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Comparaison des méthodes classiques

de dimensionnement
des écrans de soutènement ancrés

Luc DELATTRE
Ingénieur T P E
Section Mécanique des sols et fondations

Henri JOSSEAUME
Chargé d e mission auprès d u chef
de la Section Rhéologie et modélisation des sols

Laurent MESPOULHE
Assistant technique des T P E
Section Mécanique des sols et fondations

Division Mécanique des sols et géologie d e l'ingénieur


Laboratoire central des Ponts et Chaussées

Thierry DELMER
Ingénieur - Stagiaire à l'ENTPE

Introduction
L'usage veut, quand on parle des m é t h o d e s de calcul des
écrans de soutènement, que l ' o n distingue deux ensem-
bles : celui des m é t h o d e s « classiques », et celui des
« autres » m é t h o d e s .
Les critères permettant d ' o p é r e r cette partition sont mul-
tiples : l ' â g e des m é t h o d e s (les méthodes « classiques »
sont généralement plus anciennes que les « autres »)
mais aussi l'état d'équilibre du sol considéré par les
méthodes (les méthodes « classiques » considèrent les
RESUME
états d'équilibre limites du sol tandis que les « autres »
Une analyse d e s méthodes classiques d e
calcul des écrans de soutènement souligne le
méthodes considèrent des états intermédiaires entre
caractère adimensionnel du problème et met l'état initial et les états d'équilibre limites) en sont deux
en évidence un facteur caractérisant le exemples.
niveau de chargement de l'écran. Cette ana-
lyse est utilisée pour interpréter les résultats
E n France, l'ensemble des m é t h o d e s « classiques »
d'une étude paramétrique d u dimensionne-
ment d'un écran de soutènement. Se trouvent recouvre principalement celles de « rideau encastré »
notamment précisés, d'une part, c o m m e n t les (méthode de l a ligne élastique et m é t h o d e s dérivées qui
résultats obtenus avec les méthodes classi-
ques d e calcul évoluent e n fonction d e la
sont utilisées depuis une soixantaine d ' a n n é e s ) et les
configuration d e l'ouvrage étudié et, d'autre méthodes de butée simple, tandis que l a catégorie des
part, comment les résultats obtenus diffèrent « autres » méthodes recouvre en particulier la m é t h o d e
entre eux suivant les méthodes utilisées.
élastoplastique au coefficient de réaction et la m é t h o d e
M O T S C L É S : 24 - Méthode - Dimension- des éléments finis, dont l'usage s'est développé à partir
nement - Calcul - Mur de soutènement.
de l a décennie 1970.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 2 0 5 - SEPTEMBRE-OCTOBRE - RÉF. 4 0 9 0 - PP. 7 7 - 9 0 77


M é t h o d e s de « rideau encastré » et méthodes de surcharges uniformément réparties dont l'inten-
« butée simple » ont toutes été développées en sité q peut atteindre 60 kPa. D'autre part, la sur-
vue du calcul des écrans ancrés par une nappe de face de l'eau dans le bassin et la surface de la
tirants passifs, mais font des hypothèses diffé- nappe amont sont généralement, dans le cas des
rentes quant au comportement supposé de bassins à flot, à des cotes voisines et se situent à
l'écran (écran souple ou rigide) et les distribu- faible profondeur par rapport à la tête de l'écran,
tions de contraintes sur l'écran issues de ces ce qui conduit généralement à adopter une faible
comportements sont donc différentes. Ces distri- profondeur d'ancrage.
butions de contraintes sont, par contre, toujours
déterminées en considérant les états d'équilibre On a affecté à la hauteur libre les valeurs h =
limite du sol (état d'équilibre limite de poussée 5 m , h = 10 m, h = 1 5 m et à la surcharge amont
et état d'équilibre limite de butée). les valeurs q = 0 kPa, q = 20 kPa, q = 40 k P a et
q = 60 kPa. O n a considéré que la profondeur h t

L ' e m p l o i d'une m é t h o d e de « rideau encastré » du point d'ancrage était égale au dixième de la


ou d'une m é t h o d e de « butée simple » conduit à hauteur libre de l'écran et que les surfaces des
donner à un m ê m e ouvrage des caractéristiques nappes amont et aval étaient à la m ê m e profon-
très différentes et, assez paradoxalement compte
deur h par rapport à la tête de l'écran et l ' o n a
w
tenu du caractère « classique » de ces m é t h o d e s ,
affecté à h les valeurs 0,1 h et h, la première
w
les facteurs gouvernant les résultats propres à
correspondant au cas d'un mur de quai et la
chacune des m é t h o d e s , mais aussi les différences
d e u x i è m e au cas d'un mur de soutènement en
entre les résultats obtenus par les différentes
m é t h o d e s ne sont pas toujours bien connus. site terrestre. Cette dernière a été retenue afin de
voir si les résultats obtenus pour un mur de quai
L'objet de cette étude est donc de faire ressortir, pouvaient être généralisés au cas d'un soutène-
d'une part, comment les résultats obtenus avec ment en site terrestre.
les m é t h o d e s classiques de calcul évoluent en
O n a considéré que l'écran était mis en place
fonction de la configuration de l'ouvrage étudié
et, d'autre part, comment les résultats obtenus dans un massif h o m o g è n e formé d'un sol pulvé-
diffèrent entre eux suivant les m é t h o d e s utilisées. rulent. L a cohésion du sol est donc nulle et sa
résistance au cisaillement est caractérisée uni-
quement par l'angle de frottement interne tp',
dont la valeur est fonction de sa granulométrie,
de son état de compacité et de la forme et de
L'étude paramétrique l'angularité des grains. O n a retenu dans les cal-
du dimensionnement culs les valeurs <p' = 2 5 ° , cp' = 3 0 ° , q>' = 35° et
des écrans de soutènement cp' = 4 0 ° . Dans tous les cas, on a adopté pour le
3
poids volumique la valeur y = 20 k N / m aussi
bien pour le sol situé hors nappe que pour le sol
Principe de l'étude immergé.

L ' é t u d e paramétrique, réalisée dans le cadre L'ensemble des données prises en compte dans
d'un travail de fin d ' é t u d e s (Delmer, 1993), a été le calcul est récapitulé sur la figure 1.
m e n é e sur des ouvrages de différentes caractéris-
q = 0, 20, 40, 60 kPa
tiques qui ont été calculés en parallèle avec plu-
sieurs m é t h o d e s de dimensionnement. Les varia-
tions des caractéristiques de l'ouvrage permet- " "
tent d'étudier, pour chacune des m é t h o d e s de h, = 0,1 h
calcul, la sensibilité à la résistance au cisaille- h w = 0,1houh
T
ment du sol, à la hauteur libre de l'ouvrage, à la
position de la nappe ou encore à l'intensité d'une V
surcharge u n i f o r m é m e n t répartie côté terrain.
h = 5 , 1 0 , ou 15 m
Les résultats obtenus pour les différentes
m é t h o d e s utilisées sont alors c o m p a r é s .

