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Retranscription de l'entrevue de Martin Santos par Marie-Frédérique Lemieux-Simard dans le cadre du projet de recherche exploratoire "Tisser des liens".
Retranscription de l'entrevue de Martin Santos par Marie-Frédérique Lemieux-Simard dans le cadre du projet de recherche exploratoire "Tisser des liens".
Retranscription de l'entrevue de Martin Santos par Marie-Frédérique Lemieux-Simard dans le cadre du projet de recherche exploratoire "Tisser des liens".
Retranscription* Avec commentaires réflexifs de Karoline Truchon Date : novembre 2019
I – Intervieweuse (Marie-Frédérique Lemieux-Simard)
M – Martin Santos
*il reste certainement quelques coquilles et nous nous en excusons…
Légende : surligné en jaune = thème général surligné en bleu = illustrations de thèmes généraux
I - Le premier défi, donc c'est vraiment la
confiance en fait. M - Rétablir ce lien de confiance pour Contraste entre qu'on puisse être en mesure de bien l'ai- un.e travailleur.e der. C'est très important de savoir ses ori- gines, son parcours migratoire, tout ça. qualifié.e et une Pour au moins cerner c'est quoi leur be- personne réfugiée soin de base. Parce qu'il y a du monde... quand on parle de travailleur qualifié, il a planifié quitter son pays, il a appris déjà la langue au moins pour passer l'entrevue. Il a projeté son immigration. Pour lui c'est tout un projet qui a débuté avant de venir. Tandis qu'un réfugié ou un demandeur d'asile, peut-être ils ont été forcés de quit- ter leur pays à cause de la guerre, à cause d'une catastrophe. Alors leur façon de voir c'est une autre chose. Arrivés ici, ils par- lent pas la langue, alors... Et encore, ils se méfient de tout le monde, comme tout l'monde, c'est normal. Établir ces ponts, ces premiers contacts, c'est tellement cru- cial. Parce qu'en fonction de ça, on va bâtir un niveau de confiance qui eux vont être en mesure de nous prendre comme un repère pour eux. Alors ils vont venir nous demander des questions qui puissent être banales pour n'importe qui, mais pour eux c'est crucial. Imaginez juste, ils arri- vent ici, ils connaissent pas comme fonc- tionne un thermostat, c'est assez banal, comment fonctionne une laveuse- sècheuse. Alors des choses comme ça. Et ça arrive à tout l'monde parce que, ailleurs c'est pas comme au Canada, qui on a le froid, les -20, -10. On n'utilise pas le ther- mostat même, mais en arrivant ici, il faut s'adapter alors. Des choses qui vont être au quotidien. C'est ça à peu près. Notre premier défi, c'est justement ça.
À part ça, on a d'autres grands défis aussi;
défi économique normalement. On est sept employés qu'on doit suivre des cen- taines de familles qui arrivent. La famille est arrivée l'année passée, ils pouvaient pas venir bénéficier d'un service, ils vont continuer alors [incompréhensible] dessert des familles qui sont arrivées trois-quatre- cinq en arrière, même plus, ils continuent à arriver encore. Alors notre clientèle con- tinue à grandir, à grandir, à grandir et l'équipe grandit pas alors [rire]. De toute façon c'est un autre défi, il faut composer avec tout ça. 2:46 M - Notre rôle principal c'est les rendre au- Niveau de temps tonome. On veut pas être très paternel dans l’aide est con- non plus; faire tout pour eux. On va leur pousser un peu. Les gens même, ils vont textuel réaliser ça aussi. Aussitôt qu'on va leur donner un petit coup de pouce, ils vont commencer à décoller par eux-mêmes. Quelques uns qui vont revenir encore. Et à leur arrivée, on est déjà capable de déter- miner c'est qui qui va revenir toujours parce qu'on a des situations tellement tel- lement difficiles, compliquées où le père, la mère ne sont pas scolarisés, ils vivaient dans une campagne; ils ne connaissaient ni transport en commun et tout ça. Alors avec eux, il faut avoir beaucoup beaucoup de temps à leur consacrer pour les aider, pour les accompagner. C'est pas tout le monde non plus. Majoritairement, aussitôt qu'on leur montre, ils vont être capable d- aller au marché, d'utiliser les transports en commun; faire leur vie comme où ils étai- ent dans leur pays d'origine. 03:50 I - Au niveau des défis justement, avec cette clientèle-là si on peut l'appeler comme ça, de tous les gens qui viennent ici, cette clientèle-là grandit, mais les em- ployés restent les mêmes. Donc les sub- ventions du gouvernement restent les mê- mes aussi? M - Oui et non. Les façons qu'on est fi- Certains services nancé, c'est par tête. Alors le ministère, il offerts ne sont pas va prendre en moyenne, la quantité qu'on a reçu l'année passée pour nous financer financés car entre cette année. Mais de toute façon c'est in- pas dans les suffisant; le ministère nous dit «fais ça, ça, cadres d’un proto- ça», mais entre ça et ça, il y d'autres pe- cole établi tites choses qui vont se glisser de toute façon. Et en temps qu'être humain, on ne peut pas dire «Non, je ne suis pas pour ça.Je ne peux pas fermer les jeudis, voilà, non j'ai déjà fait pour toi.» Parce que c'est quelque chose qui va être toujours pré- sent. Si on veut leur intégration, il faut bien formuler tous ces besoins parce que si- non, ça peut mener à un autre [incom- préhensible] qui puisse peut-être plus compliqué. Quand on parlait des services que je fais aux écoles, il n'a jamais été fi- nancé par le ministère de l'immigration. 05:28 I - Ça consiste en quoi? Qu'est-ce que vous faites justement avec les écoles?
