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REMITA A/R CHAPITRE III : MIGRATIONS DES HYDROCARBURES

CHAPITRE III : MIGRATIONS DES HYDROCARBURES

III- Migrations :
Les hydrocarbures vont quitter la roche mère et rejoindre une formation poreuse perméable. Au
cours de leur déplacement, ils peuvent rencontrer une structure d'origine tectonique et / ou
stratigraphique permettant leur accumulation. On appelle migration le déplacement des hydrocarbures
à l'intérieur des formations géologiques.
On distingue :
 La migration primaire : qui concerne la sortie de la roche mère vers la première formation
poreuse perméable rencontrée. Elle est étroitement liée à la genèse des hydrocarbures et
concerne des distances de l'ordre de la centaine de mètres.
 La migration secondaire : qui se produit au sein de roches poreuses perméables et peut
concerner des distances beaucoup plus importantes (jusqu'à quelques centaines de kilomètres).
Les mécanismes responsables de la migration ne sont pas tous clairement élucidés. La pression de
confinement, la faible densité des hydrocarbures, les gradients de pression de pores, la faible
interaction des hydrocarbures avec les roches (en général, les roches sont mouillées par l'eau de
formation) et des phénomènes d'adsorption (rétention d'un fluide par un solide) jouent des rôles
importants.
Les migrations seront fonction des caractéristiques pétro physiques des roches, elles seront
facilitées par l'existence de voies naturelles (passées détritiques perméables formant des drains pour les
transferts latéraux, micro fissures et fractures pour les déplacements verticaux).
III-1- Migration primaire :
La migration primaire ne débute qu'à partir d'un certain stade de transformation du kérogène.
Elle fait intervenir des forces qui permettent à des fluides de sortir d'une formation quasi imperméable.
Le déplacement des hydrocarbures au sein de la roche mère sous forme de bulles et de
gouttelettes est conditionné par le diamètre des produits transportés, par le diamètre des pores et de
leurs communications ainsi que par les phénomènes de pression capillaire. Le libre déplacement n'est
possible que si le diamètre des gouttelettes est inférieur à celui des étranglements (au delà, les forces
capillaires à vaincre étant trop importantes).
Les hydrocarbures vont du méthane dont les molécules ont un diamètre de l'ordre de 4 Å
(Angström) aux composés lourds avec des diamètres de 50 à 100 Å. Le diamètre des pores des argiles
est de l'ordre de 50 à 100 Å aux environs de 2 000 m de profondeur et inférieur à 50 Å au-delà.
Il est donc peu probable que la différence de densité existant entre les eaux de formation et les
produits libérés du kérogène soit responsable du déplacement d'une quantité importante
d'hydrocarbures.

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Une partie des hydrocarbures pourrait être évacuée en solution dans les eaux de formation au
cours de la diagenèse. Cependant, la genèse des hydrocarbures liquides se situe à des températures de
l'ordre de 50° à 150°C, ce qui correspond généralement à un degré de compaction avancé, la plus
grande partie de l'eau initialement contenue dans la roche mère (à l'exception de celle provenant de la
transformation des smectites en illites) est déjà expulsée.
Les zones d'argiles sous-compactées, en retardant l'expulsion de quantités importantes d'eau à
des profondeurs où les températures sont plus élevées et proches de celles correspondant à la genèse de
produits liquides, pourraient favoriser certaines migrations primaires.
Lorsque la saturation en huile dans la roche mère atteint 30 à 50 %, l'eau interstitielle est
généralement structurée et mouille les parois des pores. Ces conditions permettent, sous l'action d'un
gradient de pression, un déplacement de l'huile en phase constituée.
La formation d'hydrocarbures à partir du kérogène entraîne une augmentation de la pression au
sein de la roche mère due à l'expansion de l'eau interstitielle et à l'augmentation du volume des
hydrocarbures sous l'action de la température. Lorsque cette pression de confinement devient
supérieure à la pression de fracturation de la roche, des micro fissures vont s'ouvrir et permettre aux
hydrocarbures de s'échapper. Les micro fissures se referment dès que la pression au sein de la roche
redevient inférieure à la pression de fracturation. Ce phénomène serait fonction de la richesse des
roches mères en kérogène.
La migration du gaz se produit probablement de façon différente de celle de l'huile et le
passage en solution dans l'eau jouerait un rôle dominant. La solubilité du méthane dans l'eau augmente
rapidement avec la pression. D'un autre côté, il peut dissoudre jusqu'à son propre poids
d'hydrocarbures liquides à des températures supérieures à 90° C et à forte pression, cela introduit la
possibilité de migration d'huiles légères en solution dans le gaz.
En définitive, à des profondeurs inférieures à 1 500 m, le méthane pourrait migrer en solution
dans l'eau, avec éventuellement quelques hydrocarbures plus lourds. Au-delà de 1 500 m, dans la zone
de la fenêtre à huile, la migration des produits liquides se ferait principalement en phase continue par
microfissuration de la roche mère. A des profondeurs encore plus importantes, les mécanismes faisant
intervenir les dissolutions de liquides dans le gaz sont à envisager.

