espace stratifié datent respectivement de 1885 et 1911, leur d i s t i n c t i o n expéri­
mentale date de 1907 et les premières études quantitatives d'ondes longues (L)
sont plus tardives ; Stoneley avait étudié d'une façon statistique ( I . S. S.)
les débuts de la phase L et avait groupé les arrivées a u t o u r des deux vitesses
moyennes, 4,4 km/s p o u r les ondes de L o v e , 4 km/s p o u r les ondes de Rayleigh.
Mme Labrouste i( 1927) les sépare vraiment. G u t e n b e r g ( 1924) a été le p r e m i e r
à introduire la n o t i o n de dispersion, base des interprétations dans le d o m a i n e
expérimental des ondes longues, en distinguant u n c o m p o r t e m e n t différent
des ondes superficielles suivant que le trajet est océanique o u c o n t i n e n t a l .
La comparaison avec des calculs théoriques p o u r des modèles simples (Jeffreys,
Stoneley) a permis les premières estimations, par cette méthode, des propriétés
de la croûte terrestre, de son épaisseur en particulier, c o n f i r m a n t les études
par ondes de v o l u m e .
En ce q u i concerne l'étude d u manteau, G u t e n b e r g avait commencé en 1926
l'étude des ondes de L o v e de longue période, notées depuis ondes G. C'est
en 1954 (Ewing), grâce à l ' u t i l i s a t i o n d'appareils verticaux à longue période,
que des ondes de Rayleigh intéressant le manteau o n t p u être mises en évidence.
A la même époque, lors d u séisme d u K a m t c h a t k a de 1952, H . Benioff
(Benioff, G u t e n b e r g et Richter, 1954) pensa t r o u v e r , sur u n enregistrement de
son extensomètre en silice fondue, à Pasadena, les traces d'une oscillation
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184 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

p r o p r e de l'ensemble de la Terre, de période voisine de 1 h . Les nouvelles possi­


bilités de calcul offertes p a r les ordinateurs p e r m i r e n t a u x théoriciens, inté­
ressés p a r cette observation, de t r a i t e r les problèmes de v i b r a t i o n s propres
de modèles tenant compte de l'hétérogénéité de la Terre ; les études théoriques
déjà anciennes (Poisson, 1829 ; L a m b , 1882) p o r t a i e n t sur des modèles de
sphères très schématiques. Les mêmes ordinateurs permettaient en même temps
une analyse systématique des enregistrements, en vue de la détermination de
leurs spectres d'énergie. C'est à l'occasion d u grand séisme d u C h i l i de 1960
q u ' u n e première comparaison p u t être faite, au X I P Congrès de l ' U . G . G . 1.
à H e l s i n k i , entre les positions des pics des spectres expérimentaux obtenus
par H . Benioff, F. Press et S. W . S m i t h d'une part, L . B. Slichter, N . F. Ness
et J . H a r r i s o n d'autre part (ces derniers à p a r t i r d'enregistrements de la marée
gravimétrique) et les périodes théoriques calculées en p a r t i c u l i e r par Z . A l t e r ­
m a n , H . Jarosch et C. L. Pekeris. Depuis, des oscillations propres o n t p u être
mises en évidence sur des spectres d'enregistrements à longue période toutes
les fois que le séisme était assez i m p o r t a n t p o u r engendrer des ondes super­
ficielles encore décelables après avoir p a r c o u r u plusieurs tours de Terre.

2. — ONDES GUIDÉES

2.1. — Généralités. — Nous considérerons des v i b r a t i o n s sinusoïdales en


f o n c t i o n d u temps. Pour des ondes de très grande période, o n utilise des
modèles à symétrie sphérique, les écarts à la sphéricité de la Terre réelle étant
faibles. P o u r des périodes plus courtes, o n peut tenir compte de l'effet de cour­
bure c o m m e terme correctif, o u le négliger, en prenant p o u r modèle u n demi-
espace à stratification horizontale. O n cherche une v i b r a t i o n propre d u demi-
espace en considérant un régime permanent de p r o p a g a t i o n d'une onde
sinusoïdale pure parallèlement au sol ; cette v i b r a t i o n p r o p r e est une compo­
sante spectrale de l'onde superficielle, prise sous forme d'intégrale de F o u r i e r .
O n cherche la v i b r a t i o n propre sous forme d'une onde progressive suivant
la d i r e c t i o n horizontale, et stationnaire suivant la p r o f o n d e u r , tous les points
sur une même verticale oscillant en phase ; si les c o n d i t i o n s sont telles que
l ' a m p l i t u d e de la v i b r a t i o n devient négligeable à grande p r o f o n d e u r , o n a bien
affaire à une onde superficielle : l'énergie est localisée près de la surface et
peut se propager à grande distance. L ' o n d e est en quelque sorte canalisée le
l o n g de la surface libre, mais elle ne peut être considérée c o m m e une onde
guidée que si sa vitesse de p r o p a g a t i o n C (vitesse de phase) est supérieure à la
vitesse des ondes de v o l u m e dans le m i l i e u . Ce n'est pas le cas lorsque le
demi-espace est homogène, car l'onde de Rayleigh, seule v i b r a t i o n p r o p r e
existant alors, a une vitesse inférieure à celle des S. E n fait, les vitesses des
ondes sismiques augmentant avec la p r o f o n d e u r près de la surface, les ondes
superficielles observées peuvent être considérées c o m m e des ondes guidées
dans la partie superficielle de la Terre. Le principe d ' « interférence cons-
tructive », spécifique des ondes guidées, peut donc leur être appliqué. N o u s
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ONDES GUIDÉES 185

exposerons cependant en premier lieu des méthodes générales de recherche


des vibrations propres (établissement d'une équation de dispersion), q u i
s'apphquent quelles que soient les variations des propriétés physiques d u
demi-espace stratifié.

2.2. — Ondes superficielles planes. — Soit u n demi-espace élastique et


isotrope ; l'axe des x est pris suivant la trace de la surface l i b r e sur le
plan de p r o p a g a t i o n , l'axe Oz perpendiculaire vers le bas. L a densité p,
les paramètres de Lamé λ ti μ sont supposés fonctions de z. N o u s cher­
cherons, p o u r une onde sinusoïdale de période T = 2 π/ρ, u n régime
permanent de p r o p a g a t i o n suivant Ox, tel que le déplacement d soit de
la forme :

d = a(z) exp(i/7(i - x/C)).

Le déplacement d d o i t satisfaire aux équations d u m o u v e m e n t (Chap. 2),


et par suite les composantes de a(z) doivent sadsfaire u n système d'équa­
tions différentielles d u second ordre. C o m m e la stratification d u m i l i e u
permet une séparation des ondes de v o l u m e en ondes SH d'une p a r t ,
P et SV de l'autre, i l en résulte une séparation des ondes superficielles.

a) Ondes de Love. — Le déplacement d a une seule composante t;, d ' a m ­


plitude ν(ζ) suivant Oy. L'équation différentielle peut se mettre sous la
forme d ' u n système de deux équations différentielles linéaires d u premier
o r d r e ; i n t r o d u i s o n s le vecteur S de composantes ( F , τ = μάν/άζ) ;
nous écrirons

S'(z) = M i S (I)

avec

0 μ-'
Mi = (Gilbert, et al. 1966)

oùf = p/C.

b) Ondes de Rayleigh. — L e déplacement d est dans le p l a n vertical de


p r o p a g a t i o n , les composantes de a(z) sont U{z), W{z), et celles de la
c o n t r a i n t e (xz, zz) sur une surface h o r i z o n t a l e sont notées τ, et σ ; si nous
considérons le vecteur S(i/, W, σ, τ ) , i l d o i t satisfaire le système :

S'(z) = S (2)

avec

0 -f 0 μ-'
λΚλ + 2μΤ' 0 {λ + 2μ)-' Ο
0 -pp' Ο /
- pp' +Af μ{λ + μΜλ + 2μ)-' 0 -λί{λ + 2μ)-' Ο
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ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

Sauf p o u r certains cas particuliers de lois de v a r i a t i o n de p, Àet μ avec


la p r o f o n d e u r , les systèmes (1) et (2) n ' o n t pas en général de solutions
analytiques simples ; o n a donc recours à des procédés de résolution
numérique, q u i consistent à calculer de proche en proche, à p a r t i r d'une
p r o f o n d e u r initiale, un ensemble de solutions indépendantes p o u r S q u i
constituent la matrice « propagateur ».
L a s o l u t i o n particulière q u i convient p o u r une onde superficielle est
déterminée p a r les conditions aux limites : a n n u l a t i o n des composantes
de la c o n t r a i n t e sur la surface libre z = 0, et a n n u l a t i o n d u déplacement
(et des contraintes) p o u r une p r o f o n d e u r infinie. L'existence de cette solu­
t i o n particulière est liée à une c o n d i t i o n sur la vitesse de phase, telle que
celle-ci (sauf p o u r l'onde de Rayleigh à la surface d ' u n demi-espace
homogène) varie suivant la période de l'onde.

.3. — Méthode de Thomson-Haskell [1953] : Ondes de Love. — SL) L a


variation des paramètres physiques avec la p r o f o n d e u r est représentée
par une succession d'échelons ; le modèle étant alors u n empilement
de (/ — 1) couches homogènes recouvrant u n demi-espace, les solutions
de (1) et (2) dans chaque couche s'expriment simplement sous f o r m e
de fonctions exponentielles o u sinusoïdales de la profondeur. Soient z „ _ i
et z„ les profondeurs limites d'une couche de r a n g n compté à p a r t i r de
la surface, et H„ = z„ - z „ _ i l'épaisseur de la couche.
Dans la couche de rang n, (1) a deux solutions indépendantes, q u i p o u r
la composante V sont de la forme :

C = exp(.s„(z - z„_,))

y- = B; exp(- s„(z - z„_i))

avec s^ = f ' - p' ρ„/μ„ ; soit Φ„(ζ) le vecteur (Vil, V„ ) ; i l vient :

O n peut relier les vecteurs Φ„ aux fonctions de la couche par la relation :

Φ„(^„) £„Φ„(ζ„-ι)

avec

exp(s„ H„) 0
E,'n
0 exp(- s„H„)

d'où

S„(z„) = T„ E„ S„(z„_,) = G„S„(z„_,) . (3)


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ONDES GUIDÉES 187

Le vecteur S„(z„) étant c o n t i n u q u a n d o n passe à travers la discontinuité


dans la couche (AJ + 1), la r e l a t i o n (3) permet de faire avancer la s o l u t i o n
générale S„ d u sommet d'une couche à l'autre. O n aura donc, en p a r t a n t
par exemple de la surface où la c o n t r a i n t e est nulle, τ = 0 :

So = ( Vo, 0)

et dans le milieu inférieur d'indice / :

Φ, = 7 ] " ' G„.G„_, G,.So = R S o . (4)

Dans ce milieu o n ne peut accepter que la composante (amortis­


sement exponentiel avec la p r o f o n d e u r ) . L a relation (4) où Φ, = (0,
c o n d u i t à une c o n d i t i o n sur le terme (1,1) de la matrice R :

Λ,,(Α./) = 0 ; (5)

on détermine ainsi une vitesse de phase C{p).

b) Application à un modèle comportant une couclie superficielle. —


Prenons 1 = 2; soient 'W, = (pjp^y et'li^ = iPilPi)''^ les vitesses des
ondes S dans les deux m i l i e u x .
L'équation (5) n'a pas de racines si .v, est réel (C < 'Ιϋ,) ; i l faut donc
•U\ < '\V2, 'Ui, < C < ΙΌ2 ; si o n pose s, = \s\, i l vient :

Pi s', t g s\ H = P2 S2 . (5')

Si o n se fixe une valeur de C comprise entre ""U), et 'lOj, cette équation


admet une infinité de racines, la racine de r a n g m étant telle que s\ H est
compris entre nm et (m + ; m = 0 correspond au mode f o n d a ­
mental, p o u r lequel la vitesse de phase (et aussi la vitesse de groupe U,
que nous définirons plus l o i n ) tend vers l U j aux basses fréquences etΊ ϋ ,
aux hautes fréquences. Lorsque m n'est pas n u l , le p o i n t C = f/ = ΊΟ2
correspond à une fréquence n o n nulle (fréquence de coupure), d ' a u t a n t
plus élevée que m est grand : o n a affaire à u n h a r m o n i q u e de l'onde de
Love. L a r e l a t i o n τ = 0 p o u r z = 0 m o n t r e que le déplacement, m a x i ­
m u m en surface, varie c o m m e cos (s'i z) dans la couche ; i l y présente m
nœuds, le nœud le plus p r o f o n d descendant au f o n d de la couche aux
fréquences infinies.
Dans le cas d ' u n n o m b r e / de couches quelconque, l'onde n'existe que
si l u dans l'une des couches a u moins est inférieure à 11), (sinon i l y a u r a i t
rayonnement d'énergie dans le m i l i e u inférieur) ; dans ce cas la vitesse
de phase est comprise entre la plus petite valeur de Ίϋ et ' l u , .
Dans le domaine des périodes inférieures à deux minutes, les ondes
de L o v e observées à la surface de la Terre doivent leur existence à la
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ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

présence, près de la surface, des plus faibles vitesses p o u r les ondes S.


O n t r o u v e en effet dans la croûte des vitesses de l'ordre de 3,5 km/s
alors qu'à plus grande p r o f o n d e u r elles sont supérieures à 4 km/s.

2.4. — Méthode de Thomson-Haskell : Ondes de Rayleigh. — a) Considé­


rons le même demi-espace constitué de couches empilées : en m i l i e u
homogène, le déplacement d dérive de deux potentiels Φ (ondes P) et Ψ
(ondes SV) tels que :

d = grad Φ -h r o tΨ .

P o u r une onde plane, Φ est f o n c t i o n de x , z et ί seulement, et o n peut


prendre Ψ„(χ, z, t) porté par Oy ; les composantes de d sont données
par ( H . L a m b , 1904) :

H = ΒΦΙοχ - dTjdz
w = ΟΦΙδζ + δΨΙδχ .

Les potentiels sont pris sous la forme

(Φ, V ) = ( φ ( ζ ) , φ{ζ)) exp(i(/7i - fx)).

A p a r t i r des équations d u mouvement o n obtient les deux équations :

φ" - / ' φ = - h ' ç , h=piri, ' U = ((A + 2 μ)/ρ)^


φ" -f^ ψ= - k' φ , k= ρΙ'\β

q u i admettent p o u r s o l u t i o n générale dans le m i l i e u n :

ψ = B: exp[r„(z - z „ _ , ) ] + B; e x p [ - r„(z - z„_,)]

= Ψη + Ψη

φ = C* exp[s„(z - z „ _ , ) ] + c ; e x p [ - s„(z - z„_i)]

= Φ: + Φ:

où s est donné au paragraphe précédent, et = f ' — h' ; i n t r o d u i s o n s


le vecteur Φ„(ψ;^, φη , Ψη, Φη), le vecteur S„(C/„, fV„, σ„, τ„) s'en déduit
par S„ = T„ Φ„, où T„ est l a matrice ( D u n k i n , 1965) :

- if - s„ -if
-if - i f
- 2 ip„fr,n 2ipjr„
- βη K n - μη In

avec In=f'+S'n.
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ONDES GUIDÉES 189

O n peut appliquer à S„ les raisonnements d u paragraphe précédent :


on passe d u niveau z „ _ i (couche n) a u niveau z„ (couche n + \) p a r l a
transformation

S „ + , ( z „ ) = C„ S „ ( z „ _ i )

où C„ = 7 ; ( ζ „ ) . £ · „ . Γ „ " ' ( ζ „ _ , ) .

£„, matrice d'avancement de H„ d u vecteur Φ„, ne c o m p r e n d que des


termes diagonaux : exp(/-„ //„), exp(5„ //„), e x p ( - /·„ //„), e x p ( - s„ H„).
Pour relier le potentiel Φί(0, 0, ψϊ, ψΓ) dans le m i l i e u inférieur au dépla­
cement à la surface SO(UQ, W^, 0, 0) o n aura, cette fois-ci p o u r des vec­
teurs à 4 dimensions :

= RSo (5")

d'où la c o n d i t i o n :

/^11^22-/^12^21=0 (6)

entre les éléments de R, q u i détermine une vitesse de phase C{p) ; si (6)


est réalisée, les composantes d u déplacement en surface sont alors telles
que :

ujWo = - R,2lRii •

b) Demi-espace homogène. — N o m b r e de couches / = l, R = 7 " " ' , en


utilisant l'expression de Γ ρ . 188, l'équation (6) devient :

I' -Af-rs = 0.

Elle est en réalité indépendante de p et se réduit à une équation d u


3" degré en C/'IU. D u fait que r et ί doivent être réels p o u r assurer u n
amortissement exponentiel de l ' a m p l i t u d e avec la profondeur, seule
l'une des racines est acceptable. Dans le cas où A = μ

CJ'W = 0,92 .

Le déplacement en surface est tel que l a composante HO est en avance


d ' u n q u a r t de période sur l a composante longitudinale ; le r a p p o r t des
axes de l'ellipse, de 1,47 en surface p o u r λ = μ, augmente avec l a p r o ­
fondeur ; le sens de parcours change à une p r o f o n d e u r de l ' o r d r e de
0,2Λ (U étant n u l ) . Au-delà d'une longueur d'onde le déplacement est
négligeable.
c) .Milieu recouvert d'une couche superficielle d'épaisseur H, où les
vitesses sont plus faibles. — Dans l a relation (6), C est f o n c t i o n de pH,
de sorte que p o u r le mode f o n d a m e n t a l les limites des vitesses de phase
et de groupe sont respectivement C,;, p o u r les hautes fréquences, et
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ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

p o u r /; = 0 ; le r a p p o r t des axes de l'ellipse en surface varie également


avec la fréquence ; i l en est de même dans le cas plus général de plusieurs
couches, si les vitesses les plus grandes sont dans le m i l i e u inférieur, et
les plus faibles en surface.
Sauf p o u r un milieu homogène, l'équation (6) admet, en plus d u mode
f o n d a m e n t a l , p o u r une vitesse de phase donnée inférieure o u égale à
la vitesse des ondes S dans le m i l i e u inférieur, une infinité de racines à
période d ' a u t a n t plus courte que leur rang est plus élevé : ce sont des
harmoniques de l'onde de Rayleigh, d o n t la vitesse de phase varie depuis
11), p o u r la fréquence de coupure (d'où leur dénomination « shear modes »
ou modes à cisaillement) jusqu'à aux hautes fréquences. O n peut
rapprocher le déplacement correspondant de celui q u i existerait lors de la
v i b r a t i o n de la couche superficielle intéressée si elle était isolée d u m i l i e u
inférieur, ce q u i permet de classer les v i b r a t i o n s des harmoniques en
modes symétriques (Λ/,-^) et antisymétriques (Μ,-^) de la couche super­
ficielle considérée ; le mode f o n d a m e n t a l est désigné par Μγ^.
Les calculs numériques par la méthode matricielle deviennent imprécis
aux hautes fréquences p o u r l'onde de Rayleigh : d u fait de l'existence
dans les matrices G„ d'exponentielles positives, i l apparaît dans les termes
de R des éléments très grands, q u i théoriquement doivent se compenser
dans (6) mais pratiquement amènent des imprécisions d ' a u t a n t plus
gênantes que la fréquence est plus élevée. D u n k i n (1965), K n o p o f f (1964),
ont proposé des méthodes p o u r éviter cet inconvénient. Celle de D u n k i n
consiste à décomposer les déterminants d u second ordre de R q u i figure
dans (6) en une somme de p r o d u i t s de mineurs d u second ordre formés
avec les éléments des C„, où ne figurent plus les exponentielles d'argument
2 r„ H„ et 2 s„ H„ q u i devraient disparaître dans (6). Cette f o r m u l a t i o n
permet de v o i r q u ' a u x très hautes fréquences, les exponentielles positives
deviennent prépondérantes et qu'en plus des racines relatives à des
modes de Rayleigh, apparaissent des racines relatives à des modes d'inter­
face, q u i tendent aux fréquences infinies vers des ondes dites de Stoneley,
ondes se propageant dans certaines conditions le l o n g de la discontinuité
entre deux demi-espaces ayant les propriétés respectives des couches
de p a r t et d'autre. C'est un inconvénient de la méthode d ' H a s k e l l , dû à
l ' u t i l i s a t i o n d ' u n modèle c o m p o r t a n t des discontinuités.

2.5. — Intégration numérique des équations différentielles. — P et f étant


fixés, o n peut intégrer numériquement les systèmes (1) et (2) en cher­
chant les valeurs des fonctions p o u r des valeurs discrètes de la p r o f o n ­
deur ; o n o b t i e n t pas à pas les accroissements des fonctions cherchées,
en remplaçant leurs dérivées p a r des expressions approchées où figurent
les valeurs connues des paramètres physiques et des fonctions aux pas
précédents. Y . Sato (1959) a été u n des premiers à appliquer cette méthode
aux ondes superficielles, en p a r t a n t de la surface z = 0 avec p o u r les
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ONDES GUIDÉES 191

ondes de Love la c o n d i t i o n τ = 0. L a f o n c t i o n V{z) obtenue diverge en


profondeur, à une p r o f o n d e u r d ' a u t a n t plus grande que le r a p p o r t C = pif
approche plus de la vitesse de phase cherchée ; l'auteur recherche systé­
matiquement cette valeur,/étant fixé, en faisant varier C pas à pas. P o u r
les ondes de Rayleigh, i l se donne le r a p p o r t des deux composantes n o n
nulles de S„ (composantes d u déplacement) e t , / é t a n t fixé, i l fait varier
pas à pas à la fois ce r a p p o r t et la vitesse de phase jusqu'à approcher
d'une s o l u t i o n convergente p o u r S„(2).
O n peut aussi,/étant fixé et C donné, intégrer en p a r t a n t de la surface
le système d'équations différentielles simultanément p o u r les c o n d i t i o n s
initiales

S„ = ( 0 , 1 , 0 , 0 ) et S„ = (1,0,0,0)

de façon à obtenir la moitié d u propagateur. E n fin d'intégration, la valeur


de C peut être corrigée par la méthode de N e w t o n . E n répétant l'opéra­
t i o n , o n atteint par a p p r o x i m a t i o n s successives la valeur cherchée p o u r C
et en même temps le r a p p o r t convenable entre les deux solutions, q u i
1 permet de les combiner linéairement p o u r avoir les composantes cherchées.
Ces méthodes d'intégration numérique o n t u n inconvénient, illustré
par la divergence des solutions en dehors des valeurs propres (valeurs
cherchées p o u r C) : la s o l u t i o n q u i serait une exponentielle positive dans
un milieu homogène devient prépondérante à grande p r o f o n d e u r , si elle
n'est pas exactement éliminée. I l peut en résulter des imprécisions dans
les calculs numériques, p o u r les ondes de Rayleigh, l o r s q u ' o n a à estimer
en fin d'intégration le déterminant d u second ordre (représenté par la
condition (6) de la méthode d ' H a s k e l l ) q u i exprime la compatibilité
des deux conditions aux limites ; la présence de deux grands termes q u i
sont près de se compenser au voisinage d'une valeur propre i n t r o d u i t des
erreurs ; o n y remédie en intégrant n o n plus le système d'équations diffé­
rentielles (2) de S(z) p o u r avoir le propagateur, mais le système q u i a
p o u r solutions les mineurs d u second ordre d u propagateur ; comme l ' a
i montré G i l b e r t (1966) ce système c o m p o r t e 6 équations au lieu de 4
! dans (2) mais la précision est améliorée ; cette méthode a été utilisée p a r
, A b r a m o v i c i (1968). L'intérêt des méthodes d'intégradon numérique est
de p o u v o i r utiliser u n modèle où les paramètres physiques varient d'une
I façon continue avec la p r o f o n d e u r ; mais en général les calculs sont plus
longs que p a r la méthode d ' H a s k e l l . Remarquons que la présence d'une
couche à faible vitesse dans le modèle n ' i n t r o d u i t aucune particularité
dans les équations utilisées.

2.6. — Ondes guidées. — Supposons q u ' i l existe une couche où les ondes
de volume q u i y sont engendrées restent canalisées par des réflexions succes­
sives aux frontières, constituées p a r une surface libre, o u u n m i l i e u à plus grande
vitesse (s'il s'agit d'une couche à faible vitesse) ; o n peut alors t r o u v e r dans
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192 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

certains cas la v i b r a t i o n propre sous forme d'onde guidée, formée par interfé­
rence entre les différentes ondes de v o l u m e et se propageant le l o n g de la couche.
P o u r une onde de v o l u m e de vitesse ' U , de période déterminée, cette interfé­
rence n'est « constructive » que p o u r certains angles d'incidence θ liés à la
vitesse de phase de l'onde guidée C = 'U/sin Θ. Cette c o n d i t i o n permet de t r o u v e r
géométriquement la r e l a t i o n de dispersion C{T) obtenue p a r des méthodes
plus générales aux paragraphes précédents.
Par exemple, considérons une onde S H plane et sinusoïdale de vitesse l u , ,
canalisée dans une couche homogène entre la surface libre et une surface q u i
la sépare d ' u n demi-espace où la vitesse I D j est plus grande, dans le cas de la
réflexion totale (0, > arc sin'lOi/'lDj). E n écrivant que le déphasage dû au
trajet géométrique le l o n g d u rai et au déphasage - 2ψ par réflexion sur le
f o n d est u n n o m b r e entier de tours, o n obtient, avec x = IH.tgO,,
αϋ, ί = 2 ///cos 01 :

p(t - X sin (?ι/1ϋ,) - 2 φ = 2 π. 2 // cos OJ'W, T - 2 ψ = 2 Κπ .

D ' a u t r e part, C = -WJsin Oy et

t g <p = iμJμ,^ sin' O./IDf ) - \Y"IW, cos 0, ;

en éliminant 0, et φ entre ces relations, et en reprenant les n o t a t i o n s d u para­


graphe précédent, o n retrouve l'équation de dispersion des ondes de Love :

p, s\ t g s', H = μ2Β2. (5')

Κ, ordre d'interférence, est aussi le rang de l ' h a r m o n i q u e , représenté c o m m e


nous l'avons v u par le n o m b r e de nœuds de déplacement dans la couche p o u r
cette onde stationnaire guidée.
D a n s le cas d ' u n demi-espace où la vitesse croît d ' u n e façon c o n t i n u e avec
la p r o f o n d e u r , lorsque la longueur d'onde est assez courte p o u r q u ' o n puisse
représenter a p p r o x i m a t i v e m e n t la v a r i a t i o n de phase le l o n g d u trajet suivi
par l'onde de v o l u m e , o n peut encore écrire une c o n d i t i o n d'interférence
constructive approchée p o u r le trajet entre deux réflexions, en ajoutant un
déphasage π/2 ( H . Jeffreys, 1954) au point le plus bas d u rai p o u r le r e t o u r
vers le haut :

φ] + π/2 = 2 Κ π

avec

C = dx/dt étant la pente de la tangente à la courbe de p r o p a g a t i o n de l'onde


SH p o u r la distance x.
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ONDES GUIDÉES 193

Le cas des interférences entre ondes P SV rétlccliies sur les parois libres d'une plaque
a été traité par Tolstoy et Usdin (1953), reprenant une méthode de Fay et Fortier (1951).
Considérons u n point E tout près de la surface ( F i g . 3). Les ondes planes q u i arrivent en E
après deux réflexions ont pu suivre différents rais, issus de points A, B, C, D... au même
niveau. O n considère qu'en régime permanent o n retrouve, dans la somme des amplitudes
des ondes P o u 5 K d c tous les rais q u i arrivent en £, respectivement l'amplitude des P en A
et celle des SV en D, le rapport R de ces deux amplitudes dépendant de l'angle d'incidence
et de la période. En posant r = p cos 0 eX. s — p cos y, OÎ ei — α étant respectivement les
coefficients de réflexion PP et SS, β et δ les coefficients de réflexion PS et SP, o n obtient deux
équations dont les termes correspondent aux ondes indiquées en dessous :

R{a'- exp(2 irH) : βδ exp(i(r + s) H)) — αδ exp(i(r 1 .s) H) + «δ exp(2 iiH) •= R


PPP PSP SSP SPP

!(2 exp(2 UH) βδ exp(i(/- s) H) τ R(μβ exp(i(/- + s) H) αβ exp(2 isH)) 1


SSS SPS PPS PSS

avec a2 - βό - 1.

FiG. 3.

L'élimination de R entre ces deux relations donne une c o n d i t i o n aux périodes où figurent
les angles de réflexion 0 et γ. Pour avoir l'équation de dispersion de la plaque o n i n t r o d u i t
la vitesse de phase C égale à 'U/sin 0 o u 10/sin y. L'utilisation d'arguments rffl2 et sH/l
permet d'y mettre en évidence deux déterminations liées respectivement aux modes symétri­
ques et antisymétriques.
Le cas d'une couche superficielle solide est traité de la même façon, dans le domaine où
C > U i , en introduisant des déphasages lors des réflexions totales sur le f o n d . Dans ce
domaine o n retrouve ainsi l'équation de dispersion des ondes de Rayleigh.

2.7. — M o d e s à perte.— Revenons au cas plus simple d'une couche d'eau recouvrant
un demi-espace élastique (guide océanique) ; pour des angles d'incidence tels que sin 0 > a/Il)
(ff > Ocsv) le son, de vitesse a, réfléchi en surface avec un déphasage de π, est réfléchi totale­
ment à la base de la couche d'eau, avec u n déphasage — 2 ψ. O n peut écrire la c o n d i t i o n
d'interférence constructive :

2π.2 HcosOloiT—2ii/+ π ^ 2 Κπ (7)

équivalente à la relation de dispersion des ondes de Rayleigh, comprenant le mode fondamen­


tal ( C < C R J ) et les harmoniques (shear modes) dont les fréquences de coupure correspon­
dent à C = 1U2.
Considérons maintenant le cas où les incidences dans la couche sont plus grandes que
l'incidence critique Ocs^ pour les S, tout en restant inférieures o u égales à l'incidence critique

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194 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

pour les P (sin Ocr =- a/'D) ; les ondes P ne sont plus totalement réfléchies sur le fond, et per­
dent donc de l'énergie à chaque réflexion par conversion en ondes SV rayonnées dans le
milieu inférieur ; ce rayonnement est cependant peu intense au voisinage de C = 'U2, le
coefficient de réflexion étant voisin de l'unité. 11 en résulte q u ' o n peut espérer obtenir encore
une onde guidée peu amortie, dont la dispersion est approximativement donnée par ( 7 ) ;
en particulier, pour C 'O 2, v ^ 0, o n a un guide de Pekcris (couche liquide sur u n demi-
espace liquide) et on obtient facilement la fréquence de coupure de cette onde imparfaite­
ment guidée. Par exemple pour un guide océanique, avec H ~ 5 k m , 1 ) ^ 7 , 8 km/s et
α 1,5 km/s o n trouve pour le mode le plus grave Te = 1 3 s ; o n conçoit que par suite de
son faible amortissement, une onde ayant cette période, contrairement à ce q u i se passe
pour un mode normal où toutes tes périodes peuvent se propager, se trouvera privilégiée
et pourra être observée effectivement à grande distance : c'est l'onde PL océanique ( F i g . 4),
observée et interprétée à l'aide de l'équation ( 7 ) par Oliver et Major (i960). Une interprétation
exacte en est donnée par Phinney (1961). Les dilîérences entre la dispersion exacte et celle
donnée par ( 7 ) proviennent de la difficulté de représenter u n signal transitoire (onde amortie)
par des considérations relevant de régimes permanents ; au voisinage de la période de coupure,
il y a un couplage de la pseudo-onde guidée avec une v i b r a t i o n à longue période propre au
demi-espace.

F I G . 4 . — Onde PL : trajet de Tonga à Suva, séisme du 2 1 - 0 8 - 1 9 5 8 .


A = 8 7 0 k m . D'après O L I V E R et M A J O R , 1 9 6 0 .

D'autres guides existent pour l'onde PL, dont la croûte, pour un trajet continental, inter­
fèrent alors n o n seulement les P, mais les SV, et ces dernières ondes aussi perdent de
l'énergie à travers le f o n d . Le problème devient trop complexe pour procéder par interférence
constructive.

Reprenons l'équation de dispersion exacte sous la forme Dip, C) = 0 pour les


modes normaux à la surface d ' u n modèle stratifié, où la vitesse des 5 e s t d a n s le
milieu inférieur. Ces modes normaux ont leur domaine d'existence pour des vitesses
de phase C< '\C. Pour C > W les ondes de volume des couches superficielles perdent de
l'énergie, au moins sous forme d'ondes 5 K dans le milieu inférieur. O n peut encore t r o u ­
ver des racines de l'équation de dispersion, mais dans le domaine complexe ; la partie
imaginaire de la pulsation p représente u n amortissement en fonction d u temps. Une
I telle étude des modes amortis pour différents modèles de guides imparfaits a été faite
par Gilbert (1964). L'onde PL proprement dite correspond aux fréquences les plus
basses ; d'autres racines appartiennent à des harmoniques ; leur existence physique est
la plus probable dans les domaines spectraux où leur amortissement est le plus faible.
La dispersion dans ces domaines peut être retrouvée par une méthode plus rapide :
de même q u ' o n peut considérer D{p, C) ^ 0 comme une c o n d i t i o n de résonance
! (par interférence constructive) de guide d'onde pour les modes normaux, o n obtient
I une condition de semi-résonance en cherchant le m a x i m u m d'amplitude d u dépia-

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DISPERSION ET MÉTHODES D'ANALYSE 195

cernent dans le guide pour une onde plane et sinusoïdale provenant d u m i l i e u inférieur
(Haskell, 1962); les composantes de ce déplacement ayant en dénominateur D, la
recherche du m i n i m u m de j O | (Oliver et Major, i960) donne des résultats aussi satis­
faisants si le mode est peu a m o r t i (Su et D o r m a n , 1965).

3. — D I S P E R S I O N ET MÉTHODES D'ANALYSE

3.1.—Propagation d'une onde superficielle dispersée. — N o u s avons v u


que par suite de la complexité d u m i l i e u , une onde superficielle plane et sinu­
soïdale se propage à la surface avec une vitesse de phase q u i varie suivant sa
période ; or, le choc q u i est à l'origine d u séisme peut être considéré comme la
somme d'une infinité de composantes sinusoïdales, et chacune d'elles a u n
comportement propre, d'où une déformation d u signal résultant a u cours de
la propagation.
Supposons un déplacement concentré à l'instant / = 0 suivant une ligne de
sources en jr = 0, et n u l p a r t o u t ailleurs ; une composante d u vecteur dépla­
cement de l'onde superficielle p o u r r a être représentée en .v = 0 p a r une inté­
grale de Fourier :

V{t)= F(p) cos (pt + ψο) dp (1)


J 0

ψο est déterminé p a r les c o n d i t i o n s initiales : p a r exemple si = 0 le dépla­


cement est sans vitesse initiale, ψο = π/2 correspond à une i m p u l s i o n .
Même si le foyer est p r o f o n d , l'onde superficielle prenant naissance en surface
à quelque distance d u foyer, t o u t se passe p o u r u n observateur à grande dis­
tance comme si elle avait été émise à l'épicentre à l'instant origine ; p o u r
? # 0, à une distance x o n obtiendra donc l'expression de v en considérant que
dans (1) sous l'intégrale chaque composante s'est propagée avec la vitesse de
phase C(p) :

v(t) = F(p) c o s j p - -^j + v o j d p ; (2)

on voit alors que ces composantes, q u i se renforçaient par interférence en


X = 0 puisqu'elles avaient la même phase ψο, présentent toutes des phases
différentes p o u r x et / quelconques donnés. O n peut cependant t r o u v e r une
valeur particulière Po telle que les phases des composantes de pulsations voisines
soient pratiquement les mêmes (phase stationnaire) : ces ondes se renforceront
par interférence p o u r donner u n « groupe prédominant » de p u l s a t i o n pg,
représentant la partie principale d u signal cherché, alors que les effets des ondes
de fréquences plus différentes se détruisent p a r suite de leurs différences de
phase.
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196 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

Posons / = pjC. L a phase est stationnaire p o u r des fréquences voisines


de Po/2 π si à{pt — fx + φο)Ιάρ = 0 p o u r p = po ou U = àp/df = x/t.
O n appelle « vitesse de groupe » cette quantité U q u i , comme C, dépend
de p ; elle représente la vitesse de p r o p a g a t i o n de l'énergie associée au groupe.
E n une station donnée, sur l'enregistrement à chaque instant t le groupe pré­
d o m i n a n t a une période apparente 2 π/ρο donnée par :

U(Po) = x/t, (3)

ce q u i permet de déterminer p^ en f o n c t i o n de t et de prévoir l'apparence d u


signal ( F i g . 5) : si la vitesse de groupe décroît avec T = 2π/ρ (dispersion n o r ­
male), la r e l a t i o n (3) donne une période apparente 2 π/ρο décroissant le l o n g
de l'enregistrement. D ' a u t r e part, une période TQ déterminée apparaîtra à des
instants satisfaisant (3) a u cours de la p r o p a g a t i o n , c'est-à-dire à vitesse
constante U(PQ) caractéristique de l a période — mais la phase est quelconque
comme o n peut le v o i r sur la figure 6 ; p a r contre, une crête (de phase
π/2 - f 2 Κ π ) se propage à la vitesse de phase C(po) ; mais p^ change au cours
de la p r o p a g a t i o n : la crête s'élargit et la vitesse C varie.

F I G . 5. — Aspect d'un train


d'ondes à un instant déterminé (en
bas), d'après les phases respectives
des différentes composantes sinu­
soïdales. Le groupe prédominant
a une longueur d'onde Λ ο = 2 π//ο
déterminée par la c o n d i t i o n de
phase stationnaire.

· points à phase constante.


O points où la phase est
stationnaire.

U n t r a i n d'ondes, représenté p a r exemple p a r la succession de groupes


prédominants dans une bande de fréquence limitée, et donc Hmité dans l'espace,
avance avec une vitesse moyenne q u i est a p p r o x i m a t i v e m e n t celle d u groupe
prédominant central ; le groupe de tête et le groupe de queue avancent respec­
tivement avec les vitesses correspondant aux fréquences limites de la bande.
A l'intérieur les crêtes individuelles avancent avec une vitesse différente, q u i
est la vitesse de phase associée à leur période ; elles avancent donc à l'intérieur
d u t r a i n avec la vitesse relative C — Î7 et viennent disparaître en tête, d'où une
déformation d u t r a i n , caractéristique de la dispersion.
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DISPERSION ET MÉTHODES D'ANALYSE 197

F i C i . 6. la phase reste constante au cours de la propagation,


la période apparente 2 n/f reste constante.

D'après OFFICFR, Introduction to the theory of sound transmission.

3.2. — Représentation approchée du groupe prédominant : formule de Lord


Kelvin. — Considérons l'expression (2), où nous prendrons / = 2π/Λ
comme variable ; au voisinage de / Q correspondant à PQ donné p a r (3),
supposons q u ' o n puisse représenter la v a r i a t i o n de la phase p a r u n déve­
loppement suivant les puissances de f — /o, limité aux trois premiers
termes ; le deuxième étant n u l d'après (3), si o n pose Φο = Po t — fo ^ + 9o
il vient :

tidU/df)o (/-/o)
v{x, t) ~ A(f) cos Φο + d/.
2

O n suppose que l ' a m p l i t u d e spectrale varie peu a u t o u r de /o, de sorte q u ' o n


peut la considérer comme constante ; posons = 11 dC//d/|o(/ - /o)^/2 ;
les limites de l'intégrale d o i v e n t être telles que ce terme, représentant la
v a r i a t i o n de la phase, soit i m p o r t a n t : /Q ne d o i t pas être t r o p voisine de
zéro p o u r que la l i m i t e inférieure en σ soit grande, c'est-à-dire que / d o i t
être assez g r a n d ( t r a i n d'ondes bien dispersé) et Uô pas t r o p faible, cette
c o n d i t i o n étant déjà nécessaire p o u r l a l i m i t a t i o n ci-dessus d u dévelop­
pement ; dans ces c o n d i t i o n s o n peut écrire :

1/2
+ si U'o >^0
A(fo) cos (Φο ± σ') dff ,
- si u ; , < 0

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ONDES GUIDEES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

et en utilisant les intégrales de Fresnel :

-00 Sin \2/

on obtient

Î ; ( X , 0 ~ (2 π/ί I Ό'^ [)"' A(fo) cos (Ροί-/οΧ + Ψο + π/4) .

L e groupe ainsi o b t e n u a bien les caractères généraux décrits précé-


deiTiment ; en p a r t i c u l i e r , en une station déterminée, la phase, où / Q et PQ
sont des fonctions de ί données p a r (3), est bien telle que sa dérivée à un
instant / soit pg.
D a n s le cas d'une onde superficielle de grande période, ayant p u par­
c o u r i r plus d ' u n t o u r de Terre, o n tient c o m p t e d u passage de l'onde par
des points focaux en ajoutant à la phase initiale π/4, (déplacement
concentré à l'épicentre) et u n terme supplémentaire (m - 1) π/2 si
l ' o r d r e de l'onde est m (onde ayant convergé (m - 1) fois à l'épicentre
et aux antipodes) ; d'autre p a r t , la distance épicentrale angulaire étant Θ,
on tient c o m p t e d ' u n facteur d'expansion géométrique ( s i n O ) " ' ' ^ d'où
l'expression approchée [Toksôz et Ben M e n a h e m , 1963]

νφ, t) ~ (2 π/ί I U'o I sin 0)"' cos (po t - fo αθ ± π/4 +

+ Ψο + π/4 + ( m - 1) π/2) .

où a est le r a y o n terrestre.

3. — Cas d'un extremum de la vitesse de groupe. — Lorsque W est faible


o u n u l , o n ne peut plus utihser la f o r m u l e de K e l v i n . Supposons que U
passe par un m i n i m u m U„ p o u r / = /„„ et q u ' o n puisse représenter sa
v a r i a t i o n dans le domaine utilisé par l'expression :

U = [/„, + i / ; ( / - y j ^ / 2 t/;>o.

L'expression (2) devient alors, en posant Φ„, = p„ t - f„x + φ^,


τ = t - x/U„„

v{x, t) = j ^ " A(f)cos{0„, + (f-fj υ„τ + υ -LY ^ j d / .

E n posant A{f) ~ / ( ( / J , en p r e n a n t p o u r variable d'intégration

s = ( [ / ; i/2)'/^ ( / - / J ,

et en posant

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DISPERSION ET MÉTHODES D'ANALYSE 199

on voit apparaître, si /„ et t sont assez grands, l'intégrale d ' A i r y ( H . et


B. Jeffreys, 1946)

cos|sz + y ) d i ' = Ai{z)

d'où

v(x, t) = 2 π(2/ί/;; 0 " ' A{f,„) Ai{z) cos ( p „ t - /„, x + φ^) .

Le groupe se présente en une station sous forme d ' u n t r a i n ayant la


période du m i n i m u m de vitesse de groupe, modulé en a m p l i t u d e p a r
Ai{z) (Fig. 7). Pour τ < 0 apparaissent des battements dus à l'interfé­
rence des groupes correspondant aux deux branches de la courbe de
dispersion. L'enregistrement se présenterait en sens inverse dans le cas
d'un m a x i m u m de vitesse de groupe. O n peut remarquer que d u fait de
la présence d u facteur t~^^^ au lieu de t~^'' p o u r u n groupe de K e l v i n ,
la phase d ' A i r y tend à prédominer à grande distance.

ΑΛ A A
-14-13-12-11-10 - 9 - i /1 - 6/-
/ U V/ V
1--0-6

F I G . 7. — Fonclion d'Airy Ai(Ç).


D'après BUIJIJEN, Propagation of radio waves in the ionosphère.

3.4. — M é t h o d e s d'analyse. Mesure des vitesses. — Sur u n enregistrement,


on peut repérer les positions des crêtes et des creux si le t r a i n est assez dispersé,
et les déplacer p o u r retrouver leur p o s i t i o n dans le mouvement d u sol en
tenant compte de la réponse de l'appareil. L ' u t i l i s a t i o n de plusieurs stations
équipées d'appareils identiques permet d'éliminer cette correction. L a vitesse
de groupe s'obtient en mesurant le temps d'arrivée d'une période apparente
déterminée, indépendamment de sa phase.
L a vitesse de phase et la d i r e c t i o n d'arrivée des ondes peuvent être déduites
des temps d'arrivée des crêtes, en trois stations assez voisines p o u r q u ' o n
puisse identifier ces crêtes malgré leur p r o p a g a t i o n , et que leur période appa-
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200 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

rente n'ait pas le temps de varier. Par suite des hétérogénéités locales les
meilleurs résultats sont obtenus si deux des stations sont pratiquement alignées
avec l'épicentre (KnopofT et al., 1966).
En reconstituant la p o s i t i o n des crêtes de la composante élémentaire sinu­
soïdale de période T par des décalages d ' u n nombre ender de périodes à partir
de la position de la crête la plus voisine d u groupe, prédominant au temps
1 = .xjUiT), o n peut encore mesurer la vitesse de phase entre deux stations
éloignées ; l'indétermination sur le rang de la crête étudiée nécessite l'utilisation
d'une troisième station sur le même grand cercle ; cette méthode a été utilisée
par Brune et Nafe (1960) p o u r des passages successifs d'ondes à longue période
en une station.
Actuellement, ces mesures directes sur l'enregistrement sont plutôt remplacées
par des procédés plus automatiques : le développement des traitements de
données sur ordinateur permet l'utilisation systématique des transformées
de F o u r i e r ; o n peut traiter en même temps les données numérisées pour
renforcer les signaux étudiés et calculer d'autres caractéristiques d u spectre ;
la vitesse de phase est calculée en effectuant la différence des phases q u i est
aussi la phase de la transformée de la f o n c t i o n d'intercorréladon entre les
enregistrements en deux stations. Le dernier procédé s'applique particulièrement
bien aux enregistrements d'ondes de surface d o n t les trajets diffèrent d ' u n
n o m b r e entier de tours de Terre ( D z i e w o n s k i et L a n d i s m a n , 1970), la fonction
utilisée est alors une autocorrélation de l'enregistrement. L a vitesse de groupe

F I G . 8. — Diagramme d'énergie de l'onde de Love du séisme des Philippines


du 10-01-1970, enregistré à Moulis. A — I l 546 k m .
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DISPERSION ET MÉTHODES D'ANALYSE 201

est obtenue par dérivation de la phase ; o n peut aussi, par des procédés de
fenêtre glissante ou de filtrage multiple (Dziewonski et al., 1969), o b t e n i r
par transformation de Fourier u n d i a g r a m m e d o n n a n t la répartition de l'énergie
en fonction du temps et de la période de chaque composante spectrale ; le
lieu des maxima d'énergie est la courbe de dispersion cherchée ( F i g . 8).

3.5. — Estimation des différences régionales de vitesse. — Dans le cas où


le milieu parcouru par l'onde présente des hétérogénéités régionales, le calcul
exact de la dispersion n'est pas possible. O n suppose alors une j u x t a p o s i t i o n
de modèles stratifiés, au n o m b r e de deux p a r exemple sur les trajets et Δ2,
avec pour une période déterminée des vitesses de groupe respectivement
[/i et i / j . D'après les temps de p r o p a g a t i o n /, = Δ^Ιϋ^^ et Ιχ = ^2/^^2 du
groupe d'ondes de période T dans ces deux m i l i e u x o n peut écrire, p o u r le
temps de parcours t o t a l t sur la distance épicentrale Δ :

t = AJUi + ZI2/Î/2 = Δ/υ

Δ = Al + Δχ .

Ces équations, p o u r un certain n o m b r e de trajets, permettent de déterminer U;


à différentes périodes p o u r / modèles régionaux homogènes à p a r t i r de mesures
de U sur des trajets mixtes.
D'autre part, l'équation aux vitesses de groupe peut s'écrire :

\/U = àf/dp = ( A J A ) dfjdp + (Α2/Δ) d/2/dp

d'où en intégrant :

f(p) = {AJA)MP) + (A2/A)f2(p)

et en divisant par /; :

1/C= (zl,/zl)l/C, + (A2/A)]/C2

ce qui permet de la même façon la détermination des vitesses régionales.

3.6. —-Mesure de l'amortissement. — Les ondes superficielles se prêtent


plus facilement que les ondes de v o l u m e aux mesures de v a r i a t i o n d'ampHtude
avec la distance. C o m p t e t e n u de la v a r i a t i o n d ' a m p l i t u d e due à l'expansion
géométrique, les ondes superficielles de longue période s'amortissent d'autre
part avec la distance par suite de l'effet des imperfections d'élasticité des
couches superficielles de la Terre. O n caractérise cet amortissement ( 1 . 3 . 3 ) par
un facteur de qualité Q, sans d i m e n s i o n , associé à un facteur d'amortissement
p/2 Q en f o n c t i o n d u temps, p o u r une onde sinusoïdale de période p = 2 π/Τ.
Si cette onde se propage avec la vitesse de phase C, i l en résulte u n facteur
d'amortissement avec la distance p/2 QC ; mais c o m m e o n suit u n groupe a u
cours de sa p r o p a g a t i o n (en suivant une période apparente sur des enregis-
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202 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

trements q u i ne sont pas purement sinusoïdaux) c'est la vitesse de groupe U


q u i intervient et le facteur d'amortissement est y = ρβ QU.
Si les amplitudes d u mouvement d u sol mesurées aux distances épicentrales
angulaires A' et A sont respectivement A' et A, o n en déduit y :

y = ( L o g {A'/A) - 0,5 L o g (sin A/sin A') - a L o g {A/A')la(A - A'))

avec α = 1/2 o u 1/3 suivant q u ' i l s'agit d ' u n groupe ordinaire o u d'une phase
d ' A i r y , et α = 0 s'il s'agit d ' a m p l i t u d e spectrale.

3.7. — Interprétation. — L a recherche d u modèle de Terre d o n t la dispersion


théorique coïncide avec une courbe expérimentale fait partie des problèmes
généraux d'inversion. U n'existe malheureusement pas de méthode inverse
analogue à la méthode d'Herglotz-Wiechert p o u r les ondes de volume, et la
complexité des opérations nécessaires à l ' o b t e n t i o n des valeurs propres (§ 2 . 3 ,
2 . 4 et 2 . 5 ) m o n t r e que les paramètres physiques d u modèle n'interviennent
pas de façon linéaire.
O n peut, à la suite d'essais successifs, t r o u v e r par tâtonnements u n modèle
d o n t la dispersion est assez proche des valeurs observées ; o n peut alors
linéariser le problème si les variations à faire subir au modèle p o u r l'améliorer
sont assez petites.

Soient par exemple N valeurs C,j, de la vitesse de phase observée,


considérées c o m m e indépendantes ; si o n représente le modèle par un
échantillonnage de valeurs des paramètres physiques pj : ρ (densité),
?.ct μ (paramètres de Lamé) en M niveaux, o n p o u r r a écrire Λ' équations à
I 3 M inconnues Apj (perturbations concentrées au voisinage des niveaux /)

I Σ (dCJdpj) Apj = (C,.„ - C,) = A C , (4)


I
i
l'indice t étant r e l a t i f au modèle d'essai. E n principe, la connaissance des
modifications Ap se ramène alors à l'inversion d u système (4), si les coeffi­
cients d'influence {dCJdpj) sont connus.

3.8. — Calcul des coefficients d'influence. — O n peut les obtenir en pertur­


bant directement et successivement les 3 M paramètres physiques d u
modèle, et en cherchant l'efTet sur les différentes vitesses C,-^. Ce procédé
a été utilisé lors des premiers essais de D o r m a n et E w i n g (1962), mais i l
est peu précis et très l o n g si M est g r a n d . Des méthodes de p e r t u r b a t i o n s
basées sur le principe de Rayleigh ( H . Jeffreys, 1961) permettent d ' o b t e n i r
les coefficients cherchés sous forme de rapports d'intégrales, calculables
de façon précise à tous les niveaux j en même temps que la vitesse de
phase C,-, et les composantes de S.
Par exemple, p o u r des ondes de Rayleigh où / est fixé o n a trouvé
(§ 2 . 4 et 2 . 5 ) une valeur propre P = p' et u n vecteur S satisfaisant aux
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DISPERSION ET MÉTHODES D'ANALYSE 203

équations d u mouvement ainsi q u ' a u x c o n d i t i o n s à la surface z = 0 et a u


fond z = + 00 ; de ce fait, l'égalité des énergies potentielle U et ciné­
tique 13 résulte de l ' a n n u l a t i o n d u Lagrangien :

L = 75 - a) = PIp - (f /, +//, + /3) = 0, (5)

relation q u ' o n peut o b t e n i r en m u l t i p l i a n t les lignes 3 et 4 d u système (2)


paragraphe 2 . 2 par les composantes 2 et 1 de S et en intégrant par par­
ties compte tenu des c o n d i t i o n s aux limites. L'intégrale /Q, dans le terme
d'énergie cinétique, est de la forme :

/0 = p{U' -f- W') dz ;


J 0

les intégrales /,, /2 et /3 dans l'énergie potentielle élastique HT p o r t e n t sur


des expressions de la forme XD + μΕ où les composantes de S figurent
au deuxième degré dans D et E.
Si nous remplaçons dans la m u l t i p l i c a t i o n q u i a c o n d u i t à (5) les
composantes de S par de petites p e r t u r b a t i o n s de ces composantes, o n a
encore sans a p p r o x i m a t i o n :

Ρδίρ = / 2 Sf + fSIx + SI, (6)


GO

J 0

ce qui m o n t r e que (5) reste satisfaite au deuxième ordre près, si les c o m p o ­


santes de S sont affectées de petites p e r t u r b a t i o n s : c'est le p r i n c i p e de
Rayleigh.
Si o n applique ce p r i n c i p e en utilisant les mêmes composantes de S,
mais à l'onde d o n t la pulsation est p + dp el le n o m b r e d'onde / -I- d/,
on obtient p o u r la vitesse de groupe U = dp/df :

dPld(p) = CU= (//, + /2)///0 (7)

plus précise q u ' u n e expression basée sur des différences, d u fait qu'elle
utilise des intégrales. O n a une expression analogue p o u r les ondes de
Love ; c'est une méthode exposée à l'origine par E. Meissner (1926)
et H . Jeff'reys (1961).
Si maintenant o n fait varier l ' u n des paramètres pj o n peut, d'après
le principe de Rayleigh, négliger dans la p e r t u r b a t i o n des intégrales
contenues dans (5) le terme dû à la v a r i a t i o n des composantes de S. L a
perturbation AP résultante est alors donnée par :

AP = AI, + / Δ / 2 + Δ / 3 - P Δ/ο)//ο (8)


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ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

indépendamment des variations de S ; supposons la v a r i a t i o n d u para­


mètre pj constante et égale à Apj sur une épaisseur déterminée h, assez
petite p o u r que les facteurs sous le signe d'intégration puissent être consi­
dérés comme constants ; d u fait de l a linéarité en p, À, μ, des intégrandes,
les termes en A/ sont de la forme : Fj.li.Apj et l'expression (8) donne les
cPjcpj ~ AP/lpj en f o n c t i o n des composantes de S a u niveau / C'est
ainsi que Takeuchi et al. (1964) t r o u v e n t les expressions des coefficients
d o n n a n t l'influence de perturbations de p, λ et μ sur la vitesse de phase
des ondes de Love et de Rayleigh.
Si maintenant o n veut chercher l'effet de la v a r i a t i o n d ' u n paramètre /?,·
sur la vitesse de groupe, o n utilise la relation (7) mais comme elle n'exprime
plus le principe de Rayleigh, o n d o i t tenir compte, dans la v a r i a t i o n des
intégrales, des variations des termes dépendant de S, q u i ne sont pas
limitées au niveau /'. L e calcul est donc beaucoup plus long. O n peut aussi,
plus rapidement, effectuer des différences sur les coefficients relatifs aux
valeurs propres p o u r des nombres d'ondes différant de Δ/, de même q u ' o n
peut o b t e n i r U p a r le r a p p o r t des différences Ap/Af, o u utiliser une for­
mule d ' i n t e r p o l a t i o n plus précise.
De même qu'une petite v a r i a t i o n réelle des paramètres entraîne une
v a r i a t i o n réelle de la valeur p r o p r e , l'équation (8) peut s'écrire en termes
de variations purement imaginaires ; elle exprime alors un amortissement
global de l'onde en f o n c t i o n des parties imaginaires de μ, λ ei p à. diffé­
rentes profondeurs, o u encore l'énergie totale dissipée en f o n c t i o n des
énergies partielles dissipées à chaque profondeur. Par exemple p o u r les
ondes de Love o n a :

pV'dz = Pif V' + V") dz .


0 o

Si p = — i P * , P*/P = correspondant à un coefficient d ' a m o r t i s ­


sement n = pjlQ (Chap. 3, § 3) dû uniquement à une imperfection
— '\μ*{ζ) de la rigidité,

δ " ' = ί ' ' - - * μ ( / ' Κ ^ + V")dzl Γ μ{ί'ν' + K'^)dz


ο

Q-^-l^ (9)

c'est-à-dire que le facteur de qualité global est une somme des rapports des
énergies dissipées dans chaque couche à l'énergie élastique totale (Ander­
son et ai, 1964 et 1965, K n o p o f f , 1966, 12). Les relations telles que (9)
où β a été mesuré p o u r différentes périodes permettent en principe de
trouver ).*, μ*, p* à différentes profondeurs en supposant que ces coeffi­
cients, d o n t seul semble être i m p o r t a n t , sont indépendants de la période.
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VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE 205

En réalité cette hypothèse amène à d o u t e r de la réalité d u modèle auquel


on aboutit en utilisant des données expérimentales de p o u r diffé­
rentes périodes ; Jackson (1971) est amené à proposer une dépendance
de Qf avec la période.

4. — V I B R A T I O N S P R O P R E S DE L A TERRE

4.1. — Introduction. — L a c o u r b u r e de la Terre n'est plus négligeable p o u r


l'étude des ondes superficielles de très longue période (ondes dites d u manteau) :
en un point de la surface arrivent successivement les ondes de différents
« ordres », dont les trajets diffèrent d u trajet direct o u complémentaire d ' u n
nombre entier de tours. Pour des périodes bien déterminées, u n accord de
phase peut se p r o d u i r e en t o u t p o i n t entre les ondes sinusoïdales de différents
ordres ; cette interférence constructive p r o d u i t des v i b r a t i o n s de l'ensemble
du Globe stationnaires à la fois suivant la p r o f o n d e u r et parallèlement à la
surface.
On peut en déduire immédiatement une r e l a t i o n entre le degré K d'interfé­
rence et la vitesse de phase de l'onde progressive : en u n p o i n t donné au même
instant, entre deux ondes progressives d o n t les trajets diffèrent d ' u n t o u r de
Terre 2 πα, la phase a varié de Δ Φ = 2 πα x 2 π/Cr - π, le terme supplé­
mentaire π traduisant l'effet des convergences cylindriques au foyer et à l ' a n t i ­
pode. La c o n d i t i o n ΑΦ = 2 Κπ c o n d u i t à :

C = 2πα/(Α: + 1/2) T. (1)

Nous verrons bientôt que la forme d u déplacement en surface p o u r un o r d r e


d'interférence élevé c o n d u i t à identifier K avec l ' o r d r e n de la f o n c t i o n sphé­
rique représentant ce déplacement en f o n c t i o n de la colatitude 0. L'expression ( 1 )
devient alors celle de Jeans (1923) q u i a montré sur le cas de la sphère h o m o ­
gène qu'une v i b r a t i o n p r o p r e p o u v a i t être décomposée en ondes superficielles
se propageant en sens inverse a u t o u r de la Terre.
Nous considérerons t o u t d ' a b o r d , en l'absence de r o t a t i o n , un modèle de
Terre à symétrie sphérique. C o m m e i l a été exposé au chapitre 7, le problème
théorique consiste à chercher p o u r un déplacement sinusoïdal de période
arbitraire 2 π//;, les solutions d ' u n système d'équations différentielles linéaires.
Seules sont acceptables les solutions s'annulant au centre de la Terre, et telles
que la surface soit libre d'effort ; elles doivent de plus satisfaire à des c o n d i d o n s
de continuité des déplacements et des tensions à travers les surfaces de d i s c o n t i ­
nuités physiques d u m i l i e u . O n détermine ainsi les périodes q u i conviennent,
comme suite de valeurs propres d u système différentiel.
Deux modes de v i b r a t i o n , correspondant aux deux classes de L a m b (1882)
sont possibles : à la première classe appartiennent les v i b r a d o n s de t o r s i o n ,
issues d'ondes SH, et à la deuxième les v i b r a t i o n s sphéroïdales, issues d'ondes P
et SV, et influencées par les effets de g r a v i t a t i o n p o u r les modes les plus graves.
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2C6 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

Les déplacements correspondants sont donnés respectivement par les


équations (2) (7, § 3) et (4) (7, § 4) :

n,. = ry{p,r).roi {S„v) (2)


i

"s = y\{p,r).S„.\ + ry^ip, r) grad S„

S„{0, ψ) = O c o s 0).cos τηφ, - n ^ m ^ + n ;

si le pôle de coordonnées est situé à l'épicentre d u séisme, les indices m


sont liés aux propriétés de symétrie de l a source (*).
Les valeurs propres p et les fonctions propres y sont obtenues, p o u r
un degré n fixé, par les méthodes numériques exposées au chapitre pré­
cédent : soit une intégration numérique d u système diflférendel, soit
l ' u t i l i s a t i o n de la méthode de Haskell dans le cas des vibrations de t o r s i o n ,
' o u lorsque n est assez élevé p o u r que la gravité n'influence plus les
vibrations sphéroïdales (**). P o u r une valeur de n fixée, o n obtient une
suite de valeurs possibles p„, correspondant à des périodes de plus en
plus courtes.
Les expressions (2) m o n t r e n t que la composante radiale d u déplace­
ment s'annule suivant 2 m méridiens et n — m parallèles ; en outre, le
déplacement c o m p o r t e en p r o f o n d e u r u n n o m b r e de nœuds d'autant
plus élevé que le r a n g de l a valeur propre est élevé : i l l u i correspond u n
ordre radial / d u mode de v i b r a t i o n .
A u x trois indices « , m et /correspond donc une triple infinité de périodes
propres possibles p o u r chaque classe de v i b r a t i o n ; mais dans le cas

(*) Lorsque n est grand, la fonction sphérique peut être approchée par le premier terme
de son expression asymptotique (Chap. 2 5 ) :

Pn(cos 0) ~ (2/π sin 0)"\n"'-^iKcos{(n i) fl + (2 m — 1) π/4) .

Cette décomposition en ondes progressives, où la distance A ^ aO, fait apparaître la vitesse


de phase donnée par (1).
(**) Dans le cas où le modèle est représenté par une superposition de couches homogènes,
les fonctions y, y] et yj figurant dans les équations (2) sont dans chaque couche des combi­
naisons linéaires de fonctions de Bessel sphériques : Cn+1/2(2) = Dn / » + 1 / 2 ( 2 ) I- E„ 1/2(2)
(Chap. 2 5 ) , remplaçant les exponentielles d u problème plan.
Pour les vibrations de torsion :
y = C„+i/2(Arr)/i-i/2, où k=pl'Vû.

Pour les vibrations sphéroïdales :

y, = An à(C„-,u2{hr)lril2)/dr + Bn n(n + 1 ) C„+ii2(kr)lrin

yj = An C„+,/2(/li-)/i-3/2 + (Bnir) d{Cn - M 2(kr). ,'^ΐψ,-,

avec h = p/tJ.

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VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE 207

considéré jusqu'ici, d ' u n modèle à symétrie sphérique i m m o b i l e , les


modes en m sont « dégénérés » et la période p r o p r e est indépendante
de l'indice m.
Les modes les plus graves sont obtenus p o u r « = 2, 1 = 0. L o r s de
la vibration de première classe correspondante, le déplacement est une
torsion en sens inverse des deux hémisphères, le noyau liquide ne p a r t i ­
cipant pas à la v i b r a t i o n . Sa période est voisine de 44 minutes. Pour la
vibration de 2'^ classe, la Terre prend au cours d'une v i b r a t i o n la f o r m e
d'un ellipsoïde allongé puis aplati. Sa période est de l'ordre de 54 minutes.
Le noyau liquide et la graine participent aux oscillations des premiers
modes fondamentaux en n ; l'énergie est pratiquement localisée dans le
manteau pour des valeurs de n supérieures à 18.
Pour une sphère de la dimension de la Terre, l'importance relative de
l'énergie gravitationnelle mise en j e u lors d'une v i b r a t i o n sphéroïdale est
de l'ordre de 10 % pour n = 2, et décroît ensuite q u a n d n augmente.
Son importance croîtrait avec les dimensions d u solide considéré.
Le mode n = i n'existe pas p o u r / = 0 car il l u i correspondrait u n
déplacement d u centre de gravité ; le mode sphéroïdal « = 0 et ses
harmoniques sont des modes de déplacement purement radial.

4.2. — E f l ' e t de la rotation de la Terre et des écarts à la sphéricité (hétéro­


généités latérales). — Les périodes de v i b r a t i o n 2 π/ρ sont faibles p a r
rapport à celle de la r o t a t i o n de la Terre 2 π/Ω. Relativement à la Terre
prise dans son ensemble, les écarts à la sphéricité sont petits. Les méthodes
utilisées consistent en calculs de perturbations d ' u n modèle sphérique,
limités à des termes (écarts à la sphéricité, o u r a p p o r t Ω/ρ) d ' o r d r e peu
élevé.

a) Effets du premier ordre. — Considérons t o u t d ' a b o r d l'effet de la


rotation. Dans l'expression (2) d u déplacement, transformée de façon à
prendre pour origine le pôle de r o t a t i o n , le facteur nouveau a z i m u t a l
cos ηιφ peut être combiné au facteur dépendant d u temps cos pt p o u r être
décomposé ensuite en deux termes représentant deux ondes progressives
se propageant l'une vers l'Est, l'autre vers l'Ouest. Dans une sphère
immobile ces deux ondes se c o m p o r t e n t symétriquement quel que soit m ;
dans un système lié à la sphère en r o t a t i o n , une particule en mouvement
se trouve soumise à la force de C o r i o l i s (2 ρ dn/dt Λ Ω par unité de
volume). L'effet en est différent suivant le sens de p r o p a g a t i o n , de sorte
que l'onde q u i va vers l'Est se trouve ralentie et l'autre accélérée. L a symé­
trie étant détruite, leur superposition donne une configuration d'onde
stationnaire q u i se déplace lentement vers l'Ouest. Pour u n observateur
fixé sur la sphère, t o u t se passe comme si l'onde stationnaire avait une
amplitude lentement variable avec le temps, soit une apparence de batte­
ments entre deux fréquences différant de (Ap)J2 π. A chaque valeur de m

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ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

correspond u n décalage p a r t i c u l i e r en fréquence, d'où la séparadon d'une


valeur propre d u modèle i m m o b i l e en (2 n + 1) multiplets symétriques
(- n ^ m ^ + n) : les valeurs propres ne sont plus dégénérées. Cet
effet, étudié par différents auteurs p o u r des fluides en r o t a d o n ( H . L a m b ,
1932) est un analogue mécanique de l'effet Zeeman en spectroscopie.
Dans le cas de la Terre, les calculs au premier ordre, effectués par Backus
et G i l b e r t (1961), M c D o n a l d et Ness (1961), Pekeris, A l t e r m a n et
Jarosch (1961) d o n n e n t :

(Ap)„ = ηι.β,,.Ω (3)

,βΐ = \/η{η + 1)

ne dépend ni de / n i d u modèle p o u r les v i b r a d o n s de t o r s i o n , tandis que


X est u n r a p p o r t d'intégrales p o r t a n t sur les composantes d u déplacement
sphéroïdal.
L'écart le plus i m p o r t a n t à la sphéricité est le bourrelet équatorial qui
donne à la Terre une f o r m e proche d ' u n ellipsoïde de révolution. Des
valeurs propres de v i b r a t i o n s d'ellipsoïdes peu aplatis o n t été calculées
par M . C a p u t o (1963) et U s a m i et Sato (1962) ; à la place d'une valeur
propre d u modèle sphérique apparaissent n m u l t i p l e t s .

b) Effets du second ordre. — En utilisant le principe de Rayleigli, dont nous avons


donné un exemple d'application au paragraphe 3.7, F. A . D a h l e n (1968) retrouve
les résultats d u premier ordre et utilise le calcul de perturbations au second ordre
fait par Backus et Gilbert (1961) pour la r o t a t i o n , en tenant compte d'éventuels écarts
à l'isotropie et à l'hypothèse hydrostatique, que nous négligeons ici.
Dans l'expression des forces subies par un élément de volume (Chap. 7, § 2) i l faut
ajouter aux termes comportant la variation W d u potentiel de gravité, un potentiel dû
à la r o t a t i o n (Chap. 16)

V(r) = ( ( Ω . Γ ) 2 — β 2 ^2)/2

et tenir compte de la force de Coriolis

2\p„pu A SI.

L'application du principe de Rayleigh (§ 3.8) à un modèle perturbé par une rotation


lente et des écarts à la sphéricité permet d'écrire :

ôpi I = όν — ρ'-δΙ + Ψ + 2pW

où p-1 est l'énergie cinétique, V l'énergie potentielle élastique, et W si Ψ des énergies


représentées par des intégrales portant respectivement sur les termes découlant de la
force de Coriolis et de la force centrifuge. Ce dernier est d u second ordre en Qjp.
Dans le cas d'une faible ellipticité ε, au terme (3), d u à la r o t a t i o n , symétrique par
rapport à m 0, s'ajoute :

(4)
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VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE 209

on voit ici que le multiplet dû à l'ellipticité est complètement dissymétrique, le terme


m = 0 étant d'un côté d u multiplet et de toute façon décalé d'une quantité constante εοί
par rapport à la valeur propre d u modèle n o n perturbé.
L'effet des termes d u second ordre dus à la r o t a t i o n est aussi de la forme

(Δ/7)„. = {ΩΙΡΫ (,οίη + rn ,γ''„).,ρη

et pour les modes les plus graves i l est aussi i m p o r t a n t que l'effet d u premier ordre dû
à l'ellipticité.
A u premier ordre, les modes purement radiaux ne sont pas affectés par la r o t a t i o n
et l'ellipticité.
Notons iff"' le déplacement p o u r une v i b r a t i o n sphéroïdale et J T " p o u r une v i b r a t i o n
toroïdale du modèle sphérique i m m o b i l e ; l'effet de l'ellipticité et d'une r o t a t i o n lente
est d'ajouter les déplacements perturbés d u premier ordre de forme, respectivement :

et

"n+1 : Xn±2•

Lorsque l'ordre n augmente, l'effet d'ellipticité domine l'effet de r o t a t i o n .


Pour des vibrations d'ordre n élevé, les hétérogénéités latérales superficielles prennent
de l'importance et les effets perturbateurs sont tels que dans les déplacements appa­
raissent des combinaisons beaucoup plus compliquées de σ et de t de tous ordres n
et m. Zharkov et L y u b i m o v (1970) o n t montré q u ' a u premier ordre seuls o n t u n effet
les termes pairs d u développement des hétérogénéités en harmoniques sphériques.
I l résulte de ces considérations que la r o t a t i o n et l'ellipticité peuvent provoquer des
couplages pour les modes les plus graves entre vibrations de même classe, d'ordres n
différant de deux unités, o u de classes différentes d'ordres différant de l'unité, si en

Energie des vibrationa


sphéi-oï()aie,s

/77 = 0 m=0

0^19 II 0 ^ 0
Ι.7452-Ι0·* 1.7453 10-2
Rodions S"' Rodions s"'

Energie des vibrations


de t o r s i o n

/77 = 0 /77=0

F I G . 9. — Energie de l'ensemble des modes mS\9 et mTzo.


D'après G . D A H L E N , 1968.

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210 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES DE LA TERRE

l'absence d'effets perturbateurs les fréquences propres de ces vibrations sont voisines.
Le couplage est très fort si l'écart entre ces fréquences devient faible devant l'écart
entre multiplets ; i l peut atteindre 40 % si l'écart relatif est de l'ordre de 10"^ : c'est
le cas des modes „,5ii) et mTia, dont les multiplets sont représentés figure 9 en fonction
de leur répartition en énergie.
En ce q u i concerne les hétérogénéités latérales superficielles perturbant les modes
d'ordre élevé, elles provoquent certainement aussi des effets de couplage, difficiles à
estimer, entre modes d'ordre très différent.

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613.

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CHAPITRE 9

SISMOGRAPHES

par

Jean COULOMB et M a r c SOURIAU

1. — I N T R O D U C T I O N

Les sismographes sont étymologiquement des enregistreurs de séismes, mais


e principe de certains d'entre eux peut être utiUsé p o u r observer les variations
géographiques de la pesanteur (gravimètres) o u les inchnaisons d u sol (clino-
mètres). U n sismographe moderne c o m p o r t e :
— un capteur des déplacements d u sol (en général u n capteur à inertie,
parfois u n capteur de déformation) ;
— u n transducteur (électrostatique, électrodynamique, magnétodynamique,
parfois même à effet H a l l , etc.) ;
— un amplificateur (mécanique, o p t i q u e , électronique, paramétrique, etc.) ;
— u n enregistreur (à encre, à style chauffant, à style électriquement chargé,
photographique, magnétique-analogique o u magnétique-numérique, etc.),
permanent o u déclenché p a r le séisme à travers u n dispositif à retard ( C h o u ­
dhury et H o u r i , 1972).

O n a donc le schéma d u tableau 1, mais u n même organe, p a r exemple u n


galvanomètre, peut assurer simultanément plusieurs fonctions. L e capteur d o i t
être situé dans une région stable (granitique) et e n f o u i aussi profondément
que possible p o u r éviter les p e r t u r b a t i o n s superficielles. L'enregistreur peut en
être éloigné (centralisation p a r fil o u radio).

TABLEAU 1

>
1 Capteur Transducteur Amplificateur y Enregistreur
1 < <

Certains systèmes c o m p o r t e n t une réaction sur le capteur (à inertie), o u p l u s


fréquemment une contre-réaction. O n peut ainsi utiliser de faibles masses.

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214 SISMOGRAPHES

obtenir de grandes périodes en gardant la stabilité mécanique d ' u n capteur à


courte période, etc.
O n s'efforce d ' o b t e n i r des systèmes linéaires (voir cependant R o d g e r s , 1966)
d o n t les oscillations propres soient amorties. Le gain et le déphasage sont
fonctions de la période. U n sismographe est donc aussi u n filtre, d o n t o n peut
j o u e r p o u r atténuer les bruits de f o n d t o u j o u r s présents, même dans les installa­
tions souterraines : déformations lentes, a g i t a t i o n microsismique naturelle,
centrée vers 4 à 6 secondes, o u artificielle, de fréquence très supérieure. Le
tableau 2, d o n t les indications correspondent seulement à des ordres de g r a n ­
deur, donne une idée des périodes à observer (voir § 9).

TAnLFAU 2

Période en secondes

0,01 0,1 1 10 100 1000

Vibrations; A g i t a t i o n E x p l o s i o n s O n d e s d e O n d e s Ondes Vibrations


indus­ industrielle. lointaines, volume des superfi- superfi­ propres de
t r i e l l e s Explosions Séismes séismes. c i e 11 es c i e l l e s la Terre,
rapprochées très Agitation directes indirectes Marées
proches nat urelle ( o n d e s du terrestres
permanente manteau)

Deux « fenêtres » situées vers 1 j e t vers 30-40Λ· peuvent permettre des a m p l i ­


fications a p p r o c h a n t 500 000 (Pomeroy et ai, 1969) dans des sites exception­
nellement calmes.
O n peut avoir des enregistrements visibles o u sismogrammes correspondant
à des bandes passantes variées en utilisant plusieurs transducteurs o u en r e j o u a n t
avec divers filtres u n enregistrement magnétique, analogique o u numérique.
Certains appareils modernes ( B l o c k et M o o r e , 1970) sont sensibles à la fois aux
ondes de volume et aux marées terrestres.
Sauf dans des cas d'espèce comme u n appareil à descendre dans u n sondage
( M e l t o n et K i r k p a t r i c k , 1970), les sismographes sont polarisés dans les direc-
dons WE, SN, et verticale lorsque la source est inconnue (séisme), dans les
directions radiale, tangentielle, et verticale s'il s'agit d'une explosion proche.

2. — C A P T E U R S A I N E R T I E O U P E N D U L E S

2.L — Généralités. — Les capteurs à inertie sont souvent appelés pendules,


d u n o m d u plus ancien d'entre eux. Ils comprennent schématiquement :
\° U n bâti 5Ό rigidement lié au sol o u au f o n d de l'océan (signalons cepen-
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CAPTEURS A INERTIE OU PENDULES 215

dant le sismographe de Bradner et al., 1970, flottant entre deux eaux p o u r


l'étude de l ' a g i t a t i o n naturelle dans les océans).
2° U n système S de masses élémentaires m, mobiles par r a p p o r t à .^o» d o n t
les positions sont des fonctions d ' u n paramètre u n i q u e q (signal de sortie d u
capteur). Supposons 5o i m m o b i l e par r a p p o r t à u n repère absolu et S dans sa
position d'équilibre stable ; le centre de gravité G de S est en C Q ; η' prend une
valeur q u ' o n supposera nulle. Si SQ se déplace, le pendule est en général sen­
sible aux translations et aux rotations de son bâti. Pour les périodes des séismes
on montre (voir C o u l o m b , 1956) que les r o t a t i o n s sont en général négligeables,
et que les petits déplacements d u pendule e x p r i m e n t la t r a n s l a t i o n de 5Ό sui­
vant la tangente initiale GQ au déplacement d u centre de gravité G. Plus préci­
sément, si les forces de rappel de 5 vers sa p o s i t i o n d'équilibre sont p r o p o r t i o n ­
nelles à η' et si les oscillations propres de S a u t o u r de l'équilibre sont amorties
par des forces proportionnelles à la vitesse q (en général par i n d u c t i o n dans u n
circuit bobiné m u n i d ' u n shunt convenable), le déplacement d u sol ξΟ) (signal
d'entrée d u capteur) dans la direction — GQ est lié à q par une équation de la
forme :

q + 2 αω<7 + q = — Υξ (l)

qui dépend des trois constantes V (grandissement), α (amortissement) et


ω (pulsation propre).
Nous nous contenterons de rétablir cette équation dans quelques cas p a r t i ­
culiers suggestifs. Ses conséquences, dans le cas simple où l'ordonnée d'en­
registrement est p r o p o r t i o n n e l l e à q, sont étudiées en physique à p r o p o s
des galvanomètres.
Le signal de sortie n'est pas lié simplement a u mouvement d u sol. Cependant,
si ω est grand p a r r a p p o r t à la bande de pulsations contenues dans {, o n p e u t
écrire q Υξ/ω' et o n a a p p r o x i m a t i v e m e n t u n accéléromètre. Siω est p e t i t ,
q ~ — νξ ; on enregistre a p p r o x i m a t i v e m e n t le déplacement. Si la bande est
étroite et contient ω, q = - νξ/2 αω ; o n enregistre a p p r o x i m a t i v e m e n t la
vitesse (*).
L'amortissement critique α = 1 est celui q u i fait disparaître le plus rapide­
ment possible les v i b r a t i o n s propres et rend ainsi le sismogramme le plus lisible.

2.2. — Pendules pour la composante horizontale,— Pendule à translation. —


Dans le sismographe Benioff ( F i g . 1) une masse Ai d'une centaine de k g est
guidée par des rubans d'acier. Ceux-ci fournissent aussi des forces de rappel
élastiques, donc linéaires t a n t que le mouvement r e l a t i f de la masse ( q u i est i c i
une translation x(t)) reste petit.

(*) Bien entendu une telle classification peut être modifiée aux niveaux d u transducteur
et de l'amplificateur. La mesure des accélérations s'impose près de la source (étude des bâti­
ments), celle des déplacements au l o i n ; beaucoup de sismographes « à tout faire » sont des
enregistreurs de vitesse.
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216 SISMOGRAPHES

Si le déplacement d u bâti dans la d i r e c t i o n des x est ξ{ΐ), la force de rappel


- Cx{t), la force d'amortis
sèment — fx{t), l'équadon d u
m o u v e m e n t d u centre gravité
est :

Mx +fx + Cx=- Μξ il)

évidemment de type (1).

A l u i seul, u n tel dispositif


ne permet pas de grandes pé­
riodes {CIM ne peut être petit
puisque les rubans soutiennent
F I G . 1. — Principe du sismographe horizontal de la masse). M a i s i l peut être
Benioff. Masse 100 kg ; T transducteur magnétody­ associé à des galvanomètres
namique ; R. ..R rubans d'acier.
de longue période (§ 3).
Pendule à rotation. — C'est en général l a pesanteur q u i f o u r n i t les forces de
rappel. L a masse M, de l'ordre d u k g , t o u r n e a u t o u r d ' u n axe incliné d ' u n
angle / sur la verticale, axe matérialisé p a r deux minces lamelles d'acier /,
/' travaillant s o u s t r a c t i o n ( F i g . 2).
/ est en général faible ; o n d i t
q u ' o n a u n «pendule horizontal».
Soit L la distance O G de l'axe au
centre de gravité G, 0 l'angle de
O G avec la p o s i t i o n d'équilibre, K
le m o m e n t d'inertie de la masse
par r a p p o r t à l'axe. Dans u n sys­
tème d'axes Oxyz où Oy est sui­
vant OGQ et Oz suivant l'axe de
r o t a t i o n dirigé vers le haut, le Fio- 2. — Pendule horizontal.
centre de gravité (- L sin Θ,
LcosO, 0) est soumis à la pesanteur (0, Mg sin i, - Mg cos i), à la force
d'inertie (Μξ, Μ η , Μ ξ ) , et à une force d'amortissement p r o p o r t i o n n e l l e à Θ.
Le théorème d u m o m e n t cinétique s'écrit donc :

KO +fè + MgL sin i sin θ = - Μ 1 ξ ο ο 5 θ - Μ Ε η sin θ . (3)

A u premier ordre en 0 l'équation (3) est de type (1) si o n peut négliger η, q u i


correspond à une « accélération en b o u t » (parallèle a u bras), devant g sin /.
Les accélérations des séismes sont petites devant g, sauf près d u foyer, mais /
est lui-même choisi petit p o u r rendre l'appareil sensible aux grandes périodes,
d'où une difficulté sur laquelle nous ne pouvons insister ( C o u l o m b , 1956).
O n peut v o i r sur le même exemple l'effet des inclinaisons lentes d u bâti. U n e
r o t a t i o n a u t o u r de Ox change seulement la période p r o p r e . Supposons
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CAPTEURS A INERTIE OU PENDULES 217

maintenant que le bâti tourne de ω autour de l'horizontale de yOz, autre­


ment dit, que la verticale s'incline de — ω par rapport au bâti. L a position
d'équilibre tourne de 0 tel que le moment de la pesanteur reste nul. O n
trouve que :
tg θ = tg ω/sin /' ~ ω/ί. (4)

Les sismographes ordinaires coupent les dérives causées par les inclinaisons.
Mais les pendules horizontaux à grande période peuvent servir d'inclinomètres ;
on emploie alors une suspension à deux fils (voir Chap. 18) qui donne de très
faibles couples de rappel élastique.

2 . 3 . — Pendules pour la composante verticale. — U n e masse qui se déplace


verticalement est soutenue par un ressort (exceptionnellement par des aimants).
E n général, le ressort fournit aussi la force de rappel, et on rencontre le même
genre de difficulté pour obtenir de grandes périodes que dans le sismographe
horizontal de Benioff". O n « astatise » en général les sismographes verticaux en
plaçant la masse au bout d'un levier qui tourne autour d'un axe horizontal
0 (Fig. 3). L e ressort P Q tire sur un point Q du levier, à déterminer. A u repos,
OG (G centre de gravité) est horizontal en OGQ. L e théorème des moments
par rapport à l'axe donne, avec les notations de la figure 3 et un amortissement
linéaire, l'équation différentielle :

pq sin (a + β + 0)
κθ+/θ - τφ) + MgL cos θ =
1{Q)
= - MgL^'cos 0 - Μ ΐ ΐ η sin 0 (5)

et la condition d'équilibre :
pq sin (a -t- β)
- 7-(0) + MgL = 0 . (6)
/(0)

F I G . 3. — Pendule pour la composante verticale.


En O, lamelle (travaillant à la traction) qui sert d'axe.
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218 SISMOGRAPHES

Le facteur T(0)/l{0) devient constant si l ' o n emploie des ressorts « de longueur


nulle » , construits p o u r la première fois par L a Coste en 1934 ; en fait, ce q u i
est n u l , c'est la longueur Ig q u i intervient dans la r e l a t i o n linéaire habituelle :
T = k(l - /0) liant dans un certain intervalle la tension T d u ressort à sa l o n ­
gueur /. O n s'arrange d'autre p a r t p o u r que le ressort soit v u de O sous un
angle a + β presque d r o i t , soit : a + β = π/2 — ε.
A u premier ordre en ε, l'équation (5) est alors identique à l'équation (3), sin /
étant remplacé par ε.
Malgré t o u t , la c o n s t r u c t i o n de sismographes verticaux à grande période
reste délicate (fatigue des ressorts, effets de température et de pression).
Les gravimètres de prospection sont construits comme des sismographes
verticaux, mais ils utilisent une méthode de zéro ; le ressort est généralement en
quartz et sa longueur n'est pas nulle. M a i s les gravimètres fixes q u i mesurent
les marées terrestres peuvent être plus complexes, tel le gravimètre supraconduc­
teur de P r o t h e r o et G o o d k i n d , 1970.

2.4. — Mesure inertielle des déformations statiques. —· O n cherche parfois à obtenir les
déformations statiques que produisent les très grands séismes jusqu'à plusieurs milliers de k m ,
en intégrant deux fois l'accélération donnée par les capteurs à inertie ; mais l'effet des rota­
tions n'est plus négligeable. O n peut séparer les deux effets en utilisant des axes de référence
gyroscopiques, par exemple en comparant les déplacements angulaires de deux pendules
constitués par des gyroscopes (supportés électrostatiquement) tournant en sens inverse
( F a r r e l l , 1969).

3. — CAPTEURS DE DÉFORMATION

M i s à p a r t des dilatomètres occasionnels (aquifères ; c f Bodvarsson, 1970) les


capteurs de déformation généralement utilisés depuis 1935 (Benioff) sont des
extensomètres q u i mesurent la v a r i a t i o n de distance entre deux points d u sol
sur une même horizontale ( o u , rarement, sur une même verticale), à quelques
dizaines de mètres l ' u n de l'autre. O n n'a pas besoin d'une énorme précision
relative si o n réduit, au moyen d'une tige de quartz, supposée de longueur
constante (voir cependant Boulatsen, 1966), l'intervalle effectivement mesuré.
O n emploie alors des transducteurs analogues à ceux des pendules, q u i peuvent
être étalonnés p o u r chaque fréquence en déplaçant l'extrémité de la tige d'une
quantité mesurable avec u n interféromètre (Hade et al., 1968).
Des méthodes optiques directes sont p a r t o u t en développement ( B o s t r o m ,
1970). E n v o i c i deux exemples : V a n Veen et al. (1966) mesurent les variations
de fréquence correspondant à des variations de distance entre m i r o i r s d ' u n
laser o p t i q u e , ce q u i leur permet d'atteindre des différences relatives de
déformation A^5'-£'H^aussi faibles que 1 0 " ' sur des distances de 1 m . Berger et
L o v b e r g (1970) construisent u n interféromètre de M i c h e l s o n avec u n bras
de 800 m , en faisant passer dans u n tube vidé le faisceau f o u r n i p a r u n laser
stabilisé en fréquence, et ils obtiennent une précision de 10~^° avec une a m p l i ­
fication constante entre 0 et 1 M H z .
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SISMOGRAPHES ÉLECTROMAGNÉTIQUES 219

U n extensomètre, h o r i z o n t a l par exemple, n'est évidemment pas sensible a u


déplacement absolu, mais à son gradient ëujdx dans la d i r e c t i o n de la tige o u
du faisceau. Six extensomètres f o r m a n t un tétraèdre f o u r n i r a i e n t toutes les
composantes de la déformation, à l'exception des translations et r o t a t i o n s
d'ensemble (Smith et Kasahara, 1969).
Si le mouvement superficiel est assimilable à une onde rectiligne U{X—ct)st
propageant dans une d i r e c t i o n d ' a z i m u t a, avec une vitesse c, o n a u r a :
.Y = A'/cos α et :
du 2 du
u = U cos α , = cos a —,
dx dX

pour une onde P, SV, o u p o u r une composante sinusoïdale d'onde de Rayleigh ;

du . du
u = — Usina, — = — sin α cos a —
ex dX

pour une onde SH ou p o u r une composante sinusoïdale d'onde de Love.


La répartition des amplitudes en f o n c t i o n de a est donc très différente p o u r u
et cujdx. O n peut utiliser cette différence. Par exemple, l'association de pendules
donnant dU/dtet de capteurs de déformation d o n n a n t dU/cx permet d'estimer
la vitesse de phase c = — (dUjdt)l(dU/dx) ( A k i ) . L a c o m b i n a i s o n de pendules
et de capteurs de déformation diversement orientés permet de mettre en évidence
des ondes polarisées o u de supprimer celles q u i seraient gênantes, par exemple
les ondes de Rayleigh de l ' a g i t a t i o n naturelle (Shopland et K i r k l i n , 1970).

4. — S I S M O G R A P H E S ÉLECTROMAGNÉTIQUES

Les sismographes électromagnétiques, composés d ' u n pendule, d ' u n trans­


ducteur à i n d u c t i o n (bobine dans u n a i m a n t à c h a m p radial) o u à v a r i a t i o n de
réiuctance, et d ' u n galvanomètre shunté, sont encore a u j o u r d ' h u i les plus
répandus, bien q u ' i l s r e m o n t e n t a u début d u siècle (Galitzine, 1903).
Θ, déviation angulaire d u pendule et 0, déviation angulaire d u galvanomètre,
sont données par deux équations couplées (voir C o u l o m b , 1956) :

Θ + 2 βΩ(Θ - rè) + Ω' Θ = - (1//) ξ

0+2 αωφ - γΘ) + ω ' Θ = Ο

où α et β sont les amortissements, ω et Ω les pulsations propres, y et Fies réac­


tions. / = KjML est la longueur réduite d u pendule. L'élimination de 0 c o n d u i t
à une équation d u ordre en Θ, avec second membre p r o p o r t i o n n e l à ξ . O n
dispose a u j o u r d ' h u i de galvanomètres ayant de faibles moments d'inertie et des
constantes électrodynamiques élevées, avec des périodes a l l a n t d'une f r a c t i o n
de seconde à plusieurs minutes. Associés à des capteurs appropriés, ils per­
mettent u n grand n o m b r e de combinaisons répondant à la p l u p a r t des besoins
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220 SISMOGRAPHES

sismologiques. Des montages en p o n t permettent d ' a p p l i q u e r au pendule des


signaux d'étalonnage sans perturber le galvanomètre. Le montage en p o n t est
aussi une bonne méthode p o u r i n t r o d u i r e des fihrages et des contre-réactions
électroniques (Russel, M e l d r u m , Jensen, 1968).

5. — A M P L I F I C A T E U R S

L ' a m p l i f i c a t i o n est restée longtemps une propriété intrinsèque de la sonde


(masse m o b i l e , réiuctance d u circuit magnétique, n o m b r e de tours de la
bobine...) et d u système d'enregistrement (levier mécanique, levier optique,
sensibilité d u galvanomètre). Les amplificateurs électroniques o n t actuelle­
m e n t une grande fiabilité et sont construits « sur mesure » , selon le capteur et le
système enregistreur. Des amplificateurs couplés à des enregistreurs magné­
tiques analogiques o u numériques o n t permis d'élargir considérablement la
gamme des énergies (dynamique) et la gamme des fréquences. E n ce d o m a i n e ,
c'est l'amplificateur à gain variable q u i présente la plus grande eflRcacité ; i l
dérive d ' u n principe identique à celui de la virgule flottante utihsée p o u r le
calcul numérique sur o r d i n a t e u r .

6. — F O N C T I O N DE TRANSFERT E T DÉCONVOLUTION

O n appelle f o n c t i o n de transfert l'opérateur q u i permet de passer d u


signal d'entrée au signal de sortie d u sismographe ( F a l l u de la Barrière,
1965). En général, les éléments d u sismographe sont linéaires ; l'entrée e(t)
et la sortie s(t) sont liées par l'équation de convolution :

s(0 = [' / ( τ ) e(t - τ ) d r , (7)


•J 0

o u sous f o r m e symbolique applicable aux d i s t r i b u t i o n s :

s = f me .

Si l'entrée est la d i s t r i b u t i o n de D i r a c δ ( i m p u l s i o n à l'origine), la réponse


est s{t) = f (t), puisque f * δ = f. C'est p o u r q u o i / (t) s'appelle la réponse
impulsionnelle. O n m o n t r e que les transformées de F o u r i e r de ces fonc­
tions, désignées p a r des majuscules, sont liées p a r la r e l a t i o n :

5 ( ω ) = Ρ(ω).Ε(ω), ω = 2πσ, σ : fréquence. (8)

O n appelle f o n c t i o n de transfert o u encore réponse h a r m o n i q u e la fonc­


t i o n complexe F(œ). Soit :

F{œ) = ^ ( œ ) . e ' * ( " >

^ et Φ sont réels et représentent respectivement l ' a m p l i f i c a t i o n et le


déphasage d u sismographe.
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FONCTION DE TRANSFERT ET DÉCONVOLUTION 221

F I G . 4. — Déconvolution numérique en vitesse et en déplacement d'une trace enre­


gistrée par un sismographe composé d'un pendule de fréquence propre 1 H z , d'un
amplificateur, et d'un galvanomètre de fréquence propre 2 Hz. I l s'agit de l'enregis­
trement d ' u n t i r de carrière à 60 k m d u point de t i r . Les basses fréquences, de l'ordre
de 1 H z , renforcées sur la trace déconvoluée en déplacement appartiennent à l'agi­
tation microséismique.

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222 SISMOGRAPHES

O n t r o u v e r a dans R o d e a n , 1971 (§ 7 . 4 ) d'intéressantes détermina­


tions de réponses de sismographes.
Le sismographe est u n filtre linéaire et i l est parfois utilisé c o m m e tel.
Actuellement, o n préfère garder toute la bande passante de la sonde en
réservant le filtrage p r o p r e m e n t d i t à u n stade ultérieur. O n s'efforce alors
de restituer l'entrée connaissant la sortie et la f o n c t i o n de transfert. C'est
la déconvolution, opération inverse de la c o n v o l u t i o n . Elle serait inutile s'il
y avait grandissement d u signal sans déformation. C'est ce q u i se passerait
si la réponse impulsionnelle était assimilable à une i m p u l s i o n de Dirac,
o u , en raisonnant sur la f o n c t i o n de transfert, si l ' a m p l i f i c a t i o n était
constante et le déphasage linéaire sur l'étendue spectrale d u signal.
E n p a r t a n t de l'équadon (8), l'opérateur de déconvolution a p o u r fonc­
t i o n de transfert 0(ω) = \IF{œ). E n dehors de la bande passante d u
sismographe, | F{œ) | 0 ; donc | D(œ) | oo. I l n'y a pas de solu­
t i o n exacte bornée de l'équation (8). Pour une raison analogue, la solu­
tion temporelle exacte de l'équation (7), d, définie p a r / * d = δ, transfor­
mée inverse de Γ ( ω ) . Ζ ) ( ω ) = I , n'est pas bornée. E n p a r t a n t des d i s t r i b u ­
tions,

n m

g = Σ ^jh. <^ = Σ /(./'') ^jh >


J=0 j=0

((5,·,, : d i s t r i b u t i o n de Dirac à l'abscisse /Λ ; Ii : pas d'échantillonnage) o n


m o n t r e q u ' i l existe une s o l u t i o n numérique approchée g, respectant la
c o n d i t i o n de causalité, c'est-à-dire nulle p o u r / < 0, telle que l ' e r r e u r
m
quadratique ^ [(δ - g * φ)•δj^Y soit m i n i m u m (critère des m o i n d r e s
j =o
carrés). C'est un cas particulier d u filtre o p t i m u m de W i e n e r - L e v i n s o n
(Wiener, 1949), (Levinson, 1947), (Radix, 1970).
O n peut choisir c o m m e variable d'entrée l'accélération, la vitesse o u le
déplacement d u sol. L a figure 4 m o n t r e l ' a p p l i c a t i o n à une trace sismique
de la déconvolution numérique dans le b u t d ' o b t e n i r successivement la
vitesse et le déplacement. O n s'aperçoit que l'appareil utilisé est a p p r o x i ­
mativement un enregistreur de déplacement, compte tenu des fréquences
présentes dans le signal.

7. — NAPPES DE S I S M O G R A P H E S

L a lecture des sismogrammes provenant d'une station simple, souvent


brouillés par des bruits locaux et par des interférences entre phases sismiques,
peut c o n d u i r e à des interprétations erronées. E n collectant l ' i n f o r m a t i o n p r o ­
venant de sondes disposées en nappe, o n améliore le r a p p o r t signal/bruit. Si
la nappe a des dimensions comparables à la longueur d'onde apparente d u
signal sur la surface d u G l o b e , o n peut déterminer la vitesse apparente des
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NAPPES DE SISMOGRAPHES 223

différentes phases sismiques et faire ainsi le départ, soit entre plusieurs signaux
en interférence, soit entre un signal et des bruits transitoires, en p a r t i c u l i e r les
bruits engendres par le signal lui-même sur les structures proches de la sur­
face (Whiteway, 1966).
En supposant le signal constitué p a r la propagation d'une onde plane, le
retard, au sens algébrique, d u signal sur le sismographe /, par r a p p o r t au signal
enregistré par un sismographe analogue centré à l'origine des coordonnées, est
défini par ;

r,- = r,..u/c

r,. : vecteur des coordonnées d u sismographe,


u : direction d u signal incident,
c : vitesse d u signal.
En assignant à chaque sismographe le retard correspondant à une d i r e c t i o n
et une vitesse données, o n focalise par s o m m a t i o n l a nappe sur u n a z i m u t
et une inclinaison ; si la vitesse est inconnue, o n focalise la nappe sur u n a z i m u t
et une vitesse apparente. Avec une v a r i a t i o n adéquate des retards, o n effectue
un balayage systématique des paramètres.
Retards et s o m m a t i o n sont des opérations linéaires ; o n peut effectuer sur
l ' i n f o r m a t i o n recueillie des filtrages plus élaborés. O n a rassemblé dans le
tableau 3, par ordre de complexité croissante, les p r i n c i p a u x types de filtres et
leur effet sur les bruits ambiants (Green et a!., 1966).

TABLEAU 3

Type Effet

1. Sommation Atténuation d u bruit isotrope

2. Retards t- sommation Atténuation d u bruit isotrope

' 3. Retards ' sommation pondérée Atténuation d u bruit anisotrope

4. Retards I- filtrage temporel de chaque Forte atténuation d u bruit anisotrope I


trace !- sommation
I

L'efficacité des types 1 et 2 dépend uniqueinent de la géométrie de la nappe.


Le type 3 nécessite une étude préalable o u une analyse permanente d u b r u i t
microséismique ; le type 4 demande une analyse d u signal o u une hypothèse
sur son mode de p r o p a g a t i o n .
Le problème de la détection et de l'identification des explosions nucléaires
souterraines a suscité l ' i m p l a n t a t i o n de nappes de sismographes de grandes
dimensions en Airiérique et en E u r o p e (Canada, Etats-Unis, Grande-Bretagne,
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224 SISMOGRAPHES

F I G . 5. — Disposition générale du LASA ; chaque lettre correspond elle-même à


une nappe dont la configuration est explicitée sur la droite de la figure. D'après
J . C A P O N , R . J . G R E E N F I E L D , et R . T . LACOSS, Geophysics, 33, 3, p. 453, 1 9 6 8 .

2'

4'

20 30 BO 60 120 130 MO 150

F I G . 6. — Séisme du Kamtchatka du 11 novembre 1964 à 18 h 03 m n . L a trace


supérieure représente l'enregistrement d'une seule sonde. Les numéros des traces
suivantes correspondent aux filtres d u tableau (voir texte), en choisissant d'abord
la direction d u K a m t c h a t k a , puis celle d u Pérou (numéros primes). D'après
P. E . G R E E N , E . J . K E L L Y et M . J . L E V I N , Geophysical Journal of the Royal Astrono­
mical Society, 1 1 , p p . 78-81, 1966.
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L'AGITATION MICROSISMIQUE 215

Norvège, Suède). Le L A S A (Large A p e r t u r e Seismic A r r a y ) dans le M o n t a n a


aux Etats-Unis, représente la plus vaste i n s t a l l a t i o n réalisée jusqu'à ce j o u r .
On voit sur la figure 5 la disposition géométrique de la nappe ; la figure 6
montre l'application des différents types de filtre à u n séisme d u K a m t c h a t k a .
Avec de telles dimensions, le p o u v o i r séparateur de la nappe est essentiellement
limité par les anisotropies latérales des vitesses dans la croûte et le manteau
supérieur (Glover et al., 1969).
La détermination des foyers sismiques à l'échelle de la planète est faite à p a r t i r
d'un réseau m o n d i a l d'observatoires encore disparate. 11 semblerait souhaitable
de remplacer les stations simples par des nappes ; p o u r des raisons économiques
évidentes, i l est impossible de m u l t i p l i e r les nappes, même de dimensions res­
treintes ; or, la dispersion géographique représente en ce domaine u n avantage
certain. L'existence concurrentielle aux Etats-Unis de deux types de réseau,
stations simples et nappes de faible ouverture (une vingtaine de sismographes
sur quelques kilomètres), a permis d'estimer q u a n t i t a t i v e m e n t les performances
des deux dispositifs. O n a montré q u ' u n n o m b r e restreint de nappes sur des
sites favorables permettait de réduire la dispersion dans la localisation des
épicentres et qu'en disposant 25 nappes de faible ouverture sur des aires c o n t i ­
nentales d u Globe, i l serait possible de localiser correctement tous les séismes
de magnitude supérieure à 3,5 (Evernden, 1971).

8. — S I T U A T I O N A C T U E L L E

Les stations simples sont encore actuellement la règle. Les sismographes


électromagnétiques restent les plus employés p o u r les hautes et moyennes
fréquences (25 à 0,05 H z ) , mais o n i n t r o d u i t souvent u n amplificateur entre le
transducteur et le galvanomètre et le galvanomètre lui-même peut être remplacé
par un enregistreur magnétique. Les systèmes d ' a m p l i f i c a t i o n et d'enregistre­
ment sont en pleine évolution ; celle-ci devrait a b o u t i r à une généralisation de
l'enregistrement numérique, l'enregistrement graphique représentant soit une
sortie annexe de contrôle, soit le résultat différé d'une analyse o u d'une synthèse.

9. — L ' A G I T A T I O N M I C R O S I S M I Q U E

Le tableau 1 donne une première i n d i c a t i o n sur l'origine d u b r u i t de f o n d .


En fait, les sismogrammes m o n t r e n t t o u j o u r s u n frémissement plus o u m o i n s
important : les appareils à courte période sont sensibles à l'activité industrielle ;
les appareils à longue période insuffisamment isolés enregistrent des m o u v e ­
ments convectifs p r o d u i t s dans leur cage par les variations de température ;
tous inscrivent les rafales de vent agissant sur les bâtiments, sur les arbres o u
sur le r e l i e f le brisement des vagues sur une côte très proche, e t c . . Ces phéno-
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226 SISMOGRAPHES

mènes locaux étant écartés, reste un phénomène intéressant, avec des a m p l i ­


tudes plus o u moins grandes (Letouzay
et Mechler, 1972), des pays entiers,
sismiques o u n o n . Cette « agitation
microsismique générale » procède par
« tempêtes » q u i d u r e n t quelques jours,
pendant lesquelles s'enregistrent des
groupes assez réguliers, c o m p o r t a n t
chacun une demi-douzaine d'oscilla­
tions, séparés par des intervalles dont
la durée est de même ordre et oîi l'am­
plitude est faible. L a période, assez
stable, est généralement comprise entre
4 et 10 secondes.
L a figure 7, empruntée à Douze
(1967), m o n t r e les spectres observés sur
des sismographes verticaux à courte
période placés dans u n forage à Fort
S t o c k t o n , Texas. Ces spectres m o n t r e n t
deux m a x i m u m s correspondant respec­
tivement à l ' a g i t a t i o n due au vent o u à
l'industrie, et à l ' a g i t a d o n générale.
L ' a m p l i t u d e est très réduite, surtout
p o u r les périodes courtes, sur l'enregis­
Période faeconde^
trement obtenu à 2 890 m de p r o f o n ­
FIG. 7. Spectre d'énergie du bruit deur. C'est que la partie la plus i m p o r ­
sismique en surface et à 2 890 m de pro­ tante de cette agitation est constituée
fondeur ; station de Grapevine, Texas
par des ondes superficielles, c o m m e o n
(3 minutes d'enregistrement). D'après
DOUZE, 1967. le verra au chapitre 8.

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CHAPITRE 10

L A CROÛTE TERRESTRE

par

Guy PERRIER

1. — I N T R O D U C T I O N

Lorsqu'un séisme est enregistré dans différentes stations, la p o s i t i o n de l'épi­


centre, la p r o f o n d e u r d u foyer, l'heure origine d o i v e n t être estimées à p a r t i r des
observations elles-mêmes. Pour tracer la courbe de p r o p a g a t i o n o u hodochrone
donnant la durée de propagation t des ondes en f o n c t i o n de la distance épicen­
trale A, i l faut supposer que les phénomènes sont comparables dans les diffé­
rentes directions à p a r t i r de l'épicentre, donc que les propriétés élastiques des
milieux traversés par les ondes dépendent seulement de la p r o f o n d e u r . Cette
hypothèse est assez bien vérifiée aux grandes distances mais des différences de
temps pouvant atteindre plusieurs secondes apparaissent l o r s q u ' o n se r a p ­
proche de l'épicentre. Cette observation impose l'idée q u ' i l existe une zone super­
ficielle appelée croûte terrestre o u écorce d o n t les propriétés élastiques ne sont
pas uniformes.
Par une étude détaillée de séismes d ' E u r o p e centrale enregistrés en 1909
dans des observatoires peu éloignés, A . M o h o r o v i c i c (1909) a montré que les
ondes longitudinales a r r i v a n t au-delà d'une certaine distance ( e n v i r o n 150 k m )
n'appartenaient pas à la même catégorie que celles q u i étaient enregistrées
près de l'épicentre. Par u n phénomène analogue aux ondes coniques, les ondes
qui passent par les couches profondes plus rapides a r r i v e n t avant celles q u i
prennent le c h e m i n superficiel direct. A i n s i était mise en évidence, à la base de
la croûte, une discontinuité, dite discontinuité de Mohorovicic (ou « M o h o » )
que l ' o n retrouve p r a t i q u e m e n t sur t o u t e l'étendue d u G l o b e et q u i constitue,
par définition, la l i m i t e entre la croûte et le manteau terrestre.
Dans ce chapitre, nous étudierons les différentes méthodes utilisées p o u r
déterminer la structure de la croûte et les différents types de structure rencontrés
sur la Terre.
Nous rappellerons d ' a b o r d , p o u r les lecteurs n o n théoriciens, quelques
notions importantes sur la p r o p a g a t i o n des ondes sismiques (cas p l a n ) .

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230 LA CROÛTE TERRESTRE

2. — F R O N T D'ONDE. P R I N C I P E DE H U Y G H E N S

U n front d'oncle est la surface lieu des points atteints à u n instant donné p a r u n
ébranlement ( F i g . 1). Les trajectoires orthogonales des fronts d'onde sont
appelées rayons o u rais sismiques.
O n peut considérer chaque p o i n t d ' u n
f r o n t d'onde comme une source indé­
pendante q u i émet des ondes élémentaires
appelées ondelettes. Les v i b r a t i o n s qu'elles
engendrent se détruisent p a r t o u t m u t u e l ­
lement par interférence destructive sauf
sur une surface q u i est l'enveloppe des
F;-Ont3 d'onde ondelettes et q u i constitue elle-même u n
f r o n t d'onde : c'est le principe de H u y -
F I G . 1. F i G . 2.
ghens ( F i g . 2).

3 . — RÉFLEXION E T RÉFRACTION DES O N D E S SISMIQUES.


ONDES CONIQUES

L o r s q u ' u n f r o n t d'onde rencontre une surface où les propriétés physiques


changent brusquement, une partie de l'énergie revient en arrière dans le premier
m i l i e u (réflexion), une autre partie est transmise dans le second m i l i e u (réfrac­
t i o n ) . I l n'est alors plus possible de considérer séparément les ondes l o n g i t u d i ­
nales P et transversales 5 : en effet, lorsque les rayons sismiques se réfléchissent
et se réfractent suivant les lois de Descartes, une onde P ( o u S) donne naissance
à deux ondes réfléchies ( P et S) et à deux ondes réfractées (P et S). Si nous
décomposons une onde 5 quelconque en deux ondes 5*1^ (polarisée dans le p l a n
d'incidence, vertical si la surface de séparation est horizontale) et SH (polarisée
perpendiculairement au p l a n d'incidence), p a r raison de symétrie :
— P peut donner seulement P et 5 F ;
— SV peut donner P et 5 F ;
— SH ne peut donner que SH.
Dans l'étude des zones superficielles de la Terre (couches sédimentaires et
croûte), o n peut en première a p p r o x i m a t i o n supposer le m i l i e u composé de
bancs homogènes séparés par des surfaces planes. U n séisme o u une explosion
engendrent des ondes P et 5 q u i subissent des réflexions et réfractions succes­
sives. L a théorie des phénomènes a été faite au chapitre 5. N o u s rappellerons
rapidement les résultats en ne considérant q u ' u n seul type d'ondes.
U n e onde incidente (/), provenant d ' u n foyer F ponctuel se propage à la
vitesse F dans u n premier m i l i e u homogène. Elle rencontre une interface plane
et donne naissance à une onde réfléchie (R) et à une onde transmise o u réfrac­
tée (T) q u i se propage dans le second milieu à la vitesse F ' . O n suppose F ' > V.
Jusqu'au m o m e n t où l'ébranlement atteint l'interface, le f r o n t d'onde est une
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RÉFLEXION ET RÉFRACTION DES ONDES SISMIQUES 231

sphère. A partir de ce m o m e n t , i l c o m p o r t e trois nappes ( Fig. 3a) : l'onde directe


sphérique s'arrête au cercle d'intersection de la sphère avec l'interface ; l'onde
réfléchie est symétrique de la calotte m a n q u a n t dans l'onde précédente ; l'onde
réfractée est une surface de révolution (parallèle à un ellipsoïde) limitée au
même cercle.

(a) (b)

FIG. 3.
a) Fronts d'onde ;
b) Rais sismiques.

Les trois surfaces f o n t avec l'interface les angles /, π — /, /' et

sin / _ sin i'

La figure 3ft décrit le même phénomène en utilisant les rais.


Seul le front d'onde a une signification physique, le rai ne représentant que la
normale au f r o n t .
A mesure que le temps s'écoule, / augmente jusqu'à l'angle l i m i t e /Q tel que
sin /'o = VI y (/' = π/2). A partir de ce m o m e n t , le f r o n t réfracté étant devenu
normal à l'interface ne peut que l u i demeurer n o r m a l . La trace de l'onde
réfractée se propage donc avec la vitesse V. M a i s la trace c o m m u n e aux ondes
incidente et réfléchie continue à se propager avec la vitesse

K/sin / < K/sin /Q = V :

l'oiule réfractée se décroche des ondes incidente et réfléchie ( F i g . 4).


Puisqu'elle est en avance sur celles-ci, elle réagit à son t o u r sur le m i l i e u supé­
rieur. L ' a p p l i c a t i o n d u principe de Huyghens permet de trouver le nouveau
front d'onde : c'est l'enveloppe de toutes les ondelettes créées dans le milieu
supérieur par le passage d u f r o n t réfracté.
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232 LA CROÛTE TERRESTRE

do) (I,)

I FK,.4.

Si nous considérons les fronts d'onde aux temps t^, tg, te ( F i g . 5) tels que
to < U < < tci Ό étant l'instant où se p r o d u i t le décrochement, nous
voyons que les ondelettes sont homothétiques par r a p p o r t a u p o i n t C : leur
enveloppe est leur tangente c o m m u n e et l ' o n a :

sin A' CA = AA'IAC = V{tc - t^)IV'(tc - ' J = ^7^ '

A' CA = io .

L'angle du front résultant avec l'interface est constant et égal à l'angle limite /Q.

:.. 5.

= V'(tc - /o)

= OC

D est c o n f o n d u avec C .

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RAIS SISMIQUES 233

Le front résultant s'appuie sur l'onde réfléclne.

En résumé, le f r o n t d'onde résultant p r o d u i t


par la source annulaire mobile que constitue la
trace de l'onde réfractée à l'interface est un
u-onc de cône passant p a r cette trace, faisant
l'angle limite /Q avec l'interface et limité à
l'onde réfléchie sur lequel i l s'appuie.
Tout se passe comme si l'ébranlement corres­
pondant à l'onde conique avait suivi dans le
second milieu le rai rasant puis était ressorti F i e ; . 6.
dans le milieu supérieur sous l'angle l i m i t e
(Fig. 7). Ce rai satisfait néanmoins au principe de Fermât c'est-à-dire que le
temps de propagation p o u r aller de £ à 5 est m i n i m a l sur le rai sismique.

V >v V>V

F I G . 7.

4. — R A I S S I S M I Q U E S D A N S UNE STRUCTURE PLANE STRATIFIÉE

Si les structures étudiées sont de plus en plus profondes, considérer le m i l i e u


comme composé de bancs homogènes devient rapidement insufliisant. O n d o i t
alors utiliser un modèle « stratifié » dans lequel la vitesse des ondes varie d ' u n e
façon continue avec la p r o f o n d e u r : les rais sismiques sont courbes.

4.1. — Propriétés des rais sismiques. — Supposons que la vitesse K s o i t une


fonction croissante et continue de la p r o f o n d e u r . N o u s pouvons appliquer la l o i
de Descartes à des tranches i n f i n i m e n t petites d o n t la vitesse constante s'accroît
progressivement d'une couche à la suivante : le r a i subit une réfraction progres­
sive et s'écarte de la normale ( F i g . 8).
P o u r u n r a i donné, nous pouvons écrire

sin 1 sin i sin /


= Cte = p > 0
V V V"

o u , d'une façon générale

sin i(z)
= /i(z) sin /'(z) (2)
^ ( z T
F i G . 8.

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234 LA CROUTE TERRESTRE

p est appelé paramètre du rai. Il est constant pour un rai donné ; n, inverse de la
vitesse, est l'indice d u m i l i e u .
O n en déduirait aisément q u ' u n rai se dirigeant vers la p r o f o n d e u r passe
par un p o i n t bas P puis remonte symétriquement par r a p p o r t à la verticale de
P. En Λ z = Λ , / = π/2 ( F i g . 9),

p = l/K(/î) = n(li)

le paramètre du rai est égal à llnrerse de la vitesse de Tonde en son point le plus bas.
Considérons maintenant deux rais i n f i n i m e n t voisins issus d u même foyer,
coupés en /4 et β par un plan h o r i z o n t a l ( F i g . 10).

P
F I G . 10.
Fici. 9.

Soit AH k f r o n t d'onde a r r i v a n t en A, V la vitesse de l'onde, Ôt le temps


i n f i n i m e n t petit que met le f r o n t d'onde p o u r aller de // en β. Si /(β = δχ.

sin / = BHjAB = νδιίδχ

soit
p = sin // K = δΐΐδχ .

En particulier, si le plan h o r i z o n t a l est la surface de la Terre, et si A est la


distance épicentrale,

i p = d//dzi ; . (3)

Le paramètre du rai est égal à la pente


de la tangente à la courbe de propagation
t = t(A). Son inverse [/p = dA/dt = V„
donne la vitesse apparente de l'onde en
surface.
Pour u n r a i issu d ' u n foyer superficiel,
l'angle / varie de /Q ( Z = 0) en surface à
/ = π/2 (z = /;) au point le plus bas.
Pour deux points d u rai M et M' infini­
ment voisins ( F i g . 11),

d.v = dz t g / et d.y = dz/cos /.

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ANOMALIES DES COURBES DE PROPAGATION 235

On en déduirait l a distance d'émergence Δ et la durée d u trajet t (voir § 6 . 4 . 1 )


sous forme d'une intégrale en z.

4.2. — Recherche de la loi de vitesse en profondeur. — Le problème fonda­


mental est de t r o u v e r les propriétés internes des zones profondes à p a r t i r des
observadons superficielles : o n recherchera la l o i de vitesse K(z) à p a r t i r de
l'hodochrone déterminée expérimentalement.
De la courbe t(A), o n déduit K„(zl) = άΔ/άΐ par une opération délicate. C'est
aussi Vili) mais o n ignore li. Si Δ, est une distance particulière telle q u ' o n ait
déterminé ν„{Δ) p o u r 0 < zl ^ zf,, ce q u i i m p l i q u e q u ' i l n'y a pas eu d'inter­
ruption dans l'émergence des rais sismiques, o n aura

1
h(A,) = A r g ch dA (4)
π J 0

C'est la formule d'Herglotz-Wiechert p o u r le plan.


Ainsi, la connaissance de la courbe de p r o p a g a t i o n des ondes P et S entraîne
celle des répartitions en p r o f o n d e u r des vitesses correspondantes K(z) et lV{z).
Malheureusement, la courbe de p r o p a g a t i o n ne conserve pas t o u j o u r s une allure
simple.

5. — A N O M A L I E S DES C O U R B E S DE PROPAGATION

5.1. — Cas où la vitesse V(z) se met à croître rapidement avec la profondeur


(Fig. 12). — O n m o n t r e facilement que la c o u r b u r e d ' u n r a i sismique est
pàVIdz.
Tant que les points les plus bas des rais restent entre la surface et la p r o f o n ­
deur Z], la distance d'émergence croît régulièrement. Si, à p a r t i r de z,, V(z)
se met à croître plus vite, les rais sont fortement courbés et leur p o i n t d'émer­
gence rétrograde : o n a u n rehrou.iseinent ( p o i n t B') sur la courbe de propa­
gation. Si à la profondeur Z j , la croissance redevient normale, le p o i n t d'émer­
gence progresse à nouveau. I l y a f o r m a t i o n d'une boucle et triplement de l'onde
entre les deux rebroussements. Dans tous les cas, la pente décroît régulière-

Viz) E iç B p Δ It

F i c i . 12.

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236 LA CROÛTE TERRESTRE

ment, B'C a sa concavité tournée vers les / > 0. Si o n parvient à observer


les trois branches, la f o r m u l e d ' H e r g l o t z - W i e c h e r t reste valable : l'intégrale
est à prendre négativement sur le segment rétrograde (ou inverse).
A u x points B' et C , dits i m p r o p r e m e n t points focaux, correspondent des
amplitudes exceptionnellement grandes.

5.2. — Cas où y(z) passe par un minimum ( F i g . 13). — Le premier rai qui
atteint la p r o f o n d e u r Z i où V se met à décroître bifurque. A la branche mon­
tante correspond un p o i n t d'arrêt B. Si, plus bas, V{z) se remet à croître, la
branche descendante présente une inflexion à la p r o f o n d e u r Z j q u i correspond
au m i n i m u m de V, atteint la p r o f o n d e u r Z j telle que K i z j ) = K(Z|) puis remonte
symétriquement et émerge en C. Les tangentes à l ' h o d o c h r o n e en B' et C
sont parallèles. Le trajet HKL étant plus l o n g et p a r c o u r u à vitesse moindre

E' Δ·
F i c i . 13.

que HL, le p o i n t C est au-dessus de la tangente en B' à l ' h o d o c h r o n e . Selon


les caractéristiques de la zone à d i m i n u t i o n de vitesse, le p o i n t d'émergence
peut rétrograder j u s q u ' e n D' et progresser à nouveau ( p o i n t de rebroussement)
o u bien progresser régulièrement à p a r t i r de C . E n t r e B' et D' ( o u B' et C )
s'étend une « zone d'ombre ». I l y a lacune dans la courbe de p r o p a g a t i o n . Elle
interdit le calcul o r d i n a i r e de Herglotz-Wiechert.
Si le foyer est au-dessous de la p r o f o n d e u r z, ( F i g . 14), seuls les rais voisins
de la verticale atteignent la surface. I l leur correspond une courbe de propaga-

FiG. 14.

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LES SÉISMES PROCHES

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238 LA CROÛTE TERRESTRE

t i o n . A p a r t i r d ' u n r a i l i m i t e tangent à l ' h o r i z o n t a l e de z,, les rais sont renvoyés


vers le bas. Ils seront ensuite renvoyés vers le h a u t par les couches inférieures à
vitesse croissante, r e p a r t i r o n t vers le bas et ainsi de suite. L a couche à moindre
vitesse j o u e le rôle d ' u n guide d'ondes.

6. — LES SÉISMES PROCHES

L'étude des courbes de dispersion des ondes superficielles peut apporter


beaucoup à la connaissance de la structure de l a croûte. Ce problème étant
traité en détail dans le chapitre 12, nous nous liiniterons ici aux ondes de volume.
Pour u n observatoire sismologique, est séisme proche t o u t séisme d o n t la
distance épicentrale est inférieure à 1 000 k m (9"). E n effet, jusqu'à cette dis­
tance, les trajets des différentes ondes enregistrées n ' o n t intéressé que la croûte
et les premiers kilomètres d u manteau. Au-delà, l'effet de la c o u r b u r e de la Terre
devient i m p o r t a n t et seules sont perçues les ondes q u i o n t pénétré plus p r o f o n ­
dément dans le manteau. Le sismogramme d ' u n séisme proche ( F i g . 15) se
reconnaît, d'une p a r t à sa durée relativement courte, les principales phases se
t r o u v a n t à l'intérieur de deux minutes d'enregistrement e n v i r o n , d'autre part
à l ' i m p o r t a n c e relativement grande des fréquences élevées (1 à 10 H z ) . L ' a m ­
plitude de ces dernières d i m i n u e lorsque la distance épicentrale augmente.

6.1. — Croûte plane homogène. — Considérons le cas d'une croûte h o m o ­


gène ( F i g . 16) d'épaisseur H où les vitesses des ondes longitudinales P et trans­
versales S sont respectivement Kg et (Fg, s u r m o n t a n t un m i l i e u également
homogène, le sommet d u manteau, de vitesses K, et H ' , telles que

Δ
E s La surface de discontinuité est sup­
posée plane et horizontale. Soient F
le foyer d ' u n séisme situé à une
p r o f o n d e u r /;, E son épicentre, 5 la
station d'observation. N o u s posons
E S = A (distance épicentrale). Les
rais considérés sont contenus dans
le p l a n vertical passant par E et 5.

T r o i s ondes longitudinales peu­


vent être perçues à la station 5 :
— l'onde directe P^ (c : croûte) (ou
Pg) d o n t la durée de p r o p a g a t i o n

/(P,) = P , = FS/Vo ,
0 Distance Δ
critique soit

FIG. 16. P , = (A' + Ity^'lVo (5)


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LES SÉISMES PROCHES 239

— l'onde PMP réfléchie sur la discontinuité ( M : M o h o ) telle que

l(PMP) = PMP = (FI + IS)IVo ,

soit

PMP = [A' + (2H - /;)']'"/Ko . (6)

Les hodochrones de ces deux ondes sont des hyperboles d o n t l'asymptote


est la droite t = Z I / F Q ;
— à partir d'une certaine distance A^, appelée distance critique, l'onde
conique P„ (n : n o r m a l e m e n t observée par la suite) réfractée sous la d i s c o n t i ­
nuité telle que t{P„) = P„ = (FA + BS)/Vo + AB/V, , soit

P„ = {2H - h) cos /o/Ko + AlV, avec sin /Q = V^jV, . (7)

L'hodochrone est une d r o i t e de pente l / K p Pour A = A^ = 2 Htg i^,


l'onde réfléchie et l'onde réfractée sont superposées (grandes amplitudes). A
partir d'une distance A,, appelée distance au point de brisure, l'onde conique
s'étant propagée plus rapidement dans le milieu inférieur arrive avant l'onde P^.
On dit alors que Ponde réfractée est en première arrivée. D'une manière générale,
à l'exception de l'onde directe, toute onde enregistrée en première arrivée est une
onde réfractée. L a réciproque n'est pas obligatoirement vérifiée.
11 est évident que les résultats obtenus p o u r les ondes P se retrouvent p o u r les
ondes 5 que nous pouvons enregistrer sous les trois formes, directe ( o u Sg),
réfléchie SMS et réfractée S„. P o u r connaître leurs hodochrones, i l suffit de
remplacer dans les équations ci-dessus, VQ par WQ et K, par W,.
De plus, chaque onde P (ou SV), lorsqu'elle rencontre une discontinuité, se
réfléchit o u se réfracte en onde P et SV : si WQ < < V^ < K,, nous
pourrons avoir des ondes telles que SPS, SPP, PPS, SMP, PMS (t^up = /'PMS.
hpp = hps)- Ces ondes de plus faible énergie sont
appelées ondes mixtes ( F i g . 17. Une onde de type
PSP, SSP ou PSS (tssp = tpss) p o u r r a exister à la
condition que la vitesse des P dans le m i l i e u supé­
rieur soit plus pedte que la vitesse des S dans le
milieu inférieur (WQ < VQ < < K j ) : c'est
souvent le cas entre les sédiments et le socle cris- F I G . 17.
tallin sous-jacent.

Dans un tel modèle, la connaissance des hodochrones des trois ondes l o n g i ­


tudinales permet de déduire H, li, VQ et K,. Si nous prenons u n foyer super­
ficiel (Il = 0), Ko = 6,2 km/s, K, = 8 , 1 km/s, H = 30 k m . A, et Af, sont
égales respectivement à 71,4 et 1 6 4 , 7 k m . LaquanUtéa = 2//cos IQ/VQ = 6,23 s.
Ainsi, si l ' o n veut connaître // avec une précision supérieure à 2 k m , l'erreur
sur a, donc sur l'heure origine HQ, devra être inférieure à 0,4 s, précision rare­
ment atteinte par les centres sismologiques.
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240 LA CROÛTE TERRESTRE

L'étude de la croûte au moyen des séismes proches, basée sur la détermina­


t i o n des hodochrones et sur l'étude des amplitudes a souvent c o n d u i t à des
erreurs, faute d ' u n réseau serré de stations sismologiques modernes. Devant ces
difficultés, il est vite a p p a r u que les résultats obtenus au moyen des séismes
artificiels étaient beaucoup plus sûrs : ceux q u i concernent l'étude des couches
sédimentaires appartenant au domaine de la prospection sismique f o n t l'objet
d ' u n chapitre particulier (voir Chap. 23) ; ceux q u i intéressent les milieux plus
profonds appartiennent au domaine de la sismologie expérimentale (§ 7).

