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DÉPART
Vers un nouveau monde
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But : Etudier différents mouvements de l’histoire de l’Eglise entre le 16ème et le 18ème siècle, notamment, les persécutions
et les migrations vers les futurs Etats-Unis. Présenter différentes manières de vivre le royaume ici-bas.
A) EXPLICATION DE LA FICHE-PARTICIPANT
1) A quand le Royaume de Dieu ?
A l’époque de la Réforme, plusieurs hommes s’intéressent au retour de Jésus et à l’établissement du Royaume de Dieu :
Melchior HOFFMAN arrive à Strasbourg vers 1530, sa prédication est avant tout "apocalyptique, ses publications et ses prophéties
annonçant la fin du monde pour l’année 1533"1. Il commence à prêcher les idées de Luther, mais prêche ensuite surtout le retour immi-
nent de Jésus. "Hoffman a développé des idées quelque peu bizarres. Il annonçait le retour de Jésus-Christ disant qu’il était lui-même
l’un des deux témoins de l’Apocalypse qui préparaient l’avènement du Royaume de Dieu sur terre. De retour à Strasbourg, il proclame
la venue prochaine du Royaume de Dieu dans cette ville"2. Les premiers mois de 1533 passés sans que la fin des temps ne soit venue,
les autorités de la ville le condamnent finalement à la prison à vie, suite à une dispute publique avec Bucer, le réformateur de Strasbourg.
Hoffmann meurt en prison, vers 1543.
Jean MATTHIJS, disciple de Hoffman reprend le flambeau. Si Hoffmann était pacifique, Matthijs appelle ses fidèles à agir et à prendre
les armes pour établir le Royaume. Il s’intéresse à Münster, en Allemagne : "Il y avait dans cette ville une effervescence qui fit croire à
Matthijs que les prophéties eschatologiques de Hoffman allaient se réaliser non pas à Strasbourg, mais à Münster"3. En janvier 1534,
Matthijs se rend à Münster et se proclame "nouvel Enoch", le 4 avril, il dit avoir reçu "un ordre du ciel pour attaquer les troupes qui
assiégeaient la ville"4 … mais lors des affrontements, il meurt.
Après lui, Jean de Leyde5 prend la succession… et se proclame nouveau "roi David".
"Les anabaptistes occupèrent Münster à partir de 1532 et formèrent un ‘royaume de Sion’, avec à sa tête en 1534, Jean de Leyde, qui
fit admettre la polygamie sur le modèle des patriarches et la communauté de biens"6.
Ils assiègent la ville de Munster en 1534. Après le décès de Matthijs, Jean de Leyde se proclame "roi de Sion". Une théocratie commu-
niste est établie, la polygamie autorisée (Jean de Leyde ayant lui même une quinzaine de reines !)… une nouvelle constitution et des
lois nouvelles en accord avec la Bible sont formulées, abolition de la propriété privée…
Finalement en 1535, la ville est reprise par une armée levée par les princes…
Jean de Leyde est promené de lieu en lieu dans une cage et il meurt le 22 janvier 1536, sous des tenailles ardentes…7
(Notons que c’est dans ce contexte que Menno Simons affirme sa position pacifique au sein du mouvement anabaptiste).
L’Angleterre du temps de la république de Cromwell (1649-1658) n’a pas été épargnée par ces mouvements extrémistes. Parmi eux,
Thomas Goodwin, prophète, millénariste.
"Les ‘millénaristes’ attirèrent particulièrement l’attention en annonçant la fin du monde, au plus tard pour 1673. Certains, les ‘gens de la
Cinquième Monarchie’, se bornaient à affirmer que le Cinquième royaume (après ceux d’Assyrie, de Perse, d’Alexandre et de Rome),
annoncé par Daniel, le royaume des Saints destiné à durer mille ans comme préface au retour du Christ, avait commencé."8
Plus tard, plusieurs autres prophètes annoncèrent chacun pour leur part, leur message. Par exemple Ludovic Muggleton (1609-1698),
et son cousin réunirent de nombreux adeptes : ils se croyaient les bénéficiaires, prophétisés dans l’Apocalypse, de la troisième dispen-
sation (après Moïse et Christ) et pensaient qu’"ils avaient le pouvoir messianique de sauver et condamner"9.
