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CRITIQUEDES POÈTES
XÉNOPHANE 85
ont attribuéaux dieux tous les traitsqui, chez les hommes,sont objet
' '
ďopprobre et de blâme (navra Oeoïç àvé&rjxav"O/irjpóç 0 HaioSóç
teI òaoa nap' àvOpcònoiaiv òveíSeaxai (póyoçèoziv, ) : vols, adultèreset
tromperiesmutuelles»(xXetzt ecv (jlolxeuelvte xai àXXrjXouç ânazeúeLv).
Quant au second (B 12 D.-K.), il apparaîtparmide nombreusesautres
citationsde poètes,dans le livredirigécontreles philologues{Adversus
grammaticos= Adversusmathematicos , I, 289), au chapitreconsacréà
l'explicationdes œuvresde poésie et de prose(chapitre13, Tò nspitoùç
7tocrjràçfâpoç): «Homère et Hésiode, selon Xénophanede Colophon,
«de combiend'actes criminelsont-ils faitétat au sujet des dieux, vols,
adultèreset tromperies mutuelles»(cbçtzXeÏgt' ècpdéyÇavroOecov âOepiaTia
Epya,I xXétztelv ¡iolxeúelvte xai âXXrjXouç ànazEÙEiv).Sextusaccompagne
la citationdu commentairesuivant: «De fait,Cronos, sous le règne
duquel la traditionplace l'âge d'or, mutilason pèreet engloutitses en-
fants,tandisque Zeus, son fils,l'ayantdépouilléde son pouvoir,le fit
«descendresous la terreet sous la merinfinie... toutau fondde l'abîme
qui plonge au plus bas sous terre» ( Iliade, 14,204 et 8,14) 10.
La premièrequestionqui se pose est celle du rapportentreles deux
fragments, étantdonnéleurtrèsgranderessemblance, et surtoutl'identité
de B 11,3 et B 12,2 (xXeutelv f.
iolxeúelvte xai àXXiqXovçànaTEÚEw).Cette
constatation a conduitplusieursphilologuesà supposerque les deux tex-
tes n'en fonten réalitéqu'un seul, et doiventdoncêtreréunis,par exem-
ple en intervertissant l'ordredes deuxversde B 12 - de sorteque xXén-
tew te xai àXXrjXouç ànaTEÙEiv n'auraitpas à êtrerépété- et en écrivant
ójç au lieu de cbç au début du quatrièmeversdu fragment ainsi recon-
stitué!1. Mais cettereconstitution n'a pas seulementl'inconvénient d'être
arbitraire,elle reposesur la fausseidée que les Anciensauraientéprouvé
la mêmerépugnanceque les modernesà répéterles mêmesidées, voire
les mêmes formules,dans des contextesplus ou moins semblables;
l'exempledes poèmes homériques- qui restentun modèle stylistique
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XÉNOPHANE 91
32
àvoiiiaç xar' aÙTÙvèXoyonoÍTjaav). Ainsi, les actionsqu'Homèreet
Hésiode prêtentà leursdieux sont blâmablesen tantque contrairesaux
lois humaines33,et seulementà ce titre.Rien d'étonnant,dès lors,à ce
que les «crimes» relevésici par Xénophanesoientďordre social plutôt
que spécifiquement moral: ce n'estpas la frivolité, la cruauté,l'injustice,
l'indifférencede ces dieux à l'égarddes hommesqui retiennent son at-
tention,mais bien ceux de leurs actes qui tombentdirectement sous le
coup de la loi ou sapent les fondements de la société,vols, adultères,
fraudes,méprisdes liens et des devoirsfamiliaux.Le critèreessentielle-
mentsocial sur lequel est fondéecettecritiqueest encorenettement per-
ceptibledans les motsòveíSeaxal (jjóyoç(B 11,2), qui ne peuventpas ne
pas rappelerle rôle primordial, dans les conceptionsmoralesde la Grèce
archaïque,de la sanctionprononcéepar l'opinionpublique((prißrj, 8r)ßov
(pàiLç)34.