6.2. — M é t h o d e de Choudhury. — C h o u d h u r y (1961) remarque que, sans


faire aucune hypothèse, i l est presque toujours possible, dans les séismes proches
d ' E u r o p e , d'identifier, à une fraction de seconde près, P„, et S^.. la
phase S„ n'étant observée que dans des cas t r o p peu n o m b r e u x (son a m p l i ­
tude est d u même ordre de grandeur que la fin o u coda des P^). I l utilise les
différences de temps d'arrivée P^. - P„ et S,. — P^, directement mesurables sur
les sismogrammes. Cette méthode est efficace si les stations sont sensiblement
alignées avec la zone sismique et si la croûte ne présente pas des variations
de structure t r o p importantes.
O n d o i t remarquer que les phases, en général importantes, identifiées comme
P^ et sont plus probablement les ondes PMP et SMS réfléchies à la base de la
croûte. L a méthode de C h o u d h u r y reste valable : i l suffira de remplacer, ci-
dessous, P^. et S,, respectivement par PMP ti SMS. O n peut v o i r là une explica­
t i o n d u fait que, dans certaines régions où le M o h o n'est pas une discontinuité
franche, ces phases soient plus diffuses.

Puisque la différence des heures d'arrivée H(P^) et H{S^ en une station est
égale à la différence des durées de propagation P^ et S^, nous pouvons écrire,
p o u r les distances inférieures à I 000 k m ,

V — W
H(S,) - H(P,) = S, - P, = - ° - , τ Γ ~ " Pc = {>• - n - /ίο]
"0

où //,, est l'heure origine d u séisme et λ = Kg/H^o- S^ - P,. est une fonction
linéaire de H(P^) ce q u i permet de déterminer λ et HQ. L a précision sur MQ est
d'autant plus grande que le coefficient de Poisson σ = f (λ) est moins variable à
l'intérieur de la croûte.
O n peut porter de même P,, - P„ en f o n c t i o n de S^ — P,.. P o u r les distances
supérieures à la distance au p o i n t de brisure Ai,, o n m o n t r e que

P, - P„ Λ- (S, - P,)--~^- a

7.= Ko/F, et a = (2H - h)œsio/Vo.


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LES SÉISMES PROCHES 241

Si on prend p o u r K, la moyenne des valeurs obtenues p a r les grandes e x p l o ­


sions (voir plus l o i n ) , o n o b t i e n t VQ. - P„ peut alors être calculé p o u r p l u ­
sieurs modèles.
Pour q u ' u n modèle puisse représenter la vraie s t r u c t u r e de l a croûte, i l f a u t
que tous les p o i n t s d u g r a p h i q u e restent à l'intérieur des courbes l i m i t e s ( F i g . 18)
correspondant aux valeurs minimales (/; = 0) et maximales (Λ = H) de
P - P
^c ' il-

La formule

donne une valeur approchée de la distance.

5 c - P c (s)

F-iG. 18. — Structure nwyenne de la croûte terrestre en Europe occidentale obtenue


à partir de l'étude des séismes proclies. D'après CHOUDHURY, CRAS. 1961, 2 5 2 ,
p. 1362.
1, lac d u Bourget ; 2, île d'Oléron ; 3, au large de la Catalogne ; 4, Basses-Pyré­
nées ; 5. efTondrement de R o n c o u r t : 6, au large de la Vendée ; 7, au large de la
Camargue ; 8, vallée de l'Ubaye ; 9, vallée de l'Ubaye ; 10, vallée de l'Ubaye :
I I . Alpes de Vénétie ; 12, vallée de l'Ubaye : 13, explosion en mer (Belgique) ;
l4, Savoie, France; 15, A l s a c e ; 16, explosion en mer (Belgique) ; 17. Alpes Bernoises ;
18, Zollernalb ; 19, Zollernalb ; 20, Bas-Rhin ; 2 1 , Bas-Rhin ; 22, Jura Alsacien ;
23, frontière Pays-Bas-Belgique ; 24, ? ; 25, région de Bourg ( A i n ) ; 26, Pyrénées :
27, .Apennins Etrusques ; 28, Alpes Bernoises.

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242 LA CROÛTE TERRESTRE

Avec cette méthode, C h o u d h u r y a montré :


1. que le modèle le mieux adapté à l'étude des séismes européens était un
modèle où F Q était constante (modèle A, FQ = 6,0 + 0,1 km/s) ;
2. que l'origine de presque tous les séismes se t r o u v a i t soit dans la partie
supérieure de la croûte, soit dans sa partie inférieure ;
3. que les séismes alpins étudiés, sauf les n">^ 11 et 28, avaient leur foyer dans la
partie supérieure de la croûte.

7 . — L A S I S M O L O G I E EXPÉRIMENTALE

L a sismologie expérimentale est l'étude de la croûte et d u manteau sous-


jacent (lithosphère) au moyen des séismes artificiels p r o d u i t s par des explosions
provoquées (tirs en forage, tirs de carrière, tirs nucléaires, e t c . . ) en un lieu et à
un instant connus avec précision. P a r m i les problèmes, nous pouvons citer :
— la v a r i a t i o n de la vitesse des ondes sismiques avec la profondeur, la mise
en évidence d'hétérogénéités latérales ;
— la mise en évidence de la discontinuité de M o h o r o v i c i c , la forme et la
p r o f o n d e u r de cette discontinuité, la vitesse des ondes sous cette dernière ;
— l'existence de discontinuités dans la lithosphère ;
— la répartition spectrale de l'énergie, l'amortissement des ondes dans les
différents milieux traversés, les caractéristiques physico-chimiques de ces der­
niers, e t c . .

P o u r cette étude, des stations identiques entre elles (homogénéité des docu­
ments) sont disposées, dans la mesure d u possible, sur des massifs géologique-
ment homogènes :
— soit sur des profils continus serrés pouvant atteindre quelques centaines
de kilomètres, alignés avec le p o i n t de t i r (mesure des vitesses) :
— soit en éventail, à une distance constante de l'explosion, en général à la
distance critique (forme des surfaces réfléchissantes).

U n e station c o m p o r t e un capteur vertical Z et deux capteurs h o r i z o n t a u x //


orientés, l ' u n dans la d i r e c t i o n d u t i r ( l o n g i t u d i n a l L), l'autre perpendiculaire­
ment (transversal T). Ces capteurs sont reliés par l'intermédiaire de transduc­
teurs et d'amplificateurs (voir Chap. 9) à un système d'enregistrement magné­
tique analogique à déroulement rapide (par ex. 4,5 o u 9 cm/s).
Parallèlement sont enregistrés des signaux de temps o u signaux lu)raires
(seconde, m i n u t e , heure) émis par les stations internationales ( p o u r l'Europe
occidentale, Genève-Prangins H B G émet en permanence sur 75 k H z ) . Une
base de temps interne est également enregistrée. U n e précision de 0,01 s sur la
détermination d u temps peut ainsi être obtenue. La position des emplacements
des capteurs est pointée sur des cartes géographiques à grande échelle (1,25 000)
o u à défaut sur des photos aériennes. Les distances sont alors calculées avec une
précision de 20 à 100 m .
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LA SISMOLOGIE EXPÉRIMENTALE 243

7.1. — Principe de la méthode. — Les méthodes d'enregistrement et d'inter­


prétation sont analogues à celles de la prospection sismique, l'échelle étant
cependant dix fois supérieure. D e u x méthodes sont utilisées :
— réflexion près de la source et au voisinage de la distance c r i t i q u e ( M o h o ) ;
— réfraction à grandes distances.
Enregistrer dans une seule d i r e c t i o n n'est cependant pas suffisant p o u r
connaître la vitesse vraie des ondes réfractées. E n effet, supposons que, dans le
modèle décrit au paragraphe 6 . 1 , la discontinuité ne soit plus parallèle à la
surface mais fasse un angle 0 avec l'horizontale. 0 est compté positivement si la
pente est ascendante de E vers S.
La \hesse apparente K„ des ondes entre deux stations étant la vitesse de la
trace d u front d'onde Z" à la surface, la figure 19 m o n t r e que

K„ = Fo/sin (/o - 0 ) > V, avec sin i^ = VJV, . (8)

Pour connaître K,, o n fait une explosion à


l'autre b o u t d u profil et o n enregistre dans la
direction opposée : ce p r o f i l est appelé profil
irwerse. La nouvelle vitesse apparente est

K ; = Ko/sin(/o + 0) < K , .

Si nous supposons KQ c o n n u , l'élimination de F i G . 19.


/o
' et de 0 nous c o n d u i r a à une équation bicarrée
dont la s o l u t i o n comprise entre K„ et V'a est K,. En pratique, W étant souvent
inférieur à 5" (pente de 9 % ) , nous utiliserons la f o r m u l e approchée (cos 0 ~ 1)

(9)
v„ + v:

Si K, # 8 km/s, l ' e r r e u r èV, sera inférieure à 0,03 km/s. I l est ensuite facile de
déterminer 0.
Pour que les deux profils soient réellement inversés, i l ne suffit pas, compte
tenu du décalage des rais en p r o f o n d e u r , d'occuper les mêmes emplacements
pour chacun des tirs E et E' ( F i g . 20). Il faut s'assurer que la partie AB est
commune.
Remarque. L'enregistrement en une
seule station de plusieurs tirs alignés sur
un profil est équivalent à celui d ' u n t i r
d o n t l'épicentre serait la station et les
stations, les différents points de t i r . Cette
méthode est parfois utilisée p o u r l'étude
des structures profondes sous-marines à
Fi(i. 20. p a r t i r de stations continentales.
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244 LA CROUTE TERRESTRE

En résumé, l'étude fine d ' u n c o m p a r t i m e n t crustal au moyen des ondes


réfléchies près de la verticale et au voisinage de la distance c r i t i q u e ainsi que
des ondes réfractées en première arrivée, peut être faite à p a r t i r d u dispositif
de la figure 2 1 , que l ' o n inverse symétriquement par r a p p o r t à XX'.
P o u r fixer les idées, donnons comme exemple l'opération française « Grands
Profils Sismiques » de 1970. Les stations étaient au n o m b r e de 30. L'épaisseur
moyenne de la croûte étant de 30 k m , les valeurs suivantes avaient été choisies :
AB = BM = MC = CD = Δ, = Ί5 k m , soit une stadon tous les 2,5 k m .
Lorsque les stations étaient implantées sur BM, les explosions avaient lieu
en B (400 kg), C (800 k g ) , D (2 000 kg) ; lorsqu'elles étaient en CM, des charges
identiques explosaient respectivement en C, B, A. P o u r les deux tirs lointains A
et D, la densité des stations était légèrement diminuée afin de c o u v r i r un
domaine de distance plus étendu.

' COMPARTIMENT ÉTUDIÉ '

^ Explosions i n i Emplacement des stationa

FIG. 21. — Di.spasilif d'cnrcgistremenl pour l'étude


de ta croûte continentale au moyen d'explo.sions.

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LA SISMOLOGIE EXPÉRIMENTALE

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246 LA CROÛTE TERRESTRE

7.2. — L e dépouillement. — A f i n de mieux suivre les différentes ondes en


f o n c t i o n de la distance, i l est réalisé un assemblage ( F i g . 22) des enregistrements
dans lequel, en abscisses, la distance des traces est p r o p o r t i o n n e l l e à la distance
des stations au p o i n t d'explosion. Tous les
enregistrements sont ramenés à une même
échelle de temps et sont représentés en temps
réduit, c'est-à-dire que les ordonnées repré­
sentent la quantité t - d/F,. est appelée
vitesse de réduction ( F i g . 23).
On peut suivre ainsi l'évolution continue
de l ' a m p l i t u d e et de la phase des différentes
ondes. Celles-ci étant carrelées, o n détermine
FiG. 2.·!. leurs durées de p r o p a g a t i o n . P o u r leur inter­
prétation, o n ramènera toutes les stations à
une a l t i t u d e moyenne (correction d ' a l t i t u d e ) et o n tiendra compte des couches
superficielles sédimentaires o u cristallines (correction de surface) :

Correction d'altitude. — P o u r l i m i t e r les erreurs de correction dues à la


mauvaise connaissance des vitesses des ondes en surface, i l est recommandé
de prendre l ' a l t i t u d e moyenne des stations ho c o m m e niveau moyen de réfé­
rence. Si h^ et Λ, sont les altitudes, respectivement d u p o i n t de t i r et de la station,
la correction est donnée par

ôt = (/lo - h,) cos i'olVO + (ho - Ih) cos i'^/Vo (10)

ou

sin i'o = KoVK, et sin = V;/V,

Ko est la vitesse en surface sous £, KO' sous 5 ;


K„ est la vitesse apparente de la phase corrigée.

Correction de surface. — L a vitesse en surface Ko (variable) étant t o u j o u r s


inférieure à la vitesse moyenne Kg de la première couche p r o f o n d e , i l convient
de corriger les durées de p r o p a g a t i o n (côté t i r et côté stations) en remplaçant le
m i l i e u lent par le milieu plus rapide. O n a

ôt = <5/i(cos /"o/Ko - cos i'olVO) (11)

ou

sin = Vo/Va et sin /g = Ko/K„

(•)/; est l'épaisseur (variable) de la couche superficielle.

REMARQUE. — Lorsque les couches superficielles sont épaisses, c'est leur


vitesse moyenne q u i est choisie de préférence à Ko.
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MODÈLES A COUCHES DE VITESSES CONSTANTES 247

8. — L'INTERPRÉTATION P A R DES MODÈLES


A COUCHES DE VITESSES C O N S T A N T E S

8. L — Formules générales. — Supposons, que la croûte soit constituée d'une suite de


couclies de vitesses constantes séparées par des discontinuités de vitesse.
Adachi a montré en 1954 ( F i g . 24) que l'expression de la durée de propagation d'une
onde réfractée dans le milieu de vitesse Vn pouvait s'écrire

ES= Δ
n\ . ssinjSi
Σ
Λί , in PI ,
(12)
Vi (cos «i
— I- cos βί) 1- — • A ai ai \- ojiv i
Bi — bi — (Oi+1 .

fuj+i > 0 si la surface est ascendante de E vers S.

E Δ £
1, -
k.
Pi
"1 '
«-2 V,
Pa
h, • Vp

ho i V3 λ/ ^

4 - —
-4i
Vn-1
hn-ti
Vn

F I G . 24.

La durée / peut s'exprimer directement par une fonction linéaire de la distance.


Il n'en est pas de même pour les ondes réfléchies ( « > 1). Meyer (Steinhart et Meyer,
1961) a montré que / et Δ avaient pour expressions paramétriques ( F i g . 25)

J - £ .x,H ; X xpi (13)


1=1 i=I

n- I
hn + (tg ω „ — tg oj„ , i) ^ x„i
ί= 1
cofa« i tgfj,,. I

avec

.v„, -
cot oti -- tg ω 2

hn — (tg fO„ tg 0)„ l) ^ Xni

Xpri
cot βη tg (•)„
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248 LA CROÛTE TERRESTRE

avec

Λΐ — tg 0)2 { Χ,,ί \ Ϋ Xpl\


1=
\i=\ I i= n '

cot^r
T^ Ytai+ tpi (14)
/=1 i=l

Xai Xpi
/ai tpl
Vi sin (Xi Κ,· sln β! "

Cas particulier d'une couche unique :


— Réfraction : ( F i g . 26)

2 Hcos 0cos/ , A
T --= - _ _sin(/-0)

(15)
2 // tg /
1 + l g 7 tg"(^

avec

E TS sm,=--^

sin ( i — 0)

he -= cos (/ + 0)
cos ;
. (//— J tg (9) cos 0 „,
As . cos(i — 0 )
cos /

A, - /ie tg (/ ~ (/) A—A,^ h, tg (/· — 0)

0 > 0 si la surface est ascendante de £ à 5 ,


0 < 0 si la surface est descendante de £ à 5 .

Si (? = 0 ( F i g . 27)

Λ = 2HX%i

^ 2//COSI A . . Vi

F I G . 27.

— Réflexion : ( F i g . 28).

(Α'- + 4H'- cos'- 0 — 4 HA sin 0 cos Oyn


- - (17)

Λ cos (/ - r Θ)
cos /
.4' • / i t g ( / + 0)

avec les mêmes conventions de signe de 0 que pour la


réfraction.
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MODÈLES A COUCHES DE VITESSES CONSTANTES 249

Si 0 - 0 (Fig. 29)

( j 2 4. 4 Ηψ'Ι
T = (18)

h,, Ae, Ils, As sont les coordonnées des deux points de


réfraction, h et A', la profondeur et la distance d u
point de réflexion. F i G . 29.

8.2. — Ondes réfractées. — O n peut tenter une interprétation basée sur les
premières arrivées q u i sont, nous l'avons v u , obligatoirement des ondes directes
ou réfractées. L a connaissance des différents segments de droites de vitesses
apparentes K„,, V„^, ... (en inverse, V^,, F^'j, ...) permet de calculer les vitesses
vraies K,, K j , ... des différents m i l i e u x traversés (Fig. 30).
L'équation générale de la réfraction d o n n e r a /;,, A j , . . .
Cette méthode simple peut conduire à des erreurs car certaines ondes réfrac­
tées peuvent être oubliées (Fig. 31) : par exemple, si l ' o n considère u n modèle
à 2 couches horizontales d'épaisseurs T/, et / / j , de vitesses = 6 km/s
et V2 = 6,5 km/s, s u r m o n t a n t u n manteau de vitesse V3 = 8,2 km/s, l'onde
réfractée de vitesse 6,5 km/s ne p o u r r a pas être en première arrivée si

//2 ^ //, X 1,173

soit pour / / 1 + / / 2 = 30 k m , //, ^ 13,8 k m .

F I G . .30. FIG. 3 1 .

Aux grandes distances, dès que l'onde Pn est en première arrivée, o n continue souvent
d'observer des brisures successives sur l'hodochrone. Ces brisures n'impliquent pas obliga­
toirement l'arrivée d'ondes réfractées à plus grandes profondeurs dans le manteau supérieur,
mais peuvent signifier des changements de pcndage d u M o h o . Sur u n fond ondulé (pendages
inférieurs à 1 0 " ) , on peut admettre que l'onde considérée correspond à une propagation le
long du f o n d . En effet, si le fond est convexe vers le haut, l'onde conique est moins rapide
que l'onde réfractée mais leur différence de temps est faible. S'il est concave, il n'y a pas
d'onde réfractée (Fig. 32). L'équation de l'hodochrone, p o u r un modèle à une seule couche
homogène, s'écrit (Perricr)

'" • 'v} ['^°^ ¢'0 ' Oi) — cos (;•„


J=l

+ — sin (i„ — (?„) . (19)

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250 LA CROUTE TERRESTRE

A = Σ Xj K, - K„/sin((o—ίί„) sin/o = K„/K,


J=l

hj Λ;-ι — Λ; tg Oj .

E X,

Vo

h, hn-i / hn

la/
V a

^ ' \ —

F I G . 32.

Si la couche s'épaissit o u s'amincit brusquement en certains endroits (cas de la « marche


d'escalier » ) , i l suffit de rajouter le terme — ^ O / I ; C O S ( Î O — On)IVa dans l'équation (19).
ôhj est > 0 pour u n amincissement.
L'équation (19) montre la nécessité d'avoir des observations sur u n profil continu depuis
l'origine. En effet, si, comme c'est le cas dans les Alpes, l'épaisseur de la croûte varie forte­
ment d'une région à l'autre, l'onde Pn garde en mémoire toutes ces variations et, en ignorer
certaines, revient à fausser de plusieurs kilomètres l'estimation de la profondeur à grandes
distances.
Une autre méthode pour suivre les ondulations du M o h o consiste à calculer, de proche en
proche, la profondeur et la position des points de réfraction ( F i g . 33) : si ôA et ôt sont les
différences de distance et de temps d'arrivée de l'onde réfractée entre S\ et 5 2 , o n a

Sh = ^ { 6 t - f )
cosfoV V\l (20)
6Δ1 = 5zf — ôh tg i'o ·

F I G . 33. F I G . 34.

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MODÈLES A COUCHES DE VITESSES CONSTANTES 251

On suppose a priori que 0 —- 0. Si un pendage apparaît, i l est facile d'établir des équations
semblables qui en tiennent compte. Deux itérations suffisent généralement pour définir
le modèle.

Les ondes réfractées s'observent difficilement en seconde arrivée. Les grandes


phases enregistrées en arrivée tardive d o i v e n t être interprétées, en général,
comme des ondes réfléchies sur une discontinuité. Si les discontinuités sont des
discontinuités de vitesse, o u discontinuités de premier ordre, à chaque onde
réfractée doit correspondre l'onde réfléchie q u i l u i est tangente. Si le prolonge­
ment vers les courtes distances de l'onde P„ coupe la phase de grande a m p l i ­
tude (Fig. 34), cela i m p l i q u e une d i m i n u t i o n d u gradient de vitesse avec la p r o ­
fondeur ; la discontinuité est au moins d u second ordre. I l faut v o i r là u n test
de l'existence d'une zone de transition.

8.3. — Ondes réfléchies. — Méthode des ί', Δ'. — C'est la méthode


d'interprétation la plus utilisée. N o u s avons v u au paragraphe 8 . 1 que dans le
cas d'une couche horizontale, t' était égal à (Δ' + AH')IV,. La fonction
t' = f(A') étant une d r o i t e , l'inverse de la pente est Vl. Dans le cas d'une
seule couche, V, est la vitesse vraie ; mais si les couches sont multiples, est la
vitesse moyenne d u milieu situé entre la surface et la discontinuité. L a méthode
appliquée après épluchages successifs des couches connues permet de connaître
la vitesse vraie de chaque milieu.
Cette méthode donne de bons résultats aux courtes distances mais elle devient
rapidement imprécise lorsque Δ croît. Ceci est dû au fait que la longueur d u
trajet augmente avec la distance alors que, p o u r une onde réfractée, la p o r t i o n d u
rai dans le milieu supérieur est constante. L a figure 35 donne, p o u r plusieurs
valeurs de l'erreur sur la vitesse moyenne δ V, la v a r i a t i o n de l'erreur δ H en fonc­
tion de la distance Δ dans le cas des ondes réfléchies et réfractées. Pour

5H(km)

SVnQOS

8V=aOf

A(km)
ûc 100 200

FIG. 35.
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252 LA CROÛTE TERRESTRE

une croûte normale {H = 30 k m , V = 6,2 km/s), la méthode est acceptable


si les distances sont inférieures à 120 k m .
Jusqu'ici, nous avons supposé que la discontinuité était horizontale. Si cette
hypothèse est exacte, la méthode des t'. A' appliquée aux réflexions obtenues
dans le t i r inverse et enregistrées dans le même domaine de distance et dans la
même région, d o i t donner une vitesse moyenne identique. Si ce n'est pas le cas,
la méthode ne s'applique plus : o n d o i t étudier la v a r i a t i o n de en f o n c t i o n
de zJ. E n effet, l'équation (17) nous m o n t r e que p o u r 0 # 0,

, A' 4 HA sin 0 cos Θ 4 H'cos'Q


t' = — - + , -— = aA' + βΔ + y

K,, // et 0 sont calculés à p a r t i r des coefficients a, /? et y d u polynôme de


régression, ce q u i nécessite une répartition régulière et dense des stations.

Méthode des ellipses. — Si nous connaissons la vitesse moyenne V, nous


avons, p o u r une durée de p r o p a g a t i o n t donnée ( F i g . 36)

El + IS= Vt = Cte .

Le lieu d u p o i n t de réflexion est donc u n ellipsoïde de foyers E et S. Si le p l a n


de p r o p a g a t i o n des rais est le plan vertical, l'équation de Vellipse est

L a surface réfléchissante est l'enveloppe des ellipses ( o u des ellipsoïdes) tracées


p o u r tous les couples (A, t).

Remarque. — Si la surface réfléchissante est une zone de transition dans


laquelle la vitesse croît rapidement avec la profondeur, les réflexions à courtes
distances sont absentes.
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DÉTERMINATION DE LA LOI DE VITESSE 253

9. — D É T E R M I N A T I O N DE L A L O I DE VITESSE V = v(z)

Le cas où la croûte est constituée d'une suite de couches de vitesse constante


séparées par des discontinuités de vitesse n'est qu'une première a p p r o x i m a t i o n .
Des données expérimentales de meilleure qualité o n t c o n d u i t plusieurs auteurs
(Giese en 1966, Meissner en 1967, Pavlenkova en 1968) à i n t r o d u i r e des gra­
dients de vitesse. De plus, la possibilité d'existence de zones à m o i n d r e vitesse
ne doit pas être écartée.

9.1. — Variation linéaire de la vitesse avec la profondeur. — Si la vitesse


varie linéairement avec la profondeur selon la l o i F = VQ + kz {k > 0),
les rais sismiques ne sont plus rectilignes. D'après le paragraphe 5 . 1 , le r a y o n
de courbure a p o u r valeur

R
pk

Les rais sont des cercles ( F i g . 37).

La durée de propagation est donnée p a r

(22)

Si V{z) a une v a r i a t i o n quelconque, ( d K > 0), i l sera t o u j o u r s possible de


l'approcher par une somme de variations linéaires V = A + kiZ où

(Fig. 38)

Dans le cas où le modèle est symétrique,

n- 1
A r g ch •Argch- - ,^- A r g c h - J "
pVi P Vi^ I kn pV„
(23)

/ ZI ^ 2 J [Vl Vf - V l - p ' Vf, , ] + :^-. V l - p' Vl .


pk pkn
i= I

F i o . 37. F I G . 38.

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254 LA CROÛTE TERRESTRE

Si la vitesse Kest constante entre deux niveaux y et j + 1 (épaisseur Sz)

δζ \

(24)
pV
ôA]j+1 ^ <5z -
^1 —pivi

Ces formules sont particulièrement bien adaptées au calcul par ordinateur. Elles offrent
la possibilité d'introduire certaines dissymétries dans le modèle.

9 . 2 . — P r o b l è m e inverse. — N o u s savons que la méthode d ' H e r g l o t z -


Wiechert ( § 4 . 2 ) permet de calculer la l o i de vitesse en f o n c t i o n de la p r o f o n d e u r
à p a r t i r de l ' h o d o c h r o n e lissée t = t{A). L a p r o f o n d e u r z à laquelle la
vitesse ν(Δγ) est atteinte est donnée par

1
Δ < Δ,. (25)
π

11 faut en intégrant suivre les boucles éventuelles en c o m p t a n t négativement


les parties où άΔ est négatif D ' a u t r e part, l ' h o d o c h r o n e d o i t être i n i n t e r r o m p u e
et p a r t i r de l'origine ; sa pente d o i t décroître d'une manière continue.

Or, les hodochrones suggérées par les différents auteurs sont, dans la p l u p a r t
des cas, interrompues. Cette i n t e r r u p t i o n peut être causée (Giese, 1970) par
plusieurs raisons :
1" 11 existe une discontinuité de 1·*"^ ordre ( F i g . 39a). L a distance d u p o i n t B
est infinie (en réalité, la boucle se ferme à grande distance d u fait de la c o u r b u r e
de la Terre).

T T
Ί
F I G . 3 9 . — Différents cas d'interruption de l'hodochrone.
Les parties inconnues sont indiquées par des pointillés. D'après GIESE, 1 9 7 0 .
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DÉTERMINATION DE LA LOI DE VITESSE 255

2" Le profil est t r o p c o u r t , une p a r t i e de la boucle est en dehors d u p r o f i l


connu (Fig. 39è).
3" La corrélation entre toutes les parties de l ' h o d o c h r o n e n'est pas claire.
Seuls, des segments discrets sont établis (c'est le cas, en particulier, où deux
boucles se superposent) ( F i g . 39c).
4" 11 existe une couche à m o i n d r e vitesse dans la croûte ( F i g . 39Î/).

Dans tous ces cas, i l y a lacune et la détermination de V(z) n'est plus u n i q u e .


Nous pouvons utiliser la méthode directe et trouver une l o i V(z) q u i approche
au mieux les hodochrones observées ( M u e l l e r et L a n d i s m a n , 1966). Ceci peut
être long. Giese a proposé une méthode d'inversion. N o u s l'étudierons en détail.

9.3. — Méthode de Giese. — N o u s appellerons segments n o r m a u x , des seg­


ments d'hodochrone où la distance croît q u a n d la p r o f o n d e u r de pénétration
maximale croît, segments inverses, ceux où la distance décroît.
En chaque p o i n t d'une hodochrone, nous connaissons la distance Δ, la durée
de propagation correspondante / et la vitesse apparente aAjat.

a) Détermination de la profondeur maximale ζ^^χ. — Pour une onde réfléchie


qui a traversé u n m i l i e u supérieur homogène, l'équation

(26)

fournit la p r o f o n d e u r correcte d u réflecteur. Sinon, le principe de Fermât


implique que la valeur obtenue soit plus grande que la p r o f o n d e u r réelle.
Pour chaque valeur de âAjat = V (vitesse au p o i n t le plus bas d u r a i corres­
pondant), nous aurons la relation

La profondeur maximale peut être calculée aussi bien p o u r tous les points
de segments n o r m a u x que de segments inverses. P o u r des segments n o r m a u x ,
la quantité dK/dz^^^^, dérivée de la courbe V = V{z„^,^) est t o u j o u r s positive.
Pour des segments inverses, trois cas sont possibles :
I " dV/dz^,^^ = 0 : la vitesse moyenne est indépendante de l'angle d ' i n c i ­
dence. Le milieu est homogène. L a méthode des t' - A' est applicable.
2° dK/dz^a,; < 0 : le m i h e u supérieur est inhomogène, la vitesse croît
rapidement dans l'intervalle de p r o f o n d e u r correspondant.
3° dV/dz^^^ > 0 : le gradient réel dV/dz est l u i aussi p o s i t i f U n e zone de
transition existe ( F i g . 40).

Cette méthode très simple permet donc de distinguer entre une discontinuité
brutale et une zone de t r a n s i t i o n .
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256 LA CROÛTE TERRESTRE

8 [km/sl 6 8 C km/si 8 Ckm/d


0
1
10-

20
\
30 •

Ckm]
1
Ckml Ckml

F I G . 4 0 . — Différents types de la fonction Zmax-


La fonction modèle est indiquée par les pointillés. D'après GIESE, 1 9 7 0 .

b) Détermination de la profondeur minimale ζ^|„. — Dans le cas de seg­


ments séparés, une p r o f o n d e u r m i n i m a l e peut être calculée en utilisant l'inté­
grale d'Herglotz-Wiechert p o u r les segments connus :

V(A ) '''^^ V(A λ


A r g c h ^ ^ d ^ + A r g ch àA +
u 0 V{A) V{A)
Δι

. 1 ^ ^ A r g c h ^ d . (27)

8 km/s
z „ i „ peut être calculée p o u r
tous les points de segments
n o r m a u x o u inverses.

c) Détermination des cour­


bes solutions. — U n e fois les
hodochrones fixées, la fonc­
t i o n inconnue V{z) d o i t être
située entre les deux courbes
limites z ^ , , , et z ^ , , , , diff'érentes
p o u r une même valeur de
àAlàt. P o u r obtenir la famille
des courbes solutions, o n
a d m e t t r a que àVjaz change
linéairement entre z^^^ et z^^^.
L a figure 41 m o n t r e u n exem­
ple de la méthode q u i vient
d'être décrite.

d) Sélection des distributions


F I G . 4 1 . — Exemple d'estimation de Zmax et Ziiiin.
Courbes solutions intermédiaires. Les points noirs distinctes de vitesse. — Les
représentent la fonction modèle. D'après GIESE, 1 9 7 0 . courbes solutions avec u n
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DÉTERMINATION DE LA LOI DE VITESSE 257

gradient de vitesse négatif doivent être rejetées. D e plus, o n peut réduire


le nombre des solutions en prenant en compte des paramètres supplé­
mentaires.
Ainsi, dans le cas d'une zone à m o i n d r e vitesse ( F i g . 42), s'il est possible de
déterminer les coordonnées des points A ei B ainsi que leur vitesse apparente
g, o n peut estimer l'épaisseur maximale δζ^^,^ et la vitesse moyenne
de la zone d'inversion

><- ^δΛ_ Ιδί' _ δΔ =Δ{Β)-Δ{Α)


\ οζ^,,, 2 V Μ δί = ί(Β) - ί{Α)
(28) avec

'δί ^'-" ^'-" ~ ' di~~~ άί

Ces expressions supposent une couche homogène de basse vitesse, δζ^^,^ est
donc la l i m i t e supérieure p o u r l'épaisseur de la zone d ' i n v e r s i o n , la l i m i t e
inférieure étant nulle.
Nous pouvons donc écrire, p o u r une zone d'inversion inhomogène

0 < <5z < i z „ „ , .

Si o n remplace la f o n c t i o n de vitesse inhomogène de la zone d'inversion


par Vi, la c o n t r i b u t i o n aux durées de p r o p a g a t i o n de la zone peut être calculée
pour les rais pénétrant plus profondément : nous éliminons par épluchage
cette zone à m o i n d r e vitesse ainsi que le m i l i e u q u i la surmonte. L a méthode
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258 LA CROÛTE TERRESTRE

d ' H e r g l o t z - W i e c h e r t peut alors s'appliquer, l ' h o d o c h r o n e ainsi réduite est


devenue continue.

e) Méthode d'approximation pour


la détermination de la profondeur. —
Giese ayant remarqué ( 1 9 6 6 , 1 9 6 8 )
que le gradient de vitesse dV/dz avait
une influence importante sur la déter­
m i n a t i o n de la profondeur z a sup­
posé plusieurs distributions de vitesse
acceptables p o u j la croûte (V varie
entre 5 et 8 , 2 km/s) et, après avoir
calculé les hodochrones, a porté sur
un diagramme la quantité z/A en
fonction de Vt/A ( F i g . 4 3 ) . I l est
apparu que tous les points apparte­
nant au même gradient de vitesse
dV/dz pouvaient être décrits approxi­
mativement par une courbe, la dis­
persion des points étant plus grande
pour les gradients faibles que p o u r
les gradients forts. Lorsque le gra­
dient de vitesse augmente, les cour­
bes approchent de la courbe limite
dV/dz -> co q u i est identique avec
Zmax (Fig. 4 3 ) .
Ainsi pour approcher la solution
réelle, i l suffit de partir de la courbe
Zmax et d'en déduire le gradient
dK/dzmax- E n prenant ce gradient
FiG. 4 3 . — Variations de zjA ^ f (Vt/A) pour comme nouveau paramètre, le dia­
différentes valeurs de dV/dz. D'après GIESE, 1 9 7 0 . gramme nous donne une nouvelle
profondeur r pour une valeur parti­
culière de A (ou de V). Ce procédé est répété deux o u trois fois jusqu'à ce que la courbe
V{z) ne soit plus modifiée. Une seule solution ( o u une bande étroite de solutions) est t r o u ­
vée : ceci est d û au fait que le diagramme a été construit à partir des vitesses probables dans
la croûte.

Giese a également déterminé d'une façon empirique deux équations permettant d'approcher
la solution :

a) avec p -—
- " ' ^ ^ 2 V T " '

où a = (V— Ko)/z est le gradient moyen de vitesse {V„, vitesse en surface)


β = d Vjdz est le gradient local de vitesse.

Vt I
b) z/A = 1 - 0 , 1 5 ( < ? - ] ) (

dK
1 +
dz •

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FOCALISATION DES ONDES SISMIQUES 259

Les segments d'hodochrones étant interrompus, la fonction


V{z) est disjointe. O n peut cependant estimer la vitesse moyenne
maximale pour la zone d'inversion en écrivant que (Fig. 44) 3; 8z
δζ dz dz^
Vi ν(ζΥ K(z)

F I O . 44.
u = Jz2 + (^/2)2 .

L'erreur sur la détermination de la profondeur dépend d u gradient dK/dz au point le


plus bas du r a i . Si le gradient est fort ( > 0,1 km/s/km), l'erreur est d'environ 3 %. Elle croît
jusqu'à 5-10 % pour des gradients plus faibles (entre 0,01 et 0,1 km/s/km).

Toutes les méthodes exposées dans ce paragraphe supposent que la vitesse V


dépend de la seule p r o f o n d e u r z (lignes d'égale vitesse horizontales). Ceci est en
réalité assez rare. O n peut cependant, à p a r t i r de profils inverses, obtenir une
bonne a p p r o x i m a t i o n p o u r l'angle d ' i n c l i n a i s o n en interprétant chaque p r o f i l
de réfraction comme u n modèle local h o r i z o n t a l . A p a r t i r de la l o i F(z),
quelques valeurs de vitesse sont portées sur une coupe au p o i n t le plus bas d u
rai correspondant, puis les points d'égale vitesse sont reliés entre eux. L e signe
de l'inclinaison de la ligne V = Cte est correct mais la valeur de l'angle 0
est un peu t r o p petite. M i s h e n ' k i n a a démontré en 1967, dans le cas d'une
variation linéaire de la vitesse, que l'effet d ' u n gradient h o r i z o n t a l de vitesse
était négligeable si θ restait inférieur o u égal à 10».
Il est évident que toutes les méthodes exposées dans les paragraphes 7 à 10
peuvent s'appliquer également aux ondes transversales S.

10. — F O C A L I S A T I O N DES O N D E S SISMIQUES

Mechler et R o c a r d o n t montré (1962, 1964) que l a c o u r b u r e de la d i s c o n t i ­


nuité de M o h o r o v i c i c p o u v a i t avoir u n effet notable sur l ' a m p l i t u d e des signaux
sismiques.
Si nous considérons une croûte homogène

A de 30 k m d'épaisseur, de vitesse moyenne


6 km/s s u r m o n t a n t u n manteau de vitesse
Sol /
ΓΤ7ΎΎ7Ύ77Τ7 8 km/s et si nous supposons qu'elle c o m p o r t e
30jhm à sa base une lentille correspondant à u n
Moho y épaississement de 2 o u 4 k m ( F i g . 45) (le d i o -
ptre a p o u r foyer F j o u F2), la c o n c e n t r a t i o n
d'énergie peut varier de 4 en à l ' i n f i n i en F ,
o u si l ' o n tient compte de la d i f f r a c t i o n de 4
à 5 o u 6.
FIO. 45. — D'après MECHLER
et ROCARD, CRAS, 1964, 2 5 9 , L'analyse des amplitudes peut donc être
p. 2269. utilisée p o u r déterminer l a c o u r b u r e d u M o h o
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260 LA CROÛTE TERRESTRE

suivant divers azimuts a u t o u r des stadons sismologiques et p o u r en déduire


des sites où la réception des signaux venant de l o i n est favorisée, le r a p p o r t
atteignant parfois la valeur de 5.
D e même, M e r e u , dans le cas d'une croûte continentale, a montré en 1969
l ' i m p o r t a n c e de l'effet de focalisation (gain d ' a m p l i t u d e de 2 à 3) lorsque l'angle
d'incidence des ondes P à l a base de la croûte est supérieur à 40·' et lorsque le
r a y o n de c o u r b u r e d u M o h o est inférieur à 100 k m .

11. — LA SISMIQUE MARINE

P o u r l'étude de la croûte océanique, les méthodes de sismique réflexion


et réfraction, développées au paragraphe 7 sont les plus utilisées.

En sismique réflexion, l'enregistrement s'effectue selon deux techniques :


— en station fixe (sismique réflexion conventionnelle). D e u x bateaux sont
généralement nécessaires : le boutefeu, chargé des explosions et le bateau
enregistreur t i r a n t derrière l u i des hydrophones (12, 24, 48...) régulièrement
espacés le l o n g d ' u n câble {flûte) p o u v a n t atteindre 3 000 m . Une fois l'explo­
sion enregistrée, les bateaux se déplacent d ' u n demi-dispositif de façon à a v o i r
un recouvrement des mesures.
— En sismique réflexion continue. U n seul bateau assure les explosions et les
enregistrements ( F i g . 46), sa vitesse variant de 4 à 7 nœuds. Les flûtes o n t une
densité égale à celle de l'eau de mer. Plusieurs types de source sismique sont
utilisées : l'étinceleur (sparker), le canon à air, le flexotir, e t c . .

F I O . 4 6 . — Dispositif « Flexotir» : B . E . , bateau avec laboratoire d'enregistre­


ment ; T , treuil de flûte ; G , grue ; P. V., pompe et vanne de chargement ; F, flexi­
ble ; F l , flûte ; S, source ; D'après MURAOUR, 1 9 7 0 .

Les enregistrements sont souvent perturbés p a r les réflexions multiples, les


réverbérations, l'eflFet bulle... L'étude de ces p e r t u r b a t i o n s parasites est faite au
chapitre 23.
En sismique réfraction, le bateau enregistreur est fixe tandis que le bateau
boutefeu s'en éloigne à vitesse régulière. Par souci d'économie, le bateau
enregistreur est souvent remplacé par une bouée à laquelle est suspendu un
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SISMOG RA M M E S S YNTHÉTIQ UES 261

hydrophone. Les signaux sismiques sont envoyés par radio et enregistrés sur le
bateau boutefeu. En début de profil, les points de t i r doivent être serrés (50 à
100 m) si o n veut avoir en première arrivée les ondes réfractées sous les couches
superficielles. Par contre, p o u r l'étude des discontinuités plus profondes, les
écarts entre tirs peuvent atteindre de 2 à 5 k m . Le calcul des distances se fait à
partir des temps de parcours de l'onde directe propagée dans la mer o u de
l'onde réfléchie sur le f o n d . Les deux méthodes d u p r o f i l c o n t i n u (avec profils
inverses) et d u t i r en éventail sont utilisées, la longueur des profils p o u v a n t
atteindre 70 k m .

12. — S I S M O G R A M M E S SYNTHÉTIQUES.
RÉFLEXIONS CRUSTALES PROFONDES

Les techniques d'observation s'étant considérablement améliorées ces


dernières années, les modèles de croûte sont devenus de plus en plus compliqués.
D'une croûte à deux o u trois couches séparées p a r des discontinuités de vitesse
(de premier ordre), nous sommes passés progressivement à une croûte où les
couches plus nombreuses sont hétérogènes et séparées les unes des autres par
des zones de transition plus o u moins larges. Les méthodes d'inversion étaient
basées sur les lois de l ' o p t i q u e en supposant que les variations des modules
élastiques et de la densité étaient négligeables sur une longueur d'onde.
Or, nombreux sont les modèles proposés q u i ne respectent pas cette c o n d i t i o n
initiale, la longueur d'onde étant souvent de l ' o r d r e de l'épaisseur de la couche.
De plus, nous avons négligé la forme d u signal et n'avons pas vérifié que son
spectre d'amplitude et de fréquence était compatible avec le modèle proposé.
Ces deux remarques nous conduisent naturellement à calculer des sismo­
grammes synthétiques et à les comparer aux sismogrammes réels.

12.1.—Sismogrammes synthétiques. — L a s o l u t i o n exacte de l'équation


du mouvement dans des milieux n o n homogènes a été trouvée seulement p o u r
des cas particuliers, même lorsque l'incidence était verticale. M a i s les signaux
sismiques o n t une bande de fréquence limitée. I l est possible de simuler une
propagation d'onde en m i l i e u hétérogène en divisant ce dernier en couches
homogènes suffisamment minces eu égard au domaine de fréquence choisi et à
la précision souhaitée.

Pour des ondes émises d ' u n p o i n t source, deux méthodes o n t été utilisées :
— l'une somme dans le domaine temporel toutes les réflexions multiples
possibles (Pekeris, A l t e r m a n , A b r a m o v i c i , M u l l e r G., Helmberger, etc.) mais
rencontre des difficultés dès que les couches deviennent très minces (méthode d u
rai théorique) ;
— l'autre utilise, dans le domaine de fréquence, la méthode matricielle de
Thomson-Haskell (milieux stratifiés) t o u t en incluant les réflexions multiples
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262 LA CROÛTE TERRESTRE

( H a r k r i d e r , Phinney). Elle pose des problèmes de temps d'exécudon et de


mémoires p o u r les calculateurs.
En 1968, Fuchs a calculé numériquement les réflexions d'une onde sphérique
(comprenant à la fois les ondes coniques et les ondes continûment réfractées)
sur une zone de transition n o n homogène. I l place une zone de t r a n s i t i o n stra­
tifiée ( F i g . 47) entre deux demi-espaces homogènes à une p r o f o n d e u r h au des­
sous d ' u n p o i n t source S localisé dans le demi-espace supérieur. L e récepteur E
est placé à une distance horizontale r et à une p r o f o n d e u r z au-dessous de la
source. L a surface libre est supprimée, ce q u i i m p l i q u e l'absence d'ondes de
surfaces et d'interférences avec les ondes multiples réfléchies à la surface tandis
que les interfaces sont planes et horizontales. De plus, la quantité (2 h - z)
est prise suffisamment grande p o u r exclure les ondes d'interface de type Stone-
ley (Chap. 12), ce q u i justifie l'intégration sur les angles d'incidence réels.

'^ E(r,z)
I I I
I
I
(0)
Zo
(I)

"dl m .
]—T

Zn..-

Fro. 47.

Une estimation rapide des caractéristiques principales de l'onde réfléchie en


f o n c t i o n de la fréquence, de la vitesse de phase et de la distance est d ' a b o r d
faite en a p p l i q u a n t la méthode de la phase stationnaire à la représentation
intégrale de l'onde réfléchie :

^1 ^ ^
Wo(z, r, ω ) = Ε(ω) Λρρ(ω, y) expijk^^ cos y(z - 2 h) x

X JoirKo sin l) ^lo T cos y ày (29)


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SISMOGRA M M ES S YNTHÉTIQ UES 263

OÙ W'o est le déplacement vertical, L(œ) la transformée de Fourier d u potentiel


de déplacement d u signal incident, Rpp la réflectivité complexe de la zone de
transition p o u r des ondes planes de type PP, k^^ le n o m b r e d'ondes dans le
milieu supérieur, y l'angle d'incidence au sommet de la zone de t r a n s i t i o n .
Au-delà de la distance critique, le module de Rpp varie lentement alors que sa
phase change rapidement. Pour une discontinuité de 1'''' ordre, Rpp est indé­
pendante de la fréquence.
Le sismogramme synthétique est ensuite calculé par intégration numérique
directe par rapport au nombre d'ondes et par t r a n s f o r m a t i o n de Fourier rapide
inverse.
La figure 48 montre les sismogrammes synthétiques obtenus pour les trois
modèles suivants :
— discontinuité de vitesse (48«) ;
- zone à gradient linéaire (A'&h) ;
--- zone à gradient linéaire sous une discontinuité de vitesse (48f).

Le signal de la source est pris égal à

' sin 10 nt - 0,5 sin 20 nt 0 ^ ί s; 0,2 s


m = 0 /< 0
r > 0,2 s .

Dans le premier cas, o n remarque que l'onde P„ arrivant en tête a, en accord


avec la théorie (Heelan en 1953) la forme de l'intégrale de temps d u signal
incident. Les amplirucles maximales n'arrivent pas à la distance critique r^
mais sont décalées vers les grandes distances. Ceci est en accord avec les résultats
de Cerveny en 1961. O n observe également, p o u r l'onde réfléchie, u n change­
ment de phase de près de 180" entre la distance critique et 140 k m .
Le deuxième cas diffère d u premier par le fait que les amplitudes d u signal
réfléchi sont plus petites aux distances inférieures à la distance critique. Pour
/· > une onde continuellement réfractée remplace la réflexion.
Dans le troisième cas, l'onde P„ n'est plus tangente à l'hyperbole des réflexions
sur la discontinuité de vitesse. Les phases q u i suivent l'onde P„ ne peuvent pas
être expliquées par la théorie des rais : ce sont des réflexions multiples,
réfractées d'une façon continue en dehors de la zone de t r a n s i t i o n , interférant
entre elles d'une manière constructive. Leur vitesse de phase varie de 7,6 à
8,2 km/s et leur a m p l i t u d e décroît très rapidement à p a r t i r de 160 k m . Ces
ondes interprétées par la théorie classique des rais donneraient des modèles de
vitesse faux. Elles semblent donc être un critère p o u r définir l'acuité d'une zone
de transition.
Récemment, la méthode de Fuchs, appelée aussi méthode de la réflectivité,
a été améliorée en ajoutant des interfaces réfractants au-dessus de la surface
réfléchissante et en i n c l u a n t les pertes d'énergie subies, à ces interfaces, par les
ondes réfractées (Fuchs et M u l l e r G., 1971). Ceci est justifié p o u r les études de

COULOMB el JOBtRT — I
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264 LA CROÛTE TERRESTRE

m ronni ItO

VITESSE ItÊÊtM)
1 1 « ? · ·
LONGUEUR ET <l
FORME DU SIGNAL · · » · · " · '/«2 I s l
INCIDENT DISTANCE C R I T I Q U E
ι„·ηη trni

u u It
a) Réflexion et réfraction pour une disconti­
DCNSITÉ l|/ni<>l nuité de 1''' ordre.

120 rlkin) UO

VITESSE IWA)
t I 3 4 S < 7 · 9
LONGUEUR ET '·
FORME DU I . S H . - ; t ! Isl
SIGNAL INCIDENT DISTANCE CRITIQUE
<^ ι„.7·«» M

•5:"
b) Réflexion et réfraction pour une zone de
30 32 S i
DOeitÉ ljftm°) transition.

F I G . 48(/-486. — Sismogrammes symhétiques. D'après F u c u s , J . Phys. Earth, 1968, 16.

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SISMOG RA MM E S S YNTHETIQ UES 265

IM r i m n l 1M

VITESSEIti-iii)

LONGUEUR ET t · SOI' int ui


t • I t» · ' /11 lu
FORME DU DISTANCE CRITIQUE
S t G N A L rNClDENT DISTANCE CRITIQUE
r.,>*ll tkm]

c) Réflexion et réfraction pour une zone de


M U U
DENSITÉ Is/cm^l transition sous une discontinuité de K'' ordre.

F I G . 48<:·. — Sismogramme synthétique.

la croûte terrestre p u i s q u ' o n s'intéresse plus particulièrement à la frontière


croûte-manteau, les réflexions dans la partie supérieure de l a croûte p o u v a n t
être négligées o u calculées séparément.
Cette méthode q u i ne considère que des angles réels et q u i utilise une forme
asymptotique p o u r les fonctions de Bessel a été comparée à l a méthode d u r a i
théorique q u i néglige les conversions P, S, P et se l i m i t e à certains rais m u l ­
tiples réfléchis P (Helmberger, M o r r i s , M u l l e r G., 1968-1971). Les a p p r o x i m a ­
tions de la méthode de la réflectivité o n t été testées en l ' a p p l i q u a n t à des m i l i e u x
liquides pour lesquels l a méthode d u r a i théorique est exacte. U n très b o n accord
a été obtenu. Dans certains cas, une utilisation combinée des deux méthodes
optimisera les techniques d'observation.
Ainsi, le sismogramme synthétique constitue un nouvel outil d'inversion.
Cet outil sera eflRcace si les i n f o r m a t i o n s que l ' o n peut tirer des amplitudes des
phases observées sont suffisantes : nous devons p o u v o i r comparer entre elles,
non seulement les amplitudes des différentes phases enregistrées en une station
mais les amplitudes dans des stations voisines. Cela suppose une bonne connais­
sance des caractéristiques instrumentales. De plus, la comparaison avec les sis­
mogrammes observés sera facilitée si u n filtrage approprié élimine o u atténue les
hautes fréquences produites par les petites inhomogénéités des m i l i e u x traversés.

12.2. — Réflexions crustales profondes. — L e fait que les parties profondes


de la croûte réfléchissent l'énergie sismique n'est plus mis en doute. D e n o m ­
breuses observations o n t été faites dans toutes les parties d u monde ( E u r o p e ,
URSS, Canada, U S A , e t c . ) . N o u s donnerons en exemple les réflexions obtenues
à courtes distances en 1971 dans le Massif Central par H i r n et Ruegg ( F i g . 49).
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LA CROÛTE TERRESTRE
266

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SISMOGRAMMES SYNTHÉTIQUES 267

Les principales caractéristiques de ces réflexions sont les suivantes (Fuchs,


1969) :
1. Elles semblent p r o v e n i r d ' u n large d o m a i n e en p r o f o n d e u r t o u t en
s'accumulant à certains niveaux ;
2. Le long d ' u n p r o f i l , l'énergie d u signal change souvent jusqu'à disparaître
complètement ;
3. Leur fréquence inférieure de c o u p u r e est e n v i r o n de 10 H z ;
4. Leur a m p l i t u d e est grande.

Ces importantes observations permettent de rejeter à la fois le modèle clas­


sique de croûte avec discontinuités de vitesse et le modèle avec zones de t r a n ­
sition dans lesquelles la vitesse croît linéairement avec la profondeur.
En effet, une discontinuité de vitesse n'explique aucune des quatre observa­
tions. En particulier, elle réfléchit également bien toutes les fréquences et les
amplitudes calculées sont bien inférieures aux amplitudes observées. D ' a u t r e
part, si la zone de transition peut rendre compte des deux premiers points, sa
réflectivité décroît q u a n d la fréquence augmente et, p o u r un contraste de
vitesse identique, p r o d u i t des amplitudes plus petites que celles obtenues p o u r
une discontinuité de vitesse. A la l i m i t e , elles deviennent égales p o u r les grandes
longueurs d'onde.
Ceci a amené Fuchs à proposer c o m m e modèle possible des réflecteurs
profonds de la croûte ( d u M o h o , en particulier) des zones de transition en
lamelles avec renversements de vitesse ( F i g . 50), le r a p p o r t de l'épaisseur H

FIG. 50. — AinpUlude de ta réflectivité verticale en totiction de la fréquence réduite


vHiy.t dans le cas de zones de transition en lamelles. D'après Fuc'HS. Z. f. Geophys.,
1969, 35, p. 133.
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268 LA CROÛTE TERRESTRE

d'une lamelle à la longueur d'onde étant constant. O n remarque que la bande


de haute réflectivité est centrée sur H = λ/4, les amplitudes étant faibles à
l'extérieur. P o u r 3 lamelles seulement, la réflectivité voisine de l'unité est t r o i s
fois supérieure à celle obtenue p o u r une discontinuité de vitesse. Si o n admet
10 H z comme valeur de la fréquence inférieure de coupure, l'épaisseur m a x i ­
male d'une lamelle est trouvée égale à 120 m .
D ' u n e façon générale, l ' a m p l i t u d e à l'intérieur de la bande réfléchissante
croît avec le n o m b r e de lamelles tandis que la bande devient plus étroite et ses
flancs plus abrupts ; la p o s i t i o n d u m a x i m u m reste inchangée. D e même, la
réflectivité augmente avec le contraste de vitesse. Par contre, à l'intérieur de la
bande, on n'observe aucune différence, que le demi-espace inférieur soit à grande
o u à faible vitesse ; ceci peut justifier le fait que seules des réflexions (et n o n la
réfractée) soient observées dans certains cas.
Des sismogrammes synthétiques ( F i g . 51) o n t été calculés pour diflFérentes
zones de transition laminées. Les signaux calculés sont très voisins des signaux
observés. I l n'est cependant pas prouvé que nous ayons là le seul modèle possible
p o u r les réflecteurs p r o f o n d s dans la croiite.

F I G . 5 1 . — Sismogrammes synihétiques de réflexions profondes pour différentes


zones de transition à 3 lamelles et pour trois valeurs de l'angle d'incidence. Les
réflexions verticales sur une discontinuité de l''"" ordre ayant le même contraste
d'impédance sont montrées en comparaison. D'après FUCHS, Z . /'. Geophys.,
1969, 35, p. 1 3 3 .

12.3. — Réflexions crustales profondes et atténuation sismique. — Les ondes


sismiques réfléchies contiennent aussi des i n f o r m a t i o n s sur les propriétés
anélastiques des m i l i e u x traversés. A p a r t i r des spectres d'énergie des réflexions
à incidence quasi verticale enregistrées au Canada, Clowes et Kanasewich (1970)
ont recherché la v a r i a t i o n d u facteur de qualité Q (Chap. 7) avec la p r o f o n d e u r ,
ont comparé les spectres d'énergie observés avec les spectres calculés à p a r t i r
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INTERPRÉTATIONS SISMOLOGIQUE ET GRAVIMÉTRIQUE 269

0 400 600 „ 3000


0.0 | - =
FlG. 5 2 . — Variation de Q avec la profondein-
dans la croi'ite. D'après CLOWES et KANASEwrcFi.
1970.
0.4

c 0.8
des sismogrammes synthétiques et o n t
étudié la nature des zones de transition q u i
1.2
réfléchissent l'énergie sismique.
Ces auteurs t r o u v e n t ( F i g . 52) que Q varie
très rapidement dans les deux premiers k i l o ­ 1.6
mètres, sa valeur moyenne étant voisine de >- H - ,
300. Ensuite Q croît probablement avec la
profondeur jusqu'à l a base de la croûte, 20
sa valeur moyenne étant de 1 500.
De plus, ils confirment les résultats obte­ Ver-6 Moho
nus par Fuchs à savoir que les zones de
transition doivent être lamellées avec succession de couches de grande et
faible vitesse de moins de 0,2 k m d'épaisseur, l'étendue totale de la zone de
transition étant inférieure à 1 k m .
Le problème i m p o r t a n t q u i reste à résoudre est de savoir par quels processus
naturels une telle zone a p u se former.

Vp(hm/s) 13. — I N T E R P R É T A T I O N S SISMOLOGIQUE


10 L ET GRAVIMÉTRIQUE CONJOINTES

L a connaissance sismique de la croûte est


devenue a u j o u r d ' h u i u n complément indis­
pensable à l'interprétation gravimétrique
(Chap. 16). Si les couches sismiques sont
bien définies et si, en étudiant les roches,
une correspondance empirique peut être éta­
blie entre les vitesses et les densités, comme
par exemple celle de Nafe et D r a k e (1963)
2L (Fig. 53), les données gravimétriques peuvent
être utilisées p o u r préciser la frontière des
massifs. Elles peuvent aussi, dans certains cas
où la structure sismique est m a l définie, f o u r ­
nir les variations de p r o f o n d e u r d'une dis­
continuité reconnue en u n p o i n t de la coupe
F K ) . 5 3 . — Vitesse des ondes P étudiée.
en fonction de la densité. D'après
NAFE et D R A K E , The Sea. 1 9 6 3 . Pendant longtemps, p o u r le calcul des
vol. 3, p. 807. anomalies isostatiques, o n a supposé que le
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270 LA CROUTE TERRESTRE

contraste de densité entre la croûte et le manteau était de 0,6 g/cm^ (2,67


p o u r la croûte). — Plusieurs auteurs pensent que la valeur de ce contraste
est t r o p élevée. Ils proposent u n A p variant entre 0,39 ( W o o l l a r d en 1966) et
0,53 ( T a l w a n i ei al., 1959). W o o l l a r d , admettant une croissance de la densité
avec la profondeur, estime que la valeur moyenne de la densité d'une croûte
continentale est comprise entre 2,87 et 3,00 g/cm-\
La figure 54« m o n t r e la coupe sismique nord-sud obtenue le l o n g d u méridien
11.4° E,

no «00

FiCi. 54e. — Section sisniic/iie à travers la partie est des Alpes.


D'après M U K L L K R et T A I . W A N I . 1971.

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INTERPRÉTATIONS SISMOLOGIQUE ET GRAVIMÉTRIQUE 271

1. Par la sismique-réfraction dans les Alpes orientales et le bassin molas-


sique bavarois (Prodehl, 1965) (à gauche) ;
2. Par l'étude des séismes dans la vallée d u P ô et les A p e n n i n s ( C a l o i , 1958)
(à droite).
Les nombres représentent les valeurs de la vitesse des ondes P en km/s.
Le modèle B 2 est plus récent que le modèle A .
Le modèle gravimétrique correspondant a été calculé p a r M u l l e r S. et
Talwani (1971) ( F i g . 54ft). Les nombres représentent ici les valeurs de la densité
en g/cm^. La partie supérieure de la figure représente, en traits pleins, l'anomalie
de Bouguer observée (avec quelques corrections), en traits-points, l'anomalie
calculée à partir d u modèle. Les tirets m o n t r e n t la c o n t r i b u t i o n des couches
profondes à l'anomalie de Bouguer, l'efTet d ' a t t r a c t i o n des couches de densité
inférieure à 2,8 g/cm"^ ayant été retranché.

MOUme ALPES « M L L E E OU PO AKlmiNS

I , 1———, , r I —' 1 Ι­
ο 100 200 SOO 400 900 «00
OISTAMCE (hm)

F K ; . 5 4 6 . — Section sismii/iic et grciviniétrii/iu'


dcms la partie est des Alpes, mêmes auteurs.

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272 LA CROÛTE TERRESTRE

P o u r les A p e n n i n s , o n r e m a r q u e le p r o f o n d désaccord entre les interpréta­


tions sismique et gravimétrique ; les pointillés i n d i q u e n t toutefois que le modèle
de structure proposé est t o u t à fait spéculatif.
Cela nous m o n t r e que l'interprétation gravimétrique conserve encore une
grande p a r t d ' a r b i t r a i r e : par exemple, i l peut être impossible de choisir entre u n
épaississement de la croûte (racine des montagnes) et u n changement dans la
nature des roches.

14. — T R A I T S G É N É R A U X D E L A C R O U T E .
LES D I F F É R E N T S T Y P E S D E S T R U C T U R E

14.1. — La croûte continentale. — L'étude de la croûte continentale a fait


l'objet de très n o m b r e u x travaux, d ' a b o r d à p a r t i r des observations des séismes
proches, depuis 1950 à p a r t i r des données de la sismologie expérimentale. N o u s
n'en donnerons que les caractéristiques générales. Le lecteur t r o u v e r a dans la
bibliographie la liste des p r i n c i p a u x articles où sont résumés les résultats.
M o h o r o v i c i c étudiant le séisme de Croatie d u 8 octobre 1909 enregistré en
plusieurs stations européennes, interprète le dédoublement des phases P c o m m e
révélant la présence d'une croûte : son épaisseur était trouvée voisine de
54 k m , la vitesse des ondes P, et P„ étant égales respectivement à 5,6 et 7,8 km/s.
Quelques années plus t a r d , C o n r a d , en étudiant u n séisme a u t r i c h i e n ( T a u e r n ,
28 novembre 1923) crut reconnaître deux nouvelles phases P* et 5 * (appelées
aussi Pf, et S^) de vitesses 6,3 et 3,6 km/s q u ' i l identifie à deux ondes réfractées
vers 20 k m de p r o f o n d e u r , sous une discontinuité intermédiaire, appelée depuis
discontinuité de C o n r a d .
Après ces découvertes, i l f u t généralement admis que la croûte continentale
était composée de 3 m i l i e u x : les terrains sédimentaires, une couche dite
« g r a n i t i q u e » , de « sial » ( s i l i c i u m , a l u m i n i u m ) et une couche dite « basal­
tique », de « sima » ( s i l i c i u m , magnésium), l'épaisseur et la vitesse de ces m i l i e u x
p o u v a n t présenter des différences i m p o r t a n t e s d'une région à l'autre. Bien que
certains auteurs aient montré que, dans de nombreuses régions, les vitesses des

Surface
Pg;5,57krn/s
Sg;3,3ekrn/s
'o 15km "Conrad"
1
Pb^e.SOhr n/3
Q;

n/s
J3km — Moho
Pn:7,76hm/G
§ Sn-4v;6hm/s

<

F I O . 55.

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TRAITS GÉNÉRAUX DE LA CROUTE 273

ondes P„ et S„ étaient plus proches de 8,2 et 4,7 km/s, Jeffreys, à p a r t i r des


séismes européens, a d o p t a i t en 1939, p o u r ses tables de p r o p a g a t i o n , le modèle
décrit dans la figure 55
Vers 1950, apparaissent les premiers résultats de sismologie expérimentale.
Ils montrent que les valeurs de vitesses admises sont t r o p faibles ; en p a r t i ­
culier, la vitesse des ondes Pg propagées dans la partie supérieure de la croûte
reste toujours comprise entre 5,9 et 6,2 km/s alors que celles q u i sont obtenues à
partir des séismes proches sont voisines de 5,6 km/s. G u t e n b e r g (1951, 1954)
suggère l'existence d'une zone à m o i n d r e vitesse vers 15 à 25 k m de p r o f o n d e u r .
Cette idée a été reprise par quelques auteurs : M u e l l e r et L a n d i s m a n en 1966,
observant sur de n o m b r e u x profils, une seconde après P^ et à 50-60 k m d u
point de t i r , une onde de grande a m p l i t u d e appelée P^ (ne pas confondre avec
l'onde P^ définie a u § 6), l'interprètent c o m m e onde réfléchie vers 10 k m de
profondeur (discontinuité de Foertsch) à la base d'une zone sialique à m o i n d r e
vitesse de quelques kilomètres d'épaisseur ( F i g . 56).

t-iy6(s)

0 4-0 ÔO 120 ιβο zoo 240 Δ h m

8 Vp(hin/s)
T Γ

F I G . 5 6 . — Modèle de
10L croûte avec zone sialkiue à
moindre vitesse et hodo­
20L chrone réduite correspon­
dante. D'après MUELLER et
LANDISMAN, G. J . , 1 9 6 6 ,
30 _ 10, p. 5 2 5 .

Z(hm)

En Allemagne d u s u d , Meissner t r o u v e en 1967 une zone à m o i n d r e vitesse


entre 12 et 18 k m de p r o f o n d e u r . Pour les Alpes et l'ouest de l ' A l l e m a g n e ,
Giese, Prodehl et Behnke (1967) proposent plusieurs lois de vitesse ( F i g . 57).
Cette indétermination ne peut surprendre, car s'il y a réellement une couche à
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274 LA CROUTE TERRESTRE

F K I . 5 7 . — Modèle de croiile et hodochrone réduite pour les Alpes et l'ouest de


l'Allemagne. D"apràs G I K S E , P R Î ) I ) E H I . , B K H N K K , Z. f. Geophys., 1 9 6 7 , 33, p. 2 1 5 .

m o i n d r e vitesse, elle interdit l'inversion des données par la méthode d ' H e r ­


glotz-Wiechert (§ 4 . 2 ) .

L'existence universelle de la discontinuité de C o n r a d , longtemps admise, est


fortement mise en doute. Dans la p l u p a r t des cas, les ondes P,, (et S^) ne sont
autres que les ondes PMP (et SMS) réfléchies à la base de la croûte. O n n'ob­
serve pas l'onde réfléchie de grande a m p l i t u d e q u i serait associée à une telle
discontinuité et d o n t l'hodochrone serait tangente à celle de l'onde P,, à la
distance critique. Par contre, Kosminskaya en 1965 et G u t e r c h (1970) reconnais­
sent, dans certaines régions, 3 o u 4 discontinuités de vitesse à l'intérieur de la
croûte. O n reconnaît, de plus en plus souvent, au-dessus de la discontinuité de
M o h o r o v i c i c , une couche de vitesse comprise entre 7,1 et 7,7 km/s d o n t l'épais­
seur peut varier de 5 à 20 k m ( G u t e r c h , 1970 et grands profils sismiques en 1971 ).
Devant la diversité des résultats, il serait illusoire de donner un modèle type
de structure p o u r la croûte continentale : son épaisseur peut varier de 20 à
75 k m ; le nombre et la répartition en profondeur des diverses couches diffèrent
considérablement d'une région à l'autre. I l en résulte une forte v a r i a t i o n (de 6 à
6,4 km/s) de la vitesse moyenne à l'intérieur de la croûte.

14.2. — L a croûte océanique. — L ' e x p l o r a t i o n sismique des océans a été


commencée vers 1935 par M . Ewing. Depuis, plusieurs centaines de milliers
de kilomètres de profils o n t été couverts aussi bien par la sismique réflexion
que par la sismique réfraction.

Les résultats, contrairement à ceux obtenus sur les continents, sont très
cohérents si o n élimine les crêtes des dorsales, les fossés océaniques et les
marges continentales. Sous la couche d'eau, épaisse en moyenne de 4,5 k m
(V = 1,5 km/s), nous t r o u v o n s :

— Une première couche constituée de sédiments non consolidés o u semi-


consolidés d o n t l'épaisseur varie beaucoup. Elle est de 300 m en moyenne.
L a vitesse augmente avec le tassement ; elle est voisine de 2 km/s.
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TRAITS GÉNÉRAUX DE LA CROUTE 275

— Une deuxième couche, appelée souvent « socle » (en anglais, basement),


constituée d'épanchements volcaniques recouvrant plus o u moins des basaltes
métamorphisés et surmontée parfois de sédiments consolidés (réflecteur B ) .
Son épaisseur est de l'ordre de 1,7 ± 0,8 k m et sa vitesse varie de 4 à 6 km/s.
— Au-dessous de ces deux couches, donc à p a r t i r d'une p r o f o n d e u r de 6 à
8 km sous le niveau de la mer, une troisième couche, dite « couche océanique »
que l'on trouve sous tous les océans, variant peu en vitesse (6,70 ± 0,25 km/s)
et en épaisseur (4,8 ± 1,4 k m ) avec cependant l ' i n d i c a t i o n d ' u n épaississe­
ment progressif à partir de la zone axiale des dorsales.

Vers 10 à 12 k m de profondeur, la vitesse passe à 8,1 ± 0,3 km/s en traver­


sant le M o h o océanique. C'est la valeur trouvée sous le M o h o continental à des
profondeurs très supérieures et beaucoup plus dispersées. Hess en 1964, puis
Raitt, Shor, Francis et M o r r i s en 1967 o n t mis en évidence, dans le nord-est
du Pacifique, une anisotropie de vitesse dans le manteau supérieur. Les varia­
tions peuvent atteindre quelques dixièmes de km/s, la vitesse étant maximale
dans une direction parallèle à la ligne présumée de l'écoulement (hypothèse de
l'expansion des fonds océaniques). Dans quelques régions (par exemple, aux
iles Kouriles), une nouvelle discontinuité ( K = 8,8 - 9 km/s) est observée,
12 à 15 k m en dessous d u M o h o (Zverev, 1970).
Sous les dorsales, dans la zone axiale limitée par l'isobathe 3,5 k m , la couche
océanique devient confuse, la vitesse des ondes dans le manteau supérieur

Fici. 58. — Coupe sismujue et anomalies gravimétriques


sous la crête de la dorsale de Reykjanes. D'après ΤΑυνιΆΝι et al., 1971.
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276 LA CROÛTE TERRESTRE

variant de 7,1 à 7,6 km/s ( F i g . 58). L'existence de ce manteau a n o r m a l sous la


croûte des dorsales est u n résultat général. L'étude des ondes de surface a
montré que l a vitesse des ondes S y était également faible. D e p a r t et d ' a u t r e de
la zone axiale, o n observe à nouveau la vitesse n o r m a l e de 8,1 km/s e n v i r o n .
Sous les marges continentales et les fossés, l a continuité des deux M o h o s
c o n t i n e n t a l et océanique semble bien établie ( F i g . 59). Dans tous les cas étudiés,
on remarque une remontée très rapide d u M o h o à p a r t i r d u c o n t i n e n t (20 %)
puis celui-ci tend de plus en plus lentement vers sa p r o f o n d e u r océanique.

U n e coupe structurale entre la crête médio-atlantique et la b o r d u r e c o n t i ­


nentale nord-américaine (J. E w i n g en 1969) vers 32° N m o n t r e la continuité de
ces 3 types de structure océanique ( F i g . 60).

ALTIPLANO
100
0
4
8 6.C
12
161 β 2
201
|24
28
52
36
40i
44
48
52
56
60|
64 (d)

d'après RAITT ( n o n p u b l i e ) rioprés WOOLLARD 13Θ0

FIO. 5 9 . — Coupe sismique sous la marge continentale Océan Pacifique-Chili.


D'après FISHER et Hi:ss, Tlie Sea, 1 9 6 3 , 3, p. 4 1 1 .

GLACIS CRETE PLAINE ABYSSALE DORSALE


BOUCUER PRÉ-CONTINENTAL DES BERMUDES DE 3 0 H M MÉDIO-ATLANTIQUE

(''ml 1000 2000 5000 (hm)

F I G . 6 0 . — Structure profonde océanique entre le bouclier continental n:nd-amé-


ricain et la dorsale médio-atlantique. D'après J . E W I N G , Geophvs. Monograph., 1.3,
1969.

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TRAITS GÉNÉRAUX DE LA CROUTE 277

14.3. — Les différents types de structure. — Malgré l a diversité des s t r u c ­


tures mises en évidence p a r les sondages sismiques p r o f o n d s et p a r l a d i s p e r s i o n
des ondes de surface, i l est possible de classer les différents types de croûte
en sept groupes p r i n c i p a u x ( B r u n e en 1969) réunis dans le tableau I . Les types F
et G appartiennent a u d o m a i n e océanique, les 5 autres a u d o m a i n e c o n t i n e n t a l .
A ce tableau, i l f a u t ajouter deux types p a r t i c u l i e r s de s t r u c t u r e q u i ne c o u v r e n t
qu'une faible partie de l a surface terrestre {a) les marges continentales et les
fossés ; {h) les rifts (graben) c o n t i n e n t a u x caractérisés d ' u n e p a r t p a r u n « cous-

TABLEAU I

1
Epais­ Vitesses \ Anomalie
Type
seur des ondes ' de Caractéristiiiiw Particularités
de
moyenne Pn et S„ Bouguer tectonique géologiques
croûte
{km) (km/s) (mgal)

A . BOUCLIKR 35 8,3 '— l O à — .30 Très stable Peu o u pas de sédi­


4,7-4,8 ' ments. E n surface,
• roches batholiti-
ques d'âge précam­
brien.

B, M ÉD I 0 - 38 8,2 — 10 à — 40 Stable Sédiments post-cam-


CONTINF.N- 4,6 briens moyenne­
TAL ment épais.

C. C H A Î N E S 30 7,8 i — 200 à — 250 Très instable Faillage normal ré-1


ET BAS­ 4,4 i cent. Volcanisme
SINS 1 et i n t r u s i o n . F o r t e i
j altitude moyenne. |

D. ALPIN . . . 55 8,0 — 200 à - . 3 0 0 Très instable Soulèvement rapide


4,3 récent. Intrusion re­
lativement récente, j
Forte altitude m o ­
yenne.

E. GRAND 30 7,6-7,8 — 50 à i 100 Très instable Fort volcanisme.


ARC INSU­ 4,3-4,5 Plissement et fail­
LAIRE . . . lage intenses.

F, B A s s 1 Nj u 8,1-8,2 ' 250 à r 350 Très stable Sédiments très m i n ­


OCÉANI-l 4,7 ces surmontant des!
QUE PRO-| basaltes. Anomalies!
FOND . . . ; magnétiques liné­
aires. Pas de sédi­
ments paléozoïqucs
1 épais.

G . CRÊTE MF- 10 7,4-7,7 -•r- 200 à ··- 250 i Instable I Volcanisme basalti­
DIO-OCÉA- 4,2-4,4 i que actif. Peu o u !
NIQUE . . . 1 pas de sédiments.!

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278 LA CROÛTE TERRESTRE

sin » de vitesse 7,6-7J km/s s u r m o n t a n t le manteau de vitesse 8,2 km/s, d'autre


part par u n épaississement et une dissymétrie de la zone sialique à m o i n d r e
vitesse sous le graben proprement d i t ( M u e l l e r et al. en 1967).

U n intérêt particulier s'attache aux variations géographiques de la p r o f o n ­


deur d u M o h o et à celles des vitesses sismiques observées immédiatement a u -
dessous. O n a trouvé, par exemple, aux Etats-Unis, de grandes différences dans
la vitesse des P„, celles-ci étant plus basses à l'est des Rocheuses que dans le
nord-est (Fig. 61« et h). Des manteaux « a n o r m a u x » avec des vitesses descen­
dant parfois jusqu'à 7,3 km/s ont été trouvés dans quelques régions terrestres
telles que l'Islande et la zone d ' i v r e a (Fig. 62).

IVitesse moyenne B.Zkm/sC Vit. moy. Ligne d&jole Ligne degalp


>6.5hni/5 Vit.moy. <0,2kin/r. t!p(ii.-i.-îeurde vit. ôkm/s
<ti.Okm/B croûte hachures du
côté ci: 1(1 vit.
(b) est:<8kni/s)

FIG. 6 1 .
a) Vitesse des ondes P„ .sons les Etats-Unis. D'après TUCKER et al., BSSA, 1968,
58, p. 124.3.
b) Variations de l'épaisseur et de la vitesse moyenne des ondes P sous les Etats-
Unis. D'aprèi PAKISER et STEINHART, Res. in Geophys., 1 9 6 4 , 2 , p. 1 2 3 .
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TRAITS GÉNÉRAUX DE LA CROUTE 279

F I G . 6 2 . — Lignes d'égale épaisseur de la croûte terrestre sous les Alpes occi­


dentales. Hypothèse d'une croûte à une seule couche de vitesse moyenne 6 , 0 7 km/s
surmontant u n manteau de vitesse 8 , 1 3 km/s. A droite, mise en évidence d ' u n
manteau anormal sous la zone d'Ivrea. D'après Y . LABROUSTE, BALTENBERGER,
PERRiER>t RECQ, CRAS, 1 9 6 8 , 2 6 6 , p. 6 6 3 .

COULOMB et JOBERT — I www.bibliolivres.com 12


280 LA CROÛTE TERRESTRE

15. — C O M P O S I T I O N DE LA CROUTE

L'étude c h i m i q u e et minéralogique des matériaux c o n s t i t u a n t la croûte est


principalement fondée sur la comparaison des vitesses sismiques avec les
mesures faites en laboratoire dans certaines conditions de pression et de tempé­
rature.

15.1. — Croûte continentale. — Sous les continents, la basicité augmente en


gros avec la p r o f o n d e u r . Bien que la vitesse des ondes P dans la partie supé­
rieure de la croûte continentale soit en accord avec celle observée sur des gra­
nités à une pression de 1 kbar, le fait que la densité des roches d u socle cris­
t a l l i n (2,75-2,80 g/cm'') soit supérieure de 0,10 à 0,15 g/cm^ à celle d u granité
(2,67 g/cm^) laisse supposer que la c o m p o s i t i o n moyenne de la croûte supérieure
se place entre la g r a n o d i o r i t e et la d i o r i t e ( B o t t , 1971). Ceci peut s'expliquer
en partie par l'abondance dans le socle de roches plus denses mais moins rapides.
A la base de la croûte, la vitesse des ondes est souvent trouvée comprise entre
6,5 et 7,6 km/s. U n e simple croissance de la vitesse avec la pression ne pouvant
pas expliquer des vitesses aussi grandes, i l a été souvent admis que l ' o n se
t r o u v a i t en présence de basalte o u de gabbro. O r , Green et R i n g w o o d (1966)
o n t montré que la forme stable des roches basiques à la base de la croûte était
féclogite de vitesse 8,0 km/s et n o n le gabbro. Plusieurs solutions o n t alors été
proposées : soit, en milieu sec, des formes à haute pression de roches acides et
intermédiaires telles que la granulite à grenat et Féclogite plus riche en silice,
ou bien la d i o r i t e et la g r a n o d i o r i t e , soit des roches basiques telles que l ' a m p h i -
bolite (avec quelques roches riches en silice) avec présence de vapeur d'eau.

15.2. — Croûte océanique. — Si la jcouche 1 est constituée de sédiments


M O Y E N N E DES
non consolidés, la couche 2 de sédi­
CONTINENTS ments consolidés, délaves basaltiques
BOUCLIER
PRÉCAMaHIÉN^CROUTE et de roches intrusives, deux h y p o ­
thèses o n t été avancées sur la c o m p o ­
DUNITE a
PÉRIDOTITE
sition de la couche 3 : selon Hess en
1965, elle serait obtenue à p a r t i r de
péridotites d u manteau par serpenti-
nisation à 70 %. C a n n en 1968, y
v o i t a u contraire des a m p h i b o l i t e s
provenant de la métamorphisation
des basaltes d u socle. L'épaississe-
400
ment progressif de la couche océani­
El AMPHOLITE
que à p a r t i r de la zone axiale p o u r r a i t
[ x ] PYROLITE À PYROXÈNE
s'expliquer, dans l'hypothèse de Hess,
El PYROLITE À GRENAT
comme une h y d r a t a t i o n progressive
F I G . 6 3 . — Modèle pétrologique pour le d u sommet d u manteau (Le Pichon,
manteau supérieur. D'après CLARK et R I N G ­
1969).
WOOD, Rev. Geophys., 1 9 6 4 , 2, p. 3 5 .
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BIBLIOGRAPHIE 281

75.5. — Nature de la discontinuité de Mohorovicic.— L'hypothèse d ' u n


changement de phase entre une croûte inférieure gabbroïque et u n m a n t e a u
supérieur éclogitique est m a i n t e n a n t abandonnée. E n effet, l'examen des
courbes de température-pression, différentes sous les c o n t i n e n t s et les océans,
montre que le M o h o ne peut pas être p r o d u i t p a r le même changement de
phase sous les deux types de s t r u c t u r e . Bien q u ' u n changement chimique fai­
sant passer de roches acides et intermédiaires à des éclogites puisse encore être
envisagé, l'hypothèse la plus souvent admise est le passage de granulites acides
et intermédiaires à des roches ultrabasiques, péridotites et pyroxènes (Bott,
1971). Sous les péridotites, R i n g w o o d a supposé en 1954 l'existence d'une
roche hypothétique q u ' i l appelle pyrolite composée en poids de 1 basalte p o u r
3 de d u n i t e ( T o m e 11). Le f r a c t i o n n e m e n t de la p y r o l i t e p a r fusion partielle
dans la couche à m o i n d r e vitesse d u manteau supérieur p r o d u i r a i t le m a g m a
basaltique et laisserait les péridotites c o m m e résidu ( F i g . 63).

BIBLIOGRAPHIE

Seuls sont indiqués les ouvrages généraux et les articles récents. Le lecteur trouvera là,
ou dans les légendes, toutes les références aux auteurs cités dans le chapitre.
Anonyme. 1968. Graben Problems, Proceedings of an international rift, K a r l s r u h e , l U M P ,
Scientific Report n " 27.
M . H . P. BoTT, 1971. The interiorof the Earth, 316 p., E d w a r d A r n o l d , Londres.
V. I . BuNE, 1968. Proceedings of the X Assetnhly ofthe E. S. C, 1 , Leningrad.
R. M . CLOVk-ES et E. R. KANASEWICH, 1970. Seismic atténuation and the nature o f reflecting
horizons w i t h i n the crust. JGR, 75,6693-6705.
J. COULOMB, 1969. L'expansion des fonds océanic/ues et ladérive des continents, 2 2 4 p . , Presses
Universitaires de France.
K. FucHS, 1969. O n the properties o f deep crustal reflections, Zeits.fiir Geophys., 35, 133-149.
K. Fucus et G . M U L L E R , 1971. C o m p u t a t i o n o f synthetic seismograms w i t h the reflectivity
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P. GIESE, 1970. The détermination of the velocity-depth distribution for separated travel-time
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A. GuTF.RCH, 1970. Kinematics and dynamics of seismic waves in selected heterogeneously
stratified models of the continental earth's crust. P u b l . Inst. Geophys. Polish A c a d .
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P. J. HART, 1969. The Earth's crust a n d upper mantle, Geophys. monograph, 13, A m . Geophys
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L. KNOPOFF, C . L . D R A K E et P. J . H A R T , 1968. The crust a n d upper mantle o f the Pacific
Area, Geophys. monograph, 12, A m . Geophys. U n i o n , Washington.
Y. LABROUSTE et H . CLOSS, 1953, rédacteurs. Recherches sismologiques dans les Alpes occi­
dentales au moyen de grandes explosions en 1956, 1958 et 1960. Mémoire collectif,
CNRS.
X. LE PICHON, 1969. Models and structure o f the oceanic crust. Tectonophysics, 7, 385-402.
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and seismic refraction data. Pure and Appt. Geophys., 85, 226-239.
P. MURAOUR, 1970. Eléments de Géophysique marine, 190 pages, Masson et Cie.
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Institution o f Washington, p u b . 622.
J. S. STEINHART et T . J . SMITH, 1966. The E a r t h beneath the continents. Geophys. monograph,
10, A m . Geophys. U n i o n , Washington.
M. TALWANI, C. C. WINDISCH et M . G . LANGSETH, Jr, 1971. Reykjanes ridge crest : a detailed
geophysical study. JGR, 76, 473-517.
S. M . ZVEREV, 1970. Problems i n seismic studies o f the oceanic crust. Izvestiya, English éd.,
4, 237-246.
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CHAPITRE 11

OBSERVATION DES ONDES D E V O L U M E


A Y A N T TRAVERSÉ L E MANTEAU
ET L E N O Y A U

par

Mansur Ahmed CHOUDHURY

1. — INTRODUCTION

Les ondes élastiques longitudinales ( o u irrotationnelles) P et transversales


(ou rotationnelles) S émises lors d'une r u p t u r e , d'une part se progagent par
réfraction et réflexion à l'intérieur de la Terre (ondes de volume) et d'autre part
forment des ondes guidées (ondes de surface).
L'observation des ondes de v o l u m e est desdnée à bien connaître la structure
de l'intérieur de la Terre. O n peut mesurer en surface les temps d'arrivée des
diverses ondes, leurs amplitudes et leurs périodes. Les courbes d o n n a n t les
deux premiers paramètres en f o n c t i o n de la distance entre l'épicentre et les
points d'observation sont, avec le spectre des ondes observées, les données
fondamentales en sismologie. Par l'inversion de ces deux courbes o n o b t i e n t
la d i s t r i b u t i o n de vitesse et l ' a b s o r p t i o n d'énergie à l'intérieur de la Terre p o u r
l'onde considérée. Actuellement la première est assez bien connue, la seconde
approximativement.
O n verra a u chapitre 14 que certains séismes o n t des foyers situés à des p r o ­
fondeurs p o u v a n t atteindre 700 k m . Mais les séismes superficiels et les séismes
profonds ne consdtuent pas des classes séparées. L a transition est progressive.
Nous devons en tenir compte p o u r suivre l'évolution des ondes de volume en
fonction de la distance à l'épicentre, autrement d i t p o u r établir un classement
des observations tenant compte des accidents dans les courbes de durée de
propagation. N o u s présenterons simultanément les aspects généraux des
spectres observés.
Enfin l ' e x p l o i t a d o n des enregistrements ne peut être faite correctement qu'à
l'aide des tables de durée de p r o p a g a t i o n . L a c o n s t r u c t i o n des tables et la
déterminadon des paramètres d u foyer sont liées. N o u s évoquerons brièvement
les méthodes correspondantes et présenterons les tables récentes. Jusqu'à 1968,
les tables d ' u t i l i s a t i o n courante étaient celles de Jeffreys et Bullen et celles de

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284 ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAU

G u t e n b e r g et Richter, publiées respectivement en 1940 et 1936-37. N o u s enten­


drons par modèle de Jeifreys-BuUen o u de Gutenberg-Richter la d i s t r i b u t i o n
verticale de vitesse des ondes élastiques déduite de ces deux tables.

2. — PARAMÈTRE ET FORME D ' U N RAI SISMIQUE

Soient α et ^ les vitesses respectives des ondes P et S. Elles sont liées (Chap. 5)
aux coefiicients élastiques λ, μ et /r et à la densité ρ p a r

D a n s un modèle à couches concentriques homogènes, o n a ( F i g . 1)

O P , sin i , O P , sin /, O P , sin i , • , o . i -


!- ί = —— = γ ( l o i de Snelhus Descartes)
n M ''z
où V désigne la vitesse des ondes P o u S.
Si l ' o n désigne par R la distance a u centre de la Terre, o n peut donc écrire
d'une façon générale
R sin i
- - ^ - = ^-

Le paramètre p caractérise le trajet des ondes entre le foyer et u n p o i n t sur la


surface de la Terre.
Supposons q u ' u n r a i s'enfonce (0 < / < π/2), au départ d u foyer que p o u r
simplifier nous considérerons superficiel ( F i g . 2), dans u n m i l i e u où VjR croît
avec la p r o f o n d e u r . E n vertu de la r e l a t i o n sin i = pV/R, sin / va croître, donc /,

j u s q u ' a u m o m e n t où o n a u r a / = π/2, V(R)jR = l/p (sommet S o u p o i n t bas


d u r a i ) ; / c o n t i n u e alors à croître mais V/R décroît. Le r a i remonte (π/2 < / < π)
symétriquement par r a p p o r t au r a y o n OS.
Les circonstances q u i peuvent se présenter p o u r la d i s t r i b u t i o n des rais o u
des ondes suivant la l o i de v a r i a t i o n de V(R)/R o n t été détaillées au chapitre 5,
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FORMES PARTICULIÈRES D'HODOCHRONES 285

et reprises au chapitre 10 p o u r la stratification plane (dans laquelle la v a r i a ­


tion V{Z) de la vitesse i^avec la p r o f o n d e u r Z j o u e un rôle analogue à V{R)jR).
Nous n'y reviendrons pas ; nous décrirons seulement les circonstances q u i se
présentent réellement dans la Terre, o u t o u t au moins celles q u i apparaissent
aujourd'hui probables.
La durée de p r o p a g a t i o n Γ d'une onde entre le foyer F et les diverses stations
est une f o n c t i o n de la distance épicentrale Δ et de la p r o f o n d e u r d u foyer /;.
La courbe représentant la r e l a d o n Τ{Δ) est appelée Γ hodochrone.
Considérons deux rais voisins issus d ' u n même foyer F (Fig. 2). I l s aboutissent
à deux points S, et 82- Soient, Δ, et 'es angles au centre sous lesquels sont
vus les deux arcs FS^ et F S j .

S7S2 = ΚΔ2 - Δ,).


La différence des temps de p r o p a g a t i o n est

_ Κ{Δ2 - ^ i ) s i n /Q

où V est la vitesse à la surface. A la l i m i t e ,

R sin I'O dT
" l ^ = d l = ^-

Ainsi, le paramètre p est égal à la pente de l ' h o d o c h r o n e Τ(Δ) au p o i n t ( Γ , Δ).

3. — F O R M E S PARTICULIÈRES D'HODOCHRONES

Les p r i n c i p a u x accidents des hodochrones sont des conséquences des varia­


tions discondnues de V(R)IR. N o u s rappellerons brièvement la correspondance
entre la l o i V(R)/R et l ' h o d o c h r o n e dans trois cas : 1) a u g m e n t a d o n brusque
de V(R) ; 2) d i m i n u t i o n brusque de V(R) ; 3) c o m b i n a i s o n des deux premiers.

3.1. — Cas d'une augmentation brusque de V(R). — L a figure 3 m o n t r e


schémadquement la d i s t r i b u t i o n de V(R)/R et l ' h o d o c h r o n e correspondante.

F I G . 3. — Accroissement brusque de vitesse, et forme de l'hodochrone.


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286 ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAU

Lorsque le p o i n t bas d u r a i pénètre de plus en plus profondément j u s q u ' a u


p o i n t C , l ' h o d o c h r o n e progresse régulièrement j u s q u ' a u p o i n t C, puis rebrousse
jusqu'à D. L a branche CD correspond aux réflexions totales sur la surface de
discontinuité de vitesse correspondant à C D'. Elle a sa concavité vers le haut
comme toutes les branches rétrogrades. L ' a m p l i t u d e est i m p o r t a n t e au p o i n t D.
Les rais incidents sous des angles inférieurs à l'angle critique / (sin / = ViJVj)
se réfléchissent d'une p a r t et se réfractent d'autre p a r t dans le m i l i e u inférieur.
L a branche DF correspond aux ondes réfractées. A u p o i n t bas d u r a i ,
p = R/V(R) et p a r conséquent la pente au p o i n t D est inférieure à celle au
p o i n t C.

3.2. — Cas d'une diminution brusque de vitesse. — Dans ce cas le fait p a r t i ­


culier est une zone d ' o m b r e géométrique entre z l , et A 2 ( F i g . 4). Si à u n niveau
inférieur à A', V{R)/R dépasse sa valeur au niveau X', l'onde émerge et les
hodochrones sont décalées. Suivant la croissance plus o u moins rapide de VjR,
l ' h o d o c h r o n e présente o u n o n une branche rétrograde. D e toute façon les rais
q u i s'enfoncent au-dessous d ' u n certain niveau B' sortent à des distances
supérieures k A2 ; \a branche BC est prograde avec sa concavité vers le bas.
A passe par u n m i n i m u m au p o i n t B q u i est d i t p o i n t focal ( 6 . 5 . 3 ) .

V(R)/R

FiCi. 4. — Diminution brusque de vitesse, et forme de l'hodoclirone.


Les tangentes aux points X et A sont parallèles.

3.3. — Cas d'une diminution brusque suivie d'une augmentation brusque de


vitesse. — Ce cas se présente p o u r les ondes P dans la Terre, l a d i m i n u t i o n
correspondant (§ 4 . 4 ) a u passage d u « manteau » au « noyau », l'augmenta­
t i o n d u passage d u noyau à la « graine ». O n a t o u j o u r s la zone d ' o m b r e entre
Al et A2 ( F i g . 5). Les branches AB et BC sont les mêmes que dans le cas précé­
dent. A u p o i n t C nous retrouvons les conditions d u premier cas ; la branche CD
est réfléchie et DF correspond aux ondes réfractées dans le m i l i e u inférieur
à C D'. L a boucle ABCDF représente les hodochrones des ondes q u i se sont
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PHASES SISMIQUES 287

propagées dans le n o y a u et la graine (§ 5 . 4 et 5.5). L e p o i n t B est t o u j o u r s u n


point focal.

^1

F I G . 5. — Diminution brusque suivie d'un accroissement brusque de vitesse, et


forme de rirododirone. Les tangentes aux points X et A sont parallèles.

4. — P H A S E S S I S M I Q U E S

On peut distinguer sur chaque enregistrement d ' u n tremblement de terre o u


sismogramme des p o r t i o n s o u pliases sismiques q u i représentent l'arrivée
d'ondes ayant suivi des trajets différents. Les ondes directes P et S en sont u n
cas particulier. Chaque phase a son h o d o c h r o n e . L e n o m b r e de phases obser­
vées dépend de la distance épicentrale. N o u s allons étudier les principales
phases, en supposant t o u j o u r s une symétrie sphérique.

4 . 1 . — Phases réfléchies. Propagation dans le manteau. — L o r s q u ' u n r a i


sismique arrive à la surface de la Terre o u sur une surface de discontinuité
de V(R), i l se réfléchit. L'angle d'incidence est le même que l'angle de réflexion
si celle-ci se fait sans changement de
nature. Si l ' o n passe d ' u n r a i P faisant
l'angle / avec la verticale à u n r a i 5 faisant
l'angle J (réflexion mixte) o n a

sin /• sin j

a et β étant les vitesses des deux ondes. L a


même équation convient p o u r la réflexion P
d'une onde S, mais le sinus de l'angle
d'incidence j d o i t être inférieur à βία.
Soit F u n foyer p r o f o n d situé sur le F I G . 6. — Ondes réfléchies pP,
rai AA' ( F i g . 6) entre le sommet K et sS (FA' B') et PP, SS (FAB).
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288 ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAU

le p o i n t A'. L ' o n d e se dirige de F en ^4 et de F en A' suivant le même r a i dans


deux directions opposées. L a figure 6 m o n t r e deux rais réfléchis AB et A' B'.
Le trajet FA' est désigné suivant le cas p a r p o u s, le trajet FA p a r P o u S,
les trajets AB, A' B' par P, S. L ' o n d e réfléchie a r r i v a n t en B' est pP, pS, sP
o u sS. L ' o n d e réfléchie a r r i v a n t en B est PP, PS, SP o u SS. Elles n'existent
qu'à p a r t i r d'une certaine distance correspondant au r a i p a r t i horizontalement
d u foyer. Si le foyer est superficiel, la c o n d i t i o n sin J < β/χ i m p l i q u e que la
phase PS o u la phase SP ( q u i arrive en même temps dans ce cas) n'existe
qu'à p a r t i r d'une distance d ' e n v i r o n 40°.

4 . 2 . — Particularités des hodochrones de P et S issues d'un foyer profond. —


Considérons u n foyer à la p r o f o n d e u r h ( F i g . 7) situé dans u n m i l i e u où
- d { V(R)/R }ldR < 0. Lorsque / décroît de π à π/2, le paramètre p ( = dT/dA)
croît de 0 à R/V(R) ; l ' h o d o c h r o n e q u i p a r t horizontalement est concave vers
le haut. Puis / continue à décroître, les points bas des rais se situent à des
profondeurs supérieures a h et p se met alors à décroître ; l ' h o d o c h r o n e est
concave vers le bas. P o u r / = π/2, le r a i p a r t horizontalement et émerge à la
distance EC, l ' h o d o c h r o n e a une inflexion au p o i n t M. E n ce p o i n t
dt/dA = R/V(R). L a pente de l ' h o d o c h r o n e P o u 5' au p o i n t M f o u r n i t donc
directement la vitesse à la p r o f o n d e u r h (Gutenberg, 1953, K a i l a et al., 1969).

F I G . 7. — Particularités de propagation de P et S issues d'un foyer profond, et


hodochrone correspondante. Point d'inflexion M. L a figure est tracée en négli­
geant !a courbure de la Terre.

4 . 3 . — Particularités des hodochrones de pP et de PP. — Considérons le r a i réfléchi FCD


( F i g . 8) parti horizontalement d u foyer F(i = π/2). Ce rai est c o m m u n , à la limite des tra­
jets, à pP et PP. Les rais q u i partent vers le bas (/ < π/2) sont PP et aboutissent aux distances
supérieures à ED (le rai FAB par exemple) ; ceux q u i partent vers le haut {i > π/2) sont pP
et émergent aux distances inférieures à ED (le r a i Fab par exemple). Lorsque le point de
réflexion (X) s'éloigne de C vers A le point d'émergence de PP s'éloigne régulièrement de D.
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PHASES SISMIQUES 289

L'hodochrone de PP commence à la distance ED et progresse régulièrement. Par contre,


lorsque le point X s'approche de £, le p o i n t d'émergence de pP, dans u n premier temps,
s'approche également de E, jusqu'à ce que ^ p a r v i e n n e en u n certain point a. Si A'se rapproche
davantage de E, le rai aboutit à u n p o i n t situé au-delà de b. b est u n point de rebroussement.
L'hodochrone pP a donc (Bullen, Lehmann) une branche rétrograde entre les distances ED
et Eb, puis une branche normale au-delà de Eb ( F i g . 9). L'amplitude au point b (point focal)
doit être grande comme dans le cas de PKP (§ 5.5). L e point M (Fig. 9) est u n point d'inflexion
de l'hodochrone. L a différence de distance entre les points D et b ( F i g . 9) varie en fonction

F i G . 8. — Particularités de propagation F i G . 9. — Hodochrones de pP et de PP.


de pP et de PP. Point d'inflexion M.

800^

600L

400L

200L

A"(m:ri)

F I G . 10. — Distance minimale d'observation


de pP et de PP.
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290 ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAU

de la l o i V{R)IR et la profondeur d u foyer. Avec la l o i de vitesse de H e r r i n et al. 1968, les


deux points ne s'écartent pas de plus de 3". L'examen des phases pP et PP au point de vue
du principe de Fermât (5.7) montre que la durée de trajet entre F et une station avec
réflexion en X, passe par u n m i n i m u m , pour pP, par u n m a x i m u m pour PP. Le m a x i m u m
correspond à une symétrie de rais, rigoureuse lorsque le foyer se trouve à la surface, appro­
chée dans les autres cas.
L a figure 10 montre la distance minimale d'observation des phases pP et PP en fonction
de la profondeur d u foyer.

4.4. — Phases relatives au noyau et à la graine. — L a courbe de propagation


des ondes P et S est régulière jusqu'à une distance épicentrale de 105°. Le rai
sismique correspondant s'enfonce de plus en plus profondément. A la dis­
tance Δ = 105", correspondant à u n angle d'émergence (e = π/2 — ί),
l ' h o d o c h r o n e s ' i n t e r r o m p t . Le fait s'interprète p a r l'existence à la profondeur
d ' e n v i r o n 2 900 k m d'une discontinuité où la vitesse des ondes P tombe brus­
quement de 13,7 km/s à 8,1 km/s. O n d i t q u ' o n est passé d u manteau au noyau.
Ce passage est accompagné d'une zone d ' o m b r e géométrique p o u r les ondes P.
Les ondes S ne se propagent pas dans le n o y a u , ce q u i a c o n d u i t à admettre
que sa rigidité est p r a t i q u e m e n t nulle.
Le rai Î\ est tangent à la surface d u n o y a u . P o u r les valeurs e > e„ les
ondes P et S t o m b a n t sur la surface d u n o y a u engendrent d'une p a r t des ondes
réfléchies de même nature, PcP et ScS, et des ondes mixtes, PcS et ScP, d'autre
p a r t une onde réfractée sans changement de nature, PKP o u des ondes mixtes
PKS, SKP, SKS. O n désigne par AT (de l'allemand K e r n ) le trajet dans le noyau.
Les ondes K sont des ondes longitudinales. Elles peuvent se réfléchir sur la
frontière d u manteau.
Lorsque e augmente, le r a i pénètre de plus en plus profondément et vers
5 000 k m devient tangent à la graine. Puis les rais incidents sur la surface de la
graine donnent naissance, d'une p a r t , à des ondes réfléchies PKiKP et d'autre
p a r t , à des ondes réfractées PKIKP. L a graine est considérée c o m m e rigide.
11 d o i t donc exister des ondes mixtes PKJKP (où / désigne le trajet dans la

partant du foyer comme ondes longitudinales tant du foyer comme ondes transversales et
et intéressant le noyau et la graine. intéressant le noyau et la graine.
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PHASES SISMIQUES 291

graine sous forme d'onde 5 ) . Pour cette phase des observations sûres f o n t
encore défaut. L a figure 11 m o n t r e , schématiquement, les trajets des rais par­
tant d u foyer comme P et relatifs a u n o y a u et à la graine.
Comme la vitesse des ondes 5 au bas d u manteau est 7,3 km/s, et celle des
ondes K au sommet d u n o y a u est 8,1 km/s, l a phase SKS émerge bien avant
que S ne s'arrête. D'après les Tables J - B 40 (Jeffreys et B u l l e n , 1940) SKS
émerge vers 62° p o u r u n foyer superficiel. L a figure 12 m o n t r e les principales
phases q u i partent d u foyer comme 5.

4.5. — Particularités des hodochrones de PKP et SKS. — Si l'angle d'émer­


gence est égal à e^, la branche réfractée, PKP, émerge à la surface à une distance
supérieure à 180°. Le p o i n t bas d u r a i est alors le plus proche de la surface
du noyau. O n retrouve ensuite les circonstances décrites au paragraphe 3 . 3 .
Lorsque e croît le p o i n t d'émergence recule ( F i g . 13) et la durée de p r o p a g a t i o n
diminue. Cette branche AB est rétrograde. B, vers 143°, est u n p o i n t de rebrous­
sement. L ' a m p l i t u d e y est très grande ( F i g . 30). L a branche rétrograde AB est
appelée P A : P 2, la branche BC, PKP 1.

F I G . 13. — Trajets de diverses ondes PKP et forme de leurs hodochrones.

Lorsque le r a i est tangent à la surface de l a graine, i l rencontre une brusque


augmentation de vitesse (de 10 km/s à 11 km/s environ), sans doute précédée
d'une faible d i m i n u d o n . Les rais suivants sont réfléchis sur la surface de la
graine, la réflexion au début étant totale. Le p o i n t d'émergence rétrograde
de C (vers 157°) en D (vers 110°). L a branche CD, diflScile à observer, est
PKiKP. A p a r t i r d u p o i n t D l'énergie, très faible dans les ondes réfléchies,
passe dans l'onde PKIKP, réfractée dans la graine. PKIKP progresse d u
point i ) jusqu'à l'antipode. C et D correspondent à une augmentation brusque
de V(R) et de ( - dVjdR) à travers la surface de la graine. Dans ce cas ( 6 . 4 . 3 )
ni C n i £) ne correspond à u n p o i n t focal. L ' a m p l i t u d e en ces points est faible.
Les ondes SKS f o r m e n t une boucle d u type montré au paragraphe 3 . 1 .
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292 ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAU

Elle se détache de ScS vers 62°. L a


boucle C D' C ( F i g . 14) est la consé­
quence de l'excès de vitesse de K sur S.
C D' correspond à ScS, réfléchie sur la
surface d u n o y a u , D' Ck SKS, réfractée
dans le n o y a u . CD correspond à SKiKS
réfléchie sur la surface de la graine,
DF à SKIKS réfractée. L ' h o d o c h r o n e
62° 83° 99° 105'
de SKS s'étend de 6 2 " à 133°, celle de
F I G . 14. — Formes d'hodochrones des SKIKS de 133« à 180°.
ondes issues du foyer comme ondes trans­
N o u s présentons dans la figure 15 les
versales et intéressant le manteau, noyau
et la graine. A noter les boucles formées hodochrones des principales phases inté­
par S-ScS-SKS et SKS-SKiKS-SKIKS. ressant le manteau, le n o y a u et la graine.

5 . — C L A S S I F I C A T I O N DES S I S M O G R A M M E S

L e n o m b r e et la netteté des phases enregistrées dépendent de la distance


épicentrale. E n pratique, l'aspect des sismogrammes est différent selon q u ' o n
les obtient au moyen d'appareils à courte période, à longue période o u à large
bande passante. N o u s verrons ces différences sur des cas particuliers.
L a classification proposée ici en f o n c t i o n de la distance épicentrale est
basée sur l'homogénéité des familles de rais P, PKP, S et SKS. Les limites
entre classes ne sont qu'indicatives. E n changeant de classe, i l faut s'attendre
soit à la d i s p a r i t i o n progressive d'une phase soit à l ' a p p a r i t i o n d'une nouvelle.
Certaines phases présentent parfois a u lieu d ' u n début unique plusieurs arrivées
successives dues à des réflexions o u réfractions soit dans la croûte soit en p r o ­
fondeur ( « multiplicité » c f F i g . 16 et 17).

Distance en Phases Principales phases


Classe §
degrés Apparition/Disparition observées
1

1 0 < A < 8 \Pg, Pn, Sn, Sg


2 8 < A < 30 P, S, Pg, Sg P, S, PcP, ScS, (PP) ~57Γ
(multiples)
^ - -
30 < zl < 70 (multiplicité de P, S) P, PP, (PPP), PcP, s, ScS,
(SKS), SS, P'P'
4 10 < A < 105 SKS, SKKS p, PP, PPP, PS, SKS, 5.3
SKKS, SS, PKKP
5" 105 < .d < 143 PKIKP, SKP, p, PcP, s, p (diffractée), (PKiKP) 5.4
ScS PKIKP, PP, PPP, SKS,
SKIKS, SKKS, SS, SSS,
PS, PPS
6 m < A < 180 PKP\, PKPl PKIKP,
PPP,
PKPl,
SKIKS,
PKPl,
SKKS,
PP, 5.5
PS,
PPS, SS, SSS

Les phases entre parenthèses doivent théoriquement être observées ; pratiquement leur
observation est incertaine.
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CLASSIFICATION DES SISMOGRAMMES 293

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294 ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAU

Le premier groupe concerne la propagation dans la croûte terrestre et le


long de la discontinuité séparant la croûte et le manteau. L'observation des
ondes pour 0 < Δ < 8° a été discutée au chapitre 10. Nous n'y reviendrons pas.

5.1. — Sismogrammes aux courtes distances (8" <Δ < 30"). — Les ondes P
et S se propagent entièrement dans le manteau supérieur où V n'est pas une
fonction régulière de R. La multiplicité des phases ainsi que leur amplitude
dépendent de la nature des irrégularités.
L'amplitude d'une onde émergeant à une distance Δ dépend de l'expansion
géométrique des rais, indépendante de la fréquence, et de l'atténuation ou
perte d'énergie (1) qui en dépend. L'eflFet de l'expansion géométrique est donné
(6 et 14) par :

Ε(Δ) ^ Vj-cotgef d'T


I sin J sine ά Δ '

où Ε{Δ) est l'énergie par unité de surface du front d'onde, / l'énergie par unité
d'angle solide émise au foyer, Cf l'angle d'émergence au foyer, e l'angle d'émer­
gence à la surface, Rf la distance entre le foyer et le centre de la Terre, R le
rayon de la Terre et Vj- la vitesse au foyej\
L'amplitude étant proportionnelle à Vd^T/dJ^, il est possible de contrôler
un modèle de V(R) déduit d'une fonction Τ{Δ). Mais la comparaison de l'am­
plitude observée à celle correspondant au modèle se heurte à des difficultés
pratiques. Lorsqu'on inverse une fonction Τ(Δ) (6), on obtient des valeurs
discrètes de V{R). La méthode d'interpolation qui fournit des valeurs continues
joue un rôle important. Ainsi une interpolation par V = aR'' où a et h sont
constantes dans chaque couche donne des discontinuités de second ordre
dans άΤ/άΔ et des singularités dans ά'Τ/άΔ' qui n'ont aucune signification
géophysique alors que l'utilisation d'un polynôme du 3*' degré en K et Λ
fournit une courbe lisse de d'T/dA' en fonction de Δ (Chapman, 1971). Cette
dernière peut être alors directement comparée avec l'amplitude observée ; mais
la croûte terrestre et les couches superficielles modifient l'amplitude énormé­
ment, rendant de telles comparaisons difinciles. Les calculs de sismogrammes
synthétiques pour des modèles particuliers, en tenant compte de la structure
sous la station, permettront des contrôles efficaces. Les exemples en sont
encore peu nombreux.
Les observations avant 1960 ont été faites sur des stations sismologiques
isolées ; la corréladon des ondes en dehors de la première arrivée était diflicile.
Depuis, des réseaux de stations, dont quelques-uns conçus de façon à pouvoir
rechercher l'origine d'événements particuliers (nappes, Chap. 9) ont été ins­
tallés dans certains pays. La figure 16 montre un assemblage obtenu à partir
d'un réseau rectiligne traversant la France (distance entre stations de 1° environ),
en utilisant quatre séismes de Grèce. Derrière l'hodochrone de la phase P (a)
on suit deux autres phases b (peu nette) et c (nette.) De nombreuses explosions
nucléaires ou chimiques ont permis, à partir de réseaux permanents ou installés
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CLASSIFICATION DES SISMOGRAMMES 295

FIG. 16. — Assemblage de


sismogrammes obtenus en
France à partir de 4 séismes
de Grèce montrant l'aspect
multiple des ondes P entre
12" et 2 7 " (enregistrements
des stations d e l a R C P N " 1 3
du CNRS). L'ordonnée est
en temps réduit à la vitesse
de r V l O s (' 11.1 km/s).

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296 ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAI'

temporairement, d ' o b t e n i r des assemblages de sismogrammes intéressant le


manteau supérieur. L a figure 17 m o n t r e un autre exemple, obtenu aux Etats-
U n i s , sur lequel sont superposées les hodochrones dérivées d ' u n des modèles
de l o i de vitesse de la figure 18. ( L a figure 18 montre égalcmsnt les trajets des
rais p o u r l ' u n des modèles.)

Δ, deg.

F I G . 17. — Assemblage des enregisiremenis du profil NE du tir mujéaire du Nevada.


Les hodochrones sont celles d u modè'e N T S de la figure 2 0 . L'ordonnée est en
temps réduit à la vitesse l " / I O , 8 s (- 1 0 . 2 8 8 km/s). D'après J U L I A N et A N D I - R S O X .
1968.

Sur les deux exemples, o n v o i t un changement net de la vitesse apparente


(àAlàt), l ' u n vers 18" (Amérique) et l'autre entre 19" et 20". Leur comparaison
permet déjà de soupçonner l'existence de variations régionales dans la struc­
ture d u manteau supérieur. Cependant les lois de vitesse de la figure 18 peuvent
être considérées comme plus représentatives en moyenne que celles de Jeffreys
ou de Gutenberg. Ces modèles manifestent trois particularités :

! " L'existence d'une couche à m o i n d r e vitesse entre la base de la croûte et


une p r o f o n d e u r d ' e n v i r o n 200 k m , l'épaisseur et la position de cette couche
étant variable d'une région à une autre.

2" Une augmentation brusque de vitesse vers 400 k m de profondeur.


3" Une seconde a u g m e n t a t i o n , moins brusque, vers 600 k m .

De plus grandes précisions sur la mesure directe de àTjàA, en tenant compte


des erreurs dues à la croûte et aux couches superficielles sous chaque point
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CLASSIFICATION DES SISMOGRAMMES 297

CIT204 MODIFIÉ

Fi(i. 18. —'Distribution de vitesse des ondes P dans le manteau supérieur pour
différents modèles (en haut) et trajets des rais correspondant au modèle C I T 204.
D'après JULIAN et ANDERSON, 1 9 6 8 .

d'observation (lyer, 1971), pourraient modifier ces modèles. Actuellement les


deux augmentations de vitesse sont considérées comme générales. Par contre,
il y a des divergences en ce q u i concerne l'existence de l a couche à m o i n d r e
vitesse dans toutes les structures (celles des océans, celle des régions c o n t i n e n ­
tales orogéniques et celle des boucliers).
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298 ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAU

U n solide ayant une rigidité μ complexe mais une incompressibilité k et


une densité p réelle absorbe l'énergie des ondes P et S. L ' a m p l i t u d e d i m i n u e sui­
vant u n facteur

ω _ds
exp|-2j QV

où ω est la pulsation, às u n élément de r a i , Q le facteur de qualité, et où F = α


ou β.
Soient et les valeurs de Q p o u r les ondes P et 5 respectivement ; o n a
(Chap. 1) :

QJQ, = ^aηAβ\

Le r a p p o r t a/^ varie en f o n c d o n de l a p r o f o n d e u r ; i l est lié a u coefficient


d u Poisson σ p a r α'Ιβ' = 2(1 - σ)/(1 - 2 σ ) . σ varie de 0,25 à 0,30 dans le
manteau. Si p o u r simplifier l ' o n suppose σ constant, P et 5· a u r o n t le même
trajet ; en désignant p a r Tp, Tg les durées correspondantes, et e n surlignant
les valeurs moyennes, o n a :

TsJTp = αΐβ , TsIQp = 3 TpjA β' .

Avec σ = 0,28 , Γ^/β^ ~ 4,4 Tp/Q,.

L a valeur de TplQ^ varie peu entre 30° et 80". Elle d i m i n u e légèrement p o u r


Δ < 30° et augmente rapidement p o u r Δ > 80° (Teng, 1966. M i k u m o et
K u r i t a , 1968).
P o u r Tp/Q^ ~ 1, valeur m i n i m a l e d'après divers modèles de connus
a u j o u r d ' h u i , les ondes S d'une seconde de période s u b i r o n t une atténuation
en a m p l i t u d e plus de 10* fois supérieure à celle des ondes P mais le r a p p o r t
tombe à 6 p o u r les ondes de 10 s (Carpenter et F h n n , 1965). L a figure 19
illustre cet aspect.
L ' o b s e r v a t i o n des ondes PP et SS dépend beaucoup de l a l o i de vitesse
régionale dans le manteau supérieur. Elles sont rarement observées avant 30°.

0,05-4Hz 1,

- -.^^.^.^^.-^-.-..^^.^-^^^/VWVv^.A^

0 , 3 - 4 Hz Jl! .

1min.

F i G . 19. — Composante verticale du séisme du J2-5-1971 {A = 22°8) enregistré à


Paris. Transcription d'une bande magnétique m o n t r a n t avec la même sensibilité
des enregistrements : a) à large bande passante ; b) à composantes longues périodes ;
f) à composantes courtes périodes.
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CLASSIFICATION DES SISMOGRAMMES

1 0 — 12

1000

EOOOL

3000L

FIG. 20. — Distribution des vitesses α et β en fonction de la profondeur.


D'après HERRIN et al., 1 9 6 8 , pour α ( Λ ) et R A N D A L L , 1 9 7 1 , pour β{Ρ).

15.5.70 17h24ni 29m

PcP PP ScP

Z H

29in 34m

ScS SS

N-S

34m

N-S -WM Î/1 ni

F I G . 21. — Enregistrement obtenu à Paris (A = 54°3, Λ = 33 k m ) montrant Vaspect


des principales phases P (sur la composante verticale, Z ) et S (sur la composante
horizontale, N - S ) arrivant isolées les unes des autres (transcription d'une bande
magnétique).
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ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYA

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CLASSIFICATION DES SISMOGRAMMES 301

5.2. — Sismogrammes aux distances 30" < J < 70'\ — C o n t r a i r e m e n t à


l'aspect multiple des ondes P du paragraphe précédent ( F i g . 16 et 17), les enre­
gistrements, dans le présent intervalle de distance, sont relativement simples.
C'est que les points bas des rais P et S émergeant entre 30° et 7 0 " sont dans
un milieu (entre 700 et 1 900 k m de profondeur) où n i V{R) n i dV/dR ne pré­
sentent de variations discontinues. I l n'y a pas de f o r m a d o n de boucle, donc
pas de phases multiples. L a figure 20 m o n t r e la v a r i a t i o n a(R) et β(R) en fonc­
tion de la profondeur.
Les sismogrammes sont caractérisés par l'arrivée de phases séparées les unes
des autres lorsqu'elles sont bien observées. L a figure 21 m o n t r e un exemple.
PcP n'est pas t o u j o u r s aussi nette que PP q u i devient i m p o r t a n t e au-delà de 4 0 "
environ. ScS de courte période n'est pas observée avec la même netteté dans
différentes régions d u globe. Tandis qu'elle est très nette même à très courte
distance (A x 10") en Amérique d u Sud (Gershanik et al, 1966, Sato et Espi-
nosa, 1967), elle est rarement observée en France. En Terre Adélie ( F i g . 22)
elle est souvent enregistrée très nettement entre 4 0 " et 70".
A u t o u r de 6 0 " arrive, 29,4 m n après P, la phase PKPPKP (appelée P' P'
par brièveté). Cette phase, de courte période et d ' a m p l i t u d e faible, n'est
observée que sur les enregistrements à gain élevé. E t a n t due à la réflexion

FR.. 23. — Courbes de propagation des difl'érentes branches de PKPPKP et de SKKKP


pour quatre valeurs de h. D'après ENGDAHL et F L I N N , 1 9 6 9 .
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AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE N

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CLASSIFICATION DES SISMOGRAMMES 303

de PKP, elle a u n p o i n t focal à 74« (360° - 286°). Elle est assez confuse a u x
distances inférieures à cause de ses m u l t i p l e s branches. Les figures 23 et 24
montrent les hodochrones et quelques exemples d'enregistrements. Cette phase
a une importance particulière lorsque l ' o n désire connaître l a distance épi­
centrale d ' u n séisme en absence de t o u t autre renseignement. L'écart P' P' — P
est très sensible à l a v a r i a t i o n de la distance épicentrale mais très peu sensible
à la variation de l a p r o f o n d e u r d u foyer. P' P' est perturbée p a r SKKKP,
surtout p o u r les séismes d o n t l a p r o f o n d e u r d u foyer est inférieure à e n v i r o n
300 km. SKKKP de très faible a m p l i t u d e ne se distingue réellement que p o u r les
séismes très profonds.

SKS SKS
Δ = 88,0
h = 319

Δ = 90,0
h = 21

Δ = 92,1

Δ =101,0

S K K S S K K S

N-S E - W

FIG. 2 5 . — Position relative des phases SKS, SKKS et S aux différentes distances
(enregistrements courtes périodes de Terre Adélie).
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CLASSIFICATION DES SISMOGRAMMES 305

Vers 62" SKS se sépare de ScS, mais elle est difficile à distinguer aux distances
inférieures à 7 5 "

5.3. — Sismogrammes aux distances 70" < Δ < 105". — Tandis que les
ondes PcP continuent à s'approcher des ondes P, la famille S s'enrichit par
l'arrivée des ondes SKS. L a vitesse apparente άΔ/άΤ de SKS est supérieure à
celle de S. Les premières SKS sortent vers 6 2 " et les deux hodochrones se
croisent vers 83". Au-delà de cette distance, SKS précède S et c'est seulement à
partir de là que SKS est nettement observée. Le sismogramme se complique
au fur et à mesure que la distance augmente. SKKS suit SKS de près à p a r t i r
de 85". Ainsi l'intervalle 7 0 " < J < 105" est caractérisé par l'arrivée de SKS,
SKKS et S ( 5 ^ 5 se confondant avec 5 ) dans un intervalle de 1,25 m n . La figure 25
montre ces phases sur des portions de sismogrammes de courte période.
SKKS reste faible p o u r A < 95". Sur les enregistrements de longue période
pour Δ < 100" SKS et SKKS sont mélangées surtout p o u r les séismes super­
ficiels. Sur la figure 26 u n exemple de sismogramme donne u n aperçu de l'en­
semble des phases.
L'importance de la phase SKS réside dans le fait qu'elle est avec SKP la
seule à traverser la partie supérieure d u n o y a u , permettant ainsi la construction
de la courbe de propagadon {§ 8 . 3 ) .

5.4. — Sismogrammes aux distances 105" < Δ < 143". — C o m m e nous


l'avons déjà d i t , les hodochrones de f et 5* directes s'interrompent vers 105",
par suite d'une d i m i n u d o n brusque de vitesse des ondes P. d(ajR)/dR est p o s i t i f
dans le noyau ; les rais (e > e^) o n t leurs concavités vers le haut et émergent
mais seulement à 143". Les courbes de propagation de P et PKP sont distinctes

F K I . 27. — Amplitude des ondes P diffractées par le noyau, d'après SACKS, 1 9 6 6


et les courbes théoriques de Phinney. D'après PHIN'NEY et CATHLES, 1 9 6 9 .
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ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAU

'Il
et décalées. Cependant, dans la zone
d ' o m b r e géométrique, la phase P c o n t i ­
nue à être observée ; l ' h o d o c h r o n e ,
•a
< concave vers le bas jusqu'à 105°, devient
rectiligne. L a vitesse apparente est
constante, donc aussi OL{R)/R ; le p o i n t
bas d u r a i reste au même niveau. E n
fait, la phase P se propage le l o n g de la
surface d u n o y a u par diffraction. L ' a m ­
•a plitude s'affaiblit, particulièrement les
o
composantes de hautes fréquences. L a
figure 27 m o n t r e l ' a m p l i t u d e des ondes P
mesurée p a r Sacks (1966) et les courbes
théoriques de diffraction de Phinney
XI et Cathles(1969).
A u paragraphe précédent, nous avons
montré que la partie d u sismogramme
des ondes S p o u r 70° < zl < 105" est
complexe ; i l en est de même, mais à
o un m o i n d r e degré, p o u r les ondes P
α
ε vers 110". L a phase P A ' / A : P apparaît,
ο mais sa position exacte n'est pas connue
à cause de la branche CDE ( F i g . 13)
Ε Vi de la boucle de PKP. Celle-ci est
UJ
o a
CD très aplatie ; près d u p o i n t D , PKiKP
o
(branche CD) et PKIKP (DEF) sont
Γ»
IO
<
S
n presque superposées. D'après B o i t et ai.
co
X ( 1968) PKiKP est observée même à 105°.
LU
α (M Vers 110°, PP, l a phase la plus i m p o r ­
0
Ν II» tante, arrive 40 s après, suivie de PPP.
Z II
tu <o o
o eô 4 PKS{= SKP pour It = 0) n'émerge
3UJ c
qu'à p a r t i r de 105° e n v i r o n et accuse u n
^< 1
I (,Ο
% co

retard de 3 m n 25 s sur PP et 1 m n 11 s
m
Q.
a
Si sur PPP. Faible au début, elle est très
α II i m p o r t a n t e vers 130". L a figure 28
ίΙΙί Ui
Ι­
•2 E
m o n t r e u n exemple.

i S

i.
Entre 130° et 143" e n v i r o n , des
ondes de fréquences relativement élevées
( / > 1 H z ) précèdent PKIKP. Leurs
amplitudes sont faibles ( F i g . 29). Malgré
de nombreuses observations, leur inter­
prétation n'est pas encore sûre. Néan­
moins, o n peut affirmer que ces obser­
Q
vations correspondent à une boucle
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Δ = 128?e
^ —

7, //."^y'^\ν>*Ν^« ν,ν,'Λ". iVv*^.^^W^y•/,'Λ',^^V/Vvv^vv««Λ•


ί ·ί

Λ = 133,'S

ΡΚΙΚΡ
10 s

(Ί)
Δ = 13655

Δ = 137=4


PKP(diffr.)' ΡΚΙΚΡ

11s.

F I G . 29. — Exemples des ondes de fréquences relativement élevées


qui précèdent PKIKP aux distances comprises entre 130" et 143". D'après H A Ï , 1963.

UPSALA

SKAUSTUGAN
F I G . 30. — Point focal B des ondes PKP. D'après H A Ï , 1963.
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a) 1-5-1958 (Λ - 200 k m ) ; b) 10-4-1959 (Λ ~ 600 k m ) .
308 ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAU

supplémentaire aplatie a u t o u r de 143° et qu'elles sont liées à certains détails


de la v a r i a t i o n de a(R) dans le n o y a u .

5.5. — Sismogrammes aux grandes distances {A > 143"). — Vers 143" se


trouve le p o i n t focal B des PKP. L ' a m p l i t u d e est très grande en ce p o i n t
(Fig. 30). A u x distances supérieures, les différentes phases se séparent r a p i ­
dement. O n observe essentiellement les trois phases : PKIKP, PKP 1 et PKP 2
(Fig. 31). PKP 1 q u i a la plus grande a m p l i t u d e près de 143", s'affaiblit progres-

Δ = 150Î7

PKIKP PKPl I FKP2

PKIKP PKPl PKP2

PKIKP PKPl

F I G . 3 1 . — Pha.scs PKIKP, PKPl et PKPl enregistrées à la station de Garchy


(Nièvre, F r a n c e ) : 1 ) 1 5 - 6 - 1 9 5 8 , 2 ) 1 5 - 9 - 1 9 5 9 , 3 ) 1 0 - 4 - 1 9 5 9 . D'après HAÏ, 1963.

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SÉISMES PROFONDS 309

sivement et disparaît vers 157" (Haï, 1963). Au-delà de cette distance, seules
PKIKP et PKP 2, séparées de plus de 33 s, restent visibles et nettes. PP, nette
elle aussi, arrive 4 m n 12 s après PKIKP. L a disposition des trois phases res­
semble à celle de P, pP et PP d ' u n séisme de p r o f o n d e u r /; = 130 k m , à la
distance Δ = 100". A i n s i , i l y a risque de confusion entre les séismes peu
profonds à plus de 160" et profonds d ' e n v i r o n 150 k m vers 100". Cette confusion
est parfois difficile à éviter l o r s q u ' o n possède seulement des sismogrammes de
courte période.
Les sismogrammes de grande période m o n t r e n t un grand n o m b r e de phases,
essentiellement des ondes réfléchies : PP, PPP, PS, PPS, SS, etc. Elles pré­
sentent peu d'intérêt dans l'étude des durées de p r o p a g a t i o n .
Les détails de la d i s t r i b u t i o n de vitesse dans le n o y a u restent encore à préciser.
Comme nous l'avons indiqué ( 5 . 4 ) , les ondes a r r i v a n t avant PKIKP entre
130" et 143" ( F i g . 29), nécessitent l ' i n t r o d u c t i o n de branches supplémentaires
dans la boucle de PKP, m a l connues à cause des faibles amplitudes p o u r
A < 143" et de la diflRculté de les séparer des autres PKP p o u r A > 143".