Remarque : Les phénomènes d'adsorption jouent un rôle important. Les résines et les
asphaltènes ont tendance à être retenus dans la roche mère, alors que les hydrocarbures saturés et les
aromatiques sortent plus facilement.

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III-2- Migration secondaire :


Lorsque les hydrocarbures ont quitté la roche mère et rejoint une formation poreuse perméable,
plusieurs cas peuvent se présenter :
* Si une fermeture permet le piégeage des hydrocarbures à proximité de la roche mère, il n'y a pas
réellement de migration secondaire. Il se forme une accumulation d'hydrocarbures sur place et l'on
parle, dans ce cas, de piège primaire ou de réservoir-piège (figure VI.5).

FIG. VI.5 Exemple de piège primaire


* Si la formation perméable permet le déplacement des hydrocarbures : il y a migration secondaire.
- Si les hydrocarbures rencontrent un piège au cours de leur déplacement, il y aura une
accumulation et formation d'un gisement (figure VI.6).

FIG. VI.6 Exemple de migration secondaire avec formation


d'une accumulation d'hydrocarbures
- Si les hydrocarbures ne rencontrent pas de piège au cours de leur migration, ils vont atteindre
la surface du sol, disparaître par évaporation et / ou être détruits par oxydation. Dans ce cas, on parle
de dismigration (figure VI.7).
Au cours du temps, une accumulation d'hydrocarbures peut être modifiée ou détruite par des
mouvements tectoniques, entraînant de nouvelles migrations et la formation de nouvelles
accumulations ou des dismigrations.

FIG. VI.7 Exemple de dismigration


Les migrations secondaires entraînent les hydrocarbures vers des zones où les conditions de
pression et température sont plus faibles que celles existant dans leurs zones de genèse.

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III-2-1- Mécanismes et critères influençant la migration secondaire :


La migration secondaire des hydrocarbures est conditionnée par des mécanismes physiques,
(différence de densité des produits, hydrodynamisme et pression capillaire) et chimiques. Ces
mécanismes sont influencés par la sédimentation et par la tectonique.
Ces différents mécanismes vont se combiner. Dans certains cas, leurs effets vont s'ajouter et
amplifier la migration ; dans d'autres, ils vont s'opposer et réduire ce phénomène.
III-2-1-1- Mécanismes physiques  :
• Les hydrocarbures peuvent migrer, en phase constituée, indépendamment des aquifères dans
lesquels ils cheminent essentiellement du fait de la différence de densité. Les séparations sont
d'autant plus rapides et franches que les différences de densité sont grandes.
• Cependant, la circulation des aquifères et les gradients hydrodynamiques vont influencer les
migrations et leur direction en facilitant ou en contrariant les déplacements (figure VI.8).

