puissance que quand Aristophane mettait sur la
sobne les grands tragiques. Le choeur ~ car il y @
un cheur, composé des géants de ls montagne ~
le dit en des termes sur lesquels je peux conclure :
Aina a scéne nous montre qu’en chacun le chemine-
‘ment du choix
Le changement de direction de evistence,
Se fit par arrachement au mécanisme de sot-méme,
Ex par un consentement secret
‘Ace qui contarie notre asance.
|
i
AHMED LE SUBTIL,
Scapin 84
Farce en trois atesAHMED LE SUBTIL
‘ou Scapin 84
Alain Badiow
até créée le 9 juin 1994
‘ala Comedie de Reims
puis reprise au Festival d’ Avignon
1 23 juillet 1994 au Cloftre des Carmes
Mise en scéne
“Assisté de:
Seénographie
‘Costumes
Assistée do:
‘Costumes réalisé sous la
direction de
Habileuse
Christan Schiset
Hine Halbin
cet Valérie Morefgneaux
Renaud de Fonainicu
‘Aanika Nilsson
‘Marie-Baith Simonneaux
ee ct
‘Sophie Bouileaux
Erhard Stiefel
Jacques Luley
‘Mafoud Abkonkh
Nathalie Charbaut
2 Christian Gras
‘Décor Ease par les ateliers de La Comédie de Reims
Peinture du décor
Christian Bouticaut
Distribution
Antoine
Camille
‘Abmed
Fenda
[Laurent Poitrensux
Cécile Pile et Gite Tortéolo
{enaltemance)
Didier Galas
Camille Grandville
Moustache: Jean-Philippe Vial
“Madame Pompestan : Loic Brabant
Rhubabe :Jea-Michel Guin
‘Lantere : Ere Bergeonneat
‘Sabine : Chloé Réjon
[Alexandre : Amaud Décarsin
Coproduston : La Comédie de Reims ct La Coursive,
Sete nationale
de La Rochelle en coralisation
‘vee le Festival Avignon 94.PERSONNAGES.
ans "ordre de sursssement
Antoine, us jeune ouvrie, fils Albert Moustache
‘ot amant de Fenda
Fenda, ouwiéeaficaine, mazese Antoine.
Moustache (Alter), contemaize, pred Antoine.
“Madame Pompestan, épués du aaa, femme de PD.
‘Rhubarbe, animateur socal, membre e la CTETT*
‘Lanter, maire de Sarges-les Corelle,
membre du 9qce***,
Sebine, éuamt en chimie fille de Lanere,
atressed’ Alexandre,
Alexandre, tertoriste du groupe Passion oblique,
‘amant de Sabine.
Lascéns et Sargerles Corneil, grande cit de anew.
* Le Pa epic pour assenblenent tle resent de
lara On it aul PERRI FS
Laclede etal eto esti
ies fe cgi cme emilee CBee
‘sea us question de au syd, ace ie asia CE-
tle) Conrtondeclaser tee gas
‘Pa dela quit venue fags (oni ase P-O-CEP.
ACTEL
seéne 1
Antoine, Camille. Sur un banc de pierre, dans la
‘grande cour centrale de la Cité. Pendant le début de
Ta scéne, on entend une sorte de hard-rock pateu,
issu du transistor que Camille a sur les genoux.
ANTOINE, Foutu merdier.
CAMILLE (trés nonchalante). Ousis.
ANTOINE. Comment vais-e me tirer de cette
merde?
CAMILLE, Ouais.
ANTOINE. Tu dis que tu as vu Moustache, mon
patemel, parler la mére Pompestan ?
CAMILLE, Ouais.
[ANTOINE. La mére Pompestan, qui est député du
Parti républicain pour le rassemblement et le
redressement de la France, le Pé-RRR-Fe, et qui
‘est la femme du vieux Pompestan, qui est Ie patron
de l'usine Capitou-Nuclée 0 je bosse ?
35CAMILLE. Od tu bosses, ous.
ANTOINE, Et le vicieux paternel aurait dit 81a
Pompestan qu'il fallat lourder Fenda de la boite ?
CAMILLE. De labotte
ANTOINE, Fenda qui est noire, qui est Ia plus
belle, qui est ma nana ?
‘CAMILLE. Ta nana, ouais,
ANTOINE. Et Moustache disait qu’l fallait aussi
faire expulser Fenda du territoire national, vu
au'elle avait des faux papiers ?
CAMILLE. Complétement bidons, les papiers.
ANTOINE, Et qu'il n’y avait pas & avoir les cho:
cottes en ce qui concerne Lanteme, le maire de
Sarges-les-Comeilles, vu que, quoique du Parti de
Ja qualité communiste francaise, le P-Q-CE-, il est
‘accord d'expulser tous les Negres clandestins ?
CAMILLE. Ouais, Et les Négresses clandestines,
ANTOINE, Ettu as entendu ces gravelures au bis-
wot?
CAMILLE. Au bistrot, ous
ANTOINE, Oi mon vicieux de pere Moustache
saplatissait devant la Pompestan ?
CAMILLE, S"aplatissait, correct.
36
ANTOINE. Et Moustache avait I'air d'un qui en
Sait un bout sur mes affaires avec Fenda ?
CAMILLE, Un bout de lard, ousis.
ANTOINE (arrétant brutalement le transistor).
