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ECONOMIE Générale

(SUPPORT DE COURS)

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Dr. Pierre K. OUGUEHI ( Ph.D)

Table des matières

Chapitre 0 : L’objet de la science économique


Section I : La notion de besoin
Section II : La notion de ressources
Section III : La science économique
Chapitre 1 : Le système économique et agents économiques
Section I : Les systèmes économiques
I) Le système capitaliste
II) Le système socialiste
Section II) Les agents économiques
I) Les sociétés et quasi-sociétés non financières
II) Les ménages
III) Les institutions de crédit
IV) Les administrations publiques
V) Les entreprises d’assurance
VI) Le Reste du Monde
Chapitre 2 : Le circuit économique et la fonction de production
Section I : les différentes représentations du fonctionnement de l’économie et le circuit
économique
I) La microéconomie
II) la macroéconomie
III) La notion de circuit économique
IV) L’équilibre Emploi/Ressource
Section II : La fonction de production
I) La notion de Production

II) Les facteurs de production


III) Analyse du système productif
IV) La spécificité du secteur public productif

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Chapitre 3 : La répartition primaire et la distribution des revenus
Section I : Les notions de salaire et de profit
I) Les déterminants du salaire
II) La notion de profit
III) La répartition primaire des revenus
Section II : La notion de redistribution du revenu
I) les objectifs de la redistribution :
II) Le débat sur la redistribution :
III) Les instruments de la distribution des revenus
Chapitre 4 : La fonction de consommation
Section I : La notion de consommation
I) Les différentes formes de la consommation :
II) La fonction de consommation :
III) Les déterminants de la consommation
IV) L’évolution des modes de consommation
Chapitre 5 : La notion d’épargne et d’investissement
Section I : la notion d’épargne
I) Les motifs de l’épargne
II) les différentes formes de l’épargne
III) Théorie du cycle de vie de Modigliani
Section II : La notion d’investissement
I) Les différents types d’investissement matériels
II) Les différents types d’investissement immatériels
III) Les déterminants de l’investissement
IV) Les modes de financement des entreprises
Chapitre 6 : Théorie microéconomique
Section 1 : l’équilibre consommateur
Section 2 : L’équilibre du producteur
Chapitre 7 : La structure des marchés
Section I) La notion de marché

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Section II) Le rôle fondamental du marché

Chapitre 8 Les politiques économiques


Section I : les objectifs de la politique économique
I) Le carré magique de Kaldor
II) Les différents types de politiques économiques
Section II : La politique monétaire
I) La politique monétaire
II) Les enjeux récents de la politique monétaire
III) Les politiques de lutte contre l’inflation
Section III : La politique budgétaire
I) Quel rôle pour l'Etat ?
II) Analyse du budget de l'Etat
Section IV : La politique de l’emploi
I) Une problématique aux multiples aspects
II) L’analyse économique au service de l’emploi
III) Les conséquences sociales des politiques de l’emploi
Chapitre 9 : les échanges internationaux
Section I : Le développement des échanges internationaux
I) Le développement des investissements internationaux
II) L’approche classique traditionnelle des échanges internationaux
Section II : La diversité des acteurs
I) Classification des différents pays du Monde
II) Le courant protectionniste
Chapitre 10 : La coopération internationale et les institutions internationales
Section I : Les principaux ensembles économiques mondiaux
I) Les membres de la Triade
II) Les autres ensembles régionaux
III) Des ensembles disparates en terme de niveau de développement
Section II : L'essor des institutions internationales
I) Les principales institutions internationales
II) La coordination des politiques économiques

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Section III : Le commerce mondial
I) Le développement des échanges internationaux
II) Le GATT
III) L’Organisation Mondiale du Commerce
Section IV : L’organisation d’un système monétaire international
I) Les principes de fonctionnement d'un Système Monétaire International :
II) L'instabilité du SMI au cours du 20ème siècle
III) La création du Fond Monétaire International
IV) La création de la Banque Mondiale
Chapitre 11 : Croissance et fluctuation économique
Section I : La notion de croissance en sciences économiques
I) La mesure de la croissance
II) Les modalités de la croissance
III) Les facteurs de la croissance
IV) Les grandes phases de la croissance économique au cours du 20ième siècle
Section II : Le cycle économique
I) Les différentes phases d'un cycle économique
II) la théorie des cycles économiques

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Chapitre 0 : L’objet de la science économique

Section I : La notion de besoin

Chaque individu a des besoins qu’il cherche à satisfaire. Ces besoins peuvent être regroupés en
différentes catégories :
Besoins primaires (ou vitaux) : se nourrir, se vêtir, se loger, s’habiller
Besoins secondaires (ou de civilisation) : avoir un téléphone portable, un ordinateur…
Ces besoins peuvent aussi servir à se différencier des autres et répondent à ce que l’on appelle un
besoin psychologique (un végétarien ne consomme pas de viande…).

Ces besoins sont par nature illimités : une fois l’un d’eux satisfait, il en apparaît de nouveaux.
L’homme est donc, consciemment ou non, obliger de classer ses besoins par ordre de priorité, et
ce, d’autant plus, qu’il ne dispose que d’un revenu limité pour satisfaire ses besoins.

On appelle donc besoin en économie toute sensation de manque qu'un individu cherche à
combler. La satisfaction de ces manques se fait par la consommation d'un bien ou d'un service
(manger pour satisfaire sa faim...)

Section II : La notion de ressources

Pour satisfaire ses besoins, l’homme peut se servir directement en puisant dans les ressources
disponibles dans la nature (le besoin en oxygène est satisfait simplement par le fait de respirer).
Ces biens, disponibles « gratuitement » et utilisables en l’état constituent les biens « libres ».
Mais de nos jours, la majeur partie de nos besoins ne peuvent être comblés par la nature qui nous
entoure (exemple : besoin de se déplacer rapidement d’un endroit à l’autre entraîne la nécessité
d’acheter une voiture). Il faut donc produire les biens et services dont nous avons besoin pour
satisfaire nos besoins : ce sont les biens « économiques ».

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Pour satisfaire nos besoins, il nous faut donc en produire la majeure partie à l’aide de ressources
(matières premières, énergies…) qui ne sont pas disponibles en quantité illimitée dans la nature.
On dit alors que les ressources sont « rares ».
On appelle « ressource » en économie l’ensemble des biens économiques susceptibles de
satisfaire les besoins humains.

Section III : La science économique


« L’économie est la science qui étudie comment les ressources rares sont employées
(transformées par les entreprises) pour la satisfaction des besoins des hommes vivant en
société.»
(Edmond Malinvaud, Leçons de théorie macroéconomique, Dunod, 1982.)

La science économique cherche donc à répondre à un certain nombre de questions :


quoi produire ? : quel bien.
comment produire ? : de manière à utiliser le moins de ressource possible.
pour qui produire ? : quelle sera la demande exprimée par les agents économiques.

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Chapitre 1 : Le système économique et agents économiques

L’homme ne pouvant satisfaire ses besoins directement dans la nature, il lui faut donc travailler
pour transformer les ressources à sa disposition.
A l’origine, les besoins de l’homme étaient limités (se nourrir, se vêtir, se loger) et chaque
individu était donc à même de produire ce dont il avait besoin. Puis, avec les progrès
technologiques et la multiplication des besoins humains, il est apparu nécessaire de rationaliser la
production en procédant entre autre à la spécialisation : un individu se concentre alors sur la
production d’un type de bien, qu’il échange par la suite afin de satisfaire l’ensemble de ses
besoins. Cette organisation de la production est à l’origine du développement des échanges entre
les différents acteurs économiques. De plus, la production de certains biens a nécessité le
regroupement de moyens financiers et humains qu’un individu seul ne pouvait détenir
(construction d’une voie de chemin de fer par exemple). Ceci n’a été possible qu’en inventant un
nouveau type d’acteur économique : l’entreprise. La multiplication des échanges entre acteurs
économiques et le rôle croissant pris par l’entreprise dans la production des biens et service
suppose alors qu’il existe un système économique qui régule, organise l’activité économique. On
oppose en général deux systèmes économiques : le système capitaliste et le système socialiste.

Section I : Les systèmes économiques

I) Le système capitaliste

Le système capitaliste repose sur l’idée première que l’initiative individuelle est le moteur de
l’activité économique : l’individu cherchant à satisfaire ses besoins, il faut lui laisser l’initiative
en terme économique. Le système économique dans son ensemble résulte donc de l’initiative
individuelle des agents économiques qui le composent : l’initiative individuelle est donc au
coeur du système capitaliste.
Pour que l’individu soit incité à produire, il faut donc lui permettre de retirer un profit de son
initiative. Les fruits du travail d’un individu doivent donc lui revenir, c’est à dire qu’il doit être le

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seul propriétaire du bien ou service qu’il a produit. Libre alors à lui de le vendre à un autre agent
économique en échange d’une certaine quantité d’argent. Le système économique capitaliste
repose donc sur le principe de la propriété privée des moyens de production (travail et capital).
De plus, les agents économiques ne seront incités à produire que s’ils peuvent tirer un bénéfice de
leur activité économique. De ce point de vue, il faut donc que l’agent économique retire un
bénéfice de son action c’est à dire qu’il échange un bien ou un service produit à un prix supérieur
à ce que sa production lui a coûté.
L’initiative individuelle repose donc sur la recherche d’un profit de la part de l’agent
économique. Sans profit, l’agent économique ne voit aucun intérêt personnel à produire un bien
ou un service. La recherche du profit est donc le moteur du système capitaliste. L’initiative
individuelle étant la règle, certains agents économiques vont donc être amenés à produire le
même bien ou service. Ils se retrouvent donc dans la situation ou ils cherchent à vendre le même
bien aux individus qui souhaitent l’acquérir. Cette confrontation de plusieurs producteurs dans la
production d’un même bien laisse donc à l’acheteur de ce bien l’initiative de comparer les offres
qui lui sont faites et de s’adresser en définitive au producteur capable de lui fournir le bien
satisfaisant au mieux son besoin (meilleur rapport qualité/prix par exemple). Le marché d’un bien
est donc organisé autour de la notion de concurrence entre les différents producteurs de ce bien.
Cette concurrence amène un producteur à faire continuellement des efforts pour rester compétitif
face à ses concurrents, c’est à dire qu’il cherche constamment à améliorer son processus de
production pour diminuer le coût de production du bien ou service.

Ce système ne peut fonctionner que si l’État se porte garant de la liberté individuelle et de la


propriété privée. En effet, l’initiative individuelle ne peut être encouragée que s’il existe un
ensemble de loi protégeant la propriété privée, c’est à dire prévoyant des sanctions contre tout
individu qui irait s’approprier le bien d’un autre sans en payer le prix (c’est ce que l’on appelle un
vol ). L’État, dans sa forme initiale, se doit d’assurer ses fonctions dites « régaliennes », c'est-à-
dire qu’il est chargé de la protection de l’individu en assurant les services de la police, de la
justice et de la défense du territoire national. Cet État est alors appelé « État-Gendarme ».
Ce n’est que plus tard, que le rôle de l’État s’est accru et qu’il a été amené à intervenir plus
massivement dans la sphère économique, en assurant notamment une fonction de redistribution
des richesses dans l’optique d’une plus grande justice sociale. Ce rôle élargi de l’État moderne,
intervenant dans les domaines économiques et sociaux fait apparaître un nouveau type d’État, «

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l’État- Providence », dont une grande partie du rôle est de limiter les inégalités entre les membres
d’une société, inégalités dont l’origine est le mode de fonctionnement même du système
capitaliste.

II) Le système socialiste

Pour produire un bien, il faut à la fois du travail et du capital (pour financer l’achat de matériel).
Ces besoins au départ n’étaient pas très important, et donc un individu pouvait produire seul un
bien ou un service à l’aide de ses propres ressources : l’économie était alors dominée par la
production artisanale. Au 19ème siècle, la révolution industrielle s’est traduite par des besoins très
importants en capital, qui dépassaient les ressources d’un seul individu. Les individus ont donc
été amenés à regrouper leurs moyens pour produire ces nouveaux biens et l’on fait en créant des
sociétés de capitaux. Les individus n’ayant pas suffisamment de capitaux n’ont donc plus été en
mesure de produire seul un bien et ont été amené à vendre leur force de travail aux individus
possédant les outils de production : le salariat s’est donc développé. Cette nouvelle organisation
de la production a entraîné des inégalités entre les possesseurs de capitaux, et ceux qui n’avaient
plus que leur force de travail à vendre. La notion de socialisme est donc apparue à ce moment
comme une réponse aux inégalités liées à l’essor de ce nouveau capitalisme.

Les inégalités sociales étant le fruit du système capitaliste, le système socialiste a donc eu pour
objectif de définir un nouveau mode de production devant se substituer au mode capitaliste, et
devant assurer une plus grande justice sociale. Les inégalités provenant de la propriété privée des
moyens de production, le système socialiste repose donc sur une propriété collective des moyens
de production. Cette propriété collective étant assurée par le biais de l’État, celui-ci met alors à la
disposition des individus les moyens de production appartenant à la collectivité afin qu’ils
produisent les biens et services nécessaires.
L’inégalité sociale ayant pour origine l’appropriation du profit par les détenteurs des moyens de
production, la collectivisation de ces moyens entraîne par là même la suppression de la notion
même de profit puisque chaque individu bénéficie des fruits de la production dans des
proportions identiques. Il ne peut en effet y avoir de profit dans un système économique où il n’y
a pas de propriété privée.

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Le profit provenait du fait que le producteur vendait un bien sur le marché à un prix supérieur à
ce que lui avait coûté la production de ce bien. Ce marché était caractérisé par la concurrence qui
existait entre les différents producteurs de ce bien. Dans un système socialiste, il n’y a plus qu’un
seul producteur : l’État, qui est propriétaire, au nom du peuple, de l’outil de production. La
régulation économique ne peut donc plus être assurée par le marché : C’est donc l’État qui
assure la régulation économique en déterminant par avance les quantités de biens et services à
produire pour satisfaire les besoins des membres de la société. La remise en cause de la notion
d’initiative individuelle, et donc du principe de propriété privée caractérise l’opposition entre le
système capitaliste et le système socialiste.

Section II) Les agents économiques


Pour comprendre comment s’organise l’activité économique, il est nécessaire de bien définir
quels sont les principaux acteurs qui interviennent dans la vie économique, et il faut par la même
préciser leur rôle au sein de la sphère économique. La comptabilité Nationale nous fournit une
grille de classification des principaux agents économiques.
On définit comme agent économique « une catégorie homogène qui regroupe les décideurs qui
réalisent des opérations identiques et ont des spécificités communes ».

I) Les sociétés et quasi-sociétés non financières


- fonction principale : produire un bien ou un service marchand non financier
- principale ressource : le produit des ventes de biens ou services
- principale dépense : paiement des salaires, achat de biens et services intermédiaires

II) Les ménages


- fonction principale : consommer les biens et services produits par les autres agents
économiques
- principale ressource : salaires, allocations
- principale dépense : achat de biens et services finis

III) Les institutions de crédit


- fonction principale : collecter l’épargne disponible pour la redistribuer sous forme de prêts aux
agents ayant des besoins de financement

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- principale ressource : l’épargne collectée auprès des ménages, les intérêts perçus sur emprunt
- principale dépense : paiement des salaires

IV) Les administrations publiques


- fonction principale : produire des services non marchands collectifs et procéder à des
opérations de redistribution du revenu entre agents économiques
- principale ressource : les ressources liées à la perception de l’impôt ou de cotisations sociales
- principale dépense : financement de l’Éducation Nationale, de l’armée, de la justice, de la
police…

V) Les entreprises d’assurance


- fonction principale : mutualiser les risques et assurer un paiement en cas de sinistre
- principale ressource : les primes contractées auprès des assurés
- principale dépense : le dédommagement des dommages constatés par les assurés.

VI) Le Reste du Monde (ensemble des agents économiques étrangers)


- fonction principale : échanger avec des agents économiques nationaux
- principale ressource : le produit des exportations de biens et services
- principale dépense : l’importation de bien et services nationaux

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Chapitre 2 : Le circuit économique et la fonction de production

Section I : les différentes représentations du fonctionnement de l’économie et le circuit


économique
L’analyse du système économique repose avant tout sur la représentation que l’on se fait du
circuit économique. Deux niveaux d’analyse sont fréquemment utilisés :

I) La microéconomie :
L’analyse repose sur l’étude du comportement individuel des agents économiques. Il s’agit donc
d’une démarche individualiste. L’étude de ces comportements individuels repose sur le postulat
qu’un individu est capable d’agir rationnellement en classant ses besoins en fonction de l’utilité
qu’il en attend. Ceci, compte tenu de ses ressources limitées, l’amène donc a procéder à des
arbitrages constants dans la satisfaction de ses besoins. Ces décisions individuelles forment les
courbes d’offre et de demande qui se retrouvent et se confrontent sur les marchés, et l’équilibre
est déterminé au point d’intersection de ces deux courbes.
L’équilibre général est donc obtenu lorsque tous les marchés sont à l’équilibre.

II) la macroéconomie :
L’analyse macroéconomique ne met pas les décisions individuelles au premier plan, mais repose
sur une démarche globale centrée sur les principales fonctions économiques : la consommation,
l’épargne, la production…
Ces grandes fonctions sont par nature le fruit de l’agrégation des décisions individuelles des
agents économiques. Mais l’approche macroéconomique, de par sa vision globale, cherche avant
tout à mesurer les relations qui existent entre ces grandes fonctions de manière à fournir des
éléments permettant de guider les décisions de politique économique.

III) La notion de circuit économique :

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L ‘analyse économique doit fournir une représentation simplifiée de l’économie pour faciliter son
étude.
Il existe deux formes principales de représentation de l’économie :
L’une considère l’économie comme un ensemble de marchés ou se confrontent une offre et une
demande. Chaque bien ou service échangé est représenté par son marché (marché du travail,
marché des biens, marché des capitaux….) et les entités économiques fondamentales (entreprises,
ménages) fonctionnent de manière interdépendante, ce qui signifie que l’action de l’une de ces
unités a des conséquences sur le comportement des autres agents économiques.
L’autre décrit l’économie comme un circuit, reposant sur un certain nombre de fonctions
économiques essentielles (produire, consommer…) qui sont l’oeuvre d’agents économiques
spécifiques. Ces différentes fonctions économiques sont reliées entre elles par des flux réels et
monétaires. Soit le schéma suivant :

Produire (les entreprises)

Répartir
(salaires/profits)

Consommer
(Menages) redistribuer
(Etat)

IV) L’équilibre Emploi/Ressource :


Chaque agent économique est à l’origine de flux entrants et sortants d’un montant équivalent. Par
exemple, les ménages perçoivent des revenus qu’ils dépensent ou épargnent en totalité. Le circuit
économique dans son ensemble est donc caractérisé par l’égalité suivante : Emplois =
Ressources.
Avec :
Emplois = Production + Importations
Ressources = Consommation intermédiaire + consommation finale + FBCF +variation de stock
+ Exportations

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Production : valeur des biens et services crées par les agents économiques nationaux
Importations : valeur des biens et services produits par des agents économiques étrangers et
achetés par des agents économiques nationaux
Consommation intermédiaire : valeur des biens et services acquis par les entreprises et entrant
dans le processus de fabrication des biens et services finis.
Consommation finale : valeur des biens et services acquis par les agents économiques pour
satisfaire leurs besoins individuels et collectifs.
FBCF : (Formation Brute de Capital Fixe) valeur des biens durables acquis par les agents
économiques et étant utilisés dans le processus de production.
Exportations : valeur des biens et services produits par des agents économiques nationaux et
cédés à des agents économiques étrangers (le Reste du Monde).

Section II : La fonction de production


La première fonction économique que nous allons étudier est donc la fonction de production. Le
fait de produire revient essentiellement aux entreprises. Pour ce faire, celles-ci utilisent des
facteurs de production qui sont le facteur travail et le facteur capital. Ces deux facteurs de
production sont associés au sein d’un mode de production qui permet à une entreprise de
transformer un certain nombre de biens et services intermédiaires en un bien ou service final qui
sera vendu sur le marché afin de satisfaire les besoins exprimés par les agents économiques.
Après être revenu sur la notion de production, nous analyserons donc les différents facteurs de
production à la disposition des entreprises.

I) La notion de Production :
La production est l’activité socialement organisée, destinée à créer des biens et des services
à partir de facteurs de production acquis sur le marché" ( INSEE, TEF 1998/1999).
La mesure de la production s’effectue à partir de la valeur d’échange des biens et services
produits. De ce fait, toute production qui n’est pas cédée sur le marché mais consommées
directement par le producteur n’est pas considérée d’un point de vue comptable comme une
production. C’est le cas par exemple des biens produits par un ménage dans son potager
personnel et qu’il consomme directement.

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1) Production marchande et non marchande :
Il est nécessaire compte tenu de la définition donnée précédemment de distinguer ce que l’on
appelle production marchande.
Production marchande : ensemble des biens et services produits qui s’échangent ou sont
susceptibles de l’être sur un marché, à un prix couvrant au moins son coût de production. Cette
production marchande regroupe donc la totalité des biens et services produits par les entreprises.
Production non marchande : est le fait des Administrations publiques qui produisent des
services à titre gratuit ou quasi-gratuit (Éducation, Police Nationale…). Cette production non
marchande a quand même un coût, il faut donc la prendre en compte lors du calcul de la
Production d’un pays.
Comme il n’existe pas de valorisation par le marché de ce type de production, son calcul se
fondera sur le coût de production de ces services non marchands.
L’incapacité du secteur privé à produire ces services collectifs non marchands pose la question de
l’intervention de l’Etat dans la sphère économique de manière à satisfaire un certain nombre de
besoins.

2) Les raisons qui poussent l’Etat à intervenir dans la sphère productive :


L’Etat est amené à se substituer à l’entreprise pour produire un certain nombre de services pour
faire face à l’incapacité du marché à satisfaire les besoins exprimés par les agents économiques.
Ces « défaillances du marché » sont de plusieurs ordres :
La spécificité des biens collectifs non identifiables : le financement des services collectifs non
identifiables nécessite une prise en charge publique car le risque de comportements individuels de
type « passager clandestin » ne permet pas un autre type de financement. Un agent économique
privé n’accepterait de participer au financement de ces services qu’à la condition d’être sûr que
tous les autres agents économiques y participent également, ce qui est impossible.
Les externalités : certaines activités ont un effet qui se diffuse à l ‘ensemble de la société sans
qu’il soit possible pour un agent particulier d’en limiter la diffusion. Le financement de ces
activités n’est donc pas assuré de manière efficace par le secteur privé puisque personne ne
souhaite dépenser de l’argent au profit des autres. L’Etat se substitue donc au secteur privé, ce
qui a un impact positif pour l’ensemble de la société (financement de la recherche fondamentale
par exemple).

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Les rendements d’échelle croissants : certains services nécessitent des investissements si
importants qu’ils ne peuvent être rentables que s’ils sont consommés en masse. La concurrence
entre producteurs est alors impossible puisque la production ne peut être rentable que si elle
provient d’un seul intervenant. La création d’un monopole d’Etat (distribution de courrier…) ou
le versement de subventions par les pouvoirs publics sont alors les seuls moyens pour pouvoir
produire ces services collectifs.
En définitive, l’intervention de l’Etat se justifie dans des domaines où le marché est incapable de
susciter une production d’origine privée, en partie parce que l’intérêt d’un agent économique
particulier se trouve en opposition avec l’intérêt collectif.

3/ Les arguments de l’approche libérale :


Pourtant, depuis quelques années, des voix s’élèvent pour remettre en cause l’intervention de
l’Etat dans la sphère économique en avançant une série d’arguments : La notion de services
collectifs non marchands a pris de plus en plus d’importance au fur et à mesure que se
développait l’Etat-Providence. or, certains de ces services collectifs pourraient être produits par la
sphère privée. Ce constat est à l’origine de la vague de libéralisation qui s’est traduite ces
dernières années par une ouverture de certains secteurs économiques à la concurrence du secteur
privé. Les économistes libéraux considèrent que les biens collectifs doivent se limiter aux
services dont l’individualisation ne peut être réalisée.
Les prélèvements obligatoires nécessaires au financement des services collectifs opèrent une
ponction sur le revenu des ménages qui nuit à l’activité économique. De plus, l’absence de
concurrence empêche les consommateurs de choisir le producteur qui permettra de satisfaire au
mieux leurs besoins.
Les entreprises publiques chargées de produire ces services collectifs ne gèrent pas de manière
efficace leurs ressources, ce qui se traduit par un gaspillage important. Les entreprises du
secteur privé seraient à même de produire ces services à un coût moins élevé pour la société.
Cette faible efficacité provient de l’absence de sanctions du marché.
Outre des considérations économiques, les partisans d’un interventionnisme fort de l’État
dans l’économie s’appuient sur des considérations d’ordre sociopolitiques. La prise en charge par
l’Etat-Providence de la production de services non-marchands permet à l’ensemble des ménages
d’y avoir accès à un coût inférieur à son prix de revient. Cette action est donc un instrument de

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justice sociale puisqu’elle permet de compenser une partie des inégalités engendrées par la
répartition primaire des revenus.

4/ La mesure de la production :
Au niveau d’une entreprise, la valeur d’une production est estimée à partir de la notion de Valeur
Ajoutée. La valeur ajoutée représente la richesse réelle créée par une entreprise du fait de son
activité de production. En d’autre sorte, elle se calcule en faisant la différence entre la valeur
d’échange de la production et la valeur des biens et services utilisés incorporés dans le processus
productif. Soit:
Valeur Ajoutée = Valeur d’échange de la production – Consommations intermédiaires

Au niveau national, la production d’un pays se à l’aide d’un indicateur appelé Produit Intérieur
Brut. Le PIB est donc un agrégat qui mesure la richesse créée par les différents agents
économiques présents sur un territoire national que se soit en terme de production marchande ou
en terme de production non marchande. Soit :
PIB = somme des Valeurs ajoutées + droits de douane

Si l’on s’intéresse à la production des agents économiques nationaux, il va falloir tenir compte de
la production de ces agents économiques en dehors du territoire national, on parle alors de
Produit National Brut. Soit :
PNB = PIB – valeur de la production des agents économiques étrangers sur le territoire
national + valeur de la production des agents économiques nationaux à l’étranger.

Cet agrégat pose quelques problèmes quant à la pertinence des résultats obtenus :
Les informations sont récoltées auprès des entreprises, et sont donc très dispersées. la production
non marchande est évaluée par ses coûts de production ce qui n’est pas forcément pertinent.
Certaines productions ne sont pas prises en compte : travail clandestin…, certaines productions
ne révèlent pas forcément une amélioration de la qualité de la vie (les dépenses liées à la
dépollution des sites de déchets toxiques vont venir accroître le PIB).

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Pour simplifier, l’analyse économique retient que la production est le fait essentiellement des
sociétés et quasi-sociétés et est évaluée à partir du PIB. Il ne faut pas oublier néanmoins que dans
nos sociétés modernes, la production non marchandes représente une part non négligeable de la
production totale d’un pays.
Cette production n’a été possible que par l’utilisation de facteurs de production qui sont le facteur
travail et le facteur capital. Pour bien comprendre l’évolution de la production d’un pays, il est
donc nécessaire d’analyser les facteurs de production, éléments indispensables à toute production
future.

II) Les facteurs de production


1) Le facteur travail.
Le facteur travail est l’un des deux facteurs de production utilisé par les entreprises pour
produire. Il est fourni par les ménages qui vendent leur travail en échange d’un salaire. L’offre de
travail détermine donc la production que peut réaliser une économie. Le facteur travail est
analysé sous deux aspects :
Son aspect quantitatif : le volume de l’offre de travail disponible
Son aspect qualitatif : le travail n’est pas une donnée homogène, il varie selon la qualification
des travailleurs. Ce sont ces deux aspects du facteur travail que nous allons étudier maintenant.