D
Caractéristiques de l'ouvrage
Les caractéristiques de l'ouvrage ont été définies
par référence aux murs de quai, dont la hauteur Y=20kN/rn ,<p'
3
5, 30, 35 ou 40°, C' = 0
libre h varie couramment de 5 à 15 m et dont le
terre-plein amont est horizontal et supporte des Fig. 1 - Caractéristiques des ouvrages étudiés.

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Méthodes de calcul de M et T, le d e u x i è m e , en minorant au pré-
m a x

alable la butée limite ( F — 2), pour calculer la


B

Les calculs ont été effectués par la m é t h o d e de la fiche D , est par ailleurs étudiée.
ligne élastique et par la méthode de la butée
simple (Josseaume, 1976). Les poussée et butée limites ont été calculées par
la méthode de Boussinesq à partir des tables de
Pour ce qui concerne la m é t h o d e de la butée sim- Kérisel et A b s i (1990), en supposant l ' i n c l i -
ple, deux variantes ont été utilisées : naison des contraintes sur la normale au rideau
égale à ô = 2/3 tp' dans le cas de la poussée et à
a

»- la première consiste à affecter la butée limite, ô = — 2/3 tp' dans le cas de la butée.
p

qui s'exerce sur la face externe de l'écran, d'un


coefficient de sécurité F = 2 et à retenir pour le B

dimensionnement les valeurs de la fiche D , du


moment fléchissant maximal M et de la réac- m a x Résultats
tion d'appui T ainsi obtenues ; cette variante
n'est applicable en toute rigueur que dans le cas Les résultats obtenus varient dans une proportion
des écrans parfaitement rigides et conduit à une très large avec les caractéristiques de l'ouvrage
et avec la m é t h o d e de calcul : la fiche minimale
surestimation de M et de T pour les écrans m a x
obtenue est de 0,90 m tandis que la plus grande
présentant une certaine souplesse.
dépasse 18 m, la réaction d'appui varie de
9,40 k N / m à plus de 1030 k N / m et le moment
>- la seconde consiste à effectuer un calcul à
fléchissant maximal varie de 14,40 k N m / m à
l'état limite sans minoration de la butée limite 7 690 k N m / m .
( F = 1) et à retenir pour le dimensionnement les
B

valeurs du moment fléchissant maximal M et m a x


L'analyse de ces résultats passe par l'examen de
de la réaction d'appui T ainsi obtenues ; la sécu- l'influence des paramètres caractérisant l ' o u -
rité sur la fiche est obtenue en la majorant ; ainsi, vrage et de la m é t h o d e de calcul utilisée.
dans le cas des sols purement frottants, la fiche
correspondant à l'équilibre limite est multipliée
par A/2. Influence des caractéristiques de l'ouvrage

L a m é t h o d e préconisée par Padfield et M a i r Les variations des paramètres D , M et T cal-


m a x

(1984), dans le cas des argiles raides, qui culés en butée simple avec minoration préalable
consiste à effectuer deux calculs à l'équilibre de la butée, dans le cas d'une surcharge nulle,
limite, le premier, sans minoration préalable de sont représentées sur la figure 2 en fonction de h,
la butée limite ( F =1), pour calculer les valeurs en coordonnées logarithmiques, pour les deux
B

valeurs extrêmes de cp' (tp' = 25° et cp' = 40°) et


les deux niveaux de nappe considérés.

L a fiche, la réaction d'appui et le moment flé-


chissant maximal évoluent de la m ê m e façon en
fonction des différents paramètres caractérisant
l'ouvrage : ils diminuent quand l'angle de frotte-
ment du sol augmente, quand le niveau de la
nappe monte de part et d'autre de l'écran et
quand la hauteur libre diminue.

Dans le diagramme logarithmique, les courbes


obtenues sont des droites, de pentes indépen-
dantes de la hauteur de la nappe et de l'angle de
frottement. Les pentes de ces droites sont égales
à 1 pour la fiche, à 2 pour la réaction d'appui et à
3 pour le moment fléchissant maximal. Il s'en-
1 10 100 1 10 100 1 10 100 suit que la fiche, la réaction d'appui et le
h(m) h(m) h(m)
moment fléchissant maximal varient respective-
— 0 — N a p p e basse . p a s d e surcharge, cp' = 2 5 " .... .- N a p p e haute, pas d e surcharge, cp' = 25°
ment avec les puissances première, d e u x i è m e et
troisième de la hauteur libre du soutènement.
— o — N a p p e basse , p a s d e surcharge, <p' = 4 0 ù
-- N a p p e haute, pas d e surcharge, tp' = 4 0 i!

L'ajout d'une surcharge uniformément répartie à


Fig. 2 - Résultats obtenus pour différentes hauteurs la surface du terrain conduit à une augmentation
libres h et une surcharge nulle par la méthode de la de la fiche D , de la réaction d'appui T et du
butée simple avec minoration préalable de 50 % de la
butée. moment de flexion M , (fig. 3).
m a x

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|
!
1 \
i
i
1 ! J1
25 30 35 40 25 30 35 40 25 30 35
Angle de frottement {") Angle de frottement ("} Angle de frottement (°)

Modalités d'application de la méthode de la butée simple et position de la nappe

O Réduction a priori de la butée de 50 %, h = 1 w

+ Réduction a priori de la butée de 50 %, h - 0,1 w

O Majoration a posteriori de la liche de 41 %, h = 1 w

+ Majoration a posteriori de la fiche de 41 %, h = 0,1 w

Fig. 3 - Résultats obtenus par la méthode de la butée


simple avec minoration préalable de 50 % de la butée pour Fig. 4 - Rapports des résultats des calculs en butée simple
différentes valeurs de la surcharge q, pour un angle de aux résultats des calculs en ligne élastique.
frottement interne de 30° et une nappe basse.