6 . — SÉISMES PROFONDS

On peut faire correspondre à t o u t séisme p r o f o n d un séisme superficiel


(au point A') sur le même r a i (AA' de la figure 6, par exemple). L a p r o p a g a t i o n
de toutes les ondes de volume est donc la même que dans le cas d ' u n séisme
superficiel, avec, toutefois, une durée de p r o p a g a t i o n plus courte aux mêmes
distances épicentrales et l ' a p p a r i t i o n de nouvelles phases, pP, sS, etc. L'aspect
du sismogramme évolue avec la p r o f o n d e u r d u foyer ; lorsque celle-ci dépasse
une cinquantaine de k m , l'évolution devient manifeste grâce à : a) l'affaiblis­
sement des ondes de surface ; i l est d ' a u t a n t plus i m p o r t a n t que le foyer est plus
profond ; b) une relative pureté des phases ; le n o m b r e d'oscillations d i m i n u e
en général et le m a x i m u m d ' a m p l i t u d e se situe dans les premières oscillations.
La détermination de la p r o f o n d e u r d u foyer se fait principalement à p a r t i r
de l'intervalle de temps pP — P. O n peut aussi utiliser sP — P, pPP — P,
sS - S, pPKP - P, ScS - P (40" < A < 70"), SKS - P (Δ > 85"), mais la
précision est souvent inférieure. pP — P varie peu en f o n c t i o n de la distance
épicentrale, ce q u i permet la détermination même si l ' o n ne connaît la distance
épicentrale que très a p p r o x i m a t i v e m e n t . L a figure 32 m o n t r e , p o u r t r o i s
valeurs de /;, l'intervalle pP — P en f o n c t i o n de la distance.
La phase pP n'est pas t o u j o u r s nette. Son a m p l i t u d e rapportée à celle de P
varie dans de grandes p r o p o r t i o n s . Elle dépend de la déformation des ondes
par les couches superficielles (§ 9) au p o i n t de réflexion mais s u r t o u t de la
direction d u départ de l'onde. L'étude sur le mécanisme au foyer des séismes
profonds m o n t r e que la d i r e c t i o n d u mouvement est t o u j o u r s inclinée par
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310 ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAU

4m,

F I G . 3 2 . — Ecarts des durées de propagation pP—P et PP — P pour trois


valeurs de la profondeur du foyer. D'après les tables de HERRIN et al., 1968.

r a p p o r t à l'horizontale. Si l ' o n représente ce mécanisme par une faille, cette


dernière serait d u type à rejet prédominant.
L a composante de la vitesse d u mouvement d u sol, dans le cas d'une
faille à rejet p u r (Chap. 14) est p r o p o r t i o n n e l l e à sin 2 θ cos φ, où R, 0, φ
sont les coordonnées sphériques d u p o i n t A ( F i g . 33). φ définit l'angle entre
le plan vertical contenant la d i r e c t i o n d u mouvement et le p l a n de p r o p a g a t i o n ,
Θ est l'angle dans le p l a n de p r o p a g a t i o n entre la projection de la d i r e c t i o n d u
mouvement et la d i r e c t i o n de départ d u r a i .
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SÉISMES PROFONDS 311

La ( i g L i r c 34 représentant le plan de p r o p a g a t i o n m o n t r e schématiquement


la distribution de l ' a m p l i t u d e des ondes P. XX' est la projection de la direction
du mouvement sur ce plan. L ' a m p l i t u d e dans le plan de p r o p a g a t i o n est
maximale pour 0 = 4 5 " et minimale p o u r Q = 0 " o u 90". Pour une o r i e n t a t i o n
de la direction d u mouvement (XX' o u ΥΥ') et des directions de départ de P
et pP, telles que les m o n t r e la figure 34 la station située vers A recevra une

liqucs du pjini Λ et l'angle 0. F i G . 3 4 . — Distribution d'amplitude dans


ilai::: h' plan de propagation OAZ. le plan de propagation en fonction de
l'angle (I entre la direction du mouvement
et la direction du départ des rais P et pP.

onde p d'amplitude bien inférieure à celle de pP. Par contre, la station vers B
montrera un rapport d'amplitudes inversé, ce q u ' i l l u s t r e le séisme d u 27/5/70
enregistré à Paris (Δ = 96") et à D u m o n t d ' U r v i l l e (Δ = 93,5") dans des
directions pratiquement opposées ( F i g . 35).

Lorsque pP ou sP ne sont pas bien observées, on peut utiliser les intervalles ScS-P
(40" < z) < 70") ou SKS-P (A > 85"). ScS-P varie peu en fonction de la distance. L'écart
passe par un m i n i m u m vers 55" et ne dépasse par 10 s pour 40" < A < 70". Par contre, i l
est très sensib'e à la variation de la profondeur. La table ci-dessous montre ScS-P et SKS-P
pour quelques valeurs de distances et de profondeurs. SKS-P a pratiquement les mêmes
avantages pour Λ > 85" oit SKS est nettement observée.

ScS-P SKS-P

1 ^
\^^^'·^' 100 ' 350 1 600 \ h km 100 350 600
.A" \^
! ! \

40 9 mn 55 s 9 m n 2 5 s 8 m n 5 7 s 85 lOmn 12 s 9 m n 48 s 9 mn 20 s
50 ,9 38 '9 11 8 45 90 10 20 9 56 9 34
60 9 37 9 12 8 48 95 10 25 10 00 9 38
70 19 50 9 25 Î9 03 lOJ 10 28 10 03 9 41

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FiCi. 36. — Les ondes Ρ de irais séismes de méim'origine (ψ · 4 0 " 2 N , A — 1 4 3 " ! E ,
Hondo, Japon) et leurs spectres en accélération du mouvement du sol montrant
VélargissemeiU du spectre lorsque la magnitude augmente.

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314 ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAU

7. — S P E C T R E DES O N D E S DE V O L U M E

L a possibilité d'observer différentes phases d ' u n séisme dépend des spectres


de ces phases et de la courbe d ' a m p l i f i c a t i o n des appareils utilisés. P o u r obtenir
de bons enregistrements des phases P, pP, PcP, etc., o n utilise habituellement
des appareils de courte période, par contre, les phases PP, S, SS, SKS, etc.,
s'enregistrent mieux sur les appareils de grande période. Ce fait s'explique
par une absorption des courtes périodes lorsque l'onde se propage longuement
dans le manteau, en particulier dans le manteau supérieur. L a forme des spec­
tres et la p o s i t i o n d u m a x i m u m d ' a m p l i t u d e dépendent beaucoup d u mécanisme
au foyer et de la magnitude d u séisme. En général, le spectre des ondes P est
d'autant plus large et irrégulier que le séisme est plus i m p o r t a n t ( F i g . 36).
L'iniÎuence d u mécanisme au foyer se m o n t r e très bien dans l a comparaison
des spectres d'une explosion nucléaire, ponctuelle dans le temps et dans l'espace,
et d ' u n séisme naturel de même importance ( F i g . 37) (Chap. 14).
Les positions relatives des m a x i m u m s spectraux, p o u r différentes phases,
dépendent également de la p r o f o n d e u r d u foyer.

1—1—1—1—1 1 ·—Γ 1 1 ) ! i—1—1


A

1,0 • L O S A N G E L E S 9 . 2 71 ^ y ^ - ^ ^ N E V A D A 26.3.70-
(SEISME; m = 6,2) / \ ( E X P L NUCL.
X \ m = 6,5)

0,5 f
/ \ \ -

0,2

0.1 0,5 1,0 H z


F K ; . 3 7 . — Comparaison des spectres d'une explosion nucléaire (source ponctuelle)
et d'un séisme (source étendue) à la même distance.

8. — D É T E R M I N A T I O N D E S PARAMÈTRES D U FOYER.
TABLES DE DURÉE D f PROPAGATION

L a détermination des paramètres d u foyer d ' u n séisme et la c o n s t r u c t i o n des


tables de durée de propagation sont i n t i m e m e n t liées. Les paramètres du
foyer sont ; les coordonnées géographiques ψο, Àg de l'épicentre E (dans les
calculs sismologiques o n utilise la latitude géocentrique définie p a r

tg ψ' = 0,993 277 tg φ ,


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DÉTERMINATION DES PARAMÈTRES DU FOYER 315

qui minimise l ' e r r e u r d'ellipticité), la p r o f o n d e u r d u foyer h, et l'heure origine


TQ. L a durée de p r o p a g a t i o n T(A} jusqu'à une station 8(φ, λ) dépend de la
distance épicentrale Δ. Cette distance s'exprime soit en kilomètres d'arc ES,
soit en degrés d'angle a u centre. Dans ce cas

Cos Δ = AAo + BBo + CCQ

où Ao, Bg, Co sont les cosinus directeurs d u rayon OS ; A, B, C ceux q u i cor­


respondent à la s t a t i o n .

8.1. — Méthode des couples de stations. — Une détermination conjointe des quatre para­
mètres nécessite la connaissance précise de la fonction T(A). Par contre, o n peut déterminer
et /.|| sans faire intervenir la fonction T(A) sauf pour de petites corrections. L a méthode
des couples de stations connue depuis longtemps (Galitzinc) a été améliorée successivement
par plusieurs auteurs. C o u l o m b (1957) a indiqué qu'une solution par moindres carrés de la
méthode telle qu'elle était utilisée, pouvait conduire à des résultats inexacts. Nous donnons
brièvement la méthode qu'il a proposée. (Pour les détails voir aussi Choudhury, 1957.)
Soient S(A, B, C) une station (Α'- • Β'- -ι- C- - 1) et S'(,A + a, B - P, C : 7) la
deuxième station d u couple, telle que les distances épicentrales Ά et A' soient voisines.
On a l'équation fondamentale

Cos A' — Cos, A AaOL \Β„β i C,, ;•.

Si la diflerence de durée de propagation ôt entre les deux stations est due seulement à une
différence A' — A, o n peut remplacer cos A' — c o s A par — 2 sin A,„. sin V (dzl/d/) ât, avec
Ai„ - {Λ' r /))/2. Si l ' o n connaît un épicentre approché, o n a A,„ et on peut tirer d.d/d/ des
tables. I l est ainsi possible de ramener les deux stations à l a même distance épicentrale,
mais en pratique, en raison des erreurs q u i affectent les données, o n ne peut obtenir
(cos^' — co% A) - 0 pour tous les couples. O n cherchera le m i n i m u m de l'expression

^ ( c o s J ' —coszl)^ Y^(A„y. \ Β„β \-

la somme étant étendue à tous les couples.


En introduisant le multiplicateur de Lagrange on cherchera l'cxtremum de

U(A„,B„,C„)--Y^{A„7. : Β„β \ C„ yV-—/.{AI ] BI r cl — \)

ce qui entraîne,

2 3; - ^ο(Σ - + B„ X α/ί - f Co 0

2 FB„ = ^ 0 Σ : βο(Σ β^ - λ) + C„ Χ Λ' = Ο

λ est une des racines de l'équation d u 3'' degré

liî^-A X)Î7 1=0.

Σ'- Σ>^ Σ'^~^


On prendra pour /. la valeur m i n i m u m .
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316 ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAU

8.2. — Méthode de Jeffreys. — U n e grande majorité des séismes se p r o d u i t


à des profondeurs inférieures à 50 o u 60 k m . O n les désigne c o m m e « séismes
n o r m a u x ». En utilisant seulement de tels séismes, o n peut en première a p p r o x i ­
m a t i o n négliger le paramètre h.
Soit Τ{Δ) l'heure d'arrivée, à la distance Δ de l'épicentre, de l'onde P émise
au temps TQ. O n possède u n epicentre provisoire situé à .τ" E et y" N de l'épi­
centre v r a i , et des tables approximatives d o n n a n t la durée d u trajet t{a) en
f o n c t i o n de la distance σ à l'épicentre provisoire. O n a la relation

A = σ + .X sin Z + y cos Z

où Z est l ' a z i m u t de la station par r a p p o r t à l'épicentre. O n en déduit

Τ(Δ) - T ( 0 ) = ί(σ) + (xsinZ + y cos Z ) + η(σ) + ε


ασ

où ε est l'erreur de mesure, η(σ) l'erreur des tables approximatives. C'est une
équation de c o n d i t i o n entre 7^(0), .γ, y, η. O n minimise l a somme ^ ε' p o u r
l'ensemble des observations correspondant à la même distance.
O n peut écrire a u j o u r d ' h u i des équations analogues i n t r o d u i s a n t les p r o ­
fondeurs focales Λ et Λ + z à côté des distances épicentrales A et σ :

Τ(Δ, h + ζ) - Τ ( 0 ) = ί(σ, h) + (χ sin Ζ + ν cos Ζ ) f-- + ζ t r + ^/(σ, /ι) + ε ·


ΰσ en

L ' u t i l i s a t i o n d ' u n grand n o m b r e de paramètres et d'une grande quantité


de données ne pose plus aucun problème. L a précision dépend essentiellement
de la précision d u temps d'arrivée aux diverses stations et d'une bonne couver­
ture en azimut des observations. Grâce a u réseau m o n d i a l W W N S S ( W o r l d ­
w i d e N e t w o r k o f Standard Seismograph Stations) de l ' U S C G S ( U n i t e d States
Coast and Geodetic Survey) et à de nombreuses stations modernes dans diffé­
rents pays, les déterminations de E R L ( E n v i r o n m e n t a l Research L a b o r a t o ­
ries), I S C ( I n t e r n a t i o n a l Seismological Centre) o u B C I S (Bureau Central
I n t e r n a t i o n a l de Séismologie) o n t une précision moyenne sur et ÂQ de
0.05". sur h de 5 k m et sur TQ de 0,5 s.

8.3. — Tables de durée de propagation. — Les premières tables complètes


en f o n c t i o n de la distance épicentrale et de la profondeur d u foyer p o u r une
Terre sphérique o n t été publiées par Jeffreys et Bullen (1940). Elles c o m p o r t e n t
des corrections, d o n t nous parlerons plus l o i n , p o u r tenir compte de l'apla­
tissement.
Les recherches ultérieures, d o n t certaines par Jeffreys lui-même, o n t montré
que la durée de p r o p a g a t i o n des ondes P p o u r Λ = 0 était systématiquement
t r o p grande de plusieurs secondes et q u ' i l existait des variations régionales.
L ' u t i l i s a t i o n des explosions nucléaires et de nombreuses installations nouvelles
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DÉTERMINATION DES PARAMÈTRES DU FOYER 317

depuis 1945 o n t permis de préciser les tables. L a précision sur la lecture d u


début de la phase P a atteint 0,1 s en moyenne. Elle a permis de mettre en évi­
dence l'influence sur Τ(Δ) de la structure locale de la station. P o u r construire
des tables moyennes, i l faut tenir compte de la v a r i a d o n régionale et de la
correction de station.
Un groupe de travail présidé par E. H e r r i n a entrepris en 1965 la lourde
tâche de réviser les tables J-B 40. E n divisant la Terre en zones de 1" de côté,
et en utilisant 13 sources d'explosions nucléaires et 278 sources naturelles,
il a construit en 1968 des tables p o u r les phases P, PcP, pP et PP. Ces tables
sont véritablement moyennes p o u r les distances supérieures à 20". A u x dis­
tances inférieures, elles correspondent à u n modèle sans couche à m o i n d r e
vitesse. La figure 38 m o n t r e l'écart p o u r la phase P aux tables J-B 40 et à cer­
taines autres récentes.

Le calcul des tables de la phase 5 utilise en général les épicentres déduits


de la phase P. Les tables J-B 40 de S, encore d'usage fréquent, o n t été partielle­
ment révisées par Haies et Roberts (1970) et Randall (1971).
Les tables des phases P et 5 sont les bases p o u r construire celles des autres,
à partir de relations simples entre les durées de p r o p a g a t i o n . Les plus simples
donnent PP, PPP, etc. A i n s i , soit Ρ,ρ la durée de propagation de P P P p o u r un
foyer superficiel :

Τ,ρ(Δ) = 3 Γρ(ζ1/3) .
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318 ONDES AYANT TRAVERSÉ LE MANTEAU ET LE NOYAU

P o u r les phases mixtes, telles que PS, PPS, etc., on se sert p o u r placer le
p o i n t de réflexion d u fait que le paramètre d ' u n rai est le même avant et après ;
on obtient

Tpsizd, + A,) = T,.{A,) + TsiA,)

7-pps(zl, + A.) = T2p(A,) + TsiA,).

L a r e l a t i o n entre les durées de p r o p a g a t i o n de ScS, SKS, et SKKS est très


i m p o r t a n t e . Elle permet d ' o b t e n i r la courbe de p r o p a g a t i o n 7,^(Adans le
n o y a u . E n négligeant la p r o f o n d e u r d u foyer o n a

Τκ(Δκ) = W ^ 2 ) - Ts,s{A,)

άΤκ ^ d 7 ^ ^ dT^s
A, = A, - A,
dA^ dA2 dA,

o n a aussi

A, + A. = 2 A^ .
dzlj dzl2 dzl,

8.4. — Correction pour l'ellipticité de la Terre. — Les tables de propagation sont présen­
tées pour une Terre à symétrie sphérique. Les surfaces d'égales vitesses sont concentriques.
Pour passer au cas de la Terre réelle, il faut tenir compte de son aplatissement. La différence
de hauteur (ôR) entre la surface de la Terre et celle d'une sphère concentrique de même
volume est de — 14 k m aux pôles et de 7 k m à féquateur. Les corrections à apporter
dépendent donc des latitudes de l'épicentre et de la station. Pour ramener les deux extrémités
d ' u n rai situées sur la surface d'une sphère à celle de la Terre, i l faut ajouter (ou retrancher
selon le signe de ôR) une longueur q u i dépend de l'angle d'incidence, donc de la distance
épicentrale. D'autre part les surfaces d'égale vitesse ne sont pas sphériques mais on peut
connaître leur forme dans l'hypothèse de l'équilibre hydrostatique (Chap. 21).
Les corrections seront différentes pour les ondes P et S. Pour les ondes mixtes, o n devra
tenir compte des angles d'incidence et d'émergence. Jeffreys a donné pour la correction
la formule approchée

T f(A) (lu I- h.)

oùf(A) est fonction seulement de la distance épicentrale ; he et sont les hauteurs de l'épi­
centre et de la station au-dessus de la sphère de référence. La formule ci-dessus est applicable
aux phases P, S, PKS, SKS, SKKS, PcP, PcS, ScP et ScS. Pour PKS et SKP les formules
sont respectivement

T f(A) ^he - ^ / K )

et

T f(A) {^^lu + h)j .

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BIBLIOGRAPHIE 319

9. — D E F O R M A T I O N D E S O N D E S PAR L A C R O U T E
ET DES C O U C H E S S U P E R F I C I E L L E S

Lorsque une onde P ou 5, réfléchie sur la surface de la Terre, atteint la base de la croûte,
une part est transmise dans le milieu inférieur et l'autre réfléchie dans la croûte. La différence
de temps entre l'arrivée des ondes directe et réfléchie dépend de l'épaisseur de la croûte, de
la vitesse des ondes et de l'angle d'incidence. La déformation introduite par la croûte est
peu visible sur l'enregistrement, mais l'amplitude spectrale varie par suite de l'interférence
entre les deux ondes.
Lorsque la partie supérieure de la croûte est constituée de couches sédimentaires, surtout
non consolidées, le mouvement du sol est fortement amplifié ( 5 . 5 . 4 ) . L a figure 39 montre
les enregistrements de courte période de deux stations voisines au centre de la France, l'une
à Garchy située sur des couches sédimentaires et l'autre à Crescent sur le granité.

. ' - •.-.,^-^-- r--^•'VÀ•ΛWΛ^WΛ.•'Λv^^,\¾>^^^


CRESCENT --— ·."- · _J™.wv..-,w~s.,- .j»>>>;Î^iiWi>w.v^~

X GARCHY --^'-vwww
^ ^ ^ ^ ^ ^
F i G . 39. — Comparaison de l'amplitude à deux stations voisines, l'une sur des
couches sédimentaires (Garchy) et l'autre sur le granité (Crescent) ; les deux sismo­
graphes ont la même courbe d'amplification. D'après H A Ï , 1963.

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CHAPITRE 12

ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES :


RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX

par

Nelly JOBERT

1. — O B S E R V A T I O N DES V I B R A T I O N S PROPRES

Les périodes propres sont déterminées expérimentalement d'après le spectre


d'énergie d'une longueur suffisante d'enregistrement de gros séismes. Le spectre
présente ( F i g . 1) une succession de pics c o r r e s p o n d a n t principalement aux
différents modes en n d u fondamental, notés respectivement QS„ p o u r les v i b r a ­
tions sphéroïdales et QT„ p o u r les v i b r a t i o n s de t o r s i o n . D u fait de leur resserre­
ment en fréquence, ces différents pics ne sont résolus entre eux que si l'enre­
gistrement contient des trains d'ondes superficielles ayant fait jusqu'à deux
fois au moins le t o u r de la Terre ; le séisme d o i t donc être assez i m p o r t a n t p o u r
que les v i b r a t i o n s , q u i s'amortissent en raison des imperfections élastiques de
la Terre, soient encore au-dessus d u b r u i t de f o n d . Les vibrations de t o r s i o n
apparaissent sur les spectres d'enregistrement de la composante transver­
sale, les v i b r a t i o n s sphéroïdales sur ceux des composantes l o n g i t u d i n a l e
et verticale. Les gravimètres ne sont sensibles q u ' a u x v i b r a t i o n s sphéroïdales.
Les premières observations o n t eu lieu à la suite d u séisme d u C h i l i de 1960 ;
depuis, des observations o n t été faites en différents points d u G l o b e à la suite
de très gros séismes ( A l s o p , 1964 ; B l u m et al., 1964 ; N o w r o o z i , 1965 et 1966 ;
Smith, 1 9 6 6 ; L. B. Slichter, 1967); celles publiées j u s q u ' e n 1968 o n t été
groupées et utilisées par J . S. D e r r (1969) en vue d'une inversion (Chap. 21,
§ 3 . 1 ) ; les observations faites en France à l'aide des pendules P. A . B l u m en
silice fondue o n t été traitées p a r R. G a u l o n (1971, 1972). Les périodes
propres trouvées par ces auteurs sont en accord dans les limites de la précision
obtenue (2 à 3 "/oo), la précision des périodes de t o r s i o n étant meilleure chez
G a u l o n par suite de l ' u t i l i s a t i o n systématique d'appareils h o r i z o n t a u x . Dans
cette étude, le c o m p o r t e m e n t a n o r m a l de certains pics n o n séparés malgré

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ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES

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OBSERVATION DES VIBRATIONS PROPRES

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324 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES

le n o m b r e d'observations est attribué au couplage dû aux effets conjugués de


la r o t a t i o n et de l'ellipticité ( S ' j g - r j o , C h a p . 8, § 4 . 2 ) .
L a structure fine des pics des modes les plus graves (n = 2 et H = 3) a p u
être mise en évidence p a r des analyses spectrales de séries très longues, de
plus d'une dizaine de j o u r s (Benioff et al., 1961) ; les positions des 2 n + 1
lignes spectrales d u m u l t i p l e t sont en accord avec la théorie a u premier ordre
de l'effet de la r o t a t i o n de la Terre, et leurs amplitudes relatives avec celles
résultant d'une source brusque ( F i g . 2). Pour ces modes, la présence de m u l t i ­
plets cause un élargissement apparent des pics si la résolution n'est pas suffi­
sante p o u r séparer leurs composantes ; d'où la nécessité d'une très grande
résolution si o n veut mesurer le facteur de qualité Q d'après la largeur relative
Ασ/σ d u pic spectral ; p o u r les ordres élevés ce n'est plus nécessaire.

- 2 - 1 0 1

1=?
ISABELLA
T = 16000 MIN 1

\
300

1
1

n
\ A i\ /
•1/
l\ i
A/V /'
1
/

V! ί
A.
Ο.ΟίϋΟ 0.01S2 00!8·ί 0.0136 COIOB O.O'SO 0.0132
Fréijfue-nce en cyc/es ^ar" m/nu/'ί'

FiCi. 2. — Intensité spectrale du séisme du Chili du 22-05-1960, observé par Beniojf,


Press et Smith ; les flèches indiquent les amplitudes théoriques p o u r le multiplet de
la vibration sphéroïdale )/ ^ 2. D'après C. L . PEKERIS et al., 1961.

L'évolution de l ' a m p l i t u d e d ' u n pic déterminé p o u r des séries décalées dans


le temps permet aussi la mesure de Q ( F i g . 3) ; p o u r les modes les plus graves,
des précautions doivent être prises ( L . E. A l s o p et al., 1961) en raison des
variations d ' a m p l i t u d e dues aux battements entre les composantes spectrales
du multiplet.
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OBSERVATION DES VIBRATIONS PROPRES 325

F I G . 3 . — Amortissement du pic spectral de la vibration sphéroïdale oSg.


D'iiprès L. B. SLICHTER et al., 1 9 6 1 , J G R , p. 6 2 8 .

Le tableau ci-dessous donne quelques valeurs d u facteur de qualité :

I! \ 2 3 5 8 9 10 12 18 22.
, I

Qs '350-370 380 366 280 170 i

Qr 300 250 200 < 200

Des valeurs en accord avec ce tableau o n t également été publiées par Connes
et al. (1962), N o w r o o z i (1968), A b e et al. (1970) ; p o u r le premier h a r m o ­
nique ,5„ N o w r o o z i trouve une valeur de 180 p o u r n entre 3 et 7.
La décroissance de Q p o u r le mode fondamental lorsque n augmente, c'est-à-
dire quand la profondeur intéressée par la v i b r a t i o n d i m i n u e , confirmée par
les résultats relatifs aux ondes d u manteau, indique une croissance avec la
profondeur d u facteur de qualité intrinsèque Qp des matériaux terrestres, si
on le suppose indépendant de la fréquence.
D u fait de leur excitation, faible relativement au mode fondamental p o u r un
séisme superficiel, les pics correspondant aux harmoniques sont difficiles à
mettre en évidence. Les séismes profonds exceptionnellement forts de Pérou-
Bolivie d u 15 août 1963 ( A l s o p et Brune, 1965) et de C o l o m b i e d u 31 j u i l l e t
1970 (R. G a u l o n , 1971, 1 9 7 2 ; D r a t l e r et al., 1971) o n t favorisé l'étude des
harmoniques. I l est difficile de les identifier par leur période seule à cause d u
voisinage de plusieurs pics d'harmoniques différents ; o n les caractérise aussi
par les rapports théoriques des amplitudes des composantes verticale et l o n g i ­
tudinale, et par un facteur d'amortissement lié à la c o n t r i b u t i o n plus o u m o i n s
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326 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES

grande de la rigidité dans l'énergie élastique de v i b r a t i o n . U n g r a n d progrès


a été réalisé dans l'étude de D r a t l e r et ai, les spectres de séries commençant
plus de 20 heures après le séisme m o n t r a n t la présence, au-dessus des pics d u
fondamental déjà a m o r t i , de pics correspondant à certains harmoniques p a r m i
lesquels des modes radiaux ,5o (/ de 2 à 6), d o n t le facteur Q mesuré est de
Tordre de 1 000, et ,5Ί (/ de 4 à 10) avec u n facteur Q de plusieurs centaines.
Les périodes propres de ces modes sont relativement sensibles aux propriétés de
la graine, et o n t été utilisées p o u r en préciser la rigidité ( D z i e w o n s k i , 1971).
Pour des ordres n d u mode fondamental dépassant 50, les effets des hétéro­
généités latérales prennent une importance relative telle que les pics deviennent
brouillés dans le spectre en une station ; les périodes propres correspondantes
peuvent encore être trouvées par le principe d'interférence constructive appliqué
à la v a r i a d o n de la phase des ondes superficielles p o u r un t o u r de Terre ;
les périodes trouvées dépendent des régions traversées par le grand cercle
passant par la stadon et l'épicentre, de même que la vitesse de phase corres­
pondante C = 2 παΙ(η + 1/2) T.

1 10 100 1000 10000


Γ.3.

FIG. 4 a. DispL'r.sion des ondes de Rayleigh. D'après OLIVER, 1962.

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OBSERVATION DES ONDES SUPERFICIELLES 327

2. — O B S E R V A T I O N DES O N D E S SUPERFICIELLES

L a figure 4 m o n t r e les courbes de dispersion (vitesse de groupe et vitesse


de phase) obtenues p o u r le mode f o n d a m e n t a l . O n y distingue deux domaines
de périodes.

2.1. — Ondes dites du manteau (T > 60 s). — Ces ondes o n t une l o n ­


gueur d'onde assez grande p o u r être peu influencées par les structures superfi­
cielles ; leur c o m p o r t e m e n t dépend des propriétés d u manteau ( d u manteau
supérieur p o u r les premiers ordres).
L'ordre k des ondes superficielles q u i o n t p a r c o u r u sur une distance Δ,^ la
Terre dans u n sens o u dans l'autre est défini ainsi : soit AQ\Q. petit arc, Δ^ le
grand arc ; l'onde d ' o r d r e 2 k + l a p a r c o u r u Δρ + k x 360", l'onde d'ordre
2k + 2a p a r c o u r u z l i + Â; x 360".
Lors d u séisme de M o n g o l i e d u 4 décembre 1957 (Toksôz et Ben M e n a h e m ,
1962) les ondes de Rayleigh o n t p u être observées jusqu'à R^^.

m ττπ

7,0

6,0 / Vibrationsx .
propres

5,0

rA-,0

I
i:5
3.0

2,0

1,0

10 100 1000 10000


7:5.

F I G . 4 b. Dispersion des ondes de Love (ib.).


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328 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES

Les vitesses sont mesurées en c o m p a r a n t les phases et les groupes d'ondes


(Chap. 8, § 3.4) correspondant à des passages successifs dans le même sens en
une station. I l est nécessaire de leur faire subir u n filtrage variable dans le
temps (Toksôz et A n d e r s o n , 1966) p o u r séparer entre les diflFérents ordres, q u i
interfèrent, dès que l'ordre augmente, en raison de l'étalement des trains.

a) Ondes de Rayleigh. — Les trains d ' o r d r e 2 et 3 (et même 1 si Δ est assez


grand) sont caractérisés ( F i g . 5) p a r un aspect de dispersion inverse. Ensuite,
p o u r les ordres plus grands, prédomine une phase d ' A i r y d ' e n v i r o n quatre
minutes de période, avec une vitesse de groupe m i n i m a l e voisine de 3,6 km/s.
L a vitesse de phase observée p o u r les périodes plus longues rejoint celle q u ' o n
peut tirer des vibrations sphéroïdales observées, et i l en est de même des
ondes de Love et des vibrations de t o r s i o n (Brune et al., 1961).

10 m i n .
F I G . 5. — Onde R, du .iéisme de l'Ouganda du 20-03-1966,
enregistrée à Villiers-Adams (A = 6 0 1 3 k m ) .

D o r m a n , E w i n g et Oliver o n t montré dès 1960 qu'une couche à faible vitesse


était nécessaire p o u r expliquer le m i n i m u m de la vitesse de groupe.

Λ) Ondes de L o v e . — Lors de grands séismes, l'onde de Love enregistrée à


grande distance prend la forme d'une ondelette de grande a m p l i t u d e ( F i g . 6),

5min

FiG. 6. — Ondes G du .séisme du 12-03-1966 (Taiwan, zl - 10 459 k m )


enregistrées à Moulis.
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OBSERVATION DES ONDES SUPERFICIELLES 329

dont la période apparente est de l ' o r d r e de 3 ran : c'est l'onde G de G u t e n b e r g .


Sa vitesse de p r o p a g a t i o n est de 4,4 km/s. O n peut observer une onde G d'or­
dre 1, p o u r des séismes plus faibles, si le trajet direct est océanique. Sa période
apparente est alors de l ' o r d r e de la minute.
La forme concentrée de l'onde est due à l'aplatissement de la courbe de
dispersion (vitesse de groupe), plus marqué p o u r les ondes de Love océaniques
que p o u r les ondes condnentales : p o u r les premières, le palier se situe entre
25 et 300 s au lieu de 120 et 300 s p o u r les dernières.

c) Effets de régionalité. — L'influence de la croûte devient prépondérante


pour des périodes inférieures à 120 s p o u r l'onde de L o v e , 70 s p o u r l'onde de
Rayleigh ; p o u r les ondes d u manteau o n s'est aperçu ( T o k s o z et Ben M e n a h e m ,
1963) que les vitesses de phase et de groupe diffèrent suivant le grand cercle
parcouru. Les différences peuvent atteindre 3 "/oo, les vitesses les plus élevées
étant obtenues, p o u r les ondes de Love, p o u r les trajets apparemment les plus
océaniques. Le manteau sous la croûte présente donc, sur plusieurs centaines
de kilomètres de p r o f o n d e u r , des variations latérales de structure. O n y distingue
souvent océans, boucliers et régions tectoniques. M a i s D z i e w o n s k i (1970)
remarque que la régionalité des structures profondes p o u r r a i t être différente
de la régionalité des structures plus superficielles. Dziewonski udlise les ondes
de Rayleigh entre 150 et 300 s p o u r caractériser ces structures. K a n a m o r i (1970)
trouve des résultats différents p o u r les périodes inférieures à 200 s. Les disper­
sions q u ' i l donne p o u r les ondes de Love sont voisines de celles de T o k s o z et al.
(1966) avec une différence moins marquée entre océans et boucliers. Les

10 100 1000
P e'riode.sec

F I G , 7. — Variation du facteur de qualité Q, en fonction de la période.


D'après ANDERSON et al., 1 9 6 4 .

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330 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES

modèles régionaux correspondant aux dispersions trouvées sont discutées


au chapitre 2 1 (§ 3.5).
d) Amortissement. — Le facteur de qualité Q condnue à décroître avec la
période, à p a r t i r de valeurs voisines de celles trouvées p o u r les v i b r a t i o n s
propres, g/, p o u r les ondes de Love restant inférieur à p o u r les ondes de
Rayleigh. Ben M e n a h e m (1965) trouve entre 50 et 150 s ρ^. ~ 105 et ~ 145.
Entre condnents et océans n'apparaissent pas de différences systématiques.
K a n a m o r i (1970) trouve des valeurs q u i d i m i n u e n t de 180 à 125 p o u r entre
300 et 180 s, et des valeurs de de l'ordre de 110 entre 300 et 100 s, plus faibles
que celles de Ben M e n a h e m et A n d e r s o n et al. (1965). Les résultats de Tsai et
A k i (1969) m o n t r e n t u n m a x i m u m de g ^ vers 25 s, et un m i n i m u m de l ' o r d r e
de 100 vers 100 s.
L a figure 7 résume un ensemble d'observations d u facteur Q p o u r des ondes
superficielles et des vibrations propres.

2.2. — Ondes de la croûte ( Γ < 60 s). — Ces ondes o n t un c o m p o r t e m e n t


très différent suivant le trajet p a r c o u r u , et l'apparence de leurs courbes de
dispersion permet de les grouper en deux grandes catégories (Fig. 4), suivant
que leur trajet est océanique o u continental. En effet dans ce domaine de périodes,
l'effet de la croûte (et, éventuellement, celui de la couche d'eau q u i la recouvre)
devient prépondérant ; cependant l'effet d u manteau supérieur, et surtout
d u m i l i e u immédiatement sous la croûte est encore i m p o r t a n t , d'où des g r o u ­
pements régionaux dans chacune des deux catégories.
Depuis dix ans, u n très grand n o m b r e d'observations o n t été faites et inter­
prétées quantitativement. Les résultats sont obtenus soit localement en u t i l i ­
sant plusieurs stations ( K n o p o f f et ai, 1966 ; Savarensky et al., 1969 ; G . Payo,
1970 ; James, 1971), soit en disdnguant des régions tectoniquement caracté­
ristiques traversées, à p a r t i r des dispersions globales sur u n grand n o m b r e de
trajets assez longs (T. Santô, 1966 ; Saito et ai, 1966).
Santô, commençant par l'Océan Pacifique, a défini une dizaine de types de
dispersion (vitesses de groupe) se classant p a r vitesses décroissantes des plus
océaniques aux plus continentales. L a figure 8 résume l'ensemble de ses résul­
tats. O n y distingue en particulier de grands bassins océaniques (0) tectonique­
ment stables (devenus région F de la classification de Brune (1969)) et des
zones anormales (A, B o u C ) le l o n g des crêtes médio-océaniques (région G
de Brune). E n réahté, les courbes intermédiaires de Santô ne correspondent
pas bien à des régions de structures tectoniques bien séparées telles q u ' o n les
connaît actuellement. Saito et al. (1966) o n t continué l'étude des régions d u
Pacifique en interprétant les dispersions régionales en termes de structure de
la croûte et d u manteau.

a) Ondes de Rayleigh. — Les ondes de Rayleigh océaniques sont carac­


térisées par de longs trains d'ondes à période presque constante ( F i g . 9) ; cet
aspect est dû à la pente très grande de la vitesse de groupe ( F i g . 4, § 2.1) ;
si le trajet est assez long, les appareils à période relativement longue enre-
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VIBRATIONS PROPRES

gistrent ( F i g . 10) une arrivée i m p u l ­


sive correspondant à un m a x i m u m de
vitesse de groupe de 4 km/s, la courbe
de dispersion océanique rejoignant vers
40 s de période celle relative aux ondes
d u manteau. L a vitesse de phase corres­
pondante ( F i g . 11) est presque cons­
tante, la dispersion dans ce d o m a i n e
étant commandée p a r la minceur de la
croûte océanique ; à plus courte période,
la très grande dispersion est due au
contraire presque uniquement à la
présence de la couche d'eau des océans ;
c'est dans ce dernier domaine que se
distinguent les types F et G cités plus
haut.
En ce q u i concerne les continents,
la figure 4 d u paragraphe 2 . 1 m o n t r e
que la dispersion n'est pas très grande ;
la vitesse de groupe passe p a r u n m i n i ­
m u m vers 20 s ; la branche à courte
période correspond à des ondes dites
Rg caractéristiques d'une propagation
continentale. L'épaisseur de la croûte
déduite des courbes de dispersion, est
sauf exceptions, de 30 à 40 k m . Sur la
figure 11 o n t été portées les vitesses
de phase observées p o u r des régions
particulièrement caractéristiques ; elles
sont beaucoup plus variables avec les
régions que p o u r les océans. O n y
distingue, caractérisés p a r de grandes
vitesses de phase et de groupe, les b o u ­
cliers, les régions centrales des c o n t i ­
nents à vitesse u n peu plus faible, et les
régions « alpines » (type D de Brune)
où la vitesse de phase augmente moins
vite avec la période (donc où la vitesse
de groupe est relativement faible), q u i
correspondent à une grande épaisseur
de croûte et à u n manteau supérieur
lent. Deux autres types, de vitesses
intermédiaires, peuvent être également
distingués.

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OBSERVATION DES ONDES SUPERFICIELLES 333

ANDREANOF ISLANOS

FIG. 1 0 . — Enregistrement de Tonde de Rayleigh (composante verticale, Suva,


Fidji) du séisme des îles Andreanof du 2 2 - 2 - 1 9 5 8 ; A ^ 1 (,ΐΐ k m . D'après K u o et
al, B u l l . Seism. Soc. A m . , 1 9 6 2 , p. 333. Les auteurs o n t matérialisé la ligne
moyenne, à travers les oscillations à courte période p o u r faire apparaître la branche
à dispersion inverse.

i , il,

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• Espagne

j
• Arides Japon
• Alpes, S-S
• Alpes, S - β
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* *
v i b r a t i o n s propre.'î
I Ll I I I I I I I I 1 ' ' I
3 0 4 0 5 0 GO

F I G . I I . — Exemples de courbes de dispersion pour les ondes de Rayleigh de courte


l>ériode. E n ordonnées : vitesse de phase en km/s, en abscisses : période en secondes.
D'après J . DORMAN, 1 9 6 9 .

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334 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES

Le tableau ci-dessous (Brune, v o i r aussi celui d u chapitre 10, § 14.3) résume


les traits p r i n c i p a u x des modèles correspondant aux diflFérents types :

Vitesse
moyenne
Epaisseur Vitesse
dans le
i Modèles de la moyenne
manteau
croûte croûte
1 supérieur jus­
1 qu'à 125 k m

Modèle C A N S D ,
(Brune et D o r m a n ,
A. Boucliers 1963) 35 k m 3,72 km/s 4,70 km/s

C. Bassins (Smith, 1962) 30 3,27 4,40

S P L A N 50,
D. Alpin ( K n o p o l T e / al, 1966) 55 3,75 4,28

j E. G r a n d arc insu­
laire 6 EJ ( A k i , 1961) 30 3,44 4,34

F. Bassin océanique Océan Pacifique,


profond (Saito et al., 1966) 11 3,80 4,48

G. Crête médio-océa-
nique peu profon­ Islande,
de (Tryggvason, 1962) 10 3,2 4,30

b) Ondes de Love. — L a couche d'eau n'intervenant pas, la dispersion des


ondes océaniques est commandée uniquement par la minceur de la croûte
et la vitesse dans le manteau supérieur. Les vitesses de groupe atteignent très
rapidement, vers 20 s, le palier de 4,4 km/s, la l i m i t e étant plus faible p o u r les
crêtes médio-océaniques à manteau supérieur plus lent.
Pour les continents, la vitesse de groupe varie d ' e n v i r o n 3,2 km/s vers
15 s à 4,4 km/s vers 100 s. Des ondes dites L^, de 0,5 à 12 s de période, se p r o ­
pageant avec une vitesse voisine de 3,5 km/s, et caractéristiques d ' u n trajet
continental sont attribuées plutôt à u n mode supérieur. Les variations régio­
nales de la dispersion sont aussi importantes que pour les ondes de Rayleigh,
avec des vitesses plus élevées p o u r les boucliers et plus faibles p o u r les régions
montagneuses tectoniquement instables. L a figure 12 m o n t r e les vitesses
de phase de l'onde de Love p o u r quelques trajets caractéristiques.
<•) Ondes PL. — O n peut espérer obtenir avec l'onde PL des renseignements indépen­
dants de ceux q u i proviennent des ondes superficielles, lesquelles sont sensibles à la vitesse
des ondes 5. En effet, dans certains domaines, l'onde PL est plus sensible à la vitesse des
ondes P.
L'onde PL est observée à distance relativement courte pour des trajets océaniques (Chap. 8,
§ 2.6) et pour des trajets continentaux (Oliver, 1964). Le mode fondamental est bien observé
jusqu'à des périodes de l'ordre de la minute si le trajet est assez homogène, et sa dispersion
est utilisable pour déterminer l'épaisseur de la croûte ( I b r a h i m , 1969). Cet auteur observe

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OBSERVATION DES ONDES SUPERFICIELLES 335

L A
— —

5.0

....
y
TT
• •

΀
4.5 - • ^

· •= Boucliers
•Intdescontinenta
' " ^ ^ " - ^ • Trana. U.S.
— • Gr'^corcles
' 1
4 . [•) /Courbet
régionales

30 4Π 80 IGD 200 300

F I G . 1 2 . — Exemples de courbes de dispersion pour les ondes de Love.


D'après J . DORMAN, 1 9 6 9 .

aussi des trains à plus grande vitesse et plus courte période, suivant la phase PP, q u ' i l inter­
prète comme des harmoniques d ' u n type désigné par PLHI, déjà étudiés par Su et
Dorman ( 1 9 6 5 ) .
D'autres études sur la dispersion des P L utilisent les oscillations de période 2 0 à 8 0 s q u i
suivent communément l'arrivée des 5 : P L ( S ) ( F i g . 1 3 ) . Ce sont les ondes Ctj étudiées par

PL(S)
RIO 25MAY60 LQ
i

0 8 4 U ..

F I G . 1 3 . — Enregistrement à Rio de Janeiro d'un séisme du Sud du Chili,


25 mai 1 9 6 0 . A = 3 4 " 6 6 . D'après Su et DORMAN, 1 9 6 5 .

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336 ONDES GUIDÉES. VIBRATIONS PROPRES

Caloi (1955). Suivant Oliver (1961) ce sont des ondes PL excitées dans la croûte par une
arrivée d'ondes 5 remontant d u manteau à faible distance de la station ; o n peut alors étudier
localement la vitesse de phase des PL à l'aide de la vitesse de groupe observée et de la courbe
de propagation des S (Su et D o r m a n , 1965). U n couplage PL(SS), PL(SSS),... est possible.
Par comparaison avec des sismogrammes synthétiques basés sur cette méthode, Chander
et al. (1968) trouvent des vitesses de phase d'ondes PL pour les boucliers baltique et canadien,
la plateforme russe, les Etats-Unis et le Nord-Ouest de l'Océan Atlantique ; les différences
relatives peuvent être expliquées par les différences de structure de la croûte dans ces régions.

2.3. — Effets d'une couche d'eau. Cause et propagation de l'agitation micro-


sismique générale. — L ' a g i t a t i o n microsismique générale (9.9) est d'origine
météorologique. Son lien avec les situations dépressionnaires, en particulier avec
les cyclones t r o p i c a u x , a été entrevu depuis longtemps. Vers 1940 Ramirez
à Saint Louis, B e r n a r d à Paris, o n t montré que les tempêtes microsismiques se
composaient essentiellement d'ondes superficielles progressives ( C o u l o m b ,
1956). L a comparaison d'enregistrements superficiels et profonds (9.9),
l ' u t i l i s a t i o n des grandes nappes de sismographes (9.7) et l'usage de modèles de
b r u i t (aléatoire, stationnaire et gaussien dans ( H a u b r i c h et M c C a m y , 1969)) o n t
montré : la prépondérance d'ondes de Rayleigh d u mode fondamental avec u n
spectre étroit concentré vers 6 o u 7 s, q u i donne aux enregistrements un
aspect de groupes successifs, la présence de modes supérieurs correspondant
à des périodes plus courtes, et celle d'ondes de Love en p r o p o r t i o n i m p o r ­
tante, au moins p o u r les sources côtières. Des ondes de volume sont aussi
observées. L a forme des ondes de Rayleigh peut renseigner sur l'épaisseur
des sédiments (Lee, 1932, 1934).
L'idée que les microséismes sont dus aux vagues a été exprimée par W a l k e r
dès 1913. L a pression décroît exponentiellement avec la p r o f o n d e u r sous les
houles progressives. M a i s M i c h e a montré en 1944 que sous une houle sta­
tionnaire
ζ ~ a cos/v cos pt

il reste, à une p r o f o n d e u r où la v a r i a t i o n d'ordre a est devenue négligeable,


une v a r i a t i o n de pression - ^ a' p' p' cos 2 pt (p étant la densité de l'eau
supposée incompressible). E n 1950 Longuet-Higgins considère une d i s t r i b u ­
t i o n de vagues irrégulière mais d o n t o n puisse extraire des composantes d ' a m ­
plitude coinparable se propageant en des sens opposés. Le terme de pression
découvert par Miche est alors présent à quelques dizaines de mètres de p r o ­
fondeur ; de là j u s q u ' a u f o n d la propagation fait intervenir la compressibilité
de l'eau, sans altérer le doublement de fréquence. Les variations de pression
engendrent les ondes de Rayleigh, auxquelles s'ajoutent les ondes de Love si
le fond est irrégulier.
Les interférences de la houle nécessaires à la f o r m a t i o n d'ondes stationnaires
se produisent, comme l'avait v u Bernard, dans deux circonstances : par réflexion
de la houle sur l a côte, et p a r convergence des vents dans u n cyclone o u une
dépression mobile. Le doublement de fréquence a été observé directement
sous les cyclones (à 5,7 k m de p r o f o n d e u r par L a t h a m et al. (1967)) et près
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BIBLIOGRAPHIE 337

des côtes (à 200 k m , la p r o f o n d e u r étant 3,9 k m par L a t h a m et N o w r o o z i ,


1968).
Les ondes de Rayleigh ainsi produites et guidées dans la couche d'eau
(Chap. 8, § 2 . 6 ) , sont constituées de groupes q u i tendent à prédominer au cours
de la p r o p a g a t i o n , et d o n t la période dépend de la p r o f o n d e u r de la mer et de
la nature d u f o n d . U n modèle schématique de couche d'eau sur u n d e m i -
espace homogène (Press et E w i n g , 1948) donne p o u r la vitesse de groupe d u
premier h a r m o n i q u e un m a x i m u m et un m i n i m u m voisins, en b o n accord
avec les observations. Des particularités analogues apparaissent sur la disper­
sion des modes plus élevés, et i l leur correspond dans le milieu considéré un
maximum d'excitation (Longuet-Higgins, 1950). A b r a m o v i c i (1968, p. 443
et 444) publie des courbes de dispersion p o u r u n modèle avec deux couches,
entre la couche liquide et le demi-espace, où o n v o i t p o u r le deuxième h a r m o ­
nique de l'onde de Rayleigh un palier de vitesse de groupe se situant bien dans
le domaine considéré ci-dessus. La propagation sur la partie continentale serait
analogue à celle des Rg o u L^.

2.4. — Ondes T. — Les ondes T sont u n autre exemple d'ondes guidées


par l'océan, mais dans un guide beaucoup plus superficiel : d u fait de la d i m i ­
nution de température dans la mer quand on s'enfonce, et de l'effet de pression
qui est en sens inverse, la vitesse d u son passe par u n m i n i m u m vers I k m de
profondeur. I l en résulte une canalisation très eflîcace des ondes P sur des
trajets océaniques, avec une vitesse voisine de 1,5 km/s (Shurbet, 1955). Elles
peuvent se réfléchir sur les talus conUnentaux, mais la façon d o n t l'énergie
du séisme entre dans le guide est encore mal connue ( A u b r a t , 1963).

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CHAPITRE 13

MODÈLES MATHÉMATIQUES
DE FAILLES SISMIQUES

par

Georges J O B E R T

1. — INTRODUCTION

L a détermination des mécanismes agissant au foyer des séismes est u n


des objectifs fondamentaux de la sismologie. Elle est évidemment essen­
tielle à la compréhension d u phénomène lui-même et à la mise en évidence
de schémas typiques de l'évolution des contraintes dans une région
donnée, schémas interprétables avec les conceptions géodynamiques
actuelles (voir tome I I ) . Elle est également intéressante p o u r une étude
complète des ondes observées à distance puisque la f o r m e des signaux
dépend des c o n d i t i o n s à la source et peut être utilisée p o u r remonter à
celles-ci.
Les sismologues se sont longtemps contentés de modèles rudimentaires
de sources sismiques, les réduisant à de simples points singuliers p o u r
une solution mathématique (Chap. 5, § 4 . 4 ) . Des modèles plus complexes,
c o m p o r t a n t la p r o p a g a t i o n d'une r u p t u r e , mais présentant parfois un
aspect empirique assez peu satisfaisant, seront indiqués au chapitre 14.
Une autre approche consiste à considérer que les séismes sont p r o d u i t s par
la relaxation brusque de contraintes existant dans le m i l i e u élastique.
Sans entrer dans le détail des phénomènes q u i accompagnent la r u p t u r e
on peut étudier le c h a m p de déformation correspondant a u passage d ' u n
premier état d'équilibre où des contraintes importantes s'exerçaient sur la
future surface de la faille, à un second état où ces contraintes o n t disparu
(partiellement o u en totalité). Cette méthode a été développée en p a r t i c u ­
lier p a r A r c h a m b e a u (1968).
L a surface de r u p t u r e constitue une singularité dans le m i l i e u et i l est
par suite logique de faire appel à la théorie des dislocations, comme l ' a fait
Vvedenskaya en 1956. Rappelons que cette théorie, initialement conçue
par V o l t e r r a en 1907 c o m m e une théorie élastique macroscopique,
s'est transformée avec T a y l o r en 1934 et Burgers en 1939 en théorie des

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342 MODÈLES MATHÉMATIQUES DE FAILLES SISMIQUES

imperfections d u réseau cristallin et a depuis joué un rôle f o r t i m p o r t a n t


dans la physique des solides ( W e e r t m a n et W e e r t m a n , 1970).
Considérons u n séisme q u i a débuté en u n p o i n t F d'une faille interne.
A u n instant ultérieur ce foyer F est entouré d'une aire Σ, surface de
dislocadon, sur laquelle l a faille a déjà joué. Σ peut être considérée c o m m e
une coupure dans le corps élastique complexe T auquel o n peut assimiler
la Terre. E n traversant i7 o u en faisant un t o u r a u t o u r de son b o r d σ, o n n e
trouve plus le même déplacement ( F i g . 1). Choisissons u n sens p o s i t i f
sur σ ce q u i définit u n sens sur la normale à l a surface Σ. D e u x aires élé­
mentaires situées sur chacune des lèvres de Σ et initialement confondues
sont écartées après la r u p t u r e d ' u n vecteur a, appelé vecteur de dislocation
o u vecteur de Burgers. Déterminer le mécanisme d u séisme revient à
déterminer Σ et le c h a m p a ( M , /).

Bo BQ B<

t=o t=t,

Fie;. 1. — Après la rupture, des points A, B initialement placés en regard l'un de


l'autre sur les deux lèvres de la faille, se sont déplacés de façon différente. E n effec­
tuant un circuit γ autour d u bord σ de 27 on obtient u n déplacement différent.

O n suppose souvent que le glissement est instantané et que les lèvres


de la faille se recollent une fois la r u p t u r e p r o d u i t e , de sorte que le vecteur
de Burgers a la forme :

a ( M , t) = &(M).H{t - τ(Μ))

où τ ( Μ ) représente le temps nécessaire à la r u p t u r e p o u r parvenir d u foyer


(où elle se p r o d u i t à l'instant ί = 0) au p o i n t considéré M. A u n instant
donné t, le lieu des points M défini par τ{Μ) = t constitue alors une ligne
de dislocation. O n i n t r o d u i t les notions de dislocation vis et de dislocation
c o i n (Chap. 1, § 4 . 5 ) , correspondant a u x cas les plus simples d ' u n gUsse-
ment parallèle à la ligne de dislocadon :
vis :
a . grad x{M) = 0

ou perpendiculaire à cette direction :


coin :
a = /1 grad x{M) .
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FORMULE DE BETTI 343

Le l o n g des lignes de dislocadon les déformations et les contraintes


présentent des singularités. O n admet généralement que le m i l i e u perd ses
propriétés élastiques dans un petit v o l u m e e n t o u r a n t la surface Σ, mais o n
définit toutefois les c o n d i t i o n s aux fimites que doivent sadsfaire les solutions
de l'équation de l'élasticité sur Σ même.
N o u s allons m o n t r e r que le déplacement p r o d u i t dans le m i l i e u par le
jeu de la faille Σ est identique à celui que p r o d u i r a i t dans u n m i l i e u n o n
faille l ' a p p l i c a t i o n d ' u n système de couples sur Σ.

2. — F O R M U L E D E B E T T I

Considérons u n m i l i e u élasdque homogène occupant u n domaine Ω


limité par une surface fermée fixe S, et deux champs de déplacement u
et u, soludons dans Ω de l'équadon de l'élasticité lorsque le m i h e u est
soumis à des forces de v o l u m e f et f. Soient (τ'·*) et (τ'-') les tenseurs des
contraintes correspondants. O n a p o u r la composante j l'équation :

x'i\i+f'=pa' {E)

et une équation analogue (É) p o u r le c h a m p u, a désignant l'accélération.


En m u l t i p l i a n t les deux membres de (E) par Wy et ceux de (E) p a r Uj et en
soustrayant membre à membre o n obtient :

(τ'^- UJ - τ'^ Uj) I, - {τ'^ Uj |, - τ'' Uj |,) + Γ û, - Γ Uj =

Le m i l i e u étant élastique, o n peut calculer τ (Chap. 4, § 3.8) en f o n c t i o n d u


tenseur des déformations y :

les coefficients élastiques c'^''' sont symétriques en l'absence de couples


répards (§ 3.8 d u chapitre 4) :

et par suite :
T'-^" = C ' ^ > M J , . (2)

Le second terme de ( I ) est n u l . Si les deux champs de déplacement et de


vitesse sont nuls à l ' i n s t a n t i n i d a l (/ = 0) et égaux p o u r t infini, o n obtient
en intégrant (1) p a r r a p p o r t à t u n second membre n u l . Intégrons à n o u -
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344 MODÈLES MATHÉMATIQUES DE FAILLES SISMIQUES

veau dans Ω. L a première intégrale p o r t a n t sur la divergence d ' u n vecteur


se ramène à une intégrale de surface ; o n obtient finalement :

àt {τ'' Uj - τ^' Uj) n^aS + àt (fuj -ruj) àQ = Q

n, de composantes étant la normale unité extérieure de S.


Si sur une partie S' de S les deux champs satisfont une même c o n d i t i o n
aux limites, homogène, liant la contrainte à la surface θ a u déplacement u :

(4)

la c o n t r i b u t i o n de 5" à la première intégrale est nulle. Si S' = S o n obtient


un théorème de réciprocité :

àt Γ Uj άΩ = dt ί Uj άΩ . (5)

Nous i n t r o d u i r o n s les fonctions de Green d u problème en choisissant p o u r


f une force concentrée en u n p o i n t MQ à l'instant ÎQ (to > 0) et s'exerçant
parallèlement à un vecteur de base S J M Q ) , (voir Chap. 4, § 1.1)

Ï{M, t) = ô(t - to) Ô(MMQ) gJMo). (6)

Nous écrirons p o u r le c h a m p correspondant :

Uj{M, t) = Gj{m I MQ, to ; M, t)


τ''(Μ, t) = T'{m I MQ, ÎQ ; M, t) (7)
en faisant ainsi apparaître le p o i n t où s'exerce la force et sa d i r e c t i o n .
Des fonctions de Green G satisfaisant sur 5 la même c o n d i t i o n h o m o ­
gène (4) sont symétriques. Prenons en effet :

f ( M , i ) = .5(i - tO)è{MM'Q)g^{MO).

Avec les notations de (7) i l l u i correspond le c h a m p ;

« , ( M , i) = G / < 7 I M'Q, t'o ; M , 0 .

En p o r t a n t ces expressions dans (5) o n obtient :

G , ( m I M o , ίο ; M'o, t'o) = G,„iq | M'Q, Î'Q ; M o , ÎQ) · (8)

S o i t r i a partie de 5 complémentaire de 5" sur laquelle (4) est satisfaite.


Portons dans (3) les expressions (6) et (7). I l vient :

"m(Wo, ίο) = di f\M, t) G,(m I M o , ίο ; M, t) άΩ +

+ àt ά Σ η ι [ τ ' \ Μ , t) Gj(m \ MQ, ÎQ ; M , i )

- r\m I M o , ίο ; M , i) UjiM, i)] .


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APPLICATION AU J E U D'UNE FAILLE 345

En particulier, si le déplacement étudié se p r o d u i t en l'absence de forces


de volume i l ne reste que la seconde intégrale. U t i l i s o n s encore (2) dans
celle-ci ; i l vient :

M „ ( M o , ίο) = di /ι,[τ·^' Gj{m I M Q , ÎQ ; M , Î ) -

- c'^^' G, I, (m I M o , ίο ; M , i) M / M , Î)] . (9)

3. — A P P L I C A T I O N A U JEU D'UNE FAILLE

N o u s supposerons que la surface S' q u i l i m i t a i t le corps avant la r u p ­


ture est assez éloignée de la faille p o u r p o u v o i r être considérée c o m m e
fixe. Sur S' une c o n d i t i o n homogène c o m m e (4) d u paragraphe 2 est
supposée valable. Après la r u p t u r e , le corps est limité par :

S = S' + Σ* + Σ- ,

et27~ désignant les deux lèvres de la faille Σ


(Fig. 2). Dans le v o l u m e intérieur à S, le dépla­
cement est une f o n c t i o n univalente de ( M , t)
et par suite la théorie précédente et la f o r m u l e (9)
du paragraphe 2 peuvent s'appliquer.
Sur Σ^ la n o r m a l e extérieure à Ω est
n^ = — n ; sur Σ~ elle est n " = 4- n. O n peut
F I G . 2.
écrire :

Wm(Mo, ίο) =

en sous-entendant les arguments des fonctions de Green et en posant :

= u —u b = - θ (1)

a est le vecteur de la dislocation o u vecteur de Burgers, b représente la


discontinuité des contraintes à travers Σ. Les fonctions Gj et G^ |, sont
continues sur Σ. O n admet généralement que la r u p t u r e se p r o d u i t sans
intervention de contraintes extérieures sur la faille. Dans ces c o n d i t i o n s
b = 0. I l reste donc :

uJMp, ίο) = di àXc''"' « , aj G, I , (m | M o , ÎQ ; M , Î ) . (2)

Cette f o r m u l e f o u r n i t l'expression d u déplacement en u n p o i n t en


fonction d u vecteur de dislocation sur la surface Σ. D'après (8) d u para­
graphe 2 o n a ;

G^{m I M o , ίο ; M , ί ) = G^{q \M,t; Mo, to) .


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MODÈLES MATHÉMATIQUES DE FAILLES SISMIQUES

C'est aussi d'après (7) d u paragraphe 2 la composante d'indice m d u


déplacement en (MQ, ÎQ) causé par une force de la forme (6) d u para­
graphe 2 agissant au p o i n t (M, t) parallèlement à g,(A/). Si en deux points
infiniment voisins Λ/ et M + Δα g , ( M ) agissent en sens opposés deux
forces de ce type, de grandeur Ι/Δα, le déplacement résultant est donné
par :

G, \,(m I Mo, to ; W, 0 •

Le déplacement (2) peut donc être considéré comme p r o d u i t p a r de tels


couples d o n t la densité sur la surface Γ par unité de temps est :

M"' = c'"' rii aj(M, t) . (3)

Le m o m e n t résultant de ces couples est n u l à cause de la symétrie des


coefficients élastiques ( F i g . 3 « ) .
E n t o u t p o i n t A/ de 2" la matrice symétrique d'éléments Μ'" admet

FiG. 3.

a) Aux neuf éléments Mç/r de la


matrice correspondent trois systèmes
de trois doubles forces. Compte tenu de
la symétrie de JC o n peut les grouper
en 3 couples sans m o m e n t portés par
les axes (par exemple M^^, — M ^ ^ j
et en 3 doubles couples, par exemple
( M ^ i , — M ^ i ) ( M 12, ^ M12).
b) En choisissant pour trièdre local
celui des directions principales de JL
on a simplement trois couples sans
moment.
(b)

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APPLICATION AU J E U D'UNE FAILLE 347

trois directions principales orthogonales (g/). Dans le trièdre correspon­


dant à ces directions, la matrice devient diagonale. E n deux points i n f i n i ­
ment voisins portés p a r un tel vecteur propre g,, les seules forces n o n
nulles sont elles aussi portées par et sont donc sans m o m e n t ( F i g . 2>b).
Si le milieu est anisotrope, les axes p r i n c i p a u x de JL sont quelconques
par r a p p o r t aux directions de la normale à Γ et d u vecteur de dislocadon.
Par contre si le m i l i e u est isotrope, o n a :

λ et μ étant les coefficients de Lamé (Chap. 4, § 3.4). Par suite :

M"' = la' tii g'*' + μ{η' a" + if cÎ) . (4)

Si la fracture Σ est plane et si le glissement a se fait dans le plan de Σ,


c'est-à-dire s'il n'y a pas d'injection de matière dans la faille, o n a simple­
ment :
M"' = /((// a" + if d) (5)

puisque
a.n = 0 .

Dans le trièdre local unitaire c o n s t r u i t sur a, n, a Λ n, les seuls éléments


n o n nuls de JL sont :

Λ/'^ = Μ^' = μα (a = | a |) . (5 bis)

Les axes p r i n c i p a u x de JL sont donc portés


n
par a Λ n et les bissectrices de l'angle

\
(a, n). Le double couple obtenu est donc
\ /
équivalent à deux doubles forces sans
m o m e n t , orthogonales et à 4 5 " des direc­
tions d u glissement a et de la normale
-y
n àiT, dans leur plan ( F i g . 4).
Si au contraire la discontinuité de dépla­
F I G . 4. — Doubles couples équi­
cement se p r o d u i t normalement au plan de
valents à une fracture dans le cas
la fracture, o n peut construire u n trièdre d'un milieu isotrope quand le glis­
o r t h o g o n a l basé sur cette normale ( p o r t a n t sement est contenu dans le plan de
le vecteur g,) et o n a : la fracture.

M'' = {À + 1μ)α Λ / " = M " = λα .

O n peut interpréter cette d i s t r i b u t i o n comme étant due à trois doubles


forces sans m o m e n t o u à un centre de d i l a t a t i o n {λα) et une double force
sans m o m e n t (2 μα) suivant n.
C o m m e o n le voit dans l'expression d u m o m e n t M"' la n o r m a l e n
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348 MODÈLES MATHÉMATIQUES DE FAILLES SISMIQUES

et le vecteur de dislocation a j o u e n t des rôles t o u t à fait symétriques.


P o u r une source réduite à u n p o i n t , le glissement et la n o r m a l e à la faille
sont donc indiscernables. N o u s étudierons maintenant le cas d ' u n foyer
étendu.

4. — R A D I A T I O N A G R A N D E DISTANCE D ' U N FOYER ÉTENDU

N o u s avons o b t e n u au paragraphe 4 . 4 d u c h a p i t r e 5 l'expression d u


déplacement u causé au p o i n t M à l ' i n s t a n t t p a r l ' a c t i o n d'une force
concentrée à l'origine, excitée suivant la l o i /(/) et parallèle à un vec­
teur k , dans le cas d ' u n m i l i e u indéfini. C'est cette expression que n o u s
utiliserons c o m m e f o n c t i o n de Green car nous supposerons la sur­
face S' rejetée à l ' i n f i n i . Nous examinerons plus l o i n les modifications à
apporter dans le cas où, par exemple, une surface libre est à distance
finie de la faille. En i n t r o d u i s a n t la f o n c t i o n :

je = - tm - np R) H(- t + ns R)IR^ (Il

où H est la f o n c t i o n de Heaviside, o n peut écrire cette expression sous


forme de la c o n v o l u t i o n défit) par la réponse impulsionnelle d u m i l i e u :

4 npu = f * fc(X + /ne (2)


ti'sR-' ô(t - nsR)) + vz~

p étant la densité, v le vecteur unité radial (R = O M = Rv, z = k . R ) .


Nous avons i n t r o d u i t le facteur p parce que dans {E) f est une force par
unité de volume. Surlignons maintenant les transformées de Fourier
par r a p p o r t au temps des fonctions présentes dans (2). En posant :

kps = (onps (3)

(O étant la p u l s a t i o n , o n peut écrire :

d3C
4 npu = /. k(jë + Hs R ' exp(i/cs R)) + vz = 7.4πρΟ

On a :
rnsR
{—t)dtCKp(,i(ijt)/R^
' npR
= [e\p(\ks R) (iks R—ï) — exp(iA;p R) (ikp R — 1)]/ω^ R^.

O n fait ainsi apparaître dans la T . F. de la réponse impulsionnelle une contribution G''


des ondes Λ correspondant au nombre d'ondes/:/- et une contribution G^' des ondes S,
correspondant au nombre d'ondes k.s. Nous nous limiterons ici au calcul d u déplace­
ment à distance grande par rapport aux longueurs d'onde présentes dans le signal,
ce q u i correspond à l'approximation de la théorie des rais. O n a donc par hypothèse
pour les fréquences présentes dans le spectre de / :

kp R> l ksR> l . (4)


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RADIATION A GRANDE DISTANCE D'UN FOYER ETENDU 349

Dans ces conditions, une valeur approchée des expressions précédentes s'écrit :

GP = [(kl\k,.) - v z ] IniR) (5)

Gs [kR — vz] /is(R) (6)

avec :
4 nphr.s — np,s exp(iA;',.v R)IR- . (7)

Si l'axe k correspond à la troisième coordonnée o n peut écrire avec les notations


de (7) d u paragraphe 2 :

G(3 I 0,0 ; M, t) = G(OIVI, OJ, k) exp(— \o>t) do


In

que l ' o n peut généraliser en :

Gifl \M.t- Mo, /o) = ~- G(.VfMo, OJ, g,) e x p ( — icX/o — t))doj. (8)

Compte tenu de (8) d u paragraphe 2, la quantité à calculer est :

Γ
df dlMir G.,U/ \ M, t; M » , t„) . (9)

O n voit que la T . F. u de u est donnée en fonction de la dérivée G,r = X/cx'' par :


• + X
dî exp(ii'ji) dXM"' G,r(MMo,w, g,). (10)

On a :

C ' ' ( M M „ , OJ, g,) = [g„/iA:/. - r Vv, R] h,.

G«(IVIMo, OJ, g,) - [/{g, — V f , R] hs .

Remarquons que :

R,r ••• — Vr , (RV).r - — gr , (Rv„),r = — i V . (11)

en supposant le trièdre (g) cartésien.

D'autre part, à l ' a p p r o x i m a t i o n retenue, en dérivant par rapport à R

(R'" hi;s)' ~ iR'" k,.,s h,',s .

O n obtient finalement :

G^r = - (Vr g , + V, g , + v g „ + vv, V, i/cp R) hp (12)

Gf, = ( v , g , - V, g , iRfcs + v g , , + vv, V, \Rks) hs • (13)

Si le milieu est isotrope et si la surface de rupture est plane, en prenant la normale


à Σ comme axe des z (q 3), o n a :

Ml' Xg"'(a. n) -|- nig^ a" + g'i, a')


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MODÈLES MATHÉMATIQUES DE FAILLES SISMIQUES

et par suite, toujours à la même a p p r o x i m a t i o n :

Mir G!^. - — v [ ; . ( a . n ) i 2 //(n.v) (a. v ) ] ikp Rhr

Ml' G% /'(2 V ( n . V ) ( a . V ) — a ( n . v ) — n ( a . v ) ) iA.s Rh.s .

Introduisons le rapport des indices : 7 ~- «p/ns. O n peut mettre la première expres­


sion sous la forme :

Μ·" G^r -- v(A:p[(l — 2 n - 2 γ'-(η.\) v ] a) exp(i kr Λ)/(4 inR) . (14)

O n a de même :

MvrGfr = — A - . s [ 2 v ( n . v ) ( a . V ) — a ( n . v ) — n ( a . v ) ] X exp(iAr.s Λ)/(4 Ι π Λ ) . (15)

Nous supposerons que les dimensions de Σ sont petites devant la distance de M


à cette surface. Soit O un point particulier de Σ tel que : O M , , R„ VQ, O M = d ;
pour le point M de Γ on peut écrire :

M M » = «V - «0 Vo —d

Λ = /?ο —d.v (16)

en négligeant les termes d'ordre supérieur en | d [//ÎQ- O n peut se limiter dans les
expressions précédentes à remplacer v par Vo et R par (16) dans les exponentielles
seulement. Par la suite nous supprimerons les indices 0.

N o u s supposerons de plus que la surface plane Σ ne dépend pas d u


temps et que seul le vecteur de dislocadon a en dépend. O n v o i t dans
ces conditions, en p o r t a n t (14) et (15) dans (10), que :
a) ΰ*" est bien r a d i a l (en première a p p r o x i m a t i o n ) ; son a m p l i t u d e est
donnée par :

Μ'" = ((1 - 2 7') n + 2 y ' ( n . v ) v ) kp{exp(ikp R)/4 inR) x

dIâ{M, ω) e x p ( - \kp d . v ) (17)

à étant la T . F. de a.
b) est transversal (en première a p p r o x i m a t i o n ) , c'est-à-dire perpen­
diculaire au r a y o n m o y e n O M o - O n peut le décomposer en un vecteur
parallèle au plan de faille :

u? = ksin.v) ^^P('^s^) ί dlâexp(- ik^d-v) (18)


" 4 ιπΚ J 2·

et une composante contenue dans le plan perpendiculaire à la faille


contenant le rayon vecteur :

ûi = kJn - 2 v ( n . v ) ] ^^P^l^s^) ( v . f d l â e x p ( - i/cj d . v ) ) . (19)


4 ιπΚ \ J Σ '
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PROBLÈME INVERSE 351

Supposons maintenant que le vecteur a ait une direction constante ag


sur la surface Σ. O n v o i t d'après (17) que l ' a m p l i t u d e de l'onde l o n g i t u d i ­
nale est p r o p o r t i o n n e l l e à :

(1 - 2 y 2 ) n . a o + 2y\n.x) {ao.\).

Pour une faille sans séparation des lèvres, le déplacement est n u l (en
première a p p r o x i m a t i o n ) dans deux plans, l ' u n perpendiculaire au glisse­
ment, l'autre c o n f o n d u avec le plan de faille. O n obtient les mêmes plans
nodaux que pour une source p o i n t . Les expressions (18) et (19) m o n t r e n t
que le déplacement est n u l p o u r des points situés dans le plan de faille
et que la composante est nulle dans le p l a n perpendiculaire au glisse­
ment.
V u la forme des relations (17), (18), (19) la détermination d u c h a m p d e
déplacement p o u r différents modèles de faille n'est pas aisée et le passage
au calcul numérique est le plus souvent nécessaire dès le début. M o s k -
vina (1969) a traité de la sorte plusieurs modèles de r u p t u r e d'une faille en
supposant que le glissement avait une d i r e c t i o n fixe dans le p l a n de la
faille et que la r u p t u r e s'effectuait avec une vitesse constante (prise égale à
0,9 fois la vitesse des ondes S) dans ce p l a n à p a r t i r d u foyer F. Elle
a examiné en particulier l'influence de l a f o r m e de la surface Σ (cercle,
carré, rectangle, centrés sur F, rectangle avec F sur u n petit côté) sur les
figures de rayonnement à grande distance. Les figures correspondant à
une propagation bilatérale (sources centrées sur F) ne diffèrent pas sensi­
blement de la figure correspondant à une source ponctuelle. P o u r une
propagation unilatérale par contre une forte asymétrie est observée à la
fois p o u r les ondes P et les ondes S.
11 i m p o r t e de remarquer que les auteurs q u i o n t développé cette
méthode considèrent le c h a m p a ( M , t) comme une donnée et ne cherchent
pas à le déterminer à p a r t i r d u c h a m p des contraintes initiales sur Σ.

s. — PROBLÈME INVERSE

Pour déterminer la direction d u vecteur n o n utilise les amplitudes des


ondes longitudinales q u i arrivent les premières aux stations. Elles émanent
d u foyer, c'est-à-dire d u p o i n t où la r u p t u r e a commencé (car celle-ci se
propage à une vitesse inférieure à la vitesse des ondes P). O n peut alors
considérer q u ' i l s'agit d'une source p o i n t ; nous avons v u que dans ce cas
le glissement (initial) et la normale sont indiscernables. Les plans nodaux
correspondent à :

(n. v) = 0 ou à (ao. v) = 0 .

Choisissant une de ces solutions p o u r n o n peut tirer parti des relations (17)
à (19) d u paragraphe 4 p o u r déterminer le spectre d u glissement sur Γ.
( K o s t r o v , 1970).
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MODÈLES MATHÉMATIQUES DE FAILLES SISMIQUES

6. — C H A M P DU DÉPLACEMENT
AU VOISINAGE D'UNE FAILLE MOBILE

Les calculs approchés présentés au paragraphe 4 ne sont plus valables


au voisinage de la faille. I l est alors nécessaire de conserver tous les termes
de la f o r m u l e (2) d u paragraphe 4. Les formules correspondantes o n t été
données par M a r u y a m a . A k i (1968) les a utilisées p o u r u n calcul numé­
rique d u c h a m p de déplacement dans le cas d'une source finie en m o u v e ­
ment u n i f o r m e . L a surface de la faille est décomposée en u n grand n o m b r e
de petits éléments ά Σ et o n effectue la s o m m a t i o n des effets de ces éléments.
Les difiîcultés dues à la présence d'une surface libre — q u i obligerait en
principe à utiliser les fonctions de Green d u demi-espace — o n t été
tournées par A k i dans le cas particulier étudié d'une faille verticale à
décrochement h o r i z o n t a l par l ' i n t r o d u c t i o n d'une source image de la
faille par r a p p o r t à la surface libre. 11 a montré que p o u r une station à
quelque distance des extrémités de la faille les effets de début et de fin de
la r u p t u r e sont négligeables car ils correspondent à des effets de c h a m p
à grande distance.
Boore et al. (1971) o n t repris l'étude d'une faille verticale rectangulaire
avec un coulissage h o r i z o n t a l . I l s étudient les effets de la p r o p a g a t i o n de
la r u p t u r e à une vitesse K constante, en utilisant u n trièdre m o b i l e accom­
pagnant la r u p t u r e , suivant une idée de F r a n c k (1949). Ils se l i m i t e n t
d'ailleurs au cas d ' u n mouvement indépendant de la p r o f o n d e u r et à
composante verticale nulle. Les potentiels d'où dérive le déplacement
sont solutions d'équadons q u i f o n t intervenir les nombres de M a c h de
la r u p t u r e : Mps = K/jp χ. Avec les coordonnées d u trièdre m o b i l e ces
équations sont ehiptiques si le mouvement est subsonique (Ms < 1).
Si l ' o n se donne la discontinuité d u déplacement sur le p l a n de la faille
o n trouve aisément le c h a m p d u déplacement. Malheureusement les
hypothèses simplificatrices introduites enlèvent beaucoup d'intérêt à
cette étude ; en particulier les conditions à la surface ne sont pas celles
d'une surface libre et la vitesse des ondes de Rayleigh, q u i j o u e u n rôle
i m p o r t a n t dans ces études (Burridge, 1971) ne peut apparaître dans les
calculs.
Haskell (1969) a repris les calculs à p a r d r de la f o r m u l e complète (2)
d u paragraphe 4 mais en renonçant l u i aussi à utiliser la f o n c t i o n de Green
d u demi-espace et en négligeant en p a r t i c u l i e r les ondes de surface. Le
modèle étudié est encore constitué d'une ligne de dislocation mobile sur
une surface rectangulaire avec une vitesse constante ( I/%) le glissement
étant défini p a r :

a = 0 si t<np.x, (t - Πρ.χ) D/T si 0 < t - iip.x < T

D si t > Πρ.χ + T.
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DÉFORMATIONS STATIQUES 353

L'intégration numérique est effectuée p o u r u n p o i n t placé en surface


(en fait sur le p l a n médiateur d ' u n petit côté de la faille rectangulaire,
Fig. 5a). L a figure 5h donne un exemple des résultats obtenus. L a compa­
raison avec les résultats des observations p o u r le séisme de Parkfield
m o n t r e que les déplacements observés en surface ne sont pas nécessaire­
ment représentatifs de la dislocation sur la faille en profondeur.

-w/2

-10,0 6,0
/Χ3/Γ

VV/2- y -8,0 Ô,0

/
-6,0 10,0

/
(°) -4,0 12,0

F I G . 5.
a) Modèle de faille
Haskell (1969).
Unités sans dimension
étudié par
ί
-^P

0,0
/V- 14,0

16,0

L = 10,
iiFOi = 2,25 ,
w = 2,5,
«,.·/?= 1,30
-/ 2.0 1Ô,0

rJ, , , ,
(a, β vitesses des ondes P, S). 40 2Q0
b) Composante du déplacement
0,0 10,0 20,0 30,01 0,0 10,0 20,0 30,01
suivant l'axe Oxi en fonction du
temps pour des points M(xi, 0, 3). (b)

7. — D É F O R M A T I O N S STATIQUES

7.1. — Dislocation dans un milieu indéfini. — O n peut obtenir p a r une


méthode t o u t à fait analogue à celle suivie p o u r établir la f o r m u l e de B e t t i ,
mais sans intégration p a r r a p p o r t au temps, l'expression d u déplacement
statique, c'est-à-dire de la l i m i t e d u déplacement longtemps après le
passage des ondes émises p a r la dislocation. O n obtient :

uJMo) = J ^ dlM"' G , 1, ( m 1 M o ; M ) . (l)

Le vecteur de Green p o u r u n m i l i e u indéfini est donné (Love, 1944,


p. 185) p a r :

G(3 I 0 ; M ) = (zv -f- /?/?k) A/R'


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354 MODÈLES MATHÉMATIQUES DE FAILLES SISMIQUES

avec :

y = V % , η = (\ + - y'), A = (l - y^)/8 πμ , (2)

ou en généralisant au cas d'une force de d i r e c t i o n s'exerçant en M :

G{q\ M;Mo) = A(vv^ + ng,)/R .

C o m p t e tenu de ( I I ) d u paragraphe 4, la dérivée de G s'écrit :

G,r = A{2 VV, + V, - g r V, - g,r v)/^^ ·


Pour un milieu isotrope et un glissement contenu dans le plan de faille
on obtient finalement :

u(Mo) = (1/4 π Κ ' ) I d l [ 3 ( l - /) v(a.v) (n.v) + y'(a(n.v) + n(a.v))].


(3)

La composante l o n g i t u d i n a l e , p o u r un glissement u n i f o r m e sur Σ,


est n u l l e en première a p p r o x i m a t i o n sur le plan perpendiculaire au glisse­
ment a et sur le plan de faille.

7.2. — Faille dans une sphère. — Ben M e n a h e m et al. (1969) o n t attaqué


le problème d u calcul d u c h a m p de déformation dans une sphère h o m o ­
gène n o n gravitante. L'intérêt de tels calculs a été souligné par Press (1965)
et s'est encore accru après la suggestion de M a n s i n h a et Smylie que les
déformations engendrées par des séismes p o u r r a i e n t — en m o d i f i a n t le
tenseur d'inerde de la Terre — exciter le m o u v e m e n t de Chandier (voir
Chap. 19 et M a n s i n h a et al. 1970).
Le déplacement dû à la dislocation contenue dans le plan de r u p t u r e
est calculé à l'aide de la f o r m u l e (2) d u paragraphe 4. M a i s cette fois
c'est le vecteur de Green de la sphère q u i est i n t r o d u i t sous la f o r m e
d ' u n développement en série des vecteurs propres de l'équation de
l'élasticité. Les auteurs étudient divers cas de failles et celui d'une explo­
sion. L a convergence des séries est rendue plus rapide par certaines
transformations. La répartidon sur la surface des amplitudes est donnée.
O n t r o u v e par exemple que p o u r un séisme de magnitude 8 des défor-
madons de l ' o r d r e de lO""* peuvent être produites dans l'hémisphère
opposé à l'épicentre. Les auteurs comparent également leurs résultats
à ceux f o u r n i s par les calculs dans u n demi-espace. Pour des sources
analogues le r a p p o r t des déplacements peut atteindre 3.
Les calculs de Ben M e n a h e m et al. o n t été étendus par Smylie et
M a n s i n h a au cas d'une sphère hétérogène. Leur méthode, incorrecte
dans le n o y a u , a été critiquée par D a h l e n (1971), q u i a trouvé p o u r sa
part u n effet légèrement décroissant q u a n d la p r o f o n d e u r d u foyer
augmente
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BIBLIOGRAPHIE 355

8. — A U T R E S T Y P E S DE SOURCES

I Evison a suggéré en 1963 que certains séismes pourraient être dus à des
I changements de phase se produisant de façon explosive au foyer. Diverses
! transformations (éclogite pyroxène à grenats, changement de système
i cristallin pour l'enstatite) ont été envisagées ; nous ne discuterons pas les
difficultés soulevées par cette hypothèse. ICnopoflF et Randall ont étu­
dié (1970) les effets que produirait un changement brusque de la densité
ou des paramètres élastiques dans un domaine autour du foyer. Si les
dimensions de ce domaine sont petites devant les longueurs d'onde pré­
sentes dans le spectre émis, on n'a pas, dans une première approximation,
j à connaître sa forme exacte. U n changement du module d'incompressi-
I bilité doit produire, comme un changement de la densité, un effet radial
isotrope, sans déplacement transversal, analogue à celui d'une explosion.
L'effet d'un changement de la rigidité dépend de la déformation présente
à ce moment. Ce cas est important si les foyers profonds sont dus à une
fusion brusque.
Pour une déformation de cisaillement, cet effet est analogue à celui
d ' u n double couple. On ne peut en principe pas distinguer entre les deux
types de source : faille et changement de rigidité dans un milieu déformé
par cisaillement. Pour une déformation axiale l'effet est celui d'un dipôle
de forces sans moment.
Les auteurs ont discuté la possibilité d'une discrimination entre les deux
! systèmes de forces : doubles couples et dipôle sans moment, en repré-
i sentant les amplitudes des ondes P ramenées sur la sphère focale sous
forme d'une somme :
; 2

: « = ίο + Σ ' m P'sCcos 0) exp(iw<p).


! m= - 2
Le premier terme représente la compression correspondant à une explo­
sion (ou la dilatation due à une diminution brusque de la densité) ; les
cinq autres termes correspondent aux trois degrés de liberté nécessaires
pour repérer un double couple dans l'espace et aux deux degrés de liberté
nécessaires pour un dipôle linéaire. En général plusieurs combinaisons de
doubles couples et de dipôles sont des solutions possibles pour une répar­
tition donnée du déplacement longitudinal sur la sphère focale.

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356 MODÈLES MATHÉMATIQUES DE FAILLES SISMIQUES

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CHAPITRE 14

PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES.


SISMICITÉ

par

Jean COULOMB

1. — INTRODUCTION

L e présent chapitre complète la description qualitative des sources sismiques


contenue dans le chapitre 2, en utilisant les théories des chapitres qui ont suivi.
On se permettra d'en rétablir intuitivement quelques points. Sauf au para­
graphe 2, l'étude porte, non seulement sur le phénomène focal proprement dit
(rupture initiale), mais sur l'évolution complète de la source. L e s résultats
obtenus ne sont en général que des ordres de grandeur ; ils apportent néan­
moins des informations très utiles. Nous nous bornons au cas de sources
comportant des dislocations tangentielles de type simple, sans nier l'intérêt
éventuel de modèles plus compliqués.

2 . — D I R E C T I O N D U PREMIER M O U V E M E N T D ' U N SÉISME

2 . 1 . — La répartition en quadrants. — L e premier mouvement d'un séisme


peut être dirigé vers l'épicentre (on dit qu'il correspond à une dilatation) ou
vers la station qui l'observe (compression). L a distinction se lit sur les enregis­
trements de la composante verticale, dont les phénomènes de réflexion ne
peuvent changer le sens.
T. Shida semble le premier à s'être aperçu, vers 1927, que pour certains séismes
à foyer superficiel les compressions et les dilatations observées au voisinage
de l'épicentre se répartissaient en quadrants opposés. L a figure 1 en est un
bon exemple. L a figure 2 superpose un grand nombre d'observations concer­
nant l'essaim de Matsushiro ; elle donne une idée du pourcentage d'erreurs
possibles, dues au fait que le début de l'onde P arrive parfois dans de l'agi­
tation et qu'on a souvent à choisir, lorsqu'on est près d'une des droites sépa­
ratrices, entre un petit crochet dans un sens et un grand impetus en sens inverse
qui suit immédiatement.

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8 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÈ

F I G . 2. — Condensations et dilatations. Figure composite obtenue par super­


position des données de séismes appartenant à l'essaim de Matsushiro, les épi­
centres étant ramenés au même point (anonyme, 1966).
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DIRECTION DU PREMIER MOUVEMENT D'UN SÉISME 359

V
L a répartition en quadrants peut être rattactiée A | nA'
intuitivement (Gutenberg) à la théorie d u rebon­
dissement élastique (Chap. 2) en considérant dans
la figure 3 le cas d'une faille verticale Fcouhssant
horizontalement et vue par dessus. L a ligne AB
p r i m i t i v e m e n t n o r m a l e à la faille a été déformée
H'

\
en A' EB' avant le séisme ; sa r u p t u r e en deux
segments A' Η',Β' K' i n d i q u e l'allure d u mouve­
ment sur chaque lèvre. L a trace de la faille et /
l'horizontale perpendiculaire passant p a r l'épi­
centre E séparent les régions éloignées en qua­ B' ÎB
drants de compression et de d i l a t a t i o n , mais F I G . 3. — Répartition en
observer cette d i s t r i b u t i o n ne permet pas de quadrants d'après la théorie
savoir quelle est celle des deux séparatrices q u i du rebondissement élastique
(GUTENBERG). L a figure repré­
correspond à la faille ; o n peut se t r o m p e r de 90".
sente la surface terrestre vue
O n a v o u l u lever cette ambiguïté en s'adressant de dessus.
aux ondes S. M a i s p o u r ces ondes le schéma de la
figure 3 ne f o u r n i t pas d'indications suffisantes. L a répartition des premiers
mouvements des S est restée sujette à controverse t a n t que l'amélioration
des observations d'une p a r t , la théorie des dislocations de l'autre (Chap. 13),
n'a pas imposé pratiquement comme modèle de foyer en m i l i e u élastique l a
disparition de deux couples coaxiaux opposés ( F i g . 4)
I ^ ^ o u , ce q u i revient a u même, de deux dipôles o r t h o ­
gonaux, l ' u n d'extension, l ' a u t r e de compression, les
I quatre forces correspondantes ayant la même i n t e n ­
sité. Dans ce modèle les ondes S sont polarisées
dans le plan des couples, et leur a m p l i t u d e s'annule
en changeant de sens sur les bissectrices des quadrants
des P. L ' o b s e r v a t i o n des S ne permet donc pas de
choisir entre le plan de faille et le p l a n perpen­
diculaire.
Même lorsque le doute ne peut être levé par des
1 considérations de tectonique générale, l'observation
des compressions et dilatations des P est néan­
F I G . 4.
moins précieuse parce qu'elle f o u r n i t les directions
(bissectrices des quadrants) sur lesquelles s'exercent a u foyer des pressions
et des tensions.
Des critiques sont parfois encore élevées contre le modèle de la figure 4
p o u r des raisons variées : attachement persistant à l'hypothèse de séismes
par changement de phase ; désir de généralité plus g r a n d c o m m e dans les
travaux de K n o p o f f et R a n d a l l (Chap. 13), cas aberrants de plans n o d a u x
non o r t h o g o n a u x , probablement p a r suite de réfractions superficielles (That­
cher et B r u n e , 1971) etc. L ' a c c o r d des calculs d'amplitudes commencés p a r
N a k a n o en 1923, et d o n t nous verrons la généralisation au paragraphe 7,
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360 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

avec les observations, d o n t la précision est a u j o u r d ' h u i bonne, semble m o n t r e r


que le modèle est actuellement suffisant.

2.2. — Cas des séismes lointains.


— Bien entendu, si l ' o n observe à
grande distance les premiers m o u ­
vements engendrés par une source
profonde i l faut transporter, de la
station S au foyer F, le l o n g des rais
sismiques, l ' i n f o r m a t i o n obtenue.
U n procédé c o m m o d e consiste à
remplacer S par sa « p o s i t i o n extra­
polée » ( « extended distance » de
Byerly) S, sur la tangente en F au
départ d u r a i FS (Fig. 5). O n repré­
sente ensuite la d i r e c t i o n FS, sur
une carte de la sphère de centre F,
p,Q 5 de r a y o n unité, par exemple par une

F I G . 6. — Mécanisme au foyer du séisme d'Arette {Pyrénées atlantiques, 1 3 août


1 9 6 7 ) obtenu par calcul statistique: · compressions, Δ dilatations, P pression
maximale, Γ pression minimale (tension). D'après H O A N G TRONC. PHO et ROULAND,
1971.

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ESTIMATION DE VÉNERGIE ÉMISE AV COURS D'UN SÉISME 361

projection stéréograptiique ayant p o u r pôle u n des p o i n t s de l a sphère sur la


verticale de F. Si o n choisit le p o i n t inférieur A, la distance extrapolée de S,
soit Fs^ = c o t g //2 est donnée p a r des tables en f o n c t i o n de la distance
angulaire Δ dt S ( H o a n g T r o n g P h o , à l ' i m p r e s s i o n , 1972).
La détermination des séparatrices, o u lignes nodales, q u i sont des cercles
en p o s i t i o n stéréographique peut se faire à vue o u par divers procédés sta­
tistiques, q u i d o n n e n t u n poids m o i n d r e aux observations dans les régions
frontières. L a figure 6 donne u n exemple récent (séisme d ' A r e t t e ) de cette
détermination des lignes nodales. L o r s q u ' o n a p u , en général, par des considé­
rations de tectonique générale, choisir l'une d'elles comme p l a n de faille,
on d i t q u ' o n a déterminé le « mécanisme a u foyer » .
La mise en service de sismographes fiables à longue période a donné u n
développement considérable à ces déterminations a u foyer ; o n verra au t o m e I I
les précisions qu'elles o n t apportées sur les fractures océaniques.

3. — E S T I M A T I O N CLASSIQUE
D E l'ÉNERGIE ÉMISE A U C O U R S D ' U N SÉISME

3.1. — Généralités. — Pour évaluer l'énergie E émise au cours d ' u n séisme,


il suffirait théoriquement de déterminer l'énergie contenue dans les ondes
directes P et 5 enregistrées en une seule station, à c o n d i t i o n de connaître
parfaitement le mécanisme focal et les m i l i e u x traversés. Encore faudrait-il
que la station ne corresponde pas à u n r a i situé a u départ dans u n p l a n n o d a l .
En pratique, o n fait énormément d'hypothèses simplificatrices, que nous allons
passer en revue.

3.2. — Énergie d'une onde plane. — L'énergie transportée p a r une onde


élastique en m i l i e u homogène et i s o t r o p e indéfini s'obtient aisément à p a r t i r
des formules générales d u chapitre 13. Retrouvons-la p a r u n calcul simple
en assimilant localement l'onde à une onde plane et en considérant p o u r fixer
les idées une onde S, polarisée parallèlement à Ox, avançant suivant Oz.
L'onde traverse au cours de sa p r o p a g a t i o n u n petit parallélépipède d o n t la
position au repos correspond à O < A : < a , 0 < > ' < ό , 0 < z < c , et d o n t
un p o i n t matériel subit au temps t u n déplacement u{z, t). Les p o i n t s de cote
nulle au repos subissent pendant le temps dî u n déplacement {dulôt)o dt ;
le point de cote c u n déplacement

Si on néglige les forces de v o l u m e , les seules forces q u i s'exercent sur le p a r a l ­


lélépipède sont les tensions ( - τ)ο sur la face z = 0, (τ + c δτίδζ)^ sur la face
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362 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

Z = C. Le travail de ces forces dans le déplacement précédent est, en suppri­


mant les indices :

o u au premier ordre :

Soit D{z, t) la densité d'énergie par unité de v o l u m e , c o m p r e n a n t l'énergie


cinétique et l'énergie potentielle (les échanges de chaleur sont supposés négli­
geables). Si l'onde avance à la vitesse W, le flux d'énergie e n t r a n t par la face
z = 0 est WDab, le flux sortant par la face c est(H^D + (djôz) WDab), l'éner­
gie gagnée pendant le temps at est — (djdz) WDabc àt. O n a donc :

_ dWD _ du\
'~δΓ ~ dz y dt) '

d'où, en négligeant u n terme d'évolution sur place,

\ du l du du
' ' = - w ' T t ^ - ^ ^ w T z T t

μ étant la rigidité. Si M = F(z - Wt), D = 2 pF"(z - Wt).


L'énergie se propage à la vitesse de l'onde. P o u r une p r o p a g a t i o n sinusoïdale :

u = Uo s i n / ( z - Wt), D = 2 μf' ul cos'f(z - Wt) ,

l'énergie est p r o p o r t i o n n e l l e a u carré de l ' a m p l i t u d e . Sa valeur moyenne


sur une demi-période est μ/' UQ = 4π' ρ w' ul co', ρ étant la densité d u m i l i e u
et ω la p u l s a t i o n considérée. Le dernier résultat est valable p o u r une onde P
en changeant W en V.
M a i n t e n a n t q u ' o n fait commodément les analyses de F o u r i e r numériques,
on peut calculer la somme des énergies élémentaires correspondant aux diverses
fréquences d u spectre, en a p p l i q u a n t à chacune les corrections d o n t nous allons
parler dans les prochains paragraphes. M a i s la p l u p a r t des déterminations
ont été faites en assimilant simplement les arches successives des trois c o m p o ­
santes enregistrées à des demi-périodes synchrones d'ondes sinusoïdales, et
en faisant des sommes de termes de la forme :

u'jT' = ( u | +ul + ul)IT' ,

les amplitudes et plus rarement les phases étant corrigées des effets i n s t r u ­
mentaux.
Puis, dans un effort d'extrême simplification, Richter, en 1935, et G u t e n ­
berg o n t fondé la n o t i o n de magnitude sur la seule quantité U]IT', OÙ M , est
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ESTIMATION DE L'ÉNERGIE ÉMISE AU COURS D'UN SÉISME 363

le m a x i m u m d ' a m p l i t u d e apparente sur une composante et dans une phase


déterminée, la période correspondante. U n étalonnage des magnitudes
nécessiterait des comparaisons avec des déterminations d'énergie émise ;
mais o n s'est surtout préoccupé de rendre cohérentes entre elles les magnitudes
calculées.

3.3. — Corrections de trajet en théorie des rais. — Les déplacements sont


observés à la surface de la Terre. I l s résultent d o n c de la superposition de
l'onde incidente et des ondes réfléchies. O n sait ( 5 . 5 ) remonter de l ' a m p l i ­
tude apparente des trois composantes enregistrées à l ' a m p l i t u d e vraie de
l'onde P o u 5 incidente ; o n connaît donc le flux d'énergie (WD) άσ = άσ
à travers une petite aire άσ n o r m a l e
au rai incident ( F i g . 7). S'il n ' y avait
pas de pertes sur le trajet, le même
flux serait émis au foyer dans l'angle
solide dû d u cône de rais aboutissant
à dff. O n sait théoriquement (passons
sur notre ignorance des détails de la
croûte) calculer les pertes provenant
des réflexions et réfractions sur
les discontinuités internes. O n tient
compte des autres, q u i sont énormes,
en adoptant p o u r le flux au départ
du foyer l'expression :

Φ di2 = Φο exp ( ] \ d , ) d .
F I O . 7.

où L est la longueur d u trajet, a le


coefficient d'atténuation. E n m i l i e u homogène (Chap. 1) : α = n/AQ (A l o n ­
gueur d'onde, Q facteur de qualité). P o u r a v o i r u n ordre de grandeur, prenons
A=5km,Q = 600, donc α = 0,001 km'^ ; p o u r L = 3 000 k m , exp(a£,) est
de l'ordre de 20. E n fait les hautes fréquences sont diffusées p a r les défauts
d'homogénéité de la croûte et l'hypothèse d ' u n facteur de qualité constant est
très sommaire.
S\ A, φ sont les coordonnées polaires de la station p a r r a p p o r t à l'épicentre,
a le rayon terrestre, IQ l'angle d'émergence, o n a ( F i g . 7) :

dû = sin i dA dm
dA

da = ds cos ÎQ = a' cos ÎQ sin A dA dcp

d'où Φ(/, φ) connaissant Φο(Λ, φ). O n o b t i e n t l'énergie totale en intégrant


en / et ψ.
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364 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÈ

Le calcul p o u r r a i t , nous l'avons d i t , être limité aux ondes P et 5 directes.


Elles sont déjà malaisées à distinguer de certaines réflexions. Mais on fait
en générai comme si on ignorait le mécanisme au foyer et comme si Pénergie
était émise de façon isotrope (Φ indépendant de / et de φ), q u i t t e à comparer
ensuite les valeurs obtenues en diverses stations.

3.4. — Utilisation des ondes de surface. — Si la p r o f o n d e u r d u foyer est assez


faible p o u r que les ondes de surface soient bien développées, o n peut les u t i ­
liser p o u r obtenir des renseignements sur l'énergie émise. T a n t q u ' o n veut
ignorer le mécanisme a u foyer, o n n'en tire qu'une méthode relative, à étaloti-
ner par comparaison avec des énergies déduites d'ondes de volume. Par contre,
l'atténuation est facile à déterminer en c o m p a r a n t les amplitudes p o u r une
même période en deux stations d ' u n même continent ( p o u r éviter les réfractions
latérales à la traversée des marges). O n se rappellera que l'énergie se propage
à la vitesse de groupe (Chap. 8) et o n tiendra compte d u facteur géométrique
(sin A)~^'^. Bernard (1941) t r o u v e entre deux passages des ondes de Rayleigh
u n coefficient d'atténuadon α = 0,(K)0 17 k m ~ ^ vers 15 à 18 s.

4. — M A G N I T U D E S

4.L — Définition des magnitudes. — L a magnitude a été définie en 1935


par Richter p o u r les séismes locaux de Californie à p a r t i r de l ' a m p l i t u d e
m a x i m u m qu'enregistrerait u n sismographe particulier à 100 k m de l'épicentre.
Elle a été étendue p a r G u t e n b e r g et Richter, aux séismes éloignés ; la m a g n i ­
tude m déduite des ondes de v o l u m e est définie par la f o r m u l e conventionnelle :

m = log^-f/i(zl,/i)-f C, (2)

Δ est la distance, h la p r o f o n d e u r d u foyer. M J et 7', sont l ' a m p h t u d e maximale


et la période apparente correspondante d'une phase déterminée des ondes
de v o l u m e ( o u d'une composante particulière de cette phase). / , ( z l , h) est u n
f o n c t i o n empirique. C j est une correction, supposée indépendante d u séisme,
à déterminer empiriquement en chaque station. Des tables et des abaques o n t
été donnés par G u t e n b e r g et Richter (voir Gutenberg et Richter, 1956)
p o u r PV{¥ïg. 8), PH, PPV, PPH, 5·//( K composante verticale, //composante
horizontale). S'il y a discordance, o n prend une moyenne « pondérée ». L a
méthode, d o n t o n ne peut nier l'utilité pratique, est peu précise et les nombreuses
tentatives faites p o u r l'améliorer ( B a t h , 1966 ; H o w e l l et al., 1970) o n t accru
la confusion. Les valeurs de m obtenues p o u r u n même séisme en différents
observatoires diffèrent souvent d'une demi-unité. H o a n g donne même u n
exemple (séisme de l ' A l a s k a , 4 a v r i l 1964) où les estimations allaient de 5
(Port M o r e s b y ) à 7 ( M a t s u s h i r o , M o s c o u ) .
P o u r les séismes superficiels distants, G u t e n b e r g et Richter avaient défini
une magnitude M déduite des ondes de surface ayant une période de 20 s
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( + 2) ( q u i correspondent en général à la phase d ' A i r y des ondes de Love).
Vanek et al. (1962) en o n t déduit la f o r m u l e suivante :

M = log ^ + 1,66 l o g Δ + 3,30 + (3)


i 2

applicable en principe à toutes les ondes de surface et largement utilisée depuis


1967. m et M devraient coïncider p o u r les séismes superficiels ; ce n'est pas
le cas, même en moyenne où :

m = 0,56 M + 2,9 (4)

d'après Bath (1966). O n t r o u v e r a des détails dans Kârnik (1969) ; Buné et


Golubeva (1971). Par ailleurs, n i m, n i M ne se raccordent bien à la définition
p r i m i t i v e de Richter, liée aux structures californiennes. M semble bien débar­
rassée de l'influence de Δ, et même des influences régionales (Evernden et
Filson, 1971), beaucoup mieux que m en tous cas.
Dans les explosions atomiques, les ondes de surface sont généralement
moins développées que dans les tremblements de terre superficiels de même
énergie à cause de la différence des dimensions focales. O n observe donc des
écarts entre m et M déduits des ondes de surface ; ce sont en général des ondes
de Rayleigh, et o n s'en est servi p o u r la d i s c r i m i n a t i o n entre séismes et bombes
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366 PARAMÈTRES D E S SOURCES SISMIQUES. SISMICITÈ

(voir par exemple Pasachnik et al., 1970). M a i s certaines explosions engendrent


des ondes de L o v e i m p o r t a n t e s p a r libération de contraintes préexistantes
(Toksoz et al., 1971), c o m m e dans u n véritable séisme. Sur une dizaine
d'exemples de T o k s o z et K e h r e r (1971), le r a p p o r t de l'énergie contenue dans
les ondes de surface p o u r la composante tectonique (double couple, v o i r § 7)
et p o u r la composante isotrope varie de zéro p o u r u n t e r r a i n meuble à 14 dans
u n cas d'explosion dans d u granité. D ' a u t r e p a r t , o n a été vite c o n d u i t p o u r m
à des révisions i m p o r t a n t e s ( K a i l a , 1970), p o u r M à des distinctions entre
ondes de L o v e continentales Lg vers 4 o u 5 s (Baker, 1970), ondes de Rayleigh
continentales de période 8 à 14 s (Basham, 1971), ondes de 18 à 22 s consi­
dérées p a r G u t e n b e r g et R i c h t e r , ondes de 40 à 60 s ( M o l n a r et al., 1969).
L a m a g n i t u d e ne d o i t évidemment pas être confondue avec l'intensité
d ' u n séisme en u n lieu (Chap. 2). P o u r les séismes superficiels, elle peut cepen­
dant être mise en r e l a t i o n avec l'intensité maximale / Q . Selon Gutenberg, 1956 :

P o u r / Q = 11 ; 12 (catastrophes) m > 7,4


10 (dommages sérieux, rails t o r d u s ) 7,3 > m > 7,0
8 ; 9 (dommages i m p o r t a n t s aux bâtiments) 6,9 > m > 6,2
7 (dommages légers aux bâdments) 6,1 > m > 5,5
6 (ressenti p a r t o u t le m o n d e ) 5,A > m > 4,9
4 ; 5 (ressenti p a r beaucoup) 4,8 > m > 4,3
2 ; 3 (ressenti p a r certains) 4,2 > m > 3,5.

P o u r l'influence de la p r o f o n d e u r , o n p o u r r a v o i r K a r n i k , 1969.

4.2. — Relation entre la magnitude et l'énergie émise. — L a correspondance


entre magnitude et énergie semble m o i n s mauvaise q u ' o n ne p o u v a i t l'attendre
de méthodes grossières.
On se contente en général d'une f o r m u l e linéaire. P o u r G u t e n b e r g et R i c h t e r
(1956) :

l o g ^ j o u i e s = 4,8 - f 1,5/W. (5)

I l n'est pas sûr que cette f o r m u l e soit applicable aux explosions atomiques. Supposons-le.
Leur énergie chimique est exprimée en kilotonnes de tolite (1 k i l o t o n n e = 4,2.1012 j ) . Pour
des explosions dans d u rocher, quelques résultats d'Evernden et Filson (1971) permettent
d'écrire :

M = 1,4 + 1,3 l o g E' (kilotonnes) (6)

où £" est l'énergie mise e n j e u ; o n trouverait ainsi, p o u r le rendement de l'explosion η = £/£",


des valeurs de l'ordre de 1/10(X), certainement t r o p faibles.

4.3. — Statistique des séismes par magnitude. — L a « sismicité » d'une région


a longtemps été caractérisée p a r le n o m b r e de séismes « i m p o r t a n t s » ressentis
ou enregistrés en moyenne annuelle. M a i s les énergies des séismes sont si
variées q u ' u n classement l o g a r i t h m i q u e s'impose, ce que permettent les m a g n i -
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MAGNITUDES 367

tudes. Les magnitudes observées v o n t en fait de — 1 (Brune et A l l e n , 1967a)


à 8,5 avec des définitions malheureusement variables.
Si TV est le n o m b r e annuel de séismes de magnitude comprise entre m — \
et /77 + i p a r exemple, o n trouve souvent q u ' u n e décroissance linéaire :

\og N = a — bm (7)

interprète convenablement les statistiques. M a i s la f o r m u l e n'est pas additive.


a et même b varient avec la famille de séismes, la densité et la qualité des sis­
mographes, le d o m a i n e de magnitudes considéré.
Pour le G l o b e entier, la figure 9 de Gutenberg, 1956, m o n t r e le n o m b r e
de séismes superficiels, intermédiaires, et p r o f o n d s tels que m ^ 6,0 (voir aussi
Brazee et Stover, 1969, Buné et Golubeva, 1971).
(4), (5), (7) permettent d ' o b t e n i r l'énergie totale annuelle émise p a r tous
les séismes d'une famille dans un intervalle unité de magnitude, par exemple
log NE = 4,0 + 1 , 8 m p o u r l'ensemble des séismes superficiels tels que
6 < m < 7 ( F i g . 9). Malgré la décroissance de N, NE croît rapidement avec m.
L'énergie est émise essentiellement p a r les plus grands séismes ; leur prévention
(Chap. 2) serait impossible si la libération d'énergie potentielle suivait les
mêmes lois ; mais o n verra que le « rendement sismique » baisse peut-être avec
la magnitude ( K i n g , 1969).

F I G . 9 . — Nombre annuel moyen N de séismes par dixièmes d'unité de magnitude m,


et valeurs correspondantes des énergies E en ergs (log E en échelle horizontale supé­
rieure). D'après GUTENBERG, 1 9 5 6 .

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368 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

Le lecteur trouvera des déterminations régionales de N(m) dans Shlien et


Toksôz, 1970 ; Kârnik, 1971, etc. L a r e l a t i o n (7) a été appliquée localement,
par exemple aux répliques d ' u n séisme (Kârnik, 1969) o u d'une explosion,
à des essaims (Sykes, 1970), etc. Elle a aussi servi à prédire la plus grande
magnitude à attendre dans une région donnée, généralement par a p p l i c a t i o n
d'une théorie statistique de G u m b e l (voir par exemple Kârnik, 1971 ). A l'opposé,
l'existence d'une magnitude m i n i m a l e est souvent suggérée sans preuves.

5 . — SISMICITÉ

5.1. — Cartes de sismicité. — P o u r une description de la sismicité régionale,


la détermination des magnitudes permet de substituer aux simples cartes
d'épicentres o u de fréquence des secousses des cartes plus importantes p o u r les
applications, telles que des cartes de fréquences p a r catégories de magnitudes,
d'intensité m a x i m u m à craindre, o u de densité d'énergie émise pendant une
période. Les cartes « séismotectoniques » i n c o r p o r e n t en o u t r e les connais­
sances possédées sur la structure géologique de la région (Beloussov et al.,
1967). Malheureusement les statistiques sismiques devraient porter sur quelques
centaines d'années p o u r permettre une e x t r a p o l a t i o n sérieuse ; elles portent
sur une cinquantaine.

5.2. — Répartition géographique des séismes normaux et profonds. — L a


carte ( F i g . 10a) des épicentres déterminés par le Coast a n d Geodetic Survey
de 1961 à l967(Baranzagi et D o r m a n , 1969) et la carte annexe (Fig. 106) donnent
une première idée de la sismicité mondiale. Dans le présent chapitre, nous
nous contenterons de la commenter brièvement. Elle t r o u v e r a son interpréta­
t i o n au tome I I dans le phénomène d u renouvellement des fonds océaniques.
Les séismes i m p o r t a n t s s'alignent d'une p a r t , le l o n g de régions plissées à
l'époque tertiaire, d'autre p a r t , le l o n g de lignes étroites q u i coïncident avec
des crêtes de dorsales océaniques, enfin le l o n g des régions d'effondrement q u i
prolongent ces lignes au sein des continents (mer Rouge, cassures africaines,
bassins et chaînes de l ' U t a h , etc.). Les séismes correspondant à des plissements
anciens sont parfois n o m b r e u x (séismes d'Ecosse) mais ils sont faibles. Les
épicentres sont exceptionnels dans le Pacifique Central et sur les boucliers
continentaux, ces régions stables étant cernées par les lignes précédentes.
Les plissements tertiaires occupent essentiellement deux grandes zones :
L a ceinture d u Pacifique, ouverte au Sud de la Patagonie à l'île M a c q u a r i e ,
renferme les quatre cinquièmes des épicentres connus ; sur elle se branche
aux M o l u q u e s l a zone méditerranéenne o u alpine q u i borde le c o n t i n e n t
Eurasien a u S u d de la suite de dépressions a l l a n t de la mer N o i r e a u lac
BaïkaI ; cette zone se termine à G i b r a l t a r . L'ensemble des deux contient
n o t a m m e n t les grandes failles à coulissage, et la totalité des séismes intermé­
diaires ou profonds.

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SISMICITÈ

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370 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÈ

180·

90*W

F I G . lOè). — Epicentres des régions arctiques déterminés par le Coast and Geodetic
Survey du \" janvier 1961 au 30 septembre 1969. Les foyers de Nouvelle Zemble
sont probablement des explosions nucléaires. D'après BARANZAGI et DORMAN,
1970.

Le système des dorsales a une l o n g u e u r totale de l ' o r d r e de 50 000 k m .


Son p r o t o t y p e est la dorsale médio-atlantique, q u i va d u G o l f e d ' A d e n à
l'embouchure de la Léna en faisant le t o u r de l ' E u r a f r i q u e . Elle est profonde
de 2 à 3 k m sur sa crête où se produisent les séismes ; de p a r t et d'autre, le f o n d
de l'océan descend latéralement sur quelques centaines de kilomètres vers les
bassins latéraux p r o f o n d s de 5 o u 6 k m . Elle présente souvent à la crête un
fossé d'effondrement ( r i f t ) où les séismes résultent de failles normales (Sykes).
Elle est recoupée p a r des failles à couhssage, elles-mêmes sismiques.
Cet aperçu de la sismicité m o n d i a l e d o i t évidemment être complété par des
études régionales tenant compte des magnitudes et par la considération des
profondeurs de foyer.
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SISMICITÉ 371

Le mémorable catalogue m o n d i a l des séismes bien observés établi par G u t e n ­


berg et Richter (1954) a été complété p a r J . P. Rothé (1969). Pendant la période
de 13 ans sur laquelle porte ce complément, la moyenne annuelle cataloguée
a été :

séismes normaux intermédiaires profonds Total


7 900 3 800 500 12 2 0 0

mais la période a été relativement peu active, s u r t o u t hors d u Pacifique. L a


limite 300 k m établie par G u t e n b e r g entre séismes intermédiaires et p r o f o n d s
correspond à la fin d'une décroissance rapide de la fréquence et de l'énergie,
comme le m o n t r e n t les statistiques (contestables car superposant des situa­
tions géographiques très diverses). V o i c i celle de M i z o u e , reproduite p a r
M i y a m u r a (1969), q u i porte sur la période de j a n v i e r 1963 à j u i n 1966. Les
valeurs de h sont les bornes inférieures des intervalles correspondants.

Il 0 30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 360

,v 2 469 10 131 1 336 912 655 481 256 221 128 83 59 55 66

100 l o g E 226 234 234 226 223 221 215 217 215 198 207 192 203

II 390 420 450 480 510 540 570 600 630 660 690 Total

N 57 54 71 88 122 179 108 125 46 8 2 17712

100 l o g e 199 200 201 208 214 212 209 213 212 186 185 238

Les séismes intermédiaires o u profonds d u cercle Pacifique se rencontrent


au voisinage de fossés océaniques, longues fosses étroites et allongées à flancs
dissymétriques, généralement arquées, où se rencontrent les plus grandes
profondeurs connues. L a p r o f o n d e u r des foyers augmente dans l a concavité
du fossé, q u i correspond à la d i r e c t i o n d u continent voisin o u exceptionnelle­
ment à la direction opposée (Nouvelles Hébrides, lies Salomon). Les séismes
intermédiaires sont sous la chaîne o u l'arc insulaire, les séismes p r o f o n d s
au-delà. Les foyers se t r o u v e n t ainsi sur des surfaces inclinées d'une c i n q u a n ­
taine de degrés, occupées seulement à certaines profondeurs ( F i g . 11). Des
structures analogues le l o n g desquelles la lithosphère plonge dans l'asthénos-
phère, existent en Méditerranée. Dans les régions continentales, des séismes
intermédiaires se groupent au voisinage des coudes présentés p a r les chaînes
arquées : Birmanie, H i n d o u - K o u c h , Carpathes, avec de curieuses répétitions
en des foyers presque identiques. Toutes ces circonstances, sauf peut-être
la dernière, seront bien interprétées par la « Tectonique des plaques »
(tome I I ) .

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372 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

F I G . 1 1 . — Epicentres des foyers intermédiaires et profonds de 1 9 2 6 à 1 9 5 6 , d'après


l'Agence Météorologique du Japon. C o n t o u r s en k m . D'après SUGIMURA et UYEDA
(Comité national japonais d u manteau supérieur, 1 9 6 7 ) .
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ÉNERGIE LIBÉRÉE, RENDEMENT SISMIQUE 373

6. — ÉNERGIE LIBÉRÉE, R E N D E M E N T S I S M I Q U E
MODÈLES S T A T I Q U E S DE S O U R C E S SISMIQUES

6.1. — Généralités. — L a n o t i o n de magnitude et ses replâtrages o n t épuisé


leurs ressources. I l faut tenir compte de l'évoludon de la source dans l'espace
et dans le temps ; o n accédera d u même c o u p à d'autres paramétres que l'éner­
gie émise. M a i s o n peut déjà tirer p a r t i de simples modèles statiques.

6.2. — Energie libérée, rendement sismique. — Soit i i , l'énergie potentielle


élastique emmagasinée dans une région, Ej l'énergie potentielle élastique dans
la même région après un séisme (ou une suite de séismes). Soit E rénergie
émise sous forme d'ondes, que nous avons appris à estimer. Le « rendement
.sismique » :

η = EI{E, - E2) (1)

est inférieur à 1 puisqu'une partie de l'énergie est transformée près des failles
en chaleur o u en altération des roches.
O n p o u r r a estimer η si l ' o n déduit « l'énergie libérée » ôEi = Ey — £"2 des
déformations de la région épicentrale. Pour cela o n a recours à des modèles
statiques o u quasi statiques de sources sismiques. C h i n n e r y et Petrak(1968)
les divisent en trois catégories, que nous allons examiner successivement.

6.3. — Modèles à fissures aérées. — Dans les modèles les plus simples, u n
milieu élastique homogène, isotrope, indéfini, est soumis à une cission u n i ­
forme τ. O n suppose q u ' i l s'y f o r m e une fissure, vide o u aérée, en forme d ' e l l i p ­
soïde. O n calcule en coordonnées homofocales les contraintes et les déforma­
tions élastiques d u m i l i e u extérieur à l'ellipsoïde, la cission τ c o n t i n u a n t d'agir
à l ' i n f i n i , mais la surface de l'ellipsoïde étant libre de contraintes. O n calcule
la différence d'énergie élastique entre les deux états. E n f i n , o n fait tendre vers
zéro le petit axe de l'ellipsoïde et o n obtient u n modèle de fissure plane à bords
aigus.

Starr (1928) considère le cas d ' u n cylindre elliptique infiniment aplati, la cission à l'infini
.VI' τ étant dans l e plan de section droite. Le déplacement u, υ, w en u n point de la fissure
— a < .X < a, y -= 0, est donné par :

Il - ± τ/ι ΐ(Λ ; (Λ + 2 fi) (α^ — . ν ^ ) , υ = Ο, (V = Ο ,

le signe 4- correspondant à la lèvre supérieure, le signe — à la lèvre inférieure. Cette formule


suppose cependant un maintien artificiel de la symétrie initiale (voir Hanson et al., 1971,
où est considéré le problème dynamique).
L'énergie de déformation par unité de longueur de la fissure est :

ÔEy = I (λ + //)-1 Τ2α2.

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374 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

La fissure de Starr peut représenter une faille verticale profonde avec rejet, mais o n s'est
aussi servi d u modèle, réduit à une demi-bande, pour figurer une faille atteignant la surface
d u sol, bien que les tensions ne s'y annulent pas. L'énergie libérée est alors iôEu
K n o p o f f , en 1958, considère le même cylindre elliptique mais avec yz = τ comme cission
à l'infini (Burridge et Knopoff, 1968). Le déplacement sur la fissure est alors :

u = 0, V = 0, w = ± τμ-^α^ — .χψΙ^

et l'énergie de déformation par unité de longueur :

SEi = ^/^-i τ^α^.

L a fissure de K n o p o f f peut représenter une faille profonde avec coulissage. Les tensions
s'annulant sur le plan .v = 0, la demi-bande figure bien une faille atteignant la surface.
Keilis-Borok (1959) considère le cas d ' u n ellipsoïde de révolution infiniment aplati,
d'axe Oy, de demi-grand axe a, soumis à la tension .vy = τ à l ' i n f i n i . I l trouve pour le dépla­
cement sur la fissure :

« = ± -τμ-Ηλ + 2μ)0λ + 4 / i ) - i (α^ — χ^ — ζψΐ'-


n

V = T(3 ;. - r 4 / / ) - 1 A-, H- = 0

M dépend de z, et i» n'est pas nulle ; le plan de faille se t o r d . L'énergie prend une forme compli­
quée. O n peut en tirer u n modèle imparfait de faille à rejet en coupant par le plan x 0,
un modèle de faille à coulissage en coupant par r = 0.

Soit s le déplacement r e l a t i f m a x i m a l des lèvres, U le déplacement relatif


m o y e n . O n a : i / = nsj4 dans les cas de Starr et K n o p o f f , et o n peut le prendre
p o u r définition de U dans les autres cas. O n retiendra des calculs ci-dessus que :

μϋ = ρτα (2)

μδΕι = qr' a' . (3)

A l'aide des formules ci-dessus (essayer λ = μ et λ = 2μ) le lecteur établira


que p est de l'ordre de 1, g u n peu inférieur à p. D a n s les applications o n peut
accepter toute estimation raisonnable de μ.
Revenons maintenant, en nous inspirant de Burridge et K n o p o f f 1966,
W a l s h 1968, B r u n e 1970, sur l'hypothèse, faite a u paragraphe 6 . 2 , suivant
laquelle les contraintes τ des modèles précédents sont annulées p a r le séisme ;
cette hypothèse s'accorde m a l avec l a r u p t u r e par saccades. A d m e t t o n s que l a
cission sur les lèvres décroît de l a valeur σ a u m o m e n t de l a r u p t u r e jusqu'à
la cission de frottement /. Soit U le déplacement r e l a t i f m o y e n des lèvres.
Retranchant u n état de cission u n i f o r m e /, nous voyons que U est le même
que p o u r une cission initiale σ — / et une cission finale nulle sur l a faille.
L a formule (2) est donc à remplacer par :

μυ = ρ(σ -f)a. (2')


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ÉNERGIE LIBÉRÉE, RENDEMENT SISMIQUE 375

D'autre p a r t , le travail de la cission moyenne est :


èEy = i (σ + f) Ua p a r unité de longueur de la faille. L a f o r m u l e (3) est
donc à remplacer par :
μδΕ,=^ρ(σ^ -f')a\ (3')

Ce t r a v a i l se répartit entre la chaleur de frottement fUa et l'énergie émise E


en sorte que :
E = (ÔEi - fUà) = ^(σ -f)Ua

ou
μΕ=\ρ{σ ~ff a" .

On obtient ainsi le rendement sismique :

n = {o-f)\{a+f). (4)

Pour / = 0, ce raisonnement évidemment grossier c o n d u i t donc à la relation :


q = Pli.

6.4. — Modèles à glissements prescrits. — Dans une famille de modèles q u i


servent à interpréter les déformations superficielles (Chap. 2), et n o n à calculer
l'énergie libérée, o n se donne les glissements sur la faille sans les déduire
des contraintes pré-sismiques. A u t r e m e n t d i t , o n représente la faille par une
d i s t r i b u t i o n de dislocations élémentaires, q u ' o n suppose en général uniformes.
Par exemple, p o u r une faille verticale de très grande longueur, de p r o f o n d e u r a,
ayant couhssé de U, le déplacement parallèle à la trace est donné en f o n c t i o n
de la distance (Chinnery, 1970) p a r :

u{x) = C/ arc t g {ajx).

I l décroît lentement puisque u{a) = \ M(0). Sur la faille de San Andréas où


les déplacements deviennent inobservables à quelques dizaines de kilomètres
au plus, o n en déduirait p o u r a des valeurs ne dépassant pas u n petit n o m b r e
de kilomètres alors que la p r o f o n d e u r des foyers californiens est de l ' o r d r e de
15 k m .
Avec u n ghssement u n i f o r m e , les déplacements sont indéterminés aux limites
de la faille ; les contraintes y sont infinies. P o u r l'éviter, o n peut y faire tendre
les glissements vers zéro. Les figures 12 de C h i n n e r y et Petrak, 1968, m o n t r e n t ,
dans le cas d'une faille verticale à coulissage, les déplacements parallèles à la
trace p o u r u n glissement (1) u n i f o r m e et (2) décroissant c o m m e e x p ( — z^ja^)
avec la p r o f o n d e u r (a est i c i la cote d u p o i n t E où le glissement est passé de
U à Uje). L a décroissance relative des déplacements avec l a distance a u p l a n
de faille diffère beaucoup, en p r o f o n d e u r , d ' u n modèle à l'autre ; à la surface,
la différence est insignifiante. O n ne peut ainsi expliquer l'insuflBsance des
valeurs calculées de a.
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376 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

F I G . 12. — Déplacements horizontaux pour deux modèles. L a dislocation varie


avec la profondeur comme i l est indiqué sur la gauche. Les contours sont en pour­
centages de la dislocation superficielle U. A u point E, la dislocation est Uje. D'après
C H I N N E R Y et PETRAK, 1968.

6.5. — Modèles à frottement (quasi statiques). — Les modèles de la dernière


catégorie sont physiquement bien plus satisfaisants, quoique à deux d i m e n ­
sions et de géométrie simple (le plus simple est d'ailleurs, si l ' o n veut, le
modèle grossier q u i termine le § 6 . 3 ) . O n se donne la cission c o m m e dans la
première catégorie, mais elle est supposée c o n t i n u e à la traversée de la faille.
Ces modèles o n t apporté des solutions possibles au paradoxe final d u para­
graphe 6 . 4 .

Walsh (1968) considère ( F i g . 13) une faille coulissante indéfinie de


pendage β s'étendant jusqu'à la p r o f o n d e u r d. Des contraintes xz, yz,
à l ' i n f i n i , engendrent dans la région de la faille une cission horizontale
τ^, supposée indépendante de la p r o f o n d e u r y. L a cission de f r o t t e m e n t
Ty, q u i s'oppose au glissement, croît
linéairement : τ^· = TQ + liy.
Les tensions sont données en fonc­
t i o n d u déplacement u{x, y) parallèle à
la trace par :

x y = μ dujdx 'yz = μ dujdy .

L'équation d'équilibre est M = 0. Pour


la satisfaire, o n fait une transforma­
t i o n conforme de Schwartz d u c o n t o u r
FIG. 13. p o l y g o n a l ( - oo, 0 ) , ( - 0, 0), (/ cos β,
Ιύηβ), (-f Ο, 0), (4- 0 0 , 0 ) en l'axe réel:
p o u r β = mnjn {m et « entiers, ce q u i est peu restrictif) o n d o i t prendre

\m!n ii(n/m - ly-""-


z = {ξ \ξ + by-""" avec a =
sin β

b = a(n/m — 1) .

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ÉNERGIE LIBÉRÉE, RENDEMENT SISMIQUE 377

Les déplacements s'obtiennent par des formules de M u s k h e l i s v i l i et les


tensions s'en déduisent.