1.1 Aspect quantitatif du travail :


La quantité de travail disponible dans une économie est fonction de la population active.
La population active :
Cette notion, essentielle en économie, définit « l’ensemble des individus exerçant ou déclarant
chercher à exercer une activité rémunérée » (INSEE). La population active regroupe donc les
personnes ayant un emploi (population active occupée) et celles n’en ayant pas, mais en
cherchant un (les chômeurs).
Ne font donc pas partie de la population active les enfants, les retraités et les personnes en âge de
travailler mais n’étant pas à la recherche d’un emploi.

1.1.1 Les facteurs de variation de la population active :


La population active, et donc la quantité de travail disponible dans une économie à un moment
donné, dépend de différentes variables :
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La démographie : la population active future est fonction du taux de natalité d’un pays. Plus ce
taux est élevé, plus la population active sera importante lorsque ces classes d’âge arriveront sur le
marché du travail.
Le taux d’activité : rapport entre la population active et la population totale. Ce taux varie en
fonction de divers facteurs (taux de scolarisation, taux d’activité féminin, âge de départ à la
retraite…).

1.2 L’aspect qualitatif du travail :


Un travail nécessite généralement des compétences particulières. Le travail n ‘est donc pas une
donnée homogène puisqu’il induit l’acquisition de savoir-faire spécifique. Ces savoir-faire
dépendent souvent de la qualification des travailleurs.
L’analyse du facteur travail n’est donc pas complète sans l’étude de la qualification des
travailleurs.
Cette étude est communément abordée par l’analyse du tableau décrivant la population active par
le biais des catégories socioprofessionnelles.
La population active est constituée de 6 catégories socioprofessionnelles :
Agriculteurs, Patron de l’industrie et du commerce, Ouvriers, Employés, Professions
intermédiaires, Cadres (et professionnels intellectuels Supérieurs)

2) Le facteur capital
Le terme capital en économie peut désigner divers éléments :
Capital économique : actif qui procure un revenu.
Capital technique : le facteur de production constitué de biens de production.
Capital financier : les capitaux qui permettent à l’entreprise de financer son activité. Comme
nous nous intéressons aux facteurs de production des entreprises, nous retiendrons la notion de
capital technique.
Une entreprise, pour produire, utilise une certaine quantité de capital technique (machines…).
Pour acquérir ce capital technique, elle procède à des investissements.

3) Progrès technique et productivité


Dans un système concurrentiel, une entreprise cherche constamment à améliorer son mode de
production de manière à pouvoir vendre sa production à un prix inférieur à celui de ses

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concurrents. Cette amélioration du mode de production consiste à produire une quantité de bien
ou service à l’aide d’une quantité toujours plus faible de facteur de production. Ceci est d’autant
plus important que, comme nous l’avons vu, les ressources disponibles sont rares alors que les
besoins sont illimités. L’efficacité d’un mode de production est évaluée à partir de la notion de
productivité des facteurs.

3.1 La notion de productivité :


La productivité partielle des facteurs de production : La productivité du facteur travail mesure
la quantité de bien ou service que peut produire une entreprise à l’aide d’une heure de travail.
C’est donc le rapport entre la quantité produite et la quantité de travail mise en œuvre pour
l’obtenir.
La productivité du facteur capital mesure la quantité de bien ou de service que peut produire une
entreprise à l’aide d’un franc de capital investi. C’est donc le rapport entre la quantité produite et
le montant de capital fixe (total des investissements réalisés).
La productivité globale des facteurs de production : L’on détermine aussi une productivité
globale des facteurs de production, ce qui est justifié par le fait que la productivité d’un facteur de
production ne peut s’expliquer que par le fait qu’il est combiné, au sein du processus productif,
avec l’autre facteur de production. Le niveau global de la productivité d’une entreprise s’explique
par la combinaison des facteurs de production au sein du mode de production. La productivité
globale est définie par le rapport entre la production réalisée par une unité économique, et
l’ensemble des facteurs de production (capital et travail) utilisés lors du processus de
production.
Une amélioration de la productivité caractérise le fait qu’une entreprise réalise le même volume
de production en utilisant moins de facteurs de production, ou qu’elle réalise un volume plus
important de production avec la même quantité de facteur de production. Ces gains de
productivité proviennent principalement du progrès technique.

3. 2 La notion de progrès technique :


On appelle progrès technique « l’ensemble des innovations qui entraînent une transformation
ou un bouleversement des moyens et méthodes de production, de l’organisation du travail,

21
des produits et des marchés, des structures de l’économie » (Dictionnaire économique et
social, Nathan, 1998). Il résulte :
 soit d’une amélioration de l’utilisation du facteur travail : meilleure organisation du
travail, acquisition de savoir-faire, innovation dans l’organisation des tâches…
 soit d’un amélioration du capital technique : acquisition de matériel plus performant…
 soit d’une amélioration du mode de production : intégration de nouvelles technologies,
modification du processus de production d’un bien ou d’un service…
La concurrence qui existe entre les différents producteurs est source de progrès technique
puisqu’elle les incite constamment à améliorer leur processus productif de manière à le rendre
plus efficace. Le progrès technique, source d’efficacité, est alors à l’origine des gains de
productivité réalisés par les entreprises. Les conséquences du progrès technique sont de deux
ordres :
A court terme :
Le progrès technique peut entraîner des licenciements puisqu’il permet de produire les mêmes
quantités en utilisant moins de facteurs de production.
A long terme :
Les gains de productivité permettent une baisse des prix qui se traduit par une augmentation
du pouvoir d’achat. Ce gain de pouvoir d’achat permet la satisfaction de nouveaux besoins qui
seront satisfaits par la production de biens et services nouveaux. Cette production supplémentaire
se traduit alors par des créations d’emploi.

III) Analyse du système productif


La fonction de production est le fait d’unités économiques appelées sociétés et quasi-sociétés.
Derrière ce terme se cache un ensemble hétérogène d’agents économiques aux structures parfois
très différentes et à l’activité variée. Nous allons voir maintenant comment l’analyse économique
regroupe les entreprises en un certain nombre de catégories spécifiques.

1) Analyse du système productif par secteur d'activité :


L’analyse du tissu économique conduit à regrouper les entreprises selon un certain nombre de
critères.

1.1 La notion de secteur d’activité :


22
La fonction première d’une entreprise étant de produire des biens et services, le premier critère de
classement est donc le type de production réalisé par l’entreprise. Les sociétés sont donc
regroupées en trois ensembles spécifiques selon leur secteur d’activité :
Secteur primaire : regroupe les entreprises agricoles ou travaillant dans les domaines de
l’extraction ou de l’exploitation forestière.
Secteur secondaire : regroupe l’ensemble des entreprises produisant des biens économiques.
Secteur tertiaire : regroupe l’ensemble des entreprises fournissant des services aux entreprises
ou aux particuliers.

2) Les autres méthodes d'analyse :

2.1 La notion de branche d’activité :


Cette notion de secteur d’activité apparaît parfois un peu trop globale. Voilà pourquoi on procède
à des regroupements plus précis des entreprises à l’intérieur même des secteurs d’activité.
Branche d’activité : une branche définie l’ensemble des unités économiques qui ont la même
activité de production. L’entreprise est donc classée en fonction du bien ou service qu’elle
produit.
Filière d’activité : une filière regroupe l’ensemble des entreprises qui interviennent à un moment
ou à un autre dans la production d’un bien ou service fini. On prend donc en compte ici les
entreprises qui produisent les biens et services intermédiaires indispensables à l’élaboration d’un
bien ou service fini.

3) Les autres critères de classement possibles :


Outre le domaine d’activité de la société, d’autres critères de classement peuvent être envisagés :
Le chiffre d’affaire de l’entreprise : donne une idée de l’importance d’une entreprise et de son
poids dans le secteur économique auquel il appartient.
Le nombre de salariés de l’entreprise : ce qui donne une idée de l’importance sociale de
l’entreprise (on distingue généralement les PME-PMI des grandes entreprises).
La structure juridique de l’entreprise : car son mode de fonctionnement dépend en partie de sa
structure juridique (société de personnes, de capitaux…).
Cette liste n’est pas exhaustive et permet juste de constater que le classement d’une entreprise est
fonction de ce que l’on cherche à étudier.

23
IV) La spécificité du secteur public productif :
On regroupe sous la notion de secteur public productif l’ensemble des entreprises publiques
contrôlées par l’État et qui ont une activité de production.
Dans une économie comme la Côte d’Ivoire, le poids du secteur public productif est loin d’être
négligeable. Les vagues successives de création des sociétés d’Etat (au début de l’indépendance)
ont fait passer sous le contrôle de l’État des pans entier de l’économie. Il faudra attendre la fin
des années 80 pour que l’entreprise procède à un début de dénationalisation ou privatisation
(transfert du pouvoir de décision au secteur privé). Ce phénomène s’est accentué depuis le début
des années 90 et le poids de l’État dans l’économie a maintenant considérablement diminué.

24
Chapitre 3 : La répartition primaire et la distribution des revenus

Introduction :
La répartition primaire des revenus concerne le partage de la richesse créée par l’activité
productrice, c’est à dire elle concerne le partage de la Valeur Ajoutée. La production de biens et
services par les entreprises entraîne la distribution de revenus au facteur travail et aux apporteurs
internes de capitaux.

Section I : Les notions de salaire et de profit :

I) Les déterminants du salaire :


Le salaire est la rémunération, en argent ou en nature, du facteur travail. Il prend un forme
différente selon la catégorie de salarié concerné : on parle de traitement pour un fonctionnaire,
de salaire pour un salarié, de solde pour un militaire… Tous les travailleurs ne perçoivent pas
le même salaire car celui-ci est déterminé en fonction d’un certain nombre de facteurs : La
situation du marché du travail : un chômage fort exerce un effet négatif sur la rémunération des
salariés. La productivité du travail : qui varie en fonction de la qualification du salarié. La
taille de l’entreprise : plus l’entreprise est grande, plus les salaires sont élevés, et ce, pour un
même niveau de qualification. Le degré de productivité du secteur d’activité de l’entreprise :
plus une entreprise se situe dans une branche qui connaît de forts gains de productivité, plus les
salaires seront élevés. L’ancienneté du salarié : joue un rôle sur le niveau de sa rémunération.
Le sexe du salarié : à travail égal, une femme gagne moins qu’un homme. L’influence des
syndicats : des salariés très syndiqués pourront mieux négocier d’éventuelles hausses se salaires.
La culture d’entreprise : certaines entreprises payent plus généreusement leurs salariés La
localisation géographique : les salaires sont plus faibles en province qu’à Paris …

II) La notion de profit :


Le profit correspond à l’Excédent Brut d’Exploitation. Il correspond au bénéfice réalisé par
l’entreprise une fois rémunéré l’ensemble des agents ayant contribué à la production
(fournisseurs de l’entreprise, salariés). Ce supplément de richesse issu de l’activité productrice de
la firme tire son origine de divers éléments, qui varient selon l’analyse économique que l’on en
25
fait : pour les marxistes, le profit provient de l’exploitation des travailleurs. Pour les libéraux, le
profit rémunère le risque pris par l’entrepreneur lorsqu’il crée son entreprise. Le profit peut aussi
représenter la juste rémunération du capital investi dans l’entreprise.
Pour Schumpeter, le profit résulte d’une innovation, qu’elle soit une innovation de produit, de
procédé ou organisationnelle. Le profit peut encore être considéré comme étant la contrepartie de
l’efficacité de l’entreprise… L’origine du profit ne fait donc pas l’objet d’un consensus chez les
économistes.

1) La notion de profit chez Marx


La notion de profit est une notion fondamentale dans la science économique. D'une part, parce
qu'elle est au coeur du système capitalisme, mais aussi parce qu'elle permet à K. Marx de
démontrer que le système capitaliste est voué à disparaître du fait d'une crise économique
majeure de ce moteur principal de l'activité économique.
1.1 La notion de profit :
Le profit naît de la séparation dans le système capitaliste entre les détenteurs des outils de
production (les capitalistes) et les détenteurs de la force de travail (les ouvriers). Le profit vient
alors du fait que les capitalistes ne rémunèrent pas la force de travail à sa juste valeur.
En conséquence, ils réalisent une plus-value qui est déterminée de la manière suivante :
Plus-value (ou profit) = valeur d'échange d'un bien - coût de production de ce bien.
Sachant :
 que la valeur d'échange d'un bien correspond au prix de vente de ce bien sur le marché.
 que le coût de production d'un bien est calculé en fonction des charges de personnel
liées à la production de ce bien (montant des salaires versés aux ouvriers) + coût
d'acquisition des matières premières.
Marx trouve que la valeur de la force de travail "est déterminée par la valeur des moyens de
subsistance nécessaire pour produire, entretenir et perpétuer la force de travail".

1.2 La dynamique du système capitaliste :


Le système capitaliste repose sur l'initiative individuelle qui a comme moteur la recherche du
profit. Pour réaliser ce profit, le capitaliste doit donc investir son capital dans l'acquisition de bien
de productions. Ces investissements sont d'autant plus importants que le progrès technique fait

26
évoluer les modes de production entraînant une course à la compétitivité permanente de la part
des entreprises.
L'accumulation du capital (et donc l'accroissement du profit) est au coeur de la dynamique du
capitalisme. Cette recherche de toujours plus de profit pousse les entreprises à accroître
constamment le volume de leur production.
Dans le même temps, les entreprises rémunèrent la force de travail à son niveau le plus faible
possible (un entrepreneur offrant des salaires supérieurs ne pourrait survivre dans un
environnement de concurrence entre les entreprises d'un même secteur). Ce niveau de
rémunération correspond au salaire de subsistance permettant juste au travailleur de renouveler sa
force de travail (satisfaction des besoins primaires). K.Marx considère d'ailleurs que l'existence
d'un certain taux de chômage permet aux capitalistes de justifier les faibles taux de rémunération
qu'ils attribuent au facteur travail.
Accroissement des volumes produits et maintien d'une faible rémunération des travailleurs
sont à l'origine de la croissance économique et de l'augmentation du profit dans une
économie capitaliste pour K.Marx.

1.3 La crise du capitalisme :


Cette dynamique du capitalisme porte en elle-même les fondements de la crise économique
(rappelons que K.Marx cherche à démontrer que le système capitaliste est voué à disparaître de
lui-même du fait de son principe de fonctionnement).
En effet, cet accroissement continu des volumes produits se heurte à un moment donné à la
stagnation de la demande émanant des ménages du fait même de la stagnation de la rémunération
des salariés. La crise débute donc par l'apparition d'une situation de surproduction (l'auteur nous
parle d'une "épidémie de la surproduction").
Un capitaliste ne peut réaliser de profit que s'il arrive à vendre les biens qu'il produit. Confronté à
une situation de surproduction, le producteur ne peut espérer écouler ses biens qu'en diminuant
ses prix de vente (ce phénomène se met en place de lui-même du fait de la concurrence existant
entre les producteurs sur le marché). Mais, cette baisse des prix ne s'accompagne pas d'une baisse
des salaires puisque ceux-ci sont déjà à leur niveau minimum. En conséquence, la plus-value du
capitaliste diminue en même temps qu'il tente de réduire ses stocks de produits. Cette baisse de la
plus-value entraîne un ralentissement de l'accumulation du capital qui pousse l'entrepreneur à
réduire ses investissements en même temps qu'il licencie pour restaurer son taux de profit.

27
La baisse de l'investissement et la diminution de la consommation liée aux licenciements
suscitent une nouvelle phase de surproduction.
En conséquence, le système capitaliste s'engage dans un cercle vicieux de déflation et de
récession qui peut le conduire à sa perte d'après K.Marx.
L'analyse de Marx du système capitaliste lui permet, en même temps qu'il condamne un système
inégalitaire, de prévoir l'effondrement d'un système qui fonctionne selon un principe voué à le
conduire vers une crise structurelle de surproduction

III) La répartition primaire des revenus :

1) Les revenus primaires des ménages :


La répartition primaire représente les revenus versés aux salariés, c’est à dire les ménages, et aux
actionnaires. La rémunération des ménages est constituée de trois éléments :
La rémunération des salariés : (salaires, primes…) ensemble des sommes versées par les
entreprises et qui constitue donc le coût du travail.
Les revenus du patrimoine : ensembles des sommes perçues par les ménages et représentant la
rémunération de leur épargne (dividendes sur actions détenues, loyers, intérêts sur obligations…).
Les revenus des entrepreneurs individuels : les dirigeants d’une entreprise individuelle sont
incorporés dans la catégorie ménages puisque les revenus qu’ils perçoivent de leur activité
correspond à la fois à la rémunération de leur travail et du capital qu’ils ont investi dans
l’entreprise.

2) La notion de la valeur ajoutée


Les entreprises sont des structures socialement organisées dont la fonction est de produire des
biens et services marchands qui seront cédés sur le marché à un prix leur permettant de réaliser
un bénéfice. Le produit de la vente sert à rémunérer les agents économiques ayant aidé
l’entreprise à produire.
L’entreprise, lorsqu’elle effectue son opération de transformation, créée un supplément de
richesse qui correspond à la différence entre le prix de vente du bien ou service fini qu’elle vend
sur le marché, et le coût des éléments ( matières premières, biens intermédiaires… ) qu’elle
incorpore dans le processus productif. Ce supplément de richesse s’appelle la valeur ajoutée.

28
Autrement dit, on définit la Valeur Ajoutée comme étant la richesse réelle créée par une
entreprise du fait de son activité productrice. On la détermine en faisant le calcul suivant :
Valeur Ajoutée = chiffre d’Affaire - Somme (Consommations Intermédiaires)
C'est cette valeur ajoutée qui permet à l’entreprise de rémunérer les agents économiques qui ont
contribué à la production.

3) De la Valeur Ajoutée à l’Excédent Brut d’Exploitation :


Nous avons vu que la Valeur Ajoutée correspond à la richesse réelle créée par l’entreprise du fait
de son activité productrice. Cette valeur ajoutée sert en priorité à distribuer des revenus aux
salariés. Une fois ceux-ci payé, il reste de la valeur ajoutée une somme qui permettra de
rémunérer les apporteurs internes de capitaux et l’entreprise elle-même. Cette somme est appelée
en économie Excédent Brut d’Exploitation (EBE) et se détermine donc de la manière suivante :
Excédent brut d’Exploitation = Valeur Ajoutée – rémunération des salariés.

4) Les inégalités de la répartition primaire


Les inégalités de la répartition primaire peuvent se mesurer en terme de flux (inégalité des
salaires versés aux travailleurs) et en terme de stock (inégalité de patrimoine).

4.1 Les inégalités en terme de salaire :


Les salaires correspondent à des flux monétaires qui sont versés mensuellement par les
entreprises aux salariés. Les traitements varient d’un salarié à un autre en fonction de différents
critères :
La CSP (catégorie socio professionnelle) : le positionnement du salarié dans l’entreprise peut
s’analyser en termesde CSP et le salaire est déterminé en fonction de ce critère.
Le sexe : à emploi équivalent, les femmes gagnent en moyenne 25 % de moins que les hommes.
L’age : un salarié ayant de l’ancienneté est considéré comme plus productif. Il est donc mieux
rémunéré que le travailleur novice.
La situation géographique : a travail équivalent, un salarié gagne plus à Paris qu’en province…
Le critère relatif à la catégorie socioprofessionnelle est certainement celui qui entraîne les plus
grandes inégalités en termes de salaire. Plus un salarié perçoit un revenu important, plus il est
susceptible de pouvoir en épargner une partie. A cette inégalité dans la distribution des revenus
s’ajoute au fil du temps une inégalité dans la constitution d’un patrimoine.

29
4.2 La notion de patrimoine :
Un patrimoine est un ensemble d’actifs acquis par un agent économique grâce à la part de ses
revenus qu’il ne consacre pas à sa consommation immédiate. Ce patrimoine peut comprendre :
- des actifs financiers: appelés aussi valeurs mobilières de placement.
- des actifs non financiers : terrains, logements, oeuvres d’art… : terrains, logements, oeuvres
d’art… La notion de patrimoine pour un ménage peut aussi être analysée en fonction de son type:
- patrimoine domestique : patrimoine qui ne rapporte aucun revenu supplémentaire
(logement…)
- patrimoine professionnel : pour les entrepreneurs individuels, on assimile leur outil de travail à
du patrimoine.
- patrimoine de rapport : ensemble des placements qui procurent des revenus complémentaires.
Le patrimoine est donc susceptible de rapporter des revenus futurs aux ménages (patrimoine de
rapport) ou des plus-values qui vont accroître encore les inégalités dans la répartition primaire.

4. 3 Les inégalités de patrimoine :


Le patrimoine des ménages s’est modifié en profondeur ces dernières années :
Au début des années 80, celui-ci était en majorité constitué par des actifs non financiers.
L’ouverture récente des marchés de capitaux liée à la dérégulation financière s’est accompagnée
de fait par une augmentation très forte de la part des actifs financiers dans le patrimoine des
ménages. Ceux-ci constituent maintenant plus de la moitié du patrimoine des ménages.
Les inégalités de patrimoine sont plus importantes que les inégalités de salaire :
Ceci est lié en partie au fait qu’une partie du patrimoine est constitué par le patrimoine
professionnel. En conséquence, les salariés ont un patrimoine en général inférieur à celui des
non-salariés (professions libérales, artisans, commerçants, chefs d’entreprise).

5) Les agents économiques contribuant à la production :


L’entreprise ne peut produire que grâce à la contribution de 5 agents économiques :
Les salariés: ils apportent leur force de travail.
Les apporteurs internes de capitaux : les actionnaires investissent dans l’entreprise des
capitaux qui serviront à financer l’activité.

30
Les apporteurs externes de capitaux : les organismes financiers fournissent l’appoint en capital
nécessaire à l’entreprise.
L’État : fournit à l’entreprise les services publiques indispensables à son bon fonctionnement
(financement des infrastructures, de la police, de la justice…).
L’entreprise elle-même : qui organise la production en combinant les différents facteurs de
production.

6) La rémunération des partenaires de l’entreprise :


Les salariés : reçoivent un salaire en contrepartie du travail qu’ils effectuent pour l’entreprise.
Les apporteurs internes de capitaux : reçoivent des dividendes en proportion du nombre
d’actions qu’ils détiennent dans l’entreprise.
Les apporteurs externes de capitaux : perçoivent des intérêts sur les prêts qu’ils ont accordés à
l’entreprise.
L’État : finance les services non marchands à l’aide des impôts qu’il prélève (Impôt sur les
bénéfices…).
L’entreprise elle-même : conservera la part des bénéfices non distribués aux actionnaires.
Les impôts sont prélevés en fonction d’un taux qui est fixe et connu à l’avance. Il en est de même
pour la rémunération des apporteurs externes de capitaux. En définitive, les deux éléments
variables de la rémunération des agents économiques sont les salaires, et le profit (qui sera
ensuite redistribué entre les actionnaires et l’entreprise elle-même). En résumé, si les salariés
accaparent une part plus importante de la valeur ajoutée, cela se fera obligatoirement au détriment
des actionnaires (et inversement).

Section II : La notion de redistribution du revenu


La répartition primaire des revenus se traduit par l’apparition d’inégalités, tant en terme de salaire
que de patrimoine. Ces inégalités sont à l’origine de l’intervention de l’apparition de l’État-
Providence dont la fonction principale est d’assurer une plus grande justice sociale en favorisant
une redistribution des revenus au profit des agents économiques les plus pauvres. Ce phénomène
de redistribution sociale s’est accru depuis le ralentissement économique engendré par la crise de
1973 et repose sur un certain nombre de principes.

31
I) les objectifs de la redistribution :

En dehors du constat de l’existence d’inégalités engendrées par la répartition primaire des


revenus, le principe de la redistribution se justifie par la poursuite de deux types d’objectifs :
- objectif d’ordre économique : une répartition plus égalitaire des revenus favorise l’activité
économique.
- objectif d’ordre sociopolitique : diminuer les inégalités sociales liées aux différences de
revenus.

1) Objectif économique:
Les revenus permettent aux individus de satisfaire leurs besoins. Un individu disposant de faibles
revenus devra le dépenser en totalité pour satisfaire ses besoins primaires. A l’inverse, un ménage
ayant des revenus importants satisfera l’essentiel de ses besoins sans dépenser la totalité de son
revenu. Il aura alors tendance à en épargner une partie importante. Ces ressources épargnées
n’étant pas consommées, elles sortent donc du circuit économique et constituent un frein à
l’activité économique. Un prélèvement sur les revenus les plus élevés permet donc, sans diminuer
la consommation de ces ménages, d’accroître la consommation des ménages aux revenus les plus
faibles. Au total, le transfert de pouvoir d’achat au profit des ménages aux revenus faibles est
donc favorable à l’activité économique puisqu’il permet un accroissement de la consommation
globale des ménages.

2) Objectif sociopolitique :
Dans les sociétés développées, les motivations sociopolitiques justifient l’accroissement des
mesures de redistribution des revenus. Ces motivations reposent sur l’idée que, dans une société
relativement prospère, tout individu doit bénéficier d’un revenu minimum en fonction notamment
de sa participation à l’activité de production. Outre ce besoin de mieux répartir les revenus entre
ses membres, ces sociétés cherchent à assurer une meilleure sécurité à ces concitoyens, en les
protégeant entre autre du risque de perte de revenu lié à une cessation d’activité. Face à ce besoin
croissant de sécurité, les nations développées ont alors mis en place des mécanismes de
protection sociale permettant de palier aux conséquences économiques consécutives à certains
aléas de la vie (maladie, chômage, grossesse, vieillesse…).

32
II) Le débat sur la redistribution :
Le développement continu de l’intervention de l’État dans l’économie et le poids de plus en plus
important pris par les organismes de protection sociale depuis notamment la crise économique
déclenchée par le choc pétrolier de 1973 a suscité un mouvement de remise en cause du principe
même de la redistribution des revenus, en particulier dans les pays anglo-saxons. Pour ses
opposants, la redistribution, non seulement n’est pas favorable à l’activité économique, mais
constitue plutôt un frein au redémarrage de l’activité. Ce débat, toujours d’actualité, se nourrit
d’arguments tantôt en faveur, tantôt critique à l’égard du principe de redistribution :

1) Arguments favorables à la redistribution des revenus :


Les prélèvements opérés sur les revenus incitent les individus à accroître leur activité pour
obtenir des revenus supérieurs, ce qui est positif pour l’activité économique. Les prélèvements
sociaux sur les salaires poussent les entreprises à réaliser des gains de productivité importants ce
qui les rend plus compétitives. La redistribution est facteur de paix sociale, notamment au sein de
l’entreprise. La protection sociale, garantissant un certain revenu, joue un effet stabilisateur sur la
consommation des ménages. La redistribution des revenus favorise un accroissement de la
consommation globale.

2) Arguments opposés à la redistribution des revenus :


Le niveau élevé des prélèvements sociaux à un effet restrictif sur la consommation des ménages.
La protection sociale n’incite pas les individus à rechercher activement du travail et les maintient
dans un système d’assistanat néfaste à l’activité économique (chômage important). Les
prélèvements sociaux augmentent le coût du travail ce qui est négatif pour la productivité des
entreprises. Les capitaux sont investis dans des pays ou la protection sociale est moins
importante. Les individus eux-mêmes vont travailler dans des pays ou la redistribution des
revenus est moins importante.

4) L’efficacité de la politique de distribution


En dehors des arguments opposés au principe même de la redistribution, l’augmentation
constante des revenus de transfert dans le revenu disponible des ménages amène à s’interroger

33
sur l’efficacité réelle des efforts engagés afin de mieux distribuer les richesses entre les membres
d’une même communauté.

