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MECANIQUE DU BETON

Licence de Génie Civil (L3)


Université Paul Sabatier Toulouse III

Un mètre cube de béton (représentant la production et la


« consommation » mondiale annuelle de béton par
habitant).

PARTIE 2

Page 1
CARACTERISTIQUES MECANIQUES A
COURT TERME

Page 2
Compression simple (uniaxiale)

En France, l’essai de compression simple est conduit sur des éprouvettes cylindriques.
Si on le conduit en imposant la contrainte et la vitesse de chargement, on obtient une
loi de comportement jusqu’à la rupture.

Si on le conduit en imposant la
déformation et la vitesse de
déformation, on obtient une loi de
comportement appréhendant le
comportement au-delà de la
contrainte maximale supportée par
le matériau (on parle de phase «
post-pic »).

Page 3
Compression simple (uniaxiale)

Presses hydrauliques de 600T à gauche, 300T à droite

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Résistance en compression du béton

Résistance instantanée (norme EN 206-1)

Elle est obtenue par un essai à vitesse de contrainte contrôlée. La contrainte atteint une
valeur maximale considérée comme étant la valeur de résistance du béton.

La résistance fcj, à l’âge j, ou fréquemment à l’âge de référence de 28 jours f c28, est le


paramètre de base caractérisant un béton. A 28j la résistance varie de 20MPa pour les
bétons ordinaires à +400 MPa pour les bétons de poudres réactives de type Ductal©. Un
béton de 90MPa de résistance est un béton de haute performance (BHP).
La résistance dépend notamment de la classe de ciment, du dosage en ciment, du
rapport ciment/eau, de la compacité du squelette granulaire, de la nature des granulats.
Le BAEL, le BPEL et l'Eurocode 2 (EN 1992-1-1:2004) permettent de calculer des
ouvrages dont le béton a une résistance allant jusqu’à C max=90MPa.
Si cette valeur est déterminée sur des éprouvettes cubiques, Cmax est portée à 105MPa.

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Résistance en fck = classe (cylindre)
compression du béton fck,cube = classe (cubes)
(selon EN 192-1-1:2004) fcm = moyenne

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Résistance caractéristique en compression du béton

La résistance à la compression, à l'âge de 28 jours, dite "valeur caractéristique " se mesure


par des essais de compression simple sur éprouvettes cylindriques de section 200 cm2 et
de hauteur double de leur diamètre (les éprouvettes sont dites "16-32").

Elle est notée fc28 et s'exprime en MPa et correspond dans la norme à la valeur de la
résistance au dessous de laquelle peuvent se situer au plus 5% de la population de tous les
résultats des essais. Cette résistance caractéristique est donc bien inférieure à la valeur
moyenne des résultats d’essai.
2

p  x=
1
e
−  
1 x−
2 
0,090

0,080 1/MPa
 2  0,070

0,060

0,050
Exemple : moyenne = 35 Mpa,
0,040
écart-type = 5 Mpa, valeur 0,030
caractéristique = 27 MPa 0,020

0,010

0,000
0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 60,0

Fractile = 5%
Page 7
Résistance caractéristique en compression du béton
2
t
1 −
2
On introduit la loi normale centrée réduite par : t = e
2 
La loi normale décrivant la densité de probabilité de la variable aléatoire « résistance
mécanique » est ainsi modélisée par .
1 x−
p  x=  
 

La résistance caractéristique X est telle que la probabilité d'apparition d'une résistance x


plus petite que X est inférieure à 5%.
X −
X 1 x −
P  x X =0,05=∫0   dx =∫0   u du
 

x
On introduit la fonction « erf » telle que : erf  x =∫0  u  du

X −
Ainsi : P  x X =erf 

=0,05

Or : erf −1,64=0,05 Donc : X =−1,64×

Page 8
Résistance caractéristique en compression du béton
exercice
Sample # kN
Dans un laboratoire, on réalise un essai de compression
simple à contrainte contrôlée, sur une série de N= 1 778,11
éprouvettes 16x32.

