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Campagne Badab Page 1

+++Archives de l'Ordo Malleus, section Historicae des Ordos Maelstrom+++


+++Sujet : Rapport de mission de l'Inquisiteur Nathan Ezekiah+++
+++Transcription astrotélépathique encodée de niveau Omega prime+++
+++Niveau d'accréditation Magenta+++
+++Astrotélépathe : Theorich Cephros+++
+++Destination : Seigneur Inquisiteur Antrecht+++

Pensée du jour : "La Foi ne tolère nulle question"

+++Chargement des données, veuillez patienter+++

Ce récit détaille les aventures d'une campagne pour le jeu Dark Heresy commencée en septembre 2008 et en
est la première partie. Cette histoire nous plonge dans les méandres sombres et tortueux du 41ème millénaire
ainsi que dans les intrigues politiques qui déchirent en secret la Très Sainte Inquisition.

Ce n'est pas dans le Secteur Calixis, ni en 815M41 que je plonge ce décor. Mais en 008M42 dans le système
Badab, dans le Secteur Maelstrom. Soit près d'un siècle après la fin de la fameuse guerre qui déchira ce
système et y opposa une dizaine de chapitres de l'Astartes.
Cette histoire se situe aussi dix années après celle ayant vu débuté Joshua Dante dans son récit éponyme. Et
quelques années donc après la 13ème Croisade Noire d'Abaddon.
C'est en quelque sorte une suite de ses premières aventures.

280610M03
Illuminati

Il s'agit d'un texte non-officiel qui ne relÿve donc en aucun cas de Games Workshop Limited. Toute reproduction,
r◊utilisation ou publication est de ce fait interdite.Prologue :

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Après un voyage warp de trois jours, le vaisseau fait escale sur l'orbite de Badab C3, petite planète
désertique et industrielle du système Badab, le monde serait actuellement en guerre civile, une sombre
histoire de lutte commerciale entre les intérêts du Gouverneur et ceux d'un cartel local. Le monde est
en fait un peu isolé depuis la destruction près d'un siècle plus tôt de Badab A4, le monde capital du
système, lors de la tristement célèbre guerre de Badab.

L'équipe d’acolytes est initialement dirigée par Tibaltus Van Der Bergus, un noble de ruche,
Interrogateur et chef de groupe. Le reste de l’équipe comprend Conrad Altimore un ruchard psyker
désabusé, Skeld Tordj, un garde vétéran originaire de Cadia et faché avec l’autorité et enfin
Héphastos Grimmer, un technoprêtre encore un peu emmêlé dans ses méchadrendrites. Le groupe
doit rejoindre sur place leur autorité, l'Inquisiteur Ezekiah infiltré sous l'identité d'un Seigneur
Négociant Varagine et sa suite. Ce dernier aurait mis au jour un complot impliquant visiblement des
officiels locaux.

Après avoir un peu erré de nuit dans les quartiers obscurs des abords de l'astroport, l'équipe
d’acolytes parvient à se rendre au lieu de rendez-vous convenu par l'Inquisiteur Ezekiah : une riche
villa qu'il loue dans Korigan’s Cove, une bourgade côtière et huppée à quelques dizaines de
kilomètres de la capitale.
Quelques kilomètres avant que l'équipe n'arrive à la villa, celle-ci explose, le quartier est rapidement
bouclé par la milice locale et les secours arrivent...les membres du groupe n'ont pas la possibilité
d'approcher à moins de cent mètres du sinistre, mais déjà leurs craintes se confirment, les secours
extrairont des décombres huit corps.
Impossible de confirmer l'identité des victimes mais le nombre semble corroborer celui qui compose
l'équipe de l'inquisiteur.

Chapitre I

739.008M42 ++Le Drame++


++Traqués++

Tandis que Skeld et Conrad font le tour du quartier afin de repérer d'autres indices, le technoprêtre se
rend compte d'une présence furtive dans une ruelle proche. Aidé de Tibaltus afin de démasquer l'intru,
celui-ci tombe nez à nez avec un enfant mendiant d'à peine sept ans, jeune mutant aux bras atrophiés
qui semble totalement perdu.
Après quelques questions, le jeune garçon se faisant appeler Styx, serait à la recherche de son ami et
plus ou moins père adoptif : Olanius, un vieux mendiant, ex soldat, qui vit là dans la ruelle depuis
apparement trente ans avec son chien kasrkin.
Olanius aurait disparu en fait quelques heures avant l'explosion de la villa d'Ezekiah et cela inquiète
Styx car Olanius ne quitte jamais sa ruelle.
Avec l'aide de Skeld, la ruelle est fouillée méticuleusement, le corps de kasrkin, le chien est retrouvé
un peu plus loin dans un container, la carotide et le cerveau perforés d'un seul coup à l'arme blanche, le
tuant brutalement.
Les affaires d'Olanius sont aussi retrouvées : deux vieilles images pix représentant une jeune femme
sur l'une et une escouade de soldats d'un 32ème régiment local sur l'autre, les restes d'une bouteille de
mauvais whiskar, un vieux poignard cassé de l'armée, une ancienne douille de fusil d'assaut gravée du
symbole de l'Aquilla et trois crédits impériaux, la devise locale....Aucune trace physique d'Olanius.
Après ce tragique évènement, face à ces quelques maigres indices et devant la nuit déjà bien avancée,
le groupe décide de retourner à leur hôtel afin de se reposer quelques heures.
Le lendemain matin, ils apprennent à la rubrique des faits divers aux informations locales que les huit
habitants d'une villa ont péris dans la nuit suite à une explosion au gaz. Le reste des informations
faisant la part belle au conflit contre le Techno-Cartel de Mekton Zeta, incitant les citoyens impériaux

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à soutenir l'effort de guerre dans un conflit long de cinq années et qui se destine à encore durer.

En passant à la réception, l'Interrogateur Tibaltus est apostrophé par le réceptionniste qui lui remet un
pli déposé plus tôt par un porteur. Tibaltus s'empresse de prendre le pli, averti ses compagnons et s'en
retournent dans leur chambre afin d'en examiner le contenu. Nul nom d'expéditeur.
Après un examen minutieux de l'enveloppe, celle-ci ne présentant pas de danger, est ouverte. Elle
contient une clé, la clé d'une des chambres de leur hôtel. Les personnages décident d'un commun
accord de s'y rendre. Celle-ci semble vide et inoccupée de prime abord. Après une fouille approfondie
de plusieurs dizaines de minutes, l'équipe trouve une cache sous le parquet, dissimulée sous un tapis.
Dans la cache se trouve une plaque de données à lecture digitale.
Tibaltus, avec l’aide du Technoprêtre, éveille donc l’esprit de la plaque de données, son empreinte lui
permettant d'activer le décryptage des données.
Un message d'Ezekiah apparait, laissant à Tibaltus quelques informations sur les raisons de sa mission
sur Badab :
-La recherche d'un vaisseau pirate, "le Morning Star" arrivé quelques jours plus tôt, de son équipage
et d'une mystérieuse cargaison.
-Les agissements du gouvernement et la raison de cette guerre, à qui profite-t-elle vraiment ?
- Qui est derrière la série d'attentats qui frappent les interets impériaux ? Et qu'en est-il des rumeurs
d'une présence xénos sur Badab ?
Trop d'évènements qui laissent planer un doute sur les activités locales et sur une suspicion de complot
de grande ampleur que détecte Ezekiah.
-Ezekiah semble aussi avoir été sur le point d'informer un de ses collègues, l'Inquisiteur Dante par voie
Astrotélépathique du danger immédiat.
Seulement, Ezekiah semble avoir été démasqué avant d'agir.

Suite à ces quelques informations, le groupe décide de louer deux véhicules, de rejoindre la capitale
Badab City et de là, reprendre l'enquête d'Ezekiah.
Tibaltus se rend au siège de l'Administratum sous la couverture d'un Prefectus du Munitorum venant
auditer les quotas de production de prométhéum et ainsi au passage vérifier à qui profite les bénéfices
substantiels de production.
Conrad et Skeld se rendent à l'astroport afin d'enquêter sur les traces éventuelles de vaisseaux pirates
tandis qu'Hephaistos se charge d'aller en ville acheter des communicateurs à longue portée pour
chacun.

Après ces quelques recherches longues et fastidieuses face à la machine administrative de l'Imperium,
le groupe se réunit tardivement et envisage de se rendre enfin vers 23h dans l'hôpital de la ville où ont
été amené les corps extraits de la maison d'Ezekiah.

Après quelques tergiversations avec le personnel administratif et hospitalier, Tibaltus toujours sous
l'identité d'un officiel de l'Administratum parvint à interroger le medic de garde et réalise que l'identité
des victimes (donc fausse) a bien trop vite été confirmée...
Il est un peu plus de 23h, Aloysius le vieux medic donne alors congé à ses visiteurs qui sortent donc de
la morgue. Après quelques pas dans le couloir, Tibaltus demande à Hephastos de voir si Ardo son
servo-crâne ne pourrait pas scanner la zone idée d’intercepter toute communication. C’est en effet le
cas, le médecin semble alors utiliser son appareil vox demandant à un interlocuteur non identifié
d’intervenir rapidement car des intrus commencent à poser des questions indiscrètes.

Le groupe décide alors de retourner à la morgue, prétextant de nouvelles questions et décidés à faire
parler le medic, celui-ci semble peu enclin à parler et reste assez évasif, il laisse cependant Conrad et
Tibaltus inspecter à nouveau les cadavres mais ne souhaite pas qu’ils les touchent. Ceux-ci sont en
assez mauvais état du à l’explosion et aux brûlures. Conrad et Hephastos repèrent sans peine que les
corps n’ont même pas subis une autopsie malgré les dires du médecin. En regardant de près, Conrad
repère les restes d’un tatouage sur le biceps du plus âgé des corps, celui censé être précisément celui

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du Seigneur Varagine, il voit ce qui semble être un Aquila et les chiffres et lettres 32RG.
Repensant alors à la photo du 32ème Régiment dans les effets personnels du vieux mendiant, plus de
doute, selon lui il s’agit bien du corps du vieil Olanius.

Pendant ce temps, resté à l’accueil au rdc de l’hôpital, Skeld le cadien en profite pour faire la cosette
avec Ophélia la charmante hôtesse, se déconcentrant quelque peu et ne voyant qu’au dernier moment
un groupe de six militaires armés en treillis bordeaux des Forces de Défense Planétaire ( la milice
locale) faisant éruption dans le hall. Skeld n’a que le temps de prévenir discrètement Tibaltus par vox
que des militaires font irruption dans l’hôpital. Le chef de groupe, un sergent donne des ordres rapides
à ses hommes, deux restent en faction dans le hall dont un qui part chercher les enregistrements
holopix dans le local technique derrière l’hôtesse, tandis que le sergent et les trois autres descendent
au sous-sol par les escaliers. L’homme resté en faction se campe devant Skeld, ce dernier faisant mine
d’être un patient de l’hôpital engage la conversation mais le militaire peu loquace lui intime l’ordre
de rejoindre sa chambre au plus vite dans les étages. Ce dernier, devant l’air menaçant du fusil d'assaut
du soldat, obtempère, décidant une fois à l’étage de redescendre au sous-sol par un autre escalier.

Au sous-sol pendant ce temps, Tibaltus, Hephastos et Conrad alertés par Skeld en profitent pour
prendre congé du medic et s’engouffrent dans le couloir vers la sortie, mais trop tard, les militaires
sont déjà dans l’escalier et vont apparaître d’une seconde à l’autre. N’ayant plus de voie de sortie, le
groupe ouvre la première porte et s’engouffre dans un local juste à temps.

La pièce, plongée dans la pénombre est emplie de paillasses encombrées de pipettes, de tubes et verres
emplis de liquides de couleurs et d’appareils tubulaires étranges, l’endroit semble être un laboratoire.
L’équipe tente de s’y dissimuler au mieux tandis que quatre soldats passent précipitamment devant
leur porte et se dirigent vers la morgue. Rapidement, ils entendent des éclats de voix puis un ordre
clair est lancé par le sergent : « fouillez chaque pièce, trouvez les ! » Tibaltus jette un œil à travers la
vitre de la porte, juste à temps pour voir que deux des gardes se dirigent dans le couloir et que l’un
d’eux tente d’ouvrir la porte, celle-ci ne se verrouillant pas, il la bloque alors avec son pied et
Hephastos l’aide à la maintenir bloquée à l’aide de son bras bionique. Voyant que la porte semble
verrouillée de l’intérieur, le garde donne quelques coups d’épaule sans succès puis son compagnon lui
lance « recule-toi ! », le bruit sec d’une culasse qu’on arme s’entend alors. Hephastos et Tibaltus n’ont
que le temps de se jeter de chaque côté de la porte avant que celle-ci ne soit criblée de balle et ouverte
d’un grand coup de botte...
Le bruit sec d’une culasse qu’on arme s’entend alors. Hephastos et Tibaldus n’ont que le temps de se
jeter de chaque côté de la porte avant que celle-ci ne soit criblée de balle et ouverte d’un grand coup de
botte, se prenant la porte en pleine figure, Tibladus juste derrière pousse un juron, le premier garde
entre alors, arme au poing et se jette sur lui, mais Hephastos en profite pour lui tirer dessus à bout
portant au pistolet laser, l’impact en grande partie absorbé par le gilet pare-balle du soldat le blesse
légèrement mais le coup le jette au sol.
Le deuxième homme dans le couloir ouvre alors le feu sans hésitation en rafale avec son fusil d’assaut
dans la pièce, faisant exploser les tubes de verres, les pipettes et autres instruments dans tous les sens.
Conrad resté dissimulé jusque là lui lance alors un sort qui l’immobilise quelques instants. Le sergent
et un de ses hommes reviennent alors de la morgue armes à la main et s’empressent de faire feu par la
porte ouverte du laboratoire. Tibaltus riposte au juger au pistolet bolter par l’entrebâillement de la
porte.
A l’intérieur, l’homme resté au sol, d’un puissant coup de pied en profite pour faire un balayage dans
les jambes de Tibaltus, ce dernier chute lourdement, se cognant la tête en tombant contre le bord d’un
lavabo et reste sonné au sol. Fort de son succès le soldat en profite pour se relever et pointe son arme
vers Conrad, mais celui-ci le renvoi au sol aussitôt par une fléchette anesthésiante tirée en plein front
avec son pistolet à aiguilles. Pendant ce temps les deux hommes continuent de tirer depuis
l’encadrement de la porte faisant voler en éclat le mobilier du laboratoire, Hephastos, touché à la
cuisse s’écroule.

Skeld arrivé au sous-sol voit la scène, il dégoupille une grenade frag et se rue dans le couloir, à une
vingtaine de mètres des militaires, il lance la grenade et se plaque contre un mur mais celle-ci glissant

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sur le sol carrelé, explose plus loin au beau milieu de la morgue la détruisant à moitié. Le souffle
propulse tout de même les deux soldats au sol, les sonnant quelque peu. Le sergent ayant eu le reflexe
de l’esquiver d’une roulade arrive en plein milieu du laboratoire, son fusil d’assaut à la main et ouvre
le feu manquant de peu Conrad, ce dernier riposte au pistolet à aiguilles mais rate sa cible, le sergent
dégaine alors son couteau de combat et se jette sur lui. L’alarme incendie retentit alors dans tout
l’hôpital. Conrad tirant à bout portant dans le poignard, désarme le sergent, il tente un autre tir mais
son arme s’enraille, le militaire lui assène alors un violent coup de tête, lui cassant le nez et enchainant
plusieurs coups de poings, Conrad se défend alors comme il peut, le visage en sang, il envoie tout ce
qui lui passe par la main sur le soldat en furie mais sans trop de succès.
Dans le couloir pendant ce temps, la fumée de l’explosion se dissipant, les deux gardes se relèvent et
arrosent copieusement le recoin où se trouve Skeld. Celui-ci de deux tirs bien ajustés, les abats nets au
fusil laser, il se rue alors en direction du labo en ruine pour trouver Tibaltus sonné mais en train de
reprendre ses esprits, Hephastos dans une flaque de sang en train de s’injecter un stimulant et Conrad
aux prises avec le sergent des FDP dans un violent corps à corps.

Mettant en joue le sergent, il lui intime l’ordre de se rendre les mains en l’air. Le sergent obtempère, la
mine sombre et furieuse leur proférant des menaces, les traitant de terroristes, leur précisant que ses
hommes ont déjà bouclé toutes les issues et que des renforts vont arriver d’un instant à l’autre.
L’homme est fouillé par Conrad qui trouve sur lui un pistolet automatique, un jeu de tarot et une
chevalière portant le I de l’Inquisition…Lui demandant comment ces objets peuvent être en sa
possession, l'homme lui répond les avoir trouvé dans les ruines de la villa. Skeld le ligote alors
fermement tandis que Tibaltus et Conrad retournent à la morgue, là Conrad trouve le vieux medic
tétanisé caché au fond d’un placard, il le sort de là et Tibaltus et lui commencent à l’interroger sur le
nom du contact qu’il aurait appelé mais le vieil homme apeuré ne semble pas répondre de façon
cohérente, ils comprennent juste qu’il aurait touché un pot de vin d’un personnage important pour
confirmer la thèse officielle de la mort de Varagine et de ses compagnons, à savoir : décédés suite à
une explosion au gaz. Le medic prétendant ne pas connaître le nom de cet officiel, Conrad en profite
pour le fouiller et récupère sur lui un calepin qu’il étudiera plus tard.

Le groupe décide alors de récupérer les fusils d’assaut des gardes puis de quitter les lieux et se
retrouve ainsi dans le couloir en direction de la sortie avec leurs deux otages, au bout du couloir, Skeld
voit un plan d ‘évacuation sur lequel il repère qu’à deux couloirs de là se trouve le parking des
ambulances, le groupe s’y dirige donc trainant leurs prisonniers. Entrant dans le parking, trois gardes
ouvrent le feu sur eux sans sommation, abattant le vieux medic d’une balle en pleine poitrine et une
dans la tête, le corps dans sa chute entraine Skeld qui se prend une balle dans la hanche, en rampant il
se met à couvert. Hephastos pendant ce temps, couvert par Conrad qui arrose les gardes au fusil
d’assaut par rafales, se met au volant de la première ambulance venu et lance le moteur qui peine à
démarrer. Tibaltus monte à bord, le sergent se prend alors une balle à ce moment là et tout le groupe
embarque dans le véhicule qui démarre en trombe. Conrad ne cessant de tirer blesse deux des gardes
légèrement au passage, mais l’ambulance est criblée de balles, dont une qui éclate un pneu au moment
où le groupe arrive à s’enfuir. Hephastos interfacé à l’esprit du camion pousse les limites de celui-ci
qui file à travers la ville de nuit.

Il ne leur reste que peu de temps avant que leur signalement ne soit lancé et très vite ils réalisent que
le lien sera fait avec leur présence à leur hôtel sur le littoral, ils décident donc de s’y rendre au plus
vite, allant récupérer le reste de leurs affaires. En route, le sergent perd connaissance, sa blessure lui
ayant fait perdre pas mal de sang.
A deux kilomètres de l’hôtel, Hephastos stoppe le camion sur une petite route désertique en pleine
nuit. Le camion n’ira pas plus loin, tandis qu’il prie pour l’esprit blessé de la machine, il commence un
rituel de purification sur le véhicule et récupére tout ce qui peut encore être utile, à savoir quelques
medipacks. Pendant ce temps Skeld (après un sort de soins efféctué par Conrad) et Conrad retournent
à pied à l’hôtel chercher leurs effets personnels, Skeld affaibli par sa blessure à la jambe attirera
cependant l’attention du réceptionniste sans le vouloir, ce dernier le voyant ainsi en arme et
ensanglanté reste dubitatif devant les explications quelque peu loufoques de partie de chasse nocturne
et de besoin de rafraichissements que lui fournis Skeld …c’est avec empressement que le

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réceptionniste disparait dans la pièce d’à côté, Skeld en profite alors pour dérober les clés d’un
véhicule appartenant à l’hôtel : une fourgonnette, à ce moment, Conrad réapparait avec leurs affaires et
les deux larrons en profitent pour s’éclipser avec le véhicule.

Resté près de l’ambulance, Tibaltus, après quelques soins tente d’interroger le sergent mais sans
succès, ce dernier, affaibli par sa blessure, marmonne en boucle son nom, son grade et son matricule
sans pour autant répondre aux questions. Il est plus de trois heures du matin lorsque leurs compagnons
les rejoignent avec le nouveau véhicule.
Hephastos après une dernière prière au Dieu Machine pousse l’ambulance et la laisse tomber du haut
d’une falaise cinquante mètres plus loin.

Epuisés, les membres du groupe décident de passer la nuit là, dans le camion, si l’Empereur-Dieu de
Terra et le Dieu Machine ne les ont pas abandonné, demain sera un autre jour…

Chapitre II

++Prémonition++
++Une rencontre impromptue++
++Le Monastère Ste Praxedés++

Il est plus de trois heures du matin quand le groupe s’endort. Dehors il fait nuit noire, Skeld chausse
ses lunettes infrarouge et prend le premier tour de garde de deux heures, il s’installe avec son fusil
laser sur le toit de la camionnette, tandis qu’une petite pluie fine commence à tomber. A l’intérieur ses
compagnons dorment déjà.

Du à la fraicheur matinale et à l’humidité ambiante, Conrad s’éveille soudain, surpris de voir qu’au
dehors il fait déjà jour, sa chronomontre indique qu’il est déjà 7h. Tandis que ses compagnons dorment
encore, Conrad décide de sortir de la camionnette, faisant le tour du véhicule, il ne voit nulle trace de
Skeld. Voyant que Tibaltus commence à s’éveiller à son tour, ce dernier le rejoint. Ensemble ils
commencent à appeler le nom de Skeld, un bruit les surprend alors : Sur le toit du véhicule, leur
compagnon s’éveille en sursaut, glisse du toit du camion puis s’écroule au sol aux pieds d’un Tibaltus
déjà passablement énervé.

Après le réveil complet de l’équipe, les blessures de la veille, le manque de sommeil et de nourriture
ainsi que la situation catastrophique dans laquelle se retrouve l’équipe ne fait rien pour apaiser les
tensions.
Décidant de retourner à Korigan’s Cove à quelques kilomètres de là afin d’aller chercher des
provisions, l’équipe redémarre à bord de leur véhicule de fortune

Tibaltus et Conrad en profitent pour questionner à nouveau le sergent, toujours prisonnier du groupe.
Après quelques échanges acerbes, ils réalisent assez vite le peu d’information dont dispose le militaire.
Celui-ci n’étant qu’un simple sous-officier d’une milice locale et n’ayant donc que peu de
connaissances sur les informations stratégiques dont disposent sa chaine de commandement. Si
complot il y a, à moins d’être un excellent comédien, ce dont doute Tibaldus, l’homme en ignore sans
doute toute la trame et semble bien convaincu de servir le plus fidèlement possible l’Imperium.

A l’approche de la petite bourgade, le véhicule reste à cinq cents mètres de là et Conrad décide d’aller
seul et discrètement chercher quelques provisions.

Pendant ce temps, le reste de l’équipe scrute les environs. Au bout d’un bon quart d’heure, Tibaltus
repère, venant du sud, donc de Badab City, deux appareils en approche.

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A l’aide de ses macro-oculaires, Skeld reconnaît deux gunships des FDP de classe Valkyrie, de
couleur bordeaux et en approche tactique.

Appelant Conrad sur son vox, ils lui font part de l’information et décident de passer le récupérer dans
le village devant le Temple St Josmane.

Dans la précipitation, l’excitation et la confusion générale, l’équipe se perd dans le dédale de rues de la
petite bourgade, ne sachant plus s’il faut tourner à droite après la rue Aquila ou à gauche après la Place
Ste Celestine, Tibaltus hurle sur Skeld et sur Hephastos bien en peine de trouver leur chemin. Ce
dernier sollicitant l’esprit de la machine du camion de façon peu orthodoxe, courrouce ce dernier et le
véhicule dans un rugissement d’embrayage mis à mal s’encastre en plein carrefour dans un poteau
indicateur.

Hephastos est sonné par le choc, Tibaltus sort en fulminant du véhicule, pestant contre le mauvais sort
qui s’acharne sur le groupe tandis que Skeld, toujours à l’affut des engins des FDP, s’engouffre dans le
hall d’un bâtiment proche. Là il gravit les étages tant bien que mal suite à sa blessure à la hanche et se
retrouve à la lucarne du haut du 3ème étage à scruter les environs.
Tandis qu’Hephastos, le nez et les mecadendrites dans le moteur, tente d’apaiser l’esprit retord du
camion, mais en vain, Tibaltus décide devant l’arrivée des badauds qu’il est grandement temps de
changer de véhicule.

Du haut de sa fenêtre, Skeld aperçoit à cinq cents mètres de là, les deux Valkyries posées non loin de
leur ancien hôtel et qu’une vingtaine de soldats investissent les lieus. Avertissant Tibaltus par vox,
Skeld descend les marches en clopinant pour les rejoindre au moment même où Tibaltus braque le
conducteur d’une voiture « Sur ordre de l’Inquisition », le fait descendre lui et sa passagère sous la
menace de son pistolet laser et réquisitionne ainsi de force le véhicule sous les yeux stupéfaits des
passants. A ce moment, Conrad chargé de provisions les rejoint, Hephastos prend le volant tandis que
Skeld et Tibaltus retournent rapidement vider le camion de leurs affaires.

Ils réalisent alors que le sergent laissé sans surveillance a bien entendu disparu, de plus il a prit avec
lui un fusil automatique et les deux seuls chargeurs restants.
Devant leur erreur, l’équipe s’engouffre dans la voiture dérobée et part en trombe en direction du
Nord, à l’opposée des FDP à leurs trousses.
A quelques kilomètres de la petite bourgade, en pleine zone désertique le groupe stoppe le véhicule a
proximité d’une zone rocheuse, dissimulant ainsi leur présence.

Tandis que Tibaltus épluche le carnet récupéré sur le medic, à la recherche d’indices mais sans trop de
succès, Skeld, se faisant passer pour ce même médecin appelle depuis son portable le numéro que ce
dernier avait composé pour les dénoncer. Au bout de la ligne, une voix d’homme lui répond « oui ? »,
après s’être annoncé comme étant le medic Aloysius, le mystérieux interlocuteur lui raccroche alors
soudainement au nez.

Pendant ce temps, essayant tant bien que mal à se concentrer à l’écart, Conrad lance une divination à
l’aide du Tarot impérial, se focalisant sur Ezekiah.

Les cartes, psycho-réactives en lien direct avec le warp, lui envoient quelques signes sous forme de
paraboles et de visions. Conrad laisse les courants de l’Immaterium affluer en lui et tire alors la
première lame, celle qui le représente au centre de cette trame. La lame est une arcane majeure, elle
représente la carte du sorcier ou du psyker, sous les traits de Conrad grimé en adepte de
l’administration cerné de toutes parts par des hommes en armes en tenue bordeaux. Cette carte
représente l’énergie créatrice, cependant les signes sur la carte indiquent que cette énergie est mise à
mal.

La deuxième lame est une Mandatio, Conrad la pose juste au dessus de la première lame. C’est la carte

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de l’Inquisiteur. Elle représente un homme emprisonné dans une cellule, nu et blessé sous les traits
d’Ezekiah. Cette carte d'ordinaire positive représente l’Eveil de l’esprit mais aussi le renouveau.
La troisième lame que tire Conrad est une Adeptio, elle représente la carte de l’Assassin. La silhouette
représente une femme en noir, son corps séduisant et menaçant à la fois est à moitié machine et de
nombreuses armes saillent d’excroissances métalliques qui l’entourent. Derrière elle se tiennent 6
personnages à l’allure martiale qui semblent être des mercenaires armés. A l’arrière plan se tiennent
des officiels impériaux, des hauts dignitaires visiblement. Derrière eux, enfin, se profilent deux villes.
Conrad place cette lame sous la première, cette lame à cette position représente les problèmes cachés.
Il tire alors la quatrième lame, une arcane mineure qui représente l’Etoile. L’image se focalise en fait
sur une zone précise de la planète, montrant une petite île entre deux continents. Conrad place cette
carte à la droite de la sienne, elle représente le symbole d’un nouveau départ.

Il tire alors la cinquième et dernière lame, une arcane mineure à nouveau, elle représente la
Constellation. La carte montre en fait un vaisseau au premier plan, il est posé dans un désert, au dessus
de lui les cieux montrent une étoile et un soleil levant. En arrière fond se dessine l’œil de la Terreur. Il
place cette ultime lame à la gauche de la sienne, cette carte est signe de coïncidence et aussi d’indice.

Fort de ces nouveaux éléments, Conrad rejoint le groupe, mais déjà Skeld leur indique que les
Valkyries sont en approche à deux kilomètres de là, elles semblent les chercher. Hephastos leur
confirme que les auspex des Valkyries ne tarderont pas à les repérer s’ils restent là.

Remontant à bord du véhicule et démarrant en trombe, le groupe prend à nouveau la route du Nord
dans une zone un peu plus désertique et rocheuse puis bifurquent pour rejoindre une voie express en
direction de la capitale Badab City.
Chemin faisant, Hephastos allume la radio de bord et scanne les fréquences, il tombe alors sur le flash
spécial d’une radio locale qui annonce qu’une contre offensive majeure viendrait d’avoir lieu à la
frontière avec Mekton Zeta, les cinquante mille hommes des troupes FDP gouvernementales auraient
alors subit de très lourdes pertes.
A quarante kilomètres du front, les quatre mille hommes cantonnés à l’arrière ont subit cette nuit une
attaque éclaire, d’après certaines sources, des frappes neurotoxiques et biochimiques auraient
anéanties l’intégralité des troupes, des équipements de soutien, de communication et du
commandement militaire, dont le général Jericus, en personne, alors en charge des opérations ainsi que
l’intégralité de son état major.

Nous sommes à l'aube du 3ème jour, 09h02 heure locale...

Roulant toujours sur une voie rapide en direction de l’Est, au bout de quelques kilomètres, Skeld,
scrutant l'horizon dans ses jumelles, aperçoit au loin une longue file de véhicules ralentie par ce qui
semble être un barrage routier. A bien y regarder, il repère en effet plusieurs véhicules aux couleurs de
la FDP qui filtrent les voitures. Sans hésitation, d’un brusque coup de volant, Hephastos bifurque et
emprunte une piste perpendiculaire qui s’enfonce dans le désert. Leur véhicule, une berline de ville,
mal adaptée aux pistes ensablées, peine à forcer l’allure et subit de nombreux soubresauts. Au bout de
quelques kilomètres, un véhicule les rattrape sans peine. Il s’agit d’un énorme 4x4 pick-up des FDP.
Ce dernier les double d’un dérapage contrôlé et dans un nuage de poussières s’arrête en travers de leur
chemin, A l’arrière, un des hommes les met en joue avec une mitrailleuse sur pivot, tandis que quatre
autres hommes sautent du véhicule et les mettent en joue avec leurs fusils d’assaut. Le conducteur
reste au volant, moteur en marche.

Les soldats leur intiment alors l’ordre de sortir les mains en l’air.
Le groupe pris de court et face à cette nouvelle menace, obtempère. Ils sont alors rapidement désarmés
et commencent à se faire ligoter en vue d’être emmenés à bord du véhicule militaire. Leur véhicule est
fouillé et vidé de leurs affaires.

Campagne Badab Page 9


Soudain, venant de rochers à une cinquantaine de mètres de là et surprenant tout le monde, un tir de
laser fuse en direction du 4x4, puis de façon inexpliquée, le sable commence à se soulever doucement
autour du véhicule. Sans hésitation, l’homme à la mitrailleuse sur le toit, fait pivoter son arme et dans
un vacarme de flammes, de métal surchauffé et de fumée commence à arroser copieusement les
rochers d’une pluie de munitions de gros calibres. Deux des autres soldats tournent aussitôt leurs
armes dans la même direction et mitraillent sans hésiter mais aussi sans trop savoir sur quoi ils tirent.
Devant la confusion, Skeld dont les liens n’étaient pas encore complètement serrés en profite pour se
libérer les mains discrètement. Tibaltus et Hephastos tentent d’en faire de même et Conrad toujours
ligoté utilise un de ses sorts mentaux pour effacer la mémoire du garde qui le tient en joue. Ce dernier
soudain confus, l’œil hagard, reste hébété, se demandant bien ce qu’il fait là.

A ce moment là, un des soldats FDP se prend un tir de laser dans le bras qui lui fait lâcher son arme.
Le 4x4 est alors pris dans un tourbillon de sable qui le fait se soulever de quelques centimètres du sol,
le mettant lui, son conducteur et le tireur hors d’état de nuire. Les autres soldats ne sachant plus d’où
vient réellement la menace, et paniquant totalement, se mettent à tirer sur les premières cibles venues,
Hephastos et Tibaldus s’écroulent, fauchés par une rafale, Conrad se jetant de côté esquive celle qui
lui était destinée avec une rapidité hors du commun. Skeld tente de désarmer son adversaire en se
jetant sur lui mais perd l’équilibre et tombe lourdement au sol, aux pieds du soldat, ce dernier avec un
sourire mauvais pointe son arme sur la tête du Cadien.

Un autre FDP est alors touché par un tir de laser, le désarmant à son tour. Conrad se ruant en avant,
d’un coup d’épaule, fait chuter violement l’homme qui est au dessus de Skeld, le faisant mordre la
poussière, en un éclair Skeld en profite pour le désarmer d’un geste expert, il retourne l'arme sur un
des gardes déjà blessé, l'abat d'une rafale, puis se retourne et met en joue l'homme au sol. Au même
moment la tête du soldat ayant perdu la mémoire explose, traversée par un tir de laser qui vaporise en
une bruine écarlate les restes de sa boîte crânienne, un deuxième ayant déjà été blessé au bras ne tarde
pas à le rejoindre, touché mortellement d’un tir en pleine bouche qui lui pulvérise la mâchoire.
Skeld, tenant toujours en joue le soldat, le désarme et récupérant son poignard en profite pour couper
les liens de Conrad, ce dernier en profite pour questionner aussitôt le soldat sur les raisons qui les
poussent à s’en prendre ainsi à eux. Le soldat, lui crache alors au visage en lui proférant des insultes à
propos d’orks et de sa mère lui indiquant d’un air plein de mépris qu’il vaut mieux qu’ils en finissent
tout de suite et le tuent rapidement car il ne dira rien.
Soudain, le tourbillon de sable enveloppant le 4x4 se dissipe, reposant lourdement le véhicule au sol et
faisant retomber le tireur à quelques mètres de là, visiblement sonné et à demi ensablé tout comme le
conducteur affalé sur le volant. Deux hommes surgissent alors des rochers, vêtus de longs manteaux
couleur sable, l’un est armé d’un fusil laser, il a la peau sombre et un œil bionique, l’autre est équipé
d’une épée et de pistolets. Se dirigeant en petite foulée vers le 4x4, armes levées, le premier ouvre la
porte du conducteur, dégaine un pistolet laser, lui plaque le canon sur la tempe et l’abat d’un tir en
pleine tête alors qu’il reprenait tout juste ses esprits, tandis que son compagnon fait de même avec
l’homme au sol, l’achevant d’une balle dans la nuque.

Un peu abasourdi devant une telle froideur professionnelle, Conrad et Skeld ne sachant que penser de
leurs « sauveurs » restent sur leurs gardes. L’homme à l’œil bionique s’approche d’eux d’un pas
décidé, armes pointées et abat à bout portant le prisonnier d’un tir en plein visage. Allant ensuite
chercher une pelle à l’arrière du véhicule, il leur dit alors qu’il serait bon de ne pas trop trainer dans le
coin. Il se présente dans un bas gothique à l’accent Badabi, il s’appelle Tilus dit « le Lynx » et son
compagnon psyker s’appelle Syrius. Ils sont employés par Ezekiah et devaient les rejoindre un peu
plus tôt mais ont finalement été retardés...

Syrius Orvalys le nouveau psyker, se tourne alors vers les corps de Tibaltus et Hephastos en même
temps que Conrad, voyant qu’ils sont salement blessés par balles, ils leurs administrent des premiers
soins tandis que Tilus commence à enterrer les morts et que Skeld collecte les armes et le matériel
dans le 4x4.

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Les deux blessés, une fois stabilisés mais toujours inconscients sont chargés à bord du véhicule des
FDP, il va falloir les emmener rapidement vers le premier Officio Medicae, en l’absence de quoi ils ne
passeront pas la soirée.
Consultant une carte de la région, Skeld quelque peu perdu, reçoit l’aide de Syrius qui reconnaît les
environs, à une centaine de kilomètres au nord se trouve d’après lui, un ancien monastère reconverti en
Schola Progenium, c’est le seul endroit sûr dans les environs.
Les deux nouveaux disposant d’un véhicule, un 4x4 aussi, le groupe se réparti dans les deux
véhicules, les deux psykers restants avec les blessés.
Il est près de 11h et le soleil est déjà bien haut lorsque le groupe repart en direction du nord.
Après trois bonnes heures de route difficile, les véhicules arrivent en vue de petites collines et
d’escarpements rocheux. Au sommet de l’un d’eux, se profile un austère bâtiment de style haut
gothique perché tel un nid d’aigle. Le deuxième 4x4 est laissé en bas de la colline, vaguement
dissimulé puis utilisant le véhicule de FDP, le groupe emprunte péniblement le chemin qui mène au
monastère.

Le véhicule stoppe à quelques dizaines de mètres de l’entrée monumentale du bâtiment, une lourde
double porte blindée. Il est alors verrouillé par des tourelles automatiques de défense de type Tarentule
équipées d’acquisition de cible et armées de bolters lourds jumelés. La puissance de feu des gros
calibres explosifs d’une seule de ces tourelles pourrait aisément les réduire en carcasse de chairs et de
ferraille disloquées en quelques secondes. L’équipe ne bouge pas et attend.

Un servo-crâne équipé de scanners sort alors d’une des meurtrières du bâtiment et porté par son petit
moteur antigrav, flotte jusqu’à eux en ronronnant. Arrivé à leur auteur, il scanne chacun des occupants
du véhicule. Conrad lui tend la chevalière d’Ezekiah, marquée du sceau du I barré de la Très Sainte
Inquisition. La bague contenant les séquences encodées d’un niveau de cryptage Magenta fait émettre
une série de bip frénétiques au servo-crâne qui s’en retourne prestement d’où il est venu en poussant
une série de pépiements électroniques.

Au bout de quelques minutes, les lourdes portes de bronze s’ouvrent dans un grondement sourd. Un
canal vox s’ouvre en grésillant et une voie de femme se fait entendre, sa voix résonnant, amplifiée par
l’esprit du porte-vox sur les parois rocheuses, leur intimant l’ordre d’entrer.
Le véhicule, roulant au pas pénètre lentement dans le hall d’entrée du monastère, les tourelles
automatiques pointant toujours leurs armes sur eux.
Une fois à l’intérieur, les portes se referment dans un bruit sourd et caverneux. Autour d’eux, d’autres
véhicules tout terrain, depuis le haut plafond des rampes de lumiglobes aux couloirs froides jettent une
lumière crue sur les arrivants. Depuis les parois, le petit bruit des servomoteurs des armes lourdes
asservies qui pointent le 4x4 se fait entendre. La voix leur demande de sortir de leur véhicule tout en
gardant leurs mains bien visibles.
Depuis des passerelles latérales, des sas s’ouvrent laissant passer deux groupes de quatre femmes
d’âges divers, vêtues de robes monacales blanches et noires arborant le symbole de l’Ecclésiarchie et
armées de bolters. Elles se disposent de chaque côté des nouveaux venus.
L’une d’elle qui semble être la plus âgée ordonne à deux des Sœurs de collecter toutes les armes et
matériel de l’équipe, leur précisant qu’en ces lieus, ils n’en auront pas besoin.
Une fois chose faite, toujours dans la ligne de mire des bolters pointés par les Sœurs, les deux blessés
sont emmenés sur des brancards antigrav par des jeunes femmes vêtues de robes rouges vers un
couloir latéral du hall.
La femme âgée leur annonce alors :
-Vous êtes ici dans les murs de la Schola Progenium du couvent des Sœurs Hospitalières de Sainte
Praxedés de l’Adepta Sororita, je suis la Chanoinesse Yasmina Dominica en charge de ce monastère.
Ayant fait vœux d’apporter assistance aux blessés, nous allons prendre soins de vos compagnons.
Qui d’entre vous se prétend être l’Inquisiteur Ezekiah ? D’après les données fournies par son sceau,
aucun de vous ne paraît avoir son âge.
-L’Inquisiteur Ezekiah n’est pas parmi nous, nous sommes son équipe et sommes en mission secrète
au nom de la Très Sainte Inquisition, ma Sœur. Lui répond Conrad d’une voix assurée.

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-Les identités de quatre d’entre vous ont été clairement confirmées comme étant celles de rebelles
activistes de Mekton Zeta infiltrés sous l’identité de clercs de l’Administratum. Vous seriez accusés
par les autorités d'attentats, d’assassinat de plusieurs militaires et d’un medic notamment. Qu’avez-
vous à répondre de cela ?
-Nous enquêtons précisément sur des activités illégales qui se déroulent sur Badab et devons aussi
impliquer les agissements de votre gouvernement qui… Répondit Conrad, mais la Chanoinesse
l’interrompit aussitôt :
-Vous accuser les Saintes Institutions Impériales ? Dit-elle presque dans un murmure. Les Sœurs
arment alors les culasses de leurs bolters d’un geste unanime. N'attendant qu'un geste de leur
supérieure.
Conrad, avant de répondre, se ravise. Réfléchissant bien à la réponse qu’il va devoir formuler.
-Non, je prétends juste que nous devons enquêter sur…mais attendez, parmi nos affaires se trouve une
plaque de données, les détails de notre mission y sont mentionnés et validés par l’Inquisiteur Ezekiah,
peut-être devriez-vous y jeter un coup d’œil ? D’un geste lent il indique d’un doigt leurs affaires
disposées dans une caisse.

Skeld lance alors, d’un air impatient à l’encontre de la Chanoinesse :


-L’Inquisition a toute autorité sur les institutions impériales, nous n’avons pas à nous justifier, si vous
avez foi en l’Empereur…
-Ne remettez jamais ma foi en l’Empereur en doute, mon garçon, car ici c’est moi qui ait toute autorité
et à la prochaine insolence de votre part, c’est une rafale de bolter qui vous fera taire. Lui lança-t-elle
le regard lourd de menace.
D’un signe de tête, la Chanoinesse ordonne à une des sœurs d’aller chercher la tablette de données
parmi le matériel entreposé dans des caisses. La sœur lui apporte ainsi que la chevalière d’Ezekiah.

-Bien, en attendant de décider quoi que ce soit à votre sujet, je vous rappelle que vous êtes ici dans une
Schola Progenium de l’Adepta Sororita et ne pouvez en aucun cas circuler librement en ces lieus. Je
vous fais mettre aux arrêts, je statuerais plus tard de votre cas, en attendant je vous laisse méditer à la
façon dont vous allez devoir me convaincre de ne pas vous dénoncer aux FDP. Puis, la tablette en
main, elle s’engouffre dans un des couloirs latéraux suivie de deux sœurs.

Leur faisant signe d’avancer avec leurs bolters, les sœurs restantes leur intiment l’ordre d’avancer dans
un autre couloir, s’engagent dans un long tunnel puis, descendant une volée de marches humides
éclairées d’électrotorches leur indiquent une cellule sombre et sans autre issue que la lourde porte de
plastacier qui se referme sur eux.
N’ayant d’autre solution que de prouver la véritable raison de leur présence sur Badab, le groupe passe
ainsi sa soirée à élaborer une défense crédible, les heures passent puis tardivement les membres du
groupe s’endorment les uns après les autres dans leur cellule spartiate.
Le milieu de la nuit est déjà passé de deux bonnes heures lorsque Syrius réveille ses compagnons, des
bruits de pas s’entendent dans le couloir, une clé que l’on tourne dans la porte, une vive lumière qui
les éblouie. On leur demande de sortir. Ils obtempèrent et suivent deux sœurs armées qui les font
remonter l’escalier puis emprunter des couloirs jusqu’à une vaste salle plongée dans la pénombre à
l’exception du centre même de la pièce où se trouve quatre chaises éclairées par des lumiglobes portés
par des servo-crânes. On leur fait signe de s’asseoir dans la lumière aveuglante et d’attendre.
La Chanoinesse Yasmina se tient face à eux dans l’ombre, la plaque de données dans la main, d’autres
sœurs sont là mais on ne distingue guère que leur silhouette, seul Tilus parvient clairement à les voir
par le biais de son œil bionique.
Elle leur explique qu’avant l’aube et le réveil des jeunes pensionnaires de cette Schola elle devra
prendre sa décision, l’interrogateur Tibaltus étant toujours dans le coma suite à ses blessures (tout
comme le technoprêtre), pour l’instant elle reste donc assez perplexe quant à l’identité de ses
prisonniers, les questions vont donc reprendre depuis le début...
Le milieu de la nuit est déjà passé de deux bonnes heures lorsque Syrius réveille ses compagnons, des
bruits de pas s’entendent dans le couloir, une clé que l’on tourne dans la porte, une vive lumière qui
les éblouie. On leur demande de sortir. Ils obtempèrent et suivent deux sœurs armées qui les font
remonter l’escalier puis emprunter des couloirs jusqu’à une vaste salle plongée dans la pénombre à

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l’exception du centre même de la pièce où se trouve quatre chaises éclairées par des lumiglobes portés
par des servo-crânes. On leur fait signe de s’asseoir dans la lumière aveuglante et d’attendre.
La Chanoinesse Yasmina se tient face à eux dans l’ombre, la plaque de données dans la main, d’autres
sœurs sont là mais on ne distingue guère que leur silhouette, seul Tilus parvient clairement à les voir
par le biais de son œil bionique.

Au cours de cet interrogatoire, certains éléments semblent tourner en leur faveur, notamment le fait
d’avoir en leur possession cette plaque de données dont le contenu n’étant autre qu’un mandat officiel
de l’Inquisition portant crédit sur la raison de la présence d’un Inquisiteur et de son équipe sur Badab.
Le sceau de l’Inquisiteur permet bien d’identifier son porteur comme étant l’Inquisiteur Ezekiah,
disposant d’un niveau d’accréditation Magenta. Ce qui est bien au delà de ce dont dispose n’importe
quel officiel impérial.

De plus, cette histoire de vaisseau pirate et de contrebandier recherché par l’Inquisition venant livrer
on ne sait quoi vraisemblablement à Mekton Zeta coïncide avec le début de la contre-offensive éclair
lancée contre les troupes gouvernementales la veille. Alors que jusque là, Mekton Zeta n’était pas
vraiment en position de force.

Toute la difficulté réside encore dans le fait qu’il reste à prouver qu’il s’agit bel et bien d’une équipe
sous couverture et que cela reste donc extrêmement difficile à établir. L’inquisition n’est pas une
organisation vraiment « joignable » et de plus, seul le gouverneur dispose d’un Astropathe. D’autant
plus que pour l’instant les autorités les ont plutôt fichés comme étant de dangereux criminels traqués et
recherchés.

Au bout de quelques heures, elle demande à ce qu’on leur apporte de l’eau et du pain. Un servant
arrive alors avec un plateau, il s’agit d’un vieillard vouté et usé en robe de moine, seul homme
visiblement au sein de ce couvent. En servant Skeld, il ne peut s’empêcher de voir les tatouages sur ses
bras, reconnaissant des marquages militaires, il l’interroge sur son unité, disant fièrement que lui
même a jadis servi dans les FDP. Alors que la chanoinesse lui intime l’ordre de se taire et de vaquer
promptement à ses occupations, Skeld voit sur l’avant bras du vieil homme un tatouage du 32ème
Régiment, comme celui du vieil Olanius. Il lui demande alors si il l’aurait connu, l’homme lui affirme
alors que oui mais d’après lui cette vieille canaille d’Olanius doit être morte à l’heure qu’il est ! Ce
que confirme bien Skeld…

La chanoinesse ayant du mal à suivre, Conrad lui raconte alors l’épisode qui suivit l’explosion de la
villa d’Ezekiah : la rencontre avec Styx le jeune garçon, le disparition d’Olanius et son corps retrouvé
à la morgue sous la fausse identité de Varagine.
Conrad demande à ce qu’on leur apporte les quelques effets personnels du mendiant, notamment les
images pix.
Le vieux servant, du nom de Marsius Leur raconte qu’il a lui même été longtemps un soldat des FDP,
il a servi aux côtés d’Olanius pendant près de trente ans, c’est lui à côté d’Olanius et de deux copains
de régiment sur l’image. Emu, le vieil homme leur dit que l’autre pix représentait Yessica la jeune
épouse d’Olanius, il leur raconte comment elle fut tuée lors de la Révolte des Damnés, il y a de cela
plus de cinquante ans : un soulèvement soudain de mutants et de psykers incontrôlés qui massacrèrent
des civils dans certains villages isolés du Nord. Yessica alors enceinte fut rituellement sacrifiées par
ces bêtes impies sur l’autel dédié à leurs idoles païennes. Le 32ème régiment fut alors créé, entrainé et
spécialisé dans la chasse aux mutants, une purge fut lancée avec l’aide du Ministorum, le Culte
Impérial. Les mutants furent exterminés jusqu’aux derniers par le feu purificateur de Terra.

-Que le Trône d’Or nous protège, murmura alors la chanoinesse en joignant ses mains pour faire le
signe de l’Aquilla, Marsius, les autres sœurs et Skeld l’imitèrent…

La Chanoinesse donne alors congé à Marsius.

Conrad se rappelle soudain que le jeune garçon, Styx était bien un mutant…ce qui paraît alors bien

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troublant au vu du passé d’Olanius… mais disposant de peu de temps devant lui et se promettant de se
pencher plus tard sur ce point, il en profite pour faire une transition sur les différentes visions qu’il a
eu durant sa prémonition avec le Tarot de leur Inquisiteur.

Il en fait donc part à la Chanoinesse, notamment le fait qu’Ezekiah pourrait bien être emprisonné
quelque part sur une île située entre les deux continents. Elle lui demande alors de lui décrire cette île,
ce qu’il fait. Elle demande alors à ce qu’on lui fasse chercher sœur Attela. Sœur Attela est la
Bibliothécaire et Géographe du monastère, elle a une excellente connaissance des reliefs de Badab.
La sœur en question arrive, il s’agit d’une femme ayant la trentaine, plutôt charpentée et en chair, elle
apporte avec elle un énorme grimoire qu’elle pose sur une table. Conrad lui détaille alors la vision
qu’il a eu de l’île tandis qu’elle semble chercher parmi les pages de son encyclopédie géographique.
Soudain, elle s’arrête sur une page, Conrad en profite pour sonder furtivement son esprit à ce moment
là et « lire » à quoi elle pense précisément.
Elle semble alors penser : « Oh ! l’île de l’ancien pénitencier d’Hermangard ! ». La chanoinesse se
penche aussi sur le grimoire et s’entretien tout bas avec sœur Atella. Au bout de quelques instants elle
demande à ses sœurs de sortir avec elle, laissant seul Conrad, Skeld, Tilus et Syrius dans la pièce qui
est alors verrouillée derrière elles.

Conrad se penchant vers ses compagnons leur fait part aussitôt à voix basse de ce qu’il a ressenti dans
l’esprit de sœur Attela, Tilus et Syrius en tant que natifs confirment, l’île d’Hermangard situé dans un
archipel au sud des côtes de Badab City, abritait bien jadis un pénitencier. Il fut fermé il y a environ
soixante-dix ans, jugé trop vétuste suite à de nombreuses évasions. Il est depuis laissé à l’abandon. Il
serait question que les quelques habitants de l’île l’aient même pillé pour se servir des matériaux de
construction encore utilisables. Ce n’est désormais plus qu’un vieux fort en ruine dominant l’île de sa
silhouette lugubre.
Pour Conrad, nul doute, Ezekiah est bien détenu là-bas, reste à convaincre les sœurs de leur bonne foi
et qu’elles leur prêtent main forte pour la suite.

Chapitre III

+++Sœur Séverina+++
+++Massacre à Milusboro+++

La porte s’ouvre, Yasmina la Chanoinesse entre accompagnée d’une jeune sœur. Leur capuche
abaissée sur leur tête, dissimulant en partie leur visage et l’entretien qu’elles ont à voix basse. Conrad
en profite pour sonder rapidement l’esprit de la plus jeune et perçoit un esprit tactique élaborant une
stratégie dans laquelle il est question d’infiltration de leur propre groupe jusqu’à Hermangard.
Seulement il est question dans l’esprit de la jeune femme, qu’elle les accompagne.

La Chanoinesse relève sa capuche et leur dit alors :


-Bien, le jour est sur le point de se lever, et aux vues des évènements graves qui se sont déroulés la
veille sur Badab, j’ai donc décidé de vous accorder crédit sur toute cette sombre histoire. Les preuves
que vous m’avez fournies confirmeraient bien la présence de l’Inquisition sur notre monde et je ne
resterais pas ici sans réagir.
Aussi ai-je décidé de vous aider en échange de certaines garantis. D’abord, vos deux compagnons
blessés resteront ici jusqu’à ce qu’ils soient remis en état. D’autre part, nous allons vous aider à
poursuivre votre mission, pour cette raison, sœur Séverina à mes côtés, vous accompagnera. Ne vous
fiez pas à sa jeunesse, Séverina a servit cinq années au sein d’une escouade de Séraphines de la
Sororita avant de nous rejoindre pour instruire aux jeunes recrues le combat au corps à corps. Elle
restera en liaison vox avec moi. Toutes les douze heures, elle me fera un compte rendu de la situation
dans un langage secret connu de nous seules.
Si ce message ne me parvenait pas ou bien s’il ne comportait pas certains mots clés, je n’hésiterais

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alors pas à communiquer les derniers éléments de votre parcours aux FDP. En d’autres termes vous
comprendrez qu’il serait fâcheux qu’il arrive quoi que ce soit à sœur Séverina. Est-ce bien clair ?

Les quatre compagnons hochèrent positivement la tête.

Elle reprend alors :


-Je vais préparer une lettre d’accréditation que je remettrais à Sœur Séverina, lui autorisant à voyager
pour le compte de la Schola afin d’aller chercher du ravitaillement avec ses serviteurs.

Séverina prend alors la parole :


-Bien, j’ai pour mission de vous accompagner jusqu’à l’Inquisiteur Ezekiah et vous aider à le libérer.
Parmi vous quatre, seuls deux sont recherchés, nous allons en tirer partie. Nous prendrons un camion
du monastère que nous utilisons pour allez nous ravitailler en ville. En tant que sœur je n’attirerais pas
l’attention, je conduirais donc. Les deux qui ne sont pas encore repérés resteront avec moi à bord, en
tant que simples serviteurs habillés comme des moines. Pour les deux autres, il faudra les dissimuler à
l’arrière du camion sous le châssis avec leur matériel et leurs armes. Nous garderons dans la cabine un
ou deux pistolets avec nous et un fusil d’assaut. Les routes ne sont plus vraiment sûres en ce moment.

Les quatre compagnons acquiescent. L’itinéraire est longuement débattu par le groupe tandis que les
derniers préparatifs sont lancés. Finalement il est question de bifurquer au sud-est en direction de
l’estuaire de Middenheim et de là voir pour trouver un bateau qui pourra les mener à Hermangard. Là
encore le sujet fait débat car un blocus naval vient d’être instauré par les troupes gouvernementales en
même temps que le loi martiale sur tout le territoire tandis que les troupes de Mekton Zeta font une
percée vers la nord.

Qu’importe, devant les événements, cette solution reste encore la bonne. Le groupe prend donc place
dans le camion comme convenu et le véhicule démarre. Après quelques heures de route, Tilus repère
au loin la zone côtière de l’Estuaire. Sur la route à deux kilomètres de là, un barrage routier et des
véhicules FDP. Le camion continue jusqu’à hauteur du barrage où se trouve une dizaine de militaires,
là, un soldat en tenue bordeaux poussiéreuse s’approche de la cabine et salut d’un coup sec:
-Votre laissez-passer, ma sœur ! Elle lui tend la lettre d’accréditation, il le lit.
-Vous permettez qu’on inspecte l’arrière du camion… Ce n’était pas vraiment une question, deux
autre soldats ouvrent la bâche à l’arrière et montent sur le châssis encombré de caisses et de barils
vides, sous les planches, dans un compartiment exigu, Skeld et Conrad retiennent leur respiration.
Dans la cabine, Tilus une main sous sa robe de moine, sert son pistolet laser et débloque le cran de
sureté. Séverina garde ses deux mains sur le volant, tandis que le moteur ronronne, et attend.
Les militaires redescendent, le premier soldat rend le parchemin à la sœur :
-C’est bon ma sœur, tout est en règle, allez-y.

Le camion redémarre et tout le monde recommence alors à respirer. A moins d’un kilomètre de là
débute la ville côtière de Milusboro et ses chantiers maritimes emplis de docks et de porte-containers.
Le soir tombe tandis que Séverina gare le camion dans une ruelle sombre du vieux quartier résidentiel
du port. Le groupe en sort discrètement et toujours sous couvert d’un groupe de moines, décide de
louer une chambre dans un petit hôtel du quartier. Après un repas où il est question dès le lendemain
de louer les services d’un bateau, l’équipe rejoint leurs chambres pour quelques derniers points à
régler avant d’aller se coucher. Le réveil demain sera tôt, le premier bateau en partance pour le
prochain port maritime étant à 05h30.
Séverina avant d’aller se coucher se tourne vers Conrad, lui plaquant le canon de son pistolet bolter
entre les deux yeux et lui lance d’un air froid :
-Quant à toi sorcier, ne recommence jamais ta magie sur moi ou bien je t’abattrais sans sommation,
est-ce que c’est bien clair ?

Puis rengainant son arme sous sa robe, elle souhaite la bonne nuit à tout le monde et part se coucher.
Les autres continuent de discuter dans une de leurs chambres, tentant d ‘élaborer la meilleure stratégie
pour le lendemain. Tilus connait un contact dans les environs, peut-être pourra-il les aider. À l’aide de

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son vox, il l’appelle, ce dernier se faisant appeler Hak, lui communique les coordonnées d’un ami sûr,
dans les faubourgs de Middenheim. Tilus promet de l’appeler dès le lendemain matin.
Pendant que l’équipe continue de discuter, Conrad reçoit un appel sur son vox, il s’agit d’Hephastos,
le technoprêtre.

Ce dernier lui indique qu’il est sur la route au volant d’un 4x4 à environ une bonne demi-heure de
Milusboro, il doit les rejoindre de toute urgence, Tibaltus est avec lui mais toujours blessé et évanoui.
Devant une telle nouvelle, le reste du groupe s’étonne de leur arrivée si tôt, alors qu’ils étaient censé
être encore convalescents et en sécurité à la Schola Ste Praxedés.
Hephastos leur indique que les Sœurs les ont aidées à fuir in extremis alors que le monastère de la
Schola subissait une lourde attaque. Conrad lui donne rdv à l’hôtel, ils en parleront sur place.
Devant cette nouvelle, Séverina alors informée, contacte via son vox le monastère. La mine sombre,
elle revient vers le groupe leur annonçant qu’elle ne parvient pas à établir le contact.

Hephastos arrive devant leur hôtel au volant du 4x4 que Tilus avait été laissé à la schola, encore faible
suite à la blessure qu’il avait reçu à l’œil gauche, il rejoint ses compagnons. Deux d’entre eux aident
Tibaltus à demi conscient à monter dans leur chambre.
Hephastos est alors assaillit de questions par ses compagnons en pleine effervescence. Il leur apprend
alors peu de chose, si ce n’est que la Schola devait subir une lourde attaque au bruit des modules de
défense automatiques qui tiraient. Il n’a pu voir les assaillants, mais aucun doute qu’ils étaient
puissants car plusieurs explosions ont eu lieu au sein même du monastère. Les sœurs, dont une qui
semblait être la supérieure leur ont tout juste permis de fuir leur disant juste vers où aller pour
rejoindre leurs compagnons car les assaillants étaient là justement « pour eux » et qu’elles feraient
tout pour les retenir.

Réalisant que leur couverture est sans doute en danger et devant une nouvelle menace non identifiée,
le groupe décide de rester sur ses gardes. En réalité, Séverina doute fort qu’il s’agisse là des FDP.
Tilus et Syrius décident alors de louer une chambre dans un des autres hôtels en face dans la rue où ils
se trouvent, idée de ne pas rester trop groupés et de garder tout de même un œil ouvert.
Il est près de 23h lorsqu’une forte pluie légèrement acide commence à tomber drue sur la petite ville
côtière de Milusboro. Au large, au dessus de la mer polluée, le tonnerre gronde alors que tout le
monde part se coucher.

Il est un peu plus de deux heures du matin quand, depuis leur propre hôtel, Syrius s’éveille en nage. Le
grondement du tonnerre, le bruit de la pluie et les éclairs le font se lever de son lit en sursaut. Il réalise
soudain qu’il y a autre chose qui maintient ses sens en alerte. La magie. Dans le deuxième lit à côté de
lui, Tilus s’éveille à son tour, un pistolet laser à la main. Il voit son compagnon de chambré scruter la
rue depuis l’unique fenêtre de leur chambre.
-Y a quelque chose ? lui demande Tilus.
-Viens voir, y a quelqu’un qui traine autour de notre camion, lui répond Syrius dans un murmure.
Regardant à son tour derrière la fenêtre, Tilus voit en effet la silhouette d’un gamin de six ou sept ans,
pas plus, en guenilles et l’air un peu difforme. Il est campé devant le camion de la Schola garé à
quelques cent mètres de là, sous la pluie battante et ne bouge pas.
Syrius active son vox et appelle aussitôt Conrad dans l’hôtel d’en face, tandis que Tilus, sortant son
fusil laser d’un de ses sacs au passage, enfile sa veste et sort de la chambre discrètement, l’arme
pointée devant lui en lançant à son compagnon :
-Je monte sur le toit.

Conrad, encore endormi, entend vibrer son vox, il l’allume :


-Moui ?
-C’est Syrius, le gosse que vous aviez croisé à Korigan’s Cove, il était comment ?
-Attend…par le Trône, tu m’appelles à…quelle heure il est là ?…à deux heures trente du matin pour
me demander ça ?
-Répond juste à ma question !
-C’était un mendiant, une sorte de jeune mutant de six ou sept ans…mais pourquoi tu me poses cette

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question par Terra ?
-Parce qu’il est justement planté devant notre camion, et qu’un gosse de cet âge là à deux heure du
matin sous l’orage, moi ça m’intrigue.
-Ok, ça va, je m’habille, on va voir ça. Puis Conrad raccroche et sans hâte s’assoit sur le bord de son
lit.

Tilus, après avoir grimpé les autres étage arrive à l’échelle qui mène à une lucarne donnant sur le toit,
il y parvient, l’ouvre et réalise que le toit est fortement pentu rendu glissant sous la pluie acide
battante. L’idée de monter dessus ainsi à près de 15 mètres du sol n’est pas forcément une bonne idée.
Il se contente donc de se pencher et d’observer la scène grâce aux améliorations augmentiques de son
œil bionique.

Depuis la chambre, deux étages plus bas, Syrius en fait de même.


A côté du gamin toujours immobile à fixer le camion, à environ deux ou trois mètres du sol, une sorte
de fumée noire apparait, des enroulements et arabesques compliqués dessinent des runes qui
commencent à s’entremêler pour donner forme à une silhouette.