4.1 Des effets limités sur les inégalités de répartition des revenus :
Malgré un accroissement continu des efforts de redistribution des revenus, les inégalités
primaires de revenu ne sont pas totalement compensées par les transferts financiers au profit des
ménages aux revenus les plus faibles. Ceci s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs :
- le mode de détermination des cotisations sociales : une partie importante de la
population active, n’étant pas rémunérée sur la base du salariat, échappe aux
fonctionnements des organismes de redistribution, puisque les cotisations sociales sont
calculées sur la base du salaire. - de plus, le taux de cotisation sociale est plafonné, ce
qui le prive d’une partie de son caractère redistributif. Les bénéficiaires de hauts revenus
sont ainsi proportionnellement moins ponctionnés que les titulaires de revenu faibles.
- Les inégalités dans le versement des prestations : certaines prestations ne sont pas
dépendantes du niveau du revenu du bénéficiaire (cas des prestations familiales). De
même, les indemnités chômages sont calculées sur la base du salaire antérieur perçu, ce
qui ne fait que conforter les inégalités. Il en est de même des prestations retraites… La
faible efficacité de ce système pose alors la question de l’avenir de l’État-Providence, tel
qu’il s’est développé au cours de ces dernières décennies.

3) Globalement, deux tendances sont apparues :


Un groupe de pays s’est engagé dans un mouvement de remise en cause de la solidarité entre
individus et ont cherché à revaloriser l’initiative individuelle. C’est le cas principalement des
pays Anglo-Saxons (États-Unis, Grande-Bretagne…). Un groupe de pays a au contraire accrû ses
efforts de redistribution afin de garantir la solidarité entre les citoyens d’une nation à un moment
ou le ralentissement économique s’est accompagné de l’apparition d’un phénomène de chômage
de masse. C’est le cas notamment des pays d’Europe continentale (France, Allemagne, Italie…).

III) Les instruments de la distribution des revenus


La redistribution des revenus repose sur deux mécanismes :
 une redistribution des richesses opérée par l’État selon le principe d’une plus grande
justice sociale

34
 une protection contre les risques sociaux assurée par le biais d’organismes sociaux
fonctionnant selon le principe de la mutualisation.

1) Les modalités de la redistribution :


Plusieurs organismes contribuent à la redistribution des revenus :

1.1 L’État :
L’État assure le rôle de la redistribution des revenus, et ce, dans une optique de correction des
inégalités liées à la répartition primaire des revenus. Pour ce faire, l’État prélève une partie des
revenus des ménages grâce à l’impôt. L’imposition des revenus en France se fait de manière
progressive, avec un taux d’imposition croissant selon le revenu. Plus un ménage perçoit des
revenus élevés, plus les prélèvements liés à l’impôt seront importants. A l’inverse, 50% des
ménages français ne payent pas l’impôt sur les revenus puisque leur revenu imposable est trop
faible.

1.2 Les organismes sociaux :


Les organismes sociaux (caisse de prévoyance sociale) protégent les individus contre un certain
nombre de risques sociaux (vieillesse, maladie, famille, chômage). Ils sont gérés par les
partenaires sociaux (patronat et syndicat de travailleurs) selon le principe de la mutualisation des
risques : les individus payent des cotisations sociales à ces organismes. Les sommes ainsi
collectées sont alors redistribuées a des bénéficiaires, c’est à dire aux individus qui à un moment
donné ont besoin de faire appel à ces organismes. C’est donc le fait de payer des cotisations qui
procure des droits à un assuré social. Et seul un assuré social dans le besoin bénéficie de
versements de la part des organismes sociaux. L’ensemble des prestations sociales versées par les
organismes sociaux constituent ce que l’on appelle les revenus de transfert.

2) La notion de prélèvements obligatoires :


Les prélèvements obligatoires représentent l’ensemble des prélèvements opérés par les
organismes participant à la redistribution des revenus.
Prélèvements obligatoires = Impôts + Cotisations sociales
De fortes disparités en termes de prélèvements sociaux existent entre les pays développés :

35
Les pays anglo-saxons ont des taux de prélèvements obligatoire généralement inférieurs à 30 %
les pays d’Europe continental et d’Europe du Nord ont en moyenne des taux supérieurs à 40, voir
même à 50 %.

Le poids des Prélèvements obligatoires dans certains pays (en % du PIB)


pays 1980 1997
SUEDE 48,8 53,9
FRANCE 41,7 45,6
ITALIE 30,4 45,0
ALLEMAGNE 38,2 37,7
ROYAUME – UNI 35,1 36,2
ETATS – UNIS 27,6 28,8
JAPON 25,4 28,8
Moyenne 35,3 39,4

3) La notion de revenu disponible brut :


Les revenus primaires des ménages sont fortement altérés par les effets de la redistribution des
revenus. Un ménage ne doit donc pas estimer son revenu en fonction du revenu primaire, mais en
fonction de son revenu réel, c’est à dire, son revenu disponible brut après redistribution. Le
revenu disponible brut se calcule de la manière suivante :
Revenu disponible brut = Revenu primaire – Prélèvements obligatoires + Revenus de transfert
Ou :
Revenu disponible brut = Revenu primaire – Impôts – Cotisations sociales + Prestations
sociales

36
Chapitre 4 : La fonction de consommation

Introduction :
Les ménages disposant d’un revenu disponible brut ont deux options. Soit ils le dépensent afin de
satisfaire leurs besoins (processus de consommation), soit ils l’épargnent afin de le dépenser plus
tard lorsque la nécessité s’en fera sentir (processus de consommation différée dans le temps).

Section I : La notion de consommation

Définition : il y a deux manières de définir le processus de consommation.


Consommer, c’est l’acte d’utiliser un bien ou un service à des fins individuelles ou
collectives.
Consommer, c’est détruire immédiatement ou progressivement un bien ou un service dans
le but de satisfaire un besoin.
La consommation est donc motivée par les besoins qu’un individu cherche à satisfaire à l’aide
d’un bien ou d’un service prévu à cet effet.

I) Les différentes formes de la consommation :


La consommation n’est pas une fonction homogène, elle peut être décomposée selon un certain
nombre de caractéristiques. On distingue en général :
Consommation finale : la consommation finale, qui est uniquement le fait des ménages, sert
directement à la satisfaction d’un besoin.
Consommation intermédiaire : la consommation intermédiaire, qui est le fait des entreprises,
représente l’acquisition des biens ou services qui sont incorporés dans le processus de production
afin de réaliser un bien ou service final. De même, la consommation concerne des biens ou
services qui différent selon certains critères :
Biens durables/ non durables : certains biens sont détruits dés la première utilisation (carburant,
nourriture…) alors que d’autres sont détruits progressivement (vêtements, voitures…)
Biens matériels/ non matériels : les biens matériels regroupent l’ensemble des biens alors que
les biens immatériels constituent les services.
Biens marchands/ non marchands : tous les biens sont par nature marchands dans le sens ou ils
sont échangés sur un marché à un prix couvrant au moins leur coût de production. Par contre,

37
certains services ne sont pas marchands, soit parce qu’ils sont gratuits, soit parce qu’ils sont cédés
à un prix inférieur à leur prix de revient (ticket de bus par exemple).
Enfin, on définit la consommation selon son caractère individuel ou collectif :
Consommation individuelle : le bien ou service consommé ne l’est que par un seul individu à
l’exclusion de tout autre.
Consommation collective : un bien ou un service peut être peut être consommé en même temps
par plusieurs individus sans possibilité d’exclusivité, et ce, en leur permettant de satisfaire le
même besoin (transport en commun).
Les ménages consomment en majorité des biens et services pour leur usage exclusif. Une partie
de leurs besoins ne peut par contre pas être satisfaite directement par le marché, qui est incapable
de leur fournir les biens économiques correspondant. Des agents économiques spécifiques vont
donc prendre le relais des entreprises pour permettre aux ménages de satisfaire leurs besoins.
Définition : les consommations collectives représentent la consommation, par les agents
économiques, de services non marchands, fournis par des administrations publiques.
Caractéristiques : Ce sont des services. Ils sont non marchands, c’est à dire qu’ils ne peuvent
être cédés sur le marché à un prix couvrant au moins leurs coûts de production. Ils sont
consommés de manière collective, c’est à dire qu’ils peuvent être consommés par plusieurs
agents économiques en même temps. Ils sont produits par des administrations publiques : certains
services collectifs peuvent néanmoins être produits par le secteur privé (cliniques…).
On distingue aussi :
Services collectifs individualisables : on peut alors identifier les consommateurs de ces services
(transports en commun…).
- Services collectifs non individualisables : ils concernent la société dans son ensemble, sans
possibilité de distinguer les bénéficiaires (défense nationale assurée par l’armée…).

II) La fonction de consommation :


La fonction de consommation suit un schéma précis :
1. il existe un besoin qui doit être satisfait. Ces besoins sont « classés »par ordre d’importance
pour chaque individu.
2. le besoin ne peut être satisfait par un bien libre (comme respirer par exemple). Il y a donc
nécessité de procéder à l’acquisition du bien ou du service, c’est à dire qu’il est nécessaire de se
le procurer en contrepartie d’une certaine quantité de monnaie.

38
3. la dépense ainsi engendrée peut-être indirecte, c’est à dire qu’elle ne permet pas directement
d’acquérir le bien ou service apte à satisfaire nos besoins. C’est le cas de la consommation de
services publics collectifs non marchands ou de l’autoconsommation (bricolage, jardin
potager…). Mais, dans la majorité des cas, la dépense engendrée dans l’acte de consommation
constitue une dépense directe qui permet d’acquérir le bien ou service apte à satisfaire nos
besoins.
4. le bien ou service acquis est directement consommé de manière à satisfaire notre besoin initial.
Consommer prend donc des formes diverses et concerne des biens ou services aux
caractéristiques variables. La science économique a cherché à identifier un certain nombre de
groupes de biens ou services consommés regroupés selon leurs spécificités.

III) Les déterminants de la consommation


Les agents économiques font acte de consommation afin de satisfaire des besoins. Néanmoins, le
consommateur est limité dans sa fonction de consommation par son revenu, et par le prix des
biens et services qu’il doit acquérir. Il doit donc procéder à des arbitrages permanents de manière
à classer ses besoins par ordre d’importance. Chaque agent économique fait donc des choix. Ces
choix sont déterminés par un certain nombre de facteurs.

1) Les déterminants économiques de la consommation :


Les individus sont confrontés à deux contraintes économiques qui limitent leur capacité à
consommer :

1.1) Le prix :
Par principe, plus le prix d’un bien est élevé, moins forte sera la demande le concernant émanant
des ménages ou des entreprises. Par contre, si le prix d’un bien diminue, la demande exprimée
pour ce bien à de fortes chances de s’accroître. Cette relation inverse entre le prix d’un bien et la
demande exprimée par les agents économiques définit ce que l’on appelle l’élasticité-prix de la
demande. Cette élasticité permet de mesurer la relation qui lie l’évolution du prix et l’évolution
de la demande d’un bien. Elle se mesure de la manière suivante :
Elasticité-prix de la demande = variation de la demande (en %) / variation des prix (en %)
Trois cas peuvent se produire :

39
élasticité-prix négative : une hausse du prix de vente entraîne une diminution de la demande du
bien de la part des ménages. A l’inverse, une baisse du prix de vente se traduit par une
augmentation de la demande du bien.
élasticité-prix nulle : la variation du prix de vente d’un bien n’a aucune incidence sur la
demande globale adressée à ce bien.
élasticité-prix positive : une hausse du prix de vente entraîne une augmentation de la demande
adressée à ce bien (cas des biens de luxe).

1.2) Le revenu :
Par principe, une hausse du revenu se traduit par une augmentation de la consommation.
Néanmoins, une partie du revenu supplémentaire peut ne pas être consommée immédiatement, ce
qui donne lieu à la constitution d’une épargne. Le comportement de consommation évolue donc
avec le niveau du revenu. Plus le revenu est élevé, plus une partie importante sera épargnée. Ce
comportement est mis en évidence par l’élasticité -revenu de la demande. Elle se détermine de
la manière suivante :
Elasticité -revenu de la demande = variation de la demande (en %) / variation du revenu
(en %)
Trois cas peuvent se produire :
Elasticité -revenu négative : une hausse du revenu entraîne une diminution de la consommation
de la part des ménages.
Elasticité -revenu nulle : la variation du revenu n’a aucune incidence sur la consommation
globale du ménage, ce qui témoigne d’un comportement d’épargne.
Elasticité -revenu positive : une hausse du revenu entraîne une augmentation de la
consommation du ménage. La notion d’élasticité est fondamentale. Une entreprise par exemple
doit tenir compte de l’élasticité prix du bien ou service qu’elle vend de manière à fixer un prix de
vente optimal. Une diminution du prix de vente, décidée par exemple pour accroître les ventes,
n’aura aucune incidence réelle si l’élasticité -prix du bien est nulle. De même, une politique de
relance économique par distribution de revenus aux ménages (baisses d’impôts…) verra son
impact réel sur la consommation globale des ménages varier en fonction de l’élasticité -revenu de
la demande…
En dehors de ces facteurs, la consommation des ménages est fonction de facteurs non
économiques.

40
2) Les déterminants non économiques de la consommation :
La classe sociale : la consommation d’un individu varie en fonction des habitudes qu’il a
acquises de par son éducation. La reproduction du mode de vie de la classe sociale d’origine
influence donc la consommation.
La CSP : dans le même ordre d’idée, la consommation peut-être influencée par la catégorie
socioprofessionnelle à laquelle appartient l’individu. Ceci s’explique en partie par un besoin de
mimétisme et d’identification.
L’âge : un individu âgé consomme par exemple plus de services de santé qu’un adolescent…
Le comportement ostentatoire : le fait de consommer correspond ici à un besoin d’être reconnu
par la société comme appartenant à un groupe social particulier (effet de « snobisme »).
Le mode de vie : la consommation est en partie influencée par le mode de vie de l’individu.
L’effet d’imitation : la consommation répond parfois au besoin de copier la consommation de la
classe sociale supérieure.
La publicité : l’acte de consommer est en partie influencé par la publicité produite par les
entreprises. La consommation est donc provoquée par le producteur. On parle alors de « filière
inversée » (Galbraith).
Lorsqu’un individu parvient à satisfaire ses besoins primaires, son surplus de consommation sera
en grande partie influencé par ces facteurs non économiques. De nombreux actes de
consommation répondent alors à des phénomènes de mode. Les périodes de ralentissements
économiques par contre donnent aux facteurs économiques une place plus importante dans le
processus de consommation.

IV) L’évolution des modes de consommation


Jusqu’à présent, nous avons analysé l’évolution globale de la consommation, en fonction
notamment de l’évolution des revenus. Il faut maintenant constater que les modes de
consommation ne sont pas stables dans le temps, et qu’ils évoluent aussi en fonction du revenu
disponible.

41
1/ Les lois de Engel :
Engel est un économiste qui a définit un certain nombre de lois visant à montrer l’évolution des
modes de consommation dans le temps en fonction de la variation des revenus. Ces lois
s’appliquent dans le cas d’une augmentation du revenu disponible :
Loi 1 : les dépenses alimentaires augmentent moins vite que le revenu. En conséquence, les
dépenses liées à l’alimentation représentent une part de plus en plus faible des dépenses d’un
ménage. La satisfaction du besoin de se nourrir ne nécessite pas en effet une hausse continue de
l’achat de biens alimentaires. Cette diminution des dépenses de consommation est relative, pas
absolue.
Loi 2 : les autres dépenses liées à des besoins primaires (logement, chauffage, habillement)
augmentent au même rythme que le revenu. L’accroissement du pouvoir d’achat permet au
ménage d’augmenter ces différents postes de consommation (location d’un appartement plus
grand…) mais dans une proportion égale à la hausse constatée du revenu disponible :
Les autres dépenses liées à des besoins primaires (logement, chauffage, habillement) augmentent
au même rythme que le revenu. L’accroissement du pouvoir d’achat permet au ménage
d’augmenter ces différents postes de consommation (location d’un appartement plus grand…)
mais dans une proportion égale à la hausse constatée du revenu disponible.
Loi 3 : les dépenses ne relevant pas de la nécessité de satisfaire des besoins primaires augmentent
plus rapidement que les revenus. Une fois ses besoins primaires satisfaits, un ménage consacre
une part plus importante de son revenu à l’achat de biens et services répondant à des besoins
secondaires (loisir…).
Les lois d’Engel reposent sur l’analyse de la consommation finale des ménages. Elle analyse les
variations relatives des différents postes de consommation en fonction de l’augmentation des
revenus.

2) Analyse keynésienne de la consommation :


La consommation représentant 60 % du PIB, elle constitue une variable fondamentale en
économie. Un certain nombre d’économistes se sont donc attachés à définir précisément la
fonction de consommation. L’analyse de la fonction de consommation, est alors effectué d’un
point de vue macroéconomique, même si la consommation globale n’est que le résultat de
l’agrégation des consommations individuelles des ménages.

42
2.1) Les fondements de l’analyse keynésienne de la consommation :
L’analyse keynésienne insiste sur la relation privilégiée qui existe entre la consommation et le
revenu. Cette analyse repose sur la consommation globale, c’est donc une approche
macroéconomique.
La relation consommation / revenu est déterminée par la notion de propension moyenne à
consommer. Cette propension moyenne à consommer se calcule en faisant le rapport entre
consommation finale des ménages et leur revenu. Elle détermine donc la part du revenu des
ménages qui est consacrée à la consommation. Soit :
Propension moyenne à consommer = consommation finale des ménages / revenu disponible

Approche dynamique de la consommation : La science économique cherche en particulier à


pouvoir fournir des outils permettant d’expliquer et de prévoir les évolutions de l’activité
économique. L’analyse keynésienne repose donc sur une approche dynamique de la fonction de
consommation. Il s’agit alors d’analyser les variations de la consommation globale engendrées
par la variation du revenu disponible des ménages. Keynes définit alors la propension marginale
à consommer, qui détermine dans quelle mesure une variation des revenus à un impact sur la
consommation finale. Soit :
Propension marginale à consommer = accroissement de la consommation / accroissement
du revenu

2.2) La « loi psychologique fondamentale » de Keynes :


La loi psychologique fondamentale de Keynes repose sur le principe que la consommation est
une variable déterminée par le revenu disponible des ménages. La théorie de Keynes dit que
lorsque le revenu s’accroît, la consommation augmente dans des proportions moins importantes.
En d’autre terme, les ménages épargnent une part croissante de leur revenu au fur et à mesure que
celui-ci s’accroît.
La conséquence de cette loi psychologique fondamentale est donc que la propension moyenne à
consommer des ménages doit diminuer dans le temps avec l’augmentation des revenus. Ainsi, sur
le long terme, cette propension moyenne à consommer va devenir inférieure à la propension
marginale à consommer.

43
Dans les faits, l’analyse keynésienne ne semble pas validée par les données économiques. A court
terme, la propension moyenne à consommer peut connaître des variations en fonction entre autre
du moral global des ménages. Par contre, sur le long terme, cette propension moyenne à
consommer témoigne d’une certaine stabilité. Il n’y aurait donc pas tendance à une augmentation
du comportement d’épargne de la part des ménages lorsque le revenu de ceux-ci augmente. A la
suite de Keynes, d’autres auteurs sont venus compléter l’analyse de la fonction de consommation
en approfondissant la relation consommation /revenu.

3) L’approfondissement de la relation consommation/revenu:


La fonction de consommation donne lieu à deux types d’analyses :

3.1) Sur le long terme :

Kuznets : pour Kuznets, sur le long terme, la part du revenu consacré à la consommation reste
stable. L’augmentation du revenu se traduit par une augmentation équivalente de la
consommation, ce qui ne signifie pas que les ménages ont plus de besoins à satisfaire, mais plutôt
qu’ils consomment des biens et services de qualité supérieure.

Duesenberry : Duesenberry insiste sur l’importance des facteurs psychologiques dans la fonction
de consommation. Il met en avant le coté symbolique de la consommation à travers l’effet
d’imitation ou de démonstration qui consiste à copier le style de vie de la classe sociale
supérieure.

Milton Friedman : Milton Friedman introduit la notion de revenu permanent. La consommation


reste liée au revenu. Cependant, elle ne dépend pas du revenu réel du ménage, mais plutôt du
revenu futur anticipé par l’agent économique. Ce revenu permanent est alors déterminé par
l’agent économique en fonction entre autre de son niveau d’étude, de ses compétences
professionnelles…, ainsi que du patrimoine qu’il possède.

Modigliani : Modigliani propose l’hypothèse du cycle de vie de la consommation. Pour lui,


l’agent économique distingue différentes périodes au cours de sa vie. Jeune, il aura peu de
revenu, puis, une fois actif, il va voir ses revenus augmenter régulièrement. Enfin, à l’âge de la

44
retraite, ses revenus vont diminuer. Les dépenses de consommation ne sont donc pas dépendantes
du revenu actuel de l’agent économique, mais doivent rester relativement stable dans le temps.
Un comportement d’épargne sera donc constaté dans la période d’activité de l’agent économique.
Cette épargne permettant par la suite de maintenir un niveau de consommation relativement
stable malgré la diminution du revenu lié au passage à l’âge de la retraite.

3.2) Sur le court terme :


La notion d’effet de cliquet : sur une courte période, un agent économique à tendance à
conserver le même niveau de consommation quelque soit l’évolution de son revenu disponible.
Une variation du revenu aura un impact différé dans le temps, du fait que les modifications des
habitudes de consommation sont plus lentes que les changements de revenu.
La variation anticipée des prix : l’augmentation générale du prix de vente des biens et services
(l’inflation) joue sur le niveau global de la consommation des ménages. Si les prix augmentent
rapidement, les agents économiques vont avoir tendance à avancer leurs achats puisque, pour une
dépense identique, ils auront un pouvoir d’achat inférieur plus tard. La variation anticipée du
revenu a le même impact sur la demande globale des ménages.
L’importance des liquidités disponibles : plus un individu disposera d’une épargne liquide
importante, plus sa consommation sera sujette à des variations importantes. Une absence de
liquidités disponibles ne permet pas à l’agent économique de disposer d’un pouvoir d’achat
supplémentaire à un moment donné.

En définitive, la fonction de consommation, bien que liée au revenu, dépend d’autres facteurs qui
se rapportent parfois à des considérations d’ordre psychologique. Cette relation est aussi plus ou
moins corrélée selon la durée de la période considérée. À court terme, la relation semble moins
vérifiée que sur une longue période.

45
Chapitre 5 : La notion d’épargne et d’investissement

Les ménages disposent d’un revenu disponible qu’ils consacrent en grande partie à des dépenses
de consommation. Néanmoins, une partie de ce revenu n’est pas dépensée immédiatement par les
ménages qui préfèrent l’épargner en vue d’une utilisation future.

Section I : la notion d’épargne :


Définition :
L’épargne correspond à la partie du revenu disponible des ménages qui n’est pas consacrée
à une consommation immédiate.
L’épargne est donc, en sciences économiques, considérée comme une consommation différée
dans le temps. Chaque année, les ménages épargnent une partie de leur revenu disponible. Cet
effort d’épargne se traduit donc par des flux monétaires qui vont alimenter le patrimoine des
ménages. Le patrimoine est donc constitué de l’ensemble des flux antérieurs d’épargne réalisés
par les ménages.

I) Les motifs de l’épargne :


Les ménages pour trois raisons principales :
- disposer de liquidités : afin de permettre une dépense de consommation plus importante dans
un futur proche.
- disposer d’une réserve : cette réserve constitue une marge de sécurité afin de faire face aux
aléas de la vie (accident, maladie…).
- constituer un patrimoine : ce patrimoine peut prendre des formes de placements différents et
sert soit à procurer un complément de revenu, soit à être transmis sous la forme d’un héritage aux
Descendants de l’épargnant.

II) les différentes formes de l’épargne :


La part du revenu épargnée est alors placée dans différents actifs qui constituent le patrimoine de
l’épargnant. Ces actifs sont regroupés en deux catégories :
- actifs financiers : comprend l’ensemble des placements financiers des ménages (assurance vie,
valeurs mobilières de placement, livrets d’épargne…).

46
- actifs non financiers : ensemble des autres actifs constituant le patrimoine des ménages. Le
logement (actif immobilier) représente le principal actif non financier des ménages.

III) Théorie du cycle de vie de Modigliani


Le comportement d’épargne d’un agent économique est une fonction variable dans le temps. Ceci
s’explique par le fait que l’agent économique fait varier le montant de son épargne dans le but de
maintenir, tout au long de la vie, un certain niveau de consommation et donc de revenu.
En conséquence, on peut identifier trois périodes :
Dans sa jeunesse : l’agent économique consomme même en l’absence de revenu, son épargne est
donc négative.
Dans sa vie active : l’agent économique va progressivement accroître son effort d’épargne au fur
et à mesure que son revenu augmente pour anticiper la baisse de revenu liée au passage à la
retraite.
En période de retraite : l’agent économique va puiser dans son épargne pour maintenir sa
consommation au niveau antérieur.

Section II : La notion d’investissement :

Pour produire, les entreprises doivent prendre des biens qui seront utilisés pour transformer des
matières premières et des biens intermédiaires en produits finis. On peut donc définir
l’investissement comme correspondant à « la valeur des biens durables acquis par les agents
économiques pour être utilisés pendant au moins un an dans le processus de production ».

I) Les différents types d’investissement matériels:

L’investissement matériel comprend l’acquisition de l’ensemble des biens de production


physiques, du genre machine, locaux, terrain… On distingue généralement :
Investissement de remplacement : qui consiste à remplacer une machine par une autre machine,
sans modifier le volume global de production de l’entreprise
Investissement de capacité : qui consiste à remplacer une machine par une machine permettant
de produire des volumes supérieurs.

47
Investissement de productivité : qui consiste à remplacer une machine par une autre machine
plus performante, c’est à dire qui permet de produire le même volume à moindre coût.
En fait, cette distinction reste souvent théorique, et un investissement recouvre souvent deux
aspects, car même un simple investissement de remplacement se fait à l’aide d’une machine plus
moderne que la précédente, et elle est donc globalement plus productive que l’ancienne.

II) Les différents types d’investissement immatériels :

L’investissement immatériel se distingue de l’investissement matériel par le fait qu’il n’augmente


pas le stock de biens durables de l’entreprise. Les principaux investissements immatériels sont :
 la formation des salariés
 l’acquisition de logiciels
 l’achat de brevets ou de licences d’exploitation
 les frais publicitaires…
Les investissements ne concernent donc pas uniquement les entreprises (50% du total) et
concernent de plus en plus des investissements immatériels.

III) Les déterminants de l’investissement :


Pourquoi les entreprises investissent-elles ?
Pour répondre à une demande : quand une entreprise estime que la demande qui s’adresse à
elle va s’accroître, elle va augmenter ses capacités de production ;
Pour réaliser des profits : un investissement sera réalisé s’il permet à une entreprise
d’augmenter ses profits.
Parce que les taux d’intérêts sont faibles : une entreprise doit souvent emprunter pour investir.
Cet emprunt occasionne des coûts (paiement d’intérêts). Plus les taux d’intérêt sont faibles, plus
une entreprise sera donc incitée à investir.
Des subventions versées par les administrations publiques peuvent dans certains cas favoriser
l’investissement puisqu’elles en diminuent le coût pour l’entreprise. Un indicateur permet
d’estimer l’évolution future de l’investissement : le taux d’utilisation des capacités de
production. Il se détermine par le rapport entre les capacités de production utilisées et les
capacités de production totales. Si ce rapport est élevé, cela signifie que les entreprises utilisent
au maximum leurs capacités de production. Dans ce cas, si elles souhaitent produire plus, elles

48
devront obligatoirement investir pour augmenter leurs capacités de production (Un taux proche
de 85 % est généralement synonyme d’une saturation de l’outil de production).