‘Ah ! Laisse tomber Majestuous Brown Egg |
Cause un peu, ne te fais pas ter les vers di nez un
par un ! Jesus la proie de exaspération,
CAMILLE, Oh, oh! T'emballe pas, jeune homme,
Jai rien dire, vu que tu dis tout principalement
comme e’est. Tu n’oublies pas un bouton. Tues le
dictionnaire des Evénements fata.
ANTOINE, Dis-moi au moins comment me tirer
de cette merde profonde. Tu es cruel.
CAMILLE (toujours aussi nonchalante). Mais dis
‘moi, bel Antoine. Crois-tu que je suis ferme & bord ?
Ext-ce moi, ou Pinconnu du Nord-Express, qui
vvends ce que ta chérie fauche chez Capitou-
Nuclée ? Et qui lui a donné le joint pour les
papiers bidons ? Dis-moi plut6t comment me tirer,
‘moi, de ton merdier.
ANTOINE, Cet entretienbistrotier me succombe.
CAMILLE. Moi, il me fait gésir sure béton,
ANTOINE. Quand Moustache apprendra toute
extension de l'affaire, il va me pousser une
gueulante énorme.
CAMILLE. Les gueulantes ! Rien du tout, les
ueulantes. Si je men tirais d'un simple bruit
”{oreilles ! Ye vois se former de loin un nuage
‘card qui va crever sur mes épaules.
ANTOINE (ténébreux). Ga craint, Par ob sort de
‘ce merdier impénétrable ?
CAMILLE. I allait cogiter la chose avant de bai-
ser laNoire.
ANTOINE, Tu me fais crever, avec tes lesons
intellect
CAMILLE. Tu me fais braire, avec tes actions
amour, monsieur,
ANTOINE, Que puis-je connaitre ? Que dois-je
faire ? Que puis-je espérer?
Entre Ahmed.
scéne 2
Antoine, Camille, Ahmed.
AHMED, Vérole! Sire Antoine, vous n’avez pas
Tair dans vorre assiette. Vous étes blane comme
tun fromage, et agité comme une marmelade,
ANTOINE. C’est la merde, Ahmed. C'est la cata
strophe.
AHMED. Certainement.
ANTOINE, Tu sais déja tout ?
38
‘AHMED. Rien. Je sas ta figure. Ta figure est deja
‘une catastrophe.
ANTOINE. Moustache a vu madame Pompestan,
cet Lanteme est accord.
AHMED. Coguin | C'est de la politique !
ANTOINE, Gare A mes os, ou
AHMED, Jeune ouvrier @avenir | Confie-toi &
“Ahmed le Subii. Je mintéresse aux afairespoli-
tigues, oit vous, jeunes gens, trébuchez sur ape
sal de Sarges-Ies-Comelles.
ANTOINE. Ab ! Ah ! Aled ! Situ souvais quel-
‘que astuce, si tu montais quelque complot pour
re trer du merdier ob je sus, jete donneras, je te
donneras.
CAMILLE, Eh ben ?Tu ui donnerais quoi ?
ANTOINE (Pair mourant). Mes cassettes pirates
{du groupe Majestuous Brown Egg, tens.
AHMED. Je n’at travallé que pour a gloie, jeune
‘ouvrier talentueux ! Mon génie, Allah est grand,
servait& compenser ce que Tes gens honnétes tou-
vaient & redire & mon feint un peu basané. Les
ignorants appellent cela de Ia délinquance. Je I'ap-
pelle, moi, de la mathématique humaine, Je déclare
sans vanité que,
‘On entend un coup de fusil. Antoine et Camille
plongent au sol
»CAMILLE (coujours nonchalante). On nous tire
dessus
AHMED (qui n'a pas bougé). C’est le radoteur
des fenétres. Il fait sa grenaille de plomb contre
‘votre insupportable jeunesse. Debout les mors!
(Crest du grain pour les moineaux.
ANTOINE (towjours a plat ventre). Fumier de
‘chasseur ! Si je savais qui c'est!
AHMED. J'ai ma petite idée f-dessus. homme
{ui chie dans sa culotte de peau & abr des volets
‘obit trois conditions. Premiérement, la jeunesse
cst une insute& la misére bedonnante de sa vie, tant
‘publique que privée. Deuxitmement,I"Arabe est
pour lui toujours en trop cari fit a guere Algérie,
et ne comprend pas que je sois toujours Ia, dans une
native supériortéd’exisience, comparée a Son infor
tune. Troisiémement, il n'imagine pas qu’on puisse
‘dresser Ia parole & quiconque, hormis son chien-
Toup et son épouse adipeuse. Titez les conclusions.
CAMILLE. Que font les flies, au lieu de m'em-
‘merder, moi?
AHMED. Le fli le joumaliste, le syndicaliste
Te ministre ont excusé d’avance le plombeur des
Grages élevés, Il faisait chaud, notez bien. Vous
faisiez braller infect rock de Majestuous Brown
Egg, ne niez pas, Vous étiez en compagnie d'un
immigré. Chacun sit qu'il y ena trop & Sarges-les-
Comeilles. Quelle éme raisonnable placée dans ces
ciconstances atroces, refuserat de tire dans le tas ?
0
ANTOINE (se relevant). Et mon merdier, avant
{que je sois mort?