On obtient les résultats suivants → 2 645,41

Travail demandé : 3 723,82


• Calculer la contrainte de compression
• Classer les résistances par ordre croissant
• Denombrer le nombre d'éprouvettes par intervalle de 4 828,38
résistance (de 5 en 5 Mpa)
• Tracer l'histogramme des répartitions
• Calculer la moyenne 5 569,01
• Calculer l'écart-type
• Tracer la fonction de densité de probabilité gaussienne 6 930,92
• Calculer la résistance caractéristique

7 755,99
Page 9
Résistance caractéristique en compression du béton
exercice

# MPA

5 28,30
tranche effectif
12 31,80
20-25 0
2 32,10
25-30 1
8 33,70
30-35 3
Mpa*
3 36,00
35-40 5
moyenne 37,71
7 37,60
40-45 3
Écart-type 5,3
13 37,80 Page 10
Variation de la résistance avec l’âge du béton

Du fait du durcissement, toute chose égale par ailleurs, la résistance augmente avec le
temps. Les classes de ciment élevée favorise des vitesses d’hydratation plus rapides. Les
classes R notamment.
Les ouvrages sont chargés de plus en plus tôt après le coulage aussi est il utile de pouvoir
estimer la résistance du béton avant le délai de référence de 28j.
Au-delà de 28 jours, la résistance évolue encore mais dans une bien moindre mesure. Le
règlement BAEL limite la résistance à fc28.
fcj versus age (modele CEB-FIP 1990)
Les prescriptions de
l’Eurocode 2 sont basées sur 30.00

le modèle CEB-FIP résistance (fc28=20Mpa, C=0.3)


25.00

 28 
C ⋅  1−  20.00

j 
f cj = f c 28 ⋅ e 
15.00

10.00
C est un coefficient dépendant du
type de ciment. La formule donne 5.00

une valeur de résistance limite 0.00

allant de 1.22 à 1.46 fois la valeur 0 100 200 300


age (jour)
400 500 600

à 28 jours.
Page 11
Effet d’une contrainte soutenue

Si les actions permanentes G dues à la gravité sont élevées (et provoquent une contrainte
« soutenue » σo, celle-ci peut aboutir à la rupture du béton. Ce phénomène est aggravé
du fait de l’existence de charges variables supplémentaires (actions variables fréquentes
Qf) induisant un supplément de contrainte.

 c’est la raison pour laquelle, le règlement BAEL traduit ce phénomène par une
résistance de calcul réduite
0.85
fc = f cj
θ

Avec θ=1 si la durée probable d’application de la combinaison des actions est


supérieure à 24h et θ=0.85 sinon. Rappelons que fcj est plafonné à fc28 par le
règlement BAEL.

Ce phénomène peut être interprété comme suit : Lorsque le béton est durablement soumis
à une contrainte soutenue, celle-ci provoque l’apparition d’un endommagement sous
forme de microfissures qui se développent peu à peu avec le temps en affaiblissant le
matériau.
Page 12
Effet d’une contrainte soutenue

On peut exprimer empiriquement la résistance instantanée fc (fonction du temps


d'hydratation) en fonction de la contrainte soutenue de rupture σu, de la date d’application
t0, et du temps d’application du de la contrainte jusqu’à la rupture.

σ u = f c ( t0 + d u ) × (1 − 0.03 × log d u )
EFFET D'UNE CONTRAINTE SOUTENUE
REDUCTION DE LA CONTRAINTE INSTANTANEE

30.00
83%

25.00 82%
contrainte soutenue de rupture MPa

81%
20.00

% de réduction de fcj
B20 chargé à 2 jours 80%
15.00

79%

10.00
78%

5.00
77%

0.00
76%
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 100 200 300 400 500
âge (jour) duré e application de la contrainte s oute nue

(où du est exprimé en secondes). Cette loi montre la compétition qui existe entre
l’augmentation de résistance instantanée due à l’hydratation et l’endommagement due à
la contrainte soutenue.
Page 13
Effet d’un chargement cyclique

On considère un béton soumis à des cycles de contraintes d’amplitude constante variant


entre σmin et σmax= σmin+ ∆σfu.
On peut exprimer la contrainte de rupture σmax= σmin+ ∆σfu en fonction de la résistance
instantanée fc (formule de Hsu 1981).

La durée de chargement jusqu’à la rupture est d u=nu.T où T est la période de chargement,


nu est le nombre de cycles ayant provoqué ladite rupture. On note R= σmin/ σmax.
   0.03   
σ u = f c ( t 0 + d u ) ⋅ 1 − 0.03 × log T − F0 ⋅  1 −
  1 −  ⋅ R  ⋅ log nu 
  F0   
  

F0 est obtenu à partir d’essais où T=1s et R=0 (σmin=0). On obtient F0~0.06 pour les
bétons ordinaires.
À noter que si R=1, l’expérience est celle de la contrainte soutenue.
Dans les règles Françaises, le risque de fatigue est écarté dans la mesure où la contrainte
de compression de service est limitée à 0.6 fcj.
L’Eurocode 2 applicable aux ponts exige toutefois une vérification à la fatigue selon des
formules intégrant des coefficients de sécurité.
Page 14
Module d'élasticité