P o u r une faille verticale p a r exemple, o n trouve :

^ / 2Kd\ z , ÎKZ\. ξ + d
xz - tyz = _ το - - ^ j J + ro + ( - J L o g ^ .

Les tensions sont en général infinies à la p r o f o n d e u r d (ξ = 0). L a faille


croîtra donc en p r o f o n d e u r jusqu'à ce q u ' o n a i t :

τ^^ = To + (2 Kd/π) ;

o n trouve que dans ce cas, la cission n o r m a l e à la faille est : τ„ = TQ + Kd


équilibrant exactement le frottement à cette p r o f o n d e u r . L a p r o f o n d e u r
d'équilibre est :

d, = π(τ^ - το)/2 K.

P o u r une faille oblique, o n trouve des résultats analogues.

Walsh considère trois types de déformation :


I ) Le glissement s'accompagne d'une chute de contraintes sur toute la
faille.
I I ) L a r u p t u r e , arrêtée p o u r une raison locale à une p r o f o n d e u r d
inférieure à d^, reprend brusquement ; la p r o f o n d e u r augmente de Ôd ;
le glissement intéresse toute la p r o f o n d e u r d + ôd, la chute de contraintes
ôd seulement.
I I I ) L a r u p t u r e , arrêtée à d^, reprend p a r suite d ' u n accroissement
ôxao de ; l'équilibre étant constamment m a i n t e n u , la p r o f o n d e u r
augmente de ôd^ ; i c i encore, le glissement intéresse t o u t e l a faille.

D a n s les trois cas, le r a p p o r t d u déplacement absolu de la lèvre supé­


rieure I 1 à celui de la lèvre inférieure | tV; | est égal à (π/^) — I , ce
q u i f o u r n i t u n m o y e n (difficile) d ' o b t e n i r le pendage.
W a l s h compare les déplacements avec ceux obtenus par la théorie des
dislocations. P o u r la faille verticale, la figure 14, où WQ est le coulissage
I Wj I -f I w, I, m o n t r e que, dans le cas I I , le déplacement décroît beau­
c o u p m o i n s vite avec la distance que p o u r la courbe donnée p a r la théorie
des dislocations. L a courbe d u cas I I I se c o n f o n d avec celle d u cas I
p o u r des failles très superficielles {d = 0) o u des failles sans f r o t t e m e n t
(dg = oo), c'est-à-dire avec le cas d'une fissure aérée de K n o p o f F (§ 6 . 3 ) .
E n f i n , l a courbe inférieure est celle d u cas I lorsque l'équilibre est atteint.
O n v o i t que l ' a d o p t i o n de ce dernier modèle est susceptible d'augmenter
beaucoup les profondeurs calculées. Des déplacements, o n peut déduire
les déformations, q u i sont préférables p o u r la comparaison aux observa­
tions ; nous n ' y insisterons pas.
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PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

FIG. 14.

Le modèle permet de calculer la v a r i a t i o n ôEi de l'énergie potentielle


élastique p a r unité de longueur, q u i est la moitié d u t r a v a i l des tensions
appliquées à la faille, calculé comme si elles étaient constantes pendant le
glissement ; en particulier, p o u r k = 0, y = Tohx, on obtient :

4 \ πΙ sm β — y

qui généralise une f o r m u l e de Burridge et K n o p o f f (1966) (§ 6 . 3 ) . De


façon générale, l'énergie ôE^ se dissipe en chaleur calculable stadque-
inent p a r intégration de la force de f r o t t e m e n t sur l a surface de l a faille et
en énergie émise E = L«3£, - E^, L étant la longueur de la faille, sup­
posée grande.
A t i t r e d ' i n d i c a t i o n , le résultat p o u r le cas 1 est :

Le modèle f o u r n i t le rendement sismique : η = EjLôEi. P o u r TQ = 0,


il est d u même ordre dans les t r o i s cas :

" 5(-^i-(x)V(-(î)')
(•-(έ)ΐ(-ί)
iii) \
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ÉNERGIE LIBÉRÉE, RENDEMENT SISMIQUE 379

sauf dans le cas I I près de l'équilibre où toute l'énergie potentielle est


dissipée en chaleur ; W a l s h y v o i t une explication possible des glissements
de failles n o n sismiques. TQ réduit le rendement ; par exemple p o u r le cas I
avec d = d^, η = (\ - y) (3 - y).
Enfin Walsh se propose, comme beaucoup, de calculer la chute de
contrainte Ôx. Les contraintes varient sur la faille et peuvent même croître
localement a u m o m e n t de la rupture. Chinnery considérait la valeur de δτ
sur la trace de la faille. Pour la faille verticale, ce serait — TQ dans le
cas I , zéro dans le cas I I où i l y a p o u r t a n t glissement et rayonnement !
N o u s verrons que A k i (1966) prend δχ = μ^ν^β d. Avec cette c o n v e n t i o n
Walsh trouve dans le cas I :

et dans le cas 11 :

ύτ = 2 ^ ( τ . _ - τ ο ) ( ΐ - ^ ) ^

q u i peut être petit si δdest petit. Pourtant la chute de contrainte subie par
la roche au m o m e n t de la r u p t u r e ne dépend que d u frottement et reste
la même dans les deux cas.

On peut conclure avec Walsh que les chutes de contrainte calculées sur les
failles prises dans leur ensemble dépendent de nombreux paramètres et n'ont pas
grand-chose à voir avec celles du laboratoire.
Bien avant Walsh, Weertman (1964) avait donné u n modèle quasi statique de
faille verticale à coulissage p o u r expliquer le paradoxe des profondeurs sur la
faille de San Andréas (§ 6 . 4 ) . C'est u n des rares exemples (avec Boore et al.
1971) d ' a p p l i c a t i o n sismologique directe de la théorie des dislocations.

W e e r t m a n considère une faille intérieure à la Terre, formée d'une


bande d u p l a n y = 0 allongée perpendiculairement à Ox et p o r t a n t des
dislocations infinitésimales rectilignes B{x) dx. L a cission en u n p o i n t
d u p l a n de faille d'abscisse ξ, due à une dislocation vis B{x) dx, est :

^ = - μΐ2π{ξ - x)y''Bix)dx.

L a cission totale est donc :

I l faut cependant exclure le cœur x = ξ de ΙΆ dislocation infinitésimale,


ce q u i revient mathématiquement à prendre la valeur principale de l'inté­
grale au sens de Cauchy.
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380 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

O n sait inverser l'équation précédente en :

πμ J X - ξ

B{x) et T(x) sont transformées de H i l b e r t l ' u n de l'autre.


E n fait, dans les problèmes d u type envisagé p a r W e e r t m a n , o n sup­
pose B(x) n u l en dehors d ' u n intervalle ab, et T(x) c o n n u dans cet inter­
valle. Le problème est u n problème mixte ; la solution finie en α et ό est :

Τ{ξ) άξ
Β(χ) = —^{b- χ) (χ - α) (1)
ημ^ ^ { ξ - χ ) ^ φ - ξ ) { ξ - α )

à c o n d i d o n que l ' o n ait :

ηξ)άξ = 0. (2)
a^ib - ξ ) { ξ - a)

A p a r t i r de ces formules, Weertman essaye de résoudre le problème


suivant : la surface de dislocation correspondant initialement à

—a X ^ a,

un paquet de dislocations occupant cette surface peut-il être mobilisé


par une contrainte appliquée et se déplacer lentement p o u r balayer la
faille ? A ce p o i n t de vue, le résultat sera négatif : la propagation des dis­
locations ne relève pas d u cas quasi statique. M a i s Weertman obtient des
conclusions intéressantes sur la profondeur des foyers.

Le paquet de dislocations choisi par W e e r t m a n est :

B{x) = A\Ja^ — x^ pour —a ^ x ^ a


B(x) = 0 pour X —a ou x ^ o .

O n déduit de l'équation (1) :

T(x) = ^ (x -f- \Jx^ - a^) pour - oo < x ^ - α

Αμ
χ pour — α < χ < α
2

~{χ - \Ιχ^ - α^) pour α ^ χ < 00 . (fig. 15)

Si o n v o u l a i t empêcher le glissement, d faudrait appliquer entre les


lèvres de la faille une contrainte de frottement/égale au m a x i m u m de | Γ |
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ÉNERGIE LIBÉRÉE, RENDEMENT SISMIQUE 381

FIG. 15.

soit / = Αμα/2. Supposons q u ' u n e contrainte appliquée S, tendant à


p r o v o q u e r u n glissement vers les x > 0, croisse lentement de 0 à 5 < /.
Pour q u ' i l y ait glissement, i l faut que S + Γ atteigne o u dépasse tant soit
peu la valeur f. L'écart S + T ~ f devra alors être compensé par une
contrainte effective τ(.ν) = f — S — T ^ 0 provenant de nouvelles d i s l o ­
cations de densité β(χ).
Lorsque S croît, le glissement commence immédiatement en a où
T = f et τ < 0 si petit que soit 5'. 11 s'étend de part et d'autre ; soit b, c
l'intervalle de glissement à un instant donné. C o m m e les créations de dis­
locations se font par couples opposés

[ β(χ) d x = 0 . (3)

Pour une faille profonde c > a, W e e r t m a n admet que b = — a + Ô avec


0 < δ ^ a. L'équation (1) l u i donne, au premier ordre en δ

avec

g = 1 pour b ^ X < a
g = 0 pour a < X ^ c.

Les c o n d i t i o n s (2) et (3) d o n n e n t ensuite, a u premier ordre :

δ ^ ΓΎ7~ = 1 _ ^
a V c + a / '

O n vérifie que, lorsque 5 s'approche d e / , c est grand et δ petit.


L a figure 16, tracée p o u r S = 0,8/; m o n t r e que le paquet i n i t i a l de dislo­
cations s'étale avec le temps au lieu de se propager dans son ensemble. Ce
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382 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

(x/a)-^

FIG. 16.

résultat est certainement général, malgré la forme particulière donnée a u


paquet d'ondes et malgré la t r o p grande simplicité dans la représentation
des contraintes exercées à grande distance de la faille par une c o n t r a i n t e
tangentielle appliquée entre les lèvres.

E n fait, les dislocations créées sur la faille doivent se déplacer rapidement,


sinon les contraintes qu'elles p r o d u i r a i e n t , amèneraient la cission à une valeur
supérieure a u f r o t t e m e n t ce q u i serait physiquement inadmissible ; a u c o n t r a i r e ,
F r a n k a montré en 1949 que des vis se déplaçant à une vitesse proche de celle
des S ne produisent que des cissions très faibles sur le p l a n de glissement.
(Eshelby a obtenu des propriétés analogues p o u r les coins ; elles i n t r o d u i s e n t la
vitesse des ondes de Rayleigh).
Dans le problème traité, la région a u t o u r àe. x = a, où la c o n t r a i n t e appa­
rente de frottement f - T est faible, j o u e le rôle de source des dislocations.
W e e r t m a n m o n t r e q u ' o n peut avoir une source analogue si le frottement est
plus faible dans une certaine région de la faille. I l examine ensuite le cas où le
frottement croît linéairement sur la faille, et l'influence de la surface libre, q u i
peut se t r a i t e r exactement p o u r une faille coulissante en i n t r o d u i s a n t la faille
image. Les résultats sont les suivants : soit une faille verticale à coulissage,
visible en surface, dans laquelle le f r o t t e m e n t / croît d ' a b o r d proportionnelle­
ment à la profondeur, atteignant 50 bars à 2 k m , puis présente un m i n i m u m vers
15 k m de profondeur, p r o f o n d e u r moyenne des séismes de Californie. L o r s q u e
la c o n t r a i n t e appliquée S dépasse le m i n i m u m , la faille glisse lentement puis
brutalement. Après que les dislocations créées o n t quité la faille par la surface
et par le f o n d , o n peut obtenir les déplacements superficiels. Avec u n coefifi-
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MODÈLES DYNAMIQUES DE SOURCES SISMIQUES 383

cient de frottement de 0 , 1 , o n trouve un vecteur de Burgers de 1,5 m , ce q u i


est un ordre de grandeur acceptable.
Signalons p o u r finir que Burridge et H a l l i d a y (1971) o n t réussi à t r a i t e r
le véritable problème dynamique sur u n cas idéafisé très voisin de celui de
Weertman.

7. — M O D È L E S D Y N A M I Q U E S DE S O U R C E S SISMIQUES

7.J. — Généralités. — Le p o i n t de départ dans l'étude d'une source (et n o n


plus de ses états i n i t i a l et final) c'est la comparaison de l'ensemble d ' u n sismo­
gramme avec u n sismogramme synthétique ; o u , ce q u i revient au même, la
comparaison des spectres d ' a m p l i t u d e et de phase. Car t o u t va dépendre désor­
mais de la période. P o u r prendre u n exemple, le cas où la r u p t u r e réduit les
contraintes sans les annuler se t r a i t a i t dans les modèles statiques en i n t r o d u i ­
sant un simple r a p p o r t : γ = σ/f (§ 6 . 3 ) ; mais la réduction (frottement, blocage
de la r u p t u r e saccadée, etc.) ne peut se p r o d u i r e n i se transmettre instantané­
ment ; son effet ira de zéro p o u r les périodes courtes à y p o u r les plus longues.
Le modèle d y n a m i q u e à choisir dépend des circonstances. O n y i n c o r p o r e
tout ce q u ' o n sait de la faille d'après les études de t e r r a i n , la p o s i t i o n d u foyer
et celle des répliques, le mécanisme au foyer ( i l correspond a u premier m o u v e ­
ment, mais o n p o u r r a supposer par exemple q u ' i l reste de même forme au cours
du séisme), etc. O n représentera ensuite le phénomène source, soit par une source
de dislocations sur la faille, soit si o n observe d'assez l o i n par u n d o u b l e couple
en utilisant l'équivalence établie au chapitre 13. O n précisera, souvent par des
hypothèses simplistes, l'évolution de la dislocation o u d u double couple dans
l'espace et dans le temps. Les paramètres, en petit n o m b r e , d o n t dépend encore
le modèle doivent être déduits de l'observation des ondes.
Si o n pense à l'influence des couches superficielles, que l ' o n peut t r a i t e r par la
méthode des matrices d ' H a s k e l l , à la divergence des rais dans la p r o p a g a t i o n
profonde, aux réflexions, à l'atténuation des ondes sur le trajet, o n v o i t la
variété des problèmes que l ' o n peut avoir à résoudre suivant ce q u ' o n cherche
et ce q u ' o n se donne. N o u s n'aborderons que les plus i m p o r t a n t s .

7.2. — Modèle ponctuel, moment sismique. — Commençons p a r le cas simple


d ' u n modèle ponctuel de source. O n le considère généralement équivalent à
l ' a p p a r i t i o n d ' u n double couple (Chap. 13), dans u n milieu n o n faille, o u encore
à la d i s p a r i t i o n de forces antagonistes. A k i (1966) appelle moment sismique et
désigne par MQ le m o m e n t de l ' u n des deux couples, quelle que soit la façon
dont cette valeur est atteinte. A u facteur MQ près, l'évolution la plus simple
q u ' o n puisse supposer à ce couple est un échelon d'Heaviside, d'où l ' o n peut
tirer les autres cas par c o n v o l u t i o n . L'étude des spectres rend parfois nécessaire
l ' i n t r o d u c t i o n de fonctions c o m p o r t a n t une durée propre 0 (voir Haskell,
1964), celles de la rampe (0 p o u r t ^ ÎQ ; (t - IQ^O p o u r IQ ^ t ^ IQ + 0 ;
I p o u r IQ + 0 ^ t), q u i c o m p o r t e une discontinuité initiale et une autre à
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384 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

l'arrêt ; o u la croissance asymptotique (0 p o u r t ^ί^,Ι - exp((io — 0/^) POur


t ^ to) obtenue par Ben M e n a h e m et Toksôz. Les spectres théoriques sont
multipliés par les transformées de F o u r i e r des fonctions correspondantes.
Soit L la plus grande dimension de la faille, c la vitesse de r u p t u r e . L a source
(observée de l o i n ) ne peut être quasi ponctuelle que p o u r les périodes T > L/c.
Prenons c = 2 km/s p o u r fixer les idées. L ' a p p l i c a t i o n habituelle, valable même
p o u r des longueurs de faille exceptionnelles (L ~ 1 000 k m ) , utilise les ondes d u
manteau 50 i < Γ < 1 000 s. Le cas d u paragraphe 7 . 6 fera exception. L a
n o t i o n de m o m e n t sismique q u i n'est nullement restreinte au modèle ponctuel
f o u r n i t , à côté de l'énergie émise, u n des paramètres les plus i m p o r t a n t s des
sources sismiques.

7.3. — S o u r c e à propagation uniforme. — Les plus simples des modèles


dynamiques n o n ponctuels supposent une faille rectangulaire. U n segment de
dislocations parallèle à l ' u n des côtés d u rectangle se met en marche, balaye la
faille à vitesse u n i f o r m e , et s'arrête l o r s q u ' i l arrive au côté opposé. C'est le
modèle « unilatéral ». Dans le modèle « bilatéral », deux propagations sem­
blables se f o n t dans des directions opposées. P o u r représenter par exemple une
faille à coulissage où la r u p t u r e se propage horizontalement, o n considérera un
segment de coins mobiles, alors que dans ce cas, les modèles statiques sont en
général des vis. U n modèle (considéré en U R S S ) dans lequel la dislocation,
p a r t o u t horizontale, se propage radialement à p a r t i r d u foyer et atteint succes­
sivement les bords d u rectangle serait plus clair, mais déjà bien compliqué.
Si, en chaque p o i n t de la source, la r u p t u r e complète a lieu instantanément,
le déplacement d ' u n p o i n t atteint par la dislocation mobile est u n échelon
d'Heaviside. L a mise en route de la dislocation schématise le début d u séisme ;
à l'autre b o u t de la faille, o n d o i t s'attendre à une phase d'arrêt (Savage) q u i a
peut-être été observée. Pour retrouver à leur place les m a x i m u m s et m i n i ­
m u m s (§ 8.1) des spectres observés, o n se sert, ici encore, de fonctions tempo­
relles plus compliquées.

7.4. —Directivité des ondes de surface. Réduction au cas ponctuel. — La


première application i m p o r t a n t e des sources à p r o p a g a t i o n u n i f o r m e est due à
Ben M e n a h e m (1961), q u i a mis en évidence les propriétés de directivité des
ondes de surface produites par une faille rectangulaire de p r o f o n d e u r constante
mais d'inclinaison quelconque.

i Ben M e n a h e m considère d ' a b o r d un demi-espace homogène ; une force


I h a r m o n i q u e de pulsation ω, d ' a m p l i t u d e F, de direction quelconque,
I agit sur u n p o i n t intérieur. C o m m e a u chapitre 5, paragraphe 6, ledépla-
I cernent est obtenu comme transformée de H a n k e l d'une f o n c t i o n ayant
p o u r pôles les 3 racines de l'équation de Rayleigh écrite en n o m b r e d'ondes.
A distance grande par rapport à la longueur d'onde, le déplacement est
donné par le résidu correspondant au pôle de Rayleigh γω/β (β vitesse
des ondes S, y = -1(3 + v 3 ) " ' si λ = μ).
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MODÈLES DYNAMIQUES DE SOURCES SISMIQUES 385

Décrivons le cas simple d'une faille


verticale à coulissage unilatéral. L a
force F est supposée parallèle à Ox
(Fig. 17). Ben M e n a h e m superpose
d ' a b o r d les expressions asymptotiques
correspondant à tous les foyers d ' u n
segment vertical Λ, < z < //j puis à
tous les points de la faille balayés à
vitesse v p a r ce segment vertical. A
distance grande par rapport aux dimen­
sions de la faille le déplacement superfi­
ciel (l'onde de Rayleigh) est donné, si
k = ω/β est le n o m b r e d'onde des S,
par les expressions : FIO. 17.

U, = 2(kr)-"'cosO g,X-' sin Xexp Ηφ - π/4)


Ug = (kr)-^" sinQ ggX-' sin Z e x p i(<p + π/4)
ί/, = 2(kr)-^" cosd g,X-' sin A-exp \(φ - 3 π/4)

avec

gr = i7gB=f f ( e x p ( - khi Vr'"-0 - e x p ( - kh^

- r , ( e x p ( - khi ^y' - } ) - e x p ( - kh^ ^y'^mpih2 - Λ,))

g, = / , f ( e x p ( - khi v V - T ) - e x p ( - kh^ Vy' - 1))

- r^iexpi- khi V T ^ Ï ) - e x p ( - kh^ Vy' - i ) / 2 ^/,^ - /i,))

/ j , / 2 , Γι, Fj sont des expressions dépendant de y et calculables numéri­


quement, c — β/y est la vitesse de l'onde de Rayleigh.
O n sépare ainsi les effets d u m i l i e u , contenus dans g,, gg, g^ ; l'effet
sin X/X de la longueur de faille (effet analogue à celui de l a d i f f r a c t i o n
par une fente rectangulaire) ; et enfin l'effet de p r o p a g a t i o n dépendant de φ.

Pour passer d u cas ponctuel à une faille de longueur finie L, en restant


dans le domaine d ' a p p r o x i m a t i o n s des ondes d u manteau, o n p o u r r a donc se
contenter (sauf en ce q u i concerne les phases) d'appliquer le facteur sin X/X
ainsi m i s en évidence par Ben M e n a h e m .
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386 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

Les mêmes expressions p o u r la phase et p o u r le facteur de réduction au cas


ponctuel apparaissent p o u r des failles rectangulaires d ' o r i e n t a t i o n quelconque,
à coulissage o u à rejet (le terme en Xjv disparaît cependant dans X si la faille à
rejet est verticale, F étant dirigé suivant Oz).
Le facteur de réduction au cas ponctuel reste présent si o n passe des modèles
précédents à des modèles engendrés par des systèmes de forces, n o t a m m e n t
par des doubles couples. Le facteur cos Q de U, et est remplacé p a r sin 2 0
p o u r les couples o u les doubles couples. M a i s , quelle que soit la directivité d u
système de forces constituant la source ponctuelle, le facteur sin XjX modifie
profondément la répartition azimutale des amplitudes dès que L est supérieur à
}.vl(c + v), λ étant la longueur d'onde ; i l i n t r o d u i t en effet de nouveaux plans
nodaux, correspondant aux racines de l'équation d'interférence destructive :

cos 0 = n—,
Ό L

où n est u n entier n o n n u l . L ' a m p l i t u d e devient différente en des points situés à


la même distance r mais dans des directions opposées 0 et θ + π. Cette dissy­
métrie n'est pas surprenante et semble avoir été reconnue par G u t e n b e r g et
Richter dès 1934.
U n e généralisation naturelle consistait à passer d u demi-espace homogène
à des structures stratifiées. Elle pose immédiatement le problème des ondes de
L o v e . Ben Menahem considère d ' a b o r d le problème de la couche homogène
sur le demi-espace homogène. I c i encore, i l p a r t de la s o l u t i o n exacte p o u r les
déplacements dus à une force harmonique horizontale dans la couche, passe à la
source mobile et obtient des solutions asymptotiques en intégrant les c o n t r i b u ­
tions des pôles de Love. I I applique à l'onde G (Chap. 12) les résultats corres­
p o n d a n t à u n simple couple en admettant que le spectre de la source est celui
d'une f o n c t i o n ô(t) de Dirac. I I examine enfin c o m m e n t déduire les paramètres
de la source de l'observation des ondes de surface.

Nous mentionnons ces derniers points qui peuvent avoir inspiré l'article de A k i (1966)
analysé au paragraphe 7 . 5 . Mais les lecteurs q u i désireraient appliquer les spectres des
ondes de surface à la détermination de la source o n t aujourd'hui à leur disposition les grandes
tables numériques de Ben Menahem, Rosenman, et H a r k r i d e r (1970) où sont calculés les
déplacements superficiels (contenu spectral ; groupes de K e l v i n o u d ' A i r y ) produits par une
source à dislocation de Dirac ayant une profondeur comprise entre 10 et 6(X) k m et une orien­
tation quelconque, dans trois modèles à stratification plane représentant respectivement-
les continents, les océans, et les boucliers, pour trois modes de Rayleigh ( Λ ι ι , R\2, Rii)
et quatre de Love (/.„ à L j ) et pour six. périodes (de 50 à 300 s). Des tables d u facteur de Ben
Menahem permettent de passer à des sources de longueur finie.

N o u s emprunterons à Ben Menahem et H a r k r i d e r (1964) deux exemples de


la variété des solutions obtenues. Le modèle de stratification est celui de Guten­
berg. L a figure 18 donne la répartition azimutale de l ' a m p l i t u d e normalisée et
de la phase p o u r l'onde de Rayleigh (en haut) et l'onde de Love (en bas) engen­
drées par un double couple représentant la r u p t u r e d'une faille normale inclinée
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MODÈLES DYNAMIQUES DE SOURCES SISMIQUES 387

F I G . 18. — Variations de l'amplitude et de la phase d'une onde de 55 secondes


émise par un double couple représentant une faille normale inclinée de 15°, situé à la
surface ( ] , 2) ou au fond (3, 4) de la croûte. ( 1 , 3) onde de Rayleigh ; (2, 4) onde de
Love. D'après B E N MENAHEM et HARKRIDER, 1964.

F I G . 19. — Variations de l'amplitude et de la phase pour des ondes de Rayleigh de


périodes 55 à 310 secondes émises par un double couple représentant une faille inverse
inclinée de 45°, situé à une profondeur de 100 k m . D'après BEN MENAHEM et H A R ­
KRIDER, 1964.
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388 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

à 105°. L e foyer est à gauche en surface, à d r o i t e à la base de la croûte. L a


figure 19 m o n t r e , p o u r u n double couple représentant l a r u p t u r e d'une faille
inverse inclinée à 4 5 " , que la directivité de l'onde de Rayleigh dépend énormé­
ment de la fréquence (beaucoup plus que p o u r l'onde de Love d u mode fonda­
mental).
L e cas des explosions en m i l i e u précontraint a mérité u n développement
théorique particulier de A r c h a m b e a u et Sammis (1970). N o u s avons déjà
cité (§ 4 . 1 ) les résultats de Toksôz et K e h r e r (1971).
L a p l u p a r t des études sur les spectres des ondes de surface utilisent c o m m e
celle de Ben M e n a h e m un m i l i e u semi-infini. Cependant Saito a proposé dès
1967 une méthode p o u r obtenir u n développement en modes n o r m a u x des
oscillations propres et des ondes de surface issues d'une source ponctuelle
intérieure à une sphère stratifiée ; i l serait possible de passer p a r intégration à
une source à p r o p a g a t i o n . K a n a m o r i (1970) a utilisé la s o l u t i o n de Saito p o u r
obtenir des sismogrammes synthétiques et par c o m p a r a i s o n des renseignements
sur la source.

7.5. — Le moment sismique d'après les ondes du manteau.Exemple du séisme


de Niigata. — Le travail o r i g i n a l de A k i (1966) peut t o u j o u r s servir c o m m e
exemple d ' a p p l i c a t i o n . A k i étudie le séisme j a p o n a i s de N i i g a t a que les observa­
tions sur le terrain a t t r i b u a i e n t à une faille longue d'une centaine de k m ,
dirigée N ( 2 0 " o u 30") E, sur laquelle la r u p t u r e s'était propagée dans les deux
sens, et d o n t le rejet p o u v a i t être, en p r o f o n d e u r , de l ' o r d r e de quelques mètres.
11 analyse les ondes de L o v e G2 venant par le grand arc.

De 02(1) = ^2(1^) cos (ωί - φ{ω)) άω, i l déduit la densité spectrale


J 0
I /"2 I et le déphasage φ. 11 corrige φ des effets i n s t r u m e n t a u x , d u passage à
l'anticentre, et de la p r o p a g a t i o n , p o u r a v o i r les valeurs à la source. I l n o r m a ­
lise I /"2 I à une distance de 9 0 " et à u n temps de p r o p a g a d o n de groupe de
7 000 s, en tenant c o m p t e d u facteur géométrique (sin z l ) ' ' ^ et de l'atténuation
ε χ ρ ( ω ( ί - 7 000)/2 Q). Q est estimé à 120, o u , mieux, déduit, p o u r chaque
période, d u r a p p o r t G3/G2.
La comparaison des amplitudes relatives et des phases observées dans les
divers azimuts aux valeurs théoriques p o u r une source ponctuelle confirme
l'existence d'une faille inverse avec pendage de 7 0 " vers N 7 0 " W ( F i g . 20).
Reste à utiliser l ' a m p l i t u d e absolue. P o u r une période 200 s, o n peut en pre­
mière a p p r o x i m a t i o n considérer c o m m e ponctuelle une source de 100 k m .
A k i suppose qu'elle correspond à un double couple évoluant suivant un échelon
d'Heaviside, et compare les densités spectrales dans la d i r e c t i o n de l ' u n des
4 lobes présents ( F i g . 21).
L ' a m p h t u d e théorique est empruntée (1) à H a s k e l l (1964) p o u r une croûte
et un manteau homogène o u (2) à Ben M e n a h e m et H a r k r i d e r (1964) p o u r u n
modèle de G u t e n b e r g négligeant la c o u r b u r e de la Terre. D a n s les deux cas,
l'accord est médiocre p o u r les périodes courtes, p a r effet des dimensions de la
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MODÈLES DYNAMIQUES DE SOURCES SISMIQUES 389

F I G . 20. — Comparaison entre la phase théorique à la souree du séisme de Niigata


(représentant le mouvement en sens inverse des aiguilles d'une montre vu de l'épi­
centre), avec l'amplitude observée des ondes Gz de 200 secondes. Les courbes théo­
riques sont calculées pour u n double couple représentant une faille inverse de
trace N 20" E inclinée de 6 5 " . L'échelle des amplitudes est arbitraire. D'après A K I ,
1966.

source et par insuffisance de détermination d u facteur de qualité Q. E n admet­


tant une progression de la r u p t u r e sur ± 50 k m à une vitesse 1,5 km/s et en
utilisant le facteur de Ben M e n a h e m , la courbe (2) s'améliore en (3) ( F i g . 21).
Mais, de toute façon, le moment sismique d o i t être compris entre 3 x 10^^ et
4 X 10^'' d y n e . c m . 11 est donc mieux déterminé que l'énergie libérée, connue
seulement à un facteur 10 près.
Si l ' o n se rappelle que les moments élémentaires sont donnés en f o n c t i o n
de la dislocation a p a r M" = M ^ ' = μα (formule 5 bis d u Chap. 13, § 3),

le moment sismique t o t a l μα άΣ s'écrira :

Mo = μυΑ (4)

(A aire faillée, U dislocation moyenne sur A). L a f o r m u l e appliquée au séisme


de Niigata f o u r n i t à A k i ί7 = 4 m en accord raisonnable avec le rejet supposé.
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390 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

Période ( s e c )
200 100
lOX)

SJO

( I ) Couche simple
( 2 ) Couches multiples
(3) ( 2 ) Bilatéral

0.005 0.01 0.015 0,02

Fréquence ( c y c l e / s )

F I O . 2 1 . — Comparaison entre les densités spectrales théoriques et observées du


déplacement dans la direction d'un lobe (ramenées à 1 0 0 0 0 k m de distance sur u n
modèle plan n o n dissipatif) ; 1 ) modèle à couche homogène sur milieu semi-infini ;
2 ) modèle de Gutenberg ; 3) modèle ( 2 ) corrigé de l'eflfet de propagation de la rup­
ture. Dans les trois modèles, le moment est supposé avoir la valeur indiquée. D'après
AKI, 1966.

Cette f o r m u l e (4) de A k i a c o n n u u n grand succès. Jointe a u x formules de


Starr d u paragraphe 6 . 3 , elle donne aussi la chute de contrainte τ = μϋ/ρα
zt l'énergie libérée ôE^ = qpU^ L/p^, L étant l a longueur, a l a p r o f o n d e u r de
la faille. Si o n a la magnitude, donc l'énergie émisée, o n aura enfin le rendement
sismique η.

A k i indique : τ = 126 bars ; £Ί = 5 x 1 0 " ergs ; M = 7,5 ;

E= \,l X 1 0 " ergs ;

η = 0,2 ; mais les incertitudes sont considérables.

La formule

f =^(σ -f)Ua

d u paragraphe 6 . 3 permet encore d'écrire

-^^ = {(<τ-/)μ^\η{σ+/)μ.

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MODÈLES DYNAMIQUES DE SOURCES SISMIQUES 391

Dans ce modèle la corrélation de l o g MQ avec log E, donc avec la magnitude,


renseigne sur la chute de c o n t r a i n t e Δ τ = σ — / o u , si o n se donne η, sur la
contrainte moyenne : τ = (σ + / ) / 2 .
D'autres quantités peuvent être obtenues à p a r t i r d u spectre des ondes de
surface, n o t a m m e n t leur facteur de qualité Q o u la p r o f o n d e u r d u foyer
(Tsai et A k i , 1969, 1970).

7.6. — La coda des séismes faibles. — Des failles de quelques centaines de mètres pour­
raient être considérées comme quasi ponctuelles pour des ondes de fréquence comprises
entre 0 , 2 et 3 Hz) mais l'effet des couches superficielles perturberait la détermination d u
moment sismique.
A k i (1969) a obtenu des résultats statistiques en considérant la « coda » de séismes cali­
forniens de magnitude 2,5 à 5 : à quelques kilomètres de l'épicentre u n enregistrement n o r m a l
dure une vingtaine de secondes ; sur un enregistrement beaucoup plus sensible apparaissent
ensuite des ondes dont l'amplitude et le spectre varient peu avec la distance. A k i les suppose
produites par réverbération des ondes de surface, que diffusent des accidents superficiels
disposés avec une probabilité uniforme. I l écrit leur spectre P(co, t) = | 5 ( ω ) p C((u, t) où
5(ω), qui dépend de la source, est proportionnel au moment sismique et où C(co, /) est indé­
pendant d u lieu et d u séisme, si l'on reste dans le domaine de fréquence où i l apparaît ponctuel.
On a ainsi des moments relatifs que rend absolus l'observation d'ondes de surface pour le
séisme le plus i m p o r t a n t .
La formule (5) du paragraphe 4 conduit enfin aux corrélations, valables pour M > 3,
log /V/o(N.m) -= 8,8 r 1,5 M, en b o n accord avec la figure 20, log(£joules/Mo N . m ) = 4,4,
ηΣ - 12 > 105 N . m 2 s ; |a valeur admise pour // passe de 1 à 0,1, Γ passe de 12 à 120 bars
(10? Pa), de l'ordre des estimations faites pour les séismes importants.
En fait ces résultats correspondent à une station permanente située sur d u granité. Une
comparaison avec des stations temporaires montre u n coefficient d'amplification des spectres
atteignant 8 sur des sédiments mobiles.

7.7. — O b s e r v a t i o n s près d'une faille. — Le séisme de Parkfield (28 j u i n


1966) sur la faille de San Andréas a été enregistré 20 k m au sud de l'épicentre
sur la composante horizontale perpendiculaire à la faille par u n accélérographe
qui en était à 80 m seulement. Le déplacement obtenu par double intégration
était une i m p u l s i o n simple, unilatérale, de 30 c m en 1,5 s. A k i (1968) cherche le
sismogramme théorique p o u r une dislocation en échelon d'Heaviside se
déplaçant à vitesse u n i f o r m e dans u n m i l i e u homogène. Le calcul (13.6) exclut
les périodes très courtes. A k i tient compte a p p r o x i m a t i v e m e n t de la surface
libre en faisant varier la dislocation avec la p r o f o n d e u r suivant le modèle
statique de K n o p o f f (§ 6 . 3 ) , et en d o u b l a n t l ' a m p l i t u d e p o u r tenir compte de la
source image. E n fait la p r o f o n d e u r i m p o r t e peu aux fréquences et à la distance
envisagées. L a vitesse de r u p t u r e , estimée à 2,2 km/s, intervient elle-même assez
peu si o n se l i m i t e aux fréquences inférieures à 3. Le sismogramme synthétique
représente bien l ' i m p u l s i o n réelle mais avec une dislocation de 60 c m contre 4,5
pour le coulissage observé sur la faille ; p o u r expliquer ce paradoxe, A k i
suppose l'existence d'une couche superficielle de quelques dizaines de mètres
peu couplée avec la p r o f o n d e u r .
On v o i t l'intérêt des observations ainsi faites très près de la faille ; leur
spectre dépend peu de l'aire faillée et f o u r n i t directement la dislocation U.
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392 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

Le m o m e n t sismique pUS étant déterminé par ailleurs, on en déduit l'aire


faillée S, donc sa dimension verticale (3 k m ) et la chute de contrainte (quelques
dizaines de bars). L a p r o f o n d e u r de certaines répliques a atteint 15 k m ; le
séisme p r i n c i p a l y a u r a i t reporté les contraintes.
Haskell (1969) a repris le problème (13.6) et calculé u n grand n o m b r e de
modèles. L ' u n d'eux, appliqué au séisme de Parkfield, donne une d i s l o c a t i o n
de 90 c m , accentuant encore le paradoxe. Boore et al. (1971) obtiennent encore
u n résultat de même ordre en t r a i t a n t le problème à deux dimensions (faille
infiniment longue de p r o f o n d e u r infinie).
Brune (1970) essaye de comprendre physiquement l'ensemble des phénomènes
au voisinage d'une faille interne ; L a contrainte tangendelle mobile appliquée
à chaque lèvre de faille émet des ondes ,S' dans la lèvre jusqu'à l'arrivée des
ondes P et S p r o v e n a n t des bords de la faille, q u i créent le couple antagoniste
dans la représentation p a r double couple. L a source devient analogue a u
d o u b l e couple à des distances telles que le mouvement provenant de la lèvre
opposée soit arrivé par d i f f r a c t i o n en c o n t o u r n a n t la faille. B r u n e en tire, à
chaque stade, des représentations intuitives. 11 trouve que l ' i m p u l s i o n de
déplacement ne peut guère dépasser la moitié de la dislocation et confirme encore
la conclusion de A k i .

7.8. — Conclusions. — Les vrais modèles dynamiques, dans lesquels les


déplacements sur la fracture ne sont pas donnés mais résultent des tensions,
sont encore peu n o m b r e u x : à ceux de Brune (1970) et de Burridge et H a l l i -
day (1971) signalés au paragraphe 7 . 5 o n ne peut guère ajouter que H a n s o n
et al. (1971), numérisé dès le départ. Malgré leur intérêt, ces modèles sont
encore peu utilisables p o u r les interprétations courantes.

8 . — ÉNERGIE E T M O M E N T S I S M I Q U E
D'APRÈS LES O N D E S D E V O L U M E

8.J. — Généralités. — Les deux paramètres p r i n c i p a u x E et MQ d'une source


sont corrélés aux deux extrémités d u spectre. L'énergie q u i p r o v i e n t des r u p ­
tures est s u r t o u t transportée par les ondes courtes (1 à 2 s, jusqu'à 5 p o u r les
très grands séismes) ; la fenêtre correspondante entre l ' a g i t a t i o n microsismique
industrielle et l ' a g i t a t i o n naturelle est encore peu exploitée. Disons en u n m o t
p o u r n ' y plus revenir ; L a figure 36 d u chapitre 11 concerne trois séismes
superficiels de magnitude voisine mais d ' a m p l i t u d e différente, l ' a m p l i f i c a t i o n
d u sismographe étant constante de 0,1 à 1 Hz. Les différences entre les spectres
relatifs, q u i sont attribuables à la source disparaissent entre 0,5 et 1 H z où l o g Â
décroît linéairement avec la fréquence /, ce q u i paraît i n d i q u e r la présence
dans ce domaine d'une atténuation à facteur de qualité Q constant (Chap. 1).
O n peut ainsi ( C h o u d h u r y ) déterminer cette valeur de Q, corriger la valeur
spectrale et définir une magnitude sur t o u t cet intervalle 0,5 à I H z .
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ÉNERGIE ET MOMENT SISMIQUE 393

Pour déterminer MQ, o n a v u q u ' o n s'adresse en principe aux ondes d u m a n ­


teau. E n fait, si les séismes ne sont pas assez i m p o r t a n t s p o u r donner des ondes
du manteau utilisables o n devra se contenter des ondes de v o l u m e enregistrées
par les sismographes classiques à longue période p o u r déterminer E et MQ.
La traversée des régions superficielles cause des différences importantes dans les
spectres, P p a r exemple, en des stadons voisines ( F i g . 22). Cependant o n p e u t
constater que d'une station à l'autre les m a x i m u m s et m i n i m u m s restent sensi­
blement à l a même place.

F I O . 2 2 . — Spectres d'énergie de quatre séismes (composante verticale des ondes P)


en deux stations voisines (Strasbourg et Stuttgart). Durée des spectres 4 0 secondes,
pas 0 , 5 seconde. D'après HOANG TRONG PHO, 1 9 7 1 .

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194 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÈ

N o u s suivrons partiellement un exposé de H o a n g T r o n g Pho, inspiré


de Haskell (1964), Hirasawa et Stauder (1965), Hirasawa (1965).

8.2. — Source à propagation uniforme. Calcul des déplacements. — C o n s i ­


dérons une fracture située dans le p l a n xOz. Elle est engendrée par une
ligne de dislocation de longueur a ( o u , ce q u i revient au même, par une
ligne de doubles couples élémentaires) faisant l'angle y avec Oz ( F i g . 23) et
se déplaçant à la vitesse constante V, perpendiculaire à sa direction j u s ­
qu'à p a r c o u r i r une longueur h (modèle unilatéral). Le vecteur de Burgers,
supposé de d i r e c t i o n constante, s'écrit en un p o i n t M d u rectangle
Σ(α, b) :

B(M,t) = Bo{t)ô(xcosy - zsiny - Vt). (1)

F I G . 23.

11 est n u l ailleurs. Reportons-nous à la f o r m u l e (27) d u chapitre 13,


paragraphe 4 q u i donne la T . F. U''{MQ, ω ) de la composante l o n g i t u d i ­
nale U''(MQI, t) en u n p o i n t MQ (XQ, yo, Z Q ) quelconque (*). Elle renferme
l'intégrale :

I = άΣ B ( M , ω ) e x p ( - i K p d . v ) (2)

Kp est le n o m b r e d'onde ω/α ; v est le vecteur OMQ/RQ où RQ, distance

(*) Comme au chapitre 13, nous surlignons les transformées de Fourier.

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ÉNERGIE ET MOMENT SISMIQUE 395

de MQ à l'origine O située dans i7 est petit p a r r a p p o r t h A tX B ·,Λ = O M


où M (x, O, z) est s u r T . C o m p t e tenu de ( I ) o n a :

B ( M , ω ) = Bo(co) e x p [ i w ( x cos y — z sin y)/K] .

En prenant des axes de coordonnées ξ, η, dirigés suivant les côtés de Σ,


on trouve :

I = a 6 B o ( œ ) e x p [ - \ω{Χ + Y)\ = "Βο(ω) /^p ,

avec

a IXQ sin y + Zocosyj


Il \ I\Q

b / XQ cos y - ZQ sin y oc \
Y =
2a \ Ro Κ/'

On obtiendrait les expressions p o u r l a composante transversale en chan­


geant α en β.

Les coefficients sin ωΧ/ωΧ et sin ω Κ/ω K j o u e n t le même rôle que les coeffi­
cients analogues p o u r les ondes de surface. I l s m o n t r e n t l ' i m p o r t a n c e des
dimensions de la source et modifient la directivité d u double couple.

A p p l i q u o n s le calcul au cas d'une dislocation vis, le vecteur de Burgers


étant dirigé suivant Ox, soit BQ = IBQ ; y = π/2. L a T . F. d u déplacement
est donnée par :

(5)
\ J Ko a 4inR

(j"°+i>'°-2v^-^^°)^''P'^^^/,. (6)
β \ RQ RQ R ' J AinR

Finalement, en coordonnées sphériques MQ (RQ, 0, ψ), les composantes


du déplacement s'écrivent :

4π/ΪΜ, =(^) s i n ' 0 sin 2 ¢)./,


^«7 RQ

4 πβη^ = sin 0 cos 0 sin 2ψ.Is ) (7)

β
4 πβη = y—sin θ cos 2φ.Ι^
Ro
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PARAMETRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITE

avec

ab {^"^ Λ sin ωΧρ,χ sin ωΥρ,χ


2 π J_ œ X p s "côï^T"

exp (ίω { t - ^ - Xp.s - Yp,s) ) dœ . (8)

^p,s = ^ sin θ cos φ j


(9)

O n a posé

Si le r a p p o r t a/6 est petit devant l'unité, l'effet de sinωΧ/ωΧ est négli­


geable.
L'évolution temporelle de la source affecte le spectre mais n o n la dis­
t r i b u t i o n des compressions et des dilatations, n i la p o l a r i s a t i o n des
ondes 5. Dans une d i r e c t i o n déterminée les racines en ω des équadons
wXp^s> ω^ρ,χ = entier n o n n u l ) p o u r r a i e n t expliquer certains des
m i n i m u m s observés dans le spectre. M a i s les m i n i m u m s peuvent être dus
à beaucoup d'autres causes, p a r exemple à des interférences entre pP et P
( G u h a et Stauder, 1970).
S i / ( 0 est un échelon d'Heaviside, o n aura, en omettant les indices P
dans Λ' et r :

sin ωΥ
exp[ift;[t - ^ - y ) j dœ
1π]^.,^ ωΥ

ab
2 Y ("('-TI-'O-T-^''))-
L ' o n d e (10) est une p u l s a t i o n rectangulaire ; le premier terme corres­
p o n d au début de la fracture et le second à la f i n . L ' i d e n t i f i c a t i o n de l a
phase d'arrêt permettrait de calculer la longueur b et la vitesse v.
Revenons au cas général et calculons la vitesse

4 πβυ, = (βΙαγ (BQ/^O) sin^ 0 sin 2φ.Ϊρ (11)

ab '• + =° sinω^ sincoY /. / RQ \\


Ip =
(12)
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ENERGIE ET MOMENT SISMIQUE 397

Dans le cas d'une faille bilatérale d o n t les longueurs respectives des deux
branches sont b et h', o n a (Hirasawa et Stauder, 1965) :

ab^ ^ " , sin ω Χ t. ί RQ ^\ \

2 π J

, , sin ωΥ b„ sin ωΥ'


I I cos ωΥ
X
ωΥ + b cos ωΥ
+
ωΥ
ωΥ b
—ι άω (13)
. / s i ωΥ
n ' ωΥ ^ b'b s i nωΥ'
' ωΥ'
ou

Y' = \('-+'-cose). (14)


2\v α /

S.3. — Calcul du moment sismique et de l'énergie. — Si o n suppose avec


Haskell (1964) que :
Bo(t) = 0 p o u r ί < 0 , tjT p o u r 0 < ί ^ Γ , 1 p o u r t>T, (15)
on a:
1
Ρ{ω)= .(e-'^'-l) (16)
Γω'

et

s i n ' (ωΓ/2)
F(co)
(T/2)'

L'équation (13) peut se mettre sous la forme :

ab 1 - e" sin ωΧρ


exp(iiu(i - ^ - x ) ) x
2π J _ ωΧρ

X ( ^ ( ω ) - \Β{ω))άω. (17)

On suppose comme précédemment que | ω Χ \ est suffisamment petit


devant l'unité p o u r que sinωΧ/ωΧ puisse être considéré c o m m e égal à
l'unité.
Dans le cas d'une faille bilatérale symétrique (b = b'), si ί/,(ω) est la
T . F. de M „
π 2 sin (ωΓ/2) ^
υχω) ' sin θ sin 2 ψ
4 πβΡο (Τ/2)^

s i n ' ωΥ s i n ' ωΥ'


2 ^ - ^ ^ ^ COS ω ( 7 - Υ') (18)
L (ωΥ)' + (ωΥ') ωΥ
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398 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

comme o n le v o i t en utilisant (11) et (17) et en considérant la réciprocité


des transformées de F o u r i e r .
O n peut donc poser :

Rl ύχω) P = Bl a' b' Giœ, 0, φ) = ^ G;

G est c o n n u si o n se donne a, b, v, T.
υ,(ω) ' àoj est l'énergie de l'onde dans la bande de pulsations άω,
par unité d'angle solide dans la d i r e c t i o n 0, ψ. O n peut, comme o n l'a v u
au paragraphe 3, la déduire des spectres observés dans les diverses stations,
en tenant compte des effets i n s t r u m e n t a u x , de l'expansion géométrique,
de l'atténuation, et même des réverbérations dans la croûte (en utilisant
les matrices de Haskell). L ' a p p l i c a t i o n (Hirasawa, 1965) au séisme de
N i i g a t a est un excellent accord avec A k i , 1966 (§ 7.5).
A p a r t i r des vitesses, des calculs de Haskell (1964) permettent encore
d ' o b t e n i r les énergies :

Ep = py. ùl àtRl sin ΟάΟάφ j


0 J 0 ·' - 00
(19)

Es = Ρβ {ù] + M,^) d / « o s i n θάθάφ\

Les formules, que nous n'écrirons pas, permettraient des comparaisons


avec l'énergie observée.

8.4. — Modèles statistiques de sources sismiques. — L ' e x p l o i t a t i o n complète


des spectres sismiques est t r o p lourde p o u r une utilisation statistique. O n peut
retenir seulement la directivité des sources à p r o p a g a t i o n (Udias, 1970). M a i s
o n s'est efforcé, par des méthodes diverses, d ' o b t e n i r des propriétés générales,
n o t a m m e n t l'évolution d u spectre lorsque la magnitude augmente (évolution
q u i se t r a d u i t par un enrichissement relatif en longues périodes). C'est un p r o ­
blème de réduction d'échelle (scaling), q u i d o i t conduire en particulier à la
détermination des deux fonctions M{m) et M^im) où M et m sont les magnitudes
(§ 4 . 1 ) , MQ le m o m e n t sismique.
P o u r les explosions, le problème est relativement simple ( M u e l l e r et M u r p h y ,
1971 ; M u r p h y et M u e l l e r , 1971) si o n écarte les cas où elles hbèrent s i m u l t a ­
nément de l'énergie potentielle élastique (Toksôz et Kehrer, 1971).

P o u r les séismes, le problème est de v o i r ce que deviennent les spectres


aux courtes périodes. Revenons aux formules (19). Elles i n t r o d u i r a i e n t des
intégrales d u type :

lldi .

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ÉNERGIE ET MOMENT SISMIQUE 399

L'expression (8) de Ip résulte déjà d'une intégration correspondant à la


propagation sur la faille. R e m o n t a n t a u x f o r m u l e s (2) o n peut écrire
(Haskell, 1 9 6 4 ) :

; ; B ( ^ , r - ^ ) d ^

où B est la moyenne de la dislocation sur la largeur de la faille ( 5 = 0


pour ξ < Q tt ξ > b) oh r = RQ - ξ co% 0. H a s k e l l (1966) transforme
les formules de façon qu'elles dépendent seulement de l a double autocor­
rélation de 'Β{ξ, t), soit :

Φ(ζ, τ ) = jj" m, t) Β(ξ + ζ,ί + τ)άξ dî

et obtient aisément :

liât = φ|ς, ξ c o s - ^ j d ^ .

Haskell définit u n modèle statistique de source en se d o n n a n t p o u r


ψ(ζ, τ) une forme particulière raisonnable :

(- ^ 2 b)
Φο(ΐ - K, τ- \ )exp
ζ

qui conviendrait en p a r t i c u l i e r à une rampe ondulée. A k i (1967) adopte de


même une expression

exp
\ 1 V

p o u r l'autocorrélation de Β{ξ, t) et m o n t r e que la densité d u spectre


d'amplitude est donnée en f o n c t i o n de la p u l s a t i o n p a r les formules :
2, -n

où « = 1 dans le cas d ' H a s k e l l (modèle en ω " ^ p o u r ω grand) ; « = j -


dans le cas d ' A k i (modèle en ω~^). BQ est la moyenne de B sur toute la
longueur de la faille. O n a une f o r m u l e analogue p o u r S avec β rempla­
çant a.
Enfin A k i cherche à comparer des séismes de magnitude différente ayant
suivi les mêmes trajets ; i l faut p o u r cela réduire à un seul le n o m b r e des
paramètres en j e u . A k i adopte donc une « l o i de s i m i l i t u d e » dans laquelle
a, b, Bo varient p r o p o r t i o n n e l l e m e n t . L a c o n t r a i n t e , calculée sur u n
modèle statique, devrait alors être indépendante de la magnitude ; nous y
reviendrons, v est une constante ; ΑΊ et sont p r o p o r t i o n n e l s à b.

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400 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

Les méthodes approchées de B r u n e ( 1 9 7 0 ) le conduisent aussi p o u r


Α{ω) à une pente asymptotique en ω ~ ' mais si la chute de contraintes
est seulement partielle (y = σ//, § 6 . 3 ) la pente est encore en ω " * tant
que yœjO est de l ' o r d r e de 1 ( 0 mesurant, comme a u paragraphe 7 . 2 ,
l'évolution temporelle de la source).
Citons encore Brune et K i n g (1967), q u i se proposent plus modestement
de comparer les amplitudes des ondes de Rayleigh de 1 0 0 s, propres à la
détermination d u m o m e n t MQ, à celles de 2 0 s propres à la détermination
de M. Toutes choses égales d'ailleurs, ce r a p p o r t est (Ben M e n a h e m ,
1961) :

^ sin X ( 1 0 0 ) / s i n Λ:(20)

^ ' Χ(\00) I X ( 2 0 )

- nb lc(T)

c étant la vitesse de phase, υ la vitesse de r u p t u r e , admise à 3 km/s. R a des


zéros et des pôles. Les auteurs admettent q u ' o n peut néanmoins faire
passer au milieu des points Mo{M) observés une courbe obtenue en pre­
nant la moyenne : R{b) = ^(20)/^^(100), courbe q u ' i l s assimilent à trois
segments ( F i g . 2 4 ) en s'appuyant sur des déterminations antérieures de
b(M) ( l i d a , Tocher, cf. Fig. 2 5 ) . Pour b g r a n d , R(b) ~ 5 . Dans l'applica­
t i o n , ce modèle simple semble meilleur que le modèle en O J ' ' et s u r t o u t
que le modèle en ω~^.

8.5. — Résultats : Corrélation entre magnitude et moment sismique ; chutes


de contraintes, dimensions de la source. — I l faut maintenant donner quelques
résultats. Nous prendrons comme exemple un travail soigné de Wyss (1970)

q u i porte sur 3 7 grands séismes d'Amérique d u Sud, profonds de 0 à 1 9 0 k m


et de 5 4 3 à 6 5 5 k m . Lorsque c'est possible Wyss détermine MQ par les
ondes P et par les ondes de surface ; le r a p p o r t peut atteindre 4 (cela inci­
terait à distinguer W g de MQ comme o n distingue m de M).
La figure 2 4 donne le m o m e n t en f o n c t i o n de la magnitude m déduite des
ondes de v o l u m e . Les chutes de contrainte τ = 2 EJMQ μ ( § 7 . 5 ) v o n t de 4 à
2 0 0 0 bars. L a ligne brisée théorique de Brune et K i n g , 1 9 6 7 , f o u r n i t une
moyenne entre, d'une p a r t , tous les séismes profonds et la majorité des séismes
superficiels, d'autre p a r t , tous les séismes intermédiaires q u i , étant situés a u -
dessous de la ligne, correspondent à des contraintes relativement élevées, sur­
prenantes dans la couche à m o i n d r e vitesse. O n verra au T o m e I I qu'ils naissent
dans une langue plongeante de lithosphère traversant cette couche.
Le cas des séismes à très faibles contraintes a particulièrement attiré l ' a t t e n ­
t i o n . Brune et A l l e n ( 1 9 6 7 6 ) , étudiant sur le terrain (Impérial Valley) u n séisme
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ÉNERGIE ET MOMENT SISMIQUE 401

dont la magnitude était seulement de


3,6, t r o u v e n t néanmoins, sur 10 k m α /
de faille, u n déplacement superfi­ / -
ciel (à vrai dire ne dépassant pas - /o

1,5 cm). A d m e t t a n t une p r o f o n d e u r - 0 /

focale inférieure à 5 k m , une épais­


/
seur de croûte de 35 k m , l ' a m p l i ­
tude des ondes de Love leur f o u r n i t
27
- 7 o

MQ = 2 X 10^^ dyne/cm p o u r le - • 7o
double couple équivalent. L a f o r m u l e D y

(4) d u paragraphe 7.5 donne alors 26


• •Q' 0
pour U = 0,9 c m , μ = 2 x 1 0 "
D

/
dyne/cm^ et p o u r 6 = 10 k m une
/ o
hauteur de f a i l l e : a = 1,1 k m . Enfin / 0 _
25
le modèle de K n o p o f F c o n d u i t à la • 64o7
o
valeur extrêmement faible τ = 1,1
o
bar, puis à une énergie poten­ /
1
1
tielle c i f , = 6 X 1 0 " " ergs contre f
~ 1
E = 2 X 10'^ ergs déduit de m. Le 1
rendement ( m a l déterminé) serait de / • h < 50
• o 5 0 < h < 2 0 0
0,3. o 5 0 0 < h < 7 0 0

23 1 1, 1 1
Une valeur, plus faible mais plus
douteuse, τ = 0,7 bar, a été trouvée Magnitude, m

par A k i (1967) p o u r la chute de


F I G . 2 4 . — Moment sismique en fonction
contraintes au cours d u séisme de
de la magnitude déduite des ondes de volu­
Parkfield d o n t la faille avait 38 k m
me. Les deux nombres indiquent des pro­
de long. fondeurs en kilomètres. D'après WYSS,
Pour éclaircir cette corrélation i n ­ 1970.

verse entre les chutes de contrainte


des séismes de magnitude voisine, et les dimensions de la source, o n a recours
à une hypothèse de T s u b o i (1956). I l suggère, pour rénergie émise, la f o r m u l e :
E = l μχ^ V où X est un seuil de déformation et V le v o l u m e intéressé par le
séisme. T s u b o i admet en outre que c'est F plutôt que x q u i change d ' u n séisme
à l'autre. En fait une statistique composite de L i e b e r m a n n et P o m e r o y (1970)
montre bien cette corrélation entre les dimensions focales et la magnitude, mais
elle laisse place à des variations importantes de V p o u r m donné, auxquelles
doivent correspondre des variations inverses de x o u τ. Le cas extrême, V petit,
τ grand, est celui des explosions nucléaires. Sur la figure 25, la d r o i t e de Press
correspond en gros à une énergie des séismes modérés (m < 6,5) p r o p o r t i o n ­
nelle à V ; elle ne représente qu'une partie des cas. L'hypothèse de T s u b o i est
cependant beaucoup plus près de la vérité que l'hypothèse opposée de BenioflF,
lequel prétendait suivre le j e u x d'une faille, au cours de séismes successifs, en
intégrant £""•^ à V constant.
Les résultats statistiques relatifs au rendement sismique sont assez contradic-

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402 PARAMÈTRES DES SOURCES SISMIQUES. SISMICITÉ

D i m e n s i o n de ia s o L i r c c {hm)

F I O . 2 5 . — Magnitude déduite des ondes de volume en fonction de la plus grande dimension


de la source. D'après LIEBERMANN et POMEROY, 1 9 7 0 .

toires. L a f o r m u l e de T s u b o i j o i n t e à τ = /tx et à (3) d u paragraphe 6.3 i m p l i ­


querait que η soit constant. A k i (1967) trouve que η(Μ) décroît (de 0,40 à
0,003 lorsque M croît de 6,5 à 8,5) ; c'est le contraire p o u r Wyss (1970), mais i l
est peu convaincant, et p o u r K i n g (1969), q u i s'appuie sur des expériences de
l a b o r a t o i r e . U n e conclusion claire serait i m p o r t a n t e p o u r la prévention des
grands séismes (Chap. 2) ; c o m m e le remarque K i n g , o n d o i t agir sur l'énergie
potentielle en déclenchant des séismes faibles, alors que le r a p p o r t des énergies
émises semble p r o h i b i t i f

8.6.—Evolution d'une région faillée.— Brune (1968) étend la f o r m u l e


d ' A k i à l'aire totale de la zone de cisaillement. 11 définit d ' a b o r d une disloca­
t i o n ϋ réduite à l'aire totale en écrivant :

17 = 1 7 . ^

Puis i l ajoute toutes ces dislocations réduites p o u r avoir le glissement t o t a l de la


faille au cours d'une série d'événements (séismes o u fluage) :

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BIBLIOGRAPHIE 403

O n peut alors examiner un ensemble tel que l'Impérial Valley, la faille de San
Andréas, la faille A n a t o l i e n n e , e t c . . Par exemple, p o u r le premier cas, en admet­
tant une longueur de 120 k m , une p r o f o n d e u r de 20 k m , une rigidité
3,3 X 1 0 " dynes/cm', o n t r o u v e , en faisant la somme p o u r tous les séismes
observés de 1934 à 1963, u n glissement t o t a l : ^ t/ = 93 c m en 29 ans, soit
3,2 cm/an contre 8 cm/an f o u r n i s par la géodésie. L a différence est-elle e m m a ­
gasinée élastiquement p o u r u n f u t u r g r a n d séisme, o u a-t-elle été dépensée
en fluage lent, i l est a priori difficile de le dire. C o m m e o n l'a vu (Chap. 2), o n
peut faire la p a r t d u glissement et des déformations l o r s q u ' o n dispose, à l'inté­
rieur de chaque lèvre, d ' u n quadrilatère triangulé. Dans le cas de l'Impérial
Valley, Savage et B u r f o r d (1970) t r o u v e n t q u ' i l y a bien déformation des deux
lèvres. M a i s cela n'est pas nécessairement général.
O n a appliqué à t o r t la méthode aux séismes p r o f o n d s d'une région arquée
en considérant comme une gigantesque faille la surface inclinée qu'ils occupent.
Le lecteur verra au T o m e I I que dans les ruptures correspondantes ce sont
des extensions o u des compressions, et n o n des glissements, q u i sont p a r a l ­
lèles à cette surface.

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CHAPITRE 15

LES I N S T R U M E N T S D E GÉODÉSIE,
D E TOPOGRAPHIE ET D E GRAVIMÉTRIE

par

Alain COUZY

L'étude de la forme de la Terre ainsi que le besoin de localiser des observa­


tions nécessitent des mesures géodésiques d'angles et de longueurs ( 1 6 . 4 . 1 et
16.6.1).

1 . — GÉODÉSIE CLASSIQUE

En Géodésie classique, o n remplace en chaque station de mesure (sommet


d'un triangle) la normale à l'ellipsoïde p a r la verticale, a u t o u r de laquelle sont
mesurés les angles des triangles géodésiques. Cette a p p r o x i m a t i o n n'entraîne
généralement pas d'erreur sensible, compte tenu de la précision des mesures,
de l'inclinaison faible des visées et des valeurs faibles de la déviation de la
verticale.

l.l.—Mesures angulaires. — L ' i n s t r u m e n t de mesure des angles est le


théodolite. I l c o m p o r t e ( F i g . 1) une lunette d o n t l'axe optique {O) matérialise,
aux corrections de réfraction près, la visée géodésique ( o u d r o i t e j o i g n a n t le
point de station aux sommets voisins). L a lunette est mobile a u t o u r d ' u n axe des
tourillons {T), o r t h o g o n a l à l'axe optique. L'axe des t o u r i l l o n s est lui-même
mobile a u t o u r d ' u n axe o r t h o g o n a l (axe p r i n c i p a l {V)) que l ' o n rend vertical
au moyen de 3 vis calantes.
A u cours d'une r o t a t i o n de l'alidade {A) supportant l'axe des t o u r i l l o n s ,
autour de l'axe p r i n c i p a l , la p o s i t i o n d u p l a n de visée (plan vertical de l'axe
optique) est repéré sur u n cercle divisé (limbe h o r i z o n t a l (//)) contenu dans u n
plan perpendiculaire à l'axe p r i n c i p a l . L a différence des lectures sur le limbe
donne la valeur de l'angle dièdre des plans de visées correspondants.

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408 LES INSTRUMENTS

U n cercle vertical gradué p e r m e t de repérer l a p o s i t i o n de l a lunette dans


son p l a n v e r t i c a l , c'est-à-dire, après c o r r e c t i o n de la réfraction, de mesurer l a
distance zénithale de la visée.

V
F I G . 1. — Théodolite.

E n dehors des circonstances extérieures au théodolite (définition et stabilité de la visée),


des imperfections limitent la précision des mesures :
— Mise en station : la verticalité de l'axe principal est contrôlée par r o t a t i o n d'une nivelle
torique dont la sensibilité (fonction d u rayon de courbure) impose une limite à l a précision
de la mise en station. Cette sensibilité pour des instruments modernes est de l'ordre de quelques
dmgr (•*). Pratiquement, si ; est l'écart de la verticale et de l'axe principal et ί la hauteur de
la visée, o u complément de la distance zénithale (notations conservées dans tout ce qui suit),
l'erreur sur l'azimut vaut i . t g i ' . Elle restera négligeable tant que s ne sera pas t r o p grand,
ce qui est au moins le cas pour la géodésie primordiale, où les dimensions des triangles sont
importantes.
— Défauts de construction : non-perpendicularité des axes mécaniques — non-perpen-
dicularité de l'axe des tourillons et de l'axe optique. Les erreurs dues à ces défauts o n t res­
pectivement pour partie principale ; tg s et //cos i . E n associant à chaque mesure celle que
l'on fait après une r o t a t i o n de 200 g de l'alidade et retournement de la lunette, o n élimine
les 2 erreurs en prenant la moyenne (la r o t a t i o n de 200 g établit une symétrie des 2 positions
de la lunette par rapport a u p l a n de visée).
— Erreurs dues aux irrégularités de la graduation d u limbe : o n les atténuera en décalant
l'origine d u limbe en des points répartis également sur toute sa circonférence.

A v e c ces précautions, des observations nombreuses c o m p o r t a n t plusieurs


pointés et lectures d o n t o n p r e n d l a m o y e n n e , et u n c h o i x convenable des
périodes d ' o b s e r v a d o n p o u r bénéficier des meilleures conditions atmosphé­
riques, l a précision est d ' u n o u deux d m g r sur l a valeur des angles h o r i z o n t a u x .

(*) décimilligrade.

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GÉODÉSIE CLASSIQUE 409

Mesurer la distance zénithale o u son complément, la hauteur, i m p l i q u e de


définir une origine sur le l i m b e vertical. Cette origine est obtenue a u m o y e n
d'une nivelle ; les mesures d'angles verticaux v e r r o n t leur précision limitée
par la sensibilité de cette nivelle. C o m p t e tenu de l'indétermination sur la réfrac­
tion dans le plan vertical, cette l i m i t a t i o n n'est pas gênante.

/ .2. — Mesures de longueurs. — L a mesure d ' u n côté, o u mieux de plusieurs


côtés de la t r i a n g u l a t i o n est nécessaire p o u r définir complètement la géométrie
de l'enchaînement observé au théodolite ( 1 6 . 4 . 1 c ) . L ' u t i l i s a t i o n d'appareils
électromagnétiques permet d ' o b t e n i r rapidement une précision de 3 . 1 0 ~ * sur
des distances de l ' o r d r e d'une trentaine de kilomètres.
Ces appareils mesurent la distance par l'intermédiaire d u temps de propaga­
tion d'une onde modulée entre les deux extrémités d u côté à mesurer, en sup­
posant connue la vitesse de propagation de l'onde. Le d i s p o s i t i f de mesure
comprend u n émetteur et u n répondeur. Ce dernier renvoie vers l'émetteur
une onde semblable à l'onde entretenue modulée q u ' i l a reçue de l'émetteur
(ou la réfléchit). Celui-ci, o u poste maître, mesure le déphasage φ radian entre la
m o d u l a t i o n aller et la m o d u l a t i o n retour. L a connaissance de la fréquence/
Hertz de la m o d u l a t i o n donne le temps par la relation T = φ/f. L a distance
est 1^772. C o m p t e tenu des précisions avec lesquelles o n sait mesurer la phase
et stabiliser la fréquence, la connaissance de la vitesse V c o n d i t i o n n e r a la
précision d u résultat final. Mais la vitesse de propagation des ondes électroma­
gnétiques utilisées dépend des c o n d i t i o n s météorologiques rencontrées le l o n g
du parcours. C'est la médiocre connaissance de ces c o n d i t i o n s et leur manque
d'homogénéité q u i l i m i t e n t la précision d'une telle mesure.
O n cherchera des périodes d'observation variées d u p o i n t de vue météoro­
logique, les plus favorables étant celles où le vent, brassant l'atmosphère, en
améliore l'homogénéité.
— Les instruments réalisés diffèrent par l'onde porteuse utilisée : O n dis­
tingue deux classes :
— Appareils à ondes centimétriques — (type telluromètre). Ils utilisent une
onde porteuse modulée par une onde de fréquence bien m o i n d r e (10 M H z p a r
exemple). L a fréquence de l'onde utilisée par le répondeur est peu différente de
celle de l'émetteur, et la faible fréquence des battements obtenus facilite la
détection. Ces appareils f o n c t i o n n e n t par tous les temps ( b r o u i l l a r d ) p o u r v u
que l'intervisibilité théorique soit réalisée entre les deux postes. Les portées sont
couramment de l ' o r d r e de 50 k m .
Les c o n d i t i o n s atmosphériques rencontrées, degré hygrométrique s u r t o u t ,
influencent le résultat et demandent à être bien connues ce q u i est difficile et
entraîne une perte de précision. Les mesures sont perturbées p a r des réffexions
sur le sol (effet atténué par l ' u t i l i s a t i o n successive de plusieurs fréquences p o r ­
teuses) et rendues pratiquement impossibles si quelque obstacle métallique o u
électrique se trouve sur le trajet.
La précision obtenue sur la moyenne de quelques séances est 3.10""*.
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410 LES INSTRUMENTS

— Appareils à ondes lumineuses — (type géodimètre). L a lumière peut être


modulée par une cellule de K e r r (géodimètre) o u directement par une diode à
Tarséniure de G a l l i u m émettant dans l'infrarouge. C o n t r a i r e m e n t aux t e l l u r o -
mètres, le répondeur n'a pas de rôle actif ; i l réfléchit l'émission reçue exacte­
ment vers l'émetteur (prismes en coins de cube).
Les appareils à ondes lumineuses ne peuvent être utilisés que par bonne
visibilité, leurs portées restant inférieures à celles que mesurent les t e l l u r o -
mètres (2 k m p o u r les appareils à diodes infrarouges, 30 k m p o u r le géodimètre
à laser). Pratiquement insensibles à l'humidité, ils d o n n e n t une précision de
1 0 " ^ dès la première séance de mesure.

1.3. — Nivellements. — Le dispositif i n s t r u m e n t a l utilisé p o u r les mesures


de nivellement de précision ( 1 6 . 4 . 1 )
Directrice c o m p r e n d un niveau et des mires
horizontale
(Fig. 2).
Fie,. 2. — Nivelle. Le niveau est constitué d'une lunette
d o n t l'axe est par c o n s t r u c t i o n parallèle
à la directrice (*) d'une nivelle très précise ( F i g . 3). L'ensemble est rendu
h o r i z o n t a l p o u r les mesures grâce à la nivelle, et la lunette permet donc de viser
dans le plan h o r i z o n t a l de son axe optique.
Le niveau, placé entre les 2 mires verticales donne p a r différence des lectures
sur les graduations des mires la dénivelée entre les points de station des mires,
si d u moins ces dernières sont convenablement appariées et étalonnées.

Mire
Mire
Niveau à lunette

F i G . 3. — Nivellement de précision.

L'erreur due au défaut de verticalité des mires est négligeable. O n s'attache à


éliminer les erreurs dues à la réfraction de la visée optique et à la c o u r b u r e de la
Terre. Ces deux phénomènes entraînent une erreur f o n c t i o n de la distance, et,
p o u r les courtes distances, indépendante de l ' o r i e n t a t i o n des visées. O n éliminera
leurs effets en réalisant l'égalité des portées entre niveau et mires (à quelques
dizaines de c m près). Enfin, o n travaillera aux heures où l'atmosphère est
calme (le m a t i n très tôt) et o n réduira la distance entre mires et niveau (50 m ) .
O n élimine également par l'égalisation des portées les défauts de parallé­
lisme entre la directrice de la nivelle et l'axe optique (erreur de c o l l i m a t i o n ) .

(*) O u direction tangente à la fiole en sa position de réglage choisie pour origine de la


graduation. Elle est parallèle à la séparatrice de la bulle et d u liquide de la nivelle.

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GÉODÉSIE SPATIALE 411

L"écart type kilométrique est de 0,7 m m e n v i r o n p o u r les nivellements de


haute précision (*).
Dans la p r a t i q u e , les nivellements se développent s u r t o u t le l o n g des voies de
c o m m u n i c a t i o n , indépendamment des sommets de la t r i a n g u l a t i o n . Seuls
certains de ceux-ci sont c o m p r i s dans le nivellement de précision, les autres
étant simplement reliés par nivellement géodésique : o n mesure sur le cercle
vertical d u théodolite Tinclinaison de la visée géodésique et o n o b t i e n t la
dénivelée, connaissant la distance horizontale séparant les 2 sommets. L a
précision est de l'ordre de la dizaine de centimètres, comparable à celle des
coordonnées horizontales.

2. — GÉODÉSIE S P A T I A L E

La géodésie moderne substitue aux chaînes de triangles sur la surface de


référence des chaînes de polyèdres d o n t les sommets sont en partie des p o i n t s
du sol, en partie des positions instantanées de satellites artificiels. Les c o o r d o n ­
nées de ces sommets sont obtenues dans un système d'axes trirectangulaires à
partir de mesures de longueurs et de directions.

2.1. — Mesures angulaires (méthodes optiques). — O n obtient la direction


d'un satellite à u n instant donné en le p h o t o g r a p h i a n t sur le f o n d des étoiles.
Chaque image obtenue, à laquelle correspondent deux coordonnées rectangu­
laires sur la plaque p h o t o g r a p h i q u e , est la trace d ' u n rayon sur la perspective
conique que f o u r n i t la photographie (à la distorsion de l'objectif et à la réfrac­
tion de l'atmosphère près ; o n sait les mesurer, donc les corriger). O n mesure
les coordonnées de l'image d u satellite et d'images d'étoiles d o n t o n connaît
les coordonnées (ascension d r o i t e et déclinaison). Les coordonnées astrono­
miques d u lieu et l'heure de la prise de vue permettent de calculer les cosinus
directeurs de la direction de chaque étoile retenue. L a connaissance des direc­
tions, p o u r 4 rayons perspectifs a u moins, j o i n t e à celle des coordonnées-
plaque des images correspondantes permet de déterminer les coefficients des
formules homographiques liant cosinus directeurs et coordonnées sur la plaque.
Inversement, ces formules d o n n e r o n t la direction d u satellite.

Les chambres utilisées sont, soit fixes (chambre I G N : / - 3 0 c m , champ utile i), soit
entraînées par un mouvement q u i lie la perspective photographique aux étoiles ou au satel­
lite (**). Dans ce dernier cas, le satellite a pour image un point, mais dans les deux autres,
la position d u satellite sur sa trajectoire doit être repérée, soit q u ' i l émette u n éclair (satellites
Anna o u Géos gravitant entre 1 000 et 1 200 k m de hauteur), soit pour u n satellite passif
(qui réfiéchit la lumière solaire ; Pagéos entre 4 000 et 4 500 k m ) q u ' o n isole cette position

(*) U n grand nombre de niveaux automatiques réalisent, par des systèmes pendulaires,
fhorizontalité de l'axe des visées. Ces niveaux, d'emploi très rapide, ne permettent d'obtenir
que des précisions bien moindres (2 m m d'écart type kilométrique).
(**) L'avantage de la « p o u r s u i t e » est d'enregistrer plus efficacement des phénomènes
moins lumineux (étoiles de grandes magnitudes, petits satellites).

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412 LES INSTRUMENTS

par o b t u r a t i o n synchrone aux stations. D e même, dans les deux cas extrêmes, l ' o b t u r a t i o n
sera nécessaire pour isoler la position des étoiles sur leur trace à u n instant précis.
Pour photographier une même position de plusieurs stations, la synchronisation doit
faire entrer en ligne de compte le temps de propagation de la lumière entre satellite et plaque
photographique. Le temps doit être connu avec une assez grande précision. Une précision
de 10 -3 seconde correspond à moins d'une dizaine de mètres sur la position d ' u n satellite bas
(à 300 k m par exemple) ; on peut l'obtenir au moyen d'une horloge à quartz dont la marche
est fréquemment contrôlée par les signaux horaires radio des observatoires. O n tient compte
du temps de propagation des ondes et des corrections ultérieures du Bureau International
de l'Heure. Les horloges atomiques portatives permettent d'obtenir le temps à 10 s près.
Les mesures sur les plaques faites au moyen d ' u n comparateur donnent sur les coordonnées-
plaque une précision de quelques microns. On atteint ainsi une précision de 10 radian sur
les directions, ce qui correspond à quelques dizaines de m.ètres à quelques milliers de kilo­
mètres.

2.2. — Mesures de distances. — a) Télémétrie laser. — Le dispositif


c o m p r e n d un laser à rubis de 1 M W , q u i émet dans la direction d u satellite, en
faisceau parallèle de lumière cohérente, une brève i m p u l s i o n . Celle-ci est
réfléchie par le satellite exactement en sens inverse, a u moyen
d ' u n dispositif en « coins de cube » ( F i g . 4) corrigé p o u r
tenir compte de la vitesse d u satellite.
Quelques photons de retour reçus par un télescope
actionnent u n p h o t o m u l t i p l i c a t e u r d o n t le signal i n t e r r o m p t le
comptage d u temps provoqué par le départ de l ' i m p u l s i o n .
La sensibilité de ce comptage est de l ' o r d r e de la nanoseconde.
F l G . 4 . ^ 0;.y- En fait, la durée de l ' i m p u l s i o n émise (30 nanosecondes)
positif en coin de laissant subsister une incertitude de cet ordre sur le teinps
cube et trajet
mesuré entraîne p o u r la précision une l i m i t e de l'ordre de
d'un rayon lumi­
neux. 4,5 m — soit 10"*" e n v i r o n p o u r une distance d e 4 0 0 0 k m . U n e
nouvelle génération d'appareils permet d'espérer u n meilleur
résultat. Le dispositif laser « p o u r s u i t » le satellite grâce à des mouvements
commandés électriquement, soit d'après des calculs p o r t a n t sur la trajectoire d u
satellite, soit à vue par visée à l'aide d'une lunette astronomique parallèle à
l'axe d u laser (cas des satellites l u m i n e u x ) .
L'écho laser peut également être photographié et donner ainsi la direction
correspondant à la longueur mesurée.

b) D'autres dispositifs permettent la mesure de la distance d ' u n satellite à


une station terrestre à quelques dizaines de mètres près.
Le système S E C O R utilise u n appareillage d u type telluromètre, d o n t le
répondeur installé dans le satellite est successivement interrogé par des stations-
maîtres au sol.
L'appareillage géodésique D o p p l e r permet d'intégrer la fréquence D o p p l e r
d'une émission r a d i o stable d u satellite entre des instants successifs. O n obtient
ainsi la différence des distances i? 1 et /? 2 de la station D o p p l e r aux positions
successives d u satellite sur sa trajectoire, d'où u n lieu p o u r chaque station
(hyperboloïde de révolution).
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TOPOGRAPHIE ET RADIOLOCALISATION 413

3. — T O P O G R A P H I E ET R A D I O L O C A L I S A T I O N

L a géodésie f o u r n i t u n canevas de points connus de façon précise. E n dehors


de ces p o i n t s , la lecture de la carte o u l ' u t i l i s a d o n d'appareils de topographie
ou de n a v i g a t i o n permettent de déterminer toute p o s i t i o n avec une précision
moindre mais pratiquement suffisante.

3.1. — Cartographie. — L a représentation cartographique plane utilise un


ensemble de fonctions analytiques t r a n s f o r m a n t en coordonnées rectangulaires
.V, >', les coordonnées géographiques L, M d ' u n p o i n t : x = f{L, M) ; y = g{L,
M). Le choix des fonctions f ti g détermine les propriétés de cette t r a n s f o r m a ­
tion o u p r o j e c t i o n (conforme elle conserve les angles, équivalente les surfaces,
etc.).
La carte c o m p o r t e , imprimé o u simplement amorcé sur les bords, u n q u a d r i l ­
lage kilométrique parallèle aux axes de coordonnées, d o n n a n t p a r i n t e r p o l a t i o n
les coordonnées d ' u n p o i n t quelconque. O n utilise parfois sur une carte établie
dans une certaine p r o j e c t i o n u n repérage dans un autre système de p r o j e c t i o n ;
le réseau des lignes permettant l ' i n t e r p o l a t i o n des coordonnées n'est plus alors,
en principe, u n quadrillage o r t h o g o n a l mais u n « pseudo-quadrillage ». L a
carte de France établie en projection conique L a m b e r t c o m p o r t e les amorces
du quadrillage L a m b e r t ; elle est également éditée avec en surcharge le pseudo­
quadrillage UTM.
A u c u n e projection ne réalise la similitude de la projection horizontale des
positions réelles, et d u dessin cartographique. Dans la pratique, o n assimile les
projections cartographiques à une similitude dans u n domaine restreint a u t o u r
d ' u n p o i n t , et o n l i m i t e leur d o m a i n e de validité à la zone à l'intérieur de
laquelle la v a r i a t i o n de l'échelle de la carte reste insensible aux mesures. C'est
en s'appuyant sur cette hypothèse, justifiée par la précision utile, que la t o p o ­
graphie détermine les positions, graphiquement à p a r t i r des points d u canevas
géodésique.

3.2. — Topographie. — Le topographe met en station la « m i n u t e » ( o u


carte) installée sur une planchette en la nivelant et en l ' o r i e n t a n t , soit par une
visée entre points connus, soit avec u n déclinatoire (boussole) : m i n u t e et p r o ­
j e c t i o n horizontale d u terrain sont alors homothétiques dans u n r a p p o r t égal à
l'échelle.
Les positions seront déterminées par intersections d ' a u moins deux lieux
géométriques : trace horizontale de plans de visées, cercles lieux des points
équidistants de leur centre, e t c . .
Les visées ne seront exploitées que sur des longueurs au plus égales à celles
des visées ayant servi à l ' o r i e n t a t i o n de la m i n u t e (longueur de l'aiguille aimantée
par exemple).
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414 LES INSTRUMENTS

a) Appareils de détermination d'une visée. — Ils décomposent toute visée en sa projection


horizontale q u ' o n trace, et sa pente q u ' o n mesure. Ils comportent pour cela un plan de visée
vertical lié mécaniquement au biseau d'une règle horizontale qui l u i est parallèle. Le trait
tracé sur la minute le long de la règle maintenue sur la position connue, q u i peut être celle
d u point de station o u celle d u p o i n t visé, est la projection horizontale de la visée. Dans le
plan de visée, un dispositif permet de lire la pente de la visée observée, qui permettra, lorsqu'on
connaîtra la longueur, de calculer la dénivelée {*). L'appareil de ce type le plus simple est
l'alidade nivelatrice (Fig. 5) : le plan de visée y est défini par un œilleton (oculaire) à une
extrémité de la règle, et par un fil vertical à l'autre extrémité. Une graduation le long de la
potence verticale supportant le crin, donne la valeur de la pente. Des appareils plus élaborés
utilisent une lunette mobile dans un plan vertical. Son grossissement permet l'utilisation à
plus longue distance et une meilleure appréciation de la pente.

F I G . 5. — Alidade nivelatrice.

b) Appareils de mesures de longueurs. — Certains des appareils décrits pour la géodésie


peuvent avantageusement être utilisés. O n ne cherchera pas à obtenir les mêmes précisions
car le report graphique laisse subsister dans le piquage d'une position une erreur de l'ordre de
0,2 m m sur la carte, soit 5 m à l'échelle d u 1/25 000.
Pour de courtes distances, o n préférera utiliser des rubans d'acier étalonnés ; parfois,
l'appréciation au pas, l u i aussi « étalonné », suffira.
Enfin, l'utilisation de certaines alidades optiques (ou de théodolites) permet des mesures
stadimétriques, q u i fournissent la distance à partir de l'observation de l'angle sous lequel
est vue une longueur donnée (stadia de 2 m en bois o u en invar par exemple) placée perpen­
diculairement à la ligne de visée. Cet angle est, soit mesuré au théodolite, soit directement
« tabulé » en distance dans le plan focal de l'alidade utilisée.
c) Les tachéomètres, appareils du type théodolite, comportent un système de mesure
stadimétrique des distances par observation d'une mire graduée dans le plan focal équipé
d ' u n abaque des distances. Ils comportent également un dispositif optique o u mécanique q u i
permet de lire directement la distance corrigée de la pente (système autoréducteur). O n mesure
également la pente (ou la dénivelée dans les appareils autoréducteurs). Les levés tachéomé-
triques sont conduits par cheminements à partir de points connus. En chaque station sont

(*) Le calcul de la dénivelée comprend une correction dite de niveau apparent, propor­
tionnelle au carré de la distance, qui tient compte de la sphéricité et de la réfraction. O n
obtiendra de proche en proche les altitudes par les dénivelées avec une précision de quelques
dizaines de c m . O n peut également procéder à des cheminements barométriques donnant
les altitudes à quelques mètres près.

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TOPOGRAPHIE ET RADIOLOCALISATION 415

mesurés la distance et l'azimut de la direction des points que l'on cherche à déterminer (rayon­
nement). Les valeurs inscrites lors des opérations de terrain donnent lieu, au bureau, à un
calcul des coordonnées ; celles-ci permettent le piquage des points sur la carte.

3.3. — Radiolocalisation. — L o r s q u ' o n ne peut utiliser directement de


canevas géodésique, o n fait appel aux moyens de navigation ou de radiolocalisa­
tion.

a) Appareils de radiolocalisation. — Ils donnent, soit des distances (sys­


tèmes circulaires : Radar, S H O R A N ) , soit des différences de distances (sys­
tèmes hyperboliques : D E C C A , T O R A N ) entre la p o s i t i o n à déterminer et des
points fixes connus. U t i l i s a n t des impulsions o u plus souvent des ondes entre­
tenues, ils mesurent le temps (radar, S H O R A N ) o u plus souvent la phase
(ou la différence de phase).
Les fréquences utilisées v o n t de 1(X) k H z ( D E C C A ) à quelques 10 G H z
(radar), les portées moyennes de quelques dizaines de kilomètres à 600 k m
environ suivant les c o n d i t i o n s de p r o p a g a t i o n et la fréquence adoptée.
L'intersection des lieux (cercles, hyperboles) nécessite, sauf dans les cas où le
temps est directement mesuré, u n levé d'ambiguïté, la phase seule ne d o n n a n t
pas d ' i n d i c a t i o n sur le chenal où l ' o n se trouve ( u n chenal correspond à la zone
comprise entre 2 hyperboles admettant p o u r foyers le couple des stations fixes,
donc à une v a r i a t i o n de différence de distance égale à la longueur d'onde).
Les chenaux traversés sont préalablement matérialisés sur la carte par le tracé
de leurs limites ; o n procède alors à leur comptage à p a r t i r d'une origine connue.
Si la sensibilité des appareils est assez grande (quelques dizaines de mètres,
car o n « l i t le l/lOO de chenal » ) , leur précision est conditionnée p a r la valeur
adoptée p o u r la vitesse de p r o p a g a t i o n (influencée par les c o n d i t i o n s d u trajet).
Elle varie d'une centaine de mètres à 2 k m suivant le type d'appareil et suivant
la disposition des stations par r a p p o r t à la p o s i t i o n cherchée (portée, angles
d'intersection des lieux).
Le système américain O M E G A utilisant de très basses fréquences (10 à
14 k H z ) devrait permettre vers 1972 une couverture totale d u G l o b e grâce à
8 stations ( d o n t 4 existent) — avec une précision d ' u n mille nautique ( 1 852 m ) .

h) Dès à présent, l ' u t i l i s a t i o n d u système de navigation automatique TRANSIT


permet une couverture totale d u Globe, mais au p r i x d'une installation i m p o r ­
tante :
4 satellites à orbites circulaires polaires décalées de 45^ émettent 2 fréquences
très stables (150 et 400 M H z ) . Placés à 900 k m d ' a l t i t u d e , ils passent a u moins
2 fois par j o u r à portée de n ' i m p o r t e quel lieu ; o n peut donc avoir 4 positions
par j o u r . O u t r e les fréquences stables, ils transmettent toutes les 2 m n u n
message de navigation d o n n a n t leur p o s i t i o n (théorique, puis corrigée).
Le récepteur compare la fréquence reçue à la fréquence d ' u n oscillateur à
quartz 400 M H z .
La mesure D o p p l e r donne la v a r i a t i o n de distance d u satellite au récepteur
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416 LES INSTRUMENTS

de 2 m n en 2 m n , ce q u i place le récepteur sur des hyperboloïdes d o n t les foyers


sont les positions successives d u satellite. A u cours d ' u n passage, o n peut
obtenir e n v i r o n 5 mesures différentes ; l'ensemble des données est traité dans
u n calculateur. Le calcul tient compte d u déplacement d u récepteur entre
2 mesures successives. L a précision obtenue est de l'ordre d'une centaine de
mètres.

c) L ' u t i l i s a t i o n de théodolites permet de déterminer, par observation d'étoiles,


les coordonnées astronomiques de la stadon ainsi que l ' a z i m u t d'une d i r e c t i o n .

4. — GRAVIMÉTRIE

4.1.—Mesures absolues. — Les méthodes modernes de mesure absolue


de la pesanteur utilisent l'observadon de la chute libre des corps. A u Bureau
I n t e r n a t i o n a l des poids et mesures, o n enregistre les quatre instants de passage
d ' u n corps mobile à deux niveaux, à la montée et à la descente ( F i g . 6) : g est
alors donné CVolet) par la relation g = 4 hl{Ti^ — Ts^), où hjl est la différence
des deux niveaux d'enregistrement et Ti, Ts les différences des heures de pas­
sage à u n même niveau (/ : niveau inférieur, s : niveau supérieur).

F I G . 6 . — Principe de la méthode de Volet.

Le mobile est u n « coin de cube » (équivalant optiquement à un m i r o i r plan mobile hori­


zontal pour un rayon lumineux vertical), inséré dans u n interféromètre de Michelson, dont
l'autre rayon, horizontal, permet de définir des chemins optiques différents de 2 Λ grâce à
deux miroirs collés aux. extrémités d ' u n étalon de longueur h.
Chaque fois que le chemin variable vertical est égal à u n chemin horizontal, o n observe
des franges d'interférence. Ceci se produirait pour des niveaux successifs exactement distants
de hjl. O n ne s'intéresse, dans l'expérience, qu'aux deux niveaux supérieurs pour lesquels o n
enregistre les franges sur le même support photographique que les signaux d'une horloge.
L a précision de détermination des longueurs est de l'ordre de 10 « m . L'étalon définissant h
est constitué de 2 miroirs dont le premier, percé d'un t r o u , laisse passer vers le second, distant
de 0,80 m ^ h, une partie d u faisceau, celle dont le chemin optique sera de 2 h plus long que
le chemin principal (Fig. 7).

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GRA VIMÉTRIE 417

F I G . 7 . — Schéma du dispositif de mesure absolue de la pesanteur


au Bureau International des Poids et Mesures (SAKUMA, 1 9 7 0 ) .

La précision de l ' i n t e r p o l a t i o n entre les signaux de fréquence 10 M H z de l'horloge est de


l'ordre du 1/100soit 1 0 " ^ s. L a sensibilité actuellement atteinte s u r ^ e s t de l'ordre de quelques
microgals ( 3 . 1 0 « ) . Aussi les mesures doivent-elles être corrigées des effets de la marée gra­
vimétrique (Chap. 18) par une formule théorique. L'appareillage est monté sur un dispositif
antisismique (asservissement par utilisation de cales piézoélectriques, dont l'une détecte la
perturbation et l'autre la corrige grâce au signal reçu de la première) ; les vibrations résiduelles
sont mesurées par un microsismomètre à longue période, de façon à corriger les valeurs de
g observées.
Le vide d u caisson dans lequel évolue le trièdre (lancé verticalement par u n élastique)
n'a pas besoin d'être très poussé, car le freinage de l'air résiduel agit pendant l'ascension
et pendant la chute dans des sens différents par r a p p o r t à la pesanteur. Aussi la précision
d'un tel appareil est-elle bien supérieure à celle des appareils q u i n'utilisent que la chute
proprement dite.

4.2. — Les gravimètres. — Les mesures décrites ci-dessus ne d o n n e n t une


précision supérieure à 1 0 ~ * que m o y e n n a n t u n tel luxe d ' i n s t a l l a t i o n et de pré­
cautions que la m u l t i p l i c a t i o n des points de mesures deviendrait p r o h i b i t i v e
si l ' o n n'avait recours, entre les bases (*) existantes, à des i n t e r p o l a t i o n s u t i l i ­
sant les gravimètres.

(*) Base : p o i n t où une mesure absolue at g a. été réalisée, o u bien q u i a été rattaché direc­
tement à une détermination absolue de g par mesures relatives très précises. (Les appareils
utilisés à ces mesures étaient généralement des pendules composés, amagnétiques, oscillant
dans une enceinte thermostatée et où la pression était très faible. Ils étaient associés par paires
de pendules identiques oscillant en opposition de phase afin d'éliminer les erreurs causées
par l'entraînement d u support. Le rapport des carrés des périodes observées est égal au rap­
port inversé des valeurs de 5- ; o n arrivait à obtenir une précision de 1 0 " ' ) .
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418 LES INSTRUMENTS

Ces appareils mesurent des variations de la pesanteur entre points successifs


en équilibrant l ' a c t i o n de celle-ci sur une masse, p a r un effet indépendant de g.
A une v a r i a t i o n de g correspond, p o u r m a i n t e n i r l'équilibre, une v a r i a t i o n
mesurable d u phénomène antagoniste. Ce peut être par exemple l'allongement
d ' u n ressort s u p p o r t a n t la masse, e t c . .
Dans la pratique, p o u r améliorer la sensibilité des appareils, o n les astatise,
c'est-à-dire q u ' o n opère au voisinage d ' u n état d'équilibre indifférent ( L a -
Coste, voir 9 . 2 . 3 ) , obligeant ainsi, p o u r conserver l'équilibre, à des variations
assez importantes d u phénomène observé. Cet effet antagoniste (des forces de
rappel et de celles q u i supportent la masse) est généralement décomposé en
une partie principale (ressort maître, d o n t la tension, correspondant à la valeur
moyenne de g dans la zone considérée, peut être modifiée par u n b o u t o n de
changement de zone), et u n a p p o i n t (ressort de mesure avec vis micrométrique).
O n ramène avec cette dernière l'équipage mobile à la p o s i t i o n fixe (méthode de
zéro), et o n l i t en t o u r s de vis la différence ÎS.g entre la valeur de la base et le
p o i n t de stadon (*).
L a mesure est très rapide : une simple lecture, d o n n a n t ensuite lieu à une
t r a n s f o r m a t i o n en microgals, connaissant l'étalonnage d u ressort. Celui-ci
est d'ailleurs sujet à une dérive dans le temps et la méthode de mesure, en
procédant à des cheminements entre bases, permet, par une fermeture, de
connaître cette dérive et de la répartir entre les différents points d u réseau (24.2).

Pour assurer, à la dérive près, la fidélité des mesures, i l y a un certain


nombre de précautions à prendre :
1 " Nivellement. — O n adopte comme position de mesure (méthode
de zéro) la position horizontale d u fléau ; c'est pour cette position que
g
l'erreur de mesure due à un défaut d'horizontalité ε sera la moins
F I G . 8. - Effet grande : le moment d u poids est en effet multiplié par cos ε et on
d'un dénivellement mesure donc gjcos ε q u i est d u second degré en ε (Fig. 8). Le nivel­
du gravimètre. lement n'aura donc pas besoin d'être aussi précis que si l ' o n avait
choisi une position de mesure n o n horizontale.

2" Effet des variations des températures. — Les ressorts voient leur élasticité considérable­
ment modifiée par une variation de température. Deux procédés permettent de pallier cet
inconvénient.
a) La thermostatisation de l'enceinte grâce à un réchauffage à cycle rapide assure une
température constante (à Ι"/Ί(Χ) près). Mais l'alimentation à partir de batteries reste une
lourde sujétion, même dans les appareils modernes à batterie cadmium-nickel intégrée.
h) La compensation thermique. L'utilisation de combinaison de matériaux dont le coeffi­
cient thermoélastique et le coefficient de dilatation sont faibles o u varient différemment dans
un domaine donné de température (ressort d'élinvar, de silice pure fondue, e t c . . ) permet
d'obtenir des gravimètres d'usage beaucoup plus simple. En fait, o n diminue seulement
l'influence de la température sans pouvoir vraiment éviter la thermostatisation pour des
mesures très précises, à but scientifique.

(*) I l existe un appareil LaCoste d i t w o r l d wide dont la gamme utile de 7 000 mgals permet
un usage mondial sans bouton de changement de zone.

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GRA VIMÉTRIE 419

3" E n f i n , les v a r i a t i o n s de p r e s s i o n d a n s l e n c e i n t e entraînent des v a r i a t i o n s de l a poussée


d'Archimède, d o n c d e s c o n d i t i o n s d'équilibre d e l'équipage. O n y pare, s o i t e n réalisant p a r
construction u n e c o m p e n s a t i o n , s o i t e x c e p t i o n n e l l e m e n t ( c e r t a i n e s études d e marées t e r r e s ­
tres) en m a i n t e n a n t c o n s t a n t e l a p r e s s i o n d e l ' e n c e i n t e étanche, où éventuellement le v i d e
a u r a été fait.

4.3. — Dérive et étalonnage de l'appareil. — Des mesures répétées en un


même point montrent que la dérive de l'appareil est lente, ce qui permet de la
considérer comme linéaire en fonction du temps — dans un court laps de
temps (2 h). — Cette condition d'emploi permet d'ailleurs d'inclure l'effet de la
marée gravimétrique dans l'effet de la dérive. L'étalonnage se fera par un aller
et retour rapide entre deux bases dont les valeurs de g sont assez différentes
l'une de l'autre.
Compte tenu des précautions décrites ci-dessus, les gravimètres permettent
de mesurer des différences de g avec une grande précision ( 1 0 " ^ gai) très rapi­
dement et d'atteindre des variations en un même lieu de l'ordre du microgal.
L'appareil LaCoste Microgal donne une précision analogue pour les micro­
prospections (24.6). Pour les marées enfin, on approche le nanogal.

4.4. — Mesures en mer. — Nous ne parlerons pas des mesures où l'appareil


est posé sur le fond (jusqu'à 200-300 m). L e problème est alors surtout de trans­
mettre commandes diverses et enregistrements.
Les gravimètres embarqués (bateaux, avions) sont soumis à la pesanteur et
à de nombreuses accélérations parasites dont l'intensité est parfois considérable
(jusqu'à lO"*, 1 0 ' mgals) ; accélérations horizontales et verticales dues à la
houle, mais également accélération relative centrifuge et accélération de
Coriolis (effet Eotvds en gravimétrie) dues à la vitesse du mobile sur sa route.
De caractère systématique, ces deux dernières sources d'erreur donnent lieu à
un calcul de correction nécessitant de bien connaître la vitesse (et en particulier
le cap pour la correction d'Eôtvôs). Les accélérations verticales dues à la houle
sont filtrées par un enregistrement qui donne une valeur moyenne correcte si le
phénomène enregistré est bien linéaire en fonctions des variations de g. Les
accélérations horizontales introduisent des effets de couplage qu'on ne peut
filtrer. L a figure 9 montre comment deux accélérations horizontales de sens
contraires agissant sur le fléau d'un gravimètre écarté de sa position de mesure
par la composante verticale de la houle (cross coupling) ou par un dénivelle­
ment du gravimètre (off-leveling) ont le même effet sur la valeur mesurée par le
gravimètre.

Ta
F I G . 9. — Effet de ero.s.s coupling. Γ - accélération h o r i z o n t a l e ;
;· — effet de c r o s s c o u p l i n g de Γ s u r g a p p a r e n t .

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420 LES INSTRUMENTS

Pratiquement, o n cherchera à éliminer ces 2 types d'erreurs de 2"^ ordre, soit par u n asser­
vissement d u gravimètre à l a verticale (suspension à la cardan et plateforme gyroscopique)
pour le dénivellement et par l ' a d o p t i o n de dispositifs instrumentaux éliminant la cause d u
cross c o u p l i n g : élimination d u fléau (recherches sur les gravimètres à corde vibrante, u t i l i ­
sation prévue d'appareils portatifs de mesure absolue utilisant la chute libre) o u élimination
des oscillations d u fléau par u n amortissement énergique (courants de Foucault dans l'Askania
GSS2 et le gravimètre Bell).

O n arrive ainsi à des précisions de l ' o r d r e de quelques m i c r o g a l s , suivant l'état


de l a mer. Ces mesures sont rattachées à des valeurs a u p o r t en tenant c o m p t e
des hauteurs de l a marée.
Les mesures aéroportées posent des problèmes analogues, mais la plus
grande vitesse d u m o b i l e d ' u n e p a r t et la plus grande stabilité d u v o l changent
la précision d ' u n o r d r e de g r a n d e u r (prépondérance des erreurs dues a u x
accélérations d'entraînement et de C o r i o l i s avec en p a r t i c u l i e r a p p a r i t i o n de
l'influence de la c o m p o s a n t e h o r i z o n t a l e de cette dernière négligée dans les
mesures en m e r ) . C o m p t e t e n u de l a vitesse, l a période apparente des v a r i a t i o n s
de g est d u même o r d r e o u p l u s petite que la période des accélérations parasites.
L e u r filtrage intégrera d o n c également les v a r i a t i o n s d u phénomène étudié et l a
gravimétrie aéroportée ne sera pas susceptible de c o n d u i r e à la p r o s p e c t i o n .

BIBLIOGRAPHIE

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J. J . LEVALLOIS et J . KOVALEVSKY, 1970. Géodésie générale, tome I V , Géodésie spatiale, 268 p.,
Eyrolles p. 38 à 84.
M . D u p u Y et H . M . DUFOUR, 1969. La géodésie, « Que sais-je ? » Presses Universitaires de
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A . CAILLEMER, 1971. Astronomie de position, géodésie, 284 p . Technip.
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J. GOGUEL, 1963. La gravimétrie, « Que sais-je ? » Presses Universitaires de France.
A . C o M O L E T - T i R M A N , 1968. L e champ de la pesanteur, mesures en mer et applications, cours
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A . SAKUMA, 1970. Méthodes utilisées avec l'appareil de mesure absolue d uΒΙΡΜ. Bulletin
géodésique n° /00, j u i n 1971, p. 159 à 161.
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Bulletin d'information de TI. G. N. n° 11, j u i n 1970, 32 pages — p. 8 à 19.
L . CAGNIARD 1965. Cours de géophysique appliquée (gravimétrie), chapitre 4, 26 pages.

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CHAPITRE 16

C H A M P D E PESANTEUR
ET FORME D E L A TERRE

par

Jean KOVALEVSKY

1. — INTRODUCTION

L a détermination de la f o r m e de la Terre est, fondamentalement, u n p r o ­


blème géométrique. L e résultat d ' u n tel travail devrait être u n catalogue de
coordonnées cartésiennes d ' u n certain n o m b r e de points fondamentaux rap­
portés à u n système unique d'axes de référence. Plusieurs sommets voisins d ' u n
tel polyèdre p o u r r a i e n t , à leur t o u r , servir de référence à des mesures relatives
locales de p o s i t i o n et ainsi, par des interpolations successives, o n p o u r r a i t
imaginer obtenir les coordonnées de n ' i m p o r t e quel p o i n t de la surface de la
Terre.
En revanche, la n o t i o n de c h a m p de pesanteur de la Terre i n t r o d u i t celle de
force : elle est basée sur la l o i de la g r a v i t a t i o n universelle de N e w t o n et sur les
principes fondamentaux de la d y n a m i q u e . L a détermination de la pesanteur
peut être effectuée en utilisant u n gravimètre (voir chapitre précédent) sans
connaître la p o s i t i o n géométrique d u p o i n t .
Cependant, ce n'est que depuis quelques années, depuis que des satellites
artificiels o n t été utilisés comme mires géodésiques visibles simultanément de
stations distantes de plusieurs milliers de kilomètres, que l ' o n peut aborder
globalement le problème de la forme de la Terre d'une façon géométrique.
Auparavant, les visées géodésiques étaient effectuées au ras d u sol, entre des
points en vue directe l ' u n de l ' a u t r e (cette technique, d'ailleurs, sera encore très
longtemps employée p o u r les interpolations à petite et moyenne échelle). Ces
mesures doivent être rapportées à un système de référence local facilement
repérable, stable avec le temps. L'erreur la plus gênante est due à la réfraction,
très i m p o r t a n t e dans les visées quasi horizontales. L a d i r e c t i o n de la verticale,
et le plan h o r i z o n t a l q u i l u i est perpendiculaire, constituent les éléments essen­
tiels d ' u n tel repère, systématiquement utilisés. M a i s cette d i r e c t i o n est, par
définition et p a r c o n s t r u c t i o n , la d i r e c t i o n de la force de la pesanteur locale.

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422 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

C'est ainsi que s ' i n t r o d u i t la pesanteur dans la géodésie géométrique. D e


plus, comme i l faut p o u v o i r rattacher entre elles les références locales, c'est de
l'ensemble d u c h a m p de pesanteur que l ' o n a besoin p o u r construire u n sys­
tème géodésique local o u global. E n particulier, le géoïde, surface de niveau d u
c h a m p terrestre se c o n f o n d a n t pratiquement avec le niveau moyen des mers,
j o u e u n rôle fondamental dans la détermination et la représentation de la forme
de la Terre.
Les méthodes dynamiques de détermination d u potentiel de g r a v i t a t i o n ter­
restre à l'aide des observations de satellites artificiels ne permettent pas d'éviter
de faire des hypothèses concernant les positions géocentriques des stations. A
défaut d ' u n polyèdre géodésique suffisamment précis, ces positions sont prises
comme inconnues en même temps que les paramètres dynamiques relatifs à la
Terre.
A i n s i , nous assistons à une étroite interpénétration des n o t i o n s de forme de la
Terre et de son c h a m p de gravité. 11 paraît inévitable qu'elle se prolonge
longtemps encore et c'est p o u r q u o i , dans ce q u i suit, nous n'essayerons pas de
séparer ces notions coûte que coûte. N o u s admettrons, ainsi que nous y i n v i t e n t
les méthodes de géodésie dynamique par satellites, que le phénomène fonda­
mental est celui d u c h a m p de gravité terrestre et nous discuterons essentielle­
ment ses déterminations. Les conséquences concernant la forme de la Terre et
les méthodes particulières employées p o u r mesurer notre planète seront évo­
quées au f u r et à mesure des besoins de l'exposé.
Les questions traitées o n t fait l'objet de plusieurs ouvrages récents (Levallois,
1970, Levallois et Kovalevsky, 1971, M e l c h i o r , 1971) auxquels nous renverrons
à l'occasion.

2. — L E C H A M P DE L A P E S A N T E U R

Le c h a m p de forces agissant sur une particule liée à la Terre est la c o m b i n a i ­


son de quatre champs d'origines différentes :
— le champ dérivant d u potentiel d ' a t t r a c t i o n newtonien de toutes les masses
composant la Terre ;
— le c h a m p d'accélération axifuge dû à l'entraînement de la particule par la
r o t a t i o n de la Terre ;
— les champs de forces dus à l ' a t t r a c t i o n de la L u n e et d u Soleil ; ils sont
faibles et variables. N o u s les négligerons dans ce q u i suit car o n peut facilement
les calculer.
— les forces de cohésion.

Les effets secondaires des forces extérieures sur la forme de la Terre seront
étudiés plus l o i n (Chap. 18 et 19). Ces effets, faibles en comparaison avec la
précision des phénomènes globaux décrits dans ce chapitre, seront p o u r le
m o m e n t négligés. N o u s supposerons donc, dans ce chapitre, et sauf i n d i c a t i o n
contraire, que la Terre est parfaitement rigide.
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LE CHAMP DE LA PESANTEUR 423

2.1. — Le potentiel de gravitation newtonien, — Rappelons la l o i de N e w t o n ,


dite de la g r a v i t a t i o n universelle.
Deux points matériels P et Q, de masse m et m', exercent l ' u n sur l'autre une
force attractive F dirigée suivant la droite PQ, directement p r o p o r t i o n n e l l e aux
masses, et inversement p r o p o r t i o n n e l l e a u carré de la distance.

F, = G m m ' ^ ^ - = - F,. (1)

Le facteur de proportionnalité G est la constante de la gravitation universelle.


Les déterminations de la valeur numérique de G se heurtent à de grandes diffi­
cultés causées par la petitesse de la force d ' a t t r a c t i o n qu'exerce un corps et
l'impossibilité de connaître avec précision la d i s t r i b u t i o n des masses à l'intérieur
de ce corps. Aussi sont-elles très rares. Heyl et C h r z a n o w s k i o n t trouvé, en
1942 :

G = (6,673 + 0,003) x ΙΟ"-** c. g. s.

soit, dans le système i n t e r n a t i o n a l :

6,673 X 1 0 " " m ^ k g - ^ s - ' .

Plus récemment. Rose et al. (1969) o n t obtenu

G = 6,674 X 1 0 " " unités S. I .

F I G . 1. — Calcul du potentiel terrestre.


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424 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

Revenons maintenant à la Terre ; elle est constituée de particules Q,


de coordonnées ξ, η, ζ dans u n système d'axes q u i l u i est lié. Chaque
particule occupe u n v o l u m e d ^ ,άη, άζ et a une densité K. L'accélération
que la Terre exerce sur un p o i n t P est l'intégrale, étendue sur le v o l u m e V
de la Terre, de l'accélération élémentaire due à Q :

Γ = - G ^ Κ(ξ, η, ζ) άξ άη άζ . (2)

Les trois composantes de Γ sont les dérivées partielles par r a p p o r t aux


coordonnées (que nous supposerons géocentriques) .v, j , z de F d u
potentiel U :

Κ{ξ, η, ζ)
υ = G QP
άζ άη άζ (3)


QP = V(x - ξ)' + (y - η)^ + (ζ - 0'.
I I est facile de m o n t r e r ( v o i r par exemple Levallois, 19706, p. 17) que
cette expression (3) est applicable même lorsque le p o i n t P est à l'intérieur
o u à la surface de la Terre.

2.2. — Le potentiel axifuge. — Le p o i n t / * est situé à une distance de l'axe


de r o t a t i o n de la Terre supposé fixe égale à v .v^ + y^ = r cos φ ou ψ
est la latitude géocentrique de P et r sa distance au centre de la Terre.
Si ω est la vitesse angulaire de r o t a t i o n de la Terre, l'accélération axifuge a
p o u r composantes :

X , >', Ο .

Elle dérive d u potentiel

W = oj^(x^ + F^) = i cos^ φ .

Le p o t e n t i e l total de la pesanteur est la somme des deux potentiels c i -


dessus :

W = U Λ- V = G J ,^,"^"dςd,ίdC + lω^•^cos^<p. (4)

A l'extérieur des masses attirantes, ce potentiel vérifie l'équation de


Poisson :

divg=V^ir = ^^'^+^^'r+'^^'r=2cu^
dx 8y^ dz
(5)

où g est le vecteur représentant l'accélération de la pesanteur. Le p o t e n t i e l


de g r a v i t a t i o n vérifie, l u i , l'équation de Laplace :

V^Î/=0. (6)
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LE CHAMP DE LA PESANTEUR 425

2.3. — Verticales et surfaces équipotentielles ; le géoïde. — E n P, l a verti­


cale est définie par la d i r e c t i o n de g d o n t les composantes sont :

dW ÔW dW
ox dy ' dz

I C'est la direction indiquée par le fil à p l o m b o u l'axe d'une nivelle mise en


I position.

D'après les propriétés d ' u n c h a m p de forces dérivant d ' u n potentiel, les


lignes de c h a m p sont orthogonales à une famille de surfaces équipotentielles
définies par les équations

W= Cte

et qui constituent les surfaces enveloppes des plans h o r i z o n t a u x .

D'après les propriétés d ' u n fluide en équilibre, la surface moyenne de grandes


nappes d'eau : lacs, mers, océans est une surface équipotentielle. O n choisit
l'une d'entre elles — la surface moyenne des océans — p o u r définir la surface
de niveau zéro à p a r t i r de laquelle o n comptera les altitudes et q u ' o n appelle
le géoïde. Classiquement, o n considère que cette surface représente la forme
de la Terre.
En fait, cette surface est difficilement accessible. Même sur les océans, où la
houle et les mouvements de marées peuvent être moyennes, les courants, les
différences de température et de salinité, les déplacements de masses d'eau dues
au vent et l'évaporation dans les mers très fermées peuvent modifier le niveau
moyen. Sous les continents, le géoïde n'est défini que d'une façon indirecte.

2.4. — Altitude d'un lieu. — Deux surfaces de niveau W(A) et W(B) ne


I peuvent pas se couper. Le travail TA néces­
saire p o u r passer d ' u n p o i n t quelconque A W(8)

de la première surface à u n p o i n t quel­


conque B de la seconde ne dépend pas de
la p o s i t i o n de ces p o i n t s sur leurs surfaces
respectives n i d u c h e m i n p a r c o u r u . I l v a u t :

C W(A)
'A —
g.ds = W(B) - WiA).
F I O . 2. — Calcul du travail
Choisissons A eX B sur la même ligne de entre deux sur/aces de niveau.
c h a m p , et soit h l'abscisse curviligne d ' o r i ­
gine A sur cette ligne. L a gravité φ) étant portée p a r la tangente à
la ligne de c h a m p , o n a, en a p p l i q u a n t le théorème de la moyenne :
rl'a

= I g ( / ')) d/i = g(/, J d/j = Itg giK),

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426 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

OÙ est c o m p r i s entre O et h^. N o t o n s que, si sur une surface de


niveau, le potentiel est constant, i l n'en est pas de même de la gravité.

11 s'ensuit que la distance àh entre deux surfaces de niveau n'est pas

constante. A titre d'exemple, la différence de distance de deux surfaces


de niveau séparées par e n v i r o n u n kilomètre change de 8 cm p o u r une
différence de l a t i t u d e de V.
A i n s i , si o n définissait l'altitude d ' u n p o i n t au-dessus d u géoïde par la
longueur de la verticale, une surface équipotentielle ne serait pas à hauteur
constante. C'est p o u r q u o i , en géodésie scientifique, o n remplace la n o t i o n
d'altitude par celle de cote géopotentielle, n o t i o n théoriquement cohé­
rente et néanmoins se r a p p r o c h a n t suffisamment des mesures brutes
données p a r le nivellement.
E n posant a priori W{0) = 0 sur le géoïde, la cote géopotentielle d ' u n
p o i n t B situé sur une surface de niveau \V{B) est

"gdii W(B)
h =
0 iir,

g„, étant une valeur moyenne convenablement choisie.


I l existe évidemment une infinité de systèmes possibles suivant le c h o i x
de g,„. L ' u n des plus logiques est celui q u i a été préconisé par M o l o d e n s k y
sous le n o m d'altitude normale et q u i a été adopté t o u t récemment en
France :

gd/7
h =
ym

où y,„ est la valeur de la pesanteur théorique de l'ellipsoïde de référence à


l'altitude 6/2 (voir p. 432) au p o i n t correspondant.
L a quantité g q u i entre dans ces formules est en général obtenue par
des mesures gravimétriques. Bien que ce soit théoriquement incorrect,
on a employé, p o u r des régions peu accidentées, des formules d ' i n t e r p o ­
l a t i o n , ce q u i , en pratique, est à peu près équivalent.

En r e p o r t a n t vers le bas, suivant la verticale d u lieu, la distance Λ, o n obtient


un p o i n t q u i est voisin de la surface équipotentielle zéro, c'est-à-dire le géoïde.
E n fait, ce n'est pas t o u t à fait cette surface parce que les valeurs de g le l o n g
de la verticale souterraine ne sont pas connues et que ces verticales ne sont pas
rigoureusement rectilignes. Aussi, la surface ainsi définie, appelée quasi-géoïde
par M o l o d e n s k y , remplace pratiquement le géoïde d o n t elle ne diffère que de
quelques mètres au m a x i m u m p o u r trouver sa p o s i t i o n à partir de la surface de
la Terre.
Dans la suite, le m o t a l t i t u d e sera employé quelle que soit la méthode utilisée
p o u r la déterminer.
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MODÈLES SIMPLIFIÉS 427

3. — M O D È L E S SIMPLIFIÉS

Le traitement des mesures géodésiques et gravimétriques de la Terre fait


souvent appel à un certain n o m b r e de modèles mathématiques simples décri­
vant approximativement les propriétés géométriques et dynamiques de notre
planète, modèles q u i sont utilisés dans l a réduction des observations modernes.
A u fur et à mesure des progrès réalisés, o n a p u construire des modèles de plus
en plus réalistes et de plus en plus précis, l'usage de ces modèles p e r m e t t a n t
à son t o u r d'améliorer l'interprétation des nouvelles mesures.
O n sait depuis la f i n d u χνιιι^ siècle que la Terre a une forme très voisine de
celle d ' u n ellipsoïde de révolution. Actuellement, o n sait que les plus grandes
irrégularités d u géoïde par r a p p o r t à u n ellipsoïde sont de l ' o r d r e de 100 m .
Représenter le géoïde p a r u n ellipsoïde de révolution est donc une excellente
approximation et c'est p o u r q u o i les modèles utilisent cette surface (*). L a
construction de ces modèles est basée sur u n certain n o m b r e de résultats
théoriques que nous allons donner.

3.1. — Théorème de Stokes. — Cet i m p o r t a n t théorème s'énonce ainsi:


Soit une surface équipotendelle S q u i renferme en son intérieur t o u t e l a
madère. Si o n modifie la répartition des masses de telle façon que 5 reste une
surface équipotendelle, le potentiel extérieur à S n'est pas modifié.

Supposons que la première répartition des masses donne, sur S, le


potendel U = C.
L a seconde répardtion donne u n autre potentiel,

U' = C'.

Considérons la f o n c t i o n V = U — U'.
De nombreuses démonstrations de ce théorème existent. Elles reviennent
à m o n t r e r que F Ξ 0 en étudiant le flux à travers la surface S et une sphère
de rayon très g r a n d . O n t r o u v e r a des démonstrations dans les ouvrages
traitant d u potentiel newtonien (Levallois, 19706 ; Heisaken et M o r i t z
1967 ; C a p u t o , 1967, etc.).
Ce théorème nous autorise à construire des modèles de potendel à
! l'extérieur d'une surface sans nous préoccuper si la d i s t r i b u t i o n des masses
I à l'intérieur de cette surface est o u n o n réaliste. Le c h a m p extérieur q u i en
I résultera sera de toute façon mathématiquement correct.
1 C'est ce que l ' o n fait, en particulier, p o u r construire u n modèle de
I potendel d ' u n elhpsoïde à masses internes. O n peut aussi faire en sorte que
j ce potentiel représente au mieux celui de la Terre ( d u moins à l'extérieur

(*) O n se sert aussi de sphéroïdes de niveau, surfaces de niveau correspondant à un modèle


simplifié de champ de gravité. Nous n'utiliserons pas cette référence qui n'est n i meilleure
ni moins bonne q u ' u n ellipsoïde.
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128 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

d'une surface contenant l a Terre et son relief, afin de rester dans les c o n d i ­
tions d u théorème de Stokes).
L a s o l u t i o n q u i est adoptée se présente comme la superposition des
potentiels engendrés par deux d i s t r i b u t i o n s :
— U n ellipsoïde fluide et homogène, en r o t a t i o n avec la vitesse a n g u ­
laire ω d o n t la surface d'équilibre coïncide avec E. L a théorie de tels
ellipsoïdes a été faite p a r M a c l a u r i n , c'est p o u r q u o i ces ellipsoïdes p o r t e n t
ce n o m .
— L a masse totale d ' u n eUipsoïde de M a c l a u r i n de dimensions d o n ­
nées ne peut pas être arbitraire. C'est p o u r q u o i o n superpose une couche
eUipsoïdique homogène i n f i n i m e n t mince confondue avec la surface de E
et ayant la masse nécessaire p o u r que l'ensemble ait la masse M de la Terre.

3.2. — Les ellipsoïdes de Maclaurin. — Le c h o i x d'une surface d'équilibre


d'une masse fluide en r o t a t i o n p o u r représenter en première a p p r o x i m a ­
t i o n la f o r m e de la Terre a été fait en se f o n d a n t sur l'idée qualitative que,
étant donnée sa taille, la Terre est le siège de contraintes internes teUement
élevées qu'elle ne peut y résister et qu'elle se c o m p o r t e , à la longue,
c o m m e u n corps fluide.
Cette idée a été confirmée par la suite. U n e de ses conséquences est l a
théorie de l'isostasie d o n t nous d i r o n s quelques mots plus l o i n et q u i sera
traitée en détail dans le chapitre 17. Les modèles de la Terre (voir C h a p . 21)
confirment cette hypothèse t o u t en l'aménageant et en la précisant.

Soit une masse M de fluide homogène et incompressible, de densité p, tournant avec


la vitesse angulaire ω autour de l'axe Oz. Nous voulons trouver sous quelles con­
ditions l'ellipsoïde E d'équation :

peut être une figure d'équilibre.


La c o n d i t i o n nécessaire et suffisante p o u r que E soit la surface d'équilibre est que
l'équation fondamentale de l'équilibre hydrostatique

àp ^ pAW p{X d.v -;- Y ày -|- Z dz) (5)

où p est la pression et W le potentiel, soit vérifiée dans l'ensemble d u fluide et, en


particulier, sur la surface (4). Les composantes de la force en u n p o i n t de la surface
(coordonnées .v, y, z) sont :

X = P -i « 2 X ,
Y=Q + (o^y, (6)
Z = R,

où P, Q, R sont les composantes de l'attraction de l'ellipsoïde sur un point de sa surface.


Nous ne ferons pas le calcul de ces composantes : o n le trouvera dans de nombreux
ouvrages de géodésie (par exemple, Levallois, J . J . , I970è) o u de mécanique céleste
(Tisserand, F., 1960, v o l . 2).
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MODÈLES SIMPLIFIÉS 429

O n trouve

/ ? - — /;„ z ,

/Ό = 2 πα^- bGp

et (7)

Λ(, = 2 πα^- bGp
g (a2 -f î ) (62 H- î ) " 2 '

qui ne dépendent que de a, b et M .


Reportons ces quantités dans (6), puis (5). O n a :

^ („2 _ (Λ· d.v + d>') — Λ„ z d z .

Intégrons

C — ^ - ( P „ — « 2 ) (Λ-2 + :μ2) + Λ „ z2 .

Cette surface est identique à (4) si la relation suivante est vérifiée :

„2(/>„ _ „2) ^ i 2 Λ„ . (8)

Les intégrales (7) étant exprimables en fonctions élémentaires, o n montre (voir


Tisserand, F., 1960, v o l . 2) que, si o n appelle e' la deuxième excentricité, soit :

la relation (8) s'écrit :

(3 H- e'2) arc tg e' — 3 <?' _ ω-


e'^ 2 nGp '

On voit que pour une forme et une vitesse de r o t a t i o n données, i l n'y a qu'une seule
densité possible. Si donc la dimension est donnée, la masse est imposée.
Elle ne coincïde pas avec celle de la Terre. E n effet, si o n prend e' =- 0,082 09,
valeur estimée pour la Terre, o n trouve une masse 1,3 fois t r o p forte. I l s'ensuit que,
si la Terre était un fluide en équilibre, celui-ci ne serait pas homogène.
O n peut aussi calculer la pesanteur à la surface d ' u n ellipsoïde de M a c l a u r i n . Par
définition, elle est normale à la surface et o n a, d'après (6) :

Compte tenu des valeurs de Ρ^ et /?„ en fonction de e', on trouve

où ô est la distance d u centre de l'ellipsoïde au plan tangent au point P considéré (OH).


Appelons ç>, la latitude astronomique de P. Par définition, c'est l'angle de la direc-
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CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

tion de la verticale en P avec l'équateur. C'est aussi la direction de OH. Les propriétés
de l'ellipse nous permettent de démontrer que

<52 = cos2 ç> - I 62 sin2 φ . (10)

3.3. — La formule de Somigliana. — L'ellipsoïde de M a c l a u r i n étant t r o p massif, il faut


le corriger par une distribution de masses négatives q u i admette encore l'ellipsoïde
donné pour surface équipotentielle. O n choisit une couche ellipsoïdique très fine, de
masse négative, comprise entre deux ellipsoïdes concentriques homothétiques, l'ex­
térieur étant l'ellipsoïde donné.
L'attraction d'une telle couche est, d'après la théorie d u potentiel, égale à 4 πσ
où σ est la densité superficielle (négative) de la couche. Cette densité a est p r o p o r t i o n ­
nelle à l'épaisseur Δί5 de la couche au point P (Fig. 3). Si // est la densité volumique
de la matière, on a

g·^à,πp•^6. (II)

FiG. 3. — Propriétés d'un ellipsoïde de Mac Laurin.

I l est facile de montrer géométriquement que la distance entre deux tangentes


parallèles de deux ellipses homothétiques est telle que :

δ a •

L'équation ( I I ) s'écrit donc :

g'=Απρ· ô— = Βδ. (12)


a

Superposons les deux champs issus de l'ellipsoïde de M a c l a u r i n et de la couche ellip­


soïdique construite de telle façon que la masse de l'ensemble soit celle de la Terre.
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MODÈLES SIMPLIFIÉS 431

L a pesanteur au point p est l a somme des deux forces de pesanteur g et g' et o n a,


avec la formule 10

A ~|- Ba^ cos^ φ + Bb- sin^ φ


y 8 vg = Βδ = (13)
δ Ja^ cos^ ¢) + 62 sin2

A l'équateur, p = 0, la pesanteur est :

A + Ba'-
7Ε =
a
A u pôle, φ = π/2, la pesanteur est :

Bb'-

II est facile de vérifier que, dans ces conditions, (13) s'écrit :

_ αγκ cos2 φ - i - b)'p sin2 φ


(14)
Ja^ cos2 ¢) f- 62 sin2 ¢)

C'est l a f o r m u l e de Somigliana q u i donne, en f o n c t i o n des dimensions de


l'ellipsoïde et des pesanteurs à l'équateur et au pôle, l a valeur de la pesanteur en
n ' i m p o r t e quel p o i n t de l'ellipsoïde, de l a t i t u d e a s t r o n o m i q u e ψ.

O n peut aussi développer en série cette f o r m u l e en posant

a - b
α = ,

aplatissement de l'ellipsoïde et

JE

Ces quantités étant petites, en négligeant leurs puissances au-delà de l a


seconde, o n a :

JE 1 + β s i n ' φ -^[α.β + s i n ' 2ψ + (15)

= 7^ \ + ( β - α β - y j s i n ' ψ+(αβ + Çjsm^ ψ + (16)

V o i r aussi, sur ce problème, C a p u t o , 1967.