IV) Les modes de financement des entreprises :


Pour investir, les entreprises ont besoin de capitaux. Soit elles disposent de ces capitaux, et dans
ce cas là, leur investissement sera autofinancé. Soit leurs moyens financiers sont insuffisant, et
dans ce cas elles devront recourir à un financement externe qui se traduira par de l’endettement.
Ces deux modes de financement ont des avantages et des inconvénients.
Mode de financement Avantages Inconvénients

Financement interne Pas de coût de Les actionnaires attendent


(autofinancement ) remboursement des profits élevés

Financement externe Les profits futurs Hausse de l’endettement


( emprunt ) reviennent aux Frais de remboursement
actionnaires (effet de
levier)

Financement externe Ne se traduit pas par de Entraîne le versement de


Augmentation de capital l’endettement dividendes plus importants
qu’auparavant

Le fait de recourir à l’endettement n’est pas en soi une mauvaise chose pour une entreprise,
surtout si les taux d’intérêt sont faibles.
Si le taux d’autofinancement (rapport entre le volume des investissements sur le montant des
capitaux disponibles) est même inférieur à 100 %, cela signifie que le montant de leurs
investissements est inférieur aux capitaux dont elles disposent pour investir. Un tel ratio n’est pas
une bonne chose puisqu’il montre la faiblesse de l’investissement de l’entreprise concernée. La
mondialisation a eu pour conséquence un accroissement des investissements des entreprises hors
de leur territoire d’origine, ce qui a conduit parfois à ce que l’on appelle des délocalisations

49
Chapitre 6 : Théorie microéconomique

Section 1 : l’équilibre consommateur

1: la demande d'un bien

La demande d’un bien émane des consommateurs. Toute l’analyse du comportement du


consommateur repose sur la notion de demande d’un bien. On appelle demande d’un bien sur un
marché, la quantité de ce bien que les agents économiques sont disposés à acheter à un certain
prix. Elle dépend de son revenu, du prix de ce bien, des goûts des consommateurs, des prix des
autres biens. On peut donc écrire :

Qi = f (Pi, Pj, R, G).

- Qi = Prix du bien i
- f est une fonction qui met en relation la quantité demandée et les facteurs qui affectent
cette demande.
- Pi = Prix du bien i
- Pj = Prix des autres biens
- R = Revenu de l’individu qui consomme le bien
- G = Goût de l’individu qui consomme le bien

La demande peut également dépendre d’autres facteurs comme les facteurs sociaux (le
mimétisme), facteurs psychologiques (crainte d’une pénurie), facteurs culturels (mode, la
publicité, la religion).

Logiquement lorsque le prix d’un bien augmente, la quantité demandée diminue. On dit qu’il y a
une relation inverse entre la quantité demandée et le prix d’un bien.

Exemple : Evolution de la quantité demandée d’un bien lorsque son prix diminue.

50
Quantité demandée Prix du bien
100 45
90 50
80 55
70 60
60 65
50 70
40 75

2: La notion d’élasticité dans la théorie de la demande.

On distingue trois types d’élasticité : L’élasticité de la consommation par rapport au prix,


l’élasticité de la consommation par rapport au revenu et l’élasticité croisée de la consommation.

L’élasticité prix de la demande est la réaction de la demande face à une modification du prix.
Elle permet de distinguer les biens élastiques, inélastique et les biens giffen.

L’élasticité-revenu de la demande permet de déterminer la sensibilité de réaction de la demande


face à une modification du revenu. Elle permet de déterminer les biens de luxe, les biens
normaux et les biens inférieurs.

L’élasticité croisée permet de mesurer l’impact sur les quantités demandées d’un produit dû à la
variation de prix d’un autre produit. Si l’élasticité croisée est positive, les biens consommés sont
des biens substituables. Par contre si elle est négative, alors les biens sont complémentaires. Si
l’élasticité croisée est nulle, les biens sont dits indépendants.

Section 2 : L’équilibre du producteur

La production, c’est la transformation des facteurs de production (travail, capital, facteur naturel)
en biens et service propres à satisfaire des besoins humains.

1. Les facteurs de production

On distingue trois types de facteurs de production :


- Le facteur naturel : Il comprend les richesses du sous-sol et les sources d’énergie, les voies de
communication naturelles et le climat.

51
- Le facteur travail : Il comprend la population active (15 ans et plus) qui est la population en
âge de travailler.
- Le facteur capital : On distingue les capitaux fixes et les capitaux circulants. Les capitaux
fixes servent au cours de plusieurs actes de production (installations, machines, les moyens de
transports,…). Les capitaux fixes ont une importance croissante dans les économies modernes
pour deux raisons. Ils permettent d’accroître les quantités produites et de réduire les coûts de
production unitaires à moyen et long terme, Mais lorsque la conjoncture est mauvaise, les
charges fixes sont supportées par un plus petit nombre d’unités produites. Ce qui accroît les
coûts de production. Les capitaux circulants sont des capitaux détruits ou transformés au
cours du processus de production. Ils ne peuvent servir qu’une seule fois.

2. La combinaison des facteurs de production

L’entrepreneur doit combiner les facteurs de production à sa disposition, afin d’obtenir la plus
grande efficacité possible. Une fonction de production est la relation qui existe entre la quantité
produite d’un bien et les facteurs de production qui servent à sa production. Soit L le facteur
travail, K le facteur capital, N le facteur naturel et (P) la production. On a:
P = f (L, k, N). La production obtenue est fonction du nombre de facteur utilisé. Le producteur
peut utiliser un seul facteur ou plusieurs facteurs :
- La fonction de production avec un seul facteur de production : Si, on suppose que dans une
fonction de production, un seul facteur puise varier, par exemple le travail, les autres restant
constant à court terme, les deux variables sont la production et le travail. et on a :
P = f (L). Dans ce cas, on peut déterminer la production marginale qui est le supplément de
production dû à l’utilisation d’une unité supplémentaire de travail. Les auteurs néoclassiques
parlent de productivité marginale décroissante, bien que celle-ci soit dans un premier temps
croissante. Ce phénomène illustre le fait que la production due à la dernière unité de facteur est
de moins en moins importante jusqu’à devenir nulle (malgré la multiplication du nombre de
tracteurs et d’engrais, une terre ne pourra donner une récolte sans cesse croissante, l’embauche de
personnes supplémentaires ne pourra faire augmenter la production si le nombre de machines est
identique, etc.).

52
Au total, on peut dire que la production totale n’augmente pas proportionnellement à la quantité
de facteur utilisée. En outre, elle n’augmente que lorsque la productivité marginale est positive
(on peut même imaginer une production marginale négative s’il y a trop de travailleurs qui
finissent par se gêner). La combinaison la plus efficace se trouve au point où la productivité
moyenne est maximale. Tant que la productivité marginale est supérieure à la productivité
moyenne celle-ci augmente.

- La fonction de production à facteurs substituables : Elle permet de modifier la combinaison


productive dans la mesure où les deux facteurs sont variables. C’est une fonction de
production de long terme qui permet de faire varier le volume de capital, en sus du travail, et
le volume de la production. On peut ainsi obtenir plusieurs niveaux de production
(isoquantes) et pour chacun d’eux, plusieurs combinaisons de facteurs travail et capital sont
possibles. Cette fonction détermine la fonction Cobb et Douglas qui est une fonction simple,
linéaire et homogène avec P = bKL avec  +  = 1. Ici, on parle de rendement d’échelle
constant. Ce qui veut dire que la production augmente dans les mêmes proportions que
l’augmentation des facteurs de production. Si  +  est supérieur à 1 alors on parle de
rendement d’échelle croissant. Si  +  est inférieur à 1, on parle de rendement d’échelle
décroissant. On parle d’économie d’échelle lorsque le coût unitaire de production (coût
moyen) diminue avec l’augmentation des quantités produites. Sinon, on parle de déséconomie
d’échelle.

3 – Les coûts de production


On distingue les coûts fixes qui sont indépendants des quantités produites, les coûts variables qui
évoluent avec le volume de la production (matières premières), les coûts totaux qui est la somme
des coûts fixes et des coûts variables et le coût moyen qui correspond au coût par unité produite.
L’analyse du coût variable et coût marginale permet de faire un constat important. En effet, on
constate que la courbe du coût marginal coupe celle du coût moyen en son minimum. Or, une
entreprise continuera à produire une unité supplémentaire jusqu’à ce que le coût de cette unité
(coût marginal) soit égal au prix sur le marché. Cependant, si le prix du marché se situe en deçà
du coût moyen (coût par unité produite), le profit de l’entreprise est négatif (prix de vente = Cm <
CM). On peut en déduire que la courbe de coût marginal qui se trouve au-dessus du minimum du
coût moyen constitue la fonction d’offre de l’entreprise, en fonction du prix du marché.

53
Chapitre 7 : La structure des marchés

Introduction :
Les entreprises qui produisent le même bien ou service cherchent donc à satisfaire le même
besoin. Elles sont donc en concurrence et s’adressent à la même clientèle sur un marché
particulier. La réalité est plus contrastée, et les marchés ne se caractérisent pas tous par une
structure de concurrence.

Section I) La notion de marché :


Un marché en économie est le lieu de confrontation entre une offre et une demande d’un bien ou
d’un service qui permet de déterminer le prix d’échange (ou prix d’équilibre) de ce bien ou de ce
service et les quantités qui seront échangées.

1) Représentation graphique :
La fonction d’offre est une fonction croissante par rapport au prix : plus un bien est échangé à un
prix élevé, plus les entreprises seront incitées à le produire.
La fonction de demande est une fonction décroissante par rapport au prix : la demande d’un bien
est d’autant plus importante que le prix de ce bien est faible.
Au point d’intersection des deux courbes Q*, la demande est égale à l’offre et ce, à un prix
d’échange P*.
offre

Demande

Q*

54
2) La notion de marché concurrentiel :
En science économique, la notion de marché concurrentiel est très précise. Un marché dit « de
concurrence pure et parfaite »doit respecter cinq contraintes :
Atomicité de l’offre : Il y a sur le marché un très grand nombre d’offreur. Donc aucune
entreprise ne peut imposer sa loi et influencer le comportement de ces concurrents.
Atomicité de la demande : Il y a sur le marché un très grand nombre de demandeur.
Homogénéité du produit : Les biens échangés sur le marché ne sont pas dissociables. Ils sont
donc identiques pour l’acheteur et ne peuvent se différencier que par leur prix.
Mobilité parfaite des facteurs de production : Une entreprise peut à tout moment entrer sur le
marché ou en sortir sans que cela ne se traduise par un coût dissuasif (absence de barrières à
l’entrée et à la sortie).
Information parfaite : Les offreurs comme les demandeurs ont tous la même information
concernant les conditions du marché (quantités offertes et demandées, prix des échanges…).

3) Les différents types de marché :


Tout bien ou service qui ne peut pas être obtenu librement dans la nature, c’est à dire tout bien ou
service qui doit être produit pour satisfaire un besoin, fait l’objet d’un échange sur le marché. Il y
a donc autant de marchés qu’il y a de biens et services disponibles dans une économie. On
distingue :
Au niveau microéconomique : le marché d’un bien particulier.
Au niveau macroéconomique : le marché des biens et services.
Le marché du travail : ou se détermine le prix (le salaire) du facteur travail ainsi que les
quantités de facteur travail utilisées par les entreprises (la population active occupée).
Le marché des changes : ou s’échange la monnaie nationale contre les différentes devises
étrangères convertibles.
Le marché financier : lieu d’échange des valeurs mobilières.
Le marché monétaire : lieu d’échange des capitaux à court terme.

55
4) Typologie des marchés de concurrence imparfaite :
Le terme concurrence définit donc une structure particulière de marché qui est rarement réalisée
dans la réalité. C’est pourquoi l’analyse économique a déterminé d’autres types de marchés plus
proches de ce qui se pratique réellement :
Marché monopolistique : il n’y a qu’un seul offreur face à une multitude de demandeur. Il
détermine donc tout seul le niveau de production et il cherche alors à maximiser son profit.
Marché monopsonistique : il n’y a qu’un seul demandeur face à plusieurs offreurs. Le
demandeur cherche donc à minimiser le prix (exemple : marché de l’armement en France).
Marché oligopolistique : il n’y a qu’un petit nombre d’entreprises qui offrent le produit. On
parlera d’oligopole de combat quand ces entreprises, cherchant à acquérir des parts de marché, se
livreront à une guerre des prix. Par contre, il y aura oligopole d’entente quand les entreprises se
mettront d’accord sur le prix de vente ou sur les quantités échangées (exemple : le marché
pétrolier).
Marché de concurrence monopolistique : Les entreprises présentent sur le marché pratiquent
une stratégie de différenciation du produit de manière à se créer une clientèle particulière
(exemple : marché automobile).
Des marchés de plus en plus oligopolistiques : De nos jours, les marchés sont de plus en plus
caractérisés par une structure oligopolistique. Cette tendance est le résultat d’une accélération du
phénomène concentration des firmes. Par concentration, on entend toute opération de croissance
externe d’une entreprise qui se traduit par la diminution du nombre d’offreurs opérant sur un
marché et par l’augmentation de la taille des entreprises restantes. Ce phénomène a de multiples
causes (ouvertures des marchés, internationalisation des firmes…) et traduit l’accroissement de la
taille critique des entreprises qui s’affrontent maintenant à l’échelle mondiale. La taille critique
est la taille minimale qu’une entreprise doit avoir (en termes de part de marché par exemple) pour
ne pas être dépendante de la stratégie de ces concurrents.
Il y a bien sur un rapport évident entre le degré de concentration d’un marché et sa structure : plus
un marché est concentré, plus il a de chance d’être caractérisé par une structure oligopolistique
(un marché concentré à l’extrême se traduit par une structure monopolistique).
De même, le degré de concentration d’un marché est un bon indicateur de son intensité
concurrentielle : plus un marché est concentré, plus les risques d’entente sont forts, et moins la
concurrence risque d’être importante entre les offreurs. Le degré de concurrence d’un marché

56
dépend donc en grande partie de sa structure. Si, en théorie, un marché de concurrence pure et
parfaite garantie une concurrence maximale, dans la réalité, le phénomène de concentration
favorise le développement de structures de marchés de type oligopolistique.

Section II) Le rôle fondamental du marché


Dans un système capitaliste, la régulation économique se fait principalement par le biais du
marché. Les prix qui se forment sur le marché déterminent les quantités qui vont s’échanger et
fournissent une information utile à la prise de décision des divers agents économiques (Exemple :
si ce prix est élevé, je vais être tenté d’investir pour produire ce bien).

1) la formation des prix :


Le marché est le lieu, réel ou fictif, de rencontre des offres et des demandes d’un bien ou
d’un service, sur lequel va s’établir un prix d’équilibre. C’est ce prix d’équilibre qui
déterminera les quantités du bien ou du service qui vont s’échanger.

2) le rôle fondamental du prix :


Dans le modèle de CPP, le mécanisme du prix, s’il fonctionne bien, joue comme une « main
invisible » (Adam Smith), c’est à dire qu’il permet la meilleure allocation possible des ressources
au niveau global en satisfaisant un maximum de besoins individuels. En ce sens, le marché rend
compatible les décisions individuelles avec l’intérêt collectif. Mais, le prix a aussi un rôle
d’information auprès des agents économiques :
- pour les entreprises : détermine son niveau de production et la combinaison des facteurs de
production qu’elle va utiliser (comparaison du coût des différents facteurs de production).
- pour les ménages : détermine leur choix en termes de consommation et leur permet donc de
satisfaire au mieux leur besoin.

57
Chapitre 8 Les politiques économiques

Dans un certain nombre de cas, le fonctionnement normal du marché ne permet pas d’aboutir à
une situation d’équilibre satisfaisante. Ces limites de la régulation par le marché justifient alors
l’intervention de l’Etat dans l’économie qui intervient par le biais de la politique économique.
Les moyens d’intervention de l’Etat dans la sphère économique reposent sur un certain nombre
de moyens qui sont la politique budgétaire, la politique monétaire ou encore la politique de lutte
contre le chômage.
La politique économique désigne l’ensemble des décisions prises par les pouvoirs publics afin
d’atteindre, grâce à l’utilisation des différents moyens à sa disposition, certains objectifs
concernant la situation économique générale.

Section I : les objectifs de la politique économique :

Ces objectifs ont été schématisés par l’économiste Kaldor sous la forme d’un carré magique. Il
représente de cette manière les quatre principaux objectifs de la politique économiques qui sont :
- la croissance économique : (évaluée par le taux de croissance du PIB) L’Etat cherche a
promouvoir une croissance économique forte et durable.
- la situation de l’emploi : (mesurée par le taux de chômage en % de la population active) Le
rôle de l’Etat est de favoriser la création d’emploi directement ou indirectement.
- la stabilité des prix : (mesurée par le taux d’inflation en %) L’Etat cherche à garantir le
pouvoir d’achat des agents économiques en luttant contre l’érosion monétaire liée à l’inflation.
- L’équilibre des comptes extérieurs : (mesuré par le solde de la balance des paiements en % du
PIB).
Une croissance économique déséquilibrée ne profite pas à une économie nationale puisqu’elle se
traduit par une augmentation des importations au détriment de la production nationale.

I) Le carré magique de Kaldor


En fonction de ce carré magique, on pourra mesurer l'impact des politiques économiques en
fonction de l'aire du carré reliant les différents axes entre eux : si la croissance économique est

58
forte et s'accompagne d'une stabilité des prix, d'un taux de chômage faible et d'un solde des
paiements extérieurs positifs, alors la surface du carré sera importante.
De même, une telle représentation graphique permet de constater visuellement les situations ou la
croissance économique est déséquilibrée.

II) Les différents types de politiques économiques :


En intervenant dans la sphère économique, l’Etat poursuit différents objectifs. Certains ont pour
but de palier à un ralentissement temporaire de l’activité économique (politique conjoncturelle).
D’autres ont comme objectif de modifier en profondeur les modes de fonctionnement d’une
économie.
- La politique conjoncturelle : vise à orienter sur du court terme l’activité économique dans le
sens souhaité par les pouvoirs publics dans les domaines de la monnaie, des dépenses publiques,
des prix et des salaires, afin de maintenir ou de rétablir les grands équilibres macroéconomiques.
- La politique structurelle : se préoccupe du long terme et vise à agir sur les structures
économiques du pays, le fonctionnement des différents marchés.
- Les conséquences de la mondialisation : l’ouverture croissante des économies fait que la
politique économique d’une nation doit tenir compte de nouvelles contraintes. Le rôle de l’Etat,
face à cette nouvelle donne économique revient alors à mettre en place les mesures permettant à
une économie de rester compétitive face à ses concurrents internationaux. Des actions sont par
exemple développées afin de diminuer le coût du travail de manière à rendre les entreprises
nationales plus performantes…

De plus en plus, la politique économique d’un Etat se trouve influencée par les actions menées
chez ses principaux concurrents. Cette contrainte est accentuée en Europe par les avancées
constantes de la construction européenne. La politique économique cherche donc d'une part à
garantir une croissance saine et équilibrée, mais aussi de plus en plus à assurer la compétitivité du
pays face à ses concurrents étrangers (de même que dans le monde de l'entreprise, les Nations
sont en compétition les unes avec les autres

Section II : La politique monétaire

59
Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 marquent la fin d'une période exceptionnelle d'expansion
économique qui avait prévalu au cours des trente années précédentes. En plus d'un ralentissement
important de l'activité économique, les pays développés connaissent une accélération brutale de
l'inflation qui culmine au début des années 80 à des taux supérieurs à 10 % par an : c'est ce que
l'on appelle la stagflation, qui associe une stagnation économique avec une forte progression des
prix. De ce fait, la politique monétaire apparaît comme une priorité des politiques économiques
mises en place au début des années 80.
I) La politique monétaire :
La maîtrise de l'émission de la monnaie fiduciaire est une prérogative régalienne qui revient à
l'État. Ce contrôle de la création monétaire a peu à peu été confié aux institutions de crédit qui
accordent des financements aux agents économiques en déficit de financement. Il n'en demeure
pas moins que les autorités monétaires exercent un contrôle indirect sur le processus de création
monétaire en encadrant ce processus de création monétaire.
La politique monétaire a pour objectif d'assurer la stabilité de la monnaie nationale, que ce soit la
stabilité interne, mesurée par le niveau général des prix, que la stabilité externe, mesurée par le
taux de change de la monnaie nationale en devises étrangères.
La hausse des prix ayant pour origine une augmentation de la quantité de monnaie en circulation
dans l'économie, la politique monétaire vise à maîtriser, contrôler, la quantité de liquidité
disponible dans une économie.

1) Modalités de mises en oeuvre :


Les autorités monétaires n'étant pas à l'origine du processus de création monétaire, elles
cherchent, via la politique monétaire, à contrôler de manière indirecte ce processus en utilisant un
certain nombre d'instruments:

1.1 Le taux de l'escompte : l'État peut restreindre la création monétaire des institutions de crédit
en augmentant le loyer de l'argent (le taux d'intérêt) ce qui va entraîner une diminution des
demandes de crédit de la part des agents économiques.

1.2 Le montant des réserves obligatoires : elles sont proportionnelles au montant des crédits
accordés par les banques et doivent être déposées auprès de la Banque Centrale. Ces réserves ne

60
sont pas rémunérées. Si ce montant s'accroît, l'offre de crédit de la part des banques se retrouve
limitée.
1.3 L'encadrement du crédit : les autorités monétaires fixent de manière autoritaire le montant
des crédits que les banques peuvent accorder sur une période déterminée et encadrent son
évolution en limitant son taux de variation.

1.4 L'open market : la banque Centrale intervient directement sur le marché monétaire pour
accroître ou restreindre la quantité de liquidités disponibles se qui se répercute sur le prix de
l'argent (le taux d'intérêt).

1.5 Le contrôle des prix : les autorités monétaires peuvent fixer elles-mêmes le prix de certain
biens ou services ou limiter leurs marges de variation.

Les moyens à la disposition des autorités monétaires sont donc nombreux et variés. Certains
agissent directement sur le volume des liquidités disponibles, d'autres cherchent indirectement à
contrôler le processus de création monétaire.

II) Les enjeux récents de la politique monétaire :

1) Le cercle vicieux de la stagflation :


La stabilité des prix constituant l'un des axes privilégié de la politique économique (cf. le carré
magique de Kaldor), le dérapage des prix enclenché à la fin des années 70 apparaît comme un
déséquilibre d'autant plus préjudiciable qu'il s'accompagne d'une stagnation de l'activité
économique. Les pays touchés se trouvent alors menacés d'une spirale dépressive : la hausse des
prix entraîne en réaction une hausse des salaires pour préserver le pouvoir d'achat des ménages,
cette hausse des salaires est répercutée sur les prix de vente des biens produits par les entreprises.
Cette hausse des prix de vente se traduit par une nouvelle poussée de l'inflation qui entraîne une
nouvelle hausse des salaires... Cet accroissement continu des prix entraîne de plus une baisse de
la compétitivité qui nuit à l'activité économique générale, soit en rendant plus intéressant l'achat
de biens produits par des agents économiques non nationaux (hausse des importations) soit en
freinant la vente de nos biens à l'étranger (baisse des exportations). L'inflation contribue donc

61
aussi à une dégradation de nos comptes extérieurs qui peut se traduire par l'apparition ou
l'aggravation d'un déficit du commerce extérieur.
2) La dégradation des équilibres économiques :
L'analyse des principaux indicateurs économiques montre que le phénomène de stagflation remet
en cause l'ensemble des équilibres économiques.
Le prix de vente des biens et services se détermine sur le marché par la confrontation de l'offre et
de la demande de ce bien et service. En conséquence, la variation des prix traduit généralement
l'existence ou l'apparition soudaine d'un déséquilibre entre l'offre et la demande. L'inflation a
alors des causes réelles qui proviennent de la sphère économique. Il arrive pourtant que les
raisons de la hausse des prix soient à rechercher du côté de la sphère monétaire.

2.1 Les causes réelles de la variation des prix :


La hausse des prix peut provenir soit d'une hausse de la fonction de demande, soit d'une hausse
de la fonction d'offre.

2.1.1 L'inflation par la demande :


La hausse des prix peut être liée à la hausse de la demande globale sur les marchés des biens et
services. Cette situation peut avoir pour cause :
Une demande trop élevée à un moment donnée : un choc sur la demande (exemple :
réunification allemande) crée un déséquilibre temporaire puisque les producteurs ne peuvent
réagir immédiatement. La hausse des prix est la conséquence d'une insuffisance de l'offre par
rapport à la demande ;
Une politique budgétaire expansionniste : l'Etat, via une politique budgétaire expansionniste,
peut dans certains cas alimenter le phénomène inflationniste puisque sa demande s'ajoute à celle
émanant du secteur privé.
Cette relation a été mise en évidence par Phillips qui, étudiant la relation inflation/chômage sur
une longue période montre qu'une politique de relance de la part de l'Etat se traduit par une
accélération de la hausse des prix.
Interprétation économique : une politique de relance de type keynésienne entraîne une hausse
des prix. La politique économique doit donc procéder à un arbitrage entre le taux d'inflation et le
taux de chômage.

62
Les origines de la variation des prix sont aussi à rechercher du côté des rigidités qui affectent la
courbe d'offre.
2.1.2 L'inflation par l'offre :
Une inflation par les coûts de production : les entreprises répercutent sur le prix de vente des
biens et services la hausse des coûts de production qui peut provenir d'une hausse des prix des
matières premières (chocs pétroliers de 1973 et 1979), d'une hausse des coûts du facteur travail
(hausse des salaires...). Le risque dans ce cas est de voir se mettre en place une spirale
inflationniste.
Exemple : Les accords entre partenaires sociaux pendant les trente glorieuses s'étaient traduits par
la mise en place d'une indexation des salaires sur le taux d'inflation. En conséquence, toute
hausse des prix entraînait une hausse des salaires dans le secteur productif, ce qui se traduisait par
une nouvelle augmentation des prix de vente, d'où nouvelle hausse des prix...
Une inflation liée à une insuffisance de l'offre : en phase de ralentissement économique, les
entreprises diminuent leurs investissements de manière importante. Si la reprise économique est
trop brutale, alors les structures productives risquent de ne pas être en mesure de produire
immédiatement le supplément de biens et services nécessaires, ce qui se traduit par l'apparition de
goulets d'étranglement au niveau du système productif. Cette pénurie temporaire entraîne alors
une hausse des prix.
Une inflation importée : il est possible que pour certains biens ou services, l'économie nationale
dépende des importations (insuffisance ou absence de production nationale pour un bien ou un
service). Dans ce cas, les producteurs nationaux sont obligés d'intégrer dans leur prix de vente
toute hausse des coûts de production qui seraient liés à une augmentation du prix des biens
importés.
La hausse des prix peut aussi avoir des causes monétaires.

2.2 Les causes monétaires de la variation des prix :


Toute transaction sur le marché des biens et services se traduit par un flux financier
correspondant au prix fixé pour la transaction. En conséquence, la masse monétaire disponible
dans une économie détermine le niveau possible des transactions compte tenu de la valeur des
biens échangés.
Exemple : si j'ai en ma possession un billet de 15 Euros et que le bien que je souhaite acquérir en
vaut 3, alors je ne pourrais pas acheter plus de 5 unités du bien.

63
2.2.1 La théorie quantitative de la monnaie :
Cette relation entre la masse monétaire et le niveau général des prix est expliquée par la théorie
quantitative de la monnaie. Cette théorie démontre que l'on peut déterminer le niveau des prix
grâce à l'égalité suivante :
M*V=P*Q
M = masse monétaire en circulation dans une économie à un moment donné.
V = vitesse de circulation de la monnaie (c'est à dire le nombre de fois ou un billet "change de
main" dans une économie sur une période déterminée).
Q = quantités des biens et services disponibles dans une économie (production nationale +
importations).
P = niveau général des prix auxquels les biens et services sont vendus.

La théorie suppose d'une part que la vitesse de circulation de la monnaie dans une économie est
stable sur une longue période, et d'autre part que Q est une variable relativement fixe dans le sens
ou les variations de production ne peuvent se réaliser qu'à partir d'un certain laps de temps
(nécessité de procéder à des investissements de capacité...).
Conséquence économique : si V et Q sont stables à court terme, alors toute variation des prix de
vente des biens et services s'explique par une variation de la masse monétaire disponible dans une
économie. L'inflation est donc de ce point de vue un phénomène d'origine monétaire.

3) Les origines de la croissance de la masse monétaire


Il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer une hausse de la masse monétaire disponible à un
moment donné dans une économie :

3.1 Une politique monétaire expansive : une baisse des taux d'intérêt de la part de la Banque
Centrale se traduit par une diminution du coût du crédit que se soit pour les particuliers (emprunts
à la consommation, pour l'achat d'un logement...) ou pour les entreprises (financement moins
coûteux des investissements). En conséquence, les crédits accordés aux agents économiques
augmentent ce qui accroît la masse monétaire dans l'économie.

