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veauce raul~ d dé cOrn
d us façons synonymes e esigner l'o uve Pris
comme edes possibles, la liberté devient un dynrtu~e SUr
le champ s ce qui rend possible la libération. Laarnl,lSllle,
et le (emp d l ' ffj Ibe... ·
.:«: dans le mouvement et ans a ranchiss em 'le
s llllJ rme " EIJe est spontanéité ent Par
détermlOatlOns.
rapport aUX , d, . bl d et pr
, ' , Certes il seraIt eraisonna e e consid ' 0-
ductlvlte, , " d d' erer 1
'be ' ornme la pure negatlon es etermi nisme cl a
li rte c ..... l' SOnt
, ns - et nous-memes, quoi que on fasse
nos acno , 1 l '
le résultat; mais ce a e serait en core l'II
- SOn
t
en un sens " " .r Us de
ne pas voir que la hberte est avant tout crea/Ive , . A part'
nnë elle invenre sans cesse et, de m anière imp reV ~r
, j. l
du d0 ,
sible, fait du neuf. , . " "
Aussi est-ce dans IlnJ/an/ qu ~xISte la b berre, faisant de LA LIBERTÉ EN Q UESTION
h que acte une rupture potentielle par rapPOrt à Ce .
ca " qUI
le précède, et le surglssem~t ~ ~n,com~encemenr radical.
Cette temporalité morcelee, lib érée (grace au pardon) du
fardeau des actes accomplis et parfois regrettés, est le cadr
de l'avènement d 'actions or iginales qui SOnt des événemen/J~
Cette importance accordée au futur et à l'instant éloigne
la fatalité et le pessimisme, au profit d e l'espoir, et donne
tout leur sens à la conversion et au m iracle. Grâce à la "! J,":" ,
"
' ''';'~
liberté en effet, à l'instant le plus inattendu, chacun
- même le criminel le plus endurci - peut en droit se
détourner du pire pour faire sien le m eille ur ; ou inverse-
ment . Là est l'ambiguïté de la liberté. Mais dans tous les
cas, la liberté donne l'initiative à l'homme, et peut faire
de tout acte, comme le dit Hannah Arendt, « quelque
chose à quoi on ne pouvait pas s'attendre », et de tour
homme « un commencement et un commenceur » (Qu'el/-
a qu, la libertl ?, p. 222).
Les ~ébats qu 'elle suscite - et l'aspect non conclusif de
ceux-ci - relèvent donc de la nature même de la liberté
qui,. se posant cancre ce qui la limite, s'affirme cancre ses
rem,lses en cause et les soupçons récurrents qu'elle inspire,
" ~ est cette possibilité d'enchère dialectique infatigable
qul .est, en somme, la liberté .. (Jankélévitch, Le j e-ne-JtlÎj'
lfIlDt..·, op. CIl., p. 19). La liberté est dans la lutte.
LA BOÉTIE
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LA LIBER TÉ EH QUE ST ION
LA BOET IE
50 51
LA LIBERTÉ EN QUEST ION
KA NT
,
t que l'on peut tenir toUS les états qui s'en ' hil hes de l'Antiquité (l' école epICU-
cepend an . 'eff d" sUlven fait qu e tOUS ~es) P 1 OStO~us forcés d 'admenre, pour expli-
consécution qUI s e recrue apr ès de simpl t
pour une . l' l ' es 10' tee se son . '
d e 1a
nacure. Mais, pUIsque par a e POUVOIC de comm IS rien ne eXceP d onde un p rem ier moteur, c est -
, ie d ans 1e temps a été encet 1 ouv ements u m , " ,
, fait par soi-même une sene quer es m librement agissante qUI a inaugure en
cout a ~ 'l ' d ,. proUvé
f is (quand bien meme 1 n a pas
une 101 .
onne heu à Un "
' d c:: e saisI à-di r~ une c,~~tee_a:ême cette série d 'états, D e fait n 'ont-Ils
lai ) il nous est désormats permIs e raire commen e premIer et d • ' d e la simple nature d e rend re
c aue , " d . d cer par as eu J'audace a parti r,
-mêmes diverses senes, u POInt e vue de la cau li P
eIles d d d' ib Sa Ite êh
compre ensi
'ble un premier commen cement.
au milieu du courds, u. monl .ebet , aMtt~1 uer à leurs subs~
tan ces un pouvoir
.
agir par 1 erre. aIS qu'on ne se l '
al d " alSSe Remarque sur
l'antit hèse. - Cel ui qui ass ume la
. '
as arrêter iCI par un m enten U qUI conSIsterait à c ' déf de la toute-puissance de la nat ure (p h ys iocrat ie
P " , , 'f roue elense . d d e 1a d oc t rr. ne
que, comme une sene a caract ère sUC.ceSSI ne peut avoirdans en prenant le contre-pie
transcen d an tale) ,
le monde un commencement premIer ~ue par comparaison de la liberté pourrait argum enter de la façon s U lv~.n te
(puisqu'en tout état de cause Il y a toujours dans le mond raisonnements sop hist iq ues de cet te derni ère .
un état antécédent des choses), nul commencement ab e contre les . .
Si vous n'admettez pas dans le m ond e de te rme q UI Sa lt
lurnenr premier des séries ne serait possible durant le cou-, mathématiquement premier dans l' ordre d u te mps, vo u~
du monde. En C' rait, nous ne parl ons pas ICI ' i d u commencurs.
, ez pas non plus besoi n de rech erch er u n terme q UI
ment absolument ~r~mi~r rel.ativement au temps, mais p:r n av
soit dynamiquement premier dans l'o rdre de la ca usa He,
l' ,
rapport à la causalité. SI mamtenant (par exemple) je me Qui vous a ordonné d'imag iner un état abso lume nt p re-
lève de mon siège en toute liberté et sans qu'intervienne mier du monde, et par conséq uent u n co m me nce me nt
l'influence, qui détermine avec nécessité, des causes natu. absolu de la série au cours de laq uelle se succède nt les
relIes, alors , à la faveur de cet événement qu 'accornps, phénomènes et, pour que vou s pui ssiez procure r à votre
gnenr ses conséquences naturelles à l'infini, commence imagination un point où ell e se r~p o s e , d 'imposer des
absolument une nouvelle série, bien que, relativement au limites à la nature sans bo rn es ? Etant don né que les
temps, cet événement soit seulement le prolongement substances ont de tour temps été dans le m on d e, ou du
d'une série antécédente. Car cette décision et cet acte ne moins que l'unité de l'expérience ren d nécessaire une
sont nullement inscrits dans la succession des simples telle supposition, il n'y a pas de diffi culté à ad me t tre
effets naturels et ils n 'en constituent pas un simple pro- aussi que le changement de leurs éta ts, c'est-à-d ire une
longement ; au contraire, les causes déterminantes de la série de leurs changements, aurait exi sté de to ut tem p s,
nature cessent totalement de jouer, dans la série, en et par conséquent que nul prem ier co m m e n cem e nt
amont par rapport à cet événement, qui cerces leur suc- n'aurait besoin d'être recherché, ni d u point de vue
cède, mais n 'en résulte pas - ce pourquoi il faut le dési- mathématique ni du point de vue dynamique. La pos-
gner comme un commencement absolument premier sibili~é d'une telle dérivation infinie , sans position d'un
d'une série de phénomènes, non pas certes relativement premier terme par rapport auquel tour le reste ne fait
au temps , mais cependant par rapport à la causalité. que .s':~s~ivr~, ne se peut rendre compréhensible comme
POSSI~I.ltte meme. Mais si vous voulez pour cela écarter
Une confirmation du besoin qu'éprouve la raison de,se c~~ enigmes de la nature, vous vous verrez contraints
référer, dans la série des causes naturelles, à un premier d ecarter beaucoup de propriétés synthétiques fondamen-
tales (forces fondamentales) que vous pouvez tout aussi
commencement libre saute très clairement aux yeux dans le
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LA li BERT É EN QU EST ION
BERGSON
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LA LIBE RTÉ EN QUEST I ON
BERGSON
Il • vil! -mrn nt lnrr lui. ill , ,." dar" 1,. Imll. I)'II/ If" l'''' ,
drl mil . fl lluriofl r I l'Il '" ln- q d:tm Il' rf"~ ll r,J , III trI"'l d,. I n l' .
'111 1'111' fr 1f"f' jr v il (Ilrnm r ,i.
~' ''''hilllf' rnC' ftw l'prllllv r III
1U lion Cil Il''1111 omm" /orm Jd) rlé d'autrui n IdJld., J1. ~ 17 ),
v (J j cu v Il llIili u du ruond " Hl (J' urr l'"rl , 1 lib r l é dt'
(ibid" p. ~ H H ) , ' l/ UI le n'~ ~ rd l'llll ~ r.e " . 111'1/11, ( U V qu{" ., j
SAI 'l'RE onlllÎpré. clI1 d 'uurru]•• jf' " ,ii ( ~tl'I\I\ LI lI~ rf~ r <.rl lt llhjcuiv •
Cil C'~d il VU/{I" " Uhitl. , p, ' 1tl), I/ I/U : u la 1il>rrr f r""' t'IIt1 111/1
puilqllr ( r rlC' lih rrl ~ ' Illi mt' fi' , , "m pl/' /'l (ail rt'rll tr r d ll ", lu li.