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six amis. Ensemble, ils fondent ce qui deviendra en 1540 la "Compagnie de Jésus" (jésuites). En plus des vœux habituels, ils font vœu
spécial d’obéissance absolue au pape10.
Ignace de Loyola est élu général de la compagnie et le sera à vie. En 1556, on dénombre plus d’un millier de jésuites (en Espagne,
Portugal, France, Allemagne, Italie, Pays Bas, Inde, Brésil, Afrique)11. Leur champ d’action touche l’éducation, la mission à l’étranger, la
riposte au protestantisme. Au niveau théologique, les jésuites laissent une grande place à la liberté humaine dans le salut.
Au départ, Ignace n’avait pas fondé l’ordre pour combattre le protestantisme, mais au fur et à mesure, la lutte contre le protestantisme
devint un des objectifs majeurs des jésuites au cours du 16ème siècle12.
En 1620, Louis XIII, influencé par les jésuites reconquiert les places fortes protestantes (siège de La Rochelle en 1628) et rétablit le
catholicisme dans certaines régions comme le Béarn et la Navarre. Les Jésuites se lancent aussi dans la propagation de la foi dans le
nouveau monde. Leur activité missionnaire touche les trois grands continents connus en dehors de l’Europe : l’Amérique, Asie, l’Afrique :
"Par leur présence en ces lieux, ils aidèrent à faire contrepoids à l’impérialisme avide des marchands et soldats européens. Ils furent
également les auteurs de rapports scientifiques sur l’histoire et la géographie des nouveaux sites qu’ils visitaient. Ils marquèrent leurs
convertis d’un catholicisme fervent"13.
Le jansénisme14
Le jansénisme est un mouvement du catholicisme qui s’oppose sur plusieurs points de doctrine à la théologie jésuite. Le mouvement
est fondé par JANSENIUS (1585-1638), évêque et théologien flamand. Il prône un retour à l’Eglise du Nouveau Testament, à la lecture
de la Bible et à la liturgie en langue du peuple. Le jansénisme s’appuie sur la théologie de saint Augustin. "Il défend la doctrine de la
prédestination absolue, le salut ou la damnation ne dépend que de Dieu…ainsi seuls quelques élus seront sauvés"15 . Sa doctrine
ressemble sur ce point à celle de Calvin. Mais les jansénistes sont toujours restés fermement attachés à l’Eglise catholique, même si
leurs adversaires les traitaient de "protestants déguisés"16. Trois points sont caractéristiques : pour eux, l’homme est incapable de faire
le bien par lui-même, ils sont pessimistes face à la nature humaine déchue à cause du péché originel17 ; la grâce est accordée sans
mérite (prédestination) ; la morale du jansénisme est austère.
Blaise PASCAL (1623-1662) s’est converti aux idées jansénistes, il a défendu les jansénistes dans ses Lettres Provinciales, notamment
contre les attaques des jésuites. En 1713, Pascal avait pour projet de défendre le christianisme. En 1713, ses idées ont été rassemblées
dans les Pensées :
"La connaissance de Dieu sans celle de sa misère fait l’orgueil. La connaissance de sa misère sans celle de Dieu fait le désespoir. La
connaissance de Jésus-Christ fait le milieu, parce que nous y trouvons et Dieu et notre misère".
La Contre-Réforme catholique a eu pour effet d’entraîner une nouvelle ferveur, les articles de foi ont été mieux définis. L’expansion
missionnaire a été également un élément de ce "rajeunissement" de l’Eglise18 .
10. C. ELHINGER , sous dir., Guide illustré de l’ histoire du christianisme, (Paris, le Centurion, 1982), p. 411 et J. COMBY, Pour lire l’histoire de l’Eglise, tome 2, p. 31.