64
3.2 Une politique budgétaire expansive : lorsque l'Etat procède à une relance économique de
type keynésienne, il accroît ses dépenses et le solde budgétaire devient négatif, ce qui veut dire
que l'Etat injecte dans l'économie des ressources nouvelles ce qui se traduit par un accroissement
de la masse monétaire en circulation dans la sphère économique.

3.3 Une balance des échanges commerciaux (mais plus généralement des transactions
courantes) excédentaires : si les comptes de la nations se traduisent par un excédent des
échanges commerciaux, cela signifie que l'économie nationale a exporté plus de biens et services
qu'elle n'en a importé. En conséquence, elle a dégagé des excédents de devises qui vont accroître
la masse monétaire en circulation dans l'économie nationale.
Les raisons qui expliquent une variation du niveau général des prix sont donc multiples et
renvoient à la fois à la sphère économique et à la sphère financière. Des facteurs psychologiques
peuvent de plus engendrer une spirale inflationniste :
Si les agents économiques anticipent une hausse des prix, ils risquent de développer un
comportement de fuite face à la monnaie, ce qui se traduit par un excès de consommation
immédiate qui est source d'inflation.
Les autorités monétaires cherchent donc à prévenir les risques inflationnistes en mettant en place
diverses mesures contribuant à contrôler l'évolution de la masse monétaire en circulation dans
l'économie.

III) Les politiques de lutte contre l’inflation


Face aux risques inflationnistes, les pouvoirs publics et les autorités monétaires peuvent agir de
différentes manières en cherchant à lutter contre les causes réelles et monétaires de l'inflation.

L'action des pouvoirs publics :


Les pouvoirs publics peuvent d'une part, mener un politique budgétaire restrictive, et d'autre part
agir directement sur le mode de régulation du système économique.
Par la politique budgétaire : par le biais des prélèvements fiscaux, l'Etat peut ponctionner une
partie du pouvoir d'achat des agents économiques qu'il ne réinjecte pas dans l'économie par le
biais des dépenses publiques. En conséquence, le solde du budget de l'Etat sera excédentaire : on
parle alors de politique monétaire restrictive.

65
Une action sur les prix : l'Etat peut décider de contrôler directement l'évolution des prix en
mettant en place une politique de contrôle administratif des prix. Ce contrôle peut soit encadrer la
variation des prix, soit fixer de manière autoritaire le prix de certains biens ou services.
Une action directe ou indirecte sur les salaires : Pour lutter contre l'inflation, l'Etat peut donc
prendre un certain nombre de décisions propres à orienter l'évolution des salaires (gel du salaire
des fonctionnaires, augmentation faible des minima sociaux et du SMIC...).
Une réforme des règles de fonctionnement des marchés : l'inflation étant en partie due aux
rigidités de la fonction d'offre, l'Etat a cherché à accroître la flexibilité de certains marchés pour
favoriser les ajustements entre l'offre et la demande : l'introduction d'une plus grande flexibilité
sur le marché du travail permet aux entreprises d'adapter plus rapidement leurs capacités de
production aux évolutions de la demande (suppression de l'autorisation administrative de
licenciement...).

Section III : La politique budgétaire

L’action de l'Etat peut se mesurer par l'importance de son budget. Celui-ci comprend d'une part
l'ensemble des recettes que l'Etat obtient par prélèvement sur les différents agents économiques
(impôts, redevances...) et d'autre part décrit l'ensemble des dépenses engagées par l'Etat que ce
soit pour son fonctionnement quotidien (paiement des fonctionnaires...) ou pour ses dépenses
d'équipement. On appelle solde budgétaire la différence entre les recettes et les dépenses de l'Etat.
L'action de l'Etat n'est pas neutre d'un point de vue économique : Par le biais de ses prélèvements,
il opère une ponction sur le revenu des agents économique ce qui restreint leur consommation.
Par contre, par le biais de ces dépenses, il finance l'activité économique et contribue donc à la
croissance. La différence entre recettes et dépenses de l’État détermine le solde budgétaire.
On distingue trois cas :
Si recettes > dépenses : solde budgétaire excédentaire (politique restrictive de l'Etat) si recettes >
dépenses : solde budgétaire excédentaire (politique restrictive de l'Etat)
Si recettes < dépenses : solde budgétaire déficitaire (politique expansive de l'Etat)
Si recettes = dépenses : solde budgétaire à l'équilibre (politique neutre de l'Etat).

66
I) Quel rôle pour l'Etat ?
La question de la place de l'Etat dans la sphère économique est un sujet de désaccord entre les
principaux courants de la pensée économique. On distingue deux types d'approches :

1) Approche libérale traditionnelle :


Le rôle de l’État est limité au minimum car toute intervention de sa part dans la sphère
économique est inefficace voire préjudiciable. La régulation de l'activité doit être laissée au
marché qui a de lui-même la capacité de se réguler (la main invisible).
L’action de l'Etat se limite donc à garantir le bon fonctionnement du marché et il doit en
conséquence se limiter à assurer ses fonctions régaliennes (police, justice, armée) : on parle alors
d’État gendarme.
L'Etat doit avoir une incidence nulle sur l'activité économique : il en résulte que son budget doit
être équilibré (neutralité de la politique budgétaire): les dépenses doivent être égales aux recettes.

2) Approche keynésienne :
L’économie capitaliste ne peut pas toujours réguler les déséquilibres économiques qui peuvent
apparaître. L’État doit donc intervenir notamment parce qu’il a une action sur la demande globale
au travers du solde de son budget.
En ce sens, la politique budgétaire doit jouer un rôle économique contra cyclique, c’est à dire
ralentir l’activité quand celle-ci est trop forte (budget excédentaire) ou la relancer en cas de
ralentissement (budget déficitaire).
De plus, la répartition primaire des revenus étant inégalitaire, il est apparu nécessaire de faire
jouer à l'Etat un rôle dans la redistribution des richesses entre les agents économiques. Cette
nouvelle fonction de l'Etat s'est traduite par l'apparition du concept d'Etat-providence.
L'action de l'État est d'autant plus justifiée par Keynes qu'il avance que l’action de l’État même
limitée, a des effets beaucoup plus importants dans le temps par l’intermédiaire du multiplicateur
keynésien (un surplus de dépense se traduit par un surplus de revenu, ce qui se traduit par de
nouvelles dépenses…). L’État finance ses propres besoins, c’est à dire qu’un déficit budgétaire,
en relançant la croissance, va générer des recettes supplémentaires qui vont rétablir le solde
budgétaire (cf. le multiplicateur keynésien).
De fait, l'approche keynésienne consiste, en constatant les limites de l'initiative individuelle,
à utiliser l'État pour contrebalancer les défaillances du marché.

67
2.1 Le multiplicateur keynésien
Keynes justifie dans ses écrits l'intervention de l'Etat dans l'économie pour palier aux déficiences
du marché et favoriser la mise en place d'un cercle vertueux de la croissance économique.
Le principe de sa théorie est le suivant :
 l'activité économique repose sur le niveau de la Demande effective anticipée par les
agents économiques.
 si la consommation augmente, la demande qui s'adresse aux entreprises augmente.
 cet accroissement des ventes pousse les entreprises à investir pour reconstituer leurs
stocks de produits finis.
 la hausse de l'investissement entraîne une hausse de l'emploi.
 cette hausse de l'emploi se traduit par une hausse des revenus distribués dans
l'économie.
 cette hausse des revenus entraîne un accroissement de la consommation ...
Cette dynamique, favorable à l'activité économique, risque dans certains cas de se transformer en
cercle vicieux. Le marché n'est alors pas capable de favoriser un retour de la croissance.
C'est pourquoi Keynes préconise une intervention de l'Etat dans l'économie, qui par le biais d'un
accroissement des dépenses publiques, favoriserait le retour de la croissance économique. Cette
relance publique passe alors par la mise en oeuvre d'une politique budgétaire expansionniste qui
se matérialise par l'apparition d'un déficit public. Cette remise en cause de la neutralité de l'Etat
par Keynes est critiquée par les tenants de l'école classique qui jugent inefficace toute politique
de relance budgétaire.
Keynes répond à ces critiques par une approche dynamique qui tend à démontrer que la relance
de l'économie permet d'autofinancer dans le temps le déficit budgétaire initial : c'est le principe
du Multiplicateur keynésien.
Si on considère par exemple, que les ménages consomment environ 80 % de leur revenu, on peut
alors dresser le tableau suivant :
Explication :
La relance budgétaire initiale de 100 se traduit par un accroissement équivalent des revenus.
Cette hausse des revenus se répercute sur la consommation globale qui augmente de 80 (puisse
que les ménages consacrent 80 % de leur revenu à la consommation).

68
Cette hausse de la consommation de 80 amène les entreprises à produire des biens
supplémentaires pour un montant de 80 qui entraîne donc une hausse de l'emploi et donc des
revenus d'un montant équivalent. Cette nouvelle hausse des revenus de 80, se traduit de nouveau
par une hausse de la consommation de 64 (hausse des revenus*propension à consommer)....
Dans le même temps, la part des revenus non consommée accroît l'épargne globale des ménages.
Le montant de cette épargne est calculé en faisant la différence entre le revenu distribué et la part
de ce revenu destiné à la consommation.
En définitive, au bout d'un certain nombre de périodes, le multiplicateur keynésien montre :
 qu'une relance initiale de 100 se traduit par une augmentation globale des revenus de
500.
 que le déficit de 100 à l'origine est compensé par le supplément d'épargne constitué par
les agents économiques qui au bout de n périodes est égal à 100.
Donc, selon Keynes, une relance budgétaire, dans le cadre d'une analyse dynamique de
l'économie, s'auto finance grâce au supplément d'épargne issu de l'accroissement des revenus.
Autrement dit, une relance budgétaire est neutre dans le temps tout en permettant une hausse des
revenus des agents économiques.

II) Analyse du budget de l'Etat :


Pour agir, l’État se sert des moyens financiers à sa disposition. Pour se faire, il va utiliser l’impôt.
Celui-ci touche l’ensemble des agents économiques. On distingue :
- impôt direct : qui est prélevé directement en fonction du revenu de l’agent (impôt sur le revenu
ou sur les bénéfices)
- impôt indirect : qui est prélevé sur une dépense (TVA, TIPP…) De même, pour les dépenses
de l’État, on distinguera :
- dépenses ordinaires : dépenses de fonctionnement de l’État (paiement des fonctionnaires…)
- dépenses en capital : les investissements de l’État.
Dans le cas ou ses recettes ne peuvent couvrir ses besoins, l'Etat peut se financer en faisant appel
aux excédents financiers soit en puisant dans l'épargne national, soit en faisant appel à des
capitaux étrangers. Ce financement complémentaire amène l'Etat à s'endetter auprès des autres
agents économiques.

69
Section IV : La politique de l’emploi

Après la période des trente glorieuses, les économies occidentales s’engagent dans une longue
phase marquée par l’apparition et le développement de nombreux déséquilibres économiques
entretenus par une croissance économique ralentie.
L’Etat de par son intervention, cherche alors à recréer les conditions d’une croissance saine et
équilibrée en agissant via les outils à sa disposition. Le principal souci auquel se retrouve
confrontés les décideurs politiques concerne la montée continue du taux de chômage. Le
chômage, phénomène presque inexistant jusqu’à la fin des années 70, semble devenir une
constante dans nos sociétés modernes.
La réponse à ce déséquilibre peut prendre, et a pris différentes formes selon les pays et les
périodes. Il ne s’agit pas ici de juger de l’efficacité de telle ou telle politique, mais d’aborder le
problème de la lutte contre le chômage dans sa diversité.

I) Une problématique aux multiples aspects :


La politique de l’emploi est l’ensemble des programmes portant sur l’offre et la demande de
travail en dehors des régulations macroéconomiques et des politiques d’assistance aux plus
défavorisés.

1) La problématique des politiques de l’emploi :


La politique de l’emploi ne se limite pas à la lutte contre le chômage, mais s’interroge plus
généralement sur l’analyse de la situation du marché du travail.

1.1 Marché du travail : lieu de confrontation entre d’une part, les offres d’emplois émanant des
entreprises et d’autre part les demandes de travail émanant des individus.
Si les offres d’emplois sont égales au demandes d’emploi, alors le marché est en situation de
plein emploi, ce qui signifie d’une part, que les entreprises peuvent satisfaire leurs besoins en
main d’oeuvre, et d’autre part que la force de travail disponible est pleinement employée.

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La politique de l’emploi agit sur ces deux aspects et cherche donc à faire coïncider l’offre et la
demande de travail afin de tenter d’assurer le plein emploi.
Comme tout sujet portant sur le facteur travail, la réflexion sur le marché du travail peut se faire
autour de deux axes :
1.1.1 Un aspect quantitatif :
Le chômage a pour origine une insuffisance des offres d’emploi par rapport à la demande
exprimée par les individus.

1.1.2 Un aspect qualitatif :


Ce qui renvoie à la notion d’employabilité de la main d’oeuvre, et qui considère que le chômage
provient en partie de la non adéquation entre les offres d’emploi et les demandes d’emplois
(problèmes de qualification…). En France par exemple, on évalue à plusieurs centaines de
milliers le nombre de postes de travail non occupés car la main d’oeuvre nécessaire n’est pas
disponible sur le marché.

2) Les différents moyens de mener une politique de l’emploi :


D’un point de vue général, l’Etat intervient via les politiques économiques qu’il met en place
pour assurer et pérenniser une croissance économique durable et équilibrée. Ainsi, l’Etat dispose
d’un certain nombre de moyens pour agir directement ou indirectement sur le marché du travail.
L’outil budgétaire : L’État peut soutenir l’activité économique en pratiquant une politique
budgétaire de type contra cyclique (Exemple : politique de grands travaux…).
L’outil juridique : L’État encadre le fonctionnement du marché du travail de manière plus ou
moins directe (Exemple : autorisation administrative de licenciement…)
L’outil fiscal : L’État peut favoriser l’utilisation du facteur travail au détriment du facteur capital
(Exemple : baisse des charges sur les salaires…).
L’outil éducatif : L’État agit sur l’employabilité de la main d’oeuvre au travers de la formation
des individus.
Autres outils : L’Etat agit selon une orientation générale de lutte contre le chômage (Exemple :
emplois -jeunes, réduction du temps de travail comme en France…).

3) Une approche à diverses facettes :

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D’une manière générale, la politique de l’emploi mise en place par les pouvoirs publics vise à
agir selon des axes différents, ce qui explique la diversité des actions engagées. On distingue :
Action conjoncturelle / action structurelle :
Une action conjoncturelle cherche à compenser une baisse temporaire de l’activité économique
alors qu’une action structurelle cherche à modifier en profondeur le fonctionnement du marché
du travail.

3.1 Action sur l’offre / action sur la demande :


Une action centrée sur l’offre de travail vise à rendre la croissance économique riche en emplois,
alors qu’une action sur la demande cherche à réduire la quantité de travail disponible dans une
économie ou à l’adapter à l’offre.

3.2 Action directe / action indirecte :


L’action directe de l’Etat sur le marché du travail s’accompagne d’actions indirectes mais dont
les buts recherchés visent à améliorer la situation de l’emploi.

3.3 Action passive / action active :


L’action passive se contente de réagir au phénomène du sous-emploi en limitant la quantité de
main d’oeuvre inemployée alors qu’une politique active vise à prévenir toute situation de sous-
emploi en agissant en amont du phénomène.

II) L’analyse économique au service de l’emploi :


Toute tentative de compréhension des politiques de l’emploi passe par la connaissance des
principales théories économiques servant de fondement à l’action de l’Etat dans la sphère
économique. La grande diversité des actions menées dans les pays développés pour lutter contre
le chômage provient en partie du fait que les actions menées se sont inspirées de courants de
pensée qui n’apportent pas la même interprétation du phénomène du chômage en économie. La
politique de l’emploi n’est que le résultat de la mise en application concrète des
recommandations apportées par l’analyse économique dans son approche des déséquilibres
existants sur le marché du travail. On oppose d’un point de vue théorique deux courants de la
pensée économique :

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1) Approche classique (ou libérale) de la politique de l’emploi :
Principe général : Pour l’école classique, le rôle central de la résolution des déséquilibres
économiques est dévolu au marché : il faut laisser agir le marché qui va de lui même s’ajuster
pour favoriser l’équilibre entre l’offre et la demande de travail. Pour les classiques, une situation
de sous-emploi doit se traduire par une diminution du « prix » du facteur travail (le salaire). Cette
baisse de prix accroît la demande de travail de la part des entreprises, ce qui résout le déséquilibre
initial de sous-emploi. La persistance d’un déséquilibre sur le marché du travail provient de
l’intervention même de l’Etat dans la sphère économique qui empêche les règles du marché de
fonctionner correctement.

1.1 Types d’intervention :


Action structurelle : les actions conjoncturelles ne sont pas efficaces à long terme et constituent
un frein à l’action de régulation du marché. Il faut par contre rendre au marché sa liberté naturelle
de fonctionnement (déréglementation du marché du travail), et redynamiser l’initiative
individuelle qui est au coeur de l’activité économique.
Action sur l’offre : L’action de l’Etat doit donc se situer sur l’offre de travail afin d’accroître les
quantités de facteur travail demandées par les entreprises. Les interventions de l’Etat ne font que
créer une distorsion entre le coût du facteur travail (accru par les charges sociales…) et celui du
facteur capital ce qui se traduit par une substitution du capital au travail et donc par la persistance
d’une situation de sous-emploi.
Action indirecte : les interventions directes dans la sphère économique étant prohibées, l’Etat
doit se concentrer sur sa mission fondamentale qui est de garantir le libre fonctionnement des lois
du marché.

1.2 L’analyse du chômage selon l’approche classique


La théorie classique considère le chômage comme étant synonyme de déséquilibre entre l'offre et
la demande sur le marché particulier qu'est le marché du travail. Le marché du travail fonctionne
selon eux comme n'importe quel marché, c'est à dire que se confrontent sur ce marché une offre
de travail de la part des ménages (ou demande d'emploi) et une demande de travail de la part des
entreprises (ou offre de travail).

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Au point d'intersection entre ces deux fonctions, le marché détermine donc d'une part le prix du
travail (c'est à dire le taux de salaire horaire), et d'autre part les quantités de travail qui vont être
échangées (c'est à dire la population active qui va être occupée).
Il ne peut y avoir qu'un chômage temporaire selon les classiques puisque si l'offre est supérieure à
la demande, alors l'ajustement se fera automatiquement par le biais d'une diminution du prix du
travail qui rétablit alors l'équilibre entre l'offre et la demande de travail. Le maintien d'un taux de
chômage sur une longue période est alors attribué à l'intervention de l'Etat dans la sphère
économique, qui, en fixant autoritairement le niveau du salaire minimum, ne permet plus au
marché du travail de se réguler normalement.
Explication : Le niveau du SMIC horaire étant fixé au dessus du niveau du salaire d'équilibre,
l'ajustement du marché du travail ne peut avoir lieu correctement. Il subsistera alors toujours un
certain volume de chômage incompressible.
L'existence d'un chômage durable dans l'économie est donc, selon la théorie classique dû à
l'intervention de l'Etat sur le marché du travail, qui, en empêchant un ajustement par le prix du
travail, ne permet pas d'équilibrer l'offre et la demande de travail. La résorption du chômage
passe alors par la suppression du SMIC.

1.3) Principales mesures de lutte contre le chômage :


Déréglementation du marché du travail afin d’accroître sa flexibilité, c’est à dire sa capacité à
s’ajuster aux fluctuations de l’activité économique : suppression de l’autorisation administrative
de licenciement, développement de nouvelles formes de contrats de travail plus précaires…
Diminution du coût du facteur travail : abaissement ou suppression des charges sociales sur les
bas salaires. Stimulation de l’activité économique par une diminution des taux d’imposition sur
les salaires et sur les bénéfices.

2) Approche keynésienne de la politique de l’emploi :


Principe général : L’approche keynésienne est diamétralement opposée à l’approche classique
puisque le chômage a pour origine une insuffisance de la demande adressée aux entreprises. Un
accroissement de la demande permettrait donc d’accroître les perspectives de production des
entreprises ce qui se traduirait par des embauches supplémentaires.

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L’insuffisance de la demande se traduit par une sous utilisation des facteurs de production
disponibles dans une économie. Cette situation de sous-emploi ne peut se résoudre par elle-même
puisqu’elle est synonyme de demande faible et donc d’activité économique réduite.

2.1 Type d’intervention :


Action conjoncturelle : l’Etat doit favoriser une inversion des perspectives de production en
soutenant l’activité économique dans les phases de ralentissement de la croissance. Cette action à
court terme de l’Etat a, grâce au principe du multiplicateur keynésien, des incidences durables sur
l’activité économique (cf. le multiplicateur keynésien).
Action sur la demande : l’Etat doit être l’initiateur d’un accroissement de la demande adressée
aux entreprises en augmentant les dépenses publiques. L’impact expansionniste de la politique de
l’Etat sa traduit d’un point de vue comptable par l’apparition d’un déficit du budget de l’Etat.
Action directe : à l’inverse des classiques, Keynes préconise une action directe dans l’économie
pour contrecarrer les risques de ralentissement durable de l’activité économique.
Principales mesures de lutte contre le chômage : Augmentation des dépenses (hausse de
l’investissement public via des politiques de grands travaux…) de l’Etat et/ou réduction des
prélèvements fiscaux. Politique d’embauche publique et accroissement des salaires pour relancer
la demande des ménages.

3) Approche socialiste
L’approche socialiste ne traite pas du problème du chômage puisque celui-ci ne peut exister (le
chômage fut interdit dans les économies socialistes). En effet, l’Etat en temps que seul
producteur, organise, dans le cadre de la planification, la pleine utilisation des ressources
économiques (facteur travail et capital) et détermine lui-même le niveau de la demande (qui est
égale aux quantités produites).
Il ne peut donc pas y avoir de déséquilibre entre l’offre et la demande car les ressources
disponibles sont utilisées en totalité.

4) Les politiques de l’emploi menées dans les autres pays :


Deux grands groupes identifiés :
On distingue généralement deux groupes de pays : les pays anglo-saxons, qui ont mis en place
une politique centrée sur l’analyse classique et qui ont donc mené des politiques essentiellement

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structurelles orientées vers une libéralisation accrue du marché du travail (politique de l’offre).
Ceci s’est traduit entre autre par une vague de déréglementation du marché du travail, par la non
intervention de l’Etat dans le domaine économique (il n’existe pas de salaire minimum aux Etats-
Unis…) et par des politiques actives de privatisations (pour redonner au marché son pouvoir de
régulation). Les pays d’Europe continentale et le Japon qui ont, dans un premier temps, axés leur
action sur une politique de relance de type keynésienne du côté de l’offre de travail. Ceci s’est
traduit entre autre par une intervention active de l’Etat dans la sphère économique (mesures de
soutiens actives à l’emploi), la persistance d’un déficit budgétaire important…

III) Les conséquences sociales des politiques de l’emploi :

1) Des modèles sociaux différents :


Ces politiques de l’emploi ne sont pas sans effet sur la structure de nos sociétés.
Le modèle européen cherche à redynamiser le marché du travail tout en maintenant un contexte
fort de solidarité (importance des organismes de Sécurité Sociale). Mais la mise en place d’une
plus grande flexibilité du marché du travail se caractérise aussi par une montée de la précarité et
par le développement de nouvelles formes d’emplois qui nous éloignent de plus en plus du
modèle de l’emploi à vie.
Le modèle social anglo-saxon insiste plus sur la réussite personnelle. La sanction du marché
permet la différenciation des individus entre ceux qui réussissent et ceux qui réussissent moins.
La structure sociale est alors fondée sur la notion d’individualisme et l’Etat ainsi que les
organismes sociaux voient leur rôle réduit au strict minimum.

2) Les transformations des modes de vie induits par les politiques de l’emploi :
Cet essor de l’individualisme se ressent du point de vue de la consommation collective par une
plus forte tendance à la différenciation (fin du système de production standardisé). La réduction
progressive du temps de travail s’accompagne par ailleurs d’un déplacement de la consommation
vers les services, ce qui entraîne une tertiarisation croissante de l’économie.
De plus, la persistance d’un chômage élevé a conduit à une féminisation de l’emploi marchand
(tertiarisation de l’économie) qui n’est pas sans conséquence sur l’organisation sociale et
l’évolution des liens familiaux.

76
Chapitre 9 : les échanges internationaux

Section I : Le développement des échanges internationaux :


Depuis les années 50, les échanges internationaux augmentent à un rythme deux fois supérieur à
celui de la croissance économique ce qui entraîne une ouverture croissante des économies et un
fort développement des transactions sur le marché des changes.
Ce développement des échanges internationaux se traduit par une accentuation des déséquilibres
économiques et financiers entre d'une part, le creusement des déficits de la balance des paiements
de certains pays, et d'autre part, par l'accroissement des excédents de la balance des paiements
d'autres pays.
Cet accroissement des déséquilibres entraîne une hausse des besoins de financement qui alimente
l'essor des marchés financiers. Cet essor des marchés financiers est lié en partie à l'augmentation
des échanges internationaux et à l'internationalisation des firmes.

I) Le développement des investissements internationaux :


L'accroissement des marchés tient aussi en grande partie à un recours de plus en plus important
au marché financier de la part des entreprises pour financer entre autre leurs investissements
internationaux. L'internationalisation croissante des firmes s'est accompagnée notamment de
l'émission de titres (actions) pour financer des opérations de croissance externe sans provoquer de
déséquilibre des comptes financiers des entreprises.

1) Une déconnexion entre la sphère réelle et la sphère financière :


Le développement des marchés financiers dépasse dans les années 80 et 90 le développement de
l'activité économique créant ainsi une déconnexion entre d'une part, un marché financier en
pleine croissance, et d'autre part une économie réelle dont la croissance s'est brutalement ralentie
depuis les chocs pétroliers de 1973 et 1979.

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Tableau 2 : Comparaison de l'évolution de certains indicateurs (croissance en
% entre 1980 et 1988)
Indicateur taux de variation

PIB des pays de l'OCDE + 95 %

Echanges commerciaux + 100 %

Investissements directs à l'étranger + 250 %

Flux financiers sur le marché des changes + 750 %


Source : Alternative économique hors série N° 50, 2001

2) La hausse de la capitalisation boursière :


L'expansion des marchés boursiers dépasse de loin la hausse de l'activité économique. On peut
évaluer ce phénomène en comparant la croissance du PIB avec celle de la capitalisation boursière
dans les principaux pays développés.

2.1 L'explosion des échanges sur les marchés financiers :


Cette croissance de la valeur des marchés financiers s'accompagne de l'explosion des flux
financiers de par le monde. Ainsi, les flux financiers qui représentaient environ 25 % du PIB
mondial en 1990, en représentent maintenant plus de 180 %.
D'une part, parce que les mouvements de capitaux traduisent une plus grande volatilité des
placements financiers (les agents économiques réorientent plus facilement leurs placements
financiers).
D'autre part, parce les émissions de titres de la part des agents économiques ont fortement
progressé.

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Tableau 3 : Émission d'obligations internationales (en milliards de dollars)
années Montants émis

1995 260,6

1997 563,3

1999 1 225,3

Source : Alternative économique hors série N° 46, 2000

3) Une montée des risques systémiques :


Cette croissance des marchés financiers entraîne une fragilisation croissante du système
monétaire et financier international qui connaît des crises périodiques de plus en plus fréquentes
et de plus en plus déstabilisante pour l'ensemble de l'économie mondiale.