M - Avec les écoles, c'est un projet né en
2012 appelé ICSI (Intervention Commun- autaire Scolaire Interculturelle), c'était un projet qui était né à Granby, mais en réponse à une inquiétude que le même gouvernement, à travers des ministères, ont soulevé. Il y avait un taux de décro- chage plus élevé dans les jeunes immig- rants et première génération. Leur taux de diplomation était bas. Le taux de décro- chage était plus élevé. Alors la table de l'éducation de l'Outaouais avait lancé un projet; une offre de projet et là on s'est inscrit dans cette offre et on a commencé à travailler. M - Qu'est-ce qu'on fait à travers de ce Solution : ce guide service? En premier, on démystifie le sys- est-il offert avant tème scolaire québécois. Alors on explique comment ça fonctionne. Le TCRI, la table l’arrivée? « Prendre de concertation des organismes qui est au en mains » service des immigrants, à Montréal, qui a conçu cet outil en partenariat avec le mi- nistère de l'immigration. C'est dans 10 lan- gues. Alors, ça nous outille en tant qu'in- tervenant et aussi ça outille aux familles et aux parents par rapport au parcours sco- laire des enfants. Alors on parle des cho- ses banales, comme l'inscription des en- fants à l'école, pourquoi la classe d'ac- cueil, c'est quoi le cheminement qui va sui- vre après, tout ça. Parce que si on ne con- naît pas le système en tant que parent, on sera pas capable d'aider nos enfants. Alors, moi-même je suis passé par ce che- min, j'étais nouvellement arrivé aussi il y a quelques années alors je connaissais pas où aller, comment aller... Et ça c'était telle- ment riche en information de base, et c'est officiel avec le ministère de l'immigration. On l'a dans 10 langues: espagnol, kirundi, créole, anglais et tout, même arabe. Bien sûr, ça nous donne un aperçu provincial, un ensemble global. Et nous en tant qu'in- tervenant ici, on doit déjà adapté à ce qui est dans la réalité, dans la région. Quel service, on trouve dans les écoles... Mon rôle est de les accompagner pour l'inscrip- tion des enfants à l'école. Mais en premier, de déterminer à quelle école, en fonction... Mes collègues vont faire tout ce qui est de base, l'installation. Aussitôt qu'ils ont in- stallé... cette personne... on va avoir l- école d'appartenance, l'école de quartier. Est-ce que cette école répond à ses be- soins, disons la francisation... «Non?» «Ok, on va chercher c'est quoi l'école qui va répondre à ses besoins.» On fait l'in- scription, on les accompagne pour la pre- mière rencontre avec l'enseignante, où l- enseignante va accueillir la famille, va in- former tout ce qui est de base à l'école; le code vestimentaire, les règlements, le transport en commun, les boîtes à lunch, les collations... des choses banales, mais pour ces gens-là qui sont en train d'ap- prendre ici, c'est crucial. M - Comme vous voyez, c'est beaucoup Comment outiller d'informations dans des situations préci- « large » pour le ses, parfois les familles ne vont pas retenir tout alors moi je suis là pour répondre à « précis et par ces questions ou pour éclaircir encore. cas »? Même s'il a rencontré l'enseignant, il est rentré à la maison, il m'appelle «Je ne sais Confiance pas comment faire ça.».... «Ok, on va re- prendre encore», on va expliquer... On donne de l'interprétariat gratuit pour toutes Poser des ques- les écoles. Ces services sont tellement im- tions, être à portants parce que si on ne facilite pas la l’écoute, agir en ré- communication, on est nul part. Je pense pondant à ces que la communication est très importante questions pour qu'on puisse comprendre la famille, les messages et en fonction de ça, bien s'impliquer dans l'éducation de leur enfant. On fait des suivis de tout côté. Par rapport à la famille, on va aller à la maison. «Est- ce que les choses se passent bien?» Est- ce qu'il y a des moyens possibles qui puissent être mis sur place pour que cet enfant puisse rattraper ou puisse bientôt s'intégrer mieux à l'école. De la part de l'école, on fait le suivi avec les enseig- nants; est-ce que les choses se passent bien ou il y a des défis encore à remonter. En fonction de ça, on va mettre sur place des bénévoles, des éducateurs intercultu- rels, qui vont faire du travail à la maison avec eux, sous forme d'aide au devoir. C'est préalable à l'avis de l'enseignant et on va travailler ensemble avec l'enseig- nant. Parce que nous on ne connait rien de l'éducation, on n'est pas pédagogue, on n'est pas orthopédagogue, alors c'est l'enseignante qui nous signale: telle fa- mille, tel garçon ou telle fille a besoin de ce soutien. C'est un soutien personnalisé à la maison et là on met un lien entre cette bénévole et l'enseignante pour que l'enseignante puisse donner les pistes sur quoi travailler, sur quoi renforcer. 