~ rde fi it dt' mo ; lin l impl/' oh· ruari'JN Ir \ Iimirr. ",(,jl lt llhl('. ,
L PRO L 'M D LA lB R D'AU UI
1 1. m Ù 1 rrninc, rn'uurlbu e r 1 rn hoi, i, . n d' rre Iibc:rtt li.
ou I I I trU(;I t-r .., L li b n é m ilét' pllr ht lib 're f J l' urre "
Surlrr, I.'fllrul Ir Nlilll l ( 1 ~tl 3),
d'sutru] NI l' " klliémuiull \ublile (IIJld,, p, ~ H H ) , Lu lrall" 'nJ il''''
' llIu l l'jl-mr purr i«, dlllp, J,
dt LOUle 1 1I C~ plia ihililé. n , Ht 1fU ll'tl' ll d c rC'I I' WOIIl transccn-
• J. ih"rt ~ t:l 1111 rid r ~ : 1• •ituulio ll " ,
"Ylllél ri q ucrneru , .. dè" l o r~ ' Illt' dillll e ,
D, u Ml)" proehuin ", v nllim rd, 1 9t1 ~ , l' , 'R J · ~Htl , j't'KIm -, j'éIUbl i. 1I11/' limltr- dr 1..(' probl ~m t' dt 1:, I jb C'rl ~ d'au.
D ns le ~ r ncl rr 1[6 ~ ll r ln I Îb('rr ~ [..,1 le ~C nft du monde: lul I t f lr ln lihr rr6 d' Autrui, j(~ rfl lt l'till du", I.'fl.lr! II 1, Ntant n
qu 'est 1.'~/rt " 1, Niant, S rm alil,,1 ~ U!Jid,, l" '77), m - c cr lirnir er chacun d m doit-il ~ . in virsblernem ' UI-
pose plusleun repri.e. le 1" 0· nièr« }.( n érnl c donc, J'hom m , pro j r rr c C rce lirnir autour ch r une réflexion sur le.
blême d' urrui. Pour lui, ce n'est défi ni comrn liberté, doit f ire: Je l'Autre " (ibid" p, 4(,0), pOllibilitt3 Jt' ~ lllld li r cette li·
p tallt l'cxilll:ncc de: J'uUlre 'lui fac:c 1 un l'Clcf/i
(t c.:iem propr - AUl rui n:pré. IIlc-l·il ulot la li- bene: avct' Iii miellllc, t 'cl r· -J irc:
fi II problème, m IÎl 1t' fllÎI 'Ille, melll humllif\ d'nJvcrsilf .., ~Juj mite j nd épa ~ ablt' dt' II1U lihcrté l};lcr 1I11t' rfOcx joll
Cil };! la fui l
tout w mmc moi, il soit un li· r(o~ ult e dt III l~r611c rK t' d !l (lutre: , ef lu négalion rudkul dt 011 IIh· poliriquc cl nlllrlllc )
berc~ , !;j l'cxili(cmt· d'uutrui !l'nffi rme
Autru i fi ie cJ 'cmbl ée p rt;e d d'c:JJC'·m mt' comme IIne: néces-
l'ordre du d onn ~ , et s' flirme sÎré de fi it d n 1 rnpport fon- pporc un limiee d fnic m
comme une scructure de 1 . itua- dam nt 1de MoÎ ~ l'Alit re - li 1 ffJ t, par 1 surgi semene cl l'Aucre
tion 1 qud le lu réul ité humaine Co}.( i(() de: l'exiJtcnce d'uu t rui c: pparaiss ne c rrain s cl c rminution que je JUil n!I 1 5
le trouve w nfromée, Chlt<:u n elt c:onfolltl II V!:I.: mon propre: ' 0 - voir cha i i , M voi i, n Œe, J uif ou Ary n, b u ou
IOlljlJlm déjà plooSé dans un 8 ico .. (ihid,. l' , 297) - , s'affi rme
mondé de s i ~ n; lÎcn ri ona 'I Ut les aussi du m ~ m c wur ~a liberté, laid, manchot , te, Tour c l , je 1 sui pOlir l'autre, an
utre. ont fixées pOlir lui, et qlli Alors, " l'ori,l( in du proh l ~m e
pair d 'appr h nd r c sens que j'ni dehors ni plus forr
lont donc indépendances de son de l'exisrent'e d'a utru i, jl y il une raison de 1 modifi r, L l an~ g s ul m' ppr odra c que
choix. Si l'homme est libre, il elr présupposit ion fondament ale : j suis; ncor ne ra-c j m is que comm ob je~ d'i nc n-
UlSi "en (;ondition ", el la si- auerui, en d'fee. ('es t l' tllllre. cion vid : l'inruicion m' n se jamais r fus . SI ma ~ac
tWltion est le rapport de cene c'est-ll·dire le moi yuÎ n'esl pas ou mon aspect physiqu n '~r ir qu'un i~ag .. n A~r~1 o,u
çondition à lin 1iberré. Dans la moi " (ihid,, p, 27~ ). Autrui est
mesure où « le pour-soi surs it aussi libre que moi : Autrui n'est
l'opinion d'Autrui sur moi nous en u~ nons roc ,fi ni , mal
dan. un monde qui est un donc pas un pur en-soi, et 1 Moi [...] il s'ag it de carnctèr s objecrï,fs qUI ,m définrssenr dans
monde pour d'autres pour-soi, n'est plu seulement pour-Joi, mon tr pour autrui; d~s qu une liberté aucre que la
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lA LIBER tE EN QUESTION
tque vou 01' la nature de laa lib ' ue j'ai choisies. Et, certes, cette assornp non meme est a re-
liberté ne pourrai. 1 erre, car il q ., Il . ,
'1 ' partlent pas a ~ '1 ne'e , elle a son de hors, mais c est par e e que Je peux eprouver
pourtant, .1 .0 dap nature . d' al'lleurs , y en eur -i une, on ne
mon êt re-de hors comme dehors.
n'y a pas ICI e . '. l'existen ce des autres est un
. l' d 'dUIre puisque d
pourrait en e . t . mais venir au mon e comme
. ., ment contlOgen , d 1"
fait ennere
, C des autres c ,est venir au mon e com m e a le~
liberte en race . lib " est choisir d'être d ans ce monde-
nable. Si se voulOir 1 cel c. qui se veut tel voudra aussi la
ci en face des autres , ce UI
Passion .de sa. liberté. ~
La situanon a renee, 1'" d'autre part, et , mon propre , etre-
ali. ,éné, ne sont pas a b J'ectivement déceles et d constates
. par
mm. . en premier . l'leu,
. en effet ' nous venons
. e VOIr que,l'. par
. '. t ce qui est aliéné n'existe que pour autre.
pnnClpe, cou . A Ile érai
M aIS,. outre une pure constatation, SI meme e e etait
en , Ffi '
pOSSI
'ble , serait insuffisante .Je ne puis, en e et,
A l ' éprouver cette
aliénation sans, du même coup, reconnaître aut,re comme
transcendance. Et cette reconnaissance, nous 1 avons vu,
n'aurait aucun sens, si elle n'était libre reconnaissance de la
liberté d'autrui. Par cette reconnaissance libre d'autrui à tra-
vers l'épreuve que je fais de mon aliénation, j'assume mon
être-pour-autrui , quel qu 'il puisse être, et je l'assume pr~
cisémenr parce qu 'il est mon trait d 'union avec autrui.
Ainsi, je ne pu is saisir autrui comme libert é que dans le
libre projet de le saisir comme tel (il reste, en effet, toujours
possible que je saisisse librement autrui comme objet) et le
libre projet de reconnaissance d 'autrui ne se distingue pas de
la libre assomption de mon être-pour-autrui. Voici donc
que ma liberté, en quelque SOrte, récupère ses propres
limites car je ne puis me saisir com m e limité p ar autrui
qu :en ta?t qu'autrui existe pour moi et je ne puis faire
qu aurrur exisre pour moi comme subjectivité reconnue
qu 'en assumant ~on être-pour-autrui. Il n'y a pas de ce rcle :
~als par .la lt.bre assomption de cet êt re-alié né que
J eprouve, le fais soudain que la transcendance d 'autrui
exrsre pour moi en tant que telle. (...} Ainsi , la liberté de
67
66
;. ......
Il
•
f VI
1
PLATON
'.
i• LE MYTHE DE LA LIBERTÉ
.i
( Platon, LJ RipNbliq"f, livre X , 6 17d -62Ck,
{
rrad. R. Baccou , GF·Fl ammarion, 1966. p . 382-3 8.5.
!
i
liberré t'sr l'nf- chaînes, con rrn ue il su bir les eF-
f Pour PIaron, la . d
J,, ro ire dt." l'lime st'u/e, c~ r It' ~orps , f~rs il long rerrne dt' sa servrru . e.
. nr r ien r irreméd la ble- C l'sr Ct' qu e monrre le dernier
1UI , app ' d ' 1oppemenr d u l IVre' X de L6
, _
1 menr au dom aine d e la neces-
. , Dans le pO/don, pour i/Jus-
eve
RIpJlb/iqut. Dans ce passage,
,.r" ttet site.
le rapporr com plexe de l 'âm e ap~ès avOl~.
. dé " l"
montre rm rnor-
•1
er du corps, Placon uri lise ta/lfé d e 1ame, Socrate amène
1 l'image d 'un «em prisonne- G/au con à considérer les cens é-
f rnenr » : « c 'es t une chast', dit-il , quences d e la justice et de l'i n -
, l
l que connaissenr bien ceux qui ju sri ce pendan c la vie, du poi nr
aspirenr à apprendre : au mo- de vue des hom mes, ec après la
i
!
menr où la philosophie a pris
possession de leur âme, e/Je érair,
rnorr, du poinr de vu e des dieux.
C'est là qu 'inrervienr le m yrhe
i cerre âme, rour bonnemenr en- d'Er le Pamphyl ien - myrhe
chaînée à l'inrérieur d 'un corps, qu 'on interprétera comme l'éca-
1 agrippée à lui, con rrai n re aussi
d 'examiner rous les êtres à rra-
blissement de la li becré origi-
naire,
1 vers lui comme à travers les bar- 'R even u à la vie douze jou rs après
reaux d 'une prison au lieu de le
fairt' elle-même et par elle
avoir été ru é dans une bacaille
Er esr en mesure de raconrer 1;
1 seule » (82e). Cette siruation
se~ble inexrricable, car « ce
voyage pau morrem des âmes. Les
âmes [ustes monrenr vers le ciel,
ARISTO TE
VII
Le second fair appel à la morale peuvent do nc être qu 'indéter-
ARISTOTE mi nées.
com m une.