La fumée prend progressivement l’aspect d’une jeune femme flottant au dessus du sol, les bras écartés,
son corps est absolument magnifique, envoutant et en même temps quelque chose de malsain s’en
dégage. Elle est vêtu d’un grand manteau cintré en cuir noir fermé du haut en bas par de grosses
boucles en métal, son crâne est rasé sur toute la moitié gauche ou se dessine un tatouage fait
d’entrelacs de symboles incarnant la folie pure. Sur l’autre moitié, une longue chevelure noire flotte
autour d’elle, comme animée par sa propre volonté et dissimulant en partie son visage angélique à la
peau de porcelaine. Les ongles à l’extrémité de ses doigts, sont en fait des griffes, peut-être de métal,
de quinze à vingt centimètres. Malgré la pluie toujours battante, autour d’elle et sur près de deux
mètres de diamètre, tombent doucement des flocons de neige.
Elle se pose délicatement à côté du jeune garçon qui lève son regard aux grands yeux attendrissants
vers elle en pointant du doigt le camion puis l’hôtel où se trouvent Skeld, Conrad et ses compagnons.

Tilus et Syrius, en face de cet hôtel, voient avec effroi que la lumière de la chambre de Conrad vient
de s’allumer.
D’un geste presque maternelle, la jeune femme passe affectueusement une de ses mains griffues dans
la chevelure ébouriffée de l’enfant et lui sourit, puis écarte un pan de son long manteau dévoilant son
corps totalement nu aux caractères sexuels ostentatoires rehaussés d’ornements obscènes, contre
lequel vient se blottir le gamin. Tandis qu’elle referme son vêtement, Tilus et Syrius, totalement
tétanisés par la scène qui se déroule sous leurs yeux, réalisent que l’enfant a complètement disparu. Le
manteau de cuir cintré de la jeune femme ayant de nouveau épousé les formes parfaites de ses courbes
envoutantes.

A ce moment Conrad entend tambouriner à sa porte puis à celle de Skeld. Il va ouvrir, Séverina,
habillée d’une combinaison noire renforcée et fermée jusqu’en haut du cou, apparait armée devant lui,
faisant mine de ne pas remarquer sa nudité, elle lui lance d’un air cinglant :
-Habille toi vite Sorcier, et rejoint nous dans la chambre d’à côté, il y a quelque chose dans la rue qui
m’intrigue.
Séverina rejoint alors Skeld qui scrute la rue depuis la fenêtre de sa chambre au travers de ses
jumelles.
-Tu vois quelque chose, soldat ? lui lance-t-elle tandis qu’elle réveille le Technoprêtre et lui demande
de se préparer.
-Pas grand chose, j’ai pas un bon angle, et la visibilité est quasi nulle, mais ouais y a bien l’air d’y
avoir une personne qui rôde devant le camion.
Conrad les rejoint alors, finissant de s’habiller :
-C’est Styx, le gosse qu’on avait vu à Korigan’s Cove, je ne sais pas comment il nous a retrouvé, je
descends dans la rue pour voir ce qu’il veut.

D’une démarche assurée, féline, souple et nonchalante, à la manière d’un fauve s’approchant

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doucement de sa proie, la jeune femme avance alors lentement dans la rue, les yeux rivée vers la
fenêtre allumée, tandis que la neige continue de tomber autour d’elle.
Au détour d’une ruelle adjacente, deux miliciens des FDP en patrouille dans leur tenue de pluie
aperçoivent sa silhouette attrayante sous l’averse. Tilus et Syrius, toujours pétrifiés continuaient
d’observer la scène en silence. Ce quartier non loin des docks a toujours été réputé pour ces jeunes
demoiselles pas très farouches aux mœurs dissolus, vénales, certes, mais ô combien divertissantes.

C’est donc sans crainte que les deux militaires s’approchent d’elle pour l’aborder, pensant trouver
enfin une bonne motivation à leur fastidieux tour de garde.
Se campant devant elle, un sourire complice sur leurs lèvres aux vue des courbes parfaites de la jeune
fille, ce n’est qu’à ce moment là qu’ils réalisent vraiment qu’il neige autour d’eux juste avant de
comprendre que leur propre sang est en train de s’écouler à gros bouillon de leur gorge tranchée d’une
oreille à l’autre.
Le geste de la fille, d’une rapidité inhumaine n’avait même pas attiré leur attention, quelques gouttes
de sang perlent doucement de ses griffes tandis qu’ils tombent tous les deux à genoux à ses pieds. La
jeune femme incline alors doucement la tête et leur souris, amusée, lisant dans leurs yeux révulsés une
incompréhension propre à leur pitoyable espèce et prenant du coup un réel plaisir à les regarder
mourir. De leurs mains rendues gluantes par le sang chaud et épais, ils tentèrent de façon totalement
désespérée de retenir leur précieux fluide vital giclant toujours abondamment de leur cou tranché tout
autour d’eux en poussant d’immondes gargouillis. Ils ne peuvent comprendre toute la réelle beauté de
leur sacrifice pourtant essentiel, se dit-elle et c’est bien dommage. Elle se nourrit alors avec délectation
de leur douleur, de leur désespoir, de leur peur et de cette précieuse essence vitale se rependant dans la
pluie acide en larges flaques à ses pieds. Puis elle souffle alors doucement dans leur direction à la
manière dont on envoie un baisé à son amoureux.

Les corps des deux gardes sont alors pris de violents spasmes frénétiques, leurs os commencent à
craquer tandis que les muscles de leur torse et de leurs bras se gonflent et atteignent des proportions
surhumaines, leurs uniformes se déchirent et les os de leur mâchoires craquent à leur tour, des crocs
poussent de leur gueule béante et hypertrophiée. Les entités innommables qui s’incarnent alors en eux,
remodèlent avec délice leur nouvelle enveloppe charnelle afin qu’elle épouse un peu mieux et de façon
plus confortable leur formidable puissance. Depuis leur torse, le dessus de leurs épaules et leurs bras
disproportionnés se met à pousser des plaques chitineuses. Les avant-bras se changent alors en deux
masses énormes faites de kératine solidifiée et recouvertes de pointes à la manière des extrémités
caudales de certains megasaures pour l’un, et de longues lames tranchantes et barbelées en os telles
celles de Tyranides pour l’autre.

Leur corps, désormais de la taille de celui d’un grand boss ork, se relèvent alors lentement du sol. La
pluie recouvrant leur corps, se change alors instantanément en vapeur, dont les volutes fument autour
d’eux. Gonflant leur torse immense et cuirassé de pointes et levant leur gueule difforme au regard
totalement dément vers le ciel, ils se mettent à pousser un grondement rauque en direction du néant.
S’appuyant au sol sur ce qui leur sert désormais d’avant-bras à la manière des grands primates de
l’antique Terra, ils retournent docilement leur petits yeux enfoncés au regard vide vers la jeune femme,
de la bave encore mêlée du sang de leurs hôtes dégoulinant de leurs mâchoires pendantes.
D’un geste gracieux, elle leur indique d’un doigt l’hôtel non loin de là, puis comme elle venu, son
corps se dissipe en volutes de fumée noire avant de disparaître dans la pluie.
Les deux créatures au corps fumant de vapeur, s’élancent alors en grondant, bondissant dans la rue en
direction de leur objectif, leur rapidité foudroyante contrastant avec leur masse imposante.

Fébrilement, Syrius parvient à saisir son vox et les doigts encore tout tremblant appelle Conrad.
Pendant ce temps, Tilus parvient enfin à dévaler quatre à quatre les escaliers et crie à Syrius de le
rejoindre au 4x4.
Conrad arrivée dans le hall du rdc de l’hôtel, active la communication :
-Oui ?
-Conrad, tirez vous tout de suite de là ! hurle Syrius, tirez vous de l’hôtel vite !!

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Conrad, hésitant soudainement et reportant son attention vers la porte vitrée de l’entrée de l’hôtel, n’a
que juste le temps de percevoir une large silhouette derrière juste avant que la double porte ainsi que
son chambranle et une partie du mur autour ne vole en éclat, laissant apparaître en hurlant sa rage une
créature tout droit sortie des enfers, aux bras énormes et en forme de masses cloutées.
Conrad, reprenant rapidement ses esprits, s’élance vers les escaliers et remonte quatre à quatre les
marches en direction de ses compagnons, leur criant depuis la cage d’escalier qu’il faut évacuer de
toute urgence.
Alors qu’il allait attendre le troisième étage, là où se trouve le reste de l’équipe, Séverina apparaît en
haut des escaliers, ses deux pistolets bolter en main, elle fait alors feu sans discontinuer, touchant la
créature de multiples impacts qui n’eurent comme autre effet que simplement la ralentir.
Conrad passe à la hauteur de la jeune sœur tandis qu’elle crie tout en tirant et reculant :
-Skeld ! Par Terra, trouve nous une issue, vite !
Conrad file alors chercher Tibaltus à demi conscient dans sa chambre, tandis que Skeld part en avant
dans le couloir à la recherche d’une autre sortie, Hephastos le suit.
Continuant de tirer des deux mains et psalmodiant en boucle la Litanie de La Foi en Haut Gothique,
Séverina maintient la créature à distance, mais celle-ci continue tout de même d’avancer, les bolts,
explosant sur sa carapace, n’ayant sur elle visiblement pas plus d’effets que des balles en caoutchouc.

Devant un tel vacarme en pleine nuit, plusieurs personnes font irruption de leur chambre donnant dans
le couloir, pour finalement rester paralysées devant une telle scène.
Le directeur de l’hôtel, un homme chauve et bedonnant surgit derrière cette apparition de cauchemar et
fait feu avec ce qui semble être un fusil à pompe. Faisant volte-face et d’un geste rapide, la créature
fait alors s’entrechoquer ses deux puissantes masses garnies de pointes, broyant entre elles le crâne du
pauvre homme dont le contenu sanglant et gélatineux gicle jusqu’au plafond. Une jeune femme blonde
en chemise de nuit sur le pas de sa porte juste à côté, le visage soudain recouvert de sang et de
morceaux de cervelle humaine, hurle de terreur devant l’horreur de cette scène, la créature la fait taire
en une seconde, abattant une de ses masses encore sanglante sur la malheureuse, éclatant son crâne
comme un fruit mûr, la puissance du coup, lui écrasant au passage le torse et enfonçant ses restes dans
le plancher dans un bruit horrible d’os broyés.
Les autres témoins de la scène s’enfuient alors en hurlant, se poussant et se piétinant vers les escaliers
comme des déments, le chaos indescriptible est total.

Skeld hésitant et peinant à trouver une sortie, voit finalement au bout d’un couloir une fenêtre donnant
sur un vieil escalier de secours en fer. Il ouvre la fenêtre et passe, il réalise alors que sous la pluie
toujours battante, le vieil escalier rouillé et glissant n’est pas très sûr, il enjambe la fenêtre, passe sur
l’escalier, il dérape, dévale quelques marches, se rattrape de justesse mais son fusil laser lui échappe
des mains et dégringole l’escalier en rebondissant sur les rambardes métalliques avant de toucher le sol
dans une flaque de pluie trois étages plus bas.
Se relevant, il entend Conrad lui crier par la fenêtre du couloir d’attraper Tibaltus et de l’aider à
descendre. Ce que s’empresse de faire Skeld. Conrad se retourne alors dans le couloir et lance un sort
mental sur la créature, mais celle-ci dont l’essence même est issue du warp, lui renvoi instantanément
son sort. Conrad reste donc totalement hébété, planté au milieu du couloir. Voyant cela, Hephastos
l’attrape et le fait passer par la fenêtre, Conrad dévale alors quelques marches lourdement, ce qui a au
moins pour effet de lui faire reprendre ses esprits. Puis le Technoprêtre dégaine son pistolet laser se
retourne et ouvre le feu sur le monstre. Ses tirs n’ayant pas plus d ‘effet que des brûlures de cigarette
sur son torse. Séverina tirant et reculant toujours, heurte Hephastos, ce dernier restant pétrifié à
regarder la créature démoniaque qui avance vers eux.
-On bouge, par le Trône d’Or ! lui lança-t-elle. Puis sortant une grenade à fragmentation, elle la
dégoupille, la lance dans le couloir, attrape Hephastos par la taille et plonge avec lui par la fenêtre
tandis que le couloir explose en une boule de feu projetant des débris de fenêtre et de maçonnerie vers
la cours en contrebas.
Toute l’équipe se retrouve finalement dans la cour qui semble être l’arrière cour de l’hôtel, entourée de
murs en briques. Skeld ayant retrouvé son bon vieux et indestructible fusil laser, toujours intact malgré
quelques chocs de plus dus à la chute. Conrad reprenant ses esprits, soutien Tibaltus qui a toujours du
mal à marcher et peine à rester conscient. Hephastos et Séverina après quelques bleus, les rejoignent.

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Skeld trouve une porte en bois, fermée, qui donne apparemment dans une ruelle derrière. Il donne
quelques coups d’épaule, mais la porte résiste tout de même. En haut, par la fenêtre dévastée et la
fumée, la créature fait alors son apparition, défonçant à grand renfort de masses, les restes du mur, puis
passant sur la passerelle grinçant sous son poids, semble alors se préparer à sauter trois étages plus
bas. Ses quelques blessures dues à l’explosion ne semblant pas l’arrêter. S’activant alors dans la cour
afin d’ouvrir la porte, Hephastos aide alors Skeld, la serrure et la porte cédant aussitôt grâce à une
simple pression du gantelet énergétique du Technoprêtre. Se retrouvant rapidement dans une petite
ruelle sombre et encombrée de détritus, Skeld, fusil laser pointé à hauteur de vision, prend la tête du
groupe et avance, son sens de l’orientation le guidant vers une rue transversale. Le reste du groupe le
suit, Séverina fermant la marche entend derrière le mur de la cours un lourd impact. La créature est de
nouveau à leur trousse.

A quelques rues de là, Tilus et Syrius, au volant de leur 4x4, démarrent et partent à la recherche de
leurs compagnons. Une ombre surgit soudain dans le champ de vision de Tilus qui réalisent qu’il
s’agit de la deuxième créature qui leur fonce dessus. Mettant un coup de volant au dernier moment,
Tilus évite l’impact latéral du monstre, mais celui-ci vif comme un fauve, plante tout de même une de
ses lames qui lui sert d’avant bras dans la portière, l’arrache de ses gonds et l’envoie voler dans la rue.
Tilus en profite pour accélérer, laissant la créature derrière eux.
Syrius, côté passager, se penche par sa fenêtre baissée et lui tire dessus avec son pistolet mitrailleur,
mais la rafale le rate.
Le monstre s’élance et bondit, Tilus accélérant toujours, donne un deuxième coup de volant et esquive
de nouveau l’impact de la créature qui rate de peu le toit du véhicule, mais celle-ci, se réceptionne
avec souplesse. Le monstre plante une de se lames d’un geste brusque dans le moteur et perfore le
radiateur, Tilus parvient à dégager le véhicule au moteur fumant et redémarre en trombe. Sur le
tableau de bord, plusieurs runes rouges lui indiquent que l’esprit de la machine semble mis à mal, mais
Tilus n’y fait pas attention, pas le temps.
-Le port n’est pas loin, amène nous là-bas lui hurle Syrius.
-On va essayer, lui répond Tilus entre ses dents.
Sous la pluie battante, le véhicule au moteur toussant et crachotant, file tant bien que mal entre les rues
en direction du port, leur poursuivant démoniaque toujours sur les talons.
Syrius se concentre et lance un sort vers la créature, invoquant un tourbillon psychique, il parvient à
capturer le monstre dans celui-ci, puis dirigeant le tourbillon au dessus des flots noirs, chargés de
polluants toxiques et acides, le relâche et le regarde tomber, englouti par des flots qui dissoudraient les
chairs de n’importe quel homme en quelques minutes avant de décaper ses os jusqu’à les rendre
spongieux. Comme chaque Badabi, Syrius avaient entendu des histoires incroyables décrivant une
sorte de faune marine qui aurait survécu en mutant dans ces eaux polluées par cinq millénaires
d’industrie intensive. Des légendes parlaient même de monstres marins capables d’engloutir des
navires avec leur cargaison et leur équipage. Seul l’Empereur sait ce qui se trouve sous ses eaux
impures désormais, mais ce dont Syrius était sûr c’est que cette créature des enfers n’allait pas survivre
longtemps dans cet environnement.

Toujours sous la pluie, en petite foulée et discrètement, Skeld indique au groupe le camion de la
Schola, toujours garé dans une ruelle, le groupe s’y dirige en courant. Hephastos, prenant le volant,
connecte ses mecadendrites au module de démarrage, laissant l’esprit de la machine lui transmettre de
façon bienveillante les données techniques du véhicule en impression sur sa rétine. Après le rituel
d’invocation de l’activation de la machine, Hephastos, sort de sous sa robe, un cône d’encens sacré et
une fiole d’huile sanctifiée et commence à psalmodier en Techna-Linguis le Deus Ex Machina. Conrad
trempé par la pluie, ouvre la portière côté passager de la cabine et après avoir aidé Tibaltus à monter,
monte à son tour tout essoufflé et s’assoit à côté de lui.
-Qu’est ce que tu fous là ? Démarre bon sang ! lance-t-il à l’encontre du Technoprêtre.
-Je ne souhaite pas courroucer l’esprit de la machine, tu as vu ce que cela à donner la dernière fois ?
lui répond calmement Hephastos tout en continuant d’ânonner tel un derviche.
-Mais par tous les Saints de Terra, on n’a pas le temps, démarre putain on a une créature du warp à nos
trousses !
Rejoignant le camion toujours en courant, Séverina d’un geste de militaire surentrainé, éjecte les deux

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chargeurs droits de ses pistolets bolters et avec une rare économie de mouvements recharge aussitôt
ses armes de deux chargeurs pleins de quinze cartouches explosives. Elle se retourne sans ralentir et tir
sur la silhouette qui la talonne. Les impacts qui perforeraient un homme adulte de par en par, ne font
que ralentir sa cible mais ne la stoppent même pas.
La rejoignant, Skeld pose un genou à terre, pointe son fusil laser, ajuste son tir et ouvre le feu à
plusieurs reprises. Mais la vision de cauchemar qui surgit lui fait perdre tous ses moyens, se relevant,
il se met alors à fuir, dépassant le camion et partant dans la rue en criant.

Séverina saute à l’arrière du camion tandis que celui-ci démarre. Hephastos accélère, double le cadien
en fuite qui est récupéré au passage à grand peine par Séverina.
Sur la route, Tilus et Syrius laissant leur véhicule détruit, leur fond signe et s’empressent de monter à
l’arrière.

Skeld, les yeux exorbités, reprend ses esprits, allongé tout au fond sur le plateau arrière du camion,
haletant.
-Tu as de la chance que je ne sois pas un Commissaire, soldat ! lui lance Séverina assise à côté de lui,
ses deux pistolets bolters sur les genoux, le regard lourd de reproche.
-En effet…tu aurais peut-être été plus efficace au tir ! lui répond alors Skeld avec un sourire insolent,
se relevant sur ses coudes.
-C’est ça, fanfaronne ! Par le Trône, encore un coup comme ça et je te promets que je te fous mon
poing dans la gueule !

Roulant ainsi de nuit, sous la pluie, le camion continu de descendre plein sud vers la grande ville
maritime de Middenheim, ne s’arrêtant qu’une fois pour faire un plein rapide. Le groupe en profite
pour faire un point de la situation. Tilus et Syrius racontent alors à leurs compagnons l’épisode avec
l’enfant, la femme en noir, les deux gardes tués et leur transformation en créature du warp. Conrad,
perplexe se demande s’il s’agit là de la même femme évoquée lors de sa séance de tarot, mais la
femme semblait à demi-machine, ce qui ne semble pas coller. Tilus lui dit alors que Goldberg, le
Trafiquant, capitaine du « Morning Star » recherché par Ezekiah, a pour compagnons en plus de ses
hommes, deux femmes mystérieuses. L’une pouvant bien être la femme à moitié bionique, l’autre
pouvant être celle qu’il avait vue.

Conrad leur demande alors comment ils ont eu ce genre d’information, Tilus lui répond que justement,
Ezekiah les avait engagés pour enquêter, ce qu’ils ont fait. Faute d’éléments plus précis, le groupe
projette de repartir. Tilus décide alors qu’il est temps d’appeler le contact de son pote Hak, ce qu’il
fait, il fixe un rendez-vous dans les faubourgs de Midenheim et le groupe décide de s’y rendre.
L’adresse est celle d’un entrepôt situé dans le quartier des anciennes Manufactura...

Chapitre IV

+++Un contact inattendu+++


+++Lugg Uberkrump+++

Au petit matin, ils garent le camion dans l’entrepôt, Tilus rencontre un homme qui dit s’appeler
Skanks, un ami de Hak, il peut leur fournir une planque et un peu de matériel. Conrad lui demande s’il
peut aussi trouver du monde qui pourrait soigner et garder Tibaltus. Il lui dit qu’il leur faudra aussi de
faux papiers. Skanks leur répond qu’il va voir ce qu’il peut faire, les installe dans un ancien
appartement défraichi situé dans un bloc d’habitation miteux et ressort, il les contactera plus tard. Le
groupe en profite alors pour se reposer un peu...
Profitant du calme relatif de la situation et de la planque, l’équipe prend un peu de repos.

Un peu plus tard, Skanks les contacte et repasse les voir à l’appartement. Il peut avoir ce qu’ils
demandent, mais ses fournisseurs ne les connaissent pas et n’ayant pas plus de garanties, demandent le

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prix fort. Quelques vingt mille crédits pour les faux papiers, les soins de Tibaltus et le matériel.

Cette somme colossale et totalement hors budget est absolument inacceptable pour le groupe qui
entame une discussion animée avec Skanks qui reste ferme sur ses positions, leur faisant bien
comprendre que ce sont eux qui ont besoin de lui et qu’à tout moment ils peuvent repartir. D’autant
plus, leur dit-il que depuis les dernières vingt quatre heures, des évènements d’une rare gravité leurs
sont apparemment imputés. Devant leur air dubitatif, il leur conseille, à l’occasion, de regarder les
informations locales.

Le groupe, lui demandant de trouver un arrangement pour la somme, Skanks leur promet de réfléchir
et de leur amener une solution plus tard dans la journée.

Quelques heures plus tard, il repasse, il a une proposition à leur faire. Un magnat de la contrebande
locale spécialisé en trafic d’armes et de drogues gène quelque peu les activités de son organisation, son
élimination serait appréciée et effacerait la dette qu’ils lui devront. Ce n’est pas sans risque, le magnat
habite une riche villa fortifiée et possède un personnel et un système de sécurité des plus efficaces. Il
leur donne quatre heures pour se décider et lui donner leur réponse.

Le groupe entre à nouveau dans une discussion animée et très mouvementée opposant au sein même
de l’équipe ceux qui trouvent cette idée d’assassiner un mafieux local très limite. Leur situation est
déjà critique, inutile d’en rajouter, d’autant plus que cela les éloigne de leur objectif principal.

De l’autre côté, s’opposent ceux qui sont pour cette opération, éliminer un mafieux ne les gene pas,
voyant par là un moyen de se procurer, en dehors des faux papiers, du matériel chez le contrebandier
qui manque cruellement en vue de l’assaut pour libérer Ezekiah.

Quatre heures après un âpre débat, le groupe appelle Skanks, leur décision est prise, non sans mal. Ils
acceptent finalement son marché. Ce dernier leur fixe un rendez-vous une demi-heure plus tard dans
un bar pour leur exposer les détails de leur mission.

Devant une bière et s’assurant que personne ne prête attention à leur conversation, Skanks leur dévoile
l’identité de leur cible, il s’appelle Lugg Uberkrump, ce parrain de la contrebande locale, un obèse
chauve d’une soixantaine d’années ne sort jamais de sa villa fortifiée et bien gardée, située dans un
domaine boisé au sommet d’une colline en dehors de Middenheim.
Tilus, se rappelle avoir déjà entendu ce nom. Goldberg, le capitaine contrebandier du «Morning Star »
aurait déjà été en contact avec cet homme. Une cinquantaine d’hommes protègent Uberkrump en
permanence, cependant dans moins de vingt quatre heures, sa femme et ses deux filles quitteront la
villa sous lourde escorte pour quelques jours. Uberkrump sera seul avec ses lieutenants et une
vingtaine de gardes, rendant l’opération alors « possible » pour un groupe comme le leur.

Conrad se voit refuser sa demande de soutien logistique, Skanks lui disant qu’ils devront se débrouiller
seuls sur ce coup là, aucun lien ne doit avoir lieu entre eux et son organisation qui ne doit absolument
pas être impliquée dans cet assassinat.
Si ils souhaitent de l’aide ou du matériel, ils devront se débrouiller avec leurs propres moyens.

Séverina, toujours préoccupée, en profite pour emprunter un journal dans le bar et regarde les
nouvelles locales. En dehors de la guerre qui fait rage et du blocus, un article relate la tragédie qui
frappa ces derniers jours le Monastère de la Schola Progenium de Ste Praxédes où elle lit avec effrois
que périrent en une nuit ses quelques soixante occupantes, dont cinquante jeunes filles de six à
quatorze ans. Leurs corps calcinés ont été retrouvés ce matin dans les ruines du monastère. Les
conditions de leur mort restent encore incertaines et une enquête menée par les forces de l’Adeptus
Arbites, conjointement avec les FDP est en cours.
Des honneurs seront rendus par le gouverneur Callidon en personne aux sœurs et à leurs jeunes élèves,
alors devenues martyres de cette guerre.

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Ce tragique événement qui laisse sœur Séverina bouleversée et fortement émue, est mis en corrélation
avec une scène de carnage perpétuée dans la petite bourgade côtière de Milusboro, où les occupants
d’un hôtel auraient été sauvagement massacrés à l’arme blanche, douze victimes furent retrouvées
démembrées. Une enquête est là aussi ouverte par l’Arbites. Selon les premières pistes, ces actes d’une
rare barbarie sont imputables à un groupe de terroristes ultra radicaux de Mekton Zeta qui cherche
juste à semer la terreur sur le continent nord. Des portraits robots accompagnent cet article. On y
reconnaît bien effectivement, quoique de façon un peu grossière et exagéré tels de véritables
psychopathes, les traits de Tibaltus, Conrad, Skeld et Hephastos. Un avis officiel encourage d’ailleurs
tous citoyens au devoir de délation.

Le soir, l’équipe fait discrètement quelques achats rapides dans le Commercia, le quartier marchand de
la ville, idée de changer d’apparence puis rentrent dans leur bloc d’habitation pour y passer la nuit.
Séverina passera sa nuit à prier.
Le lendemain, le groupe loue un véhicule, une berline de ville et passe sa journée en reconnaissance
dans les abords de la villa d’Uberkrump, qu’ils ne parviennent pas à approcher à moins d’un
kilomètre. Cela leur permet de voir les gardes de la villa qui leur demandent de rebrousser chemin. Ces
derniers sont équipés de fusils d’assaut compacts avec viseurs, lunettes infrarouge et systèmes vox
reliés à la villa. De plus des caméras holopix thermiques sont dissimulées un peu partout dans les
abords du parc. Approcher la villa sera donc ardu.
Hephastos, pendant ce temps cherche en ville un endroit ou il pourrait se procurer du matériel de
connexion pour prendre la main sur un cogitateur à distance. Le matériel est difficile à trouvé et de
plus son prix est colossale.
Devant ces quelques informations, l’équipe se retrouve pour faire un point et mettre en place une
stratégie...
Le groupe est partagé sur la stratégie à adopter. Comment entrer dans la villa d’Uberkrump, comment
venir à bout des gardes, comment faire en sorte de les éviter, faudra-t-il tuer des témoins, comment
sortir de là, etc. ?
Autant de questions qui tournent en rond, faute de moyens, de matériel et d’accord sur les méthodes à
adopter.
Conrad, Tilus et Severina se réunissent et décident d’un commun accord, qu’en l’absence de
Tibaltus, d’autant plus que celle-ci pourrait bien être définitive, le groupe a vraiment besoin d’un
leader. Pour l’instant les décisions partent dans tous les sens, le moral de l’équipe se détériore et le rôle
de chacun doit être mieux défini. Cette fonction de chef de groupe sera partagée, et en attendant, ce
seront donc Conrad et Tilus qui d’un commun accord prendront désormais en main les décisions.

Suite à quoi et après en avoir délibéré avec l’équipe, Tilus considère qu’il leur manque des moyens
pour mener à bien cette mission. Il décide donc de rappeler Skanks et de négocier avec lui une aide
supplémentaire.
Il lui fixe rendez-vous. Après quelques négociations, Tilus expose de bons arguments et Skanks
accepte donc de les aider un peu. Il leur fourni, à leur demande un deuxième véhicule et l’argent
nécessaire pour acheter du matériel, notamment un cogitateur. Cela correspond à environ à moins de la
moitié de ce que demandait Tilus, cependant il s’en contente.
Skanks avant de les quitter, leur rappelle que ce « travail » doit être fait rapidement et que lui et
l’organisation pour laquelle il travaille ne doivent à aucun moment être impliqués.

Le Technoprêtre récupère l’argent et accompagné de Severina, se rend rapidement dans le centre ville
afin d’acheter le cogitateur portatif. Malgré ses douze kilos, il s’agit d’un modèle en assez bon état,
bien qu’ayant déjà servi, que leur cèdent des techno-adeptes. L’investissement en vaut la chandelle,
cela devrait permettre à Hephastos de théoriquement prendre la main sur le système de sécurité de la
villa, d’autant plus que celui-ci est maintenu par un Technoprêtre travaillant personnellement au
service d’Uberkrump.

De retour à l’appartement, Conrad et Tilus leur exposent le « Plan » élaboré jusque là.
Tilus a appris par Skanks qu’Uberkrump se faisait régulièrement livrer de la nourriture tous les quatre
jours par des livreurs envoyés par un traiteur local. La prochaine livraison aura lieu dès demain matin.

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L’idée est la suivante : Prendre la place des livreurs et ainsi entrer dans la villa. Cela leur laisse peu de
temps car la nuit tombe.

Conrad, Syrius et Hephastos se rendent donc rapidement à bord d’un de leurs véhicules dans le
Commercia, le quartier marchand. Là, devant l’heure tardive, ils trouvent la boutique du traiteur
fermée. Dans la ruelle sombre et humide, le Technoprêtre coupe les alarmes et parvient à ouvrir la
porte. Le groupe entre discrètement et commence à fouiller la boutique. Hephastos en profite grâce à
son cogitateur pour se connecter aux données enregistrées dans le logicateur de la boutique. Il récupère
ainsi les différentes données qui l’intéressent, à savoir l’heure de la livraison qui est prévue à 5h45, le
nom des livreurs, ils seront deux, un homme et une femme, ainsi que la nature de la commande, en
réalité un véritable banquet suffisant pour une bonne cinquantaine de personnes.
Conrad en profite pour faire un tour au niveau du garage adjacent à la boutique, deux camions de
livraison s’y trouvent dont celui qui sera utilisé demain, ce sont de vieux modèles fonctionnant au gaz
et dont les chromes et les cuivres ont vu des jours meilleurs. L’arrière des camions est réfrigéré grâce à
un ancien système au fréon. Vu la quantité de nourriture, le camion sera plein et cela laissera peu de
place aux autres pour s’y cacher.

Remettant tout en place et reconnectant les alarmes, le groupe décide de retourner à leur appartement
et finaliser les derniers détails de leur plan. Conrad et Skeld sont plutôt en faveur d’une action rapide
basée sur la surprise et sur une bonne part d’improvisation en fonction de la tournure des évènements.
Tilus, lui s’y oppose et reste en faveur d’une élaboration minutieuse ou chaque détail compte.
Malheureusement l’heure tourne et le groupe doit se préparer et n’a plus vraiment le temps de
développer une réelle stratégie minutieuse.

L’idée est donc d’intercepter le camion tandis qu’il approche de la villa sur la colline, à environ un
kilomètre. Severina simulera une jeune femme dont le véhicule est en panne en travers de la route.
Comptant sur le fait que cette idée a de bonnes chances d’aboutir, le groupe se met en place. Il fait
encore nuit et la forêt qui couvre la colline est totalement sombre.

Severina revêt donc une robe décolleté, toute simple mais qui met sa plastique de jeune femme
suffisamment en valeur sans en faire des tonnes. Un de leurs véhicules, la berline, est mise en travers
de la route, capot ouvert et phares allumés et Severina attend à côté. Skeld et Conrad se cachent à
l’orée du bois sombre de chaque côté et attendent. Syrius reste en amont de la route à environ deux
cents mètres et surveille au cas où un autre véhicule arriverait. Pendant ce temps, Hephastos et Tilus,
au volant de leur deuxième voiture sont garé discrètement dans un petit chemin perpendiculaire,
attendant en guettant que le camion arrive.

Il est 5h30 lorsque Tilus perçoit les phares du véhicule du traiteur, le groupe se tient prêt. L’engin
passe devant le 4x4 où se trouvent Tilus et Hephastos. Comme ils s’y attendaient, le camion s’arrête
dans un couinement de freins à une dizaine de mètres de Severina qui fait de grands signes aux
occupants de la camionnette. La femme reste au volant, l’homme descend et se dirige vers Severina.
Le véhicule où se trouvent Tilus et Hephastos approche silencieusement, tous phares éteins et se colle
derrière contre la camionnette. Hephastos depuis son cogitateur, en profite pour brouiller la radio du
véhicule, au cas où.
A ce moment, Conrad surgit du bois et pointe son pistolet à aiguilles sur l’homme, il lui tire dessus à
bout portant, l’homme s’écroule. Déjà Skeld ouvre la portière de la conductrice, une petite brunette, en
pointant son fusil laser sur elle.
-Descend de là, vite. Lui dit-elle.
La jeune femme paniquée, obtempère, se mettant à pleurer, elle lui demande en l’implorant de lui
laisser la vie sauve.
-Rassure toi, je ne vais pas te tuer, on a juste besoin de tes vêtements. Déshabille-toi, vite !
Tout en continuant de pleurer la jeune femme se déshabille alors en tremblant. Pendant ce temps,
Conrad enlève les habits de l’homme à terre puis le traine et le met dans le coffre de la berline.
Severina récupère les habits de la jeune femme et Conrad s’empresse de l’anesthésier à son tour. Elle
rejoindra son collègue dans le coffre de la berline que Tilus part garer un peu plus loin dans la forêt. Il

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dissimule le véhicule derrière des bosquets, le laissant ainsi totalement invisible depuis la route, puis
rejoins ses compagnons.

Puis, Skeld et Tilus se dissimulent dans le fond de l’arrière du camion, derrière des caisses de
nourriture, Syrius les rejoint et en fait de même.
Hephastos, lui, reste au volant du 4x4, il agira à distance depuis l’extérieur de la villa, se connectant si
tout va bien au réseau d’alarmes via son cogitateur.

Une fois les deux faux livreurs habillés, Conrad laisse son pistolet à aiguilles à Tilus, ajuste la
casquette de livreur sur sa tête, dissimulant ainsi ses implants crâniens et prend le volant. A côté de lui,
Severina dissimule ses deux pistolets bolter dans la boîte à gants et inspecte les documents et autres
bons de livraison laissés sur le tableau de bord, notamment leur laissez-passer et cartes
professionnelles.

06h00, la camionnette arrive alors à l’entrée de la villa. Un des gardes, visiblement habitué à voir ce
camion dont le passage est récurrent, s’approche et fait un signe de tête à Conrad.
-Tiens, t’es nouveau toi ? Mario n’est pas là aujourd’hui ? Leur demande-t-il sans trop prêter garde à la
jeune femme assise à côté, le visage dissimulé sous sa casquette.
-Et non, le pauvre vieux est malade, je le remplace aujourd’hui.
-Je peux voir le laissez-passer ? Conrad lui tend le document, l’homme y jette un œil. Ça m’a l’air bon
tout ça, dis moi…Tu peux m’ouvrir l’arrière de ton camion qu’on jette quand même un œil sur ce que
tu nous amènes ?
-Houlà !! Attention, c’est que c’est réfrigéré à l’arrière et c’est rempli à craquer, je ne voudrais pas
prendre le risque que vous sortiez quoi que ce soit ! Répondit nerveusement Conrad.
-Un deuxième garde approcha, jetant sa barrette de Lho par terre en recrachant la fumée bleutée.
-On jette un coup d’œil rapide, c’est juste que je ne voudrais pas que mon boss apprenne que je fais
mal mon boulot, tu comprends ? Répondis le premier garde à Conrad, tandis que le deuxième faisait
déjà le tour du camion et ouvrit la porte arrière.
A l’intérieur, tous retinrent leur souffle. Le deuxième garde monta sur le marchepied et inspecta
rapidement le contenu du camion. En effet, les caisses prenaient apparemment tout l’arrière du
véhicule du sol au plafond, du moins c’est exactement l’impression qu’il eut à ce moment-là.
Convaincu l’homme redescendit et referma la porte faisant signe à son collègue.
Le premier garde regarda Conrad.
-Tu sais où tu dois livrer au moins ? Conrad au préalable avait eu le temps avec le reste de l’équipe
d’étudier le plan de la villa laissé par Skanks, il savait donc que passé l’enceinte, puis le porche
d’entrée, il devrait traverser une vaste cour, contourner un bassin et se diriger vers l’aile du bâtiment
d’en face. Là se trouvaient les cuisines, juste sur la droite. A leur gauche se trouvaient les réserves.
-Oui, Mario m’a expliqué, je vais tout droit et les cuisines devraient se trouver sur ma droite, c’est bien
ça ? Répondit Conrad. Le garde lui rendit son accréditation et hocha de la tête.
-C’est bien ça mon gars, on va t’ouvrir. Par contre toi et ta copine, ne trainez pas trop, faites ce que
vous avez à faire mais d’ici trente minutes vous dégagez, ok ?
-Bien compris, on va faire vite.
Conrad fit pénétrer lentement le camion dans l’enceinte de la villa et le dirigea vers l’aile où se
trouvent les cuisines. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont allumées, dehors il fait toujours nuit.
Conrad accole la camionnette dos aux réserves, Severina lui fit un signe. Deux jeunes servantes, des
petites badabi aux longues robes et à la peau halée viennent de sortir des cuisines et attendent sur le
pas de la porte.
-Il va falloir qu’on s’en débarrasse. Lui dit Severina.
-Je m’en occupe, lui répondit Conrad. Il gare le camion et descend. C’est bon mesdemoiselles, nous
devrions y arriver sans problèmes, vous pouvez retourner vaquer à vos occupations. Leur lança
Conrad. La plus âgée des deux, une jeune fille d’à peine quinze ans à l’air un peu emprunté et mal
assuré lui répondit avec un fort accent local aux sonorités chantantes.
-C’est que…Notre Maître nous a donné l’ordre de venir vous aider et que nous ne…
-Non je vous assure, ça ira, répondit Conrad.
-Alors dans ce cas, laissez nous au moins vous montrer où vous devrez entreposer tout ceci.

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-Parfait…Nous vous suivons. Lui et Severina emboitent le pas aux deux servantes qui entrent dans
une réserve. La première ne réalisa même pas que l’esprit du psyker venait de l’endormir, tandis que
Severina, d’un geste rapide et expert, serra un point au niveau du cou de la deuxième servante qui
s’effondra aussitôt. Les deux jeunes filles sont alors dissimulées dans une remise. Severina retourne
vers le camion et ouvre les portes arrière. Conrad fait alors mine de décharger des caisses tandis que
le reste du groupe se faufile à l’extérieur, armes pointées et se ruent par les réserves en direction des
salles annexes du rez-de-chaussée donnant au reste de la villa.
Skeld passe en tête du groupe, fusil laser à hauteur de vue, suivi de Tilus qui progresse dans la même
posture. Derrière eux, Syrius ferme la marche, son pistolet mitrailleur compact à la main dont le long
chargeur droit dépasse sous la crosse, une épée courte accrochée dans le dos, il couvre leurs arrières.
Ils progressent ainsi furtivement par les annexes des cuisines d’où ils entendent déjà de l’activité.
Skeld les fait déboucher dans une salle commune qui donne dans une autre pièce plus vaste, il va pour
s’y engouffrer toujours sur le même rythme, puis se ravise au dernier moment et se plaque sur le côté
de la porte, croyant entendre un bruit venant de l’intérieur.

En écoutant bien, lui et Tilus entendent bien des voix. Un homme et une femme échangent quelques
phrases à voix basse en Badabi commun, Tilus comprend qu’il s’agit de domestiques affairés à dresser
une table, il sort de sa poche le pistolet à aiguilles qu’il avait emprunté à Conrad et fit un petit signe à
Skeld. Lui et le Cadien font irruption dans la pièce. Fusil laser pointé, Skeld fait signe de se taire et de
ne pas bouger aux deux serviteurs. Tilus tire alors aussitôt sur l’homme une aiguille anesthésiante, il
s’écroule tandis que la fille se met à hurler de panique et s’enfuit en courant. Juste derrière elle se
trouve une autre porte ouverte donnant sur un couloir. Skeld va pour tirer avec son fusil laser mais ne
veut risquer de la tuer, il se ravise et court après la fille, déjà Tilus s’élance aussi et tire de nouveau
mais son tire rate.

La fille hurle toujours, appelant les gardes au secours. Elle vient de tourner au coin d’un couloir et
s’engage dans un vestibule donnant sur la cour centrale de la villa. Dans le vestibule se trouvent aussi
deux grands escaliers en marbre qui donnent à l’étage ainsi qu’une porte donnant sur des salles de
réceptions.

Conrad continu toujours de faire mine de décharger ses caisses de provisions tout en jetant un œil aux
alentours. Severina en fait de même, ses deux pistolets bolter tenus prêts, dissimulés à portée de main
dans une caisse de nourriture à côté d’elle. Conrad voit de loin deux gardes approcher tranquillement
dans leur direction, l’air détendu, ils discutent entre eux et s’arrêtent à une trentaine de mètres de leur
camion pour allumer un cigalho. Conrad garde un œil sur eux discrètement tandis que Severina glisse
un de ses pistolets sous sa veste alors que des cris de femmes retentissent.

Tilus, vif comme l’éclair, dépasse Skeld dans sa course et d’un bond prodigieux, illustrant
parfaitement son surnom, saute sur la fille et la plaque au sol. La malheureuse se débat comme elle
peut, rendue hystérique, pensant venir sa mort prochaine, le pistolet à aiguille toujours en main, il lui
tire dessus à bout portant en pleine nuque et l’endort enfin. Skeld vient de le rejoindre. Syrius les aide
aussitôt afin de dissimuler les deux serviteurs endormis dans une petite buanderie adjacente.
Ils n’en eurent pas vraiment le temps. A l’étage, deux gardes en treillis gris foncé, avec veste de cuir
renforcé et masque à gaz sur le visage, font irruption alertés par les cris de la fille.

Leur fusil d’assaut compact à viseur infrarouge en main, ils voient aussitôt les trois intrus et pointent
leurs armes en même temps, tirant au jugé, ils ratent leur cibles qui se mettent à couvert derrière des
colonnes de granit gris qui soutiennent le hall, dont des éclats crayeux giclent en tous sens sous les
impacts des balles. Le bruit des douilles éjectées par les culasses des armes d’assaut, tintent comme
une pluie de pièces de monnaies dans les escaliers.

Skeld s’adosse contre la colonne qui lui sert de couvert et passe son fusil laser, un solide et vieux
modèle Cadien standard éraflé de type Kantrael, en mode automatique, lui permettant de tirer en
rafales. Il se retourne prestement en posant un genou au sol, mitraille de façon exercée et précise et
fauche ainsi les deux gardes qui basculent dans les escaliers, mortellement touchés par les raies de

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laser rouge vifs qui atteignirent le premier en pleine poitrine et le deuxième en pleine tête.
Les corps sans vie roulèrent mollement jusqu’en bas des escaliers. Skeld récupère sur l’un d’eux un
émetteur-récepteur radio. Les corps sont dissimulés à la hâte sous l’escalier. Il n’y a pas de temps à
perdre désormais, contrairement au laser relativement silencieux, les coups de feu lâchés par les fusils
d’assaut des deux gardes ont du s’entendre.
-On se bouge, lâche Tilus. Les gardes vont rappliquer. Puis pressant son unité vox, il appelle
Hephastos, dissimulé en dehors de la villa. Utilisant le code convenu au préalable, il lui demanda de
brouiller les radios de la villa et de lancer la diversion.
Hephastos, confortablement installé dans le 4x4 à l’orée du bois, tout proche de la villa, venait de
désactivé les alarmes aux alentours. Interfacé au cogitateur posé devant lui, il prit alors à distance le
contrôle des systèmes d’alarmes, forçant l’esprit de la machine à modifier ses protocoles de sécurité.
Une alarme venait de retentir en zone 18 puis une autre en zone 15, soit à l’opposé totale d’où se
trouvent pour l’instant Tilus et son groupe.

Severina et Conrad entendent des coups de feu résonner non loin d’eux à une bonne cinquantaine de
mètres environ. Ils échangent un rapide coup d’œil puis reportent leur attention sur les deux gardes
non loin d’eux. Les gardes jettent leurs cigalhos par terre, saisissent les armes qu’ils ont en
bandoulière et se dirigent vers l’endroit où se trouvent Tilus et ses compagnons. Severina porte la
main sur la crosse de son pistolet bolter. Soudain une alarme retentie au sud de la villa, soit à l’opposé.
Les deux gardes stoppent net, faisant crisser le gravier sous leurs pieds. L’un deux tente d’établir un
contact vox avec ses collègues mais rien ne semble se passer, ils se séparent donc, allant chacun d’un
côté.
Du bâtiment des gardes à l’entrée, des hommes en armes sortent en courant, et se dirigent dans
plusieurs directions, ayant du mal à coordonner leurs actions. Finalement des petits groupes de deux
ou trois hommes se dirigent vers plusieurs endroits de façon simultanée.

Les alarmes retentissent dans différentes zones de la villa, Skeld reprend rapidement sa progression
suivi de Tilus et de Syrius et s’engouffrent dans le prochain couloir toujours en direction des
appartements d’Uberkrump. Ils longent un couloir dont les fenêtres donnent sur la cour, de là, Skeld
aperçoit à une vingtaine de mètres au dehors, un groupe de quatre gardes qui arrivent dans leur
direction se dirigeant vers la porte donnant dans le vestibule juste derrière eux.
Tilus saisit son vox et appelle Hephastos.
-Bloque l’accès du rez-de-chaussée au niveau du vestibule nord, lui lança-t-il.
-Par l’Omniméssie, je m’y efforce ! Le rituel n’est pas respecté et je crains fort de…
- Epargne-nous ton charabia, et magne-toi ! lui répondit alors sèchement Tilus.

Lui et ses deux compagnons n’ont que le temps de se mettre à couvert derrière l’embrasure d’une porte
à une dizaine de mètres de là que déjà le groupe de gardes fait irruption dans le hall, fusils d’assaut
pointés. Une fusillade brève, brutale et meurtrière s’ensuit. Les gardes ripostent de façon acharnée
mais faute de couverts décents, succombent rapidement sous les rafales de tirs nourris de laser et les
balles de pistolet mitrailleur venant de la porte en face. Ils sont mis hors d’état de nuire, cependant un
des quatre gardes blessé à la main, parvient tout de même à s’enfuir dans la cour. Les trois autres,
mourants ou blessés sont laissés sur place alors que Tilus allait les achever, il réalise que cinq autres
gardes arrivent déjà au dehors, alertés par le garde en fuite. Skeld en profite alors pour changer la
cellule énergétique de son fusil laser.

-Cette porte à verrouiller, c’en est où par le Trône ? Lança-t-il nerveusement dans son vox à l’attention
du Technoprêtre tandis qu’à ses pieds les gardes gémissants se vidaient de leur sang sur le dallage
beige clair.
-Une seconde…voilà c’est fait…
Reportant son attention sur ses compagnons, d’un geste Tilus fait signe à Skeld de leur ouvrir la route.
Le groupe continu sa progression et débouche dans une antichambre donnant sur l’aile privative de la
villa, accédant directement aux appartements du Magnat. Skeld tombe alors presque nez-à-nez avec
deux gardes semblables à ceux croisés jusque là, surpris, ils n’ont que le temps de lever leurs armes,
mais Skeld et Tilus les abattent aussitôt à bout portant. Dans la précipitation, Syrius en perd son arme

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qui tombe au sol, rapidement il la ramasse et réalise que déjà un groupe de gardes est sur leurs talons à
quelques couloirs derrière eux.
-Hephastos ! Bloque tous les accès qui se trouvent derrière nous, et magne-toi cette fois-ci !
Pour cette fois, ils entendent bien le cliquetis des mécanismes de la porte qui se verrouille derrière eux.
Ils sont de nouveau dans une sorte de vestibule flanqué de deux escaliers de marbres encadrant devant
eux une lourde porte blindée qui leur bloque le passage.

Devant les réserves, Conrad et Severina voient que les gardes continuent de se diriger vers de fausses
pistes que le Technoprêtre déclenche un peu partout sur le périmètre. Cependant, la ruse dure un
temps, mais au bout d’un moment les gardes ne mordent plus à l’hameçon, ils comprennent bien que
des tirs ne s’entendent que d’une seule aile d’un bâtiment, celui justement qui mène aux appartements
de leur maitre. Un groupe de quatre gardes se dirige déjà vers Conrad et Severina en formation
tactique dispersée, arme pointée sur le camion. Ils ont bien compris que tout ceci avait commencé juste
après que les soit-disant livreurs ne rentrent dans le domaine. Severina, discrètement, arme la culasse
de ses pistolets bolter et les tient près tandis que Conrad reste concentré, laissant son énergie
psychique affluer en lui.

Syrius se dirige vers la porte, y applique ses mains, se concentre et laisse affluer en lui son énergie
kinésique. Mais quelque peu déconcentré par la situation ambiante, rien ne se produit si ce n’est qu’il
se retrouve vite affaibli devant cet effort vain. Pendant ce temps, Tilus toujours en contact avec
Hephastos, lui demande de voir s’il peut leur ouvrir la porte, mais après quelques essais infructueux et
de longue secondes d’attente, la porte ne cède toujours pas.
Dehors, déjà les gardes essaient de faire céder les portes.
-Par les escaliers, vite ! Propose alors Skeld, tandis que le groupe gravit quatre à quatre les marches de
marbre noir.
-Bloque tous les accès derrière nous et déverrouille toutes les portes devant, vite ! Demande alors
Tilus à Hephastos.
Progressant ainsi depuis l’étage dans un couloir sombre aux volets clos, le groupe débouche dans un
salon.
Dehors, toujours dans sa voiture et connecté par ses mécadendrites à son cogitateur, Hephastos laisse
son esprit reformater les algorithmes de cryptage et ainsi donner de nouvelles directive à la machine.
C’est à ce moment qu’il réalise que son esprit n’est pas seul, le Technoprêtre en charge de la sécurité
de la villa vient à son tour de s’éveiller.
Les quatre gardes ne sont plus qu’à une trentaine de mètres du camion quand Severina, toujours
dissimulée derrière, fait un signe de tête convenu à Conrad. Puis pivotant vers les gardes, tout en
profitant du couvert du camion, elle fait feu de ses deux pistolets bolter sur les hommes en approche.
Un des hommes est abattu net d’une balle explosive de calibre dix-neuf millimètres qui lui emporte la
partie supérieure du crâne et d’une autre qui lui pulvérise la cage thoracique. Le corps du malheureux
bascule en arrière, jambes par-dessus tête et s’affale dans un bruit sinistre. Dans le même mouvement,
Severina se remet à couvert.
-Et d’un, dit-elle en se plaquant contre l’arrière du camion.
Conrad projette son esprit vers les autres gardes, cherchant au passage à localiser le chef du groupe,
n’y parvenant pas il frappe au hasard semant la confusion dans l’esprit d’un des hommes qui allait
tirer. Ce dernier hébété, restera planté là à contempler l’arme qu’il tient entre les mains. Ces deux
compagnons, sans hésitation aucune, ouvrent le feu de leur fusils d’assaut compacts à canon courts.
Les projectiles de petits calibres tintent et ricochent sur le camion, faisant éclater les vitres et criblant
la carrosserie en tôle.

De son côté, Skeld progresse silencieusement au travers des pièces meublées. Celles-ci semblent êtres
des salons et des bureaux. Il se faufile entre les meubles, passe plusieurs portes entrouvertes afin
d’atteindre l’autre extrémité. Au passage, Tilus en profite pour inspecter chaque recoin ou placard
pouvant dissimuler quelqu’un. De son côté, Syrius repère dans un bureau, un meuble, une sorte de
secrétaire. En le fouillant bien, il découvre certains documents et parchemins traitants de diverses
transactions. Il récupère l’ensemble et glisse le tout dans ses poches, se disant que cela pourra toujours
servir plus tard.

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Skeld arrive face à une porte, il l’ouvre prudemment. Celle-ci débouche dans une longue galerie aux
murs décorés de tableaux et dont, à intervalles réguliers se trouvent des sculptures d’un style gothique
académique disposées dans des sortes d’alcôves. Profitant de ce modeste couvert, Skeld se faufile dans
le couloir, son fusil laser toujours pointé devant lui. Tilus et Syrius lui emboitent le pas, évoluant à
leur tour à couvert. Par l’ouverture opposée, à une vingtaine de mètres, Skeld perçoit du mouvement.
Il se fige et tente de se dissimuler du mieux qu’il peut mais n’en a pas le temps, trois silhouettes
cagoulées, équipées de masques à gaz et armées viennent de se jeter derrière l’encadrement de la
double porte leur faisant face.

Severina se baisse en fléchissant les jambes tout en pivotant et ouvre le feu sur l’homme qui arrive
dans sa direction. Les bolts le cueillent en pleine lancée, traversent son gilet pare-balles et explosent au
cœur même de sa cage thoracique, réduisant en pulpe l’intégralité de son contenu. Le garde est
instantanément projeté deux mètres en arrière et s’affale au sol les bras en croix juste à côté de son
compagnon confus. Ce dernier regarde d’un air ahuri le spasme qui agite nerveusement les jambes du
mort pendant quelques instants.
-Et de deux. Reprit Severina, en se recalant contre l’arrière du camion.
De l’autre côté du véhicule, Conrad avait dégainé le pistolet mitrailleur qu’il avait dissimulé sur lui, il
le pointe sur le garde qui arrive de son côté et presse la queue de détente mais l’arme s’enraie. Il a
juste le temps de se remettre à couvert en pestant, évitant ainsi la rafale qui percute en tintant l’endroit
où il se trouve.

Dans la galerie, l’enfer éclate soudain. Les impacts des balles des armes d’assaut et les décharges de
laser crépitent contre les murs, faisant gicler des morceaux de stuc peint, de plâtre et de marqueterie en
tous sens, les sculptures éclatent dans un désordre de bruits saturés par la fumée âcre des armes à feu
et de l’ozone dégagée par les décharges de laser.
Skeld tente alors de se protéger du mieux qu’il peut mais sa position avancée dans le couloir ne
l’avantage pas. Il vise et lâche une nouvelle rafale avec son fusil laser forçant les hommes en face à se
maintenir à couvert. Ceux-ci ripostent cependant avec efficacité et une rafale automatique le cueille de
plein fouet. Les impacts lui coupent le souffle net, lui faisant lâcher son arme et le projettent deux
mètres en arrière, il s’écroule en plein milieu du couloir alors que les bruits cessent et que tout devient
noir autour de lui.

Revigorés par cette victoire, les gardes reprennent de l’assurance et arrosent copieusement la position
où Tilus et Syrius sont retranchés. Ces deux derniers ripostent, les échanges de tirs sont violents et
fusent en tout sens. Un des tirs de Tilus touche un des gardes au bras gauche, le faisant tomber et
lâcher son arme. Le garde s’empresse aussitôt de se remettre à couvert en dégainant son pistolet
automatique de poing. Ses deux équipiers continuent pendant ce temps de le couvrir en mitraillant.

Soudain à force de tirer, le fusil laser de Tilus, un vieux modèle Necromunda MkIV de contrebande
subit une surchauffe, grillant des composants internes et rendant l’arme inutilisable. Tilus s’en
débarrasse rapidement et dégaine son pistolet laser. Syrius, de son côté, continu de mitrailler en rafales
courtes avec son pistolet mitrailleur dont il vide le dernier chargeur. Par chance, ou par adresse, la
dernière balle de la dernière rafale touche un des gardes au bas-ventre. L’homme se plie en deux et
s’écroule au sol en hurlant, mettant ainsi fin brutalement à sa résistance dans une hémorragie mortelle.
Ses deux compagnons, touchés par l’agonie de leur compagnon, ripostent avec fureur, tandis que l’un
d’eux, crie par la fenêtre à côté de lui, appelant à l’aide, sans aucun doute ses compagnons dans la
cour. Les deux hommes continuent de mitrailler et de tirer, forçant leurs adversaires à rester sur leurs
positions. Tilus, toujours plaqué contre un renfoncement, décroche l’épée tronçonneuse à lame courte
qu’il porte cachée sous son lourd manteau et attend. Tel un professionnel, il analyse qu’au prochain tir,
le type au fusil d’assaut en face, aura vidé son chargeur. Syrius, pour sa part, dégaine son pistolet
automatique d’appoint et continue de faire feu au coup par coup.

Puis Tilus entend ce qu’il attendait justement. A savoir de clic caractéristique d’un percuteur claquant
dans une culasse vide. D’un geste du pouce, il actionne le petit moteur énergétique intégré de sa lame

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tronçonneuse et charge dans le couloir à pleine vitesse, fonçant sur l’extrémité en face de lui à environ
quinze mètres. Syrius allait se remettre à tirer, lorsqu’il voit Tilus s’élancer dans le couloir, il dégaine
sa lame à son tour, un sabre à lame courte, et le suit. C’est à ce moment que Skeld toujours allongé
dans le couloir, reprend ses esprits. Sa poitrine et ses côtes lui font un mal de chien, son armure pare-
balles les a stoppé net, lui sauvant la vie, mais aussi lui coupant le souffle et le sonnant pendant
quelques secondes. Réalisant ce qui se passe et ne pouvant atteindre son fusil laser posé au sol à deux
mètres de lui, il dégaine son pistolet automatique compact du holster à sa hanche gauche et se relève
tandis que Tilus passe à côté de lui en chargeant, lame tronçonneuse à la main.

Au bout du couloir, le garde au fusil mitrailleur voit la scène, et réalise qu’il va devoir faire très vite
afin de recharger son arme. L’homme blessé au bras à côté de lui, le voit charger aussi, il pointe son
pistolet mais perdant ses moyens et perdant aussi beaucoup de sang, tire au juger, ratant totalement sa
cible.

Severina longe le flanc du camion, de son côté la voie est libre. Derrière, un garde continu d’avancer
vers l’endroit où s’est réfugié Conrad et continue d’arroser sa position par courtes rafales, criblant
toujours un peu plus la carrosserie du véhicule. Un de ses pistolets bolter pointé devant elle, Severina
glisse le long de la paroi du camion, l’homme ne l’a pas vu, il continu de tirer vers Conrad qui tente
toujours de désenrayer son pistolet automatique. Dans une seconde, il sera sur lui. Elle surgit à ce
moment derrière l’homme, pistolet pointée à hauteur de visage, le garde n’a que le temps de pivoter
vers elle avant que le bolt ne l’atteigne en plein cou à bout portant, lui sectionnant la moitié de la gorge
dans une gerbes de fluides écarlates et de matières visqueuses. Le corps s’écroule, à son tour dans les
graviers, secoué par des soubresauts post mortem.
-Et de trois, souffla Severina.

Conrad s’empresse d’aller rejoindre le quatrième homme toujours planté à quelques mètres de là, dans
quelques secondes, les effets de son sort cesseront et il reprendra ses esprits. D’un revers de la crosse
de son arme, il l’assomme, récupère le fusil mitrailleur et part rejoindre Severina qui en profite pour
changer les chargeurs de ses armes.
Conrad prend son vox et appelle Hephastos.
-T’en est où ? Lui demanda le psyker.
-Le Techno-Prêtre de la villa me bloque mes accès, ça me ralentit considérablement !
-Tu peux le localiser, qu’on t’en débarrasse ?
-Pas encore…J’essaie…Répondit péniblement Hephastos.
Severina venait de finir de charger ses armes, elle mit un coup de coude à Conrad, lui désignant à
quelques deux cents mètres de là, deux gardes en armes qui sortent en petites foulées de la villa.
-Prend le volant, ces deux là on va les cueillir. Lui dit-elle en montant à bord du camion couvert
d’impacts de balles.
Conrad monte et met le moteur en marche, lançant en trombe le camion dans un grand crissement de
graviers.

Tilus arrive au contact en chargeant, de la main gauche dans laquelle il tient son épée tronçonneuse, il
effectue un mouvement ascendant, passant la lame entre les jambes en position arquée de l’homme au
fusil d’assaut. Ce dernier vient juste d’engager nerveusement un nouveau chargeur, arme la culasse et
s’apprête à faire feu, au moment même où la lame lui tranche ses chairs, sectionne le fémur et l’artère
fémorale à mi-cuisse dans un geste net. L’homme s’écroule instantanément perdant aussitôt
connaissance en même temps que son équilibre et ses deux premiers litres de sang.

Le deuxième homme au pistolet et blessé au bras, en profite pour fuir dans le couloir derrière lui, il
referme à la hâte une porte au passage et la verrouille.
Syrius rejoint Tilus. Au sol, il n’y a que deux corps, mais le marre de sang rependue par les deux
hommes témoigne de la violence du combat. Le parquet commence à devenir glissant et gluant par le
liquide épais et écarlate qui continue de se répandre copieusement parmi les douilles des armes
d’assaut. L’odeur mêlée de la poudre et de l’hémoglobine devient vite écœurante. Syrius récupère
quelques chargeurs sur les corps, Tilus, récupère un fusil d’assaut encore chargé et Skeld derrière eux

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ramasse son bon vieux fusil laser pour constater qu’une balle l’a endommagé. Il le met tout de même à
son épaule, Hephastos devrait pouvoir arranger ça plus tard, se dit-il, au passage, il récupère aussi un
fusil mitrailleur chargé et rejoint ses compagnons au bout du couloir.

Déjà, Tilus et Syrius pointent leurs armes. Un groupe de trois hommes grimpe les marches quatre à
quatre. Par une porte dérobée depuis l’entresol, l’homme blessé au bras les rejoint. Voyant le groupe
en haut des escaliers, ils lèvent tous brusquement leurs armes mais leur position ne les avantageant
absolument pas, le premier homme trébuche aussitôt dans les escaliers entrainant avec lui les deux
compagnons qui le suivent. Skeld n’a que le temps de se pencher par-dessus la balustrade et se met à
arroser le groupe d’hommes jetés pêle-mêle dans les escaliers. Il en abat un d’une rafale. Tilus et
Syrius se joignent à lui et font feu sur les malheureux, les abattant froidement jusqu’au dernier sans
qu’ils aient ne serait-ce que le temps de riposter.
Reportant son attention vers l’étage où ils se trouvent, Skeld tente alors de trouver un passage. Les
appartements d’Uberkrump ne sont plus très loin et la porte verrouillée devant eux leur bloque le
passage. Tilus et Syrius le rejoignent et tentent de la défoncer, mais celle-ci résiste.
Considérant rapidement une autre option, Skeld ouvre une des fenêtres du couloir où il se trouve, juste
au-delà, le bâtiment fait un coude et à trois mètres de là se trouve une autre fenêtre donnant dans un
autre couloir au-delà de la porte. Il met son arme en bandoulière, ouvre la fenêtre, monte sur le rebord
et s’apprête à prendre son élan.
Tilus le regarde et lui lance :
-Tu fais quoi là ? Tu vas pas sauter, ton bras est blessé !
- T’occupe, je peux le faire et puis il n’y a qu’un étage, lui répond Skeld. Puis il s’élance et disparaît.
S’entend depuis le premier étage un grand fatras dans la cour. Syrius à ce moment parvient à faire
sauter la porte. Lui et Tilus se précipitent aussitôt à la fenêtre pour constater que Skeld est à moitié
sonné mais visiblement encore conscient quelques six mètres plus bas affalé dans le jardin intérieur.
-Et Merde, comment on va faire pour le récupérer lui !
Syrius fait signe discrètement à son compagnon lui indiquant la porte entrebâillée.
-Il y a du mouvement de l’autre côté. Syrius se plaque alors sur le côté de la porte et écoute. Tilus fait
de même de l’autre côté de l’encadrement, son fusil d’assaut tenu prêt.

