Organismes de recherche

par Robert KASTLER

Ingénieur de l’École Centrale des Arts et Manufactures
Expert près la Cour d’Appel et le Tribunal Administratif de Paris

1. Particularités de la recherche en génie civil et bâtiment ............ C 57 - 2

2. Domaine de la recherche ....................................................................... — 2
2.1 Réglementation............................................................................................ — 2
2.2 Gestion de la qualité.................................................................................... — 2
2.3 Matériaux. Structure. Procédés de construction....................................... — 2
2.4 Technologies nouvelles et habitat.............................................................. — 3
2.5 Sociétés savantes et associations de chercheurs ..................................... — 3
3. Principaux objectifs de la recherche.................................................. — 3
4. Aide à la recherche.................................................................................. — 3
5. Organismes de recherche ...................................................................... — 3
6. Publications............................................................................................... — 4

ans cet article, nous traiterons de la place de la recherche dans le domaine

D du bâtiment et des travaux publics.
11-1988
C 57

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 57 − 1
ORGANISMES DE RECHERCHE ____________________________________________________________________________________________________________
1. Particularités
de la recherche
en génie civil et bâtiment
Les professions de la construction ont longtemps été considérées
comme artisanales : le savoir-faire, le tour de main, tenaient lieu de
science et de technologie.
Certes, chaque construction constitue un prototype exigeant
toujours un effort de recherche, mais il s’agit là d’une démarche très
limitée.
Les petites entreprises n’ont guère les moyens de se livrer à de
telles études, et les plus grandes sont gênées par la faiblesse de leurs
marges bénéficiaires : il faut en effet rappeler que le produit construc-
tion est vendu avant d’être fabriqué, que l’entreprise la moins disante
est celle dont l’offre est généralement retenue ; ces circonstances
contribuent à rendre les marges aléatoires et faibles. C’est ainsi que,
faute de pouvoir en insérer la dépense dans leurs prix, les entreprises
s’abstiennent de faire de la recherche.
Cependant, les grands ouvrages nécessaires aux chemins de fer
ont imposé les calculateurs de charpentes métalliques dont Eiffel fut
l’un des plus célèbres.
Le béton armé ouvrit des perspectives nouvelles à toute une géné-
ration d’ingénieurs ; les grands barrages, les ponts, les routes
exigeaient une connaissance approfondie de la géologie, des maté-
riaux et de la mécanique des sols.
Traditionnellement, le corps des Ponts et Chaussées et le Génie
militaire, principaux maîtres d’ouvrage des constructions impor-
tantes, expérimentaient des techniques appropriées et, plus tard,
proposaient des modes de calcul.
De grands savants français firent avancer la science de la
construction : Caquot, par le très grand nombre de ses travaux, et
Freyssinet, inventeur du béton précontraint, entre autres.
Les efforts isolés de ces savants et d’autres ingénieurs de grande
qualité initiaient, dans cette profession, une recherche encore dis-
persée et inorganisée.
L’université, jusqu’à une époque récente, a ignoré le secteur du
génie civil réputé de pure application ; aujourd’hui encore, le voca-
bulaire des chercheurs est très éloigné de celui des entrepreneurs,
ce qui crée parfois de fâcheux malentendus.
Les organismes professionnels (cf. article spécialisé [C 56] dans
ce traité) ont pris conscience de cette situation et ont progres-
sivement tenté d’y remédier.
La préoccupation plus systématique d’une recherche spécifique
fondamentale et appliquée est apparue après la Seconde Guerre
mondiale ; elle souffre sans doute encore de la dispersion des efforts
précédents, d’où un grand nombre d’organismes dont les domaines
se chevauchent parfois.
La valeur de la recherche menée par la profession tient au contact
permanent des organismes professionnels avec les entreprises,
proches de la matière et de sa mise en œuvre. La tendance actuelle