3.4.—Ellipsoïde international de référence. — N o u s avons rapidement


montré c o m m e n t o n p o u v a i t construire u n ellipsoïde ayant des dimensions et
une masse fixées à l'avance, t o u r n a n t avec une vitesse ω donnée et d o n t l a surface
est une surface équipotentielle. L a connaissance t o u j o u r s améliorée que l ' o n a
eu d u géoïde a permis de proposer successivement plusieurs modèles de plus
en plus exacts.
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432 CHAMP DE PESANTEUR E T FORME DE L A TERRE

O n a longtemps utilisé l'ellipsoïde de H a y f o r d , défini p a r les nombres


suivants :
α = 6 378 388 m
α = 1/297 .

Récemment, à la suite de l ' U n i o n A s t r o n o m i q u e I n t e r n a d o n a l e (1964),


l'Association I n t e r n a t i o n a l e de Géodésie a adopté le système géodésique de
référence 1967 q u i définit u n ellipsoïde de référence avec les nombres suivants :
D e m i - g r a n d axe de l'ellipsoïde : α = 6 378 160 m .
P r o d u i t de la constante de la g r a v i t a t i o n par la masse de la Terre :

G M = 398 603 x 1 0 ' m'/s^ .

Facteur d'ellipticité géopotentielle : / 2 = 0,001 082 7.


Vitesse angulaire de r o t a t i o n de la Terre : ω = 0,000 072 921 151 467 rad/s.
N o u s verrons plus l o i n l a signification de / 2 dans l'expression d u potentiel
de g r a v i t a t i o n terrestre. O n a

où C et ^ sont les deux moments p r i n c i p a u x d'inertie de l'ellipsoïde. Des for­


mules théoriques lient / 2 à l'aplatissement et aux coeflBcients de la f o r m u l e de
gravité. O n a ainsi, p o u r cet ellipsoïde.

α = 6 378 160 m ; 6 = 6 356 774,516 1 m


α = 1/298,247 167 4 2 7 .

L a f o r m u l e de gravité correspondante est :

y = 978,031 85(1 + 0,005 278 895 sin^ ψ + 0,000 023 462 s i n * ψ) gai (17)
(1 gai = l O - ^ m / s ^ ) .

4. — F O R M E DE L A TERRE P A R LES M E S U R E S A U SOL

T r o i s techniques sont utilisées p o u r étudier localement la forme et le c h a m p


de pesanteur de la Terre. Ce sont :
— L a triangulation ;
— Le nivellement ;
— L a gravimétrie.

Le principe des réseaux de t r i a n g u l a t i o n et de nivellement est très simple.


M a i s , dans l'interprétation des mesures, intervient systémadquement la direc­
t i o n de la verticale locale q u i n'est pas — en général — confondue avec l a
n o r m a l e de l'ellipsoïde de référence, d'où l ' i m p o r t a n c e des mesures locales de
gravité.
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FORME DE LA TERRE PAR LES MESURES AU SOL 433

4.L — La triangulation et le nivellement. — Pour construire un réseau de


triangulation, on procède schématiquement de la façon suivante.

On choisit d'abord un point origine O, dit point fondamental, pour lequel


on mesure les trois quantités suivantes :
a) L a latitude astronomique ψ, qui est le complément de l'angle que fait la
verticale V du lieu avec la direction P du pôle (direction de l'axe de rotation de
la Terre). O n l'obtient en mesurant par exemple la hauteur de culmination des
étoiles de déclinaison connue à l'aide de théodolites ou d'instruments méri­
diens (Fig. 4).

Pôle

F I O . 4. — Les coordonnées astronomiques d'un point.

b) L a longitude astronomique L, angle entre le plan méridien de O (défini


par les directions P et V ) et le plan origine, appelé méridien international, ou
encore, improprement, méridien de Greenwich. O n l'obtient en déterminant
l'instant de passage d'une étoile au méridien et en le comparant à l'instant, donné
par les éphémérides astronomiques, de son passage a u méridien international.
L a différence, exprimée en temps sidéral, est la longitude du lieu.
L'instrument méridien est particulièrement bien adapté pour effectuer cette
détermination. Toutefois, la méthode des droites de hauteur et plus particulière­
ment celle des hauteurs égales (Debarbat et Guinot, 1970) permet, par l'obser­
vation du temps de passage de plusieurs étoiles à une hauteur donnée, de
déterminer simultanément la latitude et la longitude astronomiques d'un lieu.
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434 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

c) L a direction du méridien par r a p p o r t à une référence terrestre ou, si o n


préfère, l ' a z i m u t de cette référence. Cet a z i m u t est mesuré à l'aide d'un théodo­
lite.
On associe à ce p o i n t f o n d a m e n t a l un ellipsoïde de référence de la manière
suivante : la normale à l'ellipsoïde en un p o i n t de longitude et l a t i t u d e e l l i p -
soïdiques égales a u x quantités a) et b) ci-dessus coïncide avec l a verticale d u
lieu ; la distance d u lieu à l'ellipsoïde est l ' a l t i t u d e que l u i a t t r i b u e le nivelle­
ment ; la projection d u méridien local sur l'ellipsoïde est u n méridien de
l'ellipsoïde. De ce fait, l'axe de révolution de cet ellipsoïde est parallèle à l'axe
d u monde.
Puis, à p a r t i r de ce p o i n t , o n c o n s t r u i t u n réseau de triangles, accolés, en
mesurant tous les angles et l a longueur de quelques côtés. O n peut ainsi, de
proche en proche, projeter ces triangles sur l'ellipsoïde suivant les normales à
l'ellipsoïde sur la surface de celui-ci et o b t e n i r les coordonnées ellipsoïdiques
des sommets de ces triangles. P o u r le détail de ces techniques, on se reportera
à un traité de Géodésie (par exemple, Levallois, 1970a ou T a r d i et Laclavère,
1954).
Le système d'altitudes est o b t e n u par un réseau de nivellement de précision
déterminé p a r cheminement à travers la contrée, en c u m u l a n t les dénivelées
mesurées à l'aide d ' u n niveau h o r i z o n t a l p a r les méthodes de nivellement
géométrique. O n obtient les altitudes à c o n d i t i o n d'utiliser le f o r m u l a i r e d u
paragraphe 2 . 4 , donc de connaître aussi la gravité. Le niveau zéro est choisi de
façon conventionnelle : en France, c'est le niveau d u marégraphe de Marseille.
A i n s i , o n peut donc construire de proche en proche u n système de coor­
données ellipsoïdiques des points topographiques auxquels sont aussi associées
des altitudes. I l est à noter que ces altitudes sont comptées à p a r t i r d u géoïde
et non de l'ellipsoïde d o n t le positionnement est conventionnel et admet une
p a r t d ' a r b i t r a i r e . 11 f a u t encore placer le géoïde p a r r a p p o r t à l'ellipsoïde de
référence.
C'est à ce problème f o n d a m e n t a l que nous sommes à nouveau ramenés.
N o u s allons v o i r dans ce chapitre c o m m e n t o n peut le résoudre, soit p a r une
méthode géométrique (nivellement astro-géodésique, u t i l i s a n t la d i r e c t i o n de
la pesanteur) soit à p a r t i r des résultats de mesure d'intensité de la pesanteur
(nivellement gravimétrique).

4.2. — Les déviations de la verticale. — Si, dans un réseau de triangulation, on compare,


en un point autre que le point fondamental, la direction de la verticale à la direction de la
normale au point correspondant de l'ellipsoïde de référence, on constate qu'elles ne coïncident
pas.
L'angle que font ces deux directions s'appelle « déviation relative de la verticale ». O n a
l'habitude de définir ce petit angle par ses deux composantes Nord-Sud, notée { et Est-Ouest,
désignée par η.
Sur la sphère céleste, centrée en un point O, appelons P, la direction du pôle, Z , la direc­
tion de la verticale et Z ' , la direction de la normale à l'ellipsoïde.
A la direction O Z , correspondent une latitude astronomique φ et une longitude astrono-

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FORME DE LA TERRE PAR LES MESURES AU SOL 435

niique L que l ' o n aura mesurées en faisant, comme au point fondamental, des observations
d'étoiles.
Mais, on peut aussi, sur l'ellipsoïde, associer à la direction de la normale OZ', une latitude
calculée ψ' et une longitude calculée L'. Des considérations élémentaires sur la figure 5 m o n ­
trent que l ' o n a

F I G . 5. — Les composantes ζ et η de la déviation de la verticale.

Le fait que la verticale et la normale à l'ellipsoïde ne soient pas identiques, entraîne que
les azimuts mesurés (A) et ceux pouvant être calculés sur l'ellipsoïde (Α') ne sont pas identi­
ques. La formule de Laplace (voir par exemple Levallois, 19706) donne la relation q u i existe
entre ces quantités :

A — A'= ( L — L ' ) sin φ. (2)

La quantité L — L' étant obtenue en quelques points, o n peut utiliser cette relation pour
améliorer l'orientation d ' u n système géodésique.
L'existence des déviatic>ns de la verticale en u n lieu donné peut être due à plusieurs causes.
L'une d'entre elles est artificielle, car elle est introduite par le choix même d u point fonda­
mental et de l'ellipsoïde de référence. A i n s i , comme cela résulte de 4 . 1 , l a déviation relative
de la verticale d u point fondamental est nulle. O n peut donc fictivement modifier cette quan­
tité en tout point en changeant d'ellipsoïde o u de point fondamental.

M a i s même u n c h o i x j u d i c i e u x de relhpsoïde de référence ne p e r m e t pas


d'annuler l a déviadon de l a verdcale sur t o u t e une région. E n effet, le géoïde
n'est pas u n ellipsoïde et ses normales ne sont pas confondues avec celles d ' u n
ellipsoïde. Les déviadons de l a verticale sont des indicatrices des o n d u l a t i o n s
du géoïde.
Celles de ces o n d u l a t i o n s q u i o n t une grande a m p l i t u d e décrivent d o n c l a
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436 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

f o r m e générale de l a Terre. M a i s elles peuvent aussi a v o i r u n caractère l o c a l à


la suite de l a présence de montagnes o u de sous-sol hétérogène. Elles sont suffi­
santes, en t o u s cas, p o u r ne pas être négligées et i n t e r d i r e de c o n f o n d r e les
coordonnées astronomiques avec les coordonnées sur l'ellipsoïde. Elles a t t e i ­
gnent c o u r a m m e n t 10" à 15" (représentant u n écart, en p o s i t i o n de plusieurs
centaines de mètres). Exceptionnellement, des c o n d i t i o n s locales particulières
d o n n e n t , à ξ et à //, des valeurs encore plus grandes. L e record a p p a r t i e n t a u x
rivages opposés de l'île de l a Réunion, distants de 60 k m et p o u r lesquels l a
différence entre les déviations de l a verticale atteint 100", soit près de 3 k m
sur le t e r r a i n .

4.3.—Nivellement astro-géodésique. — Supposons qu'on connaisse la surface topogra­


phique d'une région par des opérations de triangulation et de nivellement et des observations
astronomiques. O n peut ramener toutes ces mesures à l'ellipsoïde de référence.
Plaçons-nous en un point A de la surface topographique. Connaissant la déviation de la
verticale, o n a la pente d u géoïde par rapport à l'ellipsoïde (angle des plans tangents des
deux surfaces). E n particulier, la pente 0 d'un chemin quelconque d'azimut Z (compté depuis
le N o r d ) issu de A est

0 - — ( ξ cos Z + // sin Z ) . (3)

En un point M de la surface topographique, voisin de A, la différence des dénivelées suivant


la normale à l'ellipsoïde et au géoïde est (voir Fig. 6) :

ΔΛ — Δ Λ ' ^—O.AH -^—OM. (4)

FiG. 6. — Calculs des différences de dénivelées


par rapport à Vellipsoide et au géoïde.

O n peut intégrer cette équation sur u n chemin quelconque et ainsi calculer la correction à
apporter aux dénivelées pour les rapporter à l'ellipsoïde de référence. A i n s i , entre deux points
A et B, o n a

^ Δ Λ ' = ; ^ Δ Λ + 5]<?Δ/~ ^ Δ Λ + i/((?, + O2) (5;

où / est la longueur d u chemin AB.


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FORME DE LA TERRE PAR LES MESURES AU SOL 437

Nous avons vu (en 2.4) que les surfaces de niveau ne sont pas parallèles. I l s'ensuit que la
détermination d'une dénivelée dépend d u cheminement. Comme la dénivelée ellipsoïdique
est, elle, bien définie, o n en déduit que la quantité

dépend aussi d u cheminement et ne représente l a hauteur d u géoïde au-dessus de l'ellipsoïde


qu'en première a p p r o x i m a t i o n , d'ailleurs suffisante, puisqu'en France, par exemple, les diffé­
rences n'atteignent pas u n mètre.

Ainsi, de la connaissance simultanée, sur u n territoire donné, des déviations de la verticale


obtenues en effectuant des déterminations astronomiques de position a u x sommets d ' u n
réseau de triangulation et des altitudes obtenues par nivellement, o n peut construire, point
par point, le géoïde. O n peut essayer d'améliorer ces résultats en affectant les mesures d ' u n
certain nombre de corrections ; en particulier, o n corrigera les déviations de la verticale de
la partie pouvant être due à l'action d u relief environnant.
Comme les déviations relatives de la verticale dépendent, o n l'a v u , de l a position ds
l'ellipsoïde, o n peut aussi prendre pour inconnues les paramètres fixant cette position. O n les
calculera en faisant par exemple l'hypothèse que l'ellipsoïde le plus adapté est celui pour
lequel l'intégrale

(ξ^ + η^) ds est minimale ,

c'est-à-dire que, en moyenne, les déviations de la verticale sont minimisées.

Avant l'ère spatiale, cette méthode a été appliquée pour obtenir la plupart des systèmes
géodésiques à échelle continentale (Système Nord-américain par H a y f o r d , 1909 et 1910,
Système Europe 50 de B o m f o r d , Système de l'URSS de Isotov 1950, etc.).
Nous donnons, à titre d'exemple (Fig. 7), la carte d u géoïde astrogéodésique sur les conti­
nents américains d'après I . Fischer (i960).
Mais ces travaux seuls ne permettent pas de couvrir l a Terre entière. L a liaison entre ces
systèmes géodésiques pourra être faite, comme nous le verrons plus l o i n (p. 457), en visant
simultanément des cibles extra-terrestres. Cependant, les mesures gravimétriques peuvent,
elles, couvrir le sol et les océans et permettent d'aborder le problème de la forme globale
de la Terre.

4.4.—Réduction des mesures gravimétriques. — Nous avons v u que la


représentation globale d u c h a m p de gravité se fait, en première a p p r o x i m a t i o n
à p a r t i r d ' u n e surface simple, c o m m e l'ellipsoïde de référence. O n a d m e t en f a i t
que ce c h a m p est défini à p a r d r d ' u n e surface de niveau et que l a f o r m u l e
internationale de gravité ( 3 . 1 7 ) s'applique exactement a u géoïde.
M a i s l a valeur de la gravité en u n p o i n t de l a surface t o p o g r a p h i q u e , est
différente, puisque l ' a l t i t u d e , si elle ne change p r a t i q u e m e n t pas la d i r e c t i o n de
la pesanteur, en m o d i f i e b e a u c o u p l'intensité.
Si g est l'accélération de la pesanteur en u n p o i n t M de la surface t o p o g r a ­
phique, o n écrira

g = y + r„ + àg.
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438 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

F I G . 7 . — Le géoïde astro-géodésique de l'hémisphère occidental, d'après I . FIS­


CHER, rapporté à un ellipsoïde d'aplatissement 1/298,3 et demi-grand axe 6 3 7 8 153 m .
Les hauteurs sont en mètres.
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FORME DE LA TERRE FAR LES MESURES AU SOL 439

OÙ :

y est la valeur donnée p a r la f o r m u l e internationale a u p o i n t correspondant P


de l'ellipsoïde,
Tg, appelé réduction, est la quantité q u ' i l faut ajouter à y p o u r passer de P
à M en faisant certaines hypothèses que l ' o n explicitera plus l o i n (*).
est un complément appelé anomalie de la pesanteur en M et dépend
évidemment de la méthode choisie p o u r calculer r^.

Les réductions des forces de gravité sont en général basées sur la méthode
de Stokes. P o u r cela, o n simplifie le problème en considérant une Terre fictive
pour laquelle toute la matière située en dehors d u géoïde est transportée à
Fintérieur, ce q u i régularise le potentiel à l'extérieur de cette surface. M a i s
Moiseev puis M o l o d e n s k y ( M o l o d e n s k y et al, 1962) o n t montré c o m m e n t o n
peut se dégager de ces hypothèses et résoudre le problème de la détermination
du champ de gravité sans passer par une régularisation préalable d u potentiel.
Les réductions classiques de la gravité sont de plusieurs types (voir à ce sujet,
par exemple, Heiskanen et Vening-Meinesz, 1958).

a) Réduction à l ' a i r l i b r e . — Elle consiste à supposer que toute mesure faite


à une altitude li peut être ramenée à l ' a l t i t u d e zéro (géoïde) en ne considérant
que le gradient d u c h a m p de pesanteur. E n première a p p r o x i m a t i o n , suffisante
pour les besoins pratiques, o n prendra

dg ^ _ 2g
dh R

ou R est la distance a u centre de la Terre ( a p p r o x i m a t i o n sphérique). L a valeur


numérique de ce gradient est :

dj?
= - 0 , 3 0 8 6 m i l l i g a l par m
dh

et la réduction à l ' a i r libre est donc :

go - g = 0,308 6 h milligal

si h est exprimé en mètres. C'est la f o r m u l e de Faye.


Cette correction suppose donc que, au-dessus d u géoïde, i l n'y a aucune masse
susceptible de modifier la gravité, d'où le n o m de « réduction à l'air libre ».
On appellera de même anomalie à l ' a i r libre, la différence

Δ^ι = go - y

entre la gravité corrigée de la réduction à l ' a i r l i b r e et la valeur y que donne,


au même p o i n t sur l'ellipsoïde, la f o r m u l e internationale de gravité.

(*) En généra!, o n introduit les réductions en se plaçant à un autre point de vue : ce sont
les corrections à appliquer à la mesure g pour la remener au géoïde. Numériquement, les
valeurs de l'anomalie que l ' o n obtient à partir des deux définitions sont les mêmes.
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440 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

Les anomalies à l ' a i r libre sont, en général, faibles. Toutefois, l'hypothèse q u i


revient à supprimer toute matière au-dessus d u géoïde n'est pas physiquement
satisfaisante. Elle ne permet pas en particulier de tenir compte des effets relatifs
d u relief e n v i r o n n a n t .

b) Réduction topographique, anomalie de Bouguer. — Pour rendre compte


de la matière située au-dessus d u géoïde et agissant sur u n p o i n t K de la surface
t o p o g r a p h i q u e d ' a l t i t u d e /;, o n est c o n d u i t à schématiser considérablement le
v o l u m e qu'elle occupe. Ces schémas sont forcément arbitraires, si bien que la
réduction q u i les utilise ne peut prétendre à une définition aussi stricte que celle
que nous avons décrite ci-dessus.
Le gros de la matière comprise entre la surface de niveau d ' a l t i t u d e h et le
géoïde est assimilé à une calotte c y l i n d r i q u e de rayon R. Cette c o r r e c t i o n , dite
correction de plateau est évaluée à une a t t r a c t i o n verticale de

Ag = 2 nGpli (6)

où G est la constante de la g r a v i t a t i o n universelle et μ, la densité de la matière.


En prenant μ = 2,67 g/cm^, o n obtient

A g = 0,111 8/; milligal .

O u t r e cette correction de plateau, q u i est une c o r r e c t i o n positive, i l faut tenir


compte des effets d u relief : montagnes au-dessus d u plateau, vallées en dessous
qui toutes deux donnent une correction négative à Ag.
Cette c o r r e c t i o n de relief est calculée en divisant la carte d u terrain e n v i r o n ­
nant en couronnes circulaires elles-mêmes divisées en secteurs ; o n évalue
l'altitude moyenne de chaque p o r t i o n de c o u r o n n e et, des formulaires per­
mettent d'établir la c o n t r i b u t i o n de chaque c o m p a r t i m e n t à la c o r r e c t i o n de
relief A g , .
Ces corrections peuvent être très importantes en montagne. A i n s i , p o u r le
sommet d u m o n t Blanc, o n a A g , = 123 milligals et p o u r C h a m o n i x
A g , = 46 milligals.
Dans le cas des océans, les mesures sont faites près d u géoïde : leur correc­
t i o n à l'air libre est donc pratiquement nulle. M a i s p o u r que la réduction de
Bouguer soit cohérente, on ajoute aux océans une densité (2,67-1,027)g/cm''.
La c o r r e c t i o n de Bouguer est la somme de toutes ces corrections et l'anomalie
de Bouguer est

^g2 = gi - y
avec

g , = g - (0,308 6 - 0,111 8) /; - I A g , I milligals

où g est la gravité observée et où o n a effectué successivement la c o r r e c t i o n


à l'air libre, la c o r r e c t i o n de plateau et la c o r r e c t i o n de r e l i e f
N o t o n s que les corrections de terrain deviennent faibles l o r s q u ' o n s'éloigne
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FORME DE LA TERRE PAR LES MESURES AU SOL 441

de la station, et souvent o n s'arrête à u n r a y o n m o i n d r e que les 166,7 k m


utilisés p a r H a y f o r d , en vérifiant qu'au-delà les c o n t r i b u t i o n s sont faibles. I l
n'en serait toutefois pas ainsi de la c o r r e c t i o n de calotte sphérique, mais
l'intérêt essentiel de la c o r r e c t i o n de Bouguer n'est pas de ramener les mesures
à une surface donnée (c'est impossible à cause de l ' a r b i t r a i r e des conventions),
mais d'effectuer les corrections de relief afin de rendre les anomalies interpolables
entre stations et de permettre ensuite le calcul de valeurs moyennes.
C'est cette propriété q u i est très i m p o r t a n t e p o u r les prospecteurs q u i , d ' a i l ­
leurs, ramènent parfois les mesures à une surface d ' a l t i t u d e n o n nulle (Correc­
tion de Bouguer des prospecteurs, v o i r C h a p . 24).

c) Compensation isostatique. — O n constate que la réduction t o p o g r a ­


phique o u la réduction de Bouguer donnent systématiquement une surcorrec­
tion. Les anomalies de Bouguer sont généralement très fortes et négatives sur les
continents, fortes et positives sur les océans et les petites îles.
Certes, ces anomalies sont moins sensibles que les anomalies à l ' a i r l i b r e aux
variations rapides d u relief, mais t o u t se passe c o m m e si le relief dans ses
grandes lignes avait une influence plus faible que celle q u i est calculée. C o m m e
il ne peut pas en être ainsi, c'est que l'effet d u relief est partiellement compensé
par un manque de matière en dessous d u géoïde.
L'hypothèse q u i paraît la plus apte à résoudre cette difficulté est l'hypothèse
isostatique. I l y a eu plusieurs schémas décrivant cette hypothèse. Selon Pratt, i l
existerait quelque p a r t à l'intérieur de la Terre une surface de niveau q u i serait
aussi une surface d'égale pression. Les blocs situés au-dessus de ce niveau
seraient d ' a u t a n t plus denses q u ' i l s s'élèvent moins haut. Selon A i r y , les blocs
se c o m p o r t e r a i e n t c o m m e s'ils étaient plongés dans u n m a g m a l i q u i d e et
obéissaient a u principe d'Archimède. Ces schémas simpHstes o n t été affinés p a r
la suite, mais i l est difficile de prendre en compte les forces de cohésion entre les
blocs q u i f o n t que ceux-ci ne peuvent pas prendre indépendamment les uns
des autres leur p o s i t i o n d'équilibre. O n se rapportera au chapitre 17 p o u r
l'étude d u fait physique de l'isostasie.
Cependant, p o u r l'objet q u i nous concerne, i l est légitime de choisir une
forme conventionnelle de l'hypothèse.
La réduction isostatique consiste à faire correspondre à t o u t excès o u défaut
de masse par r a p p o r t à u n géoïde sans masse externe, des masses égales et de
signe opposé d o n t la p o s i t i o n dépend de l'hypothèse isostatique envisagée.
Dans le modèle d ' A i r y , cette correspondance est une symétrie p a r r a p p o r t à la
surface intérieure d ' u n bloc ayant p o u r épaisseur, l'épaisseur n o r m a l e de la
croiite.
Les anomalies isostatiques sont ainsi obtenues en a n n u l a n t à l a fois les masses
visibles et les masses de compensation, a u lieu des masses visibles seulement
dans les anomalies de Bouguer. Ceci revient à substituer u n c h a m p de doublets
ou u n potentiel de d o u b l e couche a u potentiel des masses apparentes, ce q u i a
aussi l'avantage de conserver la masse.
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442 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

Les anomalies isostatiques sont plus faibles que les anomalies à l'air l i b r e .
Elles semblent permettre une meilleure e x t r a p o l a t i o n des mesures vers des régions
où l ' o n manque d'observations. Toutefois, leur e m p l o i dans la description d u
c h a m p de gravité extérieur n'est pas justifié et i l est préférable d'employer,
dans ce type de travaux, les anomalies à l'air libre, ce que nous ferons en établis­
sant l'équation fondamentale de la géodésie physique (paragraphe suivant).
Le tableau 1, d'après Levallois (1970ό), donne p o u r quelques stations d'en­
vironnements géographiques divers, des anomalies à l ' a i r libre, de Bouguer et
isostadque suivant le modèle d ' A i r y la surface de compensadon étant à 30 k m
de profondeur.

TABLKAU 1

Anomalies (milligals)
Altitude
Zone (mètres)
Air libre Bouguer Isostatiiiue

Alpes 2 938 157 — 102 + 7


Montagne 3 099 Γ 143 — 153 — 24
Colorado 4 293 206 — 215 •\- 8
Alpes 266 — 131 — 142 — 3
Vallée 655 — 107 — 152 — 4
G r a n d Canyon 847 — 109 — 183 — 5
r Lithuanie 71 :- 8 0 + 8
Plaine Hongrie 84 -Γ 25 -I- 15 + 29
Allemagne 360 - 17 — 57 — 6
Ouest — 5 360 — 7 + 349 + 18
Mer du — 3 250 80 h 304 4- 76
Portugal — 890 -τ- 123 + 211 -1 20

4.5. — Le champ de pesanteur


déduit des anomalies à l'air
libre. — N o u s avons v u que le
c h a m p de gravité de la Terre,
aussi complexe q u ' i l soit, dépend
d ' u n potendel U (voir § 2 . 1 ) .
Surface
topographique N o u s appellerons V le p o t e n ­
tiel de l'ellipsoïde de référence
sur lequel est c o n s t r u i t e la for­
Ellipsoïde
m u l e de gravité avec laquelle
o n compare les mesures de
Géoïde pesanteur p o u r o b t e n i r les
anomalies de divers types.
Plaçons-nous en u n p o i n t M
F I G . 8. — Les diverses surfaces utiles
pour établir Véquation fondamentale de la de la surface t o p o g r a p h i q u e
gravimétrie. (Fig. 8). E n suivant une ligne
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FORME DE LA TERRE PAR LES MESURES AU SOL 443

d u champ de pesanteur, o n coupe relHpsoïde en E et le géoïde en H.


U est constant sur le géoïde, V sur l'ellipsoïde, et o n peut choisir les
constantes de sorte que :

V{E) = U{H). (7)

Soient g ( A Î ) la pesanteur mesurée en M, g{H), la valeur réduite au géoïde


(correction à l ' a i r libre) et γ(Ε), la pesanteur calculée sur l'eUipsoïde.
A p p e l o n s potentiel p e r t u r b a t e u r la différence

T(M) = UiM) - K(M). (8)

E n a p p l i q u a n t le théorème de Stokes (§ 3 . 1 ) , o n peut changer la d i s t r i b u ­


t i o n des masses de l'ellipsoïde et de la Terre de manière à ne pas modifier
les surfaces de niveau n i le potentiel sur ces surfaces. L a c o r r e c t i o n à l ' a i r
libre, p a r définition, est inchangée dans ces conditions.
I n t r o d u i s o n s une nouvelle surface, Σ, telle que sur son intersection M'
avec l a ligne de force o n a

V{M') = UiM).

Par définition o n a :
rM
gih) dh = yih) dh ,

ce q u i signifie aussi que les cotes géopotentielles de M et M' sont égales


à p a r t i r de leurs surfaces de référence respectives.
Or, on a
rM' rM'
V(M) = V(E) + y(h) dh - y{h) dh
M

et

UiM) = UiH) + gih) dh .

En faisant la différence et en a p p l i q u a n t les formules (7) et (8) o n o b t i e n t


rM'
TiM) = yih) dh = y„ M'M
J M

où y „ est l a pesanteur moyenne de l'ellipsoïde sur MM'.


Si o n c o n f o n d le géoïde et le quasi-géoïde M'M est égal à EH = ΔΛ,
l ' a l t i t u d e d u quasi-géoïde au-dessus de l'eUipsoïde. O n en tire la f o r m u l e
de B r u n s :
ΔΛ = 77y„,. (9)
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CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

Si donc, o n a le potentiel p e r t u r b a t e u r T sur la surface t o p o g r a p h i q u e ,


o n en déduit l a h a u t e u r d u géoïde au-dessus de l'ellipsoïde. I l reste à
déterminer T. P o u r cela, nous remarquerons que l'anomalie à l ' a i r l i b r e
en M est par définition :

^g = g(H} - y{E)
= g{M) - γ(Μ') .

O r , en dérivant (8), o n a :

= jiM) - g(M) = y(M') + M ' M ^ - g(M) .

D'où

q u i est l'équation fondamentale de la géodésie physique.

Cette f o r m u l e permet de résoudre le problème suivant : connaissant


les anomalies à l ' a i r libre sur la Terre, t r o u v e r le potentiel terrestre
U = V + T. CQ problème revient à calculer une f o n c t i o n h a r m o n i q u e
dans l'espace extérieur à la surface t o p o g r a p h i q u e , telle que le premier
membre de (10) prenne les valeurs données Ag sur cette surface.
Stokes a proposé une s o l u t i o n de première a p p r o x i m a d o n à ce p r o ­
blème en assimilant la surface t o p o g r a p h i q u e à une sphère de rayon R.
I l suppose que T est développable en h a r m o n i q u e s sphériques. C o m m e
l'origine des coordonnées est le centre de gravité de l a Terre, o n pose

n=2 p

où p est la distance à l'origine et P„ la f o n c t i o n sphérique complète à


l ' o r d r e n (Chap. 25). O n développe également en fonctions sphériques la
quandté

n— 2 p

Si o n remarque que, sur l a sphère,

1 dy 2
y dt~ R'

on peut substituer ces expressions dans (10) et, en identifiant sur la sphère,
on a :

7; = ^ A g „ . (11)

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FORME DE LA TERRE FAR LES MESURES AU SOL 445

O n peut aussi résoudre le problème sans développer Ag en harmoniques


sphériques. O n peut calculer directement T à l'aide de la f o r m u l e de
Stokes :

T = AgS{^)άσ (12)

où l'intégrale est étendue à toute la surface de la sphère et où la f o n c t i o n


de Stokes, Ξ ( ψ ) est :

1 — 5 cos i/^ — 6 sin ^

—J-.- - 3 cos i// L o g sm ~ + sm - ~ (13)


sm ψ/2 \ 2 2 )

où φ est l'angle des rayons vecteurs entre le p o i n t p o u r lequel o n cherche


T et le p o i n t c o u r a n t sur la sphère.

M a i s cette s o l u t i o n peut être encore améliorée en n'assimilant plus la


surface t o p o g r a p h i q u e à une sphère. L a s o l u t i o n la plus élégante de ce
problème est due à M o l o d e n s k y q u i représente la f o n c t i o n T comme le
potentiel d'une couche de densité σ répartie sur la surface t o p o g r a p h i q u e .
On a :
Y ^ , , adS

où àS est l'élément de surface, l'intégrale étant étendue sur toute l a sur­


face t o p o g r a p h i q u e Σ. M o l o d e n s k y écrit que T, mis sous cette f o r m e ,
vérifie l'équation fondamentale de la géodésie physique (10).
Appelons la densité de simple couche en u n p o i n t A. Le p o i n t
c o u r a n t M admet une densité σ. Soient Δ, la distance AM ei « g , l'angle
d u r a y o n vecteur avec la normale k Σ en A. M o l o d e n s k y (1962) a établi
(voir aussi p a r exemple Levallois, 1970è) la f o r m u l e suivante :

^ adS " C
2 πσ^ cos «Q = A g + + (14)
2 R„ J Δ

où est le r a y o n m o y e n de la Terre et h^f l ' a l t i t u d e normale de M.


M o l o d e n s k y a montré c o m m e n t o n p o u v a i t résoudre cette équation
intégrale en i n t r o d u i s a n t la topographie au-dessus de la sphère de Stokes
prise c o m m e première a p p r o x i m a t i o n . Cette a p p r o x i m a t i o n équivaut à
négliger «g et le 3** terme de (14). L a méthode revient donc à intégrer le
troisième terme de l a f o r m u l e (14) sur la surface t o p o g r a p h i q u e . C o m m e
Δ^ décroît rapidement, M o l o d e n s k y intègre en faisant l'hypothèse, que,
localement, h^f — est une différence d ' a l t i t u d e au-dessus d'une sphère
de référence que l ' o n peut même assimiler à u n plan.
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446 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

L a méthode de M o l o d e n s k y nous a p p o r t e d o n c une s o l u t i o n mathé­


m a t i q u e satisfaisante à p a r t i r des anomalies de l a pesanteur. Si les résul­
tats restent décevants ( v o i r § 4 . 7 ) , c'est parce que le n o m b r e et l a réparti­
t i o n des mesures gravimétriques sont très insuffisants.

.6. — Relations entre les anomalies de la pesanteur et les déviations de la verticale. —


Par définition (voir § 4 . 2 ) , la déviation de l a verticale est l'angle que fait la verticale
(c'est-à-dire la direction de — g ( M ) avec les notations d u paragraphe précédent)
avec la direction de la normale à l'ellipsoïde (c'est-à-dire la direction de — Y ( / W ) ) .
De la relation (8), on tire

ψ = grad T = grad U — grad V — g — γ .

La donnée de ce vecteur ψ est évidemment équivalente à celle des déviations de la


verticale et de l'anomalie de pesanteur. Nous avons étudié dans le paragraphe précédent
la composante verticale de ψ.
Les projections de ψ sur le plan tangent à l'ellipsoïde sont :
dTjcx dans la direction N o r d ,
oTjdy dans la direction Est,
si Mx et My sont des axes dirigés dans ces directions.

Les déviations ξ et )/ de la verticale sont donc les angles suivants :

yax

Le signe moins rend compte d u fait


que la verticale est de sens opposé au
vecteur gravité.
Comme, dans le paragraphe précé­
dent, o n a exprimé T en fonction
de (12), o n peut en déduire aussi
des expressions donnant ξ et η en fonc­
t i o n de Δ^.
En prenant l'approximation de
Stokes, o n obtient ainsi les formules
de Vening-Meinesz.

Δ ^ — sm ψ cos Ζ άψ d Z

(16)

FiG. 9. — Composantes horizontales η = Δ ^ ~ sin ψ sin Ζ άψ d Z


4 πγ 3ψ
de la déviation de la verticale.

où 5 est la fonction de Stokes (13) et Z l'azimut, l'intégrale étant prise pour toute la
sphère (angle ψ) et pour tous les azimuts de 0 à 360".
Des formules plus précises, quoique d ' u n emploi plus délicat, peuvent être déduites
de la théorie et des formules de Molodensky.

4.7. — Détermination globale du géoïde. — N o u s avons v u , au para­


graphe 4 . 3 , c o m m e n t o n p o u v a i t localement déterminer l a p o s i t i o n d u géoïde
p a r r a p p o r t à l'ellipsoïde de référence p a r les techniques d u nivellement astro-
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FORME DE LA TERRE PAR LES MESURES AU SOL 447

géodésique. P o u r faire ce t r a v a i l i l fallait connaître à la fois les déviations de la


verticale et les coordonnées ellipsoïdiques des p o i n t s de la surface topogra­
phique.

Ces données n'existent que p o u r une faible f r a c t i o n de la surface de l a Terre


et on ne peut espérer en tirer des renseignements sur l'ensemble d u géoïde.
La connaissance des anomalies de gravité permet d'améliorer considérable­
ment cette situation. Bien qu'également incomplète, la couverture de la Terre
en anomalies est meilleure q u ' e n p o i n t s géodésiques avec déviations de la ver­
ticale.
On peut d'ailleurs la compléter en faisant, dans les régions n o n couvertes,
des hypothèses basées sur l a connaissance de l a topographie et sur la théorie
de l'isostasie. M a i s i l est évident que ces méthodes i n t r o d u i s e n t une forte incer­
titude dans le résultat final.

A p a r t i r de ces données, o n peut procéder de plusieurs façons différentes.


a) O n calcule le développement en harmoniques sphériques des ano­
malies de gravité ainsi définies sur t o u t e la surface de la Terre, puis o n
applique la f o r m u l e (11) p o u r avoir le développement d u p o t e n t i e l p e r t u r ­
bateur. O n en déduit les altitudes d u géoïde d u dessus de l'eUipsoïde
général défini p a r le p o t e n t i e l de référence à l'aide de la f o r m u l e (9).
Cette procédure a été adoptée p a r R a p p (1969) à p a r t i r de 2 261 a n o -
mahes moyennées sur des carrés de 5" par 5". Les deux tiers à peine de ces
valeurs sont issues de mesures. Les autres sont des valeurs calculées o u
extrapolées.
L e résultat, sous f o r m e d'une carte des hauteurs d u géoïde au-dessus de
l'elhpsoïde i n t e r n a t i o n a l , est donné figure 10. Le développement en
harmoniques sphériques avait été poussé jusqu'à l ' o r d r e 8.

-180--160=-140^-120--100=-80° -80° -40°-20° 0° +20» +40° + 60° + 80°+100' + 120° +140° + 160°+1β0

- 1 β Ο ° - 1 6 0 ° - 1 4 0 ° -120° - 1 0 0 ° - 8 0 ° - 6 0 ° -40° -20° 0° + 2 0 ° + 4 0 ° +60° +80° +100°+120° + 140°+160°+180°


F I O . 10. — Carte des hauteurs du géoïde exprimées en mètres
tirée seulement des mesures de gravité, par R . H . RAPP.
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448 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

b) O n peut aussi utiliser directement l a f o r m u l e de Stokes (12) p o u r


calculer le potentiel perturbateur. O n calcule l'intégrale p a r une méthode
numérique en prenant u n à u n l'efiFet des surfaces élémentaires p o u r les­
quelles o n connaît les anomalies. C'est la méthode employée p a r Levai-
lois (1967) et q u i c o n d u i t à des résultats comparables.

Notons encore que l ' o n peut compléter u n nivellement astro-géodésique en déter­


minant comme ci-dessus le potentiel perturbateur, puis en en déduisant les déviations
de la verticale par les formules du paragraphe précédent. L a description d u géoïde
que l"on obtient reste néanmoins toujours très fragmentaire, car i l reste nécessaire
d'avoir aussi les coordonnées ellipsoïdiques des points sur la surface de la Terre. C'est à
Molodensky, que l ' o n doit la théorie de ce « nivellement astro-gravimétrique ». Elle
est basée sur la remarque que l'effet d u champ de gravité dû à des zones éloignées ne
varie que peu avec les points. Aussi, détermine-t-il cet effet par différence entre le
résultat des formules (16) appliquées aux proches. Ensuite, o n peut calculer complè­
tement les déviations de la verticale en des points où l ' o n n'a pas fait d'observations
astronomiques.

S. — M O U V E M E N T D ' U N SATELLITE ARTIFICIEL

Mesurer la pesanteur n'est pas le seul moyen de déterminer le c h a m p de


gravité de la Terre. Ce n'est même plus le moyen le plus efficace, car c'est une
méthode statique et i l f a u t faire une détermination longue et délicate en chacun
des p o i n t s étudiés.
E n revanche, le mouvement des satellites artificiels f o u r n i t une méthode
d y n a m i q u e p o u r ces déterminations. E n effet, les positions successives d ' u n
satellite de l a Terre ne dépendent pas t a n t d u c h a m p en ces positions, que de
l'ensemble des valeurs prises par ce c h a m p sur t o u t e la trajectoire suivie depuis
q u ' o n t été définies les c o n d i t i o n s initiales.
N o u s allons présenter rapidement, dans ce q u i suit, les résultats de Méca­
nique Céleste q u i permettent de justifier les méthodes principales de géodésie
spatiale.

5 . 7 . — E x p r e s s i o n du potentiel extérieur. — N o u s avons v u (formule 2.3)


que l ' o n peut exprimer le potentiel de g r a v i t a t i o n de la Terre en u n p o i n t
de coordonnées .v, y, z sous forme d'une intégrale étendue a u v o l u m e V de la
Terre :

Κ ( ξ , η, ζ) άξ άη άζ
l/(x, y, z) = G
y^(x-ξΫ + (y-ηΫ + (z-ζΫ

où κ est la densité au p o i n t de coordonnées ξ, η, ζ.

Cette forme est d ' u t i l i s a t i o n très i n c o m m o d e , d ' a u t a n t plus que K est


inconnue.
Aussi a-t-on l ' h a b i t u d e d'exprimer U sous forme d'une somme de fonctions

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MOUVEMENT D'UN SATELLITE ARTIFICIEL 449

dépendant d ' u n certain n o m b r e de paramètres d o n t les valeurs constituent u n


modèle de potentiel terrestre.
L a représentadon la plus communément udlisée est u n développement en
harmoniques sphériques de la f o n c t i o n U, développement q u i est convergent à
l'extérieur de toute sphère contenant la Terre, c'est-à-dire certainement dans
l'espace où se meuvent les satellites artificiels.
En utilisant les n o t a t i o n s maintenant classiques (Chap. 2 5 . 1 ) , o n écrit:
co I J?"
1 _ ^ !'^P„(sin<p) +
n= 2 r

+ Σ i% ^-.*(sin φ) ( C „ , cos k?. + S„, sin kX)


n=2 k=l r

où R est le r a y o n moyen de la Terre,


r est l a distance d u p o i n t potentié a u centre des masses de la Terre,
φ et λ sont respectivement la l a t i t u d e et la l o n g i t u d e de ce p o i n t .
P„ et P„^i^ sont les polynômes et les fonctions associées de Legendre,
GM est la constante de la g r a v i t a t i o n multipliée par la masse de la T e r r e .

Les coefficients J„ sont les harmoniques zonaux ; les coefficients C„^ et S„^
sont les harmoniques tesséraux. O n utilise parfois le n o m d ' h a r m o n i q u e s sec-
toriaux p o u r les coefiicients C„„ et S„„. 11 serait plus correct de dire coefficients
des harmoniques. L'usage s'est cependant répandu d'appeler h a r m o n i q u e s
aussi bien les fonctions que les coefficients de ces foncdons dans les développe­
ments.

Une formule analogue est aussi obtenue en normalisant les coefficients. O n pose
alors

/2(« - ^)" ! (2 n I- 1) / 2 ( / / - ki\ (2 « + 1 ) ^


V (n - I - k) ! ^ (n + k) \

Enfin, o n écrit souvent

C„lc ^ Jiik COSλ,,ί- ; Snk = Jiik sin Xnk •

Cette représentation est utilisée pour donner une description globale d u champ de
gravitation sans en donner des détails (à titre d'exemple, nous dirons qu'une o n d u l a t i o n
du géoïde de quelques centaines de kilomètres est déjà u n détail).
En effet, comme les satellites se meuvent à des altitudes élevées, les détails d u champ
perturbent si peu les trajectoires, que les représentations en harmoniques sphériques
à l'ordre 20 o u 25 sont amplement suffisantes pour prévoir à quelques mètres près la
position des satellites (voir plus l o i n , p. 463).
Pour des études plus fines d u champ, cette représentation n'est plus efficace, car les
coefficients diminuent trop lentement (Jnk serait de l'ordre de 10 s r^^). Aussi a-t-on
essayé de nombreux artifices : usage de masses discrètes enterrées, de potentiels de
simple o u de double couche, etc.. Si de tels modèles o n t parfois le mérite de bien
représenter le champ de pesanteur dans une petite région, leur utilisation pour le

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CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

champ générai n'a pas été jusqu'à présent convaincante. En tous cas, toutes ces repré­
sentations conduisent à des formulaires beaucoup plus compliqués pour le mouvement
des satellites artificiels. C'est p o u r q u o i , dans ce q u i suit, et conformément à l'usage
quasi général, nous adopterons la f o r m u l a t i o n ( I ) o u (2) d u potentiel terrestre.

5.2. — Le problème des deux corps ; éléments de l'orbite. — Les coefficients


J„, C„^ et S„i^ de ( I ) sont tous très pedts p a r r a p p o r t à l'unité. N o u s avons
v u (§ 3.4) que J2 est de l ' o r d r e de 1 0 " ^ . Les autres sont a u moins de
l ' o r d r e d u millionième. O n a donc une bonne première a p p r o x i m a t i o n
d u potentiel en le l i m i t a n t à son premier terme :

GM
Uo = (3)
r

Ce potentiel est celui d ' u n p o i n t de masse M. Le m o u v e m e n t corres­


p o n d a n t d ' u n satellite est celui d ' u n p o i n t a u t o u r d ' u n autre, attiré selon
la l o i de N e w t o n . O n appelle problème des deux corps la recherche d u
m o u v e m e n t relatif de ces deux corps.
N o u s ne résoudrons pas i c i ce problème. O n t r o u v e r a dans les hvres
élémentaires de Mécanique Générale o u de Mécanique Céleste les calculs
q u i mènent à la s o l u t i o n (voir p a r exemple, Kovalevsky, 1963, o u Levallois
et K o v a l e v s k y , 1971). M a i s nous rappellerons cependant les résultats
principaux.
L e m o u v e m e n t se fait sur une conique d o n t u n des foyers est a u centre
de la Terre. N o u s ne considérerons que le cas où cette conique est une
ellipse. Soit T, le centre de la Terre, foyer de cette ellipse (voir F i g . 11).

F I G . I I . — Définition de l'anomalie vraie et de l'anomalie e.xcentriqiie E.

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MOUVEMENT D'UN SATELLITE ARTIFICIEL 451

D o n n o n s quelques définitions : Le sommet d u g r a n d axe le plus proche


de T e s t le périgée {P). L ' a u t r e sommet est l'apogée {A). Si M est un p o i n t
sur l'ellipse et M' le p o i n t correspondant sur le cercle p r i n c i p a l , centré
au centre O de l'ellipse, o n a

( T P , T M ) = Γ (anomalie vraie)

( O P , O M ' ) = £• (anomalie e x c e n t r i q u e ) .

Si a est le demi-grand axe et e l'excentricité, les coordonnées x e t j d e M


sur les axes de l'ellipse sont :

ί X = r cos υ = a(cos £ - e)

l j ; = r sin t; = α V 1 - e' sin £ . ^'^^

L a relation liant ces angles au temps est l'équation de K e p l e r :


E - e u n E =- M = nit - tg) (5)

où to est u n instant de passage au périgée et n, appelé moyen mouvement,


est lié à a p a r l a r e l a t i o n

η'α^ = μ d'où n = μ''' a'^" (6)

M est l'anomalie moyenne.

Pour repérer cette ellipse dans l'espace, o n se réfère à u n système d'axes


équatoriaux : TX dirigé vers le p o i n t vernal (équinoxe de p r i n t e m p s ) ,
r y perpendiculaire dans le p l a n équatorial et TZ vers la d i r e c t i o n d u pôle
n o r d . O n les suppose fixes, mais si cette hypothèse est jugée irréaliste,
il est possible de calculer les corrections à apporter a u mouvement.
Le plan de l ' o r b i t e coupe ΓΑ'Γ suivant Λ'^' TV. Soit ΓτΥ la demi-droite telle
qu'à son intersection Q avec l ' o r b i t e , le satellite passe de l'hémisphère sud
vers l'hémisphère n o r d (voir F i g . 12).
L'angle (TX, TN) = Ω est Vascension droite du nœud ascendant (entre 0 "
et 360").
L'angle / que fait le p l a n de l ' o r b i t e avec le p l a n Α Τ Γ est l'inclinaison.
11 vaut entre 0 " et 90° si le satellite est direct (la projection de son mouve­
ment sur XTY se fait dans le sens direct). O n le p r e n d compris entre 9 0 "
et 180° dans le cas opposé (satellite rétrograde).
L'angle ω = (TN, TP), q u i fixe la direction d u périgée dans le p l a n de
l'orbite est l'argument du périgée.
L a donnée des six quantités a, e, i, Ω, ω et tg ( o n préfère souvent la
f o n c t i o n linéaire d u temps l\i = n(t - to)) définit complètement, d'une
façon unique, une orbite képlérienne d u satellite. I l est aisé de calculer
à chaque instant t ses coordonnées et les composantes de sa vitesse
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CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

F I G . 12. — Les éléments de l'orbite.

Posons :

/).c = «(cos Ω cos ω — cos / sin Ω sin ω ) ,


Ay = a(sin Ω cos ω + cos / cos Ω sin w ) ,
Az = a sin / sin ω ;

Βχ = a J\ — ¢•2(— cos Ω sin (o — cos / sin Ω cos ω ) ,

By = a J l — e^{— sin Ω sin ω i- cos / cos Ω cos ω) ,

Bz = a v ' i — f 2 sin / cos o ;

On a
Α ' ^ /li(cos E — e) -I S I sin E,
y = / ( ^ i c o s E — e ) i 5;, s i n £ , (7)
Z = Az(cos E — e) I sin£;

X = j(— Ax sin E ^ Bx cos £ ) ;

y = y (— ^ j , sin E + S„ cos £ ) ; (8)

Z = (— Az sin £• + cos £ ) .

3. — Théorie des perturbations. — Le satellite est réellement soumis à des forces dépen­
dant d u potentiel :

i / = i/o -i- ·•»!

où .•(1 contient le reste de l'expression (1). O n l'appelle fonction perturbatrice.


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MOUVEMENT D'UN SATELLITE ARTIFICIEL 453

En coordonnées rectangulaires, les équations d u mouvement sont :

d2A; ^ vUa . ft-H 4 : ^- I ^•": à'-Z__dU^ c%


d?2 ' èÂ- cx' dr- cY + dV ' dn " dz ^ sz' ^ '

Si 31 0, o n retrouve les équations d u mouvement d u problème des deux corps


dont on vient de donner la solution.

O r les équations (7) et (8) avec la relation (5) définissent u n changement de variables

(X, Y, Z , X, Y, Z) ^ (a, c, /·, Ω, ω. M) .


Ce changement de variables est biunivoque, comme i l est aisé de constater en consi­
dérant dans u n sens les équations (7) et (8), et dans l'autre en remarquant que, dans
le problème des deux corps, des conditions initiales données (coordonnées-vitesse)
donnent une seule orbite, donc un seul ensemble d'éléments.
Il serait fastidieux de donner le détail d u calcul des équations différentielles trans­
formées par ce changement de variables. Donnons seulement le résultat : les équations
de Lagrange.

da 1 S%
dt na 8M
(!(-_ — JT—e^- C'A ^\— i-î cK
àt na^ e cco na^ e dM
di — I c% ^ cos / 8%
dt na- J\ — e^- sin / 0Ω na^ J\ — e^- sin / 8ω
(10)
dn _ I ë%
I dt na^ KJ\ — e2 sin i di

dcj _ Vl — cos / c%
dt na^ e 8e na^ J\ — e^ sin i 8i
dM _ A ίί'ί: _ 1 —'^^ ^
dt na 8a na^ e 8e

O n constate d'abord que si .'R = 0, o n retrouve la solution d u problème des deux


corps : a, e, i, Ω, co constants et M = n{t — / 0 ) ·
Dans le cas général, o n supposera évidemment que A est exprimé en fonction des
nouvelles variables.
Ces éléments-variables sont appelés éléments osculateurs. Ils représentent les élé­
ments de l'ellipse képlérienne que suivrait le satellite si, à l'instant t, les perturbations
cessaient (c'est-à-dire que les formules d u paragraphe précédent deviendraient valables
pour tout t et n o n seulement d'une façon instantanée).
Sans parler d u fait que la résolution d u système (10) est plus simple que celle d u
système (9), l'usage des éléments osculateurs permet une meilleure visualisation d u
mouvement réel d ' u n satellite : o n dira ainsi que son plan tourne, que le périgée tourne,
que l'excentricité o u l'inclinaison oscillent, etc..

i . 4. — Mouvement d'un satellite soumis à la perturbation en J2. — C'est la seconde appro­


ximation après l ' a p p r o x i m a t i o n képlérienne. Elle prend en compte la partie princi­
pale de .'/l en négligeant seulement des quantités de l'ordre de quelques millionièmes
(rappelons que J2 = 1,082 7 . 1 0 - 3 ) .

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CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

On a

En résolvant les équations (10) avec cette expression de .'/i, o n trouve que les effets
trouvés peuvent être classés en trois catégories.

a) Rotation séculaire des nœuds et du périgée. — Dans la solution, il apparaît en


effet des termes linéaires par rapport au temps pour Ω et o :

3 « 0 « 2 72 cos /„
o(yf) t
2 «5(1—£•5)-
(11)
, [3 "o R- J l ,.
S s i n ^ o ) I 0(y|) /

où Ω(, et fOo sont des angles constants et où les autres quantités indexées par zéro
sont des valeurs moyennes des éléments correspondants.

O n v o i t que le p l a n de l ' o r b i t e et l'ellipse dans ce p l a n t o u r n e n t avec


une vitesse l o i n d'être négligeable. L a figure 13 donne, en f o n c t i o n de
l ' i n c l i n a i s o n /g, p o u r des satellites peu excentriques, d'altitude moyenne
400 k m , l a vitesse angulaire journalière de ces mouvements.

Cet effet, très facile à détecter, est utilisé p o u r les déterminations de / j -

d U) J par jour d n. J par j o u r


dt dt

30· 60·/ 90· 30· 60· 30·

-5· -5·

-10·-

FiG. 13.

A gauche : Variation journalière de Varguinent du périgée due à J2, en fonction


de l'inclinaison du satellite.
A droite : Variation journalière de l'ascension droite du nœud due à Jz, en fonction
de l'inclinaison du .satellite.
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MOUVEMENT D'UN SATELLITE ARTIFICIEL 455

h) V a r i a t i o n de l a période de r o t a t i o n d u satellite. — L e moyen


mouvement «o d u problème des deux corps est modifié p a r une quantité
de l ' o r d r e de J2, si bien que la période d u satellite est modifiée d ' e n v i r o n
un p o u r m i l l e .

c) Termes à courte période. — Les six éléments subissent, de plus,


des oscillations périodiques, d ' a m p l i t u d e telle que le satellite en est déplacé
d'une dizaine de kilomètres. L a période de ces oscillations est égale o u
voisine de la période d u satellite o u de ses sous-multiples enders. 11 existe
aussi u n très faible terme de période égale à l a moitié de l a période d u
périgée.
U n e expression complète de ces p e r t u r b a t i o n s est donnée dans L e v a i -
lois et K o v a l e v s k y (1971).

5.5. — Effet des autres perturbations. — Les autres harmoniques zonaux, lorsqu'ils sont
introduits dans les calculs, donnent des effets assez analogues à celui de / 2 .
Les harmoniques zonaux pairs (/2») produisent des modifications complémentaires
des quantités ω etΩ si bien que l'expression générale des vitesses angulaires de rotation
des nœuds o u d u périgée prend la forme générale suivante :

Σ "lia^, ('„, i'o) Jii r ternies quadratiques


L,= 1
(12)
oc

/ ω = «ο + Σ "Κ^Ό, 'Όι 'ο) J2i !- termes quadratiques t.


Li=i

Les m et ni sont certaines fonctions des éléments moyens.


Les termes quadratiques sont faibles et peuvent être évalués avec des valeurs appro­
chées des /2<-
Les harmoniques zonaux pairs produisent sur tous les éléments des termes de pério­
des égales à des sous-multiples pairs de la période d u périgée. Ces perturbations pren­
nent la forme :

COS , —\
^ X ^ Aik(aneoi^Jn ,i„(2fcS). (13)
k=\ Li=2

Nous avons néglige cette fois les termes quadratiques.


Les harmoniques zonaux impairs ne produisent aucune perturbation de ces deux
types, mais des termes à longue période, de périodes égales à des sous-multiples impairs
de la période d u périgée.

'(2 A;—Γ), (14)


A= 1 1-1 = 2

Ν . Β. Les séries obtenues convergent vite, et les indices de sommation peuvent être
pratiquement limités à quelques unités.
Enfin, tous les harmoniques zonaux produisent des termes à courte période ana­
logues à ceux donnés par / 2 .
Les harmoniques tesséraux ont u n comportement très différent. I l s ne donnent
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456 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

lieu n i à des termes séculaires n i à des termes à longue période. L a forme générale
de ces perturbations est la suivante, p o u r u n harmonique donné Jnq

00 co J„ç y. Dnq{a„,ef,,ii,)'i°^ {kœ + qQ — qT—q/.„g \pM)


(15)
k = n p= co knm + qriQ — 17V + priM

où M est la partie séculaire perturbée de l'anomalie moyenne, T est le temps sidéral


de Greenwich (quantité introduite parce que la Terre tourne par rapport aux axes
TX— TY): T= vt. _ _
riQ, Πω et « M sont les coefficients d u temps dans Ω, ω et M.
O n voit q u ' i l peut y avoir une très grande variété des périodes. N o t o n s que, pour
certaines combinaisons de q et p , le dénominateur peut devenir petit et la période
du terme correspondant devient grande. Par exemple, cela se passe pour les satellites
de période 2 h pour i7 = 1 2 e t i i = l . I l y a alors résonance entre le satellite et certains
harmoniques. Les perturbations q u i sont occasionnées dans ce cas sont plus fortes
et se prêtent particulièrement à l'analyse, pour la détermination de ces « harmoniques
de résonance » .
Signalons encore que les satellites artificiels sont aussi soumis à d'autres forces :
attraction par la Lune o u le Soleil, forces de pression de radiation d u rayonnement d u
Soleil o u d u rayonnement réfléchi o u émis par la Terre, frottement atmosphérique.
Les perturbations luni-solaires sont bien déterminées et o n en tient compte dans
les calculs avec toute la précision voulue. I l n'en est pas de même des autres forces
qui dépendent de quantités moins bien connues : forme et propriétés de surface d u
satellite, son orientation, densité locale de l'atmosphère.
C'est surtout le frottement atmosphérique q u i est difficilement prévisible à mieux
que 10 % car les grosses variations q u ' i l subit en fonction de l'éclairement et de l'acti­
vité solaire sont encore quantitativement m a l connues. C'est p o u r q u o i i l faut s'efforcer
de réduire au m a x i m u m ces forces, et les satellites que l ' o n désire utiliser p o u r la géo­
désie dynamique doivent avoir une altitude dépassant 500 k m et si possible 700 k m ,
altitudes p o u r lesquelles l'atmosphère résiduelle est suffisamment faible.

6. — M É T H O D E S S P A T I A L E S

Le lancement des satellites artificiels a donné à la géodésie u n i n s t r u m e n t


nouveau p e r m e t t a n t de passer des méthodes locales, limitées a u plus à u n
c o n t i n e n t , à des méthodes globales, p r e n a n t en c o m p t e t o u t e la T e r r e s i m u l t a ­
nément.

6.1.—Les observations de satellites. — L'information géodésique brute


consiste en certains éléments concernant la p o s i t i o n o u la vitesse d ' u n satellite.
Elle est de plusieurs types.

a) Observations photographiques. — Des chambres photographiques pho­


t o g r a p h i e n t le satellite sur f o n d d'étoiles. Ces caméras suivent les étoiles, u n
o b t u r a t e u r h a c h a n t à des instants mesurés l a trace d u satellite, o u b i e n encore
le satellite, mais alors c'est l a trace des étoiles q u i est hachée. Parfois, dans les
caméras fixes, les deux types d'objets se déplacent dans le c h a m p . Des méthodes
de réduction des p o s i t i o n s mesurées sur les plaques o u les films p e r m e t t e n t de
calculer les coordonnées t o p o c e n t r i q u e s apparentes d u satellite a u x instants

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MÉTHODES SPATIALES 457

notés par le chronographe (voir par exemple, Kovalevsky et Veis, 1970).


On obtient ainsi la d i r e c t i o n observateur-satellite. N o t o n s encore que certains
satellites ( G E O S 1 et 2) émettent des éclairs à des instants prédéterminés bien
connus. Les éclairs apparaissent sous forme de points sur les clichés, ce q u i
simplifie beaucoup les problèmes de réduction, car leur image est directement
comparée à celle des étoiles.

b) Observations laser. — Certains satellites (Diadème, G E O S , P E O L E ,


etc..) sont m u n i s de cataphotes réfléchissants renvoyant la lumière dans la
direction d'où elle vient. Ces réflecteurs sont éclairés par u n télémètre laser q u i
mesure aussi le temps écoulé entre l'envoi d u faisceau l u m i n e u x et le retour d u
signal l u m i n e u x . Après diverses corrections (Bivas, 1967) o n obtient ainsi la
distance observateur-satellite.

c) Observations r a d i o . — Quelques satellites o n t à b o r d u n répondeur


radar, si bien q u ' o n peut en mesurer la distance et aussi la vitesse relative p a r le
système d i t « Range a n d Range rate » . D'autres sateUites acdfs (comme
Diapason, Diadème, T r a n s i t , etc..) o n t u n émetteur très stable. Les émissions
sont reçues p a r des récepteurs q u i mesurent l'effet D o p p l e r sur deux fréquences,
éliminant les effets de réfraction ionosphérique et mesurant ainsi une vitesse
relative moyenne p o u r la durée de l'observation entre la station et le satellite.
Malgré le caractère partiel de chacune de ces i n f o r m a t i o n s , elles sont toutes
utilisables p o u r la détermination de la forme de la Terre o u de son c h a m p de
gravité.

6.2. — Méthodes géométriques. — Soient trois stations A^^, A2 et A^ obser­


vant simultanément un satellite S à l'aide de chambres photographiques. Si
ces trois points sont rattachés entre eux et appartiennent à un même système
géodésique, les directions de visées peuvent être ramenées à u n système unique
d'axes de coordonnées et, par conséquent, o n peut en déduire les coordonnées
successives S j , S j , d u satellite dans le même système ( F i g . 14).
Si, aux mêmes instants, o n observe aussi le satelhte d'une station A^, o n peut
par une c o n s t r u c t i o n géométrique analogue, mais à p a r t i r des points S^, S2 et
déterminer les coordonnées de A^ dans le même système de référence.
On a ainsi rattaché A^ au système A^^ A2 / I 3 . Et, petit à petit, o n peut
recouvrir la Terre d ' u n réseau m o n d i a l de stations d o n t les coordonnées sont
ainsi exprimées dans u n même système.
De n o m b r e u x t r a v a u x o n t été effectués dans ce domaine à l'aide de satel­
lites-ballons ( E C H O , P A G E O S ) o u à éclairs ( G E O S ) . E n France, o n s'est
efforcé s u r t o u t de participer à une t r i a n g u l a t i o n spatiale européenne et à des
travaux de rattachement E u r o p e - A f r i q u e (Levallois). L'entreprise la plus
importante est celle d u « Coast a n d Geodetic Survey » américain q u i recouvre
l'ensemble de la Terre d ' u n réseau d'une trentaine de stations (Phillips, 1964)
qui observent simultanément le satellite P A G E O S , se m o u v a n t à une a l t i t u d e
de 4 o u 5 000 k m .
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458 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

F I G . 1 4 . — Rattachement du point A A aux points A\ Ai et A}


par visées simultanées de satellites.

L a précision de ces rattachements est assez variable, selon la quahté des


chambres employées. I l s atteignent c o u r a m m e n t la précision relative de
1/200000^, soit une incertitude de 10 m sur 2000 k m , plus faible que celle des
bons réseaux géodésiques classiques.
O n peut encore améliorer cette précision en faisant simultanément des
observations de distance par laser d o n t la précision absolue est actuellement
comprise entre 1 et 2 m . L'idéal serait de n ' a v o i r que ce type d'observations,
mais i l faut, p o u r cela, que quatre stations soient simultanément en vue d u
même satellite.
A i n s i , en 1968 et 1969, des observations simultanées, laser et p h o t o g r a ­
phiques, o n t permis de déterminer la distance Observatoire de H a u t e Provence
à San F e r n a n d o (près de Cadix) avec une erreur interne de l ' o r d r e de 3 m et de
définir le triangle formé p a r ces deux stations et celle d'Athènes à m i e u x que 5 m .
U n e des difficultés de ces méthodes est de synchroniser au mieux les stations.
C o m m e le satellite se déplace de 7 m en une milliseconde, une synchronisation
à 10"'^ s est indispensable avec les précisions ci-dessus p o u r que l'erreur qu'elle
peut i n t r o d u i r e soit négligeable. E n revanche, les observations n ' o n t pas à être
synchrones car, par i n t e r p o l a t i o n , o n peut rétablir des pseudo-observations
parfaitement synchrones.
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MÉTHODES SPATIALES 459

6.3. — Méthodes dynamiques. — T o u t e observation, quel qu'en soit le type,


est une f o n c t i o n de la p o s i t i o n géocentrique d u satellite et de la p o s i t i o n géo­
centrique de la station. N o u s avons v u ( 5 . 3 et 5.4) que la p o s i t i o n d u satellite
peut être calculée à p a r t i r d ' u n certain n o m b r e de paramètres q u i sont :
— Les éléments o r b i t a u x moyens ( « Q , ÎO>Ό > ^ O > (^Ο. ^ O ) !
— Les harmoniques zonaux (J„) ;
— Les harmoniques tesséraux (/^^ q u i , par c o n v e n t i o n , signifiera C^,^ o u 5^,)
auxquels s'ajoutent certains paramètres f o n d a m e n t a u x c o m m e GM o u R.
I l s'ensuit que, si {X, Y, Z ) sont les coordonnées de la station, une observa­
tion Σ est, numériquement, une f o n c t i o n déterminée de tous ces paramètres

Σ = φ{Χ, F, Z , « 0 , i O - ^o, K Jp,, GM, R) . (1)

Cette f o n c t i o n est explicitée p o u r chaque type d'observation, par exemple


dans Levallois et Kovalevsky (1971). O n peut donc imaginer que, si o n a
suffisamment d'observations, o n puisse résoudre le système d'équations (1)
ainsi écrites p o u r déterminer toutes les inconnues.
U n tel p o i n t de vue serait t r o p simpliste. E n t o u t cas, le n o m b r e et la diversité
des mesures d o n t on dispose sont insuffisants p o u r appliquer cette méthode
avec succès.
Aussi app!ique-t-on une procédure d ' a p p r o x i m a t i o n s successives en essayant
de séparer certains des paramètres.
N o t o n s d ' a b o r d que G M ne peut être déterminé qu'en c o m p a r a n t la période
du satellite à son demi-grand axe ( f o r m u l e 5 . 6 généralisée en tenant compte des
perturbations). O n a intérêt à a v o i r u n demi-grand axe très grand p o u r q u ' i l soit
déterminé avec une forte précision relative. C'est p o u r q u o i o n utilise les obser­
vations des sondes lunaires.

a) Harmoniques zonaux. — Les paramètres q u ' i l est facile de séparer sont


les harmoniques zonaux. E n effet, nous avons v u (§ 5.4 et 5.5) qu'ils sont les
seuls à donner lieu à des perturbations séculaires des nœuds et d u périgée o u
encore à des perturbations à longue période de tous les éléments.
Pour cela, o n calcule les seconds membres de (1) à l'aide des valeurs a p p r o ­
chées de tous les paramètres. O n m o n t r e que si les positions des stations, les
éléments ou les harmoniques tesséraux sont erronés, les erreurs o n t toutes des
périodes courtes (de l ' o r d r e de la révolution d u satellite o u de la r o t a t i o n de la
Terre). C'est p o u r q u o i , si o n analyse les résidus (i^obs ~ ^ c a ï c ) ^ n f o n c t i o n d u
temps, en lissant les irrégularités à courte période, o n trouve les termes sécu­
laires et les termes à longue période correspondant a u x erreurs sur les h a r m o ­
niques zonaux employés dans les formules.
Une série de plusieurs semaines o u plusieurs mois d'observation d ' u n
satellite permettra d'écrire deux équations (5.12) et plusieurs équations
(5.13 o u 5.14).
Les coefficients des /„ dans ces équations dépendent beaucoup de l ' i n c l i n a i ­
son. C'est p o u r q u o i o n choisira d'analyser les orbites de satellites d ' i n c l i n a i -
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460 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

sons aussi diverses que possible. Jusqu'en 1969, o n disposait de satellites d ' i n ­
clinaisons comprises entre 2 8 " et 110°. L a meilleure analyse était due à Kozaï
(1969) q u i a déterminé à l'aide de 11 satellites les premiers harmoniques j u s ­
qu'à y j i - Plus récemment, le lancement de satellites de faibles inclinaisons
D I A L o u P E O L E a permis d'améliorer d'une façon significadve les résultats
de Kozaï (Forestier et Cazenave, 1970) simplement parce que la répartition des
inclinaisons est devenue meilleure.

b) Harmoniques tesséraux. — N o u s venons de dire que les erreurs sur l'or­


bite dues aux autres causes (harmoniques tesséraux, éléments o r b i t a u x et
positions des stations) sont toutes à courte période. 11 s'ensuit q u ' i l est malaisé
de séparer les causes et o n est c o n d u i t cette fois à les déterminer toutes ensemble.
M a i s , à cause même d u n o m b r e des paramètres à déterminer, o n emploie
généralement diverses méthodes d ' a p p r o x i m a t i o n s successives q u i o n t été
mises a u p o i n t .
A i n s i , Iszak (1964) admet que les harmoniques zonaux et GM sont bien
déterminés p a r ailleurs. 11 admet que la corrélation entre les valeurs des h a r m o ­
niques tesséraux et les coordonnées des stations est négligeable. U n p r o g r a m m e
préliminaire, avec u n modèle provisoire de potentiel terrestre, tenant compte de
toutes les autres p e r t u r b a t i o n s , détermine une fois p o u r toutes les éléments
moyens d o n t Iszak suppose ainsi leur détermination n o n corrélée avec les
autres paramètres. E n même temps que ces éléments, o n détermine des coeffi­
cients empiriques représentant l'effet moyen d u frottement atmosphérique et de
la pression de r a d i a t i o n .
L a suite d u calcul se fait en déterminant alternativement les harmoniques
tesséraux o u les positions des stations. O n calcule ainsi les harmoniques en
substituant dans les équations les positions des stations obtenues lors de
l ' a p p r o x i m a t i o n précédente o u vice versa.
Cette méthode a été adoptée par les équipes d u Smithsonian A s t r o p h y s i c a l
Observatory ( S A O ) p o u r le calcul des modèles de potentiel terrestre : Standard
E a r t h 1 ( G a p o s c h k i n , 1967) o u 2 (voir plus l o i n , 6 . 5 ) . O n y i n t r o d u i t certaines
variantes en a p p l i q u a n t aussi l'alternance d u calcul aux éléments o r b i t a u x .

Une autre méthode, adoptée par d'autres équipes américaines (Guier et Newton
ou Anderle) et par le groupe français du C N E S , a été exposée par K a u l a (1966).
Ici encore o n admet que les harmoniques zonaux et GM sont déterminés indépen­
damment. Puis, o n divise les inconnues en deux groupes :
1» Les inconnues communes à tous les arcs observés : harmoniques tesséraux et
positions des stations ; o n appellera Z i le vecteur correction de ces paramètres.
2» Les inconnues propres à chaque arc : les éléments orbitaux et une valeur empiri­
que de l'accélération due au frottement ; soit Zz le vecteur correction de ces paramètres.
Après avoir écrit toutes les équations ( I ) , o n établit les équations normales de la
i méthode des moindres carrés, arc de satellite par arc de satellite, équations q u i ont
la forme
Il Λ^η Zi 1 ; s,
li Λ^2ΐ N22 i * S2 I
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MÉTHODES SPATIALES 461

où S i , S2 sont les vecteurs des seconds membres. O n peut alors éliminer Z2 et avoir

Z, [N^^—N^2N-2'2N2ι]-^ [S, — / V , 2 Λ'ΐΐ S2] (2)

qui est une équation vectorielle o u ne figurent plus les éléments des satellites. O n
écrit autant de systèmes (2) q u ' i l y a d'arcs observés, puis o n résout les équations ainsi
obtenues en affectant à chaque système u n certain poids.

R E M A R Q U E . — 11 y a une r e l a t i o n entre le n o m b r e et la diversité des


observations et le nombre d'inconnues q u ' o n peut prendre sans i n t r o ­
duire de forte singularité dans les équations. E n particulier, p o u r réduire
les corrélations entre les déterminations de certains harmoniques de
même second indice et de même parité (/54, /74, /94, ...), i l faut a v o i r des
satellites d ' i n c l i n a i s o n et d'excentricité très diverses. 11 f a u t aussi que
chaque p e r t u r b a t i o n périodique a i t été observée à des phases diflFérentes,
ce q u i exige que les stations soient réparties aussi bien que possible sur
l'ensemble d u globe.
C'est p o u r q u o i , i l faut arrêter à u n certain indice, en f o n c t i o n d u
nombre de satellites et de stations, les développements d u potentiel sous
sa forme ( 5 . 1 ) .

.4. — Méthode semi-dynamique. — L a méthode semi-dynamique


n'est q u ' u n cas particulier des méthodes dynamiques p o u r la détermina-
d o n des positions des stations seulement. Supposons que l ' o n dispose
d'un modèle de Terre (potentiel et p o s i d o n des stations) q u i soit satis­
faisant p o u r un o u plusieurs satellites et des stations de base. Cette c o n d i ­
t i o n est vérifiée seulement lorsque les dits satellites et les dites stations
ont été utilisés p o u r construire le modèle (en effet, les c o n d i t i o n s de la
remarque d u 6.3 sont actuellement t r o p m a l satisfaites p o u r que l ' a d d i ­
t i o n de satellites ne modifie pas la s o l u t i o n ) .
O n observe d o n c u n tel satellite à l'aide d'une station d o n t la p o s i t i o n
est inconnue ; puis o n écrit les équadons (1) en prenant le potentiel d u
modèle et les éléments o r b i t a u x obtenus à l'aide des observations p a r les
stations de base. I l ne reste plus c o m m e inconnues que les coordonnées
de la station et o n peut les déterminer ainsi avec une précision q u i est
celle d u modèle.
Cette méthode est c o u r a m m e n t utilisée par les systèmes de n a v i g a t i o n .
C'est aussi sur ce principe qu'est basé le projet de système de localisation
par satellites d u C N E S , appelé G E O L E .

.5. — Méthodes mixtes. — Les méthodes mixtes sont des méthodes


qui combinent les équations données p a r la méthode d y n a m i q u e et
d'autres méthodes de géodésie globale : méthode géométrique (§ 6 . 2 )
ou gravimétrique ( § 4 . 7 ) .
Les méthodes conduisent à écrire des équadons q u i lient les inconnues
(positions de stations, coefficients d u potentiel, etc.) aux observations de
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462 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

types divers. N o u s avons déjà v u , à p r o p o s des méthodes d y n a m i q u e s ,


que ces inconnues se c o m p o r t e n t différemment et q u ' i l est difficile, s i n o n
dangereux, de les t r a i t e r globalement et de résoudre ces équations en
bloc. Dans les méthodes mixtes, o n y ajoute en plus de nouvelles équa­
tions ayant des structures très différentes et d o n t les seconds membres
représentent des observations ayant des précisions absolues beaucoup
plus faibles (ce q u i est le cas s u r t o u t des observations gravimétriques).
11 s ' i n t r o d u i t d o n c une nouvelle difficulté : d o n n e r des poids relatifs à
ces équations.
E n fait, malgré l ' u t i l i s a t i o n , dans la pondération, des variances déduites
des analyses effectuées par chacune des méthodes prises séparément et
des erreurs déclarées par les observateurs, i l y a, dans toutes ces méthodes
n o n homogènes, une grande p a r t d ' a r b i t r a i r e .
O n ne peut d o n c pas d o n n e r de méthode rigoureuse p o u r ce genre de
t r a v a i l . N o u s présentons ici l a manière d o n t G a p o s c h k i n et L a m b e c k
(1970) o n t procédé p o u r c o n s t r u i r e le modèle S t a n d a r d E a r t h 2 dans
lequel ils o n t combiné des données de quatre sources diff'érentes.

E n premier lieu, chaque type de données a été analysé indépendamment et u n modèle


homogène a été construit séparément.
d) Le système d'harmoniques zonaux a été emprunté au travail de Kozaï (1969)
déjà cité ( § 6 . 3 , 1°).
b) Une solution par la méthode dynamique d'Iszak améliorée a été obtenue à partir
de 114 arcs de 2 à 4 semaines d'observation et se rapportant à 21 satellites différents.
28 stations sur les 5 continents p a r m i lesquelles 6 stations dotées de télémètres laser
ont observé ces satellites et, en définitive, plus de 60 000 quantités observées o n t été
utilisées dans la solution. E n fait, ce sont 244 arcs appartenant à 25 satellites q u i
ont été traités avant que certains aient été éliminés pour diverses raisons, en particulier
pour obtenir une distribution aussi régulière que possible des divers éléments et des
conditions d'observation.
Les inconnues étaient au nombre de 290. Ce sont les trois coordonnées de chacune
des 28 stations, tous les harmoniques tesséraux jusqu'à l'ordre 12 sauf 6 et 60 harmo­
niques d'ordre supérieur pour lesquels des satellites présentaient des effets de résonance
(§ 5.5).
ί·) Une solution géométrique globale a été construite en utilisant des observations
simultanées o u quasi synchrones de quelques satellites hauts ( M I D A S ) et, pour des
distances inférieures à 2 500 k m , d'éclairs de G E O S 1 et 2. A u total près de 50 000 direc­
tions à partir de 38 stations différentes ont été incluses dans cette solution. Aucune
observation laser n'a été utilisée, si bien que le réseau géodésique ainsi formé par les
i>ositions relatives de ces stations est construit à u n facteur d'échelle près et sans
référence au centre de gravité de la Terre.
d) U n e autre solution dynamique déduite des observations des sondes lunaires
ou planétaires par le Jet Propulsion Laboratory (Mottinger, 1969) avait permis de
trouver les positions de 5 antennes de poursuite de J P L qui sont localement rattachées
à des stations d u S A O .
e) Une solution d u problème de Stokes a été construite à partir des observations
gravimétriques par la méthode d u paragraphe 4.7a. O n a utilisé 935 anomalies de gra­
vité moyennées sur des régions de 5° par 5° couvrant 56,5 % de la surface d u globe.
38 d'entre elles o n t encore été rejetées par la suite.
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MÉTHODES SPATIALES 463

Le calcul a été eiTectué de façon à déterminer tous les harmoniques tesséraux jusqu'à
l'ordre 16 inclusivement.
La solution mixte est une combinaison des équations normales de chacune de ces
solutions. O n prend pour base la s o l u t i o n dynamique. Pour y ramener les solutions
! géométriques, o n affecte chacune d'entre elles de quatre inconnues : le facteur d'échelle,
j une rotation générale d u système et une translation de façon à faire coïncider les
origines avec le centre de masse de la Terre.
! Pour amener à u n système de pondération unique, o n a systématiquement multiplié
les matrices de covariance de chacune d'entre elles par u n nombre, appelé poids de
la solution. Ces nombres ont été déterminés de façon à être inversement proportionnels
aux écarts quadratiques moyens pour des quantités déterminées indépendamment
^ par deux solutions (par exemple, les vecteurs joignant deux stations des solutions
dynamique et géométrique).
Les équations normales étant ainsi modifiées, o n a résolu l'ensemble par les moindres
carrés et obtenu ainsi u n modèle de Terre comprenant

C M - 3,986 0 1 3 . 1 0 1 " mVs2


R - 6 378 155 m

c --- 299 792 500 m/s^ (vitesse de la lumière)

21 harmoniques zonaux de Kozaï (1969).


296 harmoniques tesséraux : tous les harmoniques jusqu'à l'ordre 16 et 28 h a r m o n i ­
ques de résonance d'ordre plus élevé.
138 coordonnées, 3 pour les 46 stations retenues.

6.6. — Résultats obtenus. — N o u s d o n n o n s , dans ce paragraphe, une rapide


description des résultats les plus significatifs obtenus à ce j o u r ( m a i 1971) dans
le domaine de la géodésie p a r satellites. Ces résultats ne concernent pas seule­
ment les positions relatives de stations o u u n modèle de Terre, mais aussi
l'interprétation de variations constatées sur certains parainètres ( m o u v e m e n t
du pôle o u marées).
Le modèle de Terre le plus complet q u i a i t été publié est la « S t a n d a r d
Earth 2 » d o n t nous avons décrit la c o n s t r u c t i o n dans le paragraphe pré­
cédent. N o u s d o n n o n s , figure 15 l a carte des hauteurs d u géoïde au-dessus
d'un ellipsoïde de référence (aplatissement 1/298, 255).
L'erreur sur ces altitudes d u géoïde serait d'après les auteurs, en moyenne
de 4 m , d u moins dans les régions où les données gravimétriques existent. I l
paraît plus p r u d e n t de parler d'une erreur moyenne de 10 m , ce q u i serait déjà
remarquable. De plus, localement (échelle inférieure à 1 000 k m ) des écarts
supérieurs peuvent exister.
L a figure 16 m o n t r e la carte des anomalies à l ' a i r libre que l ' o n peut déduire,
par la f o r m u l e fondamentale de la géodésie physique (4.10), d u p o t e n t i e l
perturbateur de ce modèle.
O n comparera ces résultats avec l a figure 10, due à R a p p (1969), q u i m o n t r e
la carte des hauteurs d u géoïde déduite des seules données gravimétriques p a r
la méthode d u paragraphe 4 . 7 , tous les h a r m o n i q u e s d u potentiel jusqu'à
l'ordre 8 ayant été conservés. O n v o i t que, si les grands accidents sont semblables,
ce résultat est en définitive beaucoup moins fin. Les erreurs peuvent atteindre
50 m sur les hauteurs d u géoïde. A t i t r e de c o m p a r a i s o n , la figure 17 donne la
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464 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

-180=-160=-140=-120=-100=-80=-60=-40· -20= 0· +20=+40=+60=+80=+100=+120=+140=+160=+180=


F I G . 15. — Hauteurs du géoïde de la Standard Earth 2 en mètres au-dessus d'un
ellipsoïde de référence d'aplatissement 1/298,255. D'après GAPOSCHKIN et LAMBECK.

F I G . 16. — Anomalies de gravité {anomalies à l'air libre exprimées en milligals),


déduites du modèle Standard Earth 2. D'après GAPOSCHKIN et LAMBECK.

carte des hauteurs d u géoïde obtenue par R a p p en i n c l u a n t en plus des d o n ­


nées de satellites.
Les positions de stations sont obtenues dans la Standard E a r t h par la
méthode d y n a m i q u e et par la méthode géométrique. L'erreur interne de déter­
m i n a t i o n de ces posidons est rarement supérieure à 10 m dans chacune des
deux méthodes et les écarts entre les deux solutions sont d u même ordre de
grandeur.
Une autre vérification indépendante a été f o u r n i e en c o m p a r a n t les résultats
avec des profils de gravité effectués sur les océans p a r Le Pichon et T a l w a n i
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MÉTHODES SPATIALES 465

-180·-1β0·-140"-120·-100·-80· -60· -ίΟ· -20· Ρ· +20-+40=+60^+80^+100=+120-+140^+160-+180·

F I G . 17. — Hauteur du géoïde en mètres obtenue par Rapp en mélangeant les


anomalies de gravité à des observations de satellites (aplatissement 1/298,25).

1 1 I I I I I I
60* 80· 100·

LONGITUDE

F I G . 1 8 . — Comparaison des anomalies de gravité (en milligals) de la Standard


Earth 2 avec les mesures de profils gravimétriques dans l'Océan Indien.
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466 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

(1969). L a figure 18 m o n t r e l'accord à mieux que 10 milligals sur u n p r o f i l


de l'Océan I n d i e n . D'autres comparaisons avec des profils dans l'Océan A t l a n ­
tique confirment cet accord.
D'autres modèles de Terre, p u r e m e n t dynamiques, o n t été construits n o t a m ­
ment p o u r la prédiction des positions des satellites de n a v i g a t i o n dans le sys­
tème T R A N S I T . Les coefficients d u potentiel o u les hauteurs d u géoïde
sont malheureusement secrets.
Toutefois, o n sait que la remise
à j o u r des éphémérides de ces
satellites se fait tous les deux
j o u r s à l'aide d'observations
D o p p l e r faites de plusieurs sta­
tions. Des écarts systématiques
ont pu être attribués au chan­
gement des coordonnées des sta­
tions par suite d u mouvement
d u pôle. C'est ainsi que A n d e r l e
et Beuglass (1969) o n t p u r e t r o u ­
ver, à 1 m près, la p o s i t i o n d u
pôle déterminée par le Bureau
I n t e r n a t i o n a l de l ' H e u r e ( F i g . 19).
Cette méthode donne d'ores et
déjà des résultats de précision
comparable à celle des réseaux
d'astrolabes o u de tubes zénithaux
photographiques malgré la pré­
F I G . 19. — Mouvement du pôle déterminé par cision relativement faible des
le BIH et le service international des latitudes
observations D o p p l e r (équiva­
{P) comparé à celui qui a été déduit de l'observa­
tion des sateUites TRANSIT. Echelle en mètres.
lente à 10 m en p o s i t i o n ) , mais
grâce à une bonne d i s t r i b u t i o n
sur la Terre des stations de base d u système T R A N S I T .

E n conclusion, nous d i r o n s que l'ensemble des méthodes de géodésie dyna­


m i q u e permet actuellement de construire u n modèle de Terre avec une préci­
sion intrinsèque d'une dizaine de mètres, mais que p o u r certaines quantités
pardculières, comme la p o s i d o n relative d u pôle, lorsque les équations de
conditions se t r o u v e n t avoir une c o n f i g u r a t i o n générale favorable, ces erreurs
peuvent descendre à 1 o u 2 m . C'est aussi ce que nous avons constaté p o u r les
méthodes géométriques.
Cette précision est remarquable puisqu'elle améliore de deux ordres de
grandeur les résultats que la géodésie classique terrestre peut donner. Cette
précision reste néanmoins en deçà de ce q u ' i l f a u d r a i t o b t e n i r p o u r atteindre
des phénomènes liés à la structure et aux mouvements de la croiîte terrestre.
M a i s , comme nous le verrons dans la partie suivante, de nouvelles techniques
se font j o u r .
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CONCLUSIONS ET MÉTHODES D'AVENIR 467

7. — C O N C L U S I O N S E T M É T H O D E S D'AVENIR

En 1969, la «Standard E a r t h » décrite dans les paragraphes précédents,


était le meilleur modèle de Terre publié. E n 1971, l'opération I S A G E X ( I n t e r ­
national Satellite Geodesy Experiment) a rassemblé 50 chambres p h o t o g r a ­
phiques et d i x lasers appartenant à seize pays différents ; sept satellites m u n i s
de réflecteurs laser o n t été observés pendant sept mois consécutifs. L ' i m p o r t a n t
matériel d'observation ainsi rassemblé est analysé par de nombreuses équipes
appartenant à divers pays. I l en résultera une amélioration d u modèle de Terre,
ne serait-ce que parce que la p r o p o r t i o n de mesures laser à 1,5 m près a u r a
considérablement augmenté.
Mais la conception même de tels modèles impose une l i m i t e à leur amélio­
ration. En effet, nous avons admis que le potentiel terrestre était développable
en séries d'harmoniques sphériques (formule 5.1) et que l ' o n p o u v a i t n'eu
considérer que les premiers termes. O r , ces développements ne convergent que
très lentement et ne se prêtent pas à la représentation c o m m o d e des irrégu­
larités de faible a m p l i t u d e spatiale. Pour décrire des détails ayant des d i m e n ­
sions de l ' o r d r e de 100 k m , i l f a u d r a i t en effet pousser ce développement j u s ­
qu'à n - 300 e n v i r o n , ce q u i exigerait de déterminer plus de 45 000 inconnues
et i m p l i q u e r a i t une a u g m e n t a t i o n parallèle d u n o m b r e de stations et de satel­
lites. D'autres représentations d u potentiel terrestre seraient indispensables
dans ce cas.
Cependant, l'amélioration prévisible des techniques p e r m e t t r a de faire des
progrès n o n seulement dans la détermination d u c h a m p de gravité et de la
forme de la Terre, mais dans de n o m b r e u x domaines connexes. C'est a u cours
d ' u n colloque à W i l l i a m s t o w n ( M I T , 1970) que, p o u r la première fois, o n a
fait le p o i n t des différentes possibilités nouvelles, et que la géodésie spatiale,
appliquée à la Physique d u G l o b e et à l'Océanographie a redéfini ses objectifs,
ce q u i a eu p o u r conséquence l ' a p p a r i t i o n d'une m u l t i t u d e de nouveaux p r o ­
grammes. Examinons-en quelques-uns, en f o n c t i o n des méthodes de géodésie
spatiale décrites précédemment.

7.1. — Méthodes géométriques. — Les télémètres laser v o n t avoir une préci­


sion améliorée par u n facteur 50. Des lasers expérimentaux de puissance
suffisante o n t des largeurs d ' i m p u l s i o n de 0,2 nanoseconde, ce q u i donne une
précision n o m i n a l e de mesure des distances de 3 c m . Par ailleurs. M i s s H o p -
field (1971) a montré que, p o u r les sites de visée des satellites, des mesures de
température, pression et degré hygrométrique au sol suffisaient p o u r prédire
dans 90 % des cas la réfraction à mieux que quelques millimètres près.
Les lasers construits sur ces principes, visant sur des satellites sphériques
et très denses c o m m e C A N N O N B A L L proposé au p r o g r a m m e spatial améri­
cain, p e r m e t t r o n t donc, p a r la méthode d u 6 . 2 , de mesurer la distance de
deux stations à quelques centimètres près. Si le satellite a une a l t i t u d e de
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468 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

4 000 k m , c'est d o n c la distance entre des points distants de 5 000 k m q u i


p o u r r a i t être mesurée avec la même précision. I l en résulte que, en quelques
années, o n p o u r r a mesurer directement le mouvement des plaques tectoniques
les unes par r a p p o r t aux autres à 1 c m p a r a n près.
L a technique de radio-interférométrie à longue base, appliquée depuis 1968
à la mesure des diamètres de radio-sources, permet aussi de mesurer la distance
entre les deux antennes à une demi-longueur d'onde près. Si la source est une
source artificielle (à b o r d d ' u n satellite), o n n'a pas besoin de grosses antennes
et l'appareillage est moins coûteux q u ' u n télémètre laser. I l permet en o u t r e
de mesurer des déplacements angulaires à 0",001 près p o u r des bases de p l u ­
sieurs milliers de kilomètres. T o u t comme la précédente, cette technique,
apportera des i n f o r m a t i o n s de même qualité sur le mouvement r e l a t i f des
stations.
P a r m i les objets d o n t les télémètres laser peuvent mesurer la distance,
figurent aussi des réflecteurs-cataphotes déposés sur la Lune. I c i encore, si
deux o u plusieurs stations observent simultanément ces réflecteurs, o n peut
déterminer leur distance. M a i s si la mesure se prolonge et si o n suppose que
l ' o n connaît bien le mouvement de la Lune, o n peut aussi déterminer le m o u ­
vement de la station, c'est-à-dire sa distance à l'axe de r o t a t i o n de la Terre.
N o u s avons là une méthode unique p o u r atteindre l'axe de r o t a t i o n de la
Terre et en étudier le mouvement par r a p p o r t à des stations autrement qu'en
direction. Avec les lasers centimétriques, o n peut espérer étudier le mouvement
d u centre de gravité de la Terre par r a p p o r t aux stations.
En même temps q u ' o n déterminera ainsi l'axe de r o t a t i o n de la Terre, les
mouvements verticaux des stations dus aux marées terrestres seront aussi
mesurés. Bien entendu, d'autres inconnues se r a p p o r t a n t aux mouvements
de la L u n e devront être aussi introduites dans la réduction des observations
(voir par exemple Calame et al., 1970).

7.2. — Méthodes semi-dynamiques. — Si la théorie d u mouvement d u satel­


lite observé par ces méthodes est suffisamment bien connue, ce q u i est le cas
des satellites élevés sur lesquels les h a r m o n i q u e s d ' o r d r e élevé n ' o n t pas d'effet
sensible, i l est possible d'employer la méthode semi-dynamique (voir 6.4)
p o u r déterminer la p o s i t i o n des stations et constater des variations individuelles
ou globales de leurs coordonnées. Les satellites d u type C A N N O N B A L L se
prêteront particulièrement bien à ces déterminations. Les variations des posi­
tions dues aux marées terrestres, à la r o t a t i o n de la Terre et a u m o u v e m e n t d u
pôle p o u r r o n t ainsi être déterminées avec des précisions comparables à celles
des mesures laser, c'est-à-dire de quelques centimètres. L a mesure précise de ces
mouvements sera une source précieuse de renseignements sur la structure de
la Terre (voir C h a p . 21).

7.3. — Méthodes dynamiques. — N o u s avons v u que l ' e m p l o i des méthodes


dynamiques avec cet ordre de précision se heurtera a u problème de la repré­
sentation d u potentiel terrestre. D e n o m b r e u x t r a v a u x sont à présent consacrés
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CONCLUSIONS ET MÉTHODES D'AVENIR 469

à ce problème. E n le supposant résolu, i l reste deux difficultés : la présence


de forces n o n gravitationnelles agissant sur le satellite et la difficulté d'avoir une
couverture totale de l ' o r b i t e d ' u n satellite.
En effet, p o u r étudier de façon détaillée le c h a m p de g r a v i t a t i o n , o n a inté­
rêt à a v o i r des satellites bas. M a i s , à des altitudes de 200 o u 300 k m , le f r o t t e ­
ment atmosphérique est très f o r t et impossible à calculer. P o u r le compenser
exactement, o n m u n i t les satellites d ' u n système compensateur de traînée.
Une bille est placée au centre d'une cavité munie de senseurs et, dès qu'elle
se rapproche d'une p a r o i , une poussée est appliquée au satellite et ramène les
parois à la p o s i t i o n initiale par r a p p o r t à la bille. L a bille n'étant soumise
qu'aux forces de g r a v i t a t i o n , le satellite se déplace sur la trajectoire q u ' i l aurait
eue si ces seules forces existaient.
Pour assurer une poursuite continue d u mouvement d ' u n satellite, o n a
imaginé de le faire observer par u n o u plusieurs autres satellites. Dans u n
projet américain, i l est observé p a r trois satellites géostationnaires. Dans u n
projet français, o n place deux satellites sur des orbites tellement voisines, qu'ils
restent en vue l ' u n de l'autre pendant plusieurs semaines. Dans le premier cas,
on détermine la p o s i t i o n des satellites de poursuite p a r des méthodes géomé­
triques et semi-dynamiques ce q u i permet de reporter sur la p o s i t i o n d u satel­
lite étudié toute la précision des systèmes de poursuite. Le projet des satel­
lites j u m e a u x à traînée compensée est de dépouillement plus délicat, mais o n
montre qu'avec quelques mesures de p o s i t i o n à partir d u sol, o n peut avoir
en quelques mois de poursuite réciproque, une couverture totale d u c h a m p
de gravité de la Terre.
Si les méthodes de poursuite adoptées o n t des précisions de l'ordre de 3 c m
c o m m e c'est maintenant possible, la précision avec laquelle o n connaît le c h a m p
de gravité terrestre p o u r r a i t être augmentée de deux ordres de grandeur. O n
déterminera en même temps ses variations dues aux mouvements des pôles,
aux marées, etc..

7.4. — Satellite altimétrique. — Si, par l'une des méthodes ci-dessus, o n peut
déterminer la trajectoire d ' u n satellite et que ce satellite mesure, à l'aide d ' u n
radar embarqué, sa distance à la surface de la mer, o n peut ainsi rétablir la
forme exacte de la surface des océans p a r r a p p o r t au système de référence de
l'orbite d u satellite. T e l est le principe d u satellite aldmétrique. L a première
expérience de ce type sera embarquée à b o r d d ' u n Skylab américain.
Dans u n premier stade, lorsque la mesure se fera à quelques mètres près,
on p o u r r a confondre le niveau des océans avec le géoïde et o n o b t i e n d r a ainsi
une nouvelle détermination indépendante de la f o r m e de la Terre. Plus t a r d ,
lorsque l a précision a t t e i n d r a une f r a c t i o n de mètre, o n mesurera l'écart entre
le niveau des mers et le géoïde déduit d u potentiel terrestre et les mesures seront
d ' u n intérêt majeur p o u r l'Océanographie.

7.5. — Conclusion. — L a diversité des techniques nouvelles possibles per­


m e t t r o n t de mesurer indépendamment avec une très grande précision les
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470 CHAMP DE PESANTEUR ET FORME DE LA TERRE

divers paramètres géodésiques (champ de gravité et forme de la Terre), les


mouvements lents de l'écorce terrestre, ses déformations rapides et toutes
les composantes de son mouvement de rotation. Toutes ces quantités ainsi
qu'il est expliqué dans plusieurs chapitres de ce livre, sont fondamentales dans
l'étude de la Terre. O n peut donc dire que l a géodésie spatiale va devenir un
instrument essentiel dans l'exploration d u globe terrestre et dans l'étude de sa
structure interne.

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CHAPITRE 17

ISOSTASIE,
PROPRIÉTÉS RHÉOLOGIQUES
D U M A N T E A U SUPÉRIEUR

par

Louis L L I B O U T R Y

1. — C O N C E P T S D'ISOSTASIE,
DE RÉGIONALITÉ, ET ANCIENS MODÈLES

1.1. — Equilibre isostatique et anomalie isostatique. — Dès 1749, Bouguer


trouvait u n déficit dans l'intensité de la pesanteur a u C h i m b o r a z o . A u m i l i e u
du siècle dernier, le géodésien anglais Everest s'apercevait que la déviation de
la verticale au voisinage de l ' H i m a l a y a n'était que le tiers de celle q u ' a u r a i t
dû p r o v o q u e r cet i m p o s a n t relief (Jeffreys, 1970, p. 210 et suiv.). L e globe
terrestre est donc plus léger là où i l y a des montagnes qu'ailleurs. I l d o i t en
être ainsi à p a r t i r d u m o m e n t où l ' o n admet q u ' e n p r o f o n d e u r l a matière est
moins rigide q u ' e n surface, de façon à permettre des mouvements verticaux,
n o t i o n bien établie p a r les géologues. Les montagnes doivent flotter sur une
couche fluide à l'échelle des temps géologiques, couche baptisée par les géo­
logues asthénosphère ( d u grec asthénès, faible). L a couche rigide et flottante
dessus sera la Uthosphère. E n état d'équilibre statique (nous excluons p o u r
l'instant la possibilité de courants permanents de matière), les contraintes dans
l'asthénosphère doivent se réduire à une pression hydrostatique, u n i f o r m e à
un niveau donné dès q u ' o n est en dessous d ' u n certain niveau de compensation.
I l est évidemment intéressant de savoir jusqu'à quel p o i n t cet état d'équi­
libre, appelé équilibre isostatique, est réalisé, et naturel de s'adresser p o u r
cela aux mesures gravimétriques. Supposons q u ' u n e montagne crée u n excédent
de masse au-dessus d u niveau de la mer, d o n t le poids est équilibré ( o n néglige
ici la c o u r b u r e de la Terre) p a r u n déficit de masse, égal en valeur absolue, en
profondeur. L a pesanteur mesurée en surface, après c o r r e c t i o n à l ' a i r l i b r e
(Chap. 16), devra être comparée à la pesanteur théorique n o r m a l e à cette
latitude, augmentée de l ' a t t r a c t i o n de la masse de la montagne, diminuée de
l ' a t t r a c t i o n de la masse absente en p r o f o n d e u r . Ces deux masses étant égales.

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474 ISOSTASIE

mais à des distances de la surface différentes, les anomalies gravimétriques


qu'elles p r o v o q u e n t ne se compenseront pas.
Pour simplifier, supposons une montagne en forme de plateau circulaire
d ' a l t i t u d e h, de rayon R, de densité p. L ' a t t r a c t i o n due à ce plateau, à sa surface
et en son centre, est, G étant la constante de g r a v i t a t i o n :

g , = 2 nGpih - χ/Λ' + A ' + R). (1)

Supposons que cette masse soit équilibrée p a r u n déficit de densité Δ ρ sur


une épaisseur Δ ζ , à la p r o f o n d e u r z, et dans u n même rayon R ( F i g . 1 ). Le déficit
de pesanteur correspondant a u même p o i n t est :

g2 = -2nG Δ ρ [ Δ ζ - J R' + (/, + z + àzf + ^1 R' + {h + zf] (2)

Si h et Δ ζ sont très petits devant R

gi Λ 2 nGph

h + ζ
g, * — 2 Δρ Δ ζ 1 (3)
+ (h + ζΫ^

Si l'équilibre isostatique est réalisé


h
ph = Δ ρ . Δ ζ . Les deux p e r t u r b a t i o n s
t s'annuleront seulement si (h + z) est
petit devant R. Encore faut-il tenir
ζ if) compte d u fait que, en dehors de
l'axe, en surface, la verticale est
modifiée p a r la présence de la m o n ­
y

ι
tagne, la verticale descendante y
converge vers l'axe, et donc le géoïde
Δ ζ présente une bosse de hauteur Λ^.
L ' a l t i t u d e de la montagne n'est plus
h, mais h - N. L e calcul de n'est
pas simple, car i l résulte d'une inté­
F I G . 1. — Calcut de l'anomalie gravimé­ grale étendue à t o u t l'ensemble d u
trique créée par un plateau cylindrique de
Globe. Pour l'instant, nous négli­
luiideur li et par sa racine d'épaisseur isz.
gerons cette c o r r e c t i o n .
Dans ce cas, l'équilibre isostatique a u r a créé une parfaite compensation
isostatique (sous-entendu : des anomalies gravimétriques). Les montagnes
n'affecteront pas plus la pesanteur que si elles étaient creuses, et i l n ' y aura pas
lieu d'appliquer, aux valeurs de la pesanteur mesurée, la c o r r e c t i o n de B o u ­
guer correspondante (correction « de plateau » et c o r r e c t i o n « t o p o g r a p h i q u e » ,
Chap. 16 et 24) ; d u moins p o u r des études à l'échelle régionale, car à l'échelle
locale (prospection gravimétrique) i l devient absurde de supposer que chaque
butte et chaque v a l l o n sont i n d i v i d u e l l e m e n t compensés. U n certain lissage
s'opère, sur lequel nous reviendrons.

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CONCEPTS D'ISOSTASIE, DE RÉGIONALITÉ 475

En négligeant toujours la p e r t u r b a t i o n apportée a u géoïde, mais en tenant


compte des extensions latérales finies q u ' o n t les p e r t u r b a d o n s , o n p o u r r a
modifier la c o r r e c t i o n de Bouguer de façon à tenir compte des p e r t u r b a t i o n s
de densité en p r o f o n d e u r . L ' a n o m a l i e de la pesanteur résiduelle deviendra
l'anomalie isostatique, terme a m b i g u car l'équilibre isostatique n'est j a m a i s
réalisé : en plus de l'influence des dimensions finies des masses, signalé plus
haut, i l peut y avoir des anomalies de densité dans l'asthénosphère o u en des­
sous, q u ' a u c u n mouvement vertical d'origine isostalique ne saurait annuler.

1.2. — Modèle d'Airy-Vening Meinesz. — Pendant longtemps, les géodésiens


préoccupés de déterminer la forme d u géoïde o n t effectué une c o r r e c t i o n iso­
statique standard en utilisant l ' u n o u l'autre des deux modèles simplistes de
Globe proposés dès 1854. Dans les deux modèles, la lithosphère a une densité
uniforme le l o n g d'une verdcale, inférieure à celle de l'asthénosphère. Dans
le modèle de Pratt la l i m i t e inférieure de la lithosphère est une surface de niveau,
et il y a dans la lithosphère des variations latérales de densité. Dans le modèle
d'Airy ( F i g . 1) la lithosphère a une densité u n i f o r m e p, mais elle s'enfonce
plus o u moins dans l'asthénosphère, de densité ρ + Αρ. ( A u niveau de l ' i n t e r ­
face, i l continue donc d'y avoir des variations latérales de densité, puisque à
profondeur constante, la densité prend l'une o u l'autre de ces deux valeurs
selon les lieux.) Les montagnes seraient ainsi supportées par des « racines »
reproduisant en négatif le relief de la surface, plus o u moins lissé, et amplifié
par un facteur p/A/;. Inversement, sous les dépressions de la surface, l'asthé­
nosphère s'élèverait en « antiracines » .
Dans l ' u n o u l'autre modèle, o n a admis au début q u ' i l y avait compensa­
tion isostatique séparément p o u r chacun des prismes verticaux de lithosphère
dont o n suppose la hauteur u n i f o r m e dans les calculs effectués. Puis V e n i n g
Meinesz i n t r o d u i s i t dans le modèle d ' A i r y l'idée de régionalité de la compen­
sation. Ses arguments, basés sur l'identification fausse de la lithosphère avec
la croûte des sismologues, sont sans valeur, mais l'idée, elle, est bonne. L a
lithosphère peut être considérée c o m m e une plaque élastique mince, q u i se
déforme en cuvette sous l a charge concentrée d ' u n prisme. L a « racine »
calculée p o u r chaque prisme d o i t être étalée selon une certaine l o i (cf. § 5 . 2
et figure 2).
Dans le modèle d ' A i r y - V e n i n g Meinesz s ' i n t r o d u i t ainsi u n deuxième para­
mètre i n c o n n u et ajustable, lié à l a rigidité de l a croiite. L'hypothèse q u ' u n e
montagne est isostatiquement compensée n'impose plus la valeur de Δ ζ Δ ρ ,
mais celle de Δ ζ ( Δ ρ , / / 2 ) ' ' ^ , //^ étant l'épaisseur de l a lithosphère. A l'inverse
de ce q u i se produisait dans la compensation locale, o n peut d i m i n u e r le contraste
de densité en supposant q u ' i l se p r o d u i t à une p r o f o n d e u r H suffisante.
L a découverte d u M o h o , séparant une croûte d ' u n manteau avec u n saut
de densité de l ' o r d r e de 0,6 g/cm^ suggéra l'idée, q u ' o n sait a u j o u r d ' h u i fausse,
q u ' i l fallait assimiler la lithosphère à l a croûte des sismologues. Partant de
l'idée (que rien ne justifie) que l'anomalie à l'isostasie p o u v a i t ne pas être nulle.
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476 ISOSTASIE

(α)

F I G . 2.
a) Modèle d'Airy ;
b) Modèle de Vening-Meinesz, où la racine a été étalée.

mais devait être u n i f o r m e sur de vastes régions, Heiskanen t r o u v a i t une épais­


seur de 52 k m p o u r la lithosphère sous le bassin de Ferghana, 31 k m sous les
Alpes, 18 k m sous les océans, soit des valeurs acceptables à l'époque p o u r
l'épaisseur de la croûte.

1.3. — Conceptions actuelles. — L ' a u g m e n t a t i o n de nos connaissances sur


l'intérieur d u G l o b e a r e n d u caducs ces modèles, même en ne c o n f o n d a n t plus
croûte et lithosphère et en conservant la n o t i o n de compensation régionale de
V e n i n g Meinesz. D i x ans après u n exposé se v o u l a n t définitif des corrections
isostatiques (Heiskanen et V e n i n g Meinesz, 1958), elles sont totalement
abandonnées par les gravimétristes. A u j o u r d ' h u i ceux-ci se contentent d'effec­
tuer les corrections à l ' a i r l i b r e et de Bouguer, en attendant que la sismologie,
et éventuellement des forages, a p p o r t e n t d'autres i n f o r m a t i o n s sur la région
considérée. L e modèle est ensuite élaboré à p a r t i r de toutes les i n f o r m a t i o n s
disponibles.

Les concepts d'isostasie et de régionalité n ' o n t pas d i s p a r u p o u r a u t a n t , n i


même l'idée que les variations latérales de densité pouvaient être soit réparties
dans toute l'épaisseur d'une couche (modèle de P r a t t ) , soit concentrées à des
interfaces (modèle d ' A i r y ) . Seulement o n sait a u j o u r d ' h u i que :
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ORIGINE DES ANOMALIES GRAVIMÉTRIQUES Ail

1° L'asthénosphère n'est pas hmitée par des contrastes de densité i m p o r ­


tants. Les plus i m p o r t a n t s sont ailleurs. I l y en a dans la lithosphère q u i , p a r
un déplacement vertical d'ensemble, peuvent assurer l'isostasie. M a i s la flui­
dité permettant ces déplacements se trouve à un niveau inférieur.
2° Les limites de l'asthénosphère n'étant pas matérielles, mais corres­
pondant à une certaine r e l a t i o n entre température et pression, i l peut y a v o i r
eu enfoncement de la lithosphère et d o n c d u M o h o sans que la l i m i t e l i t h o -
sphère-asthénosphère soit nécessairement déprimée.
30 11 y a aussi des variations latérales de densité dans l'asthénosphère et
en dessous. T o u t e compensation isostatique parfaite est donc exclue.
40 A l'échelle d u G l o b e , celui-ci n'est pas en parfait équilibre hydrostatique
par suite de courants permanents de matière dans le manteau (tome 11).

2. — LE PROBLÈME INVERSE :
ORIGINE DES A N O M A L I E S GRAVIMÉTRIQUES

L o r s q u ' o n cherche à interpréter les données gravimétriques à l'échelle d u


Globe, o n ne peut plus négliger les p e r t u r b a t i o n s apportées au géoïde par les
variadons latérales de densité. Ce sont d'ailleurs les o n d u l a t i o n s d u géoïde (TV),
ainsi que la p e r t u r b a t i o n d u géopotentiel à l'extérieur d u G l o b e {V), c'est-à-dire
la différence avec le potentiel p r o d u i t par u n géoïde sphérique (formé de couches
homogènes sphériques concentriques) que l ' o n déduit a u j o u r d ' h u i des éphé­
mérides des satellites artificiels. O n obtient ainsi les amplitudes des h a r m o ­
niques sphériques correspondants (Chap. 16). Soit θ la colatitude géocentrique,
φ la l o n g i t u d e , Y„JO, φ) les h a r m o n i q u e s sphériques normalisés, q u i sont
des polynômes de degré n en cos 0 (Chap. 25).

(1)

L'anomalie gravimétrique est de même :

(2)

A une distance r' d u centre d u G l o b e , la densité fluctue de à.p{r', Θ, φ) a u t o u r


de sa valeur moyenne à cette distance (ce peut être une v a r i a t i o n d u type P r a t t ,
sur toute l'épaisseur d'une couche, o u d u type A i r y , là où existe une interface
à contraste de densité de p r o f o n d e u r variable).
co m
Δρ = Σ Σ PnÀr') φ). (3)

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478 ISOSTASIE

O n démontre les relations suivantes, valables si le géoïde c o n t i e n t toutes les


masses ( C h a p . 16). ( L ' a n o m a l i e gravimétrique considérée est d o n c celle à l ' a i r
hbre.)

r'""'p„.(r')dr'. (4)
y.,. g'y'.n, (2η + \)α·

11 en ressort que plus les v a r i a t i o n s de densité sont p r o f o n d e s {r'/a p e t i t )


et plus elles sont locales ( « et m élevés), plus elles d o i v e n t être fortes p o u r créer
une a n o m a l i e donnée.

Signalons quelques travaux récents, n o n parce qu'ils aboutissent à des conclusions indis­
cutables, mais parce qu'ils semblent o u v r i r de nouvelles voies de recherche.
Avec u n modèle n'admettant qu'une seule surface à contraste de densité de profondeur
variable, mais sans variations latérales à l'intérieur des couches, Higbie et Stacey (1971)
doivent la situer à moins de 1 000 k m de profondeur (vers 650 k m ?) pour rendre compte
des variations d u géopotentiel. Ce modèle est évidemment t r o p grossier.
A r k a n i - H a m e d (1970) part aussi des variations mesurées d u géopotentiel, mais i ! calcule
directement l'effet des 50 k m les plus voisins de la surface. Pour cela i l tient compte de la
topographie d u G l o b e et des densités dans cette couche, déduites de la vitesse des ondes
sismiques par la formule de B i r c h (Chap. 21). Cette couche est plus légère (— 0,35 g/cm')
à l'emplacement des boucliers cristallins, plus lourde (+ 0,16 g/cm-') à l'emplacement des
bassins océaniques.
Ne préjugeant aucun équilibre isostatique, il écrit ensuite que le Globe est en équilibre
élastique en utilisant les relations de la théorie des marées terrestres. Les paramètres élastiques
sont supposés ne dépendre que de r', mais non la densité. Enfin, pour que le problème soit
déterminé (il p o u r r a i t y avoir par exemple une coque en état d'extension ceinturant u n cœur
en état de compression), i l admet que l'énergie totale de distorsion dans tout le manteau est
minimale. Ce serait rigoureusement vrai, vu que les contraintes peuvent se relaxer par fluage,
s'il n ' y avait pas de courants de convection dans le manteau, et pas de forces exercées par

0 30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 360

0 30 60 90 120 150 180 210 24 0 270 300 33C 360

F i G . 3. — Variations latérales de densité entre 125 et 225 k m


de profondeur (en g/cm'), selon A R K A N I - H A M E D , 1970.

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ORIGINE DES ANOMALIES GRAVIMÉTRIQUES 479

0 30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 360

80 210 240 270 300 330 360

F I G . 4 . — Variations latérales de densité entre 4 0 0 et 1 0 0 0 k m


de profondeur (en g/cm^), selon A R K A N I - H A M E D , 1 9 7 0 .

des courants dans le noyau. Les variations latérales de densité q u ' i l trouve sont inversées
par rapport à la surface entre 5 0 et 4 0 0 k m , de même signe entre 4 0 0 et I 0 0 0 k m (Fig. 3 et 4 ) .
L'amplitude q u ' i l leur trouve dans cette couche profonde est peu vraisemblable.

D o r m a n et Lewis ( 1 9 7 0 ) se servent exclusivement des données gravimétriques, en


admettant q u ' i l y a u n équilibre isostatique régional. Plus précisément ils admettent
une relation linéaire entre les fluctuations de densité en u n p o i n t (β', φ', r') et l'altitude
h de la surface au p o i n t (0", φ", a).
La fluctuation de densité au point ( C , φ', r') peut alors s'exprimer par une intégrale,
étendue à toute la surface d u Globe, de la fonction h(P", φ") multipliée par u n certain
noyau k(r', y"), où γ" est la distance angulaire entre les points (0", φ") et (Ο', φ') d'une
même sphère :

Al>(0', φ', r') = h(0", ψ").kir', f).dS". (5)

Etendant au domaine sphérique la définition des convolutions sur l'axe des réels,
nous dirons que Ap résulte de la c o n v o l u t i o n des fonctions Λ et ^ et l'écrirons :

Ap = Λ * k (6)

A u p o i n t φ, φ, a), situé à une distance p de (β', φ', r'), le potentiel créé sera G Ap/p.
Désignons par la distance angulaire entre les points (Ο', φ') et (0, φ) d'une même
sphère, et par d(r', γ') la valeur de 8(ljp)/dr pour r = a. Le champ créé par Ap en
(Ο', φ', r') au point (0, φ, a) est G Ap.d(r', γ'). Les Ap existant à tous les (Ο', φ', r')
du G l o b e provoquent une anomalie gravimétrique en (0, φ, a) :

^g(0, φ) = G h(0", φ").kir', •/').dir', ;'').dS".di'.d5'

Gh * k(r',-/') * dir,-/).0/ . (7)

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480 ISOSTASIE

Définissons une fonction « réponse gravimétrique » :


r W - G k(r\-/)*d(r\y').dr' . (8)
• 0

Elle ne dépend plus que de ;•, distance angulaire entre les points (Θ, φ) et (0", φ').
Alors :

Ag(0, φ) h(0% φ") * r(y) . (9)

L'anomalie gravimétrique que l ' o n calcule ainsi est celle de Bouguer, car o n n'intègre
que jusqu'à r' = a, sans tenir compte de la topographie. Cette anomalie provient
des déficits de masse en profondeur qui assurent l'isostasie. (Si o n ajoutait l'action
du relief, o n aurait la différence de deux quantités voisines, toutes deux fonctions
linéaires de la topographie, et les termes en deviendraient prépondérants.)
O n sait que la transformée de Fourier d'une c o n v o l u t i o n de deux fonctions est le
produit ordinaire des transformées de Fourier de ces deux fonctions. U n e propriété
analogue existe pour des convolutions sur la surface d'une sphère, en remplaçant
transformées de Fourier par harmoniques sphériques (désignés par les mêmes lettres
affectées des indices n, m) :


g ii m ^ 2 IJ i '

A y a n t calculé les g,im et les li,„„, o n en déduit les rnm. (Dans la pratique pour calculer
les hnm o n peut négliger la courbure de la Terre : la décomposition en harmoniques
sphériques se réduit alors à une transformation de H a n k e l , utilisant les fonctions de
Bessel.)
Le pôle étant situé au p o i n t où l ' o n calcule la réponse gravimétrique r(y), celle-ci
doit être indépendante de φ et i l ne doit apparaître que des termes r„ avec m = 0.
S'il n'en est pas ainsi, par suite d'une anisotropie due à des phénomènes géologiques
(variations latérales de constitution en profondeur dans l'esprit des auteurs, phénomènes
géodynamiques détruisant l'isostasie selon nous), o n fera une moyenne pour tous les
azimuts φ.
Pour tenir compte de la rigidité de la croûte, les auteurs suppriment préalablement
dans Ihim et dans Ag„m toutes les courtes longueurs d'onde (n élevés). Q u ' i l faille faire
ainsi est prouvé par la bonne corrélation q u i apparaît alors entre la topographie h
et l'anomalie de Bouguer Ag.
Connaissant les r„, i l faut ensuite calculer k{r', γ"). D o r m a n et Lewis établissent la
formule suivante, où ju = r'/a

Rii -••^ A/ — T r„ - (n 1) k(M).fi''dfi. (Il)


V 4π o2 0

Cette dernière relation peut être inversée, mais non sans m a l , et en faisant appel
à un software de haut niveau.

Bien que partant de 80 000 données gravimétriques sur le territoire des U . S. A . rassemblées
par W o o l l a r d , les résultats de D o r m a n et Lewis ne sont pas, à leur avis, définitifs. Le contraste
de densité Ap trouvé dépend d u filtrage des courtes longueurs d'onde de la topographie
et des données gravimétriques adoptées, autrement d i t de la régionalité de la compensation
adoptée. Dans tous les cas l a présence de montagnes s'accompagnerait d'une d i m i n u t i o n
de densité autour de 60 k m et 250 k m de profondeur, mais aussi d'une augmentation de
densité vers 120 k m et vers 400 k m (Fig. 5).
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MOUVEMENTS VERTICAUX 481

g / cm 4
(q / cm^)x Km
m X 10
TO -1 0

+60

+ 120

ë + 2 5 0

I 1 — 9 5 %
Intervalle de
confiance

+ 400

(°) (b)

F I G . 5. — Modification de la densité Ap{z) à la profondeur z par mètre de relief


en surface, calculée par DORMAN et LEWIS ( 1 9 7 0 ) , par inversion des données gravi­
métriques relatives aux USA.
a) Résultat en adoptant pour Ap{z) des polynômes de divers degrés ;
b) Résultat en adoptant p o u r Ap{z) une d i s t r i b u t i o n à des niveaux discrets.
(Les niveaux doivent être choisis a priori pour que la procédure soit convergente).

En analysant leurs résultats à la lumière de la théorie de Backus et G i l b e r t


(Chap. 20), D o r m a n et Lewis (1972) concluent que les fluctuations de densité
vers 120 et 250 k m ne sont pas significadves. Celle vers 60 k m peut t o u t
aussi bien être vers 40 k m et d o i t correspondre à l'enfoncement d u M o h o .
Quant à l ' a u g m e n t a t i o n de densité vers 400 k m , elle d o i t correspondre à une
remontée de la discontinuité olivine-spinelle sous l'effet de la pression.

3. — M O U V E M E N T S VERTICAUX

3.]. — Variation du niveau des océans. — Les géologues, t r o u v a n t des sédi­


ments marins plissés à des miOiers de mètres d ' a l t i t u d e o u des faciès néritiques
crétacés à 2 000 m de p r o f o n d e u r sous l'océan (au sommet de guyots), nous o n t
habitué à l'idée de mouvements verticaux i m p o r t a n t s de l'écorce terrestre.
Evidemment ces mouvements ne sont repérés que p a r r a p p o r t a u niveau
des océans. O n admet a u j o u r d ' h u i volontiers que les eaux océaniques
(1,37 X 10*^ k m ^ ) , ainsi que l'atmosphère, o n t été libérées lors de la f o r m a d o n
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482
ISOSTASIE
de la croûte à p a r t i r d u manteau ( i l y a accord q u a n t i t a t i f p o u r l'eau c o m m e p o u r
l ' a r g o n atmosphérique, selon M a g n i t s k y , 1964), et cette f o r m a t i o n de croûte
se p o u r s u i t aux crêtes à la cadence de 1,8 k m ' / a n depuis la solidification d u
G l o b e (320 k m ^ par kilomètre de crête pendant les derniers 10 m i l h o n s d ' a n ­
nées selon M e n a r d , 1967). 1/9 de l'océan a donc p u se constituer au cours des
temps fossilifères, mais cela ne fait qu'une élévation de moins de 1 m d u n i v e a u
des océans par m i l l i o n d'années. O n a parfois invoqué les déplacements d u
pôle : le gonflement équatorial (22,6 x cos^ φ k m , si ψ est la latitude) des
océans est instantané, celui de la Terre suit avec u n retard q u i ne semble pas
p o u v o i r être supérieur à celui que met le relèvement isostatique post-glaciaire
p o u r s'effectuer, mettons 10 000 ans. 11 f a u d r a i t que le pôle se déplace de
quelques degrés pendant ces 10 000 ans p o u r retrouver l ' o r d r e de grandeur de
l'enfoncement des guyots : c'est totalement exclu. O n verra a u tome 11 que cet
enfoncement des guyots est dû en grande partie à leur t r a n s p o r t de la crête
des dorsales vers les bassins latéraux.
Plus importantes sont les fluctuations d u niveau des océans dues aux glacia-
dons (variations glacio-eustadques). 11 a dû baisser d ' e n v i r o n 140 m au m o m e n t
d u m a x i m u m glaciaire, comme en témoigne une plage immergée assez générale
sur le globe. Les variations au cours des derniers 10 000 ans sont assez bien
connues (Schofield, 1964 ; nous les reproduisons F i g . 6). L a fonte totale des

Mètres Mètres
T 1 1 1 r-—I 1 1 1 1 I 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Ls_i Ù I I 1 \ 1 1 1 1 I 1 1 1 I I I L 1 1 I
10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0
Ans avant le présent ( x 1000 ) Ans a v a n t le présent (xlOOO)

F I G . 6. — Variation du niveau des océans au cours des derniers 1 0 0 0 0 ans selon


divers auteurs. Valeurs rassemblées et discutées par SCHOFIELD, 1964.

(I) ROSENDAHL, 1956. (2) GODWIN et al., 1958. (3) FAIRBRIDGE, 1961.
(4) MCFARLAN, 1961. (5) SCHOFIELD, 1964. (6) THOMSON, 1964. MCFARLAN a
utilisé les données d u delta d u Mississipi, S C H O F I E L D celles de Nouvelle-Zélande,
R O S E N D A H L et T H O M S O N celles de Fennoscandie (compte tenu d u relèvement
post-glaciaire), G O D W I N et al. et F A I R B R I D G E des données diverses, assez hétérogènes.

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MOUVEMENTS VERTICAUX 483

glaces actuelles ferait m o n t e r le niveau (compte tenu de l ' i n o n d a t i o n des basses


terres et d u réajustement isostatique) d'une cinquantaine de mètres. L a dégla­
ciation actuelle a fait m o n t e r le niveau des mers de 6,1 c m entre 1900 et 1950
(Maksimov, i960), v a r i a t i o n q u i apporte seulement un terme c o r r e c t i f lors
des mesures géodésiques des mouvements actuels de la croûte terrestre.

3.2. — Mouvements tectoniques. — L'érosion des chaînes de montagnes


jeunes est de l ' o r d r e de 200 m / M a n ; celle de l'ensemble des continents
serait en moyenne de 90 m / M a n (33 m / M a n p o u r l'ensemble des U . S. Α . ) .
S'il n'y avait pas de surrections, t o u t le relief actuel serait arasé en
10 millions d'années. M a i s par ailleurs les Andes centrales par exemple
se sont élevées de 6 k m en 13 m i l l i o n s d'années, et le cisaillement des moraines
wiirmiennes, abandonnées par la glace i l y a 10 000 o u 15 000 ans, à leur débou­
ché dans des rifts ( q u i ne sont en général que des blocs s'étant moins soulevés
que les autres), atteste que ce soulèvement se p o u r s u i t pendant le Récent
(le p o s t - W u r m ) . Les vieilles terrasses émergées de la Méditerranée occidentale,
montrent, surimposé à des fluctuations d ' o r i g i n e glacio-eustadque, u n soulève­
ment d'une centaine de mètres a u cours d u dernier m i l l i o n d'années.
Inversement, des zones où la sédimentation est forte s'affaissent : deltas
du Mississipi o u d u N i l , plate-forme continentale des bords de l ' A t l a n t i q u e
(c'est la « flexure continentale » i n t r o d u i t e par B o u r c a r t ) . O n l'a souvent
attribué à un enfoncement isostatique sous le poids des sédiments, mais ceux-ci
ayant une densité très inférieure à celle d u manteau supérieur (et de plus i l
faut en retrancher la densité de l'eau de m e r ) , le mouvement a u r a i t dû vite
s'arrêter, le niveau des sédiments atteignant celui de l'Océan. La sédimentation
prolongée est donc la conséquence, et non la cause de la subsidence. D a n s le cas
de la flexure continentale, o n peut mettre en cause le couple s'exerçant sur le
bord des continents ; à la base de la croûte continentale, la pression dans la
roche (pression lithostatique) équilibre celle d u domaine océanique adjacent ;
plus haut, elle l u i est supérieure.
Cette explication ne vaut pas p o u r des bassins sédimentaires a u sein des
continents, comme celui de M o s c o u , q u i se sont affaissés pendant presque
toute la durée des temps géologiques, de 6 à 10 k m a u t o t a l . N o t o n s que la
cause première d o i t en être recherchée au niveau de la lithosphère, p u i s q u ' i l
semble a u j o u r d ' h u i certain que les plaques de lithosphère dérivent par r a p p o r t
aux couches sous-jacentes.
La conclusion de ce rapide survol, c'est q u ' i l y a sur le G l o b e d ' i m p o r t a n t s
mouvements verticaux, dans les deux sens, q u ' o n ne peut pas expliquer par le
jeu de l'isostasie. L a d i s t i n c t i o n entre mouvements « isostatiques » (subsidence
si l'anomalie gravimétrique est positive, émergence si elle est négative) et m o u ­
vements « anti-isostatiques » où c'est l'inverse, faite par A r t y u s h k o v et Mes-
cherikov (1969) sera peut-être utile p o u r élucider les causes des mouvements,
mais ces dénominations sont fallacieuses. Citons-en des exemples :

Subsidence, anomalie positive : plaine hongroise ;


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484 ISOSTASIE

Emergence, anomalie négative : côte d ' A f r i q u e d u S u d , zone B a l k a c h - I l i ;


Subsidence, anomalie négative : bassin de Ferghana ;
Emergence, anomalie positive : Balkans.