Contrairement à ce que l ' o n observait p r é c é d e m - Calcul en butée simple


ment, les courbes donnant les variations des avec minoration préalable de 50 % de la butée
logarithmes de D , de T et de M en fonction du
m a x
L'examen de la figure 4 fait apparaître que les
logarithme de la hauteur libre ne sont plus des rapports des valeurs D , M et T déterminées m a x

droites dès lors que la surcharge est non nulle. par le calcul en butée simple avec F = 2 aux B

valeurs correspondantes obtenues par le calcul


Pour des surcharges non nulles, D , T et M ne m a x
en ligne élastique, varient principalement avec
varient donc plus avec les puissances première,
cp' et sont peu affectés par la hauteur libre h du
d e u x i è m e et troisième de h.
rideau et la surcharge q, la position de la nappe
Par ailleurs, les courbes de variation correspon- ayant une influence plus sensible mais limitée.
dant aux différentes valeurs de la surcharge q ne O n constate que les valeurs de fiche déterminées
sont pas parallèles : l'influence relative de la sur- en butée simple sont généralement inférieures à
charge a tendance à diminuer lorsque la hauteur celles déterminées par le calcul en ligne élas-
libre augmente. tique pour les valeurs de cp' considérées : la fiche
d i m e n s i o n n é e en butée simple, qui est inférieure
à la fiche d i m e n s i o n n é e en ligne élastique de 25
Influence de la méthode de calcul utilisée à 35 % pour tp' = 4 0 ° , prend des valeurs du
m ê m e ordre et m ê m e supérieures pour tp' = 25°,
Si, d'un point de vue qualitatif, les résultats l'écart relatif étant alors de plus ou moins 10 %.
donnés ci-dessus sont indépendants de la
m é t h o d e de calcul utilisée, i l n'en est pas de Les valeurs du moment fléchissant maximal cal-
m ê m e d'un point de vue quantitatif. culé en butée simple sont quant à elles, toujours
largement supérieures aux valeurs calculées en
L a figure 4 présente les rapports des fiches, des ligne élastique. L e rapport de ces moments flé-
réactions d'appui et des moments fléchissants
chissants maximaux varie en effet d'une valeur
maximaux obtenus par application de la m é t h o d e
comprise entre 1,50 et 1,75 pour <p' = 4 0 ° à une
de la butée simple aux fiches, réactions d'appui
valeur comprise entre 1,95 et 2,20 pour tp' = 25°.
et moments fléchissants maximaux obtenus par
la m é t h o d e de la ligne élastique, pour les diffé- Les valeurs de la réaction d'appui calculées en
rentes configurations de calcul et pour les deux butée simple sont toujours supérieures aux
modalités différentes d'application de la valeurs calculées en ligne élastique, la valeur
m é t h o d e de la butée simple. de leurs rapports étant toujours inférieure à la

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d'équilibre limite du sol et d'être formulées à
partir des équations de l'équilibre statique. Ainsi,
pour les ouvrages étudiés, les équations à
résoudre pour ces méthodes de dimensionnement
font intervenir la force élémentaire de pression
active du sol au-dessus de la nappe k yzdz, la a

force élémentaire de pression active du sol


au-dessus de la nappe kj^y h + y ' (z - h )Jdz, w w

la force élémentaire de pression active due à la


surcharge k qdz et la force élémentaire de pres-
a

sion passive du sol sous la nappe k y ' ( z - h)dz, p

ainsi que la réaction d'appui T, à laquelle i l faut


rajouter la force de contrebutée C pour la
méthode de la ligne élastique (fig. 5).

Chacune de ces forces élémentaires peut être


exprimée comme le produit de l'effort
2
^(kp — k ) y ' h et d'un terme adimensionnel. Ce
a

y z dz
terme adimensionnel vaut 2
Fig. 5 - Schéma de calcul adopté pour les méthodes classiques. y ' h h pour
la pression active des terres au-dessus de la
valeur du rapport des moments fléchissants. Le
rapport des réactions d'appui est compris entre hw dz
nappe, pour la
1,25 et 1,40 pour tp' = 40° et entre 1,40 et 1,60 kp-k h a

pour <p' = 25°. pression active des terres au-dessous de la nappe,


q dz
pour la pression active due à la
Méthode de la butée simple k -k y'h
p a

avec majoration a posteriori de la fiche de 41 %


dz
La comparaison des résultats obtenus par la surcharge et 2 1 + pour la
^ k a y

méthode de la butée simple avec majoration a pression passive du sol sous la nappe.
posteriori de la fiche et par la méthode de la
ligne élastique (fig. 4) conduit à des conclusions La sommation de ces forces élémentaires du haut
relativement semblables aux précédentes. de l'écran jusqu'à un niveau z permet d'ex-
primer l'effort tranchant V à ce dernier niveau
L'influence de tp' est toutefois beaucoup moins (avec ici z > h ), le terme dimensionnel étant mis
t
marquée et i l s'ensuit que, pour les faibles en facteur, sous la forme :
valeurs de tp', les résultats obtenus par cette
méthode de butée simple ne divergent pas des V = i(k -k )y'h 2
vg - T
p a (1)
résultats obtenus par la méthode de la ligne élas-
tique de façon aussi importante que ceux obtenus
par la méthode de la butée simple avec minora- où v est un polynôme de degré 2 en — dont les
tion préalable de la butée. On constate en effet h
que les valeurs du rapport des moments fléchis- k
sants varient de 1,25 à 1,45 et que les valeurs du coefficients ne dépendent que des termes k - k ' p a

rapport des réactions d'appui sont comprises


entre 1,10 et 1,30 pour l'ensemble des ouvrages ^ , — et ^ .
y"y'h h
considérés.
Le moment fléchissant M au niveau z se déduit
par intégration de l'effort tranchant et s'exprime
Interprétation des résultats de la même façon que ce dernier sous la forme
(avec ici z > h ) : t

Un problème adimensionnel M(z) = - * r ( k p - k ) y ' h m I - I - T ( z - h,)


a
3
(2)

Expression des différentes méthodes de calcul


La fonction m est un polynôme de degré 3 en —
Si les différentes méthodes « classiques » utili-
dont les coefficients ne sont également fonctions
sées ici font référence à différents modes de
comportement des ouvrages, elles ont en que des termes y
commun le fait de faire référence aux états kp - k ' y " y ' h' h et
a

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L a constante d'intégration est déterminée en L a résolution de l a m é t h o d e de l a ligne élastique
écrivant M ( 0 ) = 0. est alors obtenue à l'aide du système d ' é q u a t i o n s
suivant :
Ces deux équations suffisent à résoudre le pro-
b l è m e dans le cas de l a m é t h o d e de l a butée sim- rv(z = f + h) + c = 0
ple, l'équilibre statique s'écrivant en posant que
M(z = f + h) = 0 (9)
l'effort tranchant V et le moment fléchissant M
sont nuls au niveau z = f + h définissant, avant
[Y'(z = f+h )=0
soit
majoration forfaitaire de l a fiche le cas échéant,
la position du pied de l'écran : T c f