3.1 Des flux financiers de plus en plus instables :


Cette volatilité des flux financiers, qui est à l'origine de la déconnexion entre la sphère réelle et la
sphère monétaire, traduit une évolution dans un système financier international devenu de plus en
plus instable.
Illustration :
Tableau 4 : Les origines des flux financiers internationaux (en % des flux financiers en
1996)
Motivation à l’origine d’un flux financier Part en % du total
IDE 16 %
Prêts 18%
Investissements de portefeuilles 44 %

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Autres raisons 22%
Source :FMI, calculs Alternatives Économiques
Analyse :
Les IDE ne sont à l'origine que de 16 % des flux financiers internationaux. Les Investissements
de portefeuille représentent près de 45 % du total des flux financiers.
Tableau 5 : Durée moyenne de détention d'une action par un investisseur (en mois)
Année Durée de détention
1990 19,4 mois
1991 24,9 mois
1994 16,8 mois
2000 6,4 mois
Source : Alternatives Economiques, Hors série n°46, 2000
Analyse :
La gestion de portefeuille de la part des investisseurs réduit la durée moyenne de détention d'une
action.
Commentaire :
Les flux financiers sont de plus en plus issus d'investisseurs internationaux (Fonds de pension...)
qui travaillent selon une logique de recherche de profit. Ils sont donc amenés à modifier
régulièrement la composition de leur portefeuille pour répondre à leur objectif de profit. Ce
comportement entraîne une sur -réaction des marchés qui répercute immédiatement toute
mauvaise nouvelle et amplifie parfois les phénomènes économiques.
Ce type de gestion accroît donc la sensibilité des marchés qui fonctionnent de plus en plus selon
une logique de court terme, au détriment d'un financement long de l'activité économique
(lorsqu'une entreprise emprunte des capitaux, c'est généralement pour financer des
investissements dont la logique repose sur du long terme).

II) L’approche classique traditionnelle des échanges internationaux


Les auteurs classiques de l'analyse économique justifient les échanges internationaux au nom de
l'allocation optimale des ressources au niveau mondial.
En effet, l'analyse des relations économiques internationales répond à la même problématique que
celle développée dans un cadre national : comment satisfaire un maximum de besoins avec des
ressources limitées.

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1) La théorie des avantages absolus :

1.1 La théorie d'Adam Smith :


Adam Smith, dans son ouvrage intitulé " La recherche sur la nature et les causes de la richesse
des Nations " intègre son analyse des échanges internationaux dans son analyse globale du
fonctionnement de l'activité économique. Il se fonde donc sur les mêmes principes (liberté
individuelle, recherche du profit, concurrence) pour inciter les Etats à se spécialiser sur les
productions sur lesquelles ils bénéficient d'un avantage absolu. La notion d'avantage absolu :
Du fait notamment de dotations initiales en ressources naturelles favorables, ou d'une avance
technologique, les pays disposent d'un certain nombre de secteurs d'activité pour lesquels ils
bénéficient d'un avantage absolu, c'est à dire pour lesquels les entreprises nationales produisent à
un coût de production inférieur à celui d'une entreprise étrangère.

1.1.1 Le principe de spécialisation


En conséquence, chaque nation doit chercher à se spécialiser dans les secteurs d'activité pour
lesquels elle dispose de cet avantage absolu.
Ceci signifie que les facteurs de productions ne servent pas à produire l'ensemble des biens et
services nécessaires à la satisfaction des agents économiques nationaux mais doivent être
concentrés sur un nombre limité de biens et services ou la nation possède un avantage comparatif
en terme de coût de production.

1.1.2 La division internationale du travail


De ce fait, si cette spécialisation se met en place entre les différentes nations participant aux
échanges internationaux, il se crée ainsi une division internationale du travail fondée sur les
avantages comparatifs dont dispose chaque nation à un moment donné.
Cette division internationale, non seulement favorise une allocation optimale des ressources au
niveau mondial, mais en plus est favorable pour l'ensemble des nations participant aux échanges.

81
Démonstration :
Pour justifier la théorie d'Adam Smith, nous pouvons prendre l'exemple suivant :
Soient deux pays A et B disposant chacun de 12 unités de production permettant de produire
deux biens X et Y de la manière suivante : le pays A doit consommer 6 unités de production pour
produire un bien X et 3 unités de production pour produire un bien Y.

Pays A Pays B
Bien X 6 3
Bien Y 3 6

Si chaque pays produit les deux biens X et Y alors la production de chaque nation sera :

Pays A Pays B Monde


Unités de production 12 12 24
Bien X 1 2 3
Bien Y 2 1 3

Sans spécialisation, la production mondiale est donc de 3 biens X et de trois biens Y pour une
utilisation totale de 24 unités de facteurs de production.
Si les pays A et B respectent la théorie des avantages absolus, alors chacun va se spécialiser sur le
secteur d'activité pour lequel il bénéficie d'un avantage comparatif absolu, soit la production de
biens Y pour le pays A et la production de biens X pour le pays B.
La production des deux pays sera alors la suivante :
Pays A Pays B Monde
Unités de production 12 12 24
Biens X 0 4 4
Biens Y 4 0 4

82
Constat :
La spécialisation permet d'accroître la production mondiale de biens et services pour une
consommation constante de facteurs de production et permet alors de satisfaire un plus grand
nombre de besoins.
David Ricardo reprend ce concept mais ne se situe plus dans le cadre des avantages absolus mais
dans le cadre des avantages relatifs.

2) La théorie des avantages relatifs :


David Ricardo applique l'approche d'Adam Smith à une situation ou un pays dispose d'un
avantage absolu dans tous les domaines de production. Selon Adam Smith, cette situation
conduirait à ce que le pays le plus compétitif produise l'ensemble des biens de production. Hors,
la réalité est différente. David Ricardo en cherche donc les raisons et tend par la même à
démontrer que les Etats ont toujours intérêt à échanger, même si l'un est plus compétitifs que
l'autre dans tous les domaines.

2.1 La théorie de David Ricardo :

2.1.1 La notion d'avantage relatif :


Au concept d'avantage absolu, Ricardo propose le concept d'avantage relatif en disant qu'un pays
dispose d'un avantage comparatif relatif par rapport à un autre pays dans la production ou son
coût de production est le moins éloigné de celui du pays le plus compétitif, c'est à dire dans la
production ou l'écart de coût entre les deux pays est le plus faible.

2.1.2 Le principe de spécialisation :


Chaque pays va donc devoir se spécialiser et échanger même si un pays est moins productif que
l'autre dans toutes les productions. En effet, cette spécialisation permettra globalement
d'économiser des facteurs de production.

2.1.3 La division internationale du travail :


La division internationale du travail reste donc souhaitable mais diffère de celle qui découlerait
de l'analyse fondée sur la théorie des avantages absolus.

83
Démonstration :
David Ricardo prend pour exemple le cas de la Grande-Bretagne et du Portugal qui échangent des
draps et du vin alors que le Portugal dispose dans ces deux domaines d'un avantage comparatif
absolu que l'on peut estimer en terme de coûts de production de la manière suivante :
Coûts de production du drap et du vin:

Grande-Bretagne Portugal
Drap 100 90
Vin 120 80

Constat : le Portugal est plus productif que la Grande-Bretagne dans les deux productions avec
un avantage comparatif de 10 pour le drap (100-90) et de 40 pour le vin (120-80).
Si chaque pays produit une unité de chacun des biens considérés, on obtient donc une
consommation de facteurs de production de 390 :
Grande-Bretagne Portugal Monde
Drap 100 90 190
Vin 120 80 200
Total 220 170 390

Les pays, selon Ricardo, auront quand même intérêt à se spécialiser pour continuer à échanger
afin de limiter au niveau mondial la consommation de facteurs de production.
Cette spécialisation se faisant en fonction du différentiel de coûts de production, la Grande-
Bretagne va donc se spécialiser dans la production de draps puisque son désavantage compétitif
(-10) y est plus faible que dans la production de vin (-40).
La Grande-Bretagne produira donc 2 unités de draps et le Portugal 2 unités de vin, pour un coût
total de production de :

Grande-Bretagne Portugal Monde


Drap 200 0 200
Vin 0 160 160
Total 200 160 360

84
Constat : Le coût de production mondial après spécialisation (360) est inférieur au coût de
production mondial avant spécialisation (390).
La spécialisation, selon le principe des avantages comparatifs relatifs, permet donc de produire
les mêmes quantités de biens en économisant des facteurs de production.

3) Conclusion :
Que se soit Smith ou Ricardo, le développement des échanges internationaux repose donc sur le
principe d'une division internationale du travail (spécialisation) fondée sur les avantages
comparatifs des nations (absolu ou relatif) qui permet de satisfaire les besoins en utilisant moins
de facteurs de production tout en étant profitable à l'ensemble des pays participant aux échanges.

4) Les évolutions de l’approche classique


Les théories classiques de Smith et Ricardo se montrent en partie incapables d'expliquer les
évolutions de l'échange international. Ceci s'est donc traduit par l'émergence de nouveaux
concepts.
4.1 Le modèle d'Hecksher, Ohlin et Samuelson :
Le modèle HOS tente de comprendre la division internationale du travail qui caractérise les
échanges internationaux. En ce sens, elle ne diffère pas des conclusions de Smith et Ricardo. Par
contre, elle propose une nouvelle explication pour comprendre les modalités de cette
spécialisation. la prise en compte de l'importance croissante du capital dans le processus de
production :
HOS fondent leur modèle sur les facteurs de production utilisés dans le processus productif par
les entreprises. Cette prise en compte des deux facteurs de production (facteur travail et facteur
capital) témoigne des mutations du capitalisme qui repose de plus en plus sur l'utilisation du
facteur capital alors que Smith et Ricardo fondent leur analyse à une époque ou les pays se
développent essentiellement grâce à leur ressources naturelles et au facteur travail. la dotation
initiale des nations en facteurs de production :
Chaque pays participant aux échanges internationaux peut selon HOS être défini en fonction de
sa dotation initiale en facteurs de production travail et capital.

85
Cette dotation initiale permet alors de classer les pays selon son intensité factorielle en capital ou
en travail, c'est à dire selon l'importance de son stock initial de capital ou de travail.
Bien évidemment, tous les pays ne disposent pas de la même dotation initiale en facteurs de
production : les pays développés disposent proportionnellement de plus de capital que de travail
alors que les pays sous-développés disposent relativement de plus de travail que de capital.
la spécialisation internationale :
La spécialisation internationale dépend de cette dotation initiale en facteurs de production.
Chaque bien ou service pour être produit, nécessitant l'incorporation d'une certaine quantité de
facteur travail et de facteur capital, une nation va donc se spécialiser selon le type de production
correspondant le mieux à sa dotation initiale en facteurs de production : les pays disposant de
peu de facteur capital vont donc se spécialiser sur les productions incorporant relativement plus
de facteur travail alors que les pays disposant plutôt de capital vont se concentrer sur les
production à forte intensité capitalistique.
Les différences de dotations de facteurs de production sont donc à la source des avantages
comparatifs selon Hecksher, Ohlin et Samuelson.

4.2 Les évolutions de la spécialisation internationale :


Les approches de Smith, Ricardo ou HOS aboutissent à la conclusion que les États participant
aux échanges internationaux se spécialisent sur des types particuliers de production. En ce sens,
le développement des échanges internationaux conduit à une division internationale du travail qui
favorise le développement d'échanges interbranches.
Cette division internationale peut s'appliquer aux échanges qui existent entre les pays développés
et les pays en voie de développement. Mais, le développement des échanges internationaux
implique essentiellement des pays ayant le même niveau de développement et concerne des
échanges intra branches que la théorie classique ne peut expliquer.
Sans remettre en cause les apports de Smith ou de Ricardo, le développement des échanges intra
branches relève d'une division internationale du travail plus fine que celle envisagée par les
auteurs classiques. En effet, les entreprises participant aux échanges internationaux tendent de
plus à se spécialiser sur un segment de produit particulier sans chercher à être présent sur toute la
gamme d'une branche d'activité.

86
Il en ressort que la division internationale du travail ne se fonde plus sur une branche ou un
secteur d'activité mais plutôt sur un segment de marché ce qui explique le développement des
échanges intra branches qui concernent bien des produits d'une même branche, mais qui ne sont
pas en fait substituables entre eux.
Exemple : dans la branche automobile, l'Allemagne s'est spécialisée sur le segment du haut de
gamme alors que la France se situe plutôt sur les moyennes gammes.
L'essor des échanges intra branches n'est pas incompatible avec la vision classique des échanges
internationaux, mais traduit plutôt le développement d'une division internationale du travail
fondée non plus seulement sur la branche d'activité, mais sur des segments d'une même branche.
Cette division internationale du travail concerne alors des pays homogène tant en terme de niveau
de développement que de dotation en facteurs de production.

Section II : La diversité des acteurs


Parler d'économie mondiale revient à considérer que les échanges internationaux concernent des
pays comparables économiquement. Ceci est bien évidemment faux puisqu'une caractéristique
importante des échanges internationaux est qu'ils mettent en relation des pays très hétérogènes
notamment quant à leur niveau de développement.
A une opposition géographique simpliste (pays du Nord contre pays du sud), les principales
organisations internationales définissent un certain nombre de groupes de pays qui présentent de
caractéristiques assez proches en terme de structure économique et sociale et en terme de niveau
de développement.

I) Classification des différents pays du Monde :


On distingue généralement :

1) Les pays industrialisés :


Représentent les "anciens" pays industrialisés dont le niveau de développement (mesuré en terme
de PIB par habitant) est bien supérieur à la moyenne mondiale. Il regroupe principalement les
pays occidentaux, à savoir, les Etats-Unis, le Canada, le Japon, les pays membres de l'Union

87
Européenne, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Ces pays ont été les premiers à engager la
révolution industrielle et concentrent l'essentiel des richesses produites au niveau mondial.

2) Les Nouveaux Pays Industrialisés : (NPI)


Représentent les pays qui ont connu un développement économique très important depuis le
milieu des années 70 fondée sur une insertion rapide dans la division internationale du travail et
dont le niveau de développement se rapproche voir égal celui des pays industrialisés
traditionnels. Ce groupe comprend essentiellement des pays d'Asie appelés aussi les "dragons
asiatiques" à savoir, la Crée du sud, Singapour, Taiwan et Hong-kong. On intègre de plus en plus
dans ce groupe certains pays qui connaissent une accélération récente de leur croissance
économique (Malaisie, Thaïlande, Indonésie...).

3) Les pays émergents :


Cette notion qui concerne en partie les NPI, englobe un plus grand nombre de nations de part le
monde. Un pays sera considéré comme émergent s'il remplit trois critères : un niveau de richesse
(revenu par tête moyen inférieur à 70% du niveau moyen des pays de l’OCDE), une insertion
rapide dans la division internationale du travail qui se traduit par une participation croissante aux
échanges internationaux de produits manufacturés (croissance des exportations de produits
manufacturés y compris les industries agroalimentaires supérieure de 2% en moyenne par an à la
croissance des échanges mondiaux) et enfin, l’attraction que ce pays exercent sur les flux
financiers internationaux (notamment en terme d'IDE). De ce point de vue, la Chine constitue
indéniablement un pays émergent même si son PIB par habitant le classe plutôt du coté des PMA.

4) Les Pays en voie de développement : (PVD)


Regroupent la plus grande partie des pays du Monde qui connaissent un développement
économique faible mais constant. Il n'en demeure pas moins que ce groupe présente encore des
pays très différents puisqu'il comprend par exemple les trois géants mondiaux que sont la Chine,
l'Inde et le Brésil ainsi que la majorité des pays d'Amérique du Sud et d'Asie qui ne connaissent
pas tous le même degré de développement.

88
5) Les pays d’Europe Centrale et orientale : (PECO)
Ce nouveau groupe de pays est apparu après la chute du mur de Berlin en 1989 et la fin du
communisme et rassemble les anciens pays européen du bloc communiste (Pologne, Roumanie,
ex-Tchéquoslovaquie...) et qui sont en phase de transition vers le passage à une économie de type
capitaliste.
Après presque une décennie de récession, ces pays commencent à connaître un fort
développement économique et ils cherchent en général à rejoindre les pays membres de l'Union
Européenne.

6) Les Pays pétroliers : (PEP)


Ces pays, constitués en majorité par les monarchies pétrolières de la péninsule arabique sont
normalement intégrés dans le groupe des PVD.
Néanmoins, depuis les chocs pétroliers de 1973 et 1979, le niveau de développement est proche,
voir souvent supérieur à celui des pays industrialisés. Ils se caractérisent par le fait que le
structure productive est presque uniquement tournée sur la production et l'exportation de pétrole.

7) Les Pays les Moins Avancés : (PMA)


Se caractérisent par un très faible niveau de développement (le PIB par habitant y est inférieur à
900 dollars par habitants), par un retard dans le développement du capital humain
(alphabétisation et scolarisation faible, espérance de vie limitée...) et par une très grande
vulnérabilité économique (production agricole, mono-produit, demande interne limitée...). Ces
pays sont au nombre de 49 actuellement et sont presque totalement marginalisés dans les
échanges internationaux.

La terminologie des instances internationales a évolué récemment afin de tenir compte des
"susceptibilités nationales" puisque les Pays les Moins avancés sont de fait considérés comme
étant en voie d'avancement alors que leur situation économique s'est en fait dégradée au cours des
dernières années. Le même constat peut-être dressé concernant les Pays en Voie de
Développement qui ne sont pas tous sur le chemin du développement économique.

89
II) Le courant protectionniste
Bien que les auteurs classiques tendent à démontrer que le développement des échanges entre
nation est bénéfique pour tous les pays participant, il n'en demeure que les échanges peuvent ne
pas être profitables pour tous de la même manière et qu'ils se traduisent aussi par un certain
nombre d'effets négatifs à court ou moyen terme (l'abandon de certaines productions fait
augmenter le chômage...).
Certains auteurs ont donc développé des thèses visant à justifier la mise en place de mesures
protectionnistes afin de limiter temporairement les échanges internationaux.

1) La thèse protectionniste :

1.1 La critique de l'approche classique de la division internationale du travail :


La théorie classique fondée sur les avantages comparatifs revient à considérer que chaque nation
se spécialise à un moment donné dans la production des biens ou services pour lesquelles elle
dispose d'un avantage en terme de coût de production. Une telle approche revient alors à
structurer l'économie mondiale selon la logique de la division internationale du travail.
Il en résulte qu'une fois cette spécialisation réalisée, les positions de chaque nation se trouve
figées et qu'une nation en développement ne pourra se spécialiser sur la production de certains
biens ou services déjà produits par d'autres pays qui disposent alors d'un avantage concurrentiel
(économies d'échelle, effet d'apprentissage...) qu'il sera impossible de supplanter.
Autant cette situation pouvait exister à une époque ou les échanges internationaux ne
concernaient qu'un petit nombre de pays, autant, après la vague de décolonisation qui a suivie la
seconde guerre mondiale, une telle situation risque de freiner, voire d'empêcher tout
développement de nouvelles nations qui, faute d'un marché national suffisant, chercheraient à
assoire leur développement sur le développement des échanges internationaux.
Marx de la même manière, considère que le développement des échanges internationaux est
défavorable aux pays en développement qui se spécialisent sur la production et l'exportation de
matières premières alors que les pays développés se spécialisent sur la production et l'exportation
de biens ayant un fort contenu capitalistique. Or, les termes de l'échange sont tels que la quantité
de travail que renferment les exportations des pays en développement est inférieure à celle que
renferment les exportations des pays capitalistes développés. Il en résulte qu'une telle division du

90
travail au niveau international revient à exploiter les pays en développement en transférant une
partie de la plue value des pays en développement aux pays développés.

1.2 Théorie de la protection dans le cadre des industries naissantes :


Cette théorie a été développée par Messieurs List, Perroux et de Bernis et justifie la mise en
place de procédures protectionnistes temporaires pour favoriser le développement de nouvelles
industries. En protégeant l'industrie dans le premier temps de son développement, le pays permet
à cette activité de réaliser des économies d'échelle et de bénéficier des gains d'apprentissage lui
permettant de combler son désavantage compétitif initial. Il en résulte une baisse du coût moyen
de production par rapport à celui des autres pays exportateurs de ce bien. Une fois que le coût
moyen est égal ou inférieur à celui du reste du monde et donc que l'avantage comparatif du pays
est établi, les mesures protectionnistes mises en places peuvent être supprimées.
Exemple : un pays souhaitant se développer dans une production particulière va mettre en place
des barrières tarifaires propres à rendre les productions étrangères de ce bien moins compétitive
afin d'engendrer un accroissement de la production nationale au détriment des importations
(phénomène de substitution).
Cet accroissement de la demande adressée aux entreprises nationales permet à celles-ci
d'accroître leur volume de production ce qui les fait bénéficier d'économies d'échelles. La
diminution progressive des droits de douane accompagne alors les gains de productivité réalisés
par les entreprises nationales qui vont peu à peu être en mesure d'exporter une partie de leur
production en direction des autres pays.
Il résulte de cette théorie que la division internationale du travail n'est pas figée et peut évoluer
dans le temps au gré de l'insertion dans les échanges internationaux de nouvelles nations en voie
de développement.
Cette approche a notamment été mise en oeuvre dans certains pays asiatiques qui ont connu une
croissance économique rapide et une insertion spectaculaire dans le circuit des échanges
internationaux (les NPI).
Les pays développés se trouvent alors confrontés à la nécessité de devoir s'adapter rapidement à
la remise en cause de leur structure de production face à l'émergence de nouveaux concurrents sur
la scène internationale.
L'abandon progressif des productions à forte intensité de facteur travail risque alors de se traduire
par un accroissement du chômage qui ne pourra être combattu que par un positionnement sur des

91
productions ou la concurrence par les prix est moins forte (montée en gamme de la production)
ou sur des productions fortement consommatrices en facteur capital.

2) Les principales barrières aux échanges internationaux :


Les États disposent de deux types de mesures pour limiter les échanges internationaux de biens et
services :

2.1 Les barrières tarifaires :


Les barrières tarifaires représentent les droits de douanes que doivent acquitter les agents
économiques étrangers qui souhaitent vendre un bien ou un service sur le marché national.
Ces droits de douane qui présentent l'avantage de procurer des recettes budgétaires à l'Etat ont été
progressivement supprimés suite aux différents accords internationaux issus des négociations
menées dans le cadre du GATT ou dans le cadre de l'unification du marché unique européen.
Ainsi, le niveau moyen des droits de douane est passé d'environ 40 % en 1947 à environ 18 % en
1962 et à 5 % en 1994.
Cette baisse importante des droits de douane a incontestablement favorisé l'essor des échanges
internationaux qui ont dans le même temps été multiplié par 17 alors que le PIB mondial
n'augmentait dans le même temps "que" de 600 % (source : le GATT).
Néanmoins, derrière cette quasi-suppression des droits de douane se cache la multiplication de
barrières non tarifaires qui contribuent encore à freiner les échanges internationaux.

2.2 Les barrières non tarifaires :


Les barrières non tarifaires constituent la forme la plus répandue du protectionnisme
contemporain et se distingue des droits de douane par le fait qu'il est plus ciblé, plus diffus
(moins clairement visible) et qu'il peut prendre un grand nombre de formes :
Subventions aux exportations : les Etat accordent des subventions qui permettent de diminuer
artificiellement le prix des biens exportés, ce qui fausse la concurrence internationale. les normes
techniques de sécurité qui doivent être respectées par les biens ou services importés dans le
soucis de garantir la sécurité des consommateurs et qui permet en fait de fermer le marché
national à certaines productions étrangères. Ce type de mesure s'applique entre autre dans le
domaine des jouets en provenance d'Asie.

92
Les réglementations et démarches administratives que doivent remplir les importateurs pour
pouvoir vendre leurs biens ou services sur le territoire national. En 1982 par exemple, l'Etat
français a restreint les importations de magnétoscopes japonais en forçant les importateurs à
effectuer le dédouanement de leurs produits à Poitiers dans un service volontairement sous-
équipé.
Les contingentements volontaires ou non qui limitent les quantités de biens ou services
exportables sur un marché donné : cas de l'industrie automobile japonaise qui a "volontairement"
limité ses exportations de véhicules dans le marché européen...
L'impact de la suppression progressive des barrières tarifaires sur le développement des échanges
internationaux ne doit pas cacher la multiplication des barrières non tarifaires mise en place pour
limiter les effets de l'accroissement de la concurrence internationale sur l'économie nationale.
D'un protectionnisme global et affiché, on tend donc à voir apparaître un protectionnisme caché,
variable dans le temps et ciblé sur des branches spécifiques du système productif qui présentent
un intérêt particulier pour un pays (branche stratégique, industrie employant une grande quantité
de main d'oeuvre...).

Chapitre 10 : La coopération internationale et les institutions internationales

Introduction :

93
L'analyse de l'économie mondiale montre que le commerce mondial se structure autour de trois
grands ensembles régionaux formant ce que l'on appelle la Triade. De plus, une analyse
géographique de l'économie mondiale fait apparaître une concentration de plus en plus
importante des richesses dans un nombre limité de pays alors que de vastes zones géographiques
sont de plus en plus marginalisées d'un point de vue économique.
La perte d'autonomie des politiques économiques nationales pousse les Etats à tenter de mettre en
place une coopération internationale qui vise entre autre à redéfinir le mode de régulation de
l'économie mondiale, soit au travers d'institutions internationales, soit grâce à une meilleure
coordination des politiques nationales. Cette coordination des politiques internationales
permettrait alors d'éviter que les risques systémiques ne s'aggravent dans un monde qui est de
plus en plus sensible au déclenchement et à la diffusion de crises financières et économiques.

Section I : Les principaux ensembles économiques mondiaux :


La régionalisation croissante des échanges internationaux tient en grande partie à l'essor des
accords régionaux qui contribuent à créer de vastes ensembles économiques régionaux organisés
généralement autour d'un pays dominant qui sert de locomotive au développement global de la
zone.

I) Les membres de la Triade :

1) L'ALENA : (Accord de libre Échange Nord Américain)


Conclu en 1992, il regroupe les trois pays d'Amérique du Nord (États-Unis, Canada, Mexique)
qui ont décidé de mettre en place une zone de libre-échange (suppression des droits de douanes
entre les différents pays adhérents). Mais, à l'inverse du processus européen, cet accord n'inclut
aucun élément de fédéralisme, c'est à dire que chaque pays reste maître de la politique qu'il
souhaite développer vis à vis des autres pays du Monde.

2) L'Union Européenne :
L’Union Européenne qui comprend 15 membres rassemble les pays européens de l'Ouest qui ont
entamé un processus d'Union économique et monétaire dès la signature du Traité de Rome. Mais

94
cette entité régionale se caractérise par la volonté affichée de certains de ses membres de créer
une véritable entité européenne fédérale. L'UE est le principal bloc économique mondial.

3) Japon + NPI :
Le troisième pôle économique mondial est formé du Japon et des nouveaux Pays Industrialisés
(Taïwan, Singapour, Corée du Sud, Hongkong) mais il n'a pas encore mis en oeuvre une véritable
intégration régionale. D'une part, parce que le Japon qui constitue le moteur de cet zone, connaît
une crise économique profonde depuis le début des années 90. D'autre part, parce que les
échanges intra-zones sont encore limités puisque les pays concernés ont mis en place une
stratégie de développement axée sur les exportations en direction des pays développés européens
et américains.

II) Les autres ensembles régionaux :


A coté de ces trois pôles mondiaux se développent progressivement de nouveaux ensembles
régionaux dont le poids dans l'économie mondiale reste encore peu important.

1) Le MERCOSUR :(Marché commun Sud-américain)


Le Mercosur qui regroupe le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay se veut une Union
douanière c'est à dire que les pays membres ont mis en place un tarif douanier extérieur commun.
Bien que regroupant des pays importants, le Mercosur ne remplit pas tous ses objectifs du fait que
ses membres sont dans une situation économique fragile qui se traduit par de nombreuses crises
financières et économiques qui freinent les efforts d'intégration régionale.

2) L'ASEAN : (Association des Pays du Sud-est Asiatique)


L'ASEAN regroupe les pays asiatiques qui connaissent un début de forte croissance économique
(Indonésie, Bruneï, Singapour, Philippines, Malaisie et Thaïlande) dans une zone de libre-
échange. Cette zone a été fortement touchée par la crise financière de 1998, et elle a du mal à
s'imposer face d'une part au Japon et d'autre part, face à la montée de la Chine.