Les seuls cas où l ' o n a i t i n d u b i t a b l e m e n t des mouvements isostatiques à


l'état p u r , parce q u ' i l s'agit de vieux socles précambriens t e c t o n i q u e m e n t
stables (mêmes s'ils ne sont pas absolument exempts de t o u t séisme), et que l a
cause d u soulèvement est connue, c'est le relèvement post-glaciaire de la Scandi­
navie et la Finlande (Fennoscandie) et d u bouclier canadien. O n peut y ajouter
la région d u G r a n d Lac Salé, reste d u grand lac Bonneville a u j o u r d ' h u i asséché
(bien que la b o r d u r e Est soit tectoniquement active). L'étude de ces soulè­
vements est précieuse p o u r la connaissance des propriétés rhéologiques d u
manteau supérieur, aussi en donnerons-nous une description détaillée.

3 . 3 . — Soulèvement post-glaciaire. — L e relèvement q u i a suivi l a d i s p a r i t i o n


des grandes calottes glaciaires nous est c o n n u à l'époque h i s t o r i q u e p a r l'exhaus­
sement des quais dans les p o r t s de la Baltique. I l a été v o i s i n d u mètre p a r
siècle. A i n s i S t o c k h o l m f u t bâti à l a sortie d ' u n f j o r d , devenu a u j o u r d ' h u i le
lac M a l a r auquel o n d o i t accéder p a r u n système d'écluses. I l y a aussi eu des
nivellements géodésiques de la F i n l a n d e en 1900 et 1945. M a i s la masse des
i n f o r m a t i o n s p r o v i e n t des anciennes plages marines a u j o u r d ' h u i soulevées
istrandlines).
Ces plages se sont formées lors de montées générales d u niveau des océans,
q u i , égalant l'exhaussement d u sol, stabilisaient le niveau atteint p a r l a m e r
pendant de nombreuses années. Elles o n t été très exactement datées sur le
p o u r t o u r de l a Baltique p a r D e Geer et son école à l'aide de varves. Les varves
sont des sédiments à granulométrie alternée, de période annuelle, p a r suite
de l'intense fonte estivale des calottes glaciaires en récession. Les séquences
peuvent être corrélées sur des dépôts éloignés. Les datages a u C } i de bois
flottés o n t confirmé l'exactitude de cette méthode, et o n t été extensément u t i ­
lisés ailleurs. U n e erreur possible est de tenir p o u r marines celles q u i furent des
plages lacustres (la Baltique f u t ainsi u n lac pendant u n certain temps), mais
les coquillages q u ' o n y trouve permettent de le savoir. U n e c o r r e c t i o n d o i t
être faite p o u r tenir compte de la v a r i a t i o n d u niveau des océans. U n e autre
n o n faite car t r o p difficile devrait compenser la m o d i f i c a t i o n d u géoïde causée
par la d i s p a r i t i o n de la glace en dehors de toute déformation d u G l o b e .
Les plages n'ayant p u se f o r m e r qu'à p a r t i r d u m o m e n t où la glace avait
quitté les lieux, o n n ' a pas les premières étapes d u soulèvement dans les zones
centrales : côte suédoise entre l a rivière A n g e r m a et U m e a (plus haute terrasse,
âgée de près de 9 200 ans, 280 m , 314 m après c o r r e c t i o n ) , côte Ouest de l a
baie d ' H u d s o n (plus haute terrasse âgée de 7 000 ans : 210 m , 230 m après
correction). E n se référant à une même terrasse bien caractérisée, o n peut
tracer des lignes d'égal soulèvement o u isobases ( F i g . 7). Ce sont des ovales
réguliers, concentriques aux moraines terminales q u i , à la périphérie, m a r q u e n t
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F I G . 7. — Moraines périphériques (avec leur âge av. J.-C.)
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et isobases en Fennoscandie. D'après LLIBOUTRY, 1965.
486 ISOSTASIE

les longues périodes de stationnement o u les avances momentanées de la


calotte glaciaire.
N e citons que les dernières moraines bien développées, correspondant à une
époque où la calotte glaciaire a dû atteindre u n p r o f i l d'équilibre, et que l ' o n
peut prendre comme p o i n t de départ p o u r étudier le phénomène.
E n Scandinavie, les moraines de Salpausselka, dans le Sud de la F i n l a n d e ,
et celle de S t o c k h o l m se formèrent entre 10 700 et 10 000 ans avant le présent.
La calotte avait alors 800 x 1 440 k m , soit la taille de l'Indlandsis groenlandais
actuel. ( L l i b o u t r y , 1965, p. 856-867.) Cette calotte a disparu en 800 ans ( F i g . 8).

» Il
Angermanlond Salpausselka

Km - 4 0 0 -200 0 200 400 Km.

FiCi. 8. — Profit transversal de la calotte glaciaire de Fennoscandie (schématique).


D'après LLIBOUTRY, 1971.

A u Canada la dernière avance f u t celle de Valders, q u i détruisit une forêt


11 800 ans avant le présent (Broecker, 1966). Cette m o r a i n e f o r m e les rives
Sud des lacs Supérieur et O n t a r i o actuels. U n lac unique, le lac A l g o n q u i n ,
c o u v r a i t alors les lacs M i c h i g a n et H u r o n actuels et se déversait dans le Missis-
sipi. L a taille de la calotte peut se déduire des isobases mais aussi de l ' a n o ­
malie gravimétrique négative actuelle sur t o u t e l'aire alors englacée ( W a l c o t t ,
1970a). L a calotte s'étendait des G r a n d s Lacs et d u L a c W i n i p e g actuels a u x
montagnes de la Terre de Baflfin et d u L a b r a d o r (2 400 k m ) ; de Terre-Neuve
aux Grands Lacs de l'Esclave et de l ' O u r s (4 000 k m ) . C'est la taille de l ' A n t a r c ­
tide orientale. Elle m i t 4 000 ans à disparaître, ce q u i ne veut pas dire qu'elle
ait été 5 fois plus épaisse que celle recouvrant la Scandinavie : une calotte
glaciaire de cette taille modifie suffisamment le c l i m a t p o u r résister aux varia­
tions mondiales d u c l i m a t .
L'anomalie gravimétrique a u Canada est m i n i m a l e sur la côte Ouest de l a
baie d ' H u d s o n ( - 50 mgal) ( F i g . 9). E n Scandinavie, après lissage, son m i n i ­
m u m semble être — 25 mgal.
Très intéressante est l'évolution d u p r o f i l transversal de l a dépression. E n
Scandinavie o n peut bien l'étudier en suivant le l o n g de l a Baltique le p r o f i l
actuel d'une même plage soulevée (Sauramo, 1939). Plusieurs « charnières »
(htnge-lines) o n t joué successivement ( F i g . 10). Elles se sont succédées en sui­
vant les glaces dans leur retrait, j a m a i s distantes de plus de 100 k m d u b o r d
de la calotte. Ce n'est que lorsque la dernière a disparu, i l y a 8 500 ans, que
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MOUVEMENTS VERTICAUX 487

F I G . 9. — Anomalies à l'air libre sur le Bouclier Canadien, lissées.


D'après WALCOTT, 1970a.

toute la Scandinavie a continué à se soulever d'une façon régulière. Des c h a r ­


nières o n t été reconnues aussi a u Canada.
O n a souvent prétendu q u ' u n bourrelet périphérique, dû à la matière déplacée
dans l'asthénosphère, e n t o u r a i t l a dépression créée p a r la calotte. Les terrasses
très horizontales d u Lac A l g o n q u i n o u d'ailleurs p r o u v e n t q u ' i l n'en est rien
à petite échelle. M a i s u n gonflement très étalé, 1 000 o u 2 000 k m en dehors
de l'isobase zéro, n'est pas totalement exclu. Sur la côte N o r d - E s t des U . S. Α . ,
i l y a u r a i t eu u n enfoncement de 80 m lors d u Récent. E n E u r o p e o n cite
l'enfoncement des Pays-Bas, mais i l est peut-être lié à des phénomènes o r o ­
géniques dans le Bassin Rhénan.
T e r m i n o n s en signalant que dans le détail i l n'y a pas u n soulèvement h o m o ­
gène et c o n t i n u . Des séismes sont assez fréquents, s u r t o u t dans les régions
marginales, et le j e u des failles permet à certains blocs de se soulever plus vite
que d'autres. Ce n'est qu'à l'échelle d u siècle o u davantage que le soulèvement
est régulier.
COULOMB et JOBERT — I www.bibliolivres.com 20
488 ISOSTASIE

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RELÈVEMENT ISOSTATIQUE POST-GLACIAIRE 489

4. — T H É O R I E S DU RELÈVEMENT I S O S T A T I Q U E P O S T - G L A C I A I R E

N o t r e description d u relèvement post-glaciaire prouve q u ' i l est causé


par le départ des glaces et n o n p a r des processus orogéniques c o m m e l ' o n t
soutenu quelques auteurs russes. O u t r e l'isostasie o n peut i n c r i m i n e r la
décompression élastique de la lithosphère (une trentaine de mètres) q u i
a dû survenir t o u t a u début, et la flexion élastique de cette lithosphère,
que nous négligerons p o u r l'instant.

4.1. — Equations pour une viscosité linéaire uniforme. — Faisons


d ' a b o r d la théorie en supposant une asthénosphère à viscosité n e w t o ­
nienne u n i f o r m e , d'épaisseur u n i f o r m e H à l'équilibre, reposant sur une
mésosphère rigide, et surmontée d'une lithosphère sans rigidité en flexion.

Nous négligeons la courbure d u G l o b e et nous supposons l'extension infinie dans


le sens de la longueur. L'origine est prise au centre, à l'interface asthénosphère-litho-
sphère au repos, o u vers le bas.
Les équations de Navier-Stokes et l'équation de continuité donnent trois équations
pour les deux composantes ii, w de la vitesse et la pression moyenne p (Chap. 1). O n
efl'cctue une transformation de Fourier par rapport à .x, c'est-à-dire q u ' o n cherche des
solutions de la forme :

H - / ( r ) . s Î n kx

w -- g(z).cos, kx
(I)
P — Po /î(z).cos kx Pa àk - pgz . ^1

Les trois équations deviennent :

f" -k^-f=- -khin


g"-k^g ^ h'I'i ] (2)

En éliminant Λ et / o n obtient

d4g./dz4 — 2 A:2 d 2 g - / d z 2 + Ar-4 = 0 (3)

d'où. A, B, C, D n'étant f o n c t i o n que d u temps / et d u nombre d'onde k :

g - (A Bkz) e*^ + ( C τ Dkz) e-*^ \


— (A + B + Bkz) e*^^ + (C—D V Dkz) e''^^^ (4)
Λ -- 2 rik(B e*^^ f D e ''') .

A l'interface asthénosphcre-mésosphère ( z H), f et g doivent être nuls. A la


limite supérieure, la vitesse horizontale u, et donc / doit être nulle. Cette limite supé­
rieure est z ^ ζ(.ν), mais comme kÇ \, on écrira la c o n d i t i o n p o u r z = 0, ce q u i
donne :

A + B—C~^D = 0. (5)

(S'il n'y avait pas de lithosphère, la c o n d i t i o n serait

7iz - <iijcz : cwjcx 0 , d'où A , B ^ C — D ^0) .

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90 ISOSTASIE

L a dernière condition est Oz ^ Po pour z = ζ, car on néglige la rigidité de l'asthéno­


sphère.

cw
σζ ρ — 2η = (h+ 2 vkf) cos kx dk + pgC - 0 (6)
J 0

ce q u i s'écrit, d'après (4), (5) et (6) où l ' o n fait z = ς « 0

(A-'Okœs kx.dk = . (7)

Les 4 équations (5), (7),/(//) = OetgiH) ^ 0 sont linéaires en/1, B, C, D. Résolvons-


les dans deux cas extrêmes : kH |> 1 et kH <^ 1.

4.2. — Asthénosphère extrêmement épaisse {kH > 1). — A = B = 0 ; et C = D, q u ' i l


y ait o u non une lithosphère. D'après (1) et (4) la vitesse verticale pour z = ζ = 0
est :

K C cos kx. dk . (8)


et
0

N'oublions pas que C est fonction de k, si bien que cette intégrale peut être conver­
gente. E n comparant cette valeur de cÇIct à celle tirée de (7) :

C = - - - - (9)
et 2 ,/k T(k)- ^'

D'où C par intégration et finalement ζ sous forme d'une intégrale de


Fourier ;

C = a(/c)e-'/''*'"/ccos/cxd/c. (10)

L a « constante de temps » T{k) dépendant de la longueur d'onde


/ = 2 π/Α:, le r e t o u r à l'équilibre ne se fait pas selon une l o i exponentielle,
comme o n l'a t r o p souvent écrit. Si par exemple p o u r t = 0 :

C(0) = Co cos (πχ/2 L ) (11)

dans l'intervalle ( — L , -t- L ) et ζ(0) = 0, ailleurs, la transformée de F o u ­


rier correspondante est, démontre-t-on :

C(k) = 4nL l'^°^, = 2na{k).k. (12)


π' - Ak' U

L a densité spectrale varie peu lorsque k varie de 0 à π/2 L. C o m m e


7^(^:) = 2 ηk/ρg, toutes les constantes de temps entre zéro et πη /pgL
seront aussi bien représentées, et n o n pas seulement cette dernière c o m m e
dans u n exposé élémentaire, où l ' o n assimile le p r o f i l ζ{χ) à une sinusoïde
indéfinie.
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RELÈVEMENT ISOSTATIQUE POST-GLACIAIRE 491

4.3. —Asthénosphère très mince (kH<^ 1). — L a c o n d i t i o n (5) nous permet de poser

A -i- B ^ C—D = a. (13)

Posons également :
A + C == h, A^C = c. (14)

Les conditions à la limite inférieure s'écrivent alors, en ne conservant que les deux
premiers termes d u développement limité :

/(//) = kH(4 a — b) — k^Hïc


(15)
g(H) = b + k2 / / 2 ( 4 a — b)l2 .

D'où
b ==-—cki //3/2 .

Compte tenu de ^-(0) = A + C = b, \a vitesse verticale en z = ζ x 0 est

^1 b(k,t).cos kx.dk = γ- c(k, t).ki cos kx.dk (16)


8t

alors que d'après (7) :

c= PS J
c(k, t).k.cos kx.dk . (17)

E n comparant ces deux équations :


2>iëc //3
= Trk^ c (18)
pg et 2
d'où ί·, et finalement ζ sous la forme d'une intégrale de Fourier :

.e,,p{-''-^fl). kcoskx.dk. (19)

Les constantes de temps T(k) = 4 η/pgH^ k^ ne sont plus p r o p o r t i o n ­


nelles à k c o m m e p o u r H = co, mais à k~^. Si nous reprenons l ' e x e m p l e
de l'évoludon d ' u n e dépression ayant à l ' i n s t a n t ί = 0 l a f o r m e d ' u n arc
de sinusoïde, l a densité spectrale est t o u j o u r s l a même (éq. (11)), mais
le spectre des constantes de temps est cette fois bien f o u r n i entre

T{n/2L) = \6nL^/n^pgH^
et l'infini.

O n p e u t aussi bien d r e r de (16) et (17), o u directement de (19) une


équation simple en ζ (*)

avec D = (20)

(*) Des calculs inexacts quant aux conditions aux limites avaient précédemment conduit
des facteurs 1/3 (van Bemmelen et Berlage, 1954) o u 1/12. ( L l i b o u t r y , 1965, 1971 ; A r t y u s h -
ov, 1967), au lieu de 1/4.
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ISOSTASIE

C'est une équation de diffusion, ce q u i ne d o i t pas surprendre car, dans


une tranciie de largeur (selon oy) unité, le v o l u m e d'asthénosphère se
conserve, et son flux, le débit q est p r o p o r t i o n n e l au gradient de ζ :

dqjdx = δζΙδί (21)

q = c ( f e ) k' sin kxàk= D^. (22)


0 ox

Notons que si au départ H n'était pas uniforme, mais valait H + H\{x) {H\ <ξ H),
D deviendrait D ( l + 3 H\IH). L a valeur de q (éq. (22)) est modifiée, et en la portant
dans (23) o n n'obtient plus exactement l'équation de diffusion (20) mais :

O n peut alors observer une onde de crue se propageant à la vitesse — 3 DHi/H


et s'étalant par diffusion au cours de sa propagation. En particulier le simple enfonce­
ment C = — H i crée une telle onde, q u i sera centripète puisque 8ζ/8χ = —• H{ < 0.
La solution de l'équation de diffusion (20) q u i prend la valeur f ( x , 0) à l'instant
t = 0 est, sait-on :

(χ — χΎ
ς(Λ-, t) = -,_ d A - ' . ζ{χ', 0).exp (23)
jAnDt J _ 4Dt

O n approchera le profil de départ ζ(χ, 0) par une fonction permettant l'intégration.


V a n Bemmelen et Berlage avaient pris

(24)
ζ(χ,0) - C„exp(—xilLi).
O n trouve alors :

(25)
(1 - I - 4 D / / Z . 2 ) i /

A l'origine la l o i suivante q u i , verrons-nous, est bien vérifiée par les mesures, lie ζ(0, /)
à la vitesse de soulèvement v = — 8f(0, t)ldt :

ζ'ΐυ = ζΐ L'I2 D. (26)

Avec le profil de départ (24) l'isobase 0 serait à l'infini. Aussi A r t y u s h k o v (1967)


prend un profil de la forme :

ζ{χ, 0) = C„ (l - g) . Σ C„ exp (- g) . (2T)


n

La l o i (26) n'est alors valable qu'en première a p p r o x i m a t i o n , pour / <^ L^I4 D.

4. — Modèles plus complexes. — O n peut facilement étendre la théorie au modèle


tridimensionnel. Si o n reste dans l'hypothèse d'une asthénosphère mince, l'équation
de diffusion (20) deviendra :

(28)

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RELÈVEMENT ISO STATIQUE POST-GLACIAIRE 493

La solution en est

dx' dy'.ζ(χ', y', 0).exp (29)


V4 nDtjJ_ 4Dt

En particulier si l ' o n adopte avec Artyushlcov (1967)

- Γ, •^^ 0 , 6Λ^ 2η
//0,6 ν ^ Γ •^•^ /0.6 2
(30)

la solution peut s'obtenir sous forme finie.

11 y a s u r t o u t intérêt, en restant dans le cas bidimensionnel, à passer


à des modèles à plusieurs couches, chacune ayant une viscosité et u n e
densité uniformes. Les transformées de F o u r i e r /, g, h, etc. obéiront
t o u j o u r s à des équations différentielles linéaires à coefficients constants
analogues au système (2), et a u r o n t d o n c des solutions où i n t e r v i e n d r o n t
linéairement des constantes arbitraires A, B, C, D... c o m m e dans (4).
P o u r égaliser vitesses et contraintes à toutes les interfaces, et écrire les
c o n d i t i o n s à la surface libre, o n p r e n d r a les valeurs d e / , g, h... aux i n t e r ­
faces dans leur p o s i t i o n initiale (de même q u ' o n avait pris leur valeur
p o u r z = C S i 0). Les équadons en A, B, C, D... sont alors toutes linéaires
et homogènes (sans second membre), à l'exception de celle d o n n a n t l a
pression en surface, c'est-à-dire traduisant la cause des déplacements
(éq. (7) dans le cas d'une seule couche). F(A, B, k, t) étant une f o r m e
linéaire en A, B, C, D... cette dernière équation sera :

C(x, 0 = F(A, B, k, t) cos kx dk (31)

Le problème serait en général très pénible à résoudre, si nous voulions obtenir


ζ(χ, t). Mais i l en va tout autrement si l ' o n part d ' u n profil ζ(χ) mesuré sur le terrain
à un certain instant /„. O n peut alors en faire l'analyse de Fourier, qui donne Z{k)
et la dernière équation devient également linéaire :

F(A,B,...,k, to)^-Zik). (32)

C'est ce genre de calculs qu'a fait M e Connell (1965). I I considère également le cas
où la première couche, la lithosphère serait élastique.
Pour cette couche élastique, u et M' représentant cette fois les déplacements, f et g
leurs transformées de Fourier en cos kx, λ et μ les coefficients de Lamé :

f" — k'-f^—khlp

g" — k^g = h'iM (33)

g' +kf=-~hl(À + μ).

Autrement d i t le cas de la viscosité est formellement identique à celui de l'élasticité


en faisant 1 = aj, μ ----- ëiijiit. T o u t ce q u ' o n vient de dire reste donc valable, le système
linéaire d'équations algébriques en A, B... devenant u n système linéaire d'équations
différentielles d u premier ordre en A, B...

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94 ISOSTASIE

M e C o n n e l l a ainsi o b t e n u le spectre des constantes de temps T{k)


p o u r différents modèles. O n a v u que p o u r une lithosphère d'épaisseur
négligeable et une seule couche visqueuse

T{k) = 2 ηk|pg si kH > \

T(k) = 4 η/pgH^ k^ si kH <\. ^^^^

L a figure 11 m o n t r e c o m m e n t l ' o n passe de l'une à l ' a u t r e l o i selon la


valeur de kH. L a figure 12 correspond à 2 couches visqueuses super­
posées et la figure 13 a une couche élastique s u r m o n t a n t u n demi-espace
visqueux. E n les c o m p a r a n t o n notera que l'effet d'une couche élastique
o u d'une couche m o i n s visqueuse que le demi-espace dessous sont assez
semblables. A cause de cela i l f a u d r a t r o u v e r u n m o y e n indépendant
p o u r calculer les propriétés de l a lithosphère.
U n e dernière extension de l a théorie est de passer a u problème t r i d i ­
mensionnel dans une sphère formée de couches homogènes concentriques,
c o m m e l ' o n t fait T a k e u c h i et Hasegawa (1965). O n a d m e t t r a toutefois
que le vecteur vitesse est r a d i a l en posant :

u = F„{r).grad W„ + G„{r).T.W„ (35)

où W„ est u n h a r m o n i q u e sphérique de degré n d u géopotendel. Les


calculs sont si compliqués que ces auteurs ne les o n t fait que dans le cas
d'une seule couche visqueuse.

F I G . 1 1 . — Constante de tettips T fonction du nombre d'onde k, dans le modèle


d'une couche visqueuse homogène d'épaisseur H recouvrant un demi-espace rigide.
D'après MCCONNELL, 1 9 6 5 .

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RELÈVEMENT ISO STATIQUE POST-GLACIAIRE 495

Une autre voie de recherche est d'étudier les effets d'une viscosité non
linéaire, mais fonction des contraintes (Lliboutry, 1971).
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496 ISOSTASIE

4.5. — Exploitation des données du soulèvement post-glaciaire de la Fenno­


scandie. — L a l o i d u soulèvement a u cours d u temps n'étant pas exponentielle,
il n'est pas étonnant q u ' o n trouve p o u r le centre de l a Fennoscandie une cons­
tante de temps apparente T{k) croissant de 700 ans pendant les premiers siècles
à 10 600 ans p o u r les derniers 4 000 ans ( F i g . 14). Sur l a périphérie des calottes
seule la première valeur est perceptible, d'après l'étude de W a s h b u r n et Stuiver
p o u r le N o r d - E s t d u G r o e n l a n d o u de Broecker (1966) p o u r les terrasses d u
lac A l g o n q u i n . Parce q u ' i l suppose une seule constante de temps, les c o n c l u ­
sions de C r i t t e n d e n (1967) concernant l'assèchement d u lac Bonneville son
sans valeur.

F I G . 14. — Enfoncement de la Fennoscandie en fonction du temps, en coordonnées


semi-logarithmiques. L'enfoncement subsistant à l'époque actuelle a été estimé
égal à 170 m , par extrapolation de la droite ( F i g . 15). L a pente de la courbe f o u r n i t
une constante de temps apparente T, q u i croît à mesure q u ' o n se rapproche de
l'équilibre. D'après LLIBOUTRY, 1971.

D e même est périmée l'idée de M u n k et M e D o n a l d selon laquelle le gonfle­


ment équatorial d'origine n o n hydrostatique p r o v i e n d r a i t de l a réponse retar­
dée d u G l o b e a u ralentissement de sa r o t a t i o n (Chap. 19), o u même de l a réponse
à la fonte des calottes polaires ( M e Kenzie, 1967 réfute cette deuxième h y p o ­
thèse, et c r o i t ainsi p r o u v e r la première). O n ne dispose donc d'aucune étude
correcte des réajustements isostatiques comparés de régions de tailles très
différentes.
L a vitesse de soulèvement υ d u centre de la Fennoscandie a suivi très cor­
rectement la l o i de v a n Bemmelen et Berlage (éq. (4.26)), c o m m e le m o n t r e
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RELÈVEMENT ISOSTATIQUE POST-GLACIAIRE 497

la figure 15 où t;''^ a été porté en fonction de la hauteur actuelle h de la plage


formée à l'instant t. On ne s'écarte d'une droite que pour les premiers siècles,
où le mouvement a été ralenti par suite de la glace subsistant encore, mais
très augmenté par la décompression élastique accompagnant la fonte de cette
glace. En prolongeant la droite, i; = 0 pour h = — hg, avec Λο = 170 ± 15 m .
C'est là le soulèvement restant à s'accomplir, valeur qui concorde bien avec
celle tirée de l'anomalie gravimétrique :

- /îo ~ — = 7,1 m/mgal (36)

soit 170 m si Ag- = — 24 mgal. La pente de cette droite, υ^^^/ζ, donne ;

ζ V u = Co L'/2 Z) = 580 ± 100 k m ^ a n . (37)

-170 -100 0 100 200 300


H (m)

F I O . 15. — Vitesse de soulèvement de la Fennoscandie à l'instant t, élevée à la


puissance 1/3, en fonction de la hauteur actuelle de la plage formée à l'instant t.
Quelques valeurs de / sont portées à côté des points correspondants. L a droite a
été ajustée en omettant le point correspondant à 7042 av. J . - C .

La dépression à l'instant ί = 0 fut 314 m (hauteur de la plus ancienne ter­


rasse, formée i l y a 9 000 ans) -t- 170 m restant à se soulever -t- le soulèvement
pendant le premier millénaire, alors que la limite de la calotte régressait de
l'emplacement de Stockholm à l'embouchure de l'Angerma. En estimant ce
dernier terme à 100-120 m, = 0,60 + 0,03 km. L « 400 km, mais notre
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498 ISOSTASIE

modèle envisage une calotte indéfiniment allongée. U n meilleur calcul, en écri­


vant l'équilibre hydrostadque d'une calotte de la taille et de l'épaisseur de
r i n d l a n d s i s groenlandais, donne ( L l i b o u t r y , 1971) L = 380 k m . O n tire alors
de (37)

D = 42,2 ± 6 km^/an (38)

et l'instant ? = 0 se situe 9 900 ans avant le présent. ( O n sait que les glaces
commencèrent à évacuer la région entre 10 000 et 10 700 ans avant le présent,
mais le modèle suppose une fonte instantanée.)

L a r e l a t i o n D = pgH^jA η c o n d u i t alors à :

= 324 bars/km ^3 ^ ^ ^ ^ 2 0 ^ (^/100 k m ) ^poises . (39)


4 X 42,2km7an

Reste une inconnue, l'épaisseur H de cette couche sous la Fennoscandie.

A r t y u s h k o v (1967) adopte une s o l u d o n plus exacte (éq. (30), où C j = 0,68 ;


C2 = - 0,85 ; C 3 = 0,69 ; C 4 = 0,48). Les étapes d u relèvement sont alors très
bien restituées si Λο = 150 m et τ = 4 DtjL^ = 0,75. I l adopte t = 10 000 ans
et considère que la calotte disparue avait p o u r grands axes 1 800 x 3 000 k m
(au lieu de 840 x 1 400 k m ) ; d'où £ ) = 1 5 km^/an {D = 3,3 km^/an avec
des dimensions plus vraisemblables). C o m m e son expression de r\ en f o n c t i o n
de D est aussi erronée d ' u n facteur 3, c'est finalement

η = 1,1 X 10^" x (///100 kmf

que l ' o n t r o u v e r a i t , et n o n c o m m e i l l'annonce 0,6 x 10^° {HIlOO k m ) ^ .

E n prenant des modèles à plusieurs couches, signalons u n résultat récent


de Cathles (1971) : η = 4 x 10^° poises dans une première couche visqueuse
de 75 k m , et = 10^^ poises en dessous.
L a méthode de M e C o n n e l l se heurte à la difficulté de faire une bonne ana­
lyse h a r m o n i q u e des profils, s u r t o u t dans le domaine des grandes longueurs
d'onde. Aussi ne cherchent-ils à rendre compte que de l a partie d u spectre
des T{k) p o u r les fortes valeurs de k. L a figure 16 donne deux modèles satis­
faisants.
E n résumé, le soulèvement post-glaciaire semble m o n t r e r l'existence d'une
couche plus fluide de viscosité inférieure à 10^^ poises que l ' o n a toutes raisons
d'assimiler à la couche à faible vitesse des sismologues, entre 100 et 200 k m
de p r o f o n d e u r e n v i r o n . M a i s en dessous la viscosité n'est multipliée que p a r
u n facteur entre 10 et 100. P a r m i les modèles avancés p a r différents auteurs,
le modèle de Cathles semble le plus vraisemblable.
Par ailleurs le relèvement post-glaciaire ne f o u r n i t a u c u n a r g u m e n t q u i
permette d'affirmer que la viscosité n'est pas newtonienne dans l'asthénosphère.
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PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES DE LA LITHOSPHÈRE 499

Ί',ν/
Ί V'/V
^,,,^11^ Elastiqueu=6,5x10 baryes
- t l a s t i q u e ^ = 6 , 2 x l 0 baryes / / i ; Π i , , / / /, , ,

ε βοο

S 1000
o
α
1200

21 22 20 21 22
Loq 10 (Viscosité en poises)

F I G . 1 6 . — Modèles qui rendent compte du profil des plages soulevées de Fennoscandie.


D'après M C C O N N E L L , 1 9 6 5 .

5. — PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES DE L A LITHOSPHÈRE

5.1. — Rigidité en flexion de la lithosphère : problème bidimensionnel


(chaîne de volcans). — N o u s avons déjà i n t r o d u i t au paragrapiie 1.2
le concept de régionalité. L o r s q u ' u n e charge concentrée existe sur la
lithosphère, celle-ci, agissant c o m m e une plaque élastique, répartit les
efforts sur une large surface. I l y a équilibre isostatique régional mais,
localement, l ' o n observe une forte anomalie gravimétrique à l ' a i r libre.
Faisons-en la théorie, q u i permettra d'étudier les propriétés mécaniques
de la lithosphère.
L a lithosphère est considérée c o m m e une plaque indéfinie plane d'épais­
seur ( c f Jeffreys, 1970, § 6 . 8 , p o u r ce q u i est de l'influence de la
c o u r b u r e d u G l o b e ) . Soient t o u j o u r s ζ sa déflexion vers le bas, x ei y les
coordonnées horizontales. Calculons les contraintes en ne tenant pas
compte de la pesanteur ( q u i ajoutera u n terme à seulement). Les équa­
tions générales de l'élasticité (Chap. 1) sont :

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500 ISOSTASIE

σ = Ο et, p o u r le problème bidimensionnel = 0. D o n c σ,, = νσ^ et

1 -
ε, = - (2)

O n admet que les paramètres élasdques ne dépendent pas de la p r o f o n ­


deur, et que l'épaisseur de la plaque ne varie pas de façon appréciable
lors de sa déformation. Prenons l'origine a u centre de la plaque, oz
dirigé vers le haut. O n démontre facilement que :

ε^ = - z.d^/dx^ (3)

Le m o m e n t des forces horizontales p a r unité de largeur ( m o m e n t fléchis­


sant) est :

F I G . 17. — Profil à travers l'archipel des Hawaï, montrant la fosse puis le bom­
bardement qui bordent de part et d'autre cette chaîne volcanique, ainsi que les vitesses
! des P (en km/s) fournies par la sismique réfraction. Hauteurs exagérées 16 fois,
i Au-dessus, anomalie à l'air libre. D'après WALCOTT, 1 9 7 0 6 .

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PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES DE LA LITHOSPHÈRE 501

Γ est appelé la rigidité en flexion (flexiiral rigidity). C o m m e le m o m e n t


fléchissant varie avec x, i l d o i t s'exercer sur une section x = Cte une force
par unité de largeur tendant à cisailler la plaque (effort t r a n c h a n t ) dC/dx.
L a pression verticale supplémentaire due à l'élasticité de la plaque est
à son t o u r la dérivée de l'effort t r a n c h a n t .
Considérons m a i n t e n a n t , p o u r fixer les idées, u n bassin océanique sur
lequel s'est construite une chaîne de volcans (îles H a w a i i par exemple)
( F i g . 17, 18). Prenons l'ancien niveau d u f o n d de l'océan c o m m e niveau
de référence. L a surface de l'océan est actuellement à l ' a l t i t u d e h„, l a
surface d u sol à l ' a l t i t u d e variable h. (h peut être négatif ; en p a r d c u l i e r
hors de la charge h = - ζ.) Soit p„ la densité de l'asthénosphère,
Pc celle des roches de surface, p„ celle de l'eau (notations de W a l c o t t ,
\910b et c). Dans un prisme vertical de section unité, la masse d'asthéno-
sphère déplacée est p„, ζ. L e poids supplémentaire est :
(Pr — p») h + PcC si le l i e u est en dessous d u niveau de l'océan
{Pc — pir) h,c + Pc Z + Pc ζ si le lieu s'élève à Z au-dessus d u niveau de
l'océan.

N e traitons que le premier cas. L'équilibre vertical s'écrit alors :

Γ. d4Ç/dA-t {pm — Pc) gÇ = (Pc — p,„) gll . (5)

p =3,3
/ m

F I G . 18. — Schématisation de la figure 17, et notations employées dans le texte.

Hors de la charge, h • ί et ( 5 ) devient :

Γ ά^ζΙάχ'^ + (pn, — p„) g( = 0. (6)

Nous poserons :

{Pm — Pc) glT = 4l<xi {ρ,η — Pu:) gir = . (7)

La solution générale de (6) est, les Ai étant des constantes :

ζ ^ A] e^'^ic cos (xlocic) f A2 β^'^Ί" sin (.ϊ/α„·) - f A} e •^'=""· cos (χία,ν) +


+ A4 e-^/'" sin (jc/a,„). (8)

La solution générale de ( 5 ) sera la même expression, ot,» étant remplacé par «c,
plus une solution particulière de ( 5 ) .
Pour .Y — 00, i l n'y a pas de charge, la solution est de la forme (8) et d o i t être
bornée. D o n c A} ^ A4 0. Dans l'intervalle où i l y a une charge, ζ(χ) est solution
de ( 5 ) avec quatre nouvelles constantes arbitraires S i , B 4 . Mais i l faut qu'en passant
de l'une à l'autre i l y ait continuité de ζ, d u moment fléchissant Γ ά^ζ/άχ^ et de l'effort
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502 ISOSTASIE

tranchant Γά^ζΙάχ^, c'est-à-dire de ζ et ses trois premières dérivées. D'où quatre


relations p o u r déterminer B\, ...,84 en fonction de /11 et A2. Enfin en revenant dans
une zone sans charge, et jusqu'à x = 4 œ , c'est une nouvelle solution de (6) q u ' i l
faudra prendre, avec quatre constantes C i , C 4 . L a continuité de ζ et de ses trois
premières dérivées permettra de déterminer ces quatre constantes en fonction de A1
et /42. Par ailleurs p o u r que ζ reste borné à l'infini C i = C2 = 0, ce q u i détermine
Al et A2.

Avec u n tel calcul, p o u r retrouver une deflection de la lithosphère sous la chaîne


des H a w a i i correcte, o n d o i t admettre une rigidité en flexion très faible, totalement
inacceptable. Aussi W a l c o t t (1970 b) admet me fracture de la lithosphère sous l'axe
des H a w a i i . M o m e n t fléchissant et eff"ort tranchant doivent alors être nuls en ce lieu,
ce q u i f o u r n i t les deux c o n d i t i o n s nécessaires p o u r finir de déterminer Bi, B4.

5.2. — Rigidité en flexion de la lithosphère : cas général. — Traitons d'abord le cas d'une
charge ponctuelle, pour trouver une fonction de Green d u problème. L'enfoncement dC
n'est fonction que de la distance r à cette charge. O n montre q u ' i l suffit de remplacer
dans l'équation (5) d'^jd.x'* par [ d V d r ^ + (1/*·) d/dr]2. O n se ramène facilement à une
équation de Bessel de variable complexe, dont la solution générale est :

άζ ^ A,ber( J2 r/a) + A 2 bei{ J2 r/a) ~\ A^ ker{ J2 rjy) + A 4 kei{ ^ 2 rjoi) . (9)

Pour la définition et des tables des valeurs de ces fonctions cf. par exemple A n g o t ,
1961. Les deux premières n'étant pas bornées p o u r /- 0 0 et la troisième p o u r r = Q,
seule la quatrième convient. Elle vaut — π/4 p o u r r = 0, s'annule p o u r J2 r/a = 3,92
et présente des oscillations extrêmement amorties (premier maximum pour
J2 r/7. == 4,94, valant 0,0112).

L'équilibre isostatique entraîne, si àS est l'aire infinitésimale d'application de la


charge :

{pm — p,r)g 2 π d i ( r ) . r dr - [(Pc—Pu)gh + p,, Z - pc C(0)]d5 (10)


•1 0

le terme en Z étant supprimé si Z < 0. E n posant .^2 r/a = u :

• GO

(pm — p».)g ποι^ A4 u. du. kei u ^ [(pc — Pw) gh + p,,- Z + pc C(0)]d5 . (11)
J 0

O n démontre que l'intégrale vaut — 1. D o n c finalement

^ _ [(Pc - Pjc) h +p^Z + p , C(0)]dS f^^jj2r\ ^I


(Pm — /^c) πα2 \ α / •

Prenons cette fois l'origine des axes au p o i n t où l ' o n veut connaître ζ. E n appelant
h(r) la moyenne de h(r, 0) le long d'une circonférence de rayon r, on trouve finalement :

Ç ^ _ 2(pc — Pw)
2 ( P ^ •^^.)...d../t./(>/^^). (13,
(Pm—Pc)jg V a /

C'est ce profil q u i a été utilisé par Vening-Meinesz p o u r étaler les racines dans le
modèle d ' A i r y (§ 1.2).
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PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES DE LA LITHOSPHÈRE 503

5.3. — E v o l u t i o n au cours du temps. — Jusqu'ici o n a admis que l'état d'équi­


libre était atteint. I l en est rarement ainsi à cause des phénomènes suivants :
1" L a charge évolue au cours d u temps, soit que les volcans s'accroissent
de nouvelles coulées de laves, soit q u ' i l s soient démantelés p a r l'érosion.
2" O n a supposé que l'interface lithosphère-asthénosphère était u n niveau
matérialisé. M a i s si, selon toute probabilité, i l ne s'agit que de l a l i m i t e d'une
fusion partielle, i l y aura toute une évolution t h e r m i q u e complexe, dépendant
non seulement de l'enfoncement ζ, mais aussi des variations d'épaisseur de la
couverture et de t o u t ce q u i survient dans l'appareil volcanique.
3° L a viscosité de l'asthénosphère a été négligée.

Si o n revient au modèle simple bidimensionnel d u paragraphe 4 . 1 , i l faut modifier


l'équation 4 . 6 . Pour kH I o n est alors conduit au système :

c(k, /).A;3.cos kx.dk

(14)

pgZ -T = 2 // c(k, t).k.cos kx.dk

d'où l'équation suivante q u i doit remplacer l'équation (5) :

fdxK (15)
dt

4° Enfin o n a négligé la viscosité de la lithosphère elle-même. Si elle est


négligeable à l'échelle de 10 000 ans, l o r s q u ' o n étudie les soulèvements post­
glaciaires, elle devient appréciable au-delà d u m i l l i o n d'années, comme le
montre la figure 19, tirée de W a l c o t t (1970c). Les rigidités en flexion Γ déter­
minées sont d ' a u t a n t plus faibles que la mise en place de la charge est plus
ancienne. (Les calculs de W a l c o t t sont i n c o m p l e t s , mais le résultat q u a l i ­
t a t i f demeure.)

Ll nous faut en effet reprendre le calcul de W a l c o t t , q u i a adopté un modèle


unidimensionnel de visco-élasticité alors que les milieux continus o n t trois dimensions.
En prenant pour schéma rhéologique u n corps de Maxwell tridimensionnel on aboutit
aux équations 1-3-15 et 1-3-16, soit pour Oz n u l :

Ll 1 — 32 2 — , 1
βχ . (16)
Edt^ £2 " èti
7, η et
Le calcul se poursuit alors comme au paragraphe 5 . 1 . E n posant :

{Pm — Pw) g
(17)
4Γ 3

o n obtient finalement l'équation suivante q u i doit remplacer (6) :

Ô2 C 8^ 62 V d
CX'- CT
+ 4
'm X—v^dt
. 7Γ. +
4(1 — v2) c = 0. (18)

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ISOSTASIE

ρ Lake Agossiz

S 25

c 2 4 H ^ " ^ ^ Algonquin ^ \ V/ÎL/Ll


ι 1 ^ ° * ° ' ' ° " Archipelago
Caribou v-/^ff7m\ Island Arcs
MountainT
c 231-
T= 10* ans ^\ \

ce
22|- AtzA-g Bonneville
o

Log^Q ( T e m p s en années)

F I O . 19. — Rigidité en flexion apparente de la lithosphère, ealculée à partir de


charges apparues ou disparues à des époques plus ou moins reculées. D'après WALCOTT,
1970c.

Cherchons des solutions de la forme ζ = Ε{τ).Ζ(Χ). E n substituant cette valeur


dans (18) o n obtient le système suivant où λ est une constante arbitraire :

d^Z
àX* 4 ; . z=0 (19)

2—v dF 3F
7 = 0. (20)
I _V2 dt ' 4(1 — v2)

L'équation (19) n'a de solutions bornées à l'infini que si A est positif. Elles seront d u
type (8), OÎW étant remplacé par ιχινίλ"·*. L'équation (20) a pour solution :

F = Al ePi' + Al t"2 (21)

pi _λ — 2 + αν± JX^ — αλ + ai _ 1 —2 v
(22)
pt^~ 2(1-;.) ""l.Z'v^f

p\ reste toujours assez voisin de — 1, ce q u i donne une constante de temps voisine


de 3 ηΙΕ. Pour 0 < A < 1, P2 < — 1 ; lorsque À tend vers 1 par valeurs inférieures,
— 0 0 . O n a donc alors une constante de temps plus courte, et le terme corres­
pondant sera rapidement a m o r t i . Par contre pour A > 1, une instabilité apparaît : des
plissements très amortis de longueur d'onde 2 πα,ί,/Α'/'· se développent et la charge coule
à pic dans l'asthénosphère. L a théorie des plaques minces cesse toutefois d'être valable
lorsque la longueur d'onde devient d u même ordre de grandeur que l'épaisseur de la
lithosphère.

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BIBLIOGRAPHIE 505

^ e s t de l'ordre de 10 11 pascals 10'2 baryes. Si Test de l'ordre de 105 ans » 3 :< 10'2 s,
comme l'affirme Walcott, la viscosité moyenne de la lithosphère est = ETji % 102·*
poises.
N'oublions pas que cette théorie suppose que la lithosphère a une certaine viscosité
linéaire, c'est-à-dire ne subit aucun écrouissage, ce q u i est extrêmement douteux à
basse température.

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CHAPITRE 18

MARÉES TERRESTRES

par

Georges JOBERT

1. — I N T R O D U C T I O N

Les marées terrestres sont de petits phénomènes p r o d u i t s à l'intérieur de


la Terre p a r le c h a m p newtonien des astres d u système solaire. A l o r s que p o u r
étudier les mouvements de r o t a d o n de la Terre dans ce c h a m p , i l est indis­
pensable de prendre en considération l'aplatissement de l a planète, cela n'est
pas nécessaire p o u r étudier les marées terrestres, au moins dans une première
a p p r o x i m a t i o n où l ' o n néglige les courants dans le n o y a u fluide.
N o u s développerons d ' a b o r d la théorie q u i donne l'expression d u c h a m p
perturbateur dérivant d u potentiel de marée, puis nous m o n t r e r o n s c o m m e n t
ce c h a m p se manifeste, compte tenu de la déformation d u Globe. N o u s décri­
rons rapidement les méthodes et les instruments utilisés, puis les résultats
obtenus p a r l ' e m p l o i des pendules h o r i z o n t a u x et des gravimètres. Les mesures
sont affectées p a r les marées océaniques, q u i constituent la réponse des mers
et des océans a u même p o t e n t i e l perturbateur.
U n e certaine dissipation de l'énergie mécanique, inévitable dans u n solide
imparfaitement élastique, se t r a d u i t en principe p a r u n déphasage entre l'effet
observé et l'eflfet théorique et p r e n d une i m p o r t a n c e considérable dans l'évo­
l u t i o n d u système Terre-Lune.
Si l ' o n tient c o m p t e des c i r c u l a t i o n s possibles dans le n o y a u fluide, o n p e u t
mettre en évidence, sous certaines c o n d i t i o n s et en négligeant t o u t effet élec­
tromagnétique, une v i b r a t i o n p r o p r e a u voisinage de 24 heures. Ces résultats
théoriques ne sont pas nettement confirmés p a r l'observation, à l'heure actuelle.

2. — F O R C E S E T P O T E N T I E L D E MARÉE

C o m p t e t e n u de leur faible a m p l i t u d e i l est légitime de composer linéaire­


ment les forces de marée dues aux différents astres.

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08 MARÉES TERRESTRES

Considérons donc deux astres {A) et {A') de masses respectives M


et M', à symétrie sphérique a u t o u r de leurs centres A et A'. U n e p a r t i ­
cule de {A), de masse unité, placée au p o i n t P, subit de la p a r t de l'astre
{A') une a t t r a c t i o n q u i est la même que si la masse M' était concentrée
en A' :

γ = GM' PA'iPA'y^ {G constante de N e w t o n ) .

Le m o u v e m e n t de A, centre des masses de (A), est celui d ' u n p o i n t de


masse M soumis à la résultante de toutes les forces subies p a r les p a r t i ­
cules de (A). L ' a c t i o n de (A) sur (Α') étant égale et opposée à celle de
(Α') sur (A), cette résultante 31 est portée p a r A A ' et égale à :
-3
31 = GMM' ΑΑ'(^^')

Dans u n trièdre de référence lié à (A), en m o u v e m e n t de t r a n s l a t i o n ,


l'accélération d'entraînement de toute molécule P de (A) est donc
égale à ÎR/M.
L a force apparente due à l ' a c t i o n perturbatrice de l'astre (Α') sur la masse
unité placée en P est donc dans ce trièdre :

f = γ - = GM'[PA'(PA')-'' - AA'(AA')-^~\ . (1)


Cette force, appelée force de marée, apparaît comme u n effet différentiel
dû aux dimensions finies de l'astre (A) (Fig. 1) :

F I G . 1. — Attraction de (Α') sur P et force de marée résultante f.

+ GM'{(PA')-' - AP.AA'(AAT^)

W est le p o t e n t i e l de marée.
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FORCES ET POTENTIEL DE MARÉE 509

Posons :

PA=^ R AA' = D PAÂ' = z ( F i g . 1)

z ne diffère de la distance zénithale Z de A' en P que d ' u n angle inférieur


à l a parallaxe de A'. U t i l i s o n s l a f o r m u l e d u développement de {PA')~^
( C h a p . 2 5 , f o r m u l e (5)).
ce

(PA'y' = (R^ + - 2 DR cos ζ)-""" = D " ' X (Λ/D)" P„(cos z ) .


n= 0

Par ailleurs ;

A P . A A ' = RD cos z = RDPi{cos z) .


!
I Ainsi :

• ^ - ^ . Σ (^)"^c„sz) (2,

j à l a quantité {l/D) près, constante dans (A).

L'astre (A) étant l a Terre, les astres d u système solaire sont à des distances D
considérables p a r r a p p o r t au r a y o n R. O n se borne en général, p o u r le potentiel
de marée, a u p r e m i e r terme de l a série :

W2 = GM' R\3 cos^ z - 1)/2Z)3 . (3)

C o m p a r o n s ce potentiel a u potentiel d ' a t t r a c t i o n de l a Terre en P : GMR~^ ;


leur r a p p o r t est a u m a x i m u m :

Γ = ( M ' / M ) {RjDf .

Pour l a L u n e ( A n n u a i r e d u B u r e a u des Longitudes, 1971) : M'/M = 1/81,30


R/D = 1/60,27 p o u r u n p o i n t de l'équateur terrestre, d'où :

= 5,618.10"» .

Pour le Soleil :

M'/M = 332 958 R/D = 1/23 455

d'où

Ps = 2 , 5 8 0 . 1 0 - ' = 0,46 A ·

Les autres planètes n'interviennent p r a t i q u e m e n t pas ( v o i r p o u r t a n t p . 523).


Le terme suivant d u développement, W^, est p o u r l a L u n e 60,27 fois plus p e t i t
que
O n peut déduire de (3) les valeurs des composantes de la force de marée
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510 MARÉES TERRESTRES

agissant en P suivant le r a y o n vecteur et l a d i r e c t i o n perpendiculaire dans le


p l a n PAA' ( F i g . 1)

dW^ _ GM' R
fr = : (3 cos^ z - 1)
BR ~ D'
(4)
ôW 3GM'R .
L = — sm z cos z .
R dz

L a force f est radiale et maximale — à une distance R donnée de ^ — p o u r


les points d u diamètre AA' et a des valeurs égales et opposées en deux p o i n t s β
et B' symétriques p a r r a p p o r t à A ( p o u r la première a p p r o x i m a t i o n (^2)·
Ceci p r o v i e n t évidemment de ce que l ' a t t r a c t i o n de (Α') sur B est supérieure
à celle sur A, cette dernière étant à son t o u r supérieure à celle sur B'.
Les effets de la L u n e et d u Soleil se c o m b i n e n t de façon complexe, compte
tenu de la p o s i t i o n de ces astres p a r r a p p o r t à la Terre. L'effet résultant est
m a x i m a l lorsque la L u n e et le Soleil sont en c o n j o n c d o n o u en o p p o s i t i o n et
particulièrement lors des éclipses.

Pôle Nord
3. — O N D E S D E MARÉE

Dans les expressions (3) et (4)


d u paragraphe 2 l'angle z et la
Lune
distance D sont variables dans
le temps. O n peut calculer
(Fig. 2) z en f o n c t i o n de l'angle
horaire H et de la déclinai­
son δ de l'astre perturbateur,
de la latitude θ et de la l o n g i ­
tude φ d u p o i n t d'observa­
d o n P, en u d h s a n t la f o r m u l e
d ' a d d i t i o n des fonctions de
Legendre (chap. 25, f o r m u l e
F I G . 2. — Calcul de la distance zénithale z
en fonction de H, δ et Θ. (19)) :

P„(cos z) = P„(sin 01 P„(sin δ) + Σ ^ « ( s ' " '^) ^""(«ίη δ) cos m(H - φ)


m=l

avec le cas particulier (n = 1) :


cos z = sin θ sin δ + cos θ cos δ cos {H — ψ).

Au facteur c o m m u n GM' R^ près, o n a trois termes dans le


potentiel W2 :
Zonal :

W2,o = P2(sin Θ) PAsm δ) ( F i g . 3) .


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ONDES DE MARÉE 511

'A'

F I G . 3. — Répartition du potentiel de marée :


a) Terme zonal ;
b) Terme tesséral ;
c) Terme sectoriel.

Tesséral :

W2,i= P l ( s i n Θ) Plisin δ) cos (H - ψ),

Pi(sm 0) = 3 sin 0 cos 0 .

Sectoriel :

W2,2 = Plism 0) Plisin δ) cos 2 ( H - φ),

Plisin Θ) = 3 cos^ 0 .

Le facteur c o m m u n a une période annuelle p o u r le Soleil, mensuelle


(28 j ) p o u r la L u n e . (sin δ) varie c o m m e sin 2 <5 o u cos 2 5 et corres­
p o n d donc à des marées semi-annuelles p o u r le Soleil et semi-mensuelles
p o u r la L u n e . L e terme cos (H — φ) a une période d i u r n e , le terme
cos 2(// — φ) une période semi-diurne.
C o m p t e tenu de l'ellipticité de l ' o r b i t e de la Terre a u t o u r d u Soleil,
et de la trajectoire complexe de la L u n e , δ et H varient de façon complexe
et o n a intérêt à i n t r o d u i r e des quantités variant peu en f o n c t i o n d u temps.
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12 MARÉES TERRESTRES

D o o d s o n (1954) a utilisé la théorie d u m o u v e m e n t de la L u n e de B r o w n


et employé les quantités suivantes :

τ : temps lunaire m o y e n ,
\ seth: longitudes moyennes de la L u n e et d u Soleil,
I p et Ps : longitudes d u périgée l u n a i r e et d u périhélion, (1)
N : longitude d u nœud ascendant de la L u n e .

Le temps solaire moyen t est lié a u temps sidéral et à τ par les formules :

= t + h = τ + s. (2)

Si T est le temps compté en siècles de 36 525 j solaires moyens (jsm) à


p a r t i r d u l " j a n v i e r 1900 à 0 h ( T U ) o n a p a r exemple :

s = 2770 022 362 + 481 267,883 142 T - 0,001 133 + 0,000 002 .

U n e fois tous les termes développés en fonctions h a r m o n i q u e s des


combinaisons linéaires des quantités (1) o n o b t i e n t les « ondes de marée » .
L ' a m p l i t u d e étant évaluée en cm^/s^, les ondes principales, d ' a m p l i t u d e
supérieure à 1 000 cm^/s^, sont les suivantes (Bartels, 1957). (Cette a m p l i ­
tude d o i t encore être multipliée p a r u n facteur inférieur o u égal à l'unité
dépendant d u type d'ondes et des coordonnées géographiques) :

1" Oiuks à grande période

Période (jsm) A m p l i t u d e (cm'/s^) Origine {_ : lunaire


0 : solaire

SSa 182,621 1 909,6 déclinaison Θ


27,555 2 163,0 ellipticité :(
Mm orbite
13,661 4 099,1 déclinaison ;(
Mf
2" Ondes diurnes :

Période (h mn)

βι 26 53 1 891,0 ellipticité ÎQ
O, 25 49 9 876,8 onde principale i[
Mi 24 50 1 229,1 ellipticité C
Px 24 04 4 600,2 onde principale Θ
Kl 23 56 13 902,3 déclinaison ((_ Θ
(jour sidéral)

3" Ondes semi-diurnes :

N2 12 39 4 556,4 ellipticité ^
12 25 23 798,2 onde principale J
S2 12 00 11 081,5 onde principale O
K2 II 58 3 015,3 déclinaison ί 0

Nous ajouterons à ces ondes l'onde tiers diurne lunaire, provenant de WT, :
M} 8 17 311,3 aisément mise en évidence
dans les analyses.

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DÉFORMATIONS DE LA TERRE DUE AUX MARÉES 513

Chacune des ondes principales est accompagnée d ' u n n o m b r e parfois


i m p o r t a n t de raies satellites. O n a u n spectre théorique très riche, c o m p ­
tant p a r exemple près de 20 ondes diurnes d ' a m p l i t u d e supérieure à
100 cm^/s^. Les résultats de D o o d s o n o n t été confirmés p a r une étude
récente ( C a r t w r i g h t et Tayler, 1971).

4. — D É F O R M A T I O N S DE L A TERRE D U E A U X MARÉES

Le potentiel p e r t u r b a t e u r étant très p e t i t devant le potentiel n e w t o n i e n


p r o p r e de la Terre, les déformations élastiques q u ' i l p r o v o q u e relèvent
de la théorie linéaire (Chap. 4 ) . O n peut dans ces calculs négliger l ' a p l a -
dssement de la Terre et par suite utiliser les résultats d u chapitre 7.
N o u s avons v u que sous l ' a c t i o n d ' u n potentiel p e r t u r b a t e u r h a r m o ­
nique :

W = AR^ S2 avec S2 = P^ism Θ) ' ^ . ^ ^ " ^ ^ = 0,1,2) (1)


sin ιηφ

0, φ étant la latitude et la longitude d u p o i n t à la distance R d u centre,


le déplacement élastique dans une sphère gravitante peut s'écrire :

u = y,iR)S2.v + Ry^iR) grad ^ , (2)

V est le r a y o n vecteur unité. N o u s poserons encore :

V * = (R grad S2)IS2 ; (3)

7, et y^ sont solutions d u système d'équations différentielles (Chap. 7, § 3)


qui f o u r n i t également le potentiel :

iV+w = y,iR) S2 (4)

où w représente la v a r i a t i o n d u potentiel newtonien U, p r o d u i t e p a r la


v a r i a t i o n de la densité q u i accompagne la déformation ; le calcul f o u r n i t
aussi :

y,iR) = y',(R) - 4 nGpç,(R) y,(R). (5)

Cette quantité est p r o p o r t i o n n e l l e à la composante radiale d u gradient


extérieur d u potentiel W + w (Chap. 7, § 3).
Les valeurs superficielles de ces fonctions (pour R = a) f o n t inter­
venir les nombres de L o v e h, k et /, eux-mêmes déterminés par les c o n d i ­
tions de régularité des solutions a u centre de la Terre, où le déplacement
et le potentiel doivent évidemment s'annuler. O n a :

w(a) = kW{a)
u(a) = {hx + /v*) ς
S2 y,{a) = (1 + /c) W{a)
S2 J^6(«) = (2 - 3 /c) W{a)la
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514 MARÉES TERRESTRES

avec
ζ = Wia).Cit.

Le choix de la constante est arbitraire ; elle est prise égale à l'inverse


\lg(a) de l'accélération de la gravité en surface, ζ est improprement dit
« soulèvement statique », terme emprunté à la théorie des marées océa­
niques.

5. — P H É N O M È N E S OBSERVABLES

Nous nous bornerons à une description rapide des principaux phénomènes


renvoyant pour plus de détails aux ouvrages de Bartels (1957) et Melchior
(1966).

5.1. — Surface d'équilibre d'un corps fluide. — La surface libre d'un corps
fluide en équilibre matérialise une surface équipotentielle, d'équation :

U + W+w = Cie

U désignant le potentiel de la gravité terrestre en l'absence de déformation


(ou celui de la pesanteur).

Le déplacement vertical de la surface équipotentielle est donné par :

ζ' = {W+w)lg

g étant l'intensité de la pesanteur, soit encore en surface :

Ç = (\ +k)W{a)|giά) = (^+k)ζ. (1)

Mais cette surface est repérée par rapport à la Terre, et la surface solide s'est
elle-même soulevée, d'après (6) du paragraphe 4, de M = Λζ. Alors que pour
un Globe indéformable la variation du niveau serait donnée par ζ, elle l'est
donc par yC pour un Globe déformable, avec (Fig. 4) :

y = {\ + k - h) (2)

Ύ7777777777Τ 7777777777°
1 Λ-

°////////// a 1
a) °////////// b)

F I G . 4. — Surface équipotentielle :
a) Globe indéformable : 1 : surface, U = Cte, 2 : surface perturbée : U+ fV^Cte,
ζ : déplacement statique ;
b) Globe déformable : 0 : surface d u sol n o n perturbé, 3 : surface d u sol per­
turbé, h et k : nombres de Love.

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PHÉNOMÈNES OBSERVABLES 515

D a r w i n , sur une idée de K e l v i n , f u t le premier, en 1881, à chercher à déter­


miner ce coefRcient en utilisant les enregistrements de la marée océanique en
14 ports. 11 convient d'utiliser seulement les composantes à longue période
(15 j o u r s o u I mois) car les marées à plus courte période ne suivent pas la
théorie statique et sont perturbées par de n o m b r e u x phénomènes. O n ne sait
d'ailleurs pas si les marées à longue période suivent la marée statique o u si
elles c o m p o r t e n t des courants permanents. Les résultats obtenus p o u r y par
D a r w i n et ultérieurement par Schweydar sont de l'ordre de 0,6-0,7. P r o u d m a n
a appliqué la même méthode aux ondes diurnes et semi-diurnes observées
dans les marées de grands lacs, p o u r lesquelles les périodes de résonance sont
relativement courtes. O n ne dispose pas d'analyse p o r t a n t sur de longues
séries temporelles.
En 1914, Michelson et Gale entreprirent une expérience permettant de s'af­
franchir des difficultés rencontrées dans les milieux naturels en étudiant les
variations de niveau dans deux longs tubes (153 m de longueur). Cette mesure,
effectuée à l'Observatoire de Yerkes au centre d u continent nord-américain,
fournit des valeurs de l ' o r d r e de 0,7 considérées comme significatives. Des
expériences analogues furent réalisées p a r la suite en Norvège, au D a n e m a r k ,
à Washington. L a méthode est toutefois assez lourde et a été p r a t i q u e m e n t
abandonnée au bénéfice de la méthode suivante.

5.2. — Déviation de la verticale par rapport au sol. — L a direction de la


\ verdcale en un p o i n t est donnée p a r celle d u gradient d u potentiel
! total ( i / + -t- w). O n a en surface (en négligeant l'aplatissement de la
Terre) :

I grad {U +W + vi)= - g(a) v + y'^ia) v + y,(a) v*/a . (3)


L a déviation vectorielle de la verticale par r a p p o r t à la d i r e c t i o n n o n
perturbée est donc :

ysia) S2 yVag(a) = v * ( l + k) lV(a)/ag(a) = (ζ'/α) v * .

M a i s cette direction est repérée par r a p p o r t au sol, lui-même déformé


(Fig. 5). A une a p p r o x i m a t i o n suffisante, l'équation de la surface libre
est donnée p a r : R = a + Ιιζ.
\ L a normale à cette surface est déviée p a r r a p p o r t à la normale n o n
perturbée v, l'écart étant : Λζν*/α.

A l o r s que sur un G l o b e indéformable la déviation de la verticale par r a p p o r t


au sol serait donnée par : ζ ν * , sur un G l o b e déformable, elle est réduite à
yζ\* avec le même coefficient y = \ + k — h q u ' a u paragraphe 5 . 1 .
Remarquons que p o u r un G l o b e recouvert de fluide parfait o n aurait
7 = 0.
Pour mesurer ces déviations o n utilise généralement des pendules à axe
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516 MARÉES TERRESTRES

D
\
V

\
1)
Vlht

Ξ7·

F I O . 5. — Déviation relative de la verticale.


a) Globe indéformable : 0 : normale au sol fixe ; 1 : pesanteur non perturbée :
grad U ; 2 : pesanteur perturbée ; grad ( C 4 W).
b) Globe déformable : 3 : pesanteur perturbée : grad {U + IV -\w) ; 4 : normale
au sol déformé : ε ζ/α. La figure est faite dans le plan (v, v * ) .

presque vertical. P o u r u n tel corps la p o s i t i o n d'équilibre d u centre de gra­


vité G est contenue dans le p l a n vertical de l'axe. U n e petite déviation ζ de
l'axe perpendiculairement à ce p l a n , o u inverse­
ment de la verticale par r a p p o r t au sol, se t r a d u i t
par une r o t a t i o n ψ d u p l a n d'équilibre donnée
par ; φ = ζ/ί, i étant l'angle, supposé petit, de
verticale l'axe et de la verticale ( F i g . 6).
P o u r éviter les frottements, o n utilise généra­
lement une suspension p a r fils, dite suspension
Zôllner, q u i laisse au pendule des degrés de
liberté parasites (Jobert, 1959). P o u r garantir
une bonne stabilité des appareils, o n fait appel
aux propriétés de la silice fondue ( B l u m et
G a u l o n , 1971). L a figure m o n t r e le détail de
FiCi. 6 . — Rotation φ d'un
construction ( F i g . 7) d ' u n tel appareil. O n dis­
pendule dont l'axe fait l'angle i
cutera plus l o i n les résultats obtenus p a r cette
avec la verticale quand l'axe
tourne de ξ. méthode.

5.3. — Variation de l'intensité de la pesanteur. — L a f o r m u l e (3) montre


que l'intensité de la pesanteur — p r a t i q u e m e n t celle de l a composante
radiale d u gradient — est également modifiée par le phénomène des
marées. I l est plus c o m m o d e de p a r t i r de (14) d u ( 7 . 3 ) q u i donne le gra­
dient extérieur :
W{a)

Mais la station de mesure s'est également déplacée verticalement, et la


pesanteur normale q u ' o n y mesurerait serait :
gia + u)= g(a) - 2 ug{a)la = g(a) - 2 hW{a)la .
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PHÉNOMÈNES OBSERVABLES 517

Queusot

- Point d'attache
du f i l supérieur

Fil supérieur
..^Miroirs

-Fenêtre
optique
pyrex Fil infe'rieur

-Point d'attache - - P l a q u e d'argent


du f i l infe'rieun
l^;;-Résine polyme'risable
J - - Pyrex

Silic'e opaque Silice transparente

--Roche

F i G . 7. - • Détail de construction d'un pendule Itoriiontat en silice fondue, sous vide


a) Cloche vidée ;
/)) Equipage mobile.

Suivant la verticale dirigée vers l'extérieur, l'effet mesuré est donc :

alors que sur u n G l o b e indéformable o n aurait seulement ; 2 lV(a)/a. Le r a p ­


port de ces variations est donc :

δ = (\ - ik + h). (4)

La mesure des variations de pesanteur se fait à l'aide de gravimètres spécia­


lement aménagés p o u r g a r a n t i r une bonne stabilité (thermostatisation, pres­
sion constante) et une grande sensibilité (de l ' o r d r e de 1 pgal o u mieux).
On a aussi utilisé la v a r i a t i o n de marche d'horloges à balancier p o u r déter­
miner le facteur δ des marées annuelles.

5.4. — Variation de la direction de la verticale par rapport à l'axe des pôles.


— Les instruments astronomiques sont généralement réglés à l'aide de niveaux.
Leur repérage se fait donc p a r r a p p o r t à la surface équipotentielle d u potentiel
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518 MARÉES TERRESTRES

t o t a l . D ' a u t r e p a r t , les coordonnées géographiques d ' u n p o i n t sont modifiées


puisque la station subit u n déplacement h o r i z o n t a l : 1ζ\*.
Les mesures de l o n g i t u d e et de l a t i t u d e sont donc perturbées p a r les marées.
Par r a p p o r t à l'effet η q u i serait p r o d u i t sur u n G l o b e indéformable, l'effet
p o u r u n G l o b e déformable est donné p a r λη avec :

λ=\ + k - l. (5)

L a détermination de cet effet dans les mesures de latitude est extrêmement


diflBcile, puisque celles-ci sont effectuées de façon irrégulière le l o n g de l'année
ce q u i ne permet pas une analyse correcte des séries. Les valeurs obtenues p o u r
/. varient entre 1,08 et 1,66. D e plus les visées se f o n t à travers les couches de
l'atmosphère soumises elles aussi à des marées q u i p r o v o q u e n t des variations
de la réfraction.

5.5. — Détermination des nombres h et lpar des mesures d'extension. — O n


peut en principe déduire ces nombres des mesures de l'extension de seg­
ments h o r i z o n t a u x à la surface de l a Terre. Si l ' o n utilise l'expression
d u déplacement u (6) d u paragraphe 4 et les formules (12) (§1.3) d u
chapitre 4, o n peut écrire :

y , i = (/) + ah'{a)) ε

d'S_
S2 dO

y =\h + cotg 0 + -- ε ,
S2 se S2 siP Θ δψ

, eHS2lsin Θ) .
^" = ' " s ; w â ^ ^ ' ^'- = ^ . 3 = 0
avec
ε = C/« .

y , , fait intervenir la dérivée d u r a p p o r t /; par r a p p o r t au r a y o n . E n


c o m b i n a n t 722 ^ t 733 o n obtient :

722 + V33 = 2 ε(Λ - 3 /) V22 - Vas = ΛΙε

A étant u n coefficient dépendant seulement des coordonnées géogra­


phiques.

L'incertitude des mesures différentielles utilisées en extensométrie est telle


que les rares résultats obtenus j u s q u ' i c i ne peuvent être considérés comme
très significatifs. A l'imprécision propre des mesures s'ajoute u n effet indéter­
miné lié aux c o n d i t i o n s locales.
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OBSERVATION CONCERNANT LES FACTEURS y ET ô 519

5.6. — Détermination du nombre k : rotation de la Terre, orbite de satellites.


— On verra dans le chapitre 19, c o m m e n t o n peut déduire de la r o t a t i o n de la
Terre une valeur de k. L a valeur généralement admise est k = 0,29. M a i s
l'influence des mouvements des parties fluides de la Terre est très sensible et
une discussion de cette valeur s'impose.
I l est apparu récemment possible de déterminer l'influence des marées ter­
restres sur le mouvement des satellites artificiels de la Terre. O n peut étudier
les perturbations de l ' i n c l i n a i s o n et des nœuds des orbites. C'est ainsi que
Kozai (1968) et N e w t o n (1968) o n t obtenu des valeurs de k comprises entre
0,28 et 0,44. K a u l a (1969) a suggéré que ces résultats m o n t r a i e n t une v a r i a t i o n
réelle du facteur k avec la p o s i t i o n géographique et a étudié de quelle façon
réagirait u n satellite dans le cas où le facteur k et un déphasage entre excitadon
et réponse seraient fonctions de la latitude. U n e telle v a r i a d o n i m p l i q u e r a i t
des hétérogénéités latérales dans la Terre.
C'est u n c h a m p nouveau q u i s'ouvre ainsi et q u i peut apporter des résultats
fort i m p o r t a n t s dans les années q u i viennent, v u l'amélioration des techniques
spatiales.

6. — RÉSULTATS D'OBSERVATION

C O N C E R N A N T LES F A C T E U R S y Ϊ.Ύ δ

6.1. — Méthodes d'analyse. — Les enregistrements f o u r n i s par les g r a v i ­


mètres o u les inclinomètres sont digitalisés avec, en général, u n pas d'échantil­
lonnage de u n p o i n t par heure. A v a n t l ' i n t r o d u c t i o n des ordinateurs on
procédait par filtrage numérique c'est-à-dire par combinaisons linéaires d'or­
données à coefiicients simples (Lecolazet, 1956). L'analyse p a r t r a n s f o r m a t i o n
de Fourier ( T F ) est maintenant utilisée même p o u r des séries très longues
(transformation rapide p a r l ' a l g o r i t h m e de Cooley-Tukey). L e spectre obtenu
représente — à l'effet de repliement (aliasing) dû à l'échantillonnage près —
le p r o d u i t de c o n v o l u t i o n d u spectre de raies (réponse de la Terre a u phéno­
mène excitateur considéré) et de la « f o n c t i o n d'appareil » ( T F de la f o n c t i o n
égale à 1 pendant les périodes d'enregistrement udlisées, à zéro ailleurs).
On peut chercher à « déconvoluer » le spectre en calculant les amplitudes et
les phases (à une heure donnée de la série) de raies o u groupes de raies, aux
fréquences prévues par la théorie. O n m o n t r e aisément que cette méthode
correspond exactement à l ' a p p l i c a t i o n des moindres carrés à la série donnée.
Dans cette dernière méthode o n cherche à représenter au mieux cette série
par une somme de fonctions harmoniques de fréquences connues, les a m p l i ­
tudes et phases de ces composantes (considérées individuellement o u regrou­
pées) étant les inconnues à déterminer.
Pour i n t r o d u i r e dans les comparaisons des résultats d'observation avec les
valeurs théoriques le m i n i m u m de perturbations dues au traitement numérique,
on opère généralement de la même façon avec une série temporelle correspon-
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520 MARÉES TERRESTRES

d a n t au phénomène théorique, calculé à p a r t i r des expressions d u paragraphe 2


o u des quantités (5) d u paragraphe 3.

6.2. — Marée gravimétrique. — N o u s donnerons ici à titre d'exemple les


résultats obtenus p a r R. Lecolazet et L . Steinmetz ( I n s t i t u t de Physique du
G l o b e de Strasbourg) à p a r t i r de l'analyse d'une série de 25 000 valeurs horaires
de la marée gravimétrique observée avec u n gravimètre N o r d - A m e r i c a n m o d i ­
fié p a r les auteurs, de 1964 à 1967.
A p a r t i r de l'analyse spectrale les amplitudes et phases sont déterminées pour
les h u i t ondes principales g i 0^ AT, Ni Mj S2 K2 p o u r la série d'observations
SE et la série correspondante de la marée théorique, calculée à p a r t i r de
379 termes d u développement de D o o d s o n . O n construit ensuite deux
séries S'E ST en extrayant des séries initiales les 8 ondes déterminées, et la série
S" = S'E — δ(Κι) ST obtenue en retranchant heure p a r heure à la série obser­
vée la marée théorique multipliée par le r a p p o r t déterminé p o u r l'onde diurne A^i
( d o n t le déphasage est très faible). De la sorte sont mises en évidence, par
analyse de la série S", les ondes d o n t le facteur d ' a m p l i f i c a t i o n serait notable­
ment différent de celui de AT,.
Les résultats sont présentés dans le tableau I avec une évaluation de l'erreur
p o u r les ondes diurnes, semi-diurnes, tiers-diurnes et à longue période.

TABLEAU 1

Onde.t δ m» Φ ηΐΦ

Semi-mensuelles MF 1,208 1 0,030 0 — 7» 92 1M6

Qt 1,168 7 0,004 8 — 1°07 00 23


Diurnes 0, 1,178 9 0,001 0 — 0» 85 0°05
1,168 9 0,001 8 — 0=71 0» 09
Kl 1,161 4 0,000 6 — 0°74 0° 03

N2 1,179 6 0,002 2 2° 03 0" 11


Semi-diurnes M2 1,203 8 0,000 4 1° 16 0<Ό2
S2 1,207 8 0,000 9 0» 15 0<Ό5
Ki 1,2104 0,003 3 0"23 0° 16

Tiers-diurne Mi 1,095 5 0,048 0 — 5» 29 2° 50

L a figure 8 m o n t r e le spectre de 5 " . U n pic est visible à la fréquence de 5,


(onde d i u r n e solaire de 24 h ) . I l correspond aux nombreuses perturbations
dues a u r y t h m e d i u r n e de l'acdvité humaine.
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RÉSULTATS THÉORIQUES 521

Κ,

0,

5μ.0ΑΙ

OÙ,
1. Α . . -1-

Ο,ΙμβΑί
"M, j Ro,j Roc
«oc
. ..i. . .... I.LJUlii.i H.. . 1

F I G . 8.

a) Spectre des marées gravimétriques.


b) Après soustraction du spectre théorique multiplié par le facteur δ{Κι). Les
périodes des ondes mineures J\ Oi 00\ sont données à la figure 10.

7. — RÉSULTATS THÉORIQUES

Les premiers calculs des nombres de L o v e furent effectués p o u r une sphère


homogène et incompressible. Par la suite o n étudia des modèles où les para­
mètres physiques (densité, rigidité) étaient donnés p a r des lois simples en
fonction de l a p r o f o n d e u r . E n 1950, T a k e u c h i calcula ces quantités p a r intégra­
tion numérique des équations de l'élasticité dans l'hypothèse statique, en
utilisant p o u r λ, μ et p les lois tirées p a r B u l l e n de l'étude de la p r o p a g a t i o n
des ondes sismiques. Les résultats dépendent de la rigidité supposée p o u r le
noyau. L e tableau I I donne quelques résultats obtenus p a r différents auteurs.
L'influence de l'inertie sur h et k n'est pas négligeable, c o m m e l ' o n t montré
Alterman, Jarosch et Pekeris (1959), mais une compensation s'effectue p o u r
les combinaisons y et ô. L e tableau donne leurs résultats p o u r des périodes
de 6 h, 12 h et une période infinie (cas statique). N o u s donnons également dans
la dernière ligne d u tableau, les nombres de Love et les facteurs y et δ calculés
par Molodensky et K r a m e r (1961) p o u r les harmoniques tiers-diurnes ( « = 3)
pour lesquels o n a : ( c f (1) d u ( 7 . 3 ) ) : 5 = 1 + 2Λ/3 - 4/c/3.
La comparaison de ces résultats théoriques m o n t r e que les facteurs y et δ
dépendent relativement peu d u modèle choisi. Q u a n d la rigidité d u n o y a u
augmente de 0 à 10'^ cgs, y croît et δ décroît de quelques pour-cent. L'étude
des marées terrestres permet donc en principe de donner des limites p o u r la
rigidité d u n o y a u .
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522 MARÉES TERRESTRES

TABLEAU I I

Auteurs A k / δ

ALSOP-KUO (1964)
Modèle Gutenberg 0,607 0,300 0,083 0,683 1,157
LONGMAN (1966)
Modèle Gutenberg-Bullen A . . . 0,612 0,302 0,083 0,690 1,159
DERR (1969)
Modèle D l - 1 1 0,615 0,303 0,086 0,688 1,161

Rigidité d u noyau
MOLODENSKY (1953)
Modèles : 6 0 0,619 0,310 0,091 0,691 1,154
7 7,3.101" 0,596 0,298 0,091 0,702 1,149
8 7,3.10" 0,458 0,229 0,090 0,771 1,115

ALTERMAN et al. (1959)


T ^ 6h 0,629 0,309 0,089 0,680 1,165
r - 12h 0 0,618 0,304 0,088 0,686 1,162
T-- -r. 0,590 0,275 0,086 0,685 1,177

MOLODENSKY et KRAMER
n - 3 (1961) 0 0,293 0,095 0,013 5 0,802 1,069

P o u r les modèles élastiques considérés, i l ne peut y avoir de déphasage entre


phénomène excitateur et eflfet observé. L a présence de tels déphasages dans
les résultats expérimentaux m o n t r e q u ' i l existe des facteurs q u i n ' o n t pas été
pris en considération. Ils peuvent être dus à des imperfections de l'élasticité
de l'intérieur d u G l o b e o u à des phénomènes perturbateurs externes, c o m m e les
inarées océaniques. Le déphasage à prendre en considération diffère de la valeur
inesurée ( F i g . 9).
M o l o d e n s k y (1963) a étudié l'influence de la viscosité p o u r u n modèle à
rigidité μ complexe et m o d u l e d'incompressibilité réel ; les équations de l'élas­
ticité sont résolues p a r la méthode des perturbations, la partie imaginaire m
de μ étant supposée petite. L a méthode permet de calculer les parties imagi-

B=8A FlG. 9. — Pour un ejfet théorique A on mesure


un ejfet B , déphasé de l'angle φ.
a) Pour les marées gravimétriques, | B | — <5 | A !.
B contenant en toute hypothèse A sans déphasage,
la différence ( B — A ) due à la déformation de la
Terre et à des phénomènes parasites est déphasée de
l'angle ψ.
b) Pour les marées d'inclinaison o n a :
i B I >' I A I et le déphasage est ψ p o u r la diffé­
rence ( B — A ) .
a) b)
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PHÉNOMÈNES PERTURBATEURS 523

naires des nombres de Love p o u r toute l o i m{R) dans le manteau. L a théorie


des marées d ' u n G l o b e ayant u n n o y a u fluide visqueux semble beaucoup plus
difficile à établir.
O n discutera aux chapitres 19 et 21 l'influence de la dissipation d'énergie
mécanique dans le phénomène des marées, sur le mouvement r e l a t i f de la
Terre et de la L u n e . N o u s nous bornerons à i n d i q u e r ici q u ' u n e influence
analogue (résonance synodique) a été suggérée p o u r expliquer les particularités
de la r o t a t i o n de Vénus.

8. — P H É N O M È N E S PERTURBATEURS

Le phénomène perturbateur le plus évident sur les enregistrements est souvent constitué
par une dérive lente et de sens parfois variable. Dans le cas des gravimètres, cette dérive est
due aux phénomènes d'anélasticité dans le ressort de suspension de la masse ( o u , dans des
dispositifs imparfaits, à u n vieillissement des détecteurs). Dans le cas des inclinomètres la
dérive peut être d'origine instrumentale, mais les appareils entièrement construits en silice
fondue ne présentent généralement pas de dérive gênante de ce type. Elle peut aussi être due
aux conditions locales (variations hygrométriques dans la roche, charges locales...). O n peut
éliminer ces phénomènes par des filtrages passe-haut convenables, mais o n ne peut éviter
une perturbation dans les analyses pour les marées de longue période.
O n sait que l'échantillonnage d'une série temporelle continue permet une estimation
correcte d u contenu spectral de cette série si le pas choisi correspond à une fréquence supé­
rieure à la fiéquence de coupure de l'instrument de mesure. Dans le cas contraire, par suite
d'un effet stroboscopique (aliasing) qui replie la partie haute tréquence d u spectre sur la
partie à basse fréquence, le bruit de fond à haute fréquence perturbe les parties utiles d u
spectre. Les appareils utilisés dans l'étude des marées terrestres o n t en général des bandes
passantes s'étendant jusque vers I H z et le pas d'échantillonnage généralement utilisé de
1 point par heure est en principe tout à fait insuffisant. I l convient donc de réduire au m a x i m u m
les perturbations de courte période, qu'elles soient d'origine thermique (courants de convec-
tion dans les enceintes, défauts de thermostatisation...) ou d'origine barométrique. Les
appareils doivent être installés dans des caves profondes o u soigneusement thermostatés,
et les gravimètres doivent être placés dans des caissons étanches indéformables.

L'analyse spectrale permet de toute façon d'estimer le niveau d u b r u i t de


f o n d en dehors des raies. Beaucoup plus dangereux sont les phénomènes d o n t
le spectre recouvre celui d u phénomène étudié. Le potentiel luni-solaire agit
non seulement sur les parties solides de la Terre, mais aussi sur les océans et
l'atmosphère. E n p a r t i c u l i e r , les marées océaniques o n t u n spectre analogue
à celui des marées terrestres ; i l en diffère, en certains p o i n t s , p a r la présence
d'harmoniques supérieurs dus aux effets n o n linéaires q u i accompagnent la
p r o p a g a t i o n des courants dans les mers peu profondes. I l faut donc t e n i r
compte d u déplacement des masses d'eau et de la pression qu'elles exercent
sur les fonds marins, d ' a u t a n t plus que les marées océaniques sont souvent
renforcées le l o n g des côtes. D e la même façon — mais avec u n effet m o i n d r e
— les marées de l'atmosphère se traduisent p a r une v a r i a t i o n de son attrac­
t i o n sur les molécules de l'intérieur et une v a r i a t i o n de la pression atmos­
phérique.
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524 MARÉES TERRESTRES

O n se trouve donc placé dans les conditions examinées aux paragraphes 3 et 5 du


chapitre 7 : la déformation est due à la fois à des forces de volume et à des forces
superficielles. Bornons-nous à prendre en considération l'effet d u « bourrelet océanique»,
répartition de masses correspondant à la variation des masses océaniques entre l'état
non perturbé et l'état final perturbé par la marée luni-solaire totale (effet des astres,
de l'océan et des parties solides). Nous désignerons par ÎV' le potentiel newtonien
de ce bourrelet o u , pour simplifier, u n harmonique d u second ordre d u développe­
ment de ce potentiel. E n surface, le déplacement u d ' u n point d u Globe solide sera
donné par :

g(a) u = (Λν + /V*) fV + Wv + 1' V * ) W

II', k' et /' étant les nombres de Love modifiés correspondant à l'effet d'un potentiel
accompagné d'une pression superficielle.
O n peut, à partir de cette relation et de l'expression d u potentiel •,w = kW + k' W,
trouver l'influence des marées océaniques sur les observations.
Cette méthode suppose que l a distribution des marées océaniques est connue par­
tout et a donc p u être représentée sous forme de série de fonctions harmoniques de
surface. Remarquons que le soulèvement océanique est grand et peut être calculé en
négligeant le soulèvement d u f o n d . Le plus souvent o n procède seulement au calcul
direct de l'attraction d u bourrelet formé sur les mers voisines de la station. I l faut
ensuite calculer la déformation élastique à l a station due à la charge de ce bourrelet.
Cette méthode semble donner des résultats suffisants en ce q u i concerne les marées
gravimétriques ( K u o et al., 1970) ; par contre, pour les marées d'inclinaison, où l'effet
i est plus i m p o r t a n t , puisque l'attraction d u bourrelet océanique est voisine de l'horizon-
I taie, les résultats ne sont pas concluants. Toutefois, une partie d u déphasage observé
est sans aucun doute à attribuer à l'effet océanique.

L'étude des résidus de l a marée gravimétrique observée, après soustraction


des v a r i a t i o n s dues aux marées théoriques, m o n t r e que l'efîet de la pression
atmosphérique sur les régions q u i e n t o u r e n t l a s t a t i o n est décelable.

9. — EFFETS D Y N A M I Q U E S D U S A U N O Y A U FLUIDE

Les marées diurnes p r o v o q u e n t u n déplacement de l'axe de r o t a t i o n de la


T e r r e puisqu'elles m o d i f i e n t les p r o d u i t s d ' i n e r t i e de la T e r r e . Le mouvement
des parties fluides d u noyau dépend f o n d a m e n t a l e m e n t de cette rotation,
contrairement à celui des parties solides p o u r lesquelles les forces élastiques
sont prépondérantes.

L'étude de la déformation d ' u n corps solide contenant u n noyau fluide a été atta­
quée à l a fin d u siècle dernier. Poincaré, en particulier, a i n t r o d u i t en 1910 une méthode
dans laquelle la vitesse relative dans le fluide est supposée dépendre linéairement des
coordonnées. Le fluide étant contenu dans u n ellipsoïde de demi-axes constants a, b, c,
il suppose que la vitesse V est donnée en fonction d u vecteur position R par :

v = L i î i Λ ( £ - 1 R)

ί L étant la matrice diagonale d'éléments a,b,c;L^^ son inverse ; i i i un vecteur corres­


pondant à une r o t a t i o n fictive. O n vérifie aisément que la vitesse n'a pas de compo­
sante sur la normale i - " ^ R à l'ellipsoïde. L a vitesse absolue s'obtient en ajoutant à V
! le vecteur Ω Λ R, Ω correspondant à la r o t a t i o n instantanée de la coque indéformable.
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EFFETS DYNAMIQUES DUS AU NOYAU FLUIDE 525

j A partir du calcul de l'énergie cinétique du corps et des équations d'HelmhoItz


I (Lamb, 1945, p. 725) on obtient, pour le cas d'un ellipsoïde de révolution, un effet
important pour les nutations semi-annuelles et de quinzaine (voir Chap. 19) et pour
les marées diurnes /Ί et O i , effet qui dépend de l'aplatissement dynamique du noyau
(différence relative des moments d'inertie).
Jeffreys et Vicente (1957) ont repris cette méthode en utilisant les calculs de Takeuchi
i pour tenir compte de l'élasticité du manteau. Molodensky (1961) a étudié le même
problème par une méthode originale, ne faisant pas appel à l'hypothèse de Poincaré.
Les deux études font apparaître une vibration propre possible de période inférieure
d'environ 3 minutes à un jour sidéral.

Le tableau I I I d o n n e les résultats théoriques obtenus p o u r deux modèles


de JeflFreys-Vicente et deux modèles de M o l o d e n s k y ( F i g . 10).

TABLEAU III

Propriétés du noyau dans les modèles étudiés

J.-V. I : ellipticité : 0,002 567, homogène, masse ponctuelle au centre, rayon 6 = 3 471 km.
J.-V. I I : densité suivant la loi de Roche : p = 12,91—3,68 {Rlby g/cm3.
M. I : excentricité é- = 0,007 13, rapport du moment d'inertie à celui de la Terre : r = 0,118.
M. I l : densité de Bullen dans le manteau ; e = 0,007 12 ; r = 0,106 ; graine fluide.

Facteur δ
}'
- Modèle
Ondes J.-V. 1 J.-V. I I M. I M. I I J.-V. I J.-V. 11 M. I M. II

0, ... 0,658 0,658 0,688 0,686 1,221 1,211 1,159 1,164


Λ ... 0,676 0,696 0,699 0,697 1,209 1,172 1,154 1,158
Kx ... 0,714 0,693 0,730 0,727 1,183 1,185 1,138 1,144
ψ\ (voir fig. 10)
(0, -

0,695 —
0,588
0,521
0,658
0,527
0,658 —
1,196 —
1,263
1,241
1,174
1,246
1,178
Jx - — — 0,684 0,682
— — 1,161 1,167

Ondes semi-diurnes 0,704 0,675 0,686 0,685 1,152 1,188 1,160 1,165

Au voisinage de la période p r o p r e les coeiRcients subissent une rapide


variation q u i se t r a d u i t p a r une d i m i n u t i o n sensible des coefficients νίΆι)
et δ{Κ^) et une a u g m e n t a t i o n des coefficients jiK^) et δ(^^) ( F i g . 10).
O n cherche le p l u s souvent à m e t t r e en évidence l a différence des valeurs
entre les ondes O , et AT,. O n a en effet :

δ(0,) - ô(Ki) ~ 0,02

y(K^) - y ( 0 , ) = 0,04

dans les modèles de Molodensky.


Des différences de cet o r d r e sont b i e n observées. M a i s l a précision des déter­
m i n a t i o n s et l'éliminadon de l'effet océanique ne sont pas suffisantes pour
mettre en évidence l a v a r i a t i o n des coefficients a u voisinage de i / ^ . D e t o u t e

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526 MARÉES TERRESTRES

2_Q, 00.

1,20 L
MH
1,179r
1,165- -1,105
1,15 - 1,15

1,10 Ιι,ιο

J0,95

_L
0,035 0,0375 0,040 0,0425 0,045
(a) Cyc/e/heure

PÉRIODE ET AMPLITUDE
DES ONDES DIURNES MINEURES

2a, 28 h 04 m n 250 cm:/s-


σι 27 51 302
P\ 26 43 359
X\ 24 43 148
24 08 270
Ψ\ 23 52 111
0,7- φ\ 23 48 198
Οι 23 12 148
/, 23 06 777
0,6- 22 25 129
OO, 22 18 425

0,5.

0,4.

F I G . 1 0 . — Variation des facteurs ô et


y en fonction de la fréquence pour les ondes
0,3 _
diurnes. I£n tirets : courbe théorique. Les
points expérimentaux sont indiqués avec
une estimation de l'erreur. (Les valeurs
0,2 _
pour sont obtenues par BLUM, 1970).

I I I L
0,035 0,040 0,045
Cyc/e/heure
(b)
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BIBLIOGRAPHIE 527

façon les valeurs numériques concernant le n o y a u , q u i sont utilisées dans les


calculs, sont elles-mêmes assez incertaines.
M o l o d e n s k y t r o u v e que le r a p p o r t kjh dépend p e u de l'effet de résonance ;
il est égal à 0,495 p o u r le p r e m i e r modèle et à 0,489 p o u r le second.
M o l o d e n s k y a récemment (1967) généralisé sa théorie a u cas d ' u n m a n t e a u
sphéroïdal, mais n ' a pas donné de résultats numériques. I l a également étudié
l'influence de la force de C o r i o l i s (1970).

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Roche model core. Mon. Not. R. A. S., 1 1 7 , 1 4 2 - 1 6 1 - 1 7 2 .
W . M . K A U L A , 1 9 6 9 . T i d a l f r i c t i o n w i t h latitude dépendent amplitude and phase angle.
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1 9 6 1 . Zemnjic prilivji i nutacija Zemli. Izv. A . N . SSSR. (trad. (*) Comm. Obs. R. Belg.,
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1 9 6 3 . Vlijanie vjazkosti na fazu zemnix prilivov. Izv. Ak. SSSR, 10, 1469-1482.
1 9 6 7 . Les marées terrestres dans la Terre élastique en r o t a t i o n avec u n noyau liquide
(trad. (*) Bull. Inf. marées terr., 1 9 7 1 , 6 0 , 2 9 7 9 - 2 9 8 7 ) .
1 9 7 0 . Displacements caused by tides i n o u r elastic E a r t h w i t h the Coriolis force taken
into account. Izv. A. N. SSSR, Earth Physics (trad. angl.), 4, 2 6 8 - 2 7 0 .
M . S. MOLODENSKY, M . V . KRAMER, 1 9 6 1 . Izv. A. N. SSSR (trad. (*) BidL Inf. M. T., 4 7 ,
268-270).
R. R. NEWTON, 1 9 6 8 . A satellite détermination o f tidal parameters a n d Earth décélération.
GJ, 1 4 , 5 0 5 - 5 3 9 .

(*) L a Commission permanente des marées terrestres publie u n bulletin d'information


contenant, outre des articles originaux, la t r a d u c t i o n en français d'articles rédigés en langue
russe. Editeur : P. Melchior, Obs. R. de Belgique.

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CHAPITRE 19

VARIATION D U POLE ET D E L A VITESSE


DE ROTATION DE LA TERRE

par

Bernard GUINOT

1 . — GÉNÉRALITÉS

.e problème abordé ici est celui de la r o t a t i o n d'ensemble de la Terre a u t o u r


son centre des masses. Les mouvements relatifs des particules q u i f o r m e n t
"erre solide (à l'exclusion de l'atmosphère et des océans), à laquelle sont liés
instruments de mesure, sont assez lents, p o u r que les n o t i o n s d'axe i n s t a n -
ί et de vitesse instantanée de r o t a t i o n conservent leur sens h a b i t u e l .
)eux systèmes de référence sont à considérer. Le premier a ses d i r e c t i o n s
s dans l'espace ; dans l ' a s t r o n o m i e usuelle, i l est représenté p a r les direc­
ts des étoiles corrigées de faibles mouvements propres d o n t les effets sont nuls
noyenne. Le deuxième système de référence accompagne la Terre dans son
jvement d'ensemble de r o t a t i o n ; p a r suite des déformations de la Terre, sa
n i t i o n est délicate, elle peut dépendre de la nature d u problème étudié et elle
: être soigneusement précisée.
es forces extérieures sont celles exercées p a r les astres ; ce sont essentielle-
it les forces de g r a v i t a t i o n exercées p a r la L u n e et le Soleil. Elles dérivent
1 potentiel d o n t le développement n'offre pas de difficulté fondamentale
r le Chap. 18).
(ne fois les axes de référence choisis, l'observation f o u r n i t , sous f o r m e de
;s temporelles, les 3 paramètres q u i décrivent le m o u v e m e n t de r o t a t i o n
s chacun des systèmes d'axes. L a f o r m e de ces 6 paramètres est aisément
mue q u a n d o n suppose la Terre indéformable. L ' o b j e t d u présent chapitre
l'étudier les altérations apportées p a r les mouvements internes relatifs de la
-e, de son atmosphère et de ses mers.
es données d'observation p r o v i e n n e n t essentiellement de Tastronomie q u i
nit, depuis le début de ce siècle, des données précises. Cependant l'astro-

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530 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

nomie renseigne m a l sur les effets à l o n g terme bien qu'elle ait permis dans
certains cas d'interpréter des observations de l'antiquité (depuis 3000 av. J . - C ) .
Pour l'évolution à très l o n g terme (au cours de quelques centaines de millions
d'années), o n a tenté de faire appel à la géologie.
Le modèle d'une Terre indéformable a le mérite d'être simple. 11 f o u r n i t une
bonne première a p p r o x i m a t i o n d o n t les insuffisances seront décrites avant d'être
interprétées.

2. — R O T A T I O N DE L A TERRE INDÉFORMABLE

Les axes liés à la Terre, Oxyz, seront confondus avec les axes principaux
d'inertie, les moments p r i n c i p a u x d'inertie étant A, B, C. Si L, M, N sont les
composantes d u m o m e n t des forces extérieures et p, q, r, celles d u vecteur
r o t a t i o n instantanée ω , le mouvement peut être déduit de l'intégration des
équations d ' E u l e r ( q u ' o n obtient en écrivant le théorème d u m o m e n t cinétique
dans les axes mobiles) :

Ap + (C - B)qr = L ,

Bq + (A - C) rp = M , (1)

Ci- +{3 ~ A)pq = N .

P o u r compléter la description d u mouvement, il faut adjoindre les trois équa­


tions cinématiques q u i le r a p p o r t e n t aux axes fixes OXYZ.
Dans le développement de l a théorie, o n admet que B = A. Les forces exté­
rieures sont exprimées en f o n c t i o n d u potentiel des astres perturbateurs (Woo-
l a r d , 1953) o u bien décomposées en ondes de marées ( M e l c h i o r et Georis,
1968) ( v o i r le Chap. 18). Le seul paramètre décrivant la Terre est le rapport
γ = (C — A)jA d o n t la détermination expérimentale reste nécessaire. Le
mouvement de l'axe de r o t a t i o n p a r r a p p o r t au repère fixe est appelé précession
et nutation luni-solaires. N o u s n'en ferons pas la théorie q u i relève de l'astro­
n o m i e ; nous indiquerons seulement les p r i n c i p a u x résultats.

2.1.—Précession et nutation. — A u t o u r d'une perpendiculaire au plan


de l'écliptique, l'axe de r o t a t i o n décrit u n cône de demi-angle au sommet
d ' e n v i r o n 23° (obliquité), à une vitesse angulaire de 50" par an (période de
26 000 ans) connue à 2 x 1 0 " ^ près en valeur relative ; la mesure de cette
vitesse f o u r n i t y q u ' o n t r o u v e égal à 1/305. A ce mouvement désigné par
précession luni-solaire, i l se superpose des termes périodiques q u i forment la
nutation (astronomique). L e plus g r a n d de ces termes, le terme principal de la
nutation, fait décrire à l'axe de r o t a t i o n u n cône de base elliptique d o n t les
demi-angles au sommet sont 9",2 et 6",9 ; sa période est de 19 ans, période de
révolution des nœuds de l ' o r b i t e lunaire. A p a r t i r d u taux de la précession,
donc de y, la théorie f o u r n i t toutes les amplitudes des nutations. L a précision
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ROTATION DE LA TERRE INDÉFORMABLE 531

est surabondante vis-à-vis de la précision des observations astronomiques


(0",01 à 0",0OI).
La précession-nutation n'est pas u n témoin très sensible des déformations
de la Terre, car ces déformations ne produisent pas de changements i m p o r ­
tants, sauf toutefois sur les points a) et b) suivants.

a) Dans l ' a m p l i t u d e d u terme p r i n c i p a l de la n u t a t i o n où u n écart avec la


théorie de 0",02 e n v i r o n est attribué aux effets dynamiques d u noyau l i q u i d e
(Jeffreys et Vicente, 1957, M o l o d e n s k y , 1961). (Signalons que les astronomes
utilisent, p o u r le m o m e n t , des amplitudes empiriques, déduites de l'observa­
tion, sans appel à la théorie d ' u n modèle de Terre déformable.)
h) Dans la décroissance de l'obliquité où l'écart de 0",3 par siècle p o u r r a i t
être dû a u frottement entre le noyau et le manteau ( A o k i , 1969).

2.2. — Polhodie et vitesse de rotation. — A de petits termes près d o n t l ' a m ­


plitude totale reste inférieure à 0",04 et d o n t o n peut tenir compte, le m o u v e ­
ment de l'axe de r o t a t i o n p a r r a p p o r t à la Terre ainsi que l a vitesse de r o t a d o n ω
sont ceux que l ' o n o b t i e n d r a i t en l'absence de forces extérieures. Les équa­
tions (1) aux seconds membres nuls o n t p o u r s o l u t i o n , avec A = B,

( p = α cos yr^it - ÎQ) ,


q = α sin yr^it - to), (2)
. r = r o ( = Cte),

d"où

= (r^ -h a ' ) ( = C t e ) . (3)

α et Γο, constantes d'intégradon, doivent être fournies p a r l'observation. O n


verra que l'angle entre ω et Oz est inférieur à 0",5, o u 2,5 x 1 0 ~ * r a d i a n , de
sorte que a/rg < 2,5 x 1 0 ~ * : o n a pratiquement

ω = Γο . (4)

La Terre effectuant une r o t a t i o n en u n j o u r sidéral de 23 h 56 m n , l ' o r d r e de


grandeur de ω est

ω = 7,292 X 1 0 " ' r a d / s .

C o m m e y = 1/305, les équations (2) m o n t r e n t que l'axe de r o t a t i o n devrait


décrire p a r r a p p o r t à la Terre un cône de demi-angle a u sommet α/ω à la vitesse
angulaire de 0,024 0 x 1 0 " ^ rad/s, soit avec une période de 304 j o u r s : c'est
la nutation eulérienne q u i ferait décrire au pôle une polhodie circulaire, sur le sol,
d o n t le r a y o n constant serait αα/ω {a rayon de la Terre) ; en v e r t u des Umites
indiquées précédemment, le diamètre de la polhodie est donc inférieur à 30 m .
N o u s verrons que n i l'invariabilité de α et ω n i la période de la n u t a t i o n eulé­
rienne ne sont confirmées par l'expérience.
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532 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

3. — M É T H O D E S D E L'ASTROMÉTRIE CLASSIQUE

3.1. — Principes généraux. — N o t r e connaissance expérimentale précise de


la r o t a t i o n terrestre dépend encore entièrement des observations optiques des
étoiles q u i fournissent les directions d ' u n système de référence inertiel. E n eflfet,
à de petites corrections près, dues aux mouvements propres stellaires et à la
r o t a t i o n galactique, les directions des étoiles sont fixes dans u n système d'inertie.
L'échelle de temps de référence q u i permet d'exprimer les vitesses et que nous
appellerons θ d o i t être d ' u n h a u t degré d'uniformité. L'étude des mouvements
o r b i t a u x l ' a f o u r n i e j u s q u ' e n 1955 (temps des éphémérides T E ) ; à p a r t i r de
cette date, i l a été plus avantageux de faire appel aux étalons atomiques de
temps (temps a t o m i q u e i n t e r n a t i o n a l T A l ) .
Le principe des mesures est d'une grande simplicité. Par r a p p o r t a des direc­
tions de référence locales q u ' o n suppose liées rigidement à la Terre, o n mesure
à u n instant θ (selon l'usage c o u r a n t , o n désigne p a r la même expression une
échelle de temps et sa lecture à u n instant donné) les directions des étoiles.
C o m m e , p a r ailleurs, le développement de la précession/nutation fait connaître
p o u r θ la position de l'axe instantané de r o t a t i o n p a r m i les étoiles, cet axe
se trouve situé p a r m i les repères locaux. O n obtient de même la position
angulaire de la Terre a u t o u r de son axe, mesurée à p a r t i r d'une origine prise
p a r m i les étoiles (le p o i n t vernal). C o m m e i l est impossible, à l ' a p p r o x i m a t i o n
requise, de conserver les directions liées à la Terre par des repères matériels,
o n préfère se rapporter à une unique d i r e c t i o n naturelle, celle de la verticale ;
il faut alors au moins deux observatoires convenablement situés p o u r obtenir
les 3 paramètres caractérisant la p o s i t i o n angulaire de la Terre. E n fait, o n en
utilise bien plus (80 environ). L a synthèse des résultats est effectuée par le
Service I n t e r n a t i o n a l d u M o u v e m e n t Polaire ( S I M P ) et par le Bureau I n t e r n a ­
t i o n a l de l ' H e u r e ( B I H ) .

3.2. — Choix des paramétres décrivant la rotation terrestre. — Dans les méthodes de
l'astrométrie classique, o n mesure uniquement des directions rapportées aux verticales :
on ne p o u r r a donc obtenir que les déplacements angulaires de l'axe instantané de rotation
( A I R ) par rapport aux verticales. U n e description commode consiste à représenter les ver­
ticales par les points où leurs parallèles issues d ' u n point O percent une sphère de rayon 1
et de centre O. Cette sphère des zéniths est percée en P par la direction N o r d de l ' A I R et
l ' o n appelle polhodie le lieu de P. Une origine des excursions de P est fixée en attribuant
conventionnellement des valeurs numériques invariables aux latitudes d'observatoires
choisis une fois pour toutes (*) : nous la désignerons par P„ et elle est appelée Origine
Conventionnelle Internationale ( O C I o u , en anglais, C I O ) . L'écart entre P et Ρ„, généralement
exprimé en secondes de degré ( 1 " « 30 m à la surface de la Terre), est donné par ses deux
composantes x et y respectivement le long d u méridien de Greenwich et d u méridien 90° W.
O n représente la polhodie dans le plan tangent en Po à la sphère des zéniths. L a figure I

(*) Ces observatoires, au nombre de 5, sont situés sur le parallèle 39" 8' N . Ils ont été
choisis car ils poursuivent des observations coordonnées qui éliminent les incertitudes ducs
aux erreurs sur les positions et mouvements propres des étoiles.

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MÉTHODES DE VASTROMÉTRIE CLASSIQUE 533

donne u n exemple d u tracé de la polhodie. Une question d'une extrême importance par ses
implications géophysiques se pose dès maintenant : la direction de P„ est-elle liée à la Terre ?
Nous reviendrons à plusieurs reprises sur cette question, mais disons tout de suite qu'elle
n'a pas reçu de réponse satisfaisante. C'est, en tous cas, une erreur de considérer a priori
que le lieu de P autour de P „ sur la sphère des zéniths est homothétique d u lieu d u pôle sur
la Terre : cependant cette dernière représentation est souvent employée car elle est d ' u n
énoncé simple.

F I G . 1 . — Polhodie établie par le Bureau international de l'Heure, de 1 9 6 4 à 1 9 7 0


(valeurs brutes calculées pour chaque 1/20 d'année).

Jusqu'en 1956 le m o u v e m e n t de l a T e r r e a u t o u r de son axe a été utilisé c o m m e


horloge f o n d a m e n t a l e et, p o u r cela, o n en a déduit une échelle de temps appelée
temps universel T U . O n désigne p l u s précisément p a r T U 1 l'échelle obtenue
après c o r r e c d o n d'effets locaux dus au m o u v e m e n t d u pôle. D a n s l'hypothèse
de la T e r r e indéformable où ω est constant, la définition de T U 1 est telle que
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VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

ce temps est u n i f o r m e et que la durée d u j o u r (intervalle de temps q u i s'écoule


lorsque T U 1 croît de 24 h) est constante. Les irrégularités d u m o u v e m e n t
angulaire de la T e r r e a u t o u r de son axe p o u r r o n t être décrites soit p a r la diffé­
rence T U 1 — 0 en f o n c t i o n de 0, soit p a r sa dérivée. O n exprimera cette
dérivée sous f o r m e d ' u n e inégalité relative de vitesse Αω/ω^ p a r r a p p o r t à la
vitesse WQ q u i c o r r e s p o n d r a i t à T U [ - 0 — Cte. O n t r o u v e r a aisément que si,
par exemple, la durée d u j o u r excède de 1 ms la durée de 24 h de 0,

ω = ωο + Δ ω avec Αω/ω^ = — 1,2 χ 10"* .

N o u s ne p o u v o n s pas étudier ici les mérites comparés des réalisations p r a ­


tiques de 0. O n p o u r r a consulter l'ouvrage de Decaux et G u i n o t (1969). A l o r s
que le temps a t o m i q u e , établi depuis 1955, n ' i n t r o d u i t que des erreurs négli­
geables t a n t sur Δω/ωο que sur la lecture de T U 1 — 0, le temps des éphémé­
rides, malgré sa bonne uniformité, ne p e r m e t t a i t que des études à l o n g terme à
cause de sa mauvaise précision de lecture (0,1 s à I s). A v a n t l ' a p p a r i t i o n d u
temps a t o m i q u e o n a toutefois p u utiliser avec succès les horloges à q u a r t z
ou à pendule p o u r des recherches sur des phénomènes à l'échelle de l'année
au plus.

3.3. — Réduction des observations astronomiques. — Dans un observatoire /, l'observation


des étoiles fournit la latitude instantanée φι et !a différence Ti — 0 entre le temps civil
local et le temps uniforme. Pour calculer .v, y et ( T U 1 — 0 ) , o n adopte des coordonnées
initiales fixes pour l'observatoire : C/JO,,-, latitude ; Lo.i longitude, voisines des valeurs instan­
tanées de ces quantités. O n établit les équations à résoudre en considérant les effets différen­
tiels d ' u n petit déplacement d u pôle sur la latitude et la longitude. Elles sont des types

.V cos Ζ-ο,ί + y sin Ln,i φι — φη,ι, (1)

— Α-.ν tg «οο,,· sin Lo.i + /π· tg ç>o,/ cos L<s,i -f- ( T U 1 — 0) = Τ",· + La.i — 0 , (2)

où k = 0,997... Les équations doivent être écrites pour des dates communes à tous les
observatoires.
Dans la solution du Service International du Mouvement Polaire ( S I M P ) , seules sont consi­
dérées les équations du type (1) provenant des cinq stations identiques réparties sur le paral­
lèle 39" 8' et q u i définissent l ' O C I . A u prix de l ' i n t r o d u c t i o n d'une inconnue auxiliaire r
dans les équations (!) qui deviennent

-V cos Lo.i I- >' sin L(),i + z ^ φι — φα,ι, (3)

on peut éliminer les erreurs communes à toutes les stations. En particulier les erreurs sur les
positions des étoiles n'ont aucune influence. C'est le système des valeurs numériques des
cinq ρο,ί q u i définit O C I ; elles o n t été choisies pour que le O C I coïncide avec le barycentrc
de la polhodie pour l'intervalle 1900-1906. L a solution d u S I M P est géométriquement par­
faite, mais elle peut introduire une dérive fictive de O C I si les stations dérivent o u si leurs
verticales varient. L a réduction des équations (3) est effectuée chaque mois, sur des valeurs
moyennes mensuelles des seconds membres, par la méthode des moindres carrés ; les coor­
données d u pôle sont ensuite lissées et interpolées. Les résultats provisoires sont publiés dans
les « M o n t h l y Notes o f the International Polar M o t i o n Service » et les rapports annuels
de ce service. Les résultats définitifs paraissent avec plusieurs années de retard.

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MÉTHODES DE VASTROMÉTRIE CLASSIQUE 535

Le S I M P a commencé à fonctionner en 1900 avec une précision q u i fut d'emblée celle


qu'il obtient actuellement. Malheureusement, plusieurs changements d'emplacement des
appareils sont venus rompre l'homogénéité des résultats. Les erreurs sur x et y dépendent
de la fréquence et devraient être représentées par leur densité spectrale. Nous dirons seulement,
pour fixer leur ordre de grandeur, qu'elles sont de 0",02 à 0",04, mais que sur plus ieurs dizaines
d'années, des dérives de l'ordre de 0",1 sont possibles.
Le Bureau International de T Heure ( B I H ) utilise simultanément les équations (1) et (2)
pour toutes les séries de mesures [40 de type (1), 60 de type (2)]. L'origine de sa polhodie
et de T U 1 a été fixée par u n choix initial des φο,ί et Ζ,ο,ί. Pour la polhodie, l'origine coïnci­
dait avec O C I en 1967, elle est depuis conservée indépendamment de celle d u S I M P . Des

T UI-TUC
ms
0

_20L

-40 L

- 6 0 l_
Date
J 1 1 1 1 I 1 I I I
Jan. Fév. Mars Avril M a i Juin Juil. A o û t S e p t . Oct. Nov. Dec.
1970

F I G . 2. — Valeurs brutes de x, y, TUl-TUC, obtenues par le Bureau international


de l'Heure pour chaque période de 5 jours. T U C n'est pas le temps atomique, mais
une échelle de temps uniforme q u i s'en déduit par une transformation linéaire
pour annuler la majeure partie de la pente.
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536 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

précautions sont prises pour que les résultats ne subissent pas d'erreurs systématiques d u fait
des changements des instruments d'observation. L'élimination des erreurs sur les positions
des étoiles étant impossible, l'origine n'est pas conservée strictement comme dans le cas
du S I M P , mais sa conservation statistique est bonne par suite d u grand nombre de stations
participantes ; elle peut même être meilleure dans le cas de mouvements incohérents locaux
des stations.
Les réductions d u B I H sont faites tous les 5 j o u r s , à partir de toutes les données brutes
obtenues pendant 5 j o u r s . Les écarts-types de x, y et T U 1 — Θ pour les valeurs brutes de
5 jours sont respectivement 0",015, 0",015 et 0",001 7. Les résultats bruts et lissés sont publiés
dans les circulaires mensuelles D et les rapports annuels d u B I H .
Sous la forme q u i vient d'être décrite, la polhodie d u B I H n'est obtenue que depuis 1967 ;
il est encore t r o p tôt pour tirer des conclusions sur de possibles mouvements relatifs entre
O C I et l'origine d u B I H . Les valeurs de T U 1 — temps atomique, depuis 1955, ont été publiées
par le service.
La figure 2 montre les résultats d u B I H pour 1970.

4. — M É T H O D E S NOUVELLES

4.1. — Interférométrie, — O n espère u n gain de précision par radio-inter­


férométrie sur radiosources quasi ponctuelles. Cette méthode est semblable à
celle de l'astrométrie classique dans son essence, mais les longueurs d'onde
centimétriques o u décimétriques demandent que l'objectif de la lunette soit
remplacé p a r deux petites p o r t i o n s de surface, les bases de l'interféromètre, q u i
doivent être séparées par plusieurs milliers de kilomètres. Le rayonnement est
enregistré sur bandes magnétiques à chaque base, en f o n c t i o n d u temps, et les
franges sont calculées par u n o r d i n a t e u r . L a d i r e c t i o n de la radiosource, rap­
portée à la ligne des bases, peut être obtenue si les horloges des bases sont
synchrones. L e synchronisme d o i t être assuré à une f r a c t i o n de nanoseconde
près p o u r obtenir la précision escomptée de 0",001 a u m o i n s . 11 f a u t noter que
la référence terrestre n'est plus la verticale, mais une d i r e c t i o n définie par
la p o s i t i o n des antennes.

4.2. — Méthodes dynamiques. — Les méthodes dynamiques consistent à


prendre l ' o r b i t e de satellites de l a Terre c o m m e moyen d'accès a u système de
référence inertiel. E n effet, la théorie mécanique exprime le m o u v e m e n t de ces
corps dans u n système d'inertie, en f o n c t i o n d u temps u n i f o r m e 0 ( T A I en
pratique). Ils peuvent donc servir a u même titre que les étoiles, mais ils offrent
de bien meilleures possibilités d'observation p a r télémétrie à laser et par effet
D o p p l e r . Les imperfections de notre connaissance d u c h a m p de g r a v i t a t i o n dans
lequel ces corps évoluent peuvent conduire à des erreurs d o n t celles à long
terme sont les plus redoutables. E n ce q u i concerne la p o l h o d i e , les erreurs à
l o n g terme peuvent être éliminées p a r une s o l u t i o n semi-géométrique où l ' o n
demande seulement une précision interne suffisante sur u n arc d ' o r b i t e relative­
ment c o u r t , quelques heures à quelques j o u r s . L a même possibilité n'existe pas
p o u r mesurer la p o s i t i o n angulaire de l a Terre a u t o u r de son axe, mais les
méthodes dynamiques paraissent aptes à déceler les inégalités de vitesse à

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ROTATION TERRESTRE DANS LES TEMPS GÉOLOGIQUES 537

court terme. D e premières applications sont en cours, p a r mesures D o p p l e r


sur les satellites T r a n s i t , par télémétrie à laser sur les satellites artificiels et sur
des panneaux de cataphotes lunaires. E n 1970, la précision ainsi obtenue sur les
coordonnées d u pôle est déjà d u même ordre que celle de l'ensemble des
mesures astronomiques classiques, mais l'influence des erreurs à l o n g terme
(supérieure à l'année) n'est pas encore claire.

4.3. — Remarque. — Les méthodes nouvelles (interférométrie, méthodes


dynamiques) fixent l a p o s i t i o n de l'axe instantané de r o t a t i o n p a r r a p p o r t à u n
polyèdre lié à l a Terre, tandis que l'astrométrie classique donne seulement la
direction de cet axe p a r r a p p o r t aux verticales. Cette différence ne d o i t pas être
perdue de vue lors de l'interprétation des résultats, car les mouvements relatifs
des verticales peuvent ne pas être liés simplement aux dérives des stations.

5. — L A R O T A T I O N T E R R E S T R E DANS LES T E M P S GÉOLOGIQUES

5.1. — Déplacement des pôles. — Le paléomagnétisme, par l'étude de l'aimantation réma­


nente des laves et sédiments permet d'étudier le mouvement d u pôle magnétique dont o n
admet, en général, q u ' i l est resté voisin d u pôle de r o t a t i o n . Le lecteur pourra consulter à
ce sujet le chapitre sur le paléomagnétisme (tome I I ) et aussi Runcorn (1962).
La paléoclimatologie apporte des données sur le mouvement des pôles de r o t a t i o n eux-
mêmes.
Bien que ces deux sciences s'accordent pour montrer des dérives du pôle de plusieurs
dizaines de degrés par rapport aux continents, l'interprétation des résultats est fort difficile,
à cause des dérives continentales.

5.2. — Vitesse de rotation. — Les coraux déposent une couche de croissance


par j o u r , couche d o n t l'épaisseur varie avec l'éclairement q u i a une périodicité
annuelle. L a Mécanique Céleste m o n t r a n t que l'année a conservé une durée
presque invariable, le n o m b r e de couches déposées p a r a n donne Δω/ωο-
Les valeurs d u tableau suivant sont empruntées à A . Stoyko (1970) :

Age Nombre de
Ere géologique Δω/ωο
10* ans jours par an

Crétacé supérieur 72 370 0,014


Permien inférieur 270 384 0,052
Carbonifère supérieur 298 388 0,063
Dévonien moyen 380 399 0,093
Silurien inférieur 440 407 0,115

O n en déduit une v a r i a d o n annuelle de Δω/ωο q u i est - 0 , 2 1 5 . 1 0 " ^ a n " ' .


Les variations d'éclairement suivent aussi le r y t h m e de la lunaison à cause d u
rayonnement direct de l a L u n e et des variations de l'épaisseur d'eau par suite
des marées. O n peut étudier l a durée d u mois lunaire q u i est affectée p a r la
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538 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

r o t a t i o n terrestre à cause des marées sectorielles c o m m e nous le verrons ulté­


rieurement.

6. — P R I N C I P A U X RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX

Dans cette section sont données seulement les propriétés principales de la


polhodie et de l a vitesse de r o t a t i o n terrestre, telles que les analyses les plus
grossières les révèlent. Les discussions sur la valeur des résultats, les interpréta­
tions géophysiques et les analyses fines qu'elles suggèrent sont exposées dans le
paragraphe 8, après l'étude théorique d u mouvement de la Terre déformable.

6.1.—Polhodie. — L'analyse spectrale p o r t a n t sur les résultats obtenus


depuis 1900 ( F i g . 3) m o n t r e une raie fine p o u r l a période d ' u n a n (terme
annuel) et u n e raie élargie à la fréquence de 1,2 a n e n v i r o n . Cette dernière
périodicité a été découverte par Chandler en 1891 et l'oscillation correspondante
d u pôle est appelée oscillation chandiérienne. L a n u t a t i o n eulérienne n'appa­
raît pas. Vers les longues périodes apparaîtrait une large bande p o u v a n t être
interprétée comme des effets séculaires (dérives) o u des irrégularités à longues
périodes.

ϋ
// y Έ
(O^Oll/cycles p a r a n o
U

. 3000 «>
E
ω

I ir*^ . . . * . ,
1,0 1,1
cycles par an

F I O . 3. — Spectre de puissance de la coordonnée x du pôle, d'après les résultats de


1 9 0 0 à 1 9 5 4 du Service international des latitudes. Le spectre de y est presque iden­
tique. D'après M U N K et M A C D O N A L D , 1 9 6 0 .

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PRINCIPAUX RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX 539

L a séparation des composantes par combinaisons d'ordonnées a fait l'objet


d ' i n n o m b r a b l e s travaux. Elle ne peut se faire sans fixer a priori certaines c o n d i ­
tions de la séparation des termes et le plus souvent elle repose sur l'hypothèse
de l'invariabilité d u terme annuel pendant quelques années. O n trouve, dans ces
conditions que le terme annuel est de forme ovale, allongé vers G r e e n w i c h .
Dans les axes PQ xy, le mouvement est rétrograde. Les amplitudes totales
moyennes sont 0",16 sur P Q X , 0 " , \ 4 s u r 7 . Ces amplitudes m o n t r e n t , à l o n g
terme, de considérables variations (correspondant à u n facteur de 0,5 à 1,5)
d o n t la majeure partie est probablement d'origine instrumentale. L ' o r i e n t a d o n
d u grand axe est très mal déterminée.
Sur une période, l'oscillation chandiérienne peut être considérée comme
circulaire de même sens que le terme annuel ; mais son a m p l i t u d e totale varie
progressivement : elle dépassait légèrement 0",50 vers 1915 et 1950, elle s'annu­
lait presque vers 1925. O n y v o i t généralement une oscillation p r o p r e nécessaire­
ment amortie. M a i s les divers auteurs o n t trouvé des temps de relaxation diffé­
rents allant de quelques années à un siècle. O n estime parfois que la période
est variable dans les limites de 400 à 440 j o u r s ; les plus courtes périodes étant
observées aux alentours de 1926. Mais vers cette date i l est probable q u ' u n
brusque déphasage a pris naissance ( G u i n o t , 1972) ; la pedte a m p l i t u d e q u ' a v a i t
alors l ' o s c i l l a t i o n chandiérienne, par r a p p o r t aux erreurs d ' o b s e r v a t i o n ,
permet une diversité d'interprétations. En admettant ce saut de phase, o n t r o u v e
une période moyenne de 436 j o u r s (1,193 an).
A ces deux termes p r i n c i p a u x se superpose une dérive du pôle q u i s'exerce
en moyenne vers le méridien 8 5 " W à la vitesse de 0",004 par an (0,13 m/an
sur le sol) ; de larges irrégularités accompagnent cette dérive générale ( F i g . 4).
L a réalité de ces résultats est extrêmement controversée. Certains auteurs les
a t t r i b u e n t à une dérive de O C I par r a p p o r t à la Terre p r o d u i t e par des mouve­
ments des stations d'observation.

1891

F I G . 4. — Mouvement séculaire du pôle instantané


d'après les stations nord du S. l. L. D'après M m e A . STOYKO.
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540 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

6.2. — Vitesse de rotation. — L a discussion des observations d'éclipsés de


l'antiquité révèle u n ralentissement progressif tel que

d(Aœ/cuo)/dO = - 2,1 x 1 0 " »

par siècle, en b o n accord avec celui obtenu à l'aide des c o r a u x fossiles. En


d'autres termes, la durée d u j o u r s'accroît chaque siècle de 2,1 x 1 0 ~ * x 86400 s
soit 1,8 ms. O n constatera par intégration que le r e t a r d de T U 1 sur θ cumulé
en 20 siècles atteint 4 h , c'est p o u r q u o i des observations astronomiques
anciennes peu précises o n t p u être utiles.
L a comparaison de T U 1 aux indications des horloges puis au temps ato­
mique a montré une v a r i a d o n saisonnière de T U 1 — 0, d ' a m p l i t u d e 60 ms
e n v i r o n , le m a x i m u m étant atteint en septembre et le m i n i m u m en m a i . Les
inégalités correspondantes de Δω/οοο sont au plus de 1 x 1 0 ~ * . Ce terme
semble subir des variations de phase de l ' o r d r e d ' u n mois. O n désigne p a r T U 2
le T U 1 régularisé p a r l ' a d d i t i o n d'une correction conventionnelle q u i tient
compte de la majeure partie de la v a r i a t i o n saisonnière.
O n observe, de plus, des fluctuations irrégulières de T U 1 — θ q u i o n t des
amplitudes de plusieurs dizaines de secondes et q u i mettent en j e u des fluctua­
tions de vitesse de l'ordre de 1 x 1 0 " ^ . Dans u n intervalle de quelques siècles,
ces fluctuations masquent le ralentissement progressif ; la répartition de ces
deux termes est sujette à un certain arbitraire.
L a figure 5 représente la v a r i a d o n de T U 1 - 0 de 1680 à 1970. L a partie
encadrée, de 1955 à 1970, est reproduite p a r l a figure 6 avec la résolution
supérieure permise par les étalons atomiques de temps.

TUl-θ

F I G . 5. — Variation de TUl-θ depuis 1 6 8 0 .


Les détails de la partie encadrée sont donnés par la figure 6 .
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ROTATION DE LA TERRE DÉFORMABLE 541

TU2_e'

,1956, 57 , 58 , 59 , 60 ,61 ,62,63, ¢4,65, 66 , 67 , 68 , 69 , 70

F I G . 6 . — Irrégularités du temps universel. L a figure représente T U 2 - 0 ' : T U 2 est


le temps universel régularisé par addition d'une correction périodique annuelle ;
0' est déduit de 0 par addition d'une correction proportionnelle au temps (de
— 1,666 7 s/jour) afin d'annuler la pente générale.

7. — R O T A T I O N DE L A TERRE DÉFORMABLE, BASE THÉORIQUE

7.1.—Equations de Liouville. — Soit u n système de référence m o b i l e


s{Ox^ X2 X3) en r o t a t i o n ω ( ω ι , W j , 0)3) p a r r a p p o r t au système fixe dans
l'espace 3{0Χγ Xj X-i) q u i coïncide avec s à l'instant considéré. Le système
s peut être quelconque et n'accompagne pas nécessairement la Terre
dans sa r o t a t i o n . Les équations d ' E u l e r s'écrivent :

i>t = + « 2 H3 - «3 i / 2 , ... (1)

(d'une façon générale nous n'écrirons que la première des trois équations,
les deux autres s'en déduisant p a r p e r m u t a t i o n circulaire des indices).
L i , ... sont les composantes d u couple t o t a l exercé sur les particules de
la Terre ; //,,... les composantes d u m o m e n t cinétique dans 5. L a vitesse
de chaque particule de masse p àV{p densité) peut être considérée c o m m e
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VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

la somme de la vitesse d ' u n p o i n t de s q u i coïncide avec elle et de sa vitesse


relative à Î ( M , , U J , M3). H^, ... se met alors sous la forme :

i= 1

avec

hi = p{x2 "3 - ^3 "2)dK , ...,


J V

l'intégrale étant étendue à t o u t le v o l u m e V de la Terre. Les Cjj sont les


moments d'inertie, variables avec le temps, calculés par

Cu = I p{xl + xl)àV
J V

p(— Xj XJ) dV pour iΦ j .


