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Résistance au cisaillement des sols

Chapter · December 2018

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Ali BOUAFIA
Saad Dahlab University
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Ali BOUAFIA
Département de Génie Civil
Faculté des sciences de l’ingénieur
Université Saâd Dahleb de Blida

MÉCANIQUE DES SOLS APPLIQUÉE

PROBLEMES RÉSOLUS

Editions Office des Publications Universitaires


Ali BOUAFIA
Département de Génie Civil
Faculté des sciences de l’ingénieur
Université Saâd Dahleb de Blida

MÉCANIQUE DES SOLS APPLIQUÉE

PROBLEMES RÉSOLUS

Editions Office des Publications Universitaires

1
Photos de couverture

Vue et schéma de la célèbre tour penchée à Pise (Italie). Cette tour fut
commencée en 1173 par Bonanno Pisano et achevée en 1350. De forme
cylindrique, elle comporte 8 étages de 207 colonnes superposées et une hauteur
de 54.60 m. La fondation repose sur une couche de sable argileux de 4 m
d’épaisseur, surmontant du sable. Ce dernier surmonte une couche d’argile
molle. La pression transmise au sol en cas de la verticalité est de 514 kN/m 2 et
de 916 kN/m2 au maximum après son inclinaison. Il s’agit d’un exemple concret
de tassement différentiel dû à la consolidation lente de l’argile molle, cette
dernière n’étant pas homogène. Actuellement, on note une vitesse de tassement
d’environ 1 mm/an. Le tassement de la partie penchée a atteint 150 cm.
(Source : Chantiers de France, N° 322, Juillet-Août 1999)
La photo d’arrière plan illustre une vue de la surface d’un terrain argileux
gonflant subissant un retrait remarquable en période de sécheresse, pouvant se
propager à des profondeurs importantes dans le sol. La zone de fluctuation
saisonnière de la teneur en eau varie de 1 à 12 m de profondeur. Le cycle de
gonflement/retrait de cette argile peut induire des pressions de soulèvement de
l’ordre de 260 kPa et engendrer des désordres importants aux ouvrages légers.

Ouvrages du même auteur

- Introduction au calcul des fondations, éditions SAB Alger, ISBN


9947.0.0090.0, année 2003, 144 p (épuisé).
- Mécanique des sols - Principes de base et exercices résolus, éditions
EL-Maârifa Alger, ISBN 9961.48.114.3, année 2004, 257 p (épuisé).
- Essais in-situ dans les projets de fondations, éditions OPU ISBN
9961.0.0692.5, année 2004, 305 p.
- Calcul pratique des fondations et des soutènements, éditions OPU,
ISBN 9961.0.0849.9, année 2005, 246 p.
- Introduction à la dynamique des sols, Tomes I et II, éditions OPU,
année 2008.
- Conception et calcul des ouvrages géotechniques, éditions SAB Alger,
année 2008, 367 p.

2
Table de matières

Avant-propos de la première édition 4

Avant-propos de la seconde édition 5

Chapitre1. Propriétés physiques du sol 9

Chapitre 2. Reconnaissance et classification des sols 31

Chapitre 3. Ecoulement de l’eau dans le sol 61

Chapitre 4. Distribution des contraintes dans le sol 103

Chapitre 5. Consolidation des sols fins 129

Chapitre 6. Résistance au cisaillement du sol 171

Chapitre 7. Enseignement de la mécanique des sols


assisté par ordinateur 213

3
AVANT-PROPOS DE LA SECONDE EDITION

Il va sans dire qu’après huit ans de l’apparition de la première édition


de ce modeste livre, sa révision aussi bien sur le plan forme que contenu
est devenue plus que nécessaire; d’autant qu’elle est complètement
épuisée et un besoin a été ressenti auprès des étudiants d’avoir à leur
disposition un manuel de résolution des problèmes de mécanique des
sols.
Force est de dire que le contenu de ce livre a subi un aménagement de
fond en mettant l’accent sur les principes de la mécanique des sols, en
limitant le nombre de chapitres aux six premiers, en l’occurrence les
propriétés physiques du sol, la reconnaissance et classification des sols,
l’hydraulique du sol, le calcul des contraintes, la consolidation des sols
fins, et enfin la résistance au cisaillement.
Le reste des chapitres traite plutôt le calcul des fondations et des
soutènements, ce qui a été suffisamment développé dans des ouvrages
ultérieurs à la première édition, aussi bien en termes de cours didactique
que des exercices résolus*. Il a été ainsi procédé à l’allégement du
contenu du livre, en focalisant sur les notions fondamentales et les
principes. En outre, bien que les principes de base ont été le sujet
principal d’un autre livre**, le rappel des notions requises pour résoudre
les exercices a été quand même étendu et développé.
Chaque chapitre commence par un rappel des notions, énonce les
exercices, et regroupe les solutions en fin du chapitre.
Dans un souci de concrétiser les principes de la mécanique des sols,
présentés dans les différents chapitres de ce livre, des séquences de
vidéos didactiques, des présentations en diapositives et des programmes
sur PC ont été sélectionnés et mis à la disposition du lecteur.

_______________________________________________________
* Cours de calcul des fondations et des soutènements :
Conception et calcul des ouvrages géotechniques, éditions SAB Alger, année
2008, 367 p.
Exercices de calcul des fondations et des soutènements :
Calcul pratique des fondations et des soutènements, éditions OPU, ISBN
9961.0.0849.9, année 2005, 246 p.
** Cours de mécanique des sols de base :
Mécanique des sols - Principes de base et exercices résolus, éditions EL-Maârifa
Alger, ISBN 9961.48.114.3, année 2004, 257 p.

5
D’une valeur pédagogique sûre, ces outils d’enseignement assisté par
ordinateur aident d’une part l’étudiant à assimiler les principes de la
mécanique des sols, et d’autre part l’enseignant à mieux présenter son
cours. De tels outils ne sont qu’un spécimen des riches ressources dont
jalonnent les websites éducatifs voués à la géotechnique.
La mise au point de la forme actuelle de cette édition a exigé un effort
particulier que mon épouse a aimablement pris en charge.Qu’elle en soit
ici profondément remerciée.

Alger, le 05 juin 2008

Ali BOUAFIA
Université Saâd Dahleb de Blida
Faculté des sciences de l’Ingénieur
Département de Génie Civil
Email : Soildyn07@yahoo.fr

6
Figure 6.1. Effondrement spectaculaire des bâtiments à Niigata (japon) lors du
séisme de 1964. Le sol portant les ouvrages est formé d’une couche sableuse
saturée lâche (Id variant entre 53 et 70 %) noyée par une nappe d’eau à 1 m de
la surface du sol. Durant 40 secondes, le séisme, ayant une accélération de 1.8
m/s2 et une magnitude de 7.5 a causé une chute considérable de la résistance au
cisaillement de l’horizon sableux. Le comportement de ce dernier était
équivalent à celui d’un liquide ayant une résistance au cisaillement nulle.
Le phénomène de liquéfaction des sables est interprété selon le postulat des
contraintes effectives de Terzaghi, exposé précédemment : sous une sollicitation
rapide, ce dernier se comporte comme un liquide, suite à l’accumulation des
pressions interstitielles en l’absence de drainage, et la diminution graduelle des
contraintes effectives dans les grains. En fait, la résistance au cisaillement de
sables, comme il sera vu dans ce chapitre, est directement proportionnelle à la
contrainte effective, ce qui explique la perte totale de la résistance au
cisaillement au cours du séisme.

170
RESISTANCE AU CISAILLEMENT
DU SOL

______________________________________________________

6.1. INTRODUCTION

Il est usuellement admis que la rupture du sol sous l’effet des


surcharges se manifeste par des contraintes de cisaillement au niveau des
facettes en rupture. La contrainte de cisaillement ultime mobilisée par le
sol au moment de la rupture est appelée résistance au cisaillement et
dépend des caractéristiques mécaniques du sol.
Ce chapitre se propose d’étudier la résistance au cisaillement du sol en
exposant le critère de rupture de Mohr-Coulomb, souvent utilisé dans les
projets géotechniques. On étudie aussi les caractéristiques mécaniques du
sol, à savoir l’angle de frottement interne et la cohésion, et les essais de
laboratoire qu’on réalise dans la pratique des projets, pour les mesurer.
Les notions exposées aux paragraphes 2 et 3 sont admises dans le cadre
de cet ouvrage, mais peuvent être étudiées en détails dans la littérature de
la mécanique des matériaux.