qui consisterait à réserver la conception à des bureaux d’études,
transformant les entreprises en de simples exécutants, porterait un
coup grave à la recherche de ce secteur, qui, avec retard, a enfin
pris son essor.
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2. Domaine de la recherche
2.1 Réglementation
Elle fait l’objet d’une concertation entre les professions inté-
ressées, l’Administration et les organismes d’État, comme le LCPC
(Laboratoire central des Ponts et Chaussées) pour les travaux
publics, ou le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment)
pour le bâtiment.
La rédaction des textes s’appuie sur l’expérience des profes-
sionnels et les résultats d’essais des laboratoires. En dehors des
textes législatifs, réglementaires, et des normes, le secteur du bâti-
ment dispose des DTU (Documents techniques unifiés) qui sont les
règles de l’art de la profession et auxquels se réfèrent souvent les
Cahiers des charges des ouvrages à construire.
Il convient de noter que les directives de la Communauté euro-
péenne ont fixé l’esprit dans lequel doit s’élaborer la réglementation
qui sera applicable dans le cadre du marché unique de l’Europe, à
partir du 1er janvier 1993 : cette réglementation sera basée sur des
exigences de résultats à atteindre et non plus sur des exigences
descriptives de solutions existantes.
Cette nouvelle orientation va conduire à des programmes de
recherche pour mieux définir les exigences et leurs niveaux possibles
de satisfaction.
2.2 Gestion de la qualité
Le bâtiment a dû répondre aux destructions de la dernière guerre
par la construction massive de logements. Face à la nécessité d’offrir
d’abord un abri à une grande partie de la population, le critère quanti-
tatif a été privilégié.
Un double phénomène est ensuite intervenu en faveur de la
qualité :
— la fin de la reconstruction, qui met aujourd’hui le bâtiment en
compétitivité avec les autres industries, au niveau des décisions
d’achat des clients ;
— l’évolution des modes de vie, notamment les besoins de
confort.
Les exigences relatives à la qualité des habitats (toutes les
constructions où l’homme vit, travaille, étudie, se soigne, se distrait,
etc.) nécessitent l’introduction des méthodes industrielles de gestion
de la qualité chez tous les acteurs de la construction : de la conception
à la mise en œuvre, en passant par les études techniques et celles
des matériaux et matériels.
La recherche intervient d’abord dans la suppression des causes
de non-qualité (pathologie des ouvrages), puis dans la mise au point
des modalités et des moyens d’assurer la qualité à toutes les étapes
de l’édification d’un bâtiment.
2.3 Matériaux. Structures.
Procédés de construction
C’est l’objet de l’activité traditionnelle d’un grand nombre de labo-
ratoires axés sur une recherche allant du fondamental à l’application.
Certains centres techniques sont voués au développement d’un
matériau spécifique : terre cuite, bois, béton, etc.
De nouveaux matériaux s’introduisent progressivement (plas-
tiques, etc.), mais assez lentement.
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Les structures ont fait l’objet de travaux importants au moment
de la mise au point des règlements dits aux états-limites pour les
bétons armé et précontraint, la charpente métallique. Ce travail est
entrepris, actuellement, pour la charpente en bois.
Il est probable que des développements importants concerneront,
à l’avenir, les procédés de construction.
2.4 Technologies nouvelles et habitat
Les technologies nouvelles envahissent non seulement toutes les
activités humaines, notamment la vie des entreprises (informatique),
mais aussi les produits (que l’on qualifie alors, improprement,
d’intelligents ). L’habitat n’y échappe pas et l’un des nouveaux
domaines de la recherche est la domotique ou habitat intelligent.
Un autre domaine est l’application des technologies nouvelles aux
activités du chantier : productique, pour l’instant, robotique pour
l’avenir.
2.5 Sociétés savantes
et associations de chercheurs
Selon leur spécialité, les chercheurs se regroupent dans des asso-
ciations, des congrès, pour exposer le résultat de leurs recherches
et confronter leurs points de vue.
Parmi les plus connues de ces sociétés scientifiques, on peut citer :
— le Comité français des grands barrages ;
— l’Association pour le développement des grands ports français ;