— = vf,1 + -
V(z = f + h) = 0
(3)
M(z = f + h) = 0 1+ = m| 1 + (10)

soit : 12 y i +
2 l h, h
T f f t

— = y 1+ - 2

(4) avec T = C = 0 0 -(k -k ) 'h . p a Y

= m 1 +
hi h Les systèmes d ' é q u a t i o n s (4) et (10) font appa-
f
raître comme inconnues la profondeur réduite - ,
OÙ T = - ( k - k ) y ' h
0 p a
2
h
T
la réaction d'appui réduite — et, dans le cas de la
Dans le cas de l a m é t h o d e de l a ligne élastique, T
o
l'équilibre statique s'écrit en posant que, au m é t h o d e de l a ligne élastique, l a contrebutée
niveau z = f + h qui définit l a position du point C
d'application N de l a contrebutée, l'effort tran- réduite — , ces inconnues étant fonctions des
chant V équilibre l a force de contrebutée tandis
que le moment fléchissant est nul : variables réduites e t
kp-k 'y" y ' h a Ì7 h-
V(z = f + h) + C = 0
(5) Ce résultat permet de faire apparaître, à partir de
M ( z = f + h) = 0 M
l'équation (2), que le moment réduit ——, avec
MQ
Ces deux équations comportant trois inconnues,
une troisième équation, portant sur l a rotation de M
° =
\ ^ p _ k a
) ^' ' fi3 n e s t
é g a l e m e n t fonction
l'écran par rapport à l a verticale au niveau z =
f + h, est adjointe au système : que des variables réduites ci-dessus.
Par ailleurs, on peut poser :
Y'(z = f + h) = 0 (6)
- D = l,2(f—e) dans le cas d ' u n écran dimen-
L'expression de Y ' s'obtient par intégration du sionné par la m é t h o d e de la ligne élastique,
moment fléchissant. Comme les conditions aux - D = 1,4lf dans le cas d'un écran d i m e n s i o n n é
limites portent sur l a déformée Y de l'écran par la méthode de l a butée simple avec majora-
[Y(z = h ) = 0 et Y ( h + f) = 0], i l est nécessaire
t
tion a posteriori de l a fiche,
d'établir l'expression de cette dernière pour - D = f, la valeur de kp/2 étant utilisée dans les
déterminer l a constante d'intégration : expressions de D , T et M à la place de kp dans M A X

le cas d'un écran d i m e n s i o n n é par l a m é t h o d e de


Y'(z) la butée simple avec minoration préalable de l a
h z (7)
t

butée.

h,z 2 Les trois grandeurs dimensionnant l'écran s'écri-


5
Y(z) = ^ ^ ( k -k W'h yf-
a (8) vent alors sous l a forme :
120EI ^ { n
{h y
El
h„
Les fonctions y ' et y sont des p o l y n ô m e s de D = hd (H)
.kp - k ' Y " h ' y' h ' h
a

degrés respectifs 4 et 5, dont les coefficients ne


2

sont toujours fonctions que des termes T = -(k p -k a )y'h t ! (12)


•k ' y' ' h ' Y ' h ' h
a

3
et M
max = ^ ( p - k k
a )Y'h m 1(13)
y' ' y ' h ' h ka Y ' h y' h h

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où d, t et m m a x ne sont fonctions que des seuls Ce résultat permet de faire apparaître l'en-
semble des résultats de calcul sur la figure 6
paramètres et (résultats obtenus pour la m é t h o d e de la ligne
y' h ' h ' h
élastique) et la figure 7 ( m é t h o d e de la butée
D T
Résultats simple). Sur ces figures, les valeurs de — , —
h T n
L'analyse ci-dessus confirme les résultats trouvés M„
p r é c é d e m m e n t , à savoir en particulier que le et ont été représentées en fonction de la
niveau de surcharge à considérer est non pas défini
par la valeur d o n n é e à q, mais par la valeur relative variable réduite pour les deux niveaux
q
de —— . Cette valeur relative étant maintenue
y h
de nappes considérés (caractérisés par
constante, ainsi que les autres variables réduites
k
a h
w h
t Y , _ . , , .
— , — , — et —— , la fiche, la reaction d appui et — = 0,1) et pour les différentes valeurs de
h
k - k
p h h a Y
et le moment fléchissant maximum varient respec- résultant des valeurs considérées pour h et
Y h
tivement avec les puissances première, d e u x i è m e
pour q.
et troisième de la hauteur libre de l'écran.

Nappe basse (h -h)


w Nappe haute (h = 0,1 h)
w Nappe basse (h = hj w Nappe haute (h =0.1 h)

1,50 1,50 1,50

1,25 1,25 1,25

1,00 1,00 1,00

0,75 0,75 S 0.75

0,50 0,50 0,50

0,25 0,25 0.25

0,00 0,00 0,00


0,00 0,03 0,06 0,09 0,12 0,00 0,03 0,06 0,0 0.00 0,03 0,06 0,09 0,12 0,00 0,03 0,06 0,0
k /(k.-k )
a a k /(k -k )
a p a

0,00 0,03 0,06 0,09 0,12 0,00 0,03 0,06 0,0 0,00 0,03 0,06 0,0
k /(k -k )
a p a

E
S 0,20 ^ 0,20

0,00 0,03 0,06 0,09 0,12 0,00 0,03 0,06 0,00 0,03 0,06 0,0 0,00 0,03 0,06 0,09 0,12
k /(k -k )
a p a k /(k -k )
a p a

Fig. 6 - Résultats obtenus par la méthode de la ligne élastique. Fig. 7 - Résultats obtenus par la méthode de la butée simple.

Valeur de -2/15 -4/15 HÜ-6/15 -*-9/15 - o - 12/15 -+- 18/15


Yh

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Les autres variables réduites prennent les valeurs 1,50
• D/h
ht y
— = 0,1 et — — = 2 compte tenu des hypothèses 1,25 • T/T„
h y
i M /M
considérées. m a x 0

,1,00

R e m a r q u e : L a figure 7 représente les résultats


obtenus à l'équilibre limite de l'écran, sans
minoration préalable de la butée. Les fiches
. y
obtenues à l'issue de ces calculs n'ont par ail-
leurs pas été majorées. A i n s i , pour connaître le
résultat obtenu par application de la m é t h o d e de 0,25
as * « *
la butée simple avec minoration préalable de
0 i 0 0 ]—aaffiffieffi^S*:
50 % de la butée, i l faudra lire en abscisse la
0,2
k„ e/h
valeur de et non pas la valeur de
k 12 -
p k,
Fig. 8 - Résultats obtenus par la méthode de la ligne
élastique exprimés en fonction de e/h.
—- ; pour avoir le résultat obtenu par appli-
S _ k
a
cation de la m é t h o d e de la butée simple avec très correctement la valeur prise par la fiche
majoration a posteriori de 41 % de la fiche, on réduite et assez correctement la valeur prise par
D le moment fléchissant réduit maximum.
multipliera par 1,41 fois la valeur de — lue pour
L a valeur prise par la réaction d'appui réduite
la valeur en abscisse. est, quant à elle, moins bien expliquée.
k -kp a