6.2. CONVENTION DES SIGNES

Soit O un point quelconque d'un massif de sol. On définit une facette


élémentaire ds centrée sur le point O. L'état de contraintes au point O se
réduit à un vecteur de contraintes représenté sur la figure 6.2 par MO.
L'axe n perpendiculaire à la facette est appelé axe normal. La
projection du vecteur contrainte est appelée contrainte normale et notée
. L'axe t appartenant au plan de la facette est appelé axe tangentiel. La
projection du vecteur contrainte est appelée contrainte tangentielle et
notée .
On convient que la contrainte  est positive lorsqu'elle est dirigée vers
la facette, c'est à dire qu'elle comprime la facette. L'obliquité du vecteur
de contrainte, soit =(axe n, OM) est positive si la rotation effectuée
171
est dans le sens contraire des aiguilles d'une montre.
La contrainte de cisaillement aura le signe de  si  est une
compression, ce qui est courant en mécanique des sols, et le signe
contraire de  si  est une traction.
Supposons qu'un système d'axes (x,y,z) est centré au point O. On
définit alors un tenseur de contraintes qui est une matrice symétrique 3x3
dont les composantes x, y, z, xy,xz et yz dépendent de l'orientation
des axes dans l'espace, comme le montre la figure 6.3.
On montre qu'il existe une direction privilégiée de ces axes dans
l'espace, telle que les contraintes de cisaillement  sont nulles. Les axes
relatifs à cette direction sont appelés axes principaux de contraintes et les
contraintes correspondantes appelées contraintes principales.
On note :
- 1 contrainte principale majeure, c'est la plus grande contrainte normale,
- 2 contrainte principale intermédiaire,
- 3 contrainte principale mineure, c'est la plus petite contrainte normale.
Il est évident qu'un axe principal correspond à une obliquité  nulle
du vecteur contrainte sur la facette correspondante.
On appelle P1,P2 et P3 les axes principaux correspondant resp-
ectivement aux contraintes principales 1, 2 et 3.

6.3. CERCLE DE MOHR DES CONTRAINTES EN UN POINT

On rappelle que dans un repère (,) fixe dans l’espace, lorsque la


facette tourne autour d'un axe perpendiculaire au plan (,), le point M,
extrémité du vecteur de contraintes décrit un cercle centré sur l'axe des
contraintes , comme l’illustre la figure 6.4.
Ce cercle est appelé cercle de Mohr des contraintes et chaque point du
cercle correspond à une facette possible autour du point O. Dans le plan
contenant les axes P1 et P3, ce cercle a pour diamètre (1- 3), appelé
déviateur de contraintes, et pour abscisse du centre (1+ 3)/2, appelé
contrainte moyenne.
Lorsque la facette tourne d'un angle  par rapport à une facette
principale, le point correspondant dans le cercle de Mohr tournera de 2
en sens inverse.
On montre que les contraintes normale  et tangentielle  s'exerçant sur
une facette faisant un angle  avec une facette principale majeure,
s'écrivent comme suit :
172
Figure 6.2. Convention de signes sur les contraintes

1   3 1  3
  cos 2
2 2
 3
  1 sin 2
2

 est l’angle de la facette majeure vers la facette étudiée

6.4. CRITERE DE RUPTURE DE MOHR-COULOMB

6.4.1. Exemple expliquant la mobilisation de la résistance au


cisaillement

La figure 6.5 illustre le problème de contact de deux corps solides le


long d’une surface d’aire S. On suppose que l’effort vertical Q est fixe et
l’effort T croissant. En deçà d’un effort Tl, le contact entre les deux corps
est stable et aucun déplacement relatif ne se manifeste. On parle d’un
équilibre surabondant. En atteignant la valeur Tl, les contraintes
tangentielles Tl/S mobilisées à la surface de contact atteignent la valeur
maximale l assurant la stabilité de contact des deux coprs, et appellée
résistance au cisaillement du corps 1/corps 2.
On parle d’état d’équilibre limite de contact (ou seuil de rupture). La
rupture se manifeste par un déplacement relatif infini. La résistance au
cisaillement dépend de l’état de surface de contact, et augmente
proportionnellement à la contrainte normale  =Q/S. On peut l’écrire
comme suit :

173
Figure 6.3. Etat de contraintes autour d’un point

Figure 6.4. Cercle de Mohr des contraintes et localisation d’une facette

l =f, où f est appelé coefficient de frottement dans la surface de


contact. D’après la figure 6.2, f est égal à tgmax. Notons que f caractérise
la rugosité de surface de contact, et qu’il est nul pour une surface lisse.
En état d’équilibre limite, on peut écrire que l =tgmax, où max est

174
Figure 6.5. Résistance au cisaillement par frottement de deux corps solides

l’obliquité maximum, qui se manifeste d’ailleurs au début de la rupture.


On pose max = et on l’appelle angle de frottement corps 1/corps 2. On
peut formuler un critère de stabilité de contact des deux corps comme
suit:
- si  < l = tg (ou <) l’équilibre est stable (surabondant),
- si =l= tg (ou =) l’équilibre est limite. Il s’agit du seuil de rupture
par déplacement relatif,
- si  >l =tg l’équilibre de contact est rompu et les déplacements
relatifs se déclenchent.
En passant au matériau sol, la résistance au cisaillement, quantifiée par
la contrainte tangentielle limite l, résulte de deux composantes :
- Résistance par frottement entre les grains du sol. Il s’agit en fait d’un
frottement «interne».
- Résistance par adhérence des particules du sol. Des forces de
cimentation naturelle peuvent exister dans certains sols et contribuer à
coller les grains les uns contre les autres. Ce sont des forces de
«cohésion».
On peut penser simplement à superposer ces deux composantes et
sommer les deux résistances dans le cas général.
175
6.4.2. Formulation du critère de rupture pour les sols

Plusieurs chercheurs ont proposé des définitions au critère de


rupture, notamment Tresca,Von Mises, Mohr-Coulomb et Drucker-
Prager.
Pour les sols secs ou saturés, le critère de rupture le plus utilisé dans
les projets est celui de Mohr-Coulomb. Il définit une relation linéaire
entre les composantes  et  de la contrainte s'exerçant sur la facette de
rupture au sein du matériau, telle que:

 =  (C + .tg) (6.1)

C est appelé cohésion et représente la résistance par adhérence des grains.


Un matériau pulvérulent, tel que les sables propres et secs et les graviers,
n’a pas de cohésion (C=0).
 est appelé angle de frottement interne et correspond à l’obliquité
maximale du vecteur de contrainte agissant sur un matériau pulvérulent.
Cet angle caractérise la résistance par frottement entre grains.
L’expérience des essais de laboratoire, comme ilo sera vu ultérieurement,
montre que l’angle de frottement des argiles saturées en comportement
non drainé est pratiquement nul (u=0).
En termes de contraintes principales, on montre, à partir du cercle de
Mohr de la figure 6.6, que le critère de rupture de Mohr-Coulomb s'écrit
comme suit :

1 = 3tg2 (/4 + /2) + 2C tg (/4 + /2) (6.2)

Ce critère de rupture peut prendre d’autres formes, comme celles


mentionnées ci-après. Le cas d’un sol purement cohérent (=0) est
caractérisé par une droite horizontale comme le montre la figure 6.6.
Les composantes z, x, zx dans les expressions suivantes
correspondent à l’état de contraintes, au moment de la rupture, dans un
cube élémentaire contenant la facette de rupture, comme le schématise la
figure 6.6.  est l’angle entre la facette majeure et la facette parallèle à
l’axe X. Le terme C/tg est appelé résistance maximale à la traction.
La figure 6.6 montre qu’il existe en fait deux facettes possibles de
rupture, selon le signe de la contrainte de cisaillement.

176
Figure 6.6. Etat de contraintes à la rupture et cercle de rupture

( 1   3 ) ( 1   3 )
 . sin   C. cos 
2 2

1  sin  cos 
1   3  2.C
1  sin  1  sin 

 z   .(1  sin  . cos 2 )  C / tg


 x  .(1  sin  . cos 2  )  C / tg
 xz  . sin  . sin 2 

177
6.5. THÉOREME DES ÉTATS CORRESPONDANTS

Dans certains problèmes de mécanique des sols, tels que la capacité


portante des fondations et la stabilité des murs de soutènement, il est plus
facile d'étudier la résistance d'un sol pulvérulent (C= 0). Le théorème
des états correspondants, énoncé en premier par Caquot et Kérisel en
1948, montre qu’il est possible de remplacer l'étude d'un sol cohérent
(0, C0) par celle d'un sol pulvérulent équivalent ayant le même angle
de frottement  et soumis en plus du chargement du sol cohérent à une
pression isotrope C/tg sur chaque facette.
En effet, en considérant une facette en rupture, la contrainte de
cisaillement ultime est donnée par :

 = C + tg = (+ C/tg)tg (6.3)

Cette écriture aboutit à la même résistance de cisaillement d’une


facette dans un sol pulvérulent (C=0) soumise à une contrainte normale
égale à  (due au chargement du sol cohérent), auquelle s’ajoute une
pression normale égale à C/tg.