Le module instantané est défini dans les règles BAEL et BPEL par :

E ij=11000 f 1/3
cj

Ce module est employé pour les états limites de service (hypothèse d'un
comportement élastique du béton).
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Loi de comportement (modèle de calcul d'analyse
structurale non linéaire)

Les règles EN 1992-1-1:2004 (Eurocode 2) définit une loi de comportement en


compression (relation contrainte-déformation) par :

2
c k −
=
f cm 1 k −2
La courbe représentative dépend des
paramètres suivants :
• La résistance moyenne fcm (cf. tableau)
• Le module sécant Ecm entre 0 et 0,4.fcm.
• La déformation au pic de contrainte
• La déformation ultime (rupture)
Fig. 3.2 Eurocode E2

0.3

E cm=22  
f cm
10
GPa ; =
c
C1
; k =1.05 E cm
c1
f cm

Page 16
Extrait du tableau 3.1 des Eurocodes

Page 17
Exercice

CAS DE L'ANALYSE STRUCTURALE NON-LINEAIRE

Utiliser les formules de l'Eurocode pour calculer la contrainte normale correspondant à


une déformation de 3.10-3 pour un béton de la classe fck=40 Mpa.
• Calculer fcm
• Calculer et vérifier Ecm
• Relever les déformations au pic et à la rupture
• Calculer k
• Déduire la contrainte

Page 18
Loi de comportement simplifiée (parabole-rectangle)

Les règles EN 1992-1-1:2004 (Eurocode 2) définit une loi de comportement


utilisable pour le calcul des sections de béton armé :

La courbe présente une première partie


parabolique puis un seuil ; elle dépend des
paramètres suivants :
• La résistance caractéristique fck
• La déformation au pic de contrainte
• La déformation ultime (rupture)
• L'exposant n

Les règles définissent, de plus, une résistance


de calcul amoindrie par rapport à la résistance
Fig. 3.3 Eurocode E2 caractéristique.

[  ]
n
f ck c c
f cd =a cc avec a cc =1 et c=1.5 ; = 1− 1−
c f cd C2

Page 19
Extrait du tableau 3.1 des Eurocodes
Loi de comportement simplifiée (parabole-rectangle)

Page 20
Exercice

CALCUL DES SECTIONS DE BETON ARME AUX ETATS LIMITES ULTIMES

Utiliser les formules de l'Eurocode pour calculer la contrainte normale correspondant à


une déformation de 1.5.10-3 pour un béton de la classe fck=25 Mpa.
• Calculer fcd
• Relever les déformations au pic et à la rupture
• Relever n
• Déduire la contrainte

Page 21
Résistance en traction du béton

La résistance à la traction uniaxiale ftj est le second paramètre caractérisant le béton après
la résistance à la compression fcj . On peut l'obtenir expérimentalement avec trois types
d'essais

Page 22
Résistance en traction du béton : traction par fendage

Page 23
Résistance en traction du béton :
traction directe sur éprouvette diabolo

éprouvettes en forme de diabolo. Les


têtes viennent s’encastrer dans les
plateaux de chargement, puis mise en
compression par serrage. La partie
centrale de l’éprouvette constitue la
partie testée en traction.

Problèmes possibles : démoulage des éprouvettes difficile (moulage dans des


coffrages en nylon composés de 2 parties uniquement, afin d’éviter les jeux entre les
différentes pièces du moule, pour une cylindricité maximale et réduction des
problèmes d’excentricités et d’aspérités à la surface. Utilisation d’huile de décoffrage
ou de PTFE (téflon ®) pour faciliter l’extraction du moule.
→ la proportion d’éprouvettes cassées à l’issue du démoulage s'avère important (de
l’ordre de 30%).
Page 24
Résistance en traction du béton :
traction directe sur éprouvette cylindrique
et dispositif 'rotule'

Page 25
Résistance en traction du béton

Comme ordre de grandeur on retiendra que, approximativement : f tj ~1/10 fcj .


2/ 3
Une corrélation largement validée est : f tj=. f cj

Formule retenue dans l'Eurocode 2, où ψ~0,3

A noter que les résultats obtenus expérimentalement par traction directe ou par fendage
différent de 1 à 20%. La dispersion vient du fait que la résistance à la traction est
fortement dépendante de la localisation des défauts qui amorcent la rupture. L'estimation
de la résistance à la traction obtenue par un essai de flexion surestime cette valeur (l'effet
d'échelle est plus sensible).