L'hyp othèse de la nécessi té des Le secon d aspect de la réfutation
futurs est d 'abord une absurdité, aristotélicienne d u fatalis me lo-
LA CONTINGENCE au sens où elle relève d 'une er- gique repose sur la p rise en
reur de raisonnement. La log ique con sidération des conséq uences
Aristote De /'" n 'est pas une sp hère in dép en - d 'u ne celle concep tio n d u fu tu r.
chap. IX, « L'opposit ion des fu~u tnte:Prétafioll Selon cette dern ière en effet,
. rs ContJnge • da nt e de la réalité; elle doit au
rrad . J . Tri cor, Vrin , 1989 nts . , contrai re s'y confo rme r po ur pré - pour laq uelle to ut ce qui sera
C' T d' . ,dl' , ' p. 95-103 tendre à un e quelco nque vali- do it être de toute éte rn ité , l'ac-
,est a~ "" leu ~ n dtrall;Oe e 0 - p n nc rps de COntradiction ' '
grque rarsanr parti e e rganon p liq ue a ux pro '. Sap_ dit é, Pour A ristote, « les p ropo - ti on humain e n 'aurait plus de
qu 'A risrore
' re'fiure 1e fatalism
c: '
e Iières po rtan r suPOSitIOns
1 fu singu- sitions so nt vraies en tant sens, puisque le destin ne lu i fe-
lozi , bli
oglque er era rr que e monde 1 puyanr su r la »Ô»
r •
e rur S'ap- qu'elles se conform enr aux rait aucune pl ace : « En vertu de
cr. . h
d es arrarres umames est un ' ven te forrn II choses mêmes " . Aussi est-i l ra- ce raisonnement [seul est pos-
sel on laquelle A ee
' , ne peut pas
ê
dicalement di fférent de dire que sible ou bien ce qui est vrai ou ce
mond e contingent. Traitant des A er non-A en . rre
' d m~e~pk « tout être, quand il est, est né- q ui sera vrai ; tout ce qui ne sera
Jugements et es propositions , le Mégariq ues sou rie ' ,s
, , DI" .L · d nne ne que S'II cessairement, et [...} dire, d 'une pas est im possible}, il n 'y aurait
traire e mterpr(tatfon oit faire esr vrai de dire q ue A 'l ' "
face u br d' est, 1 etait manière absolue, qu 'il est néces- plus ni à délibérer, ni à se donner
a pro eme une extension vrai de maniè re absol "
sairement ». Il faut bien s'en- de la peine. » C'est ce qu 'on
ab~sive des raisonnements de la dire d e rour te mps dued' : est-a-
logi d ' , e Ire que tendre sur le sens de la nécess ité : appellera l' « arg um ent pares-
gue au omame prarique. A sera Il y aurai t d 1 dans un cas, il s'agit de la simple seux » , dont Cic éron donne un
Même s'il étudie avec pré ' , '" ~ , onc, se on
la Jo ' d '1 CISlOn eux , un e necessite retrospective reconnaissance d'une nécessité exemple, dans son Traité dll des-
gique, ont 1 est le prerni d l' .
à défin' Ei' rer e exrsrence de A. Dans cette conditionnelle qui . prend en tin (X II, 28) : « Si ton destin est
Ir et. o~mahser les termes perspeerive on déd ui t de A sa compte l'existence des êtres , de guérir de cette maladie, tu
et 1es pCInClpes Arisro écess i "
montre at 'f" te se n cessire presenre er indé niable, alors que, dans le second , on au - guériras, que tu aies appelé ou
renn a ne pas . . , r.
rait affaire à une nécessité absolue.
confondre la hè d d' ma rs aUSSI sa n écessit é rurure, non le médecin; de m ême, si ton
régie par le sP, " u iscours, Toure affirmarion ou négation Ce que montre Aristote, c'est destin est de n 'en pas guérir, tu
pnnClpe de contra " ~ d que la nécessité de l'alternative
diction et le d ' - amsi conçue revee onc une por- ne guériras pas, que tu aies ap-
"
nons humaine Car omame des ac - r ' l '
ee onro ogrque, pursqu . ,eIl e ne ne doit pas être confondue avec pel é ou non le médecin; or ton
mOntre le chs, , ' comme le se conrenre pas de décrire une la nécessité des membres isolés destin est l'un ou l'autre ; il ne
, apme IX de c ' l' é " , .- de cette alternative. A insi , convient donc pas d 'appeler le
tralté, la confus' d e rea Ir , mais Impose la pensee
Ion e ces deux d' d . " " t « chaque chose est 011 n 'est pas , médecin . " On voit bien que cet
ord res de choses ' un esnn inh érent aux evene- !
f i '
1 me, c est-à-dir'
mene au
' fata
. - me d '
nrs et au iscours qw es an- ~ , l ' sera 011 ne sera pas » . Ce qu 'il argument « est tel que, si nous
, e a un neceSSlta 1 1 montre auss i, c'est qu 'on ne peut l 'admettions, nous resterions,
ClSme qui exclUt . - noncenr en les énonçant. De a i
· tOUte bben ' ,
h umaJne. e sone, er c'est là la conséquence . pas énoncer ind ifférem m ent des toute notre vie , dans une
Ce Sont Diodore et 1 . discutée par Aristote, l'indéter· Propos itions affirma t ives ou né- com plète inac ti on " .
de Mégare qui oneeS ~op~lstes mination des futurs est niée. La gatives sur les choses futures Mais plus fondamentalement
d comme on peut le faire sur des
cerre hYPOthèse et fi ' eve oppé libené humaine devient dès lors qu'une démonstration d 'un vice
le~r conception d d al~ reposer impensable. 1 réalités présences. La logique for- de la pensée logique et qu 'une
ralso
, nnements (app
u eStJn sur d A '
es nsrore utilise deux argumentS i
i melle ne peut pas faire l'écono- réfutation par les conséquences,
l oglques Co aremment) Fu 1 mie de la prise en compte du
. mme l'ex ' pour ré ter ce fatalisme O· le chapitre IX du traité De l'in-
tOte dans l ' POse ACIS- ' . d temps. Les propositions portant terprétation présente une démons-
gra h es SIX premiers glq.ue. Le premier relève du 0-
P es du texte Po para- mame de la logique et repose sur des événements futurs _ tration de la contingence, et peut
, ur eux l ' n'ayant pas encore eu lieu - ne
,e sur une conception de la vérité. être lu , à ce titre, comme la mise
76 n
LES "ANIFESTAflONS OE LA LIBERTÉ 1
ARIIT OTE
AR I STOTE
manière indétermin ée ou par l'effet du h
Y a hasard, J'1 n 'y a pas necessire. ,. , asard ' Ca r l'a Où ' .
Il n'est pas non plus possible de p ré te nd I/. n'est pas le fait d 'avoir été affirmés ou niés qui fera les évé-
marion, ni la négation ne sonr vraies q u'on re q Ue ni j'aFi/i nements se réaliser ou non, quand bien même on les aurait
, , .' ne peu r, annoncés dix milIe ans à l'avance ou à n'importe q uel autre
par exemple de tel evenement rn qu'il se ré l ' r pas die
ne se rea , l'rsera pas. D 'a b or d , 1'1 en résulterai ta Jsera' ,nI. qU'ilt moment. Il en résulte que si, de tout temps, les choses se
, erarr" faussev Iaa nnegarron
é , ne serait pas qUe " S I j'adi c. . comportaie nt de telle façon qu e l'un e des propositions
manon rausse, c cont radictoires fût conforme à la vérité, il étai t nécessaire
SI,. a, son tour, ce Ile- ci" e rarr . rausse,
fausse. J' affirmatJ'o vraIe' et que '
n POur' , qu 'elle se réalisât ; et l'ensemble des événements s'est tou-
pas être vraie. En second lieu , supposons qu 'il ' rait nt , jours [dans J'hypothèse] déroulé de façon à arriver nécessai-
dire qu 'une chose est à la fois blanche et g rand s~Jt vrai de rement. Car ce dont on a d it avec vérité qu'il sera ne peut
qua1Ires · , d oivenr ' 1"UI appartenrr nécessaireme e . lces ' cleux . manquer de se réaliser: et ce qui est arrivé, il était toujours
, "1 . fifi
l autre ; et s u esr vrai a rrner qu 'elles lui app ' une et ,. vrai de dire qu'il se réaliserait.
d ' nt
82 83
LES , Ifnr TlO S DE LA U I Hrt
LUCR t Cl
(DJaro la -hore qui I~" .em porte, en 'en~ de leur flOid . ' cout m li ernenr ' n h an to ujo u rs.
tout d roit À trll\-ers I~ vide . en un temps mdéci . Enfin" 'cs d' u n n -ien un urre n Î t n ordre fi
. i t~uJou d ' lin . on 1 tome ' ne p~n nene ,
en . li~w: indâ.-i-, I~ arorn d évien t un ~u ;
r 1 ~l~ 1 ~ ec ou m ne q ui brise le loi du de ti n
iusre de quoi dire q oe Il" mou ment r modifié , l'initl 1tl " t' 1un rn d e e uce e t ' l'infi ni,
~ déclinai. on . {OU , com me gouttes de pluie nN-'he e u .
et ernpe- 1 rerre d 'où iene u. rre 1 nt ,
rom~~nt de haut en dan le vide infini, ' l libre , r toUd~ , cet~ volonté ar chée w de tin
Enrre eœ n ull e rencontre. nul choc ible, I d' LI Vient 1 -je, l ' '
r ~l • r d 'aller où nou cond u it notre P Ir
u narure n 'surai r donc jarnai rien créé. 1 UI no u perme
.l q d'i L1 .J:- hir nou au i nos mou ernent .
iÙS. si l'on pffise que les romes 1 . plu lourd. I et mnec i e ri tm Ii fi és
\ non . en un m oment na en un leu · . ~
AfWlt en Ji ne droite plus ire ' travers le vid e, l ' . N'nt l'ineeneion de notre eu l espn t .
rombmt ur 1t"S plu légers et produisent .n i 1 rn s SUI"" ine 1 volo nt é d e c h cun
dom d'Il
~ chocs à l'orig ine des mouvements créate urs, ' Car' dené ce
1 · "
idem mene l'inir i r ive et c' e t a p rrrr e e
on s'ëcsrre bien loin du raisonnement vrai. 1 prenl mou eme nes se d istribuent dans le corps.