J y

Les équations (1) prennent alors la forme

^-1=^( .Σ ω,· + /î, ) + «2 ( X C3; + /13)-

-ω^Σ €2,ω, + lu] (2)


\k=l

Ce sont les équations de L i o u v i l l e . O n constate qu'elles se réduisent aux


équations (1) d u paragraphe 2 p o u r la Terre indéformable en coïncidence
avec s. Ces équations sont rigoureuses et générales, mais i l faut veiller à
définir soigneusement les volumes d'intégration V et faire intervenir les
couples créés p a r t o u t ce q u i est extérieur à V. Par exemple, si V est limité
par la surface d u sol, la pression d u vent sur les montagnes est i n t r o d u i t e
dans le calcul des L ; ; si l'atmosphère est comprise dans V, i l faut estimer
son m o m e n t cinétique et sa c o n t r i b u t i o n dans les L ; est nulle.
Si u n axe p r i n c i p a l d'inertie est proche de l'axe de r o t a d o n , ce q u i est le
cas p o u r la Terre, o n peut prendre ^ 3 au voisinage de cet axe et écrire,
compte tenu d u fait que les moments d'inertie équatoriaux sont très peu
différents,

C ] 1 = /1 + c, , > ^22 = -4 + 022, C33 = C + f33 ,

C12 = C12 , Ci3 = Ci3 , C23 = C23 ,

A et c étant des constantes, les c,y étant petits et variables avec t ;

ω ι = ωο , ω2 = ωο W2 , «3 = ωο(1 + m^) ,
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ROTATION DE LA TERRE DÉFORMABLE 543

W Q étant la vitesse angulaire moyenne de la Terre. O n négligera les termes


en c^jC, m^, h/C, cm/C, ... de sorte que les équations de L i o u v i l l e s'é­
crivent, avec ( C — A)/A = y,

i thi — + ηΐ2 = F2 ,

• 1 P (3)

' " ^ - " ' = -^-


1 thi = F 3 ,

avec

(C - A) ûJo /"1 = c , 3 ωο + C23 ωο + /ί, ωο -I- /½ - L j ,

^(C - /1)ωο = C23 ωο - WQ + /12 «o - /ii -I- , (4)


I CF3 = - C33 - + L3 dt.
ωο ωο ο
N o u s allons intégrer les équations (3) p o u r les principales formes des
fonctions d'excitation Ff.

7.2. —· Nutation libre de la Terre déformable. — Lorsque l'axe d'inertie ne coïncide pas
avec l'axe de rotation, il tend à s'en rapprocher par suite des déformations dues à la
force axifuge. Nous montrerons que cette tendance est mesurée par le nombre de
Love k dont nous rappelons la définition.
Si la Terre, considérée comme u n corps élastique, est soumise à u n potentiel per­
turbateur Uz représenté par l'harmonique sphérique de degré 2, la déformation de
la Terre crée un potentiel additionnel q u i est aussi représenté par un harmonique
sphérique de degré 2 et qui est, à la surface, kUz. Cette propriété ne s'applique, bien
entendu, qu'aux déformations quasi statiques.
Pour appliquer les formules (4), nous évaluerons les moments et produits d'inertie
après action de la force axifuge. Nous rechercherons d'abord une expression générale,
pour une petite déformation, d u potentiel K e n u n point extérieur Α(.\Ί, -Va, Xi) à la
distance r d u centre des masses O de la Terre :
V y» (potentiel avant la déformation),
+ Vz (potentiel créé par la déformation, réduit au 2'' ordre).
D'une façon générale

3 cos2 ψ — \ .
I> Α^άυ (5)

oij p άν est la masse d"un élément M de la Terre à la distance A de O. Dans l'intégrale,

pA'2- άν n'est autre que le moment d'inertie /„ par rapport à son centre des masses O.

Quant à A^ cos- ψ, on l'évalue en abaissant la perpendiculaire MH sur OA (Fig. 7) :

cos2 ψ = ΟΜ'- — MH^ ,


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544 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

d'où, loA étant le moment d'inertie par rapport à OA :

pA^ cos-ψ du = Io~ loA .

On a finalement (théorème de MacCullagh) :

F i o . 7. F I G . 8.

j O n évalue les moments d'inertie en fonction des cosinus directeurs .vi/r, de la


direction OA, de sorte que

^2 - 2 ¾ [ C l '(-^2 ^ -v? - 2 x\) + - - 6 C,2 .V, .V2 - ···] , (6)

j les points représentant les deux termes q u ' o n peut obtenir par permutation circulaire
des indices.
Le potentiel de la force axifuge est (Fig. 8) (/ = i co^ AH'^ {H' pied de la perpen­
diculaire abaissée de A sur O)). Comme

OH' = — (o)] X] + ωζ X2 + u) \ Xi),


ω
: o n peut écrire après regroupement des termes

t/ - ^ ω2 /-2 t- i [ω\(χΙ -! Λ-f — 2 .vf)-^ ··· — 6 ( U l .vj — •··] . (7)

Le premier terme d u second membre conduit à une déformation de symétrie sphé­


rique et ne nous intéresserait que pour l'étude de la vitesse de r o t a t i o n , mais les effets
q u ' i l produit sont négligeables. O n reconnaît dans le deuxième terme u n harmonique
sphérique de degré 2, Uz. Par confrontation des relations (6) et (7) écrites après avoir
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ROTATION DE LA TERRE DÉFORMABLE 545

a m e n é le p o i n t Aa.\a. s u r f a c e d e l a T e r r e o ù Vz = kUz, o n o b t i e n t les p r o d u i t s d ' i n e r t i e ,


i n t r o d u i t s p a r l a f o r c e a x i f u g e , q u i seuls n o u s s o n t u t i l e s i c i :

^ /cflS ^QS

3 c " ' "'^' 3^f'''2f03, C31 = ^-^fJj . (8)

P o u r f o r m e r les d e u x premières é q u a t i o n s ( 3 ) r e l a t i v e s à l a p o l h o d i e , o n remarque


q u ' o n p e u t é l i m i n e r les t e r m e s d u s e c o n d o r d r e e n m, q u e l a d é f o r m a t i o n n e d o n n e
l i e u q u ' à des m o u v e m e n t s d e masses d e f a i b l e a m p l i t u d e et très l e n t s e t l ' o n n é g l i g e
les f o r c e s extérieures c o m m e p o u r les équations d ' E u l e r . O n p o s e

α^ωΐ C~A
3 G

de sorte q u e

k k
cxi = (C — A)-nn, czi = {C — A)-mz,
K K

r k , X k · ^ k 1 k ·
t-i = - nii -\ mz , hz = - mz m\ . (10)

D a n s les é q u a t i o n s ( 3 ) , les f a c t e u r s d e nu e t mz s o n t + klK)lo}„. Or on verra


q u e kJK ~ 0 , 3 , t a n d i s q u e l / y = 3 0 5 . E n n e c o m m e t t a n t q u ' u n e e r r e u r d e 1/1000 :

mi \ „ »?2 I
— " • + m2 0 , - • mi = 0 .
ω„ γ 1 — kJK ω „ γ I — κ/κ

L ' i n t é g r a t i o n i m m é d i a t e e x p r i m e q u e l a p o l h o d i e est c i r c u l a i r e et q u e sa p é r i o d e est


l a p é r i o d e d ' E u l e r ( 3 0 4 j o u r s ) multipliée p a r le f a c t e u r /C/(ÎC — k ) : c'est l a n u t a t i o n
chandiérienne révélée p a r les o b s e r v a t i o n s e t d o n t l a p é r i o d e c o n d u i t à «:/(«• — k ) = 1,43.
Les observations d e s a t e l l i t e s a r t i f i c i e l s p e r m e t t e n t u n e é v a l u a t i o n précise d e κ. Le
facteur d'ellipticité géopotentielle Jz (Jz = 1,082 7 x 1 0 ^ 3 ) est, e n effet, égal à
( C — A)IMa^, M étant l a m a s s e d e l a T e r r e . A i n s i :

K = 3 GMJzIa^ ωΐ .

A v e c GM = 398,6 x l O ' ^ m3 s ' ^ et α = 6,378 x 10^ m , o n o b t i e n t κ ^ 0 , 9 4 , p u i s

k = 0,28 ,

résultat e x p é r i m e n t a l d ' u n e très g r a n d e i m p o r t a n c e .


I l i m p o r t e d e n o t e r q u e l e présent d é v e l o p p e m e n t n ' e s t v a l a b l e q u e p o u r u n m o d è l e
de Terre élastique. C e t t e c o n d i t i o n est a c c e p t a b l e p o u r des périodes de l ' o r d r e d e
l'année, c o m m e c'est le c a s i c i , et a fortiori p o u r des périodes p l u s c o u r t e s ( v o i r 7 . 4 ) .
E l l e n ' e s t p a s réalisée à l'échelle des durées g é o l o g i q u e s p u i s q u e l a T e i r e p r e n d u n e
f o r m e très p r o c h e d e c e l l e d e l'équilibre h y d r o s t a t i q u e .
D a n s l a s u i t e d e s d é v e l o p p e m e n t s , n o u s c a l c u l e r o n s les v a l e u r s d e Fi c o m m e si l a
T e r r e était i n d é f o r m a b l e , m a i s n o u s l e u r a j o u t e r o n s l a p a r t d u e à l a f o r c e axifuge
e x p r i m é e p a r les é q u a t i o n s ( 1 0 ) . I l est a l o r s c o m m o d e d e définir les f o n c t i o n s d'exci­
tation modifiées (Munk et MacDonald, i960, p. 41)

^. = ^ / ^ , /=1.2,

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546 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

où les Fl sont calculés pour la Terre indéformable. En négligeant encore l/y devant
kJK, et en introduisant les fonctions complexes

m n!\ + i«;2 ,

y/ - ψ\ •••• \ψ2 ,

ainsi que la vitesse angulaire chandiérienneCTQ:

"'ο = •/•f^d —kJK),

les deux premières équations (3) deviennent :

m =- 1σ„(/)! — ψ). (II)

La solution générale de cette équation est :

"Ό ~ 1^0
ψ(τ) e~''O' dr
(12)

où in„ est une constante arbitraire.

7.3. — Polhodie annuelle. — La polhodie annuelle ne doit pas être confondue avec la
trajectoire d u pôle d'inertie. Nous allons montrer par u n exemple simple q u ' u n effet
de résonance se p r o d u i t . Nous considérerons que le pôle d'inertie a u n mouvement
elliptique, et que les h et h restent relativement petits. Dans les fonctions F\ et Fj,
les quantités C]yl{C—A) et czjliC — A) représentent alors les composantes vers
Oxt et Oxz de l'écart angulaire entre l'axe de l'ellipsoïde d'inertie et Ox}. Pour démon­
trer cette propriété, o n calcule l'inertie par rapport à une droite fixe passant par le
centre des masses en prenant d'abord comme système de référence les axes principaux
d'inertie, puis en faisant subir au système de référence des petites rotations autour de
chacun de ses axes. Si par exemple, Oxl xlxl sont les axes principaux d'inertie, le
moment d'inertie par rapport à OA est :

loA = Cn(x\lrr -r C.iixilrY - C.,.,(.v;,V)'·

Dans le système Oxi xz .vj obtenu par r o t a t i o n de ei autour de O.vi, o n trouve, en se


limitant au 1'''' ordre en ει :

loA - C,|(.V|//-)2 ^ CzlUzIl-r- + C,j(jr3//-)2 — 2 ε,(Λ·2.ν.,//-2) (C22 — C , 3 ) .

Par identification et en reprenant le cas de la Terre, on a bien

fl = i-23/(C—A).

C o m m e précédemment, on prendra Li = 0. Puisque nous avons admis la symétrie


de révolution de la Terre, nous pouvons, sans perte de généralité, placer les axes de
la trajectoire du pôle d'inertie suivant les directions de Ox\ et Oxz et écrire :

ciyl(C—A) = ai cos ft,


eziliC — A) = az sin ft.

D'après (4) on a :

F l = ai cos// + az ^ cos//, F2 = ···

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ROTATION DE LA TERRE DÉFORMABLE 547

Comme nous n'envisagerons que des mouvements d u pôle d'inertie à période beaucoup
plus longue que le j o u r , le rapport y/f;j„ sera petit ; i l n'est, par exemple, que 0,003
pour des perturbations annuelles. I l est ainsi possible de négliger le terme en
et l ' o n a :

F[ a\ cos ft, Fz = az s i n / / .

L a fonction d'excitation complexe modifiée ψ est :

ψ ^ hx ei/' + hze-^-i'

avec

b\ ^ -~^rτ-^a^ -• az) , hz γ ^•-. j (a, ^ az) .


1 — k/K 1 — kJK

et la solution générale (12) est

n,„ e"O' -i- > , ei/' -f Λ2 e-'/'.

Le 1 " terme est à nouveau l'oscillation chandiérienne dont l'amplitude est une constante
d'intégration. Les deux termes suivants dont la somme sera désignée par m/ représentent
une composante elliptique de la trajectoire d u pôle, appelée souvent nutation forcée,
de même période que la trajectoire d u pôle d'inertie. Pour calculer les amplitudes
de /«/, o n pose :

'4 1 Az . At — A2 ,,,
iiif - c'" • - — •- e-'/'

de sorte que

n:/ = A 1 coift f- \Az sin fr.

Finalement compte tenu des expressions de ni et 62 :

(•)„ γ(αί σ„ ~- azf) . fo„ -/(«i / - r az (Τ„)


Αχ - —-- —,- -, /12 = , .

L'amplitude de la nutation torcée croît donc lorsque la fréquence forcée s'approche


de la fréquence chandiérienne. Cette résonance joue un rôle considérable pour les
perturbations annuelles d'origine météorologique. On constate enfin que la nutation
forcée est circulaire si le pôle d'inertie décrit u n cercle d ' u n mouvement uniforme.

4. — Effet des marées zonales sur la vitesse instantanée de rotation. — Une approxima­
tion suffisante consiste à supposer que la Terre n o n soumise à l'action des forces exté­
rieures est une sphère de rayon a. Les marées luni-solaires dont o n adoptera le déve­
loppement en harmoniques sphériques limité au 2"^· ordre contiennent des termes
zonaux (voir Chap. 18). Ces termes, par définition, conservent la symétrie de révolution
autour de l'axe de rotation et ils ont des périodes assez longues pour q u ' o n puisse ne
traiter que les effets statiques. O n a alors, dans l'expression (6) de Vz :

Cij = ctj = 0 pour ;• / y ,


C|l^C22, d'où ill=C22.

A u sol, K2 = Ai/2 et l ' o n obtient :

kUz = ^ (cn — c\\) (xi + .V2 — 2 ^3)


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VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

o u encore, en introduisant la latitude φ :

kU2 = ^^(C33 — C i l ) —sin2 .

I l reste à trouver une relation entre C33 et e n ; i l faut pour cela préciser les conditions
de la déformation. O n admettra que les déformations répondent aux hypothèses de
Love : sous l'action d ' u n potentiel W développé en harmoniques sphériques W„,
u n élément de la Terre subit u n déplacement radial A r et une variation de densité Ap
donnés par :

Ar =Y^An hn(r) Wn
n = 2.
Ap = Y^B„mr) Wn

où les An et En sont des constantes et hn e t / n des fonctions de r seul. Comme la somme


des moments d'inertie est

Cii = 2 / 0 = 2 r^pdv,

la somme de leurs accroissements est

3
Σ = 4 r Arp dy + 2 r^ Ap dv .
i= 1
O n constate que les deux intégrales de volume contiennent des intégrales sur des
sphères de rayon r, du type

Γ
W„ds, « = 2,...

Ces intégrales sont nulles comme o n peut s'en assurer en les multipliant par la fonction
harmonique de degré 0, ZQ = 1 (orthogonalité). I l en résulte que

Σ cu=0.

Dans le cas examiné ici, il vient

Dans le développement de U2, o n ne conserve que le terme zonal et le facteur


( 1 / 3 — s i n ^ φ) s'élimine. C33 est donc proportionnel à ( 1 / 3 — s i n ^ (5) (cm/c)3 où δ
est la déclinaison de l'astre perturbateur et où Cm/c est le rapport entre sa distance
moyenne et sa distance réelle.
D'après (3) et (4),

Δω/α)„ = m 3 = — C 3 3 / C .

L a perturbation dans la vitesse de rotation terrestre est proportionnelle à A: ; sa mesure


expérimentale conduira à une nouvelle estimation de ce nombre. Après développement
d u potentiel luni-solaire et en retenant seulement les termes de T U 1 — θ d'amplitude
supérieure à Ο',ΟΟΙ k , o n obtient les ondes suivantes exprimées sous la forme : coeffi­
cient X sin (argument)

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ROTATION DE LA TERRE DÉFORMABLE 549

Coefficient Argument Période Marée

— 0»,002 47 k 2L 13,66j
Mf
— OsOOI 02 k 2L-n 13,63 j
— 0»,002 63 k g 27,6 j M,Im
— Os015 29 k 2Θ 183 j Ss.
— 0»,004 88 k g' 365 j Sa
— 0«,515 0 k Ω 18,6 ans

L : longitude moyenne de la Lune


g : anomalie moyenne de la Lune
Ω : longitude moyenne du nœud ascendant de la Lune
Θ : longitude moyenne d u Soleil
g' : anomalie moyenne d u Soleil.

Seuls les termes mensuel et semi-mensuel ne se trouvent pas inextricablement mêlés


à d'autres inégalités. Leurs amplitudes conduisent à des valeurs de l< encore peu précises
(3 à 10 % en valeur relative) q u i sont compatibles avec les résultats déduits de la
période de l'oscillation chandiérienne. Cet accord n'est pas évident a priori car k
peut dépendre de la période de la perturbation. Des résultats plus précis, tels q u ' o n
peut espérer en obtenir par les nouvelles techniques d'étude de la r o t a t i o n terrestre
seront, à cet égard, très utiles.

7.5. — E f f e t de mouvements cycliques sans changement des moments d'inertie. — O n peut


! concevoir, dans la masse de la Terre, des mouvements cycliques que l ' o n peut schéma-
1 tiser comme la circulation de veines de matière refermées sur elles-mêmes. C'est le
cas, par exemple, des courants océaniques. Ces mouvements ne changent pas les
moments d'inertie.
Si de tels mouvements persistent indéfiniment, ils donnent lieu à des moments
cinétiques h\, hz, hi constants et la solution des équations (3) est de la forme

m} = constante.

Le pôle de la nutation chandiérienne ne coïncide plus avec le pôle d'inertie de la


j Terre. Si le mouvement cyclique prend naissance o u cesse comme dans l'évolution d ' u n
• cyclone tropical, le pôle de la nutation chandiérienne et, par suite, son rayon sont
changés ; dans ces mêmes conditions, la vitesse de r o t a t i o n fournie par ms change
I brusquement elle aussi.

7.6. — Cas général. — Les mouvements des masses terrestres agissent, en


général, simultanément sur les m o m e n t s d'in ertie, les m o m e n t s cinédques et
leurs dérivées. D a n s les études précédentes, nous avons traité séparément l ' u n
ou l'autre de ces aspects ; i l i m p o r t e , dans les cas réels de s'assurer que de telles
a pp rox imations sont acceptables. U n e autre c o m p l i c a t i o n p r o v i e n t d u fait que
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550 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

la Terre cède p a r élasticité sous une surcharge locale et ceci d'une façon diffé­
rente suivant que la surcharge porte sur la terre o u la mer. I l faut encore
examiner les causes de dissipation d'énergie — p a r viscosité et frottements, en
particulier.
E n ce q u i concerne les mouvements de l'atmosphère de périodicité annuelle,
la répardtion différente des masses d'air suivant la saison exige u n t r a n s p o r t de
masses q u i se superpose à la c i r c u l a t i o n générale de l'atmosphère et aux vents
locaux. Ce t r a n s p o r t peut se faire, évidemment, suivant u n trajet quelconque ;
mais o n peut chercher à l'effectuer de sorte que sa c o n t r i b u t i o n dans les h et h
soit m i n i m a l e . O n constate que, dans ces c o n d i d o n s , i l ne donne lieu qu'à des
déplacements très lents d o n t les effets sur les moments cinétiques et leurs
dérivées sont négligeables. O n peut donc étudier séparément la répartition des
masses d'air et les vents.

8. — I N T E R P R É T A T I O N DÉTAILLÉE D E S RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX.


TERMES ANNUELS

Le terme annuel de la polhodie est principalement dû à la répartition diffé­


rente des masses d'air suivant la saison ; l ' a c c u m u l a t i o n de masses d'air sur
l'Asie en hiver j o u e un rôle essentiel. Les masses d'eau o u de neige déposées
sur le sol sont aussi à considérer. Par contre, les vents et courants sont négli­
geables. Le budget général c o n d u i r a i t à u n mouvement d u pôle d'inertie d ' a m ­
p l i t u d e t r o p grande, mais l'accord avec les observations est amélioré p a r les
corrections d'isostasie.
Les phénomènes métérologiques n'étant pas rigoureusement reproductibles
d'année en année, o n p o u r r a i t s'attendre à des variations réelles de la p o l h o d i e
annuelle. M a i s ces variations sont difficiles à séparer des variations fictives
introduites p a r les techniques classiques d'observation : effets thermiques
instrumentaux, rôle des erreurs sur les catalogues d'étoiles, réfractions zéni­
thales. Ces erreurs sont illustrées p a r la différence des polhodies déduites des
mesures de latitudes et de longitudes. Les observations de satellites, n o n sou­
mises à la périodicité annuelle, devraient être exemptes de ces erreurs.
N o u s avons déjà noté que la séparation entre les oscillations annuelle et
chandiérienne est très difficile. Certains auteurs o n t discerné des corrélations
entre l ' a m p l i t u d e d u terme annuel d'une p a r t , l ' a m p l i t u d e et la période de l'os­
c i l l a t i o n chandiérienne d'autre part. Ces résultats restent f o r t incertains et
n ' o n t pas été justifiés par la théorie.
L a variation saisonnière de T U 1 — 0 contient, o n l ' a v u , des termes annuels
et semi-annuels dus aux marées zonales. M a i s l'effet p r i n c i p a l est dû également
aux mouvements de l'atmosphère. Cependant, i c i , l a répartition des masses est
pratiquement sans effet et c'est la c i r c u l a t i o n zonale q u i est en cause. Dans la
troposphère, cette c i r c u l a t i o n est variable suivant la saison, mais la symétrie
entre les deux hémisphères n'est pas assurée : c'est donc u n effet différentiel
q u i est estimé d'après le sdonnées météorologiques et la marge d'incertitude est
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L'OSCILLATION CHANDLERIENNE 551

grande. Dans la stratosphère, o n a récemment découvert une mousson s t r a t o -


sphérique d o n t les renversements b r u t a u x o n t lieu en avril/mai et septembre.
Une corrélation entre les dates de changement de signe de Δω/ωο ^ t des ren­
versements de la mousson stratosphérique paraît exister et i l se peut que cette
mousson soit la cause essentielle de la v a r i a t i o n saisonnière de T U 1 - 0.
Cependant la corrélation repose surtout sur les propriétés anormales de
Tannée 1959, tant p o u r la mousson stratosphérique que p o u r la r o t a t i o n ter­
restre : ce problème appelle de futures études.

9. — L ' O S C I L L A T I O N C H A N D L E R I E N N E

9.1. — Période de l'oscillation. — La théorie développée dans la section 7 . 2


a montré que l'oscillation chandiérienne n'était autre que la n u t a t i o n d'Euler
allongée par l'élasticité de la Terre. Mais elle n'explique pas les variations
d'amplitude, n i éventuellement de période.

9.2. — Amortissement de l'oscillation. — L'élargissement de la raie spec­


trale correspondant à l'oscillation chandiérienne peut être causé par une
variation réelle de la période mais cela c o n d u i r a i t à des variations d u n o m b r e
de Love k q u i sont inexplicables. I l est plausible de rejeter cette hypothèse.
L'interprétation la plus couramment admise est que la Terre se c o m p o r t e
comme un oscillateur a m o r t i de fréquence propre constante et soumis à une
excitation irrégulière aléatoire. Cette hypothèse ne permet pas une bonne esti­
mation d u temps de relaxation : o n a déjà noté la divergence des estimations.
Jeffreys (1968) adopte un temps de relaxation de 23 ans (les limites fixées par
l'écart-type sont 14 et 70 ans !). L'amortissement exige une dissipation d'inertie.
Pour la caractériser on fait fréquemment usage d u fadeur de qualité Q défini
( 1 . 3 . 3 ) comme l'inverse de la perte relative d'énergie au cours d ' u n cycle :

Eût

où E est l'énergie totale d u système. A l'amortissement de Jeffreys correspond


Q % 50. Cette valeur de Q étant mal déterminée et sa petitesse surprenante par
comparaison à ce que l ' o n p o u r r a i t attendre d'après les marées terrestres et les
oscillations libres de la Terre, le doute sur une interprétation correcte des obser­
vations c o n d u i t à chercher une c o n f i r m a t i o n dans des observations autres que
les mesures astronomiques (voir les Chap. 11 et 12).

Etant donné la longue période des variations d u potentiel de la force axifuge, o n peut
supposer que les océans s'approchent de la forme d'équilibre hydrostatique. O n doit donc
observer, mesurée par rapport au sol, une marée polaire à la fréquence chandiérienne. Cette
marée apparaît effectivement sur les marégraphes et l'analyse spectrale révèle une raie aussi
fine que la qualité des données le permet, pour laquelle Q serait au moins égal à 100.
Ces contiadictions ne sont pas élucidées et le mécanisme provoquant un fort amortissement
nest pas c o n n u . L'explication par le frottement associé à la marée polaire, bien q u ' i l soit
COULOMB e t JOBERT — 1 www.bibliolivres.com 22
552 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

insuffisant dans l'hypottièse de la marée statique, ne peut pas être éliminée car des effets
dynamiques peuvent exister dans les bassins ayant une fréquence de résonance voisine de la
fréquence de Chandier.
Les frottements dans le manteau ne peuvent expliquer Q ~ 50, mais conviendraient pour
le Q de la marée polaire.
L'absorption d'énergie peut être située au niveau intermédiaire entre le noyau et le m a n ­
teau, l'inertie du noyau s'opposant à son entraînement par le manteau. Le couplage électro­
magnétique a été jugé insuffisant par Rochester et Smylie (1965). Le couplage mécanique ne
paraît pas n o n plus satisfaisant (voir § 15.3).

10. — E X C I T A T I O N D E L ' O S C I L L A T I O N C H A N D L É R I E N N E

Si le taux d'amortissement observé est très incertain, i l n'en est pas moins
sûr que l'oscillation chandiérienne s ' a m o r t i t et le fait qu'elle subsiste après des
m i l l i o n s d'années impose une source d'excitation. N o u s allons v o i r les explica­
tions proposées, bien qu'aucune n'ait été déiînitivement acceptée.

10.1. —Mouvements atmosphériques et océaniques. — L'explication la plus


évidente et la plus c o u r a m m e n t admise est la v a r i a t i o n n o n strictement pério­
dique des moments d'inertie par suite des mouvements saisonniers des masses
d'air. Sous sa forme mathématique, le problème est simple p u i s q u ' i l suffit
d'intégrer numériquement les équations (3) d u paragraphe 7 après une évalua­
t i o n des fonctions d'excitation (4) d u paragraphe 7 au moyen des relevés météo­
rologiques. M u n k et Hassan (1961) o n t conclu, par l'étude de 75 ans de relevés
météorologiques que ces déplacements atmosphériques étaient de 10 à 100 fois
t r o p faibles. Le rôle des océans est, d'après eux, négligeable, mais ce p o i n t est
controversé par Sekiguchi (1966).

10.2. — I m p u l s i o n s . — U n e hypothèse d ' u n grand intérêt a été émise par


R u n c o r n (1970) q u i a étudié le rôle de couples-impulsions, à la fois sur la
p o l h o d i e et sur la vitesse de r o t a t i o n de la Terre.

Supposons que l'impulsion survienne à / = 0. Dans la solution générale (12) du


paragraphe 7, o n prend ψ(τ) = Νδ{τ), où ο{τ) est la distribution de D i r a c et où N
est complexe. On obtient :

m = m n e'^o', pour /< 0,


(1)
»; = («)„ — \a„N)c^''o\ pour / > 0 .

Ces équations m o n t r e n t que le couple-impulsion déplace soudainement le


pôle de r o t a t i o n , mais qu'ensuite la p o l h o d i e est un cercle concentrique à la
p o l h o d i e initiale. Cette hypothèse représente bien les caractéristiques de l'oscil­
l a t i o n chandiérienne, en supposant que l ' i m p u l s i o n est en fait répartie sur une
durée de l ' o r d r e de l'année. L a figure 9 m o n t r e , p a r exemple, le changement de
l ' a m p l i t u d e de l'oscillation chandiérienne au cours de 1967. 11 est manifeste que
ce changement a eu lieu sans changement appréciable de centre. Les for­
mules (1) i m p l i q u e n t u n déphasage possible. M a i s ce déphasage n'apparaît
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EXCITATION DE L'OSCILLATION CHANDLERIENNE 553

•4 •3 .2 Ο'.Ί 0

Λ.o·:^

OCI
0
y

•0.1

Fio. 9. — Changement de l'amplitude de l'oscillation chandiérienne en 1967-1968.

pas en général : i l faut donc supposer que les couples-impulsions sont équa­
toriaux. Les impulsions surviendraient à des intervalles irréguliers de l ' o r d r e de
5 ans.
R u n c o r n (1970) propose p o u r origine de l ' i m p u l s i o n u n couplage électroma­
gnétique entre le n o y a u et le manteau, bref mais intense, dû à l'émergence de
perturbations magnétohydrodynamiques à la surface d u n o y a u . A l a vitesse
de p r o p a g a t i o n de 1 cm/s, une p e r t u r b a t i o n de quelques centaines de kilomètres
de diamètre agirait pendant u n a n . Ces excitations n'étant pas aléatoires, les
méthodes d'analyse appliquées p o u r déterminer l'amortissement de l'oscillation
chandiérienne t o m b e n t en défaut et R u n c o r n met en doute les taux trouvés.

10.3. — Séismes. — L'idée que les séismes peuvent être la cause de l'excita­
tion de la p o l h o d i e chandiérienne date d u début d u siècle. Elle a été récemment
reprise p a r M a n s i n h a et Smylie (1967, 1970) q u i o n t étudié le rôle des change­
ments des moments d'inertie q u i accompagnent les réarrangements de matière
au cours d ' u n séisme.

Dans les équations d'excitation, o n conserve les termes en e u , £ 2 3 et leurs dérivées.


Après calcul des équations d'excitation modifiées, la relation (11) d u paragraphe 7
conduit à :

e-ii'oT[iW|,(ci3 + ic2}) + C l 3 + iczi] d r . (2)

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554 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

O n supposera que le séisme survient à l'instant t = 0. Avant et après cet instant, les
Ci} sont constants et les c,- = 0. Avant le séisme, le pôle décrit un cercle donné par
I /«o I ^ Cte, l'origine étant fixée par les (¾. Pour simplifier l'écriture o n désignera
désormais par Acij la modification aux produits d'inertie à l'instant ?„ et l ' o n recher­
chera les changements de rayon et de centre de la polhodie. I l est clair qu'après le
séisme la polhodie sera à nouveau circulaire. Suivant Mansinha et Smylie, on repré­
sentera les cij par une fonction échelon ii{t) et leurs dérivées par la fonction de
Dirac SU) :

I (M ic2.i (Δί'υ - ià.C2i)it(t) I iiU) 0, / < 0,

I ίΊ.ι ί i c 2 . 1 (ΔίΜ.ι : 1Δί·2.ι)ί5(Μ I 1, l>0.

On obtient alors, en laissant le terme en m„ :

mU) ^ e ' " » ' ( Δ η , • ΙΔ<·2,)^ ( Δ η , : ΙΔί·,,).


Ασ„ • Ασ„

I rTjo>„ étant inférieur à 0,05 %, on a la conclusion qui suit.

A l'instant d u séisme, la modification d u rayon de l'oscillation chandiérienne


est opposée au déplacement de son centre : i l n'y a pas de déplacement soudain
d u pôle, mais un p o i n t anguleux dans sa trajectoire.
M a n s i n h a et Smylie o n t effectivement retrouvé dans les polhodies d u S I M P
et d u B I H des cassures d u terme chandlérien d o n t les dates coïncident à une
dizaine de j o u r s près avec celles des séismes les plus i m p o r t a n t s . Le niveau de
signification de cette corrélation est l'objet de controverses, mais o n admet
généralement que la corrélation est réelle. Les mêmes auteurs o n t trouvé que
les cassures surviennent, en moyenne, avec une avance de quelques j o u r s sur les
séismes. Ce dernier résultat est f o r t douteux, car i l peut être aisément affecté
par des erreurs systématiques.

Il reste à montrer que le champ des déformations de la Terre, après un séisme, est
suffisant pour modifier les dj des quantités voulues. I l ne suffit pas de traiter les dépla­
cements au voisinage de la faille qui a causé le séisme : les déformations s'étendent
très l o i n (Chap. 13). N o u s ne pouvons pas développer ici les calculs de Mansinha et
! Smylie. Leur résultat est compatible avec les variations observées de l'oscillation chand­
iérienne. I l peut aussi expliquer la dérive observée d u pôle.

10.4. — Couples-impulsions ou séismes '!— Si l ' o n accepte les estimations


des ordres de grandeur des effets géophysiques i n t r o d u i t s par R u n c o r n , M a n ­
sinha et Smylie (mais i l faut préciser qu'elles ne sont pas universellement
admises), les mécanismes proposés expliquent bien, q u a n t i t a t i v e m e n t et q u a l i ­
tativement certaines particularités de la polhodie. 11 n'est certes pas impossible
que les deux mécanismes agissent séparément. 11 est aussi concevable que les
perturbations dans le noyau, admises par R u n c o r n , déclenchent les séismes
en des régions où les tensions se sont élevées à proximité d u p o i n t de r u p t u r e .
C o m m e , d'autre p a r t , ces mêmes mécanismes conduisent à des résultats
plausibles sur la vitesse de r o t a t i o n terrestre et la dérive d u pôle, ils méritent
une grande a t t e n t i o n .
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EXCITATION DE L'OSCILLATION CHANDLERIENNE 555

10.5. — Battements. — La variation de l'amplitude chandiérienne depuis 1900 est repré­


sentée par la figure 10. Cette figure suggère l'existence de battements sur une période de
40 à 45 ans, entre deux composantes de périodes voisines de 1,19 an et différant entre elles
de 0,032 an environ. D u point de vue de l'analyse des données, ces battements seraient confir­
més par le saut de phase en 1926 et par le dédoublement de la « raie » chandiérienne dans
les analyses spectrales, mais ils n'expliquent pas les irrégularités de la variation de l'amplitude.
Du point de vue géophysique, i l n'est pas possible d'expliquer le battement par le couplage
manteau/noyau car la fluidité d u noyau conduit à une période d'oscillation libre beaucoup
trop longue. C o l o m b o et Shapiro (1968) proposent un battement entre les oscillations chand-
lérienncs de deux couches d u manteau séparées à la profondeur compiise entre 400 et 1 000 k m ,
la séparation de ces couches étant suggérée par une anomalie de vitesse des ondes sismiques :
le couplage impliqué reste mal compris. O n peut se demander si le couplage entre deux
périodes aussi voisines ne peut pas être la cause de relâchements soudains de tension q u i
seraient la source des impulsions de R u n c o r n . A notre connaissance, cette hypothèse n'a pas
été examinée.

C (semi.amplitude 3

.o'3 -

.0*2 / \

date

1905.0 11.0- 17.0 23.0 29.0 3 5.0 41.0 4 7.0 5 3.0 59.0 eS.O 71.0
1 1 1 1 ! 1 1 1 1 J . ... 1 ..

Fia. 10. — Variation de la demi-amplitude de l'oscillation chandlérieime ( G U I N O T , 1 9 7 2 ) .

Ces battements pourraient expliquer que l'oscillation chandiérienne totale garde une a m p l i ­
tude maximale presque constante et q u ' o n n'ait p u observer dans le passé des amplitudes
supérieures à celles d u x x ' ' siècle. E n effet, les mesures astronomiques d u x i x ' ' siècle, bien
qu'elles ne fussent pas assez précises pour mettre en évidence les détails d u mouvement d u
pôle, permettent de fixer une limite supérieure de l'ordre de 1 " à son amplitude totale. D'autre
part, on ne trouverait plus alors l'amortissement inexplicable de l'oscillation chandiérienne.
11 est intéressant de noter que si les battements se confirment, un nouveau renversement
de 180" de la phase devrait survenir entre 1970 et 1980, la précision accrue des résultats le
montrerait alors sans conteste.

10.6. - - Autres excitations. — Le rôle des cyclones t r o p i c a u x a été examiné.


On peut m o n t r e r par l'examen des équations (3) et (4) d u paragraphe 7 que les
cyclones agissent p a r l'intermédiaire d u i n o m e n l cinétique et de la v a r i a t i o n
d'inertie par perte de masse a u centre d u cyclone. Les effets sont de même sens
dans l'hémisphère N o r d , mais opposés dans l'hémisphère S u d . Cette dissy­
métrie peut être une cause d ' e x c i t a t i o n de l ' o s c i l l a t i o n chandiérienne et de
dérive d u pôle.
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556 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

11. — L A DÉRIVE D U POLE

N o u s venons de v o i r q u ' u n e p e r t u r b a t i o n de la f o n c t i o n d'excitation provo­


q u a i t , en général, l ' a p p a r i t i o n simultanée d'une m o d i f i c a t i o n de la polhodie
chandiérienne et d'une dérive d u pôle moyen. Les phénomènes que nous
envisagerons maintenant se situent à u n niveau de durées beaucoup plus élevé
et nous verrons qu'ils excitent peu l'oscillation chandiérienne ; de plus, même si
l'amortissement est beaucoup plus lent que ne le laissent supposer les observa­
tions astronomiques, i l peut s'exercer.

' 11.1. — L'aplatissement fossile et la dérive du pôle. — Nous avons v u ( § 7 . 2 ) que les
satellites artificiels fournissent le facteur d'ellipticité géopotentiel J2 q u i est :

i J ^ C - ^ _ y 1
; ^ Ma2 1+ 7 Ma^ '

d'où l ' o n déduit

; Λ& = Μ ' + ΰ '


! relation dans laquelle /2 est c o n n u à environ ± 5 x 1 0 " ' près en valeur relative.
I Mais d'autre part, C/A/a^ peut être calculé en supposant que la Terre est en équilibre
' hydrostatique et en tenant compte de la variation de masse spécifique avec la profon­
deur dans difTérents modèles de Terre (voir Chap. 21). Jeffreys (1970) aboutit ainsi
à la valeur la plus probable de J2 hydrostatique (désignée par j'2)

I / 2 = (1 072,1 ± 0 , 4 ) 1 0 - 0 .

L'écart entre J2 c\ j ' i est significatif.

L'explication souvent proposée est que la Terre a conservé la f o r m e qu'elle


avait lorsque sa vitesse angulaire de r o t a t i o n était plus élevée. Pour fixer
l'échelle de temps de ces phénomènes, cherchons la date où Jj aurait corres­
p o n d u à l'équilibre hydrostatique en admettant que le taux de ralentissement
de la r o t a t i o n terrestre

d ω
àt WQ

est resté constant et égal à — 2,1 x 10"**. C o m m e (§ 7 . 4 ) ,

Δω _ _ AC
ω C

et que

A C _ Δ72 _ 10^
C ~ J2 ~ ï 082,7

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LA DÉRIVE DU POLE 557

on trouve

- i l = - 4,7 X 10* ans .

Cet énorme retard c o n d u i t a u n e viscosité de la Terre de 8 x 10^^ dynes. s. c m " ;


viscosité si élevée qu'elle interdirait pratiquement toute dérive d u pôle. Ce
résultat est en c o n t r a d i c t i o n avec les indications d u paléomagnétisme ; de plus,
les réajustements isostasiques après d i s p a r i t i o n des surcharges glaciaires
(relèvement fînno-scandinave, par exemple) donnent des viscosités 10* à
10' fois plus faibles.

11.2. — M o u v e m e n t s relatifs lents au sein de la Terre. — G o l d r e i c h et


T o o m r e (1969) o n t calculé les effets de mouvements extrêmement lents de
faibles masses sur une sphère en r o t a t i o n . L e u r conclusion est que l'axe de
r o t a t i o n peut avoir des déplacements i m p o r t a n t s q u i accompagnent ceux de
l'axe p r i n c i p a l d'inertie. De tels mouvements n'excitent pratiquement pas
l'oscillation eulérienne.
Dans le cas de la Terre, cette théorie se heurte à celle de l'aplatissement
fossile. TI faudrait en effet que la Terre puisse adapter sa forme à la p o s i t i o n
de l'axe instantané de r o t a t i o n en des temps beaucoup plus courts que ceux q u i
sont impliqués par la mémoire d'une vitesse de r o t a t i o n ancienne. M a i s G o l d ­
reich et T o o m r e mettent en doute l'existence de l'aplatissement fossile. Si
l'équilibre hydrostatique était réalisé, les moments d'inertie C , , et C22 seraient
égaux : i l n'en est rien c o m m e le m o n t r e n t les harmoniques sectoriels d u déve­
loppement d u potentiel terrestre. Si l ' o n appelle C i ' i , C22, C 3 3 l'excès des
moments p r i n c i p a u x d'inertie sur ceux que donnerait l'équilibre hydrostatique
(Chap. 21), G o l d r e i c h et T o o m r e obtiennent

C33 - C'22= + 6,9 x 1 0 " " Ma^ ,

C22 - C ' i , = + 7,2 X 1 0 ' " M a ' .

L'écart à l'équilibre hydrostatique se t r a d u i t par u n ellipsoïde à 3 axes inégaux


d o n t la probabilité de réalisation, p o u r des corps quasi sphériques pris a u
hasard est très grande. Si l ' o n rejette l'hypothèse de l'aplatissement fossile,
on peut expliquer les écarts à l'équilibre hydrostatique par des mouvements
convectifs dans le manteau q u i s'accompagnent de variations de densité et q u i
donnent lieu aux dérives des continents ; les diflRcultés concernant la viscosité
tombent.
L ' e x p l i c a t i o n de la dérive d u pôle par les mouvements dans le manteau,
proposée depuis longtemps, reste donc très plausible et n'est pas en réelle
contradiction avec les données récentes sur les harmoniques zonaux.

11.3. — Fonte des glaces. — Par suite de la dissymétrie des continents et des
calottes glaciaires, la fonte des glaces affecte le mouvement d u pôle p a r lente
modification des moments d'inertie. A cet égard, la c o n t r i b u t i o n d u G r o e n l a n d
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558 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

est prépondérante et la fusion de ses glaces déplace le pôle dans sa direction,


ce q u i est conforme aux données des observations astronomiques d u x x ^ siècle.
M a i s , cette fusion élève le niveau des océans, accroît C 3 3 et d i m i n u e la vitesse
de r o t a t i o n terrestre. O r , cette vitesse s'est accrue de 1910 à 1940. Cette contra­
d i c t i o n ne suffit pas, toutefois, à condamner la fonte des glaces comme cause de
la dérive d u pôle ; la vitesse de r o t a t i o n peut varier sous l'effet d'autres phéno­
mènes géophysiques.

11.4.—Irrégularités de la dérive. — M a r k o w i t z (1960) a interprété les


irrégularités de la dérive, montrées par la figure 4, en superposant une nutation
de 24 ans à une dérive linéaire. Cette n u t a t i o n est peu justifiée par sa significa­
t i o n statistique. Busse (1970) estime cependant que cette n u t a t i o n p o u r r a i t venir
d ' u n battement entre les oscillations libres d u manteau et de la graine.
Les irrégularités peuvent aussi s'expliquer par les excitations de l'oscillation
chandiérienne, suivant le processus décrit en 10.3, par des mouvements locaux
des stations et peut-être même par des erreurs systématiques des mesures
astronomiques. M e l c h i o r (1958) a, en effet, remarqué que les points anguleux
de la dérive survenaient lors des changements de listes d'étoiles des stations du
S I L : bien que le procédé d ' i n t r o d u c t i o n de ces erreurs soit obscur, ces coïnci­
dences restent troublantes.

12. — P E T I T S M O U V E M E N T S PÉRIODIQUES DU POLE

N o u s examinerons maintenant, pour terminer l'étude d u mouvement du


pôle, deux composantes périodiques de petite a m p l i t u d e q u i o n t été révélées par
la théorie. Ces composantes apparaissent évidemment dans les mesures de
latitude et de temps universel (par l'intermédiaire de la longitude). Elles sont à la
l i m i t e de la précision des mesures et leur existence est mieux démontrée si on
les retrouve p o u r chaque instrument, plutôt que dans une combinaison des
mesures p o u r obtenir les coordonnées x et y d u pôle. De plus, i l convient de
corriger individuellement les séries d'observations p o u r tenir compte de tous les
termes de petite a m p l i t u d e q u i viendraient altérer les résultats. Parmi ceux-ci,
il faut mentionner ceux q u i proviennent des insuffisances des développements
de la n u t a t i o n astronomique, de la mauvaise connaissance de certaines cons­
tantes astronomiques (comme celle de l'aberration) et s u r t o u t ceux q u i sont dus
aux marées terrestres.

La verticale, par rapport à Taxe instantané de rotation terrestre est défléchie par l'attrac­
t i o n luni-solaire ; cet effet est aisément calculable pour la Terre indéformable mais il doit
être multiplié par la combinaison / ^ (1 I k — /) des nombres de Love pour la Terre
élastique. Les marées les plus importantes sont les marées lunaires diurnes et semi-diurnes ;
l'étude de leur influence sur les mesures de latitude et de temps universel permet la détermi­
nation expérimentale de )..

12.1. — Nutation diurne. — O n désigne sous ce n o m les mouvements de l'axe de rotation


par rapport à la Terre q u i sont induits par la précession et la nutation. Dans l'hypothèse
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PETITS MOUVEMENTS PÉRIODIQUES DU POLE 559

d'une Terre indéformable, leurs périodes et phases sont parfaitement connues et leurs a m p l i ­
tudes sont déduites des termes de la précession et de la n u t a t i o n avec une précision surabon­
dante. Les 3 termes de quelque importance o n t des demi-amplitudes de 0", 087, 0", 062 et
0", 029, les périodes sont très voisines d u j o u r sidéral. Mais d u fait que les observations sont
toujours faites aux alentours de minuit local, o n observe u n effet stroboscopique et le seul
terme qui peut être déterminé (car les autres se trouvent mêlés aux erreurs de caractère annuel
de sources diverses) a pour période 14,2 j . Mais ce terme a exactement le même argument
que celui q u i est dû à la marée terrestre diurne. Le fait est regrettable, car Fedorov (1958)
a montré que par suite de l'élasticité de la Terre, les amplitudes devaient être multipliées par
un facteur inférieur à 1 (qu'il estime à 0,76) et dont la détermination expérimentale aurait
été utile.

12.2. — Nutation presque diurne. — Molodensky (1961), Vicente et Jeffreys (1964) o n t


montré que la présence d ' u n noyau liquide provoquait une n u t a t i o n de l'axe de r o t a t i o n
terrestre dont la période pour différents modèles de Terre est inférieure de quelques minutes
au j o u r sidéral (Chap. 18).
Si l'on observe à heure fixe dans la nuit, l'effet stroboscopique mentionné en 12.1 transforme
la période en 200 jours environ. Si l ' o n observe toujours la même étoile, la période transformée
est de l'ordre de l'année. I l est très difficile de mettre en évidence des termes à si longue période
car ils se séparent mal des inégalités de T U et de la latitude. L'analyse spectrale révèle le
plus souvent une profusion de raies dont l'interprétation est douteuse (Chollet et Débarbat,
1972). I l apparaît néanmoins que cette nutation presque diurne ne doit pas excéder en a m p l i ­
tude 0", 0 1 . Il est clair que la détermination expérimentale précise de sa période permettrait
le choix entre les divers modèles proposés.

13. — R A L E N T I S S E M E N T P R O G R E S S I F DE L A R O T A T I O N

Ce ralentissement, bien mesuré, est convenablement expliqué par le retard


de la marée sectorielle sur l'astre q u i l'a provoquée. Pour décrire succinctement
le mécanisme de cette a c t i o n , nous considérerons que l'astre est dans le p l a n
équatorial, q u i est celui de la figure 11. L a Terre, par suite de viscosité ( o u
frottements océaniques), entraîne dans sa r o t a t i o n le renflement provoqué par

\ de rotation
de la Terre

F i G . 11. — Ralentissement de la rotation terrestre. Les forces F\ et Fz agissant


sur des point symétriques /( i et /12 se réduisent à un couple et des forces compensées
par le mouvement o r b i t a l .
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560 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

Tastre perturbateur L. L'observateur lié au sol observe d ' a b o r d le passage


de L au méridien puis la marée haute. I l apparaît alors un couple q u i freine la
r o t a t i o n terrestre. Une étude plus poussée m o n t r e r a i t qu'en outre une partie de
l'énergie perdue par la Terre est transférée au mouvement de la Lune d o n t le
rayon de l ' o r b i t e croît et le moyen m o u v e m e n t d i m i n u e .
La part relative des marées terrestres et océaniques n'est pas encore connue.
Le retard de la marée océanique atteint parfois plusieurs heures et la déperdition
d'énergie se fait par frottements dus aux courants dans les mers peu profondes
et les détroits. Les estimations de ces pertes sont assez peu concordantes,
mais leur ordre de grandeur convient.
La marée terrestre est beaucoup moins décalée. O n observe un retard de
quelques degrés, mais parfois aussi une avance, et d'aussi petits déphasages
peuvent être entachés d'erreurs systématiques dues aux instruments et surtout
aux perturbations causées par les marées océaniques. L ' i m p o r t a n c e des marées
terrestres tient à ce qu'elles agissent dans toute la Terre et n o n seulement sur
une couche superficielle c o m m e les océans. Si le ralentissement leur était
entièrement dû, il faudrait un décalage de 5". L'énergie cinétique perdue serait
dissipée en chaleur dans les déformations visqueuses ; le flux thermique ainsi
engendré n'est pas incompatible avec les données expérimentales.

14. — IRRÉGULARITÉS P É R I O D I Q U E S DE L A V I T E S S E D E R O T A T I O N

Nous rappelons pour mémoire celles qui sont dues aux marées zonales et qui ont été étu­
diées en 7.4, ainsi que l'inégalité annuelle étudiée en 8.
Les valeurs précises de T U 1 — θ (on rappelle que T U 1 est corrigé des inégalités dues au
mouvement d u pôle et que 0 est le temps uniforme) ne sont disponibles que depuis 1955.
Elles se prêtent donc mal à l'analyse spectrale pour rechercher des périodes cachées supérieures
à l'année. Cependant, De Prins (1966), lijima et Okasaki (1966) ont trouvé dans T U 1 — 0
un terme presque bi-annuel de 9 ms de demi-amplitude q u i correspondrait à la variation de
la vitesse de la circulation stratosphérique de période 26 mois : ceci confirmerait le rôle
important de la circulation stratosphérique dans la variation saisonnière de T U 1 — ϋ.
Le moment cinétique relatif de ces vents a été estimé et il convient.

15. — F L U C T U A T I O N S IRRÉGULIÈRES DE L A V I T E S S E DE ROTATION

Nous entrons ici dans un domaine extrêmement mal connu, tant d u point de vue expéri­
mental que d u point de vue théorique. Si l ' o n considère la 3" équation (4) d u paragraphe 7,
o n peut rechercher l'origine des fluctuations dans chacun des trois termes de droite.

J 5 . I . — E x i s t e n c e d'un couple interplanétaire (L^). — O n peut penser à une interaction


entre la Terre et le plasma interplanétaire. Les fluctuations de l'activité solaire pourraient
amener des variations d u couple par l'intermédiaire de variations de la conductibilité d u
milieu interplanétaire. U reste difficile d'expliquer des accélérations de la r o t a t i o n . D u point
de vue empirique, plusieurs auteurs ont discerné des corrélations entre l'activité solaire et
la r o t a t i o n terrestre ; mais ces corrélations sont très incertaines.

15.2. — Variation du coefficient d'inertie C 3 3 . — Les ordres de grandeur donnés par les
fluctuations du niveau des océans ne sont pas incompatibles avec les variations de vitesse
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FLUCTUATIONS DE LA VITESSE DE ROTATION 561

observées. Nous avons v u , cependant, que le déplacement d u pôle moyen ne correspond pas
à ces variations. I l ne semble pas possible, d'autre part, d'expliquer ainsi les fluctuations à
l'échelle de quelques années.
Les mouvements verticaux de blocs continentaux se révèlent insuffisants.
I l est donc très probable que seuls des moments cinétiques relatifs par r a p p o r t a u n système
de référence lié à la croûte ( q u i porte nos instruments d'observation) peuvent rendre compte
des observations.

15.3. — Mouvements relatifs de matière {action sur A 3 ) , — I l est générale­


ment admis que les mouvements d u noyau et sa turbulence p r o v o q u e n t les
fluctuations de la r o t a t i o n terrestre. L a dérive vers l'ouest d u c h a m p magnétique
(voir tome I I ) révèle une r o t a t i o n différentielle d u n o y a u par r a p p o r t a u m a n ­
teau. Toutefois, si ce mouvement se produisait sans couplage, i l ne p r o d u i r a i t
aucune fluctuation (ni mouvement d u pôle). Dans l'éventualité d ' u n couplage,
toute irrégularité de r o t a t i o n d u manteau d o i t être compensée par une inégalité
de la dérive d u c h a m p magnétique. Ces corrélations o n t été effectivement
trouvées par Vestine (1952), Bail et al. (1968). De n o m b r e u x mécanismes de
couplage o n t été envisagés (voir Rochester, 1970).
Le couplage par inertie est dû à l'ellipticité de la frontière-manteau n o y a u .
Si une r o t a t i o n relative a lieu suivant u n axe incliné sur l'axe de figure, i l crée
des mouvements dans le sein d u noyau fluide. I l y a donc échange d'énergie
cinétique, même si le fluide est parfait. U n processus analogue serait suivi si la
frontière présentait des irrégularités locales même de dimensions modestes q u i
peuvent être figurées par une rugosité. Les développements les plus poussés
exigent que la viscosité soit prise en compte, ainsi que la présence de la graine.
L a viscosité d u n o y a u , par les frottements même qu'elle i m p l i q u e , est une
cause de couplage, mais elle est m a l connue. Le problème inverse q u i consiste­
rait à déterminer la viscosité d'après le couplage n'est guère p r o m e t t e u r ,
car i l existe de nombreuses autres possibilités de couplage.
Le couplage électromagnétique est le plus généralement admis, par i n d u c t i o n
de courants électriques dans la partie inférieure conductrice d u m a n t e a u .

.8
-ΐχίο-

1 956 57 58 59 60 61 63 64 65 66 67 68

F I G . 12. — Irrégularités de la vitesse de rotation terrestre,


moyennes annuelles de Δω/ωο.
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562 VARIATION DE LA VITESSE DE ROTATION DE LA TERRE

Tous ces mécanismes de couplage peuvent expliquer des variations de


Δω/ωο de l'ordre de quelques unités de 1 0 " ' ° par an. Mais o n sait, depuis
l ' a p p a r i t i o n d u temps a t o m i q u e que Δω/ωο peut varier de plus de 3 x 1 0 " ^ par
an ( F i g . 12). O n doit attribuer ces fluctuations amples et à relativement court
terme (quelques années) à un processus différent (voir 10.2).

16. — CONCLUSIONS

O n a souvent d i t que notre connaissance de la r o t a t i o n terrestre n'avait pas


progressé depuis le début d u siècle. Ses caractéristiques principales avaient été
en effet découvertes entre 1890 et 1900, la période de l'oscillation chandiérienne
avait été expliquée par N e w c o m b en 1892. Les travaux de Poincaré, sur la
r o t a t i o n des corps déformables, et de Love remontent à la première décennnie
de ce siècle.
En réalité, ce q u i empêche de progresser est le peu de précision des observa­
tions astronomiques. L a précision des coordonnées d u pôle d u Service inter­
national des Latitudes n'a pas augmenté depuis 1900, elle s'est même dégradée
d u r a n t certaines périodes, après l'enthousiasme des découvertes d u début. La
solution d u Bureau international de l'Heure apporte une amélioration :
certaines erreurs sont divisées par 2 o u 3 ; amélioration bien modeste si o n la
compare au progrès des autres sciences.
En revanche, de très n o m b r e u x travaux théoriques de géophysique o n t été
poussés, surtout après 1950. Mais ils restent dans le domaine de la spéculation
tant qu'ils ne peuvent pas être expérimentalement contrôlés.
La r o t a t i o n de la Terre peut être une excellente voie d'accès à la connaissance
de l'intérieur de la Terre et i l est vraisemblable que dans peu d'années les
nouvelles techniques de mesure de coordonnées d u pôle et de la vitesse de rota­
t i o n p e r m e t t r o n t d'en tirer beaucoup plus d'enseignements que nous n'avons pu
le faire jusqu'à maintenant.
Nous conseillerons enfin, au lecteur q u i désirerait a p p r o f o n d i r ces questions,
la lecture de l'excellente monographie de M u n k et M a c D o n a l d ( i 9 6 0 ) . C'est
une étape nécessaire p o u r c o m p r e n d r e les travaux plus récents sur les implica­
tions géophysiques de la r o t a t i o n terrestre.

BlBLIOGRAPHll-

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CHAPITRE 20

PROBLÈMES INVERSES EN GÉOPHYSIQUE

par

Georges J O B E R T

1. — INTRODUCTION

Dans chacune des disciphnes géophysiques, p o u r construire u n modèle


de Terre q u i rende compte de façon satisfaisante de phénomènes observés,
o n ne porte son a t t e n t i o n que sur un n o m b r e limité de propriétés physiques.
En sismologie, par exemple, o n cherche à déterminer les lois d o n n a n t , en
f o n c t i o n de la p o s i t i o n , la vitesse des ondes longitudinales et celle des ondes
transversales, et les facteurs de qualité correspondants, o u bien l'incompres­
sibilité, la rigidité et la densité ; en géomagnétisme o n s'intéresse à la conduc­
tivité électrique ; en géophysique nucléaire à la concentration des différents
éléments en f o n c t i o n de la p o s i t i o n et d u temps. U n modèle de Terre sera donc
défini par u n n o m b r e fini de fonctions de la position, et éventuellement d u
temps.
Deux types de problèmes peuvent alors être abordés ; les problèmes directs
et les problèmes inverses. Dans un problème direct o n se donne u n modèle
a priori et on étudie des phénomènes influencés par les propriétés d u modèle.
Par exemple en sismologie o n peut se donner un modèle de Terre composé de
couches sphériques homogènes et y étudier la p r o p a g a t i o n de différents types
d'ondes p o u r comparer les résultats à ceux de l'observation. Dans les problèmes
inverses o n cherche au contraire à déduire de la mesure de certains paramètres,
généralement faite à la surface de la Terre, certaines propriétés de l'intérieur.
En sismologie par exemple, o n cherchera à déduire la l o i d o n n a n t la vitesse
d'une onde de volume en f o n c t i o n de la profondeur, à p a r t i r de l'observation
en surface d u temps de p r o p a g a t i o n Γ de cette onde en f o n c t i o n de la distance
épicentrale Δ (voir Chap. 6).
L'étude de tels problèmes inverses a fait récemment de grands progrès.
D'une part, des problèmes particuliers o n t pu être étudiés rigoureusement
(ondes de v o l u m e : Gerver et M a r k u s h e v i t c h (1967, 1968, 1969) ; ondes de
surface : Gerver et K a j d a n (1969) ; conductivité électrique : Bailey (1970)...).
D ' a u t r e part, Backus et G i l b e r t (1967, 1968, 1970) o n t élaboré une théorie

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566 PROBLÈMES INVERSES EN GÉOPHYSIQUE

générale des problèmes inverses, d o n t nous allons présenter les éléments et


les résultats essentiels.
A la différence des problèmes inverses théoriques mentionnés plus h a u t ,
cette théorie est basée sur le fait qu'à une époque quelconque o n ne dispose
j a m a i s que d ' u n n o m b r e fini de données sur le m i l i e u étudié. Ceci est évident
si les paramètres étudiés constituent une suite discrète (par exemple, v i b r a t i o n s
propres de la Terre, couples (T, Δ) p o u r des ondes sismiques...), mais nécessite
une justification p o u r des quantités mesurées de façon c o n t i n u e (par exemple
l'intensité d u c h a m p magnétique dans un profil effectué en bateau o u en avion).
Dans ce cas l'existence d'une bande passante finie p o u r t o u t appareil de mesure
physique et la durée finie de toute mesure entraînent que l ' o n ne peut disposer
que d ' u n n o m b r e fini de données indépendantes. E n effet le p o u v o i r sépara­
teur en fréquence d'une analyse de Fourier effectuée sur un enregistrement
de longueur T e s t de l ' o r d r e de Ι / Γ ; p o u r une bande passante de l o n g u e u r 5 ,
o n a donc au plus BT i n f o r m a t i o n s indépendantes.
De plus toute mesure est nécessairement entachée d'erreurs expérimentales.
L'influence de ces dernières est i m p o r t a n t e et oblige à une m o d i f i c a d o n de la
méthode valable p o u r des données exactes.
Dans l'état actuel des connaissances, o n peut se borner a u cas où toutes
les propriétés intéressantes ne dépendent que de la distance au centre de la
Terre, c'est-à-dire au cas des modèles à symétrie sphérique. Le cas général,
q u i peut s'imposer si l ' o n veut tenir compte des effets de la r o t a t i o n , de l'ellip­
ticité o u des hétérogénéités et des anisotropies latérales, serait c o n d u i t de façon
analogue.

2. — M O D È L E S . FONCTIONNELLES.
NON-UNICITÉ DE L A S O L U T I O N

! Le langage des espaces vectoriels facilitant considérablement l'exposé, nous consi-


• dérerons un modèle comme u n vecteur m(P) dont les composantes sont les fonctions
; de la distance Λ de P au centre qui définissent les propriétés physiques étudiées. Nous
I nous bornerons ici à des fonctions réelles, continues par segments. Pour se placer
dans le cas simple des espaces vectoriels, il est nécessaire d'accepter comme modèles
les combinaisons linéaires de modèles ;
si mi(/?)ctm2(/?)sontdeuxmodèles,ilenestdemêmede :

m(i-) = a i m , ( ^ ) + a2m2(/?).

Bien entendu, tous les modèles ainsi définis ne sont pas acceptables. Les composantes
i de m doivent satisfaire des conditions restrictives (.'K) : Elles seront en général positives
ou nulles, et bornées. Toutes les fonctions continues par segments sur le segment (0,1)
j (le rayon de la Terre étant pris comme unité) peuvent être considérées comme des
' éléments d ' u n espace à une infinité de dimensions et l'espace des modèles sera donc
' un espace linéaire M, p r o d u i t cartésien de ces différents espaces. Les éléments de M,
1 dont les composantes satisfont les conditions précédentes (.'R), seront dits des modèles
! raisonnables.
1 O n introduira une métrique dans cet espace en définissant u n p r o d u i t scalaire de
i deux modèles et une norme : Par exemple pour les modèles de la sismologie, m sera

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MODÈLES. FONCTIONNELLES 567

le triplet (p, μ, k) des lois de densité, de rigidité et d'incompressibilité. O n pourra


prendre :

(m, m ) = I (p(R)p\R) + p{R) p'(R) + k{R) kXR))f(R) dR

/ ( Λ ) étant un poids adéquat, R^ par exemple, et jl m || = (m, m ) " 2 .


Toute règle q u i associe à un modèle m raisormable un nombre g{m) sera appelée
fonctionnelle globale (Exemples : la masse de la Terre, ses moments d'inertie, les fré­
quences de ses vibrations propres, ses nombres de Love) et la valeur γ observée pour
la Terre réelle sera appelée donnée globale.
Résoudre le problème inverse pour une collection G de yV fonctionnelles globalesg'i(ni)
consiste à décrire la multiplicité de tous les modèles de Terre m, raisonnables et accep­
tables, c'est-à-dire tels que :

gi(m)^yi, ie(\,N)
m satisfait (.'«) .

Les points de M correspondant à la Terre réelle (si celle-ci peut être représentée par
un vecteur de l'espace M !) et à tous les modèles acceptables pour la collection G,
sont donc sur l'intersection des Λ' hypersurfaces d'équation (1). On peut penser que
les solutions sont en nombre infini puisque M est infini. L'exemple suivant montre que
ce point n'est pas évident :

ri
pour gi(m) = 4 Λ2 dR((p — 3)2 -μ (M — 2)2 -I (k — \ )2)

la seule condition γι — 4 définit une solution unique m (3, 2, 1).


Pour supprimer ce genre d'anomalies Backus et Gilbert ne considèrent que les
fonctionnelles différentiables au sens de Fréchet : O n dit qu'une fonctionnelle g est
diflFérentiable en m e M , s'il existe un élément non n u l de M , E , déterminé par g et m,
tel que, pour tout dm e M, o n ait :

^(m r dm) = g(m) ' ( E , dm) -τ £(dm) (2)

e(dm)/|| dm |1 tendant vers zéro avec |[ dm I! .


La masse est évidemment une fonctionnelle linéaire différentiable. Le noyau E
correspondant est : E = (4 π, 0, 0). On peut montrer que toutes les grandeurs habituelle­
ment mesurées correspondent à des fonctionnelles différentiables. De plus leurs noyaux E
N
sont en général linéairement indépendants, c'est-à-dire que ^ E , at = 0 entraîne
1
at = 0.
O n peut alors montrer qu'au voisinage d'une .solution particulière m„ du système (1)
/7 y a une infinité de solutions possibles. En effet si E " sont les noyaux correspondant
aux fonctionnelles gi en m^, o n peut toujours, Λ' étant fini, trouver u n modèle n,
orthogonal à tous les noyaux, c'est-à-dire tel que si :

ie{\,N) (E?, n ) - = 0 .

La définition (2) montre que si a est assez petit, m„ + an est solution de (1) au second
ordre près en a ; on peut, pour une valeur finie de a, construire à partir de m,, un terme
complémentaire pour obtenir la solution exacte de (1). O n peut ainsi engendrer une
famille de solutions différentes de m,,, et ceci d'une infinité de façons.
L a non-unicité de la solution d u problème inverse vient de ce que les noyaux Ei
ne constituent pas une base complète de l'espace Λ/.
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PROBLÈMES INVERSES EN GÉOPHYSIQUE

3. — M O D È L E M O Y E N E T P O U V O I R SÉPARATEUR
P O U R U N E C O L L E C T I O N D E F O N C T I O N N E L L E S LINÉAIRES

U n e question fondamentale sera donc de déterminer si les différents


modèles diffèrent entre eux seulement dans les détails, c'est-à-dire si la
collection G de données ne permet d'avoir q u ' u n p o u v o i r séparateur fini,
ou bien si au contraire i l existe des solutions différant entre elles qualita­
tivement.
Backus et G i l b e r t o n t donné une méthode permettant de déterminer
le p o u v o i r séparateur d'une telle collection et, dans les limites de ce
p o u v o i r séparateur, de calculer les traits essentiels des solutions.

N o u s étudierons d'abord le cas o u toutes les fonctiormelles de G sont linéaires et


linéairement indépendantes en nous bornant au cas où une seule fonction est inconnue
(m scalaire). Les fonctionnelles linéaires différentiables peuvent s'écrire :

Gi(R)m(R)aR (I)
0

Gi étant des fonctions connues. Les modèles acceptables sont tels que :

n
Gi(R) m(R)dR.
0

A p a r t i r de ces TV données, nous allons essayer de déterminer p o u r un


p o i n t Ro u n n o m b r e < w > (RQ) q u i soit, d'une certaine façon, une moyenne
des valeurs de m dans u n petit intervalle e n t o u r a n t RQ. Si une telle valeur
locale moyenne peut être obtenue à partir des seules données y,-, ce sera
la même pour tous les modèles acceptables et par conséquent ce sera la
meilleure i n f o r m a t i o n que l ' o n p o u r r a avoir dans l'état actuel des connais­
sances.

L'idéal serait évidemment que l ' o n ait :

Ô(R — /{„) m{R) dR = m(Ro).

A cause d u nombre fini des données accessibles ceci est exclu. O n peut, en se bornant
aux moyennes linéaires, écrire :

< ) (Λ„) = A(R, Ro)ni(R)dR (2)


0

ie noyau A étant pris de moyenne unité :

rl
A(R, Ro) dR = \ . (3)

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MODÈLE MOYEN ET POUVOIR SÉPARATEUR 569

O n cherchera bien entendu à donner le poids m a x i m u m aux points voisins de Λ,,,


et u n poids faible aux points éloignés. Le pouvoir séparateur pourra être évalué à
partir de la largeur d u voisinage de /?„ où les poids sont supérieurs à une fraction
donnée d u poids m a x i m u m . L a moyenne {m) est supposée ne dépendre que des
fonctionnelles g;. O n peut montrer que la linéarité des différents opérateurs entraine
que :
N

Par suite pour les modèles acceptables :

</7θ(/ίο)--=Σαί(Λο)7.· (4)
1

et compte tenu de la définition de A :

A(R, R„} = £ Λ ( Λ Ο ) GiiR). (5)

Le problème est donc de choisir les coefficients Oi de façon que A soit aussi voisin
que possible d'une distribution de Dirac. L a théorie des séries de Fourier montre que
cela n'est pas toujours possible. I l est nécessaire que la collection G soit bien choisie.
Dans les problèmes géophysiques les facteurs Gt sont en général calculés numérique­
ment et i l faut utiliser des méthodes empiriques pour construire des filtres à bande
passante étroite.
O n peut ainsi utiliser une fonction très petite dans le voisinage de Λο, par exemple
JiR, Rg) = (Λ — Λο)2, et former la quantité :

• 1
A(A) ^ J(R,Ro)A^R,R„)àR. (6)
Jo
O n déterminera, pour la fonction J choisie, le noyau A (de moyenne unité) tel que A
soit m i n i m u m . O r A est une fonction quadratique définie positive des coefficients a;.
O n obtient donc ces derniers en utilisant u n multiplicateur de Lagrange i , . O n a :

J(R, /?o) M Gi Oj Gj àR minimum

rl
ai GiàR= \
T Jo
et par suite

1
Gi(R)dR = 0, ie{\,N)
Σ HR, R„) Gi(R) Gj(R) dR ai

tai Gi{R) d« = 1 .
1

Ce système de (TV + 1) équations fournit donc en général les coefficients ûi et L.


Une fois ceux-ci calculés o n peut former .4. Si le filtre ne ressemble pas à une distri­
bution de D i r a c , quelle que soit la fonction test / choisie, c'est q u ' i l n'est pas possible
d'obtenir à partir des valeurs observées y» une valeur moyenne correcte de m en R^.
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PROBLÈMES INVERSES EN GÉOPHYSIQUE

Dans les cas favorables au contraire la largeur d u pic donne le pouvoir séparateur de
la collection G.

La figure 1 m o n t r e les résultats obtenus par Backus et G i l b e r t p o u r le


facteur de qualité Q ( v o i r C h a p . 1, § 3) à p a r t i r d ' u n e c o l l e c t i o n de valeurs
relatives à des v i b r a t i o n s propres.
Lorsqu'on étudie simultanément plusieurs propriétés physiques une
difficulté supplémentaire p r o v i e n t de la c o n t a m i n a t i o n éventuelle d'une
composante par d'autres (Backus et G i l b e r t , 1968, p . 177).

A(R,Rc
T 1 1 1 •• 1 1 1 1

Ro=0,55 Ro = 0 , 8 0

A(R,Ro) 1 1 1 1 1 1 1 1

i\
1
J ,

Ro=0,60 Ro=:0,94-

A(R,Ro) 1 1 1 1 1 1 1

• Γ '

Ro = 0,70 R o = 0,9e

A(R,Ro) 1 1 1 1 1 1 1

l J

R o = Q,98

1 1 1 1 1 1 1
10

F I G . 1. — Noyau optimal A(Ro, R) pour Q~HR) et diverses valeurs de Ro {ligne


verticale). Le rayon de la Terre est pris pour unité. Les données globales utilisées
sont les amortissements q u i pourraient être observés p o u r les modes sphéroïdaux
suivants : nSu, iSo, 2S0, }So, 2S1, 0S2, 1S2, 2S2, 0S3, 1S3, 2S3, 0S4, 184, 2S4, 4S4,
0S5, 1 S 5 , 2S5, 4 S s , 0S6, 0S7, nSs, iSg, oSi), iSio- D'après BACKUS et GILBERT, 1 9 6 8 .
O n voit que la largeur de résolution correspondant à cette série de données, de
.'ordre de 4 0 0 k m en surface, atteint plus de I 0 0 0 k m à 2 0 0 0 k m de profondeur.

En effet dans ce cas i l est nécessaire d'introduire des vecteurs m, G i et une matriceΛ
à la place des scalaires m, Gi et A. Comme o n ne peut réduire cette matrice à un seul
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CAS DE MESURES ENTACHÉES D'ERREURS 571

clément diagonal de la forme o(R — R„), on voit d"après (4) qu'une composante, nu
par exemple, peut être contaminée par d'autres composantes de m.

4. — C A S D E M E S U R E S ENTACHÉES D'ERREURS

Supposons que les valeurs mesurées soient entachées d'erreurs d o n t o n


connaît la valeur probable. Les moyennes < m > (RQ) étant des c o m b i ­
naisons linéaires des données, o n en déduit directement l'erreur probable
sur < m >. A i n s i d'une part la collection de données ne f o u r n i t le résultat
qu'avec une imprécision due au p o u v o i r séparateur fini, et d'autre p a r t les
erreurs expérimentales interviennent directement par la même c o m b i n a i ­
son. O n souhaiterait rendre m i n i m u m simultanément ces deux types
d'erreurs par un choix convenable des facteurs Oj, mais o n peut m o n t r e r
que cela est en général impossible.

En eflfet la largeur de résolution .s peut être prise proportionnelle à z/ et o n peut


écrire :

s-Y^UiOiSii (1)
'../
S étant une matrice q u i dépend des G, et de /?„.
Si Oi est l'erreur probable sur l'erreur probable sur < m > , ε, est donnée par :

,v
£2 - ^ ai ai (2)
i= J

si les erreurs sont indépendantes. On ne peut minimiser à la fois .v et ε par un choix


convenable des seuls aj.
Backus et Gilbert (1970) cherchent à minimiser la quantité mixte :

ρ ( α , ) - (1 - M/).v + (^6-2 (3)

W étant un poids qui t r a d u i t l'importance donnée à la minimisation de l'effet des


erreurs expérimentales. Ils obtiennent ainsi pour chaque valeur de W une valeur de
la largeur de résolution s et de l'erreur probable ε.

U n résultat i m p o r t a n t est que, lorsque varie de 0 à I , l'erreur ε et la


largeur de résolution s varient en sens opposés. A u t r e m e n t d i t , on peut
améliorer la précision en réduisant l'effet des erreurs expérimentales au prix
d'une diminution du pouvoir séparateur ou, au contraire, avoir une valeur
correspondant à un voisinage très réduit d'une profondeur particulière,
mais fortement entachée par les erreurs. C'est là une forme d ' u n principe
d'incertitude.

s . — C A S DES F O N C T I O N N E L L E S NON LINÉAIRES

L a quasi-totalité des problèmes inverses rencontrés en géophysique


ne sont malheureusement pas linéaires. Le plus souvent i l n'est même pas
possible d'expliciter la relation liant la donnée observable y au modèle m .
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72 PROBLÈMES INVERSES EN GÉOPHYSIQUE

L a seule méthode envisageable est alors la linéarisatioi


modèle mo satisfaisant à peu près les c o n d i t i o n s , c'est
résultat correspondant yo soit voisin d u résultat obse

T i r a n t parti de la propriété de difTérentiabilité ( 2 ) d u paragraph

/•1
7 — 7ο = ( ι η ( Λ ) — π ι „ ( Λ ) ) . Ε ( Λ ) AR + m — m„

Si l ' o n peut négliger le terme d u second ordre, o n est ramené à i


avec la différence δγ = γ — y„ comme donnée et le noyau
ôm · m — m,,.

O n obtiendra par la méthode précédente u n résultat i


fondeur donnée si la collection de données y le permet,
dépendra d u modèle initialement choisi. O n ne peut gara:
d ' u n autre modèle mo o n o b t i e n d r a u n résultat voisin,
propagation des ondes sismiques dans u n milieu conte
à m o i n d r e vitesse le m o n t r e bien (Chap. 6, § 4 . 5 ) .
G i l b e r t et Backus o n t montré que par u n choix adéc
et des opérations sur les matrices, ils pouvaient réduire <

F I O . 2 . — Etalement s des noyaux optimaux en fonction de la ^


manteau {Rja) et de Veneur relative ΑσΙσ pour la conductivité élec.
les données de Banks, 1 9 6 9 . D'après PARKER, 1 9 7 1 .
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BIBLIOGRAPHIE 573

rable la durée des calculs d ' o p t i m i s a t i o n . Leur méthode s'applique ainsi


de façon commode à tous les problèmes inverses p o u r lesquels on sait
résoudre le problème direct correspondant (par exemple p o u r les ondes
sismiques de volume, Johnson et G i l b e r t , 1972).
L a figure 2 donne à t i t r e d'exemple u n résultat obtenu par Parker (1971)
p o u r la conductivité électrique σ à partir de données de R. J . Banks. Si
Ton souhaite l i m i t e r à 20 % les erreurs relatives sur σ à toute p r o f o n d e u r ,
on ne trouve un p o u v o i r séparateur acceptable que p o u r les parties t o u t à
fait superficielles d u manteau. De toute façon la largeur de résolution .y
est encore supérieure à 0,04 a soit 250 k m (voir Le Mouël in T o m e I I ) .

BiBLlOGRAPHIH

G. BACKUS et F . GILIÎIÎKT, 1967. Numerical applications of a formalism for geophysical


inverse problems. GJ, 13, 247-276. 1968. Tiie resolving powcr of gross Earth data.
GJ, 16, 169-205. 1970. Uniqueness in the inversion o f inaccurate gross Earth data.
Phil. Trans. R. Soc. A, 266, 123-192.
R. C. BATLEY, 1970. Inversion of the geomagnetic induction problem. Proc. R. Soc, A, 315,
p. 185-194.
M. L . GERVER et V . M . MARKUSHEVITCH. Sis.'noloffic théorii/ue, 3, Nauk, 1967,3-51.
M. L . GERVER et V . M . MARKUSHEVITCH. Sismologie théorique, 4, Ncnik, 1968, 15-63.
M. L . GERVER et D . A . KAJDAN. Sismologie théorique, 4, Neuik, 1968, 70-94.
L. E. JOHNSON, F . GILBERT, 1972. Inversion and inference for teleseismic ray data. I n Methods
in computational physics, vol. 12, ed. B. Boit. Académie Press.
R. L . PARKER, 1971. The inverse problem of electric conductivity i n the mantle. 07,22,121-138.

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CHAPITRE 21

MODÈLES D E L'INTÉRIEUR D E L A TERRE


(DENSITÉ, ÉLASTICITÉ)

par

Jean C O U L O M B

1. — L'HYPOTHÈSE HYDROSTATIQUE

/. /. — Condition d'équilibre. — Sans posséder aucune i n f o r m a t i o n sur la


c o m p o s i t i o n de la Terre, les géodésiens et les astronomes o n t cherché à estimer
sa densité interne en utilisant l'hypothèse suivante : Malgré la persistance des
reliefs superficiels et l'existence (reconnue depuis) des séismes profonds, la Terre
prise dans son ensemble cède aux efforts de longue durée comme le ferait u n
liquide très visqueux : les tensions passagères dues aux ondes sismiques, a u x
marées, aux déplacements d u pôle, etc., perturbent à peine l'équilibre entre la
pesanteur de potentiel W, et la pression hydrostatique p.
Soit p la densité en un p o i n t quelconque intérieur à la Terre. L'équation
d'équilibre est : grad p = - pg = p grad H^. Sur les surfaces équipotentielles
la composante tangentielle de grad IV est nulle, donc celle de grad p. Ce sont
donc des surfaces d'égale pression, et d'égale densité : p = àpjàW. O n admet
qu'elles o n t la forme de sphères légèrement aplaties par la r o t a t i o n .
N o u s nous contenterons toujours de l ' a p p r o x i m a t i o n de premier ordre p a r
r a p p o r t à l'aplatissement (Chap. 16). A u t r e m e n t d i t nous supposerons que le
rayon vecteur R de la surface ayant /• p o u r rayon moyen est donné en f o n c t i o n
de la latitude L par l'équation d ' u n sphéroïde :

R = r{\ - l oi(r)P2(sin L)) (1)

où Piix) = iO -v' - 1) est le polynôme de Legendre de degré 2, et nous négli­


gerons les termes d'ordre α'. Si a(r) et c{r) sont les rayons équatorial et polaire
d u sphéroïde, on m o n t r e r a aisément que son volume 4 πα^αβ est celui de la
sphère de rayon r. Le géoïde correspond a r = r^, rayon moyen de la sphère
ayant même volume que la Terre.
N o u s insisterons surtout sur l ' a p p r o x i m a t i o n d'ordre zéro où l'aplatissement

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57ο MODÈLES DE L'INTÉRIEUR DE LA TERRE

et la force centrifuge sont négligés. O n a alors : g(r) = GM(r)/r^. G est la


constante de la g r a v i t a t i o n universelle,

M{r) = 4 π/·" p(r) dr = - nr' pjr)


0 ->

est la masse intérieure à la sphère R = r, p,„(r) sa densité moyenne.


Jointes à l'équation d'équilibre :

<^P = - Pgàr, (2)

ces équations pourraient f o u r n i r les fonctions inconnues p(r) et p(r) à p a r t i r de


c o n d i t i o n s aux limites convenables si l ' o n connaissait la température interne
T(r)ct l'équation d'état de la matière aux différentes profondeurs F(p,p, T) = 0.
Connaissant p{r) on aurait M{r), puis g{r), et enfin :

Po = pir) g(r) d r .

1.2.—Conditions supplémentaires classiques. — O n connaît de mieux en


mieux les propriétés des corps sous haute pression mais très m a l la c o m p o s i t i o n
c h i m i q u e et s u r t o u t la température de la Terre. O n cherche donc des c o n d i t i o n s
supplémentaires indépendantes de la température à r e m p l i r par la d i s t r i b u t i o n
des densités.
Les conditions le plus anciennement considérées sont les suivantes :
a) L a l o i de densité d o i t redonner la masse M de la Terre, connue indépen­
d a m m e n t , o u sa densité moyenne, soit 5,517 si o n prend le v o l u m e de l'eMip-
soïde i n t e r n a t i o n a l 1967. L a densité d o i t donc augmenter beaucoup en p r o f o n ­
deur par compression et enrichissement en atomes lourds.
b) L a précession des équinoxes est due aux couples exercés par la L u n e et le
Soleil sur le bourrelet équatorial. Si ^ et C sont les moments d'inertie p r i n c i ­
paux de la Terre, calculables à p a r t i r des densités, le couple exercé p a r la Lune
est p r o p o r t i o n n e l à C — Le taux de précession correspondant est p r o p o r ­
tionnel au couple et inversement p r o p o r t i o n n e l au moment cinétique Cco de la
Terre. L'observation astronomique f o u r n i t donc la constante de précession o u
« aplatissement d y n a m i q u e » : H = {C — A)/C d o n t la valeur est e n v i r o n
3,273 X 1 0 " ^ (Chap. 19). Le calcul est valable même si la Terre est légèrement
déformable.
c) Le coefficient J2 d u développement de fV en fonctions sphériques est
connu (Chap. 16), soit J2 = 1 0 8 2 , 7 . 1 0 " " . O n connaît donc :

C/Ma^ = J2/H = 0,330 9 .

1.3. — L'équation différentielle de Clairaut. — Les données M et C peuvent


être utilisées même si o n connaît l'aplatissement. Débarrassons-nous
d ' a b o r d de la c o n d i t i o n (b), laquelle n'a de sens que si la Terre est aplatie.
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L'HYPOTHÈSE HYDROSTATIQUE 577

C l a i r a u t a montré en 1743 (voir par exemple Jeffreys, 1970) que l'aplatis­


sement a{r) d ' u n fluide en équilibre satisfait à l'équation différentielle :

16
a" - α + ( r ' + a)
P,„
= 0.

dite depuis équation de C l a i r a u t , et à la c o n d i t i o n superficielle (r = TQ) :

aoc'o + 2OÎO = ^ q .

O n a posé q = a^/GM.
q = 1/288 et « 0 = 1298,25 sont connus, donc aussi αό- Sip{r) est c o n n u ,
o n en déduit a(r), puis H, q u ' o n p o u r r a i t comparer à sa valeur expéri­
mentale. Malheureusement la théorie m o n t r e que la valeur calculée
dépend très peu de la l o i de densité. E n i n t r o d u i s a n t la variable

η(Γ) = r da/i3i d r ,

Radau (1885) met l'équation de C l a i r a u t sous une forme q u i l u i permet


une intégration approchée. O n a, au millième près sans doute :

1 _ 1 I^A _ 1 = « 0 - g/2
5 V 2 ao H •

U n désaccord n ' i m p l i q u e r a i t donc pas que la l o i de densité soit inexacte ;


il i m p l i q u e r a i t que l'équilibre hydrostatique n'est pas réalisé.

1.4.—L'aplatissement hydrostatique. — L a question est généralement


présentée en sens inverse : E n tenant compte des termes d u 2" ordre en α
et d'une l o i de densité approchée (intervenant dans des termes correctifs),
B u l l a r d (1948) obtient : = 1/297,34 p o u r l'aplatissement d ' u n globe
fluide ayant même H que la Terre (corrigé en \ 1291,29 ± 0,05 par K h a n
en 1969). O n a donc : a i > ao (ao valeur internationale obtenue p a r l a
f o r m u l e d'aplatissement avec J2 déduit des satellites), et l'équilibre ne
semble pas réalisé. M a i s la question est complexe : E n utilisant (avec des
termes correctifs) la f o r m u l e approchée de R a d a u sous la forme :

3 ^ ^ J_ 2 / 5 ^ " " ,
2 H 2 Ma^ 5 V 2 ao

c o m m e l'a fait H e n r i k s e n dès 1959, o n obtient, p o u r l'aplatissement «2


d ' u n globe fluide ayant même CjMa^ que la Terre, a.2 = 1/299,75 ± 0,05
(Jeffreys en 1964 ; K h a n en 1969) et cette fois : < ao.
0.2, « aplatissement hydrostatique », est plus intéressant que a , car
C, M et a sont moins susceptibles que H d'avoir varié d'une f r a c t i o n
i m p o r t a n t e de leur valeur a u cours de l'évolution terrestre ; a j peut d o n c
nous renseigner sur cette évolution.
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578 MODÈLES DE L'INTÉRIEUR DE LA TERRE

; L'écart r e l a t i f (a^ — oc2)/c(o — '^^l<^- ~ 1/200 c o n d u i t à u n écart

ÔR 2 „ .
o = - ï aPzisin L) -

de l ' o r d r e de 1 0 " , donc ôR de quelques dizaines de mètres au m a x i m u m ,


o u à une anomalie gravimétrique Sgde l'ordre de 2 ^d/î//î correspondant
à 10 o u 20 mgal.

Cet écart entre la Terre réelle et une Terre fluide est significatif parce que
zonal et n o n local. I l a été attribué à une résistance permanente de la matière
(la cission p o u r r a i t atteindre une centaine de k b ) , à un courant convectif
à symétrie axiale, et surtout au ralentissement de la r o t a t i o n terrestre par le
frottement des marées ( M u n k et M a c D o n a l d en 1960, v o i r Chap. 19). Si le
manteau était élastico-visqueux, avec la décélération actuellement observée,
«2 correspondrait à la figure d'équilibre i l y a 10^ ans ; la viscosité moyenne
d u manteau serait de 10^" poises (unité C G S ) o u 10'^ poiseuilles (unité SI).
La viscosité d u manteau supérieur déduite de la réaction isostatique des
régions chargées de sédiments et des régions déchargées par l'érosion au
départ des glaciers (Fennoscandie, Canada) o u simplement de la baisse du
niveau d'eau (Lac Bonneville, U t a h ) est de l'ordre de 1 0 " o u 10^^ poises
(Chap. 17). O n a beaucoup comparé ces valeurs à la précédente. Malheureuse­
ment p o u r les déductions faites, le calcul de M u n k et M a c D o n a l d suppose
implicitement que le pôle s'est peu déplacé. O r la r o t a t i o n serait instable pour
un G l o b e fluide, o u p o u r un G l o b e à symétrie sphérique. En fait, G o l d r e i c h
et T o o m r e (1969) o n t remarqué que le terme p r i n c i p a l zonal dans le dévelop­
pement h a r m o n i q u e d u potentiel n'est plus, après suppression de l'aplatisse­
ment hydrostatique, que très faiblement prépondérant sur les termes tessé­
raux (Chap. 19). E n l'absence de r o t a t i o n les moments d'inertie p r i n c i p a u x
de la Terre seraient donc peu différents. Dans ces conditions l'axe de r o t a t i o n
est susceptible de se déplacer rapidement (Chap. 19) sous l'influence des cou­
rants aériens ou océaniques et des modifications dans les masses (déplacements
tectoniques, fonte des glaces polaires, etc.) p o u r se rapprocher de l'axe princi­
pal d'inertie.

2. — L A DENSITÉ DÉDUITE DES O N D E S DE V O L U M E

2.1. — Critère de Bullen. Condition d'Adams et Williamson. — L ' i n t r o d u c ­


t i o n des données sismiques a ouvert une nouvelle période dans la recherche
des densités. Les vitesses V eX W étaient obtenues par la méthode d ' H e r g l o t z -
Wiechert. Après a v o i r o b t e n u p(r) o n peut vérifier (Ben M e n a h e m et W e i n -
stein, 1970) que le couplage entre ondes P S i n t r o d u i t par les variations avec
la profondeur est négligeable. Les déterminations modernes d o n t les premières
(1936) sont dues à Bullen, se bornent à l ' a p p r o x i m a t i o n sphérique mais u t i -
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LA DENSITÉ DÉDUITE DES ONDES DE VOLUME 579

lisent des i n f o r m a t i o n s supplémentaires, d o n t les principales jusqu'à une


époque récente étaient les suivantes :

a) O n m o n t r e aisément que le moment d'inertie I(r) de la sphère de rayon r


est :

/('-) = f Pir) /·* d r = z(r) M ( r ) .

Si la densité était constante, o n aurait z(r) = 2/5. U n e valeur supérieure i m p l i ­


querait u n transfert de masses vers la périphérie, donc une instabilité. Si o n
exclut cette éventualité, on d o i t avoir quel que soit r :

z(r) < 0,40 .

Ce « critère de Bullen » devient peu contraignant lorsque r/r^ devient faible.

b) Dans toute couche que l ' o n a des raisons de supposer c h i m i q u e m e n t


homogène la densité augmente par compression. Des vitesses sismiques V(r)
et W(r) on déduit :

p 3

étant l'incompressibilité adiabatique (à entropie 5 constante).

Si o n peut confondre la v a r i a t i o n adiabatique de p avec sa v a r i a t i o n dans la


Terre o n aura : dp/p dr = g/φ, équation intégrodifférentielle en p(r). U n e
intégration numérique donnera p, puis g, p, a, dans la couche à p a r t i r de valeurs
frontières. C'est le procédé d ' A d a m s et W i l l i a m s o n , q u i remonte à 1923. I l
suppose que le gradient de température interne n'est pas t r o p différent d u
gradient adiabatique, ce qu'en fait o n ignore.

2.2. — Equations de Birch-Murnaghan. — Dans le même ordre d'idées,


Birch (1952) a utilisé la théorie des déformations élastiques finies ( L . B r i l ­
l o u i n , F. D . M u r n a g h a n , v o i r Thomsen au T o m e I I ) . D o n n o n s simple-
I ment une idée d u raisonnement. Ignorons l'effet de la température et
supposons que l'état de la matière à grande p r o f o n d e u r soit tel que si
o n supprime la pression hydrostatique p à laquelle elle est soumise, o n
revienne par une déformation élastique et isotrope, mais finie, à u n état
naturel sans contraintes auquel correspondra l'indice zéro ( B i r c h sup­
posait la déformation isotherme, mais le raisonnement reste valable
p o u r une déformation adiabatique avec les paramètres appropriés).

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580 MODÈLES DE L'INTÉRIEUR DE LA TERRE

P o u r une déformation finie o n définit l'extension d ' u n élément às par :


/ = (dio - dj^)/2 d.y^ et n o n p a r e = {às^ - às)làs c o m m e dans le cas
habituel. Puisque f = β + \ e'^, les deux définitions coïncident a u pre­
mier ordre. Si v est le v o l u m e spécifique (22 d u 4 . 1 . 4 ) :

pIPo = vo/v = àsllàs' = (1 + 2fY" . (3)

Si o n admet alors l'existence d'une densité d'énergie potentielle élastique u,


on a dw = — p dt> a u cours de la décompression, u est une f o n c t i o n de /
q u ' o n peut développer en série limitée : u = u^f + Uif^ + •··. O n en
déduit :

I _ _ ^ du/d/
I ^ " dt; ~ àv/df '
I

| = U i + 2 « , / + - , ^ = -3voii+2f)-^'\

P o u r / = 0, /7 = 0 donc est n u l . O n peut ensuite calculer l'incompres­


sibilité :

: dp àplàf
\ àv àv/àf

I P o u r / = 0, K = KQ = 2 «2/9 Vo, d'où Wj-


O n t r o u v e ainsi :

I P = 3KO/(1 +2/)=/^ 1
: i^lP = (1 + 7 / ) / 3 / . (4)
dK-/dp = (12 + 49/)/3(1 + 7 / ) j

I Ces équations, où KQ est le seul paramètre ajustable, conviennent à de


n o m b r e u x corps j u s q u ' à / très élevé. Des équations de ce genre, o u même
des relations p u r e m e n t empiriques ( d ' a u t a n t plus précises qu'elles c o n t i e n ­
nent plus de paramètres et q u ' o n les applique à u n ensemble de matériaux
plus limité) et des équations d'état (faisant intervenir en o u t r e la tempé­
rature) o n t été proposées en g r a n d n o m b r e ( v o i r T o m e I I ) et employées
dans certaines déterminations récentes de la densité ( W a n g , 1970).
Jobert a essayé de les utiliser p o u r s'affranchir de l'hypothèse hydrosta-
; tique.

2.3. — Relations empiriques. — D o n n o n s seulement c o m m e exemples de


relations empiriques utilisables la simple corrélation entre l a vitesse V des
ondes P et la densité p : D a n s les silicates sous haute pression q u i constituent
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LA DENSITÉ DÉDUITE DES ONDES DE VOLUME 581

sans d o u t e le manteau terrestre, les atomes d'oxygène occupent le plus g r a n d


v o l u m e ; densité, compressibilité isotherme, vitesses sismiques, doivent donc être
corrélées avec leur réseau. O n tient compte, plus o u moins bien, de l'ensemble
des atomes l o u r d s en i n t r o d u i s a n t une masse a t o m i q u e moyenne M : p o u r un
composé défini o n p r e n d p o u r M la masse molaire divisée par le n o m b r e
d'atomes dans la molécule ; p o u r une roche, o n p r e n d p o u r 1/M la moyenne
pondérée des inverses des masses correspondant aux divers oxydes d o n t on
peut supposer cette roche constituée. Les roches ignées courantes, corres­
p o n d a n t k 20 < M < 22, o n t f o u r n i à B i r c h en 1961 la relation linéaire :

y (km/s) = 3,31 p (g/cm^) - 2,55 .

A u x valeurs plus grandes de M (roches riches en fer) correspondent des vitesses


plus faibles.

I l semble qu'une relation linéaire liant p a U, « vitesse hydrodynamique » définie par


4
yi = V2— - W2 = φ, soit préférable. O n voit en effet sur quelques exemples de W a n g
(1970) que la substitution de i / à K divise par u n facteur (négatif) supérieur à 3 en valeur
absolue l'écart relatif

, l{tVlq>)j, — (tVlcp)r\
~ \(cV]-op)j, -^:\-ΰνΐΪ·ρ)τ)

entre les taux de variation avec la température d'une part, avec la pression d'autre part, et
diminue ainsi les erreurs à craindre d u fait de l'ignorance des conditions de température.
Pour une masse atomique voisine de 21 on a : dU/àp = 2,36 k m . s " ' / g . c m - 3 .

Les relations de ce genre, souvent employées dans le manteau supérieur,


ne supposent pas son homogénéité mais seulement une certaine constance de
la masse a t o m i q u e moyenne.

2.4. — Hétérogénéité du manteau supérieur. — En faisant toujours les h y p o ­


thèses d ' A d a m s et W i l l i a m s o n , le lecteur établira que :

dfCj. J 1 άφ

dp ~ g dr

peut être déduit de V et W, malheureusement par des dérivations peu précises.


En c o m p a r a n t aux formules (4), Birch a trouvé en 1952 que le manteau ne
p o u v a i t pas être homogène, au moins jusqu'à 900 k m . Des méthodes plus sûres
o n t confirmé ce résultat. L'hétérogénéité peut d'ailleurs résulter de transfor­
mations p o l y m o r p h i q u e s sans que la c o m p o s i t i o n globale change nécessaire­
ment.
A n d e r s o n et al. (1971), en utilisant des équations analogues à (3) et (4)
mais concernant aussi μ et c o m p o r t a n t un développement plus poussé, m o n t r e n t
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582 MODÈLES DE L'INTÉRIEUR DE LA TERRE

que p a r contre le manteau inférieur se comporte en gros comme s'il était


homogène.

3. — M O D È L E S RÉCENTS

3.1. — Emploi des ondes longues et des oscillations propres. — S'il existe des
couches à m o i n d r e vitesse, V(r), W(r) ne peuvent être déterminés par l'obser­
v a t i o n des ondes de volume. A u contraire, les vitesses de p r o p a g a t i o n des ondes
de Love o u de Rayleigh (Chap. 8) et les périodes propres ,„5„ et „,T„ des oscil­
lations sphéroïdales et des oscillations de t o r s i o n p o u r une sphère n o n tour­
nante (m n o m b r e de sphères nodales) dépendent des valeurs de V(r), W(r),
p(r) à toute p r o f o n d e u r et renseignent sur ces couches à m o i n d r e vitesse.
L ' i n t r o d u c t i o n des périodes propres vers 1965 (Pekeris en 1966) a changé le
problème des densités en u n problème de détermination simultanée des trois
fonctions V, W, p. O n p o u r r a i t d'ailleurs en ajouter d'autres en partant de
données encore moins élaborées, mais o n est arrêté par le v o l u m e des calculs
nécessaires.
Même si les données possédées étaient théoriquement suffisantes pour
définir une s o l u t i o n unique, ce q u i n'est pas, les erreurs que c o m p o r t e n t ces
données ne permettraient de définir avec précision que des moyennes prises
sur des profondeurs convenables (Chap. 20). A u t r e m e n t d i t o n d o i t rechercher
des courbes lissées. L a présence de discontinuités dans les solutions semble
contredire cette a f f i r m a t i o n . M a i s leur existence résulte t o u j o u r s d'une hypo­
thèse, et leur place reste difficile à définir. Par exemple Bullen et H a d d o n
(1967) considèrent comme établie par leurs calculs une réduction dans la pro­
fondeur d u n o y a u , q u i passerait de 2 900 k m à 2 880 k m e n v i r o n . D e r r (1969)
q u i a étudié l'influence des erreurs correspondant aux diverses périodes propres,
trouve qu'en changeant de 5 k m la p r o f o n d e u r d u noyau o n modifie en effet,
de façon appréciable, les périodes de à QS(,. M a i s le reste du modèle devrait
alors être défini par les autres périodes, et finalement D e r r emprunte sa valeur
2 894 k m à une étude de Taggerl et Engdahl sur l'onde PcP.
Les méthodes de résolution d u problème sont en général de deux sortes :
tâtonnements systématiques à partir d'une s o l u t i o n approchée ; méthode de
M o n t e C a r l o . Dans les deux cas o n astreint les solutions cherchées à des
« contraintes » plausibles empruntées en général aux c o n d i t i o n s que nous
avons énumérées. Les paramètres inconnus, en particulier le n o m b r e de couches
diffèrent suivant les auteurs.

3.2. — Modèles de Bullen et Haddon. — Comme exemple des premières méthodes, donnons
d'abord ( F i g . I ) deux modèles Bx et Bi de B u l l e n et H a d d o n (1967). Si ,„5„ et „ Γ „ représentent
les périodes des oscillations sphéroïdales et des oscillations de torsion pour une sphère non
tournante, m étant le nombre de sphères nodales, Bullen et H a d d o n utilisent les oscillations
fondamentales (m - 0) q u i sont les mieux déterminées, pour des valeurs de n correspondant
respectivement à 0 ί /7 ί 48 pour mSn et 2 ^ /î ^ 44 pour τηΤη·, et les premiers harmoniques
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MODÈLES RÉCENTS 583

F I G . 1 . — Modèles de Bullen et Haddon ( 1 9 5 7 ) . Unités en ordonnées : mégabars


( 1 0 " pascals) pour p, k, μ ; g . c m " ' pour /) ; m . s " ^ pour g.

(m = 1 o u 2 ) pour /; ^ 2 0 . Ils supposent en outre κ et àKJap continus. L'hypothèse est


admissible à l'entrée d u noyau, bien qu'elle implique u n contraste de densité que les réflexions
de PePsX PKP ne semblent pas confirmer (Buchbinder, 1 9 6 8 ) . Elle est contestable à l'entrée de
la graine, où elle conduit à des valeurs d c / j q u i paraissent élevées si o n en juge par les expé­
riences sur le fer, au moyen des ondes de choc (Tome I I ) . Bi suppose que H^suit dans la graine
une variation analogue à K ; au centre p -= ]5 g/cm'. Bi adopte dans la graine la l o i de W
qui rend p(0) le plus petit possible (soit 1 3 g/cm^) au prix d ' u n étrange comportement de //.
On remarquera que les écarts sur p influent peu sur p et g, obtenus par des intégrations.
Les modèles de Bullen et H a d d o n ont été utilisés par Al'tshuler et Sharipdzhanov ( 1 9 7 1 )
pour obtenir des indications sur la composition du manteau inférieur et d u noyau terrestre,
à partir des vitesses obtenues par ondes de choc.

3.3.— Modèles de Derr. — D e r r ( 1 9 6 9 ) admet l'existence d ' u n saut de densité à l'entrée


de la graine, saut pour lequel i l trouve la valeur élevée de 2 g/cm^. I l n'utilise, ni la relation
linéaire de Birch, n i la condition d'Adams et Williamson (bien que son modèle y satisfasse
dans le manteau au-dessous de 1 1 0 0 k m ) , n i l'hypothèse de Bullen sur la continuité de κ
(même en tenant compte de l'erreur sur κ, i l semble contredire cette hypothèse à l'entrée
de la graine, mais n o n à l'entrée d u noyau).

D o n n o n s (tableau I ) quelques valeurs caractéristiques d u modèle de D e r r ,


qui correspond à une croûte intermédiaire entre la croûte océanique (avec
océan incorporé) et la croûte continentale.
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584 MODÈLES DE L'INTÉRIEUR DE LA TERRE

TARLEAU I

i
K
ProfomU'iir V i P
en k m km.S" 1 1 km.s 1 g . cm cm s - kbars
: 10 i - dyr.e.cni

0 6,00 3,50 2,40 982,37 0,0 0,47 0,29


40 6,75 4,50 ; 3,32 985,31 11,1 0.62 0,67
8,05 4,70 3,45 1,22 C,76
100 8,12 4,35 ' 3,43 986,78 31,5 1,40 0,65
1 000 11,44 6,39 4,59 994.7.·; 389,6 3,51 1.87
2 894 13,67 7,15 5,51 1 073,52 1 359,2 6,54 2,82
7,99 0,00 i 9,70 6,19 0.00
5 150 10.28 0,00 ' 12,35 495,14 3 347,4 13,05 0,00
11,18 2,18 14,35 17,03 0,68
6 371 11,27 2,18 14.76 0,0 3 773,9 17,81 0,70

3.4. — Modèles de Press, — Grâce à des moyens de calculs puissants et bien


employés, Press (1970a, b) a appliqué l a méthode de M o n t e C a r l o a u problème

o 5 10 15 20 25
K m x 10*

F I G . 2. — 27 modèles satisfaisants pour la vitesse des ondes S dans le manteau.


Les points où les paramètres o n t subi des variations aléatoires sont marqués sur
les bornes inférieure et supérieure. D'après PRESS, 1970a.
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ο ?00 10CO 1500 2000 2500
Km

F I O . .3. — Densiié ώ.ιιη le manteau (voir légende de la figure 2).

des densités. Elle consiste à fabriquer, soit directement, soit au moyen de per­
turbations linéarisées, mais t o u j o u r s de façon quasi aléatoire, u n g r a n d n o m b r e
de modèles où V{r), W{r), pir) sont choisis dans des limites raisonnables. O n
confronte ensuite les modèles avec les données existantes, et o n garde ceux q u i
conduisent à des écarts acceptables.
Dans Press (1970a) la croûte et le manteau supérieur sont de type océanique ;
la p r o f o n d e u r d u noyau est choisie au hasard entre 2 873 et 2 923 k m ; le gra­
dient de température dans le n o y a u fluide est supposé adiabatique, la graine
sans rigidité. Les limites de V, IV, p s'inspirent des d i s t r i b u t i o n s calculées
en 1969 par Johnson d'une part, par F a i r b o r n de l'autre, q u i dépendent direc­
tement des enregistrements obtenus par les grandes nappes américaines de
sismographes, L A S A et T o n t o Forest (Chap. 9 et 11). Les modèles, définis
par des lois de vitesses et de densité dans 88 couches successives, subissent
des épreuves p o r t a n t d ' a b o r d sur les durées de propagation de P et P c P d'après
H e r r i n et al. (Chap. 11) et sur les périodes propres „,S„ ( p o u r m = 0 et « = 0,
2 à 22 ; p o u r m = I et = 2, 3, 5, 6, 8, 12 ; p o u r w = 2 et « = 4, 6, 10),
,„T„ ( p o u r m = 0 et « = 3 à 21). Press utilise en outre les vitesses de phase des
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586 MODÈLES DE L'INTÉRIEUR DE LA TERRE

F I G . 5. — Densités dans le manteau supérieur et modèles de Clark et Ringwood


pour la pyrolite et l'éelogite. D'après PRESS, 1970ύ.

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MODÈLES RÉCENTS 587

2 3 4 5 6
Densité (g crrï-^)

F I G . 6 . — Vitesse hydrodynamique et densité dans le manteau supérieur, super­


posées à une grille de poids atomiques moyens m, obtenus en 1 9 7 1 par Chung en faisant
varier la proportion de Fayalite et de Forstérite dans l'olivine. D'après FORSYTH et
PRESS, 1 9 7 1 .

ondes superficielles p o u r des trajets océaniques dans les intervalles 125 à 135 s
p o u r les ondes de Rayleigh, 80 à 340 s p o u r les ondes de L o v e .
Là où les modèles ayant réussi sont tous voisins les uns des autres, o n peut
en déduire des conclusions certaines ; mais si une courbe ayant réussi reste
isolée, elle peut en principe représenter la « réalité » aussi bien que les autres
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588 MODÈLES DE L'INTÉRIEUR DE LA TERRE

( d o n t le groupement en faisceau p o u r r a i t être dû à une insensibilité des résul­


tats vis-à-vis de la v a r i a t i o n d ' u n paramètre dans u n domaine particulier).
P o u r parer à cette objection, Press fait u n essai préliminaire dans lequel i l
assujettit seulement V, W, p k ne pas dépasser les limites jugées raisonnables,
sans les astreindre à satisfaire aucune autre donnée géophysique, et i l vérifie
que les courbes obtenues remplissent, assez uniformément en général, l'espace
c o m p r i s entre les limites. O n s'aperçoit d'ailleurs, en même temps, que les
limites choisies contraignent W à m o n t r e r la discontinuité vers 400 k m q u i
résulte des valeurs de dT/dA observées a u L A S A , et le déterminent pratique­
ment à p a r t i r de 800 k m . Les résultats p o u r W et p dans le manteau, p o u r p
dans le n o y a u , sont donnés p a r les figures 2, 3, 4, 5. L e u r nuage, repris figure 6,
m o n t r e la linéarité de U(p) indiquée au paragraphe 2 . 3 .
Tous les modèles ayant réussi m o n t r e n t u n m i n i m u m de W entre 150 et
250 k m . L a densité croît sous le M o h o et dépasse 3,4 g . c m " ^ entre 100 et
150 k m , généralement p o u r redescendre et passer p a r u n m i n i m u m vers 300
o u 400 k m . Ces densités élevées dépendent cependant, comme l'avait indiqué
Press en 1969, d'une précision de 1 % sur les vitesses de phase des ondes super­
ficielles. Ce résultat, s'il est confirmé (voir § 3 . 5 ) est susceptible d'orienter
beaucoup nos idées sur la c o m p o s i t i o n d u manteau (tome I I ) . L a figure 5
de Press m o n t r e en effet que l a p y r o l i t e , o u les péridotites, ne conviendraient
plus p o u r représenter le manteau supérieur entre 80 et 150 k m . L'éelogite
conviendrait, et aussi ( B i r c h , 1970) d'autres roches riches en fer, q u i p o u r r a i t
être présent par exemple sous f o r m e de grenats.
Dans le manteau inférieur, la densité croît rapidement jusque vers 700 k m .
A p a r t i r de là, elle est définie à 0,2 g . c m " ^ près. Elle varie moins vite que dans
l'hypothèse adiabatique, q u i correspondrait en gros à la l i m i t e inférieure choi­
sie ; o n serait donc dans une région instable o u proche de l'instabilité.
L a p r o f o n d e u r d u n o y a u est comprise entre 2 895 et 2 908 k m . Les densités
concordent entre elles à 0,25 g . c r n " ^ près dans le n o y a u extérieur, mais sont
très m a l déterminées dans la graine ; le signe des résidus p a r r a p p o r t à
m o n t r e q u ' o n aurait dû supposer à la graine une certaine rigidité.

3.5. — Modèles régionaux. — P o u r les ondes de L o v e et de Rayleigh dans


le domaine de périodes où elles intéressent s u r t o u t le manteau, o n possède
(Chap. 12) des courbes de dispersion moyennes p o u r les océans, les boucliers
et les régions tectoniques. L e u r séparation est cependant u n peu floue, car les
parcours entrant dans la moyenne sont nécessairement assez longs ; les « b o u ­
cliers » par exemple correspondent à de grandes régions continentales stables.
Cependant cette d i s t i n c t i o n permet de construire des modèles ayant toujours
la symétrie sphérique, mais des propriétés superficielles différentes.
Press (19706) emploie les données de K a n a m o r i . I l o b t i e n t t r o i s familles
de modèles q u i ne se distinguent plus guère à p a r t i r de 350 k m de profondeur.
L a couche à m o i n d r e vitesse océanique commence plus tôt et est plus accentuée
que la couche continentale. Sous les régions tectoniques, elle n'apparaît pas
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MODÈLES RÉCENTS 589

toujours, mais elle semble en général débuter a u M o h o . Les densités moyennes


p o u r la zone allant de 70 à 170 k m dépassent t o u j o u r s 3,4 g . c r n " ^ . Elles sont
particulièrement élevées dans les régions tectoniques où tous les modèles
(contre une partie seulement dans les deux autres cas) présentent une couche
à m o i n d r e densité.
D z i e w o n s k i (1971), d o n t les données diffèrent u n peu de celles de K a n a m o r i ,
juge i n u d l e de chercher des modèles compliqués : les données représentent
seulement des moyennes, et l'inversion nécessite aussi q u ' o n fasse des moyennes
(Chap. 20). D z i e w o n s k i se propose donc de réduire le plus possible le n o m b r e
des valeurs de W et de p, sans p o u r autant dépasser les erreurs sur les données. 11
l u i suffit en fait d'assigner des valeurs fixes de W ei àe p a la lithosphère, à la
couche à m o i n d r e vitesse et à la couche précédant la discondnuité probable
à 400 k m .
a) Si la couche à m o i n d r e vitesse commence à 100 k m p a r exemple, la densité
est si m a l déterminée q u ' o n peut sans inconvénients la supposer constante
sous la croûte. W est bien définie sous les océans et dans les régions tectoniques,
m a l définie sous les boucliers où D z i e w o n s k i donne deux solutions 1 et 2.
V est supposée donnée (tableau I I ) .

TABLEAU I I

Régions
Océans Boucliers 1 Boucliers 2
V tectoniques
p
Profondeur W Profondeur W Profondeur W Profondeur W

1,520 1,030 Oà 3 0
6,300 2,840 3 à 10 3,700 Oà 33 3,700 Oà 33 3,700 Oà 41 3,700
8,000 3,395 10 à 110 4,695 33 à 130 4,597 33 à 130 4,700 41 à 110 4,415
7,700 3,395 120 à 190 3,951 140 à 230 4,576 140 à 230 4,418 120 à 190 4,139
8,558 3,395 200 à 380 4,642 240 à 380 4,576 240 à 380 4,674 200 à 380 4,827
9,674 3,797 400 à 620 5,188 400 à 620 5,240 400 à 620 5,174 400 à 620 5,106

L a couche à m o i n d r e vitesse d u modèle océanique est i c i plus accentuée


encore que dans Press (19706), ce q u i favorise une interprétadon p a r fusion
partielle. Dans le modèle Boucliers 1, IK est p r a t i q u e m e n t constante de 33
à 380 k m , mais la s o l u t i o n 2 semble en meilleur accord avec les vitesses ( n o n
utilisées) des ondes superficielles a u x périodes de l ' o r d r e de la m i n u t e . De
toute façon le manteau c o n t i n e n t a l et le manteau océanique diffèrent peu sous
les couches à m o i n d r e vitesse. O n remarquera p a r contre dans les régions tecto­
niques les valeurs élevées de W entre 200 et 380 k m . D z i e w o n s k i y v o i t u n effet
des langues de lithosphère plongeant sous les arcs (Chap. 14, et t o m e I I ) .
h) Si la lithosphère océanique est moins épaisse, 70 k m p a r exemple, c o m m e
le t r o u v e n t K a n a m o r i et Press (1970), i l devient nécessaire d ' i n t r o d u i r e une
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590 MODÈLES DE L'INTÉRIEUR DE LA TERRE

couche à m o i n d r e densité dans les premiers 400 k m . O n r e t r o u v e a l o r s des


valeurs de l a densité élevées dans l a lithosphère ( 3 , 6 8 g . c m " ^ ) e t faibles ensuite
(3,20 g . c m " ^ ) , c o m m e dans les modèles de Press (avec toutefois une différence,
c'est que D z i e w o n s k i impose assez raisonnablement une coïncidence entre la
couche à m o i n d r e vitesse et la couche à m o i n d r e densité).

3.6. — Modèles de Dziewonski et Gilbert. — Les eflbrts portent aujourd'hui sur une
meilleure détermination des densités centrales grâce à l'observation d'harmoniques supérieurs
à facteur de qualité élevé, au cours de très grands séismes (Alaska, 28 mars 1964) o u de
séismes profonds (Colombie, 31 j u i l l e t 1970). Le travail récent de Dziewonski et Gilbert
(1972) conduit à deux modèles peu différents, tous deux avec une graine solide, que semblent
imposer les données nouvelles. Indiquons (tableau I I I ) quelques valeurs caractéristiques
du modèle A.

TABLEAU 111

h V w P

Oà 10 4,86 2,59 2,2 1


lOà 110 7,92 4,65 3.42
120 à 190 7,92 4,14 3,42
200 à 380 8,72 4,60 3,42
400 à 650 9,54 5,17 3,83
670 à 1 000 11,23 6,28 4,55
2 889 13,69 7,27 5,44 1
2 889 8,24 0,0 9,94
5 150 10,16 0,00 12,29
5 150 11,09 3,53 13,21
6 371 11,09 3,53 13,49

4. — A U T R E S PARAMÈTRES

4.1.—L'aplatissement interne. — Connaissant la densité o n peut intégrer l'équation


différentielle de Clairaut et obtenir raplatisscmcnt a(r) des surfaces de niveau sur la
Terre « hydrostatique ». E n 1948, B u l l a r d , partant d u modèle p r i m i t i f de Bullen,
trouvait que α décroissait de 0,03 à 0,02 environ de la surface à l'entrée de la graine.
Conservant les termes en a- et qa, i l obtenait en outre l'écart à une forme ellipsoïdale.
Le calcul ne semble pas avoir été refait. La connaissance de « ( r ) permet de corriger
les données sismologiques, mais pour cela la théorie approchée de Radau semble
sufTisante, comme l'a montré D a h l e n (1969) p o u r les vibrations propres ; avec les
notations des paragraphes 1.3 et 2 . 1 :

"W = ï ( ' - ^ w ) ' - i >


a(fo) = 5 i//2(/;(/-„) + 2)

et

3!(r) = α(ί-ο) exp

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MODÈLES RÉCENTS 591

4.2. — Les nombres de Love. — A partir d ' u n modèle de densité et d'élasticité, i l est
possible de calculer exactement les nombres de Love (Chap. 18) q u i définissent une
déformation statique harmonique d'ordre deux, d u moins si l ' o n admet (Longman,
1966) que la variation de densité dans le noyau liquide correspond à une compression
adiabatique (condition d'Adams et Williamson). Les résultats obtenus par D e r r
(1969) sont : h = 0,615 ; k = 0,303 ; / = 0,086. (Jobert a montré que, sous des condi­
tions très générales : k/h ζ 0,504.)

4.3. — La température dans la Terre. — Si l ' o n ne s'est pas servi d u procédé d'Adams et
Williamson pour déterminer la densité, o n peut comme l ' a fait Verreault (1966) en
tirer des renseignements sur la variation de température dans une couche homogène,
dont l'état dépend des deux variables indépendantes Γ et p. Le changement de densité
avec la distance au centre est donné (Birch, 1952) par :

dp ^ /ίρ\ dp ldp\ d r ^ _ dr
dr [dplrdr [dTjpdr κτ dr '

où KT est le module d'incompressibilité isotherme : ; , — - et a est le coefficient de


((ρΐύρ)τ
dilatation thermique en volume : —^'î'^I'^Th. O n passe de l'incompressibilité iso­

therme à l'incompressibilité adiabatique par la formule classique :

L = J + '^^ •
KT Ks pc '
C est la chaleur spécifique à pression constante.
K.slp = φ étant connu, o n a donc :

p dr φ V dr C /

Pour que la méthode d'Adams et Williamson soit correcte, — a T g j C doit être le


gradient adiabatique (dr/dr),v ; o n le vérifie immédiatement à partir de la formule de
thermodynamique : d Q = C d r —αΤρ dp q u i exprime la chaleur échangée dans
une transformation réversible.
O n remarquera d'abord que dp/dr peut devenir positif si la température croît avec
la profondeur beaucoup plus vite que l'adiabatique. Nous avons rencontré de tels cas,
évidemment instables, dans certaines distributions de densité, en liaison notamment
avec la couche à moindre vitesse.
L'équation (5) fournirait une équation diiTérentielle en T si o n connaissait a(r) et
C(r). Verreault applique la méthode à la « couche D » de Bullen (984 à 2 898 k m ) ,
qui pourrait être chimiquement homogène (mélange d'oxydes), dans laquelle la tem­
pérature caractéristique de Debye est largement dépassée et où o n peut donc prendre
la limite classique C = 3 R, /î étant la constante de Boltzmann ( Λ = 8,31 joules/^K.mole).
L a masse atomique moyenne déterminée par les relations empiriques de Birch ( § 2 . 4 )
est 21,1, d'où Verreault tire : C = 1 180 joules/kg."K. I l est beaucoup plus difficile
d'estimer a, o u encore, ce q u i est équivalent, le paramètre de Griineisen aφjC. Nous
n'y insisterons pas. L a méthode n'a quelque intérêt que parce q u ' o n a peu d'indications
sur les températures profondes (voir tome I I ) .

4.4. — L'inélasticité de la Terre. — N o s connaissances sur l'atténuation des


ondes et des v i b r a t i o n s propres ne fournissent pas encore de modèles satisfai-
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592 MODÈLES DE L'INTÉRIEUR DE LA TERRE

sants p o u r les facteurs de qualité Qp et Qg aux diverses profondeurs (Chap. 11


et 12). Les essais récents (Jackson, 1971) f o n t seulement douter de leur indépen­
dance vis-à-vis de la fréquence.

BIBLIOGRAPHIE

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CHAPITRE 22

GÉNÉRALITÉS
SUR L A PROSPECTION GÉOPHYSIQUE

par

Robert N E U M A N N

1 . — LES O B J E C T I F S D E L A P R O S P E C T I O N GÉOPHYSIQUE

L e sous-sol contient des substances utiles (pétrole, minerais, eaux souter­


raines) ; de plus, sa composition c o n d i t i o n n e certains t r a v a u x d ' u r b a n i s m e o u
de génie c i v i l . L'étude d u contenu d u sous-sol présente donc u n intérêt écono­
mique évident. Cette étude constitue une branche particulière de la géologie, q u i
p o r t e le n o m de géologie appliquée. O r , les objectifs de la prospection géophy­
sique, o u géophysique appliquée, sont exactement les mêmes ; elle s'applique à
des problèmes q u i s'énoncent, et doivent être résolus, en termes géologiques.
L ' o b j e c t i f p o u r r a être de rechercher directement les substances économique­
ment intéressantes : o n s'appliquera alors à mettre en évidence l'effet sur les
résultats obtenus de certaines propriétés physiques caractéristiques de ces
substances (l'exemple le plus simple est f o u r n i , en prospection minière, p a r les
propriétés magnétiques des p r i n c i p a u x minerais de fer). M a i s o n p o u r r a égale­
ment cliercher à faire ressortir les conditions géologiques favorables à la présence
de telle o u telle substance, n'exerçant p a r elle-même a u c u n effet perceptible
sur les mesures géophysiques. I l s'agit alors de prospection structurale, ou
indirecte, d o n t l'exemple le plus classique est celui de l a recherche de pétrole.

2. — LES M É T H O D E S

L a partie supérieure de l'écorce terrestre est caractérisée p a r son hétérogé­


néité, q u i se t r a d u i t p a r des variations dans les propriétés physiques des roches.
O r , ces propriétés c o n d i t i o n n e n t , p o u r une p a r t plus o u m o i n s i m p o r t a n t e , l a
valeur, mesurée à l a surface même d u sol, de certains champs physiques, q u ' i l s
soient naturels o u créés p a r l ' h o m m e . L e prospecteur géophysicien va d o n c
s'attacher à mesurer sur le t e r r a i n — o u en son voisinage immédiat dans le cas

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594 GÉNÉRALITÉS SUR LA PROSPECTION GÉOPHYSIQUE

de la prospection aérienne — u n c h a m p physique, p o u r en repérer les anomalies.


Son rôle sera double :

1° Réaliser des mesures, à p a r t i r desquelles i l s'agira de mettre en évidence


les anomalies significatives : c'est là u n travail de physicien.
2o Interpréter ces mesures, c'est-à-dire essayer de remonter de l'effet à la
cause, ce q u i constitue à la fois u n t r a v a i l de mathématicien et de géologue.

Le prospecteur dispose fondamentalement de quatre groupes de méthodes :


a) Les méthodes gravimétriques, reposant sur la mise en évidence des ano­
malies de la pesanteur ( o u de ses dérivées), provoquées par l'inégale répartition
des densités dans le sous-sol.
b) Les méthodes magnétiques, q u i s'adressent à Vaimantation des roches ou
de certains minerais, laquelle i n t r o d u i t des anomalies du champ magnétique
terrestre.
c) Les méthodes électriques, essentiellement fondées sur l'inégale répartition
en p r o f o n d e u r des résistivités, q u i c o n d i t i o n n e l'allure des phénomènes élec­
triques mesurés en surface.
d) Les méthodes sismiques, q u i f o n t appel aux vitesses de propagation des
ondes élastiques dans les différentes f o r m a t i o n s d u sous-sol. Ces ondes, q u i se
sont réfléchies et réfractées sur la surface de séparation entre m i l i e u x de vitesses
différentes, o n t p a r c o u r u des trajets que le prospecteur s'efforce de reconstituer
à p a r t i r des i n f o r m a t i o n s rassemblées sur les sismogrammes.