Pied au plancher, Conrad fonce désormais dans le parc boisé à l’extérieur de la villa. Severina se
penche alors par l’extérieur de la fenêtre défoncée de la portière.
-Là ! lui indique-t-elle du doigt.
En effet, à environ cent mètres devant eux se trouvent bien les deux hommes qui continuent d’avancer
en petite foulée. Ils se dirigent droits vers le 4x4 où se trouve Hephastos à environ cinquante mètres
d’eux. Conrad leur fonce droit dessus, tandis que les deux gardes font volte face et commencent à tirer
sur la camionnette. A moins de trente mètres d’eux, Severina, sans hésitation ouvre le feu et en abat un
sans autre forme de procès, Conrad va pour faucher le deuxième, mais ce dernier esquive en se jetant
de côté. Severina saute du camion et l’exécute alors qu’il est encore au sol. Ils s’empressent alors de
rejoindre Hephastos toujours connecté à son cogitateur dont les diodes clignotent. Le technoprêtre est
crispé par l’effort et des gouttes de sueur perlent sur son visage.

-Tu t’en sors ? Lui demande Conrad qui venait de descendre du camion. A côté de lui Severina scrute
les alentours tout en récupérant les armes des deux gardes.
-Difficile…leur…Technoprêtre…essaie de bloquer mes accès…Répond Hephastos dans un murmure
saccadé.

Skeld se relève péniblement, il a mal un peu partout et commence à bouger doucement chacun de ses
membres. Son bras encore valide est apparemment cassé et la blessure à l’autre bras vient de se
rouvrir. Pestant contre sa mauvaise fortune, il se traîne péniblement vers une des portes du rez-de-
chaussée à environ une bonne cinquantaine de mètres de là.
A l’étage au dessus, Tilus et Syrius s’engagent dans un couloir qui donne dans des appartements. Du
bruit s’entend dans la pièce suivante. Tilus prend son vox et appelle alors Conrad dans un murmure.

-On est au premier étage, tout au fond de l’aile Est, rejoignez-nous rapidement, je crois qu’on

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approche de la cible. Hephastos, à mon signale, tu nous débloques les accès.
Armes pointés devant eux, les deux hommes avancent prudemment vers la porte à double battants à
une vingtaine de mètre devant eux. Derrière, des bruits mécaniques qu’ils ne parviennent pas à
identifier s’entendent.

Conrad se précipite vers la camionnette, s’assoit au volant et redémarre. Severina grimpe au passage à
bord et tous deux filent en trombe vers la villa. En moins de deux minutes, ils ont repassé l’entrée puis
traversant sans ménagement la cour intérieure dans un crissement de graviers, Conrad bifurque sur sa
droite, écrasant au passage de nombreux parterres de fleurs, longeant les arcades en ogive de l’aile Sud
de la villa, puis passe sous un porche dont il défonce la porte au passage. Le porche communique avec
une seconde cour intérieure qui donne sur l’aile Est du bâtiment. Là, ils aperçoivent Skeld boitillant le
long du mur alors qu’il allait rejoindre la porte d’entrée. Voyant la camionnette arriver en trombe dans
sa direction, Skeld s’écarte, Conrad en profite pour écraser l’accélérateur tout en se cramponnant au
volant et telle une voiture bélier, utilise le véhicule pour défoncer la lourde porte devant lui. Dans un
vacarme assourdissant, la porte vole en éclat, le camion stoppe net et n’ira pas plus loin, vu la vapeur
qui s’échappe du capot, le radiateur vient d’éclater.

Sautant du véhicule désormais en ruine, Severina s’élance dans le couloir vers les escaliers et
commence à les grimper quatre à quatre, ses deux pistolets bolters en main.
- Occupe-toi de Skeld et tâchez de nous rejoindre. Lance-t-elle à l’attention de Conrad, tout en
continuant de gravir les marches.

Chapitre V

+++Techno-hérésie+++
+++Un contrat honoré+++

A l’étage, Tilus et Syrius approchent de la porte devant eux quand celle-ci s’ouvre. Deux silhouettes
massives au pas lourd et mécanique émergent de son ouverture. Ce sont deux serviteurs de combat.
Jadis êtres humains, désormais, esclaves semi-mécaniques lobotomisés aux membres lourdement
modifiés par de l’augmentique industriel. Outre leurs nombreux implants, leurs bras qui n’en sont
plus, sont remplacés par des pinces énergétiques à pistons hydrauliques. Chacune capable de broyer un
crâne comme si il s’agissait d’un œuf.

Les deux êtres de chairs et de métal, avancent d’un pas décidé et d’un air totalement inexpressif vers
Syrius et Tilus. Ce dernier ouvre le feu mais cela n’a visiblement pas l’air d’avoir beaucoup d’effet vu
le blindage porté par les serviteurs. Syrius se concentre alors et puisant dans ses dernières réserves
d’énergie, projette ses mains en avant et invoque un tourbillon d’énergie kinétique. Les deux créatures
mécaniques sont instantanément balayées et emportées par le maelstrom psychique qui les envoie
tourbillonner dans la pièce. Syrius lutte afin de maintenir son sort actif suffisamment longtemps.
Profitant de ce répit, Tilus charge dans la pièce, pistolet laser et épée tronçonneuse en mains.

Il stoppe net. Face à lui, toujours connecté par ses mecadentrides à de lourdes consoles aux écrans
arrondis cerclés de laiton et aux diodes et ampoules clignotantes, la silhouette inquiétante d’un
technoprêtre en robes noires à bordures jaunes se tourne vers lui tandis que deux de ses bras
continuent de pianoter sur les touches de la console à une vitesse effrayante, deux autres bras
mécanisés se terminant par un fusil mitrailleur et une lame tronçonneuse, se pointent vers lui. Tilus
tire, mais les lasers sont déviés par les bras mécaniques du technoprêtre. Ce dernier ouvre le feu, mais
manquant de précision à cause de son esquive, le tir rate mais fauche tout de même les jambes de Tilus
alors qu’il devait l’atteindre en pleine tête. Tilus tombe lourdement au sol, perdant au passage son
pistolet laser. Ses deux jambes sont touchées même si les blessures semblent légères.

Avec ce qui aurait du initialement être un sourire, le technoprêtre au visage à demi bionique s’élance
vers sa cible désormais immobilisée au sol et d’un geste ample et descendant va pour porter le coup de

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grâce à l’aide de son épée tronçonneuse. Son geste est cependant bloqué in extremis par la propre épée
toujours en main que tient Tilus. De son autre bras, le Technoprêtre tire sur Syrius, le psyker trop
concentré pour se protéger ou esquiver correctement, se prend une balle. Celle-ci est déviée
partiellement par son gilet pare-balle mais le blesse tout de même légèrement. Cela suffit pour le
déconcentrer et l’empêcher de maintenir son sort. Les deux serviteurs commencent alors à se relever.

Conrad et Skeld arrivent à ce moment et ouvrent le feu sur eux, auquels s'ajoutent les tirs de Severina,
les serviteurs, pris dans un tir croisé, succombent.

Tandis que Conrad utilise ses pouvoirs afin de réduire les blessures de Skeld, Severina fait irruption
dans la salle du Technoprêtre. Sans aucune sommation, elle ouvre le feu de ses deux pistolets bolters.
Les deux premiers bolts sectionnent le bras mécanique se terminant par le fusil mitrailleur dans une
gerbe d’étincelles et de tintement de métal. Le technoprêtre porte un coup d’épée tronçonneuse de son
autre bras mais Severina esquive en se projetant en arrière. Se réceptionnant en position accroupie, elle
pointe un de ses pistolets et tire une rafale à bout portant. Le premier bolt déchire le blindage dermique
pectoral, le deuxième bolt s’engouffre dans la brèche et explose en pleine cage thoracique du
technoprêtre, réduisant en pulpe le poumon augmentique de son porteur, tandis que le troisième bolt se
fraie un chemin sans peine jusqu’au cœur, le faisant exploser dans une gerbe artérielle.

Le technoprêtre, se vidant de ses fluides vitaux, sang noir épais, huile lubrificatrice ambrée et liquides
de refroidissement bleutés, recule de quelques pas et s’écroule sans vie contre sa console.
Conrad et Skeld les rejoignent tout juste. Hephastos les contacte à ce moment-là sur le vox :
-J’ai de nouveau le contrôle de la villa, dit-il. Je perçois du mouvement à environ quatre vingt mètres
au nord de votre position. Quelqu’un est en train d’utiliser un monte-charge.
-Tu peux le bloquer ? Répond aussitôt Tilus en train de se faire soigner par les pouvoirs de guérison de
Conrad.
-Non, il vient juste de stopper, il semble s’être arrêté. Attendez, je vérifie la position…Sous la villa se
trouve visiblement une sorte de sous-sol…
Tandis que Conrad et Syrius, les deux psykers, totalement vidés de leur énergie psychique décident de
souffler quelques minutes afin de reprendre des forces, Tilus et Skeld s’injectent un stimulant de
combat.
-Ok, on y va, répond alors immédiatement Tilus. Skeld et Severina, avec moi. Puis s’adressant aux
psykers, vous deux, rejoignez-nous dès que vous aurez repris vos esprits. On va cueillir ce salaud
d’Uberkrump, mais on va essayer de l’avoir vivant, ce type est de mèche avec Goldberg et Goldberg
est le lien de toute cette histoire.

Le trio s’élance alors au travers de somptueux appartements, traversant sans peine les portes blindées
débloquées par Hephastos, puis atteignent par un passage dissimulé que leur localise le technoprêtre,
un monte-charge. Tilus traine alors un des gardes morts dans un des couloirs non loin de là et le calle
dans l'ascenseur, laissant ainsi croire au premier abord qu'un garde blessé est adossé à sa paroi. Skeld
décide alors par prudence que lui et ses deux compagnons se positionnent sur le toit de la cabine pour
descendre, ce qu’ils font. Puis Hephastos, toujours à distance fait descendre la cabine jusqu’au sous-
sol. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent alors que le groupe s’attend à ce que la cabine soit criblée de
balles, rien ne se produit.

Skeld entrebâille la trappe et jette un œil. Par les portes ouvertes de la cabine, il aperçoit une lueur
diffuse et le ronronnement de turbines et de générateurs dans une vaste salle. Pas de mouvement. Il se
laisse glisser de la trappe et ses deux compagnons en font de même. Severina aide quelque peu Skeld,
encore un peu handicapé par ses récentes blessures.
Depuis la cabine, ils aperçoivent en effet un vaste entrepôt en forme de crypte voutée aux murs de
pierres noires et humides, assez haute de plafond et éclairée par des lampes à sodium qui diffusent une
lueur blafarde dans la vaste salle.

Ce qui attire tout de suite leur attention vient de ce que contient la vaste crypte. Devant eux en rangées
alignées, ils peuvent voir plus d’une centaine d’incubateurs en verre, des cylindres de près de deux

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mètres cinquante de hauteur emplis d’un liquide opaque et sale comme de l’eau troublée par de la
vase. Dans l’eau on peut à peine distinguer des silhouettes vaguement humanoïdes. Des incubateurs,
partent de nombreux tuyaux et câbles qui serpentent au sol tels de grands reptiles vers le fond de la
salle où se trouvent de grands moniteurs de contrôle. Devant l’un d’eux à environ une centaine de
mètres se tient un personnage de forte stature, une sorte d’obèse, chauve qui semble s’activer.

-Je vous couvre, la sœur et toi, vous allez le contourner de chaque côté. On agit à mon signal.
Murmura Skeld à ses deux compagnons.
Skeld s’avance alors, se faufilant entre les incubateurs et prend position à une cinquantaine de mètres
de l’homme qui s’active toujours sur les cogitateurs, abaissant des leviers en laitons et enfonçant des
runes chromées. Depuis les générateurs disposés plus loin, un ronronnement plus aigu se fait entendre.
Des bulles commencent à remonter dans les incubateurs. Uberkrump reste concentré, un lourd fusil à
pompe en bandoulière en travers de son dos, il jette régulièrement des regards par-dessus son épaule.
Tilus et Severina, contournent sa position par les flancs, mais le gros homme perçoit à ce moment du
bruit ou du mouvement et s’empresse de saisir son arme, faisant coulisser la poignée afin d’engager la
première cartouche de calibre douze dans la culasse.

Severina débouche alors dans son dos et tente de l’assommer d’un coup de crosse de son pistolet
bolter, mais la nuque de véritable taureau d’Uberkrump lui permet d’encaisser sans peine, il se
retourne et tente de mettre un coup de crosse en plein visage de la sororita, mais celle-ci vive comme
un chat se jette de côté et esquive le coup. Elle lui porte alors un coup de pied circulaire, mais le gros
homme étonnamment rapide esquive à son tour mais parvient tout de même à repousser son
assaillante. Severina se réceptionne en position accroupie, trois mètres en arrière, elle pointe son
pistolet sur Uberkrump et lui somme de jeter son arme. A ce moment, Tilus fait irruption par l’autre
côté, pointant son pistolet laser vers leur cible. Skeld le tient toujours dans sa ligne de mire. C’est à ce
moment que Conrad et Syrius les rejoignent dans le sous-sol…
Lugg Uberkrump pointe son lourd fusil à pompe, tout en reculant lentement vers le fond de la crypte.
Son arme oscille nerveusement vers Séverina puis vers Tilus. Ces derniers sont toujours à quelques
mètres d’Uberkrump et pointent leurs armes sur lui. Skeld, toujours installé à moins de cinquante
mètres de la scène, le tient en joue dans son viseur.
Conrad et Syrius avancent prudemment et laissent affluer leur énergie psychique en eux.

La tension monte tandis que depuis les incubateurs, des bruits inquiétants commencent à se faire
entendre. Skeld, familier de l’expérience des combats, scrute le langage corporel de sa cible, attendant
le moindre signe de sa part. L’homme transpire abondamment, de plus il est acculé et déterminé. Skeld
voit la main d’Uberkrump raffermir sa prise sur la poigné de son arme. C’est le moment, sans aucune
hésitation et avec une maitrise du geste, il presse la queue de détente de son arme et lui colle
volontairement un tir en plein bras. Uberkrump hurle et laisse tomber son arme au sol, se tenant
l’avant bras, alors que du trou aux bords noircis par le laser, une fumée à l’odeur âcre de chairs brûlées
monte à ses narines. Tilus contourne l’homme de quelques pas tandis de Séverina, le tenant toujours
en joue, d’un geste du pied, envoie l’arme au sol, glisser un peu plus loin.
Uberkrump prend alors un regard d’homme fou, aux yeux révulsés et au visage crispé par la douleur et
la rage. De sa main valide, il décroche d’un air mauvais et satisfait de sa ceinture un boitier chromé
garni de touches aux runes lumineuses, le pointe vers eux en signe de défiance.
Au moment où le gros pouce d’Uberkrump va pour enfoncer une des runes du boitier, Tilus lui colle
un tir en pleine épaule. L’homme recule sous l’impact, le faisant lâcher le boitier qui retombe au sol en
rebondissant avec un bruit métallique sur le dallage en lithociment.
De colère et de rage, Uberkrump se jette lourdement au sol sur la petite boîte, pesant dessus de tout
son poids. Tilus, aussitôt se jette sur lui et tente de le retourner, Conrad et Syrius arrivent à ce moment.
Séverina saisit alors l’homme par son bras blessé à l’épaule, lui fait une clé en prenant appui de ses
genoux directement plaqués sur sa colonne vertébrale et tire le bras vers l’arrière, faisant, au passage
lâcher un cri de vive douleur à l’homme au sol. Celui-ci pivote alors afin d’éviter que la sœur ne lui
déboite son épaule déjà meurtrie. Au sol, le boîtier est ainsi libéré mais la rune de commande est
malheureusement enfoncée. Autour d’eux et dans l’ensemble de la crypte, les incubateurs se mettent
en marche.

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Le liquide opaque contenu dans leur cuve est évacué lentement par le fond avec le bruit de dizaines de
siphons qui se vident, tandis que des sirènes retentissent depuis les murs et que des gyrophares de
couleur rouge s’allument depuis le plafond.
Uberkrump se met alors à rire tandis que Conrad lui demande :
-C’est quoi tout ça ? Pour qui travailles-tu ?
-Pauvres crétins, vous allez tous mourir ! Lui crache alors Uberkrump.
-Toi, tu vas mourir, c’est certain ! Alors parle !
-Allez tous vous faire foutre !
Avant même qu’il n’ait fini sa phrase, Syrius s’approche et sans crier gare, lui colle trois balles en
pleine tête, mettant ainsi terme à son arrogance, à sa vie et aussi à d’éventuelles réponses.
Hébété, Conrad n’en revient pas et lève ses yeux vers Syrius.
-Putain, mais t’es malade ou quoi ? Mais par le Trône, pourquoi tu l’as tué ? On avait des questions à
lui poser !
-Notre mission était de le supprimer. Ce type était dangereux. Comme ça c’est fait.
- Heu…je ne voudrais pas vous inquiéter mais je crois qu’on ne devrait pas trop trainer dans le coin.
Leur répond alors Skeld juste à ce moment, leur indiquant les cuves.
Autour d’eux en effet, les cuves des incubateurs commencent à se lever dans un dégagement vaporeux
d’azote, laissant se deviner derrière, des dizaines de silhouettes inquiétantes et à la démarche encore
mal assurée.
-Par tous les Saints de Terra, mais qu’est ce que c’est que ça ? Lance alors Conrad.
- J’en sais rien, mais je crois qu’il va falloir se tirer rapidement d’ici ! Répondit Skeld. Vers
l’ascenseur, vite ! Scrutant rapidement les alentours, Skeld et Tilus tentent de trouver une autre issue.
Peut-être en existe-t-il d’autres, mais ils ne les voient pas. De toute façon, ils n’en ont guère le temps.
Conrad appelle Hephastos depuis son vox :
-Tu peux nous trouver une autre sortie, ici ça commence à chauffer !
-Je perçois une grande perturbation dans l’esprit de la Machine ! Par le tout Puissant Omniméssie, que
ce passe-t-il en bas ?
-Des créatures à demi machines sortent d’incubateurs, y a en des dizaines ! Va falloir qu’on se tire de
là !
-C’est pas bon du tout ! Dirigez vous vers le monte-charge, je prends le contrôle de son esprit, leur
répond alors le Technoprêtre.
Le groupe commence alors à s’élancer, mais déjà, une dizaine de créatures leur bloquent le chemin.
Difficile de voir de quoi il s’agit vraiment au travers des vapeurs d’azotes et de la lumière
stroboscopique des gyrophares. Visiblement ce sont des sortes d’êtres humanoïdes à la peau blafarde
et boursouflée, au visage inexpressif et à l’air vide. Des sortes d’excroissances métalliques saillent de
leur corps à l’apparence malade et leurs bras semblent se transformer à volonté en armes d’assaut ou
de corps à corps. Tilus, Severina et Syrius passent en tête et, faisant feu de toutes leurs armes
parviennent à mettre apparemment hors d’état de nuire quelques unes de ces créatures, libérant ainsi
un passage vers le monte-charge. Skeld et Conrad couvrent les arrières mais Skeld est touché et tombe
au sol. Conrad l’aide et le porte ainsi jusqu’à l’ascenseur tandis que leurs compagnons les couvrent,
abatant plusieurs créatures, les forçant ainsi à rester à distance. Déjà des dizaines d’autres de ces
choses commencent à affluer lentement vers la cabine. Lorsque les portes se ferment enfin, deux des
créatures parviennent à s’y agripper, empêchant les portes de se refermer. Leur tirant dessus à de
nombreuses reprises et à bout portant, Tilus, Séverina et leurs compagnons leur font enfin lâcher prise,
permettant aux portes de se refermer et à l’ascenseur de remonter. Sous eux, se laissent entendre de
sinistres bruits métalliques provenant du sous-sol.

Arrivé de nouveau dans les appartements d’Uberkrump au premier étage, Conrad appelle Hephastos et
lui demande de bloquer l’ascenseur puis entreprend de fouiller rapidement les lieus avec Syrius. Skeld
qui a reprit ses esprits, redescend rapidement au rez-de-chaussée et se dirige, accompagné de Tilus et
de Séverina vers le bâtiment des gardes à l’entrée. Là, il entreprend de fouiller les lieus, à la recherche
d’armes intéressantes. Cependant, Skeld est vite déçu, visiblement les seules armes locales utilisées,
ne semblent bien n’êtres que des armes très conventionnelles à munitions solides et de fabrication
locale. Il récupère quelques munitions pour les armes d’assaut mais délaisse les armes sur place,
s’attardant désormais à la recherche d’armures pare-balles. Tilus de son côté, déniche dans un coffre,

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une mallette poussiéreuse aux marquages du Mechanicum, contenant un fusil laser de modèle Mars
Mk IV avec sélecteur de tir en rafales. Un ancien modèle, mais en parfait état de marche, avec deux
cellules énergétiques. Satisfait de sa découverte, il ressort du poste de garde. Déjà dans la cour de la
villa, Hephastos les a rejoint à bord du 4x4, ses compagnons lui signalent qu’il est grandement temps
de s’éclipser avant que les autorités ou pire, ne décident d’intervenir.
-On fait quoi pour ce qui ce trouve au sous-sol ? Leur demande alors Séverina.
-On ne fait rien du tout, on se casse d’ici et c’est tout. Lui répond Skeld, tentant de retirer l’armure
d’un des gardes au sol.
Hephastos, toujours connecté à son cogitateur à bord du 4x4 leur lance :
-Attendez ! Il y a peut être un moyen…Je viens de me connecter au réseau énergétique interne de la
villa, dans la crypte se trouvent des générateurs. Je devrais pouvoir les faire monter à leur point de
surchauffe maximal puis couper leur système de refroidissement.
Pianotant à grande vitesse sur les runes chromées de son étrange machine, Hephastos leur lance alors
d’un air satisfait :
-Tirons nous rapidement, dans quelques dizaines de minutes, Les générateurs arriveront à leur point de
surchauffe critique, l’énergie libérée devraient totalement détruire l’ensemble du sous-sol et
partiellement la villa.
-Cela suffira pour les détruire ? Lui demande alors Séverina qui monte à bord du véhicule tandis que
Conrad prend le volant.
-Je l’ignore, mais je n’ai pas d’autres solutions dans l’immédiat.
-Ok assez perdu de temps, on y va ! Skeld, en route ! Lança Conrad.
Dépité et ne parvenant pas, suite à ses nombreuses blessures, à récupérer le pare-balle de l’homme au
sol à temps, Skeld grimpe à bord du véhicule qui démarre enfin, se dirigeant vers les bois alentours et
la route qui redescend la colline.

A mi-chemin, le véhicule s’arrête à la demande de Tilus. Un peu plus loin, dans un petit chemin se
trouve la berline qu’il avait dissimulée un peu plus tôt. Syrius et Séverina le rejoignent. Déjà Tilus
retire du coffre les deux livreurs, toujours sous anesthésiant, et les laisse au sol. Dans quelques heures,
ils se réveilleront. Syrius et Séverina s’installent à bord puis Tilus prend le volant et rejoint le 4x4 sur
la route. Les deux véhicules repartent alors en direction de la ville en contrebas et plus précisément
vers les faubourgs ouvriers des Manufactoria, là où se trouve leur planque.

Il est à peine 8h00 lorsqu’ils s’installent dans l’appartement. Conrad s’empresse d’utiliser ses sorts de
soins sur les blessures de ses compagnons. Les blessures sont légères mais assez nombreuses,
notamment pour Skeld, Tilus et Syrius qui ont été les plus exposés aux combats. Conrad, Hephastos et
Séverina sont encore indemnes. L’équipe décide alors de prendre deux jours de repos dans
l’appartement, afin de se reposer, de récupérer et se mettre au vert. Le Technoprêtre les met à profit
pour réparer les armures et l’armement du groupe, notamment le bon vieux fusil laser de Skeld, remis
parfaitement à neuf. Le cadien, lui, part se reposer de ses blessures. De leur côté, Syrius, Tilus, Conrad
et Séverina épluchent les documents récupérés par Syrius. Il s’agit de nombreux parchemins et d’un
épais carnet avec de nombreuses annotations.

Après plusieurs heures d’étude minutieuse et fastidieuse, il en ressort plusieurs informations, même si
peu de choses sont clairement dévoilées. Notamment une série de virements assez conséquents sur le
compte d’une des sociétés d’import-export d’Uberkrump, fonds versés par une organisation dont le
nom n’est pas mentionné, afin de financer un projet qui nourrit visiblement de très hautes ambitions.

Uberkrump fait apparemment partie de cette organisation, dont font partie des membres influents
visiblement. Les noms ne sont pas cités, en dehors de XT, QI, HS et LR qui semblent être ceux qui
prennent les décisions à un haut niveau.

Dans un des documents, il est fait mention à l’attention d’Uberkrump, de gérer ce projet avec la plus
grande discrétion. Car visiblement, l’Inquisition surveillerait leur agissement depuis à peu près un an.
Et en rien, les autorités ne doivent en être informées.

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L’équipe n’est visiblement pas tellement plus avancée, si ce n’est qu’elle a bien confirmation qu’un
complot implique des personnalités, mais lesquelles ?
En réfléchissant bien, Tilus et Syrius pensent pouvoir identifier les initiales comme étant celles de
certains membres influents du conseil du Gouverneur Callidon, l’autorité de Badab.

XT pourrait bien être Xantis Trantor, le ministre plénipotentiaire du Dieu-Machine ; QI pourrait être
Quintos Initius VII, le Pontifex Mundi et grand Prêtre du Culte Impérial ; HS serait, pour sa part
Haxtès Séverus, Seigneur Marshall du Magistratum. Quant à LR, cela ne leur évoque rien pour
l’instant.
Cela signifierait donc que certains membres de l’entourage du Gouverneur sembleraient bien
impliqués dans cette sombre histoire. Cependant pour l’instant les indices sont bien maigres et
l’équipe passe ainsi plusieurs heures à spéculer sur les différentes possibilités.

L’équipe décide d’ailleurs de suivre les bulletins d’informations locales diffusés sur les chaines
gouvernementales, riches en propagande et autres appels à la Foi. La mort d’Uberkrump ne fait pas la
une, mais passe plus comme un fait divers, évoquant la mort brutale d’un des parrains de la pègre
locale dans une sombre affaire de règlement de compte, le tout parfaitement maitrisé et contrôlé par les
hommes brillants du Magistratum.
Le reste des informations n’est qu’appel à la dévotion, au sacrifice et à l’obligation d’enrôlement dans
les forces gouvernementales, la suite ne fait que vanter les mérites des valeureuses troupes locales
impliquées dans un conflit qu’ils ne pourront que gagner. On voit notamment le Général Garviel
Varnias, dans sa somptueuse tenue d’apparat de chef d’armée des FDP, qui conclu sur cette maxime :
« La foi en l’Empereur est notre arme, et elle dépasse de loin toutes les autres. »

A ce moment là, quelqu’un sonne à la porte d’entrée. Tilus se lève, dégaine son pistolet laser et va à la
porte. A travers l’œilleton, il perçoit un jeune homme en uniforme bleu ciel avec une casquette et une
sacoche.
-Oui, c’est pour quoi ? Lui lance-t-il à travers la porte.
-Une livraison pour un certain Monsieur Lynx.
Tilus entrebâille alors la porte, gardant son pistolet laser caché juste derrière.
-C’est bien ici…Qu’est ce que c’est ?
Le coursier sort une enveloppe épaisse en papier marron de sa sacoche, ainsi qu’une petite plaque de
données.
-Tenez, signez ici. Lui dit le livreur. Tilus signe la plaque, récupère l’enveloppe et referme la porte. Il
rejoint ses compagnons et ouvre l’enveloppe. A l’intérieur se trouvent les fausses identités comme
convenu. Tilus les distribue alors à ses compagnons.
Plus tard Conrad décide d’appeler Skanks, afin de lui faire part de la nouvelle afin de voir ce qu’il aura
à leur dire. Il prend son vox et compose le numéro d’appel.
Au bout de la troisième sonnerie, une voix de vieille femme se fait entendre.
-Oui bonjour, je souhaiterais parler à Skanks, s’il vous plait ? Lui répond alors Conrad.
-Pardon monsieur, mais il n’y a pas de Skanks à ce numéro…Répond la vieille femme.
-Heu…Vous ne connaissez pas Skanks ? Excusez-moi, j’ai du me tromper. Puis Conrad coupe la
communication et va chercher Tilus affairé dans la pièce à côté.
-Dis-moi, quel est le code que tu dois donner à la vieille quand tu appelles Skanks ?
Tilus relève la tête vers Conrad et fronce ses sourcils.
-Attends, tu as craqué ou quoi ? Quelle vieille ? Y a jamais eu de vieille ! Tu as du te planter de
numéro c’est tout. Et pourquoi tu cherches à appeler Skanks d’ailleurs ?
-On a fini le job, je comptais faire un point avec lui et…
-Laisse tomber, Uberkrump est mort, on a les ID comme convenu, pour moi ça me va. Skanks, on
l’appellera au besoin, mais là ça sert à rien, on fait le mort et on bouge pas.

Conrad n’insiste pas, trouvant en effet qu’il vaut peut-être mieux rester discret.
Le lendemain, le groupe décide de reprendre le chemin vers Hermangard. Ils iront en voiture jusqu’à
Carmina Bay, en longeant les faubourgs de Middenheim. De là-bas, ils tâcheront de trouver un bateau,
malgré le blocus pour rejoindre l’île.

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Chapitre VI

+++Assaut sur Hermangard+++


+++Les démons s’en mèlent +++
+++Un Inquisiteur brisé+++

Après leurs deux jours de repos, et une fois les blessures partiellement régénérées, le groupe se
répartit dans ses deux véhicules et part en milieu de matinée. Sous de nouvelles identités et de
nouveaux vêtements ils se dirigent en direction de Carmina Bay à quelques quatre cents kilomètres à
l’Ouest. Le voyage leur prend environ six heures, c’est donc dans l’après-midi qu’ils approchent de la
bourgade côtière sous une petite pluie fine. Tout le long de la route, ils ont déjà pu constater les
convois incessants de camions militaires, transports de troupes et transports d’artillerie et de munitions
ainsi que de nombreuses colonnes de troupes à pied.
Arrivée aux abords de Carmina Bay, ils constatent en effet que la côte est en train de se fortifier. Les
troupes cantonnées ça et là s’efforcent malgré la pluie de terminer à la hâte des positions d’artillerie et
des avant-postes blindés pour le soutien de l’infanterie. Toute la côte se prépare visiblement à une
attaque venant de la mer.
L’équipe rejoint la bourgade un peu plus loin où sont cantonnés aussi les militaires, une grande partie
de la population est déjà partie, fuyant les zones de combat. C’est donc presque sans peine que
l’équipe parvient à loger dans un des hôtels du vieux port. Là où de vieux marins assoiffés et préférant
rester tant qu’il y a encore à boire, ressassant les mêmes et infatigables histoires de krakens mangeurs
d’hommes.
Pour quelques crédits locaux, l’équipe parvient à se loger et à se trouver un repas décent. Conrad en
profite pour fureter et n’hésite pas à demander à quelques marins si un bateau pourrait les emmener au
large moyennant finance. Il essuie de nombreux et catégoriques refus, les marins lui rappellent que les
troupes de la Marine locale ont mises en place un blocus et qu’aucun navire ne doit naviguer.
Finalement, après plus de dix refus, le vieux Bill entre deux verres de Whiskar local, accepte
volontiers de les emmener à Hermangard contre deux mille crédits locaux. Conrad en fait part à ses
compagnons, l’idée est acceptée. Bill leur donne alors rendez-vous le soir même à minuit, à l’heure où
les gardes changent d’équipe. Cela devrait leur laisser quelques minutes pour atteindre le bord de l’eau
où se trouve son vieux rafiot.
Le soir même, Conrad et le reste de l’équipe rejoignent Bill à l’endroit convenu. Un âpre marchandage
à alors lieu, car il n’était pas prévu dans la somme initiale de prévoir un retour. Bill leur propose le
retour pour la même somme, soit deux mille de plus.
Hephastos prend alors Conrad à part.
-Une fois sur l’île, nous n’aurons plus besoin de lui, je pourrais alors piloter son bateau. Acceptons son
offre, nous nous en débarrasserons et le laisserons là-bas.
-Ok, je vais lui dire qu’on accepte. Répond alors Conrad. Puis se redirigeant vers le vieux marin, il lui
sonde l’esprit, cherchant à y lire ses intentions.
Bill a clairement projeté d’aller les dénoncer dès leur arrivée sur l’île, aux troupes gouvernementales
afin d’arrondir la coquète somme qu’il va empocher déjà avec eux.
Conrad en fait part discrètement à ses compagnons avant de monter à bord, décidant de garder un œil
en permanence sur le vieux marin.
Il fait nuit noir et une petite pluie fine venue du large, tombe sur la côte. Les eaux sont sombres et
dangereuses mais la mer est calme lorsque l’embarcation, un petit rafiot de dix-huit pieds, quitte le
vieux ponton où il est amarré.
Le trajet vers Hermangard prendra environ deux heures.

-Des troupes seront certainement cantonnées sur l’île, je ne risquerai pas une approche directe si j’étais
vous. Leur dit le vieux marin.
-Vous savez où se trouvent les troupes ainsi que leur position ? Lui demande Conrad.
-Non, je n’en ai pas la moindre idée, cela fait des années que je ne suis pas allé là-bas. Je sais juste
qu’il y a une petite garnison sur place depuis peu. Voilà tout.

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-Il y a bien un autre endroit où débarquer sur cette île ? Je veux dire de façon discrète.
-Ça n’a pas été prévu à la base…c’était un pénitencier vous savez.
-Dans ce cas avant d’arriver à l’île on devra couper le moteur. Ce bateau dispose d’un autre mode de
propulsion ? Quelque chose de silencieux, je veux dire ?
-Ouaip, y a bien des rames qui doivent trainer quelque part.
-Pardon ? Des rames ?....Et elles s’actionnent comment ?
-Bin avec vos bras, pardi !

Faisant part de cette option au reste de ses compagnons, l’idée est acceptée. De toute façon, le groupe
réalise qu’ils ne disposent pas de meilleur choix.

A environ un mile de l’île, Conrad fait stopper les moteurs. Le vieux Bill s’exécute et sort quatre
rames en aluminium traité. Il les installe de chaque côté du bastingage dans des logements prévus à cet
effet.
-Voilà, bon bin moi je suis le capitaine, donc je reste à la barre…à vous de souquer, moussaillons !
Conrad, Tilus, Hephastos et Syrius se mettent alors à ramer, maudissant le vieux marin de leur jouer
un tel tour.
Séverina remplace rapidement Conrad avant que ce dernier ne se déboite une épaule, voyant que celui-
ci ne semble pas disposer de la meilleure condition physique pour ramer.
Le bateau approche ainsi lentement mais discrètement de l’île, lorsqu’à un demi-mile un projecteur
s’allume soudain depuis bâbord et se braque sur eux. Un bruit de moteur en approche et une voix en
bas gothique à l’accent local, diffusée à travers un porte-vox s’entendent alors.
-Stoppez votre navire et mettez-vous sur le pont les mains bien visibles, au nom de l’Imperium !
Skeld sort alors rapidement son fusil laser, se dissimule du mieux qu’il le peut contre le bastingage et
prend pour cible le projecteur, mais ce dernier l’aveugle et l’empêche de viser correctement.
Tilus, Syrius et Conrad tentent de se dissimuler, mais faute de couvert décents, font mine
d’obtempérer et s’apprêtent à agir.
De leur côté, Hephastos se dissimule derrière la cabine et se connecte à son cogitateur, tandis que
Séverina arme un fusil d’assaut et se met à couvert.

La vedette, un modèle d’une quarantaine de pieds de long semble être un patrouilleur local des FDP. A
son bord, cinq soldats sont visibles, dont un, actionnant une mitrailleuse lourde montée sur pivot, les
autres sont armés de fusils d’assaut à longs canons et à chargeurs courts et droits qu’ils pointent vers
l’embarcation.
-Ne bougez pas, nous allons vous arraisonner ! Crie la voix dans le porte-vox.
C’est à ce moment que Skeld ouvre le feu. L’impact fait éclater le projecteur dans une grande gerbe
d’étincelles. L’instant d’après, ils sont de nouveau replongés dans l’obscurité.
Tilus dégaine son arme et tire, mais rate sa cible, Hephastos, via son cogitateur se connecte à l’esprit
de la Machine du navire et commence à en prendre le contrôle.
Tandis que Séverina ouvre le feu mais rate aussi son tir, Conrad en profite pour se mettre à couvert,
gardant un œil sur le vieux Bill, alors que Syrius se met aussi à tirer, ajoutant un peu plus à la
confusion par son manque également de précision.
Bill hurle alors à l’attention des soldats qu’il s’agit là d’un piège tendu par des rebelles.
En face la riposte est immédiate, les soldats ouvrent à leur tour un feu nourrit, mitraillant
copieusement le navire où tente de se cacher l’équipe. Quelques balles parviennent même à en toucher
certains mais sans causer trop de dommages si ce n’est à leurs armures pare-balles.
L’échange de tirs dure ainsi de nombreuses secondes avant que le premier garde ne soit mis hors d’état
de nuire grâce à un des sorts télékinétiques de Syrius. Hephastos prend le contrôle du patrouilleur,
coupant tous les systèmes de bords.

Conrad se jette alors sur le vieux marin mais celui-ci lui assène un violent coup de poing dans le
ventre, Conrad s’écroule sur le pont. Séverina parvient à abattre un des gardes et en blesse légèrement
un deuxième tandis que Tilus abat celui qui tient la mitrailleuse. Alors que Bill s’apprête à jeter
Conrad toujours sonné par-dessus bord, un tir perdu le touche en pleine tête. Bill s’écroule raide mort
en travers du pont de son navire. Dans la confusion qui s’ensuit, Syrius, focalisant mal son pouvoir,

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détruit involontairement une partie du bastingage devant lui. Tilus, Skeld et Séverina montent alors à
bord da la vedette des FDP. Les derniers gardes rescapés sont alors rapidement abattu même si Skeld
et Tilus se font une grosse frayeur en fouillant le bateau et en se retrouvant l’un et l’autre sans le
vouloir nez-à-nez. Il ne s’en est fallu que d’un cheveu pour que Skeld ne se fasse pas découper par
l’épée tronçonneuse de Tilus.

Tandis que les uniformes encore à peu près utilisables sont récupérés sur les corps des gardes, l’un
d’eux, blessé, est interrogé par Conrad. Il n’apprend que peu de chose, si ce n’est en lui sondant
l’esprit. Il apprend notamment qu’un prisonnier est bien détenu dans une des cellules d’un des
bâtiments, qu’un détachement d’une centaine de gardes est bien cantonné sur l’île sous le
commandement d’un certain colonel Hudson.
L’homme est ensuite ligoté et bâillonné puis Skeld et ses compagnons, en dehors d’Hephastos et
Séverina récupèrent les uniformes des gardes. Skeld revêt celui de l’officier, un lieutenant.

Le techno-prêtre prend alors les commandes du patrouilleur. Syrius, en cherchant bien, trouve une
carte de l’île dans la cabine de pilotage, en cherchant, Conrad repère le bâtiment où semble être détenu
Ezekiah.
Hephastos se calle alors sur les fréquences radios utilisés par les soldats, cherchant au passage
quelques informations. C’est ainsi que l’équipe s’aperçoit que les troupes cantonnées sur place ont
l’air de s’affairer à autre chose. Il semblerait qu’ils aient repéré une attaque imminente de l’île et
s’apprêtent à y résister. L’ensemble des troupes est alors prête à concentrer ses forces sur la partie sud
de l’île, soit face au continent de Mekton Zeta.

Mettant le cap vers l’embarcadère de l’île, soit à l’opposé de l’attaque imminente, l’équipe s’apprête à
élaborer une rapide stratégie.
Hephastos fait accoster le navire contre le ponton. Skeld, toujours en uniforme de lieutenant, dont la
visière de sa casquette masque en partie son visage saute sur l’embarcadère et pousse devant lui sans
ménagement Séverina qui fait mine d’avoir les mains attachées dans le dos, tel un prisonnier. Un
pistolet bolter et un pistolet laser son cachés justement derrière, sous sa veste.
Ils avancent en direction du poste de garde, protégés par des casemates dont pointent des autocanons
jumelés. Conrad, en uniforme de garde lui aussi les suit de près, maintenant un sort d’illusion juste
devant lui dans lequel Tilus, Syrius et Hephastos sont inclus, les mêlant parfaitement au décor ambiant
et les rendant parfaitement invisible au premier coup d’œil.

Skeld passe le poste de garde sans que ceux-ci ne portent trop attention à lui. Ils semblent s’affairer
sous les ordres nerveux de leur chef de poste leur ordonnant de déployer des armes lourdes à certains
points stratégiques. Le sous-officier salue rapidement Skeld, le prenant pour un simple officier
accompagné d’un prisonnier et d’un soldat, donc ne présentant pas une menace directe. Il demande à
ses hommes de les laisser passer. Puis il retourne à ses occupations, oubliant déjà cet évènement.

Skeld et ses compagnons passent alors le long d’un bâtiment où l’agitation et l’activité est palpable
puis se dirige vers le bâtiment central, là où semble être détenu l’inquisiteur. Plus loin des troupes en
arme s’affairent au pas de course.
Le corps du bâtiment, un ensemble en lithociment long de plusieurs centaines de mètres et haut de plus
de cinquante est d’un modèle sombre et austère percé d’une multitude de fenêtres étroites à barreaux.
L’ensemble parait abandonné, ils le contournent afin d’arriver par la façade sud et se retrouvent face à
un portail fermé par une chaine cadenassée. Mais n’osant briser la chaine et passer au travers du
bâtiment désert, ils préfèrent revenir sur leurs pas et contourner l’ensemble vers le nord en direction de
la seconde entrée. A environ trente mètres da la porte blindée d’où filtre de la lumière, l’équipe perçoit
un groupe de quatre gardes arrivant rapidement par un autre chemin et se dirigeant dans la même
direction qu’eux. L’un d’eux interpelle Skeld dans le dialecte badabi local.
-Teğmen Merhaba, bir yardım eli gerekir?
Skeld n’arrivant pas à saisir un traitre mot, marmonne quelque chose d’incompréhensible avec un
vague geste de la main. Puis il continue son chemin vers l’entrée du bâtiment.

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Derrière lui, toujours maintenu dans le sort d’invisibilité de Conrad, seuls Tilus et Syrius parviennent à
comprendre ce qui vient d’être dit. Tilus s’approche tout près de Skeld.
Ce dernier arrive devant la porte blindée, tenant toujours Séverina devant lui, puis frappe à la porte.
Derrière eux se trouvent toujours les quatre autres gardes à quelques mètres en retrait.
Depuis l’intérieur, un garde répond au travers d’un canal vox intégré dans la porte.
-lütfen kimlik sağlamak !
Tilus se colle à Skeld et faisant mine de le laisser répondre, lance d’une voix assurée dans sa langue
natale :
-Teğmen Draek, ben Albay Hudson ve emri ile mahkum getirmek !
-Par Terra, qu’est ce qui ce passe ? lui murmure alors Skeld.
-Rien, j’ai dit que tu étais le lieutenant Draek et que tu apportais un prisonnier sur ordre du Colonel
Hudson et que tu leur demandes d’ouvrir, lui répond alors Tilus dans un souffle.
Un bruit de mécanisme se fait alors entendre et la lourde porte blindée commence à s’ouvrir lentement.
Un garde apparaît dans l’entrebâillement de la porte et salut Skeld.
-Merci à toi, soldat ! Lui lance-t-il machinalement en bas gothique.
Tilus et Syrius se raidissent alors. Derrière le groupe, ils entendent quelques petits rires, puis l’un des
gardes lance :
-Şey, teğmen ve Gotik konuşurken söyler !
Ce qui a pour effet de faire rire ses trois autres compagnons.
Tilus, comprenant l’allusion au fait que les gardes se moquent un peu de l’usage un peu pompeux du
gothique employé par leur lieutenant, lance comme si cela venait toujours de Skeld.
-Ve ek olarak iyi kulaklar asker var !
Les hommes derrière eux, s’arrêtent soudain de rire. Celui qui parle reprend la parole et lance d’un ton
sarcastique :
-Tercih ettiğim : iyi kulaklar, kaptan var!
-Merde, il est Capitaine ! Souffle alors Tilus à l’oreille de Skeld. Entre, dépêche toi avant que ça ne
tourne mal !
Skeld entre donc, toujours accompagné de Séverina qui ne bronche pas mais qui se tient prête à sortir
ses armes. Conrad suit, un peu en transe à cause du sort qu’il maintient devant lui, contenant ses trois
autres compagnons. Le capitaine et ses trois hommes entrent à leur tour. Le garde ferme alors la lourde
porte, loin de se douter de ce qui se passe.
Ils sont désormais dans un vaste hall aux murs jadis peints en blanc mais dont les décennies
d’humidité et le manque d’entretien ont eut raison de la couleur désormais indéfinissable.
Depuis les hauts plafonds, des gouttes d’humidité suintent des bouches d’aération aux ventilateurs
pourris par la rouille et en panne depuis bien longtemps.
Plusieurs gardes s’affairaient à l’intérieur, mais l’arrivée soudaine de deux officiers les fait bondir au
garde-à-vous. Un sergent salut Skeld et lui demande alors quelque chose que Skeld ne comprend pas.
La tension commence à devenir palpable, alourdie par l’air moite ambiant.

Le capitaine approche et vient se camper devant Skeld, dont le visage est toujours baissé, dissimulé
sous la visière de sa casquette.
Le capitaine inspecte alors l’uniforme du lieutenant dont les trous encore maculés du sang de son
ancien porteur l’intriguent. Skeld relève lentement son visage, fixant dans les yeux l’officier face à lui.
Ce dernier réalise alors à ce moment là ce qui est en train de se passer, mais un peu tard. Skeld avait
déjà discrètement dégainé le pistolet automatique compact d’ordonnance qu’il porte à sa ceinture,
prestement il plaque le canon de l’arme sur le front du capitaine encore étonné et presse la détente. La
balle, tirée à bout portant, lui brûle la cervelle, lui faisant éclater l’arrière du crâne et projetant sur le
mur décrépi une pluie de matière sanglante. Avant même que le corps sans vie de l’officier ne
s’écroule sur le carrelage humide et pourri, Tilus bondit en avant, lame tronçonneuse brandit, il
tranche le bras droit ainsi que l’épaule du garde le plus proche de lui avant que ce dernier n’ai le temps
de saisir son arme posée juste à côté. Le malheureux s’écroule en hurlant, projetant un geyser de sang
alentours. Hephastos s’élance en avant et enfonce son gantelet énergétique dans la poitrine de
l’homme en face de lui qui saisit son arme, lui faisant éclater la cage thoracique, Séverina dégaine
alors ses deux pistolets et abat net deux autres gardes de tirs en pleine poitrine.
Le carnage est rapide, brutal et cruel. Les gardes n’ont aucune chance et sont tous impitoyablement

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abattus jusqu’au dernier sans qu’ils n’aient même eu le temps de se défendre dignement.
Hephastos s’installe alors rapidement derrière la console garnie de logicateurs du poste de sécurité,
pilotant l’ensemble des systèmes de sécurité du bâtiment et se connecte à l’esprit de l’appareil.
Pendant ce temps, le reste de l’équipe recharge leurs armes et sécurisent la zone.
-Au sous-sol, par là, leur indique alors Hephastos, un dispositif de sécurité est encore actif dans cette
zone du bâtiment, Ezekiah doit être là.
-Ok on y va, lance alors Skeld, enclenchant une nouvelle cellule énergétique dans son fusil laser.
Hephastos, reste ici aux commandes de ce truc, ça pourra toujours nous être utile. Par contre, il serait
bien que l’un de nous reste avec lui.
-Je reste. Se propose alors Séverina en ramassant deux fusils d’assaut.
-Ok, on descend et on reste en contact vox.
Tandis que le Technoprêtre commence à afficher le plan virtuel des systèmes de sécurité du bâtiment,
il commence à repérer le chemin que vont devoir emprunter ses compagnons. Les zones par lesquelles
ils vont devoir passer sont couvertes par des caméras et des systèmes de détection. Sans attendre, il
entreprend de prendre la main sur les caméras, rediffusant en boucle les mêmes images de couloirs
vides.
Skeld et Conrad en tête, continuent de dévaler les escaliers rapidement. Quelques mètres derrière eux
Tilus et Syrius suivent d’un pas plus mesuré, réalisant que leurs deux compagnons vont peut être un
peu vite. Tilus porte la main à son vox.
-Hephastos, tu as repéré des systèmes de sécurité ?
-J’y travaille, je neutralise les caméras, mais faites quand même attention.
-Skeld, ralentie un peu devant et ouvre l’œil ! Lui lance alors Tilus.
-On n’a pas le temps, Ezekiah est en bas, on fonce. Lui répond alors Skeld sans se retourner.

Ils débouchent à ce moment là au premier sous-sol dans une vaste salle rectangulaire. La salle est
plongée dans la pénombre. De chaque côté se trouvent apparemment plusieurs portes de cellules dont
la plupart semblent fermées ou à peine entrouvertes. Au centre de la salle se trouve un puits
rectangulaire entouré d’une rambarde métallique. En face, à leur opposé, se trouve au moins un autre
couloir.
Dans leur précipitation, Skeld et Conrad ne font pas bien attention où ils mettent les pieds en pénétrant
dans la salle.
Conrad sent son pied s’accrocher à quelque chose. Un fil tendu en travers de son chemin. Le fil casse
tandis qu’une batterie de projecteurs au sodium s’allume au plafond, illuminant soudainement la vaste
salle. Un ronronnement aigu de servomoteur se met à bourdonner tel le bruit d’insectes apicoles que
l’on trouve sur certains agri-mondes. Depuis le plafond, au centre de la salle, un dôme se met à pivoter
dans la direction des intrus, pointant vers eux deux mitrailleuses jumelées alimentées par des bandes
de cartouches.
Les deux canons de l’arme se mettent aussitôt à cracher dans leur direction faisant pleuvoir des salves
de balles de gros calibres autour d’eux. Les balles ricochent sur le carrelage défoncé, arrachant au
passage des morceaux de plâtre sur les murs. Conrad se jette de côté mais sans pour autant se mettre à
couvert, tandis que Skeld se rue derrière lui vers les escaliers. Syrius et Tilus remontent de quelques
marches afin de rester hors de portée. Miraculeusement malgré la pluie de munitions crachée par
l’arme jumelée, pas une balle ne parvient à toucher. Les douilles éjectées ricochent en cascades sur le
sol carrelé dans l’écho des tirs et la fumée.
-Hephastos, on est au niveau moins un, coupe tous les systèmes de sécurité des armes asservies, ça
nous tire dessus, on est coincé ! Crie alors Skeld dans son vox.
Les canons jumelés pivotent de quelques degrés et se verrouillent sur Conrad, toujours au sol et
désormais seule cible disponible.
Puis l’arme enclenche son système de sureté et se met en veille.
-C’est bon, je viens de couper son alimentation. Répond alors Hephastos d’une voix calme.
Conrad se relève et essuie un peu la poussière de plâtre sur ses vêtements tandis que Skeld s’avance de
nouveau prudemment en redescendant les marches lorsque des silhouettes font prudemment leur
apparition par le couloir à l’opposé, quatre hommes armés en uniforme noir renforcé et casqués. Les
nouveaux venus voyant tout de suite Conrad et Skeld, lèvent leurs armes vers eux.
Skeld, profitant du fait qu’il porte toujours un uniforme des FDP, dégaine son pistolet d’appoint et le

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plaque sur la nuque de Conrad en lui murmurant tout bas :
-Joue le jeu et jette ton arme, on va les bluffer.
Conrad lève ses mains en l’air et jette son pistolet laser au sol.
Puis, tout haut, Skeld lance à l’attention des nouveaux venus :
-C’est un prisonnier, il comptait s’échapper. J’ai la situation sous contrôle !
Les quatre hommes continuent alors de s’avancer prudemment mais baissent leurs armes, pour
l’instant le coup de bluff de Skeld a apparemment l’air de prendre.

Soudain, venant des escaliers derrière eux, Skeld et Conrad entendent un bruit de quelque chose qui
s’écroule dans un grand fracas. Tilus, empêtré dans ses armes vient de dévaler les marches et se
retrouve tant bien que mal aux pieds de celles-ci.
Les quatre gardes échangent alors un rapide regard entre eux et comprennent qu’ils viennent de se
faire berner. Sans sommation, ils se plaquent sur les côtés et ouvrent le feu en rafale. Skeld et Conrad
se jettent en arrière, Skeld riposte, soutenu par Syrius et Tilus. L’échange de tir dure quelques instants,
finalement Skeld et Tilus en abattent chacun un, les deux derniers sont projetés au plafond par un sort
kinétique de Syrius. Puis il les relâche et les laisse s’écrouler au sol, complètement sonnés.
Prudemment Skeld et Tilus s’approchent d’eux et les abattent à bout portant.
Pendant que Tilus surveille les environs, Skeld fouille les corps. Ces derniers ne sont pas équipés
comme les FDP classiques. Leur uniforme est noir, leur casque intégral comporte un vox intégré, un
respirateur et des lunettes infrarouges. De plus leur arme est un fusil laser radiant relié à leur
paquetage énergétique dorsal. Ce matériel ne semble pas vraiment conventionnel pour des soldats des
FDP. Skeld se contente en tout cas de dépouiller un des gardes de son casque, de son paquetage et de
son arme.

Hephastos, toujours connecté au cogitateur de contrôle de la sécurité continu de neutraliser les


systèmes actifs qui jalonnent leur chemin, contrôlant les caméras de surveillance.
Séverina pendant ce temps surveille nerveusement l’extérieur. Dehors, l’enfer vient de se déchaîner.
Des flashs de lumière au loin, comme ceux d’un feu d’artifice, puis quelques secondes après, des
détonations d’artillerie d’abord suivies rapidement par des tirs d’armes lourdes et de canons
automatiques. Un peu de plâtre commence à se détacher du plafond pourri. L’île commence à subir un
assaut venant de la mer, et il semble être massif.

Tilus se retourne et récupère aussi un des casques, réalisant que la fréquence de leur radio interne est
toujours connectée, il écoute ce que les gardes se disent entre eux. Ce moment d’inattention est mis à
profit par quatre autres gardes qui surgissent d’un couloir et se ruent vers eux, arme en avant à hauteur
d’épaule. Skeld et Conrad esquivent de justesse une rafale.
Tilus et Skeld ripostent mais leurs tirs manquent de précision, cependant un des tirs de Skeld blesse et
désarme un des opposants. Conrad profite de la confusion pour invoquer une aura d’invisibilité autour
de lui, disparaissant ainsi aux yeux de tous, mais personne n’y prête vraiment attention. Syrius invoque
de nouveau son sort kinétique et envoie voler au plafond deux des gardes.
Tilus prend son vox :
-Hephastos ! Il serait peut être temps que tu reprennes en main la mitrailleuse jumelée, on va avoir
besoin d’un coup de main là !
L’échange de tirs reprend de plus belle, Skeld en touche un qui bascule en arrière.
Syrius est fauché d’une rafale de laser et s’écroule lourdement trois mètres en arrière, libérant les deux
gardes de son sort, ces derniers s’écroulent au sol et s’assomment, écrasant au passage le garde déjà
blessé.
Lorsqu’ils entendent une voix de stentor qui rugit de derrière eux :
-Rendez-vous ! Vous êtes cernés !
Ni une, ni deux, Skeld bondit sur le côté et d’une roulade se jette dans une des cellules adjacente dont
la porte est entrebâillée. Une fois à l’intérieur, il se plaque contre l’embrasure de la porte, arme pointée
vers l’extérieur.
-Venez mes salauds, je vous attends ! Se dit-il.
De son côté, Tilus se fige, impressionné par la voix qu’il vient d’entendre. Ne sachant si il doit
obtempérer ou non, d’autant plus qu’il réalise que le garde restant en face de lui réagit aussi aux

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injonctions de la voix et se met à tirer de tous les côtés.
-Hephastos, shoote-le par le Trône ! Se met-il à hurler dans son vox tandis qu’il tente de son côté de
tirer sur le garde mais grille la cellule de son arme.
Hephastos prend alors le contrôle de l’arme asservie, tire mais rate.
Le garde lâche une nouvelle rafale et fauche Tilus dans les jambes. Les impacts sont en partie absorbés
par ses protections mais cela ne l’empêche pas de tomber au sol. D’une rafale de fusil radiant bien
ajustée, finalement Skeld abat le garde mais reste embusqué dans sa cellule. De son côté, Tilus rampe
pour se mettre à couvert tant bien que mal et dégaine son pistolet laser, prêt à recevoir les nouveaux
arrivants.
Conrad annule alors son sort d’illusion visuel et leur lance :
-Hey les gars, la voix c’était moi ! On n’est pas encerclé, je voulais juste impressionner les gardes en
face !
-Ouais bin c’est réussi, bravo ! Putain, préviens à l’avenir quand tu lances tes sorts. Lui lance alors
Skeld en sortant de sa cellule. Puis prenant son vox, il appelle Hephastos :
-Surveille toute la zone et préviens-nous de tous les mouvements. Tu vois où se trouve Ezekiah ?
-Il devrait être deux niveaux en dessous de vous, il y a pas mal de gardes concentrés sur cette zone.
Puis laissant Conrad utiliser ses sorts de soins sur Tilus et Syrius, Skeld fouille les hommes au sol, ces
derniers sont équipés comme les précédents mais il trouve finalement deux grenades à fragmentation.
Voyant que les soins des blessés prennent de nombreuses minutes, Skeld retourne vers les cellules, là,
il entreprend de nouer entre elles plusieurs vieilles pièces de tissus, initialement d’anciennes
couvertures.

Revenant vers la salle centrale, Skeld noue sa corde de fortune à la rambarde, laisse pendre
l’ensemble, commence à enjamber et se lance dans une décente en rappel.

Tilus met un coup de coude à Conrad et lui indique du menton l’endroit où se trouve le cadien.
-Tu fais quoi là, tu vas pas passer par là ? Lui lance Tilus.
-Pas de souci les gars, je descends en reconnaissance et vous ouvre la route, on reste en contact. Lui
répond Skeld. Puis ce dernier disparaît en se laissant descendre le long du puits.
-Mais il est complètement fou, je le sens pas ce coup-là, ça va encore foirer ! Répond Conrad.
Puis terminant les soins sur Tilus, les trois compagnons se dirigent rapidement vers la rambarde.
Quelques vingt mètres plus bas, l’obscurité ne permet pas d’y voir grand-chose, Skeld certainement
arrivé au sol, s’est déjà fondu dans les ombres.
Soudain, le sol se met à vibrer faiblement et venant de l’extérieur, on perçoit quelques grondements
sourds.
Tilus prend son vox.
-Hephastos ? Trouve nous un autre accès et sécurise-le, on descend au dernier niveau. Comment ça se
passe là-haut ?
-Pas terrible, des troupes viennent de prendre pied sur l’île, lui répond Séverina, je crois qu’il va falloir
faire vite, on ne pourra pas rester bien longtemps ici.
-Prenez le couloir tout droit, puis sur votre droite sur environ vingt mètres, la troisième porte. Passez
par là et descendez jusqu’au moins trois. Leur répond Hephastos.
-Skeld, tu nous entends ? A toi, l’appelle alors Tilus. Skeld ?
Aucune réponse de la part du cadien.
Tilus passe en tête en boitillant, suivi de Conrad et de Syrius pas en grande forme non plus. Arrivé
devant la dite porte, Conrad ressent la présence de plusieurs personnes arrivant par un autre couloir, lui
et ses compagnons s’empressent d’ouvrir la porte, s’engouffrent dans les escaliers et referment la porte
derrière eux. Les gardes passent devant, Conrad en compte cinq. Puis sans bruit, ils descendent
rapidement l’escalier.

Skeld arrivé en bas, se coule dans les ombres et observe autour de lui. Tout semble calme, un peu trop
en fait. Alors qu’il allait faire mouvement, il ressent quelque chose de froid et de métallique qui se
plaque sur sa nuque. Il se raidit. Derrière lui, une voix déformée par le respirateur d’un casque lui dit :
-Lâche ton arme et mets tes mains sur ta tête !
Skeld analyse rapidement la situation, d’un mouvement rapide il pourrait saisir le canon de l’arme

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située sur sa nuque, pivoter et porter un coup à son adversaire. Seulement, comment savoir si son
adversaire est seul ou s’il ne sera pas plus rapide que lui ?
Finalement Skeld obtempère, il lâche son arme qui reste suspendue à son câble d’alimentation relié à
son paquetage dorsal et lève ses mains au dessus de sa tête.
Tout en maintenant d’une légère pression son arme sur la nuque du cadien, l’homme lui retire le
pistolet qu’il avait dans un holster à sa cuisse, le jette au loin, lui retire son casque et déboucle les
sangles de son équipement qui tombe au sol, laissant du coup, Skeld sans aucune arme.
-Avance, lui dit-il.

Tilus arrive au dernier niveau. Syrius entrebâille la porte qui se trouve devant eux et repère deux
gardes armés à cinq ou six mètres devant eux. Ces deux derniers discutent nerveusement et
communiquent via leur vox avec d’autres personnes.
-Il y a deux gardes de l’autre côté, on fait quoi ?
Tilus regarde ses compagnons, pointant son fusil laser vers la porte.
-Ok à trois, on ouvre et on les neutralise. Leur dit-il dans un murmure.
Sans avoir même le temps de s’en rendre compte, les gardes sont rapidement neutralisés, assommés
par les sorts des deux psykers.
Tilus passe devant avec prudence, suivi par ses deux compagnons. Soudain, du bruit venant des deux
couloirs adjacents les alertes. Sans un bruit, ils reviennent sur leurs pas, et referment la porte menant
aux escaliers derrière eux.
-La voix est bloquée, par le Trône ! D’autres gardes approchent des deux côtés. Leur murmure Tilus.
Puis restant immobiles dans leur couloir, Syrius perçoit qu’un des gardes arrive pour ouvrir la porte.
Aussitôt, Conrad lance son sort de brouillage visuel, les rendant alors invisible à l’œil nu. La porte
s’ouvre brutalement. Derrière, apparait alors un garde armé d’un fusil radiant et équipé d’un casque
intégral avec viseur optique infrarouge.
Tilus maudit alors le mauvais coup du destin, devinant sans peine que le garde en face de lui devait
sourire derrière son casque. Le viseur infrarouge lui permettant évidemment de les voir malgré le sort
de Conrad. Il lève alors son arme, mais le garde est plus rapide et l’abat d’une rafale de laser. Conrad
riposte au pistolet laser mais la cellule de son arme est soudain vide, il lui balance alors son arme au
visage et se jette sur lui. Le combat est confus et inégal, Syrius tombe soudain au sol. Conrad et le
garde lutte alors en corps à corps, puis d’un balayage, Conrad tombe à son tour, s’assommant à moitié
dans les escaliers.
Les trois compagnons du garde le rejoignent, braquant leurs armes sur les trois comparses. Syrius et
Conrad encore meurtris sont relevés sans ménagement. Ils sont dépouillés de leur équipement et de
leurs armes qui sont jetés dans un coin du couloir. Puis ils sont emmenés, mains en l’air. Tilus, blessé
et inconscient dans les escaliers est laissé pour mort.