Ces résultats s'expliquent par le fait que la


e
valeur - constitue en quelque sorte un « indice
Une expression synthétique h
de chargement » de l'écran : elle croît avec le
du niveau de chargement
q
niveau relatif de surcharge —— appliquée sur le
L'i'expression du point de pression nulle
y h
terre-plein et avec la part de sol situé au-dessus
L a position e du point de pression nulle, c o m p t é e
h w Y
sous le niveau du fond de fouille devant l'écran, de la nappe, caractérisée par — et —— , tandis
peut facilement être e x p r i m é e sous la forme : h y
qu'elle décroît quand la résistance au cisaille-
e = h
k. K (14) ment du sol augmente.
Y Y '
+

k p - k a ' h h

Cette expression fait intervenir les différentes


Comparaison
composantes du chargement de l'écran, sur-
charge q, contributions à la poussée du sol situé des méthodes de calcul
au-dessus de la nappe h Y et du sol situé au- w

dessous de la nappe (h - h ) Y' , compte tenu de la w


La fiche
résistance au cisaillement du sol e x p r i m é e par le
coefficient k . Ce chargement est « normalisé » D
a
Les valeurs de — calculées pour les différents
par la capacité effective de mobilisation du sol h
en butée, définie par (k^ — k ) y'. a ouvrages sont représentées sur la figure 9.
D
Résultats On observe que — croît de façon régulière avec
e e
Les fiches, moment fléchissant maximal et réac- - . Pour de faibles valeurs de - , soit pour des
tion d'appui réduit obtenus avec la m é t h o d e de la h h
ligne élastique, sont représentées sur la figure 8 rideaux combinant faible chargement et forte
e résistance au cisaillement du sol, les deux
en fonction de la valeur de — caractérisant chacun m é t h o d e s de butée simple conduisent à des
h fiches à peu près égales et sensiblement plus
des ouvrages d i m e n s i o n n é s . courtes que celles calculées par la m é t h o d e de la
e e
O n observe que la valeur de — gouverne relative- ligne élastique. L a valeur de — augmentant,
h
l'écart relatif entre les valeurs de la fiche calcu-
ment bien les différents éléments du dimension-
lées par les m é t h o d e s de butée simple et les
nement de l'écran. E n particulier, elle explique

8 4

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 205 - SEPTEMBRE-OCTOBRE - RÉF. 4 0 9 0 - PP. 7 7 - 9 0
• Butée simple avec minoration a
priori de la butée de 50 %

• Butée simple avec majoration a


posteriori de la fiche de 41 %

A Ligne élastique

1,00
Ù4
0,75
I Méthode de la butée simple avec réduction a
priori de 50% de la butée et méthode
0,50 préconisée par PADFIELD et MAIR (1984)

I Méthode de la butée simple avec majoration


0,25 a posteriori de 4 1 % de la fiche

0,00
0,2 0,3 0,2

e/h e/h

F/g. 9 - Fiches réduites calculées à partir des différentes Fig. 10 - Coefficients de sécurité vis-à-vis du défaut de
méthodes de calcul et pour différents ouvrages. fiche, pour les écrans dimensionnés par les méthodes de
butées simples.

valeurs calculées par la m é t h o d e de la ligne élas- >- Pour la m é t h o d e consistant à multiplier par
tique diminue. Toutefois, la fiche calculée par la ^2 la fiche obtenue à l'équilibre limite, le coeffi-
m é t h o d e de la butée simple avec majoration a cient de sécurité s'écrit également
posteriori de la fiche reste toujours largement M(P + AP )
P

inférieure à la fiche calculée par la m é t h o d e de la F = —-, r , où P et P„ sont respective-


n

ligne élastique, tandis que la fiche calculée par la M(P + AP )'


a a P A

m é t h o d e de la butée simple avec minoration pré- ment les résultantes des efforts de poussée du
alable de la butée devient supérieure à la fiche côté du terrain et de butée mobilisable du côté de
calculée par la m é t h o d e de la ligne élastique l'excavation, calculées à l'équilibre limite de
e l'écran, et A P et A P sont respectivement les
a p

pour les fortes valeurs de —. suppléments de P et P dus à la majoration de la


a p

fiche ; ce coefficient décroît de façon monotone


e
Sécurité vis-à-vis du défaut de fiche avec — de la valeur 1,8 pour les écrans les moins
des écrans calculés en butée simple
chargés à la valeur 1,5 pour les écrans les plus
Ces résultats concernant les fiches d ' é c r a n peu- chargés.
vent être interprétés en termes de niveau de sécu-
rité des ouvrages vis-à-vis du défaut de fiche. C e
niveau de sécurité est exprimé comme le rapport Sécurité vis-à-vis du défaut de fiche
du moment de la butée mobilisable devant des écrans encastrés
l'écran au moment de la butée mobilisée devant
l'écran, les moments étant calculés au point Il est possible d'établir le rapport de la butée
d'appui de l'écran. mobilisable sur la hauteur totale de la fiche à la
butée prise en compte dans le dimensionnement
L'ouvrage étant en équilibre, le moment au point de l'écran. Compte tenu de la forme de ce der-
d'appui de la butée mobilisée est égal au moment nier diagramme de pression (fig. 5), ce rapport
au point d'appui des efforts de poussée derrière D
l'écran. L e coefficient de sécurité vis-à-vis du est égal à soit à environ 1,4,

défaut de fiche s'exprime donc par F = , ou


P
M P) (D + 0,2e)
1,2
J
M(P ) a

P et P sont respectivement les résultantes des


a p
avec une légère décroissance quand — croît
efforts de poussée du côté du terrain et de butée
e
mobilisable du côté de l'excavation. (c'est-à-dire quand - croît, fig. 11).
L a figure 10 représente, en fonction du niveau de
chargement, le coefficient de sécurité de chaque Ce rapport n'exprime cependant pas le coefficient
ouvrage : de sécurité de l'ouvrage vis-à-vis du défaut de
>- L e coefficient de sécurité sur la butée est, fiche. E n effet, en préalable à la perte d'équilibre
c o n f o r m é m e n t aux hypothèses de calcul, de deux par défaut de fiche, le pied de l'écran se déplace
pour la m é t h o d e de butée simple avec minora- nécessairement vers l'aval, entraînant l'annula-
tion a priori de la butée et pour la m é t h o d e pré- tion de la force de contrebutée. L ' é c r a n adopte
conisée par Padfield et M a i r (1984). alors un comportement simplement buté en pied.