11. Ibid., p.413.
12. Ibid., p. 415.
13. Ibid., p. 415.
14. Tim DOWLEY, L’Eglise défie les temps, Sator, p. 52-53, J.-M. NICOLE, Précis d’Histoire de l’Eglise, p. 187
15. Encarta 2003, "jansénisme".
16. Idem.
17. J. COMBY, p. 47.
18. C. EHLINGER, sous dir., Guide illustré de l’histoire du christianisme, p. 422.
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UN NOUVEAU
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Le Puritanisme
Ce mouvement est né en Angleterre dans la seconde moitié du 16ème siècle au sein de l’Eglise anglicane : un courant protestant reven-
dicatif, soucieux d’une réforme qui aille à son terme, au nom du "pur" Evangile restitué aux Anglais. La plupart de ces protestants prirent
peu à peu, pour cette raison, le nom de "puritains": ils entendaient purifier l’Eglise d’Angleterre de toutes les pratiques contraires à leur
lecture "réformée" de l’Evangile.
Les puritains veulent purifier et réformer l’Eglise anglicane, de l’intérieur. Ils souhaitent que certains signes ne soient plus pratiqués : signe
de croix lors du baptême, le port du surplis, la génuflexion pour recevoir la communion ; ils souhaitent une discipline plus stricte, une Eglise
gouvernée par synodes et assemblée d’anciens21.
Le mot définit plus qu’un groupe précis de personnes, il s’agit plus d’une attitude, d’une manière de vivre sa foi. L’aspect "moral" y est très
souligné : les puritains avaient la volonté de se soumettre aux commandements de Dieu. L’expérience de la conversion est primordiale,
elle est le signe que l’âme a été touchée par l’Esprit Saint et qu’elle s’est tournée vers Dieu.
Mais ce courant est très vite réprimé : au 16ème siècle déjà, de nombreux puritains ont dû s’exiler dès 1608(v. fiche J2). Mais c’est vers
1630 que la vague d’émigration est plus importante :
"Charles Ier était, en effet, de sympathie catholique, et il bloqua toute possibilité de réforme en muselant sévèrement le parlement. A partir
de 1629, Charles Ier se passa même purement et simplement de parlement, prétendant régner de droit divin. Dans le même temps, il
demanda à l’archevêque de Cantorbéry (William Laud) de réprimer tous les opposants, à commencer par les puritains. Dans les quinze
ans qui suivirent, plus de 20 000 Anglais, pour la plupart puritains, quittèrent la mère patrie pour aller s’installer dans les colonies américai-
nes, essentiellement dans le Massachusetts, transportant outre-Atlantique un calvinisme dont l’Angleterre anglicane ne voulait pas."22
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Issus de la grande vague d’émigration de 1628, voici quelques noms de puritains chassés d’Angleterre installés dans le Massachusetts :
• John ELIOT (1604-1690), fut un grand missionnaire parmi les Indiens Mohicans, pasteur presbytérien puritain, il quitta l’Angleterre
vers 1630.
• "John HARVARD (1607-1638) était un émigrant puritain de Nouvelle-Angleterre, il légua la moitié de son domaine, ainsi que 400
livres environ pour la fondation d’un nouveau collège.. "27 L’université d’Harvard fondée en 1636 à Cambridge (Massachusetts)
est aujourd’hui célèbre dans le monde entier.
Roger WILLIAMS (1603-1683), après avoir fait des études de droit, devient pasteur anglican puritain en Angleterre. A cause de ses idées
sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, il est contraint d’émigrer en Amérique avec d’autres dissidents en 1630. Après avoir fréquenté les
colons puritains de Plymouth et de Boston, et après avoir souffert de leur intransigeance, il achète des terres à ses amis indiens et fonde
au sud de Boston, la colonie de Rhode Island, dont la ville de Providence en sera la capitale en 1638. Cette ville sera le premier Etat des
futurs Etats-Unis à adopter dans sa constitution la liberté religieuse. En 1639, il fonde aussi la première église baptiste d’Amérique.