AHMED, Le gfnie est trop perséouté, Pai renoncé
4 tout depuis Ia peine que me fit une certaine
affaire.
ANTOINE, Quelle affire ?
AHMED. Une équipée oi j’eus des intrications
avec l'appareil dEtat, tant policier que judiciare,
voire pénitentisire.
ANTOINE, La te, toi!
AHMED. Jeus iy faire une villégiature
CAMILLE. Tu étais & Vombre ! On disait que tw
étais repartien Algérie!
AHMED, La police, la justice, e la péitentice, en
Uustrent mal avee moi. Je me Ievai contre 'ingrati-
tude du sicle, et je résolus dene plus rin faire de
génial, Allez ! Racontez-moi quand méme votre
embrouille.
Pendant le récit, Camille danse seule au son de
Majestuous Brown Eee
ANTOINE, Tu sais que regnent ici dans ls fagons
de la politique dune past Lantere, le maire PE-Q-
‘Cé-F, d’autre part la mére Pompestan, député du
PE-RRR-Fe?
AHMED. Aux législatives, la Pompestan triom-
pha, et Lantemne trépassa. Huit jours plus tard,
a‘municipales : Lanteme fait un malheur, la Pompes-
fan est au tapis, Sagesse du peuple électoral !
Areanes sacrés de alternance !
[ANTOINE. Mon pire Moustache, contremattre
‘chee Capitou-Nuclée, est du clan Pompestan. Lan-
teme, le maire, a une fille, u’étudie la science chi-
sigue.
AHMED, Sabine. Sabine Lanterne. On ne I'a pas
enlovée, au moins, Sabine ?
ANTOINE. Si, Ou plutét non. Mon ami Alexan-
Gre, qui ne fait rien, couche avec elle,
AHMED. Il couche ?
ANTOINE (désespéré). Il couche. Comme nous
sommes les plus grands potes dela terre, Alexan-
dre, qui ne fait ren, m’a fait le récit de son succés
total
AHMED, Eh bien ! fait au moins ga.
ANTOINE, Mais rien d’aue. I m'emprunta. ma
chambre pourl’y faire, et je dus peu & peu coucher
ailleurs,
AHMED, Sur ce bane public, avec ton fire de
rouge ?
ANTOINE, Non. Chez Fenda.
AHMED, Je vois. Laffaire est & un tournant
ANTOINE. Fenda, qui est noir, quest belle, et qui
travaille chez Capitou-Nuclée, est ma nana, Sa
a
supériorité de splendeur sur la pale Sabine est
tun sujet de controverse aigué avec mon ami
Alexandre, qui ne fait rien
AFIMED. Je ne vois pas 0 tu nous ménes, aver
cette eau de rose
ANTOINE. Deux tragiques événements vont te
mettre la puce a Vorelle. apprends aujourd'hui
‘que Moustache mon pére a vu la mére Pompestan
et "a rassurée du cOté de Lantern,
AHMED. Tuas dja dit, Abrége ta sctne d'expo-
sition, im veux bien,
ANTOINE, Bon, bon ! Moustache, qu ait que son
fils, moi, couche d'amour avec Fenda, ait qu'elle &
‘des faux papiers, et veut la faire expulser par I'en-
tremise de Pompestan, I Jui garantit que Lantern,
qui trouve qu’ily trop de Nogres non inserts sur
Tes listes électorales de gauche, ne bougera pas,
D’un autre o6t6 et parallélement,jarive inopiné-
rent chez moi
AHMED. Attends voir ga !Tu vas chez t
Inopinément ?
ANTOINE, C'est quilly ali Alexandre.
ANIMED,
méme
ui ne fait rien, c'est vai. Done
ANTOINE. J'arrive inopinément, accompagné,
est le point fatal, de Rhubarbe.
AHMED. Rhubarbe ! ’homme de la Confédération
de toutes les travalleuses et de tous es travailleurs !
4“Le barbu o6-1616-46-t6tste ! Lihomme @ le pipe !
Lautogestion marchande ! La qualité de la vie !
‘Tu fréquentes le linge tssé ala main, dis-moi, le
pantalon de velours des Alpes ! La chévre autogé-
xée des Cévennes !
ANTOINE. Pas un mot de plus ! Rhubarbe me
préte a tre le vendredi soir.
AHMED. Je m’ineline. Et que vois-tu d'inopiné
dans ton boui-boui ? Alexandre avec Sabine en
train de fare la chose ?
[ANTOINE. Pas la chose, hélas ! Quelque chose,
AHMED. Vérole !
ANTOINE. Il touillat sur ma table une grande
‘alise avec un réveille-matin dedans, et pas mal
Ge substances suspectes. Ahmed ! Ah ! Ahmed !
‘Alexandre, qui ne fit ren, fait des bombes !
[AHMED (qui n'a pas Pair surpris). Bah ! Blles
doivent re foireuses.
[ANTOINE. Se voyant pris linopinée, il se toume
sauvagement vers Rhubarbe, et ui profere cec,lit-
térelement : “Oui, je suis du groupe Passion
oblique. Si vous dites un seul mot aux poulets, je
‘yous déchiquette en confetts de rhubarbe.” Littéra-
lement, il ditga. Rhubarbe et moi, on reste transis.
AHMED, 0 parole fanatique ! 0 terorisme inter-
national ! Lihumain Rhubarbe ne mérite pas d°étre
‘bombing, non non !