85
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 205 - SEPTEMBRE-OCTOBRE - RÉF. 4 0 9 0 - PP. 7 7 - 9 0
1,00

i En considérant la force de contrebutée • Butée simple avec minoration a


appliquée derrière l'écran priori de la butée de 50%

• Butée simple avec majoration a


i Après un léger déplacement de l'écran en posteriori de la fiche de 41 %
pied (poussée active derrière l'écran sur
toute sa hauteur) A Ligne élastique

iff.-
• • •

0,2
e/h
Fig. 13 - Réactions d'appui réduites T/T calculées
0 par les
Fig. 11 - Coefficient de sécurité vis-à-vis du défaut de fiche, différentes méthodes.
pour les différents écrans dimensionnés par la méthode de la
ligne élastique.
Les moments fléchissants maximaux
M„
Les moments maximaux réduits obtenus
• Butée simple avec minoration
a priori de la butée de 50%

• Butée simple avec majoration avec les différentes m é t h o d e s de calcul pour les
a posteriori de la fiche de 41 %
différents ouvrages sont représentés en fonction
A Ligne élastique
e
de — sur la figure 12. Cette figure fait apparaître
h
D
que, comme la fiche réduite — , le moment réduit
maximum dépend essentiellement de la m é t h o d e
e
de calcul et de l'indice de chargement — .

A i n s i , on observe que, pour chacune des trois


0,2

e/h
méthodes utilisées, le chargement de l'écran aug-
mentant, le moment réduit maximal dans l'écran
Fig. 12 - Moments fléchissants réduits maximaux M /M
max 0 augmente. Les moments réduits maximaux cal-
calculés par les différentes méthodes. culés par la m é t h o d e de la ligne élastique restent,
toutefois, toujours inférieurs à ceux calculés par
Compte tenu de ceci, la sécurité en fiche des la m é t h o d e de la butée simple avec majoration a
écrans encastrés a été e x a m i n é e en exprimant le posteriori de la fiche, lesquels restent toujours
coefficient de sécurité de la m ê m e façon que pour inférieurs à ceux calculés par la m é t h o d e de la
les écrans simplement butés, c'est-à-dire à l'aide butée simple avec minoration a priori de la butée.
P
M P)
du coefficient F = — — - où les forces P . et P„ Cet écart entre les résultats obtenus par les trois
M(P ) p m é t h o d e s varie avec le chargement : l'écart relatif
a

sont respectivement les résultantes de la poussée entre les moments maximaux calculés avec les
active prise sur toute la hauteur de l'écran, côté méthodes de la ligne élastique et de la butée simple
terrain, et de la butée passive prise sur toute la avec majoration a posteriori de la fiche tend à
hauteur de la fiche, du côté de l'excavation, les décroître quand le chargement augmente, tandis
moments étant pris au point d'appui. Les calculs que l'écart entre les moments maximaux calculés
effectués montrent (fig. 11) que le coefficient de par les méthodes de la ligne élastique et de la butée
e simple avec minoration a priori de la butée tend à
sécurité est élevé pour les faibles valeurs de - croître quand le chargement augmente.
h
mais décroît quand le chargement augmente, tout Les réactions d'appui
d'abord rapidement, puis, plus doucement, De la m ê m e façon que les moments réduits
e T
Lorsque — devient supérieur à 0,2, ces coeffi- maximaux, les réactions d'appui réduites — sont
cients de sécurité prennent des valeurs inférieures représentées graphiquement sur la figure 13. O n
à 2, ce qui est cohérent avec l'évolution, en fonc- observe que si, qualitativement, les réactions
e d'appui réduites se comportent comme les
tion de —, du rapport entre la fiche calculée par la moments fléchissants réduits, la d é p e n d a n c e à
m é t h o d e de la butée simple avec minoration pré- e
alable de l a butée et l a fiche calculée par la l'indice de chargement — est moins nette.
m é t h o d e de la ligne élastique (fig. 9).

86 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 2 0 5 - SEPTEMBRE-OCTOBRE - RÉF. 4 0 9 0 - PP. 7 7 - 9 0


Position du point de moment fléchissant nul pour différents
cas de chargement.
Abaque d e Blum
- -a q/yh = 1.2, nappe basse
• q/yh = 0.6, nappe basse
- -àr - q / f h = 0.4, nappe basse
q/yh = 0. nappe basse

• — q/yh = 1.2, nappe haute


• — q/yh = 0,6, nappe haute
Résultats — A — q/yh = 0,4, nappe haute
de calcul o X q/yh = 0, nappe haute
—• -
/a E S 0,5

0,2 0,3 0,4 05

A n g l e d e f r o t t e m e n t interne O
Fig. 14 Fig. 15
Fig. 16 - En fonction de l'angle de frottement.
Fig. 14 - Positions relatives des points de pression nulle
et de moment nul pour des écrans dimensionnés par la Abaque de Blum

méthode de la ligne élastique. -»- - q / y h = 1,2, nappe basse


-•- - q / y h = 0,6, nappe basse

Fig. 15 - Importance relative des moments maximaux - q / y h = 0,4, nappe basse

dans la hauteur libre et en fiche pour des écrans dimen- -•- - q / y h = 0, nappe basse
- • — q / y h = 1,2, nappe haute
sionnés par la méthode de la ligne élastique.
— q/yh = 0,6, nappe haute
- A — q/yh = 0,4, nappe haute
- • — q/yn = 0, nappe haute

Les méthodes dérivées


de la méthode de la ligne élastique

0.06 0,(

La méthode de la poutre équivalente k /(k„-k )


a a

Les résultats obtenus par la m é t h o d e de la ligne Fig. 17 - En fonction de la valeur de — -r- .