11:35 M - Parce qu'on a des clients, des gens Aie bénévole en qui viennent de camps de réfugiés où ils lien avec ensei- ont donné naissance à leur enfant, 10 ans, 15 ans, où ils ont vécu là-bas. Arrivent ici... gnante mais si pas j'ai des cas à vous raconter. Les enfants apprécié par la per- 14 ans, 13 ans, qui savent pas même lire sonne, ça donne ni écrire dans sa langue maternelle; jamais rien été à l'école. Le système est conçu, on n'peut pas faire les changements à cause de son âge: école secondaire. Il sait pas lire ni écrire. Alors l'enseignant de son côté va aller au rythme moyen, il peut pas per- sonnalisé. Alors lui il est un candidat fort pour le décrochage parce qu'il va être frustré, il connait rien, il sait rien. Les au- tres répondent, lui non. Alors notre bé- névole va aller à la maison avec lui rattraper ce qu'il a manqué à l'école. Mais si l'enseignante n'est pas bien avec ce bé- névole, on fait rien non plus, on va nul part. Alors c'est l'enseignante parfois qui va communiquer avec le bénévole. Voilà tel matériel à retravailler, voilà telle chose à refaire, à renforcer. Alors le bénévole va travailler à la maison sur ce que l'enseig- nante va donner comme information. 12:42 M - On a ces services, on a aussi des ser- Questionner « ce vices de médiation. Les services de médi- qui est normal » et ations c'est plutôt pour éviter les conflits qui peuvent survenir ou à grandir plus. relativiser celui-ci Notre aspect interculturel nous amène tou- en fonction des jours des situations ou des défis. Pour contextes, des per- vous c'est peut-être quelque chose de nor- sonnes et des si- mal, pour moi, non. Alors aussitôt arrivé, tuations les gens sont confrontés à des situations de changement, qui doivent le faire, et par- fois on les oblige à le faire brusquement et ça va avoir une réaction. Cette personne va se fermer ou simplement, va éviter de le confronter et laisser passer les choses, et par la suite, vont venir d'autres choses qui vont être plus grave. Alors notre ser- vice de médiation c'est justement, c'est ça. On fait l'interprétariat culturel ou intercultu- rel entre les acteurs scolaires et les famil- les. Et en fonction de notre lien avec cette famille. On a déjà au moins la confiance - transmettre ses besoins, ou dire pourquoi cette famille réagit comme ça. Là aussi j'ai des exemples à vous montrer. Alors on fait ça et bien sûr, on fait aussi des référen- ces; on peut pas tout faire non plus. Si y'a des choses qui échappent d e notre man- dat ou de notre possibilité de travail, on va référer vers nos partenaires comme SITO? pour le travail, CLSC ou maison de quar- tier, des choses comme ça. Parce que pour l'intégration, il faut tout le monde être impliqué, parce que sinon on perd quelque bout et j'pense que c'est pas bien si on agit ici seulement. 14:23 I - Pis par rapport à des exemples, en mé- diation, est-ce que vous en avez quelques uns. M - Oui, par exemple, on avait des cas, en Exemple de média- 2016, l'arrivée massive de Syriens. Vous sa- vez, majoritairement les Syriens sont musul- tion culturelle ou in- mans, alors dans leur culture, dans leur vision, terculturelle pour les filles, donner la main c'est un péché, grave même. Donner la main à un homme, c- est grave. Alors, dans leur communauté, une fille qui donne la main à un homme ça doit être Qu’a-t-il trouvé fina- son couple ou soit quelqu'un de la rue, une lement? Faudrait le prostituée qui n'a pas de valeur morale. Alors la situation c'était à l'école, une fille de 12 ans, et savoir… c’est inté- l'enseignant qui enseignait le français leur ont ressant montré les signes de respect: la salutation. La fille était assise devant, lui tout de suite à com- mencé à parler, ici on se donne la main et comme exemple, il a étiré la main vers la fille pour qu'elle puisse répondre. La fille a ap- proché la main, mais il a insisté, il a insisté et en fin de compte, la fille aussi a donné la main. Mais ses camarades qui étaient majoritaire- ment musulmans, à la sortie, ils ont commencé à intimider la fille... «pourquoi tu l'as fait», qu'il a fait des commentaires qui ont ridiculisé la fille et la fille ne voulait pas retourner à l'école. La maman m'appelle, bien sûr à travers un inter- prète, elle me disait: «Écoute, je suis pas très fermé dans la religion, je sais qu'en arrivant au Canada, ma fille s'intégrer, mais je viens d'arri- ver il y a un mois et tout de suite, ils veulent changer sa tête à ma fille et à ma famille. Ça marche pas comme ça. Pourquoi l'enseignant l'a fait comme ça? Toute la communauté, il connait déjà...» Parce que les médias sociaux ça marche beaucoup maintenant avec les face- book, tout ça, tout le monde dans sa commu- nauté savait déjà que sa fille avait donné la main à un homme sans être son fiancé, son mari. Alors, elle se sentait déjà jugé par sa communauté comme une famille pas digne d- être musulmane... Quelqu'un qui est de l'autre côté, l'autre pensée, va arriver ben comme «Ben voyons donc!», mais pour eux, c'est très important, c'est leur culture où ils ont grandi. Alors, j'ai approché l'enseignant, il me disait: «Mais je le fais avec tout l'monde, mon rôle c- est d'éduquer, je suis en train d'éduquer.» Voilà deux situations qui sont confrontées. Bien sûr, les deux ont raison. On peut pas dire que l'au- tre a tord et l'autre non plus. Chacun a son point, dans sa pensée, ils ont raison. Alors, mais il faut chercher quelque chose qui puisse être encore plus neutre, qui puisse aider. Parce que si on perd cette fille à l'école... Il fallait que je cherche quelque chose qui puisse amener à ces deux parties là, qui puissent au moins surmonter la situation et bien sûr, on ne peut pas revenir en arrière. Mais pour l'avenir, l'en- seignant, il va apprendre une leçon, de réfléchir avant de faire un geste ou avant de faire quelque chose. I - Ou d'insister.
