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(2015 -2024)
Contexte et justification
Plus de deux cent millions de personnes d’ascendance africaine vivent en Amérique, des
millions d’autres sont éparpillées sur les autres continents. Victimes de l’esclavage et de la
colonisation et de leurs cortèges de préjugés, ce sont les groupes les plus pauvres et les plus
marginalisés de la planète. Ils continuent d’avoir un accès restreint à l’éducation, aux
services de santé de qualité aussi qu’à un logement décent et à la sécurité sociale.
Diverses initiatives des Nations Unies ont été prises ces dernières années pour souligner ces
anomalies (Route de l’esclave, journée internationale contre le racisme, la Décennie des
peuples de l'Afrique du Sud contre l'Apartheid, l'Année internationale des peuples noirs en
2011..…). La dernière en date est la Résolution 68/237 votée le 18 novembre 2014- jour de la
dernière bataille livrée par l’Armée indigène contre les troupes coloniales françaises à St
Domingue pour l’indépendance d’Haïti- déclarant la décennie 2015-2024 « Décennie des
peuples d’ascendance africaine », débutant le 1er janvier 2015, date de la commémoration
en Haïti l’acte de l’indépendance émis le 1er janvier 1804
Cette décennie se veut un cadre pour la prise de mesures concrètes, en vue de l'élimination,
du racisme, de la discrimination, de la xénophobie, de l'injustice sociale, de l'exclusion dont
sont encore victime aujourd’hui les personnes d'ascendance africaine.
Un peu plus tard le GRIEAL, La SOFA, FANM YOLA, l’Université d’Etat d’Haïti, la Société
d’Histoire et de Géographie, le Centre Pétion Bolivar se sont alliés au Mouveman Sitwayen
pour faire écho de la Décennie à travers Haïti et dans le monde.
Faire d’Haïti, à l’horizon 2054, un pays uni, égalitaire, accueillant, respectueux des Droits
humains, Un pays ou règnent la paix, la justice et la sécurité. Un pays qui donne aux
haïtiennes et haïtiens des raisons de fierté et qui offre à tous le minimum vital, croyons-
nous
Aussi, pour ce faire, l’objectif poursuivi est le suivant : « 2054 N’ap ranmasé fos pou’n
rekonstwi Ayiti »
Sur cette base, nous puisons nos slogans dans les idéaux de nos ancêtres lors du premier
Congrès fondateur de la nation le 14 aout 1791 :« Tout moun se moun – Pa gen moun pase
moun » auquel nous ajoutons : « Tout moun dwe viv tankou moun ».
-Renforcer les actions et mesures garantissant le plein exercice des droits économiques,
sociaux, culturels, civils et politiques des nations noires
Reconnaissance
-Reconnaitre les valeurs et la contribution des peuples noirs dans le processus de
développement de l’humanité
Cette décennie offre un cadre opérationnel pour encourager les États à éradiquer les
injustices sociales héritées de l’histoire et à lutter contre les préjugés et les discriminations
raciales dont sont victimes les personnes d’ascendance africaine et un rappel des principes
du Pacte international des Droits économiques sociaux et culturels (PIDEC) voté par les
Nations Unies en 1966
Objectifs
Plus que jamais, nous sommes convaincus que la consécration par l ’Organisation des Nations Unies
de cette Décennie des afro descendants e comme celle organisée pour les peuples autochtones aux
fins :
« Il faut d’abord un renouveau de mystique haïtienne ayant sa source dans la plus grande fierté
raciale. Avoir conscience des possibilités de sa race et de poursuivre le rêve grandiose d’une
République Noire pouvant supporter avec succès la critique de nos détracteurs habituels »
affirmaient-ils
« Le renouveau doit s’accomplir Notre Histoire ne peut pas finir dans la boue. Nous avons rompu
avec l’Esclavage qui forgea la nation. Nous allons repartir sous l’œil des Pères avec l’idée de
continuer l’œuvre des Ancêtres selon leur grandiose idéal…. Nous voulons une Haïti forte, une race
noire forte et respectée, respectée parce que forte. Lorsque nous et notre race serons assez bien
équipés pour nous imposer au monde, nous le ferons alors par notre intelligence et notre
cohésion… ».poursuivaient-ils.
« La faillite de notre Pays est due à des idées frelatées, à tout un système politique avili par les
passions et les personnes. Il faut un autodafé de toutes ces vieilleries. Nous refusons cet héritage
d’égoïsme dogmatique et pontifiant qui se lègue depuis si longtemps de génération en génération.
Loin de nous attacher aux hochets d’une situation matérielle, soucieux des lendemains difficiles, nous
voulons travailler pour que ceux qui viennent après nous, ignorent nos inquiétudes, notre désarroi
actuel. proclamaient-ils.
« Il nous faut des IDEES. Il faut le COURAGE et la VOLONTE de SERVIR non la préoccupation de
s’enrichir ». *
*Ce texte a été republié récemment (2017) dans le dernier ouvrage de feu le professeur
Michel Hector : Une tranche de la lutte contre l’occupation américaine- Les origines du
mouvement communiste en Haïti (1927 -1936) pages 189 -203
I- Les commémorations
2021
14 aout 1791 Premier Congres fondateur de la nation à Bois Caïman dans le nord d’Haïti
par les insurgés noirs et la consécration du vodou et du créole comme éléments de
rupture et ciment idéologique de l’identité haïtienne
22 et 23 aout 1791 Premier grand soulèvement d’esclaves dans la plaine du nord pour
signifier le refus de la colonisation et de l’esclavage
2023
18 mai 1803, deuxième congrès fondateur de la nation réunissant des mutins, hauts
gradés de l’armée française (affranchis de vieilles souches et affranchis de nouvelles
souches) pour créer l’Armée indigène, désigner Dessalines chef de cette nouvelle
armée, créer le drapeau et déterminer la stratégie de bataille pour mettre fin à la
colonie.