élastique permettent d'apprécier l'hypothèse
L ' h y p o t h è s e qui consiste à confondre point de
faite par la m é t h o d e simplifiée dite de la poutre
pression nulle et point de moment nul se trouve
équivalente. Cette hypothèse consiste, dans le
justifiée pour des écrans moyennement chargés,
cas des sols frottants, à considérer que le point
e
de moment nul est confondu avec le point de
c'est-à-dire tels que — soit au voisinage de 0,1 à
pression différentielle nulle.
0,2. Pour des rideaux plus chargés, cette hypo-
Pour les différents ouvrages d i m e n s i o n n é s par la thèse conduit à sous-estimer la profondeur du
m é t h o d e de la ligne élastique, les valeurs obte- point de moment nul et donc à sous-estimer les
g moments fléchissants en partie libre de l'écran
nues des positions relatives — des points de alors que ces derniers sont dimensionnants.
h Inversement, pour les écrans les moins chargés,
moment fléchissant nul, ainsi que les valeurs des fixer le point de moment nul au point de pression
rapports des moments maximaux dans la partie nulle conduit à surestimer la profondeur du point
libre de l'écran aux moments maximaux en de moment nul et donc à sous-estimer le moment
fiche, sont portés, en fonction de l'indice de en fiche alors que ce dernier est dimensionnant.
e
chargement - , sur les figures 14 et 15. L'abaque de BLUM
Ces représentations font apparaître que la posi- L'abaque proposé par B l u m , [voir, par exemple,
tion du point de moment nul évolue dans le Costet et Sanglerat, (1983)] pour estimer la posi-
m ê m e sens que la position du point de pression tion du point de moment fléchissant nul à partir
nulle, mais de façon plus rapide, et que le rap- de l'angle de frottement du sol peut également
port des moments dans la partie libre de l'écran être discuté à partir des dimensionnements
aux moments en fiche évolue avec le charge- obtenus par la m é t h o d e de la ligne élastique.
ment. A i n s i , pour les écrans les moins chargés,
le point de moment fléchissant nul se trouve Pour les différents ouvrages dimensionnés, la
au-dessus du fond de fouille et le moment en g
fiche est dimensionnant. D è s que le chargement position relative - du point de moment fléchissant
augmente, le point de moment nul passe sous le nul a été portée en fonction de l'angle de frotte-
fond de fouille, puis sous le point de pression ment du sol (fig. 16). Cette figure montre que
nulle et le moment dans la partie libre de l'écran l'abaque de B l u m restitue très approximativement
devient dimensionnant. la position du point de moment fléchissant nul.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES • 2 0 5 - SEPTEMBRE-OCTOBRE - RÉF. 4 0 9 0 - PP. 7 7 - 9 0 87


Palplanches de la série PU (pour une
contrainte maximale de 160 MPa)

È c

200 300 400


* • H -
Moment m a x i m u m dans la section (kN.m/m)

Fig. 18 - Relation entre la masse des palplanches et le = 5 m , calcul e n butée s i m p l e a v e c m i n o r a t i o n préalable d e la b u t é e

moment de flexion admis, pour la série PU et pour une = 5 m, calcul e n butée s i m p l e a v e c m a j o r a t i o n a posteriori d e la f i c h e

contrainte maximum de 160 MPa. = 10 m, calcul e n b u t é e s i m p l e a v e c minoration a priori d e la butée

= 10 m , calcul e n b u t é e s i m p l e a v e c majoration a posteriori d e la fiche

En particulier, lorsque le niveau de surcharge


augmente et que le niveau de la nappe baisse,
c'est-à-dire lorsque le chargement augmente, on
Fig. 19 - Rapport des masses par mètre de longueur des
s'éloigne de l'abaque de B l u m , ceci d'autant rideaux dimensionnés par la méthode de la butée simple
plus que l'angle de frottement du sol est faible. aux masses par mètre de longueur des rideaux dimen-
sionnés par la méthode de la ligne élastique.
Pour de tels ouvrages, l'abaque de B l u m a donc
tendance à sous-estimer les efforts de flexion
dans la partie libre de l'écran.
masse d'acier m par mètre carré d ' é c r a n néces-
Par ailleurs, l'abaque de B l u m présente une saire pour reprendre un moment fléchissant M m a x

forme générale plus aplatie que les courbes est approximativement égale à m = 0,266 M , m a x

résultant du calcul par la m é t h o d e de la ligne + 55,4, m étant exprimé en k g / m et M en 2


m a x

élastique. C e c i peut être attribué au fait que, à


k N m / m (fig. 18).
angle de frottement égal, les valeurs de k p consi-
dérées par B l u m sont différentes de celles consi- Pour chacune des configurations étudiées, on a
dérées dans la présente étude. Verdeyen et calculé, à partir de la relation d o n n é e ci-dessus
Roisin (1955) rapportent ainsi que B l u m consi- pour les palplanches P U , le rapport de la masse
dère, en butée, deux fois la valeur de Rankine, et résultant du dimensionnement par la m é t h o d e de
non pas la valeur issue de la théorie de la ligne élastique à la masse correspondant au
Boussinesq pour ô = — 2/3 cp'.
p
dimensionnement par la m é t h o d e de la butée
simple, ceci pour les deux modalités d'applica-
L a figure 17 restitue l'abaque de B l u m et les tion de la m é t h o d e de la butée simple.
résultats obtenus par la m é t h o d e de la ligne élas-
tique, non plus en fonction de l'angle de frotte- Compte tenu de la forme de l'expression donnant
ment du sol, mais en fonction de la valeur de la masse de l'écran en fonction du moment flé-
chissant, le rapport des masses d ' é c r a n n'est plus
—- considérée dans le calcul. Dans cette indépendant de la hauteur libre comme l'était le
k
Pk —
a rapport des moments fléchissants ou des fiches.
représentation, l'abaque de B l u m ne présente L a figure 19 donne, pour les hauteurs libres de 5
plus d'aplatissement par rapport aux résultats et 10 m, et pour les deux modalités différentes
trouvés dans la présente étude. d'application de la m é t h o d e de la butée simple,
le rapport des masses d ' é c r a n s calculés avec la
m é t h o d e de la butée simple aux masses d ' é c r a n s
calculés par la m é t h o d e de la ligne élastique.
Economie des projets
O n observe que la m é t h o d e de la butée simple
Pour des écrans constitués de rideaux de palplan-
appliquée avec majoration a posteriori de la
ches, les résultats obtenus permettent d'estimer
fiche conduit à des écrans de masse proche de
l'incidence é c o n o m i q u e du choix de la m é t h o d e celle que fournit la m é t h o d e de la ligne élastique.
de calcul. E n revanche, la m é t h o d e de la butée simple avec
En effet, considérant une série de palplanches, minoration a priori de la butée conduit à des
une nuance d'acier et un taux de travail de écrans très sensiblement plus lourds que la
l'acier, la masse d'acier par mètre carré de m é t h o d e de la ligne élastique, ceci, d'autant plus
que l'écran est très chargé.
rideau est proportionnelle au moment maximum
à reprendre. Pour des palplanches de la série P U , Par ailleurs, l'augmentation de la hauteur libre
de nuance d'acier définie par o = 240 M P a et e conduit à une augmentation des rapports de
pour un taux de travail de 2/3 a (soit une e masse, d'autant plus forte que l'écran est faible-
contrainte maximale dans l'acier de 160 M P a ) , la ment chargé.