M - Oui. Et de l'autre côté, la famille aussi,
il fallait qu'elle fasse sa partie et qu'il fallait discuter avec la communauté et dire: «Voilà, c'était pas elle, à son gré qui avait fait ça, c'était certainement forcé. Mais ici dans la communauté, c'est ça, donner la main à une fille et un garçon c'est normal, alors il faut commencer à changer.» Des choses comme ça, qui nous amène à faire des interventions. Voilà un exemple, qui nous explique d'une certaine façon à quel point on doit être tellement prudent. Même dans nos interventions, bien sûr, moi pour faire des interventions de cette nature, j'ai reçu une formation dans la médiation. Et on est toujours en formation parce que je connais ma culture, mais je ne connais pas les autres cultures. Alors si on veut bien aider, il faut être à leur place, il faut être emphatique avec eux, il faut se mettre dans leurs chaussures pour bien cibler les besoins. 19:38 I - Est-ce que les employés ici ont tous cette formation-là... la médiation? M - Non, non. Moi je le fais parce que j- aime bien cette partie-là, car dans mon au- tre vie, j'avais une formation ? dans le do- maine juridique. J'aime beaucoup ça alors, je le fais par moi-même. La situation nous pousse à être polyvalent, parce que des fois on fait le rôle de travailleur social, par- fois on fait le rôle d'accompagnateur... de médiateur parce que bien sûr, même avec mes collègues, ils font des médiations avec les propriétaires par exemple. Parce que nous on doit être neutre et en plus, il faut garder nos partenariats. On a les par- tenariats avec certains propriétaires qui nous louent leur appartement, sans garan- tie, sans cosignataires, sans rien. Mais pour faire ça, nous on doit d'une certaine façon démontrer que nos clients sont res- pectueux; ils font pas d'bruit, ils ne brisent pas les affaires et tout ça, et parfois, ça ar- rive, le client qui se plaint contre le proprié- taire ou le propriétaire contre le client... il faut faire une médiation avec eux pour que les choses se passent bien. D'une certaine façon, on doit travailler ces parties. 21:37 I - Pis au niveau de la traduction, des inter- prètes, est-ce que c'est commun? Vous devez toujours avoir...
M - Oui alors on peut revenir à tout ce qui
est service de l'APO. On a parlé de l'ac- cueil et installation, en plus de ça, on a le service de traduction. Notre service de tra- duction, compte à peu près une quaran- taine de langues parlées. Déjà dans l- équipe, on est multilingue, on parle à peu près une douzaine de langues. D'ailleurs on est inclusifs et multiculturels nous même. On est de plusieurs provenances. Notre directeur est de Bosnie, j'ai un collègue du Venezuela. Le directeur, il parle le bosniaque et le serbo-croate, et mon collègue vénézuéliens, il parle an- glais, français, italien, espagnol. J'ai un au- tre collègue qui Rwandais, qui parle swa- hili, kinyarwanda, kirundi, plus le français. Un autre collègue qui est Iranien, qui parle persan, dari et français. Une autre collègue qui parle arabe, elle est Algé- rienne. Le responsable du département des interprètes parle espagnol, il est Co- lombien. Et on a un Québécois, Paul.
I - [rire] Ça prend un Québécois.
M - [rire] Oui oui, c'est ça, et moi je viens du Pérou, je parle espagnol et français et bon, mon anglais est de base au moins, mais je me débrouille. Très diversifié. Déjà, il a un défi entre nous-mêmes. Il fal- lait que, entre nous-mêmes, pour bien mettre sur place notre service, il fallait qu'on se comprenne. On peut être Latino, Colombien ou Vénézuélien, mais ça veut pas dire que notre culture c'est la même. Et avec les autres continents, où il faut composer... C'est un défi de toute façon, c'est pas de grandes tailles ou peut-être oui, mais ça dépend d'où est-ce qu'on le voit.
Quand on parle de défi, chaque jour est un
défi différent. Parce que présentement par exemple, on a un client qui est arrivé il y a un mois presque, il est ?. Il est arrivé di- rectement à l'hôpital, il est dans la catégo- rie des réfugiés et le Canada a conféré ses droits j'imagine pour des raisons hu- manitaires, parce qu'il est quadraplégique. Sa situation: il est seul. Il n'a pas de frère ni soeur, ni enfant ni rien, seul. Il est arrivé en chaise roulante, on l'a accueil en chaise roulante et tout d'suite l'infirmière a remar- qué qu'il a des plaies qui se guérissent pas, ils l'ont amené à l'hôpital, jusqu'à maintenant il est à l'hôpital. Il vit à l'hôpital. Donc avec lui, comment on fait pour l'ins- taller. On peut l'installer, oui. Mais quel- qu'un doit s'occuper de lui. Il ne peut pas être une seule minute seul. Il est quadra- plégique, alors il faut discuter et communi- quer avec nos partenaires. CLSC, méde- cins. Et encore ça, pour avoir tous ces droits économiques, le chèque et tout ça, il faut qu'il soit conscient, qu'il signe. Mais s'il peut pas marcher non plus, il faut trou- ver quelqu'un qui doit gérer pour lui, faire l'épicerie, faire de la piscine, tout ça. C'est un grand défi. M - On a eu des cas où on a accueilli des gens qui sont aveugles, ou des enfants qui sont aveugles, ou sourd. Ça nous amène de faire encore plus. On doit s'ajuster au fur et à mesure 26:10 J'me rappelle de la rencontre qu'on a eu à Aylmer. On avait parlé des différentes ca- tégories, des migrants, des réfugiés, tout ça... mais aussi de sensibilisation au ni- veau de la société. Pis si je me rappelle bien, ça venait de vous... Selon où, de quelle façon on pourrait améliorer cette sensibilisation-là? M - C'est un défi énorme, mais je pense Clarifier les pré-ju- que ça nous prend beaucoup de volonté