Depuis la salle de contrôle, suivant la scène derrière les écrans holopix des cogitateurs, Séverina lance
à Hephastos.
-Je descends les chercher, reste là et barricade-toi comme tu peux. Puis toujours armée d’un pistolet
bolter et d’un pistolet laser, elle ramasse deux fusils d’assaut qu’elle avait laissé à portée de main et
s’engouffre vers les étages inférieurs.
Quelques minutes plus tard, Séverina débouche en bas des escaliers par lesquels sont descendus ses
compagnons. Là elle tombe sur Tilus, affalé en travers des marches, inconscient ou à demi mort. Elle
l’ausculte rapidement, elle ne peut pas faire grand-chose pour lui dans l’immédiat, pas le temps. Elle
pousse la porte doucement du bout de son arme et débouche dans un couloir. Un peu plus loin, elle
voit des armes et de l’équipement au sol, celui de ses compagnons. Elle continue et entend des voix à
une trentaine de mètres devant elle. Séverina se plaque contre un mur et tout en se glissant dans les
ombres observe la scène.
Plusieurs gardes, au moins huit se tiennent devant des portes de cellules. Elle voit Syrius et Conrad se
faire enfermer dans l’une d’elle où se trouve déjà Skeld, tandis qu’un personnage semblant être le
chef, mais ne portant pas le même uniforme ni équipement que ses hommes, approche. Il est de grande
taille, puissamment bâti et a la peau mate. Il porte une veste de mailles sur des habits de cuir et de
peaux, tels qu’on en trouve sur certains mondes sauvages, il tient un fuseur d’une main, posé sur son
épaule droite mais aussi deux pistolets dans des holsters à sa ceinture. Son visage et son crâne à demi-

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bioniques sont parcourus d’anciennes brûlures. Sur sa tête, une crête multicolore. Il semble parler dans
un vox. Puis il retourne son attention vers un de ses hommes lui parlant dans un bas-gothique à
l’accentuation rapide et hachée comme on en trouve sur certains mondes-ruches.
-Capitaine, dites à vos hommes de se regrouper ici rapidement, nous allons évacuer.
-Seigneur…une évacuation, ici ?…C’est que nous subissons une attaque.
-Faites ce que je vous dis Capitaine, ne discutez pas. Lui répondit-il en fixant son regard mauvais droit
dans celui de l’officier.

Hephastos ne peut s’empêcher de voir ce qui se passe à l’extérieur. Des troupes sont en train de
balayer toute résistance et convergent depuis toutes les directions. Dans la nuit noire et dans les flashs
des explosions, il ne voit que des silhouettes ainsi que des véhicules volants profilés qui déchargent les
troupes aux sols. Les premiers d’entre eux ne sont plus qu’à deux cents mètres de son bâtiment et
continuent d’avancer sans cesser de tirer. Il entend les cris des mourants qui se font de plus en plus
proches mais aussi des cris inquiétants venant des assaillants.
Hephastos coupe alors toutes les alimentations des niveaux supérieurs du bâtiment, le plongeant ainsi
dans l’obscurité. Il coupe aussi tous les systèmes de sécurité des différents niveaux. Puis il se dirige
vers la lourde porte blindée de l’entrée, la verrouille et commence à la souder grâce à sa torche au
plasma intégrée au bout d’un de ses mechadendrites.
Séverina s’accroupie et se penche lentement, observant du coin la scène qui se déroule à quelques
dizaines de mètres de là. A environ cinq ou six mètres des gardes, une sorte de fumée noire apparaît au
dessus du sol. Puis la fumée commence à prendre consistance, des volutes et des arabesques se
dessinent et prennent progressivement forme.
La tête lui tourne, Séverina sent la nausée monter en elle, cependant elle ne peut s’empêcher de
regarder ce qui se passe, consciente que tout ceci n’est du qu’à la sombre magie perfide du chaos.
Les arabesques de fumée noire commencent à prendre une forme tangible à deux mètres au dessus du
sol. Une jeune femme habillée d’un long manteau de cuir noir cintré flotte comme prise dans une
bourrasque de vent. Ses longs cheveux noirs suivant les mouvements ondulants des courants éthérés.
Lentement et théâtralement, elle se pose au sol, les bras écartés, le bout de ses doigts se termine par de
longs ongles de vingt centimètres aux reflets chromés. Devant elle, les gardes sont nerveux et certains
reculent d’un ou deux pas, tremblants. Deux d’entre eux, pris de nausées, retirent leur masque et se
mettent à vomir dans un coin du couloir. La jeune femme s’approche lentement d’eux d’une démarche
assurée et féline, autour d’elle sur environ deux mètres se forment des cristaux de glace sur le sol, les
murs et sur chaque objet.
L’homme à la crête multicolore s’approche de la jeune femme, du givre commence à se former aussi
sur sa cotte de mailles. D’un mouvement du menton, il indique les cellules.
-Et pour eux que fait-on ?
-Laisse, Sheyen, je m’en occupe. Lui dit-elle d’une voix douce et suave.
Puis retournant l’attention vers ses hommes, une dizaine environ, il leur dit d’une voix forte et d’un air
toujours aussi mauvais tout en tenant son fuseur des deux mains.
-Regroupez-vous autour de moi messieurs, on lève le camp.
Ses hommes lui obéissent aussitôt, seuls les deux gardes indisposés par la présence de la jeune femme
hésitent quelque peu, scellant ainsi leur destin.
D’un geste incroyablement rapide pour être suivi à l’œil humain, la sorcière allonge ses bras dans leur
direction, plongeant ses longs ongles dans les orbites oculaires des deux hommes, crevant ainsi leurs
yeux et perforant leur cerveau sur une bonne quinzaine de centimètres.
-Désolée mes biquets, mais c’est votre peur qui va les nourrir et vous comprendrez bien que cela est
nécessaire.
Puis retirant ses longs doigts d’un geste sec et dans un bruit de succion tandis que les deux malheureux
tombent au sol, raides morts, la jeune femme reprend sa place au centre des gardes restant. De la
fumée noire commence alors à les envelopper rapidement.
Séverina voit alors les corps des deux hommes se mettre à trembler de façon peu naturelle, puis les
spasmes qui agitent leurs cadavres commencent à se transformer en mouvements saccadés.
La fumée noire englobe désormais tous les gardes autour de leur chef, une fois chose faite, lentement,
la fumée commence à se dissiper emmenant avec elle les hommes qu’elle contient.
De là où elle est, Séverina entend les os des deux cadavres au sol craquer de façon ignoble pour se

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reconfigurer. De longues griffes osseuses poussent à la place de leurs doigts avec lesquels ils
commencent à arracher sauvagement leurs uniformes et leur peau, mettant ainsi leurs chairs roses
violacées à nu et dévoilant autre chose en dessous.
Séverina, prise de violentes nausées ne peut absolument rien faire d’autre que de tenter de fuir face à
une telle scène. Empereur-Dieu tout puissant, se dit-elle en reculant. Menaçant de trébucher à chaque
pas en rebroussant chemin, elle repart en titubant en direction des escaliers.
Depuis leur cellule à quelques mètres de là, Syrius lance à ses compagnons dans un murmure :
-Vous avez senti ? Les systèmes de sécurité ont du être coupé, les inhibiteurs psychiques de la cellule
ne fonctionnent plus !
-Ce doit être Hephastos, lui répond Conrad. Que peut-on faire pour sortir de là ?
-Laissez, je vais tenter de voir cette porte. Leur dit alors Skeld. Mais ce dernier réalise vite que la porte
blindée ne lui offre aucune prise et surtout qu’il ne possède rien pour l’ouvrir.
-Poussez vous, leur répond alors Syrius. Approchant ses deux mains de la porte, il laisse affluer en lui
son pouvoir kinétique, chargeant ses mains d’une énergie bleutée, faisant crépiter l’air en énergie
statique aux alentours. En deux ou trois coup, la porte devrait céder se dit-il. Mais après ?
Soudain, Syrius vacille et recule de quelques pas en même temps que Conrad qui se retient à un mur
afin d’éviter de tomber. Une vague d’une énorme puissance psychique vient de les frapper de plein
fouet. Leur tête bourdonne et ils sentent comme une sorte de malaise. Tous les deux réalisent soudain
que l’odeur putride du warp vient de prendre corps non loin de là. Même Skeld, plaqué contre un des
murs adjacents à la porte de la cellule, ressent une sorte de malaise s’emparer de lui.

Hephastos se retourne soudain, serrant de sa main bionique son pistolet laser. Alors qu’il allait
s’engager dans les escaliers, il perçoit derrière la porte blindée de l’entrée du bâtiment plusieurs bruits.
Les ennemis sont déjà là, se dit-il. Il se met alors à dévaler les marches sans se retourner. Un étage
plus bas, une explosion sourde le projette contre un mur tandis que des fragments de lithociment et des
morceaux de plâtre lui tombent dessus en pluie. Depuis la porte d’entrée au dessus de lui qui vient tout
juste d’exploser, Hephastos perçoit les cris de nombreux guerriers qui s’engouffrent dans le bâtiment.
Reprenant ses esprits, il se met alors à dévaler les escaliers quatre à quatre.

Syrius s’approche de la porte et s’apprête à utiliser de nouveau son pouvoir pour la faire sauter de ses
gonds. Soudain une lame en os de couleur pourpre de plus d’un mètre de long la traverse depuis
l’extérieur, déchirant le blindage avec une incroyable facilité. Syrius recule, terrifié, se rappelant trop
bien l’épisode devant l’hôtel à Carmina Bay. La lame en os commence à découper la porte comme si
elle était faite de simple carton, puis le métal est écarté laissant passer une étrange créature. Cette
dernière enjambe le métal distordu et pénètre dans la cellule lançant un regard de prédatrice en
direction des deux psykers.

La créature qui se dresse désormais devant eux a la taille et le corps d’une jeune femme entièrement
nue à la peau claire et légèrement rose violacée. Seulement vêtue de quelques bijoux baroques,
bracelets, bagues et autres chainettes qui relient entre eux les divers anneaux d’or qui percent ses
chairs à certains endroits stratégiques. Son visage délicat bien que séduisant n’est en rien humain, en
guise de chevelure, de longs tentacules de chair pourpre semblables à des phallus serpentent lentement
autour de sa tête et sont rejetés en arrière. Ses grands yeux rieurs et amusés, d’un vert émeraude
translucide évoquent ceux d’un félin étrange, elle n’a pas de nez et sa bouche pulpeuse leur sourit
d’une façon coquine. Ses pieds caprins se terminent par des griffes et son avant-bras droit se termine
par une longue lame osseuse au tranchant acéré de la même couleur que ses tentacules. Dans son autre
main apparaît soudain un long poignard à lame courbe d’un métal doré comme le bronze ou l’or. La
créature adopte immédiatement une posture offensive tout en se régalant à l’avance de pouvoir
s’adonner à un de ses plaisirs favoris.
Skeld, toujours dans un coin de la cellule, voit la créature, sorte de femme mutante, entrer par la porte
dévastée. De façon reflexe et sans autre arme que ses poings, il lui saute dessus. La créature femelle
l’évite sans peine et ne se soucie pas vraiment de lui alors qu’il s’affale le long de la porte. Son tour
viendra, mais dans l’immédiat, les deux petits psykers feront un véritable met de choix se dit-elle. La
créature avance lentement, ses grands yeux rieurs fixés vers Syrius et Conrad. Soudain elle ouvre
grand sa bouche dans leur direction, dévoilant une rangée de dents en ivoire acérées au milieu

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desquelles serpente une langue bifide. De son souffle chargé d’une odeur envoutante au lourd parfum
de musc, elle étend une partie de sa nature primordiale issue du warp tentant de faire flancher la
volonté de ses proies. En riposte, les deux psykers lui opposent leurs pouvoirs et font barrage du
mieux qu’ils peuvent. Ils réalisent cependant que la créature est bien plus puissante qu’eux et ne
pourront ainsi résister longtemps face à elle. Un duel psychique à l’issue fatale commence alors tandis
que la créature, malgré le barrage mental, se met à avancer lentement vers eux en riant aux éclats telle
une petite fille.

Skeld se relève et profite que la créature ne s’occupe pas de lui pour sortir de la cellule en titubant. Il
se dirige dans le couloir et aperçoit à quelques mètres de là une autre porte éventrée. Il s’approche, un
peu hagard et regarde prudemment à l’intérieur d’où il perçoit un bruit de lutte et une série de coups.
Ce qu’il voit le stupéfait. Un vieil homme entièrement nu, hirsute et portant une longue barbe grise se
tient face à une autre de ces choses. Le corps meurtri et en sang, couvert de plaies profondes et de
traces de sévères brûlures, le vieil homme se lance alors en plein corps à corps avec la même créature
de cauchemar que celle qu’affrontent ses compagnons.
L’homme est bien l’Inquisiteur Nathan Ezekiah, son maître. Skeld est comme tétanisé par ce qu’il
voit.
Soudain l’Inquisiteur projette une vague psychique sur la chose qu’il affronte, la projetant avec une
rare violence contre un des murs en pierre de la cellule, faisant craquer les os de la créature et faisant
même tomber quelques fragments de roche depuis le mur. Celle-ci se relève et bondit comme si de
rien n’était vers Ezekiah, plantant sa lame osseuse en travers d’une de ses épaules déjà blessée.
Ezekiah pousse alors un hurlement alors que la femelle visiblement ravie de le voir souffrir approche
son visage tout près du sien, passant sa langue sur le visage du vieil homme. Ce dernier la saisit alors à
la gorge de sa main valide qui se met à irradier d’une lueur vive, il lui attrape la langue à pleine dents
et lui arrache, puis lui crache en plein visage une litanie en Haut Gothique que Skeld ne comprend pas.
-In Nomine Imperator Nostrum Hominorum Magistris, ego te purgo Demona !

Poussant un long cri d’agonie, la femelle se met à s’enflammer de l’intérieur. Ezekiah projette
violement la créature désormais brûlante, libérant la lame restée plantée dans son épaule. Il tombe
alors à genoux. La carcasse de la chose rendue hystérique se met alors à se tortiller violemment dans
un coin de la cellule, en poussant les cries d’agonie d’une enfant brûlant vive tandis que l’auto
combustion termine de la réduire en cendre. Skeld reste pétrifié devant cette vision de cauchemar
tandis que des larmes de sang coulent de ses yeux sans qu’il ne s’en rende compte. Ezekiah se relève
et approche de lui en boitant, d’une main il tient son épaule meurtrie d’où coule un sang épais et lui
lance d’une voix rendue rauque et saccadée par ses nombreuses blessures.
-Monsieur Tordj, content de vous retrouver. J’ai bien cru que j’allais devoir me débrouiller seul. Où
sont les autres ?
Skeld, les yeux toujours écarquillé, lui montre l’autre cellule à côté.
Ezekiah lui passe devant et se traine jusqu’à l’autre porte. Puis d’une voix puissante, il lance à ses
acolytes piégés face à la créature désormais au contact:
-Ecartez-vous !
Conrad et Syrius se jettent alors de côté tandis que vive comme un serpent, la femelle se retourne vers
Ekekiah écarquillant ses grands yeux tels des soucoupes. Elle se met aussitôt en posture défensive,
fléchissant les cuisses, se tenant prête à bondir en avant. La créature ouvre sa bouche de façon
démesurée, dévoilant à nouveau ses crocs d’ivoire, pousse un cri strident vers Ezekiah et se projette en
bondissant sur lui telle une furie. A mi-chemin de sa trajectoire, Le sort de Bannissement de
l’Inquisiteur la cueille de plein fouet, désagrégeant ses chairs en fine particules de cendres tout autour
de son squelette. La carcasse d’os fumants qui s’écrase au sol devant l’Inquisiteur continue rapidement
de se consumer jusqu’à partir totalement en fumée, laissant au sol une fine particule de cendres
rapidement balayées.
L’Inquisiteur commence à fléchir et se laisse glisser le long du mur à côté de la porte de la cellule. De
la fumée sort ses plaies. Ses acolytes le rejoignent et le soutiennent comme ils le peuvent.
-Seigneur que vient-il de se produire ? Par le Trône, c’est incroyable, nous n’aurions jamais pu.... Lui
lance alors Syrius.
L’Inquisiteur le regarde avec un léger sourire malgré la douleur qui l’étreint.

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-Il vous reste encore bien du chemin à parcourir avant de pouvoir bannir une entité du warp, mes
fidèles serviteurs. Bien du chemin et bien des sacrifices…
-Mais vous avez fait cela avec une telle facilité…
-Ne crois pas que cela soit si facile mon jeune ami, cette démon…cette créature m’a affectée bien plus
que tu ne le penses…Répond alors Ezekiah d’une voix sifflante et dans un rictus de douleur.
Soudain Hephastos fait alors irruption au bout du couloir avec Séverina. Ils portent Tilus blessé et à
demi inconscient, le soutenant par les épaules. Hephastos reconnaît alors l’inquisiteur.
-Par le Tout-Puissant-Omniméssie ! Seigneur Ezekiah, vous êtes blessé !
-Cela attendra Monsieur Grimmer, dépêchons nous, il va nous falloir quitter rapidement cet endroit.
Lui répond alors Ezekiah en se relevant douloureusement.
Séverina approche de lui et lui entoure les épaules d’une couverture.
-Seigneur, des troupes investissent l’île et ont déjà pris pied dans le complexe, lui répond alors
Hephastos, comment comptez-vous sortir d’ici ?
-Mes geôliers ont pêché par excès de confiance, Monsieur Grimmer, Leurs bavardages m’ont appris
bien des choses sur cet ancien complexe, suivez-moi, je crois savoir où trouver un passage. Vous me
raconterez ensuite pourquoi cette jeune sœur remplace mon disciple, l’Interrogateur Tibaltus.

Chapitre VII

+++L’horreur xénos+++
+++Enoch Lazarus Ishmael+++

D epuis les niveaux supérieurs, des bruits de pas se font entendre. Dans moins d’une minute, les
assaillants seront sur eux. L’Inquisiteur soutenu désormais par Séverina, donne quelques rapides
directives à Skeld qui passe en tête du groupe. Au bout d’un couloir, il tourne sur sa droite, prend un
passage, là une ancienne et solide grille en acier piquée par la rouille bloque l’accès. Hephastos
approche. Pas le temps de crocheter la serrure. Aidé de son bras bionique, il la force, elle cède
rapidement. Tandis que le groupe se faufile dans un étroit couloir vouté aux parois de pierres humides,
Hephastos remet la grille en place et rejoint ses compagnons. Plus loin, à environ cinquante mètres,
Skeld vient de trouver une plaque en fonte au sol. Seule véritable issue qui s’offre à eux. D’après les
dires d’Ezekiah, cela devrait déboucher dans des canalisations d’égouts. Le Technoprêtre aide Skeld à
soulever la lourde plaque, dessous un conduit descend à la verticale d’une dizaine de mètres vers
l’obscurité. Skeld se penche et aperçoit des barreaux en métal à moitié rongés par la corrosion. Se
coiffant d’un des casques capturés sur les gardes précédemment, Skeld active la vision infrarouge et
entreprend de descendre, son fusil radiant en travers de la poitrine.
-Je passe devant, leur dit-il au travers de son masque respirateur, faites gaffe les barreaux sont pourris.
Un à un ses compagnons descendent lentement et prudemment. Certains un peu blessés se font aider.
Le technoprêtre est le dernier à descendre, remettant en place la plaque en fonte. Une fois tout Le
monde en bas, le groupe reprend sa lente progression dans l’obscurité totale. Ils pataugent désormais
dans un peu plus d’un mètre d’une eau putride aux relents nauséabonds. Skeld ouvre la marche,
balayant de son fusil radiant les abords du conduit dans lequel ils progressent environnés de
nombreuses et grouillantes vermines. De là où ils sont, ils parviennent à entendre des bruits
d’explosion et de tirs automatiques à l’extérieur. Au bout environ d’un quart d’heures de progression,
Skeld fait signe au groupe de s’arrêter. Il vient de repérer quelque chose devant eux et décide de
continuer seul en reconnaissance.
Au bout de trois minutes il appelle se compagnons avec son vox.
-C’est bon, il y a un passage qui remonte au bout de ce conduit, on devrait pouvoir passer par là.
Il entreprend alors de remonter les barreaux semblables à ceux par lesquels ils sont déjà passés. En
haut se trouve de nouveau une plaque. Arrivé contre elle, il retire son casque et écoute. Il entend en
effet du bruit à l’extérieur. Quelques tirs sporadiques et des échanges verbaux dans une langue qu’il ne
connaît pas mais qui ne ressemble pas non plus au badabi. Il tente de pousser légèrement la plaque
mais n’y parvient pas. Il redescend et appelle Hephastos.

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Une fois que le technoprêtre leur ouvre l’accès, en effet, ce dernier recouvert de gravats semblait
comme oublié depuis fort longtemps. Puis leurs compagnons les rejoignent. Ils viennent de déboucher
dans une salle circulaire d’environ cinq ou six mètres de diamètre et aux hauts murs délabrés, la salle
où ils se trouvent est envahit d’une végétation endémique qui a pris racine entre les gravats. En
observant bien, il semblerait qu’ils soient remontés en surface sur une partie en déclinaison de l’île. Le
bâtiment où ils se trouvent ressemble à une ancienne tour circulaire dont l’escalier de pierres en
colimaçon serpente vers d’anciens niveaux supérieurs désormais effondrés. Le sommet de la tour a
d’ailleurs disparu, complètement éboulé dans le reste du bâtiment et dévoilant à leur vue le ciel
nocturne. La seule issue semble être une ancienne porte condamnée qui est visiblement cadenassée
depuis l’extérieur de la tour.
Conrad leur dit :
-Nous devons certainement nous trouver dans l’ancien phare d’Hermangard, profitons de cette relative
sécurité pour soigner les blessés et trouver une solution de secours.
Aidée de Séverina, Conrad fait alors le nécessaire pour soulager l’Inquisiteur Ezekiah toujours
grièvement blessé en plus de Syrus et Tilus.
Skeld pour sa part, monte en observation dans les escaliers et observe de ses jumelles ce qui se passe
aux alentours. Quelques minutes plus tard, Tilus le rejoint, laissant leurs compagnons s’affairer en bas.
Silencieusement ils observent une scène terrible et incroyable. Une petite armée a véritablement pris
pied sur l’île. Leurs troupes finissent de tout saccager, de tout brûler et d’exécuter froidement bon
nombre de soldats des FDP encore retranchés parmi les bâtiments.
Les assaillants portent des fines armures intégrales noires huileuses à la manière des carapaces de
certains coléoptères. Leurs casques sont pointus et leurs armes tranchantes. De plus leurs engins légers
et rapides ne sont pas de ce monde.
-Par le Saint Trône, des xénos…Il y a en a des centaines. Murmure alors Skeld à l’attention de Tilus.
Ce dernier lui retourne un regard inquiet et lui chuchote :
-Ce sont des eldars il me semble. Mais par Terra, que font-ils sur ma planète ?
Ils ne prennent pas alors toute la mesure de l’horreur qui va suivre, ne pouvant s’empêcher d’observer
ce qui suit, prenant d’ors et déjà un air décomposé.
Devant leurs yeux, toute défense est balayée rapidement par les centaines de xénos apparu d’on ne sait
où. Des prisonniers capturés, une quarantaine de soldats des FDP, les quelques survivants épars du
détachement déployé sur l’île sont poussés sans ménagement jusqu’à une vaste place au nord de l’île,
juste devant le phare où ils se trouvent. Ils sont ensuite dénudés entièrement, frappés et humiliés. Les
eldars leur crachent au visage et les rouent de coups de pieds, leur brisant plusieurs os au passage et
leur piquant les chairs à coup de lames tranchantes. Vingt d’entre eux sont ensuite pendus par les
mains à des potences sur l’ancienne place d’armes. Ils seront suppliciés tandis que les vingt autres
prisonniers sont amenés ligotés, forcés à s’agenouiller devant et obligés à regarder la scène afin qu’ils
sachent bien ce qui leur arrivera à leur tour un peu plus tard. Un sinistre personnage, sorte de créature
de cauchemars des anciennes légendes, aidé de ses assistants difformes et aux corps couturés, injecte
alors un cocktail de toxines xénos aux suppliciés. Ce mélange décuplant les centres nerveux de la
douleur ainsi que les mécanismes neurologiques stimulants la peur, mais permettant visiblement aux
victimes d’être maintenues en vie et surtout de rester pleinement conscientes de ce qui va leur arriver.

Puis les victimes se font tous proprement émasculer par les lames empoisonnées des jeunes femelles
guerrières à demi nues et au sourire cruel, visiblement ravies et sexuellement excitées à la fois par les
hurlements des mutilés et par les vaines supplications et autres gémissements des autres captifs. Les
suppliciés sont ensuite écorchés vifs les uns après les autres, tels des gibiers, puis empalés encore
vivants, désormais rendus totalement déments par la douleur et la folie de leurs cris. L’ensemble est
effectué en quelques minutes, avec une rare économie de temps et de mouvement et avec des gestes
précis et un art consommé. Certains des captifs ligotés tentent de se jeter sur les lames des xénos afin
de mettre fin à leur vie rapidement. Mais les cruels eldars noirs, beaucoup plus rapides ne leur en
laissent même pas l’occasion, préférant jouer avec des proies vivantes. Une fois chose faite, alors que
les eldars visiblement satisfaits, sont hilares face aux hurlements de leurs victimes, et à l’effondrement
psychologique des captifs, les xénos décident de fêter ça en buvant le sang suintant des corps
accrochés. Le sang est mêlé dans des coupes à une sorte de liquide d’un vert luminescent et qui semble
leur procurer un grand plaisir.

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Approche alors leur chef. Il s’agit d’une jeune Voïvode à la très longue chevelure raide et noire de jais
lui couvrant la moitié du visage et descendant jusqu’à sous ses fesses nues. Des tresses se terminant
par des lames barbelées tranchantes comme des rasoirs se balancent autour d’elle à chacun de ses pas.
Le corps de la jeune femme est simplement vêtu de quelques rares et fines bandes de cuir noir, bardées
de lames vicieuses et dentelées, cachant très peu sa sublime anatomie. Une longue cape de cuir noir
accrochée à ses épaules par une sorte de cristal angulaire d’un vert émeraude traine de plusieurs mètres
derrière elle. D’une démarche au déhanché volontairement provocateur, elle traverse très lentement les
rangs de ses troupes. Son visage jeune, noble et hautain, respire un érotisme enivrant, une beauté
vénéneuse et une cruauté de prédatrice dominante, contrastant fortement avec la délicatesse de ses
traits si purs et si jeunes. D’un geste désinvolte de la main, elle donne alors l’ordre que tout le monde
semble attendre. Le Maître Tourmenteur, un rictus malsain sur ses lèvres tranchées dont les cicatrices
courent jusqu’à ses oreilles, passe alors devant chaque empalé et le vide rapidement et proprement
comme on viderait un animal, d’un coup de son arme monomoléculaire dentelée. Se répandent alors à
leurs pieds et dans un bruit de matières humides et visqueuses les viscères des malheureux qui
trouvent encore la force de gargouiller des bruits immondes en recrachant leur propre sang. Une
Céraste lâche alors ses horribles bêtes du Warp, sortes de gros félins au pelage écorché, garnis de crocs
et de pointes osseuses, qui se jettent frénétiquement tels des monstres de cauchemar pour dévorer
goulument les organes sanglants encore accrochés aux corps palpitants des victimes toujours
conscientes et plus que jamais à l’agonie.
Tilus et Skeld sont désormais livides et horrifiés par ce qu’ils voient et les cris qu’ils entendent.
Soudain au loin, Tilus voit arriver une sorte de délégation débarquant sur un quai depuis une vedette.
A bien y regarder, il s’agit là apparemment d’humains. Un personnage visiblement important et
encadré de gardes du corps approche.
Tilus prend les jumelles des mains de Skeld et observe la scène.
-Mais…par le Trône…Il s’agit de…d’Ishmael !
-Qui ça ? Lui répond Skeld, étonné.
-Enoch Lazarus Ishmael, il s’agit du Techno-Prince de Mekton Zeta. Lui répond alors Tilus tout bas et
complètement abasourdi.
-Mais qu’est-ce qu’il fout là avec des eldars ?
-D’après toi ! Lui lance alors Tilus.

Au sud de l’île, les troupes du Techno-Prince Enoch Lazarus Ishmael Seigneur de Mekton Zeta,
attendent que les eldars sécurisent la zone, puis prennent progressivement pied sur l’île et consolident
leur position, prenant bien soin d’éviter le centre où se trouvent les eldars car les cris qu’ils entendent
leur glacent le sang. Ne sachant pas vraiment ce qui est le pire, les hurlements des victimes, ou bien le
plaisir que semblent y prendre les cruels xénos.

Ishmael, porte pour l’occasion son costume d’apparat flambant neuf, bleu roi aux broderies de fils d’or
garni de fines dentelles. De l’augmentique de précision est dissimulée sous une haute perruque
poudrée. Il approche encadré de ses gardes du corps. Dix hommes lourdement équipés, casqués et
armés de mitrailleuses légères à chargeurs en tambours. Ils avancent vers la place où se trouvent les
trophées macabres. Les hommes d’Ishmael, mal à l’aise, restent en retrait sur un geste de leur Prince,
leurs armes tenues nerveusement. Non sans masquer un certain dégout, Ishmael s’avance de la xénos
qui semble être la chef.
Cette dernière vide d’un trait le calice en argent qu’elle tient en main, puis le jette négligemment à
une de ses Cérastes qui l’attrape au vol. Elle essuie d’un revers de la main le sang qui lui coule
copieusement de la bouche, en laissant tout de même une partie se répandre sur sa poitrine dévoilée et
fièrement dressée.

-Voïvode Sha’Saeil, vous présenterez mes félicitations et mes sincères salutations au Grand Voïvode
Nazir Ban’Tarkah pour vos éclatantes victoires. Lui dit alors Ishmael avec courtoisie, tentant poliment
de masquer le dégout que lui procure toute la scène. Le Techno-Prince porte délicatement un mouchoir
parfumé en dentelles devant son nez, afin de masquer l’odeur répugnante d’abattoir qui agresse ses
sens délicats.

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Elle se tourne vers lui pourtant de grande taille, mais le dominant tout de même de vingt bons
centimètres. Du fait de sa haute stature de xénos due à ses magnifiques jambes galbées, fuselées et
interminables mais aussi grâce à ses cuissardes en cuir noir aux talons aiguilles tels, qu’elle semble
marcher sur la pointe des pieds. La jeune Voïvode lui tourne alors lentement autour, laissant glisser
son index sur le costume baroque du Techno-Prince. Puis cette dernière se campe devant lui, prenant
une pose déhanchée et aguicheuse avec une cambrure toute calculée, mettant en avant sa poitrine aux
tétons percés par des doubles pointes arrivant presque à hauteur de visage d’Ishmael.

Ce dernier est alors visiblement troublé par cette jeune femme au corps si parfait et si envoutant, à la
peau d’un blanc nacré, légèrement bleuté, dont les zones les plus érogènes et fort nombreuses sont
couvertes de tatouages tribaux de couleur pourpre. Ses yeux bridés, en forme de longues amandes
obliques, tels ceux d’un félin magnifique mais cruel sont d’une couleur violine translucide
hallucinante et ses lèvres épaisses et pulpeuses dont coule encore un peu de sang, sont peinte du même
noir d’encre que ses cheveux. Ses fines oreilles en pointe et ses sourcils noirs en forme d’accents sont
décorés de piercings en argent. Ishmael dégluti avec peine.
-Ma chère, toute cette…démonstration était-elle vraiment nécess…

La Voïvode se racle la gorge et lui crache alors au visage avec dédain, ce qui a pour effet de faire
ricaner telles des hyènes les autres xénos de façon inquiétante.

-Mon-keigh ! Lui lance-t-elle en pleine face avec un rictus plein de mépris.

Les six premiers gardes d’Ishmael lèvent alors leurs armes d’un même geste. Ils sont arrêtés en plein
mouvement et projetés en arrière, une lame de lancé dentelée de trente centimètre plantée jusqu’à la
garde en plein visage. Ils n’avaient réussi à percevoir les discrets Mandragores dissimulés non loin
d’eux, guettant chacun de leurs gestes. Les quatre gardes restant hésitent alors à bouger.

Ishmael lève une main dans leur direction, leur faisant signe de ne pas intervenir. Puis de son autre
main, il essuie la salive dégoulinante et gluante qui macule son visage mais ne peut s’empêcher de
porter ses doigts fébrilement à ses lèvres. Sans qu’il ne sache pourquoi, fermant les yeux et gouttant
avec un mélange de dégout et de délice la saveur doucement amère et incroyablement musquée du
fluide xénos à l’arrière-goût métallique causé par le sang qu’il contient.

D’un geste incroyablement rapide, la Voïvode lui attrape la gorge de sa main droite, si gracile mais
étonnement puissante, aux ongles longs, peints en noir et taillés en pointes cruelles. Du sang perle là
où ils mordent profondément dans les chairs d’Ishmael. Ce dernier s’étrangle. Elle approche le visage
du sien et lui susurre dans un bas gothique aux forts accents cristallins comme du verre et tranchants
comme des rasoirs.

-Oui tout ceci est nécessaire et pour trois bonnes raisons :


D’une, je tiens à marquer les esprits lors de mon passage…de deux, j’aime véritablement ce que je
fais. Et de trois…Je méprise ta sous-race abjecte, mon-keigh, et le manque total de respect que tu oses
afficher devant moi tel un porc immonde que tu es ! Comment oses-tu ne serait-ce que poser les yeux
sur moi avec une telle arrogance lubrique, misérable mortel ! Ta race n’a même pas la décence de
s’entre-tuer correctement sans notre aide.

Elle lui recrache alors copieusement au visage et plonge ses yeux envoutants dans les siens.

-Mais nous allons vous donner satisfaction, car j’ai vraiment pris un…réel plaisir à tuer tes
semblables, tu le sais mon-keigh ?
-Ghhhhh…
Ishmael se met alors à agripper la main qui lui serre le cou et essaie de se libérer mais sans y parvenir,
se blessant même à cause des bracelets garnis de lames de rasoirs au poignet de la jeune femme. Cette
dernière se met alors à le soulever du sol, d’une seule main et ce malgré sa silhouette gracile.

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-Non, tu l’ignorais, bien sûr…Tu n’as même pas idée du plaisir charnel que j’ai pu prendre tout à
l’heure.
Vois-tu, mon-keigh…lorsque tout ceci sera terminé et que tu seras enfin le gouverneur de ce monde
répugnant, j’ai la ferme intention de m’amuser un peu avec toi, alors tâche de rester à ma disposition.
J’espère que tu n’y verras pas d’objection ?
-Ghhhhh…
-Non, ne dit rien, je comprends et je sais que tu es forcément d’accord avec moi !
Toujours en maintenant sa prise autour du cou d’Ishmael dont les pieds désormais ne touchent plus le
sol, elle approche le visage tout près du sien et hume le parfum qui se dégage du Techno-Prince.
-Gaaarrrgl…
-J’adore ton odeur, mon-keigh. Tu as l’odeur de la peur et ça m’excite, tu peux même pas t’imaginer…
Ho ! Une dernière chose…n’oublis pas l’accord que tu as passé avec mon Maître. Cette vieille
charogne serait fortement chagrinée si tu devais encore une fois nous décevoir. Et tu sais à quel point il
n’a pas mon indulgence.
Elle le relâche alors, tel on jetterait au sol un simple mégot, l’homme s’écroule à terre, s’étranglant et
toussant.
-La prochaine fois que tu oseras te présenter devant moi, mon-keigh, je te conseille fort de te
prosterner à mes pieds avec plus d’humilité, ou bien je risquerais de réviser nos accords.

Puis elle murmure dans un souffle un ordre dans sa langue impie auquel ses troupes s’empressent
d’obéir. Les pirates eldars repartent alors comme ils sont venus, disparaissant furtivement dans la nuit
noire, non sans avoir au préalable emmenés avec eux les vingt captifs suppliants et toujours en vie.

Les quatre rescapés parmi les hommes d’Ishmael, le rejoignent à ce moment-là. L’un d’eux tente de
relever son maître, mais Ishmael se relève seul, agacé et le gifle violemment, remettant sa perruque en
place et reprenant son aplomb.
-Lâche-moi abruti, ne me touche pas !
Ishmael passe alors sa main sur son cou meurtri et tente d’essuyer le sang qui perle des marques que la
Voïvode a laissé et qui maculent son col en dentelles. Un de ses implants augmentiques lui signale une
quantité notable de toxines incapacitantes qui entrent dans son organisme. Sans doute diffusées par les
ongles de cette sale garce se dit-il. L’implant qu’il porte en lui libère aussitôt une dose massive de D-
tox.
Ishmael se sent alors mal, il a chaud et sa vue se brouille légèrement tandis que le contrepoison tente
de faire son effet.
Puis regardant ses hommes dans les yeux, il leur dit en pointant un doigt accusateur sur chacun d’eux :
-Un seul mot de votre part sur ce qui vient de se passer et je vous garanti que je vous livre moi-même à
ces barbares pour qu’ils vous arrachent les couilles et vous empalent ! Est-ce bien clair ? Leur dit-il en
hurlant.
-Oui Seigneur. Répondirent ses hommes en déglutissant.
-Maudits soient cette sale petite pute de xénos et cette race de malades ! Pour l’instant, qu’elle
continue de se pavaner comme une traînée, qu’elle en profite bien, puisque j’ai besoin d’elle…Mais
lorsque j’aurais enfin le contrôle de ce monde, j’écraserai sa pitoyable horde de psychotiques sous ma
botte…Quant à elle…
Ishmael se met à penser tout haut pour lui-même en souriant et en savourant chacun de ses mots.
-Ma belle petite garce, bientôt c’est toi qui me supplieras pour avoir l’honneur de t’agenouiller devant
moi.
Puis regardant avec dégout les innombrables dépouilles sanguinolentes empalées autour d’eux dont
certaines ont encore la force et l’indécence de gémir en le suppliant du regard, il se retourne alors et
lance à l’attention de l’officier le plus gradé du groupe en agitant son mouchoir en dentelle dans sa
direction.
-Lieutenant Al’Rasheed, ne restez pas planté là comme un crétin ! Dites à vos hommes qu’ils me
nettoient tout cela au lance-flammes.
L’officier donne alors quelques ordres rapides et les troupes commencent à converger vers le centre de
l’île. Au loin, des troupes et du matériel débarquent par voie de mer et déjà quelques petites navettes
de fret commencent à apporter du soutien logistique aux hommes au sol. Ishmael et ses hommes

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repartent en direction de la zone de débarquement rejoindre un groupe d’officiers d’état-major. La
flotte des FDP gouvernementales brûle au loin et les quelques navires encore visibles finissent de
sombrer lentement dans les eaux empoisonnées.

Chapitre VIII

+++Evasion par les airs+++


+++Un complot au sein du complot+++
+++Mise au vert+++

Skeld et Tilus restent encore quelques minutes sans décrocher le moindre mot. Puis ils décident de
rejoindre leurs compagnons en bas du phare une vingtaine de mètres plus bas. Ces derniers, blêmes
aussi, les questionnent, visiblement inquiétés par les cris entendus dehors, mais Skeld et Tilus
n’entendent aucun mot. Ils s’assoient alors à côté d’eux, prostrés et restent ainsi de longues minutes.
Tilus se prend le visage dans les mains et ne dit rien. Puis Skeld leur raconte de façon confuse ce
qu’ils ont vu, essayant d’empêcher du mieux qu’il le peut ses mains de trembler.

-Par tous les Saints de Terra…dit alors l’Inquisiteur Ezekiah. Mes doutes se confirment donc.
Il va nous falloir quitter ce lieu rapidement. Monsieur Tordj…vous nous dites que des navettes de fret
se posent non loin d’ici ?
-En effet Seigneur, l’aire d’atterrissage se trouve à moins de cent mètres d’ici, au nord.
-Parfait, ce sera donc notre voie de sortie. Je vous…
Soudain, l’instinct d’éclaireur de Skeld reprenant le dessus de façon presque reflexe, ce dernier lève sa
main afin de réclamer le silence d’un simple geste. Il se faufile silencieusement vers la porte d’entrée
toujours verrouillée, arme doucement son fusil radiant et se plaque contre le mur adjacent. Dehors il a
perçu un bruit de pas tout proche. Des personnes parlent en badabi. Skeld fait un signe aux deux
locaux parmi ses compagnons, Syrius s’approche doucement et écoute.
-Que disent-ils ? Lui demande alors Skeld dans un murmure.
-J’ai l’impression qu’un officier demande à ses hommes de ratisser la zone, idée d’être sûr qu’il ne
reste pas de survivants, de pièges ou d’autres surprises…Attend un instant…Merde, il demande à deux
de ses hommes d’ouvrir la porte du phare et d’inspecter l’intérieur !
Skeld pointe alors son arme vers la porte, ses compagnons se plaquent tous contre les murs et derrière
les gravats comme ils le peuvent. Si des hommes pénètrent dans le phare, les voient et donnent l’alerte,
c’en est fini pour eux.

Depuis l’extérieur quelqu’un tire au laser sur le cadenas, ce dernier éclate et libère la porte. Quelqu’un
la pousse d’un coup de pied. A l’intérieur tout le monde retient son souffle et ne bouge pas, restant
tapis dans les ombres.
Un homme entre prudemment, fusil laser équipé d’un faisceau de visée en main, il porte un casque
intégral et une armure pare-balle complète sur un uniforme bleu nuit aux couleurs de Mekton Zeta, il
avance prudemment, pointant son arme vers les côtés alors que son collègue entre à son tour en
couvrant le haut des escaliers. Une fois les deux hommes à l’intérieur du bâtiment, Ezekiah se relève
lentement de derrière un pan de mur écroulé et leur fait face, ainsi à moitié nu, désarmé et blessé.
Les deux gardes reportent immédiatement leur attention sur lui, ne faisant pas attention au reste et
pointent les faisceaux des viseurs laser de leurs armes sur le front d’Ezekiah. Rapidement, ils pensent
se trouver devant une sorte de rescapé, sans doute laissé pour mort par les eldars noirs et ne s’en
méfient pas plus. Alors qu’ils s’approchent de lui, l’un des hommes baisse son arme et prend son vox.
Ezekiah murmure tout bas :
-Empereur-Dieu, pardonnez-moi pour ce que je vais faire.

Alors que l’air dans la pièce se charge en électricité statique faisant léviter les graviers et autres petits
objets se trouvant au sol, la porte se referme violemment. Dans le phare, l’intégralité de l’épaisse
végétation se flétrie en noircissant au point de se désagréger en l’espace d’une seconde. L’Inquisiteur

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écarte ses bras, et murmure une phrase de pure incantation qui frappe les deux hommes de plein fouet.
-Domine Imperator Irae !
En s’étranglant, les deux hommes sont soulevés du sol par une force surhumaine, leurs armes tombent
à leurs pieds. Les malheureux n’ont même pas le temps de crier, tout se passe alors très vite. Un bruit
répugnant d’os qui se brisent les uns après les autres et de chairs qui se déchirent en l’espace d’une
seconde. Les deux pantins désarticulés retombent alors au sol. Déjà leurs restes commencent à
s’effriter et à se désagréger, réduisant l’ensemble en poussière.

-Par le Trône! Mais quelle est la nature de cette magie ? Souffle alors Conrad, totalement sidéré et
horrifié comme le reste de ses compagnons.
-Une magie qui vous dépasse monsieur Altimore, et à laquelle il ne vaut mieux pas se frotter. Lui
répond alors l’Inquisiteur. Bien, la voie est-elle libre, monsieur Tordj ?

Skeld en profite alors pour entrebâiller doucement la porte et jeter un coup d’œil. Plus loin en
contrebas, plusieurs navettes de fret, compactes et carrées, des modèles Arvus, se posent sur une petite
esplanade. Du personnel technique balise la zone tandis que des opérateurs guident les pilotes.
L’agitation alentours occupe visiblement les troupes cantonnées à cette zone. Un officier distribue des
ordres à ses hommes mais personne ne semble faire attention au phare pour l’instant. Nul doute que
d’ici quelques minutes, quelqu’un s’inquiètera de la disparition des deux gardes.

Skeld s’élance alors soudain, courant ventre à terre en profitant des zones d’ombre qu’offre encore la
nuit. A une cinquantaine de mètres, il se plaque contre un terreplein et disparaît parmi la végétation.
De l’autre côté du terreplein, se trouve l’aire d’atterrissage des navettes et les zones de déchargement.
Entre lui et le phare où se trouvent encore ses compagnons, une escouade de soldats de Mekton Zeta
passe au pas de charge sans s’arrêter, se dirigeant vers la zone du débarcadère, un peu plus bas à
quelques cinq cent mètres de là.
Skeld attend quelques instants, scrutant les alentours puis prend son vox.
-La voie est libre, vous pouvez y aller !
Puis par petits groupes de deux ou trois, ses compagnons le rejoignent rapidement en quelques
instants. Une fois adossée au talus, l’équipe se protège du mieux qu’elle le peut par la végétation.
Skeld continue d’observer les abords. Ezekiah le rejoint.
-Quelqu’un sait piloter ce genre d’engin ? lance-t-il à ses acolytes.
Hephastos et Tilus lui répondent par l’affirmatif.
-Parfait. Monsieur Grimmer vous vous occuperez du pilotage, Monsieur Lynx vous assistera comme
copilote.
Ezekiah reporte alors son attention vers les navettes. Aux alentours, de nombreux techniciens
s’affairent à décharger des caisses de munitions et de vivre à l’aide de porteurs automatisés.
Sur le pourtour de la zone, des gardes patrouillent à intervalles réguliers. Un officier semble
coordonner l’ensemble du déchargement, aidé de deux ordonnances, il semble superviser l’ensemble
depuis une tablette de données.
-Ils sont nombreux, nous ne risquons pas de passer sans attirer leur attention, note alors Ezekiah à
l’attention de ses acolytes.
-Je pourrai faire une diversion ? Lance alors Syrius.
-Que proposez-vous ? Lui répond Ezekiah voyant déjà qu’une petite équipe de soldats se met à
converger vers le phare.
-Les containers empilés là-bas sur la gauche. Je pourrais en faire tomber un ou deux. Cela les occupera
un moment…
-Très bonne idée, Monsieur Orvalys. Puis retournant son attention vers les autres.
- Tenez-vous prêt ! On y va à mon signal.
Syrius invoque alors son énergie psychique et envoie une poussée kinétique en direction des
containers. Un de ces derniers, alors empilé sur les autres, bascule soudainement et s’écrase sur un
ensemble de caisses de munitions, rependant son contenu des caisses de vivres parmi les boites de
cellules énergétiques dans un grand fracas.

L’officier en charge des opérations de déchargement s’élance furieux. Il lance des ordres à la volée,

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invectivant ses hommes au passage à remettre tout en ordre le plus vite possible et promettant des
sanctions à la bande d’incapables responsables de tout ce désordre.
Les gardes de leur côté sont subitement déconcentrés par tout le remue-ménage engendré. C’est à ce
moment précis qu’Ezekiah donne le top à son équipe qui se rue aussi vite et discrètement que possible
en direction de la première navette. Celle-ci vient d’être déchargée et les techniciens qui se trouvaient
à côté viennent juste de quitter l’endroit désormais délaissé pour quelques instants.
En quelques foulées rapides, Skeld prend pied par la rampe de chargement, fusil radiant pointé devant
lui. Ses compagnons le suivent de près. Skeld inspecte chaque recoin et se coule vers le cockpit, d’où
il repère du bruit. D’un signe de la main, il fait un geste rapide à l’attention de ses compagnons afin de
ne pas bouger. Tilus reste en retrait et le couvre de son propre fusil laser. Pendant ce temps le reste de
l’équipe se dissimule dans la soute de l’appareil, Séverina continue de couvrir leurs arrières et de
protéger l’Inquisiteur.
Skeld fait brusquement irruption dans le poste de pilotage. Un soldat de Mekton Zeta, un homme brun
à la peau mate et aux yeux clairs, en combinaison de pilote confortablement installé dans un des
fauteuils est train d’écouter de la musique et de se rouler une barrette de Lho. A la vue du Cadien et du
fusil radiant qu’il lui pointe sous le nez, l’homme sursaute de sa chaise laissant tomber au sol sa
barrette et son paquet de Lho à rouler. Skeld lui colle le canon de son arme sur la joue et lui fait signe
de lever ses mains en l’air. Il le pousse alors vers la soute. Déjà Hephastos s’installe dans le cockpit à
sa place. Récitant rapidement le rituel d’éveil de la Machine, il referme la soute et entame en ânonnant
la litanie des procédures d’activation. Tandis que les turbines se mettent à ronronner, Tilus déleste le
pilote du pistolet laser qu’il a à sa ceinture, et entreprend de la ligoter tandis que Skeld le bâillonne.
Deux autres navettes décollent juste avant qu’Héphastos ne fasse de même. Tilus prend le poste de
copilote et commence à étudier la carte de vol avec l’aide de Conrad.

Discrètement, derrière eux, tandis que ses mains se remettent à trembler, Skeld ramasse le paquet de
Lho et la barrette. Il met le tout dans sa poche.
-Où allons-nous Monsieur ? Lance le Technoprêtre à l’attention de l’Inquisiteur.
Ezekiah lance un regard interrogateur vers Conrad et Tilus.
-Une suggestion, messieurs ? Je ne peux plus désormais me fier aux endroits que je croyais sûrs.
Après quelques rapides repérages sur la carte, les deux psykers et Tilus décident de se rendre vers le
nord. A deux cent kilomètres de leur position se trouve une presqu’île montagneuse et relativement
déserte, elle-même à deux cent cinquante kilomètres de Badab City. C’est là qu’ils se poseront et
cacheront la navette en attendant.
Pendant ce temps, Skeld s’installe à l’arrière dans la soute et s’allume la barrette de Lho laissée par le
pilote. Au bout de quelques instants, Conrad et Séverina, alertés par la fumée, le rejoignent.
-Mais tu fais quoi là ? Lui demande Conrad.
-Ça se voit pas ? Lui lance alors Skeld d’un ton volontairement nonchalant.
Tilus apparaît à son tour, laissant Hephastos. Il s’assoit en face de Skeld et lui fait un petit signe en
direction de la barrette. Ce dernier lui lance le paquet d’herbes de Lho. Tilus s’empresse alors avec un
petit sourire de s’en rouler une.
Séverina leur lance alors un regard plein de mépris et retourne dans le cockpit avec Conrad.

Filant aussi vite que ses moteurs le permettent, la petite navette vire sur l’aile et bifurque rapidement
vers le nord. Hephastos connecté aux commandes, force la navette à voler le plus bas possible.
Soudain, une rune se met à clignoter sur la console de bord alors qu’une série d’alarmes retentissent.
-Par les Mechadendrites du Dieu-Machine, nous venons d’être accrochés par un système de détection !
Lance alors Hephastos.
-Monsieur Grimmer ! Tâchez de nous maintenir sous le niveau de la couverture radar, il serait fâcheux
que les troupes du Gouverneur Callidon nous abattent avant que nous ayons atteint la côte.
Le technoprêtre obéit aussitôt et la navette se retrouve à frôler, tous feux éteints les flots noirs de
l’océan pollué. Slalomant ainsi entre les récifs proches de la côte et les hautes vagues, leur navette se
retrouve aussitôt hors de portée des systèmes de détections radars. Remontant la côte et effectuant un
long détour de plus de quatre cents kilomètres, la navette se faufile près d’une heure plus tard en rase-
mottes, remontant la barrière de récifs, la côte et ses reliefs déchiquetés par les intempéries. C’est
toujours de nuit, une heure avant l’aube environ que le petit engin file au travers de monts rocheux, de

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canyons et de défilés étroits, remontant les terres inhospitalières jusqu’à des plaines stériles battues par
les vents et entourées de hautes chaines rocheuses à la pierre noire et sinistre. C’est au sein de ce
paysage lunaire qu’Ezekiah demande à Hephastos de poser la navette. Quelques grands charognards
s’enfuient à leur approche.
Epuisés par ces derniers événements, l’équipe décide de prendre un peu de repos. A peine descendu de
la navette, Tilus emmène le pilote toujours ligoté vers quelques rochers non loin de là. Arrivés au bord
d’un gouffre, il le fait s’arrêter, dégaine son pistolet laser et lui tire à bout portant dans la nuque.
L’homme bascule dans le vide, tué net.
-Désolé, murmure alors Tilus, ce n’était pas personnel, mais comprends bien que tu as choisi le
mauvais camp.
Un peu plus loin à l’écart, Skeld est assis sur un rocher, il tourne le dos au reste de l’équipe et scrute
l’horizon en fumant son Lho. Ezekiah est installé dans la soute de la navette, Séverina s’occupe de
vérifier ses pansements. De son côté Syrius s’affaire à vérifier l’état des vivres. Quelques paquets de
rations de survie sont trouvés dans la navette. En rationnant, cela devrait leur permettre de tenir un
jour, peut être deux. Hephastos s’affaire au niveau du système de refroidissement des injecteurs de la
navette.
Tilus revient vers la navette, Conrad le croise et lui lance un regard interrogateur.
-Tu as tué ce type ?
-J’ai fais ce qu’il fallait faire. Lui lance Tilus.
-Hey ! Mais on aurait pu l’interroger !
- Et l’interroger sur quoi ? Ce n’était qu’un pilote de navette de fret, que voulais-tu qu’il sache
d’important ?
-Bin justement…là, on n’en saura plus jamais rien.
-Laisse tomber, comme ça c’est fait et on n’en parle plus. Puis Tilus retourne vers la navette et lance à
Conrad :
-Allons voir l’Inquisiteur, il nous faut établir un plan pour la suite des évènements. Skeld ! Tu nous
rejoins ?
Fumant toujours son Lho sur son rocher, Skeld lui fait un petit signe de négation.
-Désolé mais c’est sans moi sur ce coup là. Je ne vois pas l’intérêt d’élaborer un plan auquel on ne
pourra pas se tenir. Ce qui se passe ici dépasse nos compétences. S’il y a du grabuge, je serais là et
tenterais de faire de mon mieux, pour le reste, c’est sans moi, vous perdez votre temps.

Tilus s’arrête soudain et lance un regard dubitatif à l’attention de Conrad.


- Je ne comprends pas bien ce type, comment un ancien militaire peut être aussi réfractaire à la
stratégie ?
Ce dernier hausse les épaules en signe d’incompréhension et se dirige vers l’Inquisiteur, toujours aux
côtés de Séverina. Ezekiah fatigué et mal en point, les voyant s’approcher, leur fait un signe de la
main.
-Seigneur Ezekiah, nous devons parler, les évènements…
-Monsieur Altimore…Je n’ai pas vraiment la force de tenir plus, approchez-vous, je vais vous
transmettre les dernières informations que j’ai obtenu.
Syrius, Conrad et Tilus s’assoient alors à côté de l’Inquisiteur. Ce dernier porte une de ses mains
encore brûlée vers le front du psyker et lui dit dans un souffle.
-Monsieur Altimore…ouvrez-moi votre esprit…cela ira plus vite…
Conrad s’exécute. Il ferme les yeux et laisse affluer en lui le flot d’informations brutes qu’Ezekiah lui
transmet.
Une seconde plus tard tout est terminé, Conrad se retrouve tremblant, à genoux appuyé sur les mains
en train de tousser. Le choque psychique l’a à moitié sonné. Séverina lui apporte un peu d’eau. De son
côté, Ezekiah est évanoui, plongé dans le coma.
-Son état est stabilisé mais toujours préoccupant. Il a besoin de beaucoup de repos et d’une sérieuse
assistance médicale dans les prochaines heures. Si nous restons ici, son état se dégradera. Leur dit
alors Séverina.
Conrad s’assoit et boit un peu d’eau. Les informations transmises par l’Inquisiteur commencent à se
structurer et s’organiser dans son esprit, se juxtaposant avec ses propres souvenirs.
-Alors, il t’a dit quoi ? Lui demande Tilus.

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-Un instant…ça commence tout juste à devenir clair…Oui…j’arrive désormais à « lire » les données
qu’il m’a transmis…Voilà ce qu’il me dit :
-Ishmael ? C’est bien le type que Skeld et toi avez vu parler aux eldars tout à l’heure ? Demande alors
Conrad à Tilus.
-Oui, lui répond Tilus, Ishmael est le dirigeant de Mekton Zeta, il est associé à trois autres Techno-
Cartel de qui il tire ses appuis.
Conrad acquiesce et reprend :
-D’accord, donc on sait déjà que ce type compte prendre le pouvoir en s’appuyant sur le soutien ou les
alliances de ces cartels et en employant des mercenaires xénos. Ces fameux eldars noirs.
-On l’aura bien comprit. Annonce Tilus.
Conrad reprend.
-Visiblement, Ezekiah a aussi comme information le fait que le Gouverneur Callidon soit manipulé par
son entourage de conseillers, que ces derniers ne souhaitent pas que l’Imperium intervienne dans cette
guerre civile et qu’ils lui garantissent de gérer cette situation…
Il me semble, reprit Conrad, que Tibaltus avait aussi trouvé plusieurs informations qui corroborent
cette hypothèse.
-On se doutait aussi d’un complot dans l’entourage du Gouverneur Callidon depuis les documents
trouvés chez Uberkrump. Lui répond Syrius.
-En effet, reprend Conrad. D’ailleurs, Ezekiah nous apprend un fait intéressant…Le gouverneur
Callidon aurait promis, en cas de victoire sur Mekton Zeta, le contrôle de leurs ressources à l’Archi-
Magos Trantor…
-Le ministre du Dieu Machine de Badab. Complète alors Tilus. Callidon est complètement crétin,
pourquoi ferait-il une chose pareille ?
- Aucune idée. Lui répond Conrad. Quoi qu’il en soit, d’après ce que sait Ezekiah, Trantor ferait bien
partie d’une organisation occulte via laquelle il serait entré en contact avec Goldberg, le fameux
contrebandier recherché, qui ne serait qu’un de leurs agents. Cette organisation secrète aurait des liens
forts avec la pègre locale et serait dirigée par quelqu’un se faisant appeler « l’Ombre ».
-Sans doute le dernier nom qui nous manque dans la liste trouvée chez Uberkrump ? Propose alors
Syrius.
-Peut être bien, reprend Tilus. Le fameux « LR ».
-Quoi qu’il en soit, reprend Conrad. Ezekiah a bien appris que Goldberg venait sur Badab à la
demande de Trantor pour lui livrer quelque chose en rapport avec un projet.
-Un rapport avec l’armée de zombies qu’on a trouvé dans les incubateurs chez Uberkrump ? Demande
alors Syrius.
-On aurait dit des sortes d’obliterators à une étape encore intermédiaire de leur développement. Leur
lance Hephastos qui se joint à eux.
-Quoi qu’il en soit, cette Organisation pourrait bien initier plusieurs autres projets sans qu’on le sache.
Leur répond Tilus.
-En effet…lance alors Conrad. De plus Ezekiah précise que cette fameuse Organisation recrute des
mercenaires possédants certains talents particuliers…telle que Baalzabeth, une psyker démoniste.
-Elle, on l’a déjà rencontré il me semble ! Lui lance Tilus. Conrad reprend :
-Ainsi qu’Orok un Ogryn gladiateur cybermodifié ou Gothigora une tueuse polymorphe à demi
obliterator.
-Pour ces deux là, il existe peut être un lien avec les incubateurs trouvés chez Uberkrump.
-A voir en effet Hephastos, lui répond Conrad. Ezekiah s’interroge apparemment sur un autre point qui
est en effet intéressant…Il précise que des personnes l’auraient contacté par télépathie et par deux
fois…lui envoyant une sorte de message…
Voilà le premier :
« A l’insu du Prince, les Ombres pactisent avec le démon et cela causera sa perte. »
Il serait question d’Ishmael ? dit Le Prince; les Ombres pourraient être alors l’organisation dont font
partie certains officiels…mais quel lien ont-ils entre eux ? D’après lui, cela reste encore obscur. Le
deuxième message qu’il a reçu :
« La Putain épouse le Triple Idiot. Echec au Roi, il en mourra de la Lame Empoisonnée. »
D’après lui, la vie du gouverneur semble explicitement menacée, si on imagine qu’il s’agit bien là du
Roi… Mais il ignore qui sont la Putain et le Triple Idiot…

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-Qui cherche à le contacter ainsi via des énigmes prophétiques ? lui demande Séverina.
-C’est justement ce que nous allons chercher à découvrir, car si des gens ont suffisamment de moyens
et de ressources pour chercher à aider un inquisiteur, nous allons devoir suivre cette piste.
Puis sortant la carte de la région, Tilus effectue quelques repérages.
- Un petit village se trouve à environ vingt kilomètres d’ici, il serait bien que deux d’entre nous s’y
rendent afin de trouver un moyen de transport. Nous sommes à environ deux cent kilomètres de
Carmina Bay, là où nous avions laissés nos deux véhicules avant d’embarquer pour Hermangard.
L’idée est d’aller les récupérer.
Séverina et Syrius se portent volontaire pour cette mission. Ensemble, ils redescendent dans la vallée
et arrivent donc au prochain village. Là, ils volent des chevaux et parcourent les presque deux cent
kilomètres restant jusqu’à Carmina Bay afin de retrouver leur deux véhicules.
Une trentaine d’heures plus tard, ils sont de retour. La navette est laissée là pour des raisons pratiques
et de sécurité. Les marquages de Mekton Zeta risquent bien de leur attirer des ennuis. L’équipe se
répartie dans les véhicules et décident de repartir en direction des abords de Middenheim. De là, Tilus
et Syrius pourront activer leurs contacts locaux.

L’équipe se partage dans les deux véhicules et entreprennent leur retour vers Middenheim. Le voyage
dure cinq bonnes heures, soit une bonne partie de l’après midi.