ANTOINE, On sort de chez moi tout aussi inopi-
rément qu'on y était revenu,
AHMED, Et que dit Rhubarbe
ANTOINE, Il ne dit mot. Du moins out d’abord.
Nous marchions le long du canal, pensifs lui et
‘moi, Sa main délicate tremblait nerveusement en
allumant son éterelle pipe. Le soir descendait sur
Sarges-les-Comeilles $a mélancolique machine.
Ldlargissement de la cheminge de 'usine de Cap
ou-Nuclée m'évoquait la silhouette adorable de
Fenda, Nos pensées avangaient tacitumes, comme
{deux chevaux au labour d'un bétonramotli
CAMILLE (arrétant de danser), Oh, eb ! Taille un
peu dans le beurre, collégue. J vais @ fond la caisse
RRhubarbe a dans la téte de dénoncer Alexandre
LLanteme, et c'est d'une piere deux coups, vu qu'il
est maire, ici, et pere de Sabine, qui couche avee
‘Alexandre, Rhubarbe suppose gue la mairie econ-
‘aissante lui fera un local d’animation super. Dun
seul coup, i lu dra, & Lantern, que sa Sabine chi
mique est dans le plumard d’un terrorist. Cestle
premier os du jou. Le second est que Pompestan va
faire expulser Fenda,
AHMED. Deux jeunes couples brisés, le terro
risme intemational décapté, invasion aiicaine stop-
pée net, Evénements tranges ! Laliance sexuelle
rmultinationale du jeune ouvrier davenir et de la
noire etresplendissante Fenda jetée dans lexl! Es,
sous Ia méme conjugaison d’astres, la sexuelle
6
ftaccointance de la PQCF Sabine et du bombinateur
“Alexandre s"zchive & Fleury-Mérogis ! Oh ! Oh!
Feuilleton lacrymal moderne !
ANTOINE, Ajoute qu’ Alexandre mon ami, ne fai-
sant rien, n'a plus un rond, et ajoute encore qu'il
ne veut rien faire
CAMILLE. La fabrication de ses machines & péter
lui codte la peau des couiles.
ANTOINE. Ajoute encore que c’esten revendant la
fauche des composants électroniques chez Capitou-
Nuclée que Fenda, Camille et moi-méme subve-
nions aux besoins gigantesques d’ Alexandre,
AHMED. Vous voici done trésoriers directs de
Passion oblique !
CAMILLE. La Pompestan ne fera pas de détail
Lejuge est dans la poche de son tailleu.
AHMED, C'est tout? Vous appelez “imerdies” ces
pttes ficelies? Vous fouettez un chat de ces babio-
les ? Tu n'as pas honte, toi (Il se rourne vers
Camille.) de restr tel un gland pour ces chiures de
‘mouches ? Te voila pubére, mamelue, bien plantée,
et tune trouves rien sous tes cheveux teints en rose
pour vous trer d'affaire ? Lamentable époque ! Si
Von m'avait prié autrefois de rouler dans Ia farine
Pompestan, Moustache, Lantere, et Rhubarbe pat-
dessus le marché, j'aurais fait ca par-dessous la
jambe. Jéais un chiard au berceau que dit je savais,
faucher la tétine pour en faire un ballon dirigeable !
a
CAMILLE. Que veux-tu, on n'est pas des super-
‘géniaux, nous ! Tout le monde ne trouve pas aussi
jouissif que toi d’avoir sur le dos le policiaire, le
judiciaire, et le péniteniaize.
Arrive Fenda,
ANTOINE, Voici Fenda qui est belle, qui est
noire, et qui est ma nana,
CAMILLE, Et qui n’en a plus pour longtemps sur
Ieterritoire national
scéne 3
Fenda, Antoine, Camille, Ahmed.
FENDA. Mon joli ceurde figuie ! C'est vrai ce
«que Camille a én jactance, que Moustache ton pre
‘eut me renvoyeren Affique ?
ANTOINE (I'embrassant). Oh ! Ma sucrée ! C'est
la merde, Tu rs ! Pourquoi ces dents dinsuppor-
table éclat? Timagines-u qu'on te fait une farce ?
Oh ! Crois-tu que jai le flan de te metre en boite,
vvénérée capitoule du flewve ?
FENDA (elle parle towiours de fagontré précse et
élégante). N'as-tu pas dt Alexandre, tl un arta-
ban ls queue multcolore, que tu n'avais eure que
de ma couche ? Vous baisez, vous ronfez, et vous
voila enflés et craintfs comme des poules dea,
”ANTOINE. Si le mot “amour” se coince dans ma
plotte par son relent trop antique, crois-u que..
FENDA, Je ne crois ren, je constate et je pse vos
conciliabules de crocheteurs dames. L'homme
doit éte constaté et pesé par la femme jour apres
{our d’un point de vue hautement matériel
[ANTOINE, Ah ! Fenda ! Je ne suis pas, ni du haut
ni du bas, fait comme les jeunes flambards de ce
patelin,
FENDA. Tu feras bien, mon ventre pelucheux de
bbe tigre, ear je peux ’arracher un peu de figure
‘pour garder ce gu’ en restera. Mais la Pompestan
fanguée de Moustache dira au juge de m'emboiter
dans avion. Et que feras-tu,nigaud, 14 qui ne sais
‘méme pas faire “hou !”& une guichetiére syndiquée
de Ia Sécurité sociale ?