FIG. VI.8 Influence des gradients de pression hydraulique sur le piégeage


des hydrocarbures dans un anticlinal

• Les migrations sont liées aux caractéristiques pétrophysiques des roches (perméabilité, valeur des
pressions d'entrée des fluides dans la roche ou pression capillaire). Pour se déplacer dans le
réseau poreux, une gouttelette d'hydrocarbure doit, si son diamètre est plus grand que celui de
l'espace à traverser, subir une déformation d'autant plus importante que la différence des
diamètres est grande.
Les forces capillaires tendent à s'opposer à la migration des hydrocarbures par différence de
densité et par effet hydrodynamique.
III-2-1-2- Mécanismes chimiques : Les migrations des hydrocarbures à travers des roches peu
poreuses et peu perméables peuvent entraîner, par rétention sélective, des variations dans leur
composition chimique. On constate, au cours de la migration, un accroissement du pourcentage des
composés non polaires par suite de l'adsorption des composés polaires de l'huile sur les interfaces huile
/ matrice ou huile / eau. Elles provoquent, notamment à travers certaines roches, un alourdissement des

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bruts s'accompagnant d'une augmentation de la teneur en soufre. En dernier lieu, ce mécanisme peut
entraîner la substitution de l'eau de formation par l'huile comme fluide mouillant.
III-2-1-3- Influence de la sédimentation : Suivant les conditions régnant pendant le dépôt des
sédiments et pendant leur diagenèse, la géométrie du réseau poreux de ces roches sera différente.
Suivant les cas (série régressive ou transgressive), les migrations peuvent être favorisées ou
contrariées.
III-2-1-4- Influence de la tectonique  :
Certaines structures tectoniques (plissements, failles, dômes de sel, etc.) peuvent influencer les
migrations et leur direction. Par exemple, les failles peuvent constituer d'excellentes voies de migration
ou, au contraire, arrêter les déplacements. Le pendage des couches aura également son importance.
III-2-2- Principales directions de migration :
Les migrations secondaires peuvent se produire latéralement lorsqu'elles empruntent les strates
ou verticalement lorsqu'elles empruntent des voies de passage perpendiculaires aux strates.
III-2-2-1- Migrations latérales :
Elles se produisent au toit des couches continues et perméables, au contact de couvertures
imperméables. Ce type de migration est responsable du déplacement des hydrocarbures sur de grandes
distances.
Les migrations latérales peuvent entraîner un piégeage différentiel des hydrocarbures (cas d'une
succession de plis anticlinaux, de récifs) (figure VI.9).

FIG. VI.9 Exemple de piégeage différentiel


III-2-2-2- Migrations verticales :
Le mécanisme des migrations verticales consiste à imbiber directement les réservoirs situés de
part et d'autre des roches mères ou à traverser les couvertures et / ou les autres roches imperméables
qui les surmontent. C'est un processus proche de la migration primaire (figure VI.10). Ces migrations
ne peuvent se produire que lorsque la pression des hydrocarbures est suffisamment élevée pour vaincre
la pression de confinement, ce qui devient possible soit par une augmentation de la pression des
fluides, soit par une diminution du confinement, notamment sous l'action des forces tectoniques.

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FIG. VI.10 Schéma de migration verticale à travers des couvertures argileuses


La migration verticale peut se faire par voie ascendante ou descendante.
a) Migration par voie descendante : Les hydrocarbures formés dans les séries transgressives ont
tendance à migrer par voie descendante sur de faibles distances et à alimenter des pièges
stratigraphiques.
b) Migration par voie ascendante : Ces migrations se font à travers les couvertures, le long de failles,
de fractures ou de fissures qui jouent le rôle de drains.
Les failles sont souvent à l'origine de dismigrations. Elles peuvent aussi constituer des barrières
efficaces aux migrations, permettant des accumulations d'huile, mais plus rarement de gaz.
En l'absence de failles, les zones faibles de la couverture sont à l'origine de fuites si leur
pression d'entrée est inférieure à la pression exercée par le fluide.
Les hydrocarbures migrent de cette façon d'autant plus facilement :
• Qu'ils sont légers (type de migration particulièrement important et fréquent pour les gaz),
• Que la pression d'entrée des fluides dans les roches constituant la barrière est plus faible.
Avec ce type de migration, on a tendance à rencontrer les hydrocarbures légers et les gaz dans les
couches supérieures, les huiles dans les parties plus profondes. La répartition verticale est l'inverse du
schéma habituel de la genèse des hydrocarbures.
Les migrations latérales et verticales sont souvent associées. Les premières accumulations
d'hydrocarbures se feraient par migration latérale. Puis, des fuites risquent d'affecter les couvertures et
d'entraîner des migrations verticales et des piégeages différentiels.

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