C’est donc le soir de leur neuvième jour sur Badad qu’ils arrivent aux abords des faubourgs de
Middenheim. Déjà, de loin, ils aperçoivent de longues colonnes de véhicules et de civils quittant la
ville portuaire. Un exode massif de la population est en marche, croisant des convois militaires et
autres positions défensives des FDP. Au large, à une bonne vingtaine de kilomètres, une bataille
semble faire rage sur les flots sombres, de là où ils sont, ils perçoivent les lueurs stroboscopiques des
combats. Une petite pluie fine et légèrement acide tombe raide et drue alors que les essuie-glaces
automatiques se mettent en marche. Hephastos et Tilus arrêtent leurs véhicules. Conrad sort son vox
et appelle Skanks. L’appel n’aboutit pas et l’esprit de la Machine lui indique que le correspondant
n’existe plus.
-Que fait-on, il ne répond pas et avec ce paquet de réfugiés, nous allons avoir beaucoup de mal à
rejoindre la planque que Skanks nous a laissé, non ? Demande Tilus.
-En effet, inutile de nous perdre dans cet exode, nous allons devoir trouver un autre abri, au moins
pour la nuit. Répond Conrad.
-Et ensuite ? Que déciderons-nous ? Le conflit se rapproche, d’ici vingt quatre heures les premiers
obus risquent bien de tomber sur la ville. Lui lance Séverina en scrutant l’horizon.
-Exact, raison de plus pour faire vite, leur répond Conrad. Notre seule véritable piste actuellement est
Skanks, il est clair qu’il semble savoir des choses mais ne semble pas joignable, l’appartement reste la
seule trace qui nous rattache à lui.
-Qu’est-ce qui te fait croire que Skanks sait des choses ? Lui demande Tilus interloqué. Conrad le
regarde comme si sa réponse était une évidence.
-Tu y crois toi au fait que ce type nous demande justement de flinguer un caïd de la pègre dont
l’organisation est impliquée dans un coup d’état contre le gouverneur et qui plus est, serait en rapport
avec le Libre Marchand renégat Abdul Goldberg qu’Ezekiah recherchait ?
Syrius et Séverina lancent un regard approbateur en direction de Conrad.
-Uberkrump ? Mais c’était un membre influent de la mafia, il est normal qu’il ait eu de nombreux
ennemis, cela peut juste être une coïncidence. Lui lance alors Tilus.
-Désolé, mais les coïncidences, moi je n’y crois pas...Répond Conrad. Nous allons nous diriger vers
les faubourgs nord de la ville, à l’opposée de la côte. Là-bas se trouvent les quartiers résidentiels, nous
devrions sans peine trouver une villa de libre.
Les deux véhicules refont mouvement et péniblement se fraient un chemin au travers des flots massifs
de réfugiés. Les quelques dix kilomètres à parcourir leur prennent plus d’une heure et demi.
Finalement ils atteignent les hauts quartiers résidentiels, eux-mêmes en train d’être vidés de leurs
occupants. Plusieurs fois, ils croisent des escouades des FDP et du Magistratum local, mais ceux-ci ont
déjà fort à faire et ne se soucient pas vraiment d’eux.
Conrad, après avoir essuyé quelques refus, trouve finalement une famille en train de quitter leur
maison, une grande et luxueuse villa aux murs blancs d’un style local massif mais cossu.

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Un homme d’une cinquantaine d’années aux couteuses robes beige clair et blanche s’empresse de faire
monter sa famille dans une grosse berline noire chargée de nombreux paquets et colis. Conrad
l’apostrophe.
-Combien pour votre maison ? L’homme se retourne, les yeux écarquillés.
-Pardon ?
-Je souhaite vous louer votre maison pour quelques jours.
-Vous être complètement fou ! Que l’Empereur nous en préserve mais la guerre se rapproche, demain
les rebelles seront dans la ville, vous feriez mieux de faire comme nous tant qu’il est encore temps.
-Alors considérez que nous allons veiller sur votre maison pendant votre absence. Conrad sort de sa
poche un billet de cinq cent crédits et lui glisse dans la main avant de lui dire :
-Affaire conclue ? L’homme empoche le billet, incrédule, il lui donne les clés avant de monter à bord
de son véhicule et de démarrer devant les reproches de sa femme à côté de lui.
-Vous êtes cinglé ! Lance-t-il à l’attention de Conrad à travers la vitre baissée de sa portière.
Conrad se tourne vers ses compagnons avec un petit sourire.
-Cette maison est à nous !
Hephastos et Tilus s’empressent de garer les véhicules dans l’allée, tandis que le reste du groupe prend
possession des lieus. L’entrée donne dans un grand hall dallé de marbre, au fond duquel se trouve un
grand escalier de granit montant à l’étage. Depuis le hall, des portes communiquent avec d’autres
pièces dont les meubles sont couverts de draps blancs. Un salon équipé d’une bibliothèque et d’un
orgue, une chapelle privée dédié à l’Empereur-Dieu et à ses Saints, un immense séjour, une salle
d’eau, une cuisine équipée d’une vaste cheminée, de celliers et d’une cave. A l’étage se trouvent trois
grandes chambres, ainsi qu’une autre salle d’eau. Un autre escalier mène aux combles. La villa est
entourée d’un jardin. Un petit sur le devant, et un parc arboré derrière avec piscine et dépendances,
totalement insoupçonnable depuis la rue. L’ensemble étant entouré d’une enceinte.
Séverina et Conrad s’empressent d’aller installer Ezekiah dans une des chambres. Son état est
stationnaire mais toujours préoccupant en l’absence de soins appropriés. Et chaque déplacement
n’arrange rien à son état de santé. La nuit commence à tomber et la pluie tombe toujours. Au dehors
l’effervescence des évacuations se poursuit. Tandis qu’Hephastos s’occupe de l’entretien des véhicules
et de sécuriser les accès de la villa et que Séverina s’occupe de l’Inquisiteur, Conrad, Tilus et Syrius
se réunissent dans le séjour afin de faire un point sur la situation. Skeld fait alors mine de sortir à
l’arrière de la villa.
-Skeld, tu ne te joins pas à nous ? Lui demande Conrad.
-Nan, je vais monter la garde dehors. Lui lance le cadien sans se retourner.
-Mais il pleut et…
-Et alors ? Ce n’est pas parce qu’il pleut qu’il ne faut pas se montrer vigilant. Lui lance Skeld sans se
retourner.
Conrad hausse les épaules et rejoint ses deux compagnons. Tilus vient juste de remonter de la cave,
tenant avec un grand sourire ravi une bouteille couverte de poussière.
-Regardez ce que je viens de dégotter les gars ! Un amasec millésimé, C’est du soixante-dix ans
d’âge en plus ! Non mais vous y croyez ?
Tilus s’empresse de faire sauter la cire et le bouchon de la bouteille, puis attrapant des verres sur un
meuble, en verse une copieuse rasade à ses compagnons. Conrad allume un feu dans la cheminée.
Trois bonnes heures plus tard, la bouteille d’amasec est vide depuis un moment. Trois bonnes
bouteilles de vin ont subit elles aussi le même sort, Tilus, totalement hilare narre à ses compagnons
aussi ivres que lui d’anciennes péripéties aussi rocambolesques qu’absurdes le tout agrémenté de
blagues grivoises qu’il tente de traduire du badabi au bas gothique afin que Conrad les comprenne. La
tentative rendue hautement difficile par le fort taux d’alcool absorbé, causant une désynchronisation de
ses pensées par rapport à sa parole. Le tout bien entendu, rendant les choses encore plus comiques.
Soudain, alors que leurs éclats de rire couvrent toute la villa, Séverina fait irruption dans la pièce.
Vêtue de sa combinaison de cuir noir renforcé, fermée jusqu’au cou. Ainsi campée dans ses hautes
bottes elle lance un regard furieux en direction de ses compagnons.
-T’étais où…ma sœur, tu m’as manqué, on…parlait de toi zustement ? Lui lance Tilus avec difficulté.
Ses compagnons se mettent alors à pouffer comme des collégiens devant une pornopix.

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Le visage encadré de ses cheveux châtains blonds et malgré son air encore juvénile, Séverina les
foudroie de ses yeux clairs. Une main derrière le dos, de l’autre elle égrène lentement les perles en
adamantium de son Chapelet Ecclesiasticus au bout duquel est accroché une icône de l’Empereur.
-Vous n’êtes qu’une bande d’imbéciles, on entend vos rires jusqu’au moins Mekton Zeta, et pour
couronner le tout vous être complètement ivres ! Et pour répondre à ta question, Tilus, je priais dans
la chapelle de cette villa, car la situation l’impose par le Trône !
-Ecoutez ma sœur…lui répond alors péniblement Conrad…on essaie juste de se détendre un peu et…
-Dois-je vous rappeler la situation dans laquelle se trouve ta planète, celle dans laquelle nous sommes
et l’état dans lequel est votre inquisiteur ? Pendant ce temps vous préférez vous vautrez dans…dans la
dépravation tels de vulgaires ruchards attardés !
-Roooo…tu vois Conrad, bafouille alors Tilus, ze t’avais bien dis que t’aurais pas du finir l’amasec,
z’étais zur que Zévèrina en voulait aussi ! Ses deux compagnons éclatent alors de rire, Syrius en tombe
même de sa chaise. Séverina ne bouge pas et continue d’égrener son chapelet.
-Ce n’est pas dans l’alcool que vous renforcerez votre foi, bande d’idiots !
Tilus se relève alors de sa chaise et pointe un doigt en direction de Séverina.
-Toi ze sais ze qu’il te faut…il te faut un namoureux…et ouais, tu peux pas rester comme ça toute ta
vie, t’es une fille trop canon toi !
-Tu n’es qu’un dépravé. Une chance pour toi que tu sois saoul comme un vulgaire garde de Valhalla,
sinon je t’aurais corrigé comme il se doit. Lui lance alors Séverina. Tilus se cramponne alors à la table,
se rendant compte que la pièce se met doucement à basculer d’avant en arrière, avec difficulté il se
rassoit lourdement sur sa chaise. A côté de lui, Syrius peine à remonter sur la sienne.
-Vous être pathétique…Puis Séverina, pivote sur ses talons et sort de la pièce, furieuse.
Dans son dos, elle entend Tilus marmonner.
-Tu fais ta vierge effarouchée ma zolie, mais z’ai bien vu les regards que tu lances au cadien…avoue
qu’il te plait avec sa belle gueule, hein ?
En deux enjambées, Séverina surgit dans la pièce, saisit un pot à eau et le vide sur la tête de Tilus
toujours assis sur sa chaise.
-Voilà qui devrait calmer tes ardeurs hormonales et t’aider à te remettre les idées en place, lui répond
alors la sœur rouge de colère. Et estime-toi heureux que ce ne soit pas mon pistolet bolter que je vide.
Puis s’adressant aux trois larrons :
-Je vous conseille fort de vous remettre en état tous les trois. Où sont le technoprêtre et le cadien au
fait, ils ne se saoulent pas avec vous ?
Conrad, dans un bref moment de lucidité part dans la cuisine se passer un peu d’eau sur le visage.
-Skeld est dans le jardin derrière je crois, je ferais bien d’aller voir ce qu’il fait.
Tandis que Séverina part à la recherche d’Hephastos, Conrad sort par derrière et se rend dans le jardin.
Dehors il fait nuit et une petit pluie continue de tomber jaunissant quelque peu la végétation. L’air
frais, bien que chargé d’acidité lui remet un peu les idées en place. Cherchant du regard et ne voyant
absolument rien, Conrad prête l’oreille. Il entend quelques bruits métalliques venant d’un des appentis,
il s’approche et découvre Skeld assis contre un établi où sont rangés des outils de jardin en train de
remonter son fusil radiant en marmonnant.
-Skeld, qu’est-ce que tu fous ? Le cadien ne répond pas et continue d’ânonner, puis se met à démonter
de nouveau son arme.
-Tu veux pas rentrer ? Lui demande Conrad, je crois que tu as besoin d’un peu de repos.
-Fous moi la paix, tu veux ! J’ai pas finis de remonter mon arme. Lui lance-t-il sèchement.
Voyant que Skeld n’est visiblement pas encore remis du choc de la veille, Conrad décide de retourner
dans la villa, en chemin il tombe sur Séverina et Hephastos.
-Alors, tu l’as trouvé ? Lui demande la sœur.
-Oui il est dans une des dépendances, je crois qu’il va passer la nuit là-bas, il n’a pas l’air dans son
assiette. Conrad accompagne ses paroles d’un geste du doigt se tapotant la tempe.
-Ce type m’inquiète il n’a pas un mental très fort, de plus sa santé mentale commence clairement à
vaciller, le tout aggravé clairement par son manque de foi, répond Séverina.
-Que pourrions-nous faire ? Demande alors Hephastos.
- Trouver un prêtre nous serait d’un grand secours. Leur répond alors la sœur. Bien, en attendant, je
vous demande d’ouvrir l’œil. Demain matin, si l’Empereur le veut, nous ferons un briefing sur notre
situation et sur notre prochain objectif, Hephastos, tu as pu t’occuper de la sécurité et des voitures ?

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-J’ai sécurisé la villa du mieux que j’ai pu, que l’Omniméssie nous garde mais ça restera léger. Par
contre, pour les véhicules nous risquons de manquer rapidement de carburant, nous avons de quoi faire
encore vingt, peut être trente kilomètres, pas plus.
-Par le Trône !…demain matin, il faudra s’en occuper et faire le plein. En attendant nous ferions bien
de nous reposer un peu.
Après une courte nuit, plutôt difficile pour certains, l’équipe se réunit dans le séjour afin de faire un
point. Dehors dans la ville, l’exode continu et les rues restent toujours massivement encombrées par la
population. Les émeutes et autres débordements n’arrangeant rien malgré les nombreuses interventions
des FDP. Même les troupes du Magistratum, aidées par les Militia Frateris de l’Ecclésiarchie peinent
à encore contenir les heurts, incendies divers et les escarmouches de la nuit. Le tout aggravé par la
crainte grandissante d’un conflit s’approchant désormais dangereusement de la côte. Déjà parmi la
population certaines rumeurs circulent selon lesquelles Mekton Zeta serait sous le contrôle de terribles
xénos et que des hérétiques dévoués aux dieux sombres seraient présents dans la ville et œuvreraient
contre les intérêts de l’Imperium. Parmi ce sentiment de pagaille générale et de paranoïa de masse,
nombre de citoyens, notamment dans le centre-ville, en sont arrivés aux armes et règlent leurs comptes
désormais avec tout ce qui pourrait, de près ou de loin, représenter pour eux une menace. Autant dire
que dans de telles circonstances, tout est potentiellement une menace.

Dès les premières heures, Hephastos et Tilus s’empressent d’allez faire le plein des deux véhicules à
un dépôt de carburant encore approvisionné à environ trente kilomètres au nord de Middenheim. Ceux
se trouvant en ville ont déjà été pris d’assaut et les quelques dépôts encore ouverts sont sévèrement
rationnés et réglementés par les PDF.

Chapitre IX

+++La bande de Bones+++


+++Un message inattendu+++

L’aller-retour leur prend plus de quatre heures. C’est donc en milieu de journée qu’ils peuvent enfin
retourner dans leur ancien appartement du centre-ville, celui prêté par Skanks. Ils décidant de n’y aller
qu’avec un seul véhicule et lourdement armés, Hephastos prend le volant, et c’est donc Skeld, Tilus,
Syrius et Conrad qui l’accompagnent. Séverina reste auprès de l’Inquisiteur toujours dans le coma, se
barricadant dans la villa.
Le retour vers le centre est mouvementé et difficile. Hephastos devant régulièrement faire des détours
afin d’éviter les nombreux débordements et mouvements de foules. Plusieurs fois leur véhicule est
même pris pour cible par divers projectiles.
Skeld, familier des dédales de ruelles, parvient à le guider jusqu’aux bas-quartiers où se trouve leur
hab, un ensemble de blocs d’habitations d’un quartier ouvrier proche des manufacturia. Arrivée aux
abords, Hephastos fait avancer le véhicule au pas. Aux alentours, des bandes armées pillent quelques
boutiques, là où il reste encore quelque chose à voler.

Certaines bandes semblent s’être approprié certains bâtiments, cherchant comme à s’y retrancher.
Quelques regards hostiles sont lancés à l’approche de leur véhicule.
-Vous croyez qu’ils se sont barricadés ici pour défendre leur territoire en vue du conflit qui approche
ou simplement contre les autorités ? Demande Hephastos en stoppant leur véhicule près d’un
carrefour. A moins de vingt mètres, plusieurs véhicules sont en flammes. Encore un peu plus loin, les
membres d’un gang des rues les observent.
-Peu importe, en tout cas il serait plus prudent que certains d’entre nous restent à proximité de la
voiture. Lui répond Skeld en laissant bien visible son fusil radiant.
-Ok, restez ici tous les deux, lui répond Conrad, j’ai pas envie que les jeunes tox du quartier viennent
nous désosser la voiture, on en a encore besoin. Syrius et Tilus, avec moi, on ne devrait pas en avoir
pour longtemps. Tandis qu’Hephastos reste au volant, Skeld descend du véhicule, son fusil compact

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accroché sur la poitrine. Observant les alentours, il sort de la poche de sa veste pare-balle une barrette
de Lho et s’empresse de l’allumer.
Le trio, mené par Conrad fait alors mouvement vers le bloc où se trouve leur hab. De loin quelques
gangers les observent du coin de l’œil. Ils s’empressent de pénétrer dans le bâtiment et de rejoindre les
étages par les escaliers. Là ils croisent quelques rares habitants apeurés qui retournent se terrer chez
eux.
Arrivés au 7ème étage, ils arpentent un long couloir dont de chaque côté se trouvent des portes,
certaines ouvertes donnant sur des appartements dévastés, d’autres fermées derrière lesquelles ont
perçoit des bruits d’activité.
-Il y a encore du monde qui habite ici, c’est étonnant, murmure Tilus. Conrad fait alors signe à ses
compagnons, il est devant la porte de leur hab.
-Vous entendez ça ? C’est quoi ce bruit ? Chuchote-t-il à ses compagnons. Tilus prête l’oreille tandis
que Syrius surveille le couloir. Un bruit de basse saccadée s’entend alors à travers la porte.
-De la musique ? On dirait de la Barbare, non ? Par le Trône, y’a du monde dans l’appartement,
répond alors Tilus. Se plaquant contre le mur et faisant signe à ses compagnons d’en faire autant, il
tape à la porte.
Rien ne se passe. Il frappe de nouveau à la porte un peu plus fort, restant toujours plaqué contre le
mur. Soudain la musique s’arrête. Alors que Tilus allait dire quelque chose et que Syrius s’apprêtait à
mettre un coup d’épaule, une détonation sourde se fait entendre à l’instant même où un projectile de
gros calibre traverse la porte d’entrée depuis l’intérieur. L’impact explose le matériau composite
laissant un trou béant à hauteur de visage et de la taille d’un gros poing. Tilus et Syrius se jettent sur
la côté, Conrad dégaine aussitôt son pistolet laser et s’apprête à riposter alors que depuis l’intérieur,
divers projectiles de calibres différents se mettent à cribler la porte. Tilus se relève, sort son épée
tronçonneuse de sous son manteau et en met un coup dans la porte en veillant à bien rester hors de
portée des tirs. Syrius dégaine son pistolet mitrailleur et assiste Conrad, tirant tous les deux totalement
au hasard, au travers des trous. Depuis l’intérieur la fusillade s’intensifie, un projectile frôle Syrius à la
cuisse, le faisant vaciller, il se remet à couvert.
Tilus donne un second coup d’épée tronçonneuse dans la porte, celle-ci cède finalement mais un
impact touche son arme qui part en vrille dans le couloir. Au travers de la porte désormais défoncée et
ouverte en grand, Tilus aperçoit environ quatre ou cinq tireurs qui mettent à profit les couverts offerts
par les angles des couloirs de l’appartement. L’un d’eux semble donner des ordres aux autres, il porte
un pistolet de gros calibre et un canon scié. Ses hommes continuent de faire feu sans discontinuer.
Conrad riposte et continue de tirer au hasard, maintenant en respect leurs adversaires. Tilus s’empare
de son fusil laser qu’il portait en bandoulière, faisant passer le mode en automatique, d’un geste rapide
il s’agenouille et lâche un tir en rafale d’une précision meurtrière, puis se remet aussitôt à couvert.
Dans l’appartement, quelqu’un pousse un râle puis d’autres personnes se mettent à crier. Aussitôt,
comme l’avait espéré Tilus, la confusion gagne les autres membres du gang qui cessent aussitôt de
tirer, il fait un signe à Conrad et Syrius et se jette dans l’appartement, fusil laser pointé à hauteur
d’épaule, ses deux compagnons le suivent, pistolet braqués pour le couvrir. Parmi la fumée qui se
dissipe, au sol l’homme au canon scié et au gros pistolet gît sur le dos, raide mort, la tête et le cœur
perforés. Deux hommes tentent alors de fuir dans un couloir mais plus rapide qu’eux, Syrius projette
une onde télékinétique sur eux les projetant contre un mur afin de les sonner, de son côté, Conrad
perçoit du mouvement venant d’une autre pièce de l’appartement et décide donc de s’y diriger.

Tilus enjambe le cadavre qu’il a abattu, un grand type à la peau mate avec une crête sur la tête et le
corps recouvert de tatouage. Percevant du mouvement, dans la pièce d’à côté, Tilus reporte son
attention devant lui, deux hommes tentent de passer visiblement par la fenêtre, il tire mais les rate tout
juste, les deux ont aussitôt disparu. Il se précipite à la fenêtre, arme toujours pointée et vérifie mais
personne ne s’y trouve, il regarde sept étages plus bas, des fois qu’ils soient tombés, mais non, il
semblerait qu’ils aient réussi à atteindre une sorte de balcon ou de terrasse se trouvant juste à côté,
communiquant avec un appartement adjacent. Réalisant alors les conséquences, Tilus se rue de
nouveau dans l’appartement en direction de la porte d’entrée. Au même moment Syrus en profite pour
ligoter les deux hommes qu’il vient d’assommer.

Conrad pousse la porte d’une des chambres du bout de son pistolet laser, il vient de percevoir du bruit,

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pénétrant silencieusement dans la pièce plongée dans la pénombre, il repère une jeune femme
entièrement nue, sur le dos en travers du lit, elle semble visiblement inconsciente ou peut être morte.
Un petit bruit de nouveau venant apparemment de la salle de bain juste à côté. La porte est
entr’ouverte, Conrad s’y dirige silencieusement. Alors qu’il allait attraper la poignée de sa main libre,
la porte est ouverte violemment, se la prenant en pleine figure, Conrad trébuche en arrière et s’affale
au milieu de la pièce, lâchant son pistolet laser au passage, il porte ses mains à son visage, son nez est
en sang et semble cassé vue la vive douleur qu’il ressent. Il n’a cependant pas le temps de s’apitoyer
sur son sort, une jeune fille, sorte de furie jaillit de la salle d’eau et se jette sur lui en hurlant.
Arrivée à la porte d’entrée, Tilus, arme toujours pointée devant lui avance prudemment en direction du
couloir sur le pallier. Il passe son arme et jette un œil. Ne repérant pas de mouvement, il reste à
couvert dans l’embrasure de la porte et continue de scruter le couloir dans les deux sens lorsqu’une
arme de petit calibre lâche une rafale dans sa direction. Tilus se jette de côté, une silhouette vient de se
détacher d’une porte d’un autre appartement un peu plus loin, il s’agit d’un des types qui est passé par
la fenêtre juste avant. Tilus pointe son fusil laser et lâche une rafale, un des tirs cueille l’homme en
pleine tête. Il s’écroule dans le couloir, mort.

Tandis que Syrius continue de ligoter un des gangers au sol, le deuxième, un grand gaillard à la peau
noire, portant des lunettes photo-chromatiques et arborant de longues tresses reprend discrètement
conscience et va pour se jeter sur lui. Syrius plus rapide, l’évite et pointe aussitôt son pistolet
mitrailleur dans sa direction, le tenant en respect. Le premier homme, un type avec une crête rouge en
profite alors pour se détacher rapidement alors que le deuxième saute à nouveau sur le psyker afin de
lui faire lâcher son arme.
Syrius lutte au corps à corps avec le ganger, il parvient finalement à s’en débarrasser d’un coup, le
mettant de nouveau en joue, mais il réalise que l’autre ganger en a profité pour filer, lui aussi par une
des fenêtres. D’un coup rapide, il assène un coup de crosse sur la tempe de l’homme qu’il tient en joue
et l’assomme aussitôt.

La fille, une brune aux cheveux très longs se met à le frapper, le griffer et le mordre violement au bras.
Conrad se met à crier, il tente d’attraper son pistolet laser, mais ce dernier est trop loin. Tandis que la
fille complètement hystérique continue de le frapper, Conrad focalise son esprit comme il le peut et lui
envoie une attaque psychique afin de la déstabiliser. Mais assurant mal sa concentration, à cause de la
douleur et de la situation inconfortable dans laquelle il se trouve, Conrad n’obtient pas exactement
l’effet escompté. Il réalise tout de suite à l’odeur fétide du warp qui plane alentours que quelque chose
vient de se produire. La fille se fige alors et le fixe soudainement de ses grands yeux verts qui
s’écarquillent de terreur, elle va pour crier mais ne le peut pas, elle bave et du sang se met à couler de
ses yeux alors qu’elle s’écroule sur lui au sol, évanouie.
Conrad se débarrasse de la jeune femme en la faisant rouler sur le côté, se relève, ramasse son pistolet
laser et se dirige meurtri vers la salle d’eau, sentant bien que quelque chose ne va pas. Il se dirige vers
le miroir fêlé au dessus d’un lavabo crasseux et s’arrête soudain net, il a un mouvement de recule et
sent une terreur l’envahir alors que le miroir se fendille en étoile. Un bref instant, juste une fraction de
seconde, une image furtive passe sur son visage puis disparait. Mais par Terra, le visage rouge sang,
aux cornes de bronze, aux yeux laiteux et garni de crocs qu’il a vu dans le miroir n’était en rien le sien.
Titubant et nauséeux, il revient dans la chambre où se trouvent toujours les deux jeunes femmes, son
visage ayant enfin repris forme humaine.
Tilus jette brièvement un œil de chaque côté du couloir lorsqu’une silhouette fait irruption par l’une
des portes à une quinzaine de mètres de là. Le type pointe un revolver de gros calibre et ouvre le feu.
Tilus esquive la balle de justesse en jurant et se remet à l’abri dans l’entrebâillement de la porte dont
un morceau vient de voler en éclat.
Pendant ce temps Syrius rejoint Conrad dans la chambre toujours plongée dans la pénombre et le
trouve l’air hagard, le nez toujours en sang et les vêtements défais, du sang coule visiblement d’une
vilaine morsure à l’un de ses bras. Il voit les deux filles allongées et se penchent sur elles. La première,
une brunette à la peau mate semble évanouie au sol mais sans blessure apparente, la deuxième sur le lit
parait mal en point, sans doute une overdose pense-t-il vue la teinte livide de sa peau à nue. Conrad
récupère son pistolet laser et se dirige silencieusement de nouveau vers la salle de bain, faisant un
signe à son compagnon. Syrius se relève, dégaine son pistolet mitrailleur, arme doucement la culasse

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et le couvre.

Tilus se baisse de nouveau au second tir du type qui emporte une partie du chambranle au dessus de sa
tête, il pivote et lâche une rafale de laser dans le couloir et réalise justement qu’un autre gars, un type
au crâne rasé avec un débardeur l’a pris à revers par l’autre bout du couloir, tirant au juger avec un
pistolet mitrailleur. Un cri suivi d’un corps qui s’affale. Tilus sourit. Et un de moins.

Conrad se colle contre le mur et par la porte entr’ouverte risque de jeter un coup d’œil. Il repère
aussitôt une ombre furtive à l’intérieur et se plaque contre le mur. Il fait un signe à Syrius qui le
couvre toujours puis ouvre la porte brusquement et entre dans la salle d’eau, pistolet laser pointé.
Intrigué, il fouille toute la pièce mais ne trouve personne juste avant de réaliser qu’il vient de voir son
reflet dans un des miroirs brisés de la pièce. Maudissant son état de stress qui semble lui jouer des
tours, il ressort de la pièce, l’air sombre. Syrius le regarde, les sourcils froncés et entre à son tour dans
la pièce, l’air étonné.
-Y a personne c’est ça ?
-Laisse tomber, le warp joue avec mes nerfs en ce moment, il faudrait que je me calme et que je
prenne un peu de repos, je suis à cran, là.
-Pas de souci, normal qu’on soit tous un peu affectés avec ce qui se passe.
Puis tous deux écoutent la fusillade venant du couloir. Tilus vient de se remettre à couvert dans
l’entrée de l’appartement tandis que le pistolet mitrailleur arrose sa position. Il remplace
tranquillement la cellule énergétique de son fusil laser, un MkIII modèle Mars, active l’accumulateur
et vérifie le sélecteur de rafales selon la procédure. D’un geste satisfait de connaisseur, il attend encore
quelques secondes. Ecoutant l’homme dans le couloir prenant de l’assurance et s’approchant de façon
un peu trop imprudente.
Il pivote de nouveau et le cueille à bout portant d’une rafale. Les impacts de laser le traversent de part
en part, vaporisant son sang sortant en une brume rougeâtre par son dos. L’homme au crâne rasé est
littéralement soulevé de terre et s’écroule deux mètres plus loin, pris de convulsions post-mortem.
Tilus reprend sa position dans l’entrée, un petit sourire sur les lèvres.
Syrius entreprend alors de fouiller la chambre rapidement, trouvant ça et là quelques vêtements épars,
des munitions pour armes de poing et quelques sachets de drogues. Mais n’y prête pas vraiment
attention.
-On ne trouvera rien ici, on ferait mieux de se tirer tant qu’il est encore temps.
-Tu plaisantes ? Ils doivent bien savoir quelque chose à propos de Skanks. Lui lance Conrad qui
continue de fouiller la salle d’eau, trouvant de nombreux flacons de pilules inconnues. Puis laissant les
deux filles à leur sort, ils reportent leur attention vers le séjour et entreprennent de le fouiller, trouvant
quelques pistolets de plus, des munitions, de gros paquets de drogues emballés dans des sachets et plus
de mille crédits en billets. Conrad récupère le liquide, balance les armes dans un coin, non sans que
Syrius ait collecté au passage les munitions. Soudain au bout de quelques minutes, Conrad réalise que
Tilus est dans la chambre en train de fouiller parmi les affaires.
-Par Terra mais tu fais quoi là ? Et cette putain de porte d’entrée à surveiller ?
Tilus ressort en grommelant, non sans au préalable avoir récupéré un sac de pilules dans la salle d’eau.
Il referme la porte de la chambre, laissant les deux filles dans la même position. En refermant la porte,
il la bloque de l’extérieur avec une chaise puis dit à l’attention des deux psykers.
-Il y avait une inscription dans la chambre.
Conrad et Syrius se regardent d’un air étonné puis regardent les murs alentours. Tous sont recouverts
de graffitis comme c’est souvent le cas dans les squats. Certains sont assez anciens, d’autres beaucoup
plus récents.
-Comment ça une inscription ? Un graffiti tu veux dire ?
-Non, c’est écrit avec une encre invisible, ce truc nous était destiné apparemment.
-Quoi ? Attends une seconde…mais comment tu as pu la voir si elle était invisible ?
Tilus tapote alors d’un doigt son œil bionique.
-Invisible avec un spectre visuel naturel, mais pas en vision infrarouge.
-Et qu’est ce qui te dit que ça nous était destiné ?
-C’est le même genre de message qu’Ezekiah a reçu, je l’ai noté. Tilus tend un papier sur lequel il a
griffonné ces quelques mots :

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« Le Triple-Idiot et l’Obèse dépravé sont éliminés de la partie par les Ombres. La belle intrigante peut
enfin épouser son Prince, mais gare à lui car dès qu’il sera Roi, il sera le prochain sur la liste. »
-Par tous les Saints de Terra ! Lance alors Conrad. Mais qui a bien pu…
-Sans doute Skanks, lui répond Syrius, il faut absolument qu’on se tire d’ici et qu’on le retrouve.
-Bon, on verra plus tard avec Ezekiah pour cette énigme…Tilus, bien vu pour cette inscription !
Conrad reporte son attention vers Syrius.
-Non on ne se tire pas encore d’ici ! Le type que tu as assommé on va l’interroger, ce gars doit bien
savoir quelque chose. Conrad attrape un récipient, le rempli d’eau dans la cuisine et revient lui verser
le continu sur la tête. L’homme, un grand mince à la peau basanée et aux longues tresses noires secoue
la tête en écarquillant les yeux et en criant, recrachant l’eau qui lui ruisselle sur le visage. Il réalise
alors rapidement dans quelle situation il est, leur lançant en badabi :
-Lanet olsun, ama sen ?
Conrad ne comprenant évidemment rien, lance un regard interloqué à Syrius, ce dernier répond à
l’homme au sol.
-Aşağı Gotik konuşmak ?
-Oui un peu, répond-il en bas gothique avec un fort accent local. Putain, mais vous êtes qui vous ?
Conrad s’accroupi face à l’homme, tenant de façon bien visible entre ses mains son pistolet laser.
-Hey ho ! Je ne sais pas si tu as remarqué mais t’as pas l’air d’être en position de force. Ici c’est nous
qui posons les questions.
Tilus approche à ce moment là, il vient de ramasser son épée tronçonneuse qui était restée dans le
couloir. Il la pose pointe en bas sur le sol à côté de l’homme.
-On va te poser la question calmement, lui dit-il, et je te conseille de ne pas faire le malin avec nous.
Alors où est Skanks ?
-Qui…qui ça ? Lui répond le prisonnier, regardant avec effroi les lames dentelées toutes proches de
lui.
-Fais pas le malin avec nous. Ici tout le monde connaît Skank, donc tu le connais forcément, on veut
juste savoir où il est.
-Hey mais par le Saint Trône, je vous jure que je n’ai jamais entendu parler de ce type moi, c’est la
vérité !
Tilus lève alors sa tronçonneuse et fait mine de la mettre en marche, l’homme se met alors à couiner
en tentant de fuir comme il le peut. Conrad arrête Tilus d’un geste et lui murmure tout bas :
-Laisse, ce type va craquer. Jette plutôt un œil à la porte d’entrée en attendant, personne ne surveille
nos arrières.
Puis Conrad reporte son attention sur le prisonnier tandis que Tilus s’éloigne.
-Toi et tes copains, vous êtes ici depuis combien de temps ? L’homme semble réfléchir.
-Ça fait deux jours je crois…
-Ok, et y’avait du monde quand vous êtes arrivés ?
-Non…l’appartement était vide c’est pour ça qu’on s’est installé ici.
-Et comment vous avez appris que cet appartement était vide justement ? L’homme semble hésiter à
répondre, manifestement mal à l’aise. Syrius pointe son pistolet mitrailleur sur la tête du type.
-Ok, ok…c’est un gars qui nous en a parlé !
-Et bien, voilà…lui répond Conrad. Un certain Skanks j’imagine ?
-Nan…enfin, j’en sais rien moi, le gars je le connais pas.
-Tu mens, je suis sûr que tu mens, répond à la question où je te brûle la cervelle lui répond Syrius,
plaquant le canon de son arme sur le front de l’homme.
-Spud…il s’appelle…Spud…mais je le connais pas, je le jure, c’était un contact de Bones !
-Bones ? Lui demande Conrad en fronçant les sourcils.
Le prisonnier lui indique du menton le grand type à la peau noire étalé les bras en croix au milieu du
couloir.
-Ok Bones c’était le chef de votre gang de pouilleux, lui répond Conrad. Un mec pas très malin
apparemment. Et ce Spud, il ressemble à quoi ?
-J’en sais rien, je l’ai jamais vu moi ! Syrius lui plaque le canon un peu plus fort sur le front.
-Te fous pas de notre gueule et répond !
-Il…il est grand et assez baraqué, la peau mate avec une vilaine brûlure sur le visage et…
Conrad et Syrius se lance un regard entendu, il s’agit là de la description de Skanks.

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-Ok, c’est bon. Dis nous juste où on peut le trouver ce Spud ? Lui lance Conrad.
-Je vous l’ai dit, c’est Bones qui le connaissait et…
-Ta geule ! Lui hurle Conrad. Je ne veux pas d’excuse, je veux des réponses, et j’ai pas l’intention d’y
passer la nuit, Syrius, bute-moi ce mec, il nous sert à rien !
-Attendez par Terra !....je crois que la copine de Bones sait peut-être où on peut le rencontrer…
Conrad sourit et tapote l’épaule du prisonnier.
-Et bien voilà, tu vois qu’avec un peu de bonne volonté, tu arrives à te rendre utile. Et elle s’appelle
comment cette demoiselle ?
-Ishta…
Puis reportant son attention vers la porte de la chambre toujours bloquée par une chaise, il fait un signe
de la tête à Tilus qui revient vers eux. Ce dernier a refermé la porte d’entrée non sans au préalable
avoir nettoyé le couloir des traces du dernier combat. Tilus se dirige alors vers la chambre, ôte la
chaise, ouvre la porte et entre. La pièce est toujours dans la pénombre mais pourtant il réalise sans
peine que la fille évanouie au sol n’est plus là. Il dégaine son pistolet laser alors qu’il détecte du
mouvement. Le grand rideau fermé devant la bais vitrée vient de bouger légèrement. Avec un petit
sourire il s’avance silencieusement, arme pointée, ne réalisant pas la présence tapis dans l’ombre
derrière lui et la chaise en bois qui s’abat sur son crâne dans un grand fracas. Assommé net, Tilus
s’écroule sur la moquette de la chambre sans même réaliser ce qui vient de lui arriver.
Depuis le séjour, Conrad et Syrius entendent en même temps un grand bruit de mobilier brisé, un
corps qui s’écroule. Scrutant les ombres de la chambre, ils réalisent que Tilus est au sol. Syrius
s’approche alors doucement de la chambre, voyant une main attraper rapidement le fusil laser au sol et
se tapir à nouveau dans l’obscurité, il sort l’épée à lame courbe qu’il porte dans le dos. Conrad
assomme le prisonnier toujours devant lui puis reporte son attention vers Syrius.
-Par le Trône, ne la tue pas, il nous la faut vivante !
Syrius fait irruption dans la pièce, dans un coin, la brunette aux cheveux longs et aux grands yeux
verts pointe le fusil Mk III de Tilus dans sa direction, Syrius s’élance vers elle alors qu’elle tire mais le
rate, surprise par la rafale qui la déstabilise. D’un geste rapide et oblique il lui assène un puissant coup
d’épée, envoyant voler le fusil dans la pièce et lui entaillant profondément la cuisse. La fille pousse un
cri, saisissant la plaie à pleine main tandis que son sang s’échappe rapidement à gros bouillons. Ses
yeux se retournent puis elle s’écroule au sol, inconsciente. Conrad pénètre aussitôt dans la pièce.
-Putain, mais je t’avais dit de ne pas nous la tuer, cette fille a des informations qu’il nous faut, tu te
rappelles ? Tu pouvais pas utiliser tes pouvoirs plutôt ?
-Ça va, elle est juste blessé ! T’es marrant toi, dois-je te rappeler que cette fille t’a pété le nez, elle a
bien failli t’avoir tout à l’heure et qu’elle a aussi réussi à avoir Tilus ?
-C’est vrai que pour une ganger, cette fille en a une sacré paire ! Puis Conrad se dirige vers elle et
entreprend de lui faire les premiers soins. Pendant ce temps Tilus se relève en se frottant l’arrière du
crâne où une vilaine bosse commence à pousser. Voyant Conrad occupé à soigner la fille dans une
marre de sang, il lui lance :
-Fallait pas la tuer, mais merci quand même…
Conrad lui répond sans se retourner :
-Tu t’es fais avoir comme un bleu sur ce coup-là, cette nana est du genre coriace. Mais j’y suis pour
rien, c’est Syrius qui a failli la tuer. Ce dernier entreprend de fouiller parmi les drogues trouvées par
Tilus et sort quelques injecteurs et quelques flacons.
- Y a entre autre du Détox et de l’Endomorphine, ça devrait faire l’affaire.
-C’est quoi ça ? Lui répond Conrad.
-L’Endomorphine est un stimulant, ça devrait la remettre debout. Lui répond Syrius en désignant la
fille blessée à la cuisse.
-Ok vas-y injecte lui une dose.
Une fois chose faite, la fille reprend conscience en grimaçant. Tilus ouvre les rideaux, dehors il fait
nuit et la bais vitrée est entr’ouverte. De là le mouvement tout à l’heure dans le rideau, se maudit-il. Il
allume le lumiglobe de la pièce.
-Tu parles le bas Gothique ? Lui demande Tilus. La fille leur lance un regard mauvais. Des mèches de
ses cheveux noirs sont collées devant son visage dur de battante mais pourtant pas dénué de charme
avec son tain hâlé, ses yeux verts et ses lèvres charnues.
- Allez-vous faire foutre Orospu Band oğlu !, leur lance-t-elle avec un petit accent local.

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-Arrête de faire ta maline avec nous, ton numéro est terminé. Tu vas répondre gentiment à cette
question, ensuite on te foutra la paix. On sait que tu connais un certain Spud, on veut juste savoir où le
trouver.
La fille les regarde d’un air dur.
-Spud ? Je connais pas ! Lanet olsun sen veben !
-C’était quoi ça ? Demande Conrad à ses compagnons.
-Rien, elle dit qu’elle nous emmerde. Lui répond Syrius.
-Ecoute ma jolie…Ishta, c’est bien ton nom ? On sait que tu le connais. Lui répond Conrad.
La fille les observe d’un air amusé avant d’éclater d’un rire cristallin.
-Qu’est ce qui te fais rire comme ça ? Lui demande Syrius, mettant sa lame en évidence.
-Non… C’est juste que vous êtes vraiment trop cons tous les trois, leur lance-t-elle en continuant de
rire nerveusement.
Tilus et ses compagnons se lancent un regard dubitatif.
-J’m’appelle pas Ishta, Şerit satış öneriler ! Leur lance-t-elle d’un air méprisant.
-Et tu t’appelles comment ? Lui demande Conrad et ici on parle le Gothique par Terra !
-T’es du Magistratum toi ? Et comment tu t’appelles d’abord ?
-Ecoute, pour l’instant on a été plutôt patient avec toi contrairement avec le reste de tes potes, donc je
te conseille de répondre à nos questions et d’arrêter de faire ta maline ! Qui c’est cette putain d’Ishta ?
Se met à hurler Conrad.
La fille baisse la tête, puis parait réfléchir un instant avant de répondre en le fixant dans les yeux.
-Je serais toi le sorcier j’irai me faire soigner le pif, tu as encore du sang partout et ça te donne l’air
encore plus con que tes potes, lui répond la fille d’un air visiblement insolent et prenant véritablement
sur elle pour paraître calme.
-Ok…tu as des couilles il faut bien le reconnaitre et dans d’autres circonstances on pourrait considérer
cela comme un avantage certain…mais là tu commences vraiment à me les briser, lui lance Conrad en
se penchant sur elle. Tu as largement dépassé les limites de notre patience.
Syrius lève sa lame et plaque le tranchant contre la gorge nouée de la fille qui subitement parait
nettement moins sûre d’elle.
-Ok, Kutsal Throne tarafından ! Elle indique du doigt l’autre fille toujours allongée en travers du lit et
toujours aussi livide. C’est elle Ishta.
Conrad regarde alors ses compagnons d’un air interloqué.
-Quoi ? C’est cette camée à moitié morte ?
-Et alors, vous vous attendiez à quoi d’autre ? Lui lance la fille.
-Je ne sais pas, mais un instant j’ai pensé que ça aurait pu être une fille comme toi par exemple.
-Ne te méprends pas…Ishta est une fille comme moi, elle a juste fait un mauvais trip !
Pendant ce temps, Syrius s’empresse d’injecter une dose massive de détox à la fille. Celle-ci se met
alors à se tétaniser, son corps se cambre violemment, elle ouvre grand des yeux gris bleus et se met
aussitôt à s’étouffer. Elle se relève alors brutalement, l’air hagard et complètement désorienté, puis en
titubant et ignorant sur l’instant sa totale nudité part en direction de la salle d’eau où elle se met à
vomir.
Au bout de quelques instant, elle se passe un peu d’eau sur le visage, enfile une robe de chambre et
réapparait dans la pièce, jetant un air mauvais à l’encontre des trois personnages. Syrius tenant
toujours en respect de sa lame sa copine.
-Bu kutsal tahta ile sen ? Demande-t-elle en s’asseyant en tailleur sur le lit tout en prenant une barrette
de Lho dans un paquet posé sur la table de nuit. Elle l’allume.
- Burada soru sormak için et on parle Gothique ! Lui lance Tilus, tu t’appelles Ishta et on sait que tu
connais un certain Spud, on veut savoir où il est.
La fille tire nerveusement sur sa cigarette se donnant ainsi le temps de les observer, elle passe son
autre main dans ses cheveux auburn coupés au carré mais désormais en bataille. Sa peau claire a
toujours une teinte livide et elle n’est visiblement pas au mieux de sa forme. Avec quelques kilos de
plus, cette fille pourrait être même plutôt jolie. Même si elle en parait bien cinq de plus, cette fille ne
doit pas avoir plus de dix-sept ou dix-huit ans, soit un ou deux ans de plus que sa copine brune.
-Alors c’est pas lui qui vous envoie ? Leur répond Ishta avec son accent chantant.
-Répond juste à notre question, et pourquoi il nous aurait envoyé d’après toi ?
-Bones et lui étaient en affaire, et y a un truc qui a mal tourné, Bones lui doit un bon paquet de fric en

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dédommagement…mais bon, c’est pas vos affaires. Bones il est où ?
-Il est mort et tes potes aussi. Lui répond froidement Conrad.
-Vous n’êtes qu’une bande de salauds, leur lance alors Ishta, se penchant en avant, les yeux soudain
embués de larmes, allez vous faire foutre avec vos questions, Orospu kirli oğlu !je vous dirais rien,
vous pouvez me tuer tout de suite !
-Ecoute, on veut juste savoir où est Spud, et ensuite on vous laisse tranquille, on n’a pas l’intention de
vous tuer. Lui répond doucement Conrad, tout en focalisant son pouvoir afin de pénétrer les couches
superficielles de la mémoire de la fille. Un flash apparaît alors à son esprit, un bar dans un quartier
underground des faubourgs désaffectés de Middenheim, le bar s’appelle le Warp. Un nom prédestiné
se dit Conrad en souriant pour lui-même.
La fille se raidit alors.
-Bande de fumiers, qu’est ce que vous êtes en train de me faire, y a un putain de sorcier ici !
Conrad fait un petit sourire à ses deux compagnons.
-Ok, j’ai l’info. On va les attacher tous les trois bien solidement. Puis à l’attention d’Ishta, hurlant
désormais à leur encontre des insultes en badabi à faire rougir un ruchard :
Tu vois ma jolie, on va pas te tuer, on va te laisser sagement ici et dans quelques heures on repassera.
Tilus le prend alors par le bras et lui murmure tout bas :
-Pourquoi tu leur dis ça, tu as l’intention de repasser ?
-Tu comptes les recruter dans l’équipe ou quoi ? Lui murmure alors Syrius
-On verra bien, pour l’instant on se focalise sur ce fameux Spud ou Skanks, ensuite on avisera, mais
d’abord on les attache et on essaie de les endormir, Syrius, vois ce que tu peux trouver parmi les
drogues.
Tandis que les trois prisonniers sont ligotés dans la chambre, Syrius trouve un injecteur avec de
l’Halcyon et leur injecte aussitôt une dose à chacun. Les effets sont immédiats, les endormant pour
quelques heures.
Puis les trois compagnons redescendent les étages et rejoignent leur véhicule où les attendent
Hephastos nerveux et Skeld sur le qui-vive, son fusil radiant en main.

-Et bien, vous avez mis le temps ! Leur lance-t-il. L’équipe s’empresse de prendre place à bord de la
voiture alors qu’Hephastos démarre.
-Oui, bin ça n’a pas été si simple, on a eu quelques soucis là-haut, ça t’aurais pas venu à l’idée qu’on
aurait pu avoir des problèmes ? Lui lance Tilus.
- Si justement, vous connaissant ça m’étonne même plus. Lui répond Skeld sur un ton sarcastique.
-T’aurais pu au moins nous couvrir, t’as pas eu idée de surveiller les fenêtres ? Lui répond Tilus.
-Et tu crois quoi toi le psychopathe ? Qu’on jouait aux cartes en t’attendant ? Je sais pas si t’as bien
remarqué, mais plusieurs gangs nous tournaient autour pendant que vous preniez votre temps là-haut !
J’ai du plusieurs fois les tenir en respect, sinon à l’heure qu’il est t’aurais même plus de bagnole ! Lui
lance alors Skeld sur un ton cassant.
-Et sinon, vous avez eu des infos sur Skanks ? Leur demande alors Hephastos en roulant vers un
quartier plus sûr, voyant clairement que la situation commence à devenir tendue entre ses
compagnons.
-On sait peut-être bien où le trouver, lui répond Conrad. Un bar qui s’appelle le Warp, quelque part
dans les bas-fonds des quartiers louches de Middenheim. Puis se tournant vers Tilus et Syrius :
-Ça vous dit quelque chose ?
Syrius et Tilus font non de la tête.
-Je vais appeler mon pote Hak, il est du coin, peut être pourra-t-il nous renseigner, répond alors Tilus
en sortant son vox. Après quelques rapides échanges en badabi avec son correspondant, Tilus coupe la
communication.
-Alors ? Lui demande Conrad.
-Il ne connait pas mais va se renseigner, il me rappelle dans une heure.
-Bon on va tâcher de se débrouiller sans lui en attendant, lui répond Conrad, tout en faisant signe à
Hephastos. Arrêtes toi à ce carrefour, j’ai une idée. Puis fouillant dans le sac récupéré dans
l’appartement par Tilus, en sort quelques sachets de drogue et guette les personnes qui errent un peu
plus loin. Quelques gangs s’affairent autour de braseros dans des ruelles, tout en surveillant
nerveusement leur territoire. Conrad repère un type qui se faufile dans les ombres, il attend que celui-

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ci soit à hauteur de leur véhicule puis l’interpelle. L’homme dégaine aussitôt un automatique et le
pointe vers la voiture, mais aussitôt cinq armes sont braquées sur lui depuis le véhicule. L’homme se
fige.
-J’aurais juste besoin d’un renseignement l’ami, lui demande Conrad. Le type hésite quelque peu.
-Et j’y gagne quoi moi ?
-Tu y gagnes la vie sauve et peut être un petit supplément. Conrad lui fait voir furtivement les sachets
qu’il a en main. Un bar nommé le Warp tu connais ?
-C’est bien possible.
-Tu saurais nous y emmener ? Conrad ouvre la portière et lui fait signe de monter. L’homme hésite,
Conrad lui montre deux sachets de plus.
-Ok, je vous montre où c’est.
Puis s’installant à bord, Hephastos démarre aussitôt. L’homme leur indique d’aller vers l’Est, à
l’opposé de là où ils sont actuellement.

Chapitre X

+++Le Warp+++
+++Un deal qui tourne mal+++
+++Fuir le Quartier des Damnés+++

Traversant les parties abandonnées au pillage du Commercia par le boulevard de la Guilde, bifurque
au sud, longeant ainsi le haut du quartier des docks par l’avenue Rogal Dorn puis reprenant vers l’Est
par la voie Ste Célestine, file vers les quartiers des anciennes manufacturia abandonnées. Le type leur
fait signe de prendre dans une sombre ruelle et de continuer tout droit. La zone vers laquelle ils se
dirigent est totalement désaffectée. Ici pas de lumiglobes, par d’indications, juste une ancienne ruelle
au revêtement défoncé et encombrée de monticules de détritus. Visiblement, des gens semblent y
vivre, à moins qu’ils ne s’y cachent pense Hephastos. De chaque côté, de hauts murs de lithociment
délabré et couverts d’inscriptions les séparent des immenses constructions industrielles lugubres,
ruines désormais squelettiques et corrodées qui culminent à plus de cent cinquante mètres de hauteur.
Le véhicule roule au pas, suivant les recommandations de leur indicateur. L’endroit pourrait être idéal
pour une embuscade se dit Skeld. Finalement l’homme leur demande de stopper leur véhicule.
-L’entrée est ici, je n’irai pas plus loin. Il leur indique une porte métallique rouillée donnant sur un
bâtiment en ferrobéton abandonné.
-Et on est censé faire quoi ? Lui demande Conrad.
-Vous frappez à la porte, on vous ouvre, ensuite vous suivez un couloir, descendez des escaliers et
vous y serez. Le Quartier des Damnés commence là. Le type se tourne vers Conrad et tend la main
vers lui, paume vers le haut.
-Charmant, lui répond-il en lui glissant quatre sachets dans le creux de la main. Le type les fourre dans
sa poche, sort de la voiture et s’empresse de disparaître.
Hephastos gare la lourde Armadillo dans une petite ruelle adjacente et sombre.
-Un vrai coupe-gorge ce coin, lance-t-il.
-Oui il serait bien que vous gardiez la voiture de nouveau Skeld et toi, lui répond Conrad.
-Non je serais d’avis à ce que Skeld nous accompagne sur ce coup-là, lui répond Tilus, Syrius
acquiesce. On ne sait même pas sur quoi on va tomber, on ne risque pas de se frotter à une poignée de
gangers là, mais à des dizaines…
-Ok, répond Conrad, Skeld tu viens avec nous, Hephastos tu ouvres l’œil !
Skeld et Tilus habitués à ce genre de configuration, ne peuvent s’empêcher de scruter les alentours,
fusils laser près à l’emploi.
-Il y a deux guetteurs de ce côté-ci, indique Tilus en montrant les niveaux supérieurs d’un des
bâtiments.
-Et trois autres de ce côté-ci complète Skeld en indiquant d’autres niveaux au dessus d’eux.
Puis, le quatuor se dirige vers l’autre côté de la rue sombre vers la porte blindée. Conrad frappe sur le

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métal nu et corrodé. Une trappe s’ouvre en grinçant à hauteur de visage. Une voix rauque leur
demande depuis l’intérieur :
- Ne istiyorsun ?
- Biz, size girebilirsiniz satmaya şeyler var mı ? Répond Syrius.
Tilus en profite pour murmurer discrètement à ses deux compagnons hors-monde qu’il est souhaitable
que lui ou Syrius se chargent des négociations, précisant que son coéquipier vient d’annoncer qu’ils
venaient ici pour vendre quelque chose.
Un bras mécanique sort alors de la trappe, il est équipé d’un auspex qui scanne les quatre compagnons
de la tête au pied. Ces derniers ne bougent pas. Le bras mécanique rentre d’où il est venu. La voix
reprend :
- Satılık kişi başına elli kredili ise !
-Putain, mais c’est quoi son charabia, on comprend rien, murmure nerveusement Skeld entre ses dents.
-Il dit que c’est cinquante crédits par personne pour avoir le droit d’entrer, lui chuchote Syrius.
-T’es sérieux ? Lui lâche Conrad. Non mais il se fout de notre gueule ou quoi ? Le type de tout à
l’heure ne nous avait pas dit que c’était payant, dit lui d’aller se faire foutre !
La trappe se referme alors aussitôt dans un claquement sec.
Tilus se tourne vers Conrad avec un petit sourire.
-Bravo…ce n’est peut être pas la langue locale, mais ici tout le monde comprend le gothique, bon
faites passer la monnaie, maintenant qu’on est là, on va quand même tenter de rentrer !
Tilus refrappe à la porte et tend la liasse de billets tandis que la trappe s’ouvre à nouveau. Une main
gantée de cuir prend l’argent. La trappe se referme. Quelques secondes plus tard, dans un grincement
de verrous mécaniques, la porte pivote sur ses gonds. L’intérieur est faiblement éclairé laissant
entrevoir un long couloir et quelques silhouettes armées.
Le groupe entre et s’engouffre dans le couloir, de chaque côté, de nombreuses alcôves donnent vers
d’autres salles d’où les observent des gardes armés.

Au bout du long couloir aux murs défraichis et éclairés par des lumiglobes à basse intensité, ils
débouchent en effet sur un escalier en métal grillagé qui descend vers les profondeurs d’un ancien
complexe industriel. Depuis le fond, on perçoit les bruits d’une intense activité, mélange de brouhaha
de sérail, d’activité industriel, de musiques locales lancinantes, odeurs de graisse de fritures, de sueurs
rances et d’urine.

Depuis les escaliers, du monde va et vient, se bouscule en tout sens, la foule est bigarrée. Ici vivent et
commercent les parias de la société badabi, les racailles des mauvais quartiers, les mercenaires en tout
genre et autres malfrats sans foi ni loi. D’ailleurs les lois de l’Imperium n’ont pas cours ici. L’humain
côtoie l’abhumain et les mutations légères sont légions. Arrivés au niveau de la « rue », le quatuor se
fraie un chemin au travers de la foule bruyante et animée. De chaque côté des étroites ruelles piétonnes
de cette sous-ville troglodyte, se trouvent des sortes de façades de bâtiments. Visiblement un antique
complexe minier recyclé qui s’étend sur plusieurs niveaux et sur un nombre de ruelles incalculables et
insalubres. Partout pendent des câbles, des tuyaux et autres enseignes branlantes.
Ses hautes voutes culminent à une bonne centaine de mètres de hauteur et parfois plus à certains
endroits, d’où sont accrochées des lumiglobes diffusant une pâle lueur nocturne en permanence. Ici la
lumière du jour ne vient jamais et l’air est recyclé et filtré au travers de pâles de ventilateurs usés et
corrodés. Depuis les hauteurs obscures et enfumées de la voute suinte une humidité grasse et acide qui
retombe en bruine constante, recouvrant chaque ruelle nauséabonde.
Selon les runes clignotantes des néons colorés des façades qui éclairent les rues, ici tout s’achète, se
vend et se troque, le meilleur comme le pire mais rien n’est visible depuis la rue. Dans les arrière-
cours de petites manufacturia de jeunes enfants en guenilles s’activent à la fabrication d’armes et de
munitions. Dans les arrière-boutiques on trouve des armes rafistolées et d’occasion de diverses
origines, la nourriture dont la viande est certifiée à soixante pour cent naturelle, de l’augmentique et
des organes de troisième main, de l’alcool légèrement trafiqué qui coule à flot et des drogues et
substances xénos divers.
De jeunes esclaves dénudées, aux mutations cosmétiques attrayantes, dont certaines à peine
préadolescentes mais déjà dépendantes à certaines drogues dures sont louées comme jouets sexuels
dans certaines maisons, et dont les mérites sont vantés par ses rabatteurs à l’œil torve, aux dents

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pourries et à la bave dégoulinante. Partout, des vendeurs ambulants, des cracheurs de feu et autres
acrobates. Un jeune crieur aveugle d’à peine six ans au visage brûlé à l’acide passe dans les rues,
proclamant la représentation prochaine du spectacle d’esclaves-gladiateurs qui se tiendra dans l’Arène
de Fer.
Dans une des rues, des hôtels-sarcophages dont les façades courent jusqu’en haut des voutes, louent
des cellules de six mètres carré où s’entassent les familles les plus démunies pour quelques crédits la
semaine.
Ici, la vie semble se dérouler indépendamment de la vie en surface. Un peu comme si les habitants de
cette sous-ville ne se souciaient même pas de ce qui se passait plus haut, car plus haut, personne ne se
soucie d’eux. Vaquant ainsi à leurs occupations comme si de rien n’était et attendant ici à l’abri
insoupçonnés que la guerre passe, porteuse de son lot d’offrandes dans son cortège funèbre de
destruction.
Au bout d’une vingtaine de minutes d’errance parmi les ruelles encombrées, Syrius fait un signe à ses
compagnons.
-Le Warp, l’entrée du bar est là !
Depuis la ruelle où ils se trouvent, l’enseigne ne paie pas de mine et aurait très bien pu passer
inaperçue. Une volée de marches encombrées de viande saoule mène à un sous-sol. Le groupe y
descend et se retrouve dans une sorte d’ancienne cave où on y joue de la Barbare bruyante aux
puissantes tonalités mécaniques. Les flashes colorés de lumières stroboscopiques percent les ténèbres
enfumées de la salle aux lourds relents d’Obscura, de sueur aigre, de vomi éthylique et d’urine acide.
La musique est assourdissante et l’odeur répugnante. Des bandes de jeunes gangers se démènent dans
la fosse aux pieds d’un groupe de musiciens furieux du nom d’Anathaema Abjecta. Leurs instruments
font autant de bruit qu’une escouade Devastator de l’Astartes délivrant la mort sur une horde d’orks
braillards. La chanteuse du groupe elle-même, une toute petite brune au maquillage coulant, bardée de
cuir noir clouté, aux longues tresses et aux yeux délavés pourrait bien rivaliser de ses cris rauques avec
un big boss rameutant une Waaaaaagh !
-On va avoir du mal à s’entendre, lance alors Tilus à ses compagnons.
-Quoi ? lui répond Conrad en criant.
-Restons groupés, sinon on risque de ne pas se comprendre, lui hurle alors Tilus. Puis s’asseyant à une
table dans un coin, ses camarades l’imitent tandis que Syrius se dirige vers le bar où s’activent
plusieurs serveurs. Un des barmans, un type chauve et assez costaud lui lance un regard. Le type a
trois bras, un avantage dans son métier. En surface, les escouades de répression du Magistratum
l’auraient abattu sans aucune somation et en pleine rue pour sa mutation.
-Trois bières et un Whiskar, lui lance Syrius en badabi. Je cherche un certain Spud, vous l’auriez pas
vu ? J’ai un truc à lui remettre ?
-Je connais pas. Lui répond le barman. Syrius lui glisse un billet de cent crédits. Le type pose la main
sur le billet.
-C’est ma tournée, rejoins tes potes, je vous sers dans un instant. Puis Syrius part rejoindre ses
compagnons qui l’interrogent du regard. Syrius leur fait signe de patienter. Autour d’eux les tables
sont bondés de personnages encore plus louches que ceux qu’ils ont croisés jusque là.
Le barman approche et leur sert leurs boissons, sous l’un des verres se trouve un petit papier plié en
deux. Syrius l’attrape discrètement et le lit.
-Demain, même endroit, même heure. Annonce-t-il à ses compagnons.
-Parfais, annonce alors Tilus, ça va nous laisser un peu de temps. On pourrait déjà commencer par
revendre toute la came qu’on a avec nous.
-Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, lui répond Conrad, cela risque de nous attirer plus d’ennuis
qu’on en a déjà. Et puis on n’est pas là pour ça.
Tilus lance un regard alentours et répond avec un petit sourire à son compagnon.
-Ça n’empêche pas de le faire quand même, je ne sais pas si tu sais, mais on va avoir besoin de fric et
je crois qu’on ne trouvera pas de meilleurs endroits pour ça !

Conrad l’interrompt d’un geste, Hephastos l’appelle sur son vox.


-Oui ?
-J’ai un souci ici, une bande de types commencent à rôder autour de la voiture et je ne vais pas pouvoir
les retenir longtemps !