III) Des ensembles disparates en terme de niveau de développement :


L'une des caractéristiques majeure de ces espaces régionaux est qu'ils représentent des groupes de
pays au niveau de développement relativement proche. L’analyse de ces ensembles en terme de

95
PIB/habitant permet donc de dresser une première typographie de la planète en terme de niveau
de développement :

Tab. 6 Comparaison du PIB/habitant des principales zones (base 100 pour les PMA)
Pays PIB/Habitant* Comparaison
Pays développés 24774 6537**
NPI 10982 2898
PEP 10202 2692
PECO (hors Russie) 3846 1015
Grands Pays 2012,5 531
PED 2293 605
PMA 379 100
* en milliards de dollars
** interprétation : les pays développés ont un PIB par habitant 65,37 fois plus important
que celui des Pays les moins avancés.

De plus en plus de pays se regroupent donc dans des espaces régionaux en réaction à
l'accroissement de la mondialisation. L'économie mondiale est donc en voie de polarisation
croissante, chaque pôle cherchant à attirer dans sa sphère d'influence un nombre croissant de
pays. Ainsi, l'ALENA tente de se développer vers le Sud (Projet des Amériques) tandis que
l'Union Européenne se prépare à accueillir les ex-pays de l'Est et regarde de plus en plus en
direction des autres pays méditerranéens. Le Continent Asiatique pour sa part a du mal à se
structurer du fait de la difficulté à voir émerger un leader régional.

2) Le poids des différents ensembles dans l'économie mondiale :


On peut analyser un certain nombre d'indicateurs pour mesurer le poids de chacun de ces pôles
dans l'économie mondiale :

Tab. 7 Le poids de chaque ensemble dans la population mondiale :


Pays Population en millions Population en %
Pays développés 840,2 13,10%
PECO (hors Russie) 115,2 1,80%
NPI 374,5 5,80%
PEP 94,8 1,50%
Grands Pays 2555,7 39,80%

96
PED 1273,5 19,80%
PMA 1165,9 18,20%
Total 6417,7 100%

- les pays développés ne représentent que 13 % de la population mondiale alors que dans le même
temps, les pays les moins avancés en regroupent plus de 18 %.
Ce constat est d'autant plus marquant que si l'on analyse la répartition des richesses dans le
Monde, on constate que les pays développés disposent de près de 75 % des richesses produites.

Tab. 8 : La contribution de chaque ensemble à la production mondiale :


Pays PIB en milliards de dollars En % du PIB Mondial
Pays développés 21784,7 74,60 %
PECO (hors Russie) 378,3 1,30 %
NPI 1292,7 4,40 %
PEP 351,4 1,20 %
Grands Pays 2446 8,40 %
PED 2848,36 9,80%
PMA 143,94 0,5
Total 29196,9 100%

Constat :
Moins de 15 % de la population mondiale dispose de 74,60 % des richesses mondiales.
Les pays les moins avancés qui concentrent 18 % de la population mondiale ne disposent que de
0,5 % des richesses mondiales.
Tab 9 : Le commerce mondial de marchandises par grandes zones géographiques (Hors
commerce intra zone) en milliards de dollars en 2 000
zone exportations en%du total importations en%du total solde
Pays dev. 1 877 37,75 % 2 343 44,44 % - 466
dont : ALENA 539 10,84 % 998 18,93 % - 459
dont :UE(15) 859 17,28 % 966 18,32 % - 107
dont : Japon 479 9,63 % 379 7,19 % 100
NPI ( ASEAN) 326 6,56 % 277 5,25 % 49
Grands pays 354 7,12 % 270 5,12 % 84
MERCOSUR 67 1,35 % 71 1,35 % -4
Autres 2 348 47,22 % 2 311 43,84 % 37
Monde 4 972 100 % 5 272 256 % - 300*
Source : La Tribune, vendredi 9 novembre 2001
* le solde mondial devrait être égal à 0, ce différentiel intègre les erreurs et omissions...
Constat :

97
Les pays développés sont à l'origine de près de 45 % des échanges commerciaux mondiaux (hors
commerce intra-zone).
L'ALENA connaît un déficit important dans ces échanges avec le reste du monde.
La part d'environ 45 % des échanges internationaux de la catégorie "autres" est liée en grande
partie aux exportations de pétrole par les PEP.
L'analyse de ces quelques tableaux montre bien à quel points l'économie mondiale est constituée
d'acteurs aux caractéristiques très diverses. On assiste de plus à une concentration très importante
des richesses de la part de certains pays, sans commune mesure avec leur poids dans la
population mondiale.

Section II : L'essor des institutions internationales


Suite à la première guerre mondiale, un certain nombre d'institutions internationales ont vu le
jour. Ces dernières années sont caractérisées soit par l'accroissement du rôle joué par ces
organismes dans la régulation du fonctionnement de l'économie mondiale, soit par une
redéfinition de leur mission et de leur mode de fonctionnement pour tenir compte des mutations
du système financier et économique.
Ces institutions, parfois décriées pour leurs orientations par trop libérales ont pris récemment de
l'importance du fait notamment de leur intervention dans la résolution des différentes crises ayant
secouées l'économie mondiale au cours des années 1997-2000.

I) Les principales institutions internationales :

Institution Date de Principales fonctions


internationale création

OMC L'OMC a succédé au GATT en 1995 et regroupe plus de 130 pays. Le


(Organisation principal acquis de l'OMC est qu'elle
dispose d'un système de règlement des désaccords commerciaux
Mondiale du pouvant apparaître entre certain de ces pays membres. L'OMC
Commerce) cherche à remplir 5 missions essentielles :
- L'OMC administre les accords commerciaux.
- L'OMC est le lieu des nouvelles négociations
commerciales.
- L'OMC est un lieu de règlement des différents
commerciaux.
- L'OMC analyse les politiques commerciales
1995 nationales.

98
- L'OMC fait la promotion de la libéralisation des
échanges.

FMI Le FMI est le "préteur en dernier ressort" du système


(Fond Monétaire monétaire international. Depuis la disparition des
changes fixes, le FMI s'assure du bon fonctionnement
International) du système financier international en aidant
1944 éventuellement les pays qui en ont besoin à mettre en
place les politiques d'ajustement leur permettant de
surmonter des situations de crise financières
passagère et dispose pour cela de moyens financiers
(les DTS) qu'il peut mobiliser au profit de ces pays
La Banque La Banque Mondiale participe souvent aux plans de
Mondiale sauvetage élaborés par le FMI pour venir en aide aux
pays connaissant une crise financière temporaire. En
fait, la Banque Mondiale regroupe deux entités aux
missions différentes :
- La BIRD (banque internationale pour la
reconstruction et le développement) chargée
1944 de fournir des financements à long terme aux
Etats dans le cadre d'opération de
développement.
- L'AID (agence internationale de
développement) dont l'activité de financement
se concentre sur les pays pauvres en leur
apportant des crédits sans intérêts.

II) La coordination des politiques économiques


En plus de ces organismes internationaux, qui sont intervenus de plus en plus ces dernières
années pour faire face à la multiplication des crises financières de certains pays, il apparaît de
plus en plus nécessaire de prévenir l'apparition de ces dysfonctionnements en accentuant la
coordination internationale des politiques économiques.
L'interdépendance croissante des économies pousse les décideurs à se concerter soit dans un
cadre formel, soit au travers de groupes de réunions organisées périodiquement entre un certain
nombre de pays.

1) Le rôle de l'OCDE :
L'Organisation de Coopération et de Développement Economique créée en 1959 est devenu au fil
du temps un acteur incontournable de cette concertation internationale puisque cet organisme,
d'essence libérale, regroupant l'essentiel des pays développés (Pays d'Europe de l'Ouest, Etats
Unis, Canada, Japon, Australie et Nouvelle-Zélande) procède à l'évaluation de la situation

99
économique tant conjoncturelle que structurelle de ses pays membres à partir de laquelle il va
émettre un certain nombre de propositions visant à améliorer la situation existante.
Cette organisme de réflexion et de proposition a depuis peu accueilli en son sein de nouveaux
pays membres afin de tenir compte du développement économique rapide d'un certain nombre de
pays en voie de développement dont la situation économique n’à parfois rien à envier aux pays
développés "traditionnels". Le Mexique (1993), la République Tchèque et la Hongrie (1995) ainsi
que la Corée du Sud (1996) ont de ce fait rejoint l'OCDE.

2) Du G7 au G20 :
En parallèle à ces instances de concertation, des réunions informelles réunissent régulièrement un
certain nombre de pays. A l'occasion de ces réunions, les pays participants abordent la situation
économique conjoncturelle et mettent en place des concertations portant sur différents domaines
relevant de la régulation de l'économie mondiale. Le G7, regroupant les principaux pays
développés du monde s'est progressivement élargi à un certain nombre de pays, d'une part pour
ne pas être accusé de constituer une sorte de "directoire mondial" cherchant uniquement à
favoriser les intérêts de ces pays membres, et d'autre part, pour tenir compte de l'arrivée de
nouveaux acteurs de poids dans la nouvelle division internationale du travail. G7, G8 voir G20,
ces forums de discussions sont en train de devenir de véritables lieux de concertation qui
permettent une meilleure coordination des politiques économiques.
Groupe Pays membres
G7 : Etas-Unis, Japon, Allemagne, Italie, France, Grande-Bretagne, Canada.
G8 :G7 + Russie.
G20 : G8 + Argentine, Australie, Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Mexique, Arabie Saoudite,
Afrique du Sud, Corée du sud, Turquie, Union européenne.

Section III : Le commerce mondial

L'évolution du commerce mondial laisse apparaître deux tendances : d'une part, une
augmentation des échanges internationaux supérieure à la croissance du PIB mondial.
D'autre part une évolution importante des échanges de services dont la part relative augmente
dans le total des échanges commerciaux.

100
I) Le développement des échanges internationaux :
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le développement des échanges internationaux de
marchandises est supérieur d'au moins 50 % à la croissance de la production mondiale ce qui
montre le succès des politiques actives mises en œuvre notamment dans le cadre des accords
internationaux du GATT visant à favoriser le libre-échange au niveau international.

1) Croissance comparée des échanges de marchandises et de la production mondiale sur


longue période (Variations annuelles en %)
1950-1963 1963-1973 1973-1990 1990-2000
Production 5% 6% 2,50% 2,5 %
Commerce 8% 9% 4% 7%
Dont produits manufacturés
Production 6,50% 7,50% 3% 2,75 %
Commerce 8,50% 11,20% 5,50% 7,75%
source : tableau réalisé à partir des données tirées du site de l'OMC

Constats :
La crise de 1973 marque une cassure nettement visible dans le rythme d'augmentation de la
production mondiale et des échanges internationaux. La part des produits manufacturés augmente
plus vite que la moyenne des échanges de marchandises. La croissance des "Trente glorieuses"
est en effet tirée par le développement du secteur secondaire et l'augmentation des échanges de
produits manufacturés.
La reprise économique du début des années 90 aux Etats-Unis et du milieu des années 90 pour
l'Europe se concrétise par un fort accroissement des échanges internationaux.
Cette tendance de longue période se retrouve lorsque l'on s'intéresse aux dernières années :

2) Croissance comparée des échanges et de la production mondiale sur la période 1990-2000


(variation annuelle en %)
1990-00 1997 1998 1999 2000
Exportations mondiales de marchandises 7,0 11,0 5,0 5,0 12,0
Produits agricoles 4,5 6,0 0,0 2,5 8,0
Produits des industries extractives 4,0 9,5 4,0 -1,5 0,5
Produits manufacturés 7,5 12,0 5,0 7,0 14,5
Production mondiale de marchandises 2,5 4,5 2,0 2,5 4,5
Produits agricoles 2,0 2,5 1,5 2,5 1,0
101
Produits des industries extractives 1,5 3,5 1,5 -2,0 3,5
Produits manufacturés 2,5 5,5 2,5 3,5 6,0
PIB mondial* 2,0 3,5 2,0 3,0 4,0
*hors services et construction
source : tableau réalisé à partir des données tirées du site de l'OMC
Constats :
La crise financière de 1998 se traduit par une diminution de moitié du taux de croissance de la
production et des échanges internationaux.
Le contre-choc pétrolier de 1999 entraîne une diminution des échanges des produits de l'industrie
extractive de 2 %.
La forte croissance de 2000 est tirée par les échanges internationaux qui augmentent de près de
15 % en ce qui concerne les produits manufacturés.
Le développement des échanges internationaux de marchandises a soutenu la croissance
économique mondiale tout au long de la période d'après-guerre et s'est traduit par une ouverture
croissante des économies nationales. Le développement des échanges internationaux est
fortement corrélé aux évolutions de la production mondiale et sur -réagissent aux fluctuations de
l'activité économique.

3) Une ouverture croissante des économies grâce aux services :


Les échanges internationaux sont longtemps restés concentrés dans le secteur des industries
extractives (les matières premières) et dans celui des marchandises.
La tertiarisation croissante des économies des pays industrialisés s'est a conduit les échanges de
services à prendre une part croissante dans le total des échanges internationaux et ce d'autant plus
qu'une partie de ces échanges de services sont directement liés aux exportations et aux
importations de marchandises (transport et assurance par exemple).
Les services représentent de fait près de 20 % du total du commerce international.

Répartition du commerce mondial selon le type de biens ou services échangés.


2000 Importations Exportations
Monde Valeur en % du total Valeur en % du total
Marchandises 6 490 81,89 % 6 186 81,17 %
Services 1 435 18,11 % 1 435 18,83 %
Total 7 925 100,00 % 7 621 100,00%
source : tableau réalisé à partir des données tirées du site de l'OMC
Constat :
102
les échanges de services se montent à 1435 milliards de $ en 2000, ce qui représente environ un
cinquième des échanges internationaux.
On peut alors déterminer le taux d'ouverture moyen de l'économie mondiale de la manière
suivante :

Le taux d'ouverture de l'économie mondiale


Valeur Variation en %
Monde 2000 1990-00 1999 2000
Marchandises 6186 6 4 12
Services 1435 6 2 6
Production mondiale 29 196,9 2 3 4
Taux d'ouverture* 13,05 %
* taux d'ouverture = (exportations +importations) / 2PIB.
source : tableau réalisé à partir des données tirées du site de l'OMC

Constat :
La croissance des échanges de services est identique à celle des marchandises au cours des
années 90. Le taux d'ouverture de l'économie mondiale est proche de 13 % ce qui signifie que 13
% de la production mondiale fait l'objet d'un échange entre nations.
Le fort développement des échanges internationaux au cours de la période récente s'appuie sur le
secteur des services autant que sur celui plus traditionnel des marchandises.
La croissance des échanges internationaux, supérieure à celle de la production mondiale entraîne
une ouverture croissante de l'économie mondiale, traduisant entre l'autre l'insertion d'un plus
grand nombre de pays dans la division internationale du travail. Mais ce développement
exceptionnel des relations économiques entre nations cache des disparités de plus en plus
marquées entre d'une part, un petit groupe de pays qui sont à l'origine de la majorité de ces flux
internationaux de biens et services, et d'autre part, un grand nombre de pays qui sont de plus en
plus marginalisées par rapport au coeur du système économique mondialisé.

103
II) Le GATT

A la fin de la seconde guerre mondiale, les pays occidentaux tentent de mettre en place un
ensemble de mesures visant à favoriser le développement des échanges internationaux. Cette
volonté d'accroître les relations économiques entre les nations tire les enseignements des
politiques de restriction des échanges mises en place dans l'entre deux guerre et qui s'étaient
traduites entre autre par une forte progression des tarifs douaniers.
Des négociations entamées à Londres en 1946, se traduirent en 1947 à Genève par la signature du
premier Accord Général sur les Tarifs et le Commerce (General Agreement on Tarifs and Trade)
qui constituera l'acte de naissance du GATT qui n'est pas au sens propre de terme une
organisation internationale, mais plus simplement un accord international liant les pays
participants aux négociations sur la réduction des barrières aux échanges.

1) Les principes fondateurs du GATT :


Les négociations sur les réductions tarifaires multilatérales menées dans le cadre du GATT
reposent sur trois principes essentiels :

1.1 Les trois principes fondateurs

1.1.1 La non-discrimination entre partenaires commerciaux :


L'article 1 des accords du GATT établit le principe de la clause de la nation la plus favorisée. Ce
principe signifie que tout accord entre deux pays se traduisant par une réduction des tarifs
douaniers s'applique automatiquement à tous les autres partenaires économiques. En ce sens, il
ne peut y avoir de favoritisme envers une nation en particulier, toute discrimination positive ou
négative s'appliquant de la même manière à l'ensemble des pays signataires des accords du
GATT.
1.1.2 La réciprocité des réductions tarifaires :
Une nation bénéficiant d'une réduction des tarifs douaniers de la part de ses partenaires
commerciaux doit en contrepartie abaisser aussi ses tarifs douaniers. Ce principe de réciprocité
constitue la base d'une négociation fondée sur la recherche d'avantages mutuels et réciproques
favorables à l'ensemble des pays participants.

104
1.1.3 La transparence des politiques commerciales :
Les accords du GATT prévoient dans leur article 11 que les pays signataires ne peuvent
compenser les baisses de tarifs douaniers par des limitations quantitatives du commerce extérieur.
Les Etats membres s'engagent de fait à ne pas exercer un contrôle direct sur le volume de leur
commerce extérieur.

1.2 Les exceptions prévues


Dans certaines situations, les accords du GATT prévoient que les principes fondamentaux du
libre-échange peuvent ne pas s'appliquer :
Si l'ouverture des échanges se traduit par des importations qui nuisent gravement à la production
locale, un pays peut appliquer des mesures de restriction des échanges.
Si une nation pratique une politique discriminatoire envers un pays, ou une politique de
Dumping, celui- ci est alors autorisé à mettre en place des taxes de compensations à l'encontre de
cette nation.
Si un certain nombre de pays décident de réaliser une zone de libre-échange ou une union
douanière, ils ne sont pas tenus d'appliquer la clause de la nation la plus favorisée et peuvent en
conséquence mettre en place un tarif douanier préférentiel envers les partenaires économiques
participants à cette union douanière ou à cette zone de libre-échange.
Enfin, la spécificité des pays en voie de développement est reconnue puisque ceux-ci bénéficient
de la clause de la nation la plus favorisée sans pour autant être tenu de respecter le principe de la
réciprocité. En ce sens, ces pays bénéficient d'un meilleur accès aux marchés des pays développés
tout en pouvant maintenir une certaine protection de leur économie nationale.
Les Accords conclus dans le cadre du GATT ont sans conteste favorisés le développement des
échanges internationaux en réduisant considérablement les barrières tarifaires aux échanges.
Néanmoins, un certain nombre de facteurs ont progressivement contribué à un affaiblissement
progressif des accords internationaux conclus dans le cadre du GATT. Cet affaiblissement a
conduit à l'émergence d'une véritable Organisation Mondiale du Commerce (OMC) chargée de
contrôler et de favoriser des internationaux de biens et services lus loyaux et plus équitables.

2) Les réussites du GATT :

105
2.1 Un accroissement des échanges internationaux :
Une réduction importante des tarifs douaniers : en 1949, les tarifs douaniers sont diminués en
moyenne de 25 %. Ils sont de nouveaux abaissés de 25 % en moyenne en 1951, de 35 % lors du
Kennedy Round (1964-1967) ou de 33 % lors du Tokyo Round (1973-1979)...

taux moyen des droits de douane de certains pays (pour le secteur industriel, après l'Uruguay
Round)

Pays Droits de douane


Australie 12,2
Canada 4,8
Union Européenne 3,6
Japon 1,7
Etats-Unis 3,5
Source : Problèmes économiques

Sur la période 1950-1998, le taux de croissance annuel moyen du PIB mondial a été de l'ordre de
3,75 % par an. Dans le même temps, le taux de croissance annuel moyen du commerce mondial a
été de 6,56 % par an, ce qui signifie que le développement des échanges internationaux est en
moyenne près de deux fois supérieures à l'accroissement du PIB mondial. Ceci se traduit entre
autre par une interdépendance accrue des économies les unes par rapport aux autres, et par une
ouverture croissante des économies nationales.

2.2 Evolution du taux d'ouverture de certains pays (exportations et importations de biens et


services en % du PIB)
Pays Taux d’ouverture ( en %)
En 1975 En 1997
Etats-Unis 15,6 24,4
Canada 46.8 78,2
Japon 25.7 21,7
France 38 49,1
Allemagne 46.9 54,6
Royaume-Uni 51.6 57,4
Mexique 16.5 62,8
Corée 63.2 76
Thaïlande 42 122,2
Russie n.d 42.7

106
3) Les limites de fonctionnement du GATT :

3.1 Une libéralisation des échanges qui concerne essentiellement les échanges industriels
Cette réduction importante des tarifs douaniers industriels ne doit pas faire oublier l'importance
des tarifs douaniers s'appliquant aux secteurs de l'agriculture et des services. La part croissante
prise par les échanges de services a notamment conduit les pays participants aux négociations
commerciales internationales à intégrer dans leurs discussions les questions relatives à la
libéralisation de ce secteur d'activité qui reste encore relativement protégé, de même que le
secteur de l'agriculture.

3.2 Protection douanière de différents pays par secteur d'activité en 1995


(en équivalent tarifaire : les barrières non tarifaires sont converties en droits de douane)
Pays Secteur industriel Secteur agricole Secteur des services
Moyenne Sucre Blé Trans. et com . Servicesfinanciers
Australie 12.2 52 0 183 25
Canada 4.8 35 58 118 26
UE 3.6 297 156 182 27
Japon 1.7 126 240 142 29
États-Unis 3.5 197 6 111 22

Les droits de douane en équivalents tarifaires sont donc largement plus élevés dans les secteurs
des services ou de l'agriculture que dans celui de l'industrie.
La suppression affichée des droits de douane s'est en effet souvent traduite par l'apparition de
nouvelles formes de protectionnisme fondées sur la mise en place de barrières non tarifaires
(normes de sécurité, tracas administratifs, contingentements..). Le taux de protection globale
(somme des barrières tarifaires et des barrières non tarifaires qui ont pu être estimées) reste de
fait largement supérieur au niveau moyen des droits de douane affichés.

107
Taux de protection global en Europe dans certains secteurs en1997 (en %)
Secteur d'activité Taux de protection globale
Céréales 70,0
Viandes 82,0
Sucre 103
Boissons 22,2
Textiles 22,0
Habillement 31,0
Sidérurgie 11,2
Automobiles 10,9
Radio, TV, communication 7,7
Chimie industrielle 5,8

Le GATT n'est en définitive qu'un accord de principe entre un ensemble de pays cherchant
collectivement à favoriser l'essor des échanges internationaux en posant les règles de
fonctionnement d'un commerce "loyal".
Bien qu'ayant rempli son rôle dans le domaine de la réduction des droits de douane dans les
échanges de biens industriels notamment, les accords du GATT ne sont intervenus que très
récemment dans le domaine des barrières non tarifaires et par ailleurs, les négociations n'ont que
très progressivement tenté d'intégrer les échanges de services ou de produits agricoles.
Ces évolutions associées à l'intégration d'un nombre croissant de pays dans les derniers Rounds
de négociation font que les discussions se sont de plus en plus étalée dans le temps (l'Uruguay
Round a ainsi duré de 1986 à 1994). Cet allongement des cycles de discussion et le fait que le
GATT n'est qu'un accord commercial ont conduit les membres participant à l'Uruguay Round à
proposer la création d'un véritable organisation internationale dont la principale fonction est de
garantir la bonne application des accords internationaux de libre-échange de la part des pays
signataires du accords du GATT en ayant la possibilité de recourir à des sanctions envers tout
pays ne respectant pas les accords du GATT. De plus, cette organisation internationale offre un
lieu de discussion permanent entre les pays ce qui n'était pas le cas auparavant.
L'OMC constitue alors la première véritable institution internationale chargée de faire respecter
les règles de fonctionnement du commerce international en agissant comme un véritable cours de
justice internationale dans le domaine des différents commerciaux.

4) Les principaux rounds du GATT

108
Les négociations multilatérales menées dans le cadre du GATT (crée en 1947) se sont succédé au
rythme des différents cycles de négociations (Rounds), intégrant progressivement un nombre plus
important de pays, et étendant les accords réciproques d'ouverture des échanges internationaux à
des domaines toujours plus vastes de la sphère productive.
On peut reprendre ces différentes dates clés dans l'organisation de la libéralisation des échanges
internationaux dans le tableau suivant :
Date Nom du Nombre de résultats obtenus
round pays
participants
octobre 1947 Genève 25 Réductions tarifaires portant sur la moitié des échanges
internationaux
Mars 1948 La Havane 53 Création de l'organisation internationale du commerce (OIC)

1949 Annecy 13 Accord de réduction de 25 % des tarifs douaniers


1951 Torquay 38 Nouvel abaissement des tarifs douaniers de 25%

1960-1961 Dillon 26 Réduction des droits de douane


1964-1967 Kennedy 48 Réductions tarifaires de 35 % en moyenne et mise en place de
mesures antidumping

1973-1979 Tokyo 102 Réduction des droits de douane de 33 % et accords cadres


concernant les subventions, les marchés publics ou l'aéronautique
civile
1986-1994 Uruguay 116 Extension des accords cadres à de nouveaux secteurs (propriété
intellectuelle, agricultures, services...), nouvelle réduction des
droits de douane, mise en place de procédures de préférence
commerciales pour favoriser le développement, création de l'OMC

On peut noter les points suivants :


Les accords du GATT impliquent un nombre croissant de pays (25 en 1947, 116 en 1994) ce qui
se traduit par un allongement des cycles de négociations (9 ans pour le dernier cycle de
négociation).
De la simple réduction des barrières tarifaires, les négociations concernent de plus en plus les
barrières non tarifaires.
Les négociations, centrées initialement sur les échanges de biens, étendent leur champ
d'intervention aux échanges de produits agricoles et de services, prenant en considération les
évolutions des échanges internationaux.

109
La difficulté à conclure le dernier Round de négociation (nombre de participants, pluralité des
sujets traités) à conduit les participants à envisager la création d'une nouvelle structure
internationale permettant de favoriser et de réguler le développement des échanges
internationaux. Cette réflexion s'est traduite en 1996 à Singapour par la première conférence de
l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) amenée à succéder aux négociations
multilatérales menées dans le cadre du GATT.

III) L’Organisation Mondiale du Commerce


Pendant un demi-siècle, le développement des échanges internationaux s'est fait à un rythme deux
fois supérieur à celui de la croissance économique. De ce fait, le commerce mondial est
aujourd'hui plus de 14 fois plus important qu'il ne l'était à la fin de la seconde guerre mondiale.
Les principaux flux d'échanges internationaux concernent les marchandises, c'est à dire les biens.
C'est donc dans ce domaine que les efforts de libéralisation du commerce mondial se sont
concentrés lors des différents Rounds de négociations menés dans le cadre du GATT. La
principale conséquence des accords du GATT est la diminution très importante des barrières
tarifaires (les droits de douane) qui faussaient les règles de la libre concurrence en favorisant les
producteurs nationaux.
Mais le GATT, malgré ces succès en termes de libéralisation des échanges souffrait de plus en
plus d'un certain nombre de handicaps par exemple dans le domaine de la résolution de conflits
commerciaux pouvant apparaître entre deux membres signataires. De plus, l'extension des
négociations à un nombre croissant de domaines et l'augmentation continue du nombre de pays
membres se sont traduites par un allongement de la durée des Rounds nécessaire à l'élaboration
d'un compromis acceptable par tous.
C'est pourquoi, lors du dernier Round de négociation, les Etats membres se sont mis d'accord
pour mettre sur pied une véritable institution internationale chargée de prendre le relais du GATT
dans le domaine de la promotion des échanges internationaux.