ANTOINE (exalt). La police, la justice et a péni-
tentice ne me feront pas dégonfier. Je partirai en
‘Afrique le jour méme, s'il le faut véritablement
‘ebsolumeni, plutt que de me passer de ton odeur.
‘Vai pris pour Moustache, Pompestan, Lanteme et
Rhubarbe une haine terrifique, Tous dans le méme
sac, ma Fenda | P'rai jusqu’a ne pas voter pour Ia
‘gauche, si ga continue. Ne ris pas, ne pleure pas,
{out est vai, eten avant !
FENDA. En avant vers ol, ma peau d'écorce de pal
rier ? Corument parer Ie coup que mijotent au
piment sévere tous les cuisiniers de Sarges-les-
‘Comeilles Tu peux me le dite ?
“8
i
|
|
'
i
ANTOINE (piteusement). IL y aura bien quelque
chose quis passe.
FENDA. Ca passe, et repasse, et passe encore,
‘mais toi tu as les bras ballants d'un gorille qui va 8
1Pécole primsire.
ANTOINE, La tu exageres. Tu vas m'énerver.
FENDA (('embrassant). Aller, jeune danseur chi-
mérique !
AHMED (a part). Elle est directement volup-
tueuse,
ANTOINE (montrant Aimed). Ce gats-lt pourrait
nous tirer du merdier, s'il voulait bien rempiler
dans la magouile
AHMED. J'ai juré sur la tte de ma mére que
Coup de feu. Tou le monde plonge au so, sauf Ahmed.
CAMILLE (2 plat venwre, tres nonchalante), On
nous etre dessus.
AHMED, C'est le méme pantin, Debout les morts!
[ANTOINE plat ventre). Tu veux te faire supplier
Allez, Ahmed, je te donnerai les cassettes de
Majestuous Brown Egg, et aussi une, et méme
sux, de Blue Eye of the Red Tiger.
AHMED. Et Fenda, elle donne rien ?
FENDA (se servant contre lui). Un peu de chaleur
de cuisse, grand flandrin.
~”ANTOINE, Oh! Eh ! C'est beaucoup !
AHMED (se dégageant). n'y a plus qu’
droit. Allez, je marche.
ANTOINE. Alors, je gamberge que.
AHMED. Ta gueule. Je commande. (A Fenda,
tendrement.) Vous, disparaissez dans votre parfum
d'ouvridre-cocotte ! (Fenda sort en souriant. A
Antoine.) Et toi, & Ventrafnement. Je vais te tester
{quant au muscle moral. Que vas-tu dire & ton pre
‘Moustache, s'il te tombe dessus ?
filer
ANTOINE, Je les ai & 26ro. Devant tout le monde,
Te mec Antoine est terrible. Mais devant Mous-
tache, y @plus personne. Ca doit venir de la petite
enfance,
AHMED, Laisse Herr Freud au placard, Si tu
ches au premier choc, il ’enfonce, il te sucre, et
‘adieu Fenda, Etudie la question. Fais la comédie
ddu gros dur. Annonce que tu vas lui meture la téte
‘au carré s'il touche & Fenda. Ces gars-Ia sont des
Tiches, dans le fond.
ANTOINE, Dur, c'est dur, Quel merdier !
AHMED, A entrainement, j'ai dit. Répétons les
‘estes, comme au foot. Vas-y, la gueule sombre, la
machoire serrée, & bloc, I'l frénetique.
ANTOINE. Comme ga?
AHMED. Encore plus coriace.
50
RN
ANTOINE. La, ca colle?
AHMED. OK. Mets-oi dans le erfne que je suis
Moustache qui arrive. Tu me réponds par la me-
race, comme sic’ était I
“Alors, petit futé ! Cochon de baiseur ! On se
croyait malin, hein? On s"imaginait coucher avec
tne putzin de Négresse sans que le patemel y voie
goutte ?On fauchait des rus chez. Capitou-Nuclée,
mes patrons, d’ol dpend que je passe de contre
maitre &archimaitre et maftre-élalon Tw Pas dans
Vos, mon coguin. Tu I’as jusqu’au trognon. Elle
vvagicler ta raclure. Au trou, d'abord, Et puis on te
Yemballe dans V’avion, aussi sec. Et qu'elle pour.
risse sous les cocotiers. Ah mais | Ils se eroient
chez eux, ces gens-l2 ? Ts vont nous tecouvrit
comme une invasion de punaises ? Tu rois que ti
vas fourrer une mousmé dans le lit de la mere
Moustache 2”
Allez, allez ! Riposte, nom d'un chien !
“Qu’est-ce que tu as dire, hein, Antoine Mous-
tache de mes deux !Je te Iai bien empaquetée ton
affire? Et situ me mets des bitons dans ls roues,
Je te fais sacquer oj aussi, Allez, dismoi ce que tu en
penses, de tom pére ? Jen ai encore entre les james,
‘mon views. La Pompestansn’écoutit comune on boit
‘du sirop. Qu’est-ce que tu réags ga?”
Eh bien ! Merde, alors ! Tu reste planté comme
‘un godet !
