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Problématique :
Quand et comment les différentes mémoires françaises de la guerre se sont-elles construites ?
Quel rôle pour les historiens?
Notions :
Collaboration, crime contre l'humanité, épuration, FFL, GPRF, Haute Cour de justice,
Malgré-nous, négationnisme, rafle du Vel d'Hiv, résistancialisme, STO, Vichy.
Mémoire et histoire sont deux représentations différentes du passé. L'histoire est une
reconstruction savante et incomplète, qui se veut objective et à vocation universelle alors que
la mémoire est subjective, affective et en lien avec le passé.
Rétablir l'ordre
Le GPRF rétablit le 9 août 1944 la légalité républicaine en annulant tous les actes de Vichy et
nomme des commissaires de la République. Il désarme le Résistance.
La mémoire gaulliste
La vision gaulliste met ainsi en avant le combat militaire des FFL et leur participation à la
victoire des Alliés (effacer la défaire de 1940) et l'unité de la France à travers la Résistance.
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L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France
Cette mémoire est mise en scène : création de l'Ordre des compagnons de la Libération,
célébration de l'appel du
18 juin, cérémonies au Mont Valérien où ont été fusillés 4500 résistants. Le
19 décembre 1964, les cendres de Jean Moulin sont transférées au Panthéon.
3. La mémoire revisitée
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L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France
La reconnaissance officielle par la France des crimes commis par l'État français
Le 16 juillet 1993, François Mitterrand assiste à la commémoration de la rafle du Vel'd'Hiv.
En 1995, Jacques Chirac dans un discours solennel reconnaît la responsabilité de la France
dans les crimes commis par le régime de Vichy, il parle de « faute collective ».
Les procès pour crime contre l'humanité vont contribuer à lever les ambiguïtés l'ancien
préfet de la Marne René Bousquet est assassiné en 1993 à quelques mois de son procès, Paul
Touvier (chef de la Milice) est jugé en 1994, Klaus Barbie chef de la Gestapo lyonnaise l'est
en 1997-1998, Maurice Papon, sous-préfet de Bordeaux pendant l'Occupation, en 1998.
4. La mémoire de la Shoah
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L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France
Les rares rescapés juifs veulent reprendre au plus vite le cours de leur vie. Le caractère
spécifique du génocide, 75 000 juifs de France ont péri, et la responsabilité de l'État français
sont gommés.
Le procès à Jérusalem d'Adolf Eichmann en 1961, où 111 témoins dénoncent son rôle dans la
mise en place de la « solution finale », provoque chez les juifs du monde entier une prise de
conscience de la spécificité de la Shoah et une volonté de l'affirmer devant la communauté
internationale.
Des associations comme l'Association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France
(FFDJF créée en 1979 par Beate et Serge Klarsfeld) organisent la traque des nazis, déposent
des plaintes pour crime contre l'humanité (imprescriptible depuis 1964) et obtiennent
l'ouverture de procès, mettant ainsi fin à l'impunité dont jouissent les responsables français et
allemands du génocide.
Le film Shoah de Claude Lanzmann en 1985, documentaire de 11 heures, provoque un
véritable choc et vulgarise l'utilisation du terme Shoah pour l'extermination spécifique des
Juifs.
La mémoire officielle
Le 30 juin 1990, la loi Gayssot condamne tout propos négationniste et en 1993, une journée
de commémoration des « persécutions racistes et antisémites » est instaurée le 16 juillet, date
anniversaire de la rafle du Vel'd'Hiv' (1942). La mission Mattéoli (1997) est chargée de mettre
à jour les spoliations des biens juifs et d'indemniser les familles.
En 2000, la fondation de la mémoire de la Shoah est créée et présidée par Simone Veil. En
2005 est inauguré à Paris le Mémorial de la Shoah avec le « Mur des noms » des 76 000
déportés.
A RETENIR:
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L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France
Le génocide des juifs de France est entré progressivement et difficilement dans la mémoire
collective.
Les historiens ont pris le relais des mémoires et continuent leur travail à partir des archives.
La mémoire reste cependant un Instrument politique.