6.6. TYPES DE COMPORTEMENT DU SOL

Le comportement d'un sol dépend en général des conditions de


drainage de l'eau, de la perméabilité du sol, ainsi que de la vitesse de
chargement .
Un comportement est dit non drainé si l'eau ne peut se drainer des
vides interstitiels du squelette granulaire quel que soit le temps, ou
lorsque la vitesse d'application du chargement est tellement grande que
l'eau ne peut s'infiltrer instantanément. Ce comportement correspond à
une surpression non nulle (u 0) et l'état d'équilibre limite est atteint
lorsque :

 = Cu + tgu (6.4)

Cu et u sont appelées caractéristiques mécaniques non drainées ou


apparentes. Pour une argile saturée, l'expérience des essais de laboratoire
montre que u  0.
Le comportement d’un sol fin saturé en cours de consolidation varie
dans le temps. On distingue ainsi:
178
 le comportement à court terme qui se manifeste au début du
chargement. A cet instant, l'eau supporte toute augmentation des
contraintes totales. La déformation se fait à volume constant et le
comportement, faisant intervenir les grains et l'eau, est décrit par les
contraintes totales. L'état d'équilibre limite est atteint lorsque :

 = Cu + tgu (6.5)

 le comportement à long terme qui se manifeste après consolidation


primaire. L'eau est en régime hydrostatique et les grains supportent la
surcharge. La déformation se fait avec variation du volume et le
comportement est décrit par les contraintes effectives. L'état d'équilibre
limite est atteint lorsque :

 = C' + (-u)tg' (6.6)

C' et ' sont appelées caractéristiques mécaniques effectives ou drainées.


Pour un sable propre et sec, la cohésion C est nulle.
Un comportement est dit drainé si le sol expulse l'eau interstitielle
au fur et à mesure de l'augmentation du chargement et les grains
supportent toute augmentation des contraintes totales. Ainsi, à tout instant

v'= v et u=0 (6.7)

6.7. MESURE DES CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

6.7.1. Essai de cisaillement à la boîte

L'idée de cisailler un échantillon suivant un plan de rupture imposé est


due à Casagrande. Comme le montre la figure 6.7, l'essai consiste à subir
à l'échantillon soumis à une contrainte verticale donnée une contrainte de
cisaillement croissante jusqu'à la rupture de l'échantillon. Comme le
montre la figure 6.8, l’appareil est essentiellement constitué de :
- une boîte de cisaillement dans laquelle est placé l'échantillon. Elle est
formé d'une demi-boîte supérieure munie d'un piston qui lui transmet un
effort vertical imposé, et d'une demi-boîte inférieure avec une pierre
poreuse. Les dimensions de la boîte sont de 6x6 cm ou 6 cm pour les
sols cohérents et de 10x10 cm pour les sols pulvérulents, la hauteur d'une
demi-boîte étant de 2 cm environ.
179
Figure 6.7. Schéma de principe de l’essai de cisaillement à la boîte

Figure 6.8. Appareillage typique de l’essai au cisaillement rectiligne

180
- une machine de cisaillement comportant un moteur à plusieurs vitesses.
Un chariot peut être déplacé horizontalement suivant une vitesse
fixée et entraînant avec lui la demi-boîte inférieure. Un anneau
dynamométrique en contact avec la demi-boîte fixe, permet de mesurer
l'effort tangentiel développé dans le plan de rupture suite au déplacement
de la demi-boîte inférieure. Un comparateur au 1/100e de mm est placé
sur la boîte supérieure pour suivre le tassement éventuel de l'échantillon
au cours du cisaillement.
-Un bâti de consolidation similaire à celui utilisé dans l’essai
oedométrique (voir figure 5.7).
En général, trois échantillons sont préparés pour l'essai de cisaillement.
Il faut noter que si l'échantillon est formé d'un sol pulvérulent, celui-ci
peut être mis en place sec ou saturé.
Si le sol est cohérent on procède à la saturation pour faciliter par la
suite l'interprétation de l'essai.
Dans le cas où il est nécessaire de consolider l'échantillon, ce
dernier est soumis une pression verticale constante, en général entre 50 et
300 kPa afin de déclencher la consolidation qui évolue jusqu'à ce que la
surpression interstitielle se dissipe. En règle générale, l'opération de
consolidation dure environ 24 heures.
La contrainte verticale provient du poids des surcharges sous forme
de disques mis dans le plateau de charge et transmettant un effort vertical
au piston (voir figure 6.8).
Trois type différents d'essais peuvent être réalisés avec cet appareil,
selon que l'échantillon est consolidé avant l'essai ou non, et selon que
l'eau est drainée au cours de l'essai ou non.

 Essai consolidé lent CD. L'échantillon est consolidé au préalable sous


la même contrainte verticale de l'essai de cisaillement. L'essai doit se
faire avec une vitesse suffisamment lente pour que la surpression
interstitielle est nulle à chaque instant. Ainsi, d'après la loi de Terzaghi,
les surcharges sont reprises intégralement par le squelette solide. Au
moment de la rupture, on a :

 = C’+ tg’ (6.8)

C' et ' sont appelées caractéristiques mécaniques effectives.


Géométriquement parlant, ces caractéristiques représentent resp-
ectivement l’ordonnée à l’origine et la pente de la droite expérimentale
181
liant la contrainte de cisaillement à la rupture à la contrainte normale
appliquée.

 Essai non consolidé rapide UU. L'échantillon est soumis à une vitesse
de cisaillement suffisamment grande pour que le drainage de l'eau
interstitielle est interdit .Les surcharges sont intégralement reprises par
l'eau. Dans ce cas, le comportement de l'échantillon fait intervenir le
volume d'eau en surpression, et est donc décrit par les contraintes totales.
Au moment de la rupture, on a :

 = Cu + tgu (6.9)

 Essai consolidé rapide CU. L'échantillon est consolidé au préalable


sous la contrainte verticale de l'essai, et ensuite cisaillé rapidement de
telle façon que l'eau n'a pas la possibilité de s'évacuer à l'extérieur
de l'échantillon.
Un tel essai est utilisé pour établir la relation expérimentale entre la
cohésion non drainée Cu d’une argile saturée normalement consolidée et
sa contrainte de préconsolidation c. Une telle relation est utile dans le
cas de l’amélioration de la résistance au cisaillement d’un sol argileux
médiocre par consolidation par un remblai par exemple. La valeur de
cohésion exigée correspond, dans cette relation, à une pression de
consolidation donnée. L’exercice suivant illustre l’importance d’un tel
essai pour l’étude de l’amélioration d’un sol argileux. L’expérience des
laboratoires a montré qu’on obtient une relation pratiquement linéaire
comme suit :

Cu = u +  uc (6.10)

Les coefficients u et  u sont les paramètres géométriques de la droite


expérimentale. u peut être interprété comme étant la cohésion non
drainée minimale et  u est le taux d’augmentation de la cohésion par
consolidation. Dans certains ouvrages de mécanique des sols, ces
coefficients sont respectivement notés Ccu et tgcu et appelés couramment
et par ambiguité caractéristiques mécaniques consolidées non drainées.
Le sol pulvérulent est caractérisé par sa grande perméabilité. Il est
alors sujet à des essais de cisaillement drainé. On note que l'angle de
frottement du sable est pratiquement le même pour un échantillon
saturé ou sec dans un essai drainé, la différence pouvant être de l'ordre de
182
1 à 2 degrés.
La courbe de cisaillement  = T/A est à tracer en fonction du temps. T
est l'effort horizontal lu sur l’anneau et A est la section cisaillée de
l'échantillon, telle que pour une boîte carrée :

A= L0(L0-vt) (6.11)

v est la vitesse de cisaillement et L0 est la longueur initiale de


l'échantillon .
La courbe de cisaillement d'un matériau pulvérulent dense se distingue
par un pic, ensuite par une chute de la contrainte de cisaillement. Ceci
s'explique par le comportement dilatant du sol dense, qui a tendance à
désenchevêtrer ses grains en augmentant son volume, donc en diminuant
sa résistance.
Dans le cas d'une faible densité, la courbe de cisaillement est
caractérisée par une allure croissante. Le matériau a une tendance à se
contracter par un enchevêtrement des grains et une réduction du volume,
ce qui correspond à une augmentation de résistance. Les mesures du
tassement de l'échantillon doivent en principe donner des informations
intéressantes sur le phénomène de contractance et de dilatance du sol.
L’expérience des essais montre qu'il existe un indice des vides appelé
indice des vides critique ec pour lequel le cisaillement se fait à volume
constant (voir figure 6.9).
Ainsi, si un sable lâche saturé est soumis à un cisaillement, le volume
et donc son indice de vides diminuent jusqu'à ce que e = ec où la variation
du volume devient nulle.
Dans le cas d'un échantillon argileux non remanié, la courbe de
cisaillement passe par un pic ensuite diminue, identiquement au cas du
sable dense. Le phénomène correspond probablement à une destruction
graduelle de la structure du sol argileux. Si l'échantillon est remanié la
courbe de cisaillement est croissante comme c'est le cas d'un sable lâche.
On retient en général le maximum de la courbe et on reporte les
points (, max) dans le diagramme de Mohr. La courbe est pratiquement
une droite dont on en déduit l’ordonnée à l’origine qui est la cohésion et
la pente qui est l'angle de frottement interne de l'échantillon.
L'essai de cisaillement rectiligne bien qu'il est très utilisé dans les
projets de mécanique des sols, présente certains inconvénients qu'il
convient de les analyser ici.