Tour ce qui combe t vers ronde ou l'air subtil
â que e, nlt <: q u 'à l'i nstant où s'ouv rent les stalles
doit accélérer chure â proportion de on poids, 1, 1 edés' vms-t u r - •
l e Ir des ch evaux n'arrive pas à s élancer . ~
parce que le corps de l'eau et la t ure ténue de l'ai r I. uss i i re q uï l se forme dans leur esprit , ,
ne peuvent recarder également toutes les choses f ~ coure 1 m e de m cière dans ro~ganlsme
mais plus vire cèdent ux plus lourdes, vaincus, i doit être m ise en branle à travers les divers ~emb.res
uUe parr au com 're, à nul moment, .
! et suiv re d 'un commun effort l'intention de 1espnr.
le vide ne saurai t exister sous un co rps insi, ois-ru, la source du mouvement est le cœur,
qu 'il ne lui cède ussi rôc, comme le eut sa nature. 1 c'est de la volonté qu 'il procède tour d 'a?<>rd, ,
Ainsi rous les atomes doivent-ils dans le vid e inert e pui s il se com m u niq ue à l'ensemble de l'organisme.
aller à vitesse égale malgré leurs poids iné ux, t Rien de tel lorsq ue nous avan çons, poussés .
Jamais donc les plus lourds ne pourrom rornber d 'en ur l par une force étrangère, puissante et contrargnante.
sur les plus légers ni produire d 'eux-mêmes les chocs Dans ce cas , en effet, toute la m rière de notre corps
qui som ' l'origi ne des mouvements d ivers se trouve évidemment entraînée malgré nous
• e auxquels la nature accomplit son œuvre . jusqu' à ce que la volonté la freine en rous nos membres.
Oui , encore une fois, il faut que les arornes Comprends-ru maintenant ? Bien qu'une force externe
~t un peu. d 'un minimum, pas davantage, souvent nous pousse et nous fasse avancer malgré nous,
~ nous n'inventerons pas des mouvements ravis, précipités, quelque chose en notre poitrine
obliques démentis par la réalité. a le pouvoir de combattre et de résister.
Car, nous ~e voyons bien, c'est un fait d 'expérience : C'est à son arbitre que route la matière
;: chute ~ ,les ~orps pesan ts ne peuvent d 'eux-mêmes doit aussi se plier dans le corps et les membres
~~Ir a 1oblique de façon perceptible. se laisser refréner, ramener au repos.
~ qu Ils ne dévient nulleme nt de la verticale, Il faur donc reconnaître que les atomes aussi,
qUJ de soi-même pourrait donc s'en apercevoir ? OUtre les chocs et le poids, possèdent en eux-mêmes
une cause motrice d 'où nous vient ce pouvoir
85
LES I1AN1FEITAlIOIiS DE LA LI BEUÉ
HUilE
la vie courant e des hommes est m ain e d es choses et des événe- 1 fait que la seule idé e de nécessité semblables et (. ..) l'inf érence, q ui
r~gie par une nécessité qu e ceux- rnents naturels, Il n 'y a pas de 1 et de causalité que nous puis- en résul te , d 'un ob jet à l'au tre"
CI ne pensent même pas à mettre saut d 'un domaine à l'autre. 1 sions avoir « naît entièrement de (ibid., p . 151), il est clair q ue les
en question, mais ~ue. pour.tam , L'opposition entre la nécessité el l'observat ion d 'une un iformité acti ons doivent être considérées
du point de vue th éoriqu e, ils se la liberté est un malentendu, dans les opé rations de la nature com me nécessaires par rapport
r~fusem tous ~ adm:ttre, La sec- dans la mesure où, pour Hume, 1 où des obj ets sem b lables sont aux m ot ifs et au caractère de
l'agent, et aux circonsta nces de
n on VlII de 1 Enquete sur l'enten- c'est à un problème de définition 1\ constamment conj oint s les uns
évid ' aux autres, et l'esprit détermin é l'action, Comme le pr écise alors
dement
,
humain met en
' 1 ence ce que se resume le pro blê
erne me-
par acco ut umance à in férer l'u n la premi ère note du texte, ce
1
r
decalage
des ns
em re d'une part ce qu e
,pens,em de la nécessit é et
e a Ilbecre - les philos ophes
h ' ib
tap ysique de la li erre. 1 '
différents philosophes s'enten-
d aient
'
S' les
phil' spécuhHive qui se veut être sië me purug rnphe du texte " i ~. t
' .t
sente l es rro rs g runues étapes d ~
"'o. , lre > : ce qui imp lique qu e dron montre en effet que III vo-
tout à la fois le reflet du proces- toi ' ,
sus spirituel et son l1(h ~vement. l'~V(Jlllti(Jn de III compréhensi t Jr po
ur Hegel. u d es con u ne n rs en-
1'0 "
lonté est d 'abord i l/dillrn" n.
de 1n lib 1 erre. i. L'Iusrurre
" unive011r , rs , l'Afrique ct, rient,• Il ont (c'es t la ~ liberté du vide » ), puis
Ln phénoménologie de l'~sprit sc {lC
jnnl il is t' li cette Idée [de liberté] "'/trmil/k , er enfi n I1I1/odlttrminit .
donn e comme ln chronique nt- selle est d onc l'hi stoire d 'un rn , f
lenrendu, cnr ln liberté n'est n i ~' l cr 11 (' l'ont pas encore • (RI/ cyr/a- Dans (l' d ern ier moment du d é-
renr ive et rornlis nre de l' érn n- pldit , § 4H2) - , cl ics ~t'uvent veloppern enr dialectique de la
cipatÎon J e l'esprit par m,ppo~t li liberté d 'un seul. ni ln liberté da J
aussi erre con sid ~récs, à 1 échelle volonté libre - qu i est aussi le
rour Cl' q ui n'est p s lUI , C est qu elqu es-un s, elle est celle dee ~
de l'in dividu , comme des ~tn~s but de l'histoire universelte s-,
pourquoi l'esprit, ct ln liberté l'h omm e en ~é néra l. Pour les " de l'évolut ion de ln personnalité ~ 1 li~rt é consiste (...) à vouloir
qu i en est ln substancr , sont d é- Orientaux. lu liberté est nbsolue [, (tige intilnti le, lige vir il, âge quelque chose d e d éte rrru n é,
finis essent iellernenr comme ac- mais c'es t la libert é d'un seul : ~ ma t). Er J 'un point de vue psy- sans cesser d'être au p rès de soi
Iillill. Comme le dit ln Pfi/net dl' le ty r 10 , Pour le mond e gréeo: ~ cholog iq ue. on peut considérer J ans CCU l' d ërerm iniré et en
LA Phlnomlnologit dt t'apri) , romnin, ln libert é st conçUe r qu'II Y n des deg rés dans la 1i- reven nt de neuve u à ['un i-
.. l'e prit ne l' trouve jnrnnis de rnunière nristocrarique : CCtt~ t berté de ln volonté. L'lmrodurlion verset " .
cl ns un état Je rcpo , m lis il est k ilt lilltffll (I ll lib rrë étililluc) e t ~. des PrillCÎpti d, Id philosophi, du
toujours emporté dan un mou - (e lle des hommes libres, que Ce t
vernenr indéfinimen t progres- soit pnr ln nnissnncc ou par III sa, t [Ln n ru r de (' fi pri t se 1 i se conn ît re P r son oppos é
sif » , À l'inverse dl' 1 mati ère gesse, Mai cette liberté ne peut ~
êcre qu ' ibsrrnite : d 'un e parr, les l exnC t, Nous opposon l' Esp rit 1 mati ère. De rnême que
qui ne peut êrre qu 'tI/ soi, l'esp rit
1.' t ppel é devenir pONr sai. Le maîtres dép ndenr, quant leur i 1 sub sr nc de ln m riëre est la pes nreur, de meme 1
but de son développement est de l'xi uence ,concrèt 1 de l eu ~s es- f. lib rc sc 1 ub sran c de l' Esp ric. Nous sommes cous
devenir elf« ti f, c'e t-t -d ire esprit claves. cl urr p i r t , ln liberté ~ imm édi acem nt conv incus qu'une des propriétés de l'Es-
libr«. 'c mouvemen t est un pro- tout intérieur e des stoïcien est [ prit sc la lib rr é ; m is 1 philo op hie nou montre que
cessus dialectiq ue pllr lequ el considérée plU H egel co m me ~. rout es les propri été d l' Esprit ne subsiscenc que grice 1
l'esprit se révèle lui-même " born ée ». Ce n'est donc que (: libert é, qu 'II ne sone to ue s que des moyen de 1 libert é,
comme esprit objectif et comme dans le mond e ger maniq ue que 1 que routes 1 r ch rchent r 1 prod uisent . Une de ' conn j -
liberté. Et, .. d~ lors qu e les in- peur se manifester , g râce RU
dividus et les peup les se sont une christ ianisme qui accord e A sances qu 'np] orte la philo op hie spécul ariv , c'est q u 1
foi repr ésent é le concept bs- l'homme comme tel une v leur t libert é esc l'unique v érir é de l' E prit . La m ti ère est pe nte
trai t de 1 liber té qui est pour infinie, ln libert é rendue effec- j dans la mesure où exi te en elle une rend nee vers le cenere.