18 -19 novembre 1803, Victoire de l’armée indigène sur les troupes françaises, à
Vertières, lieu de la dernière bataille contre la capitale coloniale, le Cap Français et
capitulation, reddition de Rochambeau comme chef de l’armée expéditionnaire
2024
Cette activité porte d’une part, sur les grands évènements historiques d’Haïti et des
peuples d’Afrique et afro descendants à travers le monde et présentation des principaux
visages de proue de la réhabilitation de la race noire. D’autre part, sur les mutations en
cours en Haïti tout en mettant l’accent sur l’identité On insistera aussi les socles de l’identité
haïtienne (plantes nutritives et médicinales, médecine traditionnelle, les mœurs et
coutumes, la langue créole, la littérature orale, des idées pour la re-fondation d’Haïti…).
Une place importante sera consacrée aux citoyennes et citoyens haïtiens qui, au cours des
années 1960 sont partis pour apporter leur concours à la construction de l’Afrique noire
indépendante
Deux préoccupations majeures faire connaitre aux haïtiens les personnalités et idées-forces
qui ont traversé la nation et les célébrités mondiales du monde noir et leurs actions.
Avec pour points d’appui les documents produits depuis le début du siècle d’une part, par
l’Etat haïtien Plan Stratégique de Développement d’Haïti ( 2012 -2032), d’autre part, de
différents groupements de la société civile dont Le Collectif de responsabilités citoyennes
(COREC) Livre ouvert sur le développement endogène d’Haïti (1999) ; le Groupe de réflexion et
d’action pour une Haïti Nouvelle (GRANH) ° Construction d’une Haïti nouvelle ( 2010), le
Consensus de Copenhague (2016) , on présentera une proposition pour 2054 concernant le
futur d’Haïti et ou chaque département identifiera ses besoins et priorités
Il s’agira aussi, de sensibiliser, motiver et mobiliser les jeunes des lycées et collèges à
participer aux activités et à se constituer en acteurs actifs pour rejoindre la Jenerasyon
Limye aux fins de concrétiser l’objectif de 2054 N’ap ranmase fos pou’n rekonstwi Ayiti ».
Centres-pilote pour promouvoir la culture haïtienne sous toutes ses formes (peinture,
sculpture, arts décoratifs, danses, musiques, rythmes …), le nouvel enseignement de
l’histoire nationale et de la littérature haïtienne en symbiose avec notre identité de peuple
afro descendant axée sur notre transplantation en Amérique et nos confrontations avec les
dogmes de l’occident chrétien
Ces premiers Centres culturels seront les lieux d’exposition du renouveau de l’enseignement
de la culture nationale et de l’histoire d’Haïti en vue de conforter une nouvelle citoyenneté,
d’une part, de promouvoir la solidarité, l’estime de soi, la prise de conscience du slogan
« Tout moun dwe viv tankou moun », d’autre part.
VI- Expositions sur la culture haïtienne, les visages de proue haïtiens et du monde noir
et production de spectacles culturels
Activités internationales
Il s’agit d’une part, de nouer des liens plus étroits avec les compatriotes de l’extérieur et
développer de meilleures relations avec les communautés des afro descendants des pays
d’accueil. D’autre part, de tisser des liens entre les Centres d’Enseignement Supérieur d’Haïti
et ceux d’ailleurs ayant en partage les études sur Haïti, la recherche sur l’identité, la culture
des communautés d’ascendance africaine, les grandes bibliothèques ayant un préjugé
favorable pour la promotion de la culture noire.
Des bourses d’études, des recherches conjointes, des échanges entre professeurs scelleront
des liens forts entre nos communautés et devront enrichir le patrimoine commun.
Avec les compatriotes expatriés, notamment celles et ceux regroupés dans les
organisations régionales, leur participation active aux ateliers sur le développement d’Haïti,
(2021), aux forums départementaux (2021, 2022, 2023) dans la mise en place du Comité
Régional de la Décennie et dans la détermination des projets d’envergure départementale
confirmera, une fois de plus, leur attachement au pays et la concrétisation de leur rêve d’
« habiter Haïti ».
« La mission de la génération de Toussaint Louverture, tel que l’histoire l’a imposée, n’était
pas plus facile que celle des générations d’aujourd’hui. Chose certaine, elle a lutté dans des
conditions particulièrement défavorables, à la recherche d’une voie de développement qui
harmoniserait les intérêts conflictuels des composantes de la nation haïtienne en formation.
Elle aura donné au peuple de St Domingue un Etat qui accélérait la formation de cette
nation. Serait-il inconvenant de nous demander quelle serait la mission des générations de
notre époque ? Encore faut-il que nous nous attelions à interroger, interpeller ; comprendre
l’espace historique de deux derniers siècles avec leurs succès et leurs revers, les fatalités et
les rendez-vous manqués. »
La tache semble difficile en ce début du XXIe siècle… Cependant l’occasion est belle pour
nous inviter à repenser les enseignements de nos luttes de libération, mais surtout pour
porter les héritiers d’aujourd’hui à trouver « une voix féconde à suivre pour tenter de nous
mettre d’accord sur un projet collectif de nation, prélude à une prise en mains effective et
responsable de nos destinées de peuple ».
La distance entre les intentions et les résultats donne la mesure du long chemin à parcourir
pour concrétiser le projet de développement national. Nous devons continuer à engager le
débat de la construction du développement dans tous les lieux ou il doit se dérouler, avec
des moyens adéquats de communication. Une alternative de développement requiert une
théorie et une perspective, mais c’est dans la pratique quotidienne des pouvoirs qu’elle se
construit véritablement.