183
Figure 6.9. Courbes typiques de cisaillement

En effet, le plan de rupture est imposé, ce qui veut dire que les
caractéristiques mécaniques déduites de cet essai sont différentes de
celles d’un essai à plan de rupture libre. En outre, la contrainte de
cisaillement le long de la surface de cisaillement n'est pas uniforme,
mais a en général une forme parabolique. Une certaine erreur est donc
commise en écrivant que = T/A.
Enfin, le phénomène de frottement du métal avec le sol au cours du
cisaillement est mal connu, mais il a certainement un effet sur la
résistance maximale du sol.

6.7.2. Essai de compression triaxiale

L'essai, développé par Casagrande, présente une amélioration de


l'essai au cisaillement rectiligne. Il s'agit de soumettre une éprouvette de
sol à un champ de contraintes cylindriques jusqu'à la rupture, le plan de
rupture n'étant pas imposé, contrairement à l’essai de cisaillement à la
boîte.
Cet essai permet de mieux contrôler l'évolution des pressions
interstitielles. En outre, il ouvre des perspectives intéressantes pour le
choix du chemin des contraintes subies par l'échantillon, ce qui fait de
cet appareil un outil courant de l'étude géotechnique et un moyen puissant
destiné aux recherches sur le comportement du sol.
Actuellement, il est courant que l'appareil triaxial soit l'élément d'une
chaîne d'acquisition pilotée par un micro-ordinateur (voir figure 6.10). Le
suivi de l'évolution des paramètres de l'essai se fait automatiquement et
à temps réel par une centrale de mesure qui amplifie et digitalise les
184
signaux enregistrés par des capteurs électriques.
On tente dans ce qui suit de présenter une description sommaire
de l'appareil, sachant qu'il existe une diversité de modèles d'appareils
triaxiaux. Comme le montre la figure 6.11, l'appareil de base comporte :
- La cellule triaxiale : Il s'agit d'une chambre cylindrique remplie l'eau.
L'éprouvette est fixée au centre de la cellule à l'aide d'une embase
inférieure portant une pierre poreuse ou éventuellement un disque
plein. Le diamètre de l'embase varie en général entre 35 et 100 mm.
La partie supérieure de la cellule comporte un couvercle et un cylindre
en plexiglas. Un orifice dans le couvercle permet la pénétration du piston
pour exercer un effort de compression sur l'éprouvette. Une console en
contact avec ce piston porte un comparateur pour la mesure de la
déformation axiale verticale de l'éprouvette.
- La presse: Il s'agit d'une presse mécanique qui se déplace verticalement
avec une vitesse réglable variant entre 1µm/mn et plusieurs millimètres
par minutes. La cellule est fixée sur la presse et la montée de cette
dernière permet d'exercer un effort de compression par le piston. Un
anneau dynamométrique en contact avec le piston permet de calculer
l'effort de compression résultant.
- Les burettes : Ce sont des tubes spéciaux qui permettent de collecter
l'eau et de mesurer ainsi la variation du volume de l'échantillon au cours
de la consolidation ou au cours de l'essai drainé et éventuellement la
variation du volume de l'eau dans la cellule, ce qui permet aussi de
déduire la variation du volume de l'échantillon de sol. La conduite 2
permet le drainage de l'eau interstitielle de l'échantillon vers
l'extérieur de la cellule. La conduite 1 en contact avec un capteur de
pression est pour la mesure de la pression interstitielle. La conduite 3
achemine l’eau drainée vers un volumètre afin de contrôler la variation du
volume de l’éprouvette. La conduite 4 permet de mesurer la pression h
s'exerçant sur l'eau de la cellule.
- l’appareil de mise en pression de l’eau de la cellule.
-l’appareil de mesure de la pression interstitielle: La pression interstitielle
est mesurée à la base inférieure de l'échantillon.
L'éprouvette est élancée et a en général une hauteur égale au double
de son diamètre. Ce dernier varie couramment entre 37 et 100 mm.
L'échantillon est mis en place dans une membrane élastique étanche.
Dans le cas d'un sol cohérent, la carotte est découpée afin d'obtenir les
dimensions adaptées à l'essai. Dans le cas du sol pulvérulent sec, on
utilise un moule rigide formé de deux demi-cylindres en contact suivant
185
Figure 6.10. Dispositif typique de l’essai de compression triaxiale

Figure 6.11. Schéma de principe d'une cellule triaxiale

186
deux génératrices, et dans lequel on place la membrane sur la surface
interne. On procède au déversement du matériau à l'intérieur du moule
par couches de 1 à 2 cm avec compactage manuel. On peut aussi utiliser
la technique de la pluviation du sol pulvérulent dans l’air à l’aide d’une
trémie, à partir d'une hauteur de chute correspondant à la densité voulue.
L'essai est réalisé sur trois échantillons du matériau. L'éprouvette est
placée dans la cellule. L'eau de remplissage de la cellule est soumise à
une pression hydrostatique, ce qui permet d'exercer sur l'échantillon
une contrainte latérale uniforme h. La montée de la presse avec une
vitesse fixée permet d'exercer par le piston un effort axial. Le mouvement
de la presse continue, ce qui fait augmenter la pression du piston jusqu'à
la rupture de l'éprouvette.
La pression de l’eau est appliquée à n'importe quel point à l'intérieur
de la cellule. Ainsi, la contrainte axiale v est la somme de h et de la
pression appliquée par le piston. Cette dernière, appelée déviateur de
contraintes, est donc égale à v -h.
Le plus souvent, on maintient constante h et on augmente v. Un tel
essai est appelé compression triaxiale. Dans le cas où on maintient v
constante et on augmente h, ce qui est moins courant, l'essai est appelé
extension triaxiale ou striction. Les composantes tangentielles de
contraintes sont nulles et par conséquent v et h sont principales.
Il existe trois types d'essais courants réalisés sur l'appareil triaxial,
selon que l'eau interstitielle de l'échantillon est drainée au cours de
l'essai de cisaillement ou non et selon que l'échantillon a été consolidé au
préalable ou non.

 Essai consolidé drainé CD. L'éprouvette saturée est soumise à une


pression latérale h jusqu'à ce que la surpression interstitielle dans
l’éprouvette s'annule. Le volume de l'éprouvette diminue de Vc, ce qui
est en fait la quantité d'eau expulsée vers la burette 3 et son hauteur
diminue de Hc.
Sous la même pression latérale h l'échantillon est soumis à un effort
de compression P croissant et lu sur l'anneau dynamométrique ou le
capteur de force avec une vitesse suffisamment faible pour qu’à chaque
instant, la pression interstitielle mesurée est nulle. Ainsi, l'eau ne
participe pas dans le comportement de l'échantillon et toute la surcharge
est reprise par le squelette solide.
Soient Sc la section de l'éprouvette déformée au cours de l'essai et et Sp
celle du piston. La contrainte verticale est :
187
P   3S p
1   3  (6.12)
Sc

Supposons qu'à un instant donné de l'essai, le volume de l'éprouvette a


diminué de V suite au drainage de l'eau et que le tassement résultant de
l’éprouvette est de H. Le long de l'échantillon, la section varie. Pour
simplifier les calculs, on suppose qu'après déformation, on obtient un
cylindre de section Sc. Ainsi, on a Sc.(H0+ Hc + H )= V0 + Vc + V.
Autrement dit :

Vc V
1 
V0 V0
Sc  S0 (6.13)
H c H
1 
H0 H0

V0, H0 et S0 correspondent respectivement aux valeurs initiales du


volume, la hauteur et la section de l'échantillon avant la consolidation. La
variation du volume de l'éprouvette s'accompagne d'une variation
analogue du volume d'eau de la cellule et peut être mesurée à l'aide de la
burette connectée à la cellule. Cet essai permet d'obtenir les
caractéristiques mécaniques effectives C' et ’.

