Vous êtes sur la page 1sur 3

Le travail s'oppose au jeu qui est une activité désintéressée; il se dinstingue de

ort qui peut être désordonné; il se caractérise par son caractère de contrainte (on travai
lle par devoir et par nécessité sociale) et par sa forme d'action réglée. Toutefois, dan
s certains cas, le travail peut correspondre à la vocation d'un individu, à ses tend
ances les plus profondes (création artistique, philosophique ou scientifique): du
point de vue psychologique, il ne se distingue alors plus du jeu. Bien que la no
tion de travail évoque d'une manière privilégiée l'action physique sur le monde (agricul
ture,...) ou sur une machine (travail industriel), l'effort intellectuel, la rec
herche théorique, l'enseignement, la direction d'une entreprise ou d'un Etat, représ
entent également un travail de compréhension, de synthèse, de direction. Il y a travai
l tant qu'il y a «responsabilité» sociale ou simplement création véritable d'un point de v
ue juridique; le droit du travail est le droit qui crée à l'Etat l'obligation juridi
que d'assurer un travail à quiconque lui en demande...
Considérons cette formule, qu'on attribue à Boris Vian : "Le travail , c'est ce qu'o
n ne peut pas s'arrêter de faire quand on a envie de s'arrêter de le faire." ... Est
-ce seulement de l'humour ? Un amateur joue au football, quand il le désire. Il s'
arrête d'y jouer dès qu'il n'en a plus envie. Un footballeur professionnel est égaleme
nt un joueur, mais en cette matinée glaciale de décembre, a-t-il vraiment envie de s
e rendre sur le terrain d'entraînement ? Le travail est donc une contrainte, même si
, parfois, on peut prendre plaisir à travailler : un jour ou l'autre, le travail l
e plus passionnant, le plus gratifiant, peut aussi se révéler éprouvant, énervant, éreinta
nt : ce jour là, il faut encore travailler. Et bien sûr le travail de la plupart des
hommes est loin d'être passionnant, gratifiant : le travailleur ne loue-t-il pas
sa force de travail, et cette force n'est-elle pas alors une simple marchandise
transformant l'homme, en quelque sorte, en objet ? travail n'est-il que peine et
aliénation ? N'est-il que contrainte subie ? L'homme peut-il se réaliser sans s'en
donner la peine, et la liberté exclut-elle vraiment toute contrainte ? Est-il si a
bsurde de voir en l'activité laborieuse l'instrument d'une libération ?
Si l'on regarde de plus prés le sujet celui-ci semble nous faire cruelleme
nt souffrir... Après tout, n'est-ce pas cela, le travail : une souffrance, une vra
ie torture ? si l'on regarde l'étymologie latine de ce mot. Donc on nous demande p
ourquoi souffrir, et, pour cela, on nous demande, à notre tour, de souffrir : quel
le cruauté !
Prennons l'exemple de votre situation, dériére cette copie que vous lisez, se cache
un pauvre travailleur, professeur de son état, qui a dut se lever pour affronter l
a redoutable épreuve de la biscotte beurrée matinale avant de devoir, en catastrophe
, gratter le pare-brise de sa voiture (d'occasion), s'enfoncer dans la brume à tou
te allure, tout en tâchant d'éviter les radars, et peut-être même slalommer dans les emb
outeillages, et le tout pour finalement se retrouver face à un public scolaire qui
ignore tout de ces prouesses, mais aussi de Hegel et de la dialectique maîtrise-s
ervitude, et tout cela en échange d'un salaire, inconcevable. oui, vraiment, quand
on pense à toute cette peine qu'on se donne, on a bien raison de se demander pour
quoi il faut travailler !
on travaille parce qu' "il faut" travailler, et "il faut" travailler parce que s
ans travail, on est sans le sou,Sans travail, l'individu se voit condamné à une cert
aine marginalité. ce qui est probablement plus pénible encore que de devoir travail
ler. Le travail est donc une source de revenu : on travaille pour gagner sa vie.