Si cetteanalyse est exacte,on aperçoitl'importante conséquencequi
s'en dégage: c'est que la critiquexénophaniennede la théologiedes
poètes (B 11-12), le plus souventconfondueavec le critiquede l'an-
thropomorphisme (B 14-16, 23-26), ou considéréecomme un simple
complément, aspect particulierde celle-ci35,doit en réalitéen être
un
soigneusement distinguée,s'il est vraique le critèresurlequelXénophane
appuie la premièreest celui de la moralitéet des lois humaines.Cela
semble impliquerque sa conceptionde la divinitérested'une certaine
façonanthropomorphique, ou encorequ'il récuse,commeon l'a souligné,
un anthropomorphisme grossierau nom d'un anthropomorphisme plus
raffiné,dans le domaineéthique36.Dans ce cas, on seraitamené à con-
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Philosophical , 2 (1952),repris
Quarterly dansStudies inPresocratic Philosophy, I, ed.by
D. J.Furley andR. E. Allen,Londres, 1970,p. 94,n. 8 : «Mytranslation ofeù<ppovaç
(«pious»)differs from theusualrenderings..., butisjustified bothbythecontext andby
suchusageas inAeschylus, Choephoroi 88,nùçeuypov' eïtzoj,
nùçxazEÚÇofiai.» ; Lid-
dell -Scott-Jones, s.v.,III, citeégalement Eschyle,Suppl. , 378,oùS'au zóS'eucppov,
záaS' ázLfiáoai, Xizáç,en faisant ďeuypov l'équivalent ďeúqrqpov ; mais,outrequeces
deuxexemples, au neutre, ne sontpas comparables à remploidu masculin chez
Xénophane, etn'autorisent nullement la traductionpar«pieux»,l'adjectif n'yparaît pas
éloigné de sa valeurhabituelle («heureux», d'où«de bonaugure»). Ziegler(cf.ci-
dessus,n. 37), p. 293,affirme, sansplusde preuve, qďeúfppajv estici l'équivalent de
adjxppcjv.
44Cf.enparticulier II. 15,99 ; Od. 9, 6 ; Solon 3, 10(Diehl); Anacréon, 96,4
(Diehl),citéparAthénée immédiatement aprèsle poèmede Xénophane, ainsique le
fragment 2 (Diehl)d'IoNde Chios,où l'ontrouve le synonyme <pdo<ppoaúvr] (v. 8 ; cf.
aussiun autrefragment symposiaque du mêmeauteur, 1, 11,eôvpooúvai, BaXLai et
xópoc). VoirDefradas,ibid.,p. 357.Comparer d'autre part,la phrase introductrice de
l'élégiechezAthénée (oupnóoiov ... nXfjpEç
ôvrcáorjçBufirjSíaç),dontona supposé qu'elle
paraphrasait lespremiers vers, aujourd'hui perdus, cf.Bowra,ibid.,p. 1,reprenant une
suggestion d'Edmonds (on comprend mal,dèslors,quele même commentateur puisse
écrire unpeuplusloinque le poèmede Xénophane se distingue de touslesautres du
même genre parsonabsence totale d'enjouement : «He stresses theseriousness butbot
thegaiety oftheoccasion ... X. omits toanysuchgaiety,
references andhisomission can
hardly be accidental», pp. 10-11; il fautdireplutôt qu'ontrouve ici le mélange de
sérieux etd'enjouement quisemble la loidugenre, cf.le poème élégiaque anonyme cité
parBowra lui-même - quienometpourtant le passage le pluscaractéristique : xPV$ >
özaveiç tocoûto ouvéXOcjfjLEvcpíXoL ãvSpeç' npãyfia, yeXãvtzolíÇelv xpijovpévouç
à perft,
I ijSeaOaíreouvóvzaç, èçàXXijXouç te(pXuapeïv,' xaioxúmeiv roiaOd' ola yéXcjza
I 7/ Sè (jnouSrjènéadoj
(pépEL. , àxoùajpév zeXeyóvzojv èfifiépEL... (Lyrica adespota 21,
4-8 Powell) ; la ressemblance avecle «banquet» de Xénophane estfrappante).