D'autres méthodes, d o n t l ' i m p o r t a n c e économique est actuellement assez


réduite, méritent d'être citées : la radio-activité (le c o m p t e u r de Geiger est u n
instrument de prospection géophysique...), les mesures géothermiques, géochi­
miques, géomicrobiologiques. Ces dernières méthodes sont caractérisées par de
grandes difficultés d'interprétation.
11 convient également d'évoquer ici u n aspect particulier de la prospection
géophysique, q u i concerne Yexploration verticale, réalisée à la faveur de forages
mécaniques. O n sait t o u t le p r o f i t que le géologue peut tirer de l'analyse des
carottes prélevées dans le sous-sol au f u r et à mesure que s'enfoncent de tels
forages. De même, le prospecteur peut réaliser des carottages géophysiques, en
plaçant ses instruments de mesure à l'intérieur des t r o u s de sonde. Théorique­
ment, toutes les méthodes précédentes seraient applicables à ce genre d'explo­
r a t i o n ; en pratique, o n utilise surtout l'électricité, la radio-activité et la sismique.
Cette e x p l o r a t i o n verticale constitue le meilleur m o y e n d'étalonner les
mesures faites en surface, puisqu'elle permet d'accéder à certaines caractéris­
tiques physiques des roches en place, par des mesures directes o u indirectes.
Les diagraphies de résistivités ou de vitesses sont utilisées en prospection élec­
trique o u sismique, et certaines diagraphies de radio-activité provoquée permet­
tent d'établir des diagrammes de densité utilisables en prospection gravimé­
trique.
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ASPECT TRADITIONNEL 595

3. — C H A M P S D ' A P P L I C A T I O N D E S DIFFÉRENTES M É T H O D E S ;
ASPECT T R A D I T I O N N E L

Les méthodes géophysiques fondamentales peuvent être classées en deux catégories, suivant
que la prospection sur le terrain consiste à effectuer seulement des mesures, o u à réaliser de
véritables expériences de physique. A la première catégorie appartiennent évidemment la
gravimétrie et le magnétisme, méthodes reposant sur la mesure d ' u n champ physique naturel.
c'est-à-dire existant indépendamment de l'expérimentateur. Par contre, les méthodes élec­
triques et sismiques exigent en prospection industrielle la création du champ à mesurer, ce q u i
implique la mise en place sur le terrain d ' u n véritable dispositif expérimental.
Cette distinction ne doit pas cependant faire oublier que la prospection électrique, sous
certaines de ses formes, s'adresse à des champs naturels (*) : i l s'agit d'une part des mesures
de polarisation spontanée, phénomène électrique que l ' o n observe en particulier à l'aplomb
de certains gîtes minéraux, d'autre part de la prospection tellurique, q u i repose sur la mesure
du champ électrique terrestre. Plus récemment, o n a v u naître la prospection magnéto-telluri-
que, qui comme son n o m l'indique, consiste en des mesures simultanées des champs magné­
tique et électrique.
A ces exceptions près, la distinction précédente subsiste ; elle permet de définir, au moins
grossièrement, les possibilités et les domaines d'application des différentes méthodes. Les
résultats gravimétriques et magnétiques auront des propriétés intégrantes, en ce sens que le
champ mesuré sera nécessairement affecté par u n grand nombre de contrastes de densité
ou d'aimantation, de profondeurs très différentes. E n conséquence, les renseignements
utiles, c'est-à-dire les anomalies répondant au problème spécifique posé à l'exploration géo­
physique, se trouveront noyés dans une masse d'informations sans intérêt. A l'opposé, les
méthodes faisant appel à des champs créés permettent au géophysicien de rester maître,
dans une large mesure, de la profondeur d'investigation, q u i dépend évidemment des carac­
téristiques géométriques et physiques d u dispositif expérimental implanté sur le terrain :
en électricité la longueur des lignes d'envoi de courant, en sismique la distance entre sismo­
graphes et point d'explosion, l'importance de la charge, etc.
T o u t naturellement, les méthodes d u premier groupe sont considérées comme des métho­
des de reconnaissance générale o u , si l ' o n veut, de dégrossissage, celles du second groupe
étant par excellence réservées aux études de détails. Si l ' o n envisage par exemple l'exploration
d ' i m bassin sédimentaire à des fins pétrolières, la mise en œuvre des méthodes de prospection
géophysique devrait s'effectuer dans l'ordre suivant : aéromagnétisme et gravimétrie, puis
sismique. Bien entendu, l'application des méthodes de reconnaissance s'effectue dans le
même temps que les relevés topographiques et géologiques, de sorte que la confrontation
de CCS divers résultats permet de se faire une première idée de la structure d u bassin sédimen­
taire prospecté. A ce stade, les « anomalies » présentes sur les cartes magnétiques et gravi­
métriques sont difficilement interprétables, faute d'une connaissance suflisante des paramètres
caractérisant les formations géologiques profondes. 11 appartient ensuite à des méthodes de
détail, la sismique surtout, l'électricité plus rarement, d'en préciser la signification, éventuelle­
ment l'intérêt pétrolier. Le rôle d u magnétisme et de la gravimétrie est ici davantage de poser
des problèmes que d'en résoudre. Pourquoi dans ces conditions ne pas renoncer aux méthodes
de reconnaissance ? I c i interviennent des facteurs économiques. I l est bien évident que la
réalisation sur le terrain d'expériences de physique répétées, exigeant la mise en action d ' u n
matériel considérable et par conséquent, d'une main-d'œuvre abondante, est nettement plus
coûteuse que l'exécution de simples mesures. De sorte que l'intérêt des méthodes de reconnais­
sance consiste essentiellement à réduire le domaine d'application des méthodes de détail,
qui n'ont plus à intervenir que sur une fraction de la surface prospectée, celle qui concerne
justement les « anomalies » dont nous avons parié.

(*) Notons que, jusqu'à présent, l'étude des ondes élastiques engendrées par les séismes
naturels n'a pas reçu de véritables applications industrielles.
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596 GÉNÉRALITÉS SUR LA PROSPECTION GÉOPHYSIQUE

E n matière d'exploration pétrolière, l'aboutissement de toutes ces démarches successives


est l ' i m p l a n t a t i o n d ' u n o u plusieurs forages mécaniques, dont l'exécution fort coûteuse
représente la part la plus importante d u budget consacré à l'exploration. Le rôle des pros­
pections géologique et géophysique est de réduire autant que possible la p r o p o r t i o n de
forages improductifs.

4. — Q U E L Q U E S A S P E C T S A C T U E L S D E L A P R O S P E C T I O N GÉOPHYSIQUE

I l s'en faut de beaucoup, cependant, que cette division des méthodes géophysiques limite
leur emploi, pour les unes à la reconnaissance, p o u r les autres aux études détaillées. I l arrivera
qu'à leur tour, les résultats magnétiques et gravimétriques puissent éclairer les données
sismiques, dans la mesure où celles-ci laisseraient encore subsister quelques incertitudes,
cet appui des méthodes de reconnaissance pouvant aller jusqu'à l'exécution d'études complé­
mentaires, méritant cette fois le qualificatif de « détaillées » . O n doit d'ailleurs rappeler que,
depuis longtemps, les méthodes magnétiques (terrestres) constituent u n outil de choix en
prospection minière, en particulier pour la recherche des gisements ferrifères ; or, ce type
de prospection nécessite sur le terrain une grande densité de stations de mesures.
I l existe également des problèmes spécifiques d'exploration pétrolière q u i peuvent être
résolus sans faire appel aux méthodes sismiques, o u en ne leur demandant qu'une confirma­
t i o n . L'exemple le plus frappant concerne la recherche des dômes de sel, q u i constituent sou­
vent des « structures pétrolifères » de choix. D e tels dômes sont particulièrement abondants
le long de la G u l f Coast, au Texas et en Louisiane, et beaucoup d'entre eux o n t été découverts
par prospection gravimétrique, utilisée seule. Les dimensions des anomalies provoquées par
de telles structures sont sufiîsamment réduites p o u r exiger des mesures assez denses (plusieurs
stations par kilomètre carré) et l ' o n ne peut plus parler seulement de « reconnaissance »
gravimétrique.
Beaucoup plus récemment, grâce en particulier à des améliorations apportées aux instru­
ments de mesure, les méthodes magnétique et gravimétrique ont v u leur champ d'application
s'étendre à des études nouvelles, relevant de la prospection de très fin détail. C'est ainsi que
l'emploi des magnétomètres modernes s'étend aujourd'hui au domaine des recherches archéo­
logiques, auquel commence également à s'appliquer la gravimétrie. Cette dernière méthode,
en tous cas, est de plus en plus largement utilisée pour la détection de cavités, naturelles o u
artificielles. Dans ce type de prospection, les stations de mesure peuvent être placées tous
les cinq mètres, parfois moins...
A l'opposé, o n constate depuis quelques années que les méthodes sismiques sont de plus
en plus utilisées à des fins de reconnaissance. I l y a à cette évolution des raisons techniques,
liées aux conditions géologiques, et aussi, bien entendu, des raisons économiques. Lorsque,
vers 1950, débutèrent les prospections au Sahara, i l devint vite évident que le contexte géolo­
gique se prêtait assez m a l à l'emploi intensif de la méthode gravimétrique. I l apparut même
que la meilleure façon de procéder en reconnaissance était de faire appel à la sismique-réfrac­
tion, méthode q u i avait connu environ dix ans de prospérité à partir de 1924, mais avait
ensuite été abandonnée (à tort) au profit de la sismique-réflexion. C'est ainsi que fut découvert
en 1954 le gisement d'Hassi-Messaoud, et d'autres après l u i .
Avec le développement des prospections en mer, de nouveaux problèmes se posèrent aux
géophysiciens. Les prix de revient se trouvent dans ce cas fortement grevés par le coût du
mode de transport (navire et équipage) et celui d u repérage topographique (radionavigation).
O n ne peut donc plus invoquer la « légèreté » de l a prospection gravimétrique, tandis que,
paradoxalement, la sismique-réflexion se trouve, en mer, réellement allégée ; i l n'est plus
besoin d'enterrer la charge explosive, ce q u i nécessite en prospection à terre u n important
et onéreux matériel de forage ; i l n'est plus besoin d'implanter u n nouveau dispositif sismo-
graphique pour chaque mesure, l'exploration en mer devenant quasi continue (les simogra-
phes sont en effet attachés à u n câble remorqué par le bateau). Dès lors, le coût de la pros­
pection gravimétrique augmente beaucoup plus que celui de la prospection sismique, lorsque
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L'INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS 597

Ton passe d u dciriaine tcifestrc au domaine m a r i n : on utilise d'emblée, donc au stade de la


reconnaissance, ia sismique-réncxion.
Dans la même optique, l'avion a permis de faire entrer l'électricité dans le domaine de la
prospection de reconnaissance. On assiste en effet, depuis quelques années, à une évolution
de ce mode de prospection vers un emploi intensif des méthodes électromagnétiques, moins
lourdes que !cs méthodes faisant appel au courant continu, et présentant l'avantage de pouvoir
clïectuer des mesures en mouvement. Ces intéressantes propriétés ont conduit les géophysi­
ciens à réaliser des appareils de prospection électromagnétique utilisables en avion et prenant
p'acc de ce fait parmi les outils de reconnaissance.

5. — L'INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS

L'interprétation géophysique revêt généralement deux aspects : q u a l i t a t i f et


quantitatif
a) Ut'nterprétatioti qualitative : la lecture d ' u n document géophysique (carte
ou coupe) n'est pas aussi évidente que celle, par exemple, d ' t i n d o c u m e n t
t o p o g r a p h i q u e , où se reconnaissent facileinent les collines, les vallées, les
falaises, e t c . . P o u r t a n t , les courbes « isanomales » d'une carte gravimétrique
ou magnétique, comme les « isochrones » d'une carte sismique, o n t bien quelque
chose à v o i r avec des courbes de niveau, mais i l s'agit cette fois de niveaux
profonds (au p l u r i e l ) q u i , dans le cas des méthodes de champs naturels, sont
tous présents en même temps sur la carte. O r , le prospecteur s'intéresse générale­
ment à un seul de ces niveaux, o u à un petit n o m b r e d'entre eux, situés entre des
limites de p r o f o n d e u r assez bien définies. 11 s'agit donc p o u r l u i d'essayer
dlsoler les anomalies relatives à ces terrains et, si possible, de leur restituer la
forme qu'elles auraient eue si elles avaient été présentes seules. C'est là u n
problème de filtrage.
U n aspect particulier de ce problème apparaît en magnétisme, où le dessin
des anomalies ne reflète v r a i m e n t la position et la forme des « structures »
responsables q u ' a u x pôles magnétiques, là où le champ mesuré est vertical.
P a r t o u t ailleurs, l'effet de l'inclinaison d u c h a m p ( j o i n t à celui de la polarité)
se t r a d u i t par une déformation des anomalies, d o n t le dessin est finalement
sans r a p p o r t évident avec celui des structures q u i les p r o v o q u e n t .
h) Vinterprétation quantitative : les résultats les plus sûrs dans ce domaine
sont fournis par la méthode sismique, laquelle permet seule, sous certaines
c o n d i t i o n s , de dessiner de véritables coupes d u terrain o u cartes d'isobathes.
Toutefois, le degré de certitude de ces i n f o r m a t i o n s demeure f o n c t i o n de la
connaissance des vitesses de p r o p a g a t i o n des ondes élastiques dans les couches
géologiques successives, ce q u i suppose que cette « l o i des vitesses » a p u être
définie et contrôlée à l'aide de mesures dans des forages, o u dégagée comme o n
sait le faire maintenant à p a r t i r des sismogrammes eux-mêmes.
Pour toutes les autres méthodes géophysiques, l'interprétation q u a n t i t a t i v e
se heurte à u n obstacle redoutable, Viiulétermination fondamentale, laquelle, en
électricité comme en magnétisme et en gravimétrie, résulte de la nature même
du c h a m p mesuré. S'il est toujours possible, au moins théoriquement, de
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598 GÉNÉRALITÉS SUR LA PROSPECTION GÉOPHYSIQUE

calculer l'anomalie créée par une structure de caractéristiques (géométriques et


physiques) données, le problème inverse demeure indéterminé : à toute ano­
malie peut être associée une infinité de « structures » différentes. Cette fâcheuse
propriété, c o m m u n e à tous les champs harmoniques, paraît réduire singuliè­
rement l'intérêt de l'interprétation q u a n t i t a t i v e . 11 n'en est rien, heureusement,
car certains facteurs (telle la valeur d u contraste de densité en gravimétrie) per­
mettent le plus souvent d'isoler entre des limites relativement étroites l'ensemble
des solutions géologiquement vraisemblables. D e plus, u n aspect particulière­
ment fructueux de l'interprétation quantitative consiste à utiliser les données
rassemblées par les géologues, c'est-à-dire à calculer les anomalies correspon­
dant aux divers « modèles » qu'ils o n t été amenés à envisager, puis à comparer
ces anomalies aux résultats expérimentaux : c'est l'interprétation « indirecte ».
C o m m e p o u r l'interprétation qualitative, le prospecteur dispose dans le
domaine q u a n t i t a t i f d ' u n grand n o m b r e d ' o u t i l s . Entre des mains inexpéri­
mentées, ces o u t i l s risquent d'être dangereux, dans la mesure où beaucoup
d'entre eux paraissent lever l'indétermination fondamentale, et c o n d u i r e à une
s o l u t i o n unique. C'est le cas en particulier lorsque la s o l u t i o n recherchée se
présente sous la forme d'une structure d o n t les éléments géométriques (généra­
lement simples) sont donnés à l'avance (sphère, prismes, e t c . ) . U n e fois trouvée
une solution de ce type, o n a parfois tendance à oublier que d'autres solutions
seraient t o u t aussi valables...
P a r m i les meilleurs outils à la disposition d u géophysicien figurent les cata­
logues d'abaques, grâce auxquels l'interprétateur peut trouver, toutes calculées,
de très nombreuses anomalies correspondant à des « structures » de caractéris­
tiques géométriques variées, et par conséquent, découvrir celles d'entre elles
q u i sont superposables à l'anomalie q u ' i l cherche à interpréter. L a p l u p a r t de ces
catalogues sont conçus de façon à f o u r n i r , o u t r e les éléments géométriques, les
valeurs des paramètres physiques (résistivités, densités, aimantations), ce q u i
permet d'apprécier d u p o i n t de vue géologique la qualité des interprétations
ainsi obtenues.
L a tendance actuelle, en géophysique appliquée, est de faire de plus en plus
appel aux techniques mathématiques de traitement de l'information, et de les
faire intervenir au niveau de la mesure, c'est-à-dire avant l'interprétation pro­
prement dite. C'est ainsi par exemple qu'en sismique-réflexion, comme en
aéromagnétisme, o n utilise presque systématiquement Venregistrement numé­
rique, conduisant directement au traitement des mesures en ordinateurs. De
ce fait, i l est possible de faire appel aux ressources d u filtrage mathématique
q u i sont beaucoup plus riches et variées que celles d u filtrage électrique. Grâce
à cette forme de traitement, i l devient possible de recommencer en laboratoire,
aussi souvent q u ' i l apparaît nécessaire, les expériences réalisées sur le terrain,
en m o d i f i a n t chaque fois certains paramètres.

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CHAPITRE 23

LES MÉTHODES D E PROSPECTION


SISMIQUE

par

Jean F O U R M A N N et Robert N E U M A N N

1. — R E M A R Q U E PRÉLIMINAIRE

Le document de base p o u r l'interprétation sismique est le sismogramme,


o b t e n u à p a r t i r d ' u n ébranlement provoqué (explosion, chute de poids, etc.).
Le prospecteur ne cherche pas à tirer p a r t i de la totalité des i n f o r m a t i o n s
contenues dans le sismogramme ; i l souhaite isoler d ' a b o r d , identifier ensuite
l ' i n f o r m a t i o n intéressante, appelée le signal sismique.
U n sismogramme de prospection se présente, nous le verrons, comme la
j u x t a p o s i t i o n de plusieurs traces sismographiques, offrant l'image d ' o n d u l a t i o n s
pseudo-sinusoïdales, p r a t i q u e m e n t ininterrompues et d ' a m p l i t u d e à peu près
constante d ' u n b o u t à l'autre de la trace. Le problème est de découvrir et de
« p o i n t e r » le signal sismique, ce q u i nécessite d'améliorer le r a p p o r t signal/
b r u i t en d o n n a n t le n o m de « b r u i t » à t o u t ce q u i , sur le sismogramme, n'est
pas l ' i n f o r m a t i o n intéressante.
Le prospecteur tentera dès Venregistrement d'utiliser u n dispositif expérimen­
tal adapté (géométriquement et physiquement) à la résolution de son problème,
donc .sélectif vis-à-vis des ondes et des trajets intéressants. D e ce fait, le pros­
pecteur accepte, et même s'efforce, de supprimer o u d'estomper une quantité
d ' i n f o r m a t i o n s . L o r s q u ' i l n ' y arrive pas dès l'enregistrement, i l cherche à
atteindre cet objectif par des traitements numériques.

2. — LES DIFFÉRENTS T Y P E S DE TRAJETS SISMIQUES

(Voir 10.3)

Considérons ( F i g . 1) le cas simple de la superposition de deux terrains


(supposés homogènes et isotropes) séparés p a r une surface horizontale, la sur­
face d u sol étant elle-même horizontale. Les vitesses de p r o p a g a t i o n respectives

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600 LES MÉTHODES DE PROSPECTION SISMIQUE

des ondes longitudinales (*) sont K, p o u r le terrain supérieur, p o u r le terrain


inférieur, avec V2 > V^. Soit x la distance (mesurée) entre l'origine E de
l'ébranlement et u n sismographe S (nous dirons désormais u n « sismo » ) ,
/; l'épaisseur d u recouvrement, à déterminer. Entre E et S, les ondes sismiques
se propagent suivant t r o i s types de trajets privilégiés, t r a n s p o r t a n t la plus grande
partie de l'énergie libérée p a r l'explosion :

a) Le trajet direct ES, p a r c o u r u à la vitesse K,, p o u r lequel le temps de par­


cours est évidemment
?, = x/K, . (1)

Remarque : l'onde directe ne se propage pas au voisinage immédiat de la


surface d u sol, mais sous la zone d'altération, ou « weathered zone » ( W Z ) :

Fici. 1. — Les différents types de trajets sismiques.


F I G . 2. — Dromoetironiques.

(*) Ce sont les seules que l ' o n utilise en prospection ; cependant, on étudie depuis peu
(notamment en France) l'utilisation des ondes transversales. Ces recherches, dont certaines
font appel aux sismogrammes synthétiques dont il sera question plus l o i n , semblent prêtes
d"aboutir, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives à la prospection sismique.
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LA MÉTHODE SISMIQUE-RÉFRACTION 601

il s'agit d ' u n m i l i e u hétérogène, de vitesse lente, très absorbant, épais de


quelques dizaines de mètres, d o n t le prospecteur cherche généralement à
s'affranchir en plaçant la charge explosive sous la W Z .
b) Le trajet réfléchi EIS, l u i aussi p a r c o u r u à la vitesse et auquel, p o u r
un même sismo, correspond u n temps de parcours plus l o n g que le précédent :

?2 = sjx^ +4/i^/V, . (2)

c) Le trajet réfracté EMNS, q u i concerne les ondes coniques étudiées aux


chapitres 5 et 10. EM et NS sont parcourus à la vitesse et MN, le l o n g d u
« marqueur » sismique, à la vitesse K j . Le temps de parcours correspondant se
calcule facilement :

/3 = X/V2 + 2 Λ cos//F, (3)

/ étant l'angle l i m i t e au-delà duquel se p r o d u i t le phénomène de réflexion


totale. Sa valeur est donnée par : sin / = F j / F j .
Les trajets α et c intéressent la méthode sismique-réfraction, tandis que les
trajets b concernent la méthode sismique-réflexion.

3. — P R I N C I P E D E L A M É T H O D E S I S M I Q U E - R É F R A C T I O N ;
LES DROMOCHRONIQUES

Cette méthode reposait autrefois sur l'étude des « premières arrivées » aux
sismos. Le trajet b, t o u j o u r s plus l o n g que a, n'intervenait pas dans l'exploita­
t i o n des mesures. Par contre, le temps de parcours t^ peut devenir inférieur au
temps ?, lorsque la p o r t i o n MN devient suffisamment grande.
Les dromochroniques o u hodochrones (5 et 10), sont des représentations
graphiques des trajets précédents ( F i g . 2) : la pente de la d r o i t e représentative
de i , ( x ) est l / K j , celle de la d r o i t e ^3(^) étant l / F j ; l'hyperbole représentative
de t2(x) est asymptote à la d r o i t e ti{x) et tangente à la droite ^3(^) au p o i n t C,
« point critique » à p a r t i r d u q u e l débute l'onde conique. U n sismo S^ placé à la
distance reçoit en même temps l'onde réfléchie et l'onde conique : le p o i n t
correspondant sur le m a r q u e u r est évidemment le p o i n t M de la figure 1.
Le p o i n t B, intersection des deux droites, est appelé « point de brisure » :
un sismo Sg d'abscisse Xg reçoit en même temps l'onde directe et l'onde conique.
Au-delà de B, c'est l'onde conique q u i arrive la première a u sismo.
Si le m a r q u e u r possède u n certain « pendage », o n o b t i e n d r a u n graphique
semblable, à p a r t i r duquel la vitesse Vj, déduite de la pente de la d r o i t e Î 3 ,
sera une « vitesse apparente » ; α étant l'angle d u m a r q u e u r avec l'horizontale,
on a

V2 = V2 sin //sin (/ + a ) .

P o u r accéder à la vitesse vraie, une nouvelle expérience, réalisée en inversant les


positions respectives d u p o i n t d'explosion et des sismos, est nécessaire : c'est
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602 LES MÉTHODES DE PROSPECTION SISMIQUE

le « t i r inverse » d o n t les résultats, combinés avec ceux d u t i r direct, fournissent


les d r o m o c h r o n i q u e s d ' u n « sondage-réfraction ».

4. — E X P L O I T A T I O N D E S RÉSULTATS E N SISMIQUE-RÉFRACTION

a) L'Offset est la distance SN' ( F i g . 1) ; elle permet de situer l'origine de


l ' i n f o r m a t i o n reçue en S, laquelle est relative au p o i n t d u marqueur, projec­
t i o n de N'.

b) Le délai (delay-time) est la différence entre les temps de parcours d u rayon


sismique dans le recouvrement (suivant Λ'^) et de l'onde réfractée sur le mar­
queur, suivant la p r o j e c t i o n Λ'5' de NS. Pour un sismo S, o n aura :

_NS_NS^_ /; _ /itg/
~ Kl V2 ~ K, cos / K2 '

donc

Ds = ^ - ' ^ ^ . (4)

A u p o i n t d'explosion E correspond u n délai D^, égal à (5 si le marqueur est


h o r i z o n t a l . Dans le cas d'une succession de terrains d'épaisseurs /;^ et de
vitesses V^, le délai total est la somme des délais relatifs à chaque marqueur:

^ ^ ^ /it cos
k K

c) Lintercept est l'ordonnée à l'origine de la d r o i t e /3, donc 2 /; cos lj\\,


soit 2 δ dans le cas de la figure 1 (marqueur h o r i z o n t a l ) . Plus généralemeni
r i n t e r c e p t / est la somme d u délai-sismo et d u délai-explosion.

Remarque : dans les conditions habituelles d ' u t i l i s a t i o n de la sismique


réfraction, o n admet que le délai en un p o i n t donné est isotrope, indépendant
de la « direction » d u t i r sismique.
Très généralemeni, l'objectif assigné à cette méthode est de suivre un marqueur
donné, le mode opératoire étant celui d u tir en ligne (sismos alignés par rapport
au p o i n t d'explosion). O n réalise d ' a b o r d des sondages-réfraction q u i per­
mettent de déterminer les paramètres : vitesses, distances entre points remar­
quables des d r o m o c h r o n i q u e s . O n utilise ensuite u n dispositif sismographique
destiné à enregistrer seulement la p o r t i o n de d r o m o c h r o n i q u e intéressante, en
« arrivées premières » : dans le cas de la figure 2, i l s'agit de la demi-droite
représentative de /3, au-delà d u « p o i n t de brisure » B. Ce d i s p o s i t i f constitué
par n sismos alignés, subit une t r a n s l a d o n après chaque t i r , en conservant
au moins deux sismos communs à deux tirs successifs.
L ' e x p l o i t a t i o n des résultats est généralement fondée sur l'étude des délais D^,
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VARIANTES DE LA MÉTHODE SISMIQUE-RÉFRACTION 603

d o n t les variations traduisent celles de la p r o f o n d e u r h d u m a r q u e u r . Dans la


méthode Gardner, on calcule à l ' a p l o m b de chaque sismo l'intercept :

/ = ί - x/V^ = Ds + DE

{V^ est la vitesse d u m a r q u e u r ) . P o u r u n t i r donné, D^ (délai-explosion) est


constant et Dg varie légèrement : la v a r i a t i o n de l'intercept rend compte de
celle de Dg, donc de h. O n obtient ainsi p o u r chaque t i r ( F i g . 3) des courbes
Γγ, Γ2, e t c . , décalées en ordonnées les unes par r a p p o r t aux autres en raison
de la v a r i a t i o n AD^ d ' u n t i r au suivant. Grâce aux sismos c o m m u n s à deux tirs
successifs, i l est aisé de faire les raccords entre / " j et J T J , A et Γ^, etc., p o u r
obtenir Γ, courbe relative unique. L ' e x p l o i t a t i o n analogue des tirs inverses
f o u r n i t une autre courbe relative Γ', décalée l o n g i t u d i n a l e m e n t par r a p p o r t à Γ
d'une longueur égale à deux oflfsets, puisque ces deux courbes Γ et Γ' o n t été
construites en position sismo. L e u r comparaison permet d ' o b t e n i r la valeur
de l'offset et de dessiner une courbe relative unique C, en position offset.
L'exécution sur le terrain de profils-
réfraction entrecroisés et le r e p o r t s, S g Sn-iSn
sur carte des valeurs correspondant j | | |
aux courbes C permettent de des­
siner des courbes à'iso-délais, puis
d'accéder à une véritable carte
d'isobathes du marqueur. FIG. 3 .

5. — Q U E L Q U E S V A R I A N T E S DE L A MÉTHODE SISMIQUE-RÉFRACTION

Le mode opératoire précédent est de beaucoup le plus utilisé, mais d'autres


méthodes sont employées avec succès :

a) Le tir en éventail, q u i consiste à disposer les sismographes à des distances


p r a t i q u e m e n t égales a u t o u r d u p o i n t d'explosion. O n met ainsi en évidence des
variations de temps de parcours dues à la présence de « structures » localisées
(horsts, dômes de sel) généralement à faible profondeur.
b) Les tirs déportés, consistant à associer à u n même p o i n t de t i r plusieurs
profils parallèles de sismos en ligne. Cette technique est utilisée lorsque l ' o n a
à réaliser des profils courts, destinés à préciser les contours d'une structure déjà
reconnue. O n réduit ainsi la longueur des dispositifs et p a r t a n t , la durée des
opérations.

Ce souci de réduire les distances de tir, qui o n t dépassé 50 k m au Sahara, et aussi la consom­
m a t i o n d'explosifs, de l'ordre d'une tonne par t i r « lointain », a conduit depuis quelques
années à une nouvelle méthode. L'idée est d'utiliser le secteur q u i , h la surface du sol, corres­
pond au point critique C de la figure 2 : c'est le secteur voisin d u sismo 5c de la figure 1. Cette
« zone critique » est le siège de phénomènes particuliers quant à l'amplitude de l'énergie
transmise aux sismos : lorsqu'on franchit le point critique, o n constate à la fois une brusque
augmentation de l'énergie réfléchie correspondant au début de la réflexion tota'e, et l'appa-
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604 LES MÉTHODES DE PROSPECTION SISMIQUE

r i t i o n d'énergie réfractée (ondes coniques) ; au p o i n t critique lui-même, les deux trajets,


réfléchi et réfracté, sont confondus géométriquement et les arrivées correspondantes sont
en phase. L a mise en évidence de cette arrivée réfléchie/réfractée sur u n sismo placé au point
critique exigera, d u fait de sa grande amplitude relative, une moindre quantité d'énergie à
l'explosion que celle nécessaire en réfraction classique, et ceci en dépit d u fait q u ' i l s'agira
d'observer cette amplitude en « arrivée seconde », l'onde directe atteignant la première le
sismo Se. E n pratique, la distance xc, égale a u double offset, est variable avec h ; elle ne peut
donc être connue pour chaque dispositif. O n tourne la difficulté en exploitant les enregistre­
ments obtenus en des sismos Sk voisins d u point Se, et situés à des distances constantes xk
du point d'explosion.

6. — P R I N C I P E D E L A M É T H O D E SISMIQUE-RÉFLEXION

L ' o b j e c t i f est la mesure d u temps de parcours aller et retour de l'onde sis­


mique entre la source et u n « m i r o i r » p r o f o n d . A p a r t i r de cette mesure, o n
cherche généralement à suivre, le l o n g d ' u n p r o f i l , l'évolution de la p r o f o n d e u r
des niveaux réfléchissants.
Théoriquement, i l suffirait d ' u n seul sismo associé à chaque p o i n t d'explosion
p o u r enregistrer le temps de p r o p a g a t i o n de l'onde réfléchie. M a i s l'énergie
réfléchie n'étant q u ' u n e f r a c t i o n très faible de l'énergie émise, 1'« arrivée
réfléchie » serait masquée p a r des phénomènes superficiels, correspondant à des
trajets réfléchis et réfractés voisins d u trajet direct. U identification du signal
est fournie par u n « d i s p o s i t i f d'écoute » , assorti de c o n d i t i o n s particulière^
d'enregistrement et de traitement de l ' i n f o r m a t i o n .
Le d i s p o s i t i f usuel c o m p r e n d une source sismique et 24 « traces » (*) i m p l a n ­
tées sur le p r o f i l , de p a r t et d'autre de la source en prospection terrestre, d ' u n
seul côté en prospection marine ; la « trace » la plus l o i n t a i n e se t r o u v e à une
distance atteignant 1 200 m dans le premier cas, 2 400 m dans le second.
Chaque « trace » est constituée p a r u n groupe de sismos (entre 20 et 50 en
général), reliés électriquement entre eux.
Cette multiplication a p o u r effet d'améliorer le r a p p o r t signal/bruit : l'onde
réfléchie, d'origine l o i n t a i n e , atteint en phase les n sismos d u groupe, de sorte
que le signal est multiplié p a r n. Les ondes parasites, d'origine superficielle,
atteignent les sismos de façon aléatoire, leur a d d i t i o n est statistique, et le b r u i t
est multiplié seulement_par \Jn. Le r a p p o r t signal/bruit est donc multiplié par
une valeur proche de V«. A cette m u l t i p l i c a t i o n des sismos est souvent associée
une « m u l t i p l i c a t i o n des points de t i r », la charge d'explosif étant répartie
en plusieurs points : leur n o m b r e classique, comme celui des « sismos p a r
trace », est de l ' o r d r e de 20, mais peut atteindre exceptionnellement la cen­
taine... Le rôle des « tirs de b r u i t », expériences précédant t o u t e campagne de
prospection, est de déterminer les caractéristiques des ondes indésirables, et
p a r t a n t , la distance o p t i m a l e , quelques mètres, entre sismos (et p o i n t s de t i r )
multiples.

(*) Le prospecteur donne le n o m de « trace » à la fois au sismogramme et au dispositif


expérimental correspondant.
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LES CORRECTIONS 605

Les « traces » sont branchées sur un câble, la flûte sismique, qui transmet les tensions
délivrées par les sismos au laboratoire d'enregistrement. Chaque tir est enregistré pendant
environ 6 s. Les informations sont généralement transcrites sur bande magnétique, de plus
en plus sous forme numérique, les bandes ainsi obtenues pouvant être directement relues par
un ordinateur. Immédiatement après le t i r , o n obtient une image de l'enregistrement par
procédé photographique o u thermoélectrique, ce q u i permet de contrôler sa qualité, et de
préparer l'exploitation q u i se fera loin de la mission, en un service central disposant d ' o r d i ­
nateurs.
Pour ne pas limiter les possibilités de cette exploitation ultérieure, o n s'efforce sur le
terrain, d'enregistrer les mouvements d u sol le plus fidèlement possible : filtrages électriques
réduits, gain des amplificateurs enregistré, etc.

7. — C O M P O S I T I O N ; C O U V E R T U R E MULTIPLE

L a « m u l t i p l i c a t i o n » avait p o u r objet d'améliorer le caractère des réflexions ;


la composition, ou mixage, vise à améliorer la mise en pliase. L a m u l t i p l i c a t i o n
composait les signaux à l a sorde des sismos, le mixage les compose à l a sortie
des amplificateurs o u mieux, a u rejeu, sur des traces corrigées.

1" Mixage d'appareillage : la tension de sortie relative à une trace d'ordre n est répartie
suivant certaines proportions sur les traces voisines n— 1 e t « - j - I . Par exemple, 15-70-15
signifie 15 % sur « — 1 et n — I , 70 % sur n . L a ressemblance entre deux traces successives
est ainsi améliorée.
2" Mixage de dispositif : chaque trace étant relative à n sismos répartis sur une longueur L,
si l ' o n adopte u n espacement entre traces inférieur à L , i l y a chevauchement des sismos
entre une trace et sa voisine. U n élément c o m m u n entrant dans la définition de ces deux
traces leur confère u n « air de parenté » .
Le mixage, procédé artificiel, peut être dangereux ; t r o p poussé, i l accentue la ressemblance
au point qu'aucune discrimination n'est plus possible. Par ailleurs, le mixage peut introduire
certaines déformations des signaux et en altérer le caractère.

Beaucoup plus n a t u r e l , et p a r t a n t plus efficace, est le procédé moderne de


mise en œuvre appelé couverture multiple. Chaque trace donne des i n f o r m a ­
tions sur les p o i n t s - m i r o i r s d o n t la projection sur la surface d u sol se situe
a p p r o x i m a t i v e m e n t à m i - c h e m i n entre la source et la trace. U n dispositif de
longueur L donne donc à chaque d r des i n f o r m a t i o n s relatives à une l o n g u e u r
L/2 sur le p r o f i l . E n déplaçant l'ensemble d u dispositif de L/2 à chaque t i r ,
on obtient ainsi une i n f o r m a t i o n continue appelée « couverture simple ».
Avec des déplacements plus petits, sous-muhiples d u précédent, o n o b t i e n t
une i n f o r m a t i o n redondante, dite « couverture m u l t i p l e », couverture double
(L/4), t r i p l e , dodécuple (L/24, déplacement égal à u n intertrace).

8. — LES C O R R E C T I O N S

Chaque enregistrement fait l'objet d ' u n traitement desdné à ramener les


différents temps de trajet à une même référence : surface horizontale, d i t e
datum-plane ( D P ) , invariable t o u t le l o n g d ' u n p r o f i l , et à éliminer l'influence
des terrains altérés superficiels. Les données permettant de calculer les correc-
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606 LES MÉTHODES DE PROSPECTION SISMIQUE

l i o n s correspondantes sont fournies par des mesures topographiques et p a r la


méthode sismique-réfraction : tirs spéciaux o u utiHsation des arrivées premières
des tirs de sismique-réflexion, permettant de définir la base de la zone altérée.
Ces corrections se traduisent p o u r chaque trace par u n décalage d'ensemble
q u i n'est pas f o n c t i o n d u temps d'arrivée des signaux réfléchis, d'où leur n o m
de corrections statiques.

Après ces corrections, les temps d'arrivée suivent a p p r o x i m a t i v e m e n t une


l o i hyperbolique en f o n c t i o n de la distance de t i r , c o n f o r m e à la f o r m u l e (2) d u
paragraphe 2. Les corrections dynamiques, d o n t l'objectif est de ramener a u cas
où la source et le p o i n t de mesure seraient confondus, o n t p o u r effet de redresser
les hyperboles, d o n t la courbure est une f o n c t i o n décroissante de la profondeur
et de la vitesse des terrains traversés.
P o u r calculer ces corrections, o n p o u r r a i t se servir de la f o r m u l e théorique
si l ' o n connaissait bien les vitesses de propagation. E n général, c'est l'inverse
que l ' o n fait : o n détermine, sur les enregistrements, la forme des hyperboles et
l ' o n en déduit d'une part les corrections dynamiques, d'autre p a r t des i n f o r ­
mations sur les vitesses. Ces i n f o r m a t i o n s peuvent être précisées lors d u traite­
ment sur ordinateur : c'est 1'« analyse des vitesses ».

9. — LES R É F L E X I O N S M U L T I P L E S

L a relation liant la vitesse et la courbure des hyperboles a une conséquence


très i m p o r t a n t e en ce q u i concerne les réflexions multiples correspondant à des
trajets analogues à celui de la figure 4 : l'arrivée au sismo S risque d'être m a l
interprétée, et de faire croire à l'existence d ' u n réflecteur p r o f o n d en M'. Les
différences de c o u r b u r e permettent d'éviter cette
erreur. En effet, la c o u r b u r e de la réflexion m u l t i ­
ple correspond à une vitesse moyenne de l'ordre
de celles q u i caractérisent les terrains au-dessus de
M , et Λ/3. A u n réflecteur réel situé en M' devrait
correspondre une vitesse plus forte (car la vitesse
moyenne croît avec la p r o f o n d e u r ) , et par consé­
quent une courbure plus faible.
Si l ' o n applique des corrections dynamiques
F I G . 4. correspondant aux « arrivées réelles », les « a r r i ­
vées multiples » seront insuffisamment corrigées ;
elles présenteront un « résidu de c o u r b u r e » caractéristique, aussi bien en
couverture simple qu'en couverture m u l t i p l e .

10. — REPRÉSENTATION DES RÉSULTATS : L A S E C T I O N

Dans les cas les plus simples (sismique terrestre, couverture simple), le traite­
ment s'arrête aux corrections. O n procède a u rejeu des bandes magnétiques
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REPRÉSENTATION DES RÉSULTATS: LA SEC!

53pU033SI|||UJ

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608 LES MÉTHODES DE PROSPECTION SISMIQUE

corrigées, et l ' o n réalise un montage j u x t a p o s a n t la succession de tous les films


sismiques relatifs à u n même p r o f i l : c'est la coupe-film, o u section. A l'ancienne
représentation galvanométrique a été substituée une figuration sous forme
d ' « aires variables » ( F i g . 5), consistant à renforcer, en n o i r , la partie corres­
p o n d a n t aux « aires positives » de chaque trace, o u de « densité variable » ,
fondée sur une gamme de teintes allant d u blanc a u n o i r en f o n c t i o n de l ' a m p l i ­
tude des oscillations.
Les arrivées réelles, si elles o n t été bien « redressées » par les corrections
traduisent la forme des réflecteurs, alors q u ' a u x arrivées multiples correspondent
des festons très caractéristiques.
En couverture m u l t i p l e , les sections sont construites après a d d i t i o n des
traces q u i , p o u r chaque t i r , correspondent aux mêmes p o i n t s - m i r o i r s ; les
« arrivées réelles » s'additionnent en phase, tandis que les multiples se pré­
sentent avec des résidus de c o u r b u r e disparates et sont fortement atténués :
c'est là le p r i n c i p a l intérêt de la couverture m u l t i p l e .

C o m m e o n dispose de données redondantes, o n peut également faire u n choix avant


addition ; c'est le principe d u « mute », q u i consiste en particulier à éliminer, pour les niveaux
peu profonds, les traces les plus lointaines, souvent perturbées par les arrivées réfractées.
Sur une section, les ordonnées sont des temps ; pour obtenir la forme réelle des réflecteurs,
il faut transformer ces temps en profondeurs, et tenir compte de ce que, généralement, les
trajets ne sont pas verticaux : c'est le problème de la « restitution » des miroirs. Cette opéra­
t i o n nécessite la mesure d u « gradient-temps », pente de l'horizon telle qu'elle apparaît sur
la section, et l'utilisation d'abaques calculés en fonction des vitesses, supposées connues.
Ce type de restitution, t r o p artisanal, n'est plus guère utilisé que p o u r certains problèmes
particulièrement compliqués. O n a de plus en plus recours à u n traitement sur ordinateur,
appelé « m i g r a t i o n », q u i consiste à déplacer, n o n plus quelques m i r o i r s isolés, mais l'ensemble
de la section.

11. — D É C O N V O L U T I O N ; ANTI-RÉSONANCE

L a source sismique (explosion dans la p l u p a r t des cas) engendre une i m p u l ­


sion très brève, de l ' o r d r e de la milliseconde, à p a r t i r de laquelle o n p o u r r a i t
espérer enregistrer une « trace impulsionnelle », où les arrivées réfléchies seraient
repérables avec une grande précision. En fait, l'onde sismique subit des filtrages,
par le terrain et par l'appareillage, d o n t l'effet est de remplacer l ' i m p u l s i o n
initiale par un train d'ondes plus o u moins l o n g . E n sismique marine la réso­
nance (réflexions multiples entre la surface et le f o n d de l'eau) i n t r o d u i t u n
filtrage particulièrement redoutable en raison de l ' a m p l i t u d e et de l'extension
d u phénomène.
Soit s{t) la trace sismique à la sortie d u laboratoire d'enregistrement ; elle
apparaît c o m m e la c o n v o l u t i o n d'une trace q u i représenterait seulement les
réflexions simples, /·(/), p a r u n filtre / ( i ) i n c o n n u :

s{t) = rit) * / ( 0 .

L a « déconvolution » o u « anti-résonance » (en sismique marine) consiste à


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BIBLIOGRAPHIE 609

déterminer r(t) à p a r t i r de l a seule connaissance de s{t). Cette opération est


réalisable sur o r d i n a t e u r ; elle n'a de sens physique que si le filtre/(i) obéit au
critère de stabilité, c o n d i t i o n suffisante p o u r donner au problème une s o l u t i o n
unique. Dans le cas de la couverture m u l t i p l e , la déconvolution sera réalisée sur
les traces individuelles, avant a d d i t i o n . D e plus, chaque trace peut être divisée
en tronçons successifs, déconvolués séparément, de façon à tenir compte de
l'évolution d u filtrage en f o n c t i o n d u temps de parcours.

12. — I N T E R P R É T A T I O N

Le géophysicien travaille sur les sections fournies par l ' o r d i n a t e u r . Leur qua­
lité est très variable : i l s'agira tantôt de faire u n choix p a r m i u n t r o p g r a n d
n o m b r e d'horizons, tantôt d'interpoler entre des réflecteurs sporadiques.
L'interprétation d o i t t o u j o u r s utiliser la totalité des i n f o r m a t i o n s à sa disposi­
t i o n : croisements entre profils sismiques, données géologiques, etc.
Lorsque l'ensemble des profils forme u n réseau couvrant toute une surface,
les meilleurs horizons peuvent faire l'objet d'une carte d'isochrones, éventuelle­
ment soumise à la m i g r a t i o n et convertie ainsi en carte d'isobathes.
L'interprétation géologique gagne t o u j o u r s à être appuyée sur les résultats
d ' u n forage p r o f o n d , à l'intérieur duquel o n réalise, p a r carottage sismique, la
mesure des vitesses. Les coefficients de réflexion kjj sont, en première a p p r o ­
x i m a t i o n , liés aux contrastes de vitesses entre couches successives :

(V,- K,)/(K, + Vj).

L a connaissance des vitesses permet donc de calculer les coefficients kjj


successifs, et par suite une véritable « trace synthétique », r{t) (§ 11), q u i peut
être convoluée p a r une f o n c t i o n / ( t ) convenable p o u r la rendre comparable
à la trace expérimentale. L a ressemblance, souvent frappante, permet d'iden­
tifier les horizons sismiques, et de les dater géologiquement. L a c o m p a r a i s o n
des traces expérimentales avec les traces synthétiques calculées avec et sans
réflexions multiples permet aussi de repérer les horizons multiples q u i auraient
échappé à la destruction par la couverture m u l t i p l e .

BIBLIOGRAPHIE

Plus encore que toute autre méthode de prospection géophysique, la sismique est en perpé­
tuelle évolution, de sorte que la plupart des ouvrages de fond, même récents, sont rapidement
périmés. C'est p o u r q u o i la meilleure source d ' i n f o r m a t i o n dans ce domaine est constituée
par les revues spéciatisées dont les plus documentées sont :
Geoptiysics, publication de la « Society o f E x p l o r a t i o n Geophysics » (SEG), organisme
américain.
Geopfiysicat Prospecting, j o u r n a l de Γ « European Association o f E x p l o r a t i o n Geophy-
sicists ».
Le lecteur trouvera également des articles en langue française sur la sismique moderne
dans la Revue de l'Institut Français du Pétrole.

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CHAPITRE 24

PROSPECTION GRAVIMÉTRIQUE

par

Robert N E U M A N N

1. — INTRODUCTION

L ' o b j e c t i f de la prospection gravimétrique est l'étude des anomalies de la


pesanteur dues à l'inégale répartition des densités dans le sous-sol. Evaluons
l ' o r d r e de grandeur de ces anomalies : si, à une d i s t r i b u t i o n donnée des densités,
nous ajoutons l'effet d'une tranche de terrain horizontale indéfinie d'épaisseur e
(en mètres) et de densité relative σ, l'anomalie correspondante est donnée en
milligals par l'expression : Ag = oe/24.
U n e anomalie d ' u n m i l l i g a l correspond donc à une épaisseur de 200 m p o u r
un contraste de densité (*) de 0,12 (valeur courante en prospection structurale),
o u à une épaisseur de 15 m p o u r u n contraste de 1,6 (admissible en prospection
minière). A u x structures pétrolifères étendues et volumineuses correspondront
généralement des anomalies de plusieurs milligals, tandis que les amas o u filons
minéralisés se t r a d u i r o n t par des anomalies de quelques dixièmes de m i l l i g a l .
Les meilleurs gravimètres modernes sont, nous le savons (Chap. 15), des
pesons à ressort perfectionnés, q u i permettent de réaliser des mesures relatives
de g à la précision d u centième de m i l l i g a l .

Les prospecteurs n'ont pas toujours utilisé le gravimètre. Les premières découvertes de
structures pétrolifères attribuablcs à la gravimétrie sont à mettre au crédit de la balance de
torsion, inventée par le hongrois Eôtvôs. Cet appareil permettait de mesurer non le champ g,
mais son gradient horizontal {Sgldx et Sgjdy). Largement utilisée vers 1930, la balance de
torsion a été abandonnée après 1940, cédant la place au gravimètre, de mise en œuvre beaucoup
plus rapide.

2. — M E S U R E S ET CORRECTIONS

E n prospection terrestre classique, o n réalise une lecture sur le cadran d u


gravimètre en des stations d o n t l'espacement, choisi en f o n c t i o n d u problème,

(*) L'usage, en prospection, est d'utiliser le terme « densité » à la place de « masse vo!u-
mique » ; de ce fait, les valeurs numériques sont des nombres sans dimension, alors qu'il
faudrait les exprimer en g/cm^.

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612 PROSPECTION GRAVIMÉTRIQUE

peut varier entre quelques mètres et quelques kilomètres. Ces lectures succes­
sives ne permettent pas d'obtenir, p a r simple différence, des mesures de Ag
de précision suffisante car elles ne sont pas constantes dans le temps. Ce phé­
nomène a p o u r cause, d'une p a r t l a marée gravimétrique (voir C h a p . 18),
d'autre p a r t l'existence d'une dérive instrumentale, a t t r i b u a b l e à l'évolution de
la texture des ressorts. L'inffuence de la marée peut être corrigée à l'aide de
tables q u i en fournissent la valeur d'heure en heure (la revue Geophysical
Prospecting en p u b l i e chaque année). Par contre, l ' a m p l i t u d e de la dérive
instrumentale est imprévisible ; o n ne peut la définir qu'en stationnant pério­
diquement en des p o i n t s connus, appelés « bases ». Lorsque ces « retours
aux bases » sont suffisamment rapprochés dans le temps (2 heures o u moins),
la dérive peut être considérée comme linéaire, l'erreur restant d u même ordre
que l'erreur de lecture. U n p r o g r a m m e de mesures c o m p o r t e en général 10
à 20 stations entre deux passages à la base.
Les valeurs de g obtenues ne sont pas directement utilisables p a r le pros­
pecteur ; leurs différences sont attribuables principalement à la forme générale
de la Terre et à celle de sa surface t o p o g r a p h i q u e (Chap. 16). P o u r mettre
en évidence des anomalies d'origine profonde, des corrections aux mesures
sont indispensables, d o n t nous n'évoquerons i c i que la signification physique.
11 s'agit de soustraire à la valeur expérimentale g{x, y, z) observée à la sta­
t i o n S une valeur théorique calculée à p a r t i r d ' u n modèle de Terre obtenu en
superposant à l'ellipsoïde de référence u n plateau horizontal d ' a l t i t u d e z (c'est
le modèle de Bouguer) d o n t o n corrige l'influence p o u r tenir compte de l'exis­
tence d u relief a u t o u r de la station. E n 5Ό sur l'ellipsoïde, à la verticale de S,
la pesanteur est gç, = g(x, y, 0). Le passage de SQ Ά S, h. l ' a i r l i b r e , i n t r o d u i t
une correction égale à — 0,308 6 z, où 0,308 6 est la valeur d u gradient vertical
de g au voisinage d u niveau zéro, en milligals par mètre. L'effet d u plateau
de Bouguer constitué par une tranche de terrain de densité d s'ajoute en S
à celui de l'ellipsoïde ; sa valeur est 2 G.d.z, soit 0,041 9 d.z., en mgal/m.
Ces deux termes étant p r o p o r t i o n n e l s à z, l'usage en prospection est de les
grouper, en utilisant u n coefficient C = 0,308 6 - 0,041 9 d. Le relief a u t o u r
de S se t r a d u i t , p a r r a p p o r t au niveau d u plateau de Bouguer, p a r des déficits
(vallées) o u des excès (collines) de masse, q u i c o n t r i b u e n t à diminuer g : la
« correction de terrain » T appliquée à notre modèle est donc soustractive.
Finalement, la valeur théorique calculée est gQ — C.z — T. O n la soustrait
de la valeur mesurée p o u r obtenir Vanomalie de Bouguer :

B = g - (gQ - C.z - T). (!)

Présentée sous cette forme, l'anomalie de Bouguer s'applique en S, c'est-


à-dire à la surface du sol. C'est p o u r q u o i i l est préférable, en prospection,
de ne pas utiliser l'expression « réduction au niveau de la mer ». Cette idée
s ' i n t r o d u i t lorsque l ' o n écrit l'anomalie de Bouguer : B = g + C.z + T —gQ,
ce q u i donne à penser que la mesure g{x, y, z) a été rendue par les corrections
comparable à la valeur théorique gQ au niveau de l'ellipsoïde. L a mesure c o r r i -
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INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS 613

gée risque alors d'être traitée c o m m e si elle avait été réalisée à ce niveau, ce
q u i est bien sûr inexact. 11 est possible, sous certaines c o n d i t i o n s , de calculer
à p a r t i r d u c h a m p mesuré à la surface d u sol le « c h a m p prolongé » à un niveau
inférieur, mais c'est un problème différent q u i sera examiné plus l o i n .

Le calcul de la correction de terrain T est


effectué dans un rayon m a x i m u m d'une ving­
taine de kilomètres autour de chaque station
(ce n'est pas que l'influence d u relief plus
lointain soit nég'igeab'e, mais ses variations
d'une station à l'autre sont assez faibles et
régulières pour pouvoir être intégrées à l'ano­
malie régionale, dont il sera question plus
loin). O n superpose à une carte en courbes
hypsométriques un abaque, tracé sur transpa­
rent, formé de circonférences concentriques
et de rayons vecteurs régulièrement espacés
(Fig. 1). Le centre de l'abaque est placé sur
la station S de cote Zs, et le prospecteur
apprécie l'altitude moyenne Zn à l'intérieur
de chaque compartiment ; la correction
correspondante est donnée par des tables,
en fonction de Λ ^ Zs - Z . „ . Si l ' o n consi- ' • - ^^"'l"'] P""' ^-"rrecthn
dère une masse de densité d occupant le teitam.
volume compris entre deux cylindres concen­
triques, de rayons R[ (intérieur) et Ri (extérieur), et de hauteur h, l'attraction exercée a u
centre de la base est donnée par :

a 2nG.<L{R2~- Ri :- \ R^ + lû-^Ri -|- h^) (2)

expression à diviser par n (nombre de rayons vecteurs) pour calculer une fois pour toute des
tables donnant a en fonction de h.

F i n a l e m e n t , le prospecteur dresse une carte des anomalies de Bouguer, obte­


nue en traçant à p a r t i r des valeurs de B u n réseau de courbes isonomales,
appelées « isogammes » , d o n t l'espacement est f o n c t i o n de l a précision des
mesures et de l'échelle de la prospection : de 5 en 5 mgals p o u r une carte de
grande reconnaissance, de 0,01 en 0,01 mgal p o u r une prospection détaillée
couvrant quelques hectares.

3. — I N T E R P R É T A T I O N D E S RÉSULTATS

L'idéal serait de déterminer les cléments géométriques (dimensions, profondeurs) et phy­


siques (contrastes de densité) des « structures » responsables des anomalies significatives,
c'est-à-dire répondant au problème posé. Voici quelques relations liant l a géométrie des
« structures » à celle des anomalies qu'elles provoquent :
d) L'anomalie duc à une spitère homogène se présente en coupe comme une courbe en
cloche d o n t l'ordonnée, à une constante près, est : g = A(\ + ^ 2 ) - 3 / 2 ^ en prenant comme
unité de longueur la profondeur d u centre. O n vérifie facilement que ta distance entre points
d'inflexion est égale à cette profondeur.
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614 PROSPECTION GRAVIMÉTRIQUE

h) L'anomalie due à u n cylindre horizontal homogène, qualitativement de la même forme


en coupe, a pour équation : g = β(1 i - Λ·^) i , l'unité étant la profondeur de l'axe d u cylindre.
I l est visible que cette profondeur est égale à Tabseisse du point où l'anomalie vaut la moitié
de sa valeur maximale.
c) L'anomalie due à une fadle profonde est assimilable à celle provoquée par u n demi-
plan au niveau duquel serait concentré tout l'excès de masse. Son équation est de la forme :
g •-- Carctg.ï, l'unité étant la profondeur z d u demi-plan. Cette profondeur est égale à
l'abscisse du point où l'anomalie vaut I /4 (ou 3/4) de son amplitude totale, l'origine étant prise
au point d'inflexion, où l'anomalie vaut 1/2.

Les « structures » à l'origine des anomalies gravimétriques sont grossière­


ment assimilables soit à des sphères (dômes salifères, amas minéralisés, cavités
souterraines, etc.), soit à des cylindres (anticlinaux o u synclinaux allongés, filons
métallifères, galeries, etc.), soit à des demi-plans (failles, flexures, contacts sub­
verticaux entre f o r m a t i o n s différentes, etc.). Les données précédentes cons­
tituent a u t a n t d'éléments permettant d'une p a r t de définir la d i s t r i b u t i o n des
stations la mieux adaptée à la résolution d u problème posé, d'autre p a r t
d'identifier et, si possible, d'isoler les anomalies significatives (interprétation
qualitative).

4. — T R A I T E M E N T DES RÉSULTATS

11 est rare que le seul examen de la carte des anomalies de Bouguer, éven­
tuellement accompagnée d ' u n calcul simple, fournisse directement la réponse
au problème posé. L a figure 2 illustre u n cas de ce genre : i l s'agit de la carte
de reconnaissance de la Côte-d'lvoire, où l'étendue des terrains sédimentaires
justifiait une étude préliminaire destinée à définir les zones d'approfondisse­
ment m a x i m a l des sédiments, et à orienter ainsi les recherches pétrolières ulté­
rieures. O r cette carte, en dehors d'anomalies secondaires liées à la c o m p o s i ­
t i o n d u socle cristallin, met en évidence un phénomène unique, u n très f o r t
gradient perpendiculaire à la côte. U n tel accident ne p o u v a i t être interprété
que comme une faille affectant un terrain de forte densité, quasi affleurant
dans son c o m p a r t i m e n t relevé. 11 s'agissait évidemment d u socle cristallin,
q u i présente là une fracture presque verticale d o n t le rejet, p o u r u n contraste
de densité « plausible » de 0,4 g/cm'', a été évalué à environ 3 000 m . U n forage
ayant atteint le socle dans la région d ' A b i d j a n à moins de 200 m , i l est facile
d'en déduire que jusqu'à la ligne d'inflexion (voisine de la courbe zéro), le
socle d o i t être p a r t o u t à faible p r o f o n d e u r : la partie terrestre d u bassin sédi-
mentaire est donc réduite à une bande allongée et très étroite. U n e pareille
étude a une grande valeur économique, puisqu'à elle seule elle l i m i t e considé­
rablement le t e r r i t o i r e où d o i t porter l'effort des prospecteurs.

Il s'en faut de beaucoup cependant que l'interprétation soit t o u j o u r s aussi


aisée ; les difficultés proviennent de deux sources :
a) L a gravimétrie est une méthode intégrante : les i n f o r m a t i o n s rassemblées
sur une carte concernent la totalité de l'écorce terrestre. Rappelons que la
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TRAITEMENT DES RÉSULTATS 615

F t G . 2. — Carte gravimétrique de la Côte-d'Ivoire.

base de l'écorce constitue u n excellent « m a r q u e u r » gravimétrique, puisque


l'analyse des anomalies de Bouguer à l'échelle de la Terre entière, en liaison
avec l'étude des déviations de la verticale, est à l'origine de la théorie de Yiso-
stasie. L a figure 3 illustre le problème posé par ce caractère intégrant de la
méthode. O n y observe trois
types d'anomalies : l'une, à grand
r a y o n de c o u r b u r e , t r a d u i t l'eifet
d ' u n contraste de densité p r o f o n d
(*) ; deux autres, A et B, sont
relatives à des structures situées
à moyenne p r o f o n d e u r ; enfin, les
F i G . 3. — Profil gravimétrique
nombreuses o n d u l a t i o n s locali­ rassemblant trois types d'anomalies.
sées traduisent nécessairement
l'influence de phénomènes superficiels. Si le problème posé à l a prospection
intéresse les anomalies A et B, leur mise en évidence i m p l i q u e u n problème
classique de filtrage passe-bande, éliminant à la fois les hautes fréquences
(anomalies « étroites » ) et les basses fréquences (anomalies « larges » ) .

(*) O u celui d'une structure géologique superficielle, mais de grande extension et de forme
régulière (exemple d u Bassin Parisien), dont l'influence « régionale » est indiscernable de
celle d'une cause beaucoup plus profonde.

COULOMB et JOBERT — I www.bibliolivres.com 24


616 PROSPECTION GRAVIMÉTRIQUE

Pour des raisons économiques évidentes, le prospecteur adopte u n espacement entre


stations adapté à son objectif : si celui-ci se situe à une profondeur p, i l est légitime, en fonction
des relations géométriques établies au paragraphe précédent, d'utiliser u n espacement de
l'ordre de /)/2, grâce auquel les anomalies intéressantes seront convenablement définies.
Le filtrage des hautes fréquences se trouve ainsi réalisé, les amplitudes q u i leur sont associées
étant le plus souvent faibles devant celles des anomalies significatives.

Le v r a i problème concerne Γ « anomalie régionale » , en désignant ainsi la


surface, représentable p a r une f o n c t i o n nécessairement régulière, à laquelle
sont superposées les anomalies intéressantes. Cette f o n c t i o n peut être obtenue
graphiquement, p a r « lissage » des isogammes, o u mathématiquement, par
divers procédés d o n t le plus simple consiste à admettre que l'anoinalie régionale
en u n p o i n t est la moyenne des valeurs en n stations équidistantes sur une cir­
conférence centrée en ce p o i n t . O n peut également rechercher p a r la méthode
des moindres carrés, le polynôme de degré n représentatif de la surface analy­
tique q u i se « moule » le mieux sur la surface expérimentale. Ces procédés
c o m p o r t e n t une p a r t d ' a r b i t r a i r e et les méthodes mathématiques ne sont pas
plus objectives que le lissage graphique : i l faut choisir le r a y o n de la c i r c o n ­
férence, le degré d u polynôme, le m o d e d'échantillonnage de la carte, etc.
Finalement, l'anomalie régionale est ce que le prospecteur a v o u l u qu'elle soit
en f o n c t i o n d u problème posé, en tous cas assez régulière p o u r être assimilable
à son p l a n tangent au d r o i t d'une anomalie significative.

b) Le problème précédent donne une i n d i c a t i o n sur la séparation « v e r t i ­


cale » des masses causant les anomalies ; i l existe aussi u n problème de sépara­
t i o n « h o r i z o n t a l e » , illustré p a r la figure 4. Des « structures » distinctes situées
à des profondeurs comparables peu-
Profil r r t e ; 3 u r é ^ —;~. :::-....,^ vent être suffisamment proches p o u r
Surface"'^^^ • ^ " - — — l l : ^ — p r o v o q u e r p a r « coalescence» une ano­
malie gravimétrique unique, d o n t l'exa-
PrQf!rprolong^^'=5^^^^^'^\^y^:='^ men ne permet pas de conclure à une
origine m u l t i p l e . L a figure illustre en
outre l'intérêt que présenteraient des
mesures faites au-dessous de la surface
M d u sol, à proximité d u t o i t des struc-
¥\Q. A. — Coalescence et prolongement tures profondes : la séparation des
du champ vers le bas. e ^ t s devient évidemment plus nette.

C o m m e i l n'est pas question de réaliser de telles mesures, o n cherchera


à les calculer à p a r t i r des résultats obtenus à la surface. Ce calcul d u
« c h a m p prolongé vers le b a s » , g ( - z), possible sous certaines c o n d i ­
d o n s (*) (Baranov), a p p o r t e r a i t effectivement une s o l u t i o n a u problème

(*) Le champ g subit une discontinuité à la traversée des masses perturbatrices ; i l ne peut
donc être « prolongé » (c'est le problème classique de D i r i c h l e t ) , qu'à l'extérieur de ces
masses ; or, o n ignore leur position...

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TRAITEMENT DES RÉSULTATS 617

de la séparation horizontale, mais ce n'est pas en général celle que l ' o n


choisit. O n préfère le plus souvent calculer les dérivées verticales dg/dz
ou d'^g/dz^. Le champ étant h a r m o n i q u e , la r e l a t i o n

dx' dy' dz'

f o u r n i t la valeur de la dérivée seconde : c'est la somme, changée de signe,


des courbures, suivant deux axes rectangulaires, de la surface représen­
tative d u c h a m p mesuré. R e m a r q u o n s que les dérivées d'g/dx' et d'g/dy'
n ' o n t pas été mesurées directement, mais déduites de la forme de l a sur­
face g(x, y), elle-même définie par des mesures espacées. Ces dérivées
sont donc des valeurs moyennes, o u lissées, ce q u i constitue u n facteur
favorable. En effet, la valeur vraie d'une dérivée seconde en u n p o i n t
serait beaucoup t r o p sensible à l'influence des masses très proches p o u r
être utilisable en prospection.
En ce q u i concerne la dérivée première ogjdz, sa valeur exacte (Baranov)
est donnée par l'intégrale

g'ÀO) = ^^^-β^^6ρ (3)


0 p

dans laquelle O est l'origine des coordonnées semi-polaires p, 0, zetg(p)


la valeur moyenne de g dans le plan (p, 0) sur une circonférence de centre O
[ et de r a y o n p.

Pratiquement, le calcul d'une carte transformée T — c h a m p prolongé o u


dérivée d''gldz" — est réalisé de façon approchée, le résultat étant f o u r n i par
une f o r m u l e d u type

T = ag(0) + bgil) + cg(2 /) + dg(3 /) + - (4)

dans laquelle g(0) est la valeur à l'origine et g(nl) la valeur moyenne sur une
circonférence de rayon ni ; / est le « pas », d o n t le choix c o m p o r t e une part
d ' a r b i t r a i r e . Les coefficients a, h, c, ... sont calculés une fois p o u r toutes p o u r
chaque type de t r a n s f o r m a t i o n ; ils obéissent aux conditions suivantes :

a + h + c + ••• = + l s'il s'agit d ' u n c h a m p prolongé ,


a + b + c + ••· = 0 s'il s'agit d'une dérivée verticale .

Ces c o n d i t i o n s i m p l i q u e n t que l'anomalie régionale est conservée dans le


premier cas et éliminée dans le second. Pour le voir, i l suflfit de traiter une ano­
malie en forme de plan incliné par l'une o u l'autre f o r m u l e : le prolongement
conserve l'anomalie, la dérivation en fait u n plan h o r i z o n t a l .
L ' a p p l i c a t i o n des formules (4) appelle une remarque : ces formules ne sont
applicables que si les valeurs de g sont relatives à un plan. O r , nous l'avons v u ,
l'anomalie de Bouguer reste attachée à la surface d u sol. Ce n'est donc que dans
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618 PROSPECTION GRAVIMÉTRIQUE

le cas où cette surface peut être considérée c o m m e pratiquement h o r i z o n t a l e


que de tels calculs sont légitimes. E n prospection pétrolière, où les objectifs
sont profonds, u n relief c o m m e celui de la partie centrale d u Bassin Parisien
ne j o u e aucun rôle à cet égard, mais i l n'en est pas de même de celui d u M o r v a n
o u des Ardennes. E n prospection minière o u de Génie C i v i l , où les objectifs
sont peu profonds, i l n'est presque jamais licite d'employer les formules (4).
Le problème d u calcul des dérivées dans les régions à relief accentué peut être
résolu de la façon suivante : o n commence par calculer le c h a m p prolongé vers
le haut à niveau constant (en choisissant par exemple celui de la station la
plus élevée de l'étude), et l ' o n calcule ensuite la dérivée de ce c h a m p prolongé.

U n exemple très classique de l'efficacité de ces traitements est présenté figure 5. I l s'agit de
recherche pétrolière au Texas : la carte brute montre une anomalie négative, q u i avait été
interprétée comme provoquée par u n dôme de sel unique ; o n espéra atteindre celui-ci à
l'aide de trois forages, placés sur le m i n i m u m central, dont les résultats furent négatifs.
Ultérieurement, le calcul d'une dérivée m o n t r a l'influence combinée de plusieurs dômes de
sel, maintenant bien séparés ; chaque dôme ayant fourni une p r o d u c t i o n de pétrole apprécia­
ble, i l s'agit là d ' u n incontestable succès des méthodes de filtrage. Car c'est bien encore de
filtrage q u ' i l s'agit, l ' i m p o r t a n t étant beaucoup moins de calculer telle o u telle dérivée
— d'ailleurs de façon approchée — que de donner aux coefficients a, b, c,... des valeurs numé­
riques conférant à la formule (4) (qui est bien une formule de filtrage linéaire) des propriétés
adaptées au problème posé.

a) Anomalie de Bouguer ;
b) Dérivée seconde.
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DÉVELOPPEMENT DE LA PROSPECTION GRAVIMÉTRIQUE 619

5. — I N T E R P R É T A T I O N Q U A N T I T A T I V E

Le même effet gravimétrique peut correspondre à une infinité de distributions différentes


des masses (forme, profondeur, contraste de densité) ; mathématiquement, le problème de
l'interprétation quantitative directe — trouver la « structure » à partir de l'anomalie —
est indéterminé. Heureusement, des considérations de vraisemblance géologique o u physique
contribuent à réduire l'indétermination. C'est ainsi qu'en prospection structurale, les contras­
tes de densité entre les roches usuelles demeurent de l'ordre de 0,5 et sont le plus souvent
inférieurs. De même, si l ' o n recherche des cavités à l'intérieur de formations de densité 2,2,
un contraste inférieur à — 2,2 fera écarter la solution correspondante.
I l reste que le rôle de l'interprétation quantitative en gravimétrie est limité. O n se contente
le plus souvent de dégager des ordres de grandeur, et surtout de découvrir si l'anomalie
étudiée est compatible avec telle o u telle hypothèse géologique. I l est b o n d'apporter des
précisions quantitatives lorsque plusieurs solutions peuvent être envisagées. Ce cas se présente
souvent en prospection minière : tel minerai dense {d ^ 4,5) se trouvera associé à des roches
basiques (d = 3,0), elles-mêmes encaissées dans des roches plus acides {d = 2,7) ; une ano­
malie positive sera attribuable soit au minerai, soit aux. roches basiques seules, soit aux deux
à la fois, et l ' o n p o u r r a rarement trancher sans faire appel à une autre méthode géophy­
sique..., o u au forage.
Le prospecteur « dégrossit » d'abord le problème. I l dispose de nombreux ahiicjucs, q u i
se ramènent à deux types : les uns permettent de calculer de façon approchée l'influence
d'une structure donnée, les autres constituent u n catalogue d'anomalies provoquées par
des structures de forme simple. Dans le premier cas, le géologue ayant fourni u n modèle,
o n compare son effet à la carte expérimentale, et o n le « retouche » éventuellement. Dans
le second cas, o n essaye de trouver dans le catalogue une anomalie à peu près superposable
à l'anomalie expérimentale. Quelle que soit la qualité de l'accord obtenu entre l'anomalie
due au modèle et les données mesurées, o n n'a trouvé qu'une solution p a r m i une infinité...
Depuis quelques années, la « méthode d u catalogue » s'est enrichie d ' u n nouvel o u t i l ,
les abaques bilogarithmiques, utilisés depuis longtemps en prospection électrique. Le principe
est simple ; considérons par exemple une structure en forme de cube : elle dépend de 3 para­
mètres q u i sont le côté d u cube, la profondeur au toit et le contraste de densité. Si l ' o n m a i n ­
tient constants deux de ces paramètres en faisant varier le troisième, les anomalies obtenues
se déduisent les unes des autres par des affinités, donc ne sont pas superposables en coor­
données arithmétiques. Elles le deviennent en coordonnées logarithmiques, car aux affinités
correspondent des translations. Plus généralement, si une anomalie dépend de n paramètres,
sa forme en coordonnées logarithmiques ne dépend plus que de « — 2 paramètres, d'où
une réduction considérable de l'encombrement d u catalogue, et la possibilité d'y faire figurer
un plus grand nombre de « modèles ».

6. — DÉVELOPPEMENTS MODERNES
DE L A P R O S P E C T I O N GRAVIMÉTRIQUE

Jusque vers 1950, le domaine de la gravimétrie était presque exclusivement


limité à la recherche pétrolière, sous forme de prospection structurale, générale­
m e n t peu détaillée. Puis o n s'est aperçu que les possibilités offertes par les
gravimètres modernes permettaient d'envisager des études plus fines, soit
en restant dans le domaine pétrolier (notre exemple de la F i g . 5), soit en
élargissant le c h a m p d ' a c t i o n de la méthode.
A c t u e l l e m e n t , la gravimétrie intervient p o u r u n peu plus de 10 % des dépenses
de géophysique minière, et son rôle devient de plus en plus i m p o r t a n t . L ' e m p l o i
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620 PROSPECTION GRAVIMÉTRIQUE

combiné de plusieurs méthodes géophysiques a permis de constater qu'à c o n d i ­


t i o n d'opérer avec une précision et une « maille » de mesures convenables,
la gravimétrie p o u v a i t être une excellente méthode de subsurface ; en p a r t i ­
culier, o n a souvent observé une bonne corrélation entre les paramètres densité
et résistivité.
U n c h a m p d ' a p p l i c a t i o n encore plus récent de la méthode gravimétrique
est le domaine d u Génie Civil ; la connaissance très détaillée de la qualité
des terrains concernés par des ouvrages (bâtiments, autoroutes, etc.) pose des
problèmes redoutables, d o n t la résolution par forages est, soit extrêmement
coûteuse, soit insuffisante si les forages sont peu n o m b r e u x . U n cas p a r t i c u ­
lièrement difficile est celui des recherches de cavités, naturelles o u artificielles
(anciennes carrières o u galeries) ; la méthode géophysique la plus efficace est
a u j o u r d ' h u i la gravimétrie (*), grâce à l ' e m p l o i d'appareils permettant d'at­
teindre une précision de quelques microgals. Dans ces c o n d i t i o n s , le niveau
des anomalies significatives peut ne pas dépasser 0,03 mgal.
Parallèlement à cette évolution vers des études de plus en plus détaillées, la
gravimétrie connaît u n regain de faveur dans le domaine de la grande recon­
naissance, grâce à la possibilité de réaliser des mesures en bateau ou en avion.
I l y avait là deux problèmes redoutables : d'une p a r t les accélérations résultant
d u roulis et d u tangage sont plusieurs milliers de fois supérieures aux anomalies
à mettre en évidence, d'autre part, une nouvelle c o r r e c d o n , celle de la force de
C o r i o l i s , est i n t r o d u i t e par le mouvement propre d u véhicule (vitesse instan­
tanée et direction). L ' e m p l o i de plates-formes stabilisatrices de plus en plus
perfectionnées, j o i n t à celui d'accéléromètres, a apporté une s o l u t i o n
convenable a u premier problème. Le second a été résolu grâce à l ' u t i l i s a t i o n
de procédés radiolocatifs. E n f i n , l'enregistrement numérique des données
gravimétriques permet de réaliser sur o r d i n a t e u r des traitements (filtrages,
déconvolution, etc.) améliorant la qualité des i n f o r m a t i o n s significatives.
D a n s les meilleures c o n d i t i o n s , la précision a t t e i n t e en bateau avoisine le
m i l l i g a l ; mais elle est encore très médiocre en a v i o n : 5 mgal e n v i r o n . Obser­
vons p o u r finir que le développement actuel de la prospection sismique
marine s'accompagne d ' u n certain renouveau de l'activité gravimétrique.
E n effet, si les études faisant appel au gravimètre immergé o n t été p r a t i q u e ­
ment abandonnées parce que t r o p onéreuses, i l est relativement peu coûteux
d'embarquer un gravimètre sur le navire sismique, d o n t les coordonnées et la
vitesse sont de toutes façons définies par radiolocalisation.

BIBLIOGRAPHIE

V. BARANOV, 1953. Calcul d u gradient vertical du champ de la gravité et d u champ magnétique


mesuré à la surface d u sol. Geophysical Prospecling, vol. I, N " 3.

(*) C'est même la seule méthode applicable en zone urbaine, les procédés électriques,
parfois efficaces dans ce cas, étant condamnés par la présence des courants vagabonds.
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BIBLIOGRAPHIE 621

V . BARANOV, 1954. Sur une méthode analytique de calcul de l'anomalie régionale. Geophy­
sical Prospecting, vol. II, N " 3.
J. GOGUEL, 1963. La gravimétrie. C o l l . Que sais-je ?, Paris, P.U.F., 1963.
S. HAMMER, 1953. Utilité des études gravimétriques de précision. OH and Gas Journal, septem­
bre 1953.
H . N A U D V et R . NEUMANN, 1965. Sur la définition de l'anomalie de Bouguer et ses conséquen­
ces pratiques. Geophysical Prospecting, vol. XIII, N ° 1.
R . NEUMANN, 1967. La gravimétrie de haute précision. A p p l i c a t i o n aux recherches de cavités.
Geophysical Prospecting, vol. XV, N " 1.

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CHAPITRE 25

FONCTIONS D E L E G E N D R E ET D E BESSEL

par

Georges J O B E R T

1. — F O N C T I O N S DE L E G E N D R E

/./. — Polynômes orthogonaux sur (— 1 , + 1). — L a représentation d'une


f o n c t i o n sous f o r m e d'une série de fonctions données permet de t r a i t e r
de n o m b r e u x problèmes de physique mathématique. L a méthode donne
les résultats les plus simples q u a n d les fonctions f o r m e n t un système o r t h o ­
gonal. Dans le cas des problèmes sphériques à symétrie de révolution,
oij l ' o n peut repérer un p o i n t sur une sphère par une seule coordonnée,
la c o l a t i t u d e 0, on est amené à prendre .v = cos 0 c o m m e variable. Cette
quantité v a r i a n t entre — 1 et + 1, o n recherchera une suite de fonctions
φ„ orthogonales sur ce segment. O n part de la suite complète des puissances
de X ; o n sait en effet (théorème de Weierstrass) que toute f o n c t i o n c o n t i ­
nue dans un intervalle fermé peut être représentée uniformément sur cet
intervalle par des polynômes.
L a méthode d ' o r t h o g o n a l i s a t i o n consiste à construire à p a r t i r de la
suite de fonctions φ„ une suite de la forme :

n- 1

m= 1
telle que

'An'/'md.x = 0 si ηφιη.

Les deux premières fonctions ψο = l, φι = x, sont orthogonales. O n


prendra :

φ'2 = x' - ax - b

telle que :
-+1 r+l
ψ'2 ΦΌ d x = 1A2 ·Αί d x = 0.
J-1 J-1

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24 FONCTIONS DE LEGENDRE ET DE BESSEL

O n t r o u v e ainsi a 0 el h = 1/3. Les polynômes obtenus en p o u r s u i v a n t


l ' a p p l i c a t i o n de ce procédé sont alternativement pairs o u i m p a i r s . Le
polynôme de rang .v est de degré n.
O n normalise généralement les fonctions orthogonales en prenant :

' Φ',,' d.v = 1 ,


1

o n obtient alors des fonctions orthonormées. L ' h a b i t u d e est différente


p o u r les polynômes de Legendre p o u r lesquels on prend :

Λ,(ΐ)=ΐ· (1)

L'expression des premiers polynômes est donnée dans la table L

/. 2. — Formule de Rodrigues. — I n t r o d u i s o n s la p r i m i t i v e de P„ définie par :

Pn(t)dt.

En itérant o n obtient :

^ tx - /V""'
•j( - m + I )( O d i =

On a :

et

Pn ' " * ( - 1) = 0 quel q u e soit m > 0 entier.

Si tti < II, P,*~"'\+ 1) = 0, car P„ est o r t h o g o n a l à toutes les puissances


de X de degré inférieur à //. A i n s i P„*~"'(.Y), q u i est u n polynôme de degré
2 n, admet x = + I et Λ" = - 1 comme racines d'ordre n, ce q u i le définit
à u n facteur près :

P;,-"'(x) = A{x' - 1)"

et p a r suite

P„(x) = A f^ix' - 1)".


dx

7 . 5 . — Normalisation. — O n vérifie aisément que :

d"

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FONCTIONS DE LEGENDRE 625

A i n s i la r e l a t i o n (1) c o n d u i t à :

Posons :

1 si n = m
''^'p„(x)P„,(x)dx = / l „ ^ , ôl =
- 1 0 si n φ m

Pour calculer

A„ = j^jp„(x)P„(x)dx,

o n intègre n fois par parties ; compte tenu de ce que

o n trouve par récurrence ;

/(„ = 2/(2/7+1). (3)

Les polynômes orthonormés sont donc :

,«"+"(172) W -

J.4. — Equation différentielle. — Partons de l'équation différentielle satis­


faite par :

u = (x' - 1)", (.v' - 1) = 2 nxu .


En dérivant cette expression (/? + 1) fois o n obtient l'équation satis­
faite par P„(x) :

(x' - 1)/" + 2 . v / ' * - n(n + 1)>' = 0 . (4)

O n peut écrire aussi :

{{x' - Dy')' - n(n + l ) j = 0 .

Si l ' o n i n t r o d u i t la colatitude 0, x = cos 0, o n obtient :

si^d^(^-^5i)+"i"+'^^ = «- ^''^
1.5. — Fonctions harmoniques sphériques de révolution. — Cette dernière
équation est rencontrée dans l'étude des solutions de l'équation de Laplace.
E n coordonnées sphériques le laplacien d'une f o n c t i o n F{R, 0, χ) a
p o u r expression :
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FONCTIONS DE LEGENDRE ET DE BESSEL

AF = - R' + , sin 0 — + -- .
dR ôR R^ sin θ οθ δΟ sin^ 0 δχ^

Si l ' o n recherche des solutions de = 0 sous la forme F = f ( Λ ) g{0)


o n obtient :

/ 'ÎR '^' JR + g sin i) ίθ ^s = ° ·

Le premier terme n'est f o n c t i o n que de R, le second que de 0. Ce s o n t


donc des constantes opposées. Si l ' o n pose ;

^ -, df
fdR dR

on a :

/= R" ou / = R'"-' ,

et l'équation satisfaite par g est l'équation (4').


Pour /; entier les fonctions R" P„(cos 0) et ^ P„(cos 0) sont donc des
fonctions harmoniques.
L'équation (4) est une équation d u type de Fuchs à trois points singu­
liers réguliers ( — 1 , -H 1, oo). 11 existe une s o l u t i o n analytique p o u r
A- = - f 1, que l ' o n peut exprimer en utilisant la série hypergéométrique :

L . . a-b ci(a + \).b(b + 1) 2

O n vérifie que :

n + I, - n ; 1, 1 - λ- pour H entier .

Pour n quelconque la série diverge p o u r χ- = - 1. L a s o l u t i o n de (4)


égale à 1 p o u r .v = 1 a un p o i n t singulier l o g a r i t h m i q u e p o u r x = — 1,
sauf p o u r n entier.
L a suite des fonctions R" P„(co% 0) constitue la famille des fonctions
propres, solutions de l'équation de Laplace, continues et finies a u voisi­
nage de l'origine des coordonnées. Elle constitue donc u n système
complet q u i permet de représenter toute f o n c t i o n continue p a r segments
et finie p o u r Λ = 0. De même la suite R~"~^ Pn(<^o^ 0) permet de repré­
senter toute f o n c t i o n nulle à l ' i n f i n i .

.6. — Potentiel d'une source. — N o u s utiliserons cette propriété p o u r


représenter le potentiel en u n p o i n t de coordonnées (R, Θ) (R < 1) d'une
charge placée au p o i n t de coordonnées ( 1 , 0). Ce potentiel est donné p a r :
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FONCTIONS DE LEGENDRE 627

' = -, - - - ^= £ A„ R" P„(cos 0 ) .


d \ / l - 2 Λ cos 0 + R' " =O

Pour cos 0 = I o n a

donc A„ = I et ;

1
_ = Σ PnM • (5)
d - 2 Kx + -

7 . 7 . — Relations de récurrence. — P o u r des ordres n assez grands o n calcule


généralement les polynômes par récurrence. E n dérivant (5) par r a p p o r t
à /? o n o b t i e n t :

(2 « + 1) xP„ = « P „ _ , + ( „ + 1) />„^ ^ ; (6)

cette relation est valable p o u r « = 0. De même en dérivant par r a p p o r t


à X o n obtient :

P„ = P < V i - 2 x P i " + P < i ' i . (7)


E n m u l t i p l i a n t les deux membres de (5) p a r d'et en c o m b i n a n t le résultat
avec (6) et (7) o n trouve encore :

(2 n + 1) P„ = PiV, - P i ' - ' i . (8)


O n obtient des formes plus symétriques en cherchant les récurrences à
deux termes :

P,<V, = ( « + l ) P „ + xPi^>

P<'_'i = - nP„ + xPi'>.

1.8. — Fonctions harmoniques sphériques dans le cas général. — N o u s nous


sommes bornés j u s q u ' i c i au cas de la symétrie de révolution. E x a m i n o n s
maintenant le cas général où la f o n c t i o n F dépend aussi de la l o n g i t u d e χ.
Si l ' o n cherche une s o l u t i o n séparée de l'équation de Laplace sous la
forme : / (R) g(0) Ιι{χ), o n a p o u r ces fonctions d'une variable
l'équation :

1 j _ _ d .^^dg^ 1 d _ ^ ^ ^
f àR àR g sin 0 άθ àO h sin' 0 άχ'

N o u s poserons encore le premier terme égal à : n(n + 1 ) . L e terme


d'h/hdx' ne dépend pas de 0 et d o i t être constant, h est donc une f o n c t i o n
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628 FONCTIONS DE LEGENDRE ET DE BESSEL

exponentielle. Si la f o n c t i o n f e s t c o n t i n u e sur toute la sphère, /; d o i t être


périodique de période 2 π et par suite : a^hjhay^ = - , m étant un
n o m b r e entier.
L'équation satisfaite par g est donc :

' -'^sinO'^^- + U + l ) - )g = 0 (9)


sinOdO àO \ sin'O'

ou en prenant .Y = cos 0 c o m m e variable :

(x' - \)y" + 2xr' - («(/7 + 1) - J r = 0 . (9')


^ I - X >

1.9. — Fonctions de Legendre associées. — U n e s o l u t i o n peut être trouvée


sous la forme :

X - 1 m 12
f |/7 + 1, - n ; 1 + "1,-----j
X + 1

q u i généralise la f o n c t i o n de Legendre obtenue p o u r m = 0. P o u r m entier


positif, cette solution est nulle p o u r x = 1, p o i n t de branchement si m est
i m p a i r . L a f o n c t i o n admet le p o i n t x = — 1 c o m m e p o i n t singulier
l o g a r i t h m i q u e sauf si la série est i n t e r r o m p u e , c'est-à-dire si n est entier.
O n retrouve l'équation (9') en dérivant (4) m fois, et en prenant p o u r
f o n c d o n : u = (x^ - iy"/^
L'équation (9') admet donc p o u r s o l u t i o n la f o n c t i o n :

d'"
P„,„,(.v) = ( l - χ 2 ) ' " / 2 / > „ ( . v ) (10)

Il est le degré, m l'ordre de la f o n c t i o n ( f o n c t i o n de Ferrers) (').


P„ étant un polynôme de degré /;, seules sont différentes de zéro les /;
premières dérivées : P„,m(x) = 0 p o u r ΠΊ > n.
O n a d'ailleurs :

1.10. — Orthogonalité des fonctions associées. — Ces fonctions étant solu­


dons d'une équation d u type de L i o u v i l l e sont orthogonales si seul leur
degré diffère.
+ 1
P„.,„('V) P,,„,(x) d x = 0 si ηΦ p.
I -1

C) D'autres notations sont couramment utilisées avec, éventuellement, des facteurs de


normalisation différents, par exemple : Γ " , P " , pn, ...
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FONCTIONS DE LEGENDRE 629

/. //. — Relations de récurrence. — E n dérivant m fois et en m u l t i p l i a n t par (1 —Λ:2)'"/2


les relations de récurrence des polynômes de Legendre, on obtient à partir de (9) :

P„ \.m ·>(Χ) -- (n 1 /") J"\ — Λ-^Λ,,,η r xPn.ml ]


(11)
Λν-ι,,„, i(.v) - ( m ^ n ) v ' i — - V - 1 xPn.mn ί

D'autres relations sont obtenues de la même façon à p a r t i r des autres équations.


A partir de la définition de P„,m o n obtient par dérivation :

P„ ,m I
P h ^r' p'" (12)
J\ - . V 2

1.12. — Normalisation des fonctions associées. — E n élevant les deux


membres de (12) au carré et en intégrant o n obtient

- 1

" + 1

dx .
• -1 I - X

C o m p t e tenu de (9') on trouve finalement :


Αη,,,,+ ι = (n - m) (rt + m + 1) /!„,,„,
et par suite :

(n + m) !
{P, Mf dx = (13)
_, (il - m) ! 2 n + 1 •
Les fonctions orthonormées sont donc données par

/in - m !)
V" + (i) V {n
(n + m) !

En fait, de même que Ton utilise de préférence les polynômes de Legendre


imparfaitement normes, de même l ' h a b i t u d e est prise, dans l'étude de la
pesanteur, d'utiliser les fonctions de Ferrers et, en géomagnétisme, d ' u t i ­
liser les fonctions de Schmidt que nous noterons :

m > 0. (14)
(n + m) ! dx

Cette définition ne d o i t pas être utilisée p o u r m = 0 ; nous poserons :

P°(x) s P„ix).

Pour ces fonctions :


• + 1

P : ( X ) P ' ; ( X ) dx = (m Φ 0 ) . (15)
- 1 2TTT^"
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630 FONCTIONS DE LEGENDRE ET DE BESSEL

1.13. — Fonctions harmoniques de surface. — Les fonctions

1 cos
s: = P^icos 0) Οηχ)
sin

constituent u n système complet de fonctions propres p o u r n et m entiers.


A chaque valeur de n correspondent (2n + 1) fonctions. Celles-ci sont
orthogonales sur la sphère, comme le sont les fonctions trigonométriques
d'une p a r t et les fonctions de Legendre p o u r une valeur donnée de m,
d'autre part. T o u t e f o n c t i o n / continue par segments sur la sphère Σ
peut être représentée par une série

00 π

φ(0, ζ ) = Σ Σ (^η C 0 S ,ηχ + β; sin mx)P':(cos Θ). (16)


(1 = 0 m= 0

On a :

sin 0 dO άχ [/ - <p]' = 0 .

C o m p t e tenu des relations d'orthogonalité les coefficients A'^ et B,"


sont donnés par :


1 = \ sin 0' dO' dïfiO', χ') P;,"(cos 0') : ° : ( - / ) . (17)
2n + l 0

O n peut donc écrire :

sin 0' dO' άχΊ(θ',χ') Σ (2n + 1) X


J 0

X Σ K'icos θ) /""(cos Ο') cos ιη(χ - χ') . (18j


m= 0

O n peut aussi i n t r o d u i r e les fonctions :

y;;" = P l ' " l e " " ^ m e ( - «, + « ) .

Ces fonctions sont telles que :


Γ2π
2 δ„„ δ,„.
sin Ο dO C n ' d z = {2n+ (19)
Απ J -' ο 1)α„

avec : α,„ = 1 si ni # 0, ao = 2. L a série ψ représentant/est donnée p a r :

<P = Σ Σ (/, 0 02 η + 1)¾!, (20)


Π= Ο m= - η

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FONCTIONS DE LEGENDRE 631

en i n t r o d u i s a n t le p r o d u i t scalaire :

sin 0 dO dyj-g. (21)

g étant la f o n c t i o n complexe conjuguée de g.

1.14. — Formules d'addition. — Faisons maintenant dans les intégrales


un changement d'axe polaire en prenant c o m m e axe le rayon {Θ, χ).
Le p o i n t M'(Ο', χ') a p o u r nouvelles coordonnées (0^, χ , ) . C o m m e

P„(cos 0) = 1 , P;"(cos 0) = 0 ( m # 0)

la formule (18) se réduit à :

φ{0, z ) = f sin 0, de, f dxf(M') f (2 « + 1) P„(cos 0 , ) .

Remarquons que :
cos 0, = cos O.cos 0' + sin O.sin 0'.cos(x — χ')

ou

P,(cos Oi) = P,(cos 0) P i ( c o s Q') + PiVsin 0) Ρ\(ύη Ο') cos(χ - χ').

L a comparaison des formules précédentes amène à l'égalité :

Q„ = P„(cos 0,) - f P;r(cos 0) P:(COS Θ') COS m(/ - χ) = 0 . (22)


m = 0

O n a en effet quelle que soit la f o n c t i o n / :


'2π 00

sin 0' dO' d / 7 ( M ' ) ^ Q„(2 n + 1) = 0 .


J 0 0

E n prenant p o u r / une f o n c t i o n Q„ de rang n donné, à cause de l ' o r t h o -


gonalité des harmoniques de surface, o n obtient :

sin 0' dO' dï Ql = 0

ce q u i i m p l i q u e bien g „ = 0.

L a f o r m u l e (22) constitue la f o r m u l e d ' a d d i t i o n des fonctions de Legendre.

1.15. — Expressions asymptotiques. — Partons de l'équation (9). E n posant :


y = u/y'sin θ

on obtient :
u" + M = wu (23)
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632 FONCTIONS DE LEGENDRE ET DE BESSEL

avec

/. = n + i , vv = (4 m' - 1 )/4 sin^ 0 .

En considérant le second membre de (23) comme c o n n u , o n en déduit


l'expression de u sous l a f o r m e :

u = A CQS λ\^^ - oj + β s i n /.i^ - + /(H'M)//.

/ étant une intégrale p o r t a n t sur wu, A et B des constantes calculables à


partir des équations de récurrence.

On trouve finalement si : 0 < ε < 0 < π —ε et n ^ m

ITT
P (cos 0) = n" cos + 0{η-'"). (24)
πη sinO . ( " + 2 , ) ^ - 4 + -2-.

TAHIJ:AU Ι

Fonctions non norniàes /^,,^,,,(00¾ Θ} cl coefficients de iîi>rniaHsation β\\^ ^ ^^η'Ι^^η,,η

0 j I
sin
1 I cos 0
3 sin- tf
2 | . i (3 cos^ff— 1) 3 siii tf cos ί
\'3
3 ! i (5 COS-' θ — I 15 sin'- 0 y 1 15 s i n ' tf 1
— 3 cos tf)!i sin
(15tfcos-e—3) — .·; cos tf
Λ/6 I \-360
4 J- (35 cos' β —! J sintf ; ijsin-β X jl05 sin-'β ;105 sin« tf
•; (35 cos' θ — I -(105 cos'^ β — J I X cos tf
: - . 3 0 cos-tf -^3) I _ ' 1
— 15 cos β) -15)
Λ'ΙΟ v'iso V'2 52Ô: ,-ν'20160

2. — F O N C T I O N S D E BESSEL ET DE H A N K E L

2.1. — Equation des ondes en coordonnées cylindriques. — N o u s chercherons


des solutions de l'équation

, ο'Φ
•Φ = ΛΦ - —~ = 0 (1)
dt'

en coordonnées cylindriques {r, 0, z) de l a forme

Φ =f{r)g(0)h{z)k(t).
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FONCTIONS DE BESSEL ET DE HANKEL 633

En p o r t a n t cette expression dans (1) o n obtient :

/ 7 / + f'Irf + g"lr' g + h"lh = v' k"lk ;

par suite :

k = exp(iwr), h = exp(wz), g = exp(i«0)

et / est s o l u t i o n de :

V " + rf + [(m' + v' ω ' ) r' - n'] = 0.

E n prenant : .v = ν(»?·^ + v' ω ' ) r c o m m e variable o n obtient :

x\f" + xf + (x' - n'}f^O. (2)

Les solutions de cette équation — notées de façon générale C„ — sont


appelées fonctions de Bessel.

2.2. — E q u a t i o n des ondes en coordonnées sphériques. — Recherchons


maintenant une s o l u t i o n de (1) en coordonnées sphériques {R, 0, φ) de la
forme : Φ = f(R)g(0) h{ψ) k(t).

On trouve :

/ 7 / + 2 f'IRf + [(smQg'yig sin 0 + h"/h s i n " 0]JR' = v' k"lk ;

par suite :

k = exp(iωf), h = exp(im(p), g =

et / est s o l u t i o n de :

R'f" + 2 Rf + \v' ω ' R- - n(n + 1 ) ] / = 0

et donc de la f o r m e :

2.3. — Représentation intégrale. Fonctions de Hankel. — O n représente les solutions de (2)


sous forme d'une transformée intégrale d'une autre fonction (Courant et H i l b e r t ,
I , p. 468) :

;'(.v) - Α·(Λ-, Z) >iz) dz


J L

L étant un contour dans le plan complexe z. O n voit que l ' o n peut prendre

K e x p ( ± i.K sin z) n = e x p ( ± inz)

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FONCTIONS DE LEGENDRE ET DE BESSEL

en choisissant convenablement L. Pour Re .r > 0 o n peut définir deux solutions dites


fonctions de H a n k e l , par :

' —π + i
//„'"(.v) - - i cxpfiHz — i.v sin z ) d z , j
J -ix
(3)
- ix
exp(i/7z — ix sin z ) d z . \

Ces fonctions peuvent être prolongées analytiquement dans t o u t le plan Λ'. O n


montre que //") tend vers zéro quand x tend vers l'infini dans u n vecteur angulaire
du demi-plan I m A- > 0 aussi voisin que l ' o n veut d u demi-plan. D e même i i < 2 ) tend
vers zéro dans un vecteur angulaire d u demi-plan I m x < 0. Ces deux solutions sont
indépendantes et toute solution de (2) peut s'écrire :

Cn - - α , / / 1 " + ί 7 2 « ή " .

2.4. — Fonctions de Bessel et de Neumann. — P o u r x et Λ réel //,','* et //ί,^'


sont imaginaires conjuguées comme o n le v o i t à p a r t i r de leurs expres­
sions (3). O n écrit :

(4)
N„(x) = I m i / i " = (//i" - Hl:^)/2i

O n déduit de (3) l'expression intégrale de J„ ( f o n c t i o n de Bessel). O n a


p o u r n entier :

exp(i«z - i x sin z) dz
-n

COS (nz — X sin z) dz . (5)


π J

/„ est une fonction entière q u i admet p o u r développement convergeant


partout :

( - 1)"' /x\ 2
•m
(pour n > 0 ) . (6)
„tO m\{n + m) T \ 2 /
L a f o n c t i o n de N e u m a n n Λ'^ est singulière à l ' o r i g i n e et est par conséquent
m o i n s utile en physique. J et N sont évidemment linéairement indépen­
dantes.

2.5. ~ Relations de récurrence des fonctions de Bessel. — O n m o n t r e que :

xJ'„(x) = nJ„ - J„,^i


(7)
2 nJ„(x)lx = Λ-1 + Λ+1
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FONCTIONS DE BESSEL ET DE HANKEL 635

2.6. — Fonctions d'ordre demi-entier. — On a :

(8)

et d'après (6) p o u r n > 0 :

„{2χ)"^"'- d" /sinx


Λ,+ 1/2(Χ) = ( - 1) (9)
dix')

2.7.—Intégrale de Fourier-Bessel. — A p a r t i r de la t r a n s f o r m a t i o n de
F o u r i e r et en utilisant la représentation (5) o n montre ( C o u r a n t et
H u b e r t , I , p. 490) que toute f o n c t i o n / continue et lisse par segments,

d'intégrale r \f(r) \ dr finie, peut être calculée à p a r t i r de sa trans­

formée g :

g(s) = x/(x) y„(sx) d x j


0 '
(10)
fix) =
' 0
sgis) J„isx) ds \
2.8. — Zéros des fonctions de Bessel. — Pour n réel supérieur à — 1, J„ix)
n'a que des zéros réels, en n o m b r e infini, q u i sont séparés entre eux par
ceux de /„'.
Cette propriété peut se déduire d u développement (6).

2.9. — M é t h o d e du col. — L a méthode d u col peut être utilisée p o u r


obtenir une valeur asymptotique d'une intégrale de la forme :

/ = exp(x/(t)) d i , (U)

p o u r les grandes valeurs de x, le c o n t o u r C étant tel que Re [ / ( O ] tend


vers — GO à chaque extrémité. O n déforme ce c o n t o u r de façon que les
parties c o n t r i b u a n t de façon significative à / soient concentrées au m a x i ­
m u m a u t o u r d ' u n point. A u t r e m e n t d i t , o n recherche u n trajet contenant
un p o i n t p o u r lequel r = Re [ / ( 0 ] ^ u n m a x i m u m et décroît aussi vite
que possible à p a r t i r de ce m a x i m u m . Si l ' o n définit une surface Σ par les
coordonnées (Re [t], I m [ i ] , r ) d ' u n de ses points, les courbes de plus
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FONCTIONS DE LEGENDRE ET DE BESSEL

grande pente sur Σ sont les trajectoires orthogonales des courbes de niveau
= Cte, c'est-à-dire les courbes I m [/(/)] = Cte. r ne peut a v o i r de
vrai m a x i m u m sur Σ, mais a u plus une valeur stationnaire correspondant
à u n c o l . E n u n tel p o i n t , les dérivées ( R e [ / ( 0 1 ) ' et ( I m [ / ( i ) ] ) ' d o i v e n t
être simultanément nulles. Le c o l est donc t e l que :

ruo) = 0.

Une fois trouvé le c o l , o n déforme C de façon à passer par /Q et à suivre


les lignes de plus grande pente. A u voisinage d u c o l o n peut écrire :

fit) =f(to) + it- i o ) V " ( ? o ) / 2 + 0(t - to)' .

Si f'Uo) = a exp(ia), t - tg = p exp(i6)), o n t r o u v e les chemins de plus


grande pente a u voisinage d u c o l en a n n u l a n t l a partie imaginaire d u
produit

f'Vo) (t - tof = « p ' e x p [ i ( a -I- 2 0 ) ]

c'est-à-dire p o u r

θ = - ix/2, 0 = - 0C/2 + π/2.

11 convient évidemment de prendre le second trajet p o u r lequel

f(t) =f(to) - ap^/2 + O(p').

O n peut en première a p p r o x i m a t i o n écrire :

I ~ exp[x/(io)] J exp 1^ - ap^ -j dp exp(iO)

s'il n ' y a pas d ' a u t r e c o l à traverser, soit

V 2"^ exp[x/(fo) - ia/2 + ίπ/2]


(12)
vi/"(io)

JO. — Application au calcul d'un développement asymptotique des fonctions


de Hankel. — L a f o r m u l e (3) p o u r par exemple est d u type (11).
N o u s poserons .v = an, et supposerons n réel et g r a n d , et a réel :

//^"(ίίη) = — -- exp[in(z — a sin z ) ] dz .

Comme

/ ( z ) = i(z - asinz)/a

les cols sont donnés p a r : a c o s z = 1.


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BIBLIOGRAPHIE 637

D e u x cas sont à d i s t i n g u e r suivant que a est o u n o n supérieur à l'unité. O n


trouve finalement en posant a = 1/cha o u 1/cosa :

w!," ( 7 " ) ~ - i J — J - e x p M a - th a)] /


\ch a/ V ττη th α '^'- ^ ' (13)

J„(«/ch a) ~ exp[«(th α - α)] (2 πη th α)


\
dans le premier cas et

^"•'(cosa) -
(14)

" cos n ( t g α - a) -
" 'cosa/ V πη tg a

pour le second cas.

BlBLIOGRAPHŒ

ROBIN, 1 9 5 9 . Fonctions sphériques de Legendre et fonctions sphéroïdales, Gauthier-Villars,


3 vol. ( 2 0 2 , 3 8 4 , 2 8 9 p.).
ANGOT, 1 9 6 5 . Compléments de mathématiques, 8 6 2 p., Masson et Cie.
COURANT, D . HILBERT, 1 9 7 0 . Methods of mathematical physics, t. I, 5 6 1 p.. Interscience
publ.
PETIAU, 1 9 5 5 . La théorie des fonctions de Bessel., C N R S , 4 7 7 p .

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INDEX ALPHABÉTIQUE
Les chiffres renvoient aux pages, les chiffres en italique correspondent à des termes
utilisés comme titres de sections.

A basalte, 280.
bases gravimétriques, 417, 612.
accélération en bout, 216. bassins océaniques, 277.
accéléromètre, 215. Bessel (fonctions de), 632.
Adams et W i l l i a m s o n (condition de), 578. Betti (formule de), 343.
agitation microsismique, 214, 225, 336. Bingham (corps de), 18.
Airy Birch (formule de), 478.
— (fonction d'), 13. Birch-Murnaghan (équations de), 579.
— (intégrale d'), 199. Boltzmann (corps de), 27.
— (modèle d'), 475. boucle de dislocation, 33.
— (phase d'), 199. ί bouclier, 277.
A i r y - V e n i n g Meinesz (modèle d'), 475. Bouguer (anomalie de), 395, 440, 612.
A k i (formule d'), 390. brisure (point de), 601.
aliasing, 523. Bruns (formule de), 443.
alidade nivelatrice, 414. Bullen (critère de), 578.
altimétrie, 469. Bullen-Haddon (modèles de), 582.
altitude, 425. Bureau International de l'Heure, 535.
— normale, 426. Burgers (vecteur de), 32, 342, 394.
amortissement critique, 215.
— des ondes, 29, 20/. C
— de l'oscillation de Chandier, 551. I
amphibolite, 280. \ Cagniard (méthode de), 125.
amplitude (ondes superficielles), 202. calcite, 40.
— le long d ' u n r a i , 108. capteur de déformation, 218.
Andrade (loi d'), 38. carottage géophysique, 594.
anélasticité, 10, 36. — sismique, 609.
anisotropie (milieu élastique), 97. Carson (transformée de), 27.
anomalie de la pesanteur, 439, 446, 611. cartographie, 413.
— à l'air libre, 439, 442, 463. Cauchy (équation de), 90.
— de Bouguer, 395, 440, 480, 612. caustique, 144.
— isostatique, 269, 442, 475. cavités souterraines, 620.
— régionale, 616. — (contraintes autour de), 72.
anormal (manteau), 278. célérité d'une onde, 101.
antiracines, 475. ; centre de dilatation, 347.
aplatissement hydrostatique, 577. ; chaînes de montagnes, 277.
— interne, 590. — de volcans, 499.
arc insulaire, 277. chaleur
assemblage, 246. — (création de), 92.
astatisation, 217. I — spécifique, 95.
asthénosphère, 40, 473, 487, 490. • champ de pesanteur, 421, 442.
— (viscosité de I"), 489. — — — prolongé, 616.
Chandier (période), 538, 551.
B — (excitation de l'oscillation de), 552.
changements de phase, 355.
bandes^de Lûders, 3 1 , 37, 4 1 . charge de rupture, 28.
barrages (mise en eau des), 6 1 . Choudhury (méthode de), 240.

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640 INDEX ALPHABÉTIQUE

ChristoiTel (coeflîcients de), 85, 86, 87. • critères de Tresca, de v o n Mises, 16.
cisaillement, 7, 9. I critique (distance), 239.
cission, 2. i — (point), 601, 603, 605.
— efficace, 5. croûte terrestre, 40, 229, 272.
— (relaxation de), 22, 172. — continentale, 272.
Clairaut (équation de), 576. — océanique, 274.
coalescence, 616. — (composition de la), 279.
coda d ' u n séisme, 181, 391. — (fluage dans la), 40.
coefficient de dilatation linéaire, 94.
— élastique adiabatique, 95.
— élastique isotherme, 94.
— de frottement, 68. I d a t u m plane, 605.
•— d'influence, 202. déconvolution d'un sismogramme, 222, 608.
— de réflexion, 114. déformation
— de self-diffusion, 44. — anélastique, 10.
— de transmission, 114. I — élastique, 10.
col (méthode d u ) , 134, 142, 635. I — finie, 9, 88, 580.
collimation (erreur de), 410. j — infinitésimale, 7.
compensation isostatique, 441, 474. I — d u sol, 54.
— (niveau de), 473. ! —• d'une sphère élastique gravitante, 171,
composantes contravariantes, 87. i — (tenseur de), 83.
— covariantes, 86. \ — (vitesse de), 7.
composition de traces, 604. délai, 602.
conductivité thermique, 94. densité
coniques (ondes), 139, 230, 601. — (corrélation avec la vitesse sismique),
C o n r a d (discontinuité de), 272. 269.
constante de la gravitation universelle, 423. — de la Terre, 576, 586.
contraintes —• d'énergie, 164, 169.
— normale, tangentielle, 7. Denver (séismes de), 62.
— (directions principales des), 7. déplacement
— hydrostatiques, 94. • — préséismique, 55.
— (chute des), 379, 400. — statique, 176, 514.
— (relation entre — et déformations), i dérive instrumentale, 419, 523, 612.
93. ! — d u pôle, 539.
— (relation entre — et déplacement), 97. I dérivée
— (tenseur des), 2, 89. : — covariante, 85.
convolution, 123, 220, 348, 480, 608. —· verticale de la pesanteur, 617.
coordonnées D e r r (modèles de Terre de), 583.
— cylindriques, 86, 9 1 , 136, 632. Descartes-Snellius (loi de), 115, 154, 284.
— de Lagrange, 84. déviateur des contraintes, 4, 12.
— sphériques, 87, 92, 102, 106, 140, 627, déviation de la verticale, 434, 446, 517.
633. I diagramme d'énergie, 200.
corrections — de M o h r , 2.
— d'altitude, 246. diagraphie, 594.
— de plateau, 440. différences finies (méthodes des), 145.
— statique, dynamique, 605, 606. différences régionales de vitesse, 201, 329.
— de surface, 246. dilatance, 39.
— de terrain, 613. dilatation linéaire (coefficient de), 94.
cote géopotentielle, 426. diopside, 42.
coulissage, 49, 56. i diorite, 280.
C o u l o m b ( l o i de), 67, 79. directions principales des contraintes, 7.
couplage électromagnétique, 561. dislocations, 32, 341, 379, 391.
couplage entre vibrations propres, 209. — vis, coin, 32, 341.
coups de t o i t , 78. discontinuité (propagation de), 107.
courant de chaleur, 94. — de M o h o r o v i c i c , 40, 229, 250, 272,
courbe intrinsèque, 36, 72. 281.
courbes de propagation, 156, 234, 285. dispersion, 183, 195.
— (anomalies des), 235. i — normale, 196.
couverture multiple, 6()5. i — inverse, 328.
crête médio-océanique, 277. • — (courbes de), 327.
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INDEX ALPHABÉTIQUE 641

divergence d ' u n tenseur, 89. F


dômes de sel, 596, 603, 614, 616.
facteur
dorsale océanique, 275.
— γ, 514, 515.
double couple, 347, 359, 395.
— δ, 517.
dromochronique, 601.
— A, 518.
dunite, 42, 44, 80.
! — de qualité Q (voir Q).
D u n k i n (méthode de), 190.
i faille, 49, 614.
Dziewonski-Gilbert (modèles de Terre]^de),
— inverse, normale, à coulissage, 5 1 .
590. I — sismique (modèles mathématiques de),
341.
E ' fatigue statique, 28.
Faye (formule de), 439.
eau juvénile, 80.
i Fennoscandie (soulèvement), 496, 584.
écart à la sphéricité, 207.
j Fermât (principe de), 108, 131.
éclogitc, 280, 586.
I filtrage, 223.
écoulement, 11.
écrouissage, 37, 76. — passe-bande, 615.
j fissure de GriflRth, 72.
effets sismomagnéliques, sismoélectriques,
, fluage. II.
64.
eikonal, 108.
I — a, 28, 38, 39.
— cassant, 28, 78.
élasticité
I — par dilîusion dans les sous-grains, 35.
— parfaite, 19, 93. i — par glissements intracristallins, 31,
— retardée, 19. I 35.
éléments d'une orbite, 450, 452. — de Herring-Nabarro, 30, 43, 45.
éléments osculateurs, 453. — par migration de lacunes, 29.
ellipses (méthode des), 252. — de Nabarro, 35, 43.
ellipsoïde de Mac L a u r i n , 428. — plastique 45.
ellipsoïde de référence, 43L — (fonction de), 27.
énergie fluctuations de la r o t a t i o n , 540, 560.
— de compression, 2 1 . fluide, 10.
— de distorsion, 2 1 . focalisation, 109, 259.
— élastique, 2 1 . fonction de transfert d ' u n sismographe, 220.
— interne, 92. i fonctionnelle
— libre, 93, 97. — différentiable, 567.
— totale, 92. — globale, 567.
— (densité d ' — sur un front), 164,
— n o n linéaire, 571.
— (dissipation d'), 24.
I force concentrée (action d'une), I I I .
— émise et magnitude, 366, 373.
— élastique, 90.
— d'une onde plane, 361.
— en fonction d u déplacement, 94.
enstatite, 42.
forme de la Terre, 421, 425.
entropie, 93.
' fossés, 276.
Eotvôs (correction d'), 419.
Fourier (transformée de), 220, 263, 348.
epicentre, 50, 58.
Fourier-Bessel (transformée de), 138, 635.
équations
foyer, 50.
— de la géodésie physique, 444.
— superficiel, 78.
— d u mouvement, 89, 90.
— des ondes, 100, 103, 632. — profond, 79, 288, 309.
— de transport, 108. foyer d ' u n séisme (détermination des coor­
équilibre isostatique, 473. données), 314.
erreurs (influence des), 571. . fracture par clivage, 7 1 .
essaim de séismes, 60. — par corrosion, 28.
étalonnage d ' u n gravimètre, 419. j Fréchet (noyau de), 567.
Euler (équations d'), 530. fréquence de coupure, 187.
expansion géométrique, 109, 165, 294. fronts d'onde, 108, 130, 230.
explosion, 60. frottement (coeflflcient de), 68.
extension (taux d'), 8. ' Fuchs (méthode de), 263.
extensomètre, 218. j fusion (point de), 44.
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642 INDEX ALPHABÉTIQUE

G hornblende, 4 1 .
Huyghens (principe de), 230.
G (ondes), 183. hydrostatique (contrainte), 94.
gabbro, 280.
— (hypothèse), 171, 575.
Gardner (méthode de), 603.
— (pression), 4, 171.
géodésie
— classique, 407.
I
— spatiale, 411, 456.
— spatiale : méthodes géométriques, 457, impédances, 117.
467. inclinomètres, 517, 519.
méthodes dynamiques, 459, incompressibilité, 19, 94.
468. — adiabatique, 96.
méthodes semi-dynamiques, — isotherme, 95.
461, 468. indice, 100, 101.
méthodes mixtes, 46J.
influence (coefficients d'), 202.
géodimètre, 410.
j injections (séismes dus à des), 62.
géoïde, 425, 446, 463.
I instruments de géodésie, 407.
Gerver-Markushevitch (formule de), 162.
I — de gravimétrie, 417.
Giese (méthode de), 255.
i — de topographie, 414.
glace (fluage de la), 38.
intensité d ' u n séisme, 53.
glaciers tempérés, 39.
intercept, 602.
glissement
intégration numérique, 190.
— (bandes de), 3 1 .
interférence constructive, 184, 192, 205.
— efficace, 9.
i invariants (de la contrainte), 4.
— intracristallins, 3 1 , 35, 37, 43.
I — (de la déformation), 87.
— sur les joints de grain, 29.
I inversion des courbes de dispersion, 202
— (lignes de), 17.
I isochrones (carte des), 609.
— saccadé, 68, 78.
isogammes (courbes), 613.
graben, 277.
isoséistes, 53.
graine, 290.
isostasie, 473, 615.
grandissement d ' u n sismographe, 215.
isostatique (anomalie), 442, 473, 475.
granité, 40, 64, 280.
— (équilibre), 473.
gravimètre, 417.
— (soulèvement post-glaciaire), 489.
Green (fonction de), 344.
isothermes (modules), 95.
— (formule généralisée de), 89.
isotropie, 93.
Griffith (théorie de la rupture de), 72.
groupe prédominant, 195, 197.
groupe (vitesse de), 196. 1 J
Griineisen (coefficient de), 95. 72, 450, 453, 576.
guide d'onde, 163, 238. Jeffreys (méthode de), 316.
guyot, 482. joints de grain (glissements sur), 29.

H
K
Hankel (fonctions de), 106, 140, 633.
k (détermination de), 519.
harmoniques, 187.
K e l v i n (corps de), 24.
— (fonctions), 6J(i, 477. K e l v i n (formule de), 197.
— sectoriaux, 449.
— tesséraux, 449, 455, 460.
— zonaux, 449, 455, 459.
head waves, 139. lacunes, 29.
Hencky (relations de), 17. lagrangien, 203.
H e r r i n g - N a b a r r o (fluage de), 30. L a m b (classes de), 205.
Herglotz-Wiechert (formule de), 160, 235. L a m b (problème de), 135.
hétérogène (ondes en milieu — quelconque), Lamé (coeflîcients de), 19, 94.
167. lamelle de déformation, 32.
hodochrones, 156, 167, 229. Laplace (transformée de), 125.
— (singularités des), 157, 235, 286. laser-Lune, 468.
— (stratification plane), 153. laser (télémétrie), 412.
— (stratification sphérique), 167, 285. latitude astronomique, 429, 433.
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INDEX ALPHABÉTIQUE 643

Legendre (polynômes et fonctions de), 106, Mohorovicic (discontinuité de) ou M o h o , 40,


449, 623. 229, 250, 272, 281.
Iherzolite, 42. M o h r (diagramme de), 2.
Liouville (équations de), 541. : Molodensky (formule de), 445.
moment sismique, 383, 388, 392, 397.
lithosphère, 40, 79, 242, 473, 489, 589.
Monte-Carlo (méthode de), 584.
— (propriétés mécaniques de la), 499.
montée d'une dislocation, 34.
lithostatique (pression), 4. mouvement (équation du), 90.
loi de similitude d ' A k i , 399. mouvement du pôle, 466, 469.
longitude astronomique, 433. mouvement d ' u n satellite, 453.
Love (nombres de), 175, 176, 179, 513, 521, multiplication, 604.
591. multiplets, 324.
Love (ondes de), 181, 328.
Lûders (bandes de), 3 1 , 37, 4 1 . N

N a b a r r o (fluage de), 35.


M
nappes de sismographes, 222, 585.
magnitude, 362, 364. Navier-Stokes (équation de), 14.
— et énergie émise, 366. Neumann (fonctions de), 634.
Newton (loi de), 423.
— et moment sismique, 400.
nivellement, 410, 434, 436.
manteau, 40.
— astrogéodésique, 436.
— anormal, 278.
nutation
— (fluage dans le), 41, 42.
— eulérienne, 531.
manteau supérieur
— libre, 543.
— (densité dans le), 586. — lunisolaire, 530.
— (hétérogénéité d u ) , 58L — presque diurne, 559.
— (viscosité d u ) , 578.
noyau terrestre, 40, 284.
— (rhéologie du), 473.
— (densité dans le), 586.
marée terrestre, 507.
— (effets dynamiques dus au), 524.
— gravimétrique, 520, 612.
— (rigidité du), 521.
— polaire, 551.
— (potentiel des), 507. ; — (vibrations propres d u ) , 525.
marées zonales (effet sur la rotation), 547. i noyau de Fréchet, 567.
— (ondes de), 510.
— (perturbations des), 523. O
marges continentales, 276.
matrice de transfert, 117. observations de satellites
Maxwell (corps de), 23. — laser, 457, 467.
miécanisme au foyer, 309, 341, 361. — photographique, 456.
mégabar, 19. — radio, 457.
Mercalli (échelle de), 53. océans (variation d u niveau des), 481.
méridien, 434. olivine, 42.
mésosphère, 489. — (transformation en spinelle), 481.
mesures gravimétriques (réduction des), 437. ondes
métaux (plasticité des), 37. — coniques, 139.
mica, 4 1 . — coniques d u M o h o Pn, S,,, 239.
microfissures, 28, 39, 45, 72, 75. — de la croûte Pc, Se, Pg, Sg, 238, 240.
microruptures, 75, 78. — diffractées, 133, 136.
migration, 608, 609. — guidées, 181, 184.
mise en phase, 605. — longitudinales, 101, 110, 150.
mixage, 604. — planes, 104.
mode — réfléchies, 251.
— dégénéré, 207. — réfléchies à la surface pP, PP, PP,
— fondamental, 187. 143, 289.
— à perte, 193. — — sur le noyau PcP, PcS, ScS, 290.
modèle de Terre, 463, 467, 575. — — sur M o h o PMP, PMS, SMS,
— — acceptable, 566. 239.
— — raisonnable, 566. — réfractées, 249.
modèles de terre régionaux, 588. — sphériques, 105, 140.
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644 INDEX ALPHABÉTIQUE

ondes superficielles, 181, 185. potentiel des ondes, 100.


— — G, 183. — perturbateur, 173.
— — de Love, 185, 328. — de la pesanteur, 424.
— — de Rayleigh, 136, 181, 185, 328, poursuite satellite par satellite, 469.
385. pouvoir séparateur, 568.
— — L j , 334. Pratt (modèle de), 475.
— — PL, 194, 334. précession
— transversales, 101, 110, 150. — des équinoxes, 576.
— (propagation en milieux hétérogènes), — lunisolaire, 530.
149. précurseurs (séismes), 58, 77.
— (propagation en milieux homogènes), prémonitoires (séismes), 59.
99. Press (modèles de Terre de), 584.
— T, 337. pression, 2.
— traversant le noyau PKP, PKiKP,
— moyenne, octaédrale, 4.
PKIKP, PKJKP, SKS, 290, 291.
— hydrostatique, lithostatique, 4.
ondulations d u géoïde, 435. — eflèctive, 68.
orbite des satellites : — (ligne de), 135.
— anomalie vraie, excentrique, 4 5 1 . prévention des séismes, 63.
— ascension droite, périgée, 4 5 1 . prévision des séismes, 56, 63.
— période de r o t a t i o n , 4S5. problème des deux corps, 450.
origine conventionnelle internationale, 532. problème inverse, 565.
oscillations sphéroïdales, 177, 206. — — en gravimétrie, 477.
— toroïdales o u de torsion, 177, 206. — — influence des erreurs, 571.
— — non linéaire, 571.
P i — — pour le mécanisme au foyer, 351.
— — pour les ondes superficielles, 202.
paramètre d ' u n r a i , 153, 234, 284. — — en sismique réfraction, 254.
— élastique, 19. profils
pendule — inverses, 243.
— à r o t a t i o n , 215. — gravimétriques, 464.
— à translation, 216. profondeur d u foyer (détermination de la),
péridotite, 4 2 , 2 8 1 , 5 8 8 . 309.
— serpcntinisée, 280. prolongement d u champ de pesanteur, 616.
perturbations propagateur, 186.
— (théorie des — pour un satellite), 452. prospection géophysique, 593.
— gravimétrique, 611.
— des marées terrestres, 523.
— sismique, 599.
pesanteur, 422.
puissance mécanique, 92.
phase
pyrolite, 281, 586.
— d'arrêt, 396.
pyroxène, 42.
— d ' u n sismogramme, 181, 287.
— stationnaire, 195, 262.
— (vitesse de), 184, 195. Q
plan nodal, 351. Q (facteur), 24, 45, 201, 204, 269, 298, 324,
plasticité 330, 392, 551, 592.
— idéale, 15. qualité (facteur de), voir Q.
— non idéale, 18. : quartz, 40.
— (seuil de), 10, 15, i y , 45. ' quasi-géoïde, 426.
pliages en genou, 3 1 , 4 1 .
point fondamental, 433. R
Poisson (cocfiicient de), 20, 94.
polarisation spontanée, 595. Radau (formule de), 577.
polhodie, 531, 5 i 5 . I radiation d'un foyer sismique, 348.
— annuelle, 546, 550. radiolocalisation, 415.
position extrapolée, 360. radio-interférométrie à longue base, 468, 536.
rai sismique, 108, 149, 230, 233, 284.
potentiel
— axifuge, 424. — circulaire, 166.
— de marée, 507. — (courbure d'un), 151.
— newtonien, 423, 448, 463, 469. I — plan, 153.
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INDEX ALPHABÉTIQUE 645

rai rectiligne, 151. — (causes des), 49.


rais (géométrie des), 151. — (premier mouvement des), 357.
ralentissement de la r o t a t i o n , 540. serpentine, 80.
Rayleigh Service international d u mouvement polaire,
— (équation de), 135. 534.
— (ondes de), 136, 181, 185, 328, 385. SH (ondes), 102.
— (principe de), 203, 208. Shida (nombre de), 176.
rebondissement élastique, 55, 359. sismicité, 357, 368.
recristallisation para, post-cinématique, 38. sismique-marine, 260.
sismique-réflexion (méthode de), 243, 260,
— syntectonique, 40.
604.
réduction, 439.
sismique-réfraction (méthode de), 243, 260,
—• à l'air libre, 439. 601.
—• isostatique, 441. sismogrammes, 214.
— topographique, 440.
— synthétiques, 144, 2 6 1 .
réflexion des ondes sismiques, 114, 230.
— (classification des), 292.
— crustale profonde, 265.
sismographes, 213.
— multiples, 606.
— électromagnétiques, 219.
réfraction des ondes sismiques, 114, 230. — (nappes de), 222, 585.
Reid (rebondissement élastique de), 55, 359.
sismologie expérimentale, 242.
rejet, 49.
solide, 10.
relaxation des cissions, 22, 172.
Somigliana (formule de), 430.
— (fonction de), 27. sondage réfraction, 602.
— (processus de), 46. soulèvement post-glaciaire, 484.
rendement sismique, 367, 373, 378, 4 0 1 . sources sismiques, 351, 357.
répartition en quadrants, 357. — à fissures aérées, 373.
répliques, 59, 77. — à frottement, 376.
résistivité électrique, 64. — à glissements prescrits, 375.
résolution (largeur de), 571. — (lignes de), 124.
résonance (période de), 119. — ( l o i de similitude), 399.
restitution, 608. — (modèles dynamiques), 383.
revenu (fluage par), 38. — dans une sphère, 140.
rhéologie n o n linéaire, 27. source de dislocation de Frank-Read, 33.
rifts, 277. sous-joints de grain, 35.
rigidité, 19, 94. spectre des ondes de volume, 314.
— en flexion, 499. sphéroïde (équation d'un), 575.
rotation séculaire des nœuds et d u périgée, stabilité (condition de), 146.
454. — ( d ' u n filtre), 609.
r o t a t i o n de la Terre, 529. Standard E a r t h « 2 », 462, 463, 467.
— (méthodes dynamiques), 536. statistique des séismes, 366.
— (ralentissement de la), 558. Stokes
rupture, 49, 69. — (fonction de), 445.
— cassante, plastique, ductile, élasto- — (formule de), 445.
plastique, 7 1 . — (théorème de), 427.
— par échauffement, 76. Stoneley (ondes de), 190.
— (limite de), 7 1 . stratifié (ondes en milieu), 117.
stratification plane, 153.
S — sphérique, 165.
striction, 7 1 , 75.
satellite artificiel (mouvement d'un), 448. subsidence, 483.
— altimétrique, 469. SV (ondes), 103.
— (observations), 456. système géodésique, 437.
— à traînée compensée, 469.
sédimentation, 483. T
séismes
— artificiels, 60. tables de propagation, 314.
— proches, 238. tables de propagation de Jeffreys-Bullen,
— à foyer p r o f o n d , 79. Gutenberg-Richter, 284.
— à foyer superficiel, 78. tachéomètre, 414.
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646 INDEX ALPHABÉTIQUE

tectoniques (mouvements), 483. vibrations propres, 142, 204, 321, 582.


telluromètre, 409. — sphéroïdales, 177, 206.
température, 93. — toroïdales o u de torsion, 177, 206.
— interne. — (effet de la rotation), 207.
temps atomique international, 532. — (effet des écarts à l a sphéricité), 207.
— des éphémérides, 532. viscosité, 12.
— réduit, 246. visco-élasticité linéaire, 21, 24.
— universel, 533, 550. viscosité neviitonienne, 13.
tenseur des contraintes, 8, 89. visco-plasticité, 18.
— des déformations, 83. vitesse
— métrique, 84. — apparente, 234, 243.
théodolite, 407. ' — de groupe, 196.
thermoélasticité, 92. — de groupe (extremum de), 198.
— (couche à moindre), 162, 588.
— (équations de la), 94.
— de phase, 184, 195.
Thomson-Haskell (méthode de), 117, 186,
Voigt (corps de), 23.
188.
volume (variation relative de), 88.
tirs en éventail, déportés, 603.
V o n Mises (critère de), 16.
topographie, 413.
torsion (balance de), 611.
traces sismiques, 604. W
traînage élastique, 19.
Watson (transformation de), 142.
transducteur, 213.
transfert (fonction de), 220.
transport (équation de), 108. Y
Tresca (critère de), 16, 36. Y o u n g (module de), 20, 94.
triangulation, 56, 434.
tube de rais, 109.
Z

V i Zeeman (effet), 208.


j Zôllner (suspension de), 516.
variations glacio-eustatiques, 482. ' zone d'altération, 600.
vecteurs de base, 83. zone d'ombre, 236.
verticale, 425. i zone de transition, 251.

ERRATUM

Contrairement à ce q u i est d i t au deuxième alinéa de la page 168, l ' a n n u l a t i o n des déri­


vées covariantes de T2 et Γ3 n'entraîne pas, en général, l'invariance de ces quantités le
long d ' u n r a i . L a théorie précédente n'est donc valable que p o u r le cas où cette inva­
riance est réalisée, mais les formules sont encore valables si j? et y varient.

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