88 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 2 0 5 - SEPTEMBRE-OCTOBRE - RÉF. 4 0 9 0 - PP. 7 7 - 9 0


Notations et unités

e *- Profondeur du point de pression nulle, comptée sous le niveau de l'excavation.

f Fiche avant majoration forfaitaire (de 20 % pour la méthode la ligne élastique, de 41 % pour la
méthode de la butée simple avec majoration a posteriori de la fiche).

g Profondeur du point de moment fléchissant nul, comptée sous le niveau de l'excavation.

m >- Masse de l'écran, par mètre carré d'écran.

h s» Hauteur libre de l'écran.

K »» Profondeur de la nappe, comptée sous le niveau du terre-plein.

h, s» Profondeur du niveau d'appui, comptée sous le niveau du terre-plein.

K Composante horizontale du coefficient de poussée des terres k . a

Composante horizontale du coefficient de butée des terres k . p

Pa Contrainte appliquée en un point de l'écran par le sol en état d'équilibre limite de poussée.

Pp
3 - Contrainte appliquée en un point de l'écran par le sol en état d'équilibre limite de butée.

q 5» Surcharge uniformément répartie sur le terre-plein.

y »- Déplacement horizontal d'un point de l'écran.

c >»• Force de contrebutée, pour le calcul des rideaux encastrés.

D Fiche de l'écran.

F B
Coefficient de sécurité pris sur les contraintes de butée, pour les calculs en butée simple.

H Hauteur totale de l'écran.

M Moment fléchissant en un point de l'écran.

M max >- Moment fléchissant maximal dans l'écran.

N Centre de rotation de la partie inférieure de l'écran, au sein du sol, pour le calcul des rideaux
encastrés.

P a
>*• Composante horizontale de la résultante des efforts de poussée appliqués par le sol à l'écran.

Pp
Composante horizontale de la résultante des efforts de butée appliqués par le sol à l'écran.

T Composante horizontale de la réaction de l'appui.

V Effort tranchant dans l'écran.

s a
Inclinaison des contraintes de poussée sur l'écran, par rapport à l'horizontale.

s Inclinaison des contraintes de butée sur l'écran, par rapport à l'horizontale.


P

Yw Poids volumique de l'eau.

Y Poids volumique du sol.

Y Poids volumique déjaugé du sol.

<p' s» Angle de frottement effectif du sol.

s» Limite élastique de l'acier.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 2 0 5 - SEPTEMBRE-OCTOBRE - RÉF. 4 0 9 0 - PP. 7 7 - 9 0 89


Conclusions ouvrages sur la base d'efforts beaucoup plus
importants que les autres méthodes.
Les résultats de l ' é t u d e paramétrique du dimen-
O n a par ailleurs observé que l'application de la
sionnement d'un écran de soutènement, com-
m é t h o d e de la ligne élastique et de la m é t h o d e de
plétés d'une brève analyse de la formulation des
la butée simple avec majoration a posteriori de la
m é t h o d e s de calcul, ont en premier lieu permis de
fiche conduit à des coefficients de sécurité
confirmer des résultats « classiques » concernant
vis-à-vis du défaut de fiche qui décroissent quand
les m é t h o d e s traditionnelles de dimensionnement
le niveau de chargement de l'ouvrage augmente.
des ouvrages, comme la d é p e n d a n c e des caracté-
ristiques de l'ouvrage avec les puissances succes- A i n s i , pour des ouvrages très chargés, la m é t h o d e
sives de la hauteur libre, ou le rôle j o u é par le de la butée simple avec majoration a posteriori
de la fiche conduit à des coefficients de sécurité
q
niveau relatif de surcharge ——- ou par le niveau inférieurs à 1,5. Enfin, i l apparaît que les
y h m é t h o d e s simplifiées de calcul des écrans encas-
hw trés ont tendance à sous-estimer les sollicitations
relatif de la nappe —- .
h dans l'ouvrage par rapport au dimensionnement
donné par la m é t h o d e de la ligne élastique.
Cette étude a permis de mettre en évidence le
rôle important j o u é par la combinaison des diffé- E n conclusion, si l ' o n devait s'en tenir à ce seul
rents facteurs caractérisant le chargement, com- critère de chargement pour choisir la méthode de
binaison directement reliée à l'expression de la calcul la plus adaptée, le dimensionnement des
e écrans de soutènement pourrait faire appel à une
position relative du point de pression nul —. Cette m é t h o d e de rideau encastré ou de butée simple
avec majoration a posteriori de la fiche pour les
expression contrôle assez bien les différents
écrans les moins chargés tandis que, pour les
aspects caractérisant le dimensionnement de
écrans les plus chargés, la m é t h o d e consistant à
l'ouvrage, en particulier la fiche et le moment
dimensionner la fiche avec une butée réduite et à
fléchissant maximal, quelle que soit la m é t h o d e
considérer les efforts issus d'un calcul à l'équi-
de dimensionnement utilisée.
libre limite sans minoration de la butée pourrait
Cette expression, utilisée comme « indice de être adoptée concurremment à la m é t h o d e de la
chargement » de l'écran, a été utilisée pour com- ligne élastique. Ce critère de chargement ne peut
parer les m é t h o d e s de dimensionnement utilisées toutefois être le seul critère de choix de la m é t h o d e
i c i . O n a ainsi pu mettre en évidence q u ' a u - d e l à de dimensionnement. E n particulier, i l convient de
d'un certain seuil de chargement, la m é t h o d e de lui adjoindre le critère portant sur la rigidité rela-
la butée simple avec minoration préalable de la tive de l'écran dans le sol, critère pour lequel des
butée de 50 % conduit à dimensionner les nouveaux d é v e l o p p e m e n t s sont nécessaires.

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l'ENTPE, Lyon, 35 pages.

ABSTRACT
Comparison of Standard Anchored Retaining Walt Design Methods
L. D E L A T T R E - H. J O S S E A U M E - L. M E S P O U L H E - T. D E L M E R
A n analysis of the standard retaining wall design methods brings out the dimensionless character of the problem a n d
reveals a factor characterizing the wall loading level. This analysis is u s e d to interpret the results of a parametric
study of retaining wall design. In particular, it is determined both h o w the results obtained by the standard design
methods c h a n g e according to the configuration of t h e structure investigated a n d h o w the results found differ accor-
ding to the m e t h o d u s e d .

- Finally, t h e n e w positioning s y s t e m investigation station (Sessyl) recently set u p at the Laboratoire Central des
Ponts et C h a u s s é e s is presented,

9 0 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 20s - SEPTEMBRE-OCTOBRE - RÉF. 4 0 9 0 - PP. 7 7 - 9 0

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