Un rapide sondage, par exemple dans une classe de philo, suffit à le prouver : to
ut le monde lève la main quand il s'agit de répondre oui à la question "qui veut un tr
avail ?" (c'est-à-dire un emploi, rémunérateur, évidemment), mais l'enthousiasme retombe
nettement quand on demande : "qui veut travailler ?". Preuve que le travail n'e
st pas voulu ou couru pour lui-même, mais pour ce qu'il rapporte, donc à titre de mo
yen (Quelle tristesse ! )De plus, la liberté de choisir le travail qui correspond
le mieux à sa personnalité, est réduite par le jeu de la sélection sociale. En fonction
du milieu auquel on appartient, on a plus ou moins de chances de pouvoir exerce
r une activité satisfaisante. le travail n'est-il décidément qu'une source de revenu
?
Ne travaille-t-on qu'en vue du seul gain ?", "Ne travaille-t-on que contraint et
forcé, pour gagner sa vie, misérablement (dans un petit lycée de province éloigné de tout
e bonne librairie ?")
manifestement, si tout le monde s'arrêtait de travailler, on serait tout nu. En e
ffet, le travail est une activité productive : le travail, comme l'explique Karl (
Marx) est l'activité par laquelle la malheureuse créature humaine produit par elle-mêm
e ses moyens d'existence. Aucun animal ne fait une chose pareille, comparé à l'anima
l, l'homme est en un sens défavorisé comme le souligne déjà Aristote: il est privé de grif
fes et de fourrure, et doit compenser leur absence par des artifices
Le travailleur se réalise à travers cette activité, parce qu'il se reconnaît dans son oe
uvre : en travaillant, l'homme transforme le monde, mais il se transforme et s'édu
que aussi lui-même : le travail contribue à faire un homme.
En Effet ,saisir le travail uniquement comme une contrainte serait abusivement
réducteur, c'est par le travail que l'homme ébauche et réalise son humanité. En se différe
nciant de la nature, l'humanité crée une forme d'existence inédite et qui constitue so
n essence propre. Le travail ouvre donc à l'homme une voie hors des contraintes an
imales. Par lui, il se libère en agissant sur la nature.les besoins (même élémentaires:
se nourrir, s'abriter) de l'homme ne peuvent-ils être satisfaits par des moyens im
médiats: pour les combler, l'être devenu humain, doit nécessairement inventer des cond
uites, des outils élémentaires, des moyens «techniques» qui lui apportent ce qui lui est
nécessaire. Ainsi le travail est apparu pour une nécessité «naturelle»: l'homme a du s'ad
apter en transformant la nature, pour combler ses besoins. Le besoin, une fois c
omblé, renaît sous une autre forme. Aux besoins vitaux se substitue des besoins «artif
iciels»: l'homme est l'être pour lequel le superflu devient rapidement aussi importa
nt que le vital. Une fois apparu, le travail entre donc dans une histoire dont a
ucune fin n'est concevable, dès lors qu'il aboutit à l'apparition presque simultanée d
'une satisfaction et d'un manque . Comme instrument de libération, le travail offr
e donc à l'individu la possibilité de créer, de matérialiser son intériorité, de se contemp
er dans un reflet objectif de soi. Sans travail, comment exprimer de façon élaborée le
contenu de sa pensée, ou de sa personnalité.
Le travaill définit l'homme parce qu'il le forme et le produit. Le désir animal n'es
t jamais producteur et formateur au sens profond du terme.
L'homme, en transformant la nature et les choses, se construit et se réalise lui-mêm
e. Il façonne la nature à son image et accède ainsi à la conscience et à la liberté.