ANTOINE. C'est que tule fais au poll ! On croi-
nit Pentendre.
siAHMED. Evidemment, cloche ! C'est pour ¢a
‘qu'il ne faut pas prendre I'sir du crétn des Alpes !
{ ANTOINE. Bon, bon. Quel merdier! Cette fis, je
Jali coupe.
AHMED. Sérieux ?
ANTOINE. Sétieux.
CAMILLE, Ob, voila le pére Moustache qui s'améne,
ANTOINE, Vérole ! Je suis fout,
Antoine s’enfut
AHMED. Antoine, Antoine ! Tei! Le voila cara-
‘paté. Quelle asperge ! Enfin, sondons Moustache.
CAMILLE, Qu’est-ce que je lui dis, moi ?
AHMED. Rien du tout, Plus tu la boucles, mieux
crest
Ahmed entraine Camille vers le fond de ta scene,
@ of ilsobservent Moustache qui entre sur le devant.
scene 4
Moustache, Ahmed, Camille,
MOUSTACHE (se croyant seul). Madame Pom-
pestan a été tres aimable. Ga marche, Moustache,
sgamarche !
2
AHMED (4 part). Lest si farci de sa magouille
{qu'il cause tout seul comme un dément.
MOUSTACHE (idem). Antoine va filer doux. Ilva
trouver une belle petite poule blanche. Il est quali-
I deviendra chef, comme son pire.
AHMED (idem). Voyons un peu cette rumination,
MOUSTACHE (idem, faisant des gestes de boxeur)
Tene vois pas comment il peut parer ce direct du
droit que je lui flanque en douce.
|AHIMED (idem). Nous avons notre idée I-dessus.
MOUSTACHE (idem). Croitil que la parole dune
Négresse vaudra celle de madame Pompesten,
ddgputé du Pani républicain pour le rassemblement
de la France, le grand PE-RRR-Fe ?
AHMED (idem). Nous ne croyons rien d’aussi
erotesque,
MOUSTACHE (idem), Va-til me faire des larmes
«amour, ce petit coq ?
AHMED (idem). Ga se pourat.
MOUSTACHE (idem). Va-til me raconter des con-
neries et s'imaginer bourrer le mou & Moustache ?
AHMED (idem). Ca n'est pas au-dessus de nos
forces.
‘MOUSTACHE (idem). Rien n'y era. La machine
est lance par Moustache, rien ne V'arréte sur la
pente du droit chemin,AHMED (idem), On verra, on verra.
[MOUSTACHE (idem). Je suis chef, moi, je sais ce
‘que ai faire,
AHMED (idem), Chef de la voie de garage.
MOUSTACHE (idem). La Négresse retourners
racler larachide.
[AHIMED (idem). Cest toi qui seras ral
MOUSTACHE (idem), Et cette Camille, gui
revend Ia fauche, et qui doit droguer mon Antoine,
fu trou! Entre deux beaux CRS aux belles cusses.
CAMILLE (2 part). Ca m'aurait étonnée qu'il
n’ait pas prévu mon eas.
MOUSTACHE (apercevant Camille). Ah ah !
Vous voila, petite dépravation ! Voleuse latte !
[AHMED (s'interposant avee politesse). Monsit
‘Moustache, je suis trs content de vous rencontrer.
MOUSTACHE. Vous I’Arabe, fenez-vous & car-
reat, (A Camille,) Alors, on file la drogue & mon
fils ? On lui met une Négresse et une voleuse dans
son lt? Vous allez voir ga!
AHMED (s'interposant). On me dit que vos
talents sont reconnus, que vous allez éte promu
archimaitre chez. Capitou-Nuclée ?
MOUSTACHE (flatté quand méme). C'est bien
possible, (A Camille) On ne Ia raméne plus, hé ? On
‘écouvre qui est Moustache ?
st
AHMED (s'interposant). Monsieur Pompestan
vous félicite, madame Pompestan vous offre &
boire !Tonnerre | J'en sus sure flan,
MOUSTACHE (flatté quand méme), Ily aencore
{de bons Francais, monsieur le moricaud, Laissez-
‘moi tanner le cuir &cete fille
AHMED. Vous voulez lui tanner le cuir?
MOUSTACHE. Je veux i fie mores moles
par Pisedur mon chien, Vola ce qe eveun out
AHMED, Ses moles lle? Ls pois malls de
Camille? Pa Pisedur le foe, ot een?
MOUSTACHE, Et pourquoi non, monsieur le
basané ? pos . * ‘
AHMED. E pourquoi don, mens Moustache,
Sijene sus ps inert?
MOUSTACHE. Yous en 8s tus, des vin dis-
res, les faingante Atigue Tne sis pas co
qu'elle a fait, " ms
AHMED. Vous savez, on dit des petites choses, par-
i, par, me
MOUSTACHE, Des sites choses ? Une ding
de ce format ? aan
AHMED. Evidemment, on pourat dir.
MOUSTACHE. Une insécurté& ne pas mettre un
poisson rouge dehors ?