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-Ok, on t’envoie du monde ! Puis coupant son vox, Conrad lance à ses autres compagnons :
- On remonte, Hephastos a un problème avec un gang !
Aussitôt, Skeld bondit de sa chaise.
-Restez ici à perdre du temps avec votre enquête, moi j’y vais ! Puis il se fraie un chemin vers la sortie
du bar et disparaît aussitôt.
-Syrius, suis-le tout de suite, j’ai peur qu’il nous fasse encore une connerie celui-là, surtout qu’il ne
parle même pas le badabi. Lance alors Tilus à son compagnon.
Syrius, après un hochement de tête, s’empresse de suivre Skeld au travers de la foule. Puis Conrad et
Tilus après quelques minutes décident de sortir à leur tour du bar, ils n’apprendront rien de plus cette
nuit et commencent à chercher un endroit où ils pourront revendre une partie de la drogue. Le vox de
Conrad vibre à nouveau.
-Oui ?
-C’est Hephastos, je descends vous rejoindre, vous êtes où ?
-Les autres sont là-haut ?
-Oui, ils s’en sortiront très bien sans moi pour garder l’Armadillo.
-Ok, on te rejoint en bas de l’escalier principal.
Quelques minutes plus tard, ils se retrouvent en effet à l’endroit convenu.
-Donc c’est quoi la plan ? Leur demande Hephastos.
-On a rendez-vous avec Skanks, qui se fait appeler Spud, dans vingt-quatre heures ici dans le bar
appelé le Warp. En attendant, on comptait revendre un peu de came pour se renflouer.
Hephastos les attire vers une ruelle un peu plus sombre.
-Vous avez récupéré quoi précisément sur les gangers ?
-On n’en sait rien, lui répond Conrad en sortant un sac, il doit y en a voir un peu plus de cinq cent
grammes pourquoi, tu t’y connais ?
Hephastos se saisit de l’ensemble et soupèse le sac avec son bras augmentique.
-Disons que j’ai quelques bonnes notions dans les toxines. Il y a là exactement 752,683 grammes. Il
l’ouvre et vérifie les sachets.
-Du Lho principalement et de l’Obscura.
-Et y en a pour combien ? Lui demande Tilus.
-La valeur marchande de l’ensemble peut varier de cinq mille à huit mille crédits dans une ville
impériale.
-Ok, mais dans des bas-fonds comme ici…cela doit en valoir la moitié. On va en garder environ cent
cinquante grammes, au cas où, le reste on le refourgue. Lance Tilus à ses compagnons qui acquiescent.
Puis le trio se dirige vers le dédale de ruelles toujours aussi animées, même à cette heure tardive de la
nuit. Au bout d’une vingtaine de minutes, Tilus repère précisément ce qu’il recherche, familier de ce
genre d’environnements.
-Cette rue est emplie de dealers et de tox, regardez là-bas l’entrée de ce bâtiment gardé par des gros
bras, c’est là-bas que les affaires se déroulent.
Sur la façade du bâtiment, une enseigne où est écrit « bitki uzmanı » en badabi, ce qui signifie quelque
chose comme herboriste ou vendeur de drogue.
Puis traversant la rue, il se présente devant les gardes armés qui lui lancent un regard mauvais voyant
l’attirail qu’il porte sur lui.
-Bu iş için patronu görmeye geliyor. Leur lance-t-il en leur montrant quelques sachets d’Obscura.
Les types lui font un signe de tête et ouvrent la double porte en bois renforcé de barres de fer clouté,
leur faisant signe d’entrer. Tilus et ses compagnons passent un porche, puis un couloir sombre qui
mène dans une cour intérieur. Là se trouve une demi-douzaine de gardes occupés à discuter entre eux
ou à jouer aux dés, ils jettent un regard aux arrivants, laissant de façon ostensible leurs armes en
évidence. Tilus se dirige vers la porte principale du bâtiment qui leur fait face, un des gardes leur
ouvre, ils entrent et se retrouvent dans ce qui ressemble à un comptoir.

Les murs sont emplis d’étagères et de casiers où se trouve nombre de bocaux en faïences blanche et
bleue, de pots en terre ou de boîtes en métal hermétique. Dans le fond, on peut voir depuis une alcôve,
une seconde pièce qui sert visiblement de laboratoire. Dans les angles de la pièce se trouvent des
gardes armés qui guettent les moindres gestes de Tilus et de ses compagnons. De l’encens brûle dans
une petite niche dans laquelle se trouve une représentation de l’Empereur-Dieu un peu kitsch. Derrière

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son bureau en marqueterie, imperturbable, un homme plutôt bien portant, habillé de grandes robes de
soies colorées et paré de nombreuses bagues aux pierreries chatoyantes est penché en avant devant
divers appareillages en bronze. Il fume une chéchia tout en manipulant une petite balance et une sorte
d’auspex. Il relève vers le trio son visage marqué par l’embonpoint, relevant les magnoculaires de
devant ses yeux vifs tout en soufflant une fumée bleutée aux fortes saveurs de Lho noir.

-Kutsal İmparator olmak, lui énonce Tilus en inclinant légèrement la tête.


-Bu İmparator övdü olmak, lui répond l’homme en lui rendant son salut selon la formule rituelle
locale.
-Demek bana birşeyler satmak ister misin ? Lance-t-il à Tilus, pointant un doigt vers le sac qu’il porte
à la main.
- Evet ! Lho dört yüz gram ve yüz ve Obskure elli gram, lui répond-il en lui posant les sachets sur le
comptoir.
L’homme fait un geste de la main vers Tilus, proposant à Tilus et à ses compagnons de s’asseoir dans
les fauteuils qui lui font face. Les regards de ses gardes du corps sont toujours fixés sur eux. Leurs
armes, des canons sciés, sont toujours pointés dans leur direction, leur signalant clairement que leurs
mains feraient mieux de ne pas trop s’approcher de leurs propres armes.
L’homme entreprend de peser méticuleusement les sachets à l’aide de sa balance en bronze. Puis de la
pointe d’un de ses doigtiers en argent, il pioche une petite quantité de chaque substance et la goute
mais reste visiblement dubitatif. Suite à quoi, à l’aide d’un petit appareil tubulaire du même métal, il
prélève une petite quantité de chacune des substances et les introduit dans le compartiment de
l’auspex, puis éveille certaines runes. L’appareil se met à émettre une série de cliquetis électroniques
qu’Hephastos s’empresse aussitôt d’interpréter et d’analyser, l’esprit de l’appareil énumérant la litanie
binaire de la composition chimique des éléments. Les taux ne semblant pas aussi bons que prévus, se
dit le technoprêtre en les entendant. L’homme lit l’affichage graphique qui sort en impression sur un
électro-parchemin qui se déroule en sortant de la machine. Ajustant ses magnoculaires, il lit le rouleau
en faisant une petite moue puis lève de nouveau ses yeux vers Tilus.
-Obskure Bu nasıl tiyo istiyorum saf değil mi ?
-Bana bir teklif yapmak düşündüm… Lui répond Tilus un peu étonné que ce soit à lui de fixer un prix,
d’autant plus que la qualité semble laisser à désirer.
-Ödeme olmak istiyorum nasıl, Takas kredisi veya İmparatorluk ? Lui demande son interlocuteur.
-İmparatorluk kredisi, répond aussitôt Tilus.
-Hepsi üç mil için, olacak ?
Tilus réfléchit quelques secondes se disant qu’il aura certainement du mal à en tirer plus, puis tape une
main sur le bureau.
-Ben üç mil olacak !
L’homme est apparemment satisfait lui aussi, sans bouger il faut un signe de la main vers un de ses
acolytes puis s’adosse contre son fauteuil molletonné en croisant ses doigts bagués et tire de nouveau
sur sa chéchia. L’acolyte lui apporte un coffret de métal damasquiné d’or et d’argent plaqué
d’incrustations de nacre. L’homme à la chéchia applique une de ses bagues sur la serrure biométrique
du petit coffre. Une série de bips électroniques se font entendre puis un clic mécanique annonce que
l’esprit de la machine vient de reconnaître le code d’accréditation encodé dans la bague. Le coffret
s’ouvre. L’homme se saisit d’une liasse de billets, les compte et en tend quelques-uns à Tilus. Ce
dernier les prend, les fourre dans sa poche et salut l’homme avant de faire signe à ses compagnons de
le suivre.
Une fois de retour dans la rue, Conrad lui demande :
-Alors il s’est passé quoi ? On n’a pas comprit un traitre mot de ta langue barbare, on a gagné combien
?
-Trois mille crédits, apparemment l’Obsura était coupée et le Lho de qualité moyenne.
-C’est tout de même une sacrée somme… Peu importe, de toute façon on n’a pas de moyen de s’en
assurer autrement.
- Oui, on ne s’en sort pas trop mal sur ce coup-là. Puis repérant que deux gangers à la sombre mine les
observent, Tilus attrape ses compagnons par la manche. Ne restons pas là, leur dit-il, des types
commencent à nous observer.
Jouant des coudes dans la ruelle toujours bondée, Tilus se fraie un chemin afin de sortir du quartier des

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dealers. Une fois à quelques rues de là, le trio décide de retourner au bar, le Warp afin d’étudier la
configuration des lieux en vue du rendez-vous du lendemain.
Arrivés sur place, Conrad et Hephastos descendent l’escalier, Tilus décide de faire le tour par derrière
afin de trouver une éventuelle sortie de secours.
Hephastos commande deux bières au comptoir, puis lui et Conrad décident d’arpenter la salle toujours
aussi puante, enfumée, encombrée et saturée de musique bruyante. La jeune chanteuse enragée du
groupe Anathaema Abjecta vient d’entamer un morceau visiblement fort apprécié et intitulé
Arbitrators orospu çocuğu, signifiant visiblement quelque chose de fort insultant à l’encontre de leurs
mères.
Conrad laisse la foule s’agiter et repère un escalier qui mène au sous-sol, il descend, jouant des coudes
et tachant de ne pas renverser complètement sa bière, non pas qu’il en raffole, mais cherchant surtout à
ne pas faire plus de trous dans ses vêtements qu’il n’en a déjà. Arrivé tant bien que mal en bas, il
constate qu’il devait bien s’agir à une certaine époque des toilettes du bar. En tout cas, cela doit bien
faire longtemps que ce lieu désormais de débauche pure à en faire pâlir un space marine ne sert plus de
toilette. Ça et là des adolescents émaciés, aux yeux cernés, aux pupilles dilatées et à la peau couverte
de plaques rouges s’échangent des injecteurs aux cocktails de substances hautement nocives et
illégales. Parmi eux, des jeunes filles proposent certains services sexuels qu’elles ne devraient même
pas soupçonner à leur âge contre une dose d’Obscura, de Nirvana, de Rage ou de Satrophine. Horrifié,
Conrad remonte aussitôt avant qu’une de ces jeunes tox vénéneuses ne le sollicitent.

De retour dans la salle, il cherche Hephastos du regard, ce dernier scrute les alentours. Conrad le
rejoint.
-Alors, y a quoi au sous-sol ? Lui demande le Technoprêtre en haussant la voix à cause du bruit.
-Rien qui puisse nous intéresser, pas d’issue en tout cas, lui répond Conrad, et toi ?
-Pas de système pix ici. Il semble bien y avoir une arrière-salle et sans doute un bureau en plus des
cuisines. Je pense que l’une de ses pièces communique avec l’extérieur.
Puis reportant leur attention sur les portes qu’il surveille, Hephastos fait un signe à son compagnon
alors qu’une serveuse vient de sortir des cuisines. Par la porte entr’ouverte, le Technoprêtre aperçoit la
pièce derrière. Il s’agit en effet d’une cuisine, mais surtout tout au fond se trouve une autre porte,
ouverte elle aussi et donnant bien dans une cour intérieur.
-C’est bien ce que pensais, dit-il. Il y a bien une autre issue.
-Au fait, en parlant de ça on ferait bien de retrouver Tilus, il a peut être trouvé autre chose.
Conrad et Hephastos reposent leur verre vide sur une table et ressortent, appréciant l’air lourd et vicié
de la rue mais ressemblant à une véritable bouffée d’air frais en comparaison aux exhalaisons
empuanties du bar. Hephastos fait signe à son compagnon, se dirigeant dans la direction empruntée par
Tilus, dix minutes plus tôt.
-Par là, ça devrait communiquer avec la ruelle derrière le bâtiment, là où se trouve l’arrière-cour.
Après quelques minutes lui et Conrad débouchent finalement dans une petite rue sombre et déserte.
Hephastos passe devant, chaussant ses lunettes infrarouges. Plus loin dans la ruelle, il repère du
mouvement, il s’approche prudemment toujours suivit de Conrad.
Au bout de quelques mètres, il perçoit des sortes de gémissements, il dégaine son pistolet laser,
aussitôt imité par son compagnon et continuent d’approcher silencieusement. Il fait alors signe à
Conrad de s’arrêter.
-Il y a quelque chose là-bas qui se tapie dans l’ombre, murmure-t-il en montrant l’endroit à son
compagnon.
-On dirait quelqu’un d’allongé au sol dans ce recoin, allons voir.
Ils s’approchent, armes pointées pour finalement tomber sur Tilus à moitié sonné, recroquevillé par
terre dans un tas de détritus.
-Par le Trône ! Se met à crier Conrad, rengainant son arme et se penchant sur Tilus qui peine à
reprendre ses esprits. Hephastos observe alentours et reporte son attention sur l’état de Tilus.
Ce dernier aidé par Conrad se relève en se massant l’arrière du crâne.
-J’imagine qu’ils t’ont tout piqué, tes armes et le fric lui lance Conrad, voyant clairement que les
poches et sacoches de son compagnons ont été vidées.
-Ils étaient combien, tu les as vu ? Lui demande Hephastos.
-Trois…Mais j’ai pu en voir que deux…lui répond Tilus fouillant ses poches, les fumiers, ils m’ont

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tout piqué !
-Ouais, bin c’était un peu crétin aussi d’aller te balader tout seul dans le coin. Bon ils ressemblent à
quoi ces types, c’est les acolytes du dealer chez qui on a été ?
-Je crois que non…il me semble que c’est…les types qui nous observaient dans la rue quand on est
sorti de sa boutique…
-Putain ! Bon on fait quoi ?
-On y retourne pardi ! On les retrouve, on les bute et je récupère mes armes et mon fric !
-Attend une seconde, t’es un peu sous le choc là ! En plus on est sous-équipés désormais, je ne crois
pas que ce soit la bonne idée, on devrait appeler Skeld et Syrius !
- Ce serait la meilleure idée pour qu’on perde aussi la voiture, lui répond Hephastos calmement.
-Il a raison, lance alors Tilus à l’attention de Conrad, file moi ton pistolet laser, on va s’en occuper
nous-mêmes, on retourne au quartier des dealers tout de suite.
Conrad lui tend alors son arme et suit ses compagnons, se disant qu’ils sont en train de faire une grosse
erreur et que la fatigue commence sérieusement à le gagner.
Quelques minutes plus tard, ils sont de nouveau dans le quartier des dealers et commencent à observer
la foule autour d’eux, cherchant les deux personnes décrites par Tilus ou bien quelqu’un arborant ses
armes. Les recherches ne donnent rien, les personnes autour d’eux ne correspondant pas aux
descriptions de Tilus.
-A l’heure qu’il est ces types doivent être loin. Lui dit Conrad.
-Pas sûr, cette sous-ville est petite, n’oublie pas !
Une trentaine de minutes plus tard, alors que Tilus commence à perdre tout espoir, Hephastos lui
donne un coup de coude et lui indique discrètement une fenêtre au deuxième étage d’un bâtiment.
L’édifice se trouve non loin de celui dans lequel ils étaient entrés un peu plus tôt, de l’autre côté de la
rue. Un type assez musclé, à la peau mate, au crâne rasé et en débardeur discute avec un autre
personnage que l’on ne voit pas.
-Bien vu, c’est un des types ! lui lance Tilus, aller on y va !
-Une minute, lui répond Hephastos voyant des gardes armés devant l’entrée, le bâtiment est gardé, on
ne va pas pouvoir passer comme ça.
- Hephastos a raison, ok, faisons le tour, on va tâcher de trouver une entrée de service.
Deux minutes plus tard, en effet, Tilus trouve une entrée dérobée, celle-ci n’est gardée que par deux
hommes, de plus la porte est ouverte car du monde, des clients apparemment vont pour sortir.
-Conrad leur fait signe de le suivre dans un coin sombre de la ruelle derrière eux. On va devoir faire
très vite, je vais invoquer une aura de dissimulation pour entrer, vous devrez rester tout contre moi et
être le plus discret possible leur dit-il.
Ses compagnons acquiescent, puis Conrad laisse affluer son énergie psychique et la modèle afin de
créer une sorte de bulle autour de lui sur deux mètres. Une fois chose faite, ils traversent la rue et se
dirigent vers la porte. Au moment où un groupe de personnage en sort, ils se faufilent et s’empressent
de passer juste avant que la porte ne se referme derrière eux. Ils continuent ainsi furtivement à se
déplacer, débouchant dans une cour qui donne sur plusieurs bâtiments.
-Par là, murmure alors Tilus à ses compagnons, alors qu’Hephastos allait se diriger dans la mauvaise
direction. Il dégaine son arme, aussitôt imité par ses compagnons.
Le trio rejoint un des bâtiments, entre par une des portes, débouche dans un hall où se trouve un
escalier. Des hommes armés circulent à proximité sans même détecter leur présence. Ils montent ainsi
les marches en silence jusqu’au pallier du deuxième étage. Ils se retrouvent alors devant un long
couloir. Quatre portes sont visibles de chaque côté. Certaines ouvertes ou entrebâillées, d’autres
fermées. Des bruits d’activité s’entendent un peu partout. Par moment, un ou deux personnages
passent, allant d’une porte à une autre. En silence ils s’approchent dans le couloir. Tilus repère la porte
vers le milieu du couloir qui semble correspondre à la fenêtre vue de dehors. La porte est fermée, il se
plaque doucement contre elle et écoute. Des voix à l’intérieur mais il n’entend pas bien ce qui se dit. Il
tourne doucement la poignée, la porte s’ouvre, il la pousse lentement et entre suivi de près par ses
compagnons.
Dans la pièce se trouve un peu de mobilier. Un canapé usé face à un vieil écran holopix, deux fauteuils
dans le même état, une table couverte d’armes, d’objets divers, de bouteilles et de verres sales et trois
chaises. Trois hommes discutent. Un type à la peau cuivrée portant un bouc et une crête de cheveux
courts est assis sur le rebord de la fenêtre. Ses deux compagnons, un grand costaud à la peau noir et au

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crâne rasé parle avec un autre type à la peau pâle, aux cheveux sombres et courts et arborant une
balafre sur le visage. Ces deux derniers, voyant la porte s’ouvrir se lèvent de leur fauteuil et
approchent, les sourcils froncés. L’homme sur le rebord de la fenêtre se saisit d’un canon scié à porté
de main. Tilus attend que les deux hommes soient presque au contact, aussitôt il pointe son pistolet et
tire à pleine puissance presque à bout portant. L’impact touche l’homme à la crête au niveau du coude
et lui sectionne net l’avant-bras à ce niveau-là. L’homme tombe en hurlant tenant le moignon de son
bras dont les chairs brûlés et cautérisées continuent de fumer, dégageant une odeur de viande cuite
dans la pièce. Rendus désormais visibles, Conrad met un coup de pied dans la porte, envoyant voler
dans la pièce l’homme qui se trouvait à côté, celui au crâne rasé.
Après quoi il lui envoie un sort mental, l’empêchant aussitôt de faire usage de ses neurones, l’homme
reste alors hébété ne sachant que faire, et finalement ne fait rien. Hephastos s’élance dans la pièce vers
l’homme au canon scié, il tend son gantelet énergétique pour le frapper mais l’homme esquive, puis,
va pour sortir un poignard mais l’arme glisse de ses mains. Hephastos en profite et le frappe de
nouveau d’un revers de son gantelet, le cueillant en pleine poitrine et l’envoyant voler dans la pièce.
L’homme percute violemment un mur, on entend des os craquer en un bruit sinistre, puis le corps sans
vie glisse le long du mur avant de s’affaler au sol dans une position impossible à obtenir normalement.
Le type au bras coupé s’effondre alors au sol, inconscient.
Conrad ferme aussitôt la porte derrière lui puis désarme l’homme au crâne rasé, toujours sous les effets
de son sort. Tilus en profite pour fouiller la pièce, trouvant rapidement ses armes. Hephastos l’imite et
entreprend de fouiller les malfrats tandis que Conrad ligote le type au crâne rasé.
Au bout de quelques instant Tilus a presque récupéré l’intégralité de son matériel et quelques cinq
cents crédits, soit bien quatre mille de moins que ce qu’il avait sur lui.
-Du monde approche dans le couloir, leur lance Conrad surveillant la porte d’entrée, on ferait bien de
décamper rapidement avant que ça ne chauffe trop.
-Je compte bien récupérer mon fric avant, lui répond Tilus. Hephastos, tu peux nous scanner tout ça, il
doit y avoir un putain de coffre planqué ici.
-Par le Tout Puissant Dieu-Machine, tu n’y penses pas ? Nous n’avons pas le temps, il faut partir d’ici
au plus vite ! De toute façon nous ne sommes pas équipés pour...
-Laisse tomber, je vais le faire parler ce fumier.
Puis se dirigeant vers le prisonnier qui reprend ses esprits, Tilus lui colle son épée tronçonneuse sous
la gorge tandis qu’Hephastos le tient.
-Tu vas parler par Terra je peux te le garantir ! Alors où est mon fric, parles ! Lui hurles dessus Tilus
devenu désormais hors de lui. L’homme au crâne rasé essaie tant bien que mal de reculer face à cette
menace, mais entravé comme il est ne peut pas faire grand-chose. Entendant lui aussi de l’activité dans
le couloir, il se met alors à hurler à l’attention de ses compagnons.
Hephastos réagit aussitôt et lui colle une claque en plein visage, oubliant un instant qu’il porte un
gantelet énergétique.
L’homme tombe alors au sol comme un sac de patates, sa tête étant éparpillée un peu partout autour de
lui. Tilus et Conrad, tout comme une partie de la pièce, se retrouvent tout à coup couvert de sang et de
restes de cervelle humaine.
C’est à ce moment que la situation qui avait déjà commencé à passablement dégénérer, se met à
complètement déraper.
Conrad sentant que du monde approche de la porte, crie au travers de celle-ci que la situation est sous
contrôle, que ce n’est qu’une affaire privée, suite à quoi il verrouille la porte.
La ruse les ralentit visiblement quelques secondes ou du moins les laisse perplexes suite à l’usage
inattendu du bas Gothique, langage qu’ils n’auraient sans doute pas du utiliser si il s’agissait bien là de
leurs véritables compagnons.
Pendant ce temps dans la pièce, Tilus, couvert de sang, rendu totalement hystérique par la recherche de
son argent, traine le corps sans tête du malfrat et de rage, le balance par la fenêtre. Le cadavre s’écrase
alors deux étages plus bas en pleine rue parmi les passants nocturnes horrifiés, puis Tilus récupère son
fusil laser, se penche par la fenêtre et ouvre le feu en automatique ainsi en pleine rue. Abattant un
homme alors qu’il visait un des gardes en bas de l’immeuble.
Hephastos sentant que la situation dérape totalement, étudie rapidement la configuration des lieux
ainsi que la structure du bâtiment, se dirigeant vers un des murs perpendiculaires au couloir, il abat
rapidement un passage dans la cloison à l’aide de son gantelet, communiquant ainsi dans une autre

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pièce, puis fait signe à ses compagnons, Conrad le suit, non sans être obligé d’entrainer avec lui Tilus
désormais en état de choc et comme atteint de mutisme. Ils se retrouvent alors dans une pièce assez
similaire à la précédente mais inoccupée. Hephastos s’empresse de briser une des fenêtres qui donne
vers la rue tandis que Conrad invoque de nouveau son sort de dissimulation. Une seconde après la
porte de la pièce où ils se trouvaient vole en éclat et un groupe d’individus armés fait irruption dans la
pièce. L’instant d’après, deux hommes armés de fusils à pompe passent prudemment par le trou laissé
dans le mur et entreprennent de fouiller les lieus. Trois autres hommes les rejoignent. Après s’être
rendu compte que personne n’avait vraiment fuit par la fenêtre, l’un d’eux prend son vox et
communique quelques consignes à ses hommes, notamment ratisser tout l’immeuble et renforcer les
gardes à chaque entrées.
Au bout de quelques instants alors que visiblement personne ne semble se douter qu’ils sont
dissimulés par un sort, Conrad et ses compagnons ressortent discrètement de la pièce en direction du
couloir. Là de nombreux membres du gang sont aux aguets et continuent apparemment de les
chercher. Toutes les issues sont bouclées.
-Dirigeons nous vers les niveaux supérieurs, murmure alors Conrad à ses compagnons.
-Et après ? lui répond Héphastos.
-Après, on tache d’atteindre le toit et on voit pour redescendre par un autre bâtiment.
En se déplaçant toujours le plus silencieusement possible et toujours sous les effets du sort, le trio
entreprend de gravir les étages supérieurs, ainsi jusqu’au dernier niveau. Là, trompant la vigilance des
gardes, ils empruntent une échelle de service, passent une lucarne et se retrouvent finalement sur ce
qui pourrait faire office de terrasse. Quelques mètres au dessus de leur tête se trouve la voûte de la
sous-cité où s’entremêlent de façon désordonnée des tuyaux rouillés, des canalisations vétustes, des
câbles rongés par les rats et autres moisissures. De là pendent quelques lumiglobes en panne. De
partout l’eau ruisselle rendant les toits glissant. D’une de ses mechadendrites Héphastos soude
rapidement la lucarne par où ils sont passés, à son châssis. Puis le trio entreprend de filer. Descendant
une échelle de fer rouillée, ils se retrouvent deux niveaux plus bas sur un toit mitoyen, de là ils passent
sur une petite passerelle et rejoignent une autre terrasse puis remontent une autre échelle, passant
encore sur un autre bâtiment. En se retournant brièvement derrière lui, alerté par du bruit, Conrad
repère des silhouettes. La lucarne n’aura pas tenu longtemps. Les hommes du gang sont déjà sur le toit
et à leurs trousses.
Progressant ainsi le long des toits avec leurs poursuivants à leurs trousses, Tilus repère soudain une
lucarne. Il s’arrête aussitôt et l’ouvre. Sans hésitation il se laisse descendre le long de l’ouverture en
s’accrochant au rebord et atterrit trois mètres plus bas sur un palier. Ses deux compagnons l’imitent à
leur tour et tous trois s’empressent de dévaler les sept étages d’escaliers. Arrivés vers le deuxième
étage, ils entendent soudain que du monde commence à descendre au pas de course dans les étages
supérieurs.
-On fait quoi ? Ils sont toujours à nos trousses, demande alors Hephastos qui ferme la marche, à ses
compagnons.
-On va les semer, lui répond Tilus. Puis s’adressant à Conrad : On se planque dans le hall et tu nous
rends invisible.
Arrivés dans le hall en bas de l’immeuble, les trois compères se glissent dans le recoin d’un couloir
sombre, Conrad encore un peu essoufflé et sous les effets de la fatigue essaie de se concentrer
rapidement pour lancer son sort mais n’arrive finalement qu’à se projeter accidentellement dans les
courants éthérés du warp. Conscient de ce qui vient de se produire et de ce qui se passe autour de lui,
Conrad malheureusement ne peut communiquer avec ses compagnons. Ses deux derniers d’ailleurs, le
voyant ainsi disparaître seul, ne perdent pas de temps et se précipitent dans la rue, se dirigeant vers une
ruelle en face et plongée dans les ombres. Avant d’y parvenir, Tilus manque de percuter des passants,
il trébuche et faillit rester planté là en pleine rue. Lui et le technoprêtre arrivent finalement sur le
trottoir d’en face, leurs poursuivants débouchent dans la rue à ce moment là et commencent à scruter
les passants et les environs, l’un d’eux regarde d’ailleurs dans leur direction, fouillant les ombres du
regard. Hephastos entraine doucement son compagnon avec lui vers les zones plus sombres au
moment où Conrad se rematérialise à côté d’eux.
-C’est pas le moment de jouer avec ta magie, toi ! Lui lance Tilus dans un murmure.
-Oui bin ça va ! Jamais ça t’arrive de te planter ?
-Bon, on ferait bien de filer d’ici, deux d’entre eux arrivent, tirons-nous, leur murmure Hephastos.

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Se faufilant dans la ruelle sombre et encombrée de détritus et de containers, Tilus se rend vite compte
qu’il ne s’agit en fait que d’un cul-de-sac. Repérant une porte à quelques mètres sur sa droite, il se
précipite vers la poignée. Celle-ci s’ouvre sans peine, l’accès donne dans les cuisines d’une sorte de
bar-restaurant. Il s’empresse d’entrer, suivi par ses compagnons, referme la porte et la verrouille. Deux
cuistots arborant de légères atrophies physiques et quelques malformations congénitales les regardent
d’un œil mauvais, leur faisant aussitôt signe de déguerpir rapidement en les menaçant d’un long
couteau de boucher pour l’un et d’un hachoir pour l’autre. Tilus dégaine aussitôt son pistolet laser et le
pointe sur la tête du mutant le plus proche de lui. Puis calmement en badabi leur dit de tenir leurs
mains en l’air et de faire silence.
Hephastos écoute à la porte qui donne dans la ruelle tandis que Tilus en profite pour jeter un œil par la
porte des cuisines donnant vers la salle du bar. Quelques clients matinaux prennent un récaf ou du
tanna très sucré dans de tout petits verres en discutant, ne se souciant pas de ce qui se passe. Par la
porte d’entrée du bar, deux de leurs poursuivants font irruption, rengainant leurs armes et font signe au
patron. Tilus, tenant toujours en joue les deux cuistots, aperçoit discrètement par la porte entrebâillée
que les deux hommes discutent avec lui mais ne parvient pas à entendre la conversation.
Hephastos et Conrad se figent pendant ce temps, du monde se tient derrière la porte des cuisines par
laquelle ils sont entrés. La poignée tourne plusieurs fois. Hephastos et Conrad se plaquent de chaque
côté et attendent. Puis plus rien. Dans la salle, les deux hommes ressortent finalement. Attendant
encore quelques instants, Tilus fait signe à ses camarades puis ressortent discrètement dans la ruelle
sombre, laissant les deux cuistots dans leur cuisine et se dirigent vers le fond de la ruelle. Un mur en
briques de quatre mètres leur bloque le passage. Grimpant sur un container et s’aidant mutuellement,
ils parviennent à passer tant bien que mal de l’autre côté. Débouchant dans une autre rue, Hephastos se
repère et finit par guider ses compagnons dans le dédale de rues. Retrouvant finalement une artère
connue, ils parviennent à retrouver leur chemin et filent vers les escaliers menant à la surface. Tilus
aperçoit de loin leurs poursuivants qui se dispersent sur plusieurs rues, comme pour les rabattre, mais
trop tard. Remontant les marches quatre à quatre, ils retrouvent enfin Skeld et Syrius occupés à
repousser à coup de quelques rafales courtes de radiant quelques gangers intrépides. Montant à bord de
l’Armadillo, le groupe démarre en trombe.

Chapitre XI

+++Les recommandations d’Ezekiah+++


+++Qui est Spud ?+++
+++Se faire avoir comme des bleus+++

Moins d’une heure plus tard, ils sont de retour à la villa. Les vêtements dans un sale état, couverts
de sang et totalement épuisé, il est près de six heures du matin lorsqu’ils décident d’aller dormir après
une rapide douche. Croisant Séverina déjà éveillée et opérationnelle, Conrad la briefe rapidement
avant de partir se coucher comme le reste de ses compagnons.
Il sera le premier à se réveiller quelques six heures plus tard. Après un rapide récaf en compagnie de
Séverina à qui il expose plus en détail la nuit dernière, Conrad décide d’aller se rendre au chevet
d’Ezekiah.
Toujours installé dans une des chambres à l’étage, Ezekiah semble dormir paisiblement. Séverina lui a
changé ses bandages et a expliqué à Conrad que ses connaissances médicales ont atteins leurs limites
avec ce type de blessure. Son corps est plongé dans une sorte de coma et seules les prières
quotidiennes de la sœur semblent avoir un avantage bénéfique sur la détérioration de son état.
Conrad s’assoit à son chevet et se concentre, laissant affluer son énergie psychique qu’il concentre
délicatement vers l’esprit d’Ezekiah.
Pendant ce temps, le reste de l’équipe s’éveille dans la maison. Tout le monde se réunit dans le séjour
afin de se restaurer un peu en parlant des derniers évènements. Un peu après, Conrad les rejoint.
-Alors, lui demande Séverina.
-J’ai parlé avec Ezekiah, lui répond le psyker.
Tout le monde se regarde, l’air surpris.

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-L’Inquisiteur a repris connaissance ? Demande Hephastos.
-Non, nous avons dialogué par télépathie. Conrad fait un signe en pointant un doigt vers sa tête. Il est
toujours inconscient mais son esprit est toujours présent.
-Alors, qu’a-t-il dit ? Lui demande Tilus.
-Il va mal. Son corps a été plus affecté qu’il ne le pensait par le combat qu’il a livré contre la démone
sur Hermangard. L’essence même de cette créature corrompue semble avoir affecté son organisme.
Les moyens dont nous disposons actuellement ne suffisent pas à le soigner et cela dépasse nos
compétences. Pour l’instant il tient mais pense qu’à terme cela ne se dégrade et n’affecte en plus de
son physique, ses facultés mentales. Il nous demande donc de le surveiller et de rester extrêmement
vigilant au moindre changement.
-Et si cela devait empirer ? Lui demande Syrius.
-Il nous demande de l’éliminer, lui répond alors Conrad, d’un air sombre.
-Nous pourrions voir pour trouver une solution afin de le guérir, tu ne crois pas ? Lui lance Séverina.
-Oui, mais il ne souhaite pas que cela soit une priorité pour nous de chercher absolument à le sauver,
lui répond Conrad.
-Pour moi, c’en est une. Son âme doit être sauvée.
« Mieux vaut un corps brisé qu’une âme corrompue » lui lance Séverina.
-Bien nous tacherons de voir cela, et sinon, qu’a-t-il dit d’autre ? Lui demande Tilus.
-Plusieurs points. Tout d’abord l’objectif principal, et l’idée on l’aura compris, est de démasquer qui
est derrière cette fameuse organisation secrète qui tramait des choses chez Uberkrump, et qui se fait
appeler l’Ombre. On sait déjà qu’en font partie l’Archi-Magos Trantor, quelques proches du
gouverneur Callidon, Goldberg un libre-marchand travaillant pour Roven Kenkaide et ses sbires, entre
autre. Goldberg était initialement le seul élément dont disposait Ezekiah en arrivant sur Badab.
-Pour cela notre véritable piste reste ce fameux Skanks alias Spud, c’est lui qui nous a mis sur la piste
d’Uberkrump et on pense aussi qu’il n’est pas étranger aux messages que nous recevons, lança Syrius.
-En effet, reste à savoir pourquoi Skanks tient à nous mettre sur ce genre de piste, pour qui travaille-t-
il ? Répond alors Tilus. Ce pourrait très bien être un agent de Mekton Zeta qui cherche à déstabiliser
les forces gouvernementales de l’intérieur.
- Bien qu’un peu prématuré, ce n’est pas idiot en effet, lui répond Séverina avec sérieux. Nous allons
devoir nous montrer extrêmement prudent avec lui.
Ces compagnons acquiescent à cette phrase. Conrad reprend.
-Ezekiah a abordé d’autres points justement à propos de prudence. Il demande à ce que nous étoffions
un peu nos ressources logistique et armement ainsi que la nécessité de nous trouver d’autres planques.
Il demande aussi que nous recrutions en local une seconde équipe de soutien.
-Recruter une autre équipe ? Lui demande Tilus incrédule.
-Oui, c’est nécessaire d’après lui, il nous faut pouvoir compter sur des locaux fiables qui pourront nous
fournir ce dont nous avons besoin sans avoir à chercher pendant des jours.
-Et avec quoi allons nous les recruter ? Je veux dire, comment allons-nous les payer ? Lui demande
Syrius.
-On se débrouillera, ce n’est pas ça le problème le plus urgent. Lui répond Conrad.
-Oui mais, devront-il savoir que c’est l’Inquisition qui les recrute ?
-Non, surtout pas. Ils n’auront nullement besoin de le savoir, sauf si Ezekiah estime que cela est
nécessaire. Lui répond Conrad, j’ai cru savoir qu’ici vous connaissiez du monde vous deux ?
-En effet. Lui répond Tilus, mais sans plus de détail.
-Oui je connais bien une psyker qui travaille pour l’Etat-Major des FDP de Badab City, leur répond
calmement Syrius. Elle pourra peut-être nous renseigner.
-Attend…Et c’est maintenant que tu nous dis ça, toi ? Lui lance Conrad, complètement abasourdi.
Dans son coin, n’ayant rien dit jusque là, Skeld se met à ricaner d’un air sarcastique.
-Et tu la connais comment cette psyker, je veux dire…elle est fiable ? Lui demande Tilus.
- Nous avons déjà travaillé ensemble.
-Mouais, donc tu ne sais rien d’elle en fait. Lui répond Tilus en se calant dans son fauteuil.
Syrius lui lance un regard noir.
- Je peux répondre d’elle, cette fille a toute ma confiance. Lui lance-t-il.
Ok, contacte-là et vois pour lui fixer un rendez-vous dès que possible, on va devoir la rencontrer. Lui
dit Conrad. Syrius sort alors de la pièce avec son vox.

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-Et Tibaltus, qu’en fait-on ? Lui demande Hephastos.
-Nous verrons cela justement avec Skanks. C’est à lui que nous l’avons confié, lui répond Conrad.
Ezekiah souhaite aussi que nous nous tenions informé de l’avancée du conflit, au niveau local mais
aussi au niveau global. Qu’avons-nous pour l’instant comme informations ?
-Aux dernières nouvelles les troupes de Mekton Zeta ne seraient plus qu’à vingt kilomètres des côtes
de Middenheim et le front s’étend sur plusieurs localités côtières. Mais il est difficile de se faire une
idée cohérente avec les flashes d’informations locales contrôlées par la propagande impériale.
-En effet, il nous faudrait des informations plus fiables à ce sujet, espérons que la copine de Syrius en
ait quelques-unes.
Syrius revient dans la pièce.
-C’est d’accord, je lui ai donné rendez-vous demain soir à Badab City. Par contre, j’ai comme
l’impression que les FDP n'aient justement pas beaucoup d’information.
-Nous verrons cela, lui répond Conrad.
Soudain, le vox de Tilus se met à vibrer. Il l’active et sort de la pièce, laissant ses compagnons en
pleine discussion.
Lorsqu’il les rejoint moins d’une minute plus tard, c’est avec un air préoccupé, ses compagnons
l’interrogent du regard.
-Le corps de Skanks a été retrouvé par les arbitrators, il serait mort depuis plusieurs jours.
-Attend…qui t’a appelé là ? Lui demande Syrius.
-C’était Hak, un de mes contacts, il a d’autres choses à me dire mais il ne pouvait les dire par vox. Il
m’a fixé rendez-vous dans une heure dans un petit patelin à cinquante kilomètres au nord de
Middenheim.
-Comment ça, Skanks est mort depuis plusieurs jours ? Lui répond Conrad, ce Hak est sûr de lui, ce
type on le connaît depuis combien ?
-Quatre jours, lui répond Héphastos.
Conrad commence à réaliser quelque chose qui lui donne le tournis.
-Donc il est probable que Skanks était déjà mort il y a quatre jours…
-Par le Trône, qui avons-nous rencontré alors ? Leur demande Séverina.
-Je n’en ai pas la moindre idée, par contre je compte bien rencontrer Hak et voir pour en apprendre
plus. Leur annonce Tilus.
Quelques minutes plus tard, Conrad, Tilus, Skeld et Syrius embarquent à bord du 4x4 et foncent au
nord de Middenheim, laissant Hephastos et Séverina auprès d’Ezekiah.

La bourgade, du nom de Freeburg jouxte la voie rapide qui remonte vers les régions du nord et ses
zones montagneuses, notamment vers la région où se trouvait le monastère Ste Praxédes d’où vient
Séverina. C’est aux abords de Freeburg qu’Hephastos était aussi venu faire le plein la veille. Plutôt
excentrée par rapport à la côte et à ses préparatifs de conflit, la bourgade semble encore conserver un
semblant d’activité. Contrairement à Middenheim, désormais livrée aux gangs et aux pillages dans la
zone nord, et aux troupes armées dans la zone sud, Freeburg possède encore un peu d’activité. Tant
que la guerre n’est pas encore là, toute la population n’est pas encore partie et sur la Grand-Place de
l’Aquila, c’est le jour du marché. Un marché timide et peu fournit, en cette heure tardive, mais on sent
bien que la population souhaite acheter pendant qu’il est encore temps.
Conrad gare le 4x4 à quelques rues de là et tous les quatre, remontent la rue principale en direction de
la Grand-Place.
-Le rendez-vous est sur la place, c’est bien cela ? Demande Conrad à Tilus.
-Oui, mais j’ignorais qu’il y avait un putain de marché justement. Bon, on se sépare et on ouvre l’œil,
il n’est pas question qu’on se fasse avoir sur ce coup là. Je serais au centre de la place, aux pieds de la
statue de l’Empereur. Syrius tu me couvres la zone sud de la place, Conrad tu couvres la zone nord et
Skeld tu nous couvres toute la place depuis un point en hauteur, ok ?
Les quatre compagnons se séparent et chacun se met à sa position. Syrius s’attable à la terrasse d’un
café et commande une bière, il a ainsi une vue sur toute la zone sud de la place, bien que la foule lui
cache tout de même une partie de la visibilité. Conrad se positionne au nord de la place et fait mine de
fureter parmi les marchands de fripes, de là où il est, il a une bonne vue sur le centre de la place. Skeld
monte par le hall d’un bâtiment jusqu’au quatrième et dernier étage, de là il ouvre la fenêtre du pallier

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qui donne sur la place ayant ainsi un visuel sur l’ensemble. Il sort alors son Radiant enveloppé jusque
là dans un sac de toile, ajuste le viseur, allume les accumulateurs énergétique de la cellule à haute
capacité, vérifie les réglages en jetant un œil par l’optique de visée de l’arme. En contrebas, les
marchands et clients forment des cibles parfaites. Satisfait, il se calle sur le rebord de la fenêtre,
s’allume une barrette de Lho et attend.
Il est pile quinze heures lorsqu’un grand gaillard à la peau mate comme Tilus, mais avec de longues
tresses et des lunettes noires s’avance aux pieds de la statue de l’Empereur. Tilus se tourne vers lui et
lui fait un petit signe.

Syrius scrute la foule, mais perd le contact visuel, une maudite charrette à bras lui bloque la vue. Skeld
pendant ce temps scrute la foule depuis la lunette de visée, alternant les vues, focalisant sur un vendeur
de poissons par ici, sur une vendeuse de légumes par là, sur le type au grand chapeau là bas. Tiens,
tiens, se dit-il en souriant, regardez-moi ce petit malin de Conrad en train de faire le charmeur avec
cette jolie petite plante.

Conrad en fait était devant l’étal d’un vendeur de vêtements et venait d’essayer un long manteau en
cuir noir. Satisfait, il décide de l’acheter pour les trente crédits que le vendeur en demande avec son
accent local. Fier de son achat, il réalise soudain que quelqu’un l’observe. Relevant son regard il
tombe nez-à nez avec une créature tout droit sortie de ses rêves. Grande, svelte, de longs cheveux noirs
de jais et des yeux bridés magnifiques d’un gris clair incroyable. Vêtue d’une combinaison moulante
en cuir, dont le décolleté dévoilé était un véritable supplice pour Conrad qui tentait de maintenir son
regard vers les yeux de la fille. Par tous les saints de Terra, cette fille à un corps à tomber par terre ! Se
dit-il. Elle se mit à parler de sa voix suave et Conrad fut alors sous le charme.
-Le vendeur ne vous l’a pas dit, mais ce manteau vous met vraiment en valeur, dit-elle.
Conrad bafouilla quelque chose mais rien d’intelligent ne pu sortit de sa bouche.

-Alors qu’avais-tu à me dire que tu ne puisses pas me raconter par vox ? Demanda Tilus à son contact.
-Moins fort ! Skanks était un de mes contacts sur Middenheim, ce type je le connaissais depuis des
années, tu comprends ? Ça m’a foutu un choc de savoir comment il a fini.
-Et il a fini comment ?
-Les types qui l’ont eu n’y sont pas allés de main morte, le pauvre vieux a été torturé à mort, puis
égorgé, même cette vieille canaille de Skanks ne méritait pas de finir comme ça.
-Et tu es sûr que c’est bien lui ?
-Sûr je te dis ! Je l’ai vu de mes yeux, un pote à moi qui bosse pour le Magistratum m’a demandé de
l’identifier.
-C’est juste que je me posais une question, le Skanks dont tu m’as donné le numéro, je ne suis pas sûr
que ce soit le même, le type que j’ai rencontré était plutôt très costaud, basané avec une brûlure là sur
la joue et une iroquois sur le crâne.
Hak regarde alors son collègue d’un air étonné.
-Alors le type que tu as rencontré ne pouvait pas être Skanks dans ce cas, le vrai Skanks était tout petit,
il était tout maigre avec les dents toutes pourries. De plus, d’après les gars du Medicae il serait mort
depuis sept jours.
-Le gars que j’ai rencontré, c’était y a quatre jours, donc Skanks était déjà mort. Merde, j’ai rencontré
qui, moi ?
-Fais bien gaffe dans quoi tu te fourres Tilus, mon pote du Magistratum a entendu dire qu’il se passait
des trucs pas très nets.
-Du genre ?
-Du genre que tu ferais bien de ne pas y foutre ton nez, voilà ce que j’en dis moi !
-Ouais mais soit plus précis à ce sujet.
-Il parait que l’Inquisition est sur Badab et qu’elle cherche à…
Soudain, Hak ouvre grand sa bouche et se raidit, du sang se met à couler du coin de ses lèvres, il tente
de dire quelque chose mais n’y parvient plus, gargouillant, il s’affaisse sur Tilus qui le retient dans ses
bras et meure à ce moment-là. Le manche d’une lame dépasse de sa nuque.
Scrutant la foule, il aperçoit furtivement une silhouette aux cheveux sombres qui se faufile puis
disparaît de son champ de vision.

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Tilus prend délicatement Hak et l’assoit aux pieds de la statue, puis saisissant son vox appelle le reste
de l’équipe :
-Bordel de merde, vous foutez quoi là ! Mon contact vient de se faire buter sous vos putains d’yeux !
J’ai eu un visuel qui se dirige vers le nord-est de la place, cheveux sombres, trouvez-moi ce type,
merde !
Syrius bondit alors de son siège et s’élance vers la place, Skeld scrute dans la direction décrite par
Tilus et Conrad, sans même prendre la peine de dire au revoir à la jeune fille, qui de toute façon partait
déjà, s’élance dans la même direction.
Tous les quatre se retrouvent finalement quelques minutes plus tard aux pieds de la statue, ils ont fait
chou blanc, leur cible s’est envolée. Syrius sort alors un mouchoir et prélève délicatement et
discrètement la lame plantée dans la nuque de Hak et la fourre dans sa poche. Déjà, des passants
s’aperçoivent que l’homme assit contre la statue de l’Empereur est mort, des cris sont poussées, des
gens appellent les hommes du Magistratum, un meurtre horrible vient d’être commis.

Tilus et ses compagnons rejoignent le 4x4 garé non loin de là. Il est furieux.
-On a merdé sur ce coup-là, c’est clair. Annonce Conrad au bout de quelques minutes.
-Ça tu peux le dire ! Lui répond Tilus, et c’est valable pour chacun d’entre vous !

Chapitre XII

+++Spud mène la dance+++


+++Les Sombres Rédempteurs+++
+++Chaos interne +++

Une heure plus tard, ils rejoignent la villa, Tilus gare discrètement le 4x4 dans le jardin de derrière et
retrouve ses compagnons à l’intérieur du séjour. Tous les volets sont clos, ainsi depuis la rue, ni les
patrouilles des FDP ni personne ne remarquent que la villa est occupée.
Au loin on perçoit le grondement de l’artillerie depuis la côte. Au large, le conflit fait rage et continue
son avancée vers Middenheim.
Tilus et ses compagnons racontent les derniers évènements à Séverina et Hephastos, puis l’équipe
décide d’élaborer un plan pour la rencontre nocturne avec le fameux Spud dans le bar appelé le Warp.
Skanks alias Spud est pour l’instant leur seule piste valable ayant un lien entre l’enquête menée
initialement par l’Inquisiteur Ezekiah et une mystérieuse organisation qui chercherait à renverser le
gouverneur, profitant du conflit local et de sa situation déstabilisante. Sans compter que cette
organisation n’hésiterait pas à employer des mercenaires classés comme hérétiques par l’Inquisition.
De plus ce fameux Spud est la personne à qui ils avaient eu l’idée au départ, pensant être quelqu’un de
confiance, de confier l’Interrogateur Tibaltus, leur compagnon et chef de groupe alors grièvement
blessé. Spud est donc la dernière personne à savoir où il se trouve.

La discussion est houleuse et dure de longues heures principalement entre Tilus, Syrius et Conrad qui
n’arrivent pas à se mettre d’accord sur les méthodes à employer. Doivent-ils entrer dans le bar, au
risque de tomber dans une embuscade ? Doivent-ils repérer Spud au préalable avant qu’il n’entre dans
le bar ? Doivent-ils s’attendre à un piège ou au contraire y aller confiant ? Doit-on chercher à
récupérer Tibaltus, surtout qu’il est toujours, suite à un malheureux oubli de leur part, en possession
du sceau inquisitorial d’Ezekiah.

Bref, le débat est animé et chacun apporte son lot d’arguments. Au final, c’est un peu un mélange de
toutes ces idées qui en ressort. L’équipe qui ira sur place jouera tout de même la plus grande prudence.
Il est évident que ce fameux Spud est au minimum un sérieux manipulateur, sinon un potentiel danger
pour eux, même si pour l’instant il semble en tout cas combattre le même ennemi qu’eux. Mais Tilus
garde bien à l’esprit que ce fameux Spud est certainement impliqué dans la mort de Skanks et peut-être
même aussi dans celle de Hak.

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C’est donc au final, Tilus, Conrad, Syrius, Skeld et Séverina qui iront au rendez-vous. Non sans avoir
au préalable changés de vêtements afin d’être moins reconnaissables. Hephastos gardera finalement la
villa et Ezekiah.
Empruntant l’Armadillo vers minuit ils repartent donc en direction du quartier Est et de sa cité
souterraine. Une heure plus tard ils sont sur place. Skeld gardera le véhicule garé à l’abri un peu plus
loin dans un entrepôt. Après s’être acquitté du droit d’entrée, Tilus et ses compagnons descendent et
retrouvent le bar, le Warp. Ayant un peu de temps devant eux, ils inspectent les environs et repèrent
donc la fameuse porte de derrière donnant dans une petite ruelle, sortie qu’Hephastos et Conrad
avaient repéré la veille. Syrius s’embusque discrètement non loin de là et fera le guet. Le reste de
l’équipe attendra devant l’entrée principale dans le rue de devant.

C’est la première fois que Séverina met les pieds dans le « Quartier des Damnés », autour d’elle,
passent des mutants et autres abhumains, des ogryns, des ratlings, des gens aux malformations dues
aux radiations, aux polluants et diverses atrophies congénitales. Là un type bossu à la tête
hypertrophiée montrant deux visages tronqués, là une femme naine avec quatre bras trop courts, ici des
enfants sans jambes faisant une course, utilisant leurs mains en guise de pieds, ici encore un homme
dont les bras gros comme des troncs d’arbre, sont couverts de pustules comme le reste de son corps, là
un homme portant des cornes sur le front et une sorte de fourrure galeuse sur le corps, ici encore des
hommes et des femmes au corps difformes à la peau pâle et vérolée évoluant parmi une majorité
d’humains paraissant purs, mais donc fatalement contaminés par leur contact.
Séverina en a le tournis, son endoctrinement religieux lui hurle de sortir ses armes et de purger comme
il se devrait cette fange indigne de prospérer. Elle tourne son regard suppliant et affolé vers ses
compagnons qui ne semblent pas plus impressionnés que cela.
-Mais…vous ne faites rien ? Par le Saint Trône…Le Credo de Notre bien-aimé Empereur nous
ordonne de purger l’impur, de brûler le mutant et de…
-Nan sœurette, tu gardes ton artillerie au chaud et tu ne fais rien, on n’est pas en croisade de la
rédemption là, on a une mission et on ne va pas la faire foirer parce que tu croises des visages qui te
reviennent pas, compris ? Lui lance calmement Tilus en la regardant dans les yeux.
Séverina acquiesce de la tête et prend sur elle avec dégout et rancœur. Elle donnerait cher pour faire
partie à nouveau d’une escouade de répurgation de l’Adepta Sororita. Que de miracles pourrait alors
accomplir la juste bénédiction d’un lance-flamme lourd en un tel endroit, se dit-elle.
Sur ces considérations, l’équipe prend place dans l’ombre d’un porche, juste en face de l’entrée,
dissimulée par un sort d’illusion de Conrad, les rendant invisible à l’œil nu. Ils ne bougent pas et
attendent.
Il est deux heures du matin, heure impériale, heure convenue du rendez-vous. L’équipe est aux aguets,
Spud devrait être déjà là.
Le vox de Tilus se met à vibrer, il l’active.
-Oui ?
-Il parait que vous souhaitez me rencontrer, lui répond la voix de Spud.
-On devait se rencontrer il me semble.
-Je n’ai jamais dit qu’on allait se rencontrer, mais vous semblez avoir besoin de moi à nouveau, donc
je vous rappelle. Que souhaitez-vous ?
-J’aimerais vous voir, c’est possible ?
-Non pas en ce moment.
-Mon boss souhaiterait rencontrer le votre pour discuter, il semblerait qu’ils aient des buts communs,
on peut arranger une rencontre ?
-Ce n’est pas nécessaire dans l’immédiat, les gens pour qui je travaille sont plutôt occupés par ce qui
se passe ici et ne sont donc pas disponibles, vous pourrez le comprendre j’imagine.
-Justement, tant qu’on y est…je connais déjà un peu la réponse mais vous travaillez pour qui ?
Spud émet un petit rire.
-Je ne crois pas que ce soit ni le moment ni le lieu pour en discuter et puis cela ne vous concerne pas
vraiment.
-C’est bien la réponse que j’imaginais.
-Bien, vous m’excuserez, mais mon temps est précieux en ce moment, je vous accorde encore trois

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minutes de mon temps. D’autres choses ?
-Oui, on vous avait confié un gars à nous, Tibaltus il y a une bonne semaine de cela, on souhaiterait le
récupérer, d’autant plus qu’il possède un…objet que l’on souhaite reprendre, c’est possible ?
-Oh ce gars-là…Oui c’est vrai que vous vouliez le récupérer. Disons qu’il y a eu un souci avec lui, les
gens à qui je l’avais confié ont un peu merdé et ne l’ont plus actuellement.
-Ne l’ont plus ? Comment ça ?
-Hum…Je crois que ce n’était pas très malin de votre part de laisser sur ce gars une bague portant le
sceau de l’Inquisition et de la confier ainsi à des inconnus. Désormais des gens savent que
l’Inquisition est ici et que vous en faites partie. Une telle imprudence a des implications et il va falloir
en payer le prix, j’en ai bien peur. Les gens à qui votre ami a été confié, ont trouvé cette bague et je
crois qu’ils ont un peu trop parlé.
-Ces gens justement, je les connais ?
-Il semblerait que oui, j’ai cru comprendre que vous les aviez rencontré il y a peu. Il s’agit de la bande
de Bones.
-Le gang de dealers, les tox ? Mais j’ignorais qu’ils avaient Tibaltus ! Nous aurions alors pu leur
demander…
-En effet.
-Bon, et qui a Tibaltus à l’heure actuelle ?
-Il semblerait que ce soit une secte en rapport avec les évènements qui se trament ici. Ils se font
appeler les Sombres Rédempteurs. Ces gens semblent avoir un lien avec le complot visant le
gouverneur. Ce ne sont que des illuminés fanatiques, une sorte de faction armée utilisée par quelqu’un
d’influent pour semer le trouble dans la ville. Peut-être sont-ils même à l’origine de certains attentats
perpétrés il y a quelques jours. Pour eux, avoir un agent de l’Inquisition entre leurs mains est
certainement une prise de choix.
-Des fanatiques de quel genre ? Du genre, impériaux ultra puritains tels que les Rédemptionistes ?
-Non, plutôt l’inverse. L’allusion dans leur nom fait plutôt référence aux sombres dieux. Comprenez
bien, que ce genre de secte n’est qu’une nuisance de la pire espèce. Il vous reste une minute de mon
temps, il va falloir abréger.
-Mmmmh. Et on les trouve où ces Sombres Rédempteurs ?
-Ils ont diverses planques à ce que j’ai cru comprendre. Mais l’équipe de Bones a des infos à ce sujet,
retrouvez-les et vous aurez ces informations.
Et où se trouve l’équipe de Bones actuellement, j’imagine qu’ils ne sont plus dans l’appartement des
habs au dessus de Commercia ?
-Un peu d’imagination monsieur le traqueur, quel est le seul endroit où iraient des drogués en manque,
devant de plus trainer une blessée avec eux dans une ville bientôt en guerre ?
-Ici dans les bas-fonds ?
-Bravo, vous avez donc votre réponse, le temps est désormais écoulé.
-Une dernière chose ! Un numéro où vous rappelez ?
-Inutile, si j’ai besoin, c’est moi qui vous recontacte.
Puis Spud coupe la communication. Conrad et Séverina interrogent Tilus du regard. Il rallume son vox
et appelle Syrius dans la ruelle derrière le bar.
-Tu peux nous rejoindre, Spud ne viendra pas.
Les quatre compagnons se réunissent et Tilus leur relate ce que Spud vient de lui apprendre.
-Voilà, vous savez tout. Il nous faut donc retrouver le reste du gang de Bones, les interroger et nous
saurons surement où se trouve Tibaltus.
-Ce type se paie vraiment notre tête, on devait le rencontrer, avoir des infos et il nous envoie encore
faire son sale boulot ! lance alors Conrad, passablement énervé.
-Hey, c’est toi qui tenait à retrouver ton interrogateur de malheur, Syrius et moi on s’en cogne un peu,
on ne le connaît même pas, je ne sais pas si tu réalises bien mais je viens d’avoir l’info pour le
retrouver et à la base ce n’est pas notre priorité, lui répond sèchement Tilus.
-C’est vrai qu’en plus si tu lui avais pas laissé la bague d’Ezekiah on n’aurait pas ce genre de
problème, lance Syrius à l’attention de Conrad.
-Quoi ? Non mais j’hallucine ou quoi ? Et en quoi c’est moi qui devrais être responsable d’avoir laissé
la bague sur Tibaltus ? On était tous là à ce moment-là quand on l’a confié à Skanks. Se défend
Conrad.

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-Oui mais c’est toi qui portait la bague lorsque nous nous sommes présenté au monastère des Sœurs
Hospitalières et c’est à toi que la Chanoinesse l’a rendu lorsque nous en sommes parti, lui répond
Syrius. C’est donc toi qui étais à ce moment responsable de cette bague.
-Bon peu importe ce qui a été fait ou pas, concentrons-nous sur ce qui reste à faire surtout, coupe alors
Tilus, il va nous falloir retrouver les deux filles et le type, d’après Spud, ils sont dans le coin. On se
sépare en deux groupes et on les cherche, ok ?
Décidant de commencer par le quartier des dealers, Tilus et Conrad partent d’un côté, tandis que
Syrius et Séverina partent de l’autre.
Après plus d’une heure de recherche, Tilus finalement aperçoit une des filles, Ishta, la copine de
Bones, celle justement qui avait fait l’overdose ainsi que le type qu’ils avaient laissé avec elle, un
dénommé Narl ou quelque chose comme ça. Tous deux sortent justement d’une échoppe, le type a un
paquet sous le bras. Ils se dirigent dans la rue et se fondent dans la foule.
Tilus colle un coup de coude à Conrad, tout en prenant son vox, appelant leurs deux autres
compagnons.
-J’ai un visuel, Ishta et le grand type. Rappliquez, on les suit.
Cherchant à garder une bonne distance entre eux et ses cibles, Tilus finalement les perd en pleine rue.
Il se met à se faufiler dans la foule, cherchant en tout sens.
-Et merde, ils se sont envolés ou quoi ? Lance-t-il.
-Tu vois que ça t’arrive aussi de te planter, lui répond Conrad sur un ton moqueur.
-Ouais bin tes remarques, tu te les gardes, ça va pas nous aider là, si tu veux retrouver ton pote ! Lui
répond Tilus sur un ton énervé.
Puis voyant une passerelle surplombant la rue, il décide d’y monter. De là-haut il aura une meilleure
vue d’ensemble sur la rue. Conrad pendant ce temps continue de chercher dans les rues avoisinantes.
Syrius et Séverina le rejoignent à ce moment-là.
-Alors ? Demande Syrius.
-Il les a perdus, répond Conrad en haussant les épaules. Juste à ce moment-là Conrad repère de
nouveau leurs cibles à environ deux cents mètres, faisant signe à ses compagnons, ils se précipitent à
leur poursuite.
Syrius appelle Tilus sur son vox et lui demande de les rejoindre mais s’orienter dans un tel dédale de
ruelles sans nom est un peu hasardeux.
De loin, Conrad et ses deux compagnons, courant toujours vers eux voient la fille et le type entrer dans
le hall d’un immeuble. Au moment de passer la porte, le ganger se retourne et jette un œil dans la rue.
Il voit sans peine une fille vêtue de noir avec un grand manteau, mais celle-ci ne lui dit rien, il voit
aussi un grand type mais ne le reconnaît pas, le déguisement de Conrad est plutôt réussi, par contre il
se souvient bien du visage de celui qui juste la veille a failli le tuer : Syrius.
Dans un réflexe, il pousse la fille devant lui dans le hall et referme la porte d’entrée de l’immeuble.
Syrius se précipite vers la porte tout en canalisant son énergie kinétique vers ses mains, il se jette sur la
vieille porte en bois alors que ses mains crépitent d’énergie, le choc la décèle aussitôt de ses gonds et
l’envoie voler dans le hall. Il s’y engouffre aussitôt suivi de Séverina et de Conrad.
-Là-haut, les escaliers, leur lance Séverina qui s’élance juste derrière Syrius. Ils s’élancent ainsi tous
les trois à la poursuite de leurs cibles, montant les escaliers aussi vite qu’ils le peuvent.
Syrius est en tête lorsque venant des marches au dessus, quelqu’un lui lance un grand coup de pied en
plein visage, il a à peine le temps d’esquiver, la botte lui frôle le front et le déstabilise dans sa montée.
Il se rattrape à la rambarde de justesse et est stoppé dans sa lancée. Derrière, Séverina le rejoint et le
double, mais aussitôt Syrius s’élance de nouveau, il vient d’entendre une porte qui s’ouvre un étage ou
deux au dessus.
Tilus les appelle par vox, il est quelques rues de là.
-Vous êtes où ?
-Suit le bruit de la fusillade, lui lance Séverina.
-La fusillade ? Quelle fusillade ? Lui répond Tilus.
Séverina arrivée au cinquième étage va pour s’élancer vers le sixième lorsqu’elle perçoit une porte qui
s’entrebâille, une arme de gros calibre en dépasse et tire, elle se jette en boule contre un mur et esquive
les impacts qui la ratent de peu. Séverina en profite pour se caller contre un mur au moment où Syrius
arrive sur le palier, pistolet mitrailleur pointé, il lâche une rafale sur la porte, celle-ci se referme
aussitôt. Tous deux sont de chaque côté de la porte, reprenant leur souffle, Conrad est quelques étages

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plus bas, guettant par une des fenêtres donnant dans la rue où en est Tilus.
Séverina repère un ancien plan d’évacuation accroché sur le mur du couloir, le parcourant rapidement,
idée de se faire une vision claire de la configuration des lieux, elle réalise que ce dernier n’a pas été
réactualisé depuis environ plus d’un siècle. Elle laisse donc cette idée.
Syrius se tient devant la porte d’à côté, il lâche une rafale dans la serrure et met un coup de pied dans
la porte qui s’ouvre avec fracas, il entre dans un vieil appartement miteux et sentant le moisi, se dirige
vers la cloison adjacente à celui d’à côté et utilise de nouveau son sort. Une portion de la vieille
cloison en plâtre vole en éclat.
Séverina fait signe à Syrius de lui donner une arme, il lui tend donc son épée à lame courbe. Elle jette
un œil par le trou dans le mur, juste à temps pour voir les deux personnages passer sur une terrasse par
une des fenêtres. Les deux se retournent et tirent de nouveau, criblant le mur en plâtre d’impacts,
Séverina se recule. Puis réalisant que la voie est libre, brandissant sa lame, elle s’élance par le trou,
Syrius la suit en la couvrant. Arrivés au bord de la fenêtre, ils voient à quelques mètres de là un vieil
escalier de secours à moitié rongé par la rouille. Du monde est en train de descendre par là. Séverina
s’élance à leur poursuite, Syrius toujours sur les talons bientôt rejoint par Conrad.
Arrivé dans le hall de l’immeuble, Tilus sort son fusil laser, et se dirige vers l’arrière-cour, suivant par
vox les informations de ses collègues, l’escalier de secours donne juste en face de lui, il s’embusque
dans l’angle du couloir, pointe son arme et attend. Quelques secondes plus tard, les deux personnages
font leur apparition, cherchant à fuir vers une porte au fond de la cour. Tilus les met aussitôt en joue.
-Jetez vous armes, à terre ! leur hurle-t-il.
Le type et la jeune fille ne s’y attendant pas vraiment se retrouvent subitement piégés. Ishta jette son
arme et lève ses mains, le type hésite.
-Jette ton arme ou je t’abats, lui crie Tilus. L’homme obéit finalement.
Séverina arrive juste derrière suivie de Syrius et Conrad. Les deux sont rapidement désarmés et
maitrisés. Tilus récupère le sac que portait le type. Séverina récupère un pistolet mitrailleur.
-Ok, on va la faire courte vu qu’on se connaît déjà, on veut savoir où sont les Sombres Rédempteurs ?
-On a rien à te dire, tu peux aller te faire foutre, les stimm dans le sac, c’est pour ma copine, t’as pas le
droit de nous les piquer encore une fois lui lance Ishta.
-Toi, fais pas la maline, rappelle-toi comment ont fini tes potes, on ne rigole pas. Répond à ma
question, on compte récupérer un truc qu’on a perdu.
-Ah oui, ton cerveau ? Lui répond la fille d’un air insolent.
-Tu ferais bien de changer de ton avec nous, notre pote qu’on vous avait confié, il avait un objet avec
lui, ça te dit quelque chose ?
-Peut-être bien et alors ?
-C’était une bague portant le sceau de l’Inquisition, on souhaiterait la récupérer, lui répond Tilus. La
fille et le type écarquillent grand leurs yeux.
-Par le trône, c’était donc ça ?
Toujours en pointant son arme sur eux, Tilus lance un regard vers Conrad et lui fait un petit signe
discret. Conrad laisse alors affluer en lui son énergie psychique.
-Ok, je te repose encore une fois la question, annonce Tilus.
Conrad en profite alors pour sonder furtivement l’esprit de la jeune fille. Il voit un quartier de
Middenheim, une rue, un entrepôt désaffecté. Caché sous l’entrepôt se trouve un passage qui mène
vers une sorte de sous-sol.
-C’est bon j’ai l’info, lance Conrad.
-Ok lui dit Tilus, file moi ton pistolet à aiguilles. Conrad le dégaine et lui tend. Puis s’adressant à Ishta
tout en pointant l’arme vers elle :
-Tu vois, c’est dommage que tu sois aussi arrogante avec nous, on aurait pu être plus sympa, mais là
ça me motive pas trop.
-Sal enfoiré, a-t-elle tout juste le temps de dire avant d’être anesthésiée, elle et son pote et laissés là en
plein milieu de la cour.
-C’est malin Tilus, désormais ils savent qu’on bosse pour l’Inquisition, je ne sais pas si c’est une
bonne idée de les laisser en vie, lui lance Séverina.
-On s’en fout, ce sont des drogués, personne ne les croira de toute façon, répond Tilus.