C'est ce que Hegel a montré dans sa célèbre «Dialectique du maître et de l'esclave» dans «P
ologie de l'esprit». Si, dans la lutte des consciences opposées, le maître domine l'es
clave qui n'a pas voulu mettre sa vie en jeu, ce dernier va se libérer par le trav
ail. Le maître en effet se contente de jouir passivement des choses, d'user des fr
uits du travail de l'esclave. Ainsi s'enfonce-t-il dans une jouissance passive,
alors que l'esclave extériorise sa conscience et ses projets dans le monde. Aussi
acquiert-il progressivement son autonomie. Etre un maître sans travailler représente
une impasse alors que le travail dans lequel la conscience s'objective est la v
oie de la libération humaine. L'esclave forme les choses et se transforme lui-même;
il asservira ainsi son maître qui deviendra son esclave.
Ainsi Hegel montre que le travail est le chemin de l'autonomie: il est la source
de tout progrès humain et historique. Le travail forme et éduque, il transforme le
monde et civilise. C'est donc par le travail que l'homme se réalise en tant qu'hom
me et se définit.
Si le travail fait partie intégrante de notre nature, puisqu'il nous engendre et n
ous construit, si donc le travail est l'essence de l'homme, s'il nous ouvre la v
oie de la culture et de la liberté, cependant le risque d'aliénation existe. En effe
t, dans la société moderne, le travail se divise, en général, et se répartit entre les tra
vailleurs. Chacun accomplit toujours le même genre de travail, pour lequel il acqu
iert une compétence particulière. Ainsi s'institue peu à peu une division du travail m
atériel et intellectuel. Dès lors, la division du travail morcelle l'homme et condam
ne chaque individu à s'enfermer dans un cercle d'activité déterminé, auquel il ne peut éch
apper.
Initialement, l'artisan produit en totalité un objet qui est donc sa création propre
et dans lequel il se reconnaît. Progressivement avec la manufacture, puis la gran
de industrie, le travail ouvrier devient travail aliéné. Cette aliénation consiste en
ce que l'homme se trouve devant son produit comme devant une réalité qui lui est étran
gère et le domine. Le producteur ne se reconnaît plus dans la chose qu'il produit.
Ce phénomène de l'aliénation a été mis en lumière par Marx dans les Manuscrits de 1844 et L
Capital.
Le travail devient extérieur à l'ouvrier qui n'y développe aucune énergie libre et authe
ntique, qu'elle soit physique ou morale.
Le travail pour Marx est non seulement aliéné mais aussi exploité. En effet, le propriét
aire des moyens de production achète la force de travail à l'ouvrier, son énergie phys
ique et nerveuse. Cette force de travail constitue la seule ressource des produc
teurs, qui la vendent quotidiennement. Mais le propriétaire, s'il rétribue les produ
cteurs, ne paye pas pour autant à son juste prix la force de travail incorporée dans
les marchandises produites.
Sur la valeur de 8 heures de travail fournies, il n'en paye par exemple que cell
e de 5 heures de travail. les 3 autres sont gratuites et créent une plus-value, c'
est à dire une valeur supplémentaire produite par le travailleur, en contre-partie d
e laquelle il ne perçoit aucune rétribution.
L'aliénation est générale: elle concerne aussi bien le travailleur oeuvrant pour un au
tre que le produit et, plus généralement, la définition du travail lui-même qui paraît dès
ors ne plus avoir en effet d'autre but que de fournir un salaire grâce auquel les
besoins seront satisfaits (tant bien que mal..)
Marx peut alors souligner la perversion complète des valeurs: le travail, au lieu
d'être l'occasion d'une réalisation de soi et de sa liberté, devient un véritable esclav
age que le travailleur a hâte de fuir; cela ne l'empêche pas de maintenir la validité
du concept initial et c'est au contraire relativement à ce qu'indique ce concept q
u'est possible la critique du travail industriel, puisqu'il apparaît que ce dernie
r ne correspond plus à ce qu'il devrait être (écart qui selon Marx ne pourra être soluti
onner que par la mise en place d'une société sans classes, ignorant l'exploitation d
u travail).

Vous aimerez peut-être aussi