elle-même, rien d'a utre ne pos- rive. L'effectivité complète et i Elle est essenri II m ne com ple e c et constit uée de p r-
sède cerre puiss nee invincible, idéale de III lib ert é est celle d 'une 1 ries s parées qui routes tend ne vers un cenere; il n'y donc
pr écisément parce q u'elle est libert é qui rég it in fim la sphère t pas d 'unité dan la m rière, Ell e t une juxt position
l'essence propre de l'esprit . er du droit . 'f
Il fnut noter q ue si les grandes
d' lérnenrs et cherche son unir é ; elle cherche donc on
comme son effect ivité même "
(Enryclop il des stimœs philoso- ères de la liberté correspondent 1 contraire er s'efforce de se dépasser ell -rnême. Si elle y r-
phiqNti en obrigi, § 482). ussi trois gro ndes aires géa- l ven ir, elle ne sera it plus m rière ; elle serait boli e com me
Mais avant d'~ [fe comprise dans gra phiques - la fin de LA Rai.loll t telle, Elle cend vers l'idéalité, car dans l'unité elle est idéelle.
route sa vérit é, la liberté se pré- da'IJ l'his/oi,., rapp elle qu e le so- L'Esprit u conr raire jus temenr en lui-même son cencre :
sente sous des formes inadé- leil se I~ve l'Ori ent . c'est- à-dire il cend lui aussi vers le cenr re - m is il esc lui -même ce
quates. C'C'St la nécessité int erne qu e .. l'hi scoire univ erselle va de
l'Est il l'Ouest . c r !'Europe est cencre. Il n' p s son unicé hors de lui, mais 1 crouve n
de ce développement qui consti-
tu e les différences époq ues de véritablem ent le terme de l'Asie, lui-même, Il esc en lui-même et demeure dans son propre
l' histoire universelle. Le rroi- le commencement de certe his' élémenr (!Jti Jieh). La m cière a sa substance en dehors d 'elle :
98 99
LEll1 AN lfE ST ATIOH I OE LA LI BE RTÉ
HEGEl
1
, l'Esprir est ce qu i dem eure dan s son propre él ' 1 , ourq uo i ils fur ent libres. Mais les G recs, tout com me
mars . 1 lib é ' ,
, en cela que consisre a 1 err , car SI Je suis dé
eenellt '
1 c~tp . 1
er c esr , ' ,
ie me rapporee a autre chose qUI n est pa s moi
pell. f
, ~ les R0 m a ins , savaIent seulement que quetqaes-uns . sont
danr, J h ' ' , et Je r lib non l'homme en tant q ue tel. Cela, Plaron et Arisror e
J res, , 1 G
ne pUlis exisrer sans cerre c ose exrerreure. " J e suis l'b î
J re t, l' raien t ; c 'est pourq uoI non seulement es recs ont eu
quan d je suis dans mon propre élément (bel !!Jl r)
, . (
l d~~~~c1aves don t dép en daient leu r vie ~t auss i l' existence de
Lorsque l'Esprit rend ve:s son pr?pre cen ere , Il tend à par- : belle liberté ; m ais encore leur liberr é elle-même fut
faire sa liberté, Si !.'on dir que 1 Esprit est , cela ,seenble t 1eur ' 'fié
fl eur périssabl e, bornée, contr. ngenre et a srg ru aussr.
d'abord signifier qu il est quelque chose de tout fait, Mais 1 une dure servi tude pour rou e ce qUI. est proprement humai umarn .
il est actif L'accivité esr son essence. Il est s?n p~o~re pro- I une " l iè .
C sont les nations germa711ques qUI, es prerru res, sont arrr -
duit , il est son commenceme~r er sa fin , S~ libert é n est pas . é:s par le ch ristian isme, à la conscience que l'homme en
une existence immobile, mars une n égation constante de 1 ;ant 'qu 'hom m e est libre, que la lib ert é sp.iri t uelle const itue
tour ce qui conteste la liberté. Se produire, se faire l'objet • raimenr sa nature propre. Cette conscience est apparue
de soi-même, se connaître soi-même : voilà l'acrivité de ~'abord dans la reli gion , dans la plus intim e région de
l'Esprit. C'est de cette manière qu 'il esr pour soi . Les choses l'esprit; mais réaliser ce 'principe .dans le mo~d~ profane,
naturelles ne sont pas pour elles-mêmes; c'est pourquoi fut une autre tâche, dont 1 accornplissemenr a eXIge un long,
elles ne sont pas libres. L'Esprit se produit et se réalise selon un pénible effare d 'éducation. Ainsi , par exemple, l'adop-
sa connaissance de lui-même; et il agit en sorte que ce qu 'il
sait de lui-même devienne une r éalit é. Ainsi tout se ramène .•
1 tion du christianisme n 'a pas entraîné immédiatement
l'abolition de l'esclavage; la liberr é n 'a pas aussitôt régné
à la conscience de soi de l'Esprit. Quand il sair qu'il est dans les États; les gouvernements et les constitutions n 'ont
libre, c'est cour autre chose que lorsqu 'il ne le sait pas, 1 pas été d 'emblée rationnellement organisés ou même fondés
Quand il ne le sait pas, il est esclave et satisfait de sa ser- sur le principe de liberté. C'est cette application du principe
vitude ; il ne sait pas que l'esclavage est contraire à sa aux affaires du monde, sa pénétration et les transformations
nature, C'est seulement l'expérience de la liberté qui libère qu 'il y apporte, qui constituent le long processus de l'his-
l'Esprit , bien qu 'en soi et pour soi il demeure toujours toire. J'ai déjà parlé de la différence qui existe entre le prin-
libre .] cipe comme tel et son application , c 'est-à-dire son introduc-
( ..,] tion et son accomplissement dans la réalité de l'esprit et de la
,D 'apr~ cerre définirion abstraite, on peut dire que l'his- • vie: c'est là un concept fondamental de notre science et il
torre unIverselle est la présentation de l'Esprir dans son faut s'en bien souvenir. La différence dont nous avons fait
effare pour acquérir le savoir de ce qu'il est en soi. Les Orien- état en anticipant quelque peu sur le principe chrétien où la
taux ne s~ve~r pas que l'Esprit ou l'homme en tant que rel liberté prend conscience d'elle-même, vaut aussi essentiel-
est en SOI -meme lib re, Parce qu "1 l '1 e
1 s ne e savent pas, 1 s n lement pour le principe de la liberté en général. L'histoire
Ie sone pas Ils ' ,
rb '. savent unIquement qu un seu! homme esr universelle est le progrès de la conscience de la liberté: c'est
1 re, MalS une telle lib " 'arbi b ar b anie,
' 1 erce n est qu ar irraire, ce progrès et sa nécessité interne que nous avons à recon-
abrutlSsemene
. de Ja pass.on . meme la douceur la doC!'1'Ité
' A naître ici .
cl es paSSIOns ap A ., ,
paran ICI comme un accident naturel comme En évoquant d 'une manière générale les différents degrés
que1que chose d' bi . ' ,
cl ar irrarre, - Cet Unique n 'est donc qu un de la connaissance de la liberté, j'ai dit que les Orientaux
espere et non un h lib L
conscienc cl , omme 1 re, un homme tour coure . a Ont su qu'un seul homme est libre, le monde grec et romain,
e e la lIberté s'est levée d'abord chez les Grecs, que quelques-uns SOnt libres tandis que nous savons, nous,
100
/01
LES MAN IFE STATIONS DE LA LI BERTÉ
- HABE RT
'
liberté et par consequent, l a rea' [iIre de sa l1'bert 'é, constituee Sa
ê III , § 2, PUF, 1994, p. 137· 144.
en général la Raison de l'Esprit et donc l~ destination d~ f D'un côté, le passé pèse de tout pai r avec celle de l' exp ér ience
son poids sur l' acre acco mpli, le dans laq uelle elle se manifeste.
monde spirituel. Or, dans la mesure où celui-ci est le monde
rendant objectif et nécessaire ; de En effet, « je ne sais rien de ma
substanciel auquel est su bord onné le monde physique, dans libe rté, si ce n'est qu 'elle n'est ja-
l'autre, chaq ue nouvelle act ion
la mesure où, pour parler sp écularivernenr, ce dernier n'a semble venue de nulle part et ou- mais un e possession d 'ét at , et
aucune vérité en face du m onde de l'Esprit, elles constituent verte à rous les possi bles : l'ac - q ue cha cun de m es actes remet
aussi la fin ultime de l'univers. Cel a étant, la liberté telle tion humaine s'i nsc rit to uj ours en qu est ion l'idée que j'ai le
qu 'elle est énoncée, reste encore vague ; elle est un mot qui inévitablement dans une chaî ne d roit d 'en avoir » (ibid. , p . 136 ).
de phénomèn es, m ême si ses La liberté est « le con cep t d 'une
comporte une infinité de significations ; et comme elle est
motifs sont le début de quelque causalité dont nu l élém ent
le Bien suprême, elle entraîne une infinité de malentendus, chose de neuf. préalabl em ent donné dans la re-
de confusions, d 'erreurs et contient routes les extravagances 1 C'est en affrontant cette arnbi- p résentation n'explique l'exer-
possibles. Aucune époque n 'a plus que la nôtre connu et t guïté fondamentale de tour acte cice et dont l'ac te attes te cepe n-
ressenti cette indétermination de la liberté. Toutefois, nous 1 que Jean Naberr m ontre que la dant un e posirivir é spiri tu elle et
nous en tiendrons , pour l'instant, à ces généralités. Nous liberté est ce qui se manifeste une richesse interne suscep tible
dans cet entre-deux. Pour Na- d 'alim enter une réflexion qui ne
avons noté aussi l'importance de la différence infinie qui
bert, la liberté n'est pas une ab s- revient pas sur l'i nvention des
existe encre un principe existant seulement ensoi et un prin- traction, mais est ce qui se ma- idées po ur en dét erminer les
cipe existant réellement. En même temps, c'est la liberté nifeste dans la réalité d 'un acre condi tio ns, mais pour s'appro-
elle-même qui renferme en elle-même l'infinie nécessité de concret, lequel s'ancre, en prier la p rod ucti vit é qu 'elles
devenir consciente - car selon son concept elle est connais- amont, dans la proc essual ir é ps y- m anifestent » (ibid., p . 18 3 ).
sance de soi - et par là même de devenir réelle. En fait, elle chologique d 'une consc ience, et , La liberté est une « facult é
en aval, dans le monde des faits. d 'inve ntion et de producrivit é »
est elle-même la fin qu 'elle réalise , l'unique fin de l'Esprit.