Puis, repartant rapidement vers la sortie, l’équipe retrouve Skeld à côté de l’Armadillo, ils lui

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expliquent rapidement la situation.
-On y va tout de suite ? Leur demande-t-il.
-Oui, on fonce, je vais te guider, lui répond Conrad.
Le quartier en question se trouve à environ trois kilomètres de là, il leur faut donc quelques minutes
pour le rejoindre.
De nouveau le véhicule est garé plus loin et Skeld les attendra là, en couverture. Ses quatre
compagnons s’élancent discrètement vers l’entrepôt en question. Un grand bâtiment de la taille d’un
terrain de sport, entièrement clos et flanqué de deux portes verrouillées. Une devant, une derrière.
Aucun système de surveillance apparent, pas de sentinelles. Se dirigeant vers celle de derrière, Syrius
utilise de nouveau ses pouvoirs kinétiques et force la poignée de la porte qui se tord dans un bruit de
métal torturé et qui finit par lâcher. La porte s’ouvre en grinçant. L’intérieur, plongé dans l’obscurité
est encombré de vieux containers disloqués, de caisses pourries, de bidons usagés et d’un
enchevêtrement de vieilles poutrelles corrodées. Chaussant leurs lunettes infrarouges, le groupe se
prépare à pénétrer discrètement dans le bâtiment.

Prudemment l’équipe progresse au sein de l’entrepôt qui semble inoccupé. Chacun chausse ses
lunettes infrarouges. Séverina ne disposant plus de munitions pour ses pistolets bolters se retrouve
sans armes. Conrad lui passe donc son pistolet laser et Syrius lui tend son épée à lame courbe.
Continuant d’avancer dans l’entrepôt et en cherchant bien, Tilus repère des traces et Syrius finit par
découvrir une trappe dissimulée au niveau du sol. Celle-ci est fermement verrouillée de l’intérieur.
Utilisant son pouvoir kinétique, il la défonce, dévoilant un ancien escalier de briques qui descend
profondément sous la structure du bâtiment. Ils descendent et arrivent quelques vingt mètres sous la
surface dans un réseau d’anciens égouts avec de nombreux tunnels. Utilisant ses pouvoirs de
divination, Syrius propose un chemin, le reste du groupe le suit. D’ailleurs Tilus confirme par les
traces visibles au sol que du monde semble bien être passé par là récemment.
Arpentant ainsi de nombreux tunnels et couloirs à l’absence d’éclairage, à l’humidité suintante et à la
vermine grouillante, la petite équipe progresse rapidement et parcoure ainsi quelques centaines de
mètres dans une puanteur permanente et une obscurité quasi totale.

Soudain, Tilus repère quelque chose. Devant lui à environ quarante mètres, il perçoit une lueur et des
bruits venant d’une sorte de croisement de plusieurs tunnels. Il fait rapidement signe à l’équipe de se
terrer dans l’ombre et de ne pas bouger. Quelques instants plus tard, deux silhouettes portant de
longues robes sombres à capuches passent au niveau du croisement, les deux personnages sont armés
de fusils d’assaut et l’un d’eux porte une torche.
Attendant prudemment qu’ils soient passés et déjà loin, Tilus se remet en route suivit du reste du
groupe.
Arrivés au croisement, ils décident de remonter les traces des deux individus. Le tunnel emprunté
semble en effet avoir été régulièrement fréquenté. Au bout d’environ deux cents mètres, Tilus capte
une faible lueur venant du bout du tunnel, il s’avance lentement et entraperçoit une salle circulaire
d’une dizaine de mètres de diamètre d’où partent d’autres tunnels. La salle est en effet éclairée par des
torches murales. Deux individus, semblables aux précédents, sont en faction à côté d’une porte blindée
couverte de rouille. Ils discutent à voix basse dans une langue qui leur est inconnue.
Conrad invoque alors son sort d’illusion visuelle autour de lui, permettant au reste de l’équipe de
s’approcher plus prés.
Arrivés à quelques mètres d’eux, Séverina, Conrad et Syrius repèrent que les deux personnages
arborent certains stigmates caractéristiques. L’un d’eux porte une étoile à huit branches marquée au fer
rouge sur son visage, tandis que l’autre porte des traces de scarifications rituelles sur la face,
représentant aussi le même symbole. Autour de leur taille, se trouve une ceinture faite d’une chaine
rouillée au bout de laquelle pend un crâne humain accroché à ce qu’il lui reste de cheveux. Sur leur
torse se trouve un étrange visage. A bien y regarder il s’agit en effet d’un véritable visage humain,
sans doute féminin qui a été écorché vif puis cousu à même le tissu épais de leurs robes noirs et enfin
une étoile du chaos a été peinte dessus avec du sang, formant ainsi une sorte de décoration des plus
morbide. Enfin, ils portent tous deux un vieux modèle de fusil d’assaut, une variante locale du
mythique Armageddon Mk II mais avec la crosse et la poignée en bois sombre. De plus, un pistolet
automatique d’appoint dans son holster, ainsi qu’un long poignard à lame courbe dans un étui sont

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accrochés à leur ceinture. D’étranges runes évoquant les pouvoirs de la ruine sont inscrites sur
l’ensemble de leur matériel.
Un simple regard sur ces symboles évoque la folie, la terreur et la haine. Ce qui n’est pas sans mettre
mal à l’aise les membres de l’équipe, en dehors de Séverina, fidèle fille de l’Empereur qui se retrouve
confrontée à ses pires ennemis.

Les deux sombres individus s’arrêtent soudain de parler et semblent regarder en fronçant les sourcils
dans la direction de groupe toujours sous le couvert du sort de Conrad. Ils ne paraissent pas les
distinguer dans la pénombre accentuée par l’éclairage des torches mais semblent avoir perçu comme
un bruit. L’un d’eux s’approche, scrutant les ombres et pointant son arme, il n’aura ni le temps
d’armer la culasse de son arme, ni de faire un pas supplémentaire. D’un coup d’épée latéral et
puissant, Séverina lui sectionne net les deux jambes, juste au dessus des genoux.
Désormais en trois morceaux, rependant copieusement son sang corrompu, l’homme s’écroule en
arrière et convulse aussitôt. Le deuxième allait lever son arme au moment où Conrad lui tire dessus à
bout portant avec son pistolet à aiguilles, l’anesthésiant instantanément. Désormais tous redevenus
visibles, Séverina enjambe le corps du blessé qui baigne dans son propre sang et lui plante la pointe de
sa lame en plein front, s’assurant que cette dernière ressorte bien par l’arrière de son crâne. Puis elle la
ressort d’un geste sec et en fait de même sur le deuxième homme endormi.
-Hey, mais pourquoi tu as tué celui-là, nous pouvions l’interroger ? Lui lance Syrius.
Elle lui retourne brusquement un regard noir, pointant l’étoile du chaos.
-Ne vois-tu pas là le signe de la corruption, sorcier ?
Puis essuyant sa lame souillée de sang sur les robes des cultistes, elle lance un regard dur vers le reste
de l’équipe.
Conrad en profite pour surveiller les environs.
-Comprenez bien que si je rentre dans cet endroit, je n’épargnerai aucun d’entre eux, dit-elle.
-Parfait ma sœur, mais avant de tous les massacrer, on aurait peut être besoin d’en faire parler au
moins un. Lui répond calmement Tilus qui commence à fouiller les corps.
Syrius se penche sur l’un d’eux et va pour prendre un des pistolets d’appoint, son geste est arrêté net
par la lame que porte Séverina qui s’interpose entre l’arme et la main du psyker.
-Tu comptais faire quoi là, sorcier ? Lui demande-t-elle dans un murmure.
-Houla, tout doux ! Je voulais juste récupérer les armes. Lui répond Syrius.
-Ces armes portent la marque de la corruption, personne n’y touche. Lui répond Séverina sans appel.
-Mais ce ne sont que des armes et cela pourrait…
Séverina se rapproche à quelques centimètres de Syrius.
-Souhaites-tu être corrompu, psyker ?
-Ok, ça va je touche à rien, lui lance alors Syrius.
Tilus se relève avec un petit sourire, un trousseau de clés à la main. Au bout du trousseau est accroché
un petit symbole en guise de porte-clés. Il s’agit d’un crâne cornu et grimaçant en métal, autour duquel
partent huit branches en forme de flèches. Tilus le détache et le jette par terre d’un air dégoutté. Il
aurait juré un instant que l’objet maudit lui aurait presque brûlé les doigts s’il l’avait tenu un peu plus
longtemps.
Il se retourne vers la porte tandis que ses compagnons scrutent les alentours. Après quelques
tentatives, il trouve la bonne clé et ouvre la vieille porte blindée. Visiblement il n’y a pas de systèmes
d’alarme apparents. L’endroit est vétuste et décrépi sans signe évident de technologie. La porte
s’ouvre sur un couloir sombre et puant, il jette un œil prudent. Pas de mouvement. Plus loin on perçoit
comme une sorte de chant.
Tilus s’engouffre silencieusement dans le couloir, fusil laser pointé à hauteur d’épaule, il fait signe à
ses compagnons de le suivre. Séverina entre suivit de Conrad. Syrius traine les corps des deux cultistes
dans le couloir et referme la porte derrière lui.

Le couloir fait un coude à une vingtaine de mètres. A mi-distance, une porte est entrouverte, de l’autre
côté de cette porte s’entend une conversation dans une langue grossière et inconnue.
Tilus se plaque contre la paroi, faisant signe à ses compagnons que du monde se trouve derrière la
porte, puis d’un rapide coup d’épaule il l’ouvre et se précipite dans la salle, fusil laser pointé. Dans sa
précipitation, et face au peu de luminosité de la salle, il ne fait alors pas attention au sol irrégulier et à

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la marche qu’il faut descendre pour se trouver au niveau de la pièce dans laquelle il entre. Perdant du
coup l’équilibre, il se rattrape de justesse à une chaise posée juste à côté de la porte. Malheureusement
son fusil lui échappe des mains et vole dans la pièce. Devant lui, surpris se trouvent deux cultistes
habillés à l’identique des précédents, assis à une petite table au milieu d’une salle qui semble être une
sorte de dortoir, six paillasses crasseuses et du mobilier miteux complètent la décoration. Quelques
bougies noires éclairent fiévreusement la pièce. Les deux hommes semblaient jouer aux cartes, ils se
lèvent alors brusquement, laissant retomber au sol leurs tabourets. Le premier dégaine sa lame courbe
tandis que son compagnon se jette sur un des lits afin de saisir son fusil d’assaut.

Tilus effectue une roulade dans la pièce et se met à couvert, Séverina bondit vers l’homme au poignard
et lui assène un puissant coup d’épée, l’homme parvient à parer le coup de sa propre lame et se jette
sur elle. Alors que le deuxième homme allait se servir de son arme, Syrius depuis la porte, focalise son
pouvoir et l’assomme net d’un de ses sorts.
Alors que Séverina enchaine les passes d’arme en corps à corps, elle pare la lame de son adversaire et
d’un coup d’estoc plonge son épée dans le torse du cultiste, le touchant en plein cœur. Elle lui enfonce
la lame jusqu’à la garde, la tourne d’un mouvement du poignet, puis la ressort d’un coup sec,
provoquant une giclée artérielle. L’homme regarde sa blessure fatale puis va pour dire quelque chose
mais seul un sang noir et épais sort de sa bouche, il recule de deux pas et s’écroule sur place. Alors
que Tilus ramasse son arme et que Séverina essuie sa lame, Conrad et Syrius se saisissent de l’homme
assommé, ils l’assoient sur une des chaises, le désarment, le ligotent et le bâillonnent. Alors qu’il
commence à reprendre ses esprits, Syrius fait un signe à Conrad et Tilus. Séverina attend juste à côté,
sa lame tenue prête.
L’homme les regarde et retrousse ses lèvres en signe de mépris, malgré le bâillon qui entrave sa
bouche.
-C’est très simple, on veut juste savoir combien vous êtes et où se trouve le prisonnier ? Lui demande
Tilus. Conrad focalise son esprit sur les pensées superficielles du cultiste. Il voit une représentation
sommaire des lieux, une vingtaine de cultistes, un homme enchainé dans une salle à l’autre bout. Ce
qu’il perçoit lui suffit.
-C’est bon, j’ai ce qu’il nous faut.
A peine la phrase terminée, Séverina plante sa lame dans la gorge du cultiste et le laisse se vider de
son sang. Conrad leur explique vaguement la configuration des lieux. Déjà Tilus est dans le couloir.
Un peu plus loin se trouve une seconde porte, il l’ouvre sans même attendre ses compagnons, arme
pointée il repère deux silhouettes et s’apprête à les abattre aussitôt. Au moment de faire feu, il réalise
qu’il se trouve devant deux fillettes d’à peine dix ou onze ans. Apeurée, en larmes, crasseuses,
habillées de haillons sales, pieds nus, maigres et maladives elles sont enchainées par la cheville à un
des murs de pierre. La pièce ressemble à une cellule qui sert visiblement de chambre aux fillettes. Les
murs et le sol sentent l’urine, le moisi et la peur. Des rats trottinent paisiblement parmi les restes de
repas immondes servis à même une gamelle pour chien. Tremblante, elles se blottissent l’une contre
l’autre. Tilus en reste totalement hébété. S’approchant des petites filles, il inspecte la chaine et tente de
trouver un moyen de les libérer.
Ses compagnons progressent dans le couloir et le retrouvent. Syrius et Conrad observent la scène,
voyant Tilus s’acharner avec rage sur la chaine. Séverina surveille le couloir.
-Tu fais quoi, là ? Laisse les, on n’a pas le temps de s’en occuper, lui lance Conrad en entrant dans la
cellule.
- Ça se voit pas, non ? Je les libère, il est hors de question de les laisser ici. Lui répond Tilus sans
même se retourner et continuant de s’activer sur la chaine.
-Mais t’es complètement con ou quoi ?
Vif comme l’éclair, Tilus se retourne et lui colle un violent coup de poing en pleine face. Conrad
titube en arrière de quelques pas et se retrouve les fesses par terre. Se relevant lentement, Tilus le
regarde, puis l’aide à se relever. Conrad le repousse et sort brusquement de la cellule, essuyant le sang
qui lui coule des lèvres. Syrius et Séverina observent la scène, totalement incrédules. Syrius
s’approche de Tilus qui vient de sortir son épée tronçonneuse et s’apprête à s’en servir sur la chaine.
Les fillettes totalement horrifiées en restent pétrifiées de terreur.
-Tu es en train de devenir fou ou quoi ?
-Il n’avait pas qu’à me traiter de con, c’est tout.

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-Du monde approche, fermez-là leur lance Séverina en entrant dans la cellule.

Séverina a à peine le temps d’entrer dans la cellule, que les deux cultistes qui arrivent au bout d’un
couloir ouvrent le feu. Des balles ricochent sur les murs autour d’elle. Aussitôt, elle et ses compagnons
ripostent et abattent les cultistes en quelques rafales, mais désormais l’alerte est donnée.
Pendant ce temps, Tilus tente toujours de faire sauter les chaines à l’aide de son épée tronçonneuse,
mais les dents de la lame ripent sur les anneaux.
-Allez, laisse tomber, on n’a plus le temps de s’en occuper désormais, on doit y aller, lui dit Syrius.
Déjà Séverina s’engage dans le couloir, enjambe les cadavres des cultistes et continue d’avancer,
Syrius la rejoint.
-Où est passé Conrad ? Lui dit-il.
-Je n’en sais rien, surement quelque part devant, il était dans le couloir il y a un instant, dit-elle en
continuant d’avancer prudemment.
-Putain c’est le seul à connaître la configuration des lieux et il se tire l’Empereur sait où !
Lui et Séverina arrivent au coude du couloir, ce dernier se sépare dans deux directions. Syrius repère
du monde à une trentaine de mètres dans la pénombre. Apparemment des cultistes s’embusquent dans
une salle à colonnade et semblent les attendre. Séverina prend l’autre couloir mais n’a pas le temps de
se mettre à couvert, des tirs venant de l’autre bout sifflent autour d’elle, trois impacts touchent ses
protections renforcées et la blessent légèrement, la forçant à revenir en arrière vers Syrius et se mettre
à couvert.
-Tu es blessée ? Lui demande Syrius voyant les traces d’impacts dans les protections de la sœur.
-Ce n’est rien, quelques éraflures, par contre la voie est bloquée par ici.
-Oui et de ce côté aussi, lui répond Syrius en jetant un coup d’œil vers le couloir, apercevant justement
quatre cultistes chargeant dans leur direction. Ajustant son pistolet mitrailleur, il lâche une rafale sur le
premier, Séverina fait de même avec son pistolet laser alors que les cultistes font feu totalement au
jugé de leurs pistolets d’appoint et brandissant de vicieuses lames dentelées. En un instant, le couloir
se transforme en enfer.

Conrad, rendu invisible par son sort d’illusion continue d’arpenter les couloirs, évitant tant que
possible les fusillades, se faufilant d’un corridor à un autre et s’aidant de la projection mentale qu’il a
des lieux. Il arrive au coin d’un couloir, des portes blindées sont fermées. Son sort lui demandant une
concentration telle qu’il ne peut rien faire d’autre qu’avancer lentement et prudemment. Il sait que
Tibaltus est détenu derrière l’une d’elle. Projetant ses facultés de télépathe, il se focalise sur l’esprit de
l’Interrogateur et l’appelle mentalement, lui signalant ainsi sa présence et lui demandant de manifester
la sienne. Venant d’une des portes, la deuxième sur sa droite, il perçoit des coups sourds tapés contre
la paroi. Désormais, Conrad sait que Tibaltus est là.

Tilus finit pas abandonner, cette maudite chaine résiste toujours et il lui faudrait plus de temps et le
matériel adapté ou bien tout juste la clé, se dit-il. Tans pis, il reviendra plus tard chercher les fillettes.
Refermant la porte et les laissant à leur triste sort, il repart prudemment dans le couloir. Sur son
chemin, une porte identique à la première, il pousse le verrou et l’ouvre en pointant son arme à
l’intérieur.
-Par le Trône tout puissant, mais combien y en a-t-il ? Se dit-il alors que la tête commence à lui
tourner.
Dans la cellule, deux autres fillettes d’à peine dix ans sont aussi enchainées. Elles sont dans le même
état que les premières.
Plus loin, à quelques dizaines de mètres de là, l’enfer s’est déchainé. Des cris, des décharges d’armes,
de la fumée âcre, l’odeur du sang. Tilus se rend compte que ça barde sérieusement et que le reste de
l’équipe est en difficulté. Il referme la porte et repart, fusil laser pointé, il avance rapidement et
retrouve Syrius et Séverina engagés face à plusieurs cultistes. Les hérétiques les chargent violement de
deux couloirs à la fois. Certains d’entre eux sont tombés dans les couloirs mais vite remplacés par
leurs compagnons frénétiques et totalement suicidaires. Tilus dégaine son épée tronçonneuse et
s’apprête à accueillir la prochaine vague d’assaut avec ses compagnons.

Conrad continue d’avancer lentement dans le sombre couloir, toujours invisible. Derrière lui, un

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violent combat est engagé et ses compagnons ont l’air d’avoir du fil à retordre, mais au moins
personne ne fait attention à lui. Et c’est tout ce qu’il cherche. Ce qu’il a aperçu au bout du couloir
l’intrigue. Devant lui se trouve une sorte de chapelle d’où il entend quelqu’un psalmodier.
S’approchant, il scrute discrètement l’intérieur sombre et faiblement éclairé de nombreuses bougies.
Un autel décoré de crânes humain est installé dans le fond, derrière l’autel se tient un personnage
habillé lui aussi de longues robes sombres sur lesquelles il porte une sorte de cuirasse décorée de
symboles hérétiques. Sur sa tête, une sorte de tiare décorée de cornes, il porte un masque grimaçant et
lit un grimoire posé à même l’autel. Des volutes d’énergie sombre se matérialisent autour de lui. Il
invoque quelque chose se dit-il. Autour de lui, dispersés dans la chapelle, se trouvent six cultistes
armés en embuscade, prêt à le couvrir en cas de danger. Conrad se coule dans les ombres du temple et
approche lentement de l’invocateur.

Séverina pare une des lames et d’un revers bien placé, frappe un de ses adversaire du pommeau de son
épée, d’un geste souple, elle embroche un autre assaillant, tandis que Syrius abat net un autre cultiste
quasiment à bout portant. Trois autres chaotiques se jettent dans la mêlée, les forçant à reculer. Le
corps à corps est brutal et violent. Syrius abat finalement son assaillant et Séverina parvient à tuer les
deux autres, mais avant que la vague suivante ne se jette sur eux, ils constatent que Tilus gît au sol
dans son propre sang, atteint d’une vilaine blessure en plein visage. Tandis que Séverina tient en
respect leurs adversaires, Syrius tente aussitôt des premiers soins sur Tilus. Lui sauvant la vie de peu,
Syrius constate que Tilus est tout de même hors combat sur ce coup-là.
-Séverina, on fait quoi ? La mission est un échec total, on ferait mieux de se replier !
-Je ne fuirais pas devant l’ennemi, lui lâche-t-elle en continuant de tirer.
-C’est du suicide ! Tilus est au tapis, Conrad a disparu, on ne tiendra pas, ce n’est pas mort que nous
servirons l’Inquisition et l’Empereur-Dieu, lui sort-il en l’attrapant par le bras, comme pour la faire
réagir. Elle le regarde fixement.
-Ok, on emmène Tilus et on décroche.

Syrius tente de porter Tilus tant bien que mal. Remontant ainsi les couloirs vers la sortie, Séverina les
couvre, pistolet laser pointé droit devant elle. Déjà elle perçoit du monde à leurs trousses à s’apprête à
les contenir lorsqu’ils perçoivent le bruit de décharges de rafales lasers venant d’un peu plus loin
devant eux. Les tirs ne semblent pas leur être destinés.
-Tâchons de nous mettre à couvert, je ne souhaite pas être prise dans un tir croisé, lance Séverina à
Syrius.

Conrad toujours sous les effets de son sort continue de longer les ombres dans la chapelle. Autour de
lui, sur les murs de pierres humides et sombres sont accrochés des trophées macabres, des restes
humains sont cloués sur les murs, des crânes grimaçants sont posés dans des niches, des sortes
d’étendards couverts de signes abjectes pendent des parois. Des idoles blasphématoires irradiant une
pure malveillance représentent les quatre divinités des dieux sombres.
Tandis que le sorcier continue d’invoquer, bien que totalement concentré à sa tâche, ce dernier relève
les yeux en fronçant les sourcils et semble lancer un regard dans la salle, comme à la recherche de
quelque nuisance inopportune. La haute coiffe qu’il porte, sorte de tiare flanquée de cornes serpentant
vers le haut est décorée d’une étoile à huit branches sur le devant. Le visage du sorcier est dissimulé
par une sorte de masque grimaçant couleur chrome en forme de crâne démoniaque à la mâchoire
inférieure proéminente et garnie de crocs.

Les cultistes, eux aussi nerveux et agités tentent de se focaliser sur l’entrée du temple et sur les bruits
de combat au-delà. Un des six cultistes présents donne d’ailleurs un ordre bref dans sa langue barbare
à ses sombres acolytes. Aussitôt, quatre d’entre eux se dirigent rapidement vers le couloir le plus
proche et s’engagent à la poursuite des compagnons de Conrad. Ce dernier est désormais à quelques
pas de l’invocateur. Sans se faire voir il laisse tomber un des cierges qui entourent le lutrin sur lequel
est posé l’énorme grimoire que lit le sorcier.
Le cierge tombe en plein sur le livre ouvert, répandant copieusement sa cire noire et brulante sur les
pages aux inscriptions maléfiques écrites en lettres de sang, interrompant par la même occasion le
rituel en cours.

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Chapitre XIII

+++L’insolente éfficacité de Skeld+++


+++Un rituel interrompu+++
+++Annonce officielle+++

Alors que Séverina allait faire feu de son arme sur l’intru qui venait d’apparaître dans l’ombre au
coin d’un couloir, elle réalise aussitôt qu’il s’agit là de Skeld. Le fusil radiant du cadien encore
fumant, il lui adresse un large sourire en enjambant les deux cadavres transpercés.
-Alors sœurette, besoin d’un coup de main ?
Séverina baisse aussitôt son arme et fronce les sourcils.
-Tu n’étais pas censé garder notre véhicule dans la rue, toi ?
Skeld remonte le couloir en inspectant les alentours, passe à leur hauteur et inspecte les couloirs
suivants d’un œil exercé et attentif.
-Dis tout de suite que ça ne te fais pas plaisir de me voir, lui lance-t-il, sûr de lui, j’ai du abandonner
mon poste car ça commençait un peu à grouiller de gars en bordeaux là-haut, tu sais nos potes les
PDF.
Skeld jette un œil rapidement à Tilus toujours inconscient et à sa vilaine blessure au visage.
-Tu crois qu’ils en avaient après nous ? Lui demande Syrius à propos des PDF.
-Aucune idée, j’ai pas pensé à leur demander.
-On pourrait peut-être les attirer ici, ils pourraient nous aider à finir le boulot ? Lui répond le psyker.
- C’est ça, et adieu Tibaltus…Nan, on va se charger de ce boulot nous-mêmes. Dis-moi, ça a bardé ici,
même l’autre psychopathe de Tilus s’en est pris plein la tronche. Et Conrad il est où ?
-On n’en sait rien, lui répond Séverina.
Skeld se saisit de son vox.
-De toute façon, maintenant qu’ils savent qu’on est là, être discret ne sert plus à rien.

Le sorcier, pris d’effroi et de rage se met aussitôt à crier et à gesticuler, tentant tant bien que mal de
retirer délicatement la cire sur les pages du grimoire millénaire. Une chance que les lignes d’écriture
du livre maudit aient une conscience propre se dit-il en voyant les mots composants les phrases neuf
fois maudites se torde et s’animer en chuintant, cherchant à éviter la cire qui continue de couler sur les
pages faites de peau humaine. Malheureusement pour lui, le rituel a été interrompu, ce signe ne peut
être qu’un mauvais présage, se dit-il en lançant un regard suspicieux sur les ombres alentours.
Se glissant discrètement dans une alcôve, Conrad emprunte alors un passage et ressort du temple par
un couloir, plus loin sur sa droite se trouve une porte blindée semblable à celle par laquelle ils sont
arrivés. Conrad, épuisé par le sort qu’il continu de maintenir, s’y dirige lentement.

Skeld allait appeler Conrad mais déjà deux cultistes viennent de faire irruption au détour d’un couloir
devant lui, brandissant leurs armes et faisant feu ils se mettent à bondir dans sa direction. Le cadien
lève brusquement le lourd fusil laser compact et lâche deux puissantes et rapides rafales renvoyant les
deux sectateurs du chaos deux mètres en arrière et auprès de leurs sombres dieux.
Aussitôt quatre autres les enjambent en braillant des phrases impies, prennent leur place en se ruant
dans les couloirs, faisant feu de toutes leurs armes.
Séverina et Skeld unissent leur puissance de feu pour les maintenir à distance, en abattant deux en
plein couloir, malgré cela leurs deux autres compagnons leur passent par-dessus, continuent de charger
et se retrouvent aussitôt au contact, lames brandies. Séverina s’interpose entre eux et Syrius qui
remonte désormais le couloir avec Tilus. L’ex-sœur de bataille plonge entre les deux cultistes, épée
levée, sa rage décuplée de se retrouver ainsi confrontée à l’ignominie perfide du Chaos. Une telle
souillure ne peut qu’être lavée par la force de la foi et dans le sang. Au cœur du combat, Skeld en perd
son casque, fendu en deux, mais lui sauvant son crâne. A ce moment il voit la sœur retirer sa lame du

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corps du deuxième cultiste qui glisse le long du mur pour finalement s’effondrer à côté du cadavre de
son compagnon décapité.

Skeld et ses compagnons sont contraints de se mettre à couvert. Le cadien reprend alors son vox et
appelle Conrad. Au passage il récupère l’épée tronçonneuse de Tilus.
-C’est Skeld, je suis dans le complexe avec les autres, t’es où ?
-J’ai trouvé où est détenu Tibaltus, mais je ne vais pas pouvoir le libérer sans attirer l’attention des
cultistes, j’ai tenté d’interrompre un rituel, je ne sais pas combien de temps cela va fonctionner,
sauvez-vous, je tente de trouver une autre issue, on se retrouve dehors.
Skeld lance un regard interrogateur à Syrius et Séverina.
-Il a trouvé où est enfermé Tibaltus mais veut qu’on décroche, on fait quoi ? Vous voulez vraiment
partir maintenant qu’on a fait tout ça ?
-Oui, lui répond Syrius, Conrad a raison, ils sont trop nombreux, Tilus est à moitié mort, Séverina est
blessée et je suis épuisé, cela affecte mes sorts, le mieux est de se replier, nous reviendrons dans de
meilleurs conditions.
-Je ne suis pas d’accord, nous n’aurons justement pas de meilleur occasion, si nous revenons plus tard,
cet endroit sera vide et tout cela n’aura servi à rien. De plus Séverina n’a pas l’air si mal en point que
cela, répond alors Skeld.
Séverina relève une mèche de ses cheveux de son visage en sueur. Du sang, celui des cultistes, coule
encore le long de sa lame. Sur ses vêtements moulants renforcés marqués d’impacts, le sien y a laissé
aussi des marques sombres. Skeld l’observe un instant et sans détourner son regard, demande à Syrius
à voix basse.
-Vous en avez déjà éliminés combien ?
-Une bonne dizaine je dirais, peut-être plus.
-Avec ces deux là, ça fait vingt-deux, répond calmement Séverina.
Skeld fait un petit sourire et reprend son vox.
-Conrad, combien tu as croisé de types là où tu es ? Reprend-il.
-Une dizaine, je dirais, lui répond le psyker, le souffle court.
-Une dizaine, il y a combien de temps ?
-J’en sais rien, il y a quelques minutes je pense.
-Et là tu en vois encore combien ?
-Y en a encore deux planqués dans la chapelle, sans compter l’invocateur. Mais je ne suis pas allé dans
les autres parties du complexe, il doit y en avoir d’autres cachés quelque part.
-Et initialement, on sait combien ils étaient ?
-Apparemment une vingtaine, lui répond Conrad.
Skeld se met alors à sourire, trois, ils ne sont plus que trois.
-C’est entendu, bon boulot le sorcier, on ne décroche pas, on finit le job. Donne-moi ta position, on te
rejoint.
-Suis le couloir devant toi, première à gauche puis deuxième à droite et tout droit.
Skeld coupe la communication et se tourne vers ses compagnons.
-On laisse Tilus ici, il va nous ralentir, on le récupèrera plus tard, en route.
-Non, on ne laisse personne, imagine qu’on ne puisse pas revenir, lui répond Syrius.
-Il a raison, lui lance alors Séverina, je passe devant, Skeld tu me couvres. Syrius suivra derrière avec
Tilus sans s’exposer.
Skeld ne peut qu’acquiescer. Et puis l’idée d’avoir les courbes attrayantes de Séverina ainsi dans son
champ de vision n’est pas non plus pour lui déplaire. Le petit groupe progresse ainsi dans les couloirs
sombres, le plus discrètement possible.

Se rendant compte que la porte blindée est verrouillée et ne disposant d’aucun moyen pour l’ouvrir,
Conrad décide bien malgré lui de rebrousser chemin, arpentant de nouveau le couloir par lequel il est
venu. Soudain, au détour du passage menant à la chapelle, il perçoit des bruits de pas précipitées. Il se
plaque dans les ombres contre un renfoncement et maintient son sort activé. Une silhouette débouche
aussitôt et s’engouffre dans le couloir. Il s’agit de l’invocateur. Sans même regarder devant lui, ce
dernier maintient serré contre sa poitrine l’énorme grimoire, il regarde par-dessus son épaule, comme
s’attendant à voir surgir des poursuivants. De sa main libre, il tient un pistolet laser ouvragé. Passant à

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hauteur de Conrad, celui-ci tente de le faire trébucher mais le sorcier du chaos, visiblement assez
alerte, l’évite de justesse et réalise aussitôt sa présence. Le sort de Conrad n’est plus maintenu. Vif
comme un serpent, le sorcier pointe son pistolet laser en plein vers le visage du psyker.

Séverina se plaque contre un des murs. Par le passage ouvert, elle aperçoit deux cibles. Elle fait un
signe à Skeld, ce dernier la rejoint alors dans le couloir et jette un œil.
De l’autre côté, toujours en embuscade, les cultistes ouvrent le feu aussitôt, l’obligeant à se mettre à
couvert en jurant.
Tenant son arme d’une main, la faisant passer dans le couloir et tirant sans même regarder, Skeld lâche
une série de rafales, arrosant le couloir et la chapelle. Ne sachant si c’est par chance ou par pure
adresse, les deux cultistes, le corps traversé de part en part sont accueillis par le châtiment qu’ils
méritent.
Skeld se relève avec un petit sourire satisfait et se dirige alors vers la chapelle, arme pointée et prêt à
faire feu sur tout ce qui bouge. Du bout du pied, Skeld retourne les corps, s’assurant qu’ils sont bien
morts.
-Qui a dit qu’on devait fuir et que ces types étaient des coriaces ? Dit-il.
-Ne fanfaronne pas trop le cadien, on a déjà affronté le gros de leur effectif avant que tu arrives, tu as
juste eu une chance incroyable, c’est tout, lui répond Séverina qui le rejoint dans la chapelle. Skeld lui
fait un large sourire charmeur.
-La chance n’y est pour rien ma belle…mais ça me touche que tu sois impressionnée…
Soudain, il s’interrompt et brandit son arme, faisant signe de faire silence, depuis un couloir il perçoit
du bruit.

Le sorcier fut rapide sur ce coup-là mais Conrad le fut juste légèrement plus. Son pistolet à aiguilles
était déjà pointé vers sa cible. Il tire aussitôt alors que le pistolet laser de l’invocateur se pointe vers
lui. Malheureusement le tir de Conrad est alors dévié par l’arme du sorcier et rate sa cible. Avec un
rictus mauvais, le sorcier presse sur la détente et ouvre le feu sur Conrad à bout portant, mais ce
dernier l’évite in extremis en se jetant de côté. Dégainant sa lame sacrificielle, le sorcier se jette alors
sur sa proie, les yeux injectés de sang, un rictus de haine derrière son masque effroyable, prêt à
l’égorger. Conrad n’a qu’une fraction de seconde devant lui pour réagir. Réalisant qu’un tel invocateur
ne sera pas simple à affecter psychiquement, il focalise ses pouvoirs au maximum, faisant crépiter
l’énergie autour de lui et lance sur son assaillant une véritable onde de choc mentale.

Même la puissante psyché de l’invocateur ne peut résister et se brise à l’impact, laissant passer au
travers de ses défenses un tel choc qu’il en reste totalement sonné, hébété, figé en plein milieu du
couloir et stoppé en plein élan. Le sorcier tente de résister au sort mental, puisant lui aussi dans les
ressources corrompues du warp, il en appelle alors aux Puissances de la Ruine. Luttant de toutes ses
forces, crispé par la douleur, sa lame sacrificielle lui glisse alors des mains et tombe en tintant sur les
dalles de pierres aux pieds de Conrad qui s’affaisse au sol, vidé totalement de son énergie.
Il a à peine la force d’apercevoir d’autres silhouettes arrivant comme au ralenti avant de perdre
connaissance un instant.
Skeld arrive en courant dans le couloir, suivi par Séverina et Syrius. Voyant la scène, il décroche
l’épée tronçonneuse de Tilus et l’active, toujours en courant. Conrad est au sol, au dessus de lui se
trouve un sorcier du chaos bougeant comme au ralentit. Il ne comprend pas vraiment ce qu’il se passe
mais pour avoir déjà été confronté à ce genre de sombre individu durant la 13ème Croisade Noire,
Skeld ne se pose pas de question, d’un geste circulaire, il le décapite net.
La tête du sorcier, toujours casquée, roule un peu plus loin dans le couloir tandis que son corps
désormais sans vie et crépitant d’énergies s’affaisse au sol, répandant ses fluides immondes alentours.

Skeld et Séverina sécurisent la zone, visiblement il ne semble plus rester personne dans les environs.
Conrad reprend progressivement ses esprits et se relève pour voir Skeld sur le point de ramasser
quelque chose au sol. Le grimoire du sorcier.
-Non, n’y touche pas, ce livre est maudit, lui dit alors Conrad.
-Je m’en doute bien, c’est pour ça que je vais le cramer, lui répond Skeld. En s’aidant de bandes de
tissus récupérées plus loin pour soulever le grimoire, puis le maintenant en équilibre, il l’emmène vers

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la chapelle toute proche, ses compagnons le suivent.
Une fois à l’intérieur, Skeld se dirige vers un des braseros sur trépied qui éclaire la chapelle et y jette
le grimoire. Le livre ancien se met aussitôt à s’embraser. Une plainte déchirante s’élève alors des
flammes tandis que le grimoire se met à se tordre et à se débattre en couinant tel un animal à l’agonie.
Les flammes du brasero se mettent alors à gronder, prenant une teinte noire violacée anormale.
Séverina se met à reculer en fronçant les sourcils au moment où une puissante onde de choc secoue
toute la salle. Tilus et Conrad sont projetés violemment contre les murs. Séverina et Syrius n’ont que
le temps de plonger dans le couloir à côté d’eux afin d’éviter la déflagration. L’explosion psychique a
littéralement soufflée l’intérieur de la chapelle. Par-ci, par-là des lambeaux de voiles et morceaux de
mobiliers jonchent le sol tandis que des objets finissent de se consumer dégageant une fumée âcre.
Skeld, un peu sonné se relève de parmi les débris en toussant, il ramasse son matériel et essuie la
poussière qui recouvre son uniforme désormais en piteux état, couvert de sang de plusieurs personnes
en plus du sien, sans compter les trous et autres impacts. Conrad se relève aussi en toussant, Skeld
vient l’aider. Syrius et Séverina les rejoignent.
-Pas de blessés ? Demande Syrius.
- Non ça va mais ne traînons pas, lui répond Skeld. Alors, on va le sortir ce Tibaltus ?

Arrivés devant la porte blindée de la cellule, Conrad fait alors signe à ses compagnons.
-C’est ici, leur dit-il.
-Tu es sûr qu’il est là-dedans ? Lui répond Skeld.
-Certain, lui lance Conrad.
Tandis que Séverina et Syrius surveillent les alentours, Skeld inspecte rapidement la porte. Puis
prenant le trousseau de clés récupéré sur les cultistes, cherche celle qui correspond et finit pas la
trouver. La porte s’ouvre enfin. Skeld entre prudemment dans la cellule plongée dans le noir total. Il y
fait moite et tiède, presque chaud. Conrad le rejoint, portant une torche. Ce qu’ils voient les saisissent
d’effroi.
Au-delà de l’odeur répugnante, mélange de mort et de chairs brûlées, le sol de la cellule de quelques
mètres carrés est jonché d’ossements humains calcinés. La pièce en elle-même semble avoir subit le
feu. De l’humidité suinte des murs et du plafond. Au fond de la pièce accroché au plafond par un palan
et couvert de chaines, se trouve le corps d’un homme adulte aux chairs recouvertes de plaies et de
brûlures suintantes. L’homme semble mort ou peut être inconscient. De la vermine grouillant sur le sol
s’empresse de décamper sur leur passage. Skeld jette un œil sur les chaines rouillées et cadenassées.
-Par le Trône, il est dans un sale état.
Puis se dirigeant vers le palan en faisant craquer les os brûlés sous ses pas, aidé de Conrad, il décide
de lentement faire descendre leur compagnon. Suite à quoi ils lui défont ses chaines qui ont laissées de
profonds stigmates dans ses chairs et le portent en dehors de la cellule. Conrad l’ausculte rapidement
et lui injecte une dose d’Endomorphine. Aidé de Syrius et Séverina, ils lui recouvrent le corps de
bandages contraseptiques issus de leur Medi-pack.
Pendant ce temps, Skeld part inspecter les autres portes adjacentes.
Il s’agit d’autres cellules contenant aussi des prisonniers.
Dans la plus proche, il trouve deux FDP, ligotés, hagards, l’air un peu dans le vague, ils ne réagissent
même plus tandis que Skeld les détache.
-J’en ai trouvé deux autres par ici, ils sont en vie, lance-t-il à ses compagnons.
Puis il retourne dans le couloir et se dirige vers les autres portes.
Dans la suivante, il trouve deux corps qui ont été torturés, leur peau et leurs yeux arrachés.
Visiblement, vu les restes d’uniformes et de grades, il devait s’agir d’officiers de FDP. Skeld referme
la porte, les deux malheureux ont heureusement succombés à leurs tortionnaires il y a déjà quelques
heures de cela.
Une autre porte donne aussi sur une cellule, là se trouve un jeune homme et une jeune femme, ils sont
nus, torturés eux aussi, il doit s’agir de clercs de l’Administratum d’après ce qu’il reste de leur robes
beiges claires au sol. Pendue au plafond par la gorge à un crochet de boucher, la jeune femme est
décédée, vidée de son sang et de ses organes tels ces animaux finissant dans les cités-abattoirs.
L’homme semble encore bouger, malgré ses yeux arrachés, ses mains et ses pieds tranchés. Il décédera
lui aussi avant même que Skeld n’ait eu le temps de lui parler. Il ressort, affecté par les scènes
horribles de ses corps mutilés et découpés et se dirige vers une autre porte et l’ouvre.

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Là il ne rentre même pas, il se précipite dans le couloir et se met à vomir, le corps pris de violents
spasmes. A l’intérieur, deux fillettes d’à peine douze ans, un peu comme celles trouvées en entrant par
Tilus, se sont tranchées les veines avec un morceau de verre et ont attendues patiemment la mort,
serrées l’une contre l’autre, préférant en finir rapidement.
Skeld, un peu mal en point rejoint ses compagnons, trainant avec lui les deux soldats des FDP.
- Laisse-les-nous, on va s’occuper d’eux, lui dit Syrius
-Tibaltus ? Leur demande Skeld à mi-voix.
-Il est vivant, mais en mauvais état, j’ignore ce qu’il a subit mais il va avoir besoin de soins importants
lui dit Conrad.
-Ok…je vais jeter un coup œil dans les autres salles et on fiche le camp d’ici.
-Je viens avec toi, lui dit Syrius, de plus on a laissé des fillettes dans une cellule, Tilus voulait qu’on
les sorte de là.
Skeld et Syrius repartent donc faire un repérage des lieux tandis que Séverina et Conrad finissent de
soigner Tibaltus.
Skeld finira par trouver dans une salle forte quelques caisses d’explosifs ayant été volées aux FDP.
Des charges de Fycelène et quelques grenades qu’il récupère. Un stock d’armes appartenant aux
cultistes ainsi qu’un laboratoire contenant divers substances qui ne lui évoquent rien qui vaille. Il n’y
touchera pas. Pendant ce temps, Syrius découvre une bibliothèque emplie de livres, grimoires et
fascicules d’endoctrinement. Apportant une torche, il s’empresse d’y mettre aussitôt le feu. Satisfait de
voir les rayonnages de livres brûler aussi bien, il ressort de la pièce en refermant la porte et retrouve
ses compagnons au détour du prochain couloir. Déjà une fumée épaisse commence à monter au
plafond et se répand rapidement. Skeld pour sa part vient de mettre la main dans une salle sur des
documents estampillés de l’Aquila, les fourrant dans une pochette, il emmène le tout.
Conrad et Séverina, portant Tibaltus, rejoignent Skeld accompagné des quatre fillettes rescapées et des
deux soldats qui soutiennent Tilus.
Conrad ouvre grand ses yeux et parait stupéfait.
-Il y a le feu quelque part ?
-Oui, j’ai découvert une bibliothèque emplie de livres blasphématoires et l’ai incendiée, lui répond
Syrius, assez satisfait.
-Mais tu es complètement crétin ou quoi ? On est dans un dédale de couloirs sous terre, on ne sait
même pas ou se trouve la sortie et toi tu nous fous le feu !
-Ça va, si on rebrousse chemin, on devrait avoir le temps en faisant vite de rejoindre la porte par
laquelle comptait fuir l’invocateur, leur répond Skeld. Foutre le feu à tout ce merdier peut justement
être la bonne idée.
Traînant tant bien que mal leurs blessés, qui les ralentissent considérablement, le petit groupe parvient
à rejoindre l’endroit évoqué par Skeld. Ce dernier entreprend de fouiller les robes de l’invocateur
décapité. Autour d’eux la fumée commence à se rependre par grosses volutes menaçantes.
Skeld continue de fouiller nerveusement mais ne trouve rien, finalement, repensant au trousseau qu’il
a sur lui, il se dirige vers la porte, mais aucunes des clés ne correspond. La fumée gagne désormais
l’endroit où ils se trouvent et commence à les envelopper doucement, les faisant tousser.
Conrad se tourne vers Syrius, le regard noir.
-Ha bravo, et on fait comment maintenant ?
-Ecarte-toi, Skeld, je vais tenter autre chose.
Syrius approche de la porte en tendant ses mains, laissant se canaliser les courants du warp le long de
ses membres. Conscient du risque encouru en un tel lieu, Syrius déchaine les énergies contenues en lui
sur la porte. Mais rien ne se passe.
Soudain les quatre fillettes se mettent à crier, tout autour d’eux, dansant dans les volutes de fumées se
détachent des figurent fantomatiques. Les âmes corrompues et damnées des morts ont été réveillées
accidentellement par Syrius et se déplacent en ondulant doucement, répandant la peur dans leur
sillage.
Skeld se met aussitôt à hurler, faisant passer son arme en full-automatique, et arrose les couloirs
environnants de décharges laser en rafales, traversant les spectres grimaçants qui n’en rient que de plus
belle. Ses compagnons se jettent au sol, protégeant les blessés et les fillettes, les couloirs plongés dans
l’obscurité due à la fumée, sont soudain éclairés sporadiquement par des éclairs de laser
stroboscopiques. Pendant ce temps, Syrius, reprenant ses esprits, se concentre de nouveau et retente la

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même chose. Cette fois-ci le sort fonctionne, faisant sauter le verrou et ouvrant la porte dans un
grincement métallique. Tout le monde s’empresse alors de quitter ce lieu de cauchemar du plus vite
qu’il le peut.
Quinze bonnes minutes plus tard, après avoir arpenté des tunnels d’égout puants, plongés dans une
quasi-obscurité totale, Skeld finit par trouver une sortie. Débouchant dans un autre quartier de la ville.
Ce sera Syrius qui les repèrera, indiquant qu’ils sont environ à deux kilomètres de l’endroit où est
garée la voiture. Ce sera d’ailleurs lui qui ira la chercher, laissant ses compagnons dissimulés dans
l’arrière-cour d’un vieux bâtiment. Dans certains quartiers de la ville désormais abandonnée, les
patrouilles de FDP semblent s’intensifier. En direction de la côte, le bruit des bombardements gronde,
illuminant le ciel nocturne de flashs sporadiques.
Conrad est alors pris à part par ses compagnons alors que Syrius part chercher leur véhicule.
-Tu pourrais faire tes trucs de psykers sur eux, idée de voir ce qu’ils sont devenus, ils ont l’air un peu
bizarre, non ? Lui demande Skeld à voix basse, en parlant des FDP.
-Quels trucs ? Lui répond Conrad.
-Tu es télépathe, non ? Lire les pensées, tu sais faire il me semble, lui lance alors Séverina d’un air
sarcastique.
-Je comptais bien m’en occuper, rajoute Conrad.
Il projette aussitôt son esprit vers les deux soldats, tandis que le premier semble hermétique, le second
n’oppose aucune résistance mentale.
Au bout de quelques instants Conrad se tourne de nouveau vers ses compagnons.
-J’ai comme l’impression qu’ils ont été sans doute drogués, sous l’effet d’un sort ou bien d’un
conditionnement.
-Et c’est censé faire quoi ? Lui demande Skeld à voix basse.
-Sur l’activation d’un certain stimulus, j’ai comme l’impression qu’ils seront alors poussés à se
suicider ou quelque chose comme ça, lui répond Conrad.
-Quel peut être ce stimulus ? lui demande Séverina.
-Je l’ignore, j’imagine que seuls les cultistes le connaissaient, répond Conrad.
-Cela pourrait se tenir, répond Séverina, des gens poussés au suicide, des explosifs, les attentats-
suicides dernièrement…
-Oui, des bombes humaines, voilà ce que ces fumiers de chaotiques en faisaient, lance alors Skeld.
-Bon, que fait-on d’eux et des filles ? Demande Séverina.
-On les laisse ici, nous ne pourrons pas nous en occuper, la priorité est notre mission ainsi que la
protection d’Ezekiah et Tibaltus, répond Skeld.
-Il a raison, de plus on n’aura pas la place d’emmener tout le monde dans la voiture, rajoute Conrad, il
nous faut les abandonner.
-D’accord, mais les deux soldats peuvent être de potentiels dangers, et l’Empereur seul sait ce que
vont devenir les fillettes, répond Séverina.
-Ecoute, dans quelques heures, les troupes de Mekton Zeta seront là, ou peut être pire encore, c’est
malheureux mais nous n’y pouvons rien, il faudra alors que nous soyons loin. Le mieux que l’on
puisse faire avec ces soldats et les fillettes est que nous les orientions vers une des patrouilles FDP, ils
les récupèreront et se chargeront de les évacuer.
-Conrad a raison, lui répond alors Skeld. On les laisse aux patrouilles et on se tire d’ici.
Séverina semble réfléchir un instant.
-Je ne suis pas vraiment pour, mais je crois que nous n’avons en effet pas vraiment le choix.
Quelques instant plus tard, Syrius les rejoint avec leur véhicule, les blessés sont chargés à bord, les
soldats et les fillettes sont laissés à un carrefour alors que deux blindés légers des FDP de modèle
Chimère apparaissent au coin d’une rue. Le reste de l’équipe embarque à bord de la voiture qui file
désormais tous feux éteints en direction des quartiers ouest de la ville, là où se trouve leur villa.

Une heure avant l’aube, l’équipe, meurtrie et épuisée retrouve Hephastos et Ezekiah. Ce dernier
communique alors par télépathie avec Conrad, apprenant ce qui vient de se passer et remerciant
l’équipe d’avoir retrouvé et libéré l’interrogateur Tibaltus.
De plus, avoir supprimé une cellule active de sectateurs du chaos ne peut qu’attirer l’attention toute
particulière de l’Inquisiteur. Ezekiah souhaite désormais que son équipe s’attelle au plus vite à
démasquer le complot orchestrée par cette organisation secrète appelée les Ombres et qui semble tirer

Campagne Badab Page 98


bien des ficelles, car il leur reste peu de temps avant que la situation ne bascule sur Badab. Plus que
jamais, son équipe va avoir besoin d’agir dans la clandestinité et malgré cela, va avoir besoin de
trouver un solide soutien.
Tibaltus est installé dans une chambre, malgré son état, il semble reprendre timidement connaissance,
son état s’améliore déjà un peu et parait visiblement heureux de retrouver ses compagnons. Il semble
cependant assez surpris de voir qu’il y a de nouveaux membres dans cette équipe.
Le groupe s’accorde alors quelques heures de repos, suite à quoi ils devront lever le camp rapidement
et rejoindre la capitale Badab City afin de rencontrer le contact de Syrius sur place, une certaine
Yamilla.

Cela ne faisait pas plus de trois ou quatre heures qu’ils s’étaient endormis d’un sommeil lourd,
qu’Hephastos réveille toute la maisonnée en catastrophe. Ses compagnons, encore engourdis et privés
de véritable sommeil depuis plusieurs jours, ont du mal à se mettre en condition. Comme à leur
habitude, due à leur formation militaire, Séverina et Skeld sont rapidement opérationnels. Le
technoprêtre les réunit tous dans le salon de la villa.
-Par tous les Saints de Terra, on peut enfin savoir ce qui se passe, les eldars noirs sont dans le jardin ou
quoi ? Lui demande Skeld.
En guise de réponse, Hephastos tout excité, fait signe à ses compagnons de se taire, leur montrant son
servo-crâne qui flotte à côté de lui et qui se met à émettre une série de pépiements électroniques
frénétiques.
-Ecoutez tous, leur dit-il, Ardo vient de capter ça sur son auspex, c’est diffusé en boucle depuis trente
minutes apparemment !
-Qui est Ardo ? Demande Séverina.
-C’est son servo-crâne, répond Conrad. Bon et alors…on ne comprend rien à son techno-charabia de
toute façon…
-Par l’Omniscience, suis-je bête, vous n’avez pas encore reçu vos améliorations et nul d’entre vous ne
connaît le binaire, leur répond Hephastos. Ses compagnons le regardent d’un air fatigué.
-Bon et ça dit quoi ce message ? Lui demande Syrius.
Hephastos s’éclairci la voix et allume le projecteur holopix du salon. Une mosaïque d’images apparaît
sur l’écran cathodique cerclé de bronze. Chaque image correspond à un réseau de média local et
chaque image montre la même chose. Hephastos en sélectionne une au hasard et l’agrandi.
Il s’agit visiblement d’un flash spécial diffusé largement sur toutes les ondes.
Un personnage familier, au port noble et fier s’adresse du haut d’une tribune palatiale. Il s’agit du
Techno-Prince Ishmael. Entouré de dignitaires et de gardes du corps en armure intégrale, il est
accompagné d’une jeune femme plutôt charmante que les compagnons d’Hephastos identifient comme
étant la Méta-Magnat Callida-Flavia Deatrix, un des bras droit d’Ishmael, elle-même à la tête d’un
puissant réseau d’esclavage et de prostitution et épouse de Nicodemo Solomon un des autres dirigeants
de Mekton Zeta. D’après Séverina, sans doute la fameuse « putain intrigante » des messages laissés à
leur attention.
Le message d’Ishmael est passé en boucle.

« A tous les citoyens de Badab, cette nuit à 04h35 heure locale, le gouvernement corrompu de Victus
Callidon a abdiqué. Le régime libre et uni de Mekton Zeta est donc le seul et unique pouvoir en place.
Moi, Prince Enoch Lazarus Ishmael, assume désormais les pleins pouvoirs sur Badab, unifiant par la
même occasion le continent sud au continent nord.
Citoyens. Trop longtemps vous avez été trompés et trahis par un régime faible et corrompu,
administrés par une noblesse décadente et avide.
Callidon et ses ministres auront été victimes de leur cupidité et d’une gestion catastrophique des biens
et moyens mis à disposition par le Trône de Terra et par le Tout Puissant Clergé de Mars.
Par cet acte, je mets fin à cette guerre qui nous divise depuis trop longtemps. J’ordonne à toutes les
troupes gouvernementales aveuglées et restées encore fidèles à l’ancien régime, de déposer les armes
sur le champ et de se constituer prisonniers à nos soldats. Au sein des forces armées
gouvernementales qui nous ont déjà rejoints, une purge nécessaire est d’ors et déjà instaurée afin de
déceler les risques de sédition et de trahison.
Nous n’accepterons aucun compromis. Refuser de se soumettre n’est pas une option.

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Le Senatorum Imperialis du Secteur Mundus a d’ores et déjà été informé ce matin à la première heure
par liaison astrotélépathique de mes nouvelles fonctions. J’ai assuré les Hautes instances de
l’Administratum, du Departmento Munitorum, du Mechanicus et du Saint Ministorum de l’entière
fidélité de Badab à leurs Adepta.
Ils ont accusés réception et en ont pris acte.
Par cette décision forte, nous garantissons à tous les citoyens déjà meurtris par ce conflit, un retour à
l’ordre et à la justice dans les plus brefs délais. Un prochain message devrait vous indiquer les
nouvelles règles auquel chacun d’entre vous devra se soumettre pour le bien de tous et pour que la
volonté de Terra et de Mars soit appliquée. »

Devant la situation qui vient de changer de façon brutale et radicale, le petit groupe en reste totalement
abasourdi. Hephastos rediffuse les images en boucle sur différents canaux puis finalement coupe le
poste. Ses compagnons s’assoient autour de la table du salon. Skeld sort dans le jardin s’allumer un
cigalho, malgré le ciel chargé de nuages sombres et la bruine qui commence à tomber.
-On fait quoi concrètement ? Demande Conrad.
-Comment ça on fait quoi ? Lui demande Syrius.
-Je veux dire…on devait se rendre à la capitale aujourd’hui et vu ce qui vient de se passer, ce n’est
peut être pas le moment.
-Conrad a raison, répond Séverina, on ferait bien de savoir ce qui se passe là-bas avant d’y aller.
-Appelle ta copine Yamilla, il faut qu’elle nous fasse un point sur la situation, dit alors Conrad.
Syrius acquiesce et se lève, il prend son vox et sort de la pièce.
Il revient au bout de deux minutes, la mine sombre et rejoint ses compagnons qui l’interrogent du
regard.
-C’était rapide, lui dit Conrad.
-Elle a à peine pu me parler, j’ai entendu des tirs autour d’elle, ils étaient en plein combat.
-Tu veux dire que du monde se bat encore dans la capitale ? Lui répond Séverina.
-Cela ne colle pas vraiment avec le discours d’Ishmael, lance alors Conrad.
-J’en étais sûr. Le discours d’Ishmael m’a paru en effet bien trop lisse. A l’entendre, les forces
gouvernementales ont déjà capitulé et aucune résistance ne semblait à craindre. Ce qui finalement
n’est pas le cas, répond Syrius
-C’est intéressant de constater que du monde résiste. Certains loyalistes pourraient éventuellement
nous aider. Reprend Séverina.
-En effet…à ce sujet, nous ne savons rien sur ce qui est arrivé au Gouverneur Callidon et à ses
ministres ? Demande Conrad.
-Nous n’en avons pas la moindre idée et à l’évidence il faudra que nous nous en occupions. Il est clair
que notre situation est préoccupante. Je crois qu’il est temps de se poser un peu et de réfléchir à la
façon d’aborder la suite.

Chapitre XIV

+++Un point sur la situation+++


+++Dame Ophidia+++
+++Dernières confessions d’un barman+++

Les trois compères se posent autour de la table, l’air soucieux. Dans le jardin, assis contre un des
appentis, Skeld s’allume un nouveau cigalho, indifférent aux discutions comme d’habitude, il préfère
rester là. Hephastos sentant la température et le niveau d’humidité ambiant baisser, allume un feu dans
la cheminée, puis laisse ses compagnons en s’excusant, il a veillé toute la nuit et a besoin de recharger
ses accumulateurs internes. Il part donc se connecter au transformateur de la villa.

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Syrius sort les différents carnets et documents réunis jusque là, il les dispose sur la table, prend
plusieurs feuillets de parchemin ainsi qu’une électro-plume trouvés dans un meuble du salon.
-Bien, reprenons, dit-il, nous allons faire un point sur les différents éléments que nous avons trouvé
jusque-là.
Quelques heures plus tard, Syrius, Conrad et Séverina sont parvenus à dresser un tableau assez
représentatif de la situation qui finalement est plus complexe qu’elle ne semble le laisser croire.
-Bien, reprenons tout cela depuis le départ, annonce Syrius en se frotant les yeux. Il y a trois mois de
cela, l’Inquisiteur Ezekiah répond à un de ses collègues, l’Inquisiteur Dante qu’il vient de repérer le
Morning Star, vaisseau d’Abdul Golderg, un Libre-Marchand renégat qui fait surface dans le secteur
Badab. Dante était alors sur sa trace depuis le secteur Cadien. Ezekiah suit sa piste sur Badab avec sa
première équipe, il met en lumière le fait qu’un conflit de plusieures années déchire les deux
principales puissances économiques de la planète. D’un côté un cartel économique administré par les
proches du gouverneur en place, de l’autre un techno-cartel géré par des nobles locaux. Très vite
Ezekiah se rend compte qu’un complot interne vise certains proches du gouverneur à profiter de cette
guerre civile pour destituer le pouvoir en place. Ezekiah demande alors à sa deuxième équipe (vous, en
l’occurrence) de le rejoindre sur place. Entre temps, il nous recrute, Tilus et moi pour mener une
enquête sur les dirigeants de la planète.
Ezekiah est entre temps démasqué et capturé, et ce, malgré le fait qu’il travaillait sous couverture et
soit entouré d’agents professionnels.
-Oui, ce qui prouve bien que ceux en face, possèdent des moyens assez conséquents, reprend Conrad.
-En effet, acquiesce Syrius. On apprendra que ceux qui ont fait ce coup sont des mercenaires arrivés
justement avec ce fameux Goldberg. Qui leur a demander de faire ça et que viennent-ils faire ici ? Ils
sembleraient travailler pour une organisation occulte se faisant appeler « les Ombres », dont le but
serait de prendre sans doute le pouvoir sur Badab, mais ont sans doute aussi d’autres motivations et
dont les mystérieux responsables seraient certains membres du gouvernement, notamment l’Archi-
Magos Xantis Trantor. On sait aussi qu’ils n’hésitent pas à utiliser des entités démoniaques et des
technologies interdites pour parvenir à leurs fins. Ils étaient notamment en lien étroit avec Uberkrump,
un magnat du crime local et que ce dernier préparait en secret et avec leur soutien une véritable
hérésie, une armée de créatures mi-golems, mi-machines.