Lorsque fcj<40 Mpa, le BAEL 1991 admet la relation f tj=0,6 0,06 f cj

Exercice : Retrouver la valeur de la résistance fctm pour un béton de la classe


fck=30MPa selon les Eurocodes 2. Comparer à la valeur que donne le BAEL.

Page 26
FATIGUE DU BETON

Page 27
Phénomène de fatigue - définition

Fatigue = processus lent de dégradation de la microstructure par apparition de


microfissures lorsqu’il est sollicité par un chargement répété. Le réseau de
microfissures (décohésion diffuse) progresse avec le nombre de cycles. C’est un
processus irréversible qui peut conduire à la rupture pour un niveau de sollicitation très
inférieur à la résistance statique.

Exemples :
• fatigue des chaussées
• pistes aéroportuaires
• structures off-shore
• ponts
• risque sismique

Premières études:
Wöhler (1860), Palmgren (1924), Miner (1945), Kachanov (1958)
Considère (1898) pour le béton

Page 28
Fatigue - caractérisation et phases

On peut instrumenter l’éprouvette de béton soumise à un chargement répété (par


exemple une compression) par des microphones détectant les émissions acoustiques
(événements) accompagnant l’initiation et la propagation de la fissuration.
D’autres mesures peuvent être réalisées : mesure de déformations, analyse d’image
de la surface, affaiblissement de la vitesse de propagation d’ondes acoustiques…

Le comptage des évènements


m peut ainsi être reporté au
nombre d’évènements ultimes
mu : ω=m/mu.
On peut aussi rapporter le
nombre de cycles n au nombre
de cycles ultimes nu : η=n/nu.

Page 29
Fatigue - caractérisation et phases

La courbe {η, ω} fait apparaître 3


phases:

1) Phase initiale d’amorçage


correspondant à une évolution rapide
de la dégradation du béton ;

2) Phase secondaire (accommodation) où la vitesse de dégradation est stable (majeure


partie de la vie du matériau – jusqu'à 80% ou 90% du temps nécessaire à la rupture) ;
3) Phase terminale où le processus de dégradation s’accélère pour mener à la rupture.
A noter que l’affaiblissement du matériau se traduit macroscopiquement par une
réduction progressive de son module d’élasticité et le développement d’une déformation
résiduelle après déchargement.

Page 30
Fatigue - courbe de Wöhler

La relation entre la sollicitation (caractérisée par une contrainte dite d’endurance) et le


nombre de cycles menant à la rupture pour un matériau ou une structure donnée est
présenté dans un diagramme {σ,nu}. Dans ce cas l’un des paramètres du cycle est fixé
(contrainte moyenne ou amplitude de contrainte).

Page 31
Fatigue - courbe de Wöhler

De nouveau on peut distinguer 3 types (ou domaines) de fatigue selon l’intensité de la


contrainte d’endurance :
1. Fatigue à petit nombre de cycles <1000
2. Fatigue à grand nombre de cycles : 1000<nu<10 millions
3. Fatigue à très grand nombre de cycles : nu>10 millions

σ '= σ
Pour prendre en compte le
caractère vieillissant du f cj
béton, la représentation est
faite dans un diagramme où
l’endurance est rapportée à la
résistance statique

Page 32
Fatigue - compétition avec la durée du chargement dans le cas du béton

A noter que lorsque la contrainte d’endurance est élevée, le processus de dégradation est
plus gouverné par la durée du chargement que par son caractère cyclique (voir l’effet d’une
contrainte soutenue).
Inversement, l’existence d’une limite de fatigue en dessous de laquelle l’endurance du
béton serait illimitée n’est pas formellement établie.

Le domaine (2) peut être


ajusté par une droite
dans un repère semi-log :

σ ' = α − β ⋅ Log nu

Page 33
Fatigue – notion d’endommagement

Lors de l’application de la sollicitation cyclique, on observe, dans le diagramme {ε,σ},


deux phénomènes : une réduction du module ED par rapport au module initial E0 , le
développement d’une déformation irréversible εD de sorte que, à chaque cycle :

σ = ED ⋅ ( ε − ε D )

Page 34
Fatigue – notion d’endommagement

On peut tracer les déformations


maxi et mini en fonction du
nombre (réduit) de cycles
η=n/nu. On obtient les courbes
en S déjà décrite. En phase II, il
a été montré que la déformation
maxi suivait une loi :

B
dε max  nu 
=  
C’est la relation de Sparks & Menzies. dn  A

L’affaiblissement du module est caractérisé par un facteur d’endommagement D


(variant entre 0 pour le matériau sain et 1) tel que :

ED = [1 − D ] ⋅ E0

Page 35

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