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Ancien programme de Philosophie des Terminales Littéraires au Cameroun : Troisième partie, dernier chapitre par JACQUES EMMANUEL DIEUDONNÉ MBIDA à L'INSTITUT FOTSO DE YAOUNDÉ MVAN
Ancien programme de Philosophie des Terminales Littéraires au Cameroun : Troisième partie, dernier chapitre par JACQUES EMMANUEL DIEUDONNÉ MBIDA à L'INSTITUT FOTSO DE YAOUNDÉ MVAN
Ancien programme de Philosophie des Terminales Littéraires au Cameroun : Troisième partie, dernier chapitre par JACQUES EMMANUEL DIEUDONNÉ MBIDA à L'INSTITUT FOTSO DE YAOUNDÉ MVAN
Le programme de philosophie des classes de Terminales répond à une question
fondamentale qui est «Qu’est-ce que l'homme ?». Tout au long de l’année, le projet était d'apporter une réponse Philosophique à cette question. Ainsi, la préoccupation suivante était de definir la philosophie. Celle-ci se définit comme une activité exclusivement humaine, qui permet à l'homme de prendre conscience de soi et du monde, de s'interroger sur les phénomènes qui le dépassent, mais aussi de sortir de l'ignorance en se cultivant. Aussi, après avoir d'abord situé l'homme dans ses rapports avec autrui, ensuite dans ses rapports avec la nature et enfin, dans ses rapports avec l'absolu, la philosophie définit l'homme comme un être raisonnable, libre et engagé dans l'histoire. L'homme apparaît comme une réalité pluridimensionnelle et unique en son genre, libre et raisonnable, qui considère l'histoire comme un cadre dans lequel l'individu se réalise en permettant à l'humanité toute entière de s'améliorer. On comprend donc que l'homme est également toute une histoire. On ne peut pas dissocier les deux notions
CHAPITRE 28: L'HOMME ET L’HISTOIRE
Objectif Pédagogique Terminal : Établir que l'homme est à la fois objet et sujet de l'histoire. Problématique : Dès lors, quel est le réel Rapport entre l’homme et l'histoire ? Mieux, l'homme fait-il lui-même son histoire ou n'est-il qu'une simple marionnette du processus historique ? INTRODUCTION L'homme est un être bien particulier du règne animal. Il cherche sans cesse à changer sa condition d'être mortel et à donner un sens à son histoire. Cette différence entre l’humain et l'animal montre que seuls les hommes ont une histoire au sens strict. C’est ce qui nous permet de penser le Rapport entre l’homme et l'histoire. Dès lors, quel est le réel Rapport entre l’homme et l'histoire ? Mieux, l'homme fait-il lui-même son histoire ou n'est-il qu'une simple marionnette du processus historique ? I. QU'APPELLE-T-ON HISTOIRE ? 1. La signification du concept Histoire Le mot Histoire revêt un double sens. D'une part, l'histoire est la connaissance de l'origine et de l’évolution des peuples et des nations. Ici, l'histoire apparaît comme cet écoulement perpétuel du temps dont chacun de nous n'est qu’un bref moment. Elle est rétrospective. D'autre part, l'histoire peut être également appréhendé comme la connaissance du devenir des sociétés humaines, c'est-à-dire la connaissance conjuguée du passé, du présent et de l'avenir de celles-ci. L'histoire est ici prospective. 2. La Philosophie de l'histoire Par Philosophie de l’histoire, on entend une conception de l'histoire qui admet que sous les apparences du hasard et de la contingence, du singulier et de l'individuel, il y a un sens total de l'histoire qui explique le passé de l'humanité et commande son avenir. Cette conception s'oppose à l'histoire événementielle qui réduit l'histoire à la simple relation des évènements. Le concept d'histoire ainsi visité précédemment nous invite à nous interroger sur le rôle de l'homme dans l'histoire, est-il objet ou sujet de l'histoire ? II. L'HOMME : OBJET OU SUJET DE L'HISTOIRE ? 1. Fondement théologique de la Philosophie de l’histoire: L'homme, objet de l'histoire. Les textes bibliques montrent comment, dans son idée, Dieu a conçu l'homme pour que celui-ci réalise ses desseins. Selon le Christianisme, l'homme est bien un agent historique, puisque le monde lui est confié pour qu’il le connaisse et l'utilise à son profit. En effet, l'homme a été conçu pour explorer la nature et la transformer par le travail. Toutefois, dans la mesure où l'homme ne peut que réaliser une essence originellement définie par Dieu, il lui demeure intellectuellement impossible de se concevoir lui-même comme résultant de transformations produite par son propre travail. Ainsi, dans la conception judéo-chrétienne, l'homme serait prédéfini, donc le jouet de forces historiques dont il subit les caprices et les pesanteurs. Ce point de vue est partagé par les Philosophies classiques de l'histoire dont L'idéalisme historique de HEGEL. 