George FOX (1624-1690) est le fondateur de la Société des Amis : quakers, signifie "trembleurs", "tremblant devant la sainteté de Dieu".
C’est vers 1647, qu’il professe ses idées… Il insiste sur l’idée de lumière intérieure, de la présence du Christ en nous.
Voici comment il raconte son appel : "J’étais joyeux qu’il me fût demandé d’aller convertir le peuple à cette Lumière intérieure, à cet Esprit,
à cette Grâce par lesquels ils pouvaient tous connaître leur chemin vers le Seigneur"29.
En 1649, il est arrêté "pour avoir interrompu et réprimandé un ministre du culte qui prônait l’autorité des Ecritures… Lors de son jugement
en 1650, Fox conseilla au juge de ‘trembler devant la parole de Dieu’, d’où le terme de quakers (trembleurs)"30 . Il fut encore emprisonné
plusieurs fois, il prêcha en Allemagne, et en Hollande. Il passe ses dernières années en Angleterre, il se bat pour l’adoption d’un Acte de
tolérance, ses écrits sont : Journal (1694), Un recueil d’épîtres (1698), Vérité évangélique (1706).
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"Le subjectivisme quaker rend inutiles les moyens objectifs de grâce. L’Eglise est la réunion, particulièrement locale, de ceux que la
lumière intérieure a sauvés, et le quakerisme retrouve ainsi, comme tous les mouvements professants et spirituels, la position de Luther ;
mais toutes formes et manifestations visibles sont superflues, et aussi tous sacrements… "37
"La séparation des Eglises et de l’Etat a été, tout compte fait, bien plus rapide aux Etats-Unis que dans un pays comme la France. La
diversité même du protestantisme et l’influence de courants comme le quakérisme ou le baptisme ont joué pour beaucoup dans cette
dissociation."38
B. DÉMARCHES PROPOSÉES
I. Le voyage d’un pèlerin
Raconter l’histoire de notre personnage fictif en se déguisant comme un aventurier du 17ème siècle. (Costume de pirate : chemise
blanche, gilet, pantalon corsaire, botte, chapeau). Amener quelques accessoires comme des cartes de navigations reconstituées "à l’an-
cienne", montrer un "album souvenir" constitué de documents trouvés sur Internet. (Indiquer au moteur de recherche les mots : "Père
Pèlerins", "Pilgrims Fathers", etc. (v. démarche n° 2)
Au cours de votre récit, répondre à la question de la fiche et poser quelques questions de réflexion :
Alors que les menaces de persécutions planent encore sur les protestants (par exemple, vers 1620, dans le midi de la France et en
Angleterre, en 1660), comment envisager de travailler pour l’établissement du Royaume de Dieu ?
Présenter la position "millénariste" de ceux qui prétendaient pouvoir établir le Royaume de Dieu sur la terre par la force.
Témoignage chrétien :
Nous avons souvent le choix d’être des témoins en milieu hostile, ou de rester dans un cercle d’amis chrétiens…
Qu’est-ce qui nous aide à tenir bon dans un milieu hostile à nos convictions chrétiennes ?
Comment être témoins de Jésus-Christ aujourd’hui ?
Mission :
Faut-il se tourner vers des peuples plus réceptifs à la Parole de Dieu ?
Comment Dieu a-t-il guidé les chrétiens du 17ème siècle ?
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II. Parcours historique
Lire la fiche.
Faire une recherche dans les encyclopédies ou sur Internet en cherchant ces mots-clefs :
Sur une grande feuille ou un tableau blanc, faire une grille qui reprend les principales rubriques du panorama de l’histoire de l’Eglise.
Remplir chaque case comme suit : en haut, ce qui se passe en France, en bas ce qui se passe dans les autres pays.
Se référer au "panorama du 17ème siècle" pour remplir le tableau.
39. J. BUCHHOLD, "Roger Williams, pionnier de la séparation entre Eglise et Etat", revue Vivre, p. 8.