Dans L'Expérience de la liberté, q u'il faut ressaisir non dans un
[La substance de l'Esprit est la liberté. Par là est indiqué Nabert tente donc de « faire un e savoir d 'entendement, mais
a~ssi le b.ut qu'il poursuit dans le processus de l'histoire; place à la liberté, en ne mettant g râce à un « d iscou rs inté-
c est .la libert é du sujet, afin que celui-ci acquière une la causalité psychol og ique n i rieur » qu i est un constant re-
co~.sclence morale, afin qu 'il se donne des fins universelles, trop loin du moi, car elle risque tour sur soi de la conscience.
qu I~ I~s mette en valeur ; c'est la liberté du sujet, afin que ~e ." perdre dans l' impersonna- Cette auroréflexivité de la pro-
lite de la pensée, ni trop près des ducti vité de la vie spirituelle
celu:-C1 acqui.ère une valeur infinie et parvienne au point
donn ées concrètes de la vie men- est l'expér ience intérieure qui
ex~reme de lui-m ême. C'est là la substance du but que pour- tale qui la rabattraient sur le génère la croyance à la liberté.
SUit l'Esprit du monde et elle est atteinte par la liberré de plan des événements » (p . 54 ). Ma is Nabert insiste bien sur ce
chacun.} La speCI "fi Cité
' de la liberté et de fait que « si la croyance par la-
SOn mode de manifestation va de quelle je m 'assure de l'exis-
102 103
LES "U l fEITATlOIS Of LA LI IE IT É IIABHT
reoce de ma liberté n'a pas Ces cat égo ries correspo ndent sant donc avec Kant contre au-delà de son exp ressio n li -
comme poi nt d 'applic ati on un donc chacune à une man ifes_ Kant pourrair-on d ire, Naberr mitée » (ibid.. p. 115 ), la cau -
jugement engagé dans une dé- cation de la croyanc e à la li. essaie de saisir dans leu r spé- sal ité psychologique et le
cision concrète d u voulo ir, c'est berté et s'o rdon nent comme les cificité rad icale la « croyance dynamisme irréduct ibl e de la
une croya nce en l' ai r, une différenrs degrés de Son his- en une liberré qui passe no tre conscience.
croyance qu i accompag ne un to ire , dans laq uell e .. chaque nature accomplie et subsiste
jug em ent [OU[ spéculati f su r form e de la croyan ce ne sau-
l'exis tence de la libe rt é vegarde l'i dée ple ine de la li. La liberté ne commence qu'au mom ent où, dans une
humai ne, et dont on ne voit bert é qu'en acceptant de re-
décision concrète dont nous ne pouvions éviter de nous
pas comment il se relie à prendre conr act avec la
causal ité du su jet, grâce aux représente r les condit ions, se découvre à nous, comme par
l'analyse de la volonté libre "
(ibid., not e, p. 140). actes qUI commencent une sorte de choc, un surplus de réalité spirituelle que la
.. L'expérience de la liberté ne consrammenr de propager la pensée ent reprend de s'incorporer. Tell e est l'origine d'une
pe Ut être qu'un tr avail d 'appro- cr isra llisarion d'une croyance expérience int érieure dans laquelle la pensée se tr availle
fond issement interne et d 'ana - nouvelle » (ibi d., p. 176), pour s'égaler à la causalité de la conscience. La liberté
lyse destiné à rejoindre la cau- même si en fait, • route act ion manque à sa propre idée si elle demeure enfermée dans une
salité du sujet par la est à la fois l'e xp ression de
définition spéculative . Elle ne se produit qu 'autant qu 'elle
découverte des catégories de la notre caractère , le com mence-
cons cie nce agissante" (ibid., m ent d 'une personnalité, et la est l'enjeu d 'une expé rience intérieure qui, se renouvelant
p. 146), N abert disting ue t rois sui te d 'une causalité qu i atteste et se transfo rmant par l'action elle-même, est constamment
catEgories de la liberté q ui sont en chaque conscience l'infinité sollicitée d 'aller plus loin qu 'il ne lui semblait d'abord
les .. diffé rentes form es de la de la vie spi ri ruelle .. (ibid., qu'elle dût aller dans la découverte de la productivité spi-
conscience, qu i nous ap parais- p, 185 ). rituelle qui soutie nt tous nos actes. L'intuition de cette pro-
sent dans la réflexion q ue nous Comme Kant, et comme Berg-
duct ivité nous est interd ite, mais il y a une réflexion de cette
faisons sur nos acte s» tibid., son, Nabert montre que la li-
p. 134) . La libert é se mani feste berté ne peur être que défor- productivité sur elle-mê me qu i en développe la signification
d 'abord com me caractère, c'est - mée pa r l'entendement cr les et nous perme t de la ranger sous l'idée de liberté, pourvu
à-dire com m e ce q ue l'acre tenrar ives de la co nnaissance que nous sachions refouler l'ent reprise toujours renaissante
laisse derrière lui, et qui cor- object ive. Comme Kant égale- de ~'.e~cendement qui s'applique à discerner dans la spon-
respond à l'idée de fatalité . Le m ent, po ur qui .. com me je ne taneIte apparente de nos actes le déterminisme de leurs élé-
cara ctère dé te rmi ne l'acte lib re pu is rien penser sans catégorie, ments.
dont il représe nte le passé. il faut d 'abord, pour l'idée ra-
Considéré ensuite dans le mo- t ionne lle de liberté [ ...] cher- , Par ce redoublement de l'acte dans une réflexion qui
ment de son exécution, l'acte cher une catégorie q ui est ici s a~proprie la causalité de la conscience, naît une croyance
relève de la croyance à la per- la catégorie de la causaliti .. qu~ raconre l'histoire de notre liberté. Croyance parce
sonnaliti, dans laquelle la li- (Critique tU la raison pratiqUl, qu elle remplit trois conditions : de correspondre à l' él é-
be rté se pense sous la form e p. 110), N abe rt pense la libert é ~ent pratique de la vie spirituelle, puisqu'elle naît avec
d 'une .. totalit é mobile et ou - com m e causali té li b re. Par
cont re, à la différence de Kant,
ac~e, et ne dure que par une réflexion sur l'acte ; de se réfé-
verte de décisions dont la réelle ' , d ' un SUjet
rer' a la. causal rte ' qUI. est au-dela, de toute déter-
d isconri nuité se laisse pourtant Nabert m ontre que la croyance
minatIOn
, . pa r un savoir ' ,. et en fi n d 'envelopper des Idées
. où
ramener à un même dessei n " à la liberté ne peU[ pas prendre
en compte la considération
se precIse
<ibid ., p. 168) . Enfin la liberté s' 'fi . pour nous et par nous, sur différents plans, la
alMIII4 correspo nd à l'idée de d'une quelconque loi , fût-ell e Ignl catIOn q '" l' ,
atte . , ue revet cette causa rte pour une conscience
l'i nfini té des poss ib les futurs . morale (cf. texte n° 10) . Pen- ntlve a ses propres choix.
104 105
us A If EH ATl t S EL lI ' BT É
IAIElT
U n 'esr doec pas de l'opposition et de la contradiction des caraCtèt"e de la causalité psychologique. Mais pour cela
pIlSSàoos que naît, par une sort e d 'usure du déterminisme, même, il n'y pas beaucoup de sens, peut-être, à en parler
UDt' espérieoœ de libert é ou plutôt de libérarion à l'égard des
comme si elle pouvait jamais nous être adéquatement donnée
iOccl5 qui nous maintenaient en esclavage, Dans roure déci- par une expér ience, de quelque manière qu'on la conçoive.
sion quelque peu profonde nous éprouvons qu'il ya un élé- Pour nous, qui ne pouvons éviter d 'apercevoir nos actes sous
lJleO{ réfractaire à ceux de nos procédés intellectuels gui les espèces des représentations contenant le dessin des mou-
s'appliquent à l'étude du donné. C'est la pression de cet élé- vements à réaliser dans le monde ou des désirs qui portent
ment sur l'expérience intérieure qui suscite la méditation où ces représentations, la liberté ne peu t se trouver que dans
naît, soes la menace constante d 'avoir à céder aux exig ences l'idée d'un acte dont nous au rions produit les éléments psy_
de r enœodemeot , une croyance qui précise, rectifie et JUStifie chologiques. C' est pourquoi la liberté demeure une hypo-
i la lOis DOUe première certitude de productivité. Et en deve- thèse route spéculative si son idée ne prend pas corps dans
Dam l'hiscoire d 'une croyance, l'expérience intérieure de la une croyance commençant avec l'acte volitif et conjuguant
liberté devient aussi l' histo ire des idées par lesquelles cette notre réflexion sur cet acte avec l'histoire de notre liberté.
croyance échappant ainsi à la pure subjectivité d 'un senti - Or, nous serions immédiatement arrêtés dans cette
ment fajt apparaît re les catégories de la liberté. Chacune de réflexion, s'il y avait, entre la voliti on et le motif, le moindre
ces idées ou de ces catégories opè re comme une cristallisation intervalle qui pût nous faire supposer que la causalité de la
de la croyance. À aucun moment, la causalité qui t raverse conscience, occupant cet intervalle, est je ne sais que lle force
mou cette histoire n'est l'objet d 'une certitude statique qui additionnelle dis tincte de l'acte q ui donne les motifs. Ter-
nous dispenserait de prolonger norre méditation, et, au sur- minée à elle-même, la volition ne laisserait alors aucune place
plus , si le concacr se perdait encre ces catégories et les actes à une expérience précisément destinée à souligner, du point
coocrets qu'dies nous permettent de ressaisir par le dedans , de vue de la liberté , le genre de spiritualité qu 'elle comporte .