2. L'autoproduction humaine dans l'histoire : L'homme, Sujet de l'histoire. Cette autre conception de la Philosophie de l’histoire commence à s'affirmer au XVIIIème siècle aussi bien chez ROUSSEAU que dans la Philosophie des «Lumières». ROUSSEAU répète la thèse de la création divine de l'homme dans son Discours sur l'origine et les fondements de l’inégalité certes, mais il entend montrer conjointement la façon dont l'homme s'est lui- même transformé à travers les époques et les périodes. L'homme engendre le progrès synonyme de son évolution personnelle. En effet, par le truchement de la parole et de l’écriture, l'homme transmet son mode de vie à sa descendance. Chaque nouvelle génération transforme l’héritage reçu de la précédente en y incorporant ses innovations et ses découvertes, les signes du progrès, avant de le transmettre à la suivante. En ce sens, l'homme façonne lui-même sa propre histoire. C’est la raison pour laquelle Henri BERGSON conçoit l'homme dans La pensée et le mouvant en ces termes « Nous croyons qu’il est de l'essence de l'homme de créer matériellement et moralement, de fabriquer des choses et de se fabriquer lui-même». Albert CAMUS de dire dans L'homme révolté « L'homme est la seule créature qui refuse d’être ce qu'elle est». Dans cette conception, l'homme n'est pas un être naturel, il est concepteur du progrès historique. L'homme fabrique son histoire, il est le sujet de son histoire. Cette conception est partagée par le Matérialisme historique de MARX. Après avoir défini l'histoire et apprécié la place qu'occupe l'homme dans l'histoire, ne peut- on pas savoir quel sens les Philosophies de l’histoire donnent-t-elles à l'histoire ? III. LE SENS DE L’HISTOIRE CHEZ HEGEL ET MARX On distingue ainsi deux Philosophies de l'histoire : L’idéalisme historique ou Philosophie idéaliste de l'histoire de HEGEL, et Le Matérialisme historique ou Philosophie matérialiste de l'histoire de MARX. 1. L’idéalismehistorique de G.W.F. HEGEL : Le devenir historique Pour HEGEL, l'Histoire universelle est un processus, une dialectique. Chez lui, le devenir historique est un devenir dialectique.Il va contre Blaise PASCAL qui pense que l'histoire est une ligne continue, une linéarité, une suite d’événements desquels l'homme apprend continuellement tout en demeurant le même. Il estime que le devenir historique n'est pas linéaire mais dialectique parce qu’il y a un principe métaphysique qui guide le monde à travers l'Histoire et qui détermine les peuples et les hommes à leur insu. Ce principe se révèle partiellement au cours des évènements, mais ce n’est qu'à la fin de l'Histoire qu'il se révélera totalement. C’est pourquoi il affirme dans ses Leçons sur la philosophie de l'histoire que « L'histoire universelle est la représentation de l'Esprit dans son effort pour acquérir le savoir de ce qu'il est». Par conséquent, il n'y a pas de hasard dans l'Histoire. Tout est déterminé et tout est compréhensible. Il faut comprendre que pour HEGEL, il y a l'Un, l'Histoire, la saisie du sens de l'histoire, c'est- à-dire la façon dont l'Esprit, à travers ses médiations successives, atteint sa vérité en prenant conscience de lui-même, d'un côté. Et de l'autre, le multiple que sont les histoires des peuples et des hommes, leurs passions, leurs guerres… à la recherche de la liberté, qui permettent à l'Un de se réaliser. Et pour ce faire, Il est donc nécessaire Pour l'Un de prendre appui sur les différentes histoires particulières des peuples, les dépasser en les considérant comme un ensemble de manifestations partielles, incomplètes et abstraites du principe le plus général qui traverse la totalité des évènements : L'ESPRIT DU MONDE, La LIBERTÉ. D'où sa définition de l'histoire universelle dans son Introduction à la Philosophie de l’histoire « L'histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté». 