45On peutpenser, il est vrai,que Xénophane réinterprète certains termes du
vocabulaire religieuxou moralen fonction de ses propres conceptions éthiques (cf.
Vlastos,ibid.; Diels-Kranz,remarque dansl'apparat critique à proposdu v. 20 ;
Reinhardt, Parmenides, pp.128-131); maisrienneprouve, précisément, quecesoitle
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CRITIQUEDES POÈTES
XÉNOPHANE 95
Voirégalement
cas poureù(ppu>v. Defradas,ibid.,p. 357: aprèsavoirnotéqu'enun
sens
premier ewppovaç ne
ãvSpaç désignerait pasautre choseque«lesjoyeux convives»,il
ajoute: «maiscette se trouve
expression iciplacéeentre Oeòv eteù(pwoiç
ú/ivelv nùQoiç:
comment nepaspenser aussià l'autre sensďeúfppojv,«celuidontla pensée estsaine»,
celuiquiestcapable ďeuçjpoufîv»? Répétons,pourtant, qu'ilestdifficile
dedéterminer le
sensd'unmotd'aprèsle contexte quandcelui-ci estjustement ambigu ; de plusetsur-
tout,le sensindiqué pourevcppojvnesemble attestédansaucunexemple, endehors du
versde Xénophane.
46Voirégalement Herter(ci-dessus, n. 38), pp. 35-36.
47àjçf¡(Defradas,ibid 1,p. 349,n. 2 de la p. 348)n'esteneffet possiblequ'avecla
correctiondeDiels(la mémoire nemetpasenmesure, à elleseule,de«faireentendrede
belleschoses»...).
48Cf.Reinhardt, Parmenides, p. 132,n. 2 , T. W. Allen,Revuede Philologie ,8
(1934),p. 239.
49Cf. Defradas,ibid.,p. 349, n. 1.
50Cf. R. Kühner -B. Gerth,Ausfuhrliche griechische Grammatik , 4' éd., II,
Leverkusen, 1955,pp. 566-567,k.
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XÉNOPHANE
CRITIQUEDES POÈTES 101
politically
unprofitable». En senscontraire, Defradas,ibid.,pp. 361-2: «Ces récits
donnent des dieuxuneidéefausseet nousrejoignons l'idéesurles dieuxexprimée
parX ... Il n'ya doncriende«bon»(xptjotóv)
ailleurs danscesfictions».Maisledétail
dutexte- notamment lajuxtapositiondesmythes etdescrcáataç
religieux acpeSaváç-
nejustifie
pas cetteinterprétation,qui s'appuie exclusivementsurlesvers13-14,tout
comme celled'A. Lumpe, Die PhilosophiedesX. vonKolophon , Munich, 1952,p. 44
(«Die EthikdesX. istabernicht nurpolis-bezogen ; sieistletzlich fundiert.
religiös Die
GöttersollmanbeimMahlepreisen (fr.1, 13sq.); deshalb sollmanauchjeneGesänge
meiden, die deráperr¡ nichtförderlichsind(v. 19-24)».
77Cf. Untersteiner, Senofane, p. 107,citant Bowra,EarlyGreekElegists , pp.
126-7.VoiraussiBowra,Problems inGreek Poetry, pp.9-10: «... wemight think
that
X. disapprovedoftheseancient themes because they castdiscrediton thegods.Sucha
conclusion receives somesupport fromthe last lineand agreeswithhis known
opinions».
78Comparer le fragment d'Euripide citéci-dessus, n. 68, danslequelle critère
dela critique
politico-social xénophanienne desmythes traditionnels
estexpressément
af-
firmé.
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(avecojáoiaç,cf.leparallèle
estbienlemotimportant
ßdxcu; n.68!), etnon
d'Euripide,
et Kevravpcjv.
i LyávTOjv
Tltyivojv,
85Cf.Reinhardt, , p. 133; W. Nestle,VomMythos
Parmenides zumLogos , Stut-
1942,p. 87.
tgart,
86Herter,ibid.