55AHMED. Il y a du vi
MOUSTACHE, Un honnéte gargon travailleur
‘qualfié, mon fils Antoine Moustache, capeuré dans
Ta bande d'une voleuse, d'une droguée, dune reven-
ddeuse, des Arabes, des Noirs, des Levantins, des
‘méteques, des juifs, des jeunes, des bambins, des
‘motards, des cabinets, des chiotes, des routards,
‘des chevelus, des rocking-chairs
‘AIMED. D'sccod, accord Ty atop de monde
{urls terre pout la pilosophie fangaise. Mais je
ne pense pas ql fale faire exagéinent du potin
MOUSTACHE. Je n’ai pas de legon A recevoir d'un
Dougre de musulman chiite de ton espéce, Du
potin, il va y en avoir ! Tu n’imagines pas qu'un
Moustache va se roiser les bras et Iniser la racalle
faire la loi & Sarges-les-Comeilles ?
"ASIMED. Il n’en est pas question. Moi-méme, qui
suis élevé dans la respectueuse respectation de gens
‘comme vous, gardiens de toute la morale publique,
‘quand j'ai vu la chose, jai bouilli. Demandez un
peu a Antoine, vote fils, quelles furieuses engueu~
Tades je Tui a passées parle travers. Je tu ai dit que
faire ca 8 un homme comme vous, 'archimaitre
Moustache.
MOUSTACHE (flarté quand méme). Pas encore
tout fait
‘AHMED. ... le futur archimattre Moustache, était
de Pignominiure. Vous 'auriez vu trembler ! Vous
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n’auriez pas fait mieux, méme avec Pissedur, le
chien. Mais il m’a explicité la chose. Dans le fond,
‘n'est pas si mawvais qu’on peut crore.
MOUSTACHE. Ne m’embobine pas, mét@que,
sméme si tu as un peu de valeurs frangaises dans
ton sang impur qui n'a jamais abreuvé les sillons
de pari
[AHIMED. Que voulez-vous ? Antoine a été poussé
parle destin,
MOUSTACHE, Ah ah ! Elle est excellent, calle!
‘Tu me donnes du fatalisme islamique, en plus !
Vous étes comme ¢a, vous, on peut voier, mettre
‘du charbon dans sa baignoire, couper les couilles
l'un adjudant-chef francais, ruiner les allocations
familiales avec quatorze enfants, et puis on vien-
dra dre apres qu'on a 6té foreé parle destin !
AHIMED. Vous prenez ce que je dis comme un phi-
Tosophe savant que vous étes, Je veux dite qu'il a
4 fore, dans le cas d'espce.
MOUSTACHE. Et qu’allait-il faire avec ces pour-
AHMED, Etcomment pourrait, si jeune, égaler
votre sagesse ? Les jeunes sont de la jeunesse. I
faut qu’elle se passe, on doit jeter sa gourme, éva-
cuer son bonnet par dessus les moulin, faire les
‘quate cents coups. Voyez Ia jeune Sabine, qu étude
Ta science chimique, et qui est a fille du mare soi-
‘méme, V'immense Lanterne, du PQCF. Elle aussi,
7je Vai admonestée et chapitée. Eh bien! elle fait
pire encore que votre fils! Et vouseméme, cher
thonsieur Moustache? N'avez-vous pas é jane ?
Onna dit que vous en aview pou toutes, (i
touche le pantalon.) et gu'aucune ne s'est jamais
Pisin Er quand vous fis Ia ger Alsre,
eh? Tours la page, je sais, est anise, Mais
faver-vous pas secoué quelques-unes de_mes
jeunes compatrites, dans les douars, pour la rigo-
Tade avec Tes copains ? Ah ! On se ls racontait
dans les casemes, ene Oran et Sii-bel-ABbES, les
fameuses expéditions de Moustache!
MOUSTACHE (até quand méme). On exagbre pet
are un pev. Mais de toute facon, javais le doit
pour mei, le deoit de I guerre! Le saint droit dela
fuerte! Mon fils se met & quate pattes devant une
Négresseen temps de paix. Vous mentendez en
temps de paix!
AHMED. Que vouliez-vous qu'il lt contre trois?
Hein? Qu’il mourt, peut-ée 7 voit Fenda. Ele
Te désire farochement. Gent ga de vous, aucune
tne peut sister. la met dans son lit pourlache-
Teurde la chose. Arivent ois parents, vous save
ce que c'est, on Afrique. IL al le grand frée, le
Ssorcieref le cousin par voie matermelle. Is ont des
outeaux immenses, dant le manche est sculpté
dans dela michoire d’slligator. On dit & Antoine
{que "il broache, ou s'il romp, ou s'il dénonce
‘gui que ce soit, on embroche
CAMILLE (@ part). Test complétement siphonné !
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AHMED. Devait il se lisser embracher ? Il vaut
encore mieux faire la perruque chez Capitou-
Nuclée qu’étre mort
MOUSTACHE. On ne m'a rien dit de tout cela!
Pourquoi n’est-il pas venu raconter cet attentat &
son pére ? Ou mé:me directement & Ia police ?
AHMED. Ab! C'est qu’on voit Ie bon fils. Vou-
liez-vous qu'il vous expose & la vengeance de-ces
brutes ? Dans cette cité de béton anonyme ? Dans
Sarges-les-Comeilles, 0! malgré votte péttion,
rmalgré tous les efforts de Lanteme et de madame
Pompestan, il n'y a pas un seul commissariat de
police digne de ce nom ?
MOUSTACHE, Eh eh ! I faut se faire justice sot-
‘méme ! Légitime défense, mon cher! Mais on ne
Varien dit de tout a,
AHMED. Demandez.& Camille. Elle ne risque pas
de die Fe contrare
MOUSTACHE. On Ia foroé Aentrer dans tes salo-
peries ?