 Essai consolidé non drainé avec mesure de la pression interstitielle


(CU+u). L'éprouvette une fois saturée est placée dans la cellule où elle
est consolidée par une pression hydrostatique 3. Ensuite, l'échantillon
est soumis à une compression croissante avec une vitesse rapide qui se
calcule à partir du temps de consolidation et de la déformation estimée à
la rupture. A chaque instant, il se développe des surpressions
interstitielles à l'intérieur de l'échantillon, l'issue de drainage de l'eau
étant fermée. La surpression u est mesurée, ce qui permet d'interpréter
l'essai tant en contraintes effectives que totales, puisqu'on a :

1’ =1 -u et 3’ =3- u (6.14)

La pression interstitielle initiale, suite à la consolidation de


l'échantillon, est négligeable. Au cours de la compression, le volume
reste constant puisque l'eau, pratiquement incompressible, reprend toute
188
la surcharge. Ainsi, la section de l'éprouvette peut être calculée selon
l'hypothèse d'une forme cylindrique à n'importe quel instant, comme suit :

Vc
1
V0
Sc  S0 (6.15)
H c H
1 
H0 H0

Cet essai permet de déterminer les caractéristiques effectives C' et '


en traçant les cercles de Mohr de chaque essai en contraintes effectives, et
les paramètres u et  u de la variation de la cohésion non drainée avec la
contrainte de consolidation.

 Essai non consolidé non drainé UU. L'échantillon est saturé, placé
dans la cellule et soumis à une compression avec une vitesse importante,
en général de l'ordre de 1mm/mn. L'issue de drainage est fermée et l'eau
reprend pratiquement toute la surcharge. Ainsi, le volume de l'éprouvette
reste constant, et l'essai est interprété en contraintes totales. Cet essai
est analogue à l'essai non consolide rapide à la boîte de cisaillement et
permet d'obtenir les caractéristiques apparentes Cu et u.
La mesure de la surpression interstitielle pour déduire les contraintes
effectives est inutile du moment que les contraintes effectives dans
le squelette granulaire n'évoluent pas, ce qui ne permet pas de déduire
les caractéristiques effectives. La section corrigée de l'éprouvette est
calculée par :

1
Sc  S0 (6.16)
H
1
H0

6.7.3. Essai de compression simple

Cet essai simple et direct permet de calculer la résistance à la


compression d'une roche ou un échantillon de sol cohérent. Une
éprouvette cylindrique ayant un élancement de l'ordre de 2, est placée
entre les deux plateaux d'une presse de compression, comme celle de
189
l’essai triaxial. Le diamètre de l'éprouvette est recommandé entre 40 et
60 mm. En dehors de cet intervalle, les résultats de l'essai risquent
d'être influencés par l'effet de taille, c'est à dire que la résistance obtenue
dépendra de la dimension de l'échantillon, ce qui évitera tout intérêt
pratique à l'essai.
L'essai peut être mené à contraintes contrôlées ou à déformations
contrôlées. Dans le dernier cas, la vitesse de montée du plateau inférieur
est de l'ordre de 1.5 à 2 mm/mn et le chargement continue jusqu'à la
rupture de l'éprouvette.
Soit Pu l'effort ultime enregistré au moment de la rupture, et Sc la
section corrigée de l'éprouvette au moment de la rupture. La résistance
à la compression est :

Pu
1  (6.17)
Sc

Cet essai est un cas particulier de l'essai triaxial non drainé où la


contrainte latérale h est nulle. En écrivant que la variation du volume de
l'échantillon est nulle au cours du comportement non drainé, on obtient
l'expression suivante de la section corrigée au moment de la rupture :

1
Sc  S0 (6.18)
H
1
H0

S0 et H0 sont respectivement la section et la hauteur initiales de


l'éprouvette Hr est le tassement de l'échantillon au moment de la rupture.
Suivant le critère de Coulomb écrit en contraintes principales pour
une argile saturée (u = 0) en compression simple : 1 = 2Cu.
L'essai permet donc d'obtenir directement la cohésion non drainée
de l'argile. Des précautions sont nécessaires pour éviter la perte
d'eau interstitielle par contact avec l'air ambiant. Pour l'argile, la vitesse
de compression notée ci-dessus peut être considérée comme
suffisamment grande pour considérer l'essai comme non drainé.
Dans le cas où l'essai est fait sur un échantillon non saturé, l'essai ne
permet évidemment pas de déduire les paramètres mécaniques mais
seulement la résistance à la compression simple.

190
6.8. ETUDE DES CARACTÉRISTIQUES MÉCANIQUES

Les paramètres mécaniques de la loi de Mohr-Coulomb ne sont pas


des caractéristiques physiques intrinsèques du matériau. Elles dépendent
de plusieurs facteurs, notamment :
- le volume des vides dans le sol et sa variation au cours du chargement,
- l'eau interstitielle et des conditions de drainage,
- l'histoire des contraintes subies par le matériau,
- la vitesse de chargement de ce sol,
- la structure chimique et de la présence des micro-fissures dans le sol
cohérent,
- la granulométrie et des caractéristiques géométriques des grains
(forme, dimension,
rugosité et angularité).
Caquot (1939) a proposé une relation empirique pour les sols
pulvérulents liant l'angle de frottement à l'indice des vides :

e.tang = m (6.19)

m est une constante variant entre 0.45 et 0.55 en fonction de la


granulométrie et de la géométrie des grains. Cette expression confirme
que l'angle de frottement diminue avec la porosité du sol.
En considérant une valeur de 0.55 pour cette constante, on voit que
lorsque l'indice des vides diminue de 1 à 0.50, l'angle de frottement de
frottement augmente de 29° à 48°, soit de 66%.
Il est évident que l'angle de frottement varie entre un maximum qui
correspond au maximum de densité‚ et un minimum correspondant au
minimum de densité. L'angle de frottement minimum correspond à ce
qu'on appelle angle de talus naturel. Il suffit pour le mesurer de verser
une quantité de ce matériau à partir d'une faible hauteur de chute (afin
d'obtenir une faible densité), pour voir se former un talus faisant avec
l'horizontale un angle égal au minimum de l'angle de frottement (voir
figure 6.12).
Mécaniquement parlant, une masse de sol pulvérulent lâche sec tend
vers un équilibre tel que l'effort minimum de glissement le long du talus
correspond à la contrainte tangentielle du poids d'une bande
infinitésimale du matériau. Ainsi, suivant la loi de Mohr-Coulomb la
force de glissement est T = N.tg . Ainsi, la pente  du talus est égale à
, et correspond à min puisque le matériau a une densité minimum.
191
On sait qu'il est difficile d'extraire des échantillons intacts de sol
pulvérulent, surtout s'il est à l'état sec. Bien qu'il existe des techniques
spéciales à utiliser sur le chantier, telles que la congélation dans le
carottier qui fait augmenter le volume de l’échantillon et lui permet de
s'adhérer aux parois du carottier, ou l'injection de l'air comprimé sur la
base de la carotte, mais à l'heure actuelle, ces techniques ne sont pas
largement appliquées dans les projets courants de géotechnique. Des
difficultés vont donc surgir pour déterminer l'angle de frottement du sol
pulvérulent, puisque cet angle dépend sensiblement de l'état de densité de
ce sol.
Ce problème peut être résolu partiellement en utilisant l'essai au
gamma-densimètre ou tout autre essai in-situ pour déterminer le poids
volumique à la profondeur étudiée.
On exploite des fois des corrélations entre les essais mécaniques de
laboratoire et sur place (in-situ) pour déterminer d'une façon indirecte
les caractéristiques mécaniques du sol.
La cohésion d'un matériau argileux n'est pas une grandeur intrinsèque,
mais augmente avec la contrainte de préconsolidation et diminue avec la
teneur en eau. A titre d'exemple, Skempton a suggéré la relation
empirique suivante pour les argiles normalement consolidées :

Cu = c'(0.11 + 0.37Ip) (6.20)

Ip est l'indice de plasticité de l'argile.

Figure 6.12. Angle du talus naturel d'un sol pulvérulent sec

192
L'expérience montre que lorsque l'échantillon d'une argile normal-
ement consolidée est totalement remanié sa cohésion effective C' est
pratiquement nulle. Ainsi, la courbe intrinsèque d'un tel matériau est une
droite passant par l'origine.
On constate en outre que si ce matériau est soumis à un essai de
cisaillement à la boîte sous des contraintes normales inférieures à la
contrainte de préconsolidation c, la courbe intrinsèque de ce sol a une
forme curviligne et se rattache à une droite passant par l'origine, pour
une contrainte normale égale à c (voir figure 6.13).
Au moment de la rupture d'une argile saturée dans un essai non
drainé, la surpression interstitielle est telle que :

u = B[3 + A(1 - 3)] (6.21)

A est le coefficient de Skempton ou coefficient de pression interstitielle.


B est pratiquement égal à 1 pour une argile saturée.