— l’Association française pour la construction ;
— l’Association technique de la route ;
— le Comité euro-international du béton (CEB) ;
— la Réunion internationale des laboratoires d’essais et de
recherches sur les matériaux et les constructions (RILEM) ;
— la Fédération internationale de la précontrainte (FIP) ;
— le Collège international des sciences de la construction
(CISCO) ;
— le Conseil international du bâtiment pour la recherche, l’étude
et la documentation (CIB) ;
— l’Association pour la promotion des entreprises de travaux de
VRD (voiries et réseaux divers) ;
— etc.
3. Principaux objectifs
de la recherche
À côté des recherches permanentes sur les matériaux, les struc-
tures, les routes et les pistes d’aérodrome, la mécanique des sols,
certaines préoccupations plus spécifiques apparaissent selon les
besoins du moment.
Pendant une longue période, beaucoup de recherches appliquées
furent orientées vers la préfabrication lourde, ce qui favorisa l’instal-
lation de trop nombreuses usines de préfabrication, puis l’accent fut
mis sur les composants, dans l’espoir toujours renouvelé de faire
progresser l’industrialisation du bâtiment.
La crise de l’énergie a vu l’accroissement des recherches sur une
meilleure isolation des bâtiments (matériaux nouveaux et précau-
tions de mise en œuvre), ainsi que sur l’utilisation de formes d’éner-
gie jusqu’ici négligées : énergie solaire, géothermie, etc.
Aujourd’hui, la recherche prend comme objectif la création (ou
l’élargissement) des marchés. Elle étend son domaine aux études
socio-culturelles, au marketing et à la conception intégrée,
c’est-à-dire la conception du produit fini (habitat), par itérations
successives avec la conception de sa fabrication et celle de son
exploitation.
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ORGANISMES DE RECHERCHE
En conséquence, elle met au point les outils informatiques qui
peuvent permettre cette démarche (modélisation, mise en équation
des phénomènes physiques, conception assistée par ordinateur,
systèmes-experts, etc.).
Un autre objectif d’actualité est l’accroissement de la productivité,
du processus de conception-construction considéré dans son
ensemble et des chantiers, par l’analyse des postes de travail et leur
reconception.
4. Aide à la recherche
Dans le domaine du bâtiment et des travaux publics, les
enveloppes globales budgétaires sont encore très faibles et trop peu
utilisées.
Il s’agit pour les entreprises, de faire face à la concurrence tant
française qu’étrangère, d’améliorer l’image de marque de la profes-
sion, de maintenir ou d’augmenter leur marge bénéficiaire tout en
accroissant la qualité de la construction.
Pour favoriser développement et innovation, les entreprises
peuvent disposer de plusieurs aides financières :
— des aides directes :
• le Fonds de recherche technologique (FRT), géré par le
Ministère de la recherche et de la technologie, attribue des sub-
ventions pour des travaux amont sur des sujets traités en associa-
tion entreprises-équipes universitaires,
• le fonds incitatif de la DAEI (Direction des affaires économiques
et internationales du Ministère de l’équipement) subventionne
l’organisation (et la participation) des colloques internationaux,
• l’ANVAR (Agence nationale pour la valorisation de la
recherche) délivre des subventions annuelles proportionnelles au
montant des contrats de recherche-développement à caractère
industriel ;
— des aides conditionnelles de l’ANVAR :
• par des délégations régionales, soutien particulièrement actif
aux petites et moyennes entreprises,
• aide à l’innovation sous forme d’avances sans intérêt,
• aide au lancement d’un produit,
• aide à la création d’entreprise ;
— des incitations fiscales : crédit d’impôt recherche, selon
l’accroissement des dépenses consacrées à cet objet d’une année
sur l’autre ;
— une intervention des Sociétés financières d’innovation (SFI)
par apport de capitaux sous forme de fonds propres ;
— des incitations européennes : programme EUREKA, pro-
gramme BRITTE qui concerne plus particulièrement le génie civil ;
— des conventions industrielles de formation par la recherche
(CIFRE) aident les entreprises à utiliser les services d’un chercheur
pendant une période de trois années.
5. Organismes de recherche
Le lecteur se reportera à l’article Rôle et activité des laboratoires
[C 60] dans le Génie Civil et le Bâtiment dans ce traité, qui décrit