CAMILLE. Ouais,
AHMED. Pourquoi vous mentisisje ?
MOUSTACHE (@ Camille). IL n'avait qu’a se
rendre en secret & la police de la préfecture. On
bouclait tut le gang au petit matin. Un couteau en
alligator! C'est que est une piéee& conviction, ga!
AHMED. Il n'en était pas question,
»MOUSTACHE. Ca m’aurait donné une raison de
plus de faire disparate cette Fenda, (A Camille.) Et
toi avec, expece de sexuelle !
CAMILLE, Outs,
AHMED, Expulser Fenda ?
MOUSTACHE, Et comment !
|AFIMED. Vous ne ferez pas ga.
MOUSTACHE. Je ne le ferai pas ?
‘AHMED. Non.
MOUSTACHE, Avec tous les arguments de Ia
Ligitime défense ?
AHMED, Antoine ne voudra pas.
MOUSTACHE. Antoine Moustache, terorisé par
des voyous noirs, ne voudra pas ce que veut
“Albert Moustache ?
AHMED. Non.
MOUSTACHE. Mon fils ? Cet ouvrier modéle ?
AHMED. Votre fils. Voulez-vous qu'on dise par
tout qu'il acu la trouille, et que c'est de force qu'il
test devenu sexuel, multiracial et voleur ? Jamais,
Ce serait déshonorer Ia famille Moustache au grand
complet.
MOUSTACHE, Je m'en fiche ! Tous au trou !
o
‘AHMED. Il y va de "honneur d’un ancien com-
battant d” Algérie. II faut faire silence surtout ca,
‘Botus et mouche cousue.
MOUSTACHE. Mon honneur ne sera jamais de
capituler devant invasion maghrébine ! Antoine
feta ce que je lu dra
AHMED. TI ne le fera pas
MOUSTACHE. Il sera bien foreé ! Madame Pom-
pestan va agir.
AHMED. Vous direz & madame Pompestan que ce
sont de faux bruit.
MOUSTACHE. Je dirai & madame Pompestan
dag par voie 'urgence, d'exception, definition
cet de flagrant détit. La,
AHMED. Vous direz d'employer le flagrant délit?
Vous ? Moustache ?
MOUSTACHE. Moi, Moustache. La
AHMED (siflotant). Bon, bon !
MOUSTACHE. Comment ¢a “bon, bon” ?
AHMED. Vous ne ferez pas le flagrant délit,
MOUSTACHE. Je ne ferai pas le flagrant délit?
AHMED, Non,
MOUSTACHE, Non ?
AHMED. Non,
aMOUSTACHE. Eh bien ! C’est se tordre ! Je ne
ferai pas le flagrant délit?
AHMED. Certainement pas.
MOUSTACHE, Et qui m’en empéchera ? Hein ?
AHMED. Vous-méme.
MOUSTACHE. Moi ?
AHMED. Oui. Vous n’aurez pas la méchanceté.
MOUSTACHE, Moi ? Je suis plus méchant que
Pissedur.
AHMED. Vous nous montez le bourrichon.
MOUSTACHE. Si on me cherche, on me trouve,
AHMED. Vous &tes un pire francais, vous avez un
fils frangais, vous ne le metrez pas dans le pétrin.
MOUSTACHE, La France, la France, je lui fais ca!
Un bras d honnew.
AHMED (sfflotant). On dit¢
MOUSTACHE, Vous verre, fils de moukére !
AHMED, Fumisteres.
MOUSTACHE, Quoi ! Fumier foi-meme !
AHMED, On le sat partout. Moustache est un bon
Francais
MOUSTACHE. Fiche-moi le camp ! Le bon Fran-
sais Cencule ! Tous au trou ! Amoi ! Pou pou
poum ! Reconquista ! Les immigrés en bateau !
@
La France aux Frangais!(S'adressant d Camille)
‘Va prévenir ta victime innocent, horibleminette 2
pilule ! Je vais aller voir la Pompestan, et Lantere
aussi je vais le voir, Je vais tout parr et tout prépa-
rer! A gauche et droite! Etméme au centre!
AHMED. Quelle que soit votre décision, je suis &
MOUSTACHE. Ouais ! Disparais ! (Changeant de
ton.) Eh ! Cet animal me susurre que Sabine, la
fille de Lanter, a fait pire que mon Antoine, Eh !
Crest une position de force pour Moustache,
(Repris par Vangoisse.) Ah ! Pourquoi mon age
connait-il Sarges-les-Comeilles dans la noirceur
immigrative ! Pourquoi mon fils esti jeune, au
lieu 0’ étre aussi vieux que moi ! Pauvre France !
‘Ton esprit immortel fout le camp dans les €gouts
«du désordre ! Algérie frangaise Ah ! Ah ! Ah !
‘Moustache sort en pleurant.
scéne 5
Ahmed, Camille
‘CAMILLE. Tues siphonné, mon chéri. Alligator.
(Elle rit) Alligator ! Moustache avale alligator!
Beh ! (Soudain sériewse.) Mais dis-moi, c'est le
fic qui manque. Fenda nose plus faucher chez
Capitou. Sion ne fait rien, Alexandre.
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