à gés qui permettent s'ouvrir un peu à la réalité de ces gens-là. Parce que moi, dans mon travail, j'ai ap- de faire tomber les pris beaucoup et j'ai fait beaucoup de tra- réticences. vail de sensibilisation... je vais dans des rencontres, parfois je suis invité aux éco- Passer d’un mo- les, dans les classes de finissant au se- dèle dominateur, condaire où les gens sont rétissants à la migration parfois, mais il y a une chose colonialiste du « je qu'il faut bien clarifier ou signaler. Toutes sais, tu vas ces rétissantes, presque toutes, elles sont m’obéir » à un mo- à cause de la méconnaissance de la ré- dèle « ensemble on alité de ces gens ou de la finalité qu'a le se découvre et on gouvernement pour les accueillir ou pour les ramener. Dès qu'on clarifie ça, les jeu- bâtit » nes commencent à ouvrir leur pensée. Parce que toujours, on est toujours réti- cent à tout ce qui est méconnu. Si on ne connait pas, on va toujours être en train de le refuser. Et c'est ça qui se passe avec la société, elle connait pas la réalité, il pense que les migrants vont leur voler son poste de travail, ou ils viennent juste faire des conneries. Bien sûr, on ne peut pas non plus fermer les yeux, il y en a quelqu'uns qui le font. Mais parfois, ils le font parce qu'ils sont mal encadrés ou ont de mauvai- ses influences. Mais ça s'passe aussi avec les Québécois de souche qui disent être là. On peut pas non plus juste pointer le doigt d'un côté. Il faut se regarder mutuel- lement et voilà, ensemble on va marcher... Parce que Québec ou Canada, on a be- soin de l'immigration. Et d'ailleurs l'immi- gration, si on voit l'histoire de l'immigration, et c'est ça que je leur parle à l'école aux jeunes... qui est l'immigrant. Même les au- tochtones, ils sont arrivés par le Détroit de Béring... L'espèce humaine a toujours été migrante. Pourquoi alors on peut dire «Voilà, l'immigrant.» Et «Moi je suis pas immigrant.» Alors j'pense que le terme im- migrant, il faut le réviser ou est-ce bien uti- lisé? Ou peut-être ça serait mieux «nouvel arrivant» ou «nouveau-venu». M - Pour aller à la question, c'est plutôt la Utiliser exemple volonté de faire ces changements et aus- storytelling pour il- sitôt qu'on fait ces changements, je pense qu'on va être en mesure de comprendre lustrer = ici voisin qu'on est mutuellement bienvenus dans et prendre main cette société, Alors nous en tant qu'orga- droite, main gauche nisme, on a le mandat d'accueillir, mais on peut pas négliger non plus la partie de « pédagogie de la cette civilisation. Étant installé ici, j'ai be- soin de communiquer avec mon voisin, transformation des avec mon autre voisin. Et c'est pareil, si j- perceptions de per- installe quelqu'un, j'ai besoin que cette sonnes migrantes » personne socialise, communique avec tout le monde. Et si je prépare pas la société d- Lien à faire avec la accueil, je fais mon travail à moitié parce que je suis en train d'outiller la personne jeune femme qui qui est en train d'arriver, mais pas la soci- aime accueillir à été d'accueil. Je pense qu'en ce sens-là, je l’école vois beaucoup beaucoup d'ouverture, même dans la ville de Gatineau. Presque tous les organismes, surtout dans les éco- les, on a fait beaucoup beaucoup de pro- grès. Vraiment je vois que ça commence à changer. Je pense que le fruit on va le voir bientôt. Chaque fois, je vois qu'il y a moins de réticence à l'immigration. 31:40 I - C'est positif, c'est très très positif. M - Je pense que oui parce que chaque Sensibiliser des fois qu'on va à certains endroits, on trouve deux côtés. des gens qui sont plus accueillants, il y en a quelques uns qui sont réticents encore, et on travaille pour ça. Nous en tant qu'or- Laisser tomber le ganisme, on a des activités collectives modèle de la so- qu'on fait justement pour cette sensibilisa- ciété d’accueil qui tion. On sensibilise des deux côtés aussi. sait et impose Les nouveaux-arrivants, on va leur montrer leur terre d'accueil et on va leur montrer la culture d'ici, on fait la visite à la cabane à sucre, on fait de la marque en raquette, on fait de la pêche sur la glace, on fait des tours historiques guidés pour leur montrer c'est quoi ici. Et pour la soci- été d'accueil, on va faire des présentati- ons, juste expliquer la réalité des immi- grants, c'est quoi un camp de réfugiés, pourquoi ces gens-là sont poussés à quit- ter leur pays. Qu'est-ce qu'ils vivent... Par- fois, on voit le visage de la personne qui est nouvellement arrivée, mais on voit pas tout ce qui est derrière lui, ce qui a laissé. Juste s'imaginer, laisser toute ta vie dans un pays où tu aimais tout et recommencer à zéro avec rien, c'est déjà quelque chose. Et je pense que si on invite à cette ré- flexion la société, elle va réagir d'une autre façon. Parce qu'on voit les gens qui arri- vent, il est souriant, «Ok! Il est souriante», ok il est correct. Mais comme le clown qui fait des blagues, on ne sait pas ce qu'il garde dans son intérieur. Les migrants, il peut garder son sourire dans son visage, mais son histoire parfois ça fait pleurer beaucoup de monde. C'est juste s'ouvrir, dans ce sens-là et on peut beaucoup beaucoup comprendre la situation. I - On n'a pas accès à l'historique des gens, on sait pas par quoi sont passés avant d'arriver ici.
M - Bien sûr, il y a des petites choses à
améliorer, on va jamais être parfait bien sûr, mais si on essaye de s'améliorer cha- que jour, on va parvenir à ça. 34:05 I - Est-ce qu'il y a un modèle d'accueil dans un pays ou dans une autre province que vous connaissez qui porte fruit pis qu'on devrait peut-être en prendre exem- ple...?