noue croyance elle-même n'aurait plus d 'objet. Car elle n'est Tour au contraire, ces motifs qui se redoublent dans la
pas sur le prolongeme nt d 'une défini tion systématique et réflexion, ces idées où se dépl oie l'acte volitif tour d 'abord
œoœpruelle de la libert é, affectée seulement d 'un caractère ramassé en un point de notre vie psychologique , ne SOnt rien
d 'incertitude. La croyance à la liberté ne porte pas su r la réa- moins que la causali té elle-même, reprise par une expérience
lité plus ou moins probable de ce que nous suggère le concept a.u cours de laquelle s'évanouira peut-être le mirage d 'une
philosophiq ue de la libert é. Pas plus que la liberté, elle n'est libert é d'i ndi fférence, ma is non sans que se décou vre par ail-
lépanhIe de l' expérience qui revient su r nos décisions pour leurs. une plus juste perspective sur les rapporrs de la
s'emparer, au tant qu'elle le peut, de la causalité dont elles cO~l ence et de la vie psychologique. Ainsi adossée aux
témoigoenc. Entre les faits psychologiques qui, laissés à e~ mOtIfs, la croyance pourra, non pas expliquer qu'ils soient
mêmes. nous ôteraient plutôt l'idée de tout ce q ue notre Vie tels, mais nous amener à défin ir notre liberté.
peut comporter d 'imprévisibles initiatives, et l'acte en deçà 1 C?n ne peut, en effet , se borner à considérer la croyance à
duquel nous ne pouvons remonter, la croyance à la libe.rcé a libert é com me une certaine tension de la conscience à
rempl it UM fonction médiatrice par quoi le sujet de l'acn o.n l'occasion d 'un acte. Comment apprécier des tensions diffé-
J'tUt 6ser le deg ré ou le genre de liberté q ui lui est perm is r~,tes de la conscience ag issante? En raison de la rnulripli-
dt s'aaribuer. Nous ne voudrions cependant pas d ire que J.g C
l'Ite d. es e'1'eroenrs moteurs qui entrent dans le sentiment de
liberté eH sulm.antieUement identique avec la croyance que actIon ? On ne nie pas que la conscience spontanée procède
~ en formom. La liberté n'est rien , si elle n'est pas un SOUvent de cette manière, mais c'est , sur la causalité de la
106
.... 107
1(1 "UIf (lIATIOU DE LA l ll ElTt
IAH ,
conscien,'c. 1 source d'une ill us ion , qui pour se renoUveler chi t la conscience pour encrer en possession de l'essence que
, cr tenir doit S3ns cesse demander seco urs aux <1o nn,,__
et 5 en "' . ' Il ' .~ j'â me ne cesse jamais d 'ê rre, même quand elle paraît dominée
muscul ire. er motrJ c~s. Plarcdc ql'u e . es 5IuIPp leent à la l'au. par la p uissance d es choses extérieures. Et il est bien difficile
vr ( ~d es ~ lé me nts sp irlt,ue 5 e actloln , r. y a un sentiment qu 'une p hi loso p h ie de la liberté évire ce double écueil, ou de
·s. ance , qui pourraI[ passer pour a rorrne la plU! (,.,• ....
••te laisser la causali té du sujet dé tac hée de tour conœxce,
de PU I ~ . . •
l croyance à la libert é, si on co nse n ra rr a le mettre à moment si ng ulier et irrationn el dam l'uni vers physique et
de d' • . SOn
r n!( . crès bas, au ~dessous udne c roya~ce ou Intervient déjà dans J'univers sp iritue l, ou de subordonner cette causalité à
1 réflexion, Or, JI est san~ oure vrai q~e la croyance est une réalité, à une essence ou à un ordre de valeurs q u 'elle peut
d' bord une réaction ma ssl,ve de la con5Cl~nce à l'occasion s'approprier, mais non pas produire, Q ue faire de la liberté.
d'un acr ,ec, en ce sens, qu elle est un senrimenr. Mais tOUt guand on l'a définie d 'abord dans J'absolu, de relle sorre q u 'on
acre, pour peu qu'i l soit autre ~h~se qu 'uneréponse rapide à ne voie même plus com m ent elle peur appartenir à la cau-
une sollicitati on externe. a, S I 1on peut di re, une certaine salité d 'un sujet ? Si on ne se résigne pas à suppri mer cout
épaisseur psychologiq ue, ~'~st pa r une so udaine cereitude commerce, non seulement encre la li berté et la raison , maîs
qu'il se révèle à nous, AUSSI VI te pourtant que cette cereitude entre la liberté et la causalité d 'une conscience individuelle ,
est née, elle sem ble appeler du fond d e la co nsci ence des sen- il faud ra bien cependant coordonner la liberté à une loi
tim ents et des pensées q ui la ren force nt et l'éte ndent, Ce SOnt morale ou à des valeurs ou à un principe premier qui lui res-
de nouvelles ressources que l'acte a d égag ées , sans qu 'il soie tituent une p lace dans la vie spirituelle, et, cenere I'inrenrion
possible de discerner si elles ont co ns pi ré à le p rod ui re, ou si du philosophe, cerre coordination conduit à ranger la liberté
elles en sone déjà les suites, Avant que l' acte ait pris le carac- sous le principe qui ne devrait servir qu'à l' illustrer. Ainsi la
tère d'un fait et pendant le temps où s'ébauche nt encore les loi mo rale, chez Kant, n 'est pas seulemenc la ratio cognoscendi
mouvements qu i le réali sent, la conscience se trouve tra ns- de la liberté; elle est amenée de telle sorte dans le SYStème
formée, parfois dans un autre se ns que ne lu i fa isaient prévoir qu 'on comprend mal que la liberté puisse parfois aller contre
les éléments préparatoires de l'acte, et toujours plus profon- la loi.
dément qu 'elle ne pouvait le pressentir, D ès lors, com ment Au contrai re, si la liberté su rgit aux différents moments
éviterait -elle de confronter ce qu 'elle cro yait qu 'elle était ou de l'histoire d'une croyance qui a pour matière les d écisions
ce qu' elle voulait être avec ce qu 'elle devient ? La tension de conc rètes d 'une conscience et pour soutien une causalité
la conscience se double d 'un effort nai ssant pour apprécier la demeurant toujours au-d elà des idées ou des formes qu'elle
causalité du sujet, et par là elle se convert it en une croyance, revêt dans et par la croyance, il devient vrai de di re que
Mais les étapes de la croyance à la l iberté ne des sinent pas J'exigen ce d 'intelligibilité, inséparable de rou re réflexion su r
la co~rbe d'un e évolution régulière qui conduirait la nos actes, se trouve compati ble avec la causali té de la
conSCIence à exprime r d'une manière progressivement plus conscience et ne lie pas le soi et le pour-soi à une loi q ui assi-
complète un ordre ou un e réalité préexi stante comme fait, g nerait, dès le p rincipe, un e règ le de développem ent à notre
~ar exemp le, la monade de Leibniz promue à un rang supé- activité,
rieur à mesure qu e ses percepti ons sont plu s distinguées, La En m ême temps, cette croyance est une expérience, car le
croy~n c.e ~ la libert é tom berait si elle lai ssait p eser sur elle, pass~ge d 'une form e d e la croya nce à une autre est un passage
dès IOClulneo ,I'idé . , sur lequel eIl e seraIir
l e d ' un or d re objectif conti ngent qui ne s'effectue que par l' action et par I'ébran-
t~nu~~e se régler, ou si elle devait seulem ent, com m e chez le~ent qu 'elle imprime aux motifs et aux pensées qui rete-
p us un philosophe, indiquer les degrés que monte et frao- naIent la personnalité dans un certain cad re, Si la croyance à
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. namÎt s' immobiliset • ~ mais ce qui se fait, constante lOlU s.a fOntlI! p$"cbQlogique ou
llltSou 1-- - '
e en quelqueS pO. I\i définitif . parce qUe i~ en question de l'être par sociolegique, le d&erroi~ re-
1 Iiberd se (l~Ud'ar~ ne S{l0~ 1,:", ~lIe-même il flÛ t. La d ia. ::.
rnomenr:; ue 1 aCtion . ,
;;lre lui-même. L'homme est
r b~ dans la Oles ure où il n'est [a-
\he. en f,it dt' la - . ....i jj IN,
c'es t-à-dire ' d 'une conduite de
ces . t dfnouer ce q
e di,l1ect iqu e qUI 0 emprunte I 15 un en ·soi , même s'il li un fuite et d 'un ~ processus de' dis-
l'acrlOn peu 1 croyan<e es r \10 ' voir. Elle demeure mal_ mil .
~é, même SI autrui li! iltrr, ue
,l ' ib cracrion devant ran80~ »
lec~ique de :5 aUX cQnd icioos d u :;:em in faisant. les grandes . .caracffre... La tb.!ité humaine (ilNd.. il- 76) pti lesqeelsIe mol
pas es noc?'quoiqU'eUererrouve'gfe la vie morale ou ~Ii un 1'1..- dans la mesure où elle e-st. cherche à se masquer à Ni-m&nc
edeSOI • ' O urs enga 1 cl • est , DI <-
tff'SS , ' où s'esr roul 1 isément d ns e OCttines che ment au monde et à elle- 5a liberté. Vaine rentative cepen· .
d '~ recu ons rait p us a ' be" . art1l 'L . L ' I' h
Er l'on percey nce ê la 11 rte qUI Vit da.ns me"me . « La IllJCct<" c est erre u- dam que cerre esquive de la li-
leuse.
g ' losophiq ues 1ec 0 " h de la croya l' . . main me ttan t son passé hors jeu berr ê, car l'évidence de celle-ci
oyance ne se p lait pas, JUsqu'à est trop font , l e déterminisme
P"h I e humaine , S,I' cerre cr d iê • cl écrérant son propre néan t -
à une gran e v n te e repr ésen, en' L 'd
5
p. 64), L'h omme n 'est que • ne peu t rien contre l'fvidellC?