Figure 6.13. Courbe intrinsèque d'un matériau remanié normalement consolidé.

6.9. AU SUJET DES SOLS NON SATURÉS

La présence de l’air et l’eau dans les vides interstitiels complique le


mécanisme de répartition d’une contrainte sur les trois phases du sol
(grains, eau, air). La résistance au cisaillement est évidemment affectée
par cette répartition des contraintes.
Nos connaissances actuelles sur le comportement du sol non saturé
sont limitées au stade de la recherche et ne permettent pas une
193
interprétation pratique d’un essai de cisaillement sur un tel sol. Depuis
plus de 50 ans, des recherches ont été menées sur la résistance au
cisaillement des sols non saturés, notamment par Dinald (1956), Hilf
(1956) et Bishop(1960). Ce dernier a réalisé des essais de cisaillement
consolidé drainé sur un échantillon de limon non saturé dans l'appareil
triaxial.
Fredlund et al (1978) ont suggéré d'adapter le critère de Coulomb pour
un sol non saturé, en tenant compte des pressions interstitielles de l'eau
uw,et de l'air ua, comme suit :

 = C'+ (- ua)tang' +(ua-uw)tang" (6.22)

Les paramètres de cette équation sont définis par les auteurs comme suit:
ua - uw : matrice de succion,
 - ua : contrainte normale nette,
' : angle de frottement associé à la contrainte normale nette,
" : angle de frottement fictif qui tient compte du changement de la
résistance au cisaillement dû au changement de la matrice de succion,
C’: intersection de la courbe enveloppe décrite par l'équation précédente
avec l'axe de  lorsque la contrainte normale nette et la matrice de succion
sont nulles.
Sur le plan expérimental, il a été constaté (Satija 1978, Escario et Saez
1986, Gan 1988) que la contrainte de cisaillement à la rupture varie
d'une façon non linéaire avec la matrice de succion.
Gan(1988) a modifié l'appareil conventionnel de cisaillement rectiligne
pour contrôler les pressions de l'air et de l'eau à l'intérieur de
l'échantillon. La boîte est placée dans une chambre d'air pressurisé, ce qui
permet de contrôler la pression d’air. L'eau peut pénétrer sous une
pression uw à partir de la base de l'échantillon.
Des essais faits par Gan (1988) sur des échantillons de till glaciaire ont
montré que l'angle " prend la valeur de ' pour une matrice de succion
nulle et diminue par la suite avec elle. Au-delà d'une certaine valeur de
(ua-uw), cet angle devient constant. Ces essais n'ont pas permis de
vérifier rigoureusement l'équation de Fredlund concernant la résistance
de cisaillement.
D’avantage d'efforts de recherche sont attendus pour mettre au point un
critère de rupture réaliste à partir des essais sur des appareils adaptés à ce
type de problème.

194
6.10. APPLICATIONS

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PROBLEME 1. ESSAI TRIAXIAL SUR DU SABLE

Un essai de compression triaxiale a été réalisé sur 3 échantillons de


sable siliceux dense sec et propre. Les résultats sont mentionnés au
tableau 6.1.

1) À partir cercles de Mohr déduire graphiquement les caractéristiques


mécaniques de ce sol,

2) Déterminer l'orientation de la facette de rupture,

3) Déterminer les contraintes σ et τ agissant sur cette facette dans l'essai 2


ainsi que l'obliquité du vecteur contrainte sur cette facette,

4) L'étude du comportement d'un matériau limoneux peu plastique dans


un essai triaxial a montré qu'il est caractérisé par le même angle de
frottement que le sable précédant et qu'il s'est mis en rupture sous
σv=486.5 kPa et σh=25kPa. En appliquant le théorème des états
correspondants au sable déduire la cohésion du limon.

Tableau 6.1. Résultats de l’essai triaxial drainé

Essai 1 2 3
σh (kPa) 50 100 150
σv ult (kPa) 203.8 407.7 611.5

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PROBLEME 2. AMELIORATION DU SOL PAR
CONSOLIDATION

Une cité administrative doit être bâtie sur une couche d’argile plastique
molle et saturée de cohésion non drainée égale à 50 kPa. A cause de la
faible capacité portante du sol, il a été décidé d'améliorer la résistance de
ce sol en augmentant sa cohésion de 200% par préchargement à l'aide

195
d'un remblai à dimensionner.
Des essais de cisaillement à la boîte du type consolidé non drainé ont
donné les résultats mentionnés au tableau 6.2.

1) Tracer la courbe Cu = f(σc),

2) Déduire σc correspondant à la cohésion voulue,

3) Proposer une hauteur et un poids volumique pour le remblai devant


consolider le terrain.

Tableau 6.2. Résultats de l'essai CU

σc (kPa) τult (kPa)

50 125
100 233
200 426

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PROBLEME 3. ESSAIS DE CISAILLEMENT AU LABORATOIRE

Définir le type du comportement, les caractéristiques mécaniques


mises en jeu et les essais mécaniques que vous recommandez dans les
projets suivants :

Projet 1 : Bâtiment reposant sur un sol sableux sec,


projet 2 : Corps d'un barrage à réaliser sur une couche d'argile molle
saturée,
Projet 3 : Réservoir construit sur une couche sableuse saturée contenue
dans un massif rocheux imperméable,
Projet 4 : Sol limoneux saturé ayant une faible cohésion non drainée à
améliorer par consolidation à l'aide d'un remblai.

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196
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PROBLEME 4. ESSAI DE CISAILLEMENT DE LA MARNE DE
BOUDOUAOU

Un échantillon intact de la marne saturée de Boudouaou (Boumerdès) a


été sujet d'un essai de cisaillement rectiligne du type UU. Le tableau 6.4
récapitule les différentes données de l'essai.
La lecture mentionnée, en nombre de divisons de l'anneau
dynamométrique, est à multiplier par le coefficient de l'anneau, pour
obtenir l'effort horizontal appliqué.
1) Compléter le tableau 6.4,
2) Tracer la courbe τ = f(Δl) et repérer τmax pour chaque contrainte
normale σ appliquée sur l'échantillon,
3) Dans un diagramme τ-σ placer les points correspondant aux trois
essais. Ajuster ces points par une droite selon la méthode des moindres
carrés. En déduire la cohésion et l'angle de frottement interne du sol.

Tableau 6.4. Essai de cisaillement UU sur une marne


Echantillon N° 1 2 3
Boîte (dimensions en mm) 60 x 60 60 x 60 60 x 60
Charge verticale N (kN) 0.36 0.72 1.08
Contrainte normale (kPa)
Poids humide + boîte (gr) 215.96 215.40 216.53
Poids de la boîte (gr) 104.0 104.0 104.0
Poids net humide (gr)
Volume de la boîte (cm3 ) 56.55 56.55 56.55
γh (kN/m3)
Teneur en eau (%) 26.58 26.93 25.32
γs (kN/m3) 26.50 26.50 26.50
γd (kN/m3)
Sr (%)
Vitesse (mm/mn) 0.9 0.9 0.9
Coeff d’anneau (daN/div) 0.0797 0.0797 0.0797
Tableau 6.4 (suite )
échantillon 1 2 3
Δl ( mm ) Lecture τ Lecture τ Lecture τ
( kPa) ( kPa) ( kPa)
0.25 76 79 80
0.50 104 110 115
0.75 121 124 122
1.00 131 132 154

197
1.25 139 148 170
1.50 145 154 184
1.75 150 162 198
2.00 153 168 207
2.25 154 171 218
2.50 155 176 230
2.75 156 180 233
3.00 156 186 236
3.25 157 191 239
3.50 157 193 242
3.75 157 195 243
4.00 157 197 244
4.25 157 197 244
4.50 158 198 245
4.75 158 200 247
5.00 158 201 247
5.25 158 201 249
5.50 158 201 249
5.75 158 202 249
6.00 159 202 250
6.25 160 203 252
6.50 151 203 253
6.75 152 203 254
7.00 147 204 255
7.25 144 204 256
7.50 145 204 256
7.75 142 199 257
8.00 136 195 260
8.25 136 192 262
8.50 136 188 265

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PROBLEME 5. ESSAI DE COMPRESSION D’UNE ARGILE
RAIDE DE HAOUD EL HAMRA

Une éprouvette d'argile saturée raide de Haoud El-Hamra (Ouargla) est


soumise à un essai de compression simple. L'échantillon a un diamètre
de 115 mm et une hauteur de 230 mm. La vitesse d'écrasement est de
1.14 mm/mn. Les résultats d'essai sont regroupés au tableau 6.6. On
demande de :
198
1) Tracer la courbe de compression simple σ =f(ε),
2) Calculer la résistance à la compression ainsi que la cohésion non
drainée de cette argile.