M - Euh, moi personnellement non, parce C’est pas que tech-
que je n'ai pas eu la chance de voyager nique, c’est aussi autour du monde, mais j'pense qu'en plus d'un modèle, ce qu'il nous faut c'est la vo- relationnel lonté de faire. Parce que même si on a le meilleur modèle, si on n'a pas ces volon- tés-là, on est vide[?] Parce que le modèle et le format qu'on peut créer toujours va être appliqué par des êtres humains. En tant qu'être humain, la nature, on a des défauts et on a des choses positives, et je pense que si notre volonté est justement aider ces gens-là, être emphatique, se mettre dans ses souliers et comprendre c- est quoi la réalité... et c'est vers où on va marcher en tant que société, c'est déjà beaucoup. Juste nous mettre dans la tête... un immigrant qui a été mal intégré, si on parle d'intégration... La conséquence va être subie ??? la société. Et c'est ça que je dis aux écoles aussi: un jeune qu'on intègre pas bien comme il faut, ou qui dé- Donner un croche, c'est la société qui subi la con- exemple, une his- séquence. C'est pareil avec les migrants toire aussi là. S'ils s'intègrent pas bien, ça veut dire qu'ils trouvent pas un emploi, il n'est pas reconnu, il est toujours discriminé ou peut-être laissé de côté. Finalement, il va devenir un délinquant peut-être, un alcooli- que peut-être. Quelque chose qui va à l- encontre des valeurs, des principes de la société... et même économique. Alors que j'pense que c'est juste changer ces menta- lités... dire : «Voilà, on va t'aider, intègre- toi» et les gens vont le faire j'pense parce que... personne va je pense venir à es- sayer de changer le monde si nous-même on change pas dans nous-même. 36:50 I - Est-ce que y'a quelque chose qu'on n'a pas discuté que vous aimeriez ajouter? M - On était de parler par rapport à nos services de l'APO et ? d'interprétariat... on a le service de jumelage justement, c'est un service pour l'intégration. Alors, on jumèle des familles québécoises avec des familles nouvellement arrivées. Bien sûr, ça aide beaucoup. Ça fonctionne des deux côtés. Bien sûr, parfois moi-même je dis que c'est peut-être un mentorat plus qu'un jumelage parce que les familles nouvelle- ment arrivées, elles ont leur culture à don- En trouver une au ner, mais plus que ça, il n'a pas... tandis moins! Et si pos- que celles d'ici, elles ont peut-être plus à sible où il y a eu leur donner. Mais quand même, ça fonc- des transformations tionne beaucoup. On a des histoires où les familles sont restées des amis à vie. de perceptions des deux côtés 37:53 I - Est-ce qu'il y a beaucoup de familles qui viennent donner leur nom parce qu'ils veu- lent justement être jumelées. Il y a une banque...?
M - Oui oui, il y en a, il y en a. Malheu-
reusement, on est contraint économi- quement, on n'a pas une personne qui puisse être consacrée à temps plein à faire ça, on a ces limites. On doit se con- former à ce qu'on a. Parce qu'en tant que projet, je pense que ça marche, excellent. On a en plus de ça des services: l'au- berge... bien sûr, durant l'année, on est pas plein dans l'auberge. I - Ça c'est ici?
M - Oui, alors les jours ou les saisons où
on n'a pas de clients à héberger, on ouvre nos portes au public, alors il y a du monde qui connaisse, ils réservent en ligne ou nous appelle pour une réservation à prix modique. C'est 55$, le double et 50, le simple. Alors, c'est une façon de s'autofi- nancer pour l'APO. C'est ça en résumé qu'on fait avec les nouveaux arrivants. I - C'est vraiment complet Ça fait vraiment une boucle avec l'auberge, le jumelage, le mentorat, les actions dans les deux com- missions scolaires (du Portage et des Dra- veurs).
M - C'est justement le projet dont je vous
parlais, l'ICSI c'est plutôt financé par les deux commissions scolaires. Dernière- ment, c'est Table de l'éducation qui em- barqué à travers des partenaires ? et c'est beau? c'est comme très Gatineau-Est. Je pense qu'à partir de cette année, le mi- nistère de l'immigration s'intéresse pour ce service alors ils vont commencer à évaluer la faisabilité d'un financement pour ce pro- jet. Parce qu'auparavant, personne s'y in- téressait, c'est plutôt le Centre de famille qui avait attiré l'attention. Mais ils ont ré- alisé avec des statistiques et tout ça qu'ac- compagner les jeunes dans leur chemine- ment scolaire, ça donne des fruits. Parce que si on pense de la relève, il faut travail- ler avec cette relève. On ne peut pas juste dire que c'est la relève et les laisser à leur sort. Parce que le stress vient de ne plus être concentré dans les parents. Les jeu- nes aussi ont leur propre stress. Dans les couloirs de l'école, ne pas avoir d'amis, ne pas parler la langue, des choses comme ça qui va nuire à son intégration. C'est pour ça qu'on essaye de personnaliser cet accompagnement. 41:06 I - Est-ce qu'il y a une collaboration avec Ottawa, avec l'Ontario ici ou c'est vraiment provincial, parce qu'on est très proche? M - Non c'est provincial. On a essayé de faire quelque chose avec eux aussi, mais malheureusement, c'est deux pays diffé- rents. Il y a une dame qui est recherchiste à l'Université d'Ottawa qui avait lancé la Journée des découvertes, on a fait une grande activité à la ville de Gatineau, où on s'est rassemblés, tous les intervenants du milieu communautaire, de l'immigration de Gatineau avec ceux d'Ottawa. On a passé la journée ensemble en essayant de chercher de quelle façon on pourrait colla- borer. Parce que c'est drôle, un client de Gatineau, il peut pas demander des servi- ces à Ottawa et un client d'Ottawa y peut pas venir non plus demander un service ici. Il faut habiter ici pour demander ou il faut habiter là-bas. Mais pourtant, c'est juste une rivière qui nous sépare. Mais en fin de compte, on a trouvé les limites terri- toriales, chaque province à son propre ?, chaque province doit faire son propre plan de travail, alors nous on appartient au Québec et faut travailler avec Québec. 42:37 I - Et chaque province espère aussi garder ses nouveaux arrivants?