1) Les fonctions de l'OMC :


L'Organisation Mondiale du Commerce s'inscrit dans la continuité des négociations menées dans
le cadre du GATT et cherche donc à favoriser le développement d'un commerce libre et

110
équitable entre les nations en fixant les règles de fonctionnement du commerce
international et en les faisant respecter par les Etats membres.
Cette fonction principale couvre donc un certain nombre de domaines d'intervention dans
lesquels l'OMC va s'impliquer.

1.1 L'OMC administre les accords commerciaux :


Les accords commerciaux définis lors des différents Rounds de négociation du GATT ont été
repris par l'OMC qui se charge de les faire appliquer par les Etats membres : les règles de l'OMC
en matière de commerce international appliquées actuellement sont donc le fruit des négociations
menées dans le cadre de l'Uruguay Round.

1.2 L'OMC est le lieu des nouvelles négociations commerciales :


L'un des problèmes qui ont conduits à la création de l'OMC résultait dans le fait que les
négociations commerciales se déroulaient périodiquement lors de Round de négociations qui
mettaient de plus en plus de temps à aboutir à une solution acceptable pour l'ensemble des pays
participants. L'OMC, en tant qu'institution internationale offre maintenant un lieu permanent de
discussion pour les futures négociations.

1.3 L'OMC est un lieu de règlement des différents commerciaux :


Les accords commerciaux conclus dans le cadre du GATT ont pour but de mettre sur pied un
système commercial aux règles égales pour tous et qui énonce les droits et les devoirs des pays
membres. La création de l'OMC de ce point de vue constitue une étape essentielle dans
l'émergence d'un droit international du commerce puisqu'il sert de lieu de résolution des conflits
commerciaux.

1.4 L'OMC analyse les politiques commerciales nationales :


De même que l'OMC peut rendre un jugement lors d'un conflit commercial, l'OMC examine les
politiques commerciales nationales pour s'assurer qu'elles respectent bien les règles en vigueur
notamment dans le domaine de la non discrimination.

111
1.5 L'OMC fait la promotion de la libéralisation des échanges :
Cette promotion est essentiellement tournée vers les Pays en Développement auxquels l'OMC
offre une assistance technique dans le domaine de la politique commerciale et passe aussi par une
coopération avec les autres organisations internationales.
Du fait de l'augmentation significative de ses fonctions, l'Organisation Mondiale du Commerce
est amenée à intervenir dans un nombre plus important de domaines d'intervention.

2) les domaines d'intervention de l'OMC :


Du fait de l'évolution du commerce international, les accords commerciaux définis dans le cadre
du GATT se sont progressivement étendus à l'ensemble des secteurs d'activité alors qu'ils se
concentraient initialement sur la libéralisation des échanges de marchandises.

2.1 La libéralisation des échanges de marchandises :


Ce secteur a été depuis les débuts des négociations commerciales le principal secteur de
libéralisation des échanges, ce qui s'est traduit par une diminution significative des droits de
douanes en ce qui concerne l'échange de marchandises. L'OMC ne fait que reprendre les règles
définies dans le cadre des négociations du GATT en ce qui concerne le secteur des marchandises.
Néanmoins, l'OMC tient aussi compte d'un certain nombre de secteurs spécifiques qui échappent
aux règles de fonctionnement du commerce tel que le secteur textile mais surtout les produits
agricoles.

2.2 La libéralisation des échanges de services :


Le fort développement des échanges internationaux de services au cours des dernières années
traduit au niveau international la tertiarisation croissante d'un certain nombre d'économies qui
échangent de plus en plus de services.
Les échanges internationaux dans ce domaine relèvent essentiellement des services aux
entreprises qui se concentrent dans les secteurs de la finance, de l'assurance ou des
télécommunications. L'OMC à mis sur pied un système de commerce qui n'existait pas dans le

112
cadre du GATT et qui permet un échange plus libre et plus équitable : l'Accord Général sur le
Commerce des Services (AGCS). Les pays membres, dans le cadre de cet AGCS doivent
s'engager à ouvrir un certain nombre de secteurs des services à la concurrence internationale en
favorisant l'ouverture de ces marchés.

2.3 La protection de la propriété intellectuelle :


L'avantage compétitif d'un pays se faisant de plus en plus grâce aux investissements immatériels,
il a été nécessaire d'élaborer un ensemble de règles garantissant la protection de la propriété
intellectuelle lorsqu'il y a échanges commerciaux dans les domaines des droits d'auteur, des
marques... Car la non protection des droits intellectuels risquerait à terme de freiner les
investissements dans le domaine de la recherche et de l'innovation. Ce domaine d'intervention de
l'OMC est une nouvelle extension des règles de fonctionnement du commerce international.

2.4 Le règlement des différents commerciaux :


L'OMC a mis sur pied une procédure unique de règlement des différents commerciaux pouvant
apparaître entre plusieurs États membres qui permet à tout État estimant que ces droits sont
bafoués par un autre État de déclencher une procédure auprès de l'OMC afin d'obtenir le respect
de ces droits. Cette procédure en plusieurs étapes marque l'émergence d'un véritable droit
international dans le domaine des échanges commerciaux.
Plus de 150 différents ont été portés à la connaissance de l'OMC depuis sa création.

2.5 La prise en compte des spécificités des PVD :


La majorité des pays membres de l'OMC faisant partie des PVD ou des PMA, et dans le souci de
mettre en place un développement équitable des échanges, les accords conclus dans le cadre de
l'OMC prennent en compte la spécificité de ces pays en mettant en place des dispositions
spéciales. Ces dispositions prévoient notamment un accroissement des délais accordés à ces pays
pour qu'ils mettent en oeuvre certaines des dispositions visant à accroître l'ouverture des
économies nationales. Les pays membres ont par ailleurs l'obligation de garantir les intérêts
commerciaux de ces pays, et l'OMC aide ces pays dans un certain nombre de domaines pour
aborder dans de bonnes conditions l'accroissement des échanges internationaux, lié à l'application
des règles du commerce définies par l'OMC.

113
En définitive, l'objectif poursuivi par l'OMC vise non seulement à définir les règles régissant le
commerce international mais aussi à les faire respecter par les Etats membres. Cet objectif s'est
traduit par l'accroissement des domaines d'intervention de cette institution, qui ne pouvait être
mis en oeuvre dans le cadre du GATT.
La recherche d'un développement équitable des échanges et de leur plus grande
libéralisation s'est donc accompagné de la mise en place d'une nouvelle Institution
Internationale, l'Organisation Mondiale du Commerce, chargée de gérer un système
commercial non discriminatoire dans lequel chaque Etat membre se voit attribuer des
droits et des devoirs.

3) L’OMC en quelques mots


L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est une nouvelle organisation internationale qui a
succédé à l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT).
Les principales caractéristiques de cette institution sont les suivantes :
Siège Genève, Suisse.
Date de création 1er janvier 1995, dans le cadre des négociations du GATT en Uruguay.
Nombre de membres Plus de 140 pays représentant plus de 90 % du commerce mondial.
Mode de fonctionnement
Un Directeur (Mike Moore) et un secrétariat de 500 personnes.
Fonction principale Favoriser la liberté, l'équité et la prévisibilité des échanges commerciaux
internationaux.
3.1 Moyens d'action
 Administrer les accords commerciaux internationaux.
 Régler les différents commerciaux entre nations
 Suivi des politiques commerciales nationales
 Assistance technique et formation a destination des pays en développement
 Coopération avec d'autres organisations internationales
 Cadre dans lequel se dérouleront les futures négociations commerciales

114
3.2 Conférences Ministérielles
La conférence ministérielle est l'organe de décision suprême de l'organisation mondiale du
commerce.
Ces conférences ont eu lieu :
- à Singapour du 09 au 13 décembre 1996
- à Genève du 18 au 20 mai 1998
- à Seattle du 30 novembre au 03 décembre 1999
- à Doha du 09 au 14 novembre 2001.

Section IV : L’organisation d’un système monétaire international


Lorsqu'une entreprise ivoirienne vend un bien dans un pays étranger, elle est rémunérée en
monnaie étrangère qui n'a pas de cours légal en Côte d’Ivoire. Elle dispose donc de devises
qu'elle va devoir échanger contre de la monnaie nationale. La monnaie est un bien comme un
autre qui s'échange sur un marché à un prix correspondant à la confrontation entre une offre et
une demande. L'entreprise française va donc aller échanger ses devises contre des francs sur le
marché du franc. Le nombre de francs qu'elle obtiendra en contrepartie des devises dont elle
dispose dépendra du taux de change entre cette devise et la monnaie nationale.
L'existence de relations économiques entre des nations ayant des monnaies différentes nécessite
donc en parallèle l'existence d'un marché ou les agents économiques pourront convertir leurs
devises en monnaie nationale. L'ensemble des marchés sur lesquels s'effectuent les échanges
monétaires internationaux constitue le Système Monétaire International. Compte tenu de la
spécificité du bien échangé sur le marché monétaire (la monnaie), le système financier repose sur
des mécanismes et des institutions spécifiques chargées d'en assurer la régulation.
Le 20ème siècle se traduit par de profondes mutations du Système Monétaire International qui
connaît au cours de ce siècle des périodes de grande instabilité.

I) Les principes de fonctionnement d'un Système Monétaire International :


Un SMI repose sur un certain nombre de caractéristiques et peut prendre plusieurs formes qui
conditionnent leur stabilité.

115
Un Système Monétaire International représente l'ensemble des mécanismes et des institutions qui
visent à organiser et à réguler les échanges monétaires internationaux autour d'un régime de
change.
1) Caractéristiques :
Un système monétaire international est donc constitué de trois éléments :
1 - un système de change fixe ou flexible qui permet de déterminer le taux de change des
monnaies les unes par rapport aux autres.
2 - un étalon de référence par rapport auquel chaque monnaie nationale est définie selon un taux
de change.
3 - des liquidités internationales qui circulent entre les pays en fonction des besoins des besoins
de financement des balances des paiements. Ce mécanisme de crédit entre nation peut être
éventuellement supervisé par un organisme international (le FMI par exemple).

2) Les différents systèmes de change :


Un système monétaire international peut être caractérisé soit par un système de changes fixes,
soit par un système de change flexible.

2.1 - Le régime des changes fixes : régime dans lequel un pays s'engage à défendre la fixité du
taux de change de monnaie par rapport aux autres monnaies ou par rapport à un étalon de
référence.

2.2 - Le régime de change flexible : régime dans lequel un pays laisse évoluer le taux de change
de sa monnaie en fonction e l'offre et de la demande, soit totalement librement (flottement libre)
soit partiellement (flottement géré).
Chaque pays est libre de fixer son régime de change en fonction de règles bilatérales (ancrage de
la monnaie nationale à une autre monnaie), régionale (le SME) ou internationale (changes
flexibles purs).
Au cours du 20ème siècle, le système monétaire international a connu de profonds changements.

II) L'instabilité du SMI au cours du 20ème siècle :

116
L'instabilité mondiale qui a marqué le 20ème siècle se traduit au niveau du système monétaire
international par une grande fluctuation des taux de change et la mise en place de différents
régimes de changes successifs.

1) La période 1879 - 1914 : un régime de changes fixes fonctionnant selon le système de


l'étalon -or.
Ce régime de change (Gold Standard) fait de l'or la monnaie internationale. Les monnaies
nationales bénéficient d'une parité fixe avec l'or qui sert de monnaie de transaction internationale.
Les banques centrales détiennent par ailleurs presque exclusivement des réserves en or. La livre
britannique joue aussi un rôle de monnaie internationale du fait de la puissance de l'économie
britannique.
La première guerre mondiale voit apparaître sur la scène internationale une nouvelle économie
dominante, les États-Unis, qui succèdent à des pays européens ruinés par la guerre.

2) La période 1918 - 1939 : une régime de change marqué par l'instabilité des parités de
change des principales monnaies.
A la fin de la guerre le système monétaire international se réorganise autour d'un régime de
change fixe qui redonne à l'or son rôle central d'étalon de valeur des parités des monnaies
nationales. Mais, la crise économique qui touche les pays développés au début des années 30 et
l'absence de coopération internationale entre les nations entraîne une instabilité très forte des taux
de change qui sont régulièrement modifiés. La concurrence entre la livre et le dollar pour
s'affirmer en tant que monnaie d'échange internationale ne fait qu'ajouter à cette instabilité du
système financier.
Voilà pourquoi, tirant les conséquences de cette phase d'instabilité, les pays vainqueurs de la
seconde guerre mondiale se réunissent dès 1944 pour redéfinir un nouveau régime de change.

3) La période 1944 - 1971 : Le Système de Bretton Woods


Ce système résulte de la concertation des principales puissances économiques qui rétablissent un
système de change fixe fonctionnant selon le principe du Gold Exchange Standard qui consiste
à fixer des parités –or pour chaque monnaie nationale, mais qui n'accorde qu'à une seule
monnaie la possibilité d'être convertie en or, le Dollar. Le dollar devient de fait la monnaie de

117
règlement des échanges internationaux et il peut être à tout moment échangé contre de l'or auprès
de la Banque Centrale américaine.
Deux institutions internationales sont crées pour assurer le financement des balances des
paiements.
La fin de la convertibilté -or du dollar en 1975 marque la fin de ce régime de change fixe qui
cède le pas à un régime de change flexible.

4) La période 1971 - 2002 : Régime de change flexible et instabilité monétaire


L'instabilité monétaire est la règle durant les années 70 et le début des années 80. Mais les fortes
variations du taux de change de la monnaie internationale (le dollar) poussent de plus en plus les
grandes nations économiques à relancer une concertation internationale afin de stabiliser le taux
de change des monnaies. Le G5 réunissant les Etats-Unis, le Japon, la France, l'Allemagne et la
Grande-Bretagne se réunit au Louvres en 1985 pour stabiliser le taux de change du dollar. De
telles réunions se reproduisent régulièrement (accord du Plazza en 1987) et réunissent maintenant
7 pays (G5 + Canada + Italie). De plus, face à cette instabilité des parités, un certain nombre
d'initiatives régionales se sont mises en place pour limiter la variation des monnaies. L'Europe en
particulier a dès 1979 définie une politique de stabilisation des taux de change entre les monnaies
des pays appartenant à la CEE et s'est dotée en 1999 d'une monnaie unique qui a remplacée
définitivement les monnaies nationales au 1er janvier 2002.
L'instabilité monétaire du 20ème siècle traduit avant tout les formidables bouleversements
politiques et économiques qui se sont traduits par l'émergence d'une nouvelle monnaie
internationale, le dollar. La fin de ce siècle marque par ailleurs le retour à une concertation des
principales puissances économiques afin de tenter de limiter les fluctuations des monnaies. La
création d'une zone monétaire européenne unifiée et la naissance d'une nouvelle monnaie
constitue un nouveau bouleversement du système monétaire international puisque cette nouvelle
monnaie risque de venir concurrencer le dollar dans le rôle de monnaie internationale.

III) La création du Fond Monétaire International

Lors de sa création, le FMI se voit attribuer trois fonctions :


- une fonction de stabilisation des monnaies.
- une fonction de financement des déficits des balances des paiements via l'obtention de crédits.

118
- une fonction de recommandation auprès des pays ayant des déséquilibres de leur balance des
paiements. Les pays bénéficiaires des prêts du FMI sont tenus de mettre en place des politiques
d'ajustements structurels.

IV) La création de la Banque Mondiale


Cette institution internationale crée initialement pour faciliter la reconstruction des économies
européennes a peu à peu réorienter sa mission vers le financement des pays en voie de
développement.
Le système de Bretton Woods reposait sur le rôle central accordé au Dollar comme monnaie
internationale, rôle central qui était lié à sa convertibilté-or fixée part une parité de 35$ pour une
once d'or.
La remise en cause du système de Bretton Woods vient de la perte de confiance des agents
économiques dans la valeur du dollar. Cette perte de confiance se traduit par des demandes de
plus en plus importantes de conversion des stocks de dollar détenus par les Banques Centrales en
leur équivalent en or, ce qui entraîne une diminution continue du stock d'or aux États-Unis.
En définitive, la détérioration du système de Bretton Woods provient de l'accumulation de dollars
par les agents économiques au cours des années 60, qui s'est conjuguée à une diminution
progressive des réserves d'or aux États-Unis.
Le 15 août 1971, face à l'accélération de la diminution du stock d'or de la Réserve Fédérale
américaine, le Président Nixon prend la décision de dénoncer la convertibilité-or du dollar, ce qui
marque de facto la fin du système de Bretton Woods. Dés fin 1971, le dollar est dévalué une
première fois, et il le sera de nouveau en 1973. Les Banques Centrales des principaux pays
européens décident alors de ne plus soutenir le cours du dollar et le système monétaire
international bascule alors dans un régime de changes flottants.
Les accords de la Jamaïque conclus en 1976 définissent les modalités de fonctionnement de ce
régime des changes flottants en supprimant la parité -or des monnaies mais en confirmant le rôle
du FMI comme organisme de financement des déficits de la balance des paiements.

119
Chapitre 11 : Croissance et fluctuation économique

L’activité économique ne connaît pas un rythme de croissance stable dans le temps. A des
périodes de forte activité succèdent des phases de ralentissement économique pouvant même se
transformer en récession économique. La science économique s’est donc efforcée de trouver des
modèles permettant d’expliquer et donc d’agir sur la variation du taux de croissance.

Section I : La notion de croissance en sciences économiques

La croissance économique traduit la variation quantitative, durable, autoentretenue et non


réversible de la production de biens et services.

I) La mesure de la croissance :
La richesse d’un pays se calculant à l’aide du PIB, le taux de croissance économique est
déterminé par le taux de croissance (exprimé en %) du PIB d’un pays. On distingue de plus :
La croissance en volume de la production : qui mesure la variation des quantités de biens et
services produits.
La croissance en valeur : qui tient compte en plus de la variation des prix des biens et services
produits.
La croissance économique, telle qu’elle est calculée, ne mesure que la variation quantitative d’un
agrégat économique, le PIB. Elle n’est donc pas synonyme de développement au sens propre du
terme. Le développement est une notion abstraite définissant plutôt l’évolution qualitative d’un
pays et se traduisant par des évolutions démographiques, économiques, sociales ou culturelles. Le
développement est généralement associé à la croissance, mais il peut y avoir croissance sans
développement.

II) Les modalités de la croissance :


La croissance économique dépend à la fois de l'augmentation des quantités de facteurs de
production utilisés dans le processus productif, mais aussi de l'amélioration des techniques de
production permettant de produire plus de biens et services avec les mêmes quantités de facteurs
de production. On peut alors distinguer :

120
Croissance extensive : permise grâce à l’augmentation des quantités de facteurs de production
utilisés (ouverture de nouvelles usines…).
Croissance intensive : augmentation de la production à volume de facteurs de production
identiques (grâce à des gains de productivité).
Une croissance extensive se traduira par des créations d’emplois ce qui n’est pas le cas si la
croissance économique est intensive.

III) Les facteurs de la croissance :


La fonction de production repose sur l'utilisation des facteurs de production travail et capital. La
croissance dépend donc des quantités de facteurs de production disponibles et de la manière dont
ils sont utilisés.
Le facteur travail : la croissance est possible grâce à une augmentation de la quantité de travail
disponible ou par une augmentation de la qualité du facteur travail utilisé (accroissement de la
qualification moyenne des salariés).
Le facteur capital : la croissance se traduit par des Investissements qui vienne accroître ou
améliorer le stock de capital technique disponible ce qui permet une augmentation des quantités
de biens et services produites.
Le progrès technique : qui accroît la productivité des facteurs de production utilisés. Près de la
moitié de la croissance économique serait le fait de ce progrès technique.

IV) Les grandes phases de la croissance économique au cours du 20ième siècle :


Les grandes phases de la croissance économique :
La croissance économique dans les pays développés au cours du 20ème siècle peut tout d'abord
'analyser sur des périodes relativement longues :
La croissance moyenne de PIB mondial est relativement faible jusqu'à la seconde guerre
mondiale malgré une phase de forte croissance économique (1919-1929). La crise des années 30
se traduit par une forte contraction de l'activité économique qui ne redémarre qu'avec l'effort de
guerre initié par la seconde guerre mondiale.
L'économie mondiale connaît ensuite une phase d'accélération de la croissance à la fin de la
seconde guerre mondiale sur une période relativement longue. Cette phase est couramment
appelée les "Trente Glorieuses" même si la phase de forte croissance économique ne se généralise
qu'au milieu des années 50.

121
Enfin, le premier choc pétrolier de 1973 se traduit par un ralentissement fort du taux de la
croissance économique mondiale. De près de 5 % en moyenne au cours des trente glorieuses,
l'activité économique continue à croître dans les années 80 et 90 mais à un rythme bien moindre
(entre 1 % et 2 % par an en moyenne). La crise des années 80 ne signifie donc pas une
contraction de l'activité économique (sauf années particulières), mais simplement un
ralentissement du taux de la croissance économique par rapport à la période exceptionnelle des
Trente Glorieuses.

1) Les principales évolutions récentes de l'activité économique :


Pour la période contemporaine, on peut distinguer différentes périodes : de 1973 à 1985, les
économies occidentales subissent les chocs pétroliers de 1973 et 1979 et connaissent un fort
ralentissement de la croissance accompagné d'une explosion de l'inflation qui dépasse les 10 % au
début des années 80. C'est une période que l'on identifie sous le terme de "stagflation".
De 1986 à 1991 : phase de forte reprise de l'activité économique engendrée d'une part par le
contre-choc pétrolier de 1986, et poursuivie ensuite grâce à la réunification allemande de 1990
qui soutient la demande en Europe occidentale.
De 1992 à 1997 : la guerre du Golf fait plonger les économies européennes dans la récession
économique (1993) puis la croissance reste atone en Europe du fait de la politique monétaire qui
reste restrictive. Les Etats-Unis entament eux une phase de forte croissance économique qui
prend fin en 2001.
De 1997 à 2000 : la croissance américaine se propage à l'ensemble de l'économie mondiale qui
connaît dans son ensemble une croissance économique forte.
2001 - ... : les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis ne font qu'accentuer la tendance
dépressive de l'activité économique laissant planer le doute sur un redémarrage rapide de
l'activité économique qui s'est considérablement amoindrie dès le début de l'année 2000.
Une analyse fine de l'évolution de l'activité économique permet d'identifier des phases qui se
succèdent dans le temps de façon assez homogène : une phase d'augmentation du taux de
croissance économique suivie d'une période de ralentissement économique. La science
économique s'est donc intéressée à ces fluctuations de l'activité économique pour en étudier la
périodicité et permettre ainsi de proposer des solutions qui permettraient de mieux réguler
l'activité de l'économie.

122
2) Approche cyclique de la croissance
Les fluctuations du taux de croissance de l'activité économique semblent présenter selon un
schéma identifiable sous le terme de "cycle économique" aux caractéristiques clairement définies
et donc la périodicité varie dans le temps selon un rythme relativement régulier.
Une analyse plus fine de l'évolution de l'activité économique sur une longue période permet de
plus de mettre en lumière l'existence de plusieurs types de cycles économiques qui s'emboîtent les
uns dans les autres.

Section II : Le cycle économique

Un cycle en économie est un concept qui définit les fluctuations de l'activité économique en les
décomposant en une succession de phases clairement identifiables qui se répètent dans le temps
de manière ordonnée.

I) Les différentes phases d'un cycle économique :


On peut distinguer quatre phases successives dans un cycle économique qui sont la phase
d'expansion, la crise, la dépression (qui peut devenir une récession) et enfin la reprise qui
débouche sur la phase d'expansion du cycle suivant.

1) L'expansion : La phase d'expansion désigne la phase du cycle économique caractérisée par


l'augmentation du volume de la production et de la demande sur une courte ou une moyenne
période (le taux de croissance annuel du PIB est donc soutenu).

2) La crise : le terme de crise désigne le moment bref de retournement de la conjoncture. Elle est
représentée par le point de retournement qui marque le début de la phase de ralentissement de
l'activité économique.

3) La dépression : la dépression désigne la phase de ralentissement de l'activité économique.


L'économie continue alors de croître mais dans de faibles proportions. Il arrive que dans certains
cas, cette dépression se transforme temporairement en récession.

123
4) La récession : Cette phase du cycle économique désigne une contraction de la production d'un
pays pendant deux trimestres consécutifs. Le taux de croissance de l'activité économique est donc
négatif.

5) La reprise : La reprise désigne la phase du cycle économique qui se caractérise par un retour
de l’économie à une phase d’expansion après une phase de récession. La reprise représente donc
le point d'inflexion qui marque le retour d'une phase de croissance de l'activité économique
soutenue.
II) la théorie des cycles économiques :
La notion de cycle économique s'applique dans la réalité à un ensemble de cycles qui varient en
fonction de leur périodicité et qui s'imbriquent les uns aux autres.
On distingue alors différents cycles économiques qui ont été mis en évidence par un certain
nombre d'économistes :

1) Les différents cycles économiques :


Les cycles décrivant des tendances séculaires ou Trends d'une périodicité de 100 ans environ par
référence aux travaux de Fernand Braudel.
Les cycles de longue durée ou cycle Kondratiev (du nom de l'économiste qui les a "découverts")
qui s'étendent sur une période d'environ un demi-siècle.
C'est l'innovation qui est à l'origine de ce type de cycle. La phase de hausse est générée par la
diffusion de l'innovation dans la sphère économique, la phase de ralentissement traduit la fin de
l'impact de ces innovations sur la structure de l'économie.
Les cycles classiques ou cycles courts appelés aussi cycles Juglar qui durent en moyenne entre 6
et 10 ans. Ils sont essentiellement motivés par des causes conjoncturelles qui influent sur le
comportement à court terme des agents économiques (Investissement, consommation...).
Les cycles Kitchin qui dure approximativement 40 mois et qui sont liés à la politique des
entreprise en terme de variation des stocks de produits finis (Exemple : lorsqu'elles anticipent une
reprise de l'activité, les entreprises accroissent préventivement leur production pour regarnir leurs
stocks de produits finis).
Les cycles relatifs à des variations saisonnières de l'activité économique dans certains secteurs
d'activité particuliers comme par exemple la production agricole.

124
2) Analyse des cycles économiques :
On attribue en générale trois sortes de raisons qui sont à l'origine des cycles économiques.

2.1 Une cause exogène :


Dans ce type de situation, le cycle économique est provoqué par une raison qui est indépendante
de la sphère économique étudiée : un ralentissement de l'activité chez notre principal partenaire
économique risque va se propager à l'économie nationale (cf. impact du ralentissement de la
croissance américaine sur la croissance mondiale), l'instabilité politique peut favoriser un
sentiment attentiste négatif pour la croissance économique...

2.2 Une cause endogène :


Dans ce cas, les variations de l'activité économique sont liées à des causes d'ordre purement
économiques. Les facteurs à l'origine d'une variation de l'activité économique sont multiples
(Exemples effort d'accroissement du stock de capital suite à une baisse des taux d'intérêt,
évolution du partage de la valeur ajoutée, mise en place d'une innovation technologique,...).

2.3 Une cause d'origine financière :


On parle alors parfois du cycle de l'endettement : la croissance de l'activité économique se traduit
par ne hausse des crédits accordés soit aux entreprises qui investissent, soit aux ménages qui
consomment. Lorsque l'activité ralentie, les agents économiques mettent en place une stratégie de
désendettement qui entraîne alors un approfondissement de la dépression. Ce type de raison
montre l'importance prise par la sphère financière sur l'évolution de la sphère économique.
Les tentatives visant à expliquer les variations de l'activité économique et à les représenter sous la
forme de cycles économiques visent à donner des arguments à l'intervention de l'Etat dans la
sphère économique, qui par son action en terme de politique économique cherche à réguler
l'activité économique issue du secteur privé afin de lisser les évolutions de la production dans le
temps, soit pour éviter les périodes de sous-emploi, soit pour éviter les périodes de surchauffe qui
risqueraient d'entraîner une augmentation importante des prix.

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BIBLIOGRAPHIE

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12) Vate, M  (1998): Leçons d’Economie Politique, Economie – 8ème édition

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