Tableau 6.6. Essai de compression simple sur l'argile


N(kN) 0.73 1.35 2.3 2.7 3.4 4.5 5.5 6.5 6.4 6.4 6.5 6.5
ε x10-4 8 12 20 21 30 35 43 50 52 55 70 100
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PROBLEME 6. ESSAI CU+u SUR L’ARGILE DE ROUIBA

Un essai de compression triaxiale du type CU avec mesure de la


pression interstitielle a été mené sur un échantillon d'argile calcaireuse
jaune de Rouiba (Alger). L'éprouvette a une hauteur de 75 mm et un
diamètre de 37 mm. La vitesse d'écrasement est de 16mm/mn.
Au préalable, chaque éprouvette a été saturée sous une contre-pression
interne de l'eau de 300 kPa, et consolidée sous la même contrainte
latérale totale de l'essai. Le tableau 6.7 récapitule les différents résultats
de l'essai.
1) Dans un diagramme τ-σ 1tracer les cercles de Mohr en contraintes
totales et effectives.
2) Déduire les caractéristiques effectives C' et φ' ainsi que celles
consolidées non drainées Ccu et φcu.

Tableau 6.7. Essai CU+u sur l'argile de Rouiba

Éprouvette 1 2 3
σc ( kPa ) 100 200 300
σ3 ( kPa ) 100 200 300
u ( rupture ) 30 102 171
σ1 ( rupture ) 295 474 635

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PROBLEME 7. COMPORTEMENT D’UNE ARGILE SATUREE

On dispose d'une éprouvette d'argile saturée normalement consolidée


ayant une contrainte de préconsolididation σc donnée, placée dans une
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cellule triaxiale. On suppose que l'état initial de contraintes a été
reproduit en cellule avant l'essai.
On réalise un essai non drainé, en ajoutant à la contrainte horizontale
initiale un incrément Δσ3 constant et à la contrainte verticale un
incrément Δσ1 croissant jusqu'à la rupture.
Au moment de la rupture, on a mesuré une pression interstitielle qu'on
peut écrire comme suit :
u =u0 +Δu avec Δu =Δσ3 + A(Δσ1 - Δσ3),
u0 = pression interstitielle initiale avant l'essai.

1) Ecrire le critère de rupture en contraintes totales,

2) En supposant u0 négligeable devant Δu, écrire le critère de Mohr-


Coulomb en contraintes effectives et en déduire l'expression de la
cohésion non drainée Cu en fonction de σc, K0, C', φ' et A. Interpréter
physiquement cette relation.

3) Montrer qu'on peut déduire de l'essai consolidé non drainé sur un


échantillon d'argile consolidé d'une manière isotrope sous une contrainte
égale à celle du poids des terres (σh = σv= σv0), la cohésion non drainée
Cuu.

4) On suppose que l'échantillon argileux est totalement remanié, c'est à


dire que sa structure granulaire est détruite. Si cet échantillon est
consolidé sous la même pression sur toutes les faces, Comment s'écrit la
cohésion non drainée ?
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PROBLEME 8. ETUDE DE LA STABILITE D’UNE FOUILLE

Considérons une fouille verticale de profondeur H ouverte dans un sol


argileux ayant un poids volumique γ et les caractéristiques C et φ, comme
le schématise la figure 6.18.

1) Montrer que la hauteur Hmax correspondant à l'état limite de stabilité


est donnée par :
2.C  π  
H max  tg  
γ 4 2
200
2) Que devient cette hauteur si le sol est de plus soumis à une surcharge
q' appliquée à la surface de la fouille et supposée uniforme avec la
profondeur ? Application numérique : γ= 15.6kN/m3,C = 200kPa, φ= 16°
et q'=200kPa.

3) En considérant un point à proximité de la paroi de la fouille, à une


profondeur Z, montrer l'existence des contraintes de traction pour Z<H max
causant des fissures. Quelles solutions pratiques préconisez vous pour la
stabilisation des parois de la fouille ?

4) Un site expérimental comportait un talus sableux homogène


moyennement dense, non saturé ayant un angle droit et une hauteur de 10
m. Il a été remarqué que ce talus est stable vis à vis de tout effondrement.
A quoi est dûe cette stabilité ?.
Calculer la cohésion de ce sable, en supposant qu'il a une hauteur H max et
sachant qu'il a un angle φ de 34° pour un poids volumique moyen γh 1=15
kN/m3.

Figure 6.20. Schéma d’une fouille ouverte dans un sol argileux saturé

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201
6.11. SOLUTIONS

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PROBLEME 1

1) La cohésion de ce sable propre et sec est nulle. Le tracé des trois


cercles de Mohr à la rupture permet d'ajuster les droites intrinsèques
de Mohr-Coulomb, d'équation : τ   C  σ.tg  , qui passent pour ce
type de sol, par l'origine tout en étant tangentes aux cercles. Chaque
point de tangence représente en fait la facette possible de rupture dans
l'éprouvette. La figure 6.14 illustre les cercles de Mohr et la droite
correspondant aux contraintes τ positives dont la pente tg φ' = 0.761 donc
φ'= 37.3°.

2) A partir des cercles de Mohr, il est clair que les facettes de rupture sont
orientées d'un angle θ égal à  (π/4+ φ/2) par rapport à la facette
majeure qui est horizontale pour ce type d'essai. On a donc θ =  63.6°.

3) On a :
σ1  σ3 σ1  σ3
σ  sin  = 160 kPa
2 2
σ  σ3
  1 cos   122.4 kPa
2
tgδ  τ/σ   tg , donc δ =  37.3°

4) Pour étudier la résistance du sol limoneux (C,φ), on peut exploiter les


résultats de l'essai sur le sable, à condition d'ajouter une pression isotrope
C/tgφ à chaque facette. Ainsi, ona :
Sol limoneux : σ1 = 486.5 kPa et σ3=25 kPa,
Sol pulvérulent équivalent : σ1* = σ1+ C/tgφ et σ1* = σ1+ C/tgφ.
Or σ1*- σ3* = σ1- σ3 = 461.5 kPa. Il faut donc exploiter les résultats de
l'essai3 : C/tgφ = σ1*- σ1 = 611.5-486.5 =125 kPa donc C=95.2 kPa.
On peut retrouver évidemment ce résultat en appliquant directement le
critère de Mohr-Coulomb, par exemple :

1 = 3tg2 (/4 + /2) + 2C tg (/4 + /2)

ce qui donne C=95.2 kPa.


202
Figure 6.14. Cercles de Mohr du sable dans un essai triaxial drainé

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PROBLEME 2

1) Le comportement non drainé d'une argile saturée est caractérisée par


φu= 0 donc τult=Cu.
La figure 6.15 montre que la cohésion non drainée de cette argile varie
sensiblement selon une loi linéaire avec la contrainte de consolidation :

Cu = 2σc + 28.5 en kPa

L'essai consolidé non drainé CU est réalisé pour étudier l'accroissement


de la cohésion non drainée avec celui de la pression de consolidation.

2) Pour une cohésion exigée de 150 kPa, la figure 6.15 donne


σc=60.75kPa.

3) On propose de construire un remblai ayant un poids volumique de


20kN/m et une hauteur de 3 m. La pression appliquée provenant du poids
du remblai en surface du sol sera 3x20 = 60 kPa.

203
Figure 6.15. Courbe Cu=f(σc) dans un essai CU
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PROBLEME 3

Le tableau 6.3 récapitule le comportement de chaque sol recevant la


surcharge de l'ouvrage, les caractéristiques mécaniques dans les calculs,
et les essais de cisaillement à mener au laboratoire.
Il est à noter que dans le projet 2 , il possible d’effectuer un essai
consolidé non drainé avec mesure de la pression interstitielle, ce qui
permet d'obtenir simultanément les caractéristiques mécaniques à court
terme et à long terme.

Tableau 6.3. Comportement des sols dans les 4 projets


Projet Consolidation Comportement C φ Type
mécanique d’essai
1 Non Drainé 0 φ' CD

A court terme
Cu 0 UU
(à t=0)
2 oui
A long terme
C’ φ' CD
(pour t≥ t100%)

3 Non Non drainé Cu 0 UU

4 oui A court terme Ccu φcu CD


204
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PROLEME 4

1) Les mesures de la teneur en eau montrent que l'échantillon est saturé.


La contrainte de cisaillement à un moment donné de l'essai est calculée
comme suit :
Lecture d' anneaux coeff d' anneau
τ
L0  L0  ΔL

L0xL0 étant la section initiale de l’échantillon. Le tableau 6.5 regroupe les


différents résultats de calcul.
2) La courbe de cisaillement est indiquée à la figure 6.16. La contrainte
de cisaillement augmente avec les déplacements imposés à
l'échantillon jusqu'à l'état d'équilibre limite caractérisé soit par la
présence d'un pic sur la courbe soit par une allure monotone comme
c'est le cas pour le sol étudié. Aux contraintes normales de 100, 200 et
300 kPa correspondent respectivement les contraintes de cisaillement
ultimes de 39.5, 51.6 et 68.4 kPa.