M - Oui oui et même on avait discuté à “garder ses propres
cette époque, comment ils ont réussi par immigrants” exemple la STO et le transport ? puissent laisser passer de l'autre côté. Alors, on peut peut-être faire ça, mais j'pense que ça continue encore la réflexion. Ça fait déjà trois ans qu'on s'est rencontrés et la dame de temps en temps, elle nous con- voque à rencontrer parce que son objectif c'est justement ça: briser ces barrières de ponts. On espère qu'un jour ça puisse arri- ver. Parce qu'en tant que territoire, Capi- tale nationale, c'est tout et j'pense que ça serait gagnant-gagnant qu'on puisse faire ça. Mais pour le moment Non.
43:56 I - Il y a aussi la question linguistique aussi
j'imagine? M - Oui oui. Parfois, le défi c'est qu'il y a des familles qui arrivent avec des enfants anglophones déjà et ils puissent pas fré- quenter une école anglophone, ils doivent aller au français. Alors ces familles, elles disent, «Pourquoi je peux pas aller à Ot- tawa?» I - C'est le défi d'être si près d'une pro- vince...
M - Mais c'est un défi et aussi c'est l'avan-
tage. Je pense que c'et ça qui attire beau- coup de monde. On est aussi un pôle d'attraction ici à Gatineau. Je pense; c'est ma vision.
I - Pour d'autres opportunités, ils sont plus
près; près du gouvernement aussi?
M - Oui oui, j'pense qu'il y a des choses
qui jouent en ce sens.
I - C'est vraiment intéressant, c'est très ri-
che je trouve comme informations. Je trouve aussi, c'qu'on a discuté. au début, ces fameuses catégories-là, j'pense vrai- ment qu'il faut les définir pis par rapport à ça, dernière questions: ces fameuses catégories-là, à l'extérieur de l'enregistre- ment, vous me disiez que des fois faut mettre des limites parce que des immig- rants et non réfugiés vont pas avoir le même statut, mais ils ont des besoins si- milaires parfois, mais c'est quelque chose auquel vous ne pouvez pas nécessaire- ment répondre parce qu'ils font pas partie de la catégorie des réfugiés justement c'est ça que vous disiez? 45:48 M - Comme on discutait dans la dernière rencontre, Immigration Canada il a défini plus d'une centaine de catégories. Comme on discutait dans la dernière ren- Faire une infogra- contre, Immigration Canada il a défini plus phie des trois d'une centaine de catégories. Pour nous ce qui est plus important, c'est juste trois. types, découlant Ça veut dire: les réfugiés, les demandeurs des 100 catégories d'asile, les travailleurs qualifiés et les éco- d’immigration ca- nomique, les gens d'affaires. Il y a pas nada, avec his- grand monde parmi les gens d'affaires qui toires? arrivent . Ou s'ils arrivent, ils ont leur moyens pour s'installer. Mais travailleurs qualifiés, oui ils arrivent beaucoup et Sensibilisation de réfugiés, demandeurs d'asile. En fonction la société de leur catégorie, ils vont avoir accès à certains droits et à certains Non (noms?). De part et d’autres Par exemple, le demandeurs d'asile a juste droit à son chèque d'aide sociale et à l'aide juridique. Dernièrement, ils ont ou- Faire des parallèles vert une petite fenêtre pour la francisation Pas comprendre juste à temps-partiel. Et côté santé, ils sont couverts par santé intérimaire du gou- vernent fédéral. Pour eux, c'est juste ça. Bien sûr leur demandeur d'asile, il n'est pas encore résident permanent. Il n'est pas encore accepté. Ce sont des gens qui sont entrés d'une certaine façon au Ca- nada, soit comme visiteur ou soit ils ont traversé la frontière... et aussitôt rentré au Canada, ils ont demandé l'asile. Ils sont en train de demander le refuge. Le temps que le processus dure, ils vont avoir juste ces droits restreints. Tandis que le réfugié, il a été déjà accepté dans son pays d'origine ou dans le pays où ils ont été réfugiés déjà, pour venir ici, comme relocalisation. Eux, ils viennent avec leur statut de rési- dents permanents et arrivés ici, ils ont tous les droits qu'ils doivent avoir, soutien des enfants, les allocations de logement, tout tout tout... le chèque social et tout ça. Mais vu qu'ils sont réfugiés protégés par le gou- vernement, dès son arrivée, c'est le gou- vernement qui s'occupe de tous ces be- soins. Ils le font à travers nous. Nous, on est juste un mécanisme de passage, un pont. M - Les travailleurs qualifiés, eux-mêmes, ils ont appliquée dans leur pays d'origine, ils se sont préparés, ils subi des tests lin- guistiques tout ça pour réussir. Et arrivé ici, personne pas les accueillir, c'est par eux-mêmes qu'ils s'installent. Et quand ils viennent ici, on leur donne des conseils, des références, on les oriente, on va les référer vers différents organismes, mais ils pourront pas avoir l'aide social dès leur ar- rivée, il faut attendre trois mois minimum. Ils pourront pas avoir la carte d'assurance maladie, trois mois avant, il faut garder trois mois en carence. Ils pourront pas avoir les allocations de logement tout de suite non plus. Ils vont l'avoir par la suite. Par rapport à l'aide sociale, ils pourront ap- pliquer après trois mois. Soutien des en- fants, oui ils l'ont dès son arrivée. 49:43 I - Sont plus autonomes..?
M - Sont plus autonomes, parce que nor-
malement, même leurs enfants ont été bien éduqués, leur parcours scolaire a été différent qu'un réfugié. Tandis qu'un réfu- gié parfois, il arrive avec des enfants illet- trés, ou même les parents aussi, illettrés. Pour apprendre la langue, pour eux, ça va être plus compliqué. L'intégration de leurs enfants, ça va être plus compliqué. Alors ce sont les catégories principales avec qui on travaille nous.