~:nir mé<Onnalssab l:. co nstruits d 'abord pour d 'autres (1,,1 " 'J '
. u'il a à être. ' n est q~ son de la liberté. aussi se donee-r-jl
, t de co ncep t ce q'et il n'est que J'L ioe- rcé , Son es- comme croyance de refuge,
tattOOS e •
.... ..ges. ' d em ent ou, en d au t res termes , de prole es ' t « en suspe ns dan s sa li- comme le terme idéal vers lequel
........ de 1ente n d' bi " é sene
C'est surr ou.t rée d ans sa fon ction , 0 ject rvit • que la bert é • (ibid" p. 60) . , nous pouvons fui r l'angoisses .
la raison consl~éb é reçoit si l' o n Il Y prend garde, des . pour sà'rtre~ l'évidence ?e la. li - En fin de compte, la d éfense ré-
.croyance ...~ , la Il ert . , fica r 'ton quan d eIles ne becté se m an ifesee d~,ns 1ango1H:. flexive contre l'angoisse fi 'est
' 1 èrenr ' sa SlgOl , SC " le mod e cl etre de la li- qu 'une manifesta t ion indi recte
dét erminations ,q~1 d~truire, La vér itable oppos it ion n'est qUI
he té e comme conscie nce d' erre-
ience de la liberté ,
vont pas JUSqu à. a
on d it, en t re
la liberté et le d éterminism e, mais
, ('/d p
lu I .. , · '
64) " la sais ie réflexive
...
N ier la libert é, c'esr encor e affir-
mer sa liberté, Confirmanoa sup-
pas. comme et la conSCIence . de la libe rté . par ell e-mem e "
'ente nd em e nt (ibid" P: 75). c'est -à-dire ce par pl érnent aire de ce q ue la liberté
entre l
quo i l'homme prend conscien ce est , non pas • une qualité sura-
de sa liberté. On peut JOUtée ou une propriitl de ma na-
XlIl comprendre la di fficu lré qU,e re- rure », m ais bien ; et m êm e
présen re cette prise ~e consc le~~e m algré mo i, • l'étoffe de mon
SARTRE de na rre libe rt é. qUI es r la saisie être " (ibid" p, 49 3). C'est aussi
du néant que nous sommes. C'est Jà Je signe de. la faCt ic ité de la li-
pour en ~aire rée~nomie qu.e le be rté elle-mê me; c' est-à-dire le
CONDAMNÉ À tnE LIBRE II détermirusme essaie sans relache rappel que .. la réalit é. humaine
«JESUlS peur se choisir comme elle l'en-
de rabattre le pour-soi - la t rans-
Sartre, L'Ê,rt ft If Nia~t 0943l cendance - sur l'e n-soi - les tend , mais ne peur pas ne pà:s se
quanl~~ partit, chap. ], « dara " , ce qu i est donné, la fac- chois ir. (ibid.. p , 535), q u'elle
ond' ion premi«e de l'action, c'est 1. librnl,. tiCité. Mais que ce soi t sous sa est do nc libre d e tout. sauf de ne
.. La c I t callimard. 1943, p. 49}-491 forme cou rante, tou t autant que pas êt re libre ,
la d éfin ition de la liberté ltJlOII
DaN ce texte, qu i d énnit onto- sut la d istinction fondamrnu~ Ce qui pourra nous aider à atteindre la liberr é en son
logiquement la liberté '. Sartre u'oeere L'Êtrr ft Je N"'~t tom . cœur, ce sont les quelques remarques que nous devons à
montre comment celle-CI se ~a- q y - , • à"
l'en-soi et le J!oII1'-SIll, c est: -<lIllprésent résumer ici. Nous a vo ns; en effet, établi {...} que si
-r: bi souvent de manière
n\leste ien 1 entre d 'une part n ue, qUI est Cl
. _ .J · re mais 'dans tom es la négation vient a u monde par .la réalité humaine, celle-ci
11JU1 ~ .. , . • bso- qui est. et d 'autre,p'rilt 11&Ill,. :'
ClIS ' com~ une .klden<:e .'. li conscience, qUI dt ce qUI n!ll ; doir être un être qui peut réaliser une ruptUre néantisante
\\Je. III
110
LES HAH lfE STA TlON S DE LA LI BERTÉ
SART RE
1
aVec Ie mon
de et avec soi-même ; et nous avi ons étab/'
1 qUe f
1
chiques . L'en-soi s'est em pa ré d e to us ces « data ,., le mob ile
la pOSSI'b'l'1 J
té permanente de cette rupture , ne faisai t qu 'une
rovoque l'acte com me la cause son effet, to ut est réel, tout
avec 1a liblrte é Mais
. , d'autre part,,nous
. avions constate
. ' qUe
ibilit é permanente de ne anrrser ce que Je suis es r plein. Ainsi, le refus d e la liberté ne peut se con cevoir
cet te pOSSI l " I'h sOUs ue com me tentat ive pour se saisir com me être-en-soi ; l'un
fi de ( l'avoir-été» ImplJque pour omme Un ty q de pair avec l' autre; l a rea' l rt
' e humai
urnarne est un erre d ans
d ~rn:etenc: particulier , Nous avons pu alors détermine/eà va ê A
eXJS d l ' fi ' , lequel il y va d e sa lib erté dans son être parce qu 'il tente
. d 'analyses com me celle e a m au vaise 01 , que la r'
parti r " ' E
A
ea· perpétuellem ent de refuser de la reconnaître. Psycholog i-
li h maine erait son p ropre neant. tre, pour le pour-so'
ê
ire u " "1 D ., r, quement, cela rev ient, ch ez chacun de nous, à essayer de
c,est ne'a ntJ'ser 1en-sor, qu J est . ans ces , condmons
" ' /a prendre les mobiles et les motifs comme des choses. On tente
liberté ne saurait être n en autre que cette neantJsatJOn, C'est de leur en conférer la permanence ; on essaie de se dissi-
ar elle qu e le pou r-soi échappe à son êt re comme à son muler que leur nature et leur poids dépendent à chaque
p
essence c'est par elle qu "1 ' h
1 est toujours autre c ose que Ce
moment du sens que je leur donne, on les prend pour des
qu'on ~eut dir~ de ,lui, ca; au moi~s es~-il cel~~,qui écha~pe constantes : cela revient à considérer le sens que je leur don-
à cette d énominatron meme, celu i qUi est d éjà par-dela le nais rout à l'heure ou hier - qui , celui-là, est irrém éd iable,
nom qu 'on lui donne , la propriété qu 'on lui reconnaît. Dire parce qu'il est passé - et d'en extrapoler le caractère figé jus-
que le pour-soi a à êtr e ce ~~ 'il est,. dire ,q u 'il .es,t c,e qu'il qu 'au présent. j'essaie de me persuader que le motif est
n'est pas en n'étant pas ce qu Ii est , dire qu en lUI 1existenœ comme il était . Ainsi passerait-il de pied en cap de ma
précède et conditionne l'essence ou inversement, selon la conscience passée à ma conscience présente : il l'habiterait.
formule de Hegel, que pour lui « Wesen isr was gewesen Cela revient à tenter de donner une essence au pour-soi. De
ist » , c'est dire une seule et même chose, à savoir que la même façon on posera les fins comme des transcendances,
l'homme est libre. Du seul fait, en effet, que j'ai conscience ce qui n 'est pas une erreur. Mais au lieu d'y voir des trans-
des motifs qui sollicitent mon action, ces motifs sont déjà cendances posées et maintenues dans leur être par ma propre
des objets transcendants pour m a conscience, ils sont transcendance, on supposera que je les rencontre en surgis-
dehors ; en vain chercherai-je à m 'y raccrocher : j'y échappe sanc dans le monde: elles viennent de Dieu, de la nature,
par mon existence même. Je suis condamné à exister pour de « ma » nature, de la société. Ces fins routes faites et pré-
toujours par-delà mon essence, par-delà les mobiles et les humaines définiront donc le sens de mon acre avant même
mot ifs de mon acte: je suis condamné à être libre, Cela que je le conçoive, de même que les motifs, comme pures
signifie qu 'on ne saurait trouver à ma liberté d 'autres limites données psychiques, le provoqueront sans même que je
qu'elle-même ou, si l'on préfère, que nous ne sommes p~ m'en aperçoive. Motif, acte, fin constituent un « conti-
lib res de cesser d'être libres , Dans la mesure où le pour-SOI nuum » , un plein. Ces tentatives avort ées pour étouffer la
veut se masquer son propre néant et s'incorporer l'en-soi liberté sous le poids de l'être - elles s'effondrent quand sur-
comme son véritable mode d 'être il tente aussi de se mas- git tout à coup l'angoisse devant la liberté - montrent assez
que r sa liberté. Le sens profond' du détetminisme, c'est que la liberté coïncide en son fond avec le néant qui est au
d 'éta blir en nous une continuité sans faille d 'existence ~n cœur de l'homme. C'est parce que la réalité humaine n'est
soi. Le mobile conçu com me fait psychique, c 'est-à~~lre pas assez qu 'elle est libre, c'est parce qu'elle est perpétuel-
comme réalité pleine et donnée, s'articule, dans la VISIO~ lement arrachée à elle-même et que ce qu'elle a été est séparé
dererrmrusre,
' " .
sans Solution de continuité, à la déClsJOn' et a par un néant de ce qu'elle est et de ce qu 'elle sera. C'est,
l'acte, qui sone conçus également comme données pSY- enfin, parce que son être présent lui-même est néantisation
112 113
..
lES "U lI l ST ATlO IS Of u LIB H TE
114