, p. 46.
87Dichtung 2, p. 374.
undPhilosophie
18Voirci-dessus,p. 93 et nn. 41-42.
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102M. Valgimigli,
citéparUntersteiner, Senofane, p. 71.
103AcadémicaII, 118 et De natura
deorum I, 11,28: 21 A 34 D.-K.
104Gudeman, Sykutris, citésparUntersteiner
Rostagni, et Lucas,ibid.
105Cf. Lucas,ibid.,p. 239.
106Cf.Untersteiner, à Zeller-Nestle,Phil,derGriechen
p. 72,renvoyant , 1,l6,
p. 643, n. 1.
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CRITIQUEDES POÈTES 109
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'
quelque façon Xénophane.Les «amours coupables» (Xéxzp ä ¿¿77 dèiiiç)
évoquent à la fois la mention des adultèresdivins dans B 1 1 et 12 ißoc-
xeÚEcv) et celle des àOeiLiatiaIpya dans le second de ces fragments uo.
L'allusionà l'enchaînement des dieuxpar d autresdieuxfaitévidemment
penserà l'emprisonnement de Cronos par Zeus ni, donton a des raisons
de croire qu'il figuraitparmi les mythesexpressémentdénoncés par
112
Xénophane . Les «misérablesinventionsdes poètes» {âocScovSúarr]voc
Xóyoc ) doiventêtrerapprochéesnon seulementdes «inventionsdes an-
ciens» ( nXäaßaTctTwv nporépùjv B 1,22 D.-K.), mais plus généralement
des polémiquesacharnées du vieux poète satiriquecontreses prédé-
cesseurs,Homèreet Hésiode en tête.Enfin,il est difficile de ne pas faire
remonter égalementà Xénophane,mêmeen l'absence de toutfragment
parallèle,les deux idées connexesqui apparaissentà la findu texte: un
dieu ne peutêtrele maîtred'un autredieu, car la divinité,si elle mérite
vraiment ce nom,est totalement exemptede besoin.On ne peutéviter,en
effet,de fairele rapprochement avec un témoignagedu Pseudo-Plutarque
qui attribueà Xénophaneexactementle mêmeraisonnement : «au sujet
des dieux,d'autrepart,il déclarequ'il n'y a pas de hiérarchieentreeux ;
car il n'estpas liciteque l'un des dieuxsoit soumisà un maître,et aucun
d'eux n'a un besoin quelconque de quoi que ce soit» 113.
Mais l'intérêtdu passage n'est pas seulementde regrouperles prin-
cipauxaspectsde la critiquexénophanienne des poètesque nous avaitfait
découvrirl'étude des fragments.11confirme, par là même,le caractère
à
multilatéralde cette critique, laquelle on a souvent prêté une
signification unilatéralement théologiqueou religieuse.Mais surtout,il
permetd'en mieux comprendrele sens profond,d'y découvrirune
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CRITIQUEDES POÈTES
XÉNOPHANE 111
114Cf. ci-dessus,
pp. 91-92et 105.
115Cf. Untersteiner, ibid.,p. cxxxii.
116Surl'importancedeceyàp(malheureusement escamoté
dansla traduction
dePar-
voiraussiC. Corbato,Studisenofanei
mentier), , dansAnnali , 22 (1952),p. 62
triestini
du tiréà part(citéparUntersteiner, ibid.,p. 149).
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117Cf. ci-dessus,
pp. 91, avecnote36, et 105.
118Cf.parexemple Reale (ci-dessus, n. 13),p. 78 : «A noiparecheproprio in
questosia la grandezzadi Senofane : nelTaverosatodistruggere quantostoriae
tradizione infunzione
giustificavano, di unsuperiore«dover essere»(soulignéparmoi);
J. KerschENSTEiNER,Kosmos. Quellenkritische Untersuchugen zu denVorsokratikern,
Munich,1962,pp.84-5: «Voneinem hohen, kompromisslosen Ethosgetragen,führter
einenerbitterten
Kampf gegendie mythischen Vorstellungendes Epos(B 10-16),an
deren LehrevonderGottheit
Stelleereinereinere fordert (vgl.B 1, 13f...)undselbst
verkündet(B 23-26)».