2. Le Matérialisme historique de Karl MARX Dans L’idéologie allemande, Karl MARX déclare « Ce n'est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience». Pour lui, l'homme est un acteur et un produit de l'histoire. Or l'histoire, selon lui, trouve tout son sens dans la lutte des classes. Tout comme HEGEL, Karl MARX découvre dans l'histoire humaine un principe central. Pour lui, c'est la lutte des classes. Examinant l’évolution de celle-ci de la société antique à la société bourgeoise, il y décèle une libération progressive de l'humanité. Il en déduit que cette libération ne peut que se poursuivre en s'amplifiant. Il prévoit à la suite la révolution prolétarienne et, ultérieurement, l’avènement final d'une société sans classes. Ce Matérialisme historique affirmé comme scientifique, échapperait à toutes les idéologies, en particulier religieuse. Pour Karl MARX, la connaissance du passé permettrait de savoir, sans a priori mais à la suite d’études précises, vers quoi tend nécessairement l'humanité. L'analyse qui précède s'est ouvert sur la définition du concept Histoire, s'est poursuivie ensuite avec la détermination de la place qu'occupe l’homme dans l'histoire. Elle s'est terminée enfin avec l'examen des différentes conceptions de l'histoire dans les Philosophies de l’histoire. Cependant, quel est réellement le Rapport entre l’homme et l'histoire de nos jours ? IV. L'HISTOIRE, TRANSCENDANCE ET IMMANENCE À L'HOMME 1. L'histoire, un processus transcendant HEGEL, tout comme MARX, en croyant pouvoir cerner à l'avance l'avenir de l'humanité, se condamnait à être démenti par la réalité ultérieure. L'histoire, c’est l’avènement d'une singularité toujours nouvelle sur laquelle aucune théorie scientifique, aussi élaborée soit- elle, ne peut avoir d'effet. Le fait historique est unique et propre à un peuple. HEGEL affirme que « Pour être historique, il faut que le phénomène particulier soit unique, irremplaçable, non réitéré». C’est pourquoi chaque peuple doit avoir sa propre histoire et ses propres historiens. Car, l’Histoire au sens strict du terme signifie le devenir de l’espèce humaine et le récit qui en est fait. C’est la raison pour laquelle Fernand BRAUDEL s'emploie à dire que « L'histoire fait (…) les hommes et façonne leur destin». L'histoire transcende la conscience individuelle dans la mesure où, bien qu'acteur de son devenir, l'homme reste victime des aléas historiques. En tant que réalisatrice du devenir de l'humanité, L’histoire va au delà de l'entendement ; elle est ce mouvement qui se construit et arrive nécessairement. C’est pourquoi Karl JASPERS affirme dans Le sens de l’histoire que « Si nous cherchons à enfermer l'histoire dans des lois générales, nous ne la saisissons jamais en elle-même. Car en ce qu'elle a de particulier, elle est un phénomène proprement unique». 2. L'histoire, une Immanence à l'homme L'homme est un être rationnel, conscient. L'histoire tout entière, est le produit de cette Conscience, une Immanence à la conscience. C’est par la conscience que l'homme se pose comme un véritable Sujet de l'histoire. Il manifeste pleinement sa conscience en exprimant sa liberté et sa responsabilité afin d’écrire L’histoire, de changer son avenir. L'homme est un créateur d'humanité. Il exerce sa créativité en transformant sans cesse la nature dans le but de la dominer et de l'exploiter à ses fins. C’est donc grâce à sa Conscience que l'homme saisit l'historicité et la modifie pour construire librement son avenir. Jean-Paul SARTRE, dans L'Existentialisme est un humanisme , soutient que L'historicité, c'est la condition de l'existant humain, qui, tout en étant engagé dans le temps et solidaire de son passé et de l'histoire, s'en dégage en se situant par rapport à cette condition et en se projetant librement dans l'avenir. L'histoire de l'homme cesse d’être un déroulement linéaire d'un plan transcendant mais la dialectique évolutive transformée par les hommes. CONCLUSION Au terme de notre analyse sur le Rapport entre l’homme et l'histoire, cette dernière apparaît comme un processus du devenir humain. À première vue, on peut dire que l'homme a une double identité face à l'histoire, il est simultanément objet et sujet de l’histoire. Mais, à bien y regarder, nous constatons que l'histoire constitue pour l'homme une Transcendance- Immanence. Bien qu'elle s'impose à l'homme, celui-ci ne manque pas en revanche de l'influencer en modifiant par son dynamisme, le cours de l'histoire. D'où l'interaction entre l’homme et l'histoire qui s’établit dans un rapport dialectique. Évaluation formative : L'homme a-t-il ou est-il une histoire ? Quelques sujets de réflexion L'histoire a-t-elle un sens ? HEGEL affirme : « L'histoire est le jugement dernier du monde». Qu'en pensez-vous ? Quelques citations : Friedrich NIETZSCHE : « L'histoire est un fardeau». Georg Wilhelm Friedrich HEGEL : « On ne peut tirer un enseignement moral de la connaissance du passé». Paul VALERY : « L'histoire justifie ce que l'on veut. Elle contient tout et donne des exemples de tout».