Parallèlement, une autre faction secrète semble connaître aussi la présence ici d’Ezekiah, puisque par
trois fois, elle est entrée en contact avec lui ou par nous, ce qui revient au même. Nous ignorons
totalement leurs motivation et qui ils sont, le seul lien qui nous amène à eux est un individu tantôt
appelé Skanks, tantôt appelé Spud. Ces gens disposent aussi de gros moyens, étant donné que ce
fameux Spud semble avoir une longueur d’avance sur nous, qu’il nous fournit des indices, afin de
servir une cause qui nous échappe. Il sait qui sont les Ombres et il connaît les intrigues qui se jouent
au sein des différentes factions.

-Ceci-dit, jusque là, il faut reconnaître que Spud nous a demandé d’intervenir contre des éléments qui
s’opposaient au gouverneur en place. Reprend Conrad. Tel que justement éliminer Uberkrump, en
sachant que l’on découvrirait ce qu’il tramait, ou bien éliminer les sectateurs du chaos qui détenaient
Tibaltus. De plus, les messages qu’il laisse, lui ou ses complices, semblent presque prophétiques. Il
sait plus ou moins ce qui va se produire et nous en informe. Je ne pense pas que ce type soit vraiment
contre nous.
-Il nous manipule clairement à sa guise, répond Séverina. Ce type est dangereux, on ne sait rien de lui.
-Un point pour toi, lui répond Conrad.
-Bon, en parallèle, nous avons Ishmael et ses complices qui renversent le pouvoir, pour cela on sait
qu’ils ont l’aide d’Eldars Noirs.
-L’intelligence avec des xénos est une hérésie, ne serait-ce que pour cela, eux aussi sont déjà
condamnés, l’interrompt Séverina.
-En effet, la culpabilité d’Ishmael et de ses sbires n’est plus à prouver. Un point cependant est à noter.
D’après les messages laissés par Spud, il semblerait qu’Ishmael soit aussi menacé par ses proches.
-Oui en effet, reprend Conrad, la fameuse intrigante que l’on voit à ses côtés, Callida-Flavia Deatrix
qui aurait peut être fait éliminer son époux, semble désormais proche d’Ishmael et envisagerait aussi
de l’éliminer.

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-On ignore les véritables motivations, mais Spud semble en effet avoir des informations à ce sujet.
-Ce qui nous amène clairement et toujours à la même piste, lance alors Syrius.
-Spud, reprennent en chœur Séverina et Conrad.
Chacun marque une pause, prenant un instant la mesure des évènements. Conrad rompt le silence.
-Ce type, il faut absolument qu’on le retrouve, c’est notre seul piste qui nous permettra de démasquer
le ou les complots en place, lui et ses complices semblent être les mieux informés.
-Bien. Le dernier endroit où on devait le rencontrez hier, c’est au bar le Warp, répond Syrius, il ne
nous reste plus qu’à y retourner de nouveau.
-Il nous y a déjà faussé compagnie la dernière fois, crois-tu vraiment qu’il va se pointer comme ça ?
-Non, mais on connaît un type qui sait le joindre, le barman avec ses trois bras, celui à qui j’avais
glissé un backchich il y a deux jours. C’est lui qui l’a appelé pour nous fixer le dernier rendez-vous.
Conrad sourit.
-Ok, allons trouver ce type.

Une heure plus tard, à bord du 4x4, le petit groupe composé de Conrad, Syrius, Séverina et Skeld se
retrouvent de nouveau dans les abords du Quartier des Damnés. Hephastos est resté à la villa avec
Tilus encore amoindri et convalescent suite à sa dernière blessure, ensemble ils veillent sur Ezekiah et
Tibaltus. Comme à son habitude, Skeld gardera la voiture dans une ruelle sombre, ses équipiers, eux
descendent dans la sous-ville. Malgré une pénombre quasi omniprésente en cette saison, le soir est
déjà bien avancé. La sous-ville est déjà en pleine animation. Le petit groupe se retrouve rapidement
dans le dédale de ruelles crasseuses et bondées de sa foule bigarrée et bruyante, de ses odeurs de
graisses et d’air lourd et acide. L’endroit a désormais quelque chose de presque familier.
Le Warp.
Le bar est plein à craquer comme à son habitude. Toujours les mêmes relents d’Obscura, de
Lacrymata, de Nirvana, de sueur rance et de bière puant l’urine. Des bandes de jeunes camés aux
cheveux colorés et aux nombreux piercings et électrotatouages de piètre qualité viennent s’y saouler à
mort, des gangs de mutants haut en couleur, à la mine patibulaire garnis de crocs et de griffes, aux
malformations physiques, mentales ou congénitales rodent dans les recoins les plus sombres à la
recherche de quelques doses de ces drogues les plus illégales mais aussi de celles les plus convoités.
L’idée aussi de s’envoyer en l’air avec ses jeunes filles polytox ne les laissent pas indifférents, faisant
monter le taux de testostérone de leurs corps musculeux à un niveau parfois explosif. Les bagarres
pour posséder certaines de ces filles vénéneuses sont courantes. D’autant plus que ces demoiselles déjà
bien aventurées sur le chemin de la damnation, n’attendent que ça.
L’endroit pu le vice, le mal et la corruption.
Dans le fond de la salle, un autre groupe est en train de jouer de la Barbare. Si on peut encore qualifier
le bruit assourdissant qu’ils produisent, de musique. Un puissant mélange de rugissements saturés, de
grondement de basse, sourd et caverneux et le martellement systématique de percussions rappelant un
marteau-piqueur. Le groupe s’appelle « les Monstres » et il porte bien son nom.
Le chanteur, à l’aspect de véritable vampire, au torse nu décharné, couvert de tatouages et au teint
cadavérique, s’égosille dans un porte-vox en rugissant tel un forcené. Ses longs cheveux raides et noirs
contrastent avec le couleur d’albâtre de sa peau. Ses ongles sont de longues griffes noires et ses yeux
jaunes sont fendus en leur milieu par une fine pupille à la manière des reptiles. D’ailleurs, son absence
de jambes le confirme, puisqu’à leur place, son corps se termine par une queue de serpent à la peau
reptilienne couleur albâtre. Son batteur est un grand costaud doté de quatre bras et à la tête minuscule,
signe de crétinisme évident, les deux autres membres du groupe sont un type à l’air bestial et au corps
à demi animal garni de cornes noires sur la tête et aux pieds caprins. La dernière, tout de noir vétue, est
une jeune fille au corps élancé et serait même assez mignonne avec ses formes attrayantes si elle
n’avait pas ses deux têtes collées l’une contre l’autre.

La petite équipe se fraie un chemin à travers la foule bruyante et gesticulante et s’approche du


comptoir. Syrius cherche du regard le barman de la dernière fois, ne le voyant pas, il interpèle en
badabi un des autres barmen, un grand costaud à la peau sombre et aux bras couverts de tatouages.
L’homme a la main droite remplacée par de l’augmentique de mauvaise qualité. Syrius se penche afin
que l’homme l’entende à cause du bruit ambiant.
-On va prendre trois bières.

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Le type aquiesce et s’empresse de les servir. Syrius reprend :
-Ton pote n’est pas là ce soir ? Un grand costaud avec trois bras, j’ai un truc à lui demander.
-Il est pas là mais demande toujours, lui répond le barman.
-Il sera là quand ?
-Zek ne viendra plus, il a eu un petit problème.
-Un petit problème du genre…définitif ?
-On peut dire ça comme ça.
-Un certian Spud, tu connais ?
-Non, ça ne me dit rien, pourquoi ?
-On devait le rencontrer, a du fric à lui remettre, donc ça serait bien qu’on puisse le voir.
Syrius se tourne vers ses deux compagnons et leur fait part de ces informations.
-Dit lui qu’on veut voir son patron, lui lance Conrad. Syrius traduit aussitôt au barman.
Au moment de régler, Conrad glisse un billet de vingt supplémentaire. Le barman leur demande de
patienter cinq minutes. Ce qu’ils font.
Au bout de quelques minutes le type revient et leur indique de se diriger vers une porte qui mène vers
ce qui semble être une arrière-salle, du moins c’est ainsi que Conrad et Hephastos avait perçu les
choses en inspectant les lieux la dernière fois.

Le trio pose les bières auquelles ils n’ont pas touché, s’y dirige et passe la porte, là ils se retrouvent
dans une sorte d’antichambre, un salon aux murs noirs insonorisés, éclairés par des chandeliers
muraux baroques, des sofas rouges sang sont disposés le long des murs. A l’autre bout de la pièce se
trouve une porte blindée dissimulée derrière une lourde tenture en velour noir.
Cette porte s’ouvre justement et une jeune femme élancée vêtue d’une longue robe de cuir noir cintrée
sans manche et décoletté, entre.
La jeune femme doit avoir dans les vingt-trois ou vingt-quatre ans, elle porte des bijoux en argent et
un lourd pectoral du même métal, ses yeux gris clairs contrastent avec ses longs cheveux noirs ondulés
et sa peau pâle. Un petit tic nerveux fait trembler sa paupière droite.
-Je m’appelle Marlla et suis chargée de vous recevoir, dit-elle avec une pointe d’accent local.
Souhaitez-vous un rafraichissement ?
Le trio fait signe que non.
-Je vous demanderais alors de patienter quelques instants, si vous désirez vous assoir…elle leur fait un
geste vers les sofas. Puis elle ressort de la pièce.
Le petit groupe attend quelques minutes, puis Marlla réapparait et leur demande de la suivre, ce qu’ils
font. Ils traversent ainsi un couloir d’une quarantaine de mètres de long aux parois en briques grises et
nues, éclairé par des lumiglobes au plafond. Des capteurs pix enregistent toute la longueur du couloir.
Au bout se trouve une porte blindée, celle-ci s’ouvre à l’approche de Marlla, elle leur fait signe
d’entrer puis s’en retourne d’où elle vient.
L’endroit, haut de plafond et aux murs garnis de stucs anciens est une vaste pièce peu meublée, une
table avec une caisse en bois et quelques chaises, le tout complété par un miroir qui a du voir des jours
meilleurs. Une autre porte en bois sombre et richement décorée et bardée de métal noir s’ouvre. Une
autre femme fait son apparition.
Elle semble avoir environ trente ans, la peau mate, de longues tresses noires retenue par un bandeau,
elle aussi est vêtue d’une robe de cuir noir comme sa collègue. D’une silhouette plus charnue et aux
formes plus voluptueuses elle porte un maquillage élaboré, soulignant subtilement ses lèvres épaisses
et ses yeux émeraudes.
-Je suis Diona, Intendante. Puis-je connaitre la raison de cet entretien ?
- Nous souhaitons nous entretenir avec votre patron au sujet d’un dénomé Spud, répond Conrad.
-Bien, je vais vous annoncer, mais avant cela si vous n’y voyez pas d’inconvénient, je vais vous
demander de laisser toutes vos armes ici. Diona leur désigne la caisse en bois posée sur la table.
Le trio se soumet sans rechigner à cette contrainte et c’est donc sans armes qu’ils sont introduits dans
l’antre du maître des lieux.
Poussant les portes, Diona leur demande de la suivre. Le spectacle qui s’ouvre alors à eux les stupéfait.
Ils viennent de pénétrer dans la nef d’un ancien Templum, vieux à en juger par l’aspect lustré des
dalles au sol de deux bons millénaires. Les murs autrefois garnies de riches fresques sont désormais
défraîchis et couvert de salpêtre. La voute de style gothique, culmine à près de trente mètres de haut,

Campagne Badab Page 103


ce qui est relativement modeste, le tout soutenu par d’imposantes colonades aux tympans sculptés
d’Aquilla entremêlés. Des anciennes chapelles adjacentes sont désormais reconverties en pièces à
vivre. Au fond de la nef aménagée en véritable loft, là où se trouvait jadis le maitre autel, se trouve
visiblement le salon central, disposé sur une sorte de dalle surélevée de trois marches. Des canapés ont
été aménagés autour de somtueux tapis sur lequel reposent des tables basses garnies de carafes en
cristal emplies de liquides colorés ainsi que des coupes de mets rafinés.

Une femme à la peau noire et aux cheveux argent très courts s’entretient avec deux hommes. Elle doit
avoir une bonne quarantaine d’année, elle semble faire figure d’autorité de par son air charismatique et
dominant. Des écrans pix cerclés de cuivre sont disposés autour en demi-cercle, les images en
multifacettes semblent représenter différentes vues que capturent les caméras un peu partout dans cet
ancien complexe.
Le petit groupe est amené aux pieds des marches. La femme centrale congédie alors ses deux
collaborateurs qui se lèvent et quittent l’estrade. Diona monte les marches et vient s’entretenir
quelques instants avec elle. La femme est vêtue elle aussi de la même bobe de cuir noir sans manches,
dévoilant des bras athlétiques aux nombreux tatouages, une ancienne trace de brûlure de laser lui barre
une joue. A son cou se trouve une lourde chaine en or au bout duquel est accroché une pièce de
monnaie, un ancien Aquilla en or apparement ainsi qu’une simple goupille de grenade. Séverina ne
manquera pas de noter le tatouage des légions pénales ainsi que l’ancien bracelet de cheville
biométrique désactivé, qui sert désormais de décoration. La femme se lève et leur fait signe
d’approcher et de s’assoir. Dans les absydes de chaque côté, sont installés divers personnes qui
semblent travailler sur des cogitateurs ou divers sortes d’appareils complexes. Derrière l’autel se
trouve deux gardes du corps Ogryn. Plus de deux mètres cinquante de muscles, une machoire prognate
garnie de crocs et une absence totale de sagacité compensée par une masse en acier clouté de deux
mètre de long.
-Vous êtes ? Leur demande la femme.
Syrius se présente et annonce ses compagnons selon leur fausse identité, la sienne étant déjà fausse,
seul son prénom n’a pas changé.
-Je m’appelle Syrius et voici Ephrael et Mithras mes compagnons.
-Appellez -moi Dame Ophidia et soyez les bienvenus en ma demeure. Puis-je vous offrir à boire ?
Amasec, Sacra, Muscat de Quaddis, Gyn de Gorsk ?
Syrius demande un Sacra tandis que ses compagnons prennent un Amasec, une fois servis par Diona et
installés confortablement dans les canapés, Ophidia reprend.
-Bien, j’ai cru comprendre que vous recherchez quelqu’un ?
-En effet, commence Syrius en sirotant son Sacra, nous souhaiterions retrouver un ami à nous, Spud,
nous sommes en affaire avec lui et nous devions lui remettre sa part, suite à une bonne affaire en
cours.
Dame Ophidia semble perplexe suite à cet énoncé.
-Vous devez de l’argent à quelqu’un et …lui courrez après afin de lui rendre ?
-C’est à peu près cela.
Ophidia part alors d’un petit rire en reposant son verre d’Amasec sur la table basse.
-On voit bien que vous n’êtes pas du coin, vous autres…avec de telles façons d’agir vous ne risquez
pas de survivre longtemps dans une telle jungle. Bien…ceci-dit, je ne connais pas ce Spud que vous
recherchez.
-Votre ancien barman le connaissait.
-Il semblerait, en effet…mais c’est regrettable, Zek nous a quitté…Un malheureux accident.
-Comment est-il mort ?
-Une bagarre de rue dans laquelle il s’est trouvé en sortant du bar l’autre soir, il aurait tenté de
s’interposer et se serait pris un coup de couteau d’après le rapport des services d’ordre. Le coup aura
été fatal, c’est malheureusement courant par ici.
-Vous avez une milice dans ce quartier ? lui demande Conrad étonné, non sans focaliser son esprit sur
son interlocutrice.
-Cela semble vous étonner, et pourtant nos gens assurent la sécurité de cet endroit comme cela se fait
de partout, cela m’étonne que vous ne les ayez pas croisé avant de descendre dans le Quartier des

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Damnés, à moins que vous ne soyez pas très obervateurs. Et évitez sur moi vos tours de psyker, cela
ne prend pas.
Conrad plonge le nez dans son verre. Syrius reprend la conversation.
-Vous semblez très au fait de se qui se trâme ici bas, peut-être auriez-vous une piste à nous fournir ? Y
a-t-il un rapport sur sa mort ?
-Qu’avez-vous à m’offrir en échange ?
-Cette information se monnaye combien d’après vous ?
-Je ne parle pas d’argent, à ce niveau là j’ai ce qu’il me faut, merci.
-Disons alors que nous pourrions vous rendre un service, j’imagine que vous ne manquez pas
d’occasion d’engager des gens pour certains boulots ?
-En effet, mais pour cela je préfère traiter avec des personnes au fait des manières locales, pas avec des
hors-mondes…Mais justement, vous allez certainement avoir quelque chose d’interessant à m’offrir en
échange. Voyez-vous, j’aime collectionner tout et n’importe quoi. Offrez-moi un objet, n’importe
lequel. Et en fonction de la valeur que je lui accorderai à mes yeux, je vous accorderai une faveur en
echange.
Conrad et ses compagnons se regardent alors, l’air dubitatif. Ils s’entretiennent à voix basse pendant
quelques instants. Syrius reprend alors la parole en jetant un œil sur la goupille de grenade accrochée
au cou de Dame Ophidia.
-Une grenade à fragmentation tout juste sortie de sa boîte, cela vous interesse ?
Ophidia lève un sourcil et laisse paraitre un début de sourire.
-Va pour la grenade…
-Cette information, donc ?
-Le corps de Zek est au Necrologium, il sera normalement recyclé ce soir, à vous de trouver le reste.
Syrius et ses compagnons remercient alors leur hôte et ressortent non sans au préalable avoir repris
toutes leurs armes et laissés une grenade à Ophidia.
-Par « recyclé », elle voulait dire ce à quoi je pense ? Demande Syrius à ses compagnons une fois dans
la rue.
-Oui, je pense qu’à l’instar de certains mondes ruches où cela est pratiqué depuis la nuit des temps, les
corps des défunts sont retraités, les sources de protéines, de graisses et de sels minéraux ne courent pas
les rues dans les endroits les plus défavorisés. Il faut alors les prendre là où il y en a. Sur mon monde
natal, avant d’être repéré par les agents des Vaisseaux Noirs, cela m’a nourri une bonne partie de mon
enfance.
Séverina lui jette alors un regard dégoutté.
-C’est dégueulasse, reprend Syrius…tu as bouffé des morts !
-Disons que j’ai mangé des barres de protéines qui…ouais bon bref…Trouvons ce Necrologium, ok ?
A quelques rues de là, Syrius trouve l’adresse de la morgue-manufacture, lui et ses compagnons y
entrent. S’adressant à un clerc borgne et bossu à l’entrée, on leur indique de descendre au sous-sol.
L’endroit, couvert de carrelage, jadis blanc est à présent couvert de crasse et de moisissures verdâtres,
l’ensemble pu le sang, les désinfectants, le moisi et la chair avariée. Là un gros type totalement
imberbe et aux yeux globuleux, à l’allure de boucher et au tablier couvert de sang note dans un registre
leur venue et les amène à une des chambres froides où sont stockés les nouveaux arrivages. Il ouvre un
des tirroirs plateau où se trouve un corps allongé et emballé dans un sac en matière plastique noire.
L’air est glacé, de la bué sort de leur bouche à chacunes de leurs paroles. Il leur laisse cinq minutes et
ressort.
Aussitôt, Syrius et ses compagnons ouvrent le sac et auscultent le corps. Il s’agit bien de Zek, le
barman aux trois bras. En regardant bien, Séverina trouve l’unique trace de blessure. Une lame
tranchante et fine est entrée au niveau de ses cervicales, entre la deuxième et la troisième vertèbre, les
sectionnant net.
-Pas de trace d’autres blessures, ni de liens, annonce Conrad.
-Le coup l’a tué net, reprend Séverina en soulevant la tête de Zek, d’une lame dans la nuque.
-Bizarre pour une bagarre de rue de se prendre un coup de couteau dans la nuque, non ? Cela ne vous
rappelle pas du déjà vu ?
-Si, la mort de Hak, justement il y a un peu plus de vingt-quatre heures… reprend Conrad.
Séverina leur jette un regard interrogateur.

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-Ah oui, tu n’étais pas avec nous à Freeburg lorsque Tilus devait rencontrer Hak, mais on te l’a
raconté, il a fini de cette façon, une lame plantée dans les cervicales.
-Je ne sais pas pour vous, mais moi les coincidences de ce genre, je n’y crois pas, reprend Séverina en
reposant la tête de Zek.
-Attendez, j’ai même gardé la lame qui a tué Hak, je dois l’avoir avec moi. Syrius se met à fouiller ses
poches. Au bout de quelques instant et après avoir retourné toutes ses poches, il se rend compte qu’elle
n’y est pas.
-Tu dois l’avoir perdue, lui dit Conrad.
-Impossible, je ne perds jamais rien.
-Et chez Ophidia tu te rappelles l’avoir déposé dans la boite ? lui demande Séverina.
-Par le Trône…je me rappelle surtout à présent ne pas l’avoir déposé…
Syrius s’interrompt, et reste songeur un instant.
-Tu es sûr de ne pas l’avoir perdue ? lui demande Sèverina.
-Là où elle était, elle ne pouvait pas tomber, la poche était fermée, tu saisis ? Quelqu’un me l’a
dérobée, je ne vois que ça…
-Attend un instant…qui pouvais savoir que tu l’avais et qui aurais pu te faire ainsi les poches ? Lui
demande Conrad.
-Tu as vu ce quartier ? J’ai besoin de vous faire un dessin à tous les deux ?
-Avouez que c’est tout de même étrange, non ? reprend alors Séverina au bout de quelques instants.
Le gros type au tablier tâché de sang refait son apparition.
-Messieurs Dames, c’est pas que ça m’ennuie mais va falloir que je l’emballe celui-là.
-Allez-y… Nous en avons terminé, lui dit Conrad.
-Et…pour ses affaires personnelles, je dois…
-On les prend, l’interrompt aussitôt Syrius.
L’homme lui remet alors une boite en carton de trente centimètres sur trente et lui fait signer une
décharge. Suite à quoi le trio s’empresse de ressortir de là, retrouvant presque avec bonheur l’air lourd
et toxique de la rue.
Syrius se pose dans une ruelle et ouvre la boite. Outre les vêtements, les chaussures du défunt et
quelques papiers, il trouve la clé d’un hab avec l’adresse. Tout objet de valeur ou argent a bien
entendu déjà disparu. Il met la clé et l’adresse dans sa poche, remet le reste dans le carton et balance le
tout dans un des containers de la ruelle derrière lui.
-On fait quoi, on va chez lui ? Demande Syrius.
-Attendez un instant, quelque chose me revient subitement…La bande de Bones, les dealers qu’on
avait chopé à l’appartement, ils connaissaient aussi Spud, non ?
-Oui en effet, c’est eux d’ailleurs qui nous ont donné ce nom, tu as même sondé l’esprit de la
fille…Ishta… je crois, c’est comme ça qu’on a su qu’il trainait au Warp, lui répond Syrius.
-Et à aucun moment on n’a pensé à leur demander où il se trouvait vraiment ?
-Disons qu’à ce moment Spud n’était peut être pas votre principale piste.
Conrad se tourne vers Séverina.
-Si, je crois qu’à ce moment là, on savait déjà que Spud était en fait Skanks et on le recherchait.
-Oui mais on recherchait surtout la piste de Tibaltus, reprend Syrius.
-Qu’importe, le coupe Conrad, ces filles, on sait qu’elles connaissent Spud et qu’elles sont dans le
coin, on les a pistés ici même pas plus tard qu’hier avec Tilus. On retrouve leur trace et ce coup-là on
ne les lache plus !
-Ok, l’appart de Zek attendra, Conrad a raison, la priorité va aux filles.

Le trio se dirige donc vers le dernier quartier où ils avaient suivis Ishta et Narl les deux compagnons
de Jarra la jeune sauvageone que Syrius avait blessé à la cuisse dans leur ancien appartement.
Syrius retrouve le hab sans peine. Ils gravissent les marches jusqu’au quatrième étage et se retrouvent
de nouveau devant la porte du hab des compagnons d’Ishta. Syrius revoit d’ailleurs les impactes de
balles laissés lors de leur dernière visite ainsi que la porte voisine qu’il avait défoncé.
Syrius fait signe à ses compagnons qui sortent leurs armes et s’apprètent à entrer dans l’appartement
voisin. La nuit est tombée et le hab est plongé dans l’obscurité. Séverina passe devant, pistolet laser
pointé, elle chausse ses lunettes infrarouges, comme ses coéquiers. Une odeur de moisi, d’urine et de
vomi imprègne les lieus.

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Le hab est squatté par quelques clochards et autres ivrognes qui cuvent à même le sol parmi quelques
meubles en ruine. Le sol est jonché d’immondices et de bouteille, aussi il leur est difficile de
progresser discrètement. Par chance, les occupants semblent être trop saouls pour réagir. Séverina
trouve le trou dans la cloison que Syrius avait fait la dernière fois. C’est par là qu’il était passé pour
entrer dans le hab de leurs cibles. Séverina enjambe le trou toujours béant et s’introduit ainsi dans
l’autre hab. Ici, même constat, des racailles du sous-monde squattent les lieux. Aucune trace d’Isha ou
de ses compagnons.
Le trio rebrousse chemin et décide de ressortir du bloc d’habitation. Une fois dans la ruelle animée,
Conrad s’adresse à ses coéquipiers.
-Bon c’était à parier, ils ne sont plus là.
-Oui, avec le dernier accueil qu’on leur avait fait, ils ne risquaient pas non plus de nous attendre, mais
au moins on est certains qu’ils ne sont plus ici…Répond Syrius.
-Bon, on sait qu’ils se fournissent aussi en drogues divers dans le quartier des dealers, Syrius, tu
saurais retrouver la boutique ?
-Oui, allons-y, on aura peut-être une chance de les croiser là-bas.

Arrivés sur place, le trio décident de monter une planque devant la boutique ou Isha et Narl étaient
venu il y a plus de vingt-quatre heures pour se fournir en came, Conrad part acheter dans le quartier un
peu de nourriture douteuse et quelques boissons suspectes et rejoint ses compagnons. Ils décident de
s’installer sur une passerelle qui surplombe la boutique, de là ils pourront voir tout ce qui se passe. La
nuit passe ainsi jusqu’au petit matin, chacun se relayant afin de surveiller les alentours. Pas de trace
d’Ishta ni de ses comparses.
La petite équipe se retrouve donc au petit matin dans la ruelle animée, ils entrent dans un bar et
commandent des récafs.
-Bon on fait quoi à présent ? Demande Séverina.
Syrius sort de sa poche la clé du hab de Zek.
-Voilà notre prochaine piste.
-Syrius a raison, allons jeter un œil dans son hab, nous aurons peut être un indice à y découvrir.
Soudain le vox de Conrad se met à vibrer.
-Oui ?
-C’est Skeld, vous êtes morts ou quoi ?
-On est sur une piste, on devrait en avoir pour quelques heures tout au plus.
-Faites chier ! Je suis là à vous attendre dans la bagnole depuis hier, si dans quatre heures je ne vois
personne arriver, je me casse !
Puis Skeld raccroche. Conrad en fait part à ses compagnons.
-Quel con celui-là, répond Syrius, bon allons-y, il manquerait plus qu’il nous laisse en plan.

Chapitre XV

+++Rencontre Assassine+++
+++Une bien curieuse ganger+++
+++Quand Baalzabeth s’en mèle+++

Syrius trouve l’endroit sans peine, à deux rues tout juste du Warp. Le bloc d’habitation est délabré
mais un peu entretenu. Sur la clé est indiqué bloc 7, hab 712. Ils entrent donc dans le hall 7 d’un vieil
immeuble, de jeunes racailles encombrent les lieux et ne font aucun effort pour les laisser passer,
quelques regards hostiles leurs sont lancés. Conrad et ses compagnons ne s’attardent pas et continuent
leur chemin, gravissant les sept étages vétustes. Arrivés sur le palier, l’équipe emprunte un long
couloir, comptant les numéros des habs. 710, 711…712.
-L’appart est là, signale alors Syrius à ses compagnons.

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Séverina dégaine de nouveau son pistolet laser et fait signe à ses compagnons de rester sur leurs
gardes.
-Range ta clé, la porte est déjà ouverte, lui dit-elle.

En effet, la porte est entrebaillée. Syrius sort son pistolet automatique et son pistolet mitrailleur,
Conrad dégaine son pistolet à aiguilles. Séverina passe devant, elle pousse la porte et pénètre
lentement dans le couloir du hab plongé dans la pénombre. A l’intérieur tout est sans dessus dessous.
Soit un cambriolage a eu lieu, soit quelqu’un est venu ici pour chercher quelque chose. Séverina fait
signe à Syrius de la couvrir et de ne pas faire de bruit. Conrad reste dans le couloir et guette les
alentours. Soudain, il perçoit dans son champ de vision une silhouette furtive qui traverse le couloir de
l’immeuble. Il s’élance aussitôt à sa poursuite, avertissant ses compagnons. Faisant volte-face, Syrius
le suit aussitôt, tous deux s’élancent à la suite de l’intru.
De son côté, Séverina, avant de ressortir, inspecte rapidement la pièce principale. Personne. Revenant
vers la seconde pièce de l’appartement, Séverina, arme toujours pointée, sort de sous son manteau
l’épée tronçonneuse, celle initialement de Tilus et pousse la porte. La pièce est elle aussi plongée dans
la pénombre. Elle a juste le temps d‘ésquiver de justesse trois lames de lancée qui lui passent à
quelques centimètres du visage et se plantent dans le mur derrière elle. Dans la pièce, une silhouette se
déplace, Séverina tire et la rate, elle active aussitôt sa lame tronçonneuse et charge au contact. Son
adversaire l’accueille avec deux épées, parant systématiquement chacun de ses coups portés.
De leur côté, Conrad et Syrius coursent toujours leur cible, cette dernière vient de tourner à l’angle
d’un couloir. Syrius s’arrête net juste avant l’angle, ses deux pistolets tenus prêts. Il fait un signe à
Conrad qui vient de s’arrêter aussi avant le coude. Ce dernier se jette alors dans le couloir tandis que
Syrius le couvre. Ils n’ont alors que le temps de voir une silhouette furtive dans les ombres, vingt
mètres plus loin qui, vive comme l’éclair fait volte face, pointant sur eux ses deux armes équipées de
silencieux qui crachent en rafales leurs projectiles. Tilus est touché au bras et à l’épaule, la puissance
des impacts le propulse deux mètres en arrière contre le mur du couloir. La dernière chose que voit
Syrius avant de perdre connaissance est Conrad qui est fauché à son tour et qui s’écroule lui aussi au
sol.

Sèverina enchaine les coups et les parades, son adversaire est quelqu’un de corriace, rien à voir avec
une simple racaille de gang, il s’agit là d’un véritable professionnel. Certes, l’épée tronçonneuse est
une arme mortelle, mais elle est aussi plus lourde à manier, son adversaire, équipé de fines lames de
duel, les manie avec une rare dextérité, les faisant virevolter autour de la sœur. Sèverina est une
combattabte redoutable mais tandis que sa dernière parade passe de justesse, elle ne voit pas la feinte
que lui réserve son adversaire qui fait mine de pivoter de côté, tout en déportant son centre de gravité.
Le coup de pied retourné fauche Sèverina en pleine tempe. Le coup est brutal et rapide, l’assomant net.
Elle s’écroule à son tour, puis tout devient noir…

Conrad reprend péniblement ses esprits, la vue encore brouillée par le choc il tente de se relever à
grand peine. Une vive douleur au niveau de sa jambe gauche lui crispe les traits mais lui indique qu’il
est encore en vie. Sa botte a été perforée par un impact et du sang coule de son pied.
A deux mètres de lui, Syrius est écroulé au sol dans une marre de sang. Il ne bouge plus.
Conrad rampe tant bien que mal vers son pistolet à aiguilles alors posé à un mètre de lui.
Surgit des ombres à quelques pas de là, le tireur, une silhouette féminine, svelte et féline vêtue d’une
combinaison de cuir noir, approche silencieusement. Les deux longs Tronsvasse Hi-Power noir mat à
silencieux sont pointés en direction de sa tête et de celle de Syrius. D’un habile coup de botte à talon,
sans même quitter ses cibles du regard, l’assassin écarte le pistolet à aiguilles. L’arme de Conrad glisse
un peu plus loin dans le couloir, alors même qu’il allait s’en saisir.
La fille s’accroupie alors juste devant lui, tandis que son autre pistolet mitrailleur reste toujours pointé
en direction de la tête de Syrius, elle baisse son autre arme vers le visage de Conrad qui reste pétrifié.
La tueuse plaque l’embout du silencieux sous le menton du psyker et d’un mouvement du poignet
l’oblige à relever la tête vers elle.
- Regarde-moi, lui dit-elle d’une voix douce.
Conrad sentant sa mort prochaine plonge à grand peine son regard dans les yeux de celle qui va mettre
un terme à sa vie.

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Ce qu’il voit alors, le stupéfait littéralement. Deux yeux bridés bleus ciel sont la seule partie visible
derrière la cagoule noire et moulante. Mais quels yeux !
Ces mêmes yeux qu’il a furtivement croisé au marché de Freeburg il y a de cela trois jours, le jour
même où Hak, le contact de Tilus se faisait tuer devant eux…cette fille magnifique qui lui a parlé,
l’avait même complimenté sur…Oh, par le Trône, se dit alors Conrad, quel con j’ai été !

-Il te va toujours aussi bien, lui dit-elle alors, un petit sourire dans le regard, comme devinant ses
pensées. Rassure toi, nous ne sommes pas là pour toi, notre travail ici est terminé. Mais la prochaine
fois, évite de trainer dans nos pattes, d’accord ? Ça me chagrinerait de devoir abimer ton joli manteau.

Depuis la porte de l’appartement de Zek, là où devrait encore se trouver Séverina, Conrad perçoit une
deuxième silhouette qui arrive furtivement dans leur direction. Il s’agit du clone de celle accroupie
devant lui, à la différence que celle-là tient deux lames de duel. Elle approche d’eux sans même que la
première fille n’y prête attention.
-On décroche sœurette, du monde arrive.
La fille devant Conrad se relève et avant de partir lui glisse doucement avec un petit clin d’œil:
-C’est un dernier avertissement, à l’avenir, toi et tes petits copains, évitez de vous mêler de certaines
affaires qui ne vous regardent pas…
Puis, les deux filles, semblables comme deux gouttes d’eau, disparaissent alors comme elles sont
venues.

Conrad n’en revient toujours pas, il s’empresse d’aller ramasser son arme et se dirige vers Syrius, sa
propre blessure attendra, elle lui fait un mal de chien mais n’a pas l’air bien grave, par contre son
compagnon semble plus durement touché. Au moment où il allait se diriger vers Syrius, il perçoit de la
fumée qui s’échappe de la porte ouverte de l’appartement de Zek. Séverina fait alors irruption, elle a la
pommette ouverte et du sang coule sur son visage.
-L’appartement est en feu, lance-t-elle à l’attention de Conrad. Elle va pour s’approcher de ses
compagnons au moment même où une autre jeune femme vêtue étrangement et de façon flamboyante
comme ces gangers de ruche, déboule dans le couloir d’un pas assuré. Elle inspecte rapidement les
lieus, se dirige vers les blessés puis, à l’attention de Séverina en lui indiquant Syrius :
-Aidez moi à le transporter, il va falloir sortir d’ici rapidement avant que tout ne brûle !
Quelques minutes plus tard, ils se retrouvent tous les quatre dans une arrière cour encombrée de
détritus et de containers, portant toujours Syrius inconscient qui perd beaucoup de sang, ils s’arrêtent
finalement sous un ancien porche, à l’abri des regards. Clopinant derrière eux, Conrad s’adresse à la
jeune femme, cherchant à la congédier rapidement mais de façon courtoise :
-Un grand merci à vous, mais nous allons nous en sortir désormais.
La fille le regarde et ne bouge pas.
-Je n’étais pas là par hasard, je vous cherchais.
Conrad et Séverina se crispent soudain, leurs mains prêtes à se saisir de leurs armes.
-Et vous nous cherchiez pour quoi ? Lui répond lentement Conrad.
D’un geste du menton, elle lui indique Syrius posé contre le porche.
-On ferait peut être bien de le stabiliser d’abord, il n’a pas l’air d’aller bien votre copain.
-Elle a raison, annonce Séverina qui se penche vers le psyker désormais livide. Se servant dans une
des sacoches de Conrad, la sœur lui administre les premiers soins tant bien que mal, mais n’arrive pas
à faire mieux que d’arrêter partiellement l’hémorragie.
-Il a perdu trop de sang, il faudrait le transfuser, leur dit-elle en relevant la tête.
Conrad prend alors son vox et appelle Skeld, resté à l’extérieur auprès de leur véhicule. Ce dernier,
visiblement aigri par les heures qui se sont écoulées se montre peu motivé comme à son habitude,
Conrad lui annonce qu’ils arrivent et que Syrius est grièvement blessé.
-Cela ne m’étonne pas, lui répond Skeld, Syrius est un vrai tocard, ce type est déjà dangereux pour lui-
même, je ne comprends pas que vous l’emmeniez avec vous et en plus vous avez un réel don pour
vous mettre dans les emmerdes jusqu’au cou !
-Epargne-nous tes commentaires, on te rejoint ! Puis Conrad coupe son vox et se tourne vers la jeune
femme, l’arrêtant d’un geste.
-Avant d’aller plus loin, vous allez nous dire qui vous êtes et pourquoi vous nous cherchiez.

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-Je m’appelle Zora et ma mission était de vous retrouver.
-Qui vous a demandé de nous retrouver ? Lui demande Séverina.
-La Chanoinesse Yasmina Dominica.
-La Cha…ma supérieure ? Lui lance Séverina, incrédule. Mais elle a périt dans…
-Oui, je sais, lui répond alors Zora qui sort de sa poche un chapelet et le tend à Séverina. Cette dernière
s’en saisit.
-Le…Le Chapelet Ecclesiasticus de la Chanoinesse !
-Comment ceci est-il arrivé entre vos mains ? lui demande alors Conrad.
-Je vous l’ai dit, la Chanoinesse m’a embauché pour vous retrouver, elle se doutait visiblement que
vous alliez avoir de gros ennuis.
-Embauchée ? Mais je ne vous ai jamais vue à la Schola Sainte Praxédes, lui répond Séverina en
fronçant les sourcils.
-En effet, la Chanoinesse a fait appel à mes services juste après votre départ de son monastère il y a
dix jours de cela, depuis je vous ai suivi, avec un peu de mal parfois, je l’avoue.

Conrad jette un œil perplexe à la jeune femme qui se tient devant lui, les bras croisés et au déhanché
flatteur. Grande, élancée au physique particulièrement attrayant, elle a néanmoins une dégaine assez
particulière qui ne passe pas inaperçue. Une mini jupe très courte, à volants sur des bas à résilles
recouverts de hautes cuissardes en cuir rouge. Un bustier cintré et décolleté de même couleur complète
le tableau. De longues couettes blondes encadrent un visage jeune et séduisant grimé de couleurs
criardes. Sur une des hanches, un holster dans lequel est fourré un lourd automatique tandis que le
manche ouvragé d’une épée à lame courbe dépasse dans son dos. Il se rappelle avoir déjà croisé sur
son monde natal, certaines guerrières du clan Escher moins voyantes que cette fille, à part peut être
cette folle de la Maison Ullanti dont il ne se rappelle plus le nom….
-Ne me dites quand même pas que vous faites partie de l’Adepta Sororita ? Lui lance alors Conrad.

Cette remarque à pour effet de faire rire Zora. Mais pas Séverina qui lance un regard noir à Conrad.
-Il n’est pas dans les habitudes de la Sororita d’embaucher des…des mercenaires. Pour ce genre de
travail nous disposons déjà de suffisamment d’éléments dans nos factions militantes.
-Sans doute, répond alors Zora, mais peut-être que pour certaines missions d’infiltration, il est
préférable pour votre ordre d’utiliser des méthodes moins conventionnelles et plus dicrètes.
-Admettons, répond Conrad qui plonge son esprit vers celui de la fille. Rencontrant une barrière
mentale, il n’insiste pas. Zora tourne vers lui un regard froid.
-Je souhaite obtenir des réponses, lui lance Conrad.
-Ce n’est certainement pas de cette façon que vous les obtiendrez.
-Je suis psyker, lire dans l’esprit des gens est mon travail.
-La prochaine fois dans ce cas vous pourriez très vite vous retrouver confronté à ma lame…
-C’est une menace ?
-Un simple avertissement. Vous voulez des réponses ? Posez vos questions normalement, votre
méthode ne vous attirera que des ennuis.
-Dites-moi, l’interrompt Séverina, vous dites avoir quitté le monastère après notre départ, or, celui-ci a
subit une attaque juste après, vous étiez là ?
-Non, la chanoinesse m’a contactée, mais lorsque je suis arrivée au monastère, ce dernier avait déjà été
attaqué et ses occupantes tuées. J’ai alors remonté les pistes.
-Attaqué par qui ?
-Je n’ai pas vu, si ce n’est que les portes avaient été déchirées comme par des lames ou des griffes.
Séverina se tourne alors vers Conrad :
-Ce n’est pas ce qui a été dit ?
-Non, mais ce qui a été dit n’est qu’une version et selon cette version nous sommes coupables de ce
qui s’est passé là-bas.
Conrad reprend à l’attention de Zora.
-Vous n’êtes pas Badabi j’imagine ?
-En effet, je suis une hors monde comme vous.
-Et vous êtes sur Badab depuis combien de temps ?
-Cela doit faire trois semaines environ.

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-Et désormais que comptez-vous faire ?
-J’ai été embauchée pour vous aider, je pourrais donc continuer si vous souhaitez m’employer.
- Quel tarif ? Lui répond Conrad.
-Une base de cinquante crédits impériaux par jour me conviendrait.
-D’accord, partons pour dix jours, nous vous réglerons passé ce délais.
-J’aurais préféré un acompte mais je peux m’en contenter.
-Servir l’Empereur requière de la foi et non de l’argent, lance alors Séverina avec une pointe de colère,
je ne souhaite pas être payée pour ce travail, quels sont au moins vos talents ?
-Infiltration, enquête et combat si besoin est.
-Parfait pour moi, annonce Conrad, nous avons justement cruellement besoin de ces compétences
réunies en ce moment depuis que certains de nos compagnons ont été blessés…
-Bien, dans ce cas emmenons votre compagnon et tâchons de soigner vos propres blessures, vous me
raconterez alors quelle est la nature de vos ennuis.

Reprenant Syrius, toujours inconscient, le trio repart vers la surface, rejoindre Skeld. Chemin faisant,
Conrad raconte en quelques minutes le but de leur présence sur Badab, la piste du Libre-Marchand
Abdul Goldberg puis finalement la mise en évidence d’un complot d’une mystérieuse organisation se
faisant appeler les Ombres, fomentant un coup d’état contre le gouverneur Callidon et dont les
principaux membres sont parmi les plus fidèles conseillers de ce même gouverneur. Il évoque aussi les
manipulations de l’insaisissable Spud, jusqu’à la piste qu’ils suivirent ici même dans le hab de Zek.
Bien entendu, tout cela sur fond de guerre civile lancée par l’infâme Technocratie de Mekton Zeta
alliée à de vils xénos.
De fil en aiguille, Conrad en arrive à dévoiler à Zora qu’ils sont en fait employés par l’Inquisiteur
Ezekiah.
Cette dernière ne semble pas plus impressionnée que cela à l’évocation de l’inquisition.
-Vous travaillez donc pour l’Inquisition ?
-Et bien…en effet.
-Et donc vous êtes censés traquer un Libre-Marchand ainsi que ses acolytes hérétiques, venus de
l’autre bout de la galaxie livrer une certaine cargaison à une organisation secrète. Et tout cela dans le
but de démasquer un complot dans lequel seraient impliqués des membres du gouvernement ?
-C’est bien cela en effet, lui répond Conrad.
-Et jusque là vous avez réussi à remonter leur piste ?
-Absolument ! Enfin…pas exactement, disons qu’en remontant la trace de Spud qui se fait passer pour
Skanks, nous avons espoir de remonter jusqu’à eux.
-Ce fameux Spud qui ne souhaite pas être retrouvé ?
-C’est bien cela ! Conrad se tourne alors vers Séverina. D’ailleurs, nous ferions bien de remonter la
piste des petites punks, ces junkies connaissaient aussi Spud !
-Oui, et à en croire la loi des séries, elles seront surement les prochaines sur la liste de Spud, lui
répond Séverina.
-Attendez une petite seconde, les interrompt aussitôt Zora, j’ai du mal à vous suivre…j’ai comme
l’impression que vous vous éparpillez, vous cherchez qui au juste ?
-Et bien Spud, c’est lui le lien dans toute cette histoire, lui répond Conrad.
-Non, je crois que vous faites justement fausse route depuis un bon moment, vous vous écartez de
votre véritable objectif, ce type vous mène en bateau depuis le départ alors que vos véritables cibles
vous passent à côté. Dites moi, votre inquisiteur, pourrais-je le rencontrer ? Dit-elle alors à l’attention
de Conrad.
-L’Inquisiteur Ezekiah ?
-Oui, je souhaiterais le voir.
-Et pourquoi cela, s’enquière aussitôt Séverina.
-Il est possible que je le connaisse déjà.
-Et comment cela se pourrait-il ?
-J’ai eu de nombreux contrats et employeurs avant vous.
Séverina et Conrad se lancent un regard perplexe.
-Ne me dites pas que vous avez fait exploser une villa il y a une douzaine de jours ? Lance Séverina.
-Par le Trône, non, lui répond Zora avec un petit rire…Mais il se pourrait bien que j’ai déjà travaillé

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pour votre inquisiteur, voilà juste pourquoi j’aimerai le rencontrer, il est probable que j’ai certaines
choses à voir avec lui…
Conrad et Séverina acquiescent.
-Vous semblez de votre côté savoir des choses sur les derniers évènements, que pouvez-vous nous en
dire ? Lui demande Conrad.
-Que Mekton Zeta détient le gouverneur Callidon par exemple.
Conrad et Séverina lui lancent un regard interrogateur.
-Ishmael n’en a pas parlé lors de son discours…annonce Conrad.
-En effet, il n’allait peut être pas s’en vanter, et concernant les autres membres du gouvernement ? Lui
demande Séverina.
-Certains ont réussi à fuir.
-C’est intéressant, lui répond Séverina, comme qui par exemple ?
-Tous les noms n’ont pas été confirmés. Par contre ce que je sais c’est qu’Ishmael projette de ficher la
population à l’aide de cognomen biomètriques.
-Des quoi ? lui demande Séverina.
-Des sortes de plaques ident portant les informations génétiques du porteur.
-C’est pas bon du tout pour nous, répond alors Conrad.

A ce moment là, ils rejoignent finalement Skeld qui jette son mégot avec impatience en les voyant
arriver. Il lance un regard en coin à la nouvelle, soufflant une fumée bleutée et s’attardant longuement
sur ses jambes fuselées et son décolleté attrayant puis lui bafouille quelques banalités.
-Je suis Skeld, le combattant du groupe…c’est parc’que j’viens de Cadia, là où…enfin bref, ce qui est
dommage c’est qu’on me fait garder la voiture dès qu’il y a du grabuge...enfin moi, je dis ça ma p’tite
dame…
Sans y prêter attention, le reste de l’équipe installe Syrius à l’arrière puis embarque à bord du véhicule,
Zora, leur annonce qu’elle est déjà véhiculée. Surpris, ils la voient enfourcher une Bullock MkV grise
et noire à deux places. Un modèle urbain, compact aux lignes épurées avec un carénage renforcé.

Skeld, au volant de l’ancien 4x4 de Tilus, fera le nécessaire pour leur éviter les patrouilles des troupes
d’occupation. Même en journée les check-points sont nombreux et leur véhicule, un modèle
couramment utilisé par l’armée dans le secteur, un ancien Arkhan Land Série III démilitarisé est assez
volumineux. Il leur faudra plus de deux heures pour traverser la ville et rejoindre les quartiers ouest où
se trouvent les zones résidentielles.
Une fois parvenu dans le quartier pavillonnaire, Skeld fait entrer le véhicule dans le garage de la villa,
tandis que Zora toujours sur sa moto fait le tour du pâté de maisons, à faible allure.

Le Cadien une fois dans le garage, aide Séverina à porter Syrius et va l’installer dans un des canapés
du salon, au rez-de-chaussée. Conrad les suit et s’affale dans le fauteuil en face. Durant le trajet il a
utilisé ses sorts de soins sur Syrius et lui-même et cela l’a épuisé quelque peu .
Puis Skeld s’empresse de sortir dans le jardin de derrière pour allez s’allumer une nouvelle barrette de
Lho. Séverina préfère attendre sur le seuil de la porte de la villa, guettant le retour de la mystérieuse
Zora.
Cette dernière revient finalement au bout de quelques minutes, elle gare sa moto dans le garage à côté
du 4x4 puis rejoint Séverina dans le vestibule, qui l’interroge du regard.
-Il y avait un petit garçon dans une ruelle derrière votre villa. Lui annonce Zora en entrant lentement
dans la maison.
-Et il faisait quoi ?
-Rien, il est parti. Dites moi, il y a qui d’autre ici ?
-Trois blessés à l’étage, dont l’Inquisiteur, en plus de notre Technoprêtre qui garde les lieus en notre
absence.
-Et là, où est-il ? lui demande doucement Zora.

Conrad ayant repris quelques forces, s’empresse de monter à l’étage, il a d’importantes choses à voir
avec Ezekiah, seul. Le fait de monter un étage avec sa blessure, lui demande un certain effort et c’est
donc péniblement qu’il parvint au niveau du pallier supérieur. Il entend des bruits de pas dans une

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pièce voisine, au moins Héphastos est avec lui, se dit-il. Il va pour se diriger vers la chambre au
moment où, sans y prêter attention, une énorme silhouette se dresse devant lui, comme surgit de nulle
part. La dernière chose qu’il perçoit alors que son corps percute lourdement les marches en contrebas
est une violente douleur au visage.

Séverina n’a pas le temps de répondre à la question de Zora. Depuis le séjour, le fracas d’un corps
chutant dans les escaliers se fait entendre. Elles se précipitent toutes les deux dans la pièce. Au sol, gît
Conrad inanimé, le visage en sang mais visiblement encore en vie.
-Il a pu se faire ça en tombant, vous croyez ? lui lance Zora.
-J’en doute…
Toutes les deux, elles le portent et l’installent doucement sur un des sofas.
Séverina se rend alors compte que la maisonnée est bien silencieuse, trop silencieuse. Elle prend son
vox.
-Hephastos, tu me reçois ? Skeld ? Confirmez ?
Déjà, Zora avait dégainé son Puritain 14 ainsi que son épée, puis se tournant vers Séverina avant de
gravir les escaliers, lui murmure :
-Nous ne sommes pas seules ! Puis elle s’empresse de monter les marches, la furtivité n’étant
désormais plus utile. Séverina sort l’épée tronçonneuse de Tilus, dégaine sa dague de combat dans
l’autre main et la suit.
Une fois sur le pallier de l’étage, tout n’est plus que silence. Alors qu’elles allaient commencer à
inspecter les trois chambres et la salle d’eau, une des portes vole en éclat laissant apparaitre deux
figures de cauchemar.
Séverina a peine à croire ce qu’elle voit. Devant elles se trouvent ce qui reste des malheureux
Héphastos et Tilus. Que l’Empereur ait pitié de leur âme, ils n’avaient certainement pas mérités de
finir de cette horrible façon, damnés pour l’éternité, leur âme jetée en pâture aux Puissances de la
Ruine. Sa foi et son conditionnement l’empêchant alors de perdre la raison face à cette vision
d’horreur. Les deux pathétiques créatures dressées devant elles ne sont plus désormais que des
parodies d’êtres humains, anormalement déformés et mutés par les énergies corruptrices du warp. La
puanteur fétide qui émane d’eux ne fait que le prouver. Leurs gueules béantes sont garnies de crocs à
l’ivoire noirci tandis qu’une bave gluante et immonde s’écoule de leurs mâchoires. Des yeux blancs
les fixent tels ceux de prédateurs se verrouillant sur leurs proies. Leurs membres hypertrophiés sont
couverts de griffes et de pointes en os tranchant. La transformation n’est pas encore complète et leurs
corps difformes ne sont pas encore parfaitement remodelés à l’image corrompue des entités qui les
habitent. Leurs os continuent de craquer, les membres s’allongent et de la vapeur sort de leurs naseaux
dilatés et frémissants.

Sans aucune hésitation, d’un mouvement du pouce, Séverina allume le moteur énergétique de sa lame
dont les dents en céramite se mettent à tourner avec une plainte suraiguë. Dans le même temps, elle
charge la première créature. Le contact est violent, le corps à corps s’engage, épée tronçonneuse contre
lames en os. Sa compagne n’est pas en reste, la deuxième créature vient de la charger, à bout portant
elle lui tire dessus avec son Puritain 14, mais visiblement les balles n’ont pas l’air de l’affecter plus
que ça. D’une parade latéral, elle stoppe nette la griffe qui allait lui arracher le visage, puis d’un
mouvement ascendant, place une attaque de taille au niveau du flanc exposé de la créature. Celle-ci
étonnamment vive pour sa taille, parvient à esquiver sans peine.
Séverina se débarrasse de sa dague, tournant autour du démon, elle empoigne désormais son épée
tronçonneuse à deux mains et frappe sans relâche, avec l’énergie du Juste, enchainant les coups de
taille et les parades avec force et détermination, sa foi en l’Empereur-Dieu la protégeant totalement de
l’influence infecte de la vile créature qui l’assaille de toute part. Mordant et griffant autour de la sœur
mais ne parvenant pas à la toucher non plus, la lame tronçonneuse étant désormais un rempart
imparable entre elle et l’entité du warp.
D’un puissant coup, bien ajusté, Séverina entame le crâne du démon lui arrachant une partie du lobe
frontal supérieur ainsi que l’œil droit. Le coup qui aurait été fatal au malheureux Héphastos n’a que
tout juste l’air de le gêner. Un sang noir, chargé de caillots glaireux et putrides se met à gicler
abondement de l’affreuse plaie de l’ancien Technoprêtre, arrosant les alentours, Séverina y compris.

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Zora s’élance de nouveau vers la créature en face d’elle, tenant elle aussi sa lame à deux mains elle
frappe sans discontinuer, cependant le démon parvient à parer chacun de ses coups, ne baissant pas les
bras, elle parvient tout de même à le toucher au niveau de la cuisse, l’entaillant profondément. La
créature qui fut jadis Tilus ne s’en soucis guère, elle charge de nouveau et frappe, encore et encore.
Zora, dont la foi en l’Empereur ne faiblit pas, assure sa garde et enchaine les parades sans relâche, elle
frappe de nouveau, sachant pertinemment que le démon face à elle commence à gagner du terrain, le
monstre le sait bien, il bondit en avant tel un carnodon affamé. Mais l’entité dans ce corps encore frêle,
estime mal ses capacités, il percute une des cloisons, la pulvérise et atterrit dans la chambre juste
derrière, dévastant le mobilier dans un fracas épouvantable. Cela suffit à détourner l’attention de la
deuxième créature pendant un dixième de seconde. Séverina n’hésite aucunement et toujours sa lame
fermement tenue frappe le démon en plein visage, lui sectionnant la tête déjà meurtrie en deux, de
gauche à droite juste au dessus de la mâchoire. L’entité n’en meure pourtant pas, désormais privées de
ses principaux sens, elle se met à frapper autour d’elle en aveugle tandis que d’immondes fluides
noirâtres continuent de gicler de son cou d’où ne pend plus désormais que sa mâchoire inférieure. La
deuxième créature dans la pièce se relève et bondit de nouveau à travers le trou de la cloison alors que
Zora l’attend de pied ferme.

Conrad commence à reprendre ses esprit, son nez lui fait un mal de chien et du sang séché lui macule
toute la partie inférieure du visage, il a mal partout et sent de nombreuses contusions sur tout son corps
désormais couvert d’hématomes. Il est toujours allongé sur le canapé du salon. Dans un autre canapé
de la salle se trouve toujours Syrius, livide. Au moins, se dit Conrad, si quelqu’un avait voulu se
donner la peine de me massacrer il ne m’aurait pas installé confortablement sur des coussins. Il
commence à se rappeler…les escaliers, la chute…par le Trône se dit-il mais il y a une guerre à l’étage
ou quoi ?
Soudain il se fige. Il n’est pas seul, une présence est là toute proche… Comme une odeur entêtante de
musc ainsi qu’un froid sépulcral. Une terrible sensation de déjà vu. Craignant déjà ce qu’il allait voir il
tourne douloureusement la tête et regarde par-dessus le canapé, alors qu’un combat fait rage à l’étage,
les cloisons en tremblent à moins que ce ne soit lui…
Il se trouve nez à nez avec une longue et fine main de femme, blanche comme de l’albâtre marbré et
terminée par de longs ongles de vingt centimètres semblables à de l’argent poli, qui glissent sur le
dessus du dossier en cuir du canapé. L’entaillant profondément.
-Te voilà enfin réveillé, mon beau petit psyker ?
Une silhouette vêtue d’un très long manteau en cuir noir à lourdes boucles en argent fait le tour du
sofa et vient se placer face à lui, lentement et théâtralement. Elle porte de hautes cuissardes du même
cuir avec d’impressionnants talons. Son manteau est entrouvert, dévoilant une parfaite nudité, des
seins rebondis et une vulve offerte en tout impudeur. Un corps sauvage, agressif et terriblement
attirant avec ses piercings obscènes. Conrad plonge son regard dans ses yeux si magnifiques, qu’ils en
sont envoutants et hypnotiques, changeant constamment de couleur. Cette fille aux sublimes longs
cheveux noirs de jais ondulants tels ceux d’une gorgone, se tient désormais penchée tout contre lui
sans qu’il ait compris comment. Des voix suaves et chaudes lui murmurent des promesses terriblement
lubriques à ses oreilles, le parfum qu’elle dégage est lourd et entêtant, un puissant mélange de
phéromones aphrodisiaques et d’insidieuses magies qui n’ont qu’un but, le faire succomber, lui donner
envie de se jeter sur elle et avoir tout le loisir de posséder ce corps de rêve et d’en profiter tout
simplement, les voix lui disent qu’elle en a si envie, au diable tout le reste. Il n’a plus ni chaud ni
froid, plus aucune douleur, plus aucune plaie, comme si ses blessures n’avaient jamais été.
Sa beauté n’est pas réel se dit-il, tout ceci n’est qu’illusion des sens, magie et corruption, le chaos n’est
que mensonge. Raffermissant sa foi et sa volonté, Conrad plonge son regard dans celui de Baalzabeth,
la possédée démoniste.
Cette dernière se relève, une petite moue sur ses lèvres charnues, à la manière d’une petite fille déçue
de ne pas pouvoir reprendre une autre part de gâteau au chocolat. Elle croise les bras et fronce les
sourcils.
-Dommage pour toi…pour la peine je te laisse à ton triste sort, toi et tes deux sales petites saintes
nitouches, amusez-vous bien, j’en ai fini ici de toute façon !
Puis sans crier gare, la démoniste se nimbe d’une brume semblable à de la fumée noire et disparait
dans les limbes.

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Conrad frissonne puis se relève à grand peine, ses cruelles douleurs reviennent en même temps que la
température ambiante. Il se crispe à cause du contrecoup puis réalise que le combat a toujours lieu à
l’étage. Il entreprend de gravir de nouveau les marches. Lentement et péniblement.

Alors qu’il atteint enfin le pallier, la vision de cauchemar qu’il redoutait se confirme. Ce qui fut jadis
Hephastos et qui n’est plus désormais qu’un monstre hideux et déformé, gît au sol à demi décapité par
Séverina transformée en une de ces valkyries de légende. Les murs, le sol et les filles sont maculés
d’un sang épais et noir. La puanteur est atroce. Depuis le corps de la créature, une sorte de petite entité
fantomatique, gesticulante et couinante, cherche à s’extraire. Conrad n’a que le temps de voir Séverina
abattre sa lame sur le corps du monstre, le tranchant en deux, de la clavicule jusqu’à la hanche,
désintégrant la forme émergeante par la même occasion. Les restes immondes de la bête s’écroulent au
sol, répandant une gelée putride semblable à cette vase qui emplie les égouts.
De son côté, Zora est toujours au contact avec l’autre créature, celle qui fut jadis Tilus. Conrad n’en
revient pas. Il ne reverra jamais ses deux compagnons qui auront eu une fin atroce. La fille devant lui
sait manier une épée, c’est certain, vu comment elle enchaine les coups et les parades. De plus,
combattre un démon au contact n’a pas l’air de l’effrayer plus que cela, ce qui n’est pas commun.
Alors que Séverina allait lui prêter main forte, Zora s’élance, lame tenue à deux mains et frappe
d’estoc. Sa lame plonge dans la créature comme si elle avait été en mousse, tandis qu’elle murmure :
-Pour l’Empereur !

Les runes de la lame bénite se mettent alors à briller d’un éclat aveuglant, consumant la créature de
l’intérieur d’un feu divin. Dans un cri d’agonie de bête blessée, l’entité explose, répandant alentours sa
chair décomposée. Zora est jetée au sol ainsi que ses compagnons, ils se relèvent alors qu’autour d’eux
tout est couvert d’amas de viandes et d’os couverts encore de quelques lambeaux de tissus fumants.
-Vous n’êtes pas blessées, demande alors Conrad aux deux filles.
-Non, lui répondent-elles en se relevant et en ramassant leurs armes, regardant le carnage alentours. En
dehors de quelques contusions et plaies superficielles, elles sont indemnes.
-C’est incroyable…vous venez de…de bannir deux démons…je…par le Trône…Maitre Ezekiah !
Conrad se redresse et se dirige vers la chambre d’Ezekiah pour tout juste constater que son ancien
maître gît, le corps tranché en deux en travers du lit, puis décapité. La tête posée sur la table de chevet
tel un élément de décoration. Conrad se laisse glisser le long du mur abattu par ce qui vient de se
passer, les yeux en larmes, le corps meurtri. Leurs ennemis viennent de gagner une cruelle victoire.

-Skeld et Tibaltus ne sont plus là lui annonce alors Séverina qui vient de se pencher à côté de lui. Ils ne
sont plus dans la maison.
Il lui lance alors un regard fatigué.
-Oh non, par l’Empereur, pas encore…

+++Fin de la première partie+++

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