les organismes suivants :
– Organismes d’État : Laboratoire central des Ponts et
Chaussées (LCPC), Centre scientifique et technique du bâtiment
(CSTB), etc ;
– Organismes des grandes administrations : Commissariat à
l’énergie atomique (CEA), Électricité de France (EDF), Société
nationale des chemins de fer français (SNCF), etc ;
– Organismes de la profession (cf. article spécialisé [C 56]) : la
Direction de la recherche (DR) de la Fédération nationale du
bâtiment (FNB) est chargée de proposer, aux entrepreneurs respon-
sables, des orientations (recherche d’intérêt collectif) établies pour
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trois ans et ajustables chaque année, de mettre au point des pro-
grammes annuels, de commander ces recherches aux laboratoires,
d’en assurer le suivi et de veiller au transfert des résultats vers les
entreprises.
Le Centre expérimental de recherche et d’étude du bâtiment et
des travaux publics (CEBTP), le Comité scientifique et technique de
l’industrie du chauffage, de la ventilation et du conditionnement de
l’air (COSTIC) et le Centre d’assistance technique et de documenta-
tion (CATED) assurent la réalisation des études et recherches. L’IFB
(Institut français du bâtiment) a pour but de rassembler les parte-
naires de toutes provenances décidés à développer, ensemble, leurs
marchés.
La DR dispose, à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, d’un centre de docu-
mentation, au service des laboratoires et des entreprises, qui analyse
près de 400 revues par mois et dont la bibliothèque est riche de près
de 70 000 volumes ;
– Organismes des professions associées : Centre technique
industriel de la construction métallique (CTICM), Feu-expériences,
Centre technique de l’industrie du bois (CTIB), Centre d’études et de
recherches de l’industrie du béton manufacturé (CERIB), Centre tech-
nique des tuiles et briques (CTTB), Centre d’essai du matériel, etc ;
– Bureaux de contrôle : Société de contrôle technique et d’exper-
tise de la construction (SOCOTEC), bureau Veritas, Contrôle et
prévention (CEP), etc ;
– Services municipaux : Ville de Paris, de Lyon, etc. ; professions
voisines : Bureaux de recherches géologiques et minières (BRGM),
Société grenobloise d’études et d’applications hydrauliques
(SOGREAH), Laboratoire national d’hydraulique (LNH) ;
– Sociétés industrielles : Rhône-Poulenc, Ciments Lafarge,
Saint-Gobain, etc ;
– Écoles d’ingénieurs : École polytechnique, École nationale des
Ponts et Chaussées, École centrale des Arts et Manufactures, École
nationale supérieure des Mines de Paris, Instituts nationaux des
sciences appliquées (Toulouse, Lyon, Rennes), École spéciale des
travaux publics, du bâtiment et de l’industrie, École nationale supé-
rieure des arts et industries de Strasbourg, etc ;
– Architectes : Société des architectes DPLG.
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Tous ces laboratoires sont répertoriés et classés par la RILEM
(Réunion internationale des laboratoires d’essais et de recherches
sur les matériaux et la construction).
6. Publications
Seules les publications les plus connues seront citées : il en existe
d’autres sur des sujets spécialisés, dont les articles sont souvent très
documentés.
■ L’Administration publie :
— les Annales des Ponts et Chaussées, revue mensuelle ;
— le Bulletin de liaison des laboratoires des Ponts et Chaussées ;
— les Cahiers du CSTB ;
— les numéros T 295 des Bulletins signalétiques du CNRS qui sont
réservés aux études du secteur bâtiment-travaux publics.
■ La profession (l’UTI) publie :
— les Annales de l’ITBTP, qui comptent 4 500 abonnés dont 1 500
étrangers, ce qui leur confère une grande notoriété ; ces annales
relatent les travaux des chercheurs et rendent compte des confé-
rences techniques organisées chaque semaine par cet organisme ;
— Promoclim, revue du COSTIC ;
— Matériaux et construction (RILEM) ;
— les Cahiers du Centre technique du bois ;
— etc.
Signalons également quelques-unes des revues en usage dans
la profession :
— Travaux, revue de maîtres d’ouvrage des travaux publics ;
— le Moniteur des travaux publics et du bâtiment.
■ Les revues étrangères les plus utilisées sont :
— Beton und Stahlbetonbau ;
— CSTC revue ;
— Concrete ;
— Magazine of Concrete Research ;
— Journal of the American Concrete Institute ;
— Proceedings of the American Society of Civil Engineers.