3) En reportant les points (σ, τ) comme le montre la figure 6.17, on


constate une variation linéaire de la contrainte de cisaillement avec la
contrainte normale appliquée, ce qui confirme expérimentalement le
critère d'équilibre limite énoncé par Mohr-Coulomb. L’ajustement des
points expérimentaux par une droite au sens des moindres carrés donne :

τult = 24.3 + 0.144σ

La cohésion non drainée est de 24.3 kPa et l'angle de frottement est de


8.20°.

Tableau 6.5. Résultats d’interprétation de l'essai de cisaillement


Echantillon N° 1 2 3
Charge verticale N ( kN ) 0.36 0.72 1.08
Contrainte normale ( kPa ) 100 200 300
γh ( kN/m3 ) 19.8 19.7 19.9
Teneur en eau % 26.58 26.93 25.32
γs ( kN/m3 ) 26.50 26.50 26.50
γd ( kN/m3 ) 15.64 15.52 15.87
Sr % 101.4 100.8 100.2

205
échantillon 1 2 3
Δl ( mm ) Lecture τ ( kPa) Lecture τ ( kPa) Lecture τ ( kPa)
0.25 76 16.89 79 17.56 80 17.78
0.50 104 23.21 110 24.55 115 25.67
0.75 121 27.12 124 27.79 122 27.35
1.00 131 29.49 132 29.71 154 34.67
1.25 139 31.43 148 33.46 170 38.43
1.50 145 32.92 154 34.96 184 41.77
1.75 150 34.20 162 36.94 198 45.15
2.00 153 35.03 168 38.47 207 47.40
2.25 154 35.42 171 39.33 218 50.14
2.50 155 35.80 176 40.65 230 53.13
2.75 156 36.19 180 41.76 233 54.06
3.00 156 36.35 186 43.34 236 54.99
3.25 157 36.74 191 44.70 239 55.94
3.50 157 36.91 193 45.37 242 56.89
3.75 157 37.07 195 46.04 243 57.38
4.00 157 37.24 197 46.72 244 57.87
4.25 157 37.40 197 46.93 244 58.13
4.50 158 37.81 198 47.38 245 58.63
4.75 158 37.98 200 48.08 247 59.38
5.00 158 38.15 201 48.54 247 59.65
5.25 158 38.33 201 48.76 249 60.41
5.50 158 38.50 201 48.98 249 60.68
5.75 158 38.68 202 49.45 249 60.96
6.00 159 39.11 202 49.68 250 61.49
6.25 160 39.54 203 50.16 252 62.27
6.50 151 37.49 203 50.40 253 62.81
6.75 152 37.91 203 50.64 254 63.36
7.00 147 36.84 204 51.13 255 63.91
7.25 144 36.26 204 51.37 256 64.46
7.50 145 36.68 204 51.61 256 64.77
7.75 142 36.09 199 50.59 257 65.33
8.00 136 34.74 195 49.81 260 66.41
8.25 136 34.91 192 49.28 262 67.24
8.50 136 35.07 188 48.49 265 68.35

206
Figure 6.16. Courbes de cisaillement de la marne

Figure 6.17. Courbe de résistance au cisaillement τult =f(σ)

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PROBLEME 5

1) La vitesse de chargement étant élevée, l'échantillon se comporte


207
comme si le drainage de l'eau est interdit. Par conséquent, ce
comportement non drainé est caractérisé par un volume constant :
S0
S0H0 = Sc(H0 - ΔH) donc : Sc 
1 ε
N
La contrainte de compression est : σ 
Sc
Sur la figure 6.18 est montrée la courbe de compression simple. Il est
intéressant de constater que pour les faibles déformations verticales, la
relation σ =f(ε) est pratiquement linéaire, ce qui permet de dire que le
matériau dans cette phase a un comportement linéaire.
Pour des déformations importantes, le matériau tend vers la rupture qui
est caractérisée ici par un palier de contrainte axiale, représentant la
résistance à la compression simple. Cette dernière est égale à 620 kPa.
Le critère de Mohr-Coulomb en contraintes principales s'écrit pour σ3=0
et φu =0 : σ1= 2Cu donc Cu=310 kPa, ce qui correspond à un matériau très
consistent.

Figure 6.18. Courbe de compression simpled’une argile raide


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PROBLEME 6

1) Sur la figure 6.19 sont montrés les cercles de Mohr des contraintes
208
totales et effectives à la rupture. Ces dernières sont déduites selon le
principe de Terzaghi :
σ1'= σ1-u et σ3'= σ3-u
2) On constate qu'on peut tracer pour les cercles des contraintes totales
une droite simultanément tangente aux trois cercles. Son équation est :
τ = Ccu + σtg φcu = 50 + σ.tg 15° (kPa)

Pour les cercles en contraintes effectives, on trouve :


τ = C' + (σ-u)tgφ' = 15 + σ'tg 31° (kPa).

Figure 6.19. Courbes intrinsèques de l'argile de Rouiba


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PROBLEME 7

1) L'argile ayant un angle de frottement interne nul au cours de cet essai


non drainé, le critère de rupture en contraintes totales s’écrit :
σ1- σ3 = 2Cu
2) En contraintes effectives le critère de rupture s'écrit :
1  sin  ' cos '
σ1 '  σ 3 '  2.C
1  sin  ' 1  sin  '
209
Or σ1' =σc +Δσ1- Δu, σ3' =K0σc +Δσ3 -Δu , la pression interstitielle initiale
étant négligable. On aura ainsi :

Cu(1-sin φ') = σ3'sinφ' +C'cosφ'.

Finalement, on aboutit à :

sin  ' K 0  A1  K 0  cos '


Cu  σc  C'
1  2A - 1sin  ' 1  2A  1sin  '

Ainsi Cu peut se mettre sous une forme linéaire en fonction de σc. En


pratique, l'amélioration de la cohésion d'un site argileux peut se faire par
une consolidation sous une pression fixée par calculs à partir des résultats
d’un essai CU.
3) Au cours d'un comportement non drainé la contrainte principale à la
rupture est : σ1= σv0 + 2Cu.
Au cours de l'essai CU, au moment de la rupture, on écrit le critère de
Mohr-Coulomb comme suit :
1  sin cu coscu
σ1  σ v0  2.Ccu
1  sin cu 1  sin cu
La combinaison des deux relations donne :
sin cu coscu
C u  σ v0  Ccu
1  sin cu 1  sin cu
Il est intéressant de remarquer que la valeur de φcu étant faible, on
retrouve la relation approchée suivante :
Cu  Ccu + σv0tg φcu

4) La cohésion effective d’un échantillon argileux totalement remanié est


nulle. L'échantillon étant consolidé d'une manière isotrope, on a alors
K0=1, et on obtient immédiatement de 2) :
sin  '
Cu  σc
1  2A - 1sin  '
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PROBLEME 8

1) En considérant un point appartenant à la paroi du forage, il est clair


210
que les facettes entourant ce point sont principales, et que :
σv= σ1 = γz et σh= 0.
L'état d'équilibre limite de la paroi est décrit par le critère de Mohr-
Coulomb. A la base de la fouille, on a :
π  2.C  π  
σ1  γ.Hmax  2C.tg   donc H max  tg  
4 2 γ 4 2
2.C  π   q
2) Dans ce cas σ1= γz + q' et H max  tg    .
γ 4 2 γ
Il est évident que la surcharge défavorise la stabilité de la fouille et la
hauteur maximale doit être réduite.
Application numérique :
fouille non surchargée : Hmax = 34.02 m,
fouille surchargée :Hmax =21.2 m.
3) A la profondeur z, considérons un point proche de la paroi de la
fouille. L'état d'équilibre limite se traduit par :
π  π 
σ1  γ.Z  σ3 .tg2     2C.tg   ,
4 2 4 2

On aura donc : σ 3  Z - H max  < 0.
π 
tg   
2

4 2
Par conséquent, le sol est soumis à des contraintes de traction faisant
apparaître des fissures au voisinage de la surface.
En pratique, il est recommandé de réaliser un soutènement provisoire
de la fouille. Couramment on utilise, pour les fouilles ouvertes en site
urbain un blindage des parois.
4) La stabilité de ce talus de hauteur importante est dûe à la cohésion
capillaire causée par les forces de capillarité liant les grains du sable.
Il faut noter que cette stabilité est non durable, car un changement de la
teneur en eau peut causer un effondrement du talus.
En supposant que le talus est en état limite de stabilité sous son poids,
on aura :
γ.H
C  40kPa.
π 
2.tg  
4 2
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