Par la suite, il y a les autres catégories qui
sont la réunification familiale, le parrainage de conjoint, la fenêtre d'?. Chaque chose, c'est une catégorie, ou on pourrait dire sur- catégorie, ça fait un centaine à peu près. Mais on le voit pas tous les jours. C'est juste ces trois qu'on voit presque quoti- dien. I - Une histoire positive, on a vraiment en- tendu... au niveau des écoles, vous me di- tes qu'au niveau de la sensibilisation vous voyez une grosse amélioration... Une his- toire positive avant de nous quitter? I - Une histoire positive, on a vraiment en- tendu... au niveau des écoles, vous me di- tes qu'au niveau de la sensibilisation vous voyez une grosse amélioration... Une his- toire positive avant de nous quitter?
M - Oui, on a beaucoup, mais je vais choisir Oui, ce serait super
une famille qui vient de l'Afghanistan, il y a cinq ans déjà, avec une fille non-voyante. Le service de rencontrer et d'intervention scolaire était presque nouveau, mettre en valeur c'était notre première année, 2013. Là, on avait cette jeune découvert que le système scolaire n'était pas préparé pour accueillir ces gens dans ce genre femme J de situation. Auparavant, ils étaient renvoyés soit à Montréal, ou ils avaient une entente à Ottawa, pour que cet enfant puisse être scola- rité. Alors, pour moi c'était un défi que j'avais soulevé et heureusement avec l'ouverture des commissions scolaires, vu aussi que eux nous finançaient, on a commencé à discuter. Ils ont créé un plan. Et toute de suite, il y avait une fa- mille avec le même besoin alors ils y avaient deux enfants qui suivaient le cour en braille à l'école Saint-Jean de Bosco. Cette fille-là avait 12 ans et elle n'utilisait pas la canne non plus. Vous savez, dans son pays, où il n'y a pas beaucoup de services, elle n'était pas outillée pour subvenir sa vie elle-même. Elle attendait le père ou mère ou sa soeur pour tout. On a fait le lien avec l'école et le CLSC. Maintenant, elle est à l'école secondaire. Pour moi c'était quel- que chose qui me rendait fier; que la fille est à l'école secondaire, maintenant elle a son chien guide. Et elle a participé à plusieurs reprises au marathon d'Ottawa. Elle est tellement intégrée, je peux vous dire, c'est une fierté de lui dire. On a marché avec eux ensemble dès leur arrivée et on a réussi à ça. C'est magnifique, elle fait sa cuisine elle-même, son déjeuner, elle est autonome. Mais à son arrivée, elle était dépen- dante 100%, même pas le braille. Et main- tenant, elle lit le braille, elle est active dans le milieu social, elle a son facebook! C'est extraor- dinaire. Si j'avais l'autorisation de vous donner ses coordonnées, je pourrais le faire, mais faudrait que je communique avec ses parents ou elle-même. Mais elle est merveilleuse. Et le français, elle l'a appris vite vite vite. Son français est meilleur que celui de sa soeur ai- née qui est voyante. Avec la soeur ainée, on a eu beaucoup de difficulté pour son intégration à l'école parce que le français n'était pas pour elle; elle préférait l'anglais. Mais avec la fille avec le handicap, elle a appris vite le français, elle parle anglais, parle pachto, parle le farsi... extraordinaire. Son rêve était de devenir interp- rète professionnelle. J'imagine qu'elle va l'avoir. Et en tant que famille, c'est une famille qui aussi se laisse aider beaucoup. 55:30 I - Donc vous avez quand même des nou- velles d'eux?
M - Oui je les suis beaucoup parce que ça
m'intéresse beaucoup de savoir que les fa- milles soient bien intégrées. Alors, j'avais mis un accent spécial parce que cette fille avait ces difficultés, mais aussitôt que j'ai réalisé qu'elle était débrouillarde, on les suit à distance, mais parfois, je trouve quelque part et on jase. Tellement intég- rée. I - C'est vraiment une belle histoire.
M - Des histoires comme ça, on en a Il faut les faire
beaucoup. On a des familles qui arrivent émerger, mais en avec des gros gros défis, et on arrive à soulever par étape et ça s'passe bien. Ce mettant en relief les sont des choses qui nous maintiennent services, les ma- tout éveillé au moins. nières d’être et de faire qui ont permis à ces histoires + d’exister I - Pis qui peut-être qui reconfirme toujours que ce qu'on fait, ça fonctionne.
M - Pour moi c'est réconfortant quand je
vais aux écoles parfois, il y a des petits qui courent «Hey Martin! Hey!». Les autres petits qui ne me connaissent pas disent: «C'est qui lui!?» «Ah c'est lui qui nous a aidé pour l'école!» Ou dans les supermar- chés, je suis en train de faire mon épicerie, des gens qui arrivent et s'approchent «Hey Monsieur Martin! Comment ça va!» Ce sont des choses qui nous nourrissent notre intention de continuer avec eux. Ce que tu fais c'est quelque chose de positif dans la vie des gens. Parfois, on réalise pas ça et je pense que c'est la meilleure chose qu'un salaire ou... I - La vraie paye, c'est ça! Ah c'est vrai- ment bien. C'est très gratifiant, est-ce qu'on peut dire ça.
M - Oui oui c'est ça. En tous cas, j'espère Ah non… L
que mon accent n'a pas nuit à la conversa- tion...
I - Ah non pas du tout, vraiment pas! C'est
très riche, merci!
M - J'espère en tous cas que j'ai pu être
utile pour votre recherche et si vous avez d'autres questions...