119Voirci-dessus,p. 91.
120Cf.von Fritz(ci-dessus, n. 67), col. 1547: «... das logische
Element in X.s
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XÉNOPHANE
CRITIQUEDES POÈTES 113
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XÉNOPHANE
CRITIQUEDES POÈTES 115
pas licite ou n'est pas conformeà la piété ( oùx ôolov) qu'un dieu soit
soumisà la dominationd'un autredieu, Xénophanen'affirme donc pas
une positionthéologiqueoriginaleni ne se réfèreà une foi ou une piété
personnelle - pas plus que dans les anecdotesrapportées par Aristote-
mais se contente,une fois encore, de faire ressortirl'absurditédes
13
croyancestraditionnelles1.
On aperçoitmaintenantles conséquencesqui se dégagentde cette
étude quant à l'orientationgénéralede la pensée de Xénophane.Con-
trairement à l'interprétation courante,ce n'est pas un critèred'ordre
ou
éthique religieuxqui commandela critiquede la religiontraditionnelle
et par voiede conséquencele rejetde l'anthropomorphisme 132,mais in-
versement,la critiquede l'anthropomorphisme, fondée sur un critère
logique et rationnelet menée d'un point de vue purementintellectuel,
conduitnécessairement à rejeterla théologietraditionnelle, codifiéeen
quelque sortepar les poètes,Homèreet Hésiode en tête133 . On en con-
clura que ce n'est pas en «théologien»,en «réformateur religieux»que
Xénophane s'attaque à la religiontraditionnelle, mais bien,plutôten
polémiste,promptà mettreen question les idées ou les valeurscom-
munémentacceptées.
Il fautenfinajouterune remarquequi nous ramèneraà notrepointde
départ,puisqu'elleconcernel'attitudede Xénophaneà l'égarddes poètes.
La critiquede la théologien'est pas la cause, mais bien la conséquence
ou l'une des manifestations privilégiéesde cetteattitude.Ce n'est pas en
tantque théologiens,mais en tantque poètes,c'est-à-direen leurqualité
de représentants les plus éminentsde la culturegrecqueque Xénophane
prendHomère,Hésiode ou d'autrespour cibles de ses attaques- tout
875, Xénophon, Anabas e III, 2, 13; Hymne homérique à Déméter , 365, et surtout
Euripide, Hipp.,88 (Oeoùç yàpSeanôraç xaXeïvxpecjv) ; Seanóral àyadoichezPlaton,
Phédon, 63 c et69e (autres référencesdansZeller, I5,p. 526,n.5). Voirégalement les
textes
duDe Melissoetde Simplicius citésci-dessus, n. 113,notamment 977 a 27-28
(toOto
yàp0EÒV xaldeov Súvaficveivai,xparelv,àXXà 'ii)xpaTEÏoOai, xainàvrojv xpàxicrcov
eîvaù,977 a 31 (netpuxèvcu - cf.Héraclès , 1344! - yàptò OeÏov et
firjxparEÏcrOcu),
comparer Ménandre,fr.223,3(Koerte) : tò xparoõv yàpvõvvouíÇetgíl deòe.
131Pourl'interprétationhabituelledela phrase duPseudo-Plutarque, voirparexemple
Corbato(ci-dessus, n. 116),pp.49 et59,etUntersteiner, p. clxxxviisq.,avecla
note79 ; Dreyer (ci-dessus, n. 36), p. 21, n. 59.
132Cf.notamment Jaeger(ci-dessus, n. 15),p. 57 sq.,Deichgräber n.
(ci-dessus,
12),p. 28 sq., Dreyer,ibid.
133Cf. Heitsch(ci-dessus, n. 28), p